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Monsieur le Président, je propose que le deuxième rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, présenté le mardi 6 mars 2012, soit adopté.
C'est avec plaisir que j'interviens aujourd'hui afin de parler des nombreuses réserves des libéraux quant à l'approche adoptée par le pour aborder la question des arriérés et certains iraient jusqu'à dire de l'immigration en général. Il est juste de dire que ce ministre pourrait passer dans l'histoire comme l'un des pires ministres de la Citoyenneté et de l’Immigration que nous avons eus au cours des 20 à 30 dernières années.
Le Chambre a reçu un rapport qui traitait du problème des arriérés. À de nombreuses reprises à l'intérieur et à l'extérieur de la Chambre, ainsi que dans le cadre des travaux des comités. j'ai vu le tenter de régler ce problème. À tout le moins, nous pouvons dire qu'un grand nombre de ses remarques sur les arriérés sont quelque peu trompeuses, surtout celles qui portent sur leur cause.
Il est important que je prenne la parole aujourd’hui, car le ministre a comparu devant le comité de la citoyenneté et de l’immigration pas plus tard que la semaine dernière, pour y présenter un rapport qui traite en partie de l’arriéré. Ce qui m’a paru refléter l’une des plus graves erreurs du gouvernement est l’arriéré qui concerne les travailleurs qualifiés. C’est un problème qui a fait surface l’an dernier. Ça faisait partie de la liasse de projets de loi que le gouvernement conservateur, pourtant majoritaire, avait décidé de présenter en douce dans le cadre du budget. Le gouvernement se targuait alors d’avoir trouvé une solution pour éliminer cet arriéré. Mais ce que le a présenté à la Chambre constitue, aux yeux des libéraux, une solution injuste pour éliminer l’arriéré.
D’aucuns diront qu’il l’a réduit, mais je pense qu’il a en fait appuyé sur le bouton « supprimer ». Je sais que le est un peu susceptible là-dessus, mais c’est la réalité. Il y a deux points sur lesquels je ne suis pas d’accord avec lui en ce qui concerne cet arriéré.
Premièrement, certains prétendent que c’est le Parti libéral qui a créé ce gigantesque arriéré, et que les conservateurs n’ont pas été capables de l’éliminer de façon équitable. Je suis d’accord pour dire que les conservateurs n’ont pas été capables de l’éliminer de façon équitable, mais quant à ceux qui l’ont créé, ce n’est pas vrai. Je défie quiconque de me donner le nom d’un ministre récent de la Citoyenneté et de l’Immigration, et par récent j’entends depuis une trentaine d’années, qui a accumulé autant d’arriéré en une seule instruction ministérielle. En effet, c’est en 2008, alors qu’il était déjà ministre, qu’il a publié la IM1, qui a créé, pratiquement du jour au lendemain, un arriéré de 140 000 demandes pour une seule catégorie.
Après avoir mis la pagaille, qu’a-t-il fait? Quelques années plus tard, il a annoncé qu’il voulait éliminer l’arriéré, mais comme il ne voulait pas assumer la responsabilité de sa propre incompétence, il a dit que c’était l’ancien gouvernement libéral qui l’avait créé, alors que c’était lui, le ministre, qui était à l’origine du problème. Qu’a-t-il alors fait? Il a appuyé sur le bouton « supprimer ».
Songez aux dizaines de milliers de personnes de par le monde qui nourrissent l’espoir, le rêve, tout comme les générations qui les ont précédées, de s’établir au Canada et de s’y installer pour de bon. Elles remplissent une demande dans le cadre du programme des travailleurs qualifiés, pensant aux amis et à la famille que, bien souvent, elles ont dans notre beau pays. Ces gens-là ont des sœurs, des frères, des parents, que sais-je, au Canada, qui les encouragent à venir parce que le Canada est un pays extraordinaire.
Beaucoup de ces gens-là y ont cru. Ils avaient une bonne situation dans leur pays, que ce soit l’Inde, les Philippines ou un autre pays, et ils ont rempli leur demande en toute bonne foi. Certains ont même payé des consultants ou des avocats pour être sûrs que les documents seraient bien remplis. Pour la majorité d’entre eux, ils répondaient aux critères. Ensuite, ils ont attendu. Il y avait une liste d’attente. Ils ont soumis leur demande.
Quelques années passent, et nous apprenons que le nombre de candidats à l’immigration a subi une hausse assez forte. Au moment de la présentation de leur demande, ils savaient qu’il leur faudrait attendre deux ou trois ans, mais pas plus. Le temps passe et, de fil en aiguille, on s’aperçoit que, malheureusement, le a un programme tout à fait différent en ce qui concerne la politique d’immigration; c’est là qu’il publie l’instruction ministérielle IM1, qui est à l’origine de ce gigantesque arriéré. Pour le ministre, c’était son premier coup d’essai, mais quel flop ça a été! Les demandes de tous ces gens sont venues grossir un arriéré déjà conséquent.
Quelques années plus tard — soit l'année passée, après la publication de ce rapport —, nous apprenons du qu’il va essayer d’éliminer l’arriéré, dont il attribue encore une fois la paternité à un autre parti politique. Mais c’est lui qui est à l’origine de cette pagaille, et maintenant qu’il veut faire le ménage, il décide que la meilleure solution est d’appuyer sur le bouton « supprimer ».
Imaginez la personne qui a déposé une demande il y a cinq ou six ans et qui attendait que son dossier soit traité pour pouvoir venir au Canada; elle reçoit une lettre par la poste lui disant qu’on est désolés, mais que sa demande a été supprimée et qu’elle ne pourra plus venir au Canada. Avec un peu de chance, la lettre est accompagnée d’un remboursement des frais d’administration et de la taxe d’établissement. Mais imaginez si vous receviez une lettre de ce genre!
Plusieurs réflexions me viennent à l’esprit. Certes, il est sans doute possible de contester la décision du ministre, et je sais qu’un recours collectif est en préparation en Ontario sur cette question-là, sur la décision du ministre. Mais qu’en est-il de ceux qui ont payé les services d’un consultant en immigration, d’un avocat ou d’une agence? Il ne s’agit pas de quelques centaines de dollars, mais plutôt de milliers de dollars qu’ont dû payer beaucoup de ces gens-là. Les services d’immigration ne sont pas donnés, ils coûtent beaucoup d’argent. Beaucoup de ces gens-là, et je parle de milliers de personnes, ne toucheront aucun remboursement sur les milliers de dollars qu’ils ont dépensés. Aucun.
Ces gens-là ont dépensé cet argent et ont changé leur vie dans l’attente de pouvoir venir s’installer au Canada. Ils ont tout laissé en plan dans leur propre pays en attendant ce que j’appellerai une gratification différée. Ils étaient donc dans l’expectative, incapables, je suppose, d’envisager de partir dans d’autres pays. Pourquoi? Parce qu’ils croyaient vraiment qu’ils pourraient venir s’installer au Canada. En en parlant avec leur famille et avec leurs amis, ils s’étaient dit que c’était la meilleure solution pour leurs enfants, pour eux-mêmes et pour leur famille. Ils étaient donc prêts à attendre et à faire les sacrifices nécessaires, puisqu’ils croyaient que le Canada était le pays où il fallait aller. On ne peut pas leur reprocher. Le Canada est le meilleur pays au monde pour la qualité de vie. C’est aussi un pays plein de promesses et de débouchés.
Au final, cet espoir que nourrissaient des dizaines de milliers de gens a été anéanti du revers de la main par le , qui a estimé qu’il était temps d’éliminer l’arriéré qu’il avait lui-même créé. Et pour ce faire, il a appuyé froidement sur le bouton « supprimer ».
Il y a une différence entre la politique d’immigration des conservateurs et la politique d’immigration des libéraux. Il suffit de se souvenir qui ont été nos chefs, que ce soit Pierre Elliott Trudeau, Jean Chrétien ou Paul Martin. Notre façon de planifier et de programmer notre politique d’immigration est plus globale.
On peut bien parler de répondre aux besoins de main-d’œuvre. C’est le Parti libéral qui a créé le programme des travailleurs temporaires, et c’est aussi le Parti libéral qui a créé le programme des aides familiaux résidants.
Le programme économique qui marche le mieux est le Programme des candidats des provinces. On entend beaucoup parler des 338 000 travailleurs étrangers temporaires qui sont ici aujourd’hui. On sait que le gouvernement a commis une erreur et qu’il a fait un beau gâchis.
Il suffit de voir ce qui passe au Manitoba. Le nombre de visas de travailleurs étrangers temporaires alloués à cette province n’a pratiquement pas changé. Mais le Manitoba se sert du Programme des candidats des provinces pour répondre à ses propres besoins. Si bien que le nombre annuel d’immigrants dans cette province est passé d’environ 3 500 à plus de 10 000.
Nous n’avons pas besoin de plus de travailleurs étrangers temporaires, parce que nous sommes conscients de la valeur de l’immigration. Nous sommes conscients de l’impact positif qu’une bonne politique d’immigration peut avoir sur notre pays.
Quand le commence à parler d’arriéré, il devrait réfléchir aux erreurs qu’il a commises, aux espoirs qu’il a anéantis et à toutes ces personnes qui ont été directement touchées par ses décisions.
Je mets au défi les collègues conservateurs du ministre de commencer à chercher des solutions pour utiliser l’immigration de façon plus positive pour notre pays. Si nous voulons répondre à nos besoins de main-d’œuvre, par exemple, nous devons renforcer le programme des candidats des provinces, et c’est ce que le Parti libéral préconise.
Le nombre de demandes présentées par d'autres provinces ne cesse d'augmenter, mais Ottawa dit non. Ce qui est paradoxal, c'est que le s'attribue volontiers le mérite de l'augmentation du nombre d'immigrants à la hausse chaque année. Or, sans le Programme des candidats des provinces, instauré par Jean Chrétien, le nombre d'immigrants ne serait pas aussi élevé aujourd'hui — mais je m'écarte du sujet.
Pourquoi n'étudierions-nous pas la possibilité d'étendre ce programme en particulier aux collectivités et aux municipalités? Nous pourrions créer un programme de candidats économiques.
Si le gouvernement tendait réellement la main aux gens, je crois que le nombre de demandes au titre du Programme des travailleurs étrangers temporaires diminuerait considérablement.
En ce qui concerne le Programme des travailleurs étrangers temporaires , nous accordions la priorité aux Canadiens lorsque nous étions au pouvoir, que ce soit sous Paul Martin ou Jean Chrétien. Autrement dit, les gouvernements libéraux successifs voulaient que les Canadiens ou les résidents permanents établis au Canada acceptent les emplois en priorité. C'est pourquoi ils avaient mis en place un protocole garantissant que les Canadiens et les résidents permanents aient la préséance sur les travailleurs étrangers.
Même lorsque l'économie était à son zénith, il n'y avait jamais plus de 160 000 travailleurs étrangers temporaires au Canada. Aujourd'hui, il y a 338 000 travailleurs étrangers temporaires au Canada. Le gouvernement utilise ce programme pour manipuler d'autres facteurs au pays, comme son influence sur les salaires et la rémunération des travailleurs, et enlève des emplois à ceux qui aimeraient pouvoir travailler.
Pourquoi le gouvernement ne s'assoit-il pas avec les intervenants touchés par les politiques qu'il adopte? S'est-il assis avec les pilotes pour écouter leurs préoccupations? Que ce soit par téléphone depuis l'aéroport de Toronto, dans un restaurant McDonald dans ma collectivité ou par d'autres moyens, les pilotes ont fait part de leurs préoccupations. Ils sont frustrés, car bien qu'ils soient formés pour piloter des avions, les compagnies aériennes embauchent des travailleurs temporaires. Cela soulève d'autres questions que nous devons examiner. Le gouvernement doit, à tout le moins, reconnaître qu'il y a un problème. Il doit reconnaître que le recours à des travailleurs étrangers est, dans bien des cas, discutable.
J'ai été heureux que la Banque royale s'excuse. Elle a reconnu qu'il s'agissait bel et bien d'une erreur. Or, un tel abus aurait pu être commis dans un autre secteur d'activité, pas seulement à la Banque royale, et je la félicite d'avoir pris les devants et de s'être excusée. Mais je crois qu'on a à peine gratté le vernis.
Nous devons nous pencher sur la question parce qu'il faut absolument protéger le Programme des travailleurs étrangers temporaires, à qui l'on doit la survie de nombreuses industries au Canada. Voilà pourquoi ce programme a été créé. Certaines industries ne sauraient s'en passer, et, sans travailleur étranger temporaire, ces industries s'effondreraient. S'il fallait que ces industries s'effondrent ou que des emplois soient perdus, ce serait catastrophique pour tous les Canadiens — nous qui appelons le Canada « notre patrie » — parce que ces emplois qui n'ont pas été ou ne pourraient pas être remplacés par des Canadiens sont essentiels à notre PIB et à notre style de vie.
Par conséquent, les arriérés étaient peut-être attribuables au fait que le gouvernement ne traitait pas les demandes visant ces travailleurs qualifiés de la même façon que les libéraux le faisaient avant eux. Voilà peut-être pourquoi, dans certains secteurs, il y a davantage de travailleurs étrangers temporaires au Canada. Comme je l'ai déjà mentionné, les raisons sont multiples, mais c'est probablement l'une des raisons. Il est très important que le examine la question de l'arriéré sous un nouvel angle.
Avant de présenter le rapport, j'ai eu le plaisir d'écouter de très nombreux exposés. Le rapport a fait l'objet de nombreuses discussions. Nous avons formulé un certain nombre de recommandations qui se trouvent à la fin du rapport; je pense qu'il y en a au moins 10. Les libéraux ont toutefois rédigé une opinion, que l'on peut consulter à l'annexe du rapport. Je dois dire que si j'avais eu plus de ressources, cette opinion aurait pu compter jusqu'à neuf pages, mais j'ai dû me contenter de deux pages.
Je peux assurer à la Chambre qu'il y a beaucoup d'aspects qui pourraient être améliorés et que l'actuel néglige. Malheureusement, compte tenu des limites imposées au comité, nous n'avons pas été en mesure de traiter de toutes les questions importantes dont il aurait fallu traiter. Par conséquent, je demande au comité, dont je partage la vice-présidence, d'amorcer l'étude d'autres questions, notamment du Programme des candidats des provinces et du Programme des travailleurs étrangers temporaires, et d'examiner les moyens d'adopter une formule plus globale...
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir à propos de l'immigration, car je suis moi-même passé, au Canada, du statut d'étudiant étranger à celui de résident permanent puis, enfin, de citoyen. C'est pour moi un plaisir de vivre dans ce pays depuis 45 ans.
Le gouvernement conservateur continue à mettre l'accent sur la création d'emplois, la croissance économique et la prospérité à long terme. Il prend des mesures concrètes pour aider nos concitoyens chômeurs ou sous-employés à exploiter leur plein potentiel et pour veiller à ce que les Canadiens et les résidents permanents profitent toujours les premiers des emplois offerts.
Au-delà de ces mesures, l'immigration demeurera un volet névralgique du plan du Canada en vue de combler efficacement les besoins du marché malgré le vieillissement de notre main-d'oeuvre. Pour ce faire, nous ne pouvions pas nous contenter de laisser aller notre régime d'immigration franchement dysfonctionnel et contraire aux intérêts du pays. Notre gouvernement est résolu à abandonner ce système lent et passif qui est aux prises avec des arriérés considérables et des délais de traitement excessifs pour mieux le remplacer par un autre, à la fois proactif et « juste à temps », qui permettra de faire traiter rapidement le dossier des immigrants de la composante économique dotés des compétences nécessaires à notre économie, aujourd'hui et demain.
Aux quatre coins du monde, une multitude de gens veulent immigrer au Canada. Selon les plus récentes statistiques, il y a sept milliards de personnes sur Terre. En extrapolant, on comprend que plus de deux milliards d'entre elles aimeraient vivre chez nous. Cependant, notre gouvernement est sensible au fait que la capacité annuelle d'accueil et d'intégration du Canada n'est pas illimitée; c'est pourquoi il définit chaque année un Plan des niveaux d'immigration.
Le Canada enregistre depuis 2006 le plus fort niveau d'immigration soutenue de son histoire. Or, l'ancien régime dysfonctionnel obligeait le gouvernement à traiter chaque demande reçue jusqu'à son terme; au fil des ans, le nombre des demandes reçues a ainsi fini par frôler le double de celui des demandes approuvées, ce qui a causé des arriérés considérables dans toutes les filières d'immigration.
Pour résoudre le problème, certaines personnes, y compris des députés des deux partis de l'opposition, ont préconisé la solution simpliste qui consiste à hausser les niveaux d'immigration. Elles ont tort. Une telle mesure n'aurait que peu d'effets, même si nous portions ces niveaux à 1 %, comme le veut la politique officielle des néo-démocrates et des libéraux, sans compter que les arriérés considérables et les délais de traitement excessifs persisteraient.
Je signale également que ce n'est pas ce que les Canadiens veulent, y compris les immigrants, qui ne sont pas en faveur d'un accroissement important de l'immigration. Ce n'est pas qu'ils sont contre l'immigration, puisque les immigrants sont tout aussi susceptibles d'être de cet avis que les personnes nées au Canada. C'est pour des raisons pratiques. Les gens comprennent que la capacité et les fonds pour intégrer les nouveaux venus sont limités.
La seule façon d'empêcher une accumulation gigantesque des demandes d'immigration et un allongement astronomique des délais est de faire correspondre le nombre de demandes au nombre d'admissions. Certains diront: « Ils doivent attendre, et après? »
Le fait est que les retards dans le traitement des demandes d'immigration ont des conséquences réelles et négatives pour les immigrants et pour l'économie canadienne. Les immigrants devaient mettre leur vie entre parenthèses pendant des années, en attendant une réponse. Comme les critères de sélection étaient dépassés, un trop grand nombre de demandeurs devaient attendre pour venir au Canada pour ensuite devoir accepter un emploi inférieur à leurs compétences, quand ils en trouvaient un. Pour les Canadiens et pour l'économie canadienne, cela se traduisait par des pertes de productivité et par une grave pénurie de main-d'oeuvre. Cela signifiait aussi que le Canada perdait son attrait, par rapport aux autres pays, et sa capacité d'attirer et de retenir les candidats les meilleurs et les plus brillants dans le monde.
Comme nous le voyons clairement, l'ancien système d'immigration du Canada était illogique. Après des années de négligence de la part des gouvernements et des ministres précédents, qui n'avaient pas le courage de procéder aux réformes nécessaires, le gouvernement conservateur a agi. Nous agissons résolument pour transformer en profondeur le système d'immigration du Canada pour que nous ayons un système d'immigration qui fonctionne dans l'intérêt de l'économie canadienne et aussi des immigrants.
Grâce à ces réformes qui auraient dû être faites il y a longtemps, c'est avec beaucoup de fierté que j'ai pu annoncer, il y a à peine quelques semaines, que le nombre de demandes non encore traitées avait diminué de 40 %, ce qui est considérable. C'est tout un progrès. Il est important de comprendre d'où nous sommes partis et quel était notre objectif pour comprendre tout le chemin parcouru grâce aux changements que nous continuons de mettre en oeuvre.
Je vais donner quelques exemples. Le Programme fédéral des travailleurs qualifiés est le programme phare du système d'immigration du Canada. Ce programme a permis d'accueillir plus d'immigrants économiques que n'importe quel autre. Dans l'ancien système, en 2008, environ 640 000 demandes en attente de traitement s'étaient accumulées. Les demandeurs devaient attendre six ans pour connaître la décision. Selon les projections, cet arriéré allait atteindre plus de 1,5 million de demandes et le délai de réponse, 15 ans, d'ici 2015.
Le Canada est en concurrence avec le monde entier quand il s'agit d'attirer les gens les plus talentueux. Conscients de cette situation, bon nombre de pays semblables au nôtre, dont l'Australie et la Nouvelle-Zélande, ont mis en place un système d'immigration souple qui permet de traiter les demandes en quelques mois à peine. Vous pouvez imaginer que, si quelqu'un a le choix entre attendre 10 ans ou obtenir sa résidence permanente en quelques mois, toute personne raisonnable choisira l'option la plus rapide. Le Canada n'arrivait donc pas à attirer les gens les plus talentueux de la planète. Pour régler ce grave problème, le gouvernement a posé un geste difficile mais nécessaire: celui d'éliminer la plupart des demandes en attente soumises dans le cadre du programme fédéral des travailleurs qualifiés.
Je trouve particulièrement intéressant que le député libéral prétende être indigné par l'élimination des anciennes demandes présentées dans le cadre de ce programme. C'est intéressant parce que les libéraux ont tenté de poser le même geste en 2003, quand ils étaient au pouvoir. Mais leurs efforts ont échoué, parce que la Cour s'y est opposée. La différence, c'est que les libéraux étaient incompétents et qu'ils ont échoué, alors que le gouvernement actuel est compétent et qu'il a réussi. Au-delà de cette hypocrisie, il est troublant de constater que le porte-parole libéral en matière d'immigration ne connaît pas les antécédents de son parti dans ce domaine. Cela me semble très inquiétant.
Par ailleurs, nous avons interrompu temporairement le Programme fédéral des travailleurs qualifiés pour améliorer le système de points, qui était désuet. Pendant trop longtemps, des immigrants qui venaient au Canada dans le cadre de ce programme se retrouvaient ensuite sans emploi ou sous-employés. Nous avons examiné beaucoup de recherches. Elles indiquaient, les unes après les autres, que les facteurs les plus importants pour favoriser la réussite économique des immigrants sont une bonne connaissance de la langue, la jeunesse et des offres d'emploi déjà conclues.
Le 4 mai, nous lancerons le nouveau programme fédéral des travailleurs qualifiés et son système de points mis à jour. Signalons aussi qu'avant de présenter leur demande, les personnes intéressées devront faire évaluer les études qu'elles ont faites à l'étranger, une façon réaliste de déterminer comment cette formation se compare aux normes canadiennes. Nous voulons ainsi donner l'heure juste aux intéressés.
Grâce à ces changements et à toutes les mesures importantes que nous avons prises depuis les premières directives ministérielles, en 2008, nous aurons bientôt un programme fédéral des travailleurs qualifiés qui pourra s'adapter rapidement à l'évolution des besoins. L'arriéré des demandes est passé de 640 000 à 90 000, et le temps d'attente, qui allait de six à quinze ans, n'est plus que d'un an.
La réduction de l'arriéré dans le Programme fédéral des travailleurs qualifiés ouvre la voie à la création d'un système novateur reposant sur ce que nous appelons une déclaration d'intérêt. Les demandeurs constitueront un vaste bassin de candidats à l'immigration qualifiés qui auront consenti à ce que nous transmettions leur demande à des employeurs et aux gouvernements provinciaux, de manière à ce que ces employeurs puissent recruter la main-d'oeuvre étrangère dont ils ont besoin dans ce bassin de candidats à l'immigration.
Par exemple, si des ingénieurs canadiens de la génération du baby-boom se mettent à prendre leur retraite en grand nombre et qu'une société de génie a besoin de 10 ingénieurs l'année prochaine dans un domaine spécialisé, elle pourrait chercher dans le système pour y trouver des candidats à l'immigration possédant les compétences qu'elle recherche. Elle serait capable de consulter leur demande et de faire une évaluation préalable de leur formation et de leurs attestations de compétence. Une fois satisfait de ses vérifications, un employeur pourrait offrir à un candidat à l'immigration de l'embaucher. Le gouvernement traitement alors la demande d'immigration dans un délai très court.
Nous avons fait quelques recherches très intéressantes et nous nous sommes aperçus que les immigrants qui arrivent au Canada avec un emploi qui les y attend gagnent en moyenne presque 80 000 $ par année après trois ans, ce qui est beaucoup plus que le revenu moyen. Voilà l'objectif que nous devons nous fixer.
Les gens qui arrivent au pays avec un emploi dans les poches ne sont pas obligés de se trouver temporairement un gagne-pain de misère pour survivre; ils peuvent directement occuper un emploi correspondant à leur niveau de compétence. Ils gagnent un bon salaire et paient des impôts qui financent les soins de santé et nos programmes sociaux. Voilà pourquoi nous avons besoin d'un système rapide et souple. Voilà pourquoi nous devons régler définitivement le problème des arriérés.
Je suis très fier des progrès que nous avons réalisés grâce aux mesures décisives que nous avons prises.
Mais il y a d'autres bonnes nouvelles. Le Programme fédéral des travailleurs qualifiés n'est pas le seul programme d'immigration ayant fait l'objet de progrès majeurs. Le deuxième est celui qui s'adresse aux parents et aux grands-parents. En plus de répondre aux besoins sur le marché du travail, le système d'immigration du Canada facilite la réunification des familles. Au fil des ans, le nombre croissant de demandes dans le cadre du programme des parents et des grands-parents a fait grossir la liste d'attente jusqu'à plus de 160 000 demandes et jusqu'à ce que le délai atteigne huit ans. Je pense que nous pouvons tous convenir que ce n'est pas équitable pour les demandeurs et leur famille.
Quelles mesures avons-nous prises? Nous avons mis en oeuvre le plan d'action pour accélérer la réunification des familles. En admettant le plus grand nombre de parents et de grands-parents depuis 20 ans, en 2012 et 2013, tout en mettant temporairement le programme en veilleuse, nous avons obtenu une réduction de 50 % de l'arriéré.
En outre, le nouveau super visa, qui est valide pour une période de 10 ans, permet aux parents et aux grands-parents, dont beaucoup ne veulent pas obtenir la résidence permanente, mais souhaitent passer une période prolongée avec leurs enfants et petits-enfants, de faire un séjour de deux ans à la fois au Canada. Plus de 1 000 super visas sont émis chaque mois. Le taux d'approbation dépasse 85 %. En fait, si nous n'étions pas passés à l'action en 2011, l'arriéré aurait atteint 250 000 demandes et le délai d'attente serait passé à 15 ans d'ici 2015.
Pourtant, les partis d'opposition se sont opposés aux améliorations au programme établi à l'intention des parents et des grands-parents. Néo-démocrates et libéraux se sont employés à nous faire revenir aux modalités d'avant 2011.
Nous devons éviter de retourner à l'ancien système, qui fait grossir l'arriéré et allonge indéfiniment le délai d'attente. Nous avons passé l'année dernière à consulter les Canadiens au sujet d'un nouveau programme à l'intention des parents et des grands-parents qui sera dévoilé plus tard cette année. Il est important que le nouveau programme soit viable, et surtout, qu'il évite à l'avenir l'accumulation des dossiers en retard.
Les options ne pourraient être plus claires: les familles peuvent attendre 15 ans pour être réunies, ou deux ans au maximum. Les partis qui préconisent des demandes illimitées n'appuient pas la réunion des familles. Ils font exactement le contraire. Les longs délais d'attente empêchent les membres des familles de se retrouver.
L'arriéré a aussi considérablement diminué pour ce qui est des gens d'affaires. Il était passé à plus de 100 000 demandes, et le délai d'attente était de près de 10 ans. Il aurait grimpé à plus de 250 000, et le délai d'attente aurait atteint 20 ans d'ici 2015, ce qui est tout à fait aberrant.
En mettant un frein aux demandes des investisseurs et des entrepreneurs, nous sommes parvenus à réduire légèrement l'arriéré et les délais d'attente. Pendant l'interruption du programme, nous travaillons à la création d'un nouveau programme qui, plutôt que d'être passif et de n'exiger aucun investissement à long terme, sera axé sur la demande et exigera de créer des emplois et d'investir activement au Canada.
Il y a naturellement des volets où des progrès ont été accomplis, et d'autres où ce n'est pas le cas. Toutefois, dans les programmes où nous sommes intervenus pour mieux harmoniser le nombre de demandes au nombre de personnes admises, le résultat est le même: l'arriéré s'est résorbé et les délais d'attente ont diminué.
Bref, pour maintenir les traditions canadiennes d'ouverture et de générosité, il faut veiller à ce que le système d'immigration fonctionne de manière à appuyer les intérêts et la prospérité du pays à long terme. Voilà pourquoi le gouvernement a entrepris une série de changements qui amélioreront le système d'immigration économique du Canada, et nous permettront de nous adapter à l'évolution des besoins du pays.
La nouvelle version améliorée du système d'immigration permettrait d'assurer la prospérité de notre pays à long terme, car nous pourrions choisir les immigrants qualifiés dont le Canada a besoin, les personnes les plus aptes à réussir une fois sur place. Ainsi, les nouveaux arrivants pourraient exploiter leur plein potentiel, atténuer les pénuries de main-d'oeuvre et contribuer à la croissance de l'économie canadienne.
Notre objectif ultime, c'est un système d'immigration « juste à temps », permettant de recruter les personnes qui ont les compétences voulues pour répondre aux besoins du marché canadien, de traiter rapidement leur demande et de faire en sorte qu'ils travaillent après quelques mois, et non quelques années. Pour y arriver, nous avons pris des mesures énergiques afin de réduire considérablement l'arriéré. Toutefois, il nous reste du travail à faire à cet égard, afin de parvenir à un système d'immigration rapide et adaptable.
Nous voulons intégrer plus rapidement à la main-d'oeuvre canadienne de nouveaux arrivants hautement qualifiés afin que ceux-ci puissent stimuler la croissance économique et contribuer pleinement à la productivité du pays. Nous avons accompli des progrès remarquables en ce sens au cours de la dernière année. Nous continuerons de faire fond sur nos réalisations au cours des mois et des années à venir.
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Monsieur le Président, dans le rapport dont nous discutons, il y a un rapport supplémentaire du NPD. J'exhorte tous les députés à le lire.
Tout le monde sait que le Canada est un pays d'immigrants. À l'exception des membres des Premières Nations, nous sommes tous des immigrants. Nos enfants et nos petits-enfants sont tous des descendants de gens venus au Canada pour en faire leur nouveau pays. Nos ancêtres ont eu la chance de commencer une nouvelle vie ici, de s'épanouir et de réussir. Chacun d'entre nous, à la Chambre, a reçu à cet égard de l'aide.
Nous pensons que, même de nos jours, les Canadiens croient que les politiques nationales d'immigration doivent favoriser l'édification du pays. Elles ne doivent pas semer la division et la peur, engendrer de l'incertitude et avoir des conséquences négatives sur la façon dont les gens sont traités. Cela m'amène à parler de l'image que nous projetons dans le monde quand nous apportons des changements, comme le gouvernement l'a fait. Soit dit en passant, mes collègues siégeant dans ce coin-là sont partiellement à blâmer pour l'orientation d'un grand nombre de ces politiques parce que l'arriéré a commencé à augmenter lorsqu'ils étaient au pouvoir.
Une grande incertitude règne dans notre système d'immigration en raison des changements qui ont été apportés sans avoir fait preuve de diligence raisonnable, sans avoir consulté les Canadiens et sans avoir pensé à la façon dont les divers éléments sont liés entre eux. Les gens à l'extérieur du Canada qui consultent notre site Web ne savent jamais si les choses vont changer aujourd'hui ou demain ou si le gouvernement reviendra sur ses promesses dans une journée ou deux. En outre, le gouvernement a apporté des changements ponctuels au système qui ne sont pas cohérents et n'offrent pas une expérience diversifiée et enrichissante à ceux qui veulent venir s'établir dans notre pays. Le gouvernement doit reconnaître qu'il a vraiment mal géré ce dossier.
Examinons d'abord les dommages causés à notre réputation à l'étranger. Quelqu'un a appuyé sur la touche « supprimer » éliminant 267 000 dossiers de travailleurs qualifiés qui avaient présenté une demande conforme aux règles canadiennes. Ces personnes avaient respecté les règles. Elles avaient fait leur demande, qui avaient été jugées recevables, et se sont fait dire d'attendre jusqu'à ce que ce soit leur tour. Puis, 2012 est arrivé et le ministre a décidé que l'arriéré accumulé dans le traitement des demandes était trop long et qu'il faillait trouver une façon de le réduire. Il existe une multitude de façon de réduire un arriéré. Nous en avons suggérées quelques-unes et échangé des idées. Mais plutôt que de nous écouter, le ministre a choisi sa propre solution, c'est-à-dire appuyer sur la touche « supprimer », et a dit à ceux qui avaient présenté une demande que le gouvernement leur rembourserait les droits qu'ils avaient payés il y a 5 ou 10 ans.
Oui, nous avons remboursé les droits, mais quel genre de réputation avons-nous acquis en tant que pays qui ne respecte pas sa parole? Qu'est-il advenu des rêves et des aspirations de tous ces gens que nous avions reconnu comme travailleurs qualifiés et de la contribution qu'ils auraient apportée à notre pays. Qu'en est-il du tort causé aux rêves et aux aspirations de leur famille?
Chaque fois que le ministre dit que le gouvernement a réduit les arriérés, je veux lui rétorquer qu'il est facile de réduire l'arriéré quand on appuie sur la touche « supprimer », ou encore quand on empêche les gens pendant deux ans de présenter une demande pour faire venir leur parents ou leurs grands-parents au Canada.
J'ai vraiment du mal à expliquer aux gens dans différentes communautés un peu partout au Canada pourquoi le parti qui forme le gouvernement parle aussi souvent de valeurs familiales et de l'importance de la famille, car la question que me posent sans cesse les nouveaux arrivants, ceux qui viennent d'obtenir la citoyenneté canadienne — et qui me brise le coeur chaque fois —, c'est: « On nous dit que la famille est importante, mais laquelle? Ma famille à moi, elle n'est pas importante? »
Je pourrais être ici des heures à parler des avantages économiques et sociaux de la réunification des familles, qui permet à ceux qui sont ici d'être réunis avec leurs parents ou leurs grands-parents. Je pourrais raconter une foule d'anecdotes à la Chambre, dire tout ce que mes grands-parents m'ont appris et expliquer le rôle fondamental qu'ils ont joué dans ma vie.
Il y a aussi des avantages économiques à la réunification des familles. Bien des gens auraient l'esprit bien plus tranquille s'ils partaient travailler en sachant qu'un de leurs proches prend soin de leurs enfants. En passant, le gouvernement n'a rien fait pour créer un régime universel pour la garde des enfants. À bien des égards, il y a un vide énorme dans les communautés du pays. C'est très difficile.
Dans de nombreuses communautés du pays, les parents préféreraient confier leurs enfants à leurs proches, comme leurs grands-parents. Ces gens seraient alors beaucoup plus productifs au travail, sans compter qu'ils s'absenteraient moins et qu'ils auraient moins de problèmes de santé mentale. Cela représenterait des économies énormes pour le réseau de la santé.
Parlons maintenant des gens qui se marient à l'étranger, car il s'agit d'un autre domaine où les retards s'accumulent et dont il faut parler sérieusement. Ma circonscription, Newton—Delta-Nord, compte parmi les plus diverses du pays. Je suis sûre que beaucoup de députés disent la même chose. Souvent, les gens viennent me voir pour me dire qu'ils attendent toujours, même s'il y a déjà trois ans qu'ils sont mariés, qu'ils ont un enfant de deux ans et qu'ils ont même des tests d'ADN pour prouver qu'ils en sont bien le père ou la mère.
Il faut faire quelque chose. Il semble que, dans certains endroits du globe, les bureaux de Citoyenneté et Immigration Canada prennent un temps fou à traiter les demandes. Il est aujourd'hui question de réunir des gens avec leurs parents et leurs grands-parents, je sais, mais quand on empêche des époux de voir leur nouveau-né, nous devons admettre qu'il a un gros problème dans la société. Tout le monde connaît l'importance de la cellule familiale. Tout le monde sait à quel point il est important que les nouveau-nés soient avec leur père et leur mère et qu'ils grandissent au sein de la cellule familiale.
En ce qui concerne notre réputation à l'étranger, voyons comment le ministre a géré le dossier des réfugiés et les compressions qu'il a imposées à l'égard des soins de santé. Actuellement, des gens attendent d'être réunis, ici, avec leurs proches. Le gouvernement a dressé une liste de ce qu'il qualifie de pays sûrs. Il concentre trop de pouvoirs entre les mains du ministre. Il crée un régime de détermination du statut de réfugié à deux vitesses. Tout cela provoque des ondes de choc, et les gens se demandent si c'est vraiment sans danger.
Pensons à ce document qui a fait l'objet d'une fuite et selon lequel l'ONU va jusqu'à se demander si l'on peut vraiment envoyer des réfugiés au Canada sans danger puisqu'ils n'y bénéficieraient même pas de soins de santé de base, si l'on peut prendre un tel risque. Le gouvernement a créé des problèmes énormes.
Dès que nous avons le dos tourné, il y a de nouveaux obstacles financiers. Chaque fois que je pose des questions sur la réunification familiale avec des parents et des grands-parents, on me répond immanquablement qu'il y a le super visa. Eh bien, les jeunes frères et soeurs ne sont pas admissibles au super visa. Il est réservé aux parents et aux grands-parents.
Le gouvernement claironne sur toutes les tribunes que le super visa remporte un succès considérable. Pourtant, beaucoup de gens n'y sont même pas admissibles étant donné les exigences excessives qu'il impose sur le plan financier. De plus, les parents doivent souscrire une assurance maladie valide pour toute une année, même si leur séjour ne durera qu'un mois. Il s'agit d'une assurance privée. Pour beaucoup de jeunes familles, le prix d'une telle couverture assurance représente un fardeau financier considérable.
Si quelqu'un entend venir ici pour un mois seulement, pourquoi un seul mois d'assurance-maladie ne suffit-il pas? Souvent ce sont des jeunes familles qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts et qui, sachant très bien qu'elles ne peuvent pas présenter de demande pour leurs parents ou leurs grands-parents, se contentent de les avoir pour un mois et doivent maintenant débourser à l'avance une somme énorme pour un an, et ce, même s'ils ne séjournent ici que pendant un mois. Ça me semble bizarre.
Soyons clairs. Si elles souscrivent une assurance pour une année complète et si leurs parents ne séjournent ici que pendant un mois, elles peuvent tout de même obtenir un crédit pour les 11 autres mois. Mais seuls les gens qui ont un peu d'argent de côté peuvent profiter de ce genre de crédit. Ce ne sont pas tous les habitants de ma circonscription qui peuvent se permettre de débourser une énorme somme d'argent pour souscrire une assurance-maladie.
En outre, bien des gens écartent presque l'idée de demander un super visa lorsque je leur dis combien cette assurance coûte. Nombreux sont ceux qui ont fondu en larmes dans mon bureau lorsqu'ils ont compris combien cette assurance coûte. Et d'autres députés m'ont aussi dit qu'il s'agissait d'un obstacle.
Le super visa n'est pas une mauvaise mesure. Nous sommes persuadés que ce visa a sa place, mais il ne peut pas remplacer la réunification des familles. On peut séjourner ici pendant une semaine, un mois ou deux mois, mais cela ne remplace aucunement la vie familiale et l'appui des proches.
Le gouvernement a réglé le problème de l'arriéré du Programme fédéral des travailleurs qualifiés en l'éliminant. En ce qui concerne la réunification des familles, le gouvernement a tout simplement empêché les gens de présenter des demandes. D'autres solutions s'offraient au gouvernement, mais les conservateurs ne les ont pas retenues. Ils ont pris des mesures draconiennes afin de pouvoir affirmer publiquement avoir réduit l'arriéré.
Le gouvernement a empêché les gens de présenter des demandes dans la catégorie des investisseurs; il a gelé les demandes visant le Programme fédéral des travailleurs qualifiés et a appuyé sur la touche « supprimer »; il est responsable de terribles retards dans la catégorie de la réunification des conjoints et il empêche les parents et les grands-parents de présenter des demandes, il n'est donc pas surprenant qu'il dise que l'arriéré a diminué. Or, quand les deux ans se seront écoulés, ces parents ou ces grands-parents auront-ils oublié qu'ils veulent être avec leur famille ou présenteront-ils une demande? Le gouvernement a-t-il prévu l'allocation de ressources pour faire face à l'augmentation des demandes qu'il connaîtra dans deux ans?
Les gens qui attendent depuis deux ans pour faire leur demande et qui ont déjà rempli tous les formulaires se font du souci. Tout comme il a appuyé sur la touche « supprimer », il se pourrait bien que le gouvernement ait des intentions qu'il n'a pas communiquées aux parlementaires concernant ce programme. J'encourage les députés d'en face à se souvenir qu'ils affirment que la famille est importante. S'ils accordent de l'importance à la famille, ils devraient reconnaître qu'elle est importante pour tous les Canadiens et pour tous les gens qui vivent ici.
On entend souvent parler de l'importance des familles et d'autres types de listes d'attente. Beaucoup de bureaux de député m'ont parlé de ce sujet, et croyez-le ou non, certains de mes collègues conservateurs m'en ont parlé aussi, mais une chose qui occupe leurs bureaux, c'est le rejet des demandes de visa de résident temporaire. Personne n'affirme qu'aucune demande de visa ne devrait jamais être rejetée. Il faut faire preuve de diligence raisonnable. Cependant, même des personnes qui sont déjà venues au Canada et qui laissent leur garçon et leur fille dans une école privée en Inde, qui laissent leur mari et leurs parents, pour venir assister au mariage de leur nièce se font dire que ce n'est pas une assez bonne raison. Je vous dis tout de suite que rien ne m'empêcherait d'assister au mariage d'un neveu ou d'une nièce.
Et pourtant, je dois écouter mes électeurs qui viennent à mon bureau totalement atterrés parce qu'ils ne peuvent assister à un tel événement ou ne peuvent pas faire venir un membre de leur famille dans de telles circonstances.
J'ai des milliers d'exemples de ce genre.
Pas plus tard que la semaine dernière, une femme de ma circonscription est décédée. Sa famille a fait une demande de visa, en Inde, afin qu'une de ses filles qui vit en Inde puisse assister aux funérailles, mais la demande a été rejetée. Ils sont venus dans mon bureau et m'ont dit: « On n'aurait jamais pensé que la demande de visa d'une fille pour assister aux funérailles de sa mère serait rejetée. »
Pensons au genre d'image qu'on envoie à l'étranger. Le Canada est un pays magnifique. J'ai choisi de m'y installer et j'en suis très fière.
Cependant, c'est le genre de choses qui se produit à l'heure actuelle. Je me fais beaucoup de souci pour l'avenir. Il faut réduire l'arriéré. Apportons une véritable solution au problème au lieu d'avoir recours à des manoeuvres de relations publiques et de prendre des mesures superficielles juste pour dire qu'on a fait quelque chose, alors qu'en réalité on nuit à toutes sortes de personnes innocentes sans se préoccuper des répercussions sur ces dernières.
Il y a un autre problème dont je veux parler — et je sais qu'il en sera question dans l'annonce qui sera faite aujourd'hui — ce sont les obstacles financiers de plus en plus importants. Les divers frais à payer peuvent nous sembler dérisoires. Par exemple, si des gens font une demande de visa de résident temporaire et que leur demande est rejetée, il n'y a pas d'appel possible. Tout ce qu'ils reçoivent, c'est un formulaire, qui, souvent, en dit bien peu. Puis, ils doivent présenter une nouvelle demande et payer encore les frais. Quand je regarde les frais toujours plus élevés que nous demandons aux personnes qui veulent venir dans notre pays ou qui veulent faire venir des membres de leur famille, je me dis que nous devons faire attention de ne pas créer d'obstacles financiers inutiles.
Le dossier de l'immigration est un énorme dossier. L'immigration est la pierre angulaire de l'identité canadienne. Je lance un appel à mes collègues d'en face. Plutôt que d'improviser au fur et à mesure, en colmatant les brèches ici et là, en appuyant sur la touche « supprimer » ou en fermant des portes, j'estime qu'il est temps de prendre les mesures qui s'imposent lorsqu'il y a des abus, comme dans le cas du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Toutefois, prenons le temps, dans le cadre d'un débat parlementaire et d'échanges avec les Canadiens de tout le pays, de forger un système qui correspondra vraiment à ce que nous sommes.
La question des travailleurs étrangers temporaires n'est pas nouvelle. Je le sais parce que je l'ai souvent soulevée à la Chambre depuis que je suis porte-parole dans ce dossier. Or, deux cas importants ont attiré l'attention des Canadiens: l'affaire de la société HD Mining et l'affaire de RBC. Ce qu'il faut comprendre, c'est que le Programme des travailleurs étrangers temporaires — et en passant, que les choses soient bien claires: le NPD est en faveur d'un programme qui remédie aux véritables pénuries et aux besoins légitimes de main-d'oeuvre, mais il existe différentes façons d'y remédier. Nous sommes en faveur d'un programme qui réponde aux besoins temporaires pendant que les Canadiens acquièrent les compétences nécessaires, et qui y réponde lorsqu'il y de graves pénuries qui se produisent dans un secteur en particulier.
Par contre, nous ne sommes pas en faveur de la manipulation du Programme des travailleurs étrangers temporaires dont nous avons été témoins. Nous avons appris que, au lieu d'émettre des avis relatifs au marché du travail, on a souvent émis des avis relatifs au marché du travail accélérés — qui n'étaient destinés, en fait, qu'aux travailleurs très spécialisés —, souvent, sans la surveillance et les précautions appropriées.
Au lieu de prendre la peine de chercher des travailleurs canadiens et de solliciter des avis relatifs au marché du travail, les employeurs ont recours immédiatement au processus accéléré, qui leur permet de trouver illico des travailleurs.
En disant qu'on va payer ces travailleurs 15 % de moins, le gouvernement nivelle essentiellement par le bas, car, en plus de réduire le nombre d'emplois offerts aux Canadiens, on diminue le salaire des gens qui viennent faire le même travail au Canada.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'avoir la possibilité d'intervenir à ce sujet aujourd'hui. Dans ma circonscription, Vancouver-Centre, un nombre croissant d'électeurs cherchent à franchir cet énorme arriéré et ces affreuses règles. Le nombre d'électeurs dans cette situation a quadruplé dans ma circonscription. Il y a des gens qui viennent d'autres circonscriptions, où les représentants refusent de les rencontrer, de discuter des problèmes avec eux ou de les aider. Ma circonscription est le fourre-tout, c'est pourquoi je peux témoigner personnellement du nombre de personnes qui souffrent à cause de certains de ces problèmes.
Tous les députés parlent des visas de visiteur. Bien des gens viennent au pays pour rendre visite à leur famille, et ce sont généralement des parents ou des grands-parents. Souvent, ils veulent venir rapidement pour offrir leur aide lors d'une naissance. Par exemple, ils peuvent vouloir venir pour être près de leur fille lorsqu'elle accouchera, pour assister à des funérailles, ou encore pour être au chevet d'une personne gravement malade dont les chances de survie sont incertaines. Dans certaines situations de ce genre, le processus doit être rapide pour que les gens puissent venir à temps.
Des électeurs nous supplient de leur dire ce que nous pouvons faire pour les aider. Certaines personnes ont pu finalement venir bien après le décès de la personne ou la naissance d'un enfant. Pour des événements comme les funérailles et les mariages, il y a un problème. Nous avons tous une famille. La majorité d'entre nous fait partie d'un quelconque groupe familial, et nous savons à quel point ce genre d'événement compte pour nous.
Lorsque de jeunes couples viennent ici, ils sont souvent séparés de leur famille et se retrouvent dans un nouveau pays qui leur est étranger. Pour les filles qui donnent naissance à un enfant, ou qui vivent la dernière étape de leur grossesse, il est très important que leur mère ou leur grand-mère les accompagne. Les familles qui peuvent venir ici à temps offrent aux jeunes un appui psychologique. Nous savons que le fait d'être à son aise ou de savoir qu'on peut compter sur quelqu'un influence la capacité des gens à survivre à une maladie ou à d'autres situations. Nous savons à quel point il est important pour une jeune mère de pouvoir compter sur la présence de membres de sa famille lors de son accouchement, car en cette période angoissante où elle n'a aucune idée de ce qui l'attend, elle a besoin d'un appui à la fois culturel et physique.
C'est un problème qui existait il y a bien des années. Tout le monde savait que l'arriéré augmentait, et que le processus de traitement des visas s'allongeait de plus en plus. Cependant, il arrivait souvent qu'un ministre intervienne lorsqu'il apprenait que des gens devaient venir rapidement en raison d'un décès, d'une maladie grave, d'une naissance imminente, ou d'un autre événement qu'on ne pouvait pas remettre à plus tard. Le ministre donnait souvent ce genre d'autorisation. Dans bien des cas, un visa de visiteur pouvait être accordé grâce à l'intervention directe d'un ministre qui n'écoutait pas que son propre parti.
Les députés savent tous qu'ils se sont déjà adressés à des ministres. Je ne parle pas seulement de l'ancien gouvernement libéral, mais aussi du gouvernement du premier ministre Mulroney qui l'a précédé. Ces gouvernements comprenaient la condition humaine.
Le gouvernement actuel agit rapidement s'il croit qu'il y a un problème, mais il le fait sans réfléchir. Il ne s'arrête pas aux résultats ou aux conséquences imprévues. Il intervient en appliquant une solution simpliste. Nous en avons déjà été témoins.
En ce qui a trait à l'arriéré, le ministre a émis ses directives ministérielles nos 1, 2 et 3, mais la situation a empiré. Dans le cas du Programme des travailleurs qualifiés, il y a un arriéré parce que le ministre a mis en oeuvre une brillante initiative, ou plutôt, une initiative prétendument brillante. Aujourd'hui, il y a un arriéré de 140 000 demandes.
Bien entendu, pour résoudre rapidement un problème auquel on n'a pas pris le temps de réfléchir au départ, il n'y a qu'à le faire disparaître pour s'en débarrasser. On voulait appliquer une solution miracle, une panacée.
Toutefois, la panacée a empiré les choses. Que faire avec l'arriéré de 140 000 travailleurs qualifiés? La solution consiste à l'éliminer en disant aux gens qu'ils ne peuvent pas venir au pays. En éliminant les demandes, on fait disparaître le problème.
C'est comme jouer à la cachette avec un petit enfant. L'enfant croit que, s'il ne me voit pas, je ne le vois pas. Il s'imagine que, s'il ne prête pas attention à quelque chose ou fait semblant que ce n'est pas là, la chose en question disparaîtra. Bref, que le ministre fera disparaître le problème d'un coup de baguette magique.
Voilà ce que nous observons. Il n'y a pas que le Programme des travailleurs qualifiés ou celui pour l'obtention en temps opportun d'un visa de séjour permettant d'assister à des événements familiaux importants qui affichent des retards. Je ne parle pas d'une visite à l'occasion d'une fête, mais d'événements familiaux importants. Quoiqu'un visa de séjour permettant de passer du temps avec sa famille à l'occasion d'une fête et de dépenser un peu d'argent au pays soit une bonne chose. Le tourisme est toutefois fortement en baisse, car les gens ne peuvent plus venir ici pour faire des activités et dépenser leur argent. Un pays comme le Canada a besoin de touristes, mais c'est un autre problème sur lequel je ne m'attarderai pas.
Je voulais parler de cette solution de fortune qui a causé certains des problèmes dont nous discutons aujourd'hui.
Le ministre a décidé qu'il avait toutes les réponses et qu'il n'avait qu'à appliquer tout de suite ses solutions, sans consulter personne. Quand je dis « consulter », je ne veux pas dire consulter les gens qu'il connaît et qui sont d'emblée favorables aux mesures du ministre. Consulter largement les Canadiens est une tradition que les ministres de l'Immigration respectaient autrefois. Ils prenaient le temps de s'asseoir et d'écouter en silence ce que les gens avaient à leur dire. Ils prenaient connaissance des idées créatives pour résoudre certains problèmes d'arriérés dans le traitement des demandes d'immigration et des problèmes comme ceux des travailleurs étrangers qualifiés et des travailleurs étrangers temporaires. Ils écoutaient et ils essayaient d'améliorer la situation, car parfois, ce sont les provinces et les collectivités locales qui ont les réponses. Les gens avaient des façons de trouver des réponses à certains problèmes.
Mais ce n'est plus ce qui se passe.
Le ministre sait déjà quoi faire. Le ministre sait toujours quoi faire, mais nous n'apprécions pas que, pour résorber un arriéré, le ministre en crée un plus gros. Puis, pour que le problème disparaisse vraiment qu'il décide de rejeter toutes les demandes dans l'arriéré. Autrement dit, en se fermant les yeux et en disant non, il a cru que le problème disparaîtrait.
Nous avons observé tant et plus cette attitude. Nous l'avons vue dans le cas du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Ce programme existait depuis très longtemps et avait deux objectifs.
Premièrement, il permettait à un employeur dont les recherches parmi la main-d'oeuvre canadienne avaient été infructueuses de trouver un travailleur possédant les compétences, les capacités ou les connaissances voulues pour occuper un poste. C'était ainsi qu'on pouvait faire venir un travailleur étranger temporaire. Sinon, c'était pour pourvoir les emplois dont les Canadiens ne voulaient pas ou qui demeuraient vacants pour d'autres raisons.
Par conséquent, le Programme des travailleurs étrangers temporaires permettait de faire venir des gens pour occuper des emplois, ce qu'ils faisaient bel et bien. Toutefois, ils avaient le droit de rester. Après un certain temps, on s'est aperçu que les travailleurs étrangers temporaires faisaient la navette entre leur pays d'origine et le Canada, pour occuper un emploi saisonnier en agriculture ou dans un autre secteur. Par exemple, dans le secteur de la construction à Vancouver, en 2010, il fallait réaliser le système de transport en commun rapide entre l'aéroport de Vancouver et le centre-ville. Alors, nous avons fait venir des travailleurs du Costa Rica et d'autres endroits parce qu'ils étaient capables de faire le travail. Nous ne disposions même pas des compétences nécessaires pour utiliser la machinerie, alors qu'eux en étaient capables.
Bref, nous avons besoin de ces gens, et c'est très bien ainsi. Alors agissons en conséquence.
Mais faisons en sorte que les règles soient les mêmes pour tout le monde, par contre. J'ai entendu le ministre dire, pendant la période des questions, qu'on ne pouvait pas dépasser 15 %. Or, c'est beaucoup d'argent, 15 %. Surtout qu'à Vancouver, pendant la construction du réseau de transport rapide en prévision de 2010, certains travailleurs gagnaient la moitié moins que certains autres, même à compétences égales.
Le gouvernement refuse de voir la réalité en face. Voilà qu'il prend un programme qui fonctionne bien depuis belle lurette et qu'il décide qu'il doit trouver un meilleur moyen de combler la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée parce que l'arriéré est trop important et qu'il n'a rien fait pour aider les travailleurs qualifiés qui viennent s'installer ici à trouver un emploi à la hauteur de leurs compétences. Imaginons le nombre incalculable de travailleurs qualifiés sur qui nous pourrions compter. Nous avons tous entendu parler des médecins qui conduisent un taxi ou des neurochirurgiens qui se retrouvent aux commandes d'une pelle mécanique sur un quelconque chantier de construction, quelque part.
Le ministre refuse de s'inspirer de ce que les autres ont fait avant lui. C'est étonnant, car généralement, les gouvernement ont tendance à récupérer les bons coups de ceux qu'ils remplacent; à les récupérer, à créer quelque chose de nouveau, mais pas à tout démolir. Or, le gouvernement actuel semble bel et bien déterminé à détruire tout ce qui lui est antérieur.
Un jour, le ministre a décidé qu'on avait besoin de beaucoup de travailleurs temporaires. La a donc rencontré les entreprises et leur a dit que, si elles avaient besoin de main-d'oeuvre, elles pourraient payer ces gens 15 % de moins que les autres, sans même avoir à justifier quoi que ce soit auprès du gouvernement, contrairement à ce qu'on leur demandait jusque-là. En effet, auparavant, les entreprises devaient démontrer qu'aucun Canadien ne pouvait occuper les emplois restés vacants. Elles devaient prouver qu'elles avaient rempli des demandes, qu'elles avaient annoncé les postes à combler et qu'ou bien elles n'avaient trouvé personne possédant les compétences recherchées, ou bien personne ne voulait occuper les postes en question. C'est ici qu'entraient en scène les travailleurs étrangers temporaires.
La et le sont intervenus tous les deux, et voilà le gâchis: les entreprises font venir des travailleurs étrangers temporaires parce qu'elles peuvent les payer moins cher, et les Canadiens sont retrouvent privés d'emplois pour lesquels ils seraient qualifiés et qu'ils seraient disposés à accepter.
Le gouvernement a créé un problème avec le Programme des travailleurs étrangers temporaires, à l'instar du ministre qui avait créé un problème avec l'arriéré de 140 000 demandes présentées au titre du Programme des travailleurs qualifiés et qui a ensuite prétendu que la seule façon de le régler, c'était de l'annuler d'un trait de crayon. Il a créé un énorme gâchis et lorsque les gens ont commencé à vociférer, il s'est présenté en sauveur, tel un chevalier dans son armure rutilante, en prétendant qu'il allait régler le problème qu'il avait créé.
Je trouverais l'incompétence du gouvernement amusante si certaines mesures qu'il prend ne me désespéraient pas autant. C'est un exemple d'incompétence totale. Il veut donner l'impression qu'il sait ce qu'il fait. Or, il fait preuve d'omnipotence. Il crée un problème, puis lorsque ce problème lui explose en pleine figure, il prétend qu'il vient tout juste de le régler en revenant à ce qui existait auparavant.
Nous avons entendu parler du premier programme de travailleurs étrangers temporaires. Qui l'a modifié? C'est le gouvernement conservateur. Maintenant il rétablit le programme qui portait ses fruits. C'est un tel gaspillage de temps. C'est un gaspillage non seulement de temps, mais de ressources humaines et de gens qui essaient de venir au Canada. Ces gens espèrent pouvoir obtenir un travail. Ils espèrent pouvoir travailler au Canada pendant trois ans comme travailleur étranger temporaire, apprendre la langue, acquérir des compétences et s'habituer à l'environnement de travail au Canada. Ensuite, ils peuvent présenter une demande d'immigration au Canada. Ils peuvent présenter une demande de résidence permanente, faire immigrer leur famille et contribuer à édifier un pays.
Nous parlons uniquement des travailleurs. Le gouvernement a transformé le programme d'immigration en programme réservé à la main d'oeuvre. Actuellement, les grands-parents et les parents doivent attendre deux ans avant d'être réunis avec leur famille. La réunification des familles joue un rôle clé dans la fondation d'une famille et l'édification d'un pays.
À une certaine époque, nous percevions les immigrants, et même les réfugiés, comme des gens qui venaient chercher ici des choses que nous étions fiers de leur offrir, comme des possibilités économiques et la chance de fuir un pays où ils étaient victimes de mauvais traitements ou de discrimination. Le Canada est même allé plus loin que les Nations Unies en établissant ses propres règles concernant les réfugiés afin de pouvoir accepter des femmes susceptibles d'êtres victimes de discrimination dans leur pays et des réfugiés ne faisant pas partie des catégories habituelles, parce que nous comprenions le besoin de ces personnes de venir s'établir ici pour y bâtir une nouvelle vie.
C'est intéressant. Beaucoup d'entre nous sommes venus au Canada comme immigrants. Dès que nous sommes arrivés ici, nous nous sommes établis; nous avons commencé à avoir des familles et à faire venir nos parents et grands-parents; et nous avons commencé à avoir une famille élargie dont les membres sont nés ici et que nous apprécions pour la plupart. Les immigrants ont besoin d'une famille élargie.
Nous avons décidé de nous établir dans ce pays et, pour cette raison, ce qui se passe au Canada nous tient à coeur. Ce qui est bon pour le pays est bon pour nous et notre famille, et vice-versa. C'est pourquoi nous travaillons ensemble pour bâtir un meilleur pays et une meilleure nation.
C'était l'objectif visé par l'immigration à l'époque, mais ce ne l'est plus. Les gens ne semblent plus penser à unir les familles. C'est comme si les députés de ce côté de la Chambre sont déconnectés de la réalité. Ils sont déconnectés de la réalité des citoyens et des Canadiens ordinaires, et ils ne sont pas conscients des souffrances qu'ils vivent.
Dans un grand nombre de familles qui immigrent au Canada, les deux conjoints travaillent. Ils ont deux emplois, et ils tentent de joindre les deux bouts. Ils tentent de bâtir quelque chose. Nous voyons le succès que le Canada a obtenu à cet égard.
Quant aux immigrants de la deuxième génération, ils sont devenus tout à coup riches, ont joué un rôle dans notre pays, ont créé des emplois, ont bâti notre nation et l'ont renforcée, se sont intégrés à la vie économique, sociale, politique et culturelle du Canada, sont devenus des créateurs, des acteurs, des écrivains ou des gens d'affaires, ont entretenu des liens familiaux solides et fait en sorte que les membres de leur famille et leurs enfants soient de bons citoyens.
Nous étions fiers de cette situation; nous figurions au premier rang mondial. S'il en était ainsi, c'est non seulement parce que les gens venaient au pays et s'y établissaient en sachant qu'ils pouvaient dire qu'ils étaient au Canada et qu'ils pouvaient devenir Canadiens, mais aussi parce qu'on leur disait qu'ils pouvaient aussi être fiers de leurs origines, de leur langue, de leur culture et de leurs racines, et qu'en fait, tout cela était une source d'enrichissement pour notre pays.
Lorsque j'étais ministre du Multiculturalisme, en 1997, nous avons commandé une étude sur l'apport des immigrants à notre pays et sur leur intégration. Nous avons constaté que puisque nous encouragions les immigrants à venir ici et à maintenir leur sentiment d'appartenance à l'égard de leur pays d'origine, tout en devenant de véritables Canadiens respectueux des lois et des valeurs du Canada, nous disposions tout à coup d'un avantage très important en tant que pays commerçant.
Le Conference Board nous a montré cet avantage en 1997. En tant que pays commerçant, 45 % de notre produit intérieur brut repose sur les échanges commerciaux. Nous avons pu établir des liens avec les pays d'origine des immigrants qui comprennent la langue, la culture et le marché de ces pays. Nous avons pu faire des échanges commerciaux avec d'autres pays de façon sensée.
C'est ainsi que le Canada a pu s'ouvrir à la Chine. C'est pour cette raison que nous faisons autant d'échanges commerciaux avec l'Inde. C'est pour cette raison que des gens d'autres pays viennent ici et nous aident à accroître nos échanges commerciaux. Dès que le rapport a été publié, le premier ministre d'alors, M. Chrétien, a entrepris ses missions commerciales, amenant avec lui des immigrants de la première et de la deuxième générations afin de tenter d'établir de nouveaux liens commerciaux.
C'était là l'objectif de l'immigration. Cette idée est chose du passé. Maintenant, si nous acceptons des immigrants, c'est pour les utiliser et nous en débarrasser ensuite lorsque nous n'avons plus besoin d'eux. L'idée d'édifier une nation ne revêt aujourd'hui plus la même importance. En fait, on se moque de cette idée. On y voit même un certain ridicule.
Les jeunes couples qui travaillent d'arrache-pied voudront faire venir leurs grands-parents. Ils n'ont pas les moyens de mettre sur pied un programme national de garde d'enfants. Pour pouvoir travailler et contribuer à l'économie, ils ont besoin que leur mère ou leur grand-mère reste à la maison et s'occupe des enfants.
Il est important de comprendre comment tous ces éléments sont interreliés, comment ils s'intègrent les uns aux autres jusqu'à tisser une société, qu'elle soit productive ou non sur le plan économique. Le gouvernement actuel ne semble pas le comprendre.
Le gouvernement se contente d'intervenir, comme il l'a fait dans le cas de l'arriéré des demandes, quand il n'a fait qu'aggraver les choses. Le gouvernement continue de causer des problèmes parce qu'il ne comprend pas vraiment la situation et que, lorsqu'il s'agit de consulter des gens et de chercher des solutions, il est incapable de s'adresser à une grande variété de Canadiens et préfère s'en tenir aux collègues et amis qui sont déjà de son avis.
Si nous nous contentons de parler entre nous, nous n'arriverons jamais à encourager la créativité et l'innovation, nous ne trouverons jamais de solutions aux problèmes qui nous embêtent. Le gouvernement ne semble pas le comprendre. Il continue de prendre des décisions dans sa bulle. Il continue de prendre des décisions qui ne font qu'empirer les choses.
Et ensuite, quand le problème nous éclate au visage et que la population prend soudainement conscience de la situation, on voit les ministres se démener et s'empresser de revenir aux anciennes méthodes pour pouvoir dire qu'ils ont réglé le problème. C'est ridicule. C'est risible. On y voit bien toute l'incompétence du gouvernement. Il mise sur la propagande, les petites phrases percutantes, les réponses lues pendant la période des questions, mais il ne semble pas comprendre toute la complexité de la situation.
Toutes ces histoires d'arriérés des demandes et de travailleurs étrangers temporaires ne sont qu'un petit exemple, mais il explique pourquoi beaucoup de gens ne reconnaissent plus ce qu'est devenu le Canada. C'est un message que j'entends chaque jour, pas seulement dans ma circonscription, mais partout au pays.
Les Canadiens, qu'ils soient nés ici ou immigrants, jeunes ou vieux, disent tous qu'ils ne reconnaissent plus le Canada. Ils ne savent plus qui nous sommes, ni ce que nous faisons. Et ils tiennent désespérément à retrouver leur ancien Canada.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole au sujet de la motion d'adoption. En tant que membre du Comité de la citoyenneté et de l'immigration, j'ai participé à toutes les séances de l'étude sur l'arriéré de notre système d'immigration. C'est un problème qui a débuté sous le gouvernement libéral et que le gouvernement conservateur actuel n'a pas su régler adéquatement. Aujourd'hui, l'arriéré a franchi le cap du million de demandes d'immigration. Il s'agit d'une hausse de 250 000 demandes par rapport à 2006.
Les arriérés laissent les familles dans une situation d'incertitude constante. En tant que députée de Scarborough—Rouge River, j'ai parlé à de nombreuses familles qui attendent depuis des années que leurs parents et leurs grands-parents les rejoignent au Canada. Cela fait des années qu'elles attendent d'être réunies.
Le Canada est un pays qui a été bâti grâce à l'immigration. Bien des députés, moi y compris, ont bénéficié des politiques qui ont incité des familles à venir s'établir au Canada. Mon père est arrivé le premier, puis il a parrainé ma mère et mes trois soeurs. Ce sont les politiques d'immigration du Canada qui ont permis la réunification de notre famille.
Il est honteux que l'arriéré et les iniquités qui minent actuellement notre système d'immigration fassent en sorte que les familles attendent trop longtemps avant d'être réunies. Il faut investir dans des ressources qui permettraient de régler l'arriéré et les iniquités. Il faut inciter les gens à venir au Canada, à rejoindre leur famille, à aider à bâtir nos collectivités et à faire croître notre économie, et plus particulièrement les économies locales.
Le Canada a besoin de l'immigration pour l'aider à bâtir et soutenir son économie. On constate toutefois une hausse marquée du nombre de travailleurs étrangers temporaires, des travailleurs qui viennent au Canada seuls, sans leur famille, qui renvoient dans leur pays d'origine l'argent qu'ils gagnent ici, et qui quittent ensuite le Canada à la fin de leur contrat. Nous disons à ces travailleurs qu'ils sont assez bons pour venir travailler au Canada, mais pas assez bons pour venir y vivre. Il y a aussi tous ces gens, la crème de la crème dans leur pays d'origine, qui ont été invités à venir au Canada en tant que résidents permanents. Ils ont de la difficulté à trouver un emploi, probablement parce que le gouvernement aimer bien combler les postes disponibles avec des travailleurs étrangers temporaires. Nous disons à ces gens qui sont venus au Canada pour devenir des résidents permanents qu'ils sont assez bons pour venir y vivre, mais pas assez bons pour y travailler.
La réponse du gouvernement et ses idées en matière d'immigration posent clairement problème. Dans ce dossier, le gouvernement souffre manifestement d'un trouble de la personnalité double. Il n'accorde plus la priorité aux demandes de résidence permanente; dorénavant, il s'occupe d'abord et avant tout du programme des travailleurs étrangers temporaires. Cela signifie que les demandeurs qui appartiennent à la catégorie de la famille doivent se battre pour obtenir leur part des ressources très limitées qui sont affectées au traitement des demandes. C'est ce que nous ont dit les représentants de Citoyenneté et Immigration Canada qui ont témoigné devant notre comité.
Ce nouvel ordre de priorité n'aide certainement pas à réduire l'arriéré de cas au Canada. C'est plutôt l'inverse qui se produit. Nous devons éliminer les inégalités dans le système et mettre en place une approche innovatrice, équilibrée et équitable afin d'éliminer l'arriéré. Au nombre des mesures possibles, mentionnons la hausse du niveau global d'immigration, de telle sorte que le Canada accepte un nombre d'immigrants équivalant à 1 % de sa population.
Dans le rapport publié par le Comité de la citoyenneté et de l'immigration, on signale que l'arriéré compte plus d'un million de demandes et que les temps d'attente ont atteint des niveaux totalement inacceptables. En moyenne, les parrains doivent attendre de 10 à 13 ans avant qu'un parent ou un grand-parent soit autorisé à se joindre à leur famille au Canada. Malheureusement, dans le cas de nombreuses familles de Scarborough que j'essaie d'aider, les grands-parents décèdent avant d'avoir la possibilité de venir au Canada pour rencontrer leurs petits-enfants. C'est triste à dire, mais notre système d'immigration laisse tomber de nombreux Canadiens qui essaient simplement de réunir leur famille.
Cela signifie aussi que les employeurs qui cherchent à attirer des travailleurs spécialisés doivent souvent attendre entre quatre et sept ans. Nous savons aussi qu'avec l'évolution des tendances et des besoins du marché du travail, si un employeur doit attendre de quatre à sept ans le travailleur qu'il parraine pour combler un poste vacant, il ne sera probablement plus en affaires quand celui-ci pourra se joindre à son personnel.
Des aides familiaux résidants qui souhaitent faire venir leur conjoint et leurs enfants doivent attendre en moyenne cinq ans après avoir rempli leurs obligations dans le cadre de ce programme.
Nous avons entendu parler des demandes de conjoints. Au comité, nous avons entendu le ministre et des fonctionnaires de Citoyenneté et Immigration Canada dire que c'est la catégorie de parrainage qui passe en premier. L'objectif visé, pour le délai de traitement, est de 12 mois en tout. Malheureusement, il faut plus de deux ans pour traiter une demande de conjoint, selon le pays. Cette situation présente un sérieux problème pour l'intégrité du système d'immigration au Canada. Des familles demeurent séparées. Des employeurs sont mécontents. De façon générale, c'est l'économie canadienne qui continue d'en pâtir.
J'aimerais parler de quelques tendances nouvelles de la main-d'oeuvre au Canada. Les données que je vais présenter sont tirées d'une étude de Statistique Canada réalisée par Laurent Martel, Éric Caron Malenfant, Jean-Dominique Morency, André Lebel, Alain Bélanger et Nicolas Bastien et intitulée La population active canadienne: tendances projetées à l'horizon 2031.
Selon les auteurs, en 2010, la population active du Canada s'établissait à 18,5 millions de personnes. Elle pourrait atteindre entre 20,5 et 22.5 millions de personnes en 2031.
La population totale âgée de 15 ans et plus, qui représente le taux global d'activité, diminuera. Les auteurs indiquent que la part de la population active qu'elle représente devrait diminuer. De 67 % en 2010, le taux global d'activité pourrait chuter pour se situer entre 59,7 % et 62,6 % en 2031, soit un niveau observé pour la dernière fois dans les années 1970.
En outre, les auteurs prévoient une augmentation du nombre de personnes actives de 55 ou plus. En 2001, environ 10 % de la population active avait 55 ans ou plus. En 2010, c'était 17 %. D'ici 2021, ce sera environ 24 %. Une personne sur quatre aura 55 ou plus. Nous savons qu'à la suite des modifications apportées à l'âge de l'admissibilité aux prestations de la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti, un grand nombre de personnes âgées qui auraient pris leur retraite... Au moment où le rapport a été rédigé, cette mesure législative n'était pas entrée en vigueur. Les auteurs ont donc fait leur analyse en fonction d'une participation au marché du travail jusqu'à 65 ans plutôt que jusqu'à 67 ans. Les chiffres changeront et c'est plus que 24 % de la population active qui aura entre 55 et 67 ans d'ici 2021.
De plus, les auteurs s'attendent à ce que, d'ici 2031, il y ait moins de trois personnes sur le marché du travail pour chaque personne de 65 ans ou plus qui n'est pas sur le marché du travail. Ces chiffres devront être ajustés pour tenir compte du fait que l'âge de la retraite est passé à 67 ans. Cette proportion était à près de cinq pour un en 2010. Ces changements montrent que la demande de travailleurs augmentera. Les postes vacants ne seront pas pourvus par nos enfants. Seuls des immigrants pourront les combler.
Au comité, Statistique Canada a mentionné que, selon les projections de Citoyenneté et Immigration Canada, dans un délai de cinq ans, soit 60 mois, après la rédaction du rapport, l'immigration comblerait la totalité des besoins découlant de la croissance du marché du travail au Canada.
Par conséquent, la croissance du marché du travail sera entièrement comblée par l'immigration. Pour ce faire, il faut éliminer l'arriéré des demandes d'immigration et traiter rapidement les demandes. Ainsi, nous préserverons notre réputation en tant que pays qui accueille des immigrants et nous veillerons à ce que le Canada demeure une option viable pour ces immigrants, tant dans la catégorie des travailleurs qualifiés que dans celle de la réunification des familles, qui viennent ici pour bâtir notre pays.
Chaque année, le Canada reçoit un nombre de demandes supérieur au nombre d'immigrants que le gouvernement choisit d'accueillir au pays. C'est ce que nous ont dit, au comité, les représentants de Citoyenneté et Immigration, dont je vais citer les propos:
CIC s’efforce de traiter les demandes le plus rapidement possible. Cependant, il est toujours difficile pour CIC de répondre aux objectifs de la LIPR simultanément. Chaque année, nous recevons plus de demandes que nous pouvons en traiter, ce qui entraîne un important arriéré de cas dans de nombreuses catégories, ce qui à son tour entraîne des délais d’attente prolongés pour les demandeurs.
Même les représentants de CIC savent que les demandeurs attendent beaucoup trop longtemps.
Les chiffres présentés au comité révèlent que même si le nombre de visas délivrés annuellement n'augmentait que modestement, cela contribuerait grandement à réduire les arriérés. M. Marc Audet, de Desjardins Trust Inc., a fourni au comité des données statistiques de CIC qui montrent que, si l'on avait augmenté de 10 % le nombre de visas émis annuellement au cours des cinq dernières années, l'arriéré aurait complètement cessé de croître. Toute augmentation supérieure à 10 % permettrait de commencer à éliminer l'arriéré. Le ministre et CIC le savent car c'est un témoin qui l'a déclaré comité.
Cependant, la question qui se pose est de savoir si l'augmentation du nombre de visas canadiens délivrés annuellement est justifiée et souhaitable sur le plan social et économique. Les données disponibles indiquent largement qu'une augmentation prudente et graduelle des niveaux d'immigration réglerait l'arriéré, et qu'elle est essentielle compte tenu des tendances de notre marché du travail. Comme je l'ai dit plus tôt, nous devons tenir compte de l'évolution des tendances du marché du travail.
Je me reporte encore une fois à l’étude que j’ai mentionnée tout à l’heure et qui dit que, dans la population active, la proportion de personnes nées à l’étranger était de 18,5 % en 1991, qu’elle est passée à 21,2 % en 2006, et qu’elle sera de 33 % d’ici à 2031 si nous maintenons les niveaux d’immigration actuels. Mais nous savons que les niveaux actuels ne suffiront pas à combler tous les postes qui seront disponibles. Les auteurs de l’étude concluent donc ceci: « Si une immigration soutenue [...] ne pourrait ni empêcher le taux global d’activité de décroître, ni atténuer le vieillissement de la population active, elle présenterait toutefois l’avantage de contribuer significativement au maintien de la croissance de cette population, tout en comblant certains besoins spécifiques en main d’œuvre. »
Les spécialistes qui ont réalisé cette étude affirment également qu’une augmentation des niveaux d’immigration aiderait à répondre aux besoins de main-d’œuvre du Canada. Ils ajoutent que, pendant les deux prochaines décennies, la taille et la croissance de la population active vont dépendre de deux facteurs: l’immigration et la natalité.
Comme nous le savons, les taux de natalité au Canada diminuent régulièrement. L’étude montre que, si le Canada n’accueillait aucun immigrant pendant les deux prochaines décennies, la population active commencerait à diminuer à partir de 2017 — c’est dans quelques années à peine — et qu’en 2031, elle ne compterait plus que 17,8 millions de personnes. En revanche, si nous maintenons les niveaux actuels, notre population active passera, si je me souviens bien, à environ 33 millions de personnes d’ici à 2031, toujours selon les auteurs de l’étude.
Encore une fois, l’augmentation des niveaux d’immigration est la solution qui a été proposée par un grand nombre de témoins qui ont comparu devant notre comité et par des spécialistes des statistiques et des tendances du marché de l’emploi. Des représentants du secteur privé ont eux aussi parlé, dans leurs témoignages devant le comité, des graves pénuries de travailleurs que connaît et connaîtra le Canada.
L’Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires a dit devant le comité que ses membres auraient 142 000 emplois vacants en 2025.
L’Association canadienne des producteurs pétroliers et un grand nombre de syndicats affiliés de la construction ont dit publiquement qu’ils dépendaient des travailleurs étrangers temporaires à cause de la pénurie d’immigrants permanents et de Canadiens qualifiés.
Nous devons cesser d’investir dans les travailleurs étrangers temporaires; nous devons privilégier la formation des Canadiens afin qu’ils aient les qualifications requises pour répondre aux besoins du marché du travail, et nous devons faire venir non pas des travailleurs étrangers temporaires mais bien des immigrants permanents.
Les néo démocrates ont dénoncé âprement bon nombre des changements injustes qui ont été apportés à notre système d’immigration au cours des douze derniers mois. Nous savons que, pour éliminer l’arriéré, le ministre a tout simplement décidé d’appuyer sur le bouton « supprimer ». Le ministre a approuvé la suppression de 280 000 demandes de la filière immigrants permanents. C’est absolument injuste pour ceux qui attendaient patiemment. On leur répétait constamment qu’il fallait attendre, respecter les règles, et que le moment voulu, leur demande serait traitée.
Mais il en a été décidé autrement. Toutes les demandes déposées avant février 2007 ont été tout simplement supprimées; leurs auteurs ont été informés qu’ils pouvaient se faire rembourser, et que s’ils étaient toujours intéressés à immigrer au Canada, ils devaient refaire une demande.
C'est totalement injuste pour ceux qui ont présenté une demande à temps et qui ont attendu patiemment. Ils ont attendu que cet important arriéré soit traité. Ils ont attendu longtemps pour pouvoir venir au Canada. Aujourd'hui, les proches de ceux dont la demande a été supprimée m'écrivent pour demander justice.
Où est la justice dans ce programme et dans les modifications que l'actuel gouvernement et l'actuel ministre ont apportées au programme d'immigration. Je ne sais pas où elle est.
J'aimerais parler brièvement de l'importance des parents et des grands-parents. Actuellement, 150 000 demandes de parrainage de parents et de grands-parents sont en attente d'être traitées. Or, au lieu de s'engager à trouver une solution créative et équilibrée pour traiter l'arriéré, les conservateurs ont, bien sûr, recours à leur stratégie habituelle: des coupes. Ils ont imposé un gel sur les demandes de parrainage de parents et de grands-parents. En fait, nous craignons que leur gel temporaire visant les demandes de parrainage de parents et de grands-parents se solde par l'imposition de quotas permanents, ce qui signifierait que trop de jeunes enfants au Canada, trop de jeunes Canadiens, n'auront pas la chance de connaître leurs grands-parents.
J'ai eu de la chance. J'ai pu rencontrer mes grands-parents au Canada. Malheureusement, je n'ai pas eu la chance de rencontrer tous mes grands-parents, car mon grand-père paternel est décédé avant d'avoir pu nous rendre visite au Canada. J'ai cependant eu le plaisir et le privilège de connaître mes grands-parents maternels et ma grand-mère paternelle qui vivaient avec nous, qui m'ont appris des choses et m'ont transmis leur culture. Ils m'ont aidée à comprendre qui je suis et à connaître mes racines. Ma grand-mère m'a appris à cuisiner. Ce sont mes grands-parents qui m'ont appris ces choses simples de la vie et qui m'ont transmis les principes et les valeurs d'une famille solide et unie.
Malheureusement, trop d'enfants canadiens n'auront pas le privilège de connaître leurs grands-parents si le gouvernement continue à mettre un frein aux demandes de parrainage de parents et de grands-parents.
Mon bureau de circonscription de , travaille depuis décembre 2006 sur une demande de parrainage de la catégorie du regroupement familial. La demande est bloquée depuis une éternité à l'étape des examens médicaux et de la vérification des antécédents. Le parrain essaie de faire venir sa mère au Canada, car il souhaite qu'elle passe les dernières années de sa vie avec lui et ses enfants. Elle est très âgée et elle a besoin de l'aide de sa famille à cette étape avancée de sa vie.
Cela fait maintenant sept ans que j'aide à accélérer le processus pour que les petits-enfants de cette femme puissent passer du temps avec leur grand-mère, mais nous n'avons pas encore réussi. Le traitement du dossier est enlisé dans les tracasseries administratives.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole au sujet du deuxième rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, présenté le mardi 6 mars 2012.
Suivant le leadership du député de , porte-parole en matière d'immigration, les députés de notre parti ont exprimé de vives inquiétudes quant à la façon dont le gouvernement aborde les questions liées à l'immigration. Il semble y avoir un incroyable manque de vision par rapport à la contribution importante de l'immigration du passé, du présent et de l'avenir pour l'économie et la diversité culturelle au pays.
On croirait assister à une marchandisation des immigrants, assimilable à l'utilisation de gadgets Web, comme l'a indiqué le député de , lorsque certains conservateurs parlent des immigrants qui nous sont livrés juste à temps. Les conservateurs décrivent l'immigration comme on décrirait un protocole de fabrication. À bien des égards, cela ne tient pas compte de l'importance incroyable des diverses communautés culturelles au pays, ni de la contribution que ces bâtisseurs de notre nation ont apportée à l'économie, au pays et aux régions.
Il est très important que les députés des deux côtés de la Chambre et de tous les partis fassent preuve de leadership dans le dossier de l'immigration. De bonnes politiques responsables reposent en partie sur la pédagogie, qui nous permet de modifier la perception des gens.
Divers mythes et perceptions ont cours à propos de l'immigration, et je crois qu'en tant que députés et leaders d'opinion, non seulement au Parlement, mais aussi dans nos collectivités, il nous incombe de les remettre en question. L'un de ces mythes, c'est que les immigrants qui arrivent au pays volent toujours les emplois des Canadiens. Je l'ai constaté lors de la dernière campagne électorale. Je représente une circonscription rurale de la Nouvelle-Écosse, le comté d'Hants dans la vallée de l'Annapolis.
À mon avis, ce qu'il faut faire, non seulement dans les villes, mais aussi dans les régions rurales et les villages du Canada, c'est attirer plus de néo-Canadiens et veiller à ce qu'ils demeurent sur place. Au cours de la dernière campagne électorale, lorsque j'ai demandé comme nous pouvions assurer la croissance et créer des débouchés dans la circonscription de Kings—Hants et les régions rurales de la Nouvelle-Écosse, parfois lors de réunions réunissant tous les candidats, j'ai souvent parlé du potentiel de l'immigration. Des gens m'ont alors demandé si ces immigrants ne viendraient pas seulement ici pour leur voler leur emploi.
Lorsque j'ai discuté avec les gens, je me suis rendu compte que beaucoup d'entre eux avaient l'impression qu'il s'agissait d'un jeu à somme nulle. J'ai fait quelques recherches sur le sujet. En fait, le Chronicle Herald, le journal provincial de la Nouvelle-Écosse, a effectué un sondage en ligne auprès de ses lecteurs il y a quelques années. Ces derniers devaient entre autres dire s'ils appuieraient des programmes destinés à attirer plus de néo-Canadiens en Nouvelle-Écosse et à veiller à ce qu'ils demeurent sur place. Ce n'était pas un sondage scientifique, mais bien un sondage effectué en ligne par le journal. Au total, 65 % des répondants ont dit qu'ils n'appuieraient pas de tels programmes. J'ai lu certains commentaires. Les gens se demandaient pourquoi ils aideraient des néo-Canadiens à venir ici alors que nous ne pouvons même pas garantir un emploi à nos jeunes, qui s'en vont ailleurs au pays parce qu'il n'y a pas suffisamment d'emplois pour eux.
Je réfute cette idée fausse lorsque je discute avec des gens de ma circonscription et d'ailleurs, car lorsque je pense aux néo-Canadiens qui sont venus en Nouvelle-Écosse, je pense à des gens qui non seulement ont réussi à créer leur propre emploi, mais qui sont aussi parvenus à créer des emplois pour d'autres Néo-Écossais. Je pense à des gens comme Pete Luckett, Hanspeter Stutz et Doris Hagmann. Je pense aussi à Joe Rafih, à Basim Halef, à Fred George et à Wadih Fares. Ces gens sont arrivés en Nouvelle-Écosse les mains vides.
Ne perdons pas de vue ce qui fait un entrepreneur. C'est une personne qui prend des risques. Il faut prendre beaucoup de risques pour réussir. Dès que les gens quittent leur pays et choisissent de s'établir au Canada, ils démontrent qu'ils ont des qualités d'entrepreneur. Ils misent gros.
On ne devrait pas s'étonner que ces gens venus d'ailleurs figurent parmi les entrepreneurs les plus formidables de notre province, de notre région et du pays, car, en prenant la décision de s'établir ici, ils ont jeté les dés. Ils ont pris le risque. Ils se sont comportés en entrepreneurs qui prennent un risque et misent tout sur leur projet d'immigration au Canada. Ils figurent parmi les Canadiens les plus spéciaux, à bien des égards.
Mes ancêtres se sont établis au Canada, dans le comté de Hants, vers la fin du XVIIIe siècle. Ma famille a la chance d'être ici depuis longtemps. Je suis né dans un pays magnifique, dans une région splendide de la Nouvelle-Écosse et j'ai grandi dans le village de Cheverie. Je n'ai pas eu besoin de prendre des risques pour avoir ce privilège. Nous le tenons pour acquis. Mais ces gens, eux, risquent tout pour venir ici.
Parfois, il est important que nous nous rappelions un peu, dans le cours du débat actuel, qui sont ces gens extraordinaires qui viennent s'établir au Canada. Ce n'est pas une marchandise. Ce ne sont pas des gadgets. Ce sont des bâtisseurs de pays en chair et en os, d'une trempe exceptionnelle. Nous avons besoin d'eux pour bâtir des entreprises et engendrer de nouvelles perspectives économiques pour eux, pour leur famille et pour nos familles.
Nous avons besoin d'eux, car ils servent de pont naturel avec les économies les plus dynamiques au monde. Lorsque nous parlons de commerce international, nous devons nous apercevoir que les déficits de la balance commerciale du Canada ne cessent de croître avec les conservateurs au pouvoir. Pendant longtemps, nous avons considéré le multiculturalisme comme une politique sociale très bénéfique pour le Canada, mais nous oublions trop souvent de souligner les avantages économiques remarquables que nous tirons du multiculturalisme. Les ponts humains avec les économies en forte croissance constituent des occasions pour nous, que ce soit la possibilité d'établir des liens dans le domaine de la recherche entre nos établissements universitaires ou collégiaux et les leurs ou que ce soit dans le domaine des affaires et du commerce international. Nous devons nous rappeler que nous devons tirer notre épingle du jeu dans une économie mondialisée et que nos relations commerciales et culturelles ont une importance de plus en plus grande.
Le multiculturalisme est de plus en plus présent au Parlement parmi les députés de tous les partis de la Chambre. Songez à quel point cette représentation des communautés culturelles à la Chambre des communes est importante dans le cadre des débats. Elle a de l'importance et constitue une avancée.
Il est également important de réaliser qu'on a supprimé 300 000 dossiers. Le gouvernement peut considérer qu'il s'agit de dossiers, mais ce ne sont pas que des dossiers, car il s'agit de familles, de familles qui espèrent venir ici et qui rêvent de bâtir un meilleur Canada.
L'une des raisons qui explique pourquoi le Programme des travailleurs étrangers temporaires en est venu à être aussi mal géré, et pourquoi, dans certains cas, il y a eu des abus ou, à tout le moins, une utilisation à des fins contraires aux objectifs énoncés du programme à son commencement, c'est que le gouvernement a supprimé un grand nombre de demandes de professionnels et de travailleurs qualifiés qui désiraient venir au Canada.
Du point de vue de l'intérêt public, ce n'est pas ainsi qu'on règle ce genre de problème. S'il y a un problème, il faut consacrer davantage de ressources au traitement de ces demandes. Le gouvernement actuel préfère plutôt effectuer des compressions dans les programmes et les organismes. Selon le rapport de Kevin Page publié il y a quelques semaines, ces compressions nuisent aux services de première ligne du gouvernement, notamment dans le cas de l'immigration.
Récemment, au Comité des finances, que ma motion — la motion no 315 adoptée par la Chambre en juin dernier — chargeait de se pencher sur la question de l'inégalité des revenus, nous avons appris que la faiblesse des investissements pour aider les néo-Canadiens à s'établir afin qu'ils partent du bon pied contribue à l'inégalité de revenus. Nous savons que c'est important. C'est l'un des facteurs qui contribuent aux inégalités croissantes sur le plan du revenus et des débouchés au Canada. Nous devons investir davantage pour faciliter l'établissement des immigrants. Toutefois, cela ne semble pas être une priorité du gouvernement. Tout ce dont nous entendons parler, c'est de compressions; il s'agit d'un étonnant manque de vision.
Pour augmenter exponentiellement la capacité des nouveaux Canadiens de contribuer non seulement à la prospérité de leur famille, mais à celle de toutes nos familles et collectivités, il suffirait d'un investissement, même modeste, dans la réinstallation.
Par ailleurs, j'ai remarqué que le gouvernement semble tendre vers de nouveaux critères linguistiques et souhaiter que les immigrants connaissent déjà l'une des langues officielles. Ce critère réjouit peut-être la population, mais je ne suis pas certain qu'il soit sage ou bien avisé d'un point de vue économique et social. Beaucoup d'immigrants qui réussissent excessivement bien ne parlaient ni anglais ni français à leur arrivée au Canada, et ils ont grandement contribué à bâtir notre nation. Il y a, à la Chambre des communes, des députés dont les parents ne parlaient aucune des langues officielles quand ils ont immigré ici. Nous avons déjà eu, dans notre caucus, des collègues qui ne parlaient ni anglais ni français à leur arrivée au Canada, et qui sont pourtant devenus députés et même ministres.
Frank Stronach, un industriel, ne parlait aucune des langues officielles quand il est arrivé dans notre pays, mais il a bâti une entreprise d'envergure mondiale, Magna International, qui a créé des milliers d'emplois. Il est devenu milliardaire. Quand il est venu au Canada, il avait une formation professionnelle. Il était machiniste, je crois, mais ne parlait aucune des langues officielles. Si les nouvelles règles avaient été en vigueur à l'époque, quelqu'un comme Frank Stronach n'aurait pas pu s'établir au Canada. Cela vaut la peine d'y penser.
Il est important de démontrer une plus grande ouverture d'esprit en matière d'immigration et de nous efforcer de changer la façon dont certains perçoivent les immigrants, afin d'éviter des commentaires négatifs comme ceux que nous avons entendus pendant ce débat. Faisons le nécessaire pour accroître les ressources qui visent à attirer de nouveaux Canadiens, à les conserver et à les appuyer à leur arrivée ici.
Je veux parler un peu de ma région, le Canada atlantique, et plus particulièrement de la Nouvelle-Écosse et de la partie rurale de cette province. En Nouvelle-Écosse, et dans les Maritimes en général, la population est vieillissante et au bord du déclin. C'est une bombe à retardement économique et démographique parce que plus la population diminue et vieillit, moins il y aura de gens qui travailleront et paieront des cotisations. Il y aura plus de gens qui seront à un stade de leur vie où ils recevront des prestations. Les aînés contribuent énormément à nos communautés, mais beaucoup d'aînés à qui je parle sont aussi préoccupés que moi par cette tendance démographique.
Il y a cinq ans, l'âge moyen des habitants de la Nouvelle-Écosse était de 42 ans. Il est maintenant de 44 ans. Il y a cinq ans, le pourcentage de la population âgée de 65 ans ou plus s'élevait à 15,1 %. Il s'élève maintenant à 16,6 %. En outre, chaque année en Nouvelle-Écosse, il y a 3 000 élèves de moins qui commencent l'école.
Ces statistiques devraient faire frémir les habitants de ma province. Un plus grand pourcentage de retraités et un plus faible pourcentage de travailleurs productifs signifient que le taux de production baissera et que la demande de services sociaux augmentera. Puisque moins de jeunes travailleront, il y aura une réduction de l'assiette fiscale. Il y aura aussi moins d'esprits créateurs, ce qui, au bout du compte, mènera à une diminution de l'innovation, de l'entrepreneuriat, de la recherche et du développement et de la commercialisation.
La meilleure façon de neutraliser la bombe à retardement démographique dans notre région est d'attirer plus de néo-Canadiens dans le Canada atlantique. Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a reconnu nos problèmes démographiques et a annoncé qu'il avait l'intention de prendre des mesures supplémentaires pour attirer des néo-Canadiens dans notre province.
Toutefois, l'un des obstacles auxquels se heurtent les gouvernements provinciaux est le plafond d'immigration imposé par le gouvernement fédéral. Si les quatre provinces de l'Atlantique travaillaient ensemble pour mettre en place une stratégie d'immigration commune, je crois qu'elles auraient plus d'influence pour aborder cette question avec le gouvernement conservateur.
Je pense qu'on peut s'inspirer du régime d'immigration très performant du Manitoba. Les populations du Manitoba et de la Nouvelle-Écosse sont semblables, mais au cours des 10 dernières années la population du Manitoba a augmenté de près de 9 % alors que celle de la Nouvelle-Écosse a augmenté d'à peine plus de 1 %. La grande différence, c'est l'immigration. L'année dernière, le nombre d'immigrants en Nouvelle-Écosse représentait 15 % du nombre total d'immigrants au Manitoba. Autrement dit, 2 400 personnes se sont installées en Nouvelle-Écosse, comparativement à 16 000 au Manitoba.
Le Manitoba a fait de l'immigration une priorité dans chacun de ses ministères, et en partenariat avec les entreprises, les localités, les organisations de bénévoles, les écoles et les fournisseurs de soins de santé. Grâce à l'immigration, la population du Manitoba est à la hausse et se rajeunit. Qui plus est, le Manitoba a réussi à attirer des immigrants non seulement à Winnipeg mais aussi dans les villages et petites localités de la province. On a beaucoup à apprendre de cette province.
La Nouvelle-Écosse compte certains des meilleurs établissements d'enseignement supérieur au Canada, dont certains sont des universités de calibre mondial. Des centaines d'étudiants venant de dizaines de pays du monde sont inscrits à l'université en Nouvelle-Écosse. Songez donc aux possibilités si nous pouvions en faire davantage pour encourager ces jeunes esprits dynamiques et talentueux à s'installer et à travailler ici après avoir obtenu leur diplôme; voilà qui créerait des emplois et des débouchés en Nouvelle-Écosse.
L'emplacement de la province au bord de l'océan Atlantique lui confère un avantage naturel, et nous devrions chercher à nous imposer en tant que tête de file mondiale dans toutes les questions liées à l'océan. La Nouvelle-Écosse compte 450 titulaires de doctorats en matière océanique. C'est la troisième concentration la plus élevée au monde. L'Institut océanographique de Bedford compte 700 scientifiques, ingénieurs et techniciens. Quelque 200 entreprises se spécialisant en technologies océanographiques représentent un tiers de la recherche et du développement dans la province. Beaucoup de ces gens viennent d'ailleurs.
Je pourrais citer toutes sortes d'exemples de succès, comme Acadian Seaplants Ltd. ou Ocean Nutrition; une chose est sûre, il nous faut plus de nouveaux Canadiens pour contribuer au développement de ce secteur et d'autres. Il nous faut plus de nouveaux Canadiens pour développer le secteur viticole et vinicole en Nouvelle-Écosse. En 1997, il y avait 2 établissements vinicoles en Nouvelle-Écosse; il y en a aujourd'hui près de 19. Pour mettre les choses en perspective, en 1997, il y avait 19 établissements vinicoles dans la région du Niagara et il y en a aujourd'hui 130.
Nous avons besoin de gens pour développer cette industrie. Or, il est intéressant de souligner qu'à l'heure actuelle, parmi les économies européennes les plus durement touchées se trouvent des pays comme le Portugal, l'Italie, l'Espagne et la France, qui comptent des foyers d'expertise parmi les plus importants au monde dans le domaine de la culture du raisin et de la confection du vin. Nous devrions avoir une immigration ciblée, suivant le modèle manitobain. La communauté des affaires et tous les ordres de gouvernement pourraient collaborer à cette fin. Il faut se doter d'une stratégie d'immigration ciblée pour faire venir cette expertise et les gens de ces pays, dont certains affichent un taux de chômage de 40 à 50 % chez les jeunes. Nous devons faire venir ces gens et leur donner l'occasion de nous aider à stimuler notre industrie du vin.
Ce sont là des idées que nous devrions développer à la Chambre, sans égard aux lignes de partis, de manière constructive et positive. Nous devrions parler de l'immigration non seulement comme d'une source de diversité multiculturelle, mais aussi comme d'une manne de possibilités économiques pour notre pays. Voilà la forme que devrait prendre ce débat. Il ne devrait pas être fondé sur des différences partisanes ni servir de prétexte pour nous dresser les uns contre les autres...