(au nom du leader du gouvernement à la Chambre des communes)
présente:
Que, en signe de solidarité envers les personnes en quête de liberté en Libye, la Chambre a adopté les 21 mars et 14 juin 2011 des motions du gouvernement autorisant l’adoption de toutes les mesures nécessaires, y compris le recours aux Forces armées canadiennes et aux ressources militaires, conformément à la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU); que, compte tenu de la situation militaire actuelle et du succès qu’ont connu le Conseil national de transition et les forces anti-Kadhafi, la Chambre appuie pour une période maximale de trois mois la prolongation de la participation des Forces armées canadiennes aux interventions de l’OTAN, conformément au mandat légal découlant de la résolution 1973 du CSNU; que la Chambre continue d’appuyer la participation du Canada à tous les aspects de la reconstruction de la Libye, notamment les droits de la personne, le développement démocratique et la primauté du droit; que la Chambre déplore la violence commise par l’ancien régime à l’endroit du peuple libyen, notamment les allégations de viol comme arme de guerre; que le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international et le Comité permanent de la défense nationale de la Chambre des communes demeurent saisis des activités menées par le Canada en application de la résolution 1973 du CSNU et en vue de la reconstruction de la nouvelle Libye; et que la Chambre continue d’offrir son appui inconditionnel aux courageux hommes et femmes des Forces armées canadiennes, qui montent la garde pour chacun d'entre nous, et continuent de protéger les civils libyens contre les dangers que représente toujours le régime de Kadhafi.
— Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je tiens à dire à quel point je suis fier d'appuyer cette motion détaillée dont la Chambre est saisie aujourd'hui.
Je suis particulièrement fier du rôle remarquable joué par nos militaires au cours des six derniers mois dans le but de protéger le peuple libyen contre le brutal régime dictatorial de Kadhafi et de ses suppôts.
Je suis vraiment heureux et honoré de parler de la contribution exceptionnelle et fière du Canada à la création d'une nouvelle Libye, qui s'est débarrassée d'un régime tyrannique et dictatorial et qui, après une quarantaine d'années, pourra enfin répondre aux besoins et aux aspirations de sa population.
Lorsque, en mars dernier, la Chambre a tenu son premier débat sur la mission militaire du Canada, les députés savent que j'ai fait valoir très clairement que nous devions passer à l'action. À cette époque, les Libyens subissaient les attaques de leur gouvernement. Ils s'étaient joints à la vague populaire de soulèvements partout dans le monde arabe pour exiger la fin du régime dictatorial. Le régime de Mouammar Kadhafi a réprimé ces manifestations pacifiques avec une brutalité féroce.
Devant cette situation désastreuse, il était urgent d'agir. Misrata était assiégée, tandis que Gaza était sur le point d'être attaquée. Les civils libyens étaient victimes de la violence des forces de Kadhafi, qui lâchaient aveuglement bombes et obus partout sur le pays.
Ce bain de sang et cette violence nous ont conduits à la conclusion que le régime de Kadhafi avait clairement perdu toute légitimité. Les autorités canadiennes ont travaillé avec leurs alliés internationaux pour tenter d'en arriver à une solution pacifique.
Cependant, une fois tous les efforts diplomatiques épuisés, il est apparu évident que des mesures s'imposaient pour mettre un terme à ces massacres. Conscient de cette réalité, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 1973 le 17 mars dernier. Cette résolution autorisait les États membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population et les zones civiles libyennes.
Je suis fier de dire que le Canada a assumé un rôle de premier plan dans la réalisation du mandat des Nations Unies. Je tiens à féliciter tous les députés du rôle qu'ils ont joué en appuyant le peuple libyen. En accordant notre aval à la participation du Canada à l'opération Protecteur unifié menée par l'OTAN, nous avons montré sans équivoque que le Canada est résolu à appuyer le peuple libyen.
Nos partenaires internationaux savent que le Canada est un pays qui assume ses responsabilités au-delà de toutes les attentes. Nous amorçons aujourd'hui un nouveau cycle d'opérations.
[Français]
Le soutien de la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui permettra de prolonger le leadership que le Canada a démontré depuis le début du conflit en Libye plus tôt cette année.
Le Canada a fortement contribué aux changements importants en Libye. Nous avons montré à nos alliés que nous sommes un partenaire fiable. Nous avons montré au peuple libyen qu'il peut toujours compter sur le Canada pour faire les bonnes choses.
Notre travail en Libye n'est pas terminé. L'OTAN a établi trois conditions pour mettre fin à ses opérations militaires en Libye: l'arrêt de toutes les attaques contre les civils, le retrait vérifiable des forces militaires et paramilitaires du régime, et l'accès entier et sûr à l'aide humanitaire pour tous ceux qui en ont besoin partout en Libye.
Bien que la plupart des Libyens jouissent désormais d'une liberté qu'ils n'ont pas eue depuis quatre décennies, des parties de la Libye demeurent toujours sous la poigne de fer de Kadhafi. La capacité de Kadhafi d'attaquer des civils a été réduite, mais elle n'a pas été éliminée. Les forces restantes du régime se battent sans trop se soucier du bien-être du peuple libyen. Il y a un meilleur accès aux services de base, mais quelques zones ont toujours des besoins très aigus.
[Traduction]
Pour appuyer la résolution 2009 que le Conseil de sécurité de l'ONU a adoptée le 16 septembre, l'OTAN a reconnu, le 21 septembre, que son mandat consistant à protéger les civils était toujours en vigueur et a prolongé sa mission pour une période allant jusqu'à trois mois.
Comme on le sait, le Canada participe à cette mission depuis le début et doit continuer à y participer jusqu'à ce que le travail soit accompli. Notre pays n'a jamais manqué à ses responsabilités et ne peut certainement pas le faire maintenant. Grâce au leadership dont fait preuve le Canada et à la mission militaire des Forces canadiennes, nous sommes à l'avant-garde des efforts du Canada en Libye. En collaboration avec nos alliés, nous avons participé activement à la prévention des attaques contre les civils. Nous avons persévéré et nous avons contribué à sauver la vie de gens sur qui planait une menace imminente lorsque Kadhafi était à la tête du pays. Je suis fier de dire que les hommes et les femmes des Forces canadiennes jouent un rôle de premier plan dans le succès de la mission jusqu'à présent.
Nos forces aériennes ont effectué environ 9 p. 100 de toutes les frappes aériennes de l'OTAN. Elles assurent des tâches essentielles de surveillance aérienne et accomplissent de cruciales missions de ravitaillement. De leur côté, le NCSM Charlottetown et le NCSM Vancouver exécutent le mandat de l'ONU en effectuant d'importantes patrouilles maritimes et en permettant à l'aide humanitaire de s'acheminer à destination.
Je tiens également à féliciter le lieutenant-général Charles Bouchard du leadership dont il fait preuve à titre de commandant de l'opération Protecteur unifié de l'OTAN. Je demande à tous les députés de saluer avec moi les réalisations qu'il a supervisées au nom du Canada et de tous les participants à la mission de l'OTAN.
[Français]
Le 14 juin, le a pris la parole ici et a promis que le Canada allait mettre sur pied une stratégie d'engagement diplomatique améliorée pour apporter le succès en Libye.
Je suis heureux d'annoncer que notre gouvernement a tenu sa promesse. Le Canada a reconnu le Conseil national de transition comme le représentant légitime du peuple libyen ce jour-là. Moins de deux semaines plus tard, le s'est rendu à Benghazi où il a rencontré les dirigeants de la rébellion. Il a également remis 355 trousses de traumatologie pour répondre aux besoins médicaux pressants. Il a soulevé, avec le Conseil national de transition et avec les représentants de la société civile, la profonde préoccupation du Canada concernant l'utilisation du viol comme arme de guerre.
Les Libyens qu'il a rencontrés à Benghazi ont partagé leur horreur par rapport à ces crimes odieux et ont souligné qu'en raison des sensibilités culturelles, l'ampleur réelle du crime n'est pas connue. Les victimes hésitent à accepter un traitement ou un soutien. La détermination du Canada pour les aider s'est concrétisée.
[Traduction]
Il est devenu clair que le conseil est légitime. Il représentera les Libyens jusqu'à ce qu'un gouvernement entièrement démocratique soit mis en place. Le conseil s'est véritablement engagé à rebâtir la Libye en mettant en place pour le peuple libyen un gouvernement axé sur la primauté du droit. Voilà l'objectif qu'il a exprimé dans sa vision d'une Libye démocratique, dans son plan et dans la toute récente annonce d'une déclaration constitutionnelle.
Les principes qui ont été énoncés doivent maintenant être mis en oeuvre. La communauté internationale a pour mandat de protéger les civils en Libye et d'appuyer les réformes. Cependant, c'est au peuple libyen qu'il incombe de prendre les rênes et d'orienter le pays vers l'avenir.
Cela signifie qu'il faut reconstruire et, bien sûr, qu'il faut tirer parti des immenses ressources naturelles du pays. Les Libyens doivent également mettre sur pied une société civile et des institutions démocratiques. Le parcours ne sera pas facile. Toutefois, le Canada sera là pour prêter main forte dans le cadre d'interventions et de missions, comme il l'a fait lors d'autres conflits à divers endroits du globe.
Les députés se rappelleront que, au moment du débat que nous avons eu en juin, on ne savait pas encore comment la situation évoluerait en Libye. La Libye a subi le joug de la dictature d'un seul homme pendant quatre décennies. En fait, c'est la seule réalité que deux générations de Libyens ont jamais connue. Les choses ont changé bien rapidement.
Le 21 août, Tripoli est tombée, alors que certains députés de l'opposition parlaient d'impasse et laissaient entendre que le Canada devrait se retirer. Kadhafi et son entourage ont pris la fuite et les partisans de l'ancien régime qui sont restés dans le pays sont encore en liberté.
Quatre jours plus tard, soit le 25 août, le Canada a accrédité le nouveau chargé d'affaires libyen nommé par le Conseil national de transition. Le Canada s'est engagé à considérer le Conseil national de transition comme le gouvernement légitime de la Libye jusqu'à ce que des représentants dûment élus prennent les rênes de la nation.
Le 1er septembre, le et le ont participé à la conférence de Paris sur la Libye. Depuis que le Conseil de sécurité des Nations Unies a donné le feu vert pour libérer davantage des actifs qui avaient été gelés, le Canada a annoncé la levée des sanctions imposées à la Libye.
À Tripoli, la situation s'améliore. Les embouteillages ont recommencé, signe que les produits de base essentiels comme le carburant sont de nouveau disponibles, et que les gens ont repris suffisamment confiance pour sortir de chez eux. Le nouveau drapeau libyen flotte bien en évidence partout dans la ville. Enfants comme adultes portent un tee-shirt et une casquette à rayures rouges, noires et vertes. Un certain degré de civilité est réapparu. On nettoie les rues et on distribue de la nourriture et de l'eau dans les quartiers, deux denrées de base qui étaient devenues rares. Il va sans dire que de tels services n'existaient pas durant la période qui a précédé la chute du régime Kadhafi.
L'infrastructure est encore largement intacte à l'extérieur des régions où les combats ont été violents comme Misrata. À Tripoli, on peut constater à quel point les frappes menées par l'OTAN le mois dernier étaient précises. Certains édifices gouvernementaux ont été endommagés, mais c'est à peu près tout.
De plus, la Libye dispose de ressources pétrolières qui, bien entendu, seront d'une grande utilité dans la reconstruction du pays. Bien que certaines installations pétrolières aient été endommagées, les réparations sont déjà en cours.
Cela dit, en dépit de ces signes encourageants, la Libye est toujours aux prises avec des problèmes bien réels à l'horizon. Bon nombre des appels lancés avant le conflit afin améliorer la qualité de vie se font toujours entendre. La population réclame de meilleures écoles, de meilleurs hôpitaux et de meilleures perspectives d'emploi.
Après quarante ans d'immobilisme, le peuple libyen a soif de changement. La difficulté, pour les nouveaux législateurs de la Libye, consistera à agir tout en assurant la cohésion entre les éléments qu'ils jugent tous pressants pour débarrasser le pays du régime Kadhafi.
La sécurité et la stabilité vont de pair avec le contrôle des milliers d'armes qui circulent maintenant dans le pays ainsi que des jeunes hommes qui les portent. Le fils de Kadhafi, Saïf, a promis de se battre jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière femme et jusqu'à la dernière balle.
Aujourd'hui, nous voyons que c'est bien là l'objectif que comptent poursuivre les fidèles de Kadhafi. Nous avons été témoins de la ténacité brutale du chef et de ses partisans alors qu'ils s'accrochaient au pouvoir, d'abord à Tripoli, puis maintenant dans les bastions que sont Bani Walid et Syrte, causant davantage de pertes humaines insensées.
Il reste des obstacles considérables à surmonter. La réussite n'est pas une option; c'est un impératif. Je le répète: c'est pour cela que le Canada sera présent.
Les Libyens nous demandent de les aider en continuant de protéger les civils et en leur apportant un soutien technique afin de contribuer à la reconstruction d'un pays qui, pour la première fois, représente la liberté, la démocratie, le respect des droits de la personne et la primauté du droit.
Le Canada joue un rôle tout aussi important qu'en mars, qu'il y a deux mois, voire qu'il y a deux semaines. En mettant fin à notre mission concertée, nous risquerions de mettre en péril tous les progrès que nous avons accomplis cette année en Libye et laisserions tomber nos alliés dans la poursuite de leurs efforts.
Le et le sont aux Nations Unies ensemble cette semaine. En compagnie des dirigeants de plus de 80 pays, ils discutent des meilleures façons d'aider la Libye à mettre en oeuvre les plans qu'elle a établis en vue de stabiliser sa situation et de se rebâtir. Parmi ceux-ci, mentionnons les travaux qui seront entrepris par la mission spéciale d'appui, laquelle assurera la coordination des mesures de soutien auprès des donateurs, le rétablissement de la sécurité publique, le respect de la primauté du droit, l'établissement du dialogue politique nécessaire à la réconciliation à l'échelle nationale, l'élargissement des pouvoirs des institutions de l'État, la protection des droits de la personne et l'appui à la justice transitionnelle et, bien entendu, l'aide à la reprise économique.
Je suis heureux de signaler que notre gouvernement est à la tête des efforts gouvernementaux concertés, qui ont pour objectif de préparer l'ère post-Kadhafi grâce à une aide ciblée, dans le cadre de laquelle le Canada apportera une contribution utile. Ces efforts appuieront d'autres mesures de soutien, tant au pays qu'à l'échelle internationale, et c'est ce qui est en jeu aujourd'hui. Le Canada est prêt à favoriser l'instauration de mécanismes de gouvernance efficaces au sein des institutions et à offrir son expertise en la matière, la création d'un contexte sûr fondé sur la primauté du droit, le développement économique, la prospérité et le respect des droits de la personne, y compris les droits des femmes et la liberté de religion. Le Canada ne fait pas qu'appuyer la Libye: il déploie aussi les efforts nécessaires pour offrir de nouveau toute la gamme de services aux Canadiens qui se trouvent en Libye, y compris le soutien aux entreprises canadiennes.
À la suite d'une mission d'évaluation effectuée par le ministère de la Défense nationale et le ministère des Affaires étrangères, le Canada a rétabli sa présence diplomatique en Libye. L'ambassade offre en ce moment des services dans un local temporaire, le temps que les réparations à la chancellerie soient effectuées. Elle offrira de nouveau la gamme complète de services dès que le niveau de sécurité approprié pourra être assuré.
Aujourd'hui, dans le cadre de nos discussions, il importe de se rappeler que la Libye n'est pas un pays pauvre. C'est un pays qui dispose d'une immense richesse, le pétrole, qui a tout simplement été dilapidée ou détournée par un dictateur pendant plusieurs générations. Bien sûr, le pays a aussi été durement touché par le fléau qu'est la guerre. La Libye devra reconstruire son infrastructure pétrolière et rétablir sa capacité d'exportation. Elle devra faire des réparations de base à ses routes, barrages, puits, centrales électriques et autres centrales de production d'énergie, ainsi qu'à de nombreux autres éléments de son infrastructure essentielle. Tout cela ne pourra pas se faire uniquement grâce au soutien des pays étrangers; il faudra que le peuple libyen en prenne l'initiative.
[Français]
Quand le a pris la parole ici, en juin, au sujet de notre mission en Libye, il a indiqué: « Notre stratégie est claire. »
Elle n'a jamais été plus claire. En exerçant sans relâche une pression militaire et diplomatique sur le régime de Kadhafi tout en fournissant une aide humanitaire, le Canada, ses alliés de l'OTAN et d'autres partenaires internationaux ont pu protéger la population civile de la Libye et créer les conditions d'une véritable ouverture politique. Les Canadiens le savent. Les Canadiens comprennent ce que nous devons faire. Les Canadiens savent que le travail n'est pas encore terminé.
[Traduction]
En tant que , je tiens à redire combien je suis fier et combien les Canadiens sont fiers, selon moi, de la contribution militaire de notre pays à la mission en Libye. Nous sommes chanceux de pouvoir compter sur un tel dévouement de la part des soldats, des marins et du personnel de l'aviation. J'ai eu le privilège d'en rencontrer quelques-uns il y a trois semaines lorsqu'ils sont rentrés à Halifax, où ils ont été accueillis en véritables héros, sur le quai. Ce fut un moment inoubliable. Les hommes et les femmes du NCSM Charlottetown sont arrivés au port de Halifax, où leurs familles les attendaient, de même des collègues militaires à eux. Mais, fait à remarquer, des Canadiens d'origine libyenne attendaient aussi les hommes et les femmes du Charlottetown afin de leur manifester leur affection et leur appui et afin les remercier pour ce qu'ils venaient d'accomplir. Ils les ont remerciés sans réserve en les voyant débarquer du navire et leur ont dit combien ils étaient fiers en tant que Canadiens, mais aussi en tant que Canadiens d'origine libyenne. Ils avaient parlé à leurs familles, qui les avaient assurés que le Canada était dans le camp du peuple libyen, au cours de cette mission.
Je vais vous décrire très brièvement une scène que j’ai vue et qu’on voit souvent lorsque des navires rentrent au port. Une jeune mère était là avec son enfant, qui était né pendant que le père était en mer. C’est une scène intemporelle, lorsque des navires rentrent au port. Elle illustre les sacrifices que les hommes et les femmes en uniforme font lorsqu’ils sont envoyés en mission à l’étranger, non seulement en raison des risques qu’ils prennent, mais aussi en raison du temps qu’ils passent loin des leurs et des moments importants qu’ils ratent pour pouvoir protéger notre pays.
Le sens du devoir, non seulement envers le Canada, mais aussi envers le peuple libyen, transparaît chez tous les soldats des Forces canadiennes. Nous devrions être immensément fiers d’eux et immensément fiers de la contribution qu’ils apportent en notre nom. Nos hommes et nos femmes en uniforme jouent un rôle de leaders indispensable en appliquant la volonté de la communauté internationale dans le cadre de leur importante participation à la mission de l’OTAN. Ils positionnent le Canada comme un allié et un partenaire efficace et fiable. C’est une réputation dont nous jouissons depuis le début. Toutefois, le plus important c’est qu’ils défendent le peuple de la Libye, qui exige des changements et qui est appuyé dans sa requête et, ce faisant, ils préparent le terrain pour un avenir de paix pour les Libyens et une transition qui se fera sous leur surveillance.
Tout comme c’était la chose à faire en juin, je crois qu’il convient encore de prolonger la mission des Forces canadiennes et ce, pour une période qui pourrait aller jusqu’à trois mois. C’est une mesure qui s’impose encore. Je demande instamment à tous les députés d’appuyer cette motion. J’ai bien hâte que nous entamions le débat prévu aujourd’hui. J’ai bien hâte d’entendre l’information, les questions et les faits qui seront présentés à la Chambre et au pays dans le cadre de ce débat. Encore une fois, je remercie tous les députés présents de leur participation à cet important débat.
:
Monsieur le Président, le débat est important pour bien des raisons. C'est le troisième débat sur la mission du Canada en Libye. Nous avons adopté une motion à la Chambre le 17 mars dernier et une autre le 14 juin, pour prolonger la mission de trois mois. Le gouvernement voudrait maintenant que la mission militaire se poursuive pendant trois mois de plus.
L'importance du débat s'explique par le fait qu'il porte en fait sur l'avenir du rôle international du Canada, sur la question de savoir dans quelle mesure le Canada se verra principalement comme une puissance militaire ou s'il conservera le rôle respecté pour lequel il est connu et qui projette une image et s'accompagne de mesures très différentes sur la scène mondiale.
Nous sommes devant une approche totalement nouvelle de l'action internationale. L'intervention militaire en Libye, qui a été autorisée par la résolution 1973, répond à une toute nouvelle doctrine, que certains disent émergente, sur la responsabilité de protéger. Selon cette doctrine, la règle normale de la souveraineté des États, qui existe depuis le XVIIIe siècle, cède le pas à des objectifs humanitaires, à l'obligation des autres États de protéger les civils lorsqu'un État est incapable de le faire, non désireux de le faire ou, dans le cas de la Libye, lorsqu'il s'en prend à ses propres civils.
Dans ce nouveau type d'interventions, il est impérieux que la communauté internationale fasse bien les choses. Depuis le début, notre parti aborde cette question avec précaution. Nous avons appuyé la résolution 1973 et nous ne regrettons pas le soutien que nous avons accordé à l'intervention canadienne à compter du 17 mars pour donner suite à cette résolution.
Toute la question a cependant donné lieu à de la controverse. De temps à autre, des critiques ont été formulées contre les actions de l'OTAN, mais il y en a eu davantage contre les déclarations faites de temps à autre par des dirigeants mondiaux et des membres de la Chambre des communes, dont le et le , au sujet de ce qui ne peut être que qualifié de volonté du Canada d'opérer un changement de régime en Libye.
Des explications nuancées viendront peut-être, et je suis convaincu que le aura l'occasion de nuancer ses déclarations, mais nous n'avons jamais eu l'intention ni le désir de soutenir une intervention visant à opérer un changement de régime pour une raison bien simple et qui n'a rien à voir avec l'horreur qu'inspire à tous le colonel Kadhafi, ses méthodes et sa volonté de faire subir des choses épouvantables à ses propres citoyens, y compris le meurtre et les mutilations. Notre réserve vient de la possibilité qu'il s'agisse d'un précédent et que le Canada et d'autres pays se mêlent des guerres civiles dans d'autres pays.
Nous avons appuyé la résolution. Il était crucial que nous le fassions. Nous avons appuyé la prolongation en juin. À ce moment-là, le régime du colonel Kadhafi était toujours au pouvoir et continuait les activités auxquelles la résolution 1973 devait mettre fin.
Comme le ministre l'a souligné, le Canada a joué un rôle clé. Nous tenons, nous aussi, à remercier les militaires et les diplomates canadiens d'avoir contribué à protéger les civils libyens des dangers du régime Khadafi. Ils ont agi comme nous le leur avons demandé. Ils l'ont fait de façon honorable et l'ont très bien fait.
Il faut maintenant analyser la situation actuelle et voir comment elle a évolué depuis le 17 mars et le 14 juin.
Lundi dernier, un représentant du ministère de la Défense nationale, le major-général Jonathan Vance nous a offert une séance d'information. L'ambassadrice du Canada en Libye, Son Excellence Sandra McCardell, a fait de même.
Nous sommes très heureux que le gouvernement ait assuré le suivi de la résolution adoptée par la Chambre et reprise le 14 juin, selon laquelle le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international et le Comité de la défense nationale demeurent saisis des activités menées par le Canada en application de la résolution 1973 du CSNU, et que [la Chambre] apprécie la collaboration entière et continue du gouvernement aux réunions de comité et le partage de l'information.
La Chambre a adopté cette modification à la résolution, à la demande du Nouveau Parti démocratique. On souhaitait ainsi s'assurer que la Chambre joue un rôle de surveillance parlementaire et civile des activités des Forces canadiennes à l'étranger. Il faut continuer dans cette voie et encourager cette façon de faire chaque fois que le Canada participe à des opérations militaires à l'étranger.
Comme d'autres l'ont souligné, nous avons bénéficié de breffages complets, ouverts et honnêtes offerts par des professionnels des Forces armées et du corps diplomatique, qui nous ont informés de l'état de la situation et des activités en Libye, afin que nous ayons les connaissances et la compréhension nécessaires pour nous faire une opinion éclairée.
Évidemment, nous suivons les nouvelles depuis le début, mais à la lumière des informations reçues la semaine dernière, il est très clair que les circonstances actuelles sont complètement différentes de celles qui prévalaient en mars ou même en juin.
Il y a dix jours, le Conseil national de transition a commencé à représenter la Libye aux Nations Unies. Il a été reconnu en tant que représentant officiel du peuple et de l'état libyens aux Nations Unies.
Selon le major-général Vance, l'ancien régime de Kadhafi est dans une position défensive de plus en plus précaire. Son pouvoir s'érode quotidiennement, mais tout n'est pas encore terminé. Les forces du colonel Khadafi occupent encore deux villes, Syrte et Bani Walid. Elles semblent en mesure de prévenir avec beaucoup d'aisance toute incursion des forces du Conseil national de transition, principalement grâce à leurs tireurs d'élite.
Je le répète, le major-général Vance est d'avis que les résistants sont dans une position défensive qui s'effrite graduellement. L'ancien régime de Khadafi n'est absolument pas en mesure de se livrer au genre d'activités qui ont mené à l'adoption, en mars, de la résolution 1973 des Nations Unies, ainsi que de la résolution prise par cette Chambre pour que le Canada offre son soutien à cet égard.
En février, le colonel Khadafi et son fils, Saïf, défendaient leur point de vue et ont promis qu'ils ne perdraient pas la Libye et qu'ils se battraient jusqu'au dernier homme, à la dernière femme et à la dernière balle.
Dans un document d'information remis en juillet au Comité des affaires étrangères, l'ambassadrice Sandra McCardell a fait référence à la première promesse faite par Khadafi à la mi-mars, alors qu'il se trouvait aux abords de Benghazi et qu'il promettait de purifier la Libye pouce par pouce, maison par maison, personne par personne, jusqu'à ce que le pays soit lavé de la saleté et des impuretés. Et ces paroles venaient d'un homme qui avait déjà traité son peuple de rats et de chiens. Voilà à qui on avait affaire en mars, et nous composons avec cette situation depuis les six derniers mois.
Le Canada a joué un rôle de premier plan dans cette mission. En fait, nous sommes l'un des pays qui y ont le plus contribué après les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France. À notre avis, nous avons fait plus que notre part sur le plan militaire. Reste maintenant à déterminer quel rôle le Canada devrait jouer dans l'avenir de la Libye.
Nous approchons la fin d'une guerre civile en Libye. Comme l'a dit le général Vance, les forces du Conseil national de transition n'en sont qu'à quelques semaines, voire quelques jours — et on ne parle pas en termes de mois ou d'années —, de la fin de la guerre civile. Bien qu'on puisse s'interroger quant au rôle que l'OTAN peut maintenant jouer tandis que la défense des forces de Kadhafi commence à battre de l'aile, il est clair que son rôle s'amenuise de jour en jour, compte tenu de la fin imminente d'une guerre civile.
Dans une guerre civile, nous ne sommes pas là pour prendre parti. Nous souhaitons profondément que ce conflit soit résolu dans les règles de l'art et qu'à l'avenir, la responsabilité de protéger ne serve pas de paravent pour dissimuler un changement de régime ou d'autres interventions. C'est une question fort délicate dont les experts juridiques internationaux débattront sans doute pendant un certain temps. Toutefois, je ne veux pas trop m'engager sur ce terrain pour justifier notre position.
Nous sommes d'avis que le Canada a assumé plus que sa juste part sur le plan militaire et devrait réorienter ses efforts vers d'autres aspects de la reconstruction de la Libye. Parallèlement à la résolution 1973 des Nations Unies, nous tenons énormément à ce qu'une solution à la crise politique relève des Libyens et qu'un nouveau gouvernement soit formé. Des doutes ont été exprimés, et nous en avons d'ailleurs entendus aujourd'hui, au sujet du Conseil national de transition, quant à savoir qui sont les intervenants et dans quelle mesure le conseil réussira à instaurer une bonne gouvernance en Libye.
Ce n'est que le 16 septembre que les Nations Unies ont adopté une nouvelle résolution — la résolution 2009. Le Conseil de sécurité prend note des événements survenus en Libye, se félicite de l'amélioration de la situation dans le pays et attend avec espoir que la stabilité s'y instaure. Il parle de la mise en place d'un gouvernement intérimaire libyen représentatif et sans exclusive et fait valoir que la période de transition doit être ancrée dans l'attachement à la démocratie, à la bonne gouvernance, à l'état de droit et au respect des droits de l'homme.
Dans la résolution, le Conseil de sécurité souligne ensuite la nécessité d'une transition où Libyens de toutes croyances et origines s'abstiennent de représailles, ce qui est extrêmement important. Il prend également acte des appels lancés par le Conseil national de transition à éviter les actes de représailles, notamment contre les travailleurs migrants. Apparemment, certains travailleurs migrants sont ciblés parce qu'ils semblent provenir de l'Afrique australe et ils font l'objet d'attaques parce qu'on les soupçonne d'être des mercenaires.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a pris des mesures proactives pour mettre sur pied la nouvelle mission d'une durée de trois mois en Libye — sous la direction d'un représentant spécial —, visant à participer au rétablissement de la sécurité publique et de l'ordre, et à promouvoir la primauté du droit et toute une série de mesures relevant du mandat des Nations Unies, tel qu'énoncé à l'article 12 de la résolution 2009.
Nous pensons que le Canada devrait cibler ses efforts sur cela. Comme je l'ai mentionné plus tôt, le Canada a largement contribué à la mission en Libye. D'ailleurs, cette contribution est nettement supérieure à celle d'autres pays, compte tenu de la taille de notre pays, de notre capacité militaire, de notre démographie et de nos moyens financiers. Notre contribution a été plus que significative.
À l'instar d'autres pays, comme la Norvège, par exemple, nous sommes en mesure de changer notre orientation et notre rôle. Nous, les néo-démocrates, n'appuyons pas la poursuite d'une mission militaire en Libye. Nous croyons plutôt que le Canada devrait réorienter ses efforts en vue de participer aux efforts de reconstruction de la Libye et qu'il devrait y consacrer tous ses efforts, afin d'en garantir le succès.
Je vais, sous peu, présenter une motion en ce sens. L'idée maîtresse de la motion est de réorienter nos efforts visant à participer à la mise en oeuvre de la gouvernance, du développement, de la primauté du droit et de l'aide humanitaire et à y consacrer une partie des ressources au lieu de poursuivre la mission militaire.
Nous remercions nos militaires et nos diplomates des efforts qu'ils ont mis jusqu'à présent et nous leur sommes reconnaissants. Nous estimons que le gouvernement du Canada devrait proposer ses bons offices et mettre à contribution ses gens de talent, nos ONG et tous les autres intervenants qui souhaitent vivement appuyer ces efforts, prendre part à la reconstruction de la Libye et assumer un engagement civil plus vaste pendant la transition de la société libyenne au lendemain du conflit, idéalement avec une participation plus importante du Canada par rapport à ce qu'il a pu faire jusqu'à présent. Considérant qu'un nouveau gouvernement est en place en Libye et compte tenu de la plus grande ouverture de ce pays, nous estimons qu'il est temps que le Canada s'engage dans la phase de l'après-conflit.
Par conséquent, je propose ce qui suit:
Que la motion soit modifiée:
a) en substituant les mots « pour une période maximale de trois mois la prolongation de la participation des Forces armées canadiennes aux interventions de l’OTAN, conformément au mandat légal découlant de la résolution 1973 du CSNU; que la Chambre continue d’appuyer » par les mots « la concentration de nos efforts sur »;
b) en substituant les mots « continuent de protéger les civils libyens contre les dangers que représente toujours le régime de Kadhafi » par les mots « les remercient de leur contribution à la protection des civils libyens contre les dangers que représente le régime de Kadhafi ».
Le texte de la motion serait donc celui-ci:
Que, en signe de solidarité envers les personnes en quête de liberté en Libye, la Chambre a adopté les 21 mars et 14 juin 2011 des motions du gouvernement autorisant l’adoption de toutes les mesures nécessaires, y compris le recours aux Forces armées canadiennes et aux ressources militaires, conformément à la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU); que, compte tenu de la situation militaire actuelle et du succès qu’ont connu le Conseil national de transition et les forces anti-Kadhafi, la Chambre appuie la concentration de nos efforts sur la participation du Canada à tous les aspects de la reconstruction de la Libye, notamment les droits de la personne, le développement démocratique et la primauté du droit; que la Chambre déplore la violence commise par l’ancien régime à l’endroit du peuple libyen, notamment les allégations de viol comme arme de guerre; que le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international et le Comité permanent de la défense nationale de la Chambre des communes demeurent saisis des activités menées par le Canada en application de la résolution 1973 du CSNU et en vue de la reconstruction de la nouvelle Libye; et que la Chambre continue d’offrir son appui inconditionnel aux courageux hommes et femmes des Forces armées canadiennes, qui montent la garde pour chacun d'entre nous, et les remercient de leur contribution à la protection des civils libyens contre les dangers que représente le régime de Kadhafi.
:
Monsieur le Président, j'ai eu l'occasion d'intervenir au sujet de toutes les résolutions proposées à la Chambre au sujet de la Libye et je suis ravi de participer au débat d'aujourd'hui.
J'informe la Chambre que le Parti libéral estime que le Canada devrait continuer de participer aux efforts des Nations Unies, de nos alliés de l'OTAN et de la communauté libyenne, tant au Canada qu'en Libye. J'affirme très vigoureusement que le Canada doit renforcer son engagement auprès de la société civile en Libye ainsi qu'à l'égard des grandes questions de gouvernance et de réforme, non seulement en Libye, mais également dans l'ensemble de l'Afrique du Nord.
[Français]
Nous ne sommes pas d'accord avec la position des collègues du Nouveau Parti démocratique, disant qu'il est temps de retirer notre appui à l'effort de l'ONU et de l'OTAN et de cesser de protéger la population civile en Libye par l'action internationale.
Je trouve que la position du NPD énoncée par mon collègue de est complètement incohérente. On ne peut pas être d'accord, au début, sur la position de l'OTAN et des Nations Unies, et dire que lorsque le régime du colonel Kadhafi sera défait et que l'oppression de la population aura pris fin, ce sera le moment pour le Canada de se retirer. Cela n'a aucun sens.
Je comprends d'où vient le raisonnement de mes collègues du NPD, mais c'est une position complètement incohérente. C'est comme si l'on devait choisir entre deux résolutions de l'ONU — la résolution 1973 et la résolution 2009 —, et que le NPD choisissait celle qui parle de la situation civile en Libye et ignorait celle qui parle de la situation militaire. Cela n'a aucun sens.
[Traduction]
Nous devons être conséquents. J'avoue être fort déçu des propos de mon collègue de Terre-Neuve qui affirme que le Canada ne doit pas prendre parti dans une guerre civile. Apparemment, peu lui importe que le régime du colonel Kadhafi demeure en place. Je n'arrive pas à croire que ce soit la position de l'opposition officielle au Canada.
De ce côté-ci de la Chambre, nous ne sommes pas indifférents à la situation en Libye. Nous souhaitons y voir l'émergence d'une société civile et d'un gouvernement civil qui défende l'intérêt de la population. Voilà la position du Parti libéral du Canada. C'est également la position à laquelle la Chambre devrait souscrire.
Certains semblent croire en quelque sorte trop délicat de prendre une position ferme, comme le député de Terre-Neuve qui dit: « [...] nous ne sommes pas là pour prendre parti ». Pourquoi les Nations Unies ont-elles adopté la résolution 1973? Pour la simple et bonne raison que le gouvernement qui était en place en Libye s'apprêtait à s'attaquer à ses propres citoyens, à son propre peuple. Voilà pourquoi les Nations Unies sont intervenues.
Il nous faut maintenant nous demander ce qui a changé. Force est constater que la situation a passablement évolué et que le régime Kadhafi est apparemment sur le point de s'écrouler pour de bon. On sait que les membres qui en restent sont actuellement retranchés dans deux villes.
Toutefois, je ne vais pas substituer mon jugement à celui des Nations Unies ou à celui du Secrétaire général des Nations Unies, qui a demandé au Canada de poursuivre son rôle en Libye. Je ne vais pas substituer mon jugement à celui de nos alliés de l'OTAN, qui affirment qu'il est important que nous poursuivions cette mission sous l'égide des Nations Unies. Je ne vais pas m'approprier la mission en prétendant que j'ai lu les journaux au cours des derniers jours et que, pour cette raison, je comprends mieux ce qui se passe en Libye et je connais le moment opportun où le Canada devrait se retirer. C'est complètement absurde.
En raison du fonctionnement interne du Nouveau Parti démocratique, ses députés affirment qu'il doit être le parti de la paix. Nous sommes tous le parti de la paix. Cependant, être un parti de la paix ne signifie pas être un parti de l'apaisement ou de l'indifférence. Le Parti libéral n'est pas le parti de l'indifférence, et il n'est certainement pas le parti de l'apaisement.
L'obligation de se préoccuper de ce qui se passe à l'intérieur d'un État vient maintenant s'ajouter aux leçons de sécurité collective que nous avons apprises depuis le milieu du XXe siècle.
La grande révolution du droit international à laquelle mon collègue, le député de , a tellement contribué et dont il a tant parlé, stipule que ce qui se passe à l'intérieur des États est aussi important pour nous en tant que citoyens du monde que ce qui se passe entre les États. C'est la signification simple de la responsabilité de protéger.
Je sais que le gouvernement est peu enclin à parler de cette responsabilité et que nous voulons l'aborder dans la résolution, mais il est très important que la Chambre comprenne que les Nations Unies ont pris la décision inhabituelle de demander une intervention militaire en Libye pour protéger la population civile. Il n'y avait pas d'autre solution.
Kadhafi avait menacé de purifier la Libye maison par maison jusqu'à ce qu'elle soit débarrassée de la saleté. Ces propos rappellent ceux tenus dans l'Allemagne nazie. En comparant les gens à des microbes, Kadhafi a rapidement révélé ses véritables intentions. On a maintenant découvert des fosses communes dans lesquelles des centaines et des centaines de personnes sont enterrées.
Je n'en crois pas mes oreilles. Le porte-parole du Nouveau Parti démocratique dit que nous ne pouvons pas prendre parti dans le différend en Libye. Voilà une affirmation grotesque. Les députés néo-démocrates n'ont pas le courage qui devrait accompagner leurs convictions humanitaires. Ils ne comprennent pas comment on atteint des objectifs humanitaires.
Le Nouveau Parti démocratique est d'avis que nous devons changer de cap.
Non, nous ne devons pas changer de cap. Nous devons déployer d'autres moyens tout en maintenant le cap. Nous devons continuer de nous acquitter de nos obligations en vertu du Traité de l'Atlantique Nord et nous devons poursuivre le travail que nous avons entrepris avec les Nations Unies.
Parallèlement, il est important que nous nous posions des questions. Y a-t-il lieu de faire davantage d'efforts sur le plan civil? Bien sûr. Faut-il faire davantage d'efforts sur le plan humanitaire? Bien sûr. Faut-il une stratégie plus solide concernant la gouvernance civile en Libye? Bien sûr. Faut-il établir une stratégie démocratique relativement à ce qui se passe en Afrique du Nord? Bien sûr.
Le Parti libéral pense-t-il que les conservateurs en ont fait assez dans ce domaine? Pas du tout.
[Français]
Enfin, il y le risque que toutes les organisations non gouvernementales, qui ont fait un travail primordial dans ce domaine depuis des vingtaines d'années, soient démantelées à cause de l'abandon de leur financement par le gouvernement conservateur.
Il n'y a pas de programme cohérent pour contribuer à la bonne gouvernance, ni à l'ACDI ni au centre de l'administration du gouvernement, en ce qui concerne les affaires étrangères. C'est un vrai problème. Nous le reconnaissons et nous le constatons. Il y a toutes sortes d'organisations partout au pays qui ont fait un grand travail pour appuyer la bonne gouvernance dans cette transition vers la démocratie que nous voulons voir partout dans le monde. Cependant, nous voyons un gouvernement conservateur qui parle des droits humains, mais qui n'a pas vraiment la volonté de faire avancer les choses.
[Traduction]
Les libéraux ne voient aucunement, de la part du gouvernement, la volonté de tenir les promesses qu'il a faites ni à l'égard de la bonne gouvernance, ni à l'égard du respect des droits de la personne. Les libéraux ne voient pas non plus le gouvernement appliquer efficacement cette stratégie; au contraire, le gouvernement ne soutient pas les organisations non gouvernementales, qui sont pourtant la force vive de ce mouvement au Canada depuis les 30 dernières années.
Je peux donner à tous les ministres des renseignements de première main afin de leur montrer qu'ils ne tiennent pas leurs promesses à de nombreux égards. L'Europe dispose maintenant d'un solide programme d'aide visant à promouvoir la démocratie. Les États-Unis se sont dotés d'un solide programme d'aide visant à soutenir la démocratie, la bonne gouvernance et la transition vers un nouveau mode de vie.
Or, le gouvernement du Canada, lui, renonce maintenant à de telles politiques. Il y renonce et refuse de financer ces organisations et ces institutions. Il fait de belles promesses, mais ne les tient pas. Il me semble qu'il serait plus que temps que les Canadiens apprennent un principe des plus élémentaire: faire deux choses à la fois.
Nous sommes fermement convaincus qu'il est essentiel que le Canada se dote d'une politique cohérente et crédible. La proposition de l'opposition officielle n'a aucune crédibilité. Il est tout simplement ridicule de proposer que nous nous retirions avant la fin de la mission. Nous n'avons jamais agi ainsi avant d'avoir assuré la victoire dans le cadre d'autres missions. Un principe me semble essentiel: nous allons en mission avec les Nations Unies et l'OTAN et nous y allons jusqu'au bout. C'est ainsi que nous faisons les choses. Voilà sur quoi repose la crédibilité de notre pays.
Parlant de crédibilité, il ne faut pas oublier que, si le Canada veut bien asseoir la sienne, il faudrait que sa politique étrangère aille au-delà de la simple politique militaire et ne se résume pas à la seule liste des interventions militaires que nous entendons appuyer, un point c'est tout. La politique étrangère du pays doit aller plus loin et porter sur une vaste gamme d'enjeux touchant la société libyenne et englober aussi les changements qui secouent le Nord de l'Afrique en particulier et le monde en général.
La crédibilité du Canada risque d'en prendre pour son rhume si le pays n'est pas clairement en position de faire les deux. Nous ne devrions pas avoir à choisir entre la résolution 1973 et la résolution 2009 de l'Assemblée générale des Nations Unies. Nous pouvons respecter les deux. Nous pouvons à la fois dire que nous entendons rester sur place jusqu'à la fin du conflit et nous prononcer en faveur de l'émergence d'un gouvernement qui parlerait au nom du peuple libyen. Nous pouvons aider le pays à se doter de meilleurs structures de gouvernance.
De nombreux problèmes continuent cependant de se poser, et mes collègues en ont mentionné plusieurs: quelle forme prendra la transition? Quelle garantie aurons-nous qu'il n'y aura pas de représailles? Quelle sera la réalité des travailleurs migrants? Et celle des droits de la personne, de leur promotion et de l'égalité entre les hommes et les femmes, question essentielle s'il en est une pour tous ceux qui vivent ici, au Canada?
Nous ne pouvons pas faire semblant que ces problèmes n'existent pas. Nous ne pouvons pas dire que nous voulons faire des affaires là-bas sans nous préoccuper aussi des droits de la personne ou de la démocratie. Notre politique étrangère doit être assez étoffée et réfléchie pour que ces deux réalités cohabitent harmonieusement. Mon collègue, le secrétaire parlementaire, nous assure que c'est le cas.
Eh bien je lui répondrai que c'est loin d'être le cas et que la crédibilité du Canada a pâli relativement à tout ce qui touche la bonne gouvernance. L'ACDI y est pour beaucoup et ses méthodes ont beaucoup changé. Elle ne s'occupe plus de gouvernance comme avant et ne fait rien pour faciliter ces changements. Le ministère de la Justice non plus, d'ailleurs. Le budget du ministère des Affaires étrangères qui y est consacré est constamment menacé, ce que le député devrait pertinemment savoir. Il devrait comprendre les budgets qui relèvent en partie de son champ de compétence. Voilà qui mérite qu'on continue de s'y attarder. Nous disons clairement que le gouvernement n'élargit pas assez la base de la mission en Libye.
Nous voulons que l'orientation de la mission soit élargie en ce qui concerne les civils, l'aide humanitaire, le domaine juridique et les droits de la personne. Nous savons que c'est nécessaire et nous voulons que ce soit fait. Nous n'invoquerions pas l'excuse que nous avons une perspective différente sur la façon d'élargir cette orientation, ou nous n'inventerions pas une raison, à quelques semaines de la fin, nous l'espérons, qui explique pourquoi le Canada s'excuserait du fait qu'il ne veut pas vraiment s'engager. Pour reprendre les propos du député de Terre-Neuve-et-Labrador, « Nous avons fait plus que notre part ».
Est-ce réellement la vision du Canada que le gouvernement propose? Ce n'est pas une quelconque question de comptabilité: nous versons quelques dollars de plus qu'un autre. À vrai dire, c'est cette étroitesse d'esprit qui nous prive de ce qui doit être une vision libérale vaste et généreuse d'une politique étrangère nationale.
Elle doit être suffisamment solide pour que nous puissions gérer les crises et avoir le courage de nos principes humanitaires d'annoncer que nous interviendrons, même sur le plan militaire, si c'est ce qu'il faut pour mettre fin à la tyrannie dont sont victimes les citoyens. Nous n'avons pas peur de le dire.
Nous savons également que les solutions militaires ne suffisent pas en elles-mêmes, que ce qui suit le changement de gouvernement importe tout autant, et qu'un engagement également ferme doit être pris à l'égard de la présence, de l'aide et des conseils offerts. Je peux cependant dire aux députés d'en face que les Européens et les Américains le font, et le Canada le faisait lorsqu'un gouvernement libéral était au pouvoir. Le temps est venu de le faire pour l'avenir du Canada et celui de la région.
:
Monsieur le Président, c'est un plaisir d'intervenir dans le débat sur la motion qui — je le signale à mon ami du NPD — comporte deux volets. Le premier porte sur la prolongation de l'opération de l'OTAN, et le second, sur l'initiative dynamique et démocratique visant à reconstruire les institutions de ce pays, initiative qui jouit de l'appui de tous les partis. Cependant, il n'est plus la peine pour moi de parler de la position du NPD parce que le chef libéral a très bien décrit pourquoi celle-ci est complètement déconnectée de la réalité.
Le chef du Parti libéral a parlé de notre politique étrangère. En ma qualité de secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères, je suis en mesure d'affirmer sans l'ombre d'un doute que le gouvernement s'intéresse très activement aux affaires étrangères dans le monde entier. Les quatre piliers fondamentaux de notre politique en la matière sont la liberté, les droits de la personne, la primauté du droit et la promotion de la démocratie, et c'est pourquoi le Canada est sur les premières lignes et mène la charge pour ce qui est de condamner le bilan de l'Iran au chapitre des droits de la personne. Encore une fois, le gouvernement du Canada a démontré qu'il défend la promotion des droits de la personne.
J'aimerais maintenant parler de la prolongation de la mission en Libye et de la raison pour laquelle nous devons l'appuyer. Très peu de députés se sont rendus en Libye. J'ai eu l'occasion de m'y rendre, notamment à Syrte, pour assister au sommet de l'Union africaine. Quand j'ai atterri en Libye, mon impression était toute autre. Je pouvais sentir le vide démocratique, l'absence d'engagement de la part de la société civile. Je pouvais voir que les gens étaient soumis, un peu comme s'ils vivaient dans un état policier. Les autorités libyennes prenaient toutes les décisions; on pouvait sentir qu'une personne détenait tout le pouvoir et que les gens étaient muselés. Personne ne devrait donc s'étonner de l'éveil des Libyens à l'occasion de la révolution arabe, commencée le printemps dernier. Cela devait arriver, et c'est arrivé. Ceux d'entre nous qui avaient visité la Libye le savaient bien; nous nous y attendions.
Les gestes posés par le colonel Kadhafi devant les réformes démocratiques ont étonné le monde. Il est intéressant de savoir qu'au sommet de l'Union africaine, il s'est appelé lui-même le « roi des rois » et il voulait promouvoir sa personne en tant que chef des États-Unis d'Afrique. Je suis très heureux que les autres pays africains aient vu cela et aient mis le holà à cette absurdité. Puisqu'il n'a rien pu faire de son propre pays, pourtant riche en pétrole, on pourrait dire qu'il était temps qu'il parte. Il est formidable que la population de la Libye ait réclamé un changement.
Je suis également très heureux que le Canada ait appuyé la population libyenne en conformité de sa Loi sur les droits de la personne et de la promotion de la démocratie, comme nous avons appuyé le printemps arabe en Tunisie et en Égypte. Le Canada a pris des mesures décisives lorsque les dictateurs ont tenté de réprimer les mouvements en faveur de la liberté dans ces pays. Le Canada et le ont pris des mesures très rigoureuses, imposant des sanctions et gelant les avoirs des familles des dictateurs. D'ailleurs, il y a eu un débat à la Chambre sur des modifications à la loi parce que l'ONU n'avait pas imposé de sanctions. Le gouvernement du Canada a présenté une loi lui permettant de geler des actifs lorsque ceux-ci ont été volés à un peuple. Le gouvernement du Canada a pris des mesures très rigoureuses.
Mais pour revenir à notre propos, le gouvernement a déclaré qu'il travaillerait au sein d'organisations multilatérales. Dès lors, après avoir entendu avec horreur ce que le colonel Kadhafi voulait faire, le Conseil de sécurité des Nations Unies a reconnu qu'il fallait protéger les civils. Les gens doivent savoir que le Conseil de sécurité est un membre très puissant de l'Union africaine. La tâche a été confiée à l'OTAN. Le Canada étant membre de l'OTAN, il doit obligatoirement participer aux missions de l'OTAN. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés, émettre des mises en garde, demeurer membres de l'OTAN mais refuser de participer à ses missions. Cela est très évident en Afghanistan.
Le secrétaire parlementaire, avec notre ambassadeur en Afghanistan, a été témoin des mises en garde faites par d'autres membres de l'OTAN. Au même moment, le Canada a répondu présent sans délai lorsque l'OTAN a imposé une zone d'exclusion aérienne dans la région. Lorsque les députés néo-démocrates soutiennent qu'il devrait y avoir une zone d'exclusion aérienne, je ne comprends pas. Comment pourrait-il y avoir une telle zone? Qui la ferait respecter? Pourrait-on s'en contenter? Ne parlons pas de la position du NPD. Elle embrouille tout le monde.
Nous nous sommes montrés à la hauteur. Nos soldats et aviateurs sont allés lutter pour la démocratie, pour défendre les valeurs fondamentales des Canadiens et protéger les civils. Ils ont fait du très bon travail, et c'est un Canadien qui commande les forces de l’OTAN, comme l’a mentionné le premier ministre de Grande-Bretagne quand il a pris la parole à la Chambre.
Certains l’ont signalé avec raison, nous avons fait tout ce qui était possible, et le CNT a maintenant des bases solides dans ce pays. Une fois toutes ces mesures prises, le est allé rencontrer le CNT en Libye, pour connaître ses plans. Le revient tout juste d’une rencontre avec d’autres dirigeants, à New York, sous la présidence du secrétaire général Ban Ki-moon. La reconstruction sera réalisée dans le cadre d’un mandat de l’ONU, y compris le rétablissement des institutions démocratiques. Tout se fera dans le cadre d’un mandat de l’ONU où le Canada jouera un rôle très important.
En fin de semaine, j’ai participé à une réunion avec mes homologues des pays d’Afrique à l’occasion de l’assemblée générale de l’ONU. C'était très intéressant de constater que tous les dirigeants africains ont changé d’attitude. Ils sont maintenant tous d’accord pour dire qu’il est temps d’aller de l’avant. Le CNT est au pouvoir. Ils ont tous reconnu le CNT comme étant le gouvernement et l’organisateur légitime de la Libye. Le CNT a maintenant un siège aux Nations Unies. Il est très important que le monde entier reconnaisse le CNT. C'est alors que nous saurons que cette mission a réussi.
Cependant, on nous signale régulièrement que les forces de Kadhafi demeurent menaçantes et poursuivent les combats. C'est pourquoi il serait absolument absurde de nous retirer et de dire que nous sommes allés là-bas pour protéger la population mais que, comme le voudrait le NPD, nous allons l’abandonner alors que nous n’avons fait que la moitié du travail, cesser de la protéger et laisser ce pays se débrouiller. Même le porte-parole en matière de défense du NPD a affirmé avoir vu, sur les ondes de la BBC, que les combats se poursuivaient, que Kadhafi n’avait pas été capturé et que ses enfants réclamaient toujours la poursuite des combats. Tenant compte de ce facteur, l’OTAN a déclaré la semaine dernière que la mission en Libye serait prolongée de trois mois. C'est pourquoi nous en discutons maintenant au Parlement. La communauté mondiale affirme qu’il est temps de finir le travail.
Le colonel Kadhafi, ou plutôt le dictateur Kadhafi pour employer le terme qui s'impose, avait l'habitude d'acheter des appuis avec son argent. Ce n'était pas un démocrate. Nous avons vu ce qui se passait dans les pays voisins de la Libye. Chaque fois qu'il faisait la promotion d'un nouveau projet, il y avait de la corruption. Il donnait de l'argent à d'autres pays et a ainsi pu acheter son adhésion à l'Union africaine. Soit. C'est avec l'argent qu'il a obtenu le soutien nécessaire. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui je reviens de l'Assemblée générale des Nations Unies et je puis vous dire que tous ces pays reconnaissent que le CNT détient maintenant le pouvoir. Les Libyens se sont prononcés et ils se sont prononcés très clairement.
Il incombait au Canada et aux Canadiens d'intervenir en Libye et de faire ce qu'il fallait. Le Canada y a d'ailleurs fait un travail remarquable et nos soldats s'y démarquent.
Je demande au NPD de revoir sa position et je demande une prolongation de trois mois de la mission. J'espère que le colonel Kadhafi sera retrouvé rapidement, fera face à des accusations portées par le CNT et traduit en justice, et que lui, ainsi que ses enfants, seront condamnés pour leurs crimes. Dès que le colonel Kadhafi aura été retrouvé et qu'il ne pourra plus dire à ses soldats de se battre, ils disparaîtront tous et la paix reviendra dans ces villes qu'il contrôle toujours. Ensuite, la mission de l'OTAN sera terminée et ce sera alors au tour des autres missions, dont il est question dans la motion, visant à bâtir les institutions démocratiques dans ce pays.
Au cours de mon séjour en Libye, j'ai pu constaté l'absence totale de ce genre d'institutions. C'est comme partir de zéro. J'ai également visité le Soudan du Sud. À l'Assemblée générale des Nations Unies, il y avait deux nouveaux membres, soit le Soudan du Sud, qui a fièrement pris son siège, et le CNT, lequel a pris le siège de la Libye en tant que gouvernement légitime des Libyens. C'étaient deux événements monumentaux.
Le monde est maintenant sur le point d’envoyer un message fort. Nous voyons la révolution arabe et ce qui se passe au Yémen. Il y a de quoi être très préoccupé. Nous voyons ce qui se passe en Tunisie, autre source de grande préoccupation. Nous ne disons pas qu’il faudrait une intervention militaire ou quoi que ce soit d’autre. Nous avons imposé des sanctions très sévères à la Syrie. Toutefois, lorsque les dictateurs de ces régimes constatent que le monde est prêt à réagir si jamais ils menacent de s’en prendre à leur peuple, comme nous le faisons en Libye, le message est très clair. Le droit de parole est primordial, tout comme la promotion de la démocratie.
C’est ce qu'illustre la situation en Libye. C’est ce que le NPD doit comprendre. Il demeure que le travail de la mission militaire n’est pas encore terminé.
Le porte-parole en matière de défense a dit que le avait une attitude militariste, c’est complètement insensé. Nous sommes allés là-bas à la demande de l’OTAN. Nous ne souhaitons pas réaliser d’avances militaires nulle part ailleurs, ni intervenir ailleurs. C’est une déclaration tout à fait trompeuse de la part du NPD, qui n’arrive pas à défendre sa position lorsqu’il constate qu’elle est complètement déphasée par rapport aux valeurs prônées dans le monde.
J’insiste pour dire que, sur la scène internationale, la Libye est maintenant perçue comme un des principaux cas où le monde a élevé la voix quand un dictateur a voulu massacrer son propre peuple. Nous savons malheureusement qu'il en est encore ainsi.
Le NPD n’a de cesse de parler de changement de régime. Que veut-il faire? Laisser le dictateur en place tenir son peuple à la gorge? Que dire des considérations humanitaires? À qui devrions-nous nous adresser? Au dictateur, qui fait la sourde oreille? Ce n’est que dans la tête des députés du NPD que cela n’est pas nécessaire et qu’il est possible de parler à un dictateur qui ne veut rien entendre.
Quoi qu’il en soit, c’est une bonne chose que le gouvernement ait adopté une position ferme en se fondant sur ces quatre piliers. Nous avons pris nos responsabilités sur la scène internationale. Même le NPD doit admettre que ce que nous avons fait était la chose à faire et que les militaires ont agi de manière très responsable.
C’est très important. Notre armée défend les valeurs canadiennes. Nous faisons la promotion des valeurs canadiennes. Dans le cas de la Libye, il était très clair que, non seulement nous protégions les civils en vertu de la charte de l’ONU, mais nous faisions aussi valoir les valeurs canadiennes, avec l’aide de nos militaires.
:
Monsieur le Président, pour aider mon collègue le , je réponds moi-même à la question que j'ai posée. Ce sont les États-Unis qui se sont engagés à mettre en place une zone d'exclusion aérienne. Il est important de présenter les faits tels qu'ils sont. Je n'accepte pas que le affirme que c'est l'OTAN qui était responsable de la zone d'exclusion aérienne alors que ce n'est pas le cas. Ce n'est pas la première fois que ça arrive. Je me rappelle fort bien que, en 2006, pendant le débat sur l'Afghanistan, un député a signalé au gouvernement que le Canada ne relevait pas du commandement de l'OTAN au début. Le Canada relevait plutôt du commandement américain. Je dis cela sans aucun parti pris. C'était la situation. Il faut présenter les faits sous leur vrai jour.
Au moment où nous examinons la motion et l'amendement que nous avons présenté, j'estime important de commencer par exposer certains faits.
Le Nouveau Parti démocratique a été le premier parti à proposer de protéger les civils par l'entremise des Nations Unies, au moyen de la zone d'exclusion aérienne. Nous avons adopté cette position après mûre réflexion à cause de la menace que Kadhafi faisait planer sur son peuple.
On ne l'a pas dit assez souvent dans cette enceinte, mais nous avons adopté cette position parce que le Canada aidait Kadhafi à acheter les munitions qu'il utilisait contre son propre peuple. Le Canada avait des échanges commerciaux avec lui, mais les députés d'en face préfèrent ne pas en parler. Nous étions heureux de nos contrats pétroliers et gaziers avec Kadhafi. Une entreprise canadienne bâtissait une prison. Personne n'en parlait, mais le peuple libyen le savait. Il savait que les sociétés canadiennes avaient la bénédiction du gouvernement canadien pour faire des affaires avec Kadhafi.
Tâchons d'être honnêtes dans le présent débat, quant à ce qui se passait. Il ne fait aucun doute que nous avons aidé Kadhafi à faire ce qu'il faisait. Les députés néo-démocrates ont exprimé très clairement leur position. Nous avons pris la défense du peuple libyen et nous avons dit qu'il devait être protégé.
Le gouvernement fera encore valoir beaucoup d'autres arguments, mais tâchons de ne pas perdre de vue les faits. Je ne vise aucun député en particulier, mais reconnaissons que le Canada est collectivement responsable d'avoir aidé et encouragé M. Kadhafi parce que nous avons eu des échanges commerciaux avec lui. C'est un fait, et je pense que les gens d'en face sont tous d'accord avec moi sur ce point. Une société était en train de bâtir une prison. Nous savons ce qui se passait dans les prisons. Nous n'avons qu'à lire les rapports d'Amnistie internationale et d'autres organismes. Ne faisons pas semblant que nous ne savions pas. Tenons-nous-en aux faits.
Qu'est-ce que le NPD a fait également? Nous avons dit qu'il fallait protéger le peuple libyen. Nous avons dit qu'il fallait prévoir une interdiction de vol. Contrairement à mes amis du Parti libéral, nous avons dit que l'intervention devait se faire sous la bannière des Nations Unies. Quelques jours après que nous avons présenté notre position, le Parti libéral a fait connaître la sienne. Pour être honnête envers ces députés, disons qu'ils étaient persuadés qu'aucune intervention ne serait possible avec l'ONU. Ils étaient convaincus que seule l'OTAN pouvait agir.
Notre position et nos principes en la matière sont on ne peut plus clairs. J'ai entendu le chef du Parti libéral dire qu'à son avis, les Nations Unies n'étaient pas la tribune appropriée. Bon sang, il vaut quand même la peine d'essayer, il me semble. Pour tout ce qui touche les mesures multilatérales et leur acceptation, c'est par les Nations Unies qu'il faut passer. C'est la position que nous avons toujours défendue et qui est la nôtre encore aujourd'hui.
En fait, la première motion a été présentée et nous l'avons amendée. Nous avons discuté avec le gouvernement afin d'amender la motion dont la Chambre était saisie. Tout le monde a accepté les amendements que nous avions proposés, et qui visaient à imposer un échéancier de trois mois. C'était la chose responsable à faire, selon nous.
Nous disions qu'il ne devait pas y avoir de troupes terrestres sur place, et le gouvernement comme les autres partis étaient du même avis.
Nous disions que la motion devait respecter la résolution 1973 des Nations Unies, dont elle devait faire explicitement mention. La question ne portait pas exclusivement sur l'appui à donner à l'aspect militaire de la mission, qui en faisait partie intégrante, soit. Mais il faudrait peut-être que nous nous en tenions aux faits. Nous devions protéger les civils et le moyen d'y parvenir consistait à imposer une zone d'exclusion aérienne. Nous l'avons bien compris, mais encore fallait-il fixer une échéance, car nous ne voulions surtout pas que des troupes terrestres soient envoyées sur place.
Puis, la deuxième motion a été présentée à son tour. Là encore, nous estimions qu'elle devait être amendée. Nous avons alors demandé qu'elle fasse explicitement mention du terrible phénomène dont nous avons été témoins au Congo et ailleurs, où le viol a été utilisé comme arme de guerre. Nous avons demandé que des ressources soient consacrées au soutien des victimes et aux enquêtes sur le recours au viol comme arme de guerre. Cet amendement venait du NPD. Et il était absolument essentiel, à notre avis, qu'il soit intégré à la motion, car il ne suffit pas de reconnaître l'existence d'un problème, il faut ensuite faire quelque chose pour le régler. Nous avons donc tenté d'amender la motion en ce sens.
Il y a autre chose dont il faut absolument parler quand il est question de la situation en Libye. Nous avons ajouté que la responsabilité des efforts de réconciliation et de reconstruction devait revenir aux Libyens, car ce n'est pas au Canada — ni à personne d'autre, d'ailleurs — d'en dicter les termes. Il est déjà arrivé dans le passé, et nous voulons justement éviter cela, que, parce que nous avions appuyé une intervention visant à protéger les civils, nous voulions ensuite imposer nos vues. C'est ainsi que se réglaient les affaires du monde, à une certaine époque. Selon moi, le gouvernement voit bien que ces efforts doivent être menés par les Libyens. Voilà pourquoi nous avons ajouté cet amendement.
Nous avions aussi dit qu'après trois mois, il faudrait cesser de soutenir le volet militaire et étudier à nouveau cette question à la Chambre, ce que nous faisons aujourd'hui.
Voilà le parcours qu'ont suivi notre participation à ce débat et les motions adoptées par la Chambre. Aujourd'hui, la situation sur le terrain exige des efforts considérables, tant pour la reconstruction que pour l'appui des civils. Je crois que le Canada pourrait aider de différentes manières.
[Français]
Il faut d'abord une approche globale, y compris un appui multidisciplinaire pour le droit humanitaire, les droits de la personne, le maintien de l'ordre, le développement économique, les processus constitutionnels, la surveillance des élections et d'autres éléments essentiels pour l'édification de l'État.
Il faut ensuite un leadership politique civil. Habituellement, le Représentant spécial du Secrétaire général est responsable de la tâche très exigeante de coordonner les mesures des organismes des Nations Unies, des organismes régionaux et d'autres gouvernements.
Finalement, il faut une appropriation nationale dans le cadre du processus de consolidation de la paix et pour l'établissement de la capacité de responsabilité des institutions nationales et des acteurs politiques dans le contexte libyen.
[Traduction]
Nous voulons mettre l'accent sur ces trois choses et sur l'idée que nous pouvons, grâce à une approche globale, multidisciplinaire et multilatérale, aider les citoyens de la Libye à rebâtir leur pays.
C'est pourquoi nous avons modifié la motion. Nous l'avons modifiée afin d'avoir une approche globale et de ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier. En effet, c'était ce qui nous préoccupait à propos de la prolongation de la mission en Afghanistan.
Soit dit en passant, je suis heureux que nous tenions ce débat à la Chambre puisque cela veut dire que nous pouvons en débattre, justement, contrairement à ce qui s'est produit avec la prolongation de la mission en Afghanistan. Les députés se souviendront que, quand le gouvernement a décidé de prolonger la mission en Afghanistan, nous n'avons eu ni débat ni vote à la Chambre, malgré le volet militaire de ce dossier. Je me réjouis que le gouvernement tienne un débat cette fois-ci. En fait, c'est l'une des modifications que nous avions fait apporter à la résolution concernant la mission en Libye.
Nous confions habituellement à d’autres la question du leadership politique civil dont je parlais, mais je pense que, dans ce cas-ci, le Canada doit faire plus. Le peuple libyen aura un très grand défi à relever, tout comme les peuples de l’Égypte et de la Tunisie. L’un d’eux concerne la coordination du travail des organismes onusiens. Ceux à la Chambre qui ont fait du travail sur le terrain pour l’ONU savent que la coordination des organismes de l’ONU est d’une importance capitale et qu’elle détermine si une mission sera couronnée de succès ou non. Je sais que le Canada a beaucoup à offrir à cet égard. C’est là-dessus que nous devrions concentrer nos efforts.
Enfin, le peuple libyen doit pouvoir en assumer la responsabilité pour que puisse s’instaurer durablement la paix. Nous savons que la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies a reçu beaucoup d’appui de joueurs comme le Canada par le passé. En fait, c’est un Canadien qui a contribué à son démarrage. Nous sommes capables de contribuer à l’instauration de la paix, mais nous devons veiller à ce que ce soient les Libyens qui assurent le développement et fassent le travail de concert avec d’autres intervenants. Je pense que c’est à cet égard que le Canada pourrait jouer un rôle.
Certains ont dit à la Chambre que, d’une certaine façon, le NPD abandonnait le peuple libyen. Je viens de donner un aperçu de notre contribution depuis le début. Je demande aux députés de la Chambre de reconnaître au moins que, même si nous sommes en désaccord sur les moyens à prendre, nous voulons tous aider le peuple libyen. Nous voulons aider la Libye à se reconstruire. Nous voulons nous assurer que les Libyens ne se retrouvent pas dans la même situation qu’avant. Mettons de côté le ton accusateur pour parler de ce que nous avons à proposer.
Lorsque nous parlons du rôle du Canada dans le monde, je pense que nous ne nous rendons pas service en nous attaquant aux motivations de tout un chacun. Je pense qu’il serait utile que les Canadiens comprennent que des choix s’offrent à nous, même si nous ne sommes peut-être pas d’accord sur les choix à faire.
J’espère que les députés auront lu notre amendement. Nous croyons que, maintenant que nous avons rempli notre engagement, conformément aux motions sur la participation militaire adoptées à la Chambre, nous pourrions nous employer à aider la mission civile portant sur la gouvernance et y consacrer nos ressources.
Personne n'abandonne la Libye. Personne ne demeurera les bras croisés à attendre le retour de Kadhafi. Cependant, nous pouvons jouer un rôle et travailler très fort pour appuyer le développement et la gouvernance, des domaines dans lesquels le Canada a beaucoup à offrir. Nous proposons cette idée, car nous croyons que c'est de cette façon que nous pouvons aider le peuple libyen.
Au fil du temps, j'ai pu constater, plus particulièrement en ce qui concerne le printemps arabe, qu'il est très difficile pour les États-nations et les pays de maintenir leur participation à long terme. Parfois, il est facile d'être là uniquement pendant une courte période. Nous croyons qu'il est de notre obligation et de notre responsabilité collective de ne pas nous contenter de quitter le pays après la chute de Kadhafi, étant donné que, comme je l'ai déjà mentionné, nous avons eu des échanges commerciaux avec son régime. Nous devons être présents à long terme pour aider le pays à bâtir ses institutions et à établir sa Constitution.
Pour ce qui est de la Constitution, imaginez tout ce que nous avons à offrir.
En 2007, je suis allé en Irak. Je m'y trouvais parce que nous avions été invités, en tant que Canadiens, à parler de la définition de la Constitution et de notre expérience, étant donné que notre population est très diversifiée et que les intérêts économiques de chaque groupe de la population diffèrent. Nous devions expliquer comment nous parvenons à concilier le tout.
Nous devons tous tirer une leçon du fait que l'administration Bush ne soit pas parvenue à faire participer les Irakiens à l'organisation de leur pays. Les Irakiens nous ont demandé, à d'autres Canadiens et à moi-même, de les aider à déterminer comment ils pourraient peut-être faire les choses différemment.
Je crois que c'est à cet égard que le Canada peut jouer un rôle. Notre système fédéral compose avec maintes différences régionales et linguistiques. Il y a eu nombre de débats acrimonieux au fil des ans, ce qui est parfois difficile. Toutefois, nous procédons de manière à respecter la diversité de notre pays. C'est ce que les gens recherchent, et ils nous font confiance. C'est ce que nous devrions offrir en ce moment à la Libye, qui veut repartir sur de nouvelles bases.
Nous pouvons également les aider à reconstruire leur système de santé. Je connais beaucoup de Canadiens d'origine libyenne qui sont déjà retournés en Libye pour contribuer à la reconstruction du système. Beaucoup de médecins canadiens d'origine libyenne s'y sont déjà rendus pour offrir leur aide, à leurs frais. Nous pourrions contribuer à la reconstruction du système de santé libyen.
Il y a bien des choses que le Canada pourrait faire. De ce côté-ci de la Chambre, tout ce que nous disons, c'est que nous avons déjà fait notre part dans la zone d'exclusion aérienne. C'est ce que nous réclamions depuis le début. L'initiative a fonctionné. Nous avons gardé cette question dans notre motion et avons fait en sorte de nous laisser la chance d'aider davantage.
Tâchons de voir ce que chacun d'entre nous a à offrir à mesure que le débat se déroule. Le NPD affirme très clairement que nous pouvons offrir une aide aux Libyens en mettant à profit l'excellence et le professionnalisme du Canada dans le domaine de la création d'institutions et en faisant en sorte que tous les habitants aient accès à des services de santé et autres.
Voilà ce que nous pouvons faire. Nous pensons que c'est la bonne chose à faire à ce point-ci. Au bout du compte, je pense que c'est conforme aux souhaits des Canadiens. Nous sommes fiers de notre leadership à l'échelle internationale. Nous sommes fiers de la capacité que nous avons de partager avec d'autres pays les institutions dont nous bénéficions ici, pas de manière arrogante ou au mépris de la souveraineté de ces pays, mais bien de façon à la renforcer.
J'aimerais terminer en répétant ce que j'ai dit au début: nous avions la responsabilité commune d'agir en Libye. À ce point-ci, la question n'est pas de savoir si nous aurions dû agir, mais plutôt ce que nous devrions faire maintenant. Voilà l'objectif de notre amendement. Il est, je crois, conforme aux souhaits des Canadiens. C'est pourquoi j'espère que d'autres députés l'appuieront.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
Je suis très heureuse de pouvoir parler à la Chambre de certaines des choses qu’a faites le Canada pour aider le peuple de la Libye et traiter de notre collaboration avec nos partenaires internationaux.
Nous connaissons tous les événements qui ont mené à la crise en Libye. Le 16 février, le peuple libyen a commencer à se soulever face à la tyrannie de Mouammar Kadhafi. Après quatre décennies d’oppression, le peuple de la Libye exprimait sa soif de changement.
La réaction de Kadhafi est incompréhensible. Il a tenté de réprimer la dissidence brutalement et de façon sanguinaire. Kadhafi a envoyé les forces militaires de la Libye massacrer ses concitoyens. Il a lancé les soldats libyens à l’assaut des civils libyens. Le conflit qui en a résulté a plongé le pays dans le chaos. D’innombrables réfugiés, et plus de 685 000 travailleurs étrangers, ont fui le pays. La priorité, pour la communauté internationale, est de leur permettre de retourner chez eux, dans leur pays d’origine.
Ces événements ont créé la situation qui est la nôtre aujourd'hui. Le Canada a réagi à cette crise en déployant toutes les ressources gouvernementales. Même si l’Agence canadienne de développement international n’a jamais eu de programme bilatéral d’aide en Libye, le Canada a répondu aux besoins d’ordre humanitaire de la population civile. Sur le plan humanitaire, la situation se stabilise rapidement, mais des besoins précis se font sentir dans certains endroits: eau, carburant, fournitures médicales et travailleurs humanitaires.
Le gouvernement a été grandement troublé par les agressions sexuelles à l’endroit des femmes. Nous avons donc contribué à protéger les femmes et les filles contre la violence fondée sur le sexe, y compris les agressions sexuelles. La a annoncé en juin dernier que du financement supplémentaire serait consacré à ce problème. En tant que partenaire de confiance, le Comité international de la Croix-Rouge assure protection et services médicaux aux femmes victimes de violence sexuelle. En tout, le Canada s’est engagé à verser 10,6 millions de dollars à nos partenaires en action humanitaire, dont 10 millions viendront de l’ACDI. Nous avons également comme partenaires le Programme alimentaire mondial de l’ONU, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, la Croix-Rouge, l’Organisation internationale pour les migrations et le Fonds des Nations Unies pour la population.
Permettez-moi de donner plus de détails sur la répartition de l’aide humanitaire du Canada. On a financé l’Organisation internationale pour les migrations afin de l’aider à rapatrier les travailleurs étrangers qui ont dû fuir les combats en Libye. Jusqu’à maintenant, l’OIM a ramené dans leur pays d’origine 208 000 ressortissants de pays du tiers monde.
Le Canada a soutenu le Comité international de la Croix-Rouge pour qu’il puisse fournir des produits alimentaires et non alimentaires, de l’eau, des produits d’hygiène et des soins médicaux d’urgence en Libye, et aider aux secours organisés en Tunisie et en Égypte. Jusqu’à maintenant, la Croix-Rouge a aidé 780 000 personnes.
La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont bénéficié du financement du Canada à des fins d’aide humanitaire, notamment pour l’approvisionnement en produits alimentaires et non alimentaires et en fournitures médicales des camps de réfugiés en Égypte et en Tunisie. Nous avons contribué à aider 200 000 personnes par l'intermédiaire de la fédération.
Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a fourni de l'aide alimentaire d'urgence aux populations déplacées et affectées par les conflits en Libye, en Tunisie et en Égypte.
Fort de notre appui, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a offert un abri, des articles non alimentaires, de l'eau et des produits sanitaires aux réfugiés et aux migrants déplacés vers les pays voisins.
La Société canadienne de la Croix-Rouge a également bénéficié de l'appui du gouvernement du Canada pour le transport de fournitures d'aide humanitaire de ses entrepôts de Dubaï jusqu'en Tunisie.
De plus, nous avons collaboré avec le Fonds des Nations Unies pour la population pour protéger les femmes et les jeunes filles de la violence fondée sur le genre, notamment les agressions sexuelles, et pour offrir des soins essentiels aux victimes de ce genre de violence en Libye.
Par surcroît, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international a fourni un soutien financier pour protéger les travailleurs humanitaires des Nations Unies.
Permettez-moi de faire le point sur la situation actuelle, à l'intention de mes collègues députés.
La plus grande partie de la Libye, y compris Tripoli, est actuellement sous le contrôle ferme du Conseil national de transition. Sur la scène internationale, de nombreux pays reconnaissent la légitimité du Conseil national de transition. La semaine dernière, on a hissé à l'extérieur du siège des Nations Unies le nouveau drapeau de la Libye à l'occasion d'une assemblée générale. Maintenant que le Conseil national de transition est en place, le Canada ose espérer que la démocratie sera établie au cours des deux prochaines années.
Compte tenu de l'urgente nécessité d'assurer la stabilité, le Conseil national de transition doit se concentrer sur les tâches essentielles qui consistent à instaurer la sécurité à l'échelle du pays ainsi qu'à fournir de la nourriture, des services médicaux et de l'aide d'urgence aux gens qui en ont besoin.
La Libye possède d'assez abondantes ressources naturelles et le revenu moyen par habitant se situe entre 14 000 et 15 000 $. Voilà pourquoi l'ACDI n'était pas présente auparavant en Libye dans le cadre d'une initiative bilatérale officielle. Comme les actifs de la Libye ne sont plus gelés, le Canada s'attend à ce que les Libyens prennent la direction des efforts de reconstruction et fournissent la plus grande partie du financement à cette fin.
Le 1er septembre, le a assisté à la conférence des « amis de la Libye » qui a eu lieu à Paris sous la direction du président français Nicolas Sarkozy. Cette réunion internationale sur l'avenir de la Libye a donné l'occasion aux pays participants de déterminer des moyens d'appuyer les efforts du Conseil national de transition pour créer un État démocratique.
Comme suite à cette conférence, le a annoncé que le Canada lèverait les sanctions économiques imposées à la Libye puisque le régime brutal de Kadhafi n'opprime plus le peuple libyen. Le Canada a également rétabli sa présence diplomatique à Tripoli. Par surcroît, il a obtenu une exemption du Comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies pour libérer les actifs libyens afin que la Libye réponde aux besoins humanitaires de sa population et mette en branle les efforts de reconstruction.
Le gouvernement continuera de surveiller et d'évaluer l'évolution de la situation sur le terrain en tenant compte des besoins cernés par le CNT, les Nations Unies et d'autres partenaires, notamment des organisations non gouvernementales et du secteur privé.
Nous demeurons résolus à protéger le peuple libyen alors qu'il tente de mettre derrière lui la brutalité du régime Kadhafi. Le travail n'est pas terminé à cet égard. Le Canada demeure résolu à aider ses amis libyens dans leur quête de la liberté et de la sécurité. Nous ne pouvons les abandonner au moment où ils en ont besoin.
Le a livré un discours remarquable devant le personnel des forces armées canadiennes qui intervient dans cette crise. J'aimerais en lire une partie:
Le premier ministre a dit ce qui suit:
[...] grâce à [nos hommes et à nos femmes en uniforme], il y a un nouvel espoir [pour la Libye]. Comme on dit, une poignée de soldats vaut mieux qu’une tonne d’arguments. Les Kadhafi de ce monde ne sont pas sensibles à la force des arguments. Le seul argument qu’ils comprennent, c’est celui de la force. Et cette force, vous l’avez exercée pour une cause bonne et juste. Tous les Canadiens vous remercient du travail formidable que vous avez accompli.
Mesdames et messieurs, Kadhafi a maintenant été chassé du pouvoir — pas complètement encore —, mais le pouvoir qu’il lui reste s’effrite inexorablement. Ce que l’histoire va retenir: c’est le bon travail de l’armée canadienne — votre travail — aux côtés de nos alliés, et qui a permis à la population libyenne de chasser Kadhafi du pouvoir.
On a souvent entendu que, dans le domaine des relations internationales, le Canada jouait dans la cour des grands. Or, pour jouer dans la cour des grands, il faut déjà savoir jouer. Et c’est ce que vous avez fait. Les chiffres ne révèlent pas tout, mais permettez-moi de répéter que l’Aviation royale canadienne a fait, sans restriction, plus de 750 sorties contre les forces de Kadhafi, soit un bon 10 p. 100 des frappes aériennes.
Ainsi, grâce à nos hommes et à nos femmes en uniforme et à nos efforts en matière d'aide humanitaire, le Canada a, encore une fois, joué dans la cour des grands. Ce faisant, nous avons contribué à libérer le peuple libyen de l'oppression brutale de Mouammar Kadhafi. Nous devons terminer le travail que nous avons commencé.
:
Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole à nouveau pour appuyer la prolongation de notre participation à la mission en Libye. C'est avec un immense plaisir que je joins ma voix à celle de tous ceux qui rendent hommage aux troupes canadiennes, aux hommes et aux femmes de l'Aviation royale canadienne et de la Marine royale canadienne qui poursuivent leurs activités sur la côte de la Libye et dans son espace aérien.
Cette opération allait déjà bon train quand je me suis joint à l'équipe de la Défense, en mai. Déjà pendant les dernières élections générales, le Canada, fort d'un mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies, a pris des mesures pour répondre aux cris de détresse des citoyens libyens menacés par leur propre gouvernement.
[Français]
Nous avons rapidement coordonné nos efforts militaires avec la communauté internationale, et grâce à la capacité des Forces canadiennes de se déployer rapidement, le Canada était bien placé pour participer activement à la protection des civils libyens.
[Traduction]
Quand l'OTAN a pris le commandement de la mission internationale, le 31 mars, les Forces canadiennes étaient déjà bien engagées. Quelques-unes de ces premières activités ont été mentionnées pendant le débat d'aujourd'hui. Nous avons participé à l'évacuation des ressortissants canadiens en février. Le 2 mars, le NCSM Charlottetown était déployé. Le Canada a été et continue d'être un chef de file des efforts internationaux visant à amener la paix et la stabilité en Libye.
Grâce au travail courageux des marins et des aviateurs canadiens, le Canada continue de contribuer grandement à la mission de l'OTAN. Notre participation représente 6 p. 100 de toutes les sorties, 9 p. 100 des frappes aériennes et 7 p. 100 des ravitaillements en carburant en cours de vol. On a trop peu parlé, dans les médias et dans nos débats, de ce cas où grâce à la surveillance maritime, deux avions canadiens ont joué un rôle beaucoup plus grand que notre taille relative quand ils ont communiqué à tous nos alliés des renseignements absolument essentiels sur le déploiement des forces du colonel Kadhafi sur le terrain, une contribution cruciale à la réussite de cette mission.
[Français]
Le NCSM Charlottetown a contribué à assurer la navigabilité des eaux pour que l'aide humanitaire puisse être acheminée aux personnes dans le besoin. Il a participé à l'imposition d'un embargo sur les armes et d'une zone d'exclusion aérienne. Ce faisant, il a aidé à protéger la population libyenne, surtout dans la région du port de Misrata, et à affaiblir un régime d'oppression qui s'attaquait à sa propre population.
[Traduction]
Comme le savent plusieurs députés, dans le cadre de sa mission, la frégate a essuyé, à deux reprises, les tirs des forces loyales au colonel Kadhafi. C'était la première fois depuis la guerre de Corée qu'un navire canadien essuyait des tirs. En dépit de la menace, nos militaires ont accompli avec succès leur mission importante. Ils ont pavé la voie à la transition démocratique en Libye dont nous sommes aujourd'hui témoins.
En seulement six mois, nous avons accompli beaucoup de choses avec nos alliés et nos partenaires. Aujourd'hui, la volonté du peuple libyen est en voie d'être accomplie. Le colonel Kadhafi a été chassé du pouvoir et se terre. Sa capacité de faire la guerre a été réduite. Les Libyens commencent à se bâtir un avenir sous la direction de leur nouveau gouvernement, le Conseil national de transition.
Grâce à l'exécution efficace du mandat des Nations Unies, nous avons sauvé d'innombrables vies. Nous aidons les Libyens à se bâtir une vie normale et à prendre leur avenir en main. Pour la première fois en 42 ans, les Libyens ne sont plus sous le joug d'un despote tyrannique. C'est le début d'une nouvelle ère pour la Libye.
La Chambre a pris la bonne décision en appuyant, en mars et en juin, la mission militaire des Forces armées canadiennes, et je suis ravi que tant de députés reconnaissent l'ampleur et le bien-fondé des compte rendus que nous avons tous reçus ou auxquels nous avons eu accès au cours des six derniers mois. Il y a eu des compte rendus au Comité de la défense nationale et au Comité des affaires étrangères, ainsi que des compte rendus officieux faits aux chefs et aux députés de l'opposition.
Depuis notre dernier compte rendu au Comité de la défense nationale, la semaine dernière, la situation sur le terrain a progressé. La région de Sabha, qui était toujours sous le contrôle de forces pro-Kadhafi, est maintenant sous le contrôle du nouveau gouvernement, ce qui a permis de libérer la population, de lui fournir l'aide humanitaire qui arrive maintenant en Libye et de permettre au nouveau gouvernement de commencer la prestation de services.
Nous devrions, à juste titre, être fiers de ces résultats concrets que nos militaires et nos représentants civils, à l'oeuvre dans les organismes des Nations Unies, à l'OTAN et dans les ONG, ont réussi à atteindre.
Toutefois, bien qu'il y ait des raisons de faire preuve d'un optimisme prudent, nous devons tempérer notre enthousiasme et résister à la tentation de crier victoire trop rapidement et de rentrer chez nous. Il est vrai que Kadhafi et ses forces sont blessés et en fuite, mais il y a encore des combats dans les villes de Bani Walid et Syrte et dans leurs environs. Kadhafi et ses partisans posent encore une grave menace pour la population de la Libye. La population de ces régions centrales et des régions au sud de celles-ci représente peut-être 15 p. 100 du nombre total d'habitants du pays, mais nous ne pouvons pas abandonner les gens qui sont encore en danger. C'est pourquoi nous devons prolonger notre mission militaire et continuer de travailler avec nos alliés afin de nous assurer que les civils libyens sont protégés.
Il y a encore du travail à faire. Même lorsque Kadhafi ne constituera plus une menace, nous devrons tenir compte des défis qu'il faudra relever. Ce sont les Libyens qui doivent choisir leur avenir. Nous devrions être encouragés par le plan de transition du Conseil national de transition et par le fait qu'il a commencé à bâtir une nouvelle Libye fondée sur la démocratie, la primauté du droit, les droits de la personne et la réconciliation. Ce sont ces valeurs qui nous ont incité à nous joindre à cette mission et à y prendre un rôle si actif sous l'égide des Nations Unies.
[Français]
Toutefois, durant ces premiers jours cruciaux, nous devons poursuivre notre engagement et offrir notre aide à la Libye, qui se reconstruit et qui entreprend une nouvelle étape. Tout comme c'était notre devoir moral d'intervenir en Libye lorsque ses citoyens et citoyennes étaient assassinés par un tyran autocratique, il est essentiel que nous continuions d'offrir notre soutien et de participer à l'édification des fondations d'une nouvelle Libye, et que nous renforcions les importantes libertés acquises grâce aux efforts du Canada.
[Traduction]
Il reste encore de nombreux défis à relever. Le nouveau gouvernement a beaucoup de tâches à accomplir, y compris rétablir la sécurité publique, établir la primauté du droit et coordonner l'aide humanitaire. Il doit aussi commencer le processus de réconciliation nationale.
Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons pas abandonner la Libye maintenant. Nous devons maintenir notre engagement. Nous devons poursuivre notre mission jusqu'à ce que les Libyens aient un gouvernement civil en mesure de les protéger.
[Français]
Notre pression militaire et diplomatique, comme le ministre l'a dit lors de son discours, reste essentielle pour atteindre ce but.
[Traduction]
Plusieurs campagnes sont toujours en cours. Outre la campagne militaire, il y a aussi une campagne humanitaire et une campagne diplomatique, et elles sont interreliées, comme nous avons pu le voir notamment à Kaboul. Sans avancées militaires, il n'y aura pas de secours humanitaire, et il ne sera pas possible de répondre aux besoins fondamentaux de la population vulnérable.
En terminant, j'aimerais simplement rappeler à la Chambre que les raisons de lutter contre le régime Kadhafi, qui nous ont amené à appuyer d'un commun accord deux résolutions précédentes à la Chambre, n'ont pas changé. Il est tout simplement inacceptable de prétendre que l'érosion des positions défensives autour de Syrte et de Bani Walid se poursuivra sans les efforts soutenus de nos partenaires au sein et à l'extérieur de l'OTAN. Ce n'est tout simplement pas vrai.
On ne peut également prétendre que les efforts des organisations civiles au Canada ne sont pas aussi soutenus que les efforts militaires. C'est tout simplement faux. Lorsque le député de affirme que notre contribution de 10,6 millions de dollars en aide humanitaire et d'urgence n'est pas suffisante, que le montant de 2 milliards de dollars débloqué au gouvernement de la Libye, soit beaucoup plus que tous les autres pays, pour lui permettre d'offrir des services de base à la population n'est pas suffisant, que l'important rôle joué par le Canada au sein des amis de la Libye n'est pas suffisant, que le fait d'avoir été parmi les premiers pays à réouvrir notre ambassade n'est pas assez, nous ne voyons pas les choses du même oeil que lui sur ces points, même si nous prenons acte du soutien de certains députés de l'opposition pour cette résolution.
Au nom des courageux membres des Forces canadiennes, je tiens à remercier les députés de leur appui. Comme l'a mentionné le , nous ne pouvons nous permettre de quitter la Libye en ce moment. Nos gains, même s'ils sont importants, demeurent fragiles. Les enjeux sont tout simplement trop grands.
J'invite donc tous les députés à appuyer la prolongation de notre mission en Libye.
:
Monsieur le Président, le NPD a appuyé l'intervention militaire du Canada et a également appuyé le prolongement de la mission, en juin, dans le but de protéger la population libyenne de la violence du régime Kadhafi. Cet appui qu'a donné le NPD aux deux motions était en bonne partie motivé et basé sur la doctrine de la responsabilité de protéger, une doctrine bien connue en anglais sous le nom de
R2P — Responsibility to protect. Le Canada a été particulièrement proactif dans le développement de cette doctrine à une époque où il croyait vraiment à la prévention, sur la scène internationale, des crises politiques et des génocides.
Il existe plusieurs piliers, plusieurs éléments importants dans la responsabilité de protéger. Le premier pilier, c'est que c'est la responsabilité d'abord et avant tout des États de protéger leur propre population des génocides, des crimes de guerre, des nettoyages ethniques et des crimes contre l'humanité. Cependant, ce que nous dit cette doctrine, c'est que lorsqu'un gouvernement est incapable de protéger sa population de tels crimes ou de tels dangers, ou lorsqu'il est lui-même l'auteur de possibles génocides, de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité, la communauté internationale a une responsabilité, elle a l'obligation d'intervenir pour protéger la population, dans la mesure où elle a l'accord du Conseil de sécurité.
Nous avons appuyé les deux premières motions concernant la mission en Libye sur la base de ce principe, de cette doctrine. Nous pouvons dire que c'est un grand succès. L'intervention s'est bien passée et la situation sur le terrain a tout à fait changé.
[Traduction]
J'ai entendu mon collègue d'en face dire que Kadhafi avait été chassé du pouvoir.
[Français]
Récemment, on entendait également de hauts dirigeants libyens dire que l'horreur était finie. Nous avons donc une situation sur le terrain qui est extrêmement différente de la situation que nous connaissions il y a six mois.
J'en profite d'ailleurs, au vue de ce que je crois qu'on peut appeler un succès, pour remercier nos militaires et nos diplomates qui ont travaillé très dur pour atteindre ce but.
Maintenant que la situation sur le terrain a tant changé, nous devons passer à autre chose. Notre tâche n'est pas de prolonger l'intervention militaire, mais plutôt de fournir l'expertise et les ressources civiles nécessaires pour fournir une assistance humanitaire à la population et pour favoriser la construction d'institutions étatiques ainsi que le développement de la démocratie.
Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, disait il y a deux jours à peine, et je le cite: « Il y a quelques mois, le Conseil de sécurité et plusieurs organismes et accords régionaux ont relevé le défi lié à la prise de mesures accélérées et décisives visant à protéger la population de la Libye de la violence. Il ajoutait: « Aujourd’hui, nous devons une fois de plus agir de façon accélérée et décisive, cette fois en vue de consolider la paix et la démocratie. »
Dans cette reconstruction de la paix, le Canada peut jouer un rôle essentiel. Ce ne sera pas facile, et je cite ici un document très intéressant produit par le Mouvement fédéraliste mondial-Canada, qui souligne je crois avec justesse que:
[...] la consolidation de la paix après un conflit est extraordinairement compliquée. Un grand nombre d’États retombent dans un conflit armé en raison de divers facteurs, notamment des rivalités ethniques persistantes, le manque de possibilités économiques et de cohésion sociale et l’incapacité des intervenants internationaux à adapter leur aide aux dynamiques politiques des sociétés qu’ils tentent d’appuyer. La transition pour une Libye démocratique, dans un pays diversifié sur le plan ethnique dont la population a vécu sous un régime autoritaire pendant quatre décennies, sera ardue.
Effectivement, cette transition sera extrêmement ardue, mais elle est essentielle. Elle est capitale. Il faut commencer maintenant si on ne veut pas dans 5 ans, dans 10 ans ou dans 20 ans, faire face à d'autres problèmes et devoir retourner éventuellement à coups de bombardiers ou autres. Il faut saisir cette occasion maintenant. Il faut que le printemps arabe puisse remplir toutes ses promesses.