Bonjour tout le monde. Bienvenue à la séance numéro 7 du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées.
Aujourd'hui, nous allons étudier le Budget supplémentaire des dépenses (B) 2013-2014 concernant Emploi et Développement social Canada.
Au cours de la première heure, aujourd'hui, nous allons entendre l'honorable Jason Kenney, ministre de l'Emploi et du Développement social. Il y aura également Ian Shugart, sous-ministre, Karen Jackson, sous-ministre déléguée principale, Emploi et Développement social et chef de l'exploitation pour Service Canada; et M. Alain Séguin, agent principal des finances. Nous accueillons Steven Mennill, vice-président, Politiques, recherche et planification à la Société canadienne d'hypothèques et de logement.
Au nom du comité, nous voulons vous remercier, monsieur Kenney, d'avoir pris le temps de venir aujourd'hui. Je sais que vous avez préparé une déclaration préliminaire, alors je vais vous céder la parole.
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Eh bien, merci beaucoup, monsieur le président. Félicitations pour votre élection. Je sais que vous avez siégé au comité pendant de nombreuses années, et je suis heureux de voir qu'il est entre de très bonnes mains.
Merci, chers collègues, de me donner l'occasion de venir comparaître devant vous pour la première fois en tant que ministre d'Emploi et Développement social Canada et en tant que ministre chargé du Multiculturalisme — évidemment, pour le premier des deux titres.
Tout d'abord, je vais vous donner un aperçu du Budget supplémentaire des dépenses (B), le sujet qui nous occupe ici, puis, je vais faire des commentaires généraux sur l'importance que j'accorde au fait de veiller à ce que nous permettions aux Canadiens d'occuper les emplois de l'avenir.
[Français]
J'espère que les membres du comité seront un peu patients avec moi aujourd'hui. J'exerce un nouveau mandat au ministère, mandat qui est énorme et complexe.
Le budget de notre ministère est d'environ 115 milliards de dollars. C'est le budget le plus élevé parmi tous ceux des ministères fédéraux. Notre budget représente presque 40 % des dépenses du gouvernement fédéral. Nous employons 23 000 personnes. Les activités de notre ministère touchent plus de Canadiens que celles de n'importe quel autre ministère.
[Traduction]
Les différents programmes administrés par EDSC touchent plus de 30 millions de clients. Ma courbe d'apprentissage est donc très abrupte. J'espère que vous serez quelque peu patients avec moi aujourd'hui. Je vais probablement dépendre davantage des réponses judicieuses et formatrices de mes collaborateurs extrêmement compétents qu'après avoir passé cinq ans au ministère de l'Immigration.
Dans cet esprit, j'aimerais dire que je suis heureux de venir témoigner sur le Budget supplémentaire des dépenses (B). Au total, nous demandons 64 millions de dollars dans le Budget supplémentaire des dépenses, et je vais parler en détail de chacun des principaux articles budgétaires.
Tout d'abord, nous demandons 14,8 millions de dollars pour appuyer le Fonds pour l'accessibilité, qui porte sur les travaux de construction et les rénovations en vue d'améliorer l'accessibilité physique pour les personnes handicapées. Le financement, dans ce budget supplémentaire des dépenses, serait de l'ordre de 1,16 million de dollars pour l'administration du programme, et de 13,65 millions de dollars pour de petits et moyens projets.
Nous avons une demande de 13,3 millions de dollars dans le cadre de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance.
[Français]
La Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance aide à retirer les personnes itinérantes de la rue et à leur procurer un toit. Les fonds demandés sont réaffectés à partir des crédits budgétaires non dépensés affectés à la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance en 2012-2013.
[Traduction]
Les dépenses réelles au cours de l'année ont été inférieures à ce que nous avions prévu, et ce, pour de nombreuses raisons. Premièrement, les fonds sont attribués selon les priorités établies par les collectivités locales, et l'approche du partenariat exige qu'il y ait une consultation pour établir les priorités, de sorte qu'elles conviennent aux partenaires. Et cela prend du temps. Deuxièmement, certains projets majeurs ont été reportés en raison de ces consultations et des processus de zonage et d'évaluation environnementale. Troisièmement, les conséquences à court terme de la transition vers un modèle de prestation plus rationalisé ont entraîné le report de projets dans certaines collectivités.
Ensuite, monsieur le président, je demande 11,9 millions de dollars pour appuyer le Fonds pour l'emploi des Premières Nations, un important engagement découlant du Plan d'action économique de cette année, afin d'aider, dans des collectivités qui participent au programme, à répondre aux besoins en matière de formation professionnelle des jeunes des Premières Nations âgés de 18 à 24 ans qui touchent de l'assurance-emploi et qui habitent sur des réserves. Ces sommes aideront à fournir un soutien personnalisé aux jeunes Autochtones, tandis qu'ils suivront une formation professionnelle qui les aideront à obtenir un emploi.
[Français]
Ensuite, notre ministère demande 10 millions de dollars pour financer de nouveaux stages destinés aux récents diplômés de niveau postsecondaire dans le cadre du programme Objectif carrière. Le budget de 2013 prévoit 70 millions de dollars sur trois ans pour appuyer plus de 5 000 stages rémunérés destinés aux récents diplômés de niveau postsecondaire. Le ministère demande 10 millions de dollars pour la première année et 30 millions de dollars seront dépensés au cours de la deuxième et de la troisième année. Ces fonds serviront à verser des subventions salariales à des employeurs qui permettront à des diplômés de niveau postsecondaire d'acquérir une expérience professionnelle qui facilitera leur transition vers le marché du travail.
[Traduction]
Ensuite, monsieur le président, nous demandons 8 millions de dollars pour accroître la participation autochtone au marché du travail canadien par l'intermédiaire du Fonds pour les compétences et les partenariats, un programme axé sur la demande qui met à contribution des partenariats avec le secteur privé, les gouvernements provinciaux et territoriaux, des établissements d'enseignement et des organisations autochtones. Étant donné le grand nombre de propositions de projets que nous avons dû examiner au cours du dernier exercice, 20,6 millions de dollars n'ont pas été dépensés, alors nous cherchons maintenant à reporter 8 millions de dollars à l'exercice en cours et 12,6 millions de dollars au prochain exercice.
Dans le budget de 2012, monsieur le président, le gouvernement a présenté le report volontaire de la pension de la Sécurité de la vieillesse. Cela permet aux personnes âgées de repousser la pension de base de la SV jusqu'à l'âge de 70 ans, en échange d'une pension rajustée de façon actuarielle. EDSC demande 3,1 millions de dollars dans le Budget supplémentaire des dépenses pour mettre en oeuvre le programme et, aussi, 500 000 $ pour créer un forum canadien des employeurs sur l'incapacité, ce qui est une des recommandations qu'a formulées le Groupe de travail spécial sur les possibilités d'emploi des personnes handicapées. Je crois que le comité a examiné cette question et qu'il connaît bien le rapport.
Le ministère a récupéré 1,3 million de dollars par l'intermédiaire du Programme canadien de prêts aux étudiants et en prenant des mesures pour réduire les coûts de déplacement. Cela figure dans le Budget supplémentaire des dépenses.
Nous incluons un certain nombre de crédits législatifs dans le Budget supplémentaire des dépenses comme les 3 millions de dollars annoncés dans le budget pour l'Institut national canadien pour les aveugles, afin d'aider à améliorer leurs services de bibliothèque.
Le Budget supplémentaire des dépenses comprend également un redressement de coûts de 600 000 $ lié aux régimes d'avantages sociaux, dont la majeure partie est attribuable à un report de la pension de la SV.
De plus, 2 000 $ découlent de la création du cabinet du ministre d'État chargé du Développement social.
Enfin, nous allons recevoir un demi-million de dollars en transferts d'Affaires autochtones et Développement du Nord afin d'offrir des programmes pour les jeunes de concert avec l'administration régionale de Kativik.
Les fonds demandés dans le Budget supplémentaire des dépenses (B), dont j'ai parlé, permettront à EDSC d'avoir les outils dont il a besoin au cours de l'année à venir.
Monsieur le président, est-ce qu'il me reste du temps dans la période qui m'est normalement réservée?
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Dans ce cas, j'aimerais mettre l'accent sur un enjeu qui m'inquiète énormément. Il y a un grand nombre de Canadiens sans emploi, et pourtant, il y a un nombre croissant d'emplois qui ne sont pas pourvus. Il faut résoudre ce paradoxe.
[Traduction]
C'est un problème très complexe, comme nous le savons tous, les données sur le marché du travail compilées par Statistique Canada donnent à penser que la pénurie de main-d'oeuvre ou de compétences n'est pas grave ni perceptible, mais, pourtant, chaque employeur que je rencontre et bon nombre de représentants syndicaux me disent, particulièrement dans les métiers de la construction, par exemple, qu'il y a actuellement des pénuries de main-d'oeuvre et de compétences très importantes.
C'est un problème dont j'ai discuté avec mes homologues provinciaux. J'espère, en tant que ministre, diriger quelque chose comme une conversation nationale éclairée sur les moyens que nous pouvons prendre afin d'être plus efficaces, non seulement le gouvernement fédéral, mais également les provinces, les enseignants, les employeurs et les syndicats, tous ensemble, pour nous assurer que les Canadiens ont les compétences nécessaires pour intégrer le marché du travail et contribuer à l'économie dans l'avenir. C'est inacceptable de voir un taux de chômage de 13 % chez les jeunes et de 14 % chez les nouveaux arrivants et des niveaux ridicules de chômage chez les Canadiens autochtones dans la population active, alors que nous entendons des employeurs se plaindre constamment des pénuries de main-d'oeuvre et de compétences.
Je n'ai évidemment pas le temps d'aborder en détail certaines des solutions, mais je veux inviter les membres du comité à proposer ce qui, selon eux, sont des solutions: comment nous pouvons accroître la participation au marché du travail, la mobilité, la mobilité interprovinciale de la main-d'oeuvre, la reconnaissance mutuelle des titres de compétence pour les professions et les métiers, la reconnaissance accélérée des titres de compétence pour les professionnels formés à l'étranger; comment nous pourrions avoir un partenariat plus solide avec les provinces relativement aux importantes sommes d'argent que nous leur versons au titre du Transfert canadien en matière de programmes sociaux pour l'enseignement postsecondaire afin d'assurer l'optimisation de l'argent des contribuables en préparant les gens pour le marché du travail; comment nous pouvons nous assurer que des initiatives comme la Subvention canadienne pour l'emploi prépare vraiment les gens à occuper de vrais emplois, et non des emplois fictifs, c'est-à-dire de vrais emplois sur le marché du travail, par l'intermédiaire d'un programme dirigé par des employeurs; comment nous pouvons accroître l'investissement du secteur privé dans le perfectionnement des compétences et la formation professionnelle.
Je crois que nous devons faire preuve d'imagination. Je crois que nous devons regarder au-delà des frontières canadiennes, où il y a peut-être des modèles plus solides d'éducation et de perfectionnement des compétences professionnelles.
Je voulais seulement effleurer le sujet, qui est une priorité clé pour moi, monsieur le président. Je suis prêt à répondre à toutes vos questions. Merci beaucoup.
Je veux tout d'abord remercier le ministre d'avoir pris le temps de venir nous rencontrer, aujourd'hui.
Comme le temps est limité, monsieur le ministre, je vais passer tout de suite aux choses sérieuses, pour ainsi dire. En guise de défense contre la critique abondante dont a fait l'objet l'initiative proposée de Subvention canadienne pour l'emploi, on a dit que le système des EMT ne fonctionne pas. Vous venez tout juste de faire allusion à cela, également. Mais, dans un document interne de RHDCC, maintenant EDSC, qui réunissait toutes les données provinciales et qui a fait l'objet d'une fuite, il était indiqué que 86 % des gens qui suivaient une formation dans le cadre d'une EMT obtenaient un emploi dans les deux ans. Ces chiffres proviennent du ministère.
Compte tenu du taux de succès de 86 %, je me demande seulement quel genre de données vous utilisez pour dire que cela ne fonctionne pas.
Nous avons très peu de temps, alors je vous prie d'être bref.
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Monsieur le président, tout d'abord, ces évaluations sont intéressantes, mais elles ne sont pas exhaustives. Elles ne prennent pas en considération, par exemple, un groupe distinct qui n'a pas suivi la formation afin de voir quel pourcentage de ses membres se retrouvent sur le marché du travail.
Nous savons que, au niveau sociétal, nous, les gouvernements, ne faisons pas notre travail. Nous dépensons des milliards, plus que presque tout autre pays industrialisé, pour le développement des compétences et la formation professionnelle, et, cependant, il y a des taux de chômage inacceptables dans différents segments de notre population, comme je l'ai indiqué, et un nombre grandissant d'employeurs qui signalent des pénuries de compétences et de main-d'oeuvre.
L'idée, ici, c'est, essentiellement, je pense, de faire preuve de bon sens. Ce sont les employeurs, et non les programmes gouvernementaux, qui créent des emplois. Si des employeurs trouvent des gens qui ont ce qu'il faut pour participer à des programmes spécifiques de formation complémentaire à la fin desquels ils peuvent obtenir un emploi, nous sommes certains que cela entraînera de meilleurs résultats.
Enfin, je veux seulement dire que, pour moi, les EMT ne sont pas un échec. J'ai dit que je pense qu'il y a de bons projets que nous finançons par l'intermédiaire des provinces, et d'autres, qui ont donné des résultats moins impressionnants. Je crois que c'est partagé.
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Il y a eu de nombreux changements, comme vous le savez, monsieur le président, mais celui qui a le plus retenu l'attention est le fait de préparer les Canadiens à occuper les emplois disponibles. Il s'agissait essentiellement d'une clarification des règles établies depuis longtemps dans le régime d'assurance-emploi, c'est-à-dire que les prestataires d'AE sont tenus de chercher activement et d'accepter un travail disponible à leur niveau de compétence dans leur région. Nous avons apporté quelques précisions à la définition de travail acceptable et à celle de région — nos agents doivent toujours faire preuve de souplesse lorsqu'ils appliquent ces définitions.
Essentiellement, monsieur le président, la raison pour laquelle nous avons apporté des précisions à ces lignes directrices, c'est que nous avons constaté qu'il y avait un paradoxe très étrange lié au fait qu'un nombre croissant d'employeurs, même dans les régions où le taux de chômage et le nombre habituel de prestataires de l'AE sont très élevés, demandaient des avis relatifs au marché du travail pour faire venir des travailleurs de l'étranger. Franchement, c'était, pour moi, insensé qu'une personne de la Thaïlande, des Philippines ou de la Russie soit prête à prendre l'avion et traverser le monde entier pour aller occuper un emploi dans une collectivité où des gens qui ont déjà fait précisément ce travail sont là, ou dans le village voisin, à toucher des prestations d'assurance-emploi.
L'AE est censée être là et elle sera là, pour des gens qui perdent leur emploi malgré eux, et pour qui aucun travail pertinent n'est disponible dans leur région. Il y a eu beaucoup de campagnes de peur concernant ces changements. Je peux comprendre qu'il y ait beaucoup d'inquiétudes. Chaque fois qu'il y a du changement, les gens sont inquiets, particulièrement lorsque cela concerne la sécurité de leur revenu. Je comprends entièrement. Nous aurions pu faire mieux, peut-être, en communiquant ces changements, particulièrement dans les régions où les gens dépendent beaucoup de l'AE.
Cela dit, je pense vraiment qu'une part de cela n'était qu'une campagne de peur politique. J'ai dit, durant la période de questions, qu'un député se promenait dans le Nord du Nouveau-Brunswick en disant que c'était la fin de l'AE, la fin de l'assurance-emploi pour les travailleurs saisonniers, que ces collectivités allaient être détruites, que les familles allaient sombrer dans la pauvreté — de la pure bouillie pour les chats, inventée de A à Z, et n'ayant rien à voir avec les règles. J'ai suivi ces discours, et ces regroupements et ces reportages dans les médias, et il est intéressant de constater que nulle part il a été mentionné que les changements spécifiques qui ont été apportés étaient, en fait, des clarifications plutôt modestes des règles établies depuis longtemps. Nous avons maintenant les données des sept premiers mois, qui indiquent que cela n'a eu presque aucun impact négatif sur les prestataires d'AE pour qu'on prépare les Canadiens à occuper les emplois disponibles.
Pour vous donner un exemple, dans la province de Québec, au cours des sept premiers mois de l'année en cours, en comparaison des sept premiers mois de l'année 2012, il y a eu 6 000 personnes de plus dont la demande d'AE n'a pas été acceptée. Nous avons examiné les données d'un peu plus près et constaté que seulement 160 de ces personnes, autant que nous le sachions, ont vu leur demande être refusée parce qu'elle ne se conformait pas aux nouvelles exigences relatives à la préparation des Canadiens à occuper les emplois disponibles, et qu'environ 5 000 personnes déboutées ont vu leur demande être refusée parce que nous avons découvert qu'elles habitaient à l'étranger.
Cela ne veut pas dire que tout le monde dont la demande est refusée enfreint nettement les règles. Cela veut plutôt dire que, dans le cadre de débats comme celui-ci, nous, les élus, nous ne devrions pas, de façon insouciante, faire peur aux gens concernant la sécurité de leur revenu.
Enfin, je dirais que nous ne disposons pas de données exhaustives qui nous permettraient d'en tirer des conclusions significatives, mais selon les données anecdotiques fournies par les employeurs, nous avons atteint l'objectif. C'est ce que j'ai entendu de la part des représentants de certaines usines de transformation du poisson sur la côte Est.
[Français]
J'ai aussi entendu parler du Regroupement des employeurs du secteur bioalimentaire, une société du Québec, et de la station de ski de Saint-Bruno, où le nombre de travailleurs ayant accepté un emploi en dehors de la saison habituelle a augmenté en raison des changements que nous avons apportés.
Nous voulions simplement encourager les chômeurs à être un peu plus actifs et à chercher un emploi dans leur région. Jusqu'à maintenant, nous avons atteint nos objectifs.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je veux remercier le ministre et les hauts fonctionnaires d'être ici, aujourd'hui.
Monsieur le ministre, pour ce qui est de l'AE, je ne vais pas en parler, aujourd'hui. Mais il incombe aux politiciens, lorsqu'ils s'engagent, de dire la vérité aux gens. Lorsqu'on voit une lettre indiquant que les prestataires d'AE reçoivent un versement dans les 21 jours dans 80 % des cas, et qu'elle est signée par le ministre, et que le ministre ne sait pas qu'un avis de non-paiement fait également partie de cette statistique, ça suscite l'indignation.
Mais voici où je veux en venir. Je vais commencer de façon positive, monsieur le ministre. Je sais que vous travaillez dur. Je sais que vous êtes une personne capable. Être intelligent, capable et engagé, puis connaître ses dossiers, cela vous place au-dessus de la mêlée. Je pense que vous pourriez être quelqu'un qui trouve des solutions. Je prends votre offre de travailler avec le comité et avec ceux qui l'entourent au pied de la lettre, et je vous en remercie.
En ce qui concerne le bien-fondé de la subvention pour l'emploi, je sais que le premier ministre a dit que « [c'est] le plus grand défi auquel fait face notre économie », et je sais que, officiellement, vous dites que « les personnes qui affirment qu’il n’existe pas de pénurie de compétences sont déconnectées de la réalité ».
Il faut résoudre la quadrature du cercle avec les commentaires de Don Drummond et l'étude de la TD.
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Merci, monsieur le président.
Merci au ministre et à ses collaborateurs.
Monsieur le ministre, une des raisons pour lesquelles j'ai cessé ma pratique du droit, qui est très payante...
Une voix: [Note de la rédaction: inaudible]
M. Devinder Shory: ... non, sérieusement —, c'était ma préoccupation concernant le manque de reconnaissance des titres de compétence étrangers. Vous savez que c'est ma passion.
Maintenant, j'ai déjà raconté cette histoire, et je vais la raconter encore une fois. J'entends très souvent dire que le meilleur endroit, peut-être, pour avoir une crise cardiaque à Calgary est la banquette arrière d'un taxi. La raison, c'est qu'il est fort probable que le conducteur soit un médecin formé à l'étranger.
J'ai essayé de comprendre, au cours des dernières années, pourquoi, d'une part, nous avons une pénurie de travailleurs qualifiés, qui, bien sûr, nuit à l'économie, et, d'autre part, nous avons depuis longtemps un problème de longue date lié aux nouveaux arrivants qualifiés, qui sont incapables de mettre à profit leurs compétences.
Selon ce que vous savez aujourd'hui, pourriez-vous me dire ce qu'on fait pour s'assurer que les titres de compétence de ces gens soient reconnus plus rapidement?
Je comprends également que les organismes de réglementation ont un rôle à jouer dans ce dossier. Est-ce que votre ministère a communiqué avec ces organismes de réglementation?
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Oui, de manière très vigoureuse.
Merci, monsieur Shory pour votre question et votre engagement à l'égard de ce problème. Je suis entièrement d'accord avec nous et, chaque fois que je le peux, je souligne à quel point c'est scandaleux que nous admettions plus d'un quart de million de résidents permanents par année et que seulement 13 % des nouveaux immigrants — ceux qui sont au Canada depuis moins d'une décennie — soient sans emploi, et qu'il y a, bien sûr, beaucoup, beaucoup plus d'immigrants sous-employés; combien cela est insensé dans le contexte d'une économie où il y a de plus en plus de pénuries de compétences et de main-d'oeuvre; et, par conséquent, à quel point nous devons améliorer, de façon radicale, nos façons de faire afin de faciliter la reconnaissance des titres de compétence des professionnels et des gens de métier formés à l'étranger.
C'est pourquoi, monsieur Shory, en 2006, notre gouvernement a créé le Bureau d'orientation relatif aux titres de compétences étrangers — qui était, initialement, à RHDCC, et qui est ensuite passé à Citoyenneté et Immigration Canada. Entre autres choses, ce bureau finançait la prestation de séances d'orientation avant l'arrivée à l'intention d'immigrants de la catégorie économique sélectionnés avant qu'ils quittent leur pays d'origine. Après qu'ils ont été sélectionnés et pendant qu'ils rassemblent leurs effets personnels à la maison, ils peuvent maintenant suivre des séminaires de deux jours gratuits et bénéficier d'un service de counseling personnalisé qui portent sur la façon de trouver un emploi au Canada et d'entreprendre le processus de reconnaissance des titres de compétence, peut-être en ligne, avant même qu'ils arrivent au pays, afin qu'ils aient une longueur d'avance. Ces services peuvent également leur indiquer dans quelles provinces on arrive plus facilement et rapidement à obtenir une autorisation d'exercer sa profession.
Deuxièmement, le BORTCE, à Immigration Canada, et le Programme de reconnaissance des titres de compétences étrangers, à mon ministère, versent des millions de dollars en subventions et contributions chaque année à des organisations, y compris des organismes d'agrément, afin qu'elles fassent le travail de fond en vue de rationaliser les examens d'évaluation.
Dans le cadre d'un grand projet, un cadre pancanadien pour l'évaluation et la reconnaissance des qualifications et des titres de compétence étrangers, nous avons investi environ 50 millions de dollars et travaillé avec les provinces et leurs organismes d'agrément autonomes respectifs afin de rationaliser et d'accélérer le processus de reconnaissance des titres de compétence étrangers dans l'ensemble du pays, en élaborant, autant que possible, des normes communes, d'un océan à l'autre.
Ce n'est pas une tâche facile ni simple. C'est un travail très difficile et de précision qui est fait. Je crois que nous faisons des progrès, mais, au bout du compte, monsieur Shory, comme vous le savez bien, nous, le gouvernement fédéral, n'avons pas de relation directe avec les organismes d'agrément. Ils relèvent des provinces.
C'est pourquoi, à l'occasion de ma récente réunion avec mes homologues provinciaux, je leur ai demandé, encore une fois, de renouveler leur engagement politique à éliminer les obstacles inutiles à la reconnaissance et la délivrance des titres de compétence pour les immigrants et, franchement, — disons-le sans détour, d'exercer plus de pressions sur les organismes d'agrément qui continuent de s'adonner à un protectionnisme de la main-d'oeuvre dépassé, qui voient les immigrants professionnels, peut-être, comme une sorte de menace.
Comme je le dis toujours, monsieur Shory, nous ne voulons pas baisser la norme canadienne, et ce n'est pas ce à quoi les immigrants s'attendent de nous. Ce à quoi ils s'attendent, c'est, à tout le moins, une réponse dans un délai raisonnable, de sorte que, si la réponse est « non », ils puissent aller suivre d'autres formations ou, peut-être, entreprendre d'autres démarches.
Le dernier point, c'est que nous avons toutes sortes d'autres programmes, y compris un dont je suis très fier et qui a été mis sur pied dans notre ville de Calgary, l'Immigrant Access Fund de l'Alberta. Nous avons aidé à faire de cela une sorte d'approche nationale de microcrédit, selon laquelle des prêts d'un maximum de 10 000 $ sont offerts par l'entremise d'organismes sans but lucratif qui établissent des liens avec des institutions financières afin de fournir un financement provisoire aux professionnels formés à l'étranger de sorte qu'ils puissent suivre d'autres formations, payer leurs examens de certification et, en fait, recevoir un revenu de base pendant qu'ils retournent aux études pour satisfaire à la norme canadienne.
Je crois que, ensemble, toutes ces petites choses ont un effet cumulatif.
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Merci beaucoup, monsieur Mayes.
Vous avez mentionné ce qui, je pense, est peut-être la chose la plus importante que nous pourrions faire. Nous savons tous que nos problèmes sociaux les plus importants, malheureusement, ont tendance à être, de façon disproportionnée, le propre des Autochtones. Nous reconnaissons qu'une part importante du développement économique dans notre pays a lieu dans des régions autochtones et que bon nombre des entreprises qui s'y trouvent font face à des pénuries de compétences.
Tout ce que nous pouvons faire pour préparer les jeunes Canadiens autochtones, en particulier, pour ces emplois permet de régler de nombreux problèmes du même coup: réduire les pénuries de compétences, favoriser la croissance et aider les jeunes Canadiens autochtones à exploiter leur potentiel. C'est pourquoi nous investissons de façon très importante dans le développement des compétences autochtones, particulièrement par l'intermédiaire du Fonds pour l'emploi des Premières Nations, qui, comme vous l'avez dit, fournit 241 millions de dollars afin de permettre aux jeunes des Premières Nations âgés de 18 à 24 ans de suivre une formation professionnelle et d'obtenir un emploi.
Nous le faisons en collaboration avec des organisations des Premières Nations dans différentes régions du pays. Nous voulons qu'elles nous disent quelles sont leurs priorités. Nous les encourageons à communiquer avec nous, en collaboration avec les employeurs, autant que possible. Nous voulons que le secteur privé s'engage à l'égard de cette formation professionnelle.
Je vais être franc avec vous. Nous n'allons pas réussir à intégrer au marché du travail un grand nombre de jeunes Autochtones sans emploi sans un engagement financier concret de la part du secteur privé. C'est un message plus important que j'envoie, soit dit en passant, au secteur privé, et j'espère que mes amis du NPD vont applaudir. J'ai dit que les gouvernements canadiens ont consacré plus d'argent que presque n'importe quel autre gouvernement des pays industrialisés au développement des compétences et à la formation professionnelle, mais le secteur privé canadien, selon l'OCDE, se trouve au bas de l'échelle des pays industrialisés en fait de développement des compétences et de formation professionnelle.
En ce qui concerne ce que M. Cuzner a dit au sujet de certaines données compilées sur le marché du travail, cela me préoccupe beaucoup. Nous entendons continuellement des plaintes, aujourd'hui, de John Manley, au Conseil canadien des chefs d'entreprises, et, la semaine dernière, de la Chambre de commerce du Canada — toutes ces organisations — concernant les pénuries de compétences. Cependant, les données sur le marché du travail nous indiquent que les salaires, en moyenne, ont à peine suivi le rythme de l'inflation.
J'ai dit en toute franchise et publiquement aux employeurs que, s'ils veulent une solution au problème du manque de compétences, ils ont deux importants leviers financiers à leur disposition. Il y a, d'une part, un investissement plus important dans la formation, qui devrait être axé sur les groupes sous-représentés dans la population active, comme les Autochtones, et, d'autre part, il y a les niveaux salariaux.
Je l'ai dit à Vancouver, madame Sims, et la seule personne qui m'a applaudi, c'était Jim Sinclair, de la Federation of Labour de la Colombie-Britannique. Alors je suis heureux de faire partie...
Mme Jinny Jogindera Sims: Et j'ai essayé...
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Jason Kenney: Et voilà. Je suis heureux de faire partie de la confrérie.
M. Colin Mayes: Cela m'inquiète un peu.
L'hon. Jason Kenney: Je veux dire que les entreprises minières, les industries d'extraction du minerai, qui, habituellement, mènent leurs activités dans des régions du Nord et des régions autochtones doivent venir s'asseoir à la table. Nous voyons de plus en plus ce genre de collaboration. C'est très stimulant.
Mais soyons honnêtes: nous avons connu de nombreuses décennies au cours desquelles bon nombre de ces programmes ont échoué. Je crois que nous devons nous concentrer sur ceux qui se sont révélés une réussite, et l'engagement du secteur privé est essentiel pour cela.
Nous ne voulons pas seulement financer un cycle d'organisations de soutien qui considèrent l'argent destiné à la formation comme un simple moyen de rester en vie. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Nous devons faire en sorte que les employeurs s'engagent à embaucher ces gens. Il y a d'excellents exemples. À Cameco, l'entreprise qui extrait de l'uranium dans le Nord de la Saskatchewan, environ 50 % de l'effectif est autochtone.
Toutes ces autres entreprises d'extraction du minerai... et elles font des efforts, ce qui est tout à leur honneur. J'étais en Saskatchewan la fin de semaine dernière, et des représentants de la Saskatchewan Apprenticeship and Trade Certification Commission m'ont dit que le nombre de jeunes Autochtones inscrits à des programmes d'apprentissage dans la province est presque équivalent au pourcentage d'Autochtones dans la population de la Saskatchewan. Il y a donc des signes vraiment encourageants.
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Je peux vous dire que je suis si ravie et nous étions si heureux de vous entendre dire l'évidence, à savoir que les entreprises et les organisations ont un rôle à jouer dans la formation de leurs travailleurs.
Vous avez aussi parlé du rapport de l'OCDE. J'ai lu ce rapport. J'ai été renversée d'apprendre que le secteur privé canadien se classait en dernier pour le réinvestissement visant la formation et le perfectionnement des compétences de sa main-d'oeuvre. Je crois que, de toute évidence, il faut s'attaquer à ces problèmes, ainsi qu'à celui des salaires ou de la rémunération.
J'ai aussi parlé à des employeurs, monsieur le ministre, car j'ai l'impression qu'il faut vraiment que je sois présente et que j'entende leurs préoccupations. Lorsqu'on commence à discuter avec eux du salaire qu'ils offrent pour certains emplois et des régions où ces emplois sont disponibles, j'ai envie de leur dire: « Pourriez-vous gagner votre vie avec un tel salaire? Vous demandez-vous pourquoi les gens ne présentent par leur candidature? »
Je veux vraiment parler de bons services de garde d'enfants, des services de qualité. Je sais que cette question vous tient à coeur, monsieur le ministre. À ce chapitre, lorsque nous pensons à nos enfants et notre avenir, des services de garde d'enfants de qualité ont des avantages sociaux, économiques et liés à la santé pour les enfants et pour les parents, mais je dirais que l'impact est encore plus important pour l'économie globale, et il ne faut pas sous-estimer les gains économiques.
Il a été démontré qu'un programme de garderie de qualité stimule l'économie, en raison non seulement des emplois qu'il crée, mais aussi du fait que moins de gens prennent congé parce que leur enfant est malade. Les gens ont le coeur plus léger au travail. Ils ne sont pas stressés et inquiets relativement à leurs enfants. En outre, plus de gens peuvent réintégrer le marché du travail parce qu'ils ont accès à une garderie de qualité.
Pourtant, au Canada, les dépenses gouvernementales touchant l'apprentissage et la garde des jeunes enfants sont inférieures à celles d'autres pays de l'OCDE. Je suis heureuse que nous ayons parlé de l'OCDE plus tôt aussi. Prévoyez-vous travailler avec les provinces et les territoires pour faire de la garde d'enfants une priorité?
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre.
Pour commencer, j'ai un bref commentaire. Je suis heureuse d'avoir entendu les réflexions sur la nécessité de consultations relatives à la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance et quelques possibilités pour amorcer le processus et contribuer à son déroulement sans heurt. Je dois dire que je vois les résultats dans la circonscription que je représente, Kamloops— Thompson—Cariboo. En fait, il y a maintenant un transfert, et il y a un groupe très rapide et agile, et excellent, sur le plan stratégique, pour déterminer ce qui obtient un financement et comment.
J'entends souvent, de l'opposition, des appels à une stratégie nationale pour ci et une stratégie nationale pour ça et, sincèrement, j'adore les mots « stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance », car nous soutenons les gens qui savent comment créer les solutions dans la collectivité. C'est seulement un commentaire général, mais peut-être pourriez-vous parler un peu plus du modèle et de la raison pour laquelle on le met au point.
Mon prochain point touche la façon dont nous aidons les étudiants de programmes universitaires, une conversation que j'ai assez régulièrement lorsque je rencontre des étudiants universitaires. Vous commencez à parcourir la liste, vous voyez les transferts aux provinces, les déductions fiscales possibles, des choses comme la subvention canadienne pour la recherche et tout l'éventail de mesures prises par le gouvernement fédéral pour aider les étudiants. Ensuite, nous amorçons la conversation au sujet des prêts d'études. Encore une fois, je ne comprends absolument pas — parce qu'un certain nombre de personnes peuvent financer les études universitaires de leurs enfants — pourquoi les étudiants militent pour une aide universelle, alors que, en fait, s'il faut cibler les ressources, il faut cibler les étudiants qui sont peut-être le plus dans le besoin.
Je constate que, dans le Budget supplémentaire des dépenses (B), on prévoit 1,3 million de dollars à la compensation des prêts d'études canadiens, mais pourriez-vous parler un peu du programme de prêt d'études et du fait qu'il est un peu plus ciblé? Encore une fois, selon moi, en principe, pourquoi les contribuables devraient-ils aider mes enfants à aller à l'école, alors que d'autres profiteraient davantage de ce soutien?
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C'est une question très large.
Je dirais que votre dernier point est très juste. J'entends des groupes d'intérêt — je ne nommerai personne... la Fédération canadienne des étudiantes et des étudiants — qui proposent essentiellement un système d'études postsecondaires « gratuit », bien sûr, ce n'est pas gratuit. C'est de l'argent perçu auprès des gens, auprès de créateurs de richesses, auprès des petites entreprises, où les gens travaillent déjà sept jours par semaine pour garder la tête hors de l'eau.
Les données sont claires et irréfutables: ce type de transfert, bien qu'il soit important — et, certes, nous devons soutenir les études postsecondaires — représente un transfert de revenu ascendant dans notre société, un revenu perçu auprès de familles de travailleurs, ou de ce que nous appellerions des familles de cols bleus, ou des familles à revenu modeste, pour les transférer vers le haut du spectre des revenus.
J'aimerais tant que le NPD ajoute sa voix à la nôtre à ce chapitre. Nous devons faire très attention. Nous devons envisager les politiques en matière d'études postsecondaires dans la perspective de la justice sociale. C'est pourquoi notre gouvernement, soit dit en passant, a créé le régime d'épargne-études postsecondaires, qui ajoute une subvention dans le compte des familles à faible revenu. Celles-ci n'ont peut-être pas la capacité d'épargner, mais nous allons leur donner un coup de main pour démarrer, de sorte que, lorsque leur enfant atteint l'âge de 18 ans, il y a quelques milliers de dollars dans le compte, et le rêve de l'université devient une réalité. C'est le genre de choses que nous faisons à l'heure actuelle en matière de politiques fédérales visant les études postsecondaires.
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Nous allons reprendre les travaux.
Nous souhaitons la bienvenue aux nouveaux représentants ministériels, mais, avant, je tiens à rappeler aux membres du comité que, pour la deuxième heure, les hauts fonctionnaires du ministère de l'Emploi et du Développement social sont ici aujourd'hui et sont prêts à répondre à des questions sur le Budget supplémentaire des dépenses. J'aimerais demander aux députés de limiter leurs questions à ce sujet.
Nous accueillons Paul Thompson, sous-ministre adjoint, Direction générale des services de traitement et de paiement. Nous aimerions aussi accueillir Frank Vermaeten, sous-ministre adjoint principal, Direction générale des compétences et de l'emploi, et Jacques Paquette, sous-ministre adjoint principal, Direction générale de la sécurité du revenu et du développement social.
Bienvenue à tous. Ceux qui étaient ici tout à l'heure vont rester.
Les fonctionnaires n'ont aucune déclaration à présenter, alors nous allons tout de suite commencer les questions des membres du comité. Encore une fois, s'il vous plaît, tenez-vous-en au sujet du budget supplémentaire des dépenses.
Madame Groguhé, vous êtes la première.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tout le monde d'être ici. Vous êtes vraiment nombreux. Beaucoup d'entre vous peuvent nous donner des informations pertinentes.
Essentiellement, mes questions vont porter sur la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance.
J'aimerais revenir sur le Rapport ministériel sur le rendement de 2012-2013, qui nous indique que le programme a sous-utilisé de près de 10 % les sommes prévues pour des projets visant à aider les itinérants. C'est un montant de presque 13 millions de dollars. Un montant de 12,8 millions de dollars n'a jamais été alloué, bien qu'il ait été budgété et prévu. J'aimerais comprendre ce qui s'est produit et ce que l'on doit faire pour éviter que cela ne se reproduise.
J'ai parlé à des représentants d'organismes de Montréal qui ont vu, trop souvent, des projets tomber à l'eau parce qu'on tardait à répondre alors qu'ils attendaient. On ne peut pas revenir en arrière et on ne peut pas payer les gens pour le travail qui aurait dû être fait il y a 6 mois, mais qui est finalement tombé à l'eau.
Il y a du ressentiment. On sait qu'on manque de subventions et d'argent et que les besoins dans la rue sont criants. Des sommes avaient été prévues pour qu'on puisse agir, mais on ne fait qu'attendre et attendre.
Pourquoi cela s'est-il produit de cette façon en 2012-2013? Que prévoyez-vous faire pour améliorer la situation et éviter que cela ne se reproduise?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous d'être ici aujourd'hui.
Mes questions vont aussi porter sur les responsabilités du ministère en matière de logement.
Continuons de parler un peu de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance. Dans mon ancienne vie, j'ai participé directement à un programme qu'on appelle Streets to Homes, à Toronto, qui était financé dans le cadre de la SPLI.
Est-ce que quelqu'un peut nous donner quelques explications supplémentaires et quelques exemples concernant les types de programmes que nous finançons dans le cadre de cette stratégie? D'après ce que je comprends, il s'agit de financement que le gouvernement fédéral verse directement aux administrations municipales; je crois que nous ne passons pas par les provinces. Nous fournissons de l'argent directement aux collectivités, sur le terrain, pour permettre le travail de prévention de l'itinérance, ce qui, à mon sens, est extraordinaire. C'est exactement ce que nous devrions faire: fournir de l'argent directement aux collectivités permet de changer les choses sur le terrain.
Mis à part le programme Streets to Homes que je connais à Toronto, pouvez-vous me donner d'autres exemples du genre de programmes financés dans le cadre de la SPLI?
Je devrais préciser qu'il y a une exception. Au Québec, une entente conjointe a été conclue avec les ministères pour ce qui est de la mise en oeuvre, mais, autrement, vous avez raison: il s'agit vraiment d'une approche communautaire.
Comme le ministre l'a dit, les gens qui travaillent sur le terrain sont les mieux placés pour déterminer le genre de solutions qui devraient être mises en place. Ce que nous faisons, essentiellement, c'est que nous demandons aux collectivités, aux grands centres urbains du pays où il y a des problèmes d'itinérance, d'élaborer un plan communautaire. Ce plan communautaire présente des avantages majeurs.
Le premier avantage, c'est que les gens concernés envisagent l'ensemble de la démarche qu'ils vont suivre pour régler le problème. Ensuite, ils réunissent tous les intervenants clés. Je parle des municipalités, des organismes sans but lucratif, d'organismes à but lucratif, des autorités provinciales, etc. Les intervenants sont en mesure de se coordonner et d'intégrer les services afin de régler les problèmes sur le terrain.
À l'échelon fédéral, nous examinons le plan et les priorités que les intervenants proposent, et ensuite nous leur fournissons les fonds. Ce sont eux qui choisissent ensuite les projets à mettre en oeuvre. Ceux-ci varient d'une ville à l'autre, en fonction de la nature des problèmes qui se posent, et aussi des types de services qui existent déjà.
Il peut y avoir des variations importantes. Nous parlions par exemple de projets d'immobilisations. Une façon d'utiliser l'argent versé dans le cadre de la SPLI, c'est de rénover des appartements pour les offrir comme logements permanents à des itinérants qui essaient de sortir de la rue. Dans d'autres cas, l'argent est utilisé pour offrir un service quelconque; je pense aux services sociaux. Comme vous le savez, les gens qui vivent dans la rue font face à une multitude de problèmes qu'il faut régler, et on a besoin de gens pour être en mesure de les régler. C'est dans ce contexte qu'on peut trouver les bonnes personnes pour le faire.
Voilà le genre de projets qui peuvent être financés dans le cadre de la SPLI.
Au bout du compte, ce qui est important pour nous, ce sont les résultats, c'est-à-dire la réduction du nombre d'itinérants à l'échelle du pays.
Une chose qui me préoccupe beaucoup, cependant, c'est que, lorsque j'ai rencontré les responsables de certains établissements postsecondaires qui se penchent sur la formation, ils m'ont dit qu'ils étaient très préoccupés par les ressources supplémentaires dont ils ont besoin. Et pourtant, nous avions des ressources qui n'ont pas été utilisées.
L'autre question que je voulais poser découle d'une chose qu'a dite Michael Mendelson, qui est spécialiste des politiques publiques au Caledon Institute of Social Policy, c'est-à-dire qu'Ottawa n'a pas la capacité d'administrer des fonds de formation de 900 millions de dollars par année et d'assurer la supervision que cela suppose. Il a parlé aussi de certaines choses qui se font en Europe.
Il a ensuite laissé entendre que la Subvention canadienne pour l'emploi, telle qu'elle est prévue à l'heure actuelle, pose certains risques et pourrait faire l'objet de beaucoup d'abus et de fraude. Je dois admettre que la chose me préoccupe moi aussi. Pouvez-vous dire quelque chose là-dessus?
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Je peux répondre à cette question. Ce qui a été mis en place offre effectivement plus de marge de manoeuvre aux gens. Auparavant, la SV devenait évidemment accessible aux gens lorsqu'ils atteignaient l'âge de 65 ans.
Le report va leur permettre de commencer à toucher les prestations plus tard s'ils le souhaitent, jusqu'à l'âge de 70 ans. Un calcul sera fait à partir des coûts actuariels, et les prestataires pourront bénéficier d'une majoration de 7,2 % par année de report de leurs prestations pendant le restant de leur vie.
Ils vont donc avoir plus de marge de manoeuvre pour continuer de travailler, par exemple, pour demeurer sur le marché du travail après 65 ans et reporter leurs prestations de la SV sans perdre d'argent. Dans un sens, vu le calcul actuariel qui va être fait, sur la durée de la période, ils vont toucher le même montant sans rien perdre.
La mesure offre donc beaucoup de marge de manoeuvre, et, bien entendu, elle est liée au fait que le marché du travail évolue en fonction des défis que la société doit relever sur le plan démographique. Les gens vieillissent, et nous savons que, s'ils participent à la population active pendant plus longtemps, cela va aussi aider le pays à composer avec certaines des pressions auxquelles nous allons peut-être faire face. L'objectif est donc de leur offrir une marge de manoeuvre, et c'est un choix de plus qui est offert aux gens.
[Français]
Merci, madame la présidente.
Je peux maintenant poser la question que je n'ai pas pu poser tout à l'heure alors qu'il ne me restait que 10 secondes.
Je reviens sur mon dada de la journée, soit la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance.
Une somme de 134 millions de dollars est déjà prévue au budget. Vous demandez un montant supplémentaire de 13,3 millions de dollars, soit une somme qui n'avait pas été dépensée précédemment. On arrive donc à un total de 147,3 millions de dollars. Ce qui est prévu dans le budget de 2013, c'est une somme de 119 millions de dollars par année pendant cinq ans.
Entre cette année et l'année prochaine, les fonds alloués vont diminuer de 28 millions de dollars, ou d'un peu moins si on prend en compte les 3 millions de dollars supplémentaires. Ce sont des sommes considérables qui sont perdues. C'est donc dire que les groupes auront beaucoup moins de ressources à leur disposition.
Selon vous, quels seront les impacts de cette diminution sur la réussite de la lutte contre l'itinérance?
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Je peux peut-être commencer et laisser ensuite M. Vermaeten nous donner quelques détails au sujet du Fonds pour les compétences et les partenariats.
Il y a au ministère trois programmes principaux qui visent à accroître l'employabilité et les compétences des Canadiens autochtones. Le premier, c'est le programme des actifs, et c'est ce que j'appellerais les programmes de base pour les collectivités autochtones un peu partout au pays. Nous avons conclu des ententes avec des fournisseurs tiers qui travaillent auprès des collectivités, des établissements de formation et des employeurs. Bien souvent, l'objectif est d'accroître le niveau de compétence. Il n'est pas toujours lié aux perspectives d'emploi. Les collectivités qui reçoivent les fonds en question sont très diverses — il y a parmi celles-ci des collectivités très éloignées, et d'autres qui sont semi-urbaines ou situées près d'un centre urbain.
Le deuxième programme dont je parlerais, c'est le Fonds pour l'emploi des Premières Nations, qui cible précisément les jeunes autochtones qui vivent dans une réserve et qui touchent des prestations de soutien du revenu. L'objectif est de venir en aide à des gens des réserves qui décident de participer, habituellement parce que des possibilités d'ordre économique ont été cernées. Nous nous attendons à un engagement très positif de la part des employeurs, des deux ministères participants et des établissements de formation à l'égard de l'amélioration des compétences.
Le troisième programme, c'est le Fonds pour les compétences et les partenariats, qui est délibérément orienté vers les établissements de formation du secteur privé. La formation est axée sur les projets. Les retombées économiques sont claires, et nous avons lancé des appels de propositions précis à l'intention de l'industrie.
Frank, vous voudrez peut-être ajouter un mot ou deux au sujet de ces appels de propositions et des résultats que nous avons obtenus.
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Je peux peut-être simplement terminer ce que je disais pour m'assurer de bien répondre à la question et de vous donner une meilleure idée de la situation. Comme je le disais, l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada existait lorsque le mécanisme d'établissement des taux était différent.
Le gouvernement a d'abord limité l'augmentation des taux, parce que le taux de cotisation devait augmenter. Le gouvernement a décidé de plafonner le taux à 1,88 $ pour un certain nombre d'années. L'inquiétude, c'était que, si le taux devait augmenter alors que l'économie ne s'était pas encore complètement rétablie... Le gouvernement ne voulait pas que les taux augmentent, alors il les a plafonnés.
L'autre chose importante qu'il a faite dans le cadre du dernier budget a été de mettre en place un nouveau mécanisme d'établissement des taux fondé sur des prévisions économiques sur sept ans. L'idée était de fournir un soutien contracyclique. Il s'agit de fixer un taux qui demeure très stable. Même si l'économie ralentit, le taux n'augmente pas automatiquement. Au lieu de cela, il demeure stable, ce qui est bon pour l'économie.
Bref, la Commission de l'assurance-emploi du Canada est maintenant chargée d'établir le taux, en raison du nouveau mécanisme d'établissement des taux.