La Chambre reprend l'étude de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité, ainsi que de l'amendement.
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Madame la Présidente, c'est un peu la mort dans l'âme que je fais ce discours, car le vote qui vient d'être tenu me dit que le travail que j'ai à faire comme nouvelle députée de la 41
e législature est peut-être moins important que celui des autres députés des législatures qui nous ont précédés.
Le projet de loi vise beaucoup d'articles et de lois. Je me fais dire ce matin que 295 témoins ont comparu en 88 jours de comité dans des législatures précédentes. On n'a pas adopté ces projets de loi individuels au cours des législatures précédentes, du moins dans la forme qu'ils avaient été présentés par les gouvernements en place.
Là, le gouvernement nous présente un projet de loi omnibus qui comprend toutes ces dispositions. Le projet de loi comprend 208 articles de loi qui modifient neuf lois existantes et il s'étend sur 102 pages; ce n'est pas un petit projet de loi. À elles seules, les notes explicatives comptent 39 pages. Ce n'est pas tout le monde à la Chambre qui a de l'expérience en droit criminel en ce qui concerne le terrorisme ou qui connaît bien les lois s'appliquant aux jeunes contrevenants ou le droit de l'immigration. Ça fait beaucoup de choses.
Or l'acte de foi que le gouvernement nous demande de poser, c'est de considérer que ce qui a été fait avant est suffisant. À l'avenir, lorsqu'on ne sera pas content, il va mettre la guillotine et adopter le projet de loi parce qu'il s'est engagé à le présenter et à le faire adopter dans les 100 premiers jours de son mandat. Quand on n'est pas d'accord avec les conservateurs sur le fond, sur la forme ou sur une partie des choses qu'ils nous présentent, on se fait dire qu'on est pour les criminels, les violeurs d'enfants et les terroristes. Je m'insurge contre cette façon de catégoriser le travail sérieux que tous les députés de la Chambre font tous les jours.
J'ai une « background » en droit. J'ai fait du droit criminel au début de ma pratique pendant cinq ans, et j'ai pu voir le travail extraordinaire, qui n'est pas toujours facile, des procureurs de la Couronne, des juges, de la magistrature. Il y avait aussi des avocats de la défense, qui ont l'obligation en vertu de la Constitution de représenter des gens présumés innocents jusqu'à preuve du contraire. Il y a des cas anecdotiques un peu inquiétants qui semblent s'être glissés dans les craques du système. On en est tous conscients. J'ai aussi fait de la radio où j'avais une tribune téléphonique. Quiconque a eu le plaisir d'écouter des tribunes téléphoniques sait comment cela peut parfois déraper lorsque les gens s'en donnent à coeur joie surtout en mentionnant des cas anecdotiques.
Notre système judiciaire, de droit criminel, permet d'étudier des milliers et des milliers de cas chaque année. Je trouve un peu fort qu'on puisse nous sortir quelques cas ici et là qui dérogent un peu à la norme et qu'on nous présente ce projet de loi de 208 articles modifiant neuf lois existantes et s'étendant sur 102 pages.
J'ai participé à un débat avec le sénateur Boisvenu. J'ai énormément de respect et d'admiration pour le travail qu'il a fait sans relâche pendant des années suite au crime qui a entraîné la disparition de ses deux filles. Cependant, il faut éviter sérieusement de changer des lois uniquement pour répondre à un besoin ici et là.
Ce qui m'attriste davantage, c'est que de ce côté-ci de la Chambre, on est portés à être favorables à des parties du projet de loi omnibus sans trop avoir à faire une étude plus approfondie. Je pense notamment aux crimes d'ordre sexuels à l'égard d'enfants et aux les libérations conditionnelles. Tout ce régime est à revoir, et c'est souvent là où le bât blesse. Mais non, on essaie de tout mettre ensemble.
En tant qu'avocate inscrite au Tableau de l'Ordre du Barreau du Québec, je peux dire qu'on a des heures de formation professionnelle obligatoires, parce que la priorité, c'est la protection du public. Tous les gestes qui sont posés par les avocats sont scrutés. Et quand il y en a un qui dévie le moindrement, il se fait montrer la porte pour s'en aller vers l'organisme qui surveille le travail des avocats.
Le Barreau canadien a des objections valides et sérieuses à ce projet de loi, non pas pour protéger les criminels mais pour protéger ce qu'on devrait tous tenter de protéger ensemble, c'est-à-dire le système pénal et les tribunaux. Il faut s'assurer qu'il n'y a pas qu'apparence de justice rendue, mais que la justice est effectivement rendue.
Mon inquiétude fondamentale vis-à-vis ce projet de loi, pour avoir exercé sur le terrain, c'est qu'on va voir, au sein de ces deux instances que je respecte infiniment soit le Barreau du Québec et le Barreau canadien, des juges devenir très craintifs d'entendre des causes à peines minimales, parce qu'on enlève le concept par excellence que tout étudiant en droit apprend au premier jour: chaque cas est un cas d'espèce. Sous les conservateurs, « chaque cas est un cas d'espèce » est un concept qui n'existe plus. Désormais, si on commet tel crime, on a telle peine, sans qu'on essaie de comprendre les causes ou de voir ce qui serait mieux pour la société. Va-t-on créer des criminels endurcis?
La solution pour les conservateurs est peut-être de s'assurer que tous restent en-dedans pour le reste de leurs jours, peu importe le crime. Ce serait ridicule. Je ne veux même pas leur prêter cette intention. Mais parfois, c'est l'impression qu'ils donnent, car en vertu de certaines lois qui seront affectées par le projet de loi omnibus, on ne pourra justement plus se servir de ce principe fondamental en droit. Et qu'est-ce que ça veut dire? Cela veut dire des contestations.
J'ai parlé à plusieurs de mes collègues d'un bout à l'autre du pays, sachant qu'on réduirait nos chances d'entendre les témoins. J'ai consulté plusieurs sommités dans le domaine qui m'ont dit que certains avocats croient qu'on rouvre le bal des contestations constitutionnelles. Est-ce contraire à la Charte en termes de peines inusitées? Est-ce ceci? Est-ce cela? Je doute fort qu'on en arrive aux solutions recherchées. Encore une fois, je trouve malheureux qu'on fasse de la politique — j'allais ajouter de bas étage, mais je ne voudrais pas dire quelque chose qui ne soit pas parlementaire — au lieu de vraiment tenter de jouer le rôle qui nous est alloué, c'est-à-dire le rôle de législateur.
Quand je suis venue ici, au Parlement, pour la 41e législature, je pensais que c'était le travail qu'on avait à faire, c'est-à-dire s'assurer que chaque projet de loi qu'on adopte existe réellement pour le bien des Canadiens, que chaque projet de loi a une utilité, que chaque projet de loi devient une bonne loi et que chaque projet de loi atteint les objectifs recherchés.
J'ai l'impression qu'on cherche parfois le grand titre ou à faire la une. Malheureusement, cela ne comble les besoins ni des victimes ni du système, et cela ne donne pas les amendements recherchés par le monde juridique.
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Madame la Présidente, c'est un réel plaisir pour moi de parler aujourd'hui du projet de loi , qui combine neuf anciennes mesures législatives en un seul projet de loi complet sur la lutte à la criminalité.
Les modifications que propose la Loi sur la sécurité des rues et des communautés font partie des efforts constants que déploie le gouvernement pour que les familles canadiennes qui vivent dans le respect des lois soient en sécurité dans leur pays. C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai écouté les commentaires de plusieurs de mes collègues députés tout au long du débat sur cette mesure législative. Je dois d'ailleurs dire que je suis reconnaissant d'avoir aujourd'hui l'occasion de parler des nombreuses retombées positives qu'auront les changements proposés par le gouvernement.
Il y a maintenant cinq ans que nous sommes arrivés au pouvoir. Pendant ce laps de temps, nous nous sommes employés à proposer des mesures législatives obligeant les criminels à répondre de leurs actes, à redonner à la sécurité des familles canadiennes la place qui lui revient et à rendre le système de justice conforme aux attentes des victimes d'actes criminels. Depuis cinq ans, s'il y a une chose que nous avons constatée, notamment grâce aux nombreuses consultations et conversations que nous avons tenues d'un océan à l'autre, notamment avec les habitants de la circonscription de Etobicoke—Lakeshore, que je représente, c'est que la sécurité des communautés figure parmi les préoccupations des Canadiens. Il y a d'ailleurs longtemps qu'ils réclament du gouvernement qu'il prenne les mesures pour que leur ville, leurs terrains de jeux, leurs rues et leur domicile soient à l'abri du danger.
Les Canadiens nous ont demandé de fournir aux organismes d'application de la loi les outils et les lois modernes dont ils ont besoin pour assurer la sécurité de nos communautés. Nous les avons entendus.
Ils nous ont demandé d'accroître la responsabilité des délinquants et de les obliger à répondre de leurs actes en faisant en sorte que les peines qu'ils purgent soient proportionnelles à la gravité de leurs crimes. Nous les avons entendus.
Les Canadiens nous ont demandé d'être proactifs et de prendre des mesures de prévention du crime. Nous les avons entendus.
Je tiens à donner quelques exemples de mesures que le gouvernement a prises afin de donner suite aux doléances des Canadiens.
C'est avec une grande fierté que nous avons renforcé les capacités des organismes d'application de la loi du pays en versant 400 millions de dollars dans un fonds pour le recrutement de policiers, qui nous aura permis, en deux ans seulement, d'augmenter le nombre de policiers de plus de 1 800 au pays. Il va sans dire qu'il est ainsi plus facile que jamais d'assurer une présence policière dans les petites comme les grandes localités.
Nous avons en outre fait adopter de nombreuses mesures législatives visant à répondre aux préoccupations des victimes et des Canadiens de partout au pays.
[Français]
Depuis les cinq dernières années, nous sommes engagés à fond dans la promotion de communautés saines et sécuritaires pour les Canadiens. Nous avons introduit un bon nombre de mesures pour réprimer le crime, en particulier les crimes violents et armés. Par exemple, notre gouvernement a pris action pour réprimer les coups de feu tirés depuis une voiture ainsi que les autres coups de feu qui démontrent un mépris imprudent pour la vie et la sécurité d'autrui.
[Traduction]
Par exemple, notre gouvernement a pris des mesures sévères à l'égard des fusillades au volant et des autres fusillades intentionnelles qui témoignent d'un mépris absolu pour la vie ou la sécurité d'autrui. Nous avons pris des dispositions pour éliminer la pratique douteuse consistant à calculer en double, ou même parfois en triple, le temps passé en détention préventive. Grâce à cet important changement, nous garantissons maintenant l'adéquation de la peine.
Nous avons aussi prolongé le délai d'attente que doit respecter quiconque est reconnu coupable de sévices graves à la personne, y compris l'homicide involontaire coupable, avant de présenter une demande de réhabilitation.
Nous avons également fait adopter une mesure législative visant à renforcer le Registre national des délinquants sexuels et la Banque nationale de données génétiques, ce qui représente un énorme pas en avant pour ce qui est de protéger les personnes vulnérables contre les délinquants sexuels. Point important, cette mesure permet aux services de police d'utiliser le Registre national des délinquants sexuels de façon proactive pour prévenir la criminalité.
Nous avons également fait adopter une mesure visant à rétablir la confiance des Canadiens dans le système correctionnel et le système de mise en liberté sous condition en faisant en sorte que les délinquants ne puissent plus être remis en liberté au sixième de leur peine. La Loi sur l'abolition de la libération anticipée des criminels a éliminé la procédure d'examen expéditif qui permettait aux criminels en col blanc reconnus coupables d'une première infraction d'obtenir la semi-liberté après avoir purgé le sixième de leur peine et d'être admissibles à la libération conditionnelle totale après avoir purgé seulement le tiers de leur peine.
En outre, le gouvernement a aussi pris des dispositions pour prévenir la perpétration de crimes. Au cours de la dernière année, notre gouvernement a financé quelque 160 programmes communautaires de prévention du crime par l'entremise de sa Stratégie nationale pour la prévention du crime. Ces programmes ont eu une incidence dans la vie de près de 10 000 jeunes à risque. Autre initiative cruciale, nous avons également approuvé le renouvellement du Fonds de lutte contre les activités des gangs de jeunes afin d'aider les jeunes vulnérables. À cette fin, nous avons prévu un investissement de 7,5 millions de dollars par an dans la prochaine phase du Plan d'action économique du Canada.
Ce ne sont là quelques-unes des mesures que nous avons prises afin de contribuer à rendre nos rues et nos collectivités plus sûres pour les familles canadiennes respectueuses des lois.
Cependant, il reste encore beaucoup à faire, et c'est pourquoi je suis fier d'être ici aujourd'hui pour parler de la Loi sur la sécurité des rues et des communautés.
En mai dernier, nous avons dit aux Canadiens que, si nous étions réélus, nous représenterions sans délai tout un train de mesures législatives sur la loi et l'ordre afin de lutter contre la criminalité, les gangs et le terrorisme. Nous avons promis d'agir au cours des 100 premiers jours de la nouvelle session. Notre gouvernement s'est engagé à terminer ce qu'il avait commencé et à faire adopter ces mesures législatives afin de mieux protéger les familles canadiennes. Nous pensons que ces projets de loi représentent une réponse juste et raisonnable pour assurer la sécurité de nos collectivités.
Trois ministères assument la responsabilité des éléments que l'on retrouve dans ces mesures législatives qui toucheront les Canadiens d'un bout à l'autre du pays.
Quatre dispositions de la Loi sur la sécurité des rues et des communautés relèvent de Sécurité publique Canada. La première vient modifier la Loi sur le transfèrement international des délinquants. Nous proposons que la sécurité publique devienne un des objectifs exprès de cette loi. Nous proposons également de mettre à jour les critères qu'applique le lorsqu'il décide, ou non, de permettre le transfèrement d'un délinquant canadien afin qu'il purge le reste de sa peine au Canada.
La deuxième mesure relevant du ministère édicterait la Loi sur la justice pour les victimes d'actes de terrorisme et modifierait la Loi sur l'immunité des États afin de décourager les actes terroristes. Concrètement parlant, les victimes d'attentats terroristes pourraient intenter des poursuites devant les tribunaux canadiens contre les particuliers ou les organisations responsables de l'attentat.
Le troisième élément relevant de Sécurité publique Canada viendrait renforcer la loi qui régit la réhabilitation. Le projet de loi propose — chose fort importante, d'ailleurs — de remplacer le terme « réhabilitation » par « suspension du casier ». Les victimes et les groupes de défense des victimes nous ont fait savoir que le mot « réhabilitation » laisse entendre que le gouvernement pardonne au délinquant le crime qu'il a commis. Ce n'est pas au gouvernement qu'il revient de pardonner à un délinquant le crime qu'il a commis. Personne ne peut le faire, à part la victime, ou encore la famille de la victime. La mesure proposée viendrait également modifier la loi afin que les récidivistes dangereux et les auteurs d'infractions sexuelles à l'égard d'enfants ne puissent plus faire une demande de suspension de casier.
Enfin, nous proposons de renforcer la gestion des délinquants durant leur peine et leur liberté conditionnelle et souligner l'importance des plans correctionnels dans la réadaptation et la réinsertion des délinquants.
Plusieurs éléments du projet de loi relèvent de la compétence du ministère de la Justice. Ces dispositions viendraient accroître les peines associées aux infractions sexuelles contre les mineurs.
En tant que père de jeunes enfants, j'accueille favorablement ces changements qui visent à protéger les membres les plus jeunes et les plus vulnérables de notre société. Le projet de loi prévoit des changements qui permettraient d'imposer des peines plus sévères aux individus trouvés coupables de production et de possession de drogues illicites dans le but d'en faire le trafic. Il renforcerait les dispositions législatives relatives aux jeunes contrevenants en veillant à ce qu'ils soient tenus responsables de leurs actes et à ce que les peines qui leur sont imposées correspondent à la nature des infractions qu'ils ont commises. Le projet de loi mettrait aussi fin à l'imposition de peines d'emprisonnement avec sursis ou de détention à domicile dans le cas des crimes violents et des crimes contre les biens.
En outre, certaines dispositions relèvent de la responsabilité du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. Le projet de loi modifierait la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés afin de protéger les travailleurs étrangers susceptibles d'être victimes de la traite des personnes ou d'exploitation. C'est un véritable problème dans la ville où j'habite, Toronto. Nous serions enfin en mesure de faire adopter des dispositions législatives permettant de lutter contre ce problème.
Aucune de ces mesures législatives ne devrait constituer une surprise pour qui que ce soit. Les Canadiens appuient sans équivoque nos efforts en vue d'améliorer la sécurité dans nos communautés, et nous avons dit clairement que ce projet de loi figurerait au nombre de nos priorités au cours des premiers jours de cette nouvelle législature.
C'est pourquoi j'exhorte tous les députés à travailler avec le gouvernement pour assurer l'adoption rapide du projet de loi .
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Madame la présidente, je m'oppose au projet de loi, le projet de loi omnibus sur la criminalité. Je ne m'oppose pas à tout ce qu'il contient et je dirais même que certaines de ses parties sont valables.
Moi aussi je suis père et je n'ai aucune objection à protéger les enfants contre les pédophiles et les prédateurs sexuels. Je n'ai évidemment aucune objection à protéger les gens des crimes violents, même si les conservateurs peuvent faire croire le contraire. Cependant, et c'est là que le bât blesse, le projet de loi rassemble en une seule de très nombreuses mesures législatives, neuf en fait.
Je suis d'accord pour que l'on sévisse à l'encontre des pédophiles, mais je ne suis pas d'accord pour que l'on remplisse les prisons de gens qui n'y sont pas à leur place, comme ceux qui se feraient prendre avec quelques plants de marijuana. À quoi servira de jeter un étudiant en prison, pour lui ou pour la société en général, sinon de nous coûter une fortune pour construire de nouvelles cages? Cela ne servira à rien, absolument à rien.
Le projet de loi , aussi appelé la Loi sur la sécurité des rues et des communautés, un nom qui ressemble — pour citer The Telegram, le quotidien de ma circonscription, — à celui d'un détergent nouveau et amélioré, sauf que le projet de loi C-10 ne rendra pas nos rues reluisantes de propreté. Il ne fera pas disparaître la criminalité. En fait, si nous avions à laver une paire de bas sale au cycle omnibus, il y a de fortes chances qu'elle ressorte aussi sale qu'avant.
Voilà donc le détergent conservateur. Le projet de loi est, en gros, un gaspillage d'argent. Il n'aura aucun impact sur les éléments plus tenaces de notre société. En fait, le projet de loi C-10 absorbera tant d'argent pour entretenir ce qui sera, tôt ou tard, des prisons à l'américaine qu'il ne restera plus de fonds pour l'infrastructure, entre autres les rues. Des rues propres, on oublie cela.
Le gouvernement conservateur n'a pas encore évalué le coût du projet de loi , mais on peut dire sans se tromper que celui-ci coûtera des milliards de dollars à mesure que les prisons seront pleines à craquer. Selon une déclaration commune faite par la Société John Howard et l'Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry , les coûts supplémentaires associés à rien qu'une des mesures législatives incluses dans le projet de loi C-10 s'élèvent à plus de 5 milliards de dollars. C'est plus que le double des dépenses actuelles pour le système correctionnel à lui seul.
Par ailleurs, les provinces et les territoires seraient obligés d'éponger une grande partie des coûts supplémentaires. Je suis sûr qu'ils s'en réjouiront.
Je ne sais pas ce qu'il en est dans les autres provinces, mais le système carcéral de Terre-Neuve-et-Labrador ne serait pas en mesure d'accepter plus de prisonniers. La prison Her Majesty's Penitentiary à St. John remonte à l'époque victorienne. L'édifice original, construit en pierre, a ouvert ses portes en 1859. Pour certains, cette forteresse vieillissante est un épouvantable reliquat de la justice du XIXe siècle, ce qui décrit bien le projet de loi .
Que pensent les gens de ma circonscription au sujet du projet de loi ? Un homme en particulier m'a écrit qu'il en était dégoûté. Voici un extrait de sa lettre:
C'est projet de loi qui nous entraîne dans la mauvaise direction socialement et financièrement. Je ne veux pas vivre dans un pays dont le système de justice repose sur un modèle conçu à l'âge des ténèbres. Il ne nous faut pas davantage de prisons. Nous n'avons pas besoin d'enlever aux juges de paix leur pouvoir discrétionnaire. Nous n'avons pas besoin de nouvelles règles universelles et obligatoires de détermination de la peine qui feront plus de tort que de bien.
C'est la « Loi sur les peines sanctionnant le crime organisé en matière de drogue » qui me dérange par-dessus tout. Bien sûr, je m'inquiète des problèmes actuels de toxicomanie dans notre province. Mes objections relatives au projet de loi à l'étude ne signifient aucunement que je suis favorable à un laisser-aller judiciaire pour ce qui est des drogues. Néanmoins, prévoir des peines minimales obligatoires plus sévères pour les gens qui font pousser une demi-douzaine de plantes est de la folie [...] Serons-nous plus avancés si nous mettons en prison pendant un an et demi un étudiant, futur médecin ou ingénieur, parce qu'il a décidé de se fabriquer du haschich pour son usage personnel? Sur quelle planète une telle pratique aurait-elle du sens? Cessez de gaspiller de l'argent à ériger des barreaux et dépensez-le plutôt pour ouvrir des lits dans les hôpitaux et acheter des manuels scolaires.
Voilà une phrase accrocheuse: « Cessez de gaspiller de l'argent à ériger des barreaux et dépensez-le plutôt pour ouvrir des lits dans les hôpitaux et acheter des manuels scolaires. » C'est très bien dit.
Selon Statistique Canada, en 2008-2009, le coût moyen d'incarcération d'un délinquant était de 110 000 $ par année. Dans mon coin de pays, Terre-Neuve-et-Labrador, cette somme suffit pour se payer deux diplômes ou huit années d'études universitaires.
Permettez-moi de citer encore une fois le quotidien de ma circonscription:
Nous pouvons refuser la tendance étasunienne — où l'augmentation du nombre de prisonniers n'a pas entraîné de réduction des taux de criminalité —, mais nous finirons par payer plus cher pour mettre plus de gens en prison sans changer pour la peine les taux de criminalité, qui sont actuellement parmi les plus bas enregistrés depuis des décennies. On peut bien présumer que le durcissement des peines fera du Canada un milieu moins hospitalier pour les criminels, mais il reste à voir si la qualité de vie au Canada s'en trouvera améliorée.
Cela reste encore à voir.
Le projet de loi n'améliorera pas la qualité de vie au Canada. Il aura pour effet de changer le Canada. Il changera la perception que nous avons de nous-mêmes, en tant que Terre-Neuviens, Labradoriens et Canadiens. Il changera l'image que nous projetons sur la scène internationale. Enfermer les délinquants et jeter par-dessus bord la clé de la cellule n'a pas donné de bons résultats dans les autres endroits où l'on a favorisé ce genre de fermeté, notamment aux États-Unis.
Aux États-Unis, 724 personnes sur 100 000 sont en prison. Par comparaison, 117 personnes sur 100 000 sont en prison au Canada. La différence est énorme.
La question qu'il faut poser jusqu'à ce qu'on obtienne une réponse, c'est la suivante: si de plus longues peines d'emprisonnement sont infligées, par exemple, aux personnes qui cultivent quelques plants de marijuana, qui payera pour la hausse spectaculaire du coût de l'incarcération dans les prisons fédérales et provinciales? S'agit-il du prochain plan d'action des conservateurs, le plan de stimulation de l'emploi que nous attendons depuis si longtemps? Ce plan prévoit-il de bâtir de nouvelles cellules un peu partout au Canada?
Pour ce qui est des autres dispositions du projet de loi omnibus, la mesure législative qui prévoit que les victimes d'actes terroristes puissent en poursuivre les auteurs, y compris les pays étrangers, elles n'auront absolument aucun effet dissuasif ou préventif sur le terrorisme. Le fait d'intenter des poursuites dans un tribunal canadien contre une organisation terroriste ne servira absolument à rien. En fait, pour être exact, ça nous endettera.
Quant aux dispositions du projet de loi qui prévoient des peines minimales obligatoires pour la production, la possession et le trafic de certaines drogues, par exemple la marijuana, les spécialistes ont toujours dit que ces peines ne permettent pas de réduire la consommation de drogue, de lutter contre le crime organisé et de rendre nos collectivités plus sûres.
Que dirait-on de prendre les fonds qui serviront à construire de nouvelles cellules pour financer des programmes de réadaptation et de recyclage? C'est une idée originale et sensée, n'est-ce pas? En fait, c'est la méthode canadienne. Le projet de loi rejette cette méthode.
Aucune disposition du projet de loi conservateur de lutte contre la criminalité ne porte sur la prévention. Or, 80 p. 100 des personnes qui sont incarcérées dans une prison fédérale sont aux prises avec au moins une dépendance. Le Dr Julio Montaner, qui est l'ancien président de l'International AIDS Society, a déclaré que le programme conservateur de lutte contre la criminalité compromettra la santé de certaines personnes marginales. Il a déclaré ce qui suit:
[Le projet de loi] fera en sorte qu'il sera plus difficile pour les médecins d'offrir des services publics de santé aux pauvres, aux Premières nations, aux personnes atteintes de maladies mentales, aux personnes menacées par le VIH et aux toxicomanes.
Il a dit aussi:
Cette mesure législative vise à incarcérer les gens que le gouvernement considère être les « autres Canadiens », c'est-à-dire des personnes dont il ne se soucie pas du tout.
Au contraire, mon parti tient à ce que personne ne soit mis de côté ni marginalisé.
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Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir en faveur du projet de loi , la Loi sur la sécurité des rues et des communautés.
Les Canadiens ont donné au gouvernement conservateur le mandat clair d'assurer la sécurité de nos rues et de nos communautés. Ce mandat important consiste en partie à protéger les Canadiens, tant chez eux qu'à l'étranger, contre les menaces du terrorisme tout en offrant aux victimes d'un acte terroriste les mécanismes nécessaires pour qu'elles puissent faire entendre leur voix.
Depuis notre arrivée au pouvoir, en 2006, nous avons toujours été clairs: un gouvernement conservateur accordera la priorité à la protection des Canadiens respectueux des lois. Nous avons pris des mesures rigoureuses afin de tenir notre promesse, soit protéger les Canadiens en punissant sévèrement les criminels et en donnant aux organismes d'application de la loi les ressources et les outils dont ils ont besoin pour effectuer leur travail. Nous avons également adopté de nombreuses mesures visant à sévir contre la criminalité et à assurer la sécurité de nos rues et de nos communautés.
Lorsque je discute avec mes électeurs, ils me disent souvent vouloir un système de justice qui rende réellement justice et un système correctionnel qui sévisse réellement. À mon avis, la mesure législative dont nous sommes saisis est un pas important dans cette direction.
Nous continuerons de renverser la honteuse tendance amorcée sous le régime Trudeau lorsque le solliciteur général de l'époque, Jean-Pierre Goyer, avait déclaré que la protection de la société passait après la protection des droits des criminels. Le gouvernement conservateur rejette totalement cette affirmation et continuera de travailler pour remettre le gros bon sens dans le système correctionnel.
Récemment, nous avons tous vu les terribles conséquences que le terrorisme peut avoir sur les personnes et les collectivités de la planète. À notre époque, le terrorisme a fait des morts de New York à New Delhi. Nous savons que le Canada n'est pas à l'abri de la menace du terrorisme radical. Nous devons nous souvenir des centaines de Canadiens décédés dans l'atroce attentat contre Air India et de tous ceux qui ont perdu la vie le 11 septembre 2001.
Nous ne devons pas oublier que le Canada a été désigné comme cible par des organisations comme Al-Qaïda. Nous avons aussi poursuivi avec succès des terroristes issus de notre propre pays et qui ont été arrêtés avant de pouvoir mener à bien leur complot sadique.
Il est extrêmement clair que le Canada a un grand rôle à jouer dans le combat mondial contre le terrorisme, un rôle que nous avons joué et que nous continuerons à jouer contre ceux qui utilisent une violence insensée contre des civils.
C'est pourquoi mon intervention d'aujourd'hui sur le projet de loi portera sur la justice envers les victimes du terrorisme.
Les modifications proposées renforceraient la capacité du Canada de mettre au jour et de faire cesser le soutien matériel du terrorisme. Elles garantiraient que ceux qui sont victimes du terrorisme soient capables de demander justice et que ceux qui commettent ou soutiennent des actes terroristes soient tenus responsables de leurs actions.
Les groupes terroristes agissent rarement seuls. L'échelle et la complexité des opérations terroristes exigent beaucoup de soutien financier et tactique. Ce soutien provient souvent d'États dirigés par des gouvernements anti-occidentaux radicaux. Beaucoup d'observateurs ont souvent décrit le rapport entre les groupes terroristes et certains gouvernements comme l'équivalent d'un État dans l'État. Il est renversant que des personnes qui vivent ici-même, au Canada, puissent soutenir ceux qui désirent s'attaquer à notre pays.
Le fait est que l'argent est le nerf du terrorisme. Un des moyens les plus efficaces de mettre fin au terrorisme consiste à frapper là où les terroristes sont le plus vulnérable, soit au portefeuille. C'est ce que vise le projet de loi en tenant les terroristes et ceux qui les soutiennent financièrement responsables de leurs actes.
Le projet de loi donnerait un motif d'action permettant aux victimes du terrorisme d'engager des poursuites contre les terroristes et ceux qui les soutiennent pour toute perte ou pour tout dommage subi en raison d'actes terroristes commis n'importe où dans le monde après le 1er janvier 1985. Des individus, des organisations et les États figurant sur la liste des États soutenant le terrorisme établie par le gouvernement pourraient faire l'objet de ces poursuites.
Lorsqu’il s’agit d’États, le projet de loi propose la création d’une liste gouvernementale d’États pour lesquels nous avons des motifs raisonnables de croire qu’ils appuient le terrorisme. Ces États ne seront plus à l’abri des poursuites civiles. Les tribunaux canadiens pourront demander des comptes à ces États qui soutiennent le terrorisme.
Sur la recommandation du , en consultation avec le , un État serait inscrit à la liste des États désignés pour lesquels il existe des motifs raisonnables de croire qu’ils appuient ou ont appuyé une entité terroriste dont le nom figure dans le Code criminel.
Le Code criminel comprend actuellement une liste de 44 entités considérées comme des organisations terroristes. Ces organisations font régulièrement l’objet d’un examen rigoureux. Les États qui appuient financièrement ces organisations ne peuvent pas être considérés comme des amis du Canada.
Lorsqu’il faudra inscrire ou désinscrire un État, nous prendrons toutes les précautions qui s’imposent pour limiter le plus possible les éventuels effets négatifs sur les échanges commerciaux ou les relations étrangères du Canada et les éventuelles menaces pour le personnel, les intérêts et les ressortissants canadiens à l’étranger.
Le projet de loi crée en outre un mécanisme d’examen pour veiller à ce que les États soient rapidement retirés de la liste s’ils révisent leur position et cessent d’appuyer le terrorisme. Le , en consultation avec le , passera la liste en revue tous les deux ans pour déterminer si les États qui y figurent doivent y être maintenus. Les ministres examineront également tous les deux ans l’information relative aux États qui ne figurent pas sur la liste, pour déterminer s’il convient de les inscrire.
De plus, un État inscrit à la liste pourra demander par écrit que son nom soit retiré. Après avoir reçu cette demande, le consultera le et déterminera s’il existe des motifs raisonnables de recommander au gouverneur en conseil de retirer cet État de la liste.
Il est essentiel de pouvoir poursuivre les États qui appuient le terrorisme, mais il est tout aussi important de pouvoir demander des comptes aux personnes et aux sociétés qui appuient ces activités. Ceux qui financent le terrorisme devront rendre des comptes.
Le projet de loi ne fera pas que créer une cause d’action pour les victimes du terrorisme. Il permettra également aux victimes qui ont intenté avec succès des poursuites contre une entité terroriste ou contre ceux qui appuient cette entité de demander l’aide du et du pour repérer les avoirs de cette entité au Canada.
Il y a plusieurs années, le monde a pu constater l’efficacité de ces mesures quand les familles des victimes de l’attentat de Lockerbie ont été autorisées à poursuivre le régime de Kadhafi, en Libye, pour le rôle qu’il avait joué en appuyant cet épouvantable acte de terrorisme. L’ancien gouvernement de la Libye a par la suite admis sa part de responsabilité dans cette attaque, il a versé des dommages-intérêts aux familles et il a renoncé à recourir au terrorisme.
La création de cette cause d’action permettra de se tourner vers les tribunaux pour exiger des comptes des terroristes et de ceux qui les appuient, et les victimes pourront ainsi obtenir que justice soit faite. C’est quelque chose que les victimes demandent depuis quelque temps déjà, et notre gouvernement conservateur est fier de pouvoir les satisfaire.
Je presse tous les députés d’adopter rapidement le projet de loi . Je presse en particulier mes collègues du NPD d’appuyer le projet de loi et d’accorder plus de poids aux droits des victimes et des Canadiens respectueux des lois qu’aux droits des terroristes et de ceux qui les appuient. Nous devons faire front commun et indiquer clairement aux auteurs d’actes terroristes et à ceux qui les appuient qu’ils devront rendre compte de leurs gestes.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour parler du projet de loi qu'on appelle, à tort, la Loi sur la sécurité des rues et des communautés. Le projet de loi C-10 comprend neuf projets de loi distincts sur la justice qui sont morts au
Feuilleton, à juste titre d'ailleurs, je dois le dire, pendant la dernière session parlementaire. Ces neufs projets de loi, qui avaient alors été rejetés à juste titre, reviennent nous hanter sous forme de projet de loi omnibus qui, comme certains l'ont mentionné, est de mauvais augure. Ce projet de loi vise à détruire le système de justice équitable et juste sur lequel les Canadiens partout au pays se fient pour assurer leur protection et obtenir justice.
Je suis particulièrement déçue de constater qu'au moment même où près de deux millions de Canadiens cherchent un emploi dans un contexte où l'économie est en difficulté, les conservateurs n'ont pas les priorités à la bonne place et préfèrent se concentrer sur les mesures législatives de lutte contre la criminalité.
Le Parti libéral sait que les Canadiens veulent un système de justice sûr et juste. Les faits nous montrent que le projet de loi ne permettra pas d'atteindre cet objectif. Les conservateurs ont choisi d'ignorer les faits et de faire plutôt adopter le projet de loi C-10. Il y a eu ici aujourd'hui une injustice flagrante en ce qui concerne la motion de clôture, qui a été adoptée parce que le gouvernement est majoritaire. Je suis inquiète lorsqu'une telle chose se produit, car les députés ministériels disent une chose et son contraire.
En fait, au sujet d'une autre motion de clôture, le a dit ceci: « Si le projet de loi était la mesure appropriée, pourquoi le premier ministre a-t-il pris cette décision déplorable d'imposer la clôture? »
À un moment donné, un autre député ministériel, qui est maintenant , a déclaré ce qui suit: « Tout d'abord, je condamne le gouvernement pour s'être permis de fouler aux pieds la démocratie et le débat démocratique en appliquant la clôture et l'attribution de temps au projet de loi C-36 ».
Un autre député ministériel, qui est maintenant , a déclaré ceci: « Je tiens à être clair. La motion de clôture est une tentative de museler les députés, d'étouffer le débat, de faire oublier aux députés de l'opposition que leur travail est de poser des questions et de se montrer diligents ».
Je signale ces propos pour faire ressortir le déni de justice que constitue cette motion de clôture et montrer que le gouvernement fait preuve d’incohérence.
Malgré des preuves absolument convaincantes et la mise à l’essai, aux États-Unis, d’une législation identique à celle qui est proposée dans le projet de loi , les conservateurs foncent aveuglément. Si ce genre de mesure législative avait le moindre effet favorable à la sécurité des citoyens et à la protection des victimes, les États-Unis seraient le pays le plus sûr du monde. Hélas, ce n’est pas le cas. Si des mesures comme le projet de loi C-10 étaient vraiment efficaces, nous n’aurions pas été témoins pendant 25 ans de l’échec de l’expérience américaine. Newt Gingrich, par exemple, que beaucoup considèrent comme l’architecte du lamentable système carcéral américain, a déclaré que son programme d’intransigeance contre le crime et le système pénal fondé sur des politiques aveugles comme celles que le projet de loi incarne ne marchent pas.
Les Américains ont dépensé 68 millions de dollars aux services correctionnels en 2010, soit 300 p. 100 de plus qu’il y a 25 ans, et leur population carcérale augmente 13 fois plus vite que l’ensemble de la population. De toute évidence, le modèle américain des peines minimales obligatoires n’a rien donné aux États-Unis, et on peut prédire qu’il ne donnera rien au Canada non plus.
Nous savons déjà tout cela. Il suffit de considérer les faits pour conclure que les politiques de justice qui ont échoué aux États-Unis et qui ont été importées au Canada deviendront des politiques canadiennes qui échoueront tout autant. Pourquoi le gouvernement refuse-t-il de tirer des leçons de ces erreurs au lieu de foncer droit devant, prêt à commettre les mêmes erreurs qui coûteront très cher au contribuable canadien?
Malheureusement pour les Canadiens, les conservateurs sont portés à faire abstraction des faits et de la logique. La réalité, c’est que la criminalité est en recul au Canada. Selon Statistique Canada, elle est à son plus bas niveau depuis 1973. Les politiques existantes, élaborées en consultation avec les provinces par des gouvernements antérieurs, dont un grand nombre étaient d’allégeance libérale, soit dit en passant, donnent des résultats.
L’an dernier encore, l’illogisme s’est manifesté de façon flagrante: un ancien ministre conservateur, Stockwell Day, a déclaré que les conservateurs avaient l’intention de bâtir de nouvelles prisons pour lutter contre les crimes qui ne sont pas signalés. Voilà un exemple parmi d’autres qui illustre l’envie qui anime les conservateurs: conclure aveuglément que la solution à tous les problèmes, c’est de construire un plus grand nombre de prisons. C’est justement là le problème.
Récemment, j'ai lu, avec intérêt, une lettre au rédacteur en chef, écrite par Jim Lang, du Department of Theory and Policy Studies in Education, de l'Ontario Institute for Studies in Education de l'Université de Toronto. D'après M. Lang, ce que le nous dit, c'est que l'actuel gouvernement ne permettra pas que les faits ou les données fassent avorter sa décision idéologique de dépenser notre argent pour nous faire sentir plus en sécurité dans nos rues, peu importe que nous pensions ou non que c'est dans notre intérêt. Il a dit que le ministre de la Justice cite des données — notamment le résultat des élections — pour justifier cette même décision. Fait intéressant, M. Lang, dans sa lettre, dit que ces mesures ne le font pas du tout se sentir plus en sécurité. Il est plutôt confus et inquiet au sujet des prochaines mesures que les conservateurs prendront et du prétexte qu'ils invoqueront.
Je suis entièrement d'accord avec M. Lang lorsqu'il dit que même si le gouvernement a obtenu une majorité, il n'a obtenu que 39 p. 100 des suffrages exprimés. Par conséquent, 61 p. 100 des électeurs n'ont pas voté pour les conservateurs, même si cela n'empêchera pas ces derniers de faire la sourde oreille et de mettre en oeuvre des mesures qu'ils pensent être justifiées, sans même tenir compte de l'opinion de la majorité des Canadiens.
Une autre lettre, écrite par William Trudell, le président du Conseil canadien des avocats de la défense, implore les parlementaires à examiner attentivement cette mesure législative, afin de s'assurer qu'elle prend en compte l'intérêt de tous les Canadiens et qu'elle ne brise pas notre système de justice pénale. L'auteur a écrit qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un programme de répression de la criminalité pour exercer un pouvoir discrétionnaire et veiller à ce que les personnes qui ont réellement besoin d'aide soient admises à l'hôpital et non incarcérées.
Malheureusement, le programme de répression de la criminalité des conservateurs nie le fait qu'il existe un lien entre les problèmes de toxicomanie et de santé mentale et la criminalité. Le fait que les personnes les plus vulnérables de notre société soient lésées par le projet de loi est criminel.
Le gouvernement refuse de dire la vérité au sujet des coûts de son programme de répression de la criminalité, et la question est de savoir pourquoi. Le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, a déclaré que la mise en oeuvre d'une partie des mesures prévues dans le programme de répression de la criminalité — je dis bien une partie, pas les neuf projets de loi inclus dans ce projet de loi omnibus — coûtera plus de 13 milliards de dollars.
En cette période de ralentissement économique mondial, le Canada doit tout faire pour optimiser l'utilisation de l'argent des contribuables. Même si c'est ce que nous répète le gouvernement, cela n'empêche pas les conservateurs de dépenser on ne sait trop combien de milliards sur un programme de lutte contre la criminalité qui ne mène à rien parce qu'il repose sur une vision déconnectée et irréaliste de la sécurité publique, n'accroît pas la sécurité des communautés et gaspille l'argent durement gagné des Canadiens. Et c'est sans parler du fait qu'une bonne partie des coûts liés à ce programme seront refilés aux provinces, qui auront bien du mal à supporter pareil fardeau.
En ma qualité de députée de , je représente les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador. Notre province pourrait se passer de se retrouver avec plus de détenus sur les bras et de se faire dépouiller de ses pouvoirs judiciaires discrétionnaires. Le Parti libéral refuse d'exposer les Canadiens de la sorte en contribuant à l'adoption de ce projet de loi dangereux. Si l'on veut protéger les droits de tous les Canadiens et assurer leur sécurité, nous devons nous opposer au projet de loi .
Le gouvernement affirme à qui veut l'entendre que son projet de loi va aider les victimes, alors que, au contraire, des mesures législatives comme celle-là ne peuvent qu'alimenter perpétuellement le cycle de la victimisation. Les données dont nous disposons montrent clairement que la sécurité accrue des rues et des communautés passe par la prévention et la sensibilisation, et non par le durcissement des peines et le surpeuplement des prisons. Après tout, le gouvernement peut bien dire ce qu'il veut au sujet des droits des victimes, au fond, la seule vérité qui compte, c'est que tous les Canadiens ont le droit de ne pas devenir eux-mêmes des victimes.
Le Parti libéral est bien déterminé à veiller à ce que la justice repose sur une approche factuelle, efficiente et préventive.
À propos de ce projet de loi, l'Association du Barreau canadien a dit que les peines minimales obligatoires, le recours indu à l'incarcération, les contraintes empêchant les juges de prononcer des sentences justes et adaptées à chaque cas et les répercussions sur certains groupes déjà désavantagés en constituaient les principaux problèmes.
Pourquoi, si l'on veut éviter de faire de nouvelles victimes, refuse-t-on d'écouter ceux qui font directement affaire avec les gens qui ont besoin de ces services au quotidien? Pourquoi fait-on la sourde oreille? Pourquoi refuse-t-on d'écouter ce qu'ils ont à nous dire?
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Monsieur le Président, l'intervention de ma collègue me pousse à intervenir de nouveau dans le débat.
Si le Parti libéral s'oppose aux peines minimales obligatoires, pourquoi en a-t-il imposé dans sa Loi antiterroriste en réaction aux évènements du 11 septembre?
Les libéraux ne s'opposent pas aux peines minimales obligatoires. Ils ne veulent juste pas que les conservateurs en imposent. Les libéraux sont complètement en faveur des peines minimales obligatoires et ils en ont eux-mêmes imposé. Pourquoi? Parce que le public fait confiance aux gouvernements qui répriment la criminalité.
La députée affirme que notre programme de lutte contre la criminalité ne s'applique qu'à certains aspects du problème. Cependant, nous offrons et soutenons des programmes d'aide aux personnes les plus démunies et des programmes de justice réparatrice. On trouve ce genre de programmes dans ma circonscription. Je suis fier de les soutenir parce qu'ils fonctionnent.
Toutefois, ils ne sont d'aucune utilité dans le cas des criminels professionnels. Nous avons donc besoin d'un système juridique fondé sur la justice, et non sur les intérêts des avocats.
Ma collègue a également affirmé que le gouvernement faisait abstraction des faits. Or, c'est tout à fait le contraire. En effet, les procureurs généraux libéraux de l'Ontario, de l'Île-du-Prince-Édouard et de la Colombie-Britannique appuient notre mesure législative parce qu'ils reconnaissent qu'elle fonctionne. La députée a affirmé que le Parti libéral s'opposait à la mesure législative, mais c'est complètement faux.
Enfin, elle a dit que nous agissions aveuglément, alors que c'est tout à fait le contraire. Nous savons exactement ce que nous faisons. Nous répondons au mandat que les Canadiens nous ont donné. C'est pour cela que les Canadiens nous ont élus, et nous ferons ce qui s'impose. C'est parce que nous agissons ainsi que les Canadiens nous ont donné un gouvernement majoritaire et que seuls 34 députés libéraux ont été élus.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer aujourd’hui au débat à l’étape de la deuxième lecture du projet de loi . Ce projet de loi est d’une grande importance pour les résidants de ma circonscription, Bruce—Grey—Owen Sound, et certainement de l’ensemble du Canada.
Le discours du Trône de juin 2011 souligne le devoir fondamental du gouvernement de veiller à la sécurité personnelle de tous les Canadiens. À cette fin, nous avons pris l’engagement de présenter à nouveau des mesures législatives sur la loi et l’ordre afin de lutter contre la criminalité, notamment de protéger les enfants des délinquants sexuels, de supprimer l’admissibilité à la détention à domicile et au pardon pour les crimes graves et de protéger les plus vulnérables de notre société, nos enfants.
Le projet de loi nous aiderait à remplir cet engagement. C’est un ensemble complet de réformes législatives qui ont été proposées dans neuf projets de loi lors de la législature précédente, qui a pris fin lors de la dissolution du Parlement pour la tenue d’élections générales.
La partie 1 du projet de loi, soit les articles 2 à 9, comprend des réformes qui ont déjà été proposées dans l’ancien projet de loi , qui visait à soutenir les victimes d’actes de terrorisme.
La partie 2, qui comprend les articles 10 à 51, propose de modifier les peines pour affronter l’exploitation sexuelle des enfants et les infractions graves liées aux drogues et d’éliminer le sursis dans le cas des crimes graves avec violence et des crimes contre les biens. La partie 2 reprend des modifications qui avaient été proposées dans les anciens projets de loi , , et .
La partie 3, qui va de l’article 52 à l’article 166, comprend des modifications concernant les mesures suivant la détermination de la peine qui sont destinées à augmenter la responsabilité des délinquants, à supprimer l'admissibilité à la réhabilitation dans le cas des crimes graves et à réviser les critères régissant le transfèrement international des délinquants canadiens. Ces modifications avaient à l’origine été proposées dans les anciens projets de loi , , , et .
La partie 4, qui comprend les articles 167 à 204, propose des modifications à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents afin de mieux protéger les Canadiens contre les jeunes contrevenants violents. Ces modifications avaient été proposées dans l’ancien projet de loi .
La partie 5 du projet de loi propose des modifications à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés afin de protéger les travailleurs étrangers contre les abus et l’exploitation, y compris l’exploitation sexuelle et la traite des personnes. Ces modifications ont déjà fait l’objet de l’ancien projet de loi .
Beaucoup des modifications proposées ont déjà été débattues et étudiées au cours de la dernière législature. Je suis heureux qu’elles soient de nouveau soumises à l’examen des députés dans cette nouvelle législature.
Je vais consacrer le temps qui me reste aux dispositions du projet de loi visant à mieux protéger les enfants contre l’exploitation sexuelle.
Comme dans le cas du projet de loi , les modifications proposées dans le projet de loi au sujet de l’exploitation sexuelle des enfants ont un double objectif. Premièrement, elles visent à s’assurer qu’aux fins de la détermination de la peine, toutes les infractions sexuelles contre des enfants sont traitées avec sévérité et cohérence. Deuxièmement, elles ont pour but de protéger les enfants en prévenant la perpétration de ces infractions. De quelle façon? En imposant des peines plus lourdes et plus longues.
Le projet de loi propose de nombreuses modifications pour renforcer les peines d’emprisonnement actuellement imposées en cas d’infractions sexuelles contre des enfants en imposant des peines minimales obligatoires nouvelles ou plus longues, ou encore des peines maximales plus lourdes dans le cas de certaines infractions.
À l’heure actuelle, le Code criminel comporte des incohérences en ce qui concerne les peines imposées en cas d’infractions sexuelles contre des enfants. Par exemple, le Code prévoit des peines minimales obligatoires dans le cas de 12 infractions sexuelles liées à des enfants, mais n’en prévoit pas dans le cas d’autres infractions touchant des enfants.
De même, les infractions générales d’ordre sexuel qui s’appliquent lorsque les victimes sont aussi bien des adultes que des enfants ne sont passibles d'aucune peine minimale obligatoire si la victime est un enfant.
Pour moi qui suis grand-père de deux petites filles de six et trois ans, c'est très important. Il faut appuyer sans hésiter ce projet de loi qui va renforcer les mesures de protection de nos enfants et des personnes vulnérables.
Dans le Code criminel du Canada, les peines minimales obligatoires sont l'exception. En général, on y a eu recours parce que le Parlement avait jugé que la nature d'une infraction particulière était suffisamment grave pour entraîner une peine de prison. Cette peine était conçue en fonction des faits et circonstances de l'affaire pour qu'on ne reste pas dans le flou entre une période minimale obligatoire et la sanction maximale prescrite. Quand on impose une peine minimale obligatoire, le sursis n'a jamais de raison d'être.
Dans ces conditions, imposer ces peines dans le cas de certaines mais pas de toutes les infractions sexuelles à l'égard d'enfants, c'est laisser entendre que certaines infractions sexuelles commises sur des enfants sont plus graves que d'autres. C'est une absurdité de prétendre que certains enfants sont moins victimes que d'autres. C'est quelque chose qui dépasse mon entendement.
À mon avis, c'est une notion qui est en contradiction avec une valeur fondamentale de la société canadienne, à savoir que tous les enfants appartiennent à la catégorie la plus vulnérable de la société et qu'ils méritent tous une protection égale à l'égard de toute forme d'abus et d'exploitation sexuels. Je suis donc heureux que le projet de loi propose des peines minimales obligatoires dans le cas de sept infractions sexuelles à l'égard d'enfants, des peines qui ne sont pas imposées jusqu'ici.
Le projet de loi propose aussi d'imposer des peines minimales obligatoires plus lourdes dans le cas de neuf infractions entraînant déjà une peine minimale. Ainsi, la peine minimale serait non seulement proportionnelle à l'infraction, mais aussi cohérente avec les peines minimales pour d'autres infractions.
Le projet de loi propose aussi la création de deux nouvelles infractions visant les contacts sexuels avec un enfant. Elles entraîneraient aussi une peine minimale obligatoire.
Je souligne qu'on trouve dans le projet de loi plusieurs propositions de réforme de la détermination de la peine qui ne figuraient pas dans le projet de loi . Elles sont parfaitement conformes aux objectifs d'ensemble de la détermination de la peine dans l'ancien projet de loi C-54 et ont pour but de mieux refléter la nature particulièrement haineuse de ces infractions.
Enfin, ces modifications prévoient une aggravation de la peine maximale et de la peine minimale obligatoire correspondante pour quatre infractions sexuelles sur des enfants. En cas de déclaration sommaire de culpabilité, les paragraphes 163.1(2), production de pornographie juvénile, et 163.1(3), distribution de pornographie juvénile, prévoient de porter la peine maximale de 18 mois à deux ans moins un jour et de faire passer à six mois la peine minimale actuelle qui est de 90 jours.
À l'article 170, père, mère ou tuteur qui sert d'entremetteur, le projet de loi propose de faire passer la peine minimale de six mois à un an et la peine maximale de cinq ans à dix ans si la victime a moins de 16 ans, et la peine minimale de 45 jours à six mois et la peine maximale de deux ans à cinq ans respectivement si la victime a 16 ou 17 ans.
J'espère que tous mes collègues se joindront à nous pour adopter rapidement ces réformes bien nécessaires.
En conclusion, tous les députés sont saisis de toutes sortes de problèmes. Depuis sept ans que je fais partie de cette grande assemblée, il y a une chose que me répètent constamment mes électeurs, notamment ceux qui ont des enfants, de jeunes enfants et des petits-enfants, c'est que les victimes sont privées de droits dans notre pays. On se soucie plus des droits des criminels que de ceux des victimes, et c'est regrettable. Le balancier est parti trop loin dans un sens. Je suis fier de faire partie d'un gouvernement qui va rectifier cela.
J'espère que tous les députés vont appuyer le projet de loi .
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Monsieur le Président, il y a peut-être un point sur lequel nous sommes d'accord, à savoir que les conservateurs se sont donné un rôle axé sur la lutte contre le crime et l'imposition de sanctions. Dans ce contexte, ils refusent de voir la réalité, les coûts et le fait que le taux de criminalité est le plus bas depuis 1973.
Les conservateurs refusent de voir comment il faut s'y prendre pour bâtir des collectivités plus sûres et plus saines. Ils refusent de voir les résultats pitoyables des États-Unis dans leur lutte contre la drogue. En fait, les Américains sont en train d'abolir lentement les initiatives prises dans ce sens, y compris l'imposition de peines minimales obligatoires, comme le député de vient de le mentionner, en raison des conséquences catastrophiques pour les gens et pour la société en général. Les conservateurs refusent de voir la réalité canadienne et l'impact réel que ces mesures législatives auraient sur la vie des gens et des collectivités.
Qui plus est, les conservateurs font fi de la démocratie parlementaire. Le projet de loi, et d'autres mesures qui nous ont été présentées, montrent que leur seul but est de manipuler les gens, de semer la crainte et la discorde, bref de créer deux camps ligués l'un contre l'autre. Je crois sincèrement que le projet de loi omnibus dont nous sommes saisis aujourd'hui est une mesure insultante. Il est motivé par des considérations politiques et il entraînerait de graves conséquences.
J'ai participé à l'étude de certaines de ces mesures législatives, notamment le projet de loi sur les drogues, dont je vais traiter.
J'écoute le débat et je suis étonnée de constater à quel point les conservateurs sont déconnectés de la réalité. Ils refusent de reconnaître que le taux de criminalité actuel est le plus bas depuis 1973. Ils ne peuvent comprendre ou reconnaître que le nombre de détenus grimpe en flèche dans les prisons fédérales et provinciales, au point où ceux-ci sont deux et même trois dans une même cellule. Il en est ainsi en partie à cause de mesures comme la Loi sur l'adéquation de la peine, qui a été adoptée au cours de la dernière législature.
J'aimerais bien que les conservateurs aient le courage de déposer un projet de loi sur les coûts d'incarcération. Nous aurions peut-être une meilleure idée de la réalité.
Rien ne justifie que ces neuf mesures législatives soient regroupées ensemble. Elles ont été incluses dans un projet de loi unique à des fins politiques, afin de les faire adopter à toute vapeur dans un délai de 100 jours.
Cet objectif ne reflète pas le contenu du rapport annuel de 2010-2011 qui vient d'être publié par le Service des poursuites pénales du Canada. Selon les auteurs du document, l'an dernier, près des trois quarts de toutes les causes relevant de procureurs fédéraux, soit 72 p. 100, étaient liées à la drogue, ce qui représente quelque 58 000 causes. De ce nombre, environ 2 p. 100 seulement étaient complexes, ce qui signifie que la vaste majorité des causes ne nécessitent pas les mesures législatives et l'approche prônées par le gouvernement conservateur en matière d'exécution de la loi.
Les conservateurs ont aussi caché aux Canadiens le vrai coût de ce projet de loi et de tout leur train de mesures lors de la campagne électorale. On sait que le coût réel des prisons va se chiffrer en milliards de dollars au niveau provincial et fédéral.
On nous a dit et répété que le projet de loi sur les peines minimales obligatoires que voulaient imposer les conservateurs pour les crimes liés à la drogue allait serrer la vis au crime organisé et aux grands trafiquants. Le l'a encore répété aujourd'hui, comme bien d'autres fois avant.
En réalité, les peines minimales obligatoires n'ont pas d'effet dissuasif sur le crime organisé. Elles touchent presque exclusivement les petits revendeurs, les petits trafiquants de rue et les délinquants non violents, tout en laissant la porte grand ouverte au crime organisé pour combler le vide que laisse derrière lui ce menu fretin. Même le ministère de la Justice a conclu, dans son rapport de 2002, que les peines minimales obligatoires étaient ce qu'il y avait de moins efficace pour les infractions liées à la drogue.
Le n'a jamais pu présenter la moindre preuve que les peines minimales aient un effet dissuasif et soient efficaces. On l'a harcelé de questions à ce sujet au comité la dernière fois que le projet de loi était à l'étude à la Chambre. C'est maintenant la troisième fois que nous voyons ce projet de loi. Le ministre n'a pas pu présenter la moindre preuve que ces peines minimales obligatoires soient efficaces et susceptibles de régler les problèmes complexes liés à la drogue. Tout prouve le contraire. Les preuves montrent que ce projet de loi aura de multiples effets nocifs, notamment en accroissant la population carcérale et en remettant en question la stratégie canadienne de lutte contre la drogue qui reposait sur quatre volets, l'application de la loi, la prévention, le traitement et la réduction des dommages.
Comme on le sait, les conservateurs ont modifié cette stratégie en 2007. Encore une fois, ils sont totalement obsédés par l'idée qu'un nouveau projet de loi, une nouvelle infraction, une peine plus lourde et une sanction minimale obligatoire vont régler ces problèmes complexes.
J'ai une lettre mentionnant sur trois pages des organisations et des experts qui ont tous étudié cette mesure, notamment en ce qui concerne les peines obligatoires. Tous aboutissent à la même conclusion. Rien ne prouve que cette mesure se justifie et qu'elle soit susceptible d'aider la société.
Mais je voudrais aussi citer d'autres arguments convaincants. Quant elle faisait une vérification de l'application de la loi concernant les drogues il y a quelques années, alors que nous avions un comité spécial sur la consommation non médicale de drogues ou médicaments, la vérificatrice générale a présenté un rapport très important recommandant qu'on insiste plus sur la prévention, le traitement et la réinsertion. Ce qu'on a constaté, c'est qu'environ 73 p. 100 des fonds fédéraux étaient consacrés à l'application de la loi, contre 14 p. 100 au traitement, 7 p. 100 à la recherche, 2,6 p. 100 à la prévention et 2,6 p. 100 à la réduction des dommages.
Même la vérificatrice générale, qui est parfaitement impartiale et indépendante, a conclu que la prétendue stratégie antidrogue ne marchait pas, qu'elle n'était pas efficace, qu'elle ne pouvait pas être qualifiée de transparente et qu'elle ne servait pas vraiment à régler les problèmes de drogue dans les communautés.
Le projet de loi antidrogue, en particulier, que les conservateurs ont essayé de faire adopter au Sénat et à la Chambre, oriente le Canada tout à fait dans la mauvaise direction. Il s'agit d'une voie très coûteuse, qui n'aura aucun effet sur la consommation de drogue proprement dite et qui ne fera qu'accroître la population carcérale. Cette mesure législative créera ainsi une nouvelle forme de surpopulation, accompagnée d'une série de préoccupations et de problèmes en matière de santé et de sécurité qui se manifesteront ensuite dans le milieu carcéral. Ceux qui ne comprennent pas cela, comme je l'ai dit au début, se bercent d'illusions et refusent de voir la réalité en face et de reconnaître les preuves dont nous disposons à l'heure actuelle.
Le gouvernement conservateur a changé la stratégie antidrogue en 2007. En conséquence, nous avons emprunté une voie semblable à l'expérience américaine. Or, les Américains ont commencé à comprendre que même les conservateurs les plus droitistes aux États-Unis, comme l'a mentionné mon collègue, reconnaissent l'échec monumental de l'incarcération massive et du recours à une approche axée sur l'application des lois et à des peines minimales obligatoires. De toute évidence, le Canada a des leçons à tirer de cette expérience.
Je tiens à le dire haut et fort, et je suis très heureuse d'entendre tous mes collègues se prononcer sur le projet de loi. Nous estimons que le projet de loi est pernicieux, en ce sens qu'il réunit neuf mesures législatives de grande importance qui devraient être étudiées séparément. Qui plus est, il n'y a aucune preuve que le projet de loi antidrogue donnera des résultats positifs. Au contraire, les preuves indiquent qu'il sera néfaste et coûteux. C'est la mauvaise direction à prendre pour le pays.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour parler des modifications importantes à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents contenues dans la proposée.
Depuis notre arrivée au pouvoir, en 2006, nous, les conservateurs, avons travaillé dur pour faire en sorte que les Canadiens puissent se sentir en sécurité dans leurs collectivités. Un élément essentiel de ce travail qui n'est jamais terminé a été l'amélioration du système de justice pénale pour les adolescents. Plus précisément, le gouvernement prend des mesures pour renforcer la façon dont le système traite les jeunes contrevenants récidivistes et violents qui commettent des crimes graves. Mon intervention portera principalement sur certaines propositions clés répondant aux préoccupations que je viens d'exprimer.
Tout d'abord, les modifications proposées garantissent que la protection de la société demeure un objectif clé du système de justice pénale pour les jeunes.
Alors que les principes à la base du système de justice pénale pour les adolescents reconnaissent que la protection à long terme du public est un objectif de la loi, le projet de loi à l'étude établit clairement que ce système de justice vise à protéger la population en tenant les jeunes contrevenants responsables, en faisant la promotion de leur réadaptation et de leur réinsertion dans la société et en prévenant le crime en s'attaquant aux situations qui suscitent les comportements délinquants.
Un système de justice pour les jeunes qui ne protège pas la société trahit les Canadiens. Les Canadiens ont le droit d'être protégés contre le crime, y compris contre les crimes commis par des jeunes et le gouvernement du Canada est déterminé à protéger les Canadiens.
Pendant les audiences du comité sur l'ancien projet de loi , des témoins ont déclaré que la modification des principes de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents instaure un système de justice pour les jeunes plus punitifs au détriment d'un système qui met l'accent sur la réadaptation et la réinsertion sociale.
En fait, si les députés lisent tout l'énoncé de principe contenu dans les modifications, il apparaît clairement que ce n'est tout simplement pas le cas. En fait, les modifications proposées énoncent clairement que la réadaptation, la réinsertion sociale et la prévention du crime sont cruciales pour la protection de la société.
En outre, le projet de loi propose également de modifier les principes de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents en ajoutant un principe fondamental de justice déjà énoncé par la Cour suprême du Canada, à savoir que ce système de justice doit être fondé sur le principe de culpabilité morale moins élevée.
Par conséquent, les modifications proposées aux principes témoignent d'une approche équilibrée qui, conjuguée au maintien des principes existants, guidera ceux qui travaillent dans le système de justice pénale pour les adolescents afin qu'ils soient plus efficaces dans leur traitement de ces derniers.
Les modifications proposées apportent des changements importants aux principes de détermination de la peine dans la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Elles ajoutent la dissuasion et la dénonciation aux principes qui guident les juges au moment d'imposer une peine à un jeune contrevenant. À l'heure actuelle, la dissuasion et la dénonciation ne font même pas partie des objectifs visés par les décisions judiciaires touchant des adolescents, même si de nombreux Canadiens croient que les peines des jeunes contrevenants devraient avoir un effet dissuasif et indiquer au jeune contrevenant paraissant devant les tribunaux qu'un comportement criminel est tout bonnement inacceptable.
Toutefois, les modifications proposées indiqueraient aussi bien clairement que la peine doit correspondre à la gravité du délit et au degré de responsabilité de l'adolescent à cet égard. Ainsi, les juges ne pourront pas, par exemple, infliger à un jeune contrevenant une peine particulièrement longue sous prétexte d'envoyer à d'autres jeunes le message qu'il était mal d'agir illégalement.
Je le répète, à mon avis, ces modifications, de concert avec les principes de détermination de la peine de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, représentent une approche équilibrée, qui permettra aux tribunaux de réagir aux crimes commis par les jeunes de manière efficace et appropriée.
La série de mesures apporte aussi plusieurs modifications importantes aux définitions de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. La loi modifiée définirait une « infraction grave » comme étant tout acte criminel prévu par le Code criminel ou toute autre loi fédérale passible d’un emprisonnement maximal de cinq ans ou plus.
La définition comprend les infractions contre les biens, comme le vol d'une auto ou un vol d'un montant de plus de 5 000 $, ainsi que les infractions avec violence, comme les voies de fait simples, l'agression sexuelle et le vol qualifié.
Actuellement, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents ne définit pas le terme « infraction grave ». L'ajout de cette définition aura des conséquences importantes sur la détention avant le procès, et j'en parlerai dans un instant.
Les modifications étendraient la signification du terme « infraction avec violence » dans la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.
La Cour suprême du Canada a jugé que, dans la loi actuelle, le terme « infraction avec violence » signifiait toute infraction au cours de laquelle le jeune délinquant cause des lésions corporelles ou tente d'en causer, à l'exclusion des infractions où il met en danger la vie ou la sécurité d'une personne, comme la conduite dangereuse d'une automobile.
La définition proposée englobe les infractions dans lesquelles un jeune met en danger la vie ou la sécurité d'une personne en la soumettant à un risque substantiel de lésions corporelles. Cette nouvelle définition aurait notamment pour effet d'étendre l'utilisation des peines d'emprisonnement et de permettre la levée de certaines ordonnances de non-publication.
Les modifications proposées à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents atténueraient les restrictions empêchant l'utilisation d'une peine d'emprisonnement dans le cas d'un jeune délinquant. Actuellement, sauf dans les cas exceptionnels, les tribunaux ne peuvent infliger une peine d'emprisonnement à un jeune délinquant, à moins qu'il ait commis une infraction avec violence, qu'il ne se soit pas conformé à une peine précédente ou qu'il ait commis une infraction punissable par mise en accusation et dont l'auteur, s'il était adulte, serait passible d'une peine d'emprisonnement de plus de deux ans, et à moins qu'il ait été coupable de plusieurs autres infractions dans le passé.
La modification proposée concerne la troisième condition, c'est-à-dire le cas où un jeune délinquant a commis une infraction sans violence qui est punissable par mise en accusation et dont l'auteur, s'il était adulte, serait passible d'une peine d'emprisonnement de plus de deux ans. La loi permettrait dorénavant au juge d'imposer une peine d'emprisonnement si le jeune délinquant a été déclaré coupable de plusieurs infractions dans le passé ou a fait l'objet de plusieurs sanctions extrajudiciaires.
Ainsi, un jeune délinquant pourrait se voir imposer une peine d'emprisonnement s'il est déclaré coupable d'une infraction non violente et s'il a, dans le passé, eu un comportement criminel pour lequel il a admis sa responsabilité, mais qui a fait seulement l'objet de sanctions extrajudiciaires. Le juge pourra ainsi tenir compte de tous les antécédents du jeune dans la détermination de la peine.
Le projet de loi crée en outre l'obligation de tenir des dossiers sur l'utilisation des mesures extrajudiciaires par les autorités judiciaires, ce qui permettra à la police et aux autres intervenants d'être informés des cas de récidive et d'être mieux placés pour décider en toute connaissance de cause des mesures à appliquer, c'est-à-dire d'avoir recours à d'autres mesures extrajudiciaires ou de traduire le délinquant devant la justice.
Les modifications visant les dispositions sur la publication de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents font également partie de cet ensemble de réformes. En ce moment, l'identité d'un jeune contrevenant est protégée et les renseignements identificateurs peuvent être publiés uniquement dans des cas précis. Par exemple, l'interdiction de publication est automatiquement levée si un adolescent se voit imposer une peine applicable aux adultes. L'interdiction de publication peut aussi être levée par le juge dans les cas où l'adolescent est condamné à une peine pour adolescent si l'infraction qu'il a commise fait partie d'une catégorie très restreinte d'infractions graves avec violence.
La nouvelle mesure législative exige des juges qu'ils envisagent de lever l'interdiction de publication dans tous les cas où un jeune délinquant serait reconnu coupable d'une infraction avec violence et se verrait imposer une peine pour adolescent. L'interdiction de publication pourrait être levée, mais seulement si le juge détermine que le jeune risque de commettre une autre infraction violente et que la levée de l'interdiction est nécessaire pour protéger le public. C'est le procureur qui devra convaincre le juge que la levée de l'interdiction est nécessaire.
Comme le titre du projet de loi l'indique, les modifications à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents contenus dans la Loi sur la sécurité des rues et des communautés tiendront les jeunes contrevenants violents et récidivistes davantage responsables de leurs actes et assureront une meilleure protection des citoyens. C'est ce que les Canadiens attendent du système de justice pour les adolescents, et il s'agit là d'une priorité qui revêt une grande importance pour le gouvernement.
Je demande à tous les députés de la Chambre de se joindre au gouvernement et à moi aujourd'hui pour accorder la priorité aux enjeux qui préoccupent l'ensemble des Canadiens.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour parler du projet de loi omnibus sur la criminalité, le projet de loi . J'en appuie les parties qui visent à protéger les enfants contre les prédateurs sexuels dangereux.
En fait, j'ai moi-même proposé le projet de loi , qui criminalise le fait, pour un adulte, de communiquer avec un mineur par voie électronique. Ce projet de loi comblerait une lacune du Code criminel qui permet aux prédateurs sexuels de communiquer avec les enfants par des appareils électroniques comme les téléphones cellulaires ou encore par les médias sociaux. Cette loi donnerait aux tribunaux davantage d'outils pour régler les questions de leurre et d'abus d'enfants.
Ces changements au Code criminel sont attendus depuis longtemps. Le projet de loi a été présenté pour la première fois en 2008 par ma prédécesseure, Dawn Black. Je l'ai proposé moi-même lorsque j'ai été élu pour la première fois et je l'ai récemment présenté à nouveau au cours de cette session. Cela fait des années que le gouvernement laisse subsister cette lacune du Code criminel. Les conservateurs veulent maintenant s'en servir comme écran de fumée pour construire des mégaprisons.
Le monde a changé en trois ans et demi, avec l'utilisation généralisée du téléphone cellulaire et de l'Internet. Durant toutes ces années, le gouvernement a laissé les enfants sans protection. Le gouvernement aurait dû prendre des mesures rapides et donner suite à ce projet de loi, mais il l'a plutôt inclus dans un projet de loi omnibus très controversé qui présente de nombreux problèmes.
La population de New Westminster, Coquitlam et Port Moody veut que le gouvernement mette en place des politiques efficaces en matière de sécurité publique. Coquitlam a un des taux de policier par habitant les plus faibles de la Colombie-Britannique. On demande constamment aux policiers de faire plus avec moins et le projet de loi omnibus ne fera qu'aggraver le problème.
Si le gouvernement voulait vraiment protéger la population, il ferait en sorte que des villes comme Coquitlam disposent de fonds suffisants pour payer les services de la GRC. Le gouvernement fédéral doit encore réaliser l'engagement qu'il a pris en 2006 d'ajouter 2 500 agents de la GRC de plus et de discuter avec les municipalités de leurs besoins sur le plan des services policiers.
Je crois que nous devons mettre l'accent sur la prévention du crime. Ma circonscription a connu la violence associée aux gangs, un phénomène répandu dans la vallée du Bas-Fraser. Nous devons accroître le financement des programmes de prévention visant les jeunes et augmenter le nombre d'agents de police dans nos rues. Pour commencer, il faut empêcher les jeunes d'entrer dans ces gangs.
Dans ma circonscription, il existe un programme de justice réparatrice qui connaît un grand succès. L'organisme Communities Embracing Restorative Action travaille dans ma circonscription depuis 1999. Il vise à apporter une réponse juste et sensée à la criminalité, à réadapter les individus qui commettent un crime et à faire participer la collectivité. L'organisme offre aussi des programmes de prévention et offre dans les écoles un programme visant à amener les jeunes à prendre leur destinée en main. Ce programme est axé sur la prévention du crime pour outiller et informer les jeunes avant qu'ils ne sombrent dans la criminalité et pour qu'ils puissent établir des rapports forts et inclusifs dès un jeune âge. Le succès du programme est bien établi et il s'agit d'un excellent moyen de travailler avec nos jeunes.
Il nous faut également accroître le soutien que nous offrons aux toxicomanes et aux malades mentaux. Le projet de loi ferait augmenter la représentation déjà excessive des personnes atteintes de maladies mentales et des toxicomanes dans notre système carcéral. Notre système pénitentiaire manque déjà de ressources et de programmes. En ce moment, seulement un détenu sur cinq a accès à des programmes de gestion de la colère et de désintoxication. Comment le système pénitentiaire pourra-t-il faire face à une augmentation du nombre de détenus ayant besoin de tels programmes?
C'est là un des principaux problèmes du projet de loi omnibus. Il impose des coûts supplémentaires et un fardeau accru aux gouvernements des provinces et des territoires. Jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu d'analyse ni de consultation sur les coûts accrus de l'application de la loi et des poursuites pour les provinces et les territoires.
Paula Mallea, du Centre canadien de politiques alternatives, a déclaré ceci:
Le coût du programme de lutte contre le crime [du gouvernement] sera colossal et une bonne parti de ce coût (certains disent la majeure partie) sera assumée par les provinces, qui sont responsables de mettre en oeuvre tout ce que le fédéral adopte. Les provinces et les territoires (dont beaucoup sont en campagne électorale au moment où je vous parle) devront financer les audiences supplémentaires des tribunaux et le nombre accru de greffiers, de prisons, de procureurs, de juges, de shérifs, de sténographes judiciaires et le reste.
En Colombie-Britannique, notre système judiciaire est déjà surchargé. Nos prisons sont déjà surpeuplées. Selon le syndicat des fonctionnaires de la Colombie-Britannique qui représente les gardiens de prison dans la province, les prisons de la province sont remplies à 150 à 200 p. 100 de leur capacité. De plus, le manque de personnel et la surpopulation font que les attaques à l’endroit de gardiens de prison sont plus fréquentes. La Colombie-Britannique a fermé neuf prisons en 2003 et a sabré le système correctionnel.
Comment les provinces et les territoires vont-ils faire pour absorber l’afflux de détenus qui se verront imposer les peines minimales obligatoires?
La culture de six plants de marijuana seulement entraînerait automatiquement une peine de six mois, plus trois mois si elle est pratiquée dans un logement locatif ou si cette activité est considérée comme dangereuse pour la sécurité publique. Selon Neil Boyd, criminologue à l’Université Simon Fraser, cette mesure législative aurait pour effet d’augmenter la proportion des criminels ayant commis un crime lié à la marijuana dans les prisons de la Colombie-Britannique, proportion qui passerait de moins de 5 p. 100 à environ 30 p. 100.
Le gouvernement en a-t-il tenu compte? Est-ce la meilleure façon d’utiliser nos ressources? A-t-on bien calculé les coûts? Malheureusement, je pense que la réponse est non.
Une des principales préoccupations que soulève ce projet de loi concerne le coût. Lorsque le gouvernement conservateur est arrivé au pouvoir, en 2006, le système correctionnel fédéral coûtait près de 1,6 milliard de dollars par année. D’ici à 2013-2014, selon les propres projections du ministère, le système pénitencier fédéral coûtera 3,147 milliards de dollars. En 2010-2011, plus de 517 millions de dollars seront consacrés à la construction de prisons. Selon le directeur parlementaire du budget, le coût annuel total par cellule est d’environ 260 000 $ et il est de 600 000 $ pour une nouvelle cellule haute sécurité.
Au coût de la construction des prisons il faut ajouter le coût de l’incarcération, qui est élevé. Le coût moyen pour une détenue est d’environ 343 000 $ par année. Pour un détenu, le coût est de 223 000 $ par année dans une prison à sécurité maximale et de 141 000 $ dans une prison à sécurité moyenne. Même lorsqu’un détenu est en liberté conditionnelle, le coût moyen est de 39 084 $ par année.
Le taux de criminalité est en baisse. L’indice de la gravité des crimes a également chuté, atteignant son point le plus bas depuis qu’il a commencé à être utilisé, en 1998. Pourquoi donc le gouvernement propose-t-il une mesure législative aussi coûteuse au moment où les taux de criminalité continuent de baisser? Pourquoi le gouvernement s’emploie-t-il à instaurer des politiques en matière criminelle qui ont échoué lamentablement ailleurs, notamment aux États-Unis?
Les États-Unis ont le plus haut taux d'incarcération du monde, en grande partie à cause des peines minimales obligatoires et de la soi-disant lutte antidrogue. Chose certaine, les États-Unis n'en sont pas un pays plus sûr pour autant. En fait, la plupart des données dont nous disposons montrent que cette approche n'a pas eu d'effet dissuasif sur les criminels et a même pu contribuer à la détérioration des conditions dans les prisons et dans les rues.
De la même façon que l'on s'attend à ce que les coûts constituent un fardeau indu pour les provinces et les territoires, ils se sont révélés extrêmement néfastes pour les États. Le Texas, par exemple, vient justement de renoncer aux peines minimales obligatoires parce que les coûts étaient trop élevés pour l'État.
Ce projet de loi fait abstraction des faits. Le gouvernement n'a pas réussi à prouver que la mesure législative dans laquelle il propose d'instituer des peines minimales obligatoires et de prolonger la durée des peines aurait un effet dissuasif sur les criminels. C'est le lui-même qui a dit l'autre jour: « Nous ne gouvernons pas en fonction des plus récentes statistiques ».
On ne compte plus les fois où il a été démontré que le gouvernement ne saisissait pas l'importance des statistiques, des faits et des données scientifiques. C'est tout simplement impensable qu'un gouvernement puisse présenter une mesure législative aussi coûteuse sans statistiques à l'appui. Et que dire d'un gouvernement qui propose une mesure législative inspirée de politiques américaines inefficaces, sinon qu'il manque de vision? Il faut progresser, pas régresser.
Les peines minimales obligatoires retirent leurs pouvoirs discrétionnaires aux juges, ce qui pose de sérieux problèmes. Dans certains cas, ces derniers, parce qu'ils ne pourraient plus se fier qu'aux seules lois pour déterminer les peines, pourraient infliger des peines plus courtes qu'ils ne l'auraient fait autrement.
Selon l'Association du Barreau canadien, plusieurs aspects du projet de loi omnibus du gouvernement posent problème, dont les peines minimales obligatoires, le recours indu à l'incarcération, les contraintes empêchant les juges de prononcer des sentences justes et adaptées à chaque cas et les répercussions sur certains groupes déjà désavantagés.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas certaines parties du projet de loi auxquelles je souscris, mais il s'agit davantage de l'exception que de la norme.
En fait, je m'inquiète de voir que le gouvernement a gâché ce qui aurait pu constituer une bonne mesure législative en y intégrant de mauvais éléments et en cherchant à la faire adopter à toute vitesse. Ce projet de loi est aussi inefficace qu'il sera coûteux, et dans sa forme actuelle, je ne peux pas l'appuyer.
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Je vous remercie, monsieur le Président, de me donner l'occasion de parler en faveur du projet de loi , qui renforcerait le bilan déjà impressionnant du gouvernement pour garder nos rues et nos communautés sécuritaires.
Par leurs lettres, leurs coups de téléphone et leurs visites à mon bureau, les gens de me disent qu'ils veulent que le gouvernement sévisse contre la criminalité.
Je suis heureuse de parler aujourd'hui en faveur du projet de loi , la .
Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui s'appuie sur la mission que les Canadiens nous ont confiée de poursuivre notre impressionnant bilan en la matière.
Un volet très important de l'action que mène le gouvernement pour sécuriser les rues et les collectivités implique des réformes suivies visant à faire en sorte que le système correctionnel du Canada permette réellement de corriger les délinquants. C'est sur cet aspect très important que je voudrais donc concentrer mes remarques.
Je commencerai par parler des victimes de la criminalité parce que, dans le contexte du système correctionnel, elles méritent que l'on entende leurs préoccupations et que l'on tienne compte de leurs intérêts, et elles savent que leur gouvernement les écoute.
La loi actuelle reconnaît clairement qu’il faut tenir compte, dans le processus correctionnel, des intérêts des victimes d'actes criminels. Pourtant, les victimes et leurs défenseurs ont exprimé leur insatisfaction face à cette loi. Ils réclament constamment des améliorations qui leur donneraient plus de pouvoir dans ce processus. Le gouvernement a entendu leur appel. Nous les avons écoutés et, maintenant, nous prenons des mesures en conséquence.
Dans l’état actuel des choses, les victimes doivent parfois franchir de longues distances pour aller assister à une audience de libération conditionnelle. Or, si le délinquant retire sa demande, l’audience peut être annulée à la dernière minute, ce qui engendre des difficultés pour les victimes sur les plans financier et affectif.
En vertu de cette mesure, le délinquant ne pourrait retirer sa demande dans les quatorze jours qui précèdent l’audience, et les victimes auraient le droit de demander pourquoi le délinquant a renoncé à cette audience. Cela ferait beaucoup pour assurer la tranquillité d’esprit des victimes.
Le projet de loi inscrirait aussi dans la loi le droit des victimes d’assister à une audience de libération conditionnelle et d’y présenter une déclaration. En outre, les victimes obtiendraient le droit de demander de l’information pertinente sur le temps que le délinquant passe en prison, y compris sur les raisons de son transfèrement à un autre établissement, sur les motifs d’une absence temporaire et sur sa participation au plan correctionnel.
En outre, la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition serait modifiée de manière à élargir l’éventail d’information qui peut être révélé aux victimes par le SCC et la Commission des libérations conditionnelles du Canada. Cela engloberait l’information sur les motifs d’un transfèrement avec, dans la mesure du possible, un préavis du transfèrement dans un établissement à sécurité minimale, l’information sur les programmes auxquels le délinquant a participé et l’information sur toute infraction disciplinaire. La loi exigerait aussi que les tuteurs et soignants de personnes à charge de victimes décédées, malades ou frappées d’incapacité puissent obtenir la même information que peuvent obtenir les victimes elles-mêmes. Ces changements contribueraient à assurer que l’intérêt des victimes ne soit jamais oublié.
La deuxième réforme importante a trait à la responsabilité des délinquants. Elle obligerait les délinquants à répondre de leurs actes. La Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition serait aussi modifiée de manière à permettre la prise de mesures incitatives pour encourager le délinquant à participer à son plan correctionnel.
Une transition fructueuse du milieu carcéral à la collectivité ne peut pas se faire par hasard ou grâce à des vœux pieux. Il faut que le délinquant joue un rôle actif dans sa réadaptation. C'est pourquoi le projet de loi dont la Chambre est saisie insiste sur le fait que la réadaptation est une responsabilité partagée entre les délinquants et le Service correctionnel du Canada.
Les délinquants seraient tenus de respecter les autres, d’obéir au règlement et de participer activement à la réalisation des objectifs de leur plan correctionnel. À cette fin, chaque plan correctionnel établirait des attentes concernant le comportement du délinquant, sa participation aux programmes et l’exécution de ses obligations financières découlant d’ordonnances judiciaires.
Le troisième volet de la réforme touche la gestion des délinquants et leur réinsertion sociale. Nous devons faire davantage afin de mieux protéger les citoyens respectueux des lois quand il s'agit d'autoriser des mises en liberté sous condition. C'est pourquoi ces mesures législatives proposent de donner aux policiers le pouvoir d'arrêter sans mandat tout délinquant qui semble avoir contrevenu à une condition de sa libération conditionnelle.
Enfin, le projet de loi prévoit la suspension automatique de la libération conditionnelle ou de la libération d'office des délinquants qui se voient imposer une nouvelle peine en milieu carcéral.
Pour ce qui est du dernier élément de la réforme, le projet de loi moderniserait le régime disciplinaire dans les pénitenciers fédéraux. Plus précisément, il prévoirait de nouvelles pénalités pour les comportements qui contreviennent aux règles, par exemple les comportements irrespectueux, intimidants ou agressifs et le fait de lancer des substances corporelles. Il limiterait aussi les droits de visite des détenus qui ont été placés en isolement en raison d'infractions disciplinaires graves.
Comme nous avons pu l'entendre, le projet de loi propose plusieurs réformes fondamentales au système correctionnel et aux libérations conditionnelles, afin que notre système correctionnel joue effectivement son rôle de correction des délinquants.
Les modifications proposées par le gouvernement conservateur favoriseraient la responsabilisation des délinquants et resserreraient la gestion pendant leur incarcération et leur période de libération conditionnelle. De plus, elles moderniseraient les sanctions disciplinaires des établissements fédéraux et permettraient aux victimes de demander plus de renseignements à propos du délinquant qui leur a fait du tort. Les modifications, dans leur ensemble, poursuivraient et dynamiseraient les initiatives déjà en cours pour renforcer le système correctionnel et la mise en liberté sous condition.
Nous savons que, de nos jours, bon nombre de délinquants pris en charge par le système correctionnel canadien ont commis des infractions avec violence. Un nombre record de délinquants appartiennent à un gang ou à un groupe du crime organisé, et près de quatre délinquants sur cinq ont de graves problèmes de toxicomanie à leur arrivée dans un établissement fédéral. De plus, un nombre accru de délinquants ont de graves problèmes de santé mentale. En raison de ces changements, une nouvelle approche en matière de services correctionnels et de mise en liberté sous condition est nécessaire. C'est pourquoi le gouvernement propose les modifications contenues dans le projet de loi .
Les réformes proposées permettraient de s'assurer que les victimes sont mieux servies en augmentant les renseignements qu’elles peuvent recevoir et en garantissant leur droit d’être entendues aux audiences de libération conditionnelle. Elles aideraient également à rendre les criminels plus responsables de leurs actes afin que leur réadaptation soit plus efficace.
Ces mesures permettraient en outre de moderniser le système disciplinaire des détenus.
Nous sommes également en train de mettre en place des mesures de contrôle plus rigoureuses pour les délinquants sous surveillance dans les collectivités.
J'exhorte tous les députés à appuyer sans réserve le projet de loi pour les délinquants, qui doivent assumer une plus grande part de responsabilité s'ils veulent assurer le succès de leur réinsertion dans la collectivité, pour les victimes d'actes criminels, qui méritent d'avoir une voix plus forte au sein du système correctionnel, et pour les agents de correction, qui ont le droit de travailler dans un milieu sûr.
Je les exhorte à appuyer ce projet de loi pour tous les Canadiens. La protection de la société est notre principale priorité. Les Canadiens méritent de se sentir en sécurité dans leurs foyers et dans leurs collectivités. Les victimes et les gardiens de prison méritent d'être traités avec respect. Les délinquants doivent être disposés à accepter une plus grande responsabilité pour leurs actes et à assumer les conséquences s'ils enfreignent les règles.