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Je vous souhaite à tous un bon après-midi.
Comme vous le savez, nous sommes ici pour poursuivre l'étude sur le renouveau de l'industrie forestière canadienne. Cette étude s'inscrit dans la foulée d'une étude présentée au Parlement en juin 2008. Il s'agissait d'une étude assez fouillée sur l'industrie forestière. Nous voulons savoir comment se porte maintenant l'industrie, et ce qu'il est advenu des recommandations de l'étude de 2008.
Aujourd'hui, nous entendrons quatre témoignages pendant la première partie de la réunion, qui se déroulera de 15 h 30 à 17 h 10. À 17 h 10, nous suspendrons la séance l'espace d'une minute afin de recevoir par téléconférence trois témoins d'un groupe du Québec. Nous en reparlerons en temps et lieu.
Pour l'heure, nous commencerons avec les témoins qui seront ici pendant la première partie de la réunion. Nous accueillons Mme Marianne Berube, directrice générale d'Ontario Wood WORKS!, M. Daniel Archambault, vice-président de direction et chef de l'exploitation de la Division des produits industriels de Kruger Inc et M. Iain Macdonald, qui est président du Conseil des fabricants du bois et directeur général du Centre for advanced wood processing de l'Université de la Colombie-Britannique. Nous accueillons aussi M. John Innes, professeur et doyen de la faculté de foresterie de l'Université de la Colombie-Britannique qui se joint à nous par vidéoconférence.
Je tiens à remercier les témoins de s'être joints à nous aujourd'hui. Nous savons que vous nous accordez un temps précieux, que vous pourriez employer autrement, mais votre participation est importante pour l'étude. Je suis impatient d'entendre vos présentations au comité ainsi que vos réponses aux questions que nous vous poserons aujourd'hui.
Commençons avec les présentations; celles-ci ne doivent pas durer plus de sept minutes. Nous suivrons l'ordre du jour. Commençons avec Mme Berube d'Ontario Wood WORKS!
La parole est à vous. Vous disposez d'un maximum de sept minutes.
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Merci. Nous vous sommes reconnaissants de nous donner l'occasion de faire une présentation au comité permanent concernant le renouveau forestier.
Mon intervention portera sur trois grands points, qui touchent surtout à l'innovation stratégique, soit le nouveau créneau des immeubles de hauteur moyenne, celui des grands immeubles en bois, ainsi que les produits du bois novateurs qui en sont dérivés. J'ai préparé une présentation. Je ne sais pas si vous en avez une copie; elle vous a, je crois, été envoyée par courriel. Ma présentation s'articulera autour de ce document.
L'Ontario a modifié son code du bâtiment qui permet, depuis le 1er janvier, la construction d'immeubles de six étages à ossature de bois. C'est un changement que nous réclamions depuis 2009, lorsque la Colombie-Britannique a adopté une modification en ce sens. L'étalement urbain et les plans de densification des villes feront en sorte qu'il y aura de moins en moins de maisons unifamiliales. Le nouveau créneau arrive donc à point nommé pour la région du Grand Toronto et du Golden Horseshoe.
D'après ce que nous observons en Colombie-Britannique, il y aura deux à trois fois plus de construction. Par conséquent, nous nous attendons à ce que dans deux ou trois ans, environ 500 immeubles de ce genre soient en chantier. Ontario Wood WORKS! fait beaucoup de formation et de promotion, tout en offrant un soutien technique aux utilisateurs; l'accueil est on ne peut plus favorable. Nous offrons de nombreuses activités éducatives qui sont toutes en forte demande à l'heure actuelle. Nous avons organisé des ateliers et des voyages en Colombie-Britannique et nous avons publié des guides. Nous collaborons aussi avec les associations municipales de l'Ontario et la Fédération canadienne des municipalités, qui voit le tout d'un très bon oeil.
Des modifications au Code national du bâtiment ont récemment été annoncées; elles entreront en vigueur avant la fin de l'année. Je sais que vous avez déjà entendu parler d'immeubles de hauteur moyenne. Il s'en construit en Colombie-Britannique. Toutefois, au Canada, 40 % du marché de la construction se situe en Ontario. C'est donc une occasion extraordinaire.
Parallèlement, il y a aussi des projets témoin de grands immeubles à ossature de bois. Il y en a un qui a récemment été annoncé à Québec, et ici, à Ottawa, le groupe Windmill a un projet d'immeuble de bureaux d'environ 12 étages. En outre, il y a aussi une résidence universitaire de 16 ou 17 étages prévue sur le campus de l'Université de la Colombie-Britannique.
Je parle de ces deux créneaux, car je sais que vous vous intéressez aux nouveaux produits novateurs en voie de faire leur apparition. La construction systématisée et les systèmes de panneaux de bois seront la prochaine grosse tendance. Nous sommes allés en Colombie-Britannique, où l'on construit encore des bâtiments à ossature en bois parce que la production de systèmes de panneaux de bois ne suffit pas à la demande. La construction sera plus économique et plus rapide, l'industrie a donc tout intérêt à examiner ce genre de systèmes. La construction est très rapide, et peut même se faire au rythme d'un étage par semaine.
Il y a aussi les panneaux lamellés-croisés ou très grands panneaux qui sont déjà utilisés dans plusieurs grands immeubles en Ontario et ailleurs au pays. Il y a le complexe sportif Wayne Gretzky et, à Ottawa, le magasin de Playvalue. Je le répète, il s'agit d'un produit novateur, qui offre de multiples possibilités; c'est un produit concurrentiel. À l'heure actuelle on fabrique des panneaux croisés de bois à longs copeaux lamellés à Kenora, en Ontario. Les entreprises comblent les lacunes et s'intéressent à différentes formes de très grands panneaux.
La technologie hybride fera plus d'adeptes; elle favorise la combinaison de diverses formes de produits du bois avec l'acier et le béton, en proportions variées pour différents types d'édifices. Malheureusement, je ne peux pas vous montrer de photos. Cependant, nous avons des livres de projets ayant remporté des prix. J'en ai un exemplaire pour chacun d'entre vous, juste derrière moi, aussi, n'hésitez pas à en prendre un. Un grand nombre de ces projets ont été réalisés sur le campus de l'Université de la Colombie-Britannique ou dans des édifices témoins. Ils illustrent les avancées réalisées ainsi que les possibilités.
J'ai une question pour le comité. Nous collaborons avec le gouvernement fédéral depuis plusieurs années pour tenter de faire une meilleure place au bois dans les politiques d'approvisionnement et ce genre de processus, car il y a eu des avancées technologiques et des changements apportés au code. Pourquoi les édifices du gouvernement fédéral ne peuvent-ils être construits en bois? Nous aimerions avoir de l'aide pour que les choses changent et que cela devienne possible.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je tiens à remercier les membres du comité de m'avoir invité à prendre part à l'étude sur le renouveau de l'industrie forestière canadienne et à partager certaines réflexions sur l'innovation stratégique dont il est question aujourd'hui.
La société Kruger est une entreprise familiale de troisième génération dont le siège social est situé à Montréal. Elle compte plus de 5 000 employés au Canada et aux États-Unis. En fait, la majorité de nos employés est au Canada.
Depuis sa fondation en 1904, Kruger a su se démarquer à l'échelle mondiale en se réinventant au fil des ans et en se positionnant comme un chef de file dans plusieurs secteurs d'activités.
La société s'est taillé une solide réputation à l'échelle mondiale dans les secteurs traditionnels tels les pâtes et papiers, le bois d'oeuvre et les produits du bois, les papiers domestiques et institutionnels, ainsi que le carton et les emballages.
La société Kruger est également un joueur important dans les secteurs de l'énergie renouvelable, du recyclage et des biomatériaux. En plus de tout cela, nous avons des activités dans le secteur du vin et des spiritueux, ce qui n'a rien à voir avec l'industrie forestière.
[Traduction]
J'aimerais prendre quelques minutes pour parler de l'importance de la recherche et du développement pour l'industrie au Canada.
Kruger considère que pour réussir à transformer l'industrie forestière canadienne, il est essentiel de faire des investissements majeurs dans la recherche et le développement afin d'élaborer de nouvelles technologies et de nouveaux produits. Il faut également faire le même genre d'investissements pour moderniser les scieries ou construire de nouvelles installations qui utiliseront les nouvelles technologies à des fins commerciales.
La construction de la seule usine de démonstration de filaments de cellulose au monde, qui est située à Trois-Rivières et qui a été conçue par Kruger en partenariat avec FPInnovations est un exemple des avantages que procure ce genre d'investissement. L'usine, qui a été inaugurée en juin 2014, fonctionne selon un processus sans produit chimique simple et efficace qui extrait les fibres de cellulose des fibres de bois par un procédé mécanique.
La fibre de cellulose est un nouveau matériau extrait de la fibre de bois; elle est révolutionnaire parce qu'elle a des propriétés uniques qui en font un additif de renforcement exceptionnel. Elle présente un fort potentiel pour le secteur forestier au Canada en raison de ses multiples applications dans le secteur traditionnel des pâtes et papiers, mais aussi pour toutes sortes de produits à l'extérieur de ce secteur. C'est une véritable percée technologique. Grâce à l'usine de Trois-Rivières, le Canada est maintenant en position de tête face à la concurrence mondiale pour développer cette technologie ainsi que de nouvelles applications pour les matériaux à base de cellulose qui seront utilisés dans des produits courants.
À titre d'exemple, il existe toutes sortes d'applications du côté des plastiques et des matériaux composites. Utilisé comme additif, le produit a pour caractéristique d'accroître la résistance, on peut donc fabriquer un produit avec moins de matière brute et le rendre plus léger. Vous comprenez les répercussions, il pourrait être utilisé dans l'industrie automobile et partout où le poids pose problème.
Le projet comprend un programme de recherche et de développement de 25 millions de dollars pour appuyer la mise à l'échelle industrielle, conjointement avec des industries et des entreprises qui pourraient bénéficier de l'ajout de fibre cellulose dans leur produit.
Ce projet de recherche et de développement révolutionnaire représente un investissement total de 43 millions de dollars. Il s'agit d'un programme de trois ans, qui comprend des fonds du gouvernement du Canada par l'entremise du programme Investissements dans la transformation de l’industrie forestière, l'ITIF. J'en profite pour remercier de son soutien Ressources naturelles Canada qui a cru en nous dès le départ. Nous avons également reçu un appui financier du gouvernement du Québec, du gouvernement de la Colombie-Britannique, de Kruger et de FPInnovations.
[Français]
Je voudrais aussi parler du rôle du gouvernement dans le processus de renouveau de l'industrie.
Nous n'insisterons jamais trop sur l'importance d'appuyer ce genre d'innovation stratégique dans l'industrie forestière. Le soutien des gouvernements au développement et au déploiement de ces technologies est essentiel.
Le Canada doit continuer à tracer la voie dans le développement d'une source de fibres durable et fiable à prix concurrentiel pour son industrie. Pour y parvenir, de la recherche en foresterie est indispensable.
Un des principaux défis auxquels nous faisons face, notamment dans l'industrie du papier journal où nous évoluons, consiste à développer des projets de recherche-développement dans un marché en déclin avec des moyens très limités. Pour les gouvernements, il est donc important de s'assurer que nous avons accès aux ressources nécessaires pour permettre à l'industrie canadienne du papier journal de réaliser la transition qu'elle doit faire en vue d'assurer sa pérennité.
Comme vous le savez, la consommation de papier journal est en forte baisse à l'échelle mondiale et la concurrence est féroce sur les marchés. Pour cette raison, les usines de papier doivent continuer à s'adapter et à rivaliser d'ingéniosité pour survivre. Notre industrie s'est engagée à le faire, mais ce sera impossible sans investissements de la part des gouvernements et sans des politiques comme celles qui, heureusement, contribuent au renouveau de l'industrie depuis plusieurs années. Ce genre de soutien des différents paliers de gouvernement est essentiel à la croissance soutenue de l'industrie forestière canadienne et à sa viabilité pour de nombreuses années.
Je tiens à vous remercier encore une fois de nous avoir donné l'occasion de nous exprimer devant votre comité.
Je m'appelle Iain Macdonald. Aujourd'hui, je m'adresse à vous en tant que président du Conseil des fabricants de bois. Je suis également directeur général du Centre for Advanced Wood Processing de l'Université de la Colombie-Britannique.
Le Conseil des fabricants de bois est le conseil sectoriel national des ressources humaines pour l'industrie de transformation secondaire du bois. Il a pour mandat de planifier, d'élaborer et de mettre en oeuvre des stratégies en matière de ressources humaines visant à soutenir la croissance à long terme et la compétitivité du secteur. Nous travaillons avec des entreprises, des employés, le système d'éducation, des associations de l'industrie et le gouvernement pour faire de la recherche et répondre aux besoins changeants de l'industrie ainsi que pour mettre au point des plans stratégiques afin de faire face aux problèmes importants comme la pénurie de travailleurs spécialisés et la nécessité d’établir des normes nationales de compétence de la main-d’oeuvre.
Mon exposé d'aujourd'hui portera sur le sous-secteur de la transformation secondaire de l'industrie forestière. J'entends par là les entreprises qui font des produits à valeur ajoutée, comme des meubles, des fenêtres, des menuiseries architecturales, des armoires et des éléments de construction usinés.
Les produits en bois à valeur ajoutée du Canada sont réputés pour leur qualité et sont massivement exportés. Au total, en 2013, environ 90 000 personnes travaillaient directement dans ce secteur, dont 41 % dans la fabrication de meubles et 23 % dans le sous-secteur des armoires. Le nombre d'emplois a diminué au cours de la dernière décennie, surtout depuis la crise immobilière aux États-Unis, mais avant cela, il était en croissance.
Trois provinces, l'Ontario, le Québec et la Colombie-Britannique, comptent pour une large part de l'emploi et de la production. Une bonne partie de l'industrie est située en zone urbaine ou encore, à proximité. Le secteur bénéficie à la fois des nouvelles constructions et des rénovations. Comme je l'ai dit, il a été sévèrement touché par le ralentissement économique aux États-Unis. La valeur globale de l'industrie dans le secteur à valeur ajoutée était de 17 milliards de dollars en 2006, et malgré la récession, sa valeur est demeurée à 17 milliards de dollars en 2010, même en perdant près de la moitié de ses ventes à l'exportation. Les entreprises canadiennes ont réussi à trouver des consommateurs dans le marché intérieur pour compenser cette perte. Le nombre d'emplois a diminué de 20 %, mais la productivité s'est améliorée.
La possibilité de créer plus d'emplois et d'engendrer une hausse du PIB pour chaque arbre récolté est une raison importante de promouvoir les produits en bois à valeur ajoutée. Une étude réalisée en 2000 a révélé que le Canada ne générait que 123 $ américains par mètre cube de bois récolté comparativement à 290 $ américains aux États-Unis et à plus de 600 $ américains au Japon et en Allemagne.
Le secteur de la transformation secondaire du bois est aux prises avec un certain nombre de défis. L'industrie se compose à 97 % de petites et moyennes entreprises, qui comptent moins de 100 employés. Les PME ont des défis particuliers, comme le manque de formation en bonne et due forme dans le domaine de la gestion. Elles ont aussi de la difficulté à obtenir du capital pour investir dans des technologies, réalisent peu d'économies d'échelle en production et arrivent difficilement à libérer les employés clés des activités de production pour de la formation. Le secteur tend à moins se tourner vers la technologie comparativement à certains de nos concurrents, ce qui entraîne des lacunes sur le plan de la productivité et de l'efficacité.
Le secteur a de la difficulté à trouver et à garder des employés, surtout au niveau d'entrée, en raison de la concurrence des secteurs du pétrole, du gaz et de l'automobile et de la perception que l'industrie n'offre pas de perspectives de carrière intéressantes aux jeunes. Certaines activités du secteur, notamment le meuble en bois, ont souffert de la concurrence féroce des importations d'outre-mer, surtout de celles en provenance de la Chine, mais aussi, de plus en plus, du Cambodge et du Vietnam. Enfin, les fabricants de produits ayant subi une transformation secondaire ont de la difficulté à obtenir des commandes de bois d'oeuvre des scieries canadiennes, car ces dernières s'intéressent davantage au volume qu'à une distribution et une production à valeur ajoutée.
Le Conseil des fabricants de bois a tenté de trouver différents moyens de relever ces défis, à la lumière d'études approfondies sur le marché du travail et d'étroites consultations avec les fabricants. Nous avons créé un programme de formation en gestion conçu pour donner aux participants les connaissances et les compétences nécessaires pour assumer des fonctions de gestionnaire et de superviseur au sein de l'industrie. Notre objectif est aussi d'aider les entrepreneurs qui ont créé et développé leur entreprise en misant sur leurs compétences techniques à apprendre à utiliser et à instaurer des systèmes de gestion en bonne et due forme afin qu'ils puissent déléguer des responsabilités au sein de leur entreprise et se concentrer sur la croissance de celle-ci.
L'élargissement de la portée des efforts de recrutement et de maintien en poste à des groupes visés par l'équité en matière d'emploi est perçu comme un moyen prometteur de combler les pénuries de main-d'oeuvre. Le Conseil des fabricants de bois offre le Programme d'études en vue de la préparation des employés de l'industrie du bois, qui offre une formation axée sur des compétences essentielles et techniques aux personnes issues de groupes visés par l'équité en matière d'emploi intéressées par des postes de débutant. Le recrutement vise les membres des Premières Nations, les Inuits, les Métis, les nouveaux arrivants, les femmes et les personnes handicapées. Nous avons mis en place des programmes d'un océan à l'autre et avons obtenu d'excellents résultats sur le plan de l'emploi. Nous sommes en train de mettre de l'avant une initiative soutenue par Condition féminine Canada pour accroître la participation fructueuse des femmes dans le secteur en mettant à l'essai un programme de mentorat.
L'enseignement supérieur joue aussi un rôle important dans la résolution des difficultés sectorielles. Le baccalauréat en transformation de produits forestiers de l'Université de la Colombie-Britannique est le plus important programme de l'Amérique du Nord spécialisé dans la formation de personnel de gestion pour le secteur des produits du bois. Les inscriptions ont atteint des niveaux record. Nos diplômés sont en forte demande, et 94 % d'entre eux font une longue carrière dans ce secteur. La moyenne des salaires de nos diplômés se situe juste en dessous de celle des diplômés de la faculté de médecine.
Notre centre travaille en étroite collaboration avec l'industrie à l'élaboration de nouveaux produits, à l'amélioration de la fabrication et au transfert de technologie. Pour diverses raisons, nous entrevoyons d'extraordinaires possibilités de reprise pour le secteur à valeur ajoutée dans les années à venir.
Les importations sont beaucoup moins concurrentielles qu'avant. En Chine, le salaire type est passé de 85 $ à plus de 500 $ par mois. L'énergie industrielle n'est plus subventionnée. Les sociétés publiques doivent maintenant rembourser les emprunts à l'État, ce qu'elle n'étaient pas tenues de faire auparavant si elles créaient de l'emploi. La création d'emplois n'est plus le principal moteur de l'investissement industriel. La modification en 2008 de la loi américaine Lacey obligeant les importateurs à prouver que le bois qu'ils utilisent provient de sources légales a fait grimper le coût des matériaux et les frais d'administration et convaincu certains acheteurs de se tourner plutôt vers la Chine et d'autres marchés asiatiques. Enfin, les effets sur la santé de divers revêtements et adhésifs utilisés pour différents produits importés continuent de préoccuper les consommateurs nord-américains.
Le contexte actuel fait en sorte que les produits canadiens du bois à valeur ajoutée sont en mesure d'obtenir une plus large part du marché nord-américain s'ils sont bien conçus, fabriqués de manière efficiente et habilement mis en marché. En outre, comme le témoin précédent l'a souligné, nous entrevoyons d'excellentes possibilités pour nos fabricants dans le secteur de la construction en raison des modifications apportées récemment au code du bâtiment. Le Canada peut devenir un chef de file dans l'élaboration de systèmes et de produits d'ingénierie pouvant entrer dans la construction de structures comme des écoles, des hôpitaux, des bâtiments à usage industriel et institutionnel et de grands bâtiments en bois, telle la résidence de 18 étages pour étudiants à l'Université de la Colombie-Britannique, dont la construction doit débuter l'an prochain. Si nous ne saisissons pas l'occasion, des entreprises européennes plus développées ne demanderont pas mieux que de servir ce marché émergent.
Pour aider les entreprises canadiennes à exploiter au maximum ces possibilités, nous devrons continuer à investir dans le secteur en soutenant l'innovation industrielle sur les plans de l'élaboration de produits, de la fabrication, des processus opérationnels ainsi que du développement des ressources humaines et du perfectionnement des compétences. Nous sommes d'avis qu'il faudrait revoir le programme des conseils sectoriels, qui a soutenu de nombreux conseils de ressources humaines, comme le Conseil des fabricants de bois, et établir un organisme-cadre qui serait le porte-parole des fabricants de produits secondaires de tout le pays.
Nous devons intensifier les efforts de recherche et développement qui concordent avec les besoins et les possibilités de l'industrie et donner aux entreprises canadiennes dynamiques et novatrices les moyens de se doter de la technologie et de la formation voulues pour être concurrentielles à l'échelle internationale. C'est formidable de voir le premier à commercialiser un produit ou une technologie obtenir le soutien du gouvernement, mais pour bâtir une industrie concurrentielle sur la scène mondiale, nous avons besoin de nombreux producteurs viables pour chaque type de produit. Nous devons favoriser et soutenir le renforcement des partenariats et des synergies dans la chaîne d'approvisionnement. Nous devons aussi inciter les fabricants primaires à s'élever dans la chaîne de valeur en se servant de leurs économies d'échelle et de leur accès au capital pour rivaliser avec les fabricants européens et autres de produits hautement concurrentiels.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole devant le comité.
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Merci, monsieur le président. Bonjour, mesdames et messieurs.
Je suis très heureux d'avoir été invité à prendre la parole devant vous cet après-midi. En tant que doyen de la plus grande faculté de foresterie au Canada, je m'intéresse évidemment de près au renouvellement de l'industrie forestière canadienne.
Vous m'avez demandé de parler du troisième thème abordé par votre comité, soit l'innovation stratégique. Vous avez déterminé différents sous-thèmes, mais je me concentrerai aujourd'hui sur les dernières questions.
Voilà maintenant 30 ans que Peter Drucker a publié son remarquable ouvrage sur l'innovation et l'entrepreneuriat. Je pense que l'innovation et l'entrepreneuriat vont de pair, surtout quand il est question d'avantages économiques, car on peut tous avoir de bonnes idées, mais si on ne sait pas comment les commercialiser efficacement, on n'en retire aucun avantage et notre économie non plus.
Je n'ajouterai rien à ce que vous avez certainement déjà entendu d'autres témoins au sujet de l'amélioration des produits forestiers existants et de l'élaboration de produits de grande valeur pour les futurs marchés. L'Association des produits forestiers du Canada et FPInnovations ont réalisé dans ces deux domaines une étude très fouillée.
Voilà un secteur passionnant, qui présente de bonnes perspectives de croissance. Nous nous y intéresserons à l'Université de la Colombie-Britannique en créant une maîtrise en leadership en ingénierie dans le domaine des bioproduits écologiques, si nous obtenons l'autorisation du ministère de l'Enseignement supérieur de la province. Ce programme suivra de près la chaîne de valeur de l'industrie, depuis les éléments fondamentaux de la biomasse jusqu'aux bioproduits et à la bioénergie en passant par le traitement de la biomasse. Il se distinguera par le fait que 40 % de son contenu portera sur le leadership et visera à accroître les compétences en affaires et générales ainsi que les aptitudes à communiquer des participants. Il fait partie d'un ensemble de nouveaux programmes destinés à doter le secteur forestier d'aujourd'hui et de demain de professionnels compétents en affaires et dans le domaine technique.
Je me réjouis que vous vous penchiez sur l'utilisation optimale des résidus de bois. L'industrie forestière canadienne s'est grandement améliorée sur le plan de l'efficacité énergétique, notamment en brûlant les résidus pour fournir de l'énergie. Des résidus ont également été incorporés dans des produits forestiers ou utilisés par des usines de pâtes.
On a observé plus récemment une expansion rapide de l'industrie des granules de bois, tirées essentiellement des résidus. L'Europe est le principal marché de ces granules, quoique les marchés asiatiques se développent.
Le marché européen est soumis à des exigences liées à la politique énergétique. Ainsi, si le nouveau gouvernement du Royaume-Uni desserre ses liens avec l'Union européenne, comme il en a fait la menace, la politique énergétique du pays et, par la suite, sa demande de granules de bois pourraient s'en ressentir. Même en faisant abstraction de ces considérations, je trouve assez ironique que beaucoup voient l'incinération des résidus comme une utilisation optimale de la biomasse, alors que de nombreux travaux de recherche ont établi qu'il serait possible d'en tirer bien d'autres produits.
Selon moi, les universités du Canada ont un rôle de premier plan à jouer dans le développement de la bioéconomie du pays. C'est reconnu, et les réseaux sur les fibres du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie sont un exemple de collaboration fructueuse entre l'industrie forestière et les universités du Canada.
Ce programme, qui tire à sa fin, a cependant connu quelques ratés sérieux, le plus important étant le fait que de nombreuses parties concernées ont été tenues à l'écart de l'élaboration d'un système global d'innovation pour le secteur forestier. Sauf une toute petite exception, les réseaux sur les fibres ont mis l'accent sur l'utilisation novatrice des produits, c'est-à-dire sur ce qu'on appelle l'extrémité aval de la chaîne de valeur, de sorte que notre compréhension des forêts et de l'offre future de bois d'oeuvre est demeurée grandement déficiente. On ne saurait trop insister sur la gravité de cette lacune quand on sait que le Canada a prévu une chute de 25 % de l'offre en raison de perturbations naturelles et de modifications apportées à la réglementation des provinces.
Je viens de l'une des huit écoles de foresterie reconnues au Canada et j'ai été consterné de constater le peu d'attention accordée à l'élément offre de l'équation forestière. Nos forêts doivent être saines et viables pour soutenir une industrie forestière dynamique. Nous devons, en particulier, assurer à ceux qui achètent nos produits forestiers que ceux-ci viennent de forêts gérées de façon durable.
Même si on ne sait pas encore très bien quelle sera l'incidence à long terme des changements climatiques sur les forêts canadiennes, il est déjà clair que les perturbations causées par le climat, notamment les incendies, les épidémies d'insectes et les infestations fongiques, influent sur l'offre de bois d'oeuvre. Selon la plupart des modèles, ces perturbations augmenteront en fréquence et en gravité. Nous devons mieux comprendre ces processus afin d'être mieux en mesure d'assurer à l'industrie des produits forestiers un approvisionnement constant en fibres de haute qualité. Sinon, nous compromettrons la compétitivité de l'industrie forestière canadienne et la richesse naturelle que représentent nos forêts.
Nous devons également reconnaître que les aspects politique, économique et social du paysage forestier changent rapidement. La décision de la Cour suprême du Canada dans l'affaireTsilhqot'in a radicalement modifié la façon de voir les terres publiques, et de nouveaux modèles de régie des terres font leur apparition. Nous faisons de grands progrès dans la reconnaissance de tout ce que nous procurent nos forêts à part le bois d'oeuvre. Par exemple, une valeur économique peut maintenant être affectée au carbone forestier, et, dans bien des endroits du monde, la mise en réserve de mesures d'atténuation environnementale est devenue une occasion d'affaires importante.
Enfin, il y a une évolution dans la façon dont les citadins —qui constituent la majorité des électeurs, je me permets de le préciser— voient les forêts du Canada; par ailleurs, les tentatives timides pour sensibiliser le public aux avantages d'une saine gestion des forêts ont obtenu peu de succès jusqu'ici. Il est fort probable que les pressions se feront de plus en plus fortes en faveur de la préservation de nos forêts boréales de toute activité économique, y compris l'exploitation forestière. En est un exemple la campagne Les oiseaux boréaux ont besoin de la forêt, qui a été lancée le 16 mars 2015 et qui vise à protéger la moitié de la forêt boréale.
Les experts-forestiers sont formés pour gérer les demandes d'utilisation des terres, mais l'innovation stratégique dans ce domaine demeure remarquablement limitée, compte tenu de la taille du Canada et de la valeur de ses ressources forestières. Une telle innovation s'impose de toute urgence. Si nous ne faisons rien, l'incertitude perpétuelle dans laquelle sont laissées les entreprises forestières oeuvrant au Canada fera en sorte que la fuite de capitaux vers le Sud-Est américain dont nous avons été témoins récemment se poursuivra.
Je vous remercie de votre attention.
C'est au Canada qu'on trouve la plus importante proportion de forêts certifiées dans le monde, et donc, je pense que la qualité de la gestion ici est indiscutable. Cela dit, nous devons surveiller de près les mesures que nous prenons pour pouvoir continuer d'affirmer que nous sommes un chef de file mondial en matière de gestion durable. Pour cela, il nous faut de bons renseignements. Je pense que le gouvernement fédéral et les provinces doivent faire de la sensibilisation, et pas seulement en ce qui concerne le secteur du bois. Tout le monde sait que le bois est un magnifique matériau de construction. Je ne pense pas qu'il est nécessaire de mettre l'accent là-dessus. Par contre, nous devons surtout renseigner la population des régions urbaines et lui dire que nous savons comment gérer adéquatement nos forêts et que les effets de la gestion forestière sont mineurs par comparaison à de nombreuses autres perturbations naturelles. Je pense qu'il faut promouvoir l'utilisation du bois dans le plus grand nombre de secteurs possible, et je suis enthousiasmé à l'idée de promouvoir ce matériau dans le cadre d'un programme fédéral visant à privilégier l'utilisation du bois. Cette idée me plaît.
Dans l'ensemble, je pense que nous devons être très prudents et être en mesure d'appuyer nos affirmations, selon lesquelles nous sommes les meilleurs gestionnaires forestiers du monde. Pour cela, il faudra faire d'importants investissements dans la surveillance et, dans une moindre mesure, dans la recherche.
Merci.
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Merci, monsieur le président. Je vous remercie de cette délicate attention et de ne pas avoir déduit cela de mon temps de parole.
Je remercie tous les témoins avec nous aujourd'hui qui partagent leur expérience et leur expertise. Ils nous permettront certainement d'y voir un peu plus clair dans nos travaux qui visent deux buts: faire une mise à jour de l'industrie forestière à la suite de l'étude de 2008 et voir comment le gouvernement fédéral peut être le meilleur partenaire possible dans le développement de cette industrie.
Je vais d'abord m'adresser à M. Archambault, non parce que Kruger a une usine à Trois-Rivières — on sait que cette entreprise est partout —, mais surtout parce que j'ai suivi le développement de cette entreprise papetière. Mon grand-père, comme père de famille, et moi-même, comme étudiant, y avons travaillé. En décembre dernier, il y a eu l'inauguration du projet pilote sur la fibre cellulosique. Il ne saurait y avoir de succès comme celui qui semble se dessiner chez Kruger, à Trois-Rivières, sans qu'il y ait eu préalablement de la recherche-développement.
Il y a des projets de recherche-développement en foresterie. Dans ma région, il y en aussi en avionnerie, tout comme dans plusieurs secteurs. Selon les discussions que j'ai eues avec bon nombre d'entrepreneurs de ma circonscription, il semble qu'il n'y ait pas d'uniformité dans l'évaluation des projets de recherche-développement. Dépendamment du bureau avec lequel on fait affaire, que ce soit Québec ou Montréal, les critères ne semblent pas uniformes.
Kruger a-t-il fait face à cette difficulté? Ce serait là un moyen, pour le gouvernement fédéral, d'être un meilleur partenaire en cas de problème réel de ce côté. C'est ce qui est ressorti des discussions que j'ai eues avec des entrepreneurs. Avez-vous eu ce problème?
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Notre projet de recherche-développement sur les filaments de cellulose s'échelonne sur trois ans. Nous visons trois objectifs. Le premier est de développer le processus de fabrication à partir du laboratoire à une étape semi-commerciale. Nous partons d'un laboratoire qui faisait une tonne par semaine. Nous avons un plan de démonstration qui peut faire de cinq à dix tonnes par jour.
Le second objectif est de développer des applications dans les secteurs traditionnels, c'est-à-dire les pâtes et papiers. Nous avons fait 17 ou 18 essais de différents produits en usine: les papiers d'impression, le papier de toilette, le papier-mouchoir. Nous allons aussi en faire pour les emballages.
Le troisième objectif est de développer des applications autres que celles liées aux pâtes et papiers. Ce cycle sera beaucoup plus long parce qu'il faudra conclure des partenariats avec toutes sortes d'entreprises. Par exemple, pour certaines composantes utilisées dans la fabrication d'automobiles, il y a un avantage à utiliser des fibres cellulosiques pour réduire le volume de matériel requis mais qui a la même résistance.
Nous avons signé huit partenariats de recherche avec différentes universités et des conglomérats, c'est-à-dire universités, entreprises et centres de recherche, dans les secteurs des matériaux composites, des polymères et des adhésifs. Nous espérons que cela débouchera sur des applications dans des entreprises de transformation. Sur un aspect plus fondamental, FPInnovations a aussi pris des initiatives en ce sens.
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Depuis 2010, à la compagnie Kruger, nous avons fermé presque 45 % de nos installations, soit des machines dans toutes nos usines: deux à Terre-Neuve-et-Labrador, cinq à Trois-Rivières, deux à Wayagamack, au Cap-de-la-Madeleine, et une à notre usine de Bromptonville en novembre dernier. Au premier trimestre de 2015, la demande mondiale de papier journal a baissé de presque 10 % par rapport à 2014. Il est clair que nous sommes dans un marché en déclin. Dans ces circonstances, nous avons deux priorités: baisser nos coûts pour rester en vie, bien sûr, et essayer de trouver de nouveaux débouchés pour nos usines. Nous faisons cela au moyen de projets de recherche-développement, notamment sur les filaments cellulosiques. Évidemment, c'est un processus plus long, qu'on ne met pas sur pied en trois ans.
Des groupes de développement de produits essaient de trouver de nouveaux produits que nous pouvons fabriquer à partir de nos machines à papier. Nous considérons aussi transformer des usines pour fabriquer des produits complètement différents dans des marchés en croissance tout en restant dans le domaine des pâtes et papiers. À l'heure actuelle, il y a deux marchés en croissance au Canada et dans le monde, c'est-à-dire tous les produits de tissu et d'emballage, le carton, et d'autres encore.
Vous demandiez comment le gouvernement pourrait nous aider. Or c'était un peu le sens de mon intervention, plus tôt. Parce que nous sommes présentement dans un marché en déclin et que cela diminue notre performance financière, ce que nous pouvons financer est limité. Je pense que le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux doivent continuer à appuyer l'industrie en matière de recherche-développement, non seulement pour la technologie et les nouveaux produits, mais aussi pour la reconfiguration de nos usines.
C'est bien beau de développer une technologie, mais si l'amener au stade de la commercialisation demande un investissement de 50, 100 ou 150 millions de dollars, l'industrie des pâtes et papiers n'aura pas les ressources financières nécessaires. Il faut trouver une façon de soutenir l'industrie de sorte qu'elle puisse financer ces projets.
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Oui. Pour ce qui est du volume par rapport à la valeur, je crois qu'il est plus facile de s'en tenir aux produits de base. Cela a été la façon de faire dans plusieurs régions au Canada, notamment en Colombie-Britannique. Je recommandais que nous fassions tout en notre pouvoir pour inciter les entreprises qui ont toujours fabriqué des produits basés sur le volume à progresser dans la chaîne de valeur. Elles ont un meilleur accès aux capitaux, de meilleurs systèmes de gestion et la capacité de fabriquer le genre de produits qui nous permettraient de tirer parti des modifications apportées au code du bâtiment, de construire, par exemple, des panneaux lamellés-croisés, des structures de base et des structures en bois lamellé-collé.
Ressources naturelles Canada a un programme qui s'appelle Investissements dans la transformation de l'industrie forestière, l'ITIF. C'est un excellent programme, mais il accorde une subvention uniquement à la première entreprise à adopter une nouvelle technologie au Canada. Je voulais faire valoir que pour avoir un secteur réellement concurrentiel, il nous faut cinq, six ou dix producteurs de panneaux lamellés-croisés; pour l'instant, nous n'en avons que deux. Il faut solidifier la chaîne d'approvisionnement.
L'Europe est plus densément peuplée et la concurrence y est beaucoup plus féroce. Les Européens doivent aussi composer avec d'autres facteurs, comme le coût de l'énergie, qui est très élevé, mais qui les a poussés à innover sur le plan de l'efficacité énergétique des maisons et ce genre de choses. Ils ont de l'avance sur nous, de sorte que l'on peut se procurer des produits européens à 40 % du prix d'un produit comparable au Canada, même en tenant compte des frais d'expédition.
Il faut trouver des mécanismes qui permettront d'aider non seulement la première entreprise à se lancer dans la commercialisation d'un nouveau produit au Canada, mais aussi la deuxième, la troisième et la quatrième.
Nous avons lancé le programme de remise de prix en Ontario il y a 15 ans; aujourd'hui, il y en a partout au Canada et même aux États-Unis. States. Nous parlions du cheminement des projets qui nous étaient présentés. Il s'agit surtout de projets ordinaires, avec du lamellé-collé, dans des centres communautaires, des hôpitaux, etc. Il y a eu de grands progrès.
Mais en allant de l'avant avec la nouvelle génération — les immeubles de hauteur moyenne, les grands immeubles, les très grands panneaux, et autres projets — et en continuant d'innover, ce sera... Les prix sont un encouragement. Les architectes aiment être reconnus, de même que les ingénieurs, les universités, les collèges et les chefs de file qui réalisent ces projets. Ces prix donnent d'excellents résultats.
J'aimerais poser une question à M. Innes.
Je veux m'assurer d'avoir compris ce que vous avez dit, monsieur Innes. Quand vous parliez des avantages économiques que l'industrie pouvait tirer du carbone, faisiez-vous allusion à la taxe sur le carbone, au prix du carbone ou au fait que les matériaux à base de bois, qui constituent effectivement une forme de séquestration du carbone, peuvent être considérés comme un avantage pour l'industrie?
Lors des débats sur les changements climatiques, on a beaucoup parlé des puits de carbone et du fait que l'industrie de la forêt pourrait bénéficier de certains crédits ou de dispositions concernant le prix du carbone.
Pouvez-vous clarifier votre pensée et, le cas échéant, nous dire quels sont les avantages économiques actuels?
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L'industrie forestière de la Colombie-Britannique a déjà bénéficié de crédits de carbone. Avant sa fermeture, Pacific Carbon Trust, un organe du gouvernement de la Colombie-Britannique, avait vendu des crédits compensatoires.
À l'échelle mondiale, on remarque que le nombre de programmes d'échange de droits d'émission de carbone est en forte augmentation. Il y en a maintenant au Québec, en Colombie-Britannique et, si je ne m'abuse, en Ontario. Il y en a aussi le long de la côte ouest des États-Unis. Nous observons de plus en plus que, lorsqu'ils évaluent les recettes totales qu'ils peuvent tirer d'une forêt donnée, les aménagistes forestiers tiennent compte de la question du carbone; elle est un facteur important dans leur décision d'exploiter ou non un secteur forestier particulier.
Évidemment, la valeur du bois sera plus grande que celle du carbone, mais il y a aussi des avantages découlant de la préservation de la forêt, des avantages sur le plan des émissions de carbone, dans le cas de l'eau, de la biodiversité et des activités récréatives, par exemple, qui ont toutes une valeur propre. Je crois que dans les forêts gérées par la communauté ce genre de valeur est de plus en plus prise en compte.
Pour ce qui est d'un programme fédéral, le Canada, à mon avis, n'en est pas à l'étape d'un programme national, contrairement à d'autres pays. Toutefois, nous finirons tôt ou tard par prendre cette voie. Je ne peux naturellement pas prédire ce qui va se passer — c'est au Parlement de décider — , mais je suis convaincu que nous prendrons cette voie, car c'est celle que prend le reste du monde.
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Le dernier point que vous avez mentionné n'est plus pertinent, je le crains. Cette unité a été démantelée, mais nous avons du personnel d'Environnement Canada et de Ressources naturelles Canada. Il y en avait plus auparavant. Il y en a moins maintenant. C'est en raison d'une rupture de la relation. Il y a eu un regroupement des bureaux au sein du gouvernement fédéral.
Cette relation nous a été très utile et elle a permis aux scientifiques du gouvernement fédéral de profiter d'une interaction avec un grand nombre d'étudiants, surtout des étudiants de deuxième et troisième cycles. Ils ont pu constituer des équipes beaucoup plus grandes que celles qu'ils auraient pu constituer dans les instituts de recherches fédéraux. Ils ont accès à des jeunes très brillants, à qui ils n'auraient peut-être pas eu accès auparavant. Nous avons été très satisfaits de la façon dont cela a fonctionné.
Je précise que nous collaborons avec le Service canadien des forêts, FPInnovations et le gouvernement provincial pour trouver des façons de combiner notre savoir-faire pour obtenir plus facilement du financement international qu'aucun de nous, seul, aurait pu auparavant demander. C'est un domaine qui se développe assez rapidement. Nous n'avons pas encore atteint le but. J'ai rencontré justement quelqu'un du ministère de la Diversification de l'économie de l'Ouest hier soir et je lui ai parlé de nos projets. C'est quelque chose de nouveau qui va certainement nous faire prendre une orientation internationale.
Je crois que le Canada a beaucoup à apporter sur la scène internationale, que nous sommes des chefs de file dans le domaine de la gestion forestière, de la science forestière et des produits forestiers et que nous pouvons apporter une grande contribution aux pays qui ont des difficultés. Nous connaissons un grand nombre de pays qui ont des problèmes de gouvernance, notamment de corruption dans le secteur forestier, d'exploitation forestière illégale et de déforestation. Je pense que nous pourrions aider ces pays à mieux s'en tirer qu'actuellement et, ce faisant, rendre le monde meilleur pour nous tous.
Je pense que son rôle est de continuer à financer les études sur le marché du travail, qui sont très utiles pour comprendre, comme Mme Block l'a dit, les transitions qui s'opèrent dans l'industrie et y réagir. Nous avons obtenu des résultats très positifs avec la formation préemploi pour les groupes désavantagés et les groupes ciblés par l'équité en matière d'emploi, comme je l'ai mentionné. Les entreprises ont beaucoup de difficulté à trouver des personnes qualifiées et des travailleurs débutants.
Pour ce qui est des autres rôles, il pourrait y avoir une plus grande coordination entre les différents établissements postsecondaires et l'industrie au Canada de sorte qu'il existe un genre de système d'échelonnement pour que les gens puissent, après leurs études secondaires, suivre différentes sortes de formation postsecondaire, puis, par la suite, peut-être, participer à des programmes de formation professionnelle une fois qu'ils travaillent.
La nature fluide de la technologie et des marchés d'aujourd'hui est telle qu'on ne peut plus espérer qu'un diplôme d'études de quatre ans serve pendant toute une carrière. Les travailleurs doivent, à différents moments, mettre à jour leur formation. Nous essayons de permettre cela, notamment au moyen de cours en ligne et de formation mixte combinant la formation en ligne et la formation en personne pendant des périodes plus courtes. Mais, ces programmes sont parfois difficiles à maintenir.
Comme on arrive à la fin de la période des questions et observations, je n'ai pas beaucoup de temps, mais je voudrais poser encore une ou deux questions.
Madame Bérubé, j'aimerais revenir sur ce que vous avez dit quand on vous a posé une question au sujet des pompiers. C'est un sujet qui m'intéresse depuis le début de l'étude, et je pose toujours des questions là-dessus.
J'ai oeuvré sur la scène municipale pendant 17 ans. J'y étais encore jusqu'à tout récemment. Les pompiers ne sont pas du même avis que l'industrie. Je me suis entretenue dernièrement avec des pompiers et je me suis rendu compte qu'ils sont bien plus préoccupés par l'absence de mise à l'essai, les toxines, le stratifié, les colles, etc. Ils ne sont pas certains qu'on ait suffisamment étudié ce qui peut entrer dans la composition de ces grands panneaux... comment avez-vous appelé cela? Je pense qu'il s'agit de stratifié quand il est question de lamelles de bois liées par de la colle ou quelque chose du genre.
Les pompiers estiment que le point d'éclair est atteint plus rapidement avec les nouveaux produits. On délaisse de plus en plus les produits naturels dans les maisons pour se tourner vers les planchers en stratifié, les tapis en nylon et les autres produits novateurs; or leur point d'éclair est atteint plus rapidement et ils contiennent des niveaux de toxines plus élevés. Tout cela inquiète vivement les pompiers. Ils craignent que les gens — et eux aussi, dans l'exercice de leurs fonctions — soient plus rapidement exposés aux flammes et aux toxines.
Quel est le processus d'obtention des autorisations voulues pour utiliser les nouveaux produits et modifier la construction? Je vous ai entendue dire que le secteur de la lutte contre les incendies étaient mis à contribution, mais de qui s'agit-il au juste? Du commissaire aux incendies? Des chefs des pompiers? Sait-on de qui il s'agit?
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Oh, du secteur de la lutte contre les incendies.
Un grand nombre de produits nouveaux sont soumis à des essais rigoureux et évalués par le CNRC. On y met le feu, littéralement, et ils ne sont approuvés que s'ils ont une résistance au feu de une à deux heures. Les essais sont assez rigoureux.
Je pense que, pour les pompiers, beaucoup de problèmes sont nés avec l'utilisation, dans les maisons, de poutrelles en I, qui sont des éléments relativement petits de l'ossature en bois. Par contre, les grands panneaux de bois qui servent à la construction de gros bâtiments sont calcinés, comme Iain l'a signalé, mais ils sont sans danger.
En Colombie-Britannique, le chef du services des incendies Len Garis a longuement étudié l'évolution des produits et les mesures de précaution adoptées. On a intensifié les efforts. Je sais qu'il existe de nouvelles colles. L'industrie se penche sur la question.
J'aimerais revenir sur les questions que ma collègue vient de poser. Je me souviens du problème que les pompiers m'ont présenté. Je ne dis pas cela pour être négative à l'égard de l'utilisation du bois. Je sais qu'on recommence à utiliser du bois magnifique pour construire des centres sportifs, comme on le faisait autrefois. Quand il s'agit de gros bâtiments, toutefois, si on utilise du bois au lieu du métal, ce qui préoccupe les pompiers, d'après ce que je comprends, c'est la structure. Quand ils luttent contre un incendie, les pompiers montent et descendent. Dans une structure en bois, un pompier pris à l'intérieur ne pourra pas sortir, parce que les éléments sont très près les uns des autres. Je veux simplement vous le signaler. C'est le genre de préoccupations dont les pompiers nous ont fait part. Il faudrait se pencher là-dessus.
Messieurs Innes et Macdonald, vous demandez au gouvernement fédéral de participer davantage à la surveillance. Autrefois, le gouvernement s'occupait beaucoup plus des forêts et de l'exploitation forestière. Quelles recommandations feriez-vous à ce sujet? Dans ma circonscription, des fabricants de drones aimeraient qu'on fasse appel à eux pour cette surveillance. En Alberta, d'où je viens, ce n'est pas l'industrie forestière qui inquiète les gens, mais l'exploitation pétrolière et gazière, parce que les approbations accordées pour la prospection sismique et l'exploitation des sables bitumineux et simplement du pétrole et du gaz classiques nous font perdre beaucoup de possibilités en matière de produits du bois. Ce facteur est-il également pris en considération dans la surveillance? Il s'agit peut-être d'une situation propre à ma province, parce qu'il se peut que nous soyons perdants, mais je sais qu'en Colombie-Britannique, il se fait maintenant beaucoup d'exploitation gazière.
Pourriez-vous nous en dire plus sur ce que vous recommanderiez au gouvernement fédéral de faire, compte tenu de l'état des choses, pour assurer la viabilité des forêts et soutenir en même temps l'industrie forestière. D'autres personnes peuvent aussi intervenir.
Je pense que ce qui préoccupe le plus les gens, c'est ce qu'on appelle les effets cumulatifs. On assiste à certains endroits à différents types d'exploitation qui font tous l'objet d'une réglementation distincte. Il s'ensuit que personne ne connaît vraiment bien le territoire ni ne sait exactement ce qui s'y passe. Les experts forestiers peuvent avoir un très beau plan et mettre certaines zones de côté pour les réserves, mais voilà qu'une société pétrolière et gazière y fait passer une ligne de levé, y construit une route, puis un pipeline, et l'entreprise forestière a soudainement accès à du bois dont l'exploitation n'était pas rentable auparavant. C'est ainsi que les effets se multiplient.
Selon moi, le gouvernement fédéral pourrait entreprendre ou subventionner des recherches qui nous permettraient de mieux analyser les effets cumulatifs dans diverses provinces. Le Service canadien des forêts ou le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie pourrait s'en occuper. Il y a une dizaine d'années, j'ai participé en Colombie-Britannique à une étude de ce genre parrainée par le CRSNG, mais il s'agissait d'une étude pilote à laquelle on n'a pas donné suite. Je sais que ce genre d'étude intéresserait grandement bien des Premières Nations et de nombreux organismes gouvernementaux.
Je pense donc que, si nous trouvons de bonnes méthodes pour réaliser une telle étude, il faut les inscrire dans un processus d'évaluation environnementale afin que l'étude soit intégrée au système d'examen mis en place dans les provinces et au fédéral et que nous puissions réellement déterminer quelles seront probablement les répercussions futures. Si on songe, par exemple, à ouvrir une nouvelle région à l'exploitation minière ou forestière, que risque-t-il de se produire et sur quelles autres ressources de la terre en question l'exploitation envisagée aura-t-elle un effet?
C'est un domaine de recherche vaste et fort complexe. Nous n'avons pas encore trouvé de réponse satisfaisante, mais je pense que le gouvernement fédéral pourrait vraiment nous aider à mieux comprendre ce genre de choses.
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Bonjour monsieur le président et messieurs les vice-présidents. Je salue bien spécialement M. Guy Caron, notre député.
Mesdames et messieurs membres du comité, je m'appelle Guylaine Sirois et je suis présidente du Réseau Forêt-Bois-Matériaux de Témiscouata. Je suis aussi la préfet élue de la Municipalité régionale de comté de Témiscouata. Je suis accompagnée de M. Roger Robitaille, qui est le directeur général du Réseau Forêt-Bois-Matériaux de Témiscouata, et de Mme Caroline Roy, qui en est la conseillère en innovation et en développement d’entreprise.
Permettez-moi en premier de vous remercier de l’occasion qui nous est offerte de vous présenter notre vision et nos attentes en matière d’innovation stratégique au sein de l’industrie forestière. Nous désirons d’entrée de jeu également remercier le gouvernement canadien pour le soutien qu’il a accordé au cours des dernières années à notre industrie forestière, à nos communautés et à nos centres de recherche. Sans cette aide, les résultats obtenus en matière de diversification de produits et de production de produits à valeur ajoutée n’auraient pu se réaliser au rythme que nous avons connu.
Depuis 2008, notre industrie forestière s’est prise en main pour migrer d’une production de produits de commodités vers des produits à haute valeur ajoutée. C’est ainsi qu’elle a augmenté sa productivité, diversifié ses marchés et maximisé la valeur de ses produits. Elle est aussi devenue plus agile. Sur le plan environnemental, elle s’est en général conduite en citoyen corporatif responsable, en réduisant davantage ses émissions polluantes et en investissant dans les énergies durables.
Elle a initié la production de nouveaux produits du bois comme le panneau contrecroisé en bois ou le lambris de peuplier en trois dimensions. De nouvelles méthodes de reproduction comme l’embryogénèse somatique nous permettent maintenant de produire des arbres à croissance plus rapide et aux propriétés physiques recherchées. L’optimisation des procédés de récolte a aidé à réduire le coût du bois. La populiculture est en voie de révolutionner l’approvisionnement de tout un secteur de notre industrie. Le virage vers la biochimie est en cours dans notre région avec la transformation d’une usine de pâtes et papiers en bioraffinerie.
Des programmes de recherche sur les extractibles forestiers dans le but de mettre en place une nouvelle filière industrielle forestière sont aussi en voie de réalisation. Tout cela a été réalisé en bonne partie grâce au soutien du gouvernement canadien et de centres de recherche comme FPInnovations, le Centre de recherche industriel du Québec ou encore de centres de transfert technologique comme le SEREX dans la vallée de la Matapédia au Québec.
Malgré tout, il reste beaucoup de choses à faire pour que notre secteur forestier complète son virage vers la nouvelle économie verte. C’est pourquoi l’industrie forestière et les organismes socioéconomiques de la Municipalité régionale de comté de Témiscouata ont mis sur pied en 2012 le Réseau Forêt-Bois-Matériaux de Témiscouata pour soutenir l’innovation au sein de son industrie de la transformation du bois, la diversification de ses produits et leur commercialisation à l’exportation.
Comme premier point, nous voulions vous parler de l'innovation en forêt. L’amélioration de la connaissance du milieu forestier, la production d’arbres aux propriétés désirées, l’optimisation des activités d’aménagement forestier et la définition des meilleures stratégies d’exploitation pour réduire les coûts et optimiser la chaîne de valeur vont demander encore beaucoup de recherche et de développement. Le programme de recherche au Bas-Saint-Laurent sur l’optimisation des travaux de récolte lors de la première éclaircie commerciale de la plantation est un bel exemple de collaboration entre les gouvernements, les universités et les entreprises forestières. La forêt privée et la forêt publique ont toutes deux besoin d’un accompagnement.
En ce qui a trait à l'innovation dans la transformation, l’optimisation des procédés, la modernisation des équipements, la production de matériaux de construction en bois de nouvelle génération et le développement commercial de la biochimie vont nécessiter des investissements importants, autant dans les activités de recherche, de développement, de transfert de technologies que l’acquisition de technologies originales et novatrices. Les petites et moyennes entreprises, en raison de leurs fonds de roulement qui sont souvent inadéquats ont particulièrement besoin d’accompagnement.
Le troisième point concerne l'innovation dans la biomasse forestière. On veut que l’utilisation de la biomasse forestière comme substitut aux carburants fossiles pour le chauffage soit augmentée de façon importante, et c'est le cas depuis quelques années.
La conversion est cependant dispendieuse et le retour sur l'investissement est beaucoup trop long. Une période de huit ans est presque la norme dans le cas du brûlage de copeaux de biomasse ou de granules à des fins de chaleur. Il nous semble opportun que le gouvernement canadien soutienne financièrement les ménages et les industries forestières comme celle de l’acériculture engagés dans un tel processus.
L’utilisation de la biomasse forestière à des fins énergétiques sous d’autres formes, comme les biocarburants à titre d’exemple, va demander encore beaucoup d’activités de recherche-développement.
Le quatrième point est l'innovation dans la commercialisation et l'exportation.
L'expérience nous a appris que la recherche-développement ainsi que la commercialisation sont indissociables. En associant les produits et les marchés, la conception et le développement d'un nouveau produit se font plus rapidement, de façon plus efficace et à moindre coût. Cette intégration résulte en la création et la production de produits innovants et distinctifs.
Nos entreprises ne peuvent se développer dans un contexte de marché local seulement car, rapidement, la demande locale ne suffit plus. Il s'ensuit ce que nous vivons actuellement: des usines n'opèrent pas à pleine capacité. L'introduction de produits sur le marché est donc retardée. L'exportation demeure la seule solution, bien souvent, sous forme de regroupement d'entreprises dans le cas des PME.
Les PME se composent, pour la majeure partie, des industries de notre région qui sont particulièrement mal outillées pour gérer tout cet environnement.
Les grandes entreprises elles-mêmes doivent souvent gérer des délais importants entre la conception d'un produit et sa distribution en raison de la réglementation et des obstacles non tarifaires mis en place par les pays visés. Nous espérons que le gouvernement canadien continuera à appuyer nos industries désireuses de s'imposer sur les marchés d'exportation.
Le cinquième point porte sur l'épidémie de la tordeuse des bourgeons de l'épinette.
La Côte-Nord et l'Est du Québec sont actuellement aux prises avec une infestation de la tordeuse des bourgeons de l'épinette. Il est donc à prévoir que cette infestation se propagera dans le reste du Québec, dans les provinces maritimes qui sont à proximité et peut-être en Ontario. Les effets négatifs à moyen et à long terme sur l'économie des communautés touchées et sur l'industrie forestière ne sauraient être sous-estimés.
Il nous paraît donc important que le gouvernement canadien n'hésite pas à s'impliquer davantage dans la lutte contre cette épidémie et dans l'aide aux entreprises et aux communautés touchées.
J'aimerais finalement mentionner la raison d'être du Réseau Forêt-Bois-Matériaux de Témiscouata. C'est un organisme sans but lucratif qui a été mis sur pied en 2012 par l'industrie forestière et les organismes socioéconomiques de la MRC de Témiscouata dans le but de soutenir le développement de l'industrie forestière par l'innovation, le développement de nouveaux produits et la diversification des marchés.
Il regroupe aujourd'hui la majorité des intervenants forestiers concernés. Le siège social est situé dans la ville de Témiscouata-sur-le-Lac. Il est géré par un conseil d'administration de 12 personnes. Le réseau agit également par réseautage, maillage, transfert de connaissances et préparation d'études. Il utilise à cette fin les services du monde universitaire, des centres de recherches et des centres de transfert de technologies. Il fait aussi appel à des consultants privés.
Nous demeurons disposés à répondre à vos questions.
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Le Programme d'aide à la mise en valeur des forêts privées — et c'est aussi vrai pour les forêts publiques — a commencé en 1972. On a donc environ 40 ans d'expérience. La rotation de la forêt, dans notre région, demande environ 60 ans. Il reste donc une vingtaine d'années avant de compléter le premier cycle.
Les défis actuels ont trait à la formation du personnel et au virage technologique pour les travaux d'aménagement et de récolte. En fait, nous nous tournons résolument vers les technologies optimisées et mécanisées qui nous permettent de gérer la forêt non pas en tant qu'entité mais plutôt sur une base par pied d'arbre. En ce sens, nous rejoignons un peu l'approche européenne en vigueur depuis de nombreuses années.
Le temps est ce dont nous avons besoin pour faire la transition. Il faut faire la transition dans le respect des employés et il faut former le nouveau personnel. À très court terme, nous avons besoin de fonds nous aider à financer les travaux. Une récolte par pied d'arbre coûte beaucoup plus cher qu'une coupe à blanc ou qu'une coupe abusive. Nous oeuvrons dans un cadre d'aménagement durable, d'optimisation de la forêt. Malgré le fait que notre industrie locale fasse déjà des efforts et participe déjà de façon financière importante à cet effort d'aménagement, nous avons besoin que le gouvernement canadien intervienne financièrement, un peu comme il l'a fait, dans le passé, avec ce que l'on a appelé le plan de l'Est, qui a duré une douzaine d'années, je crois. Il y a l'encadrement technique lié aux travaux, la formation du personnel et l'exécution des travaux.
J'aimerais aussi ajouter que l'on a déjà vu, sur le territoire, une forêt modèle qui n'existe malheureusement plus. À l'époque, elle avait été financée par le gouvernement canadien. Elle avait littéralement servi de base, de centre de recherche sur le terrain, pour diffuser l'expertise et la connaissance sur le terrain.
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En ce qui concerne les pâtes et papiers, il y a ici une première usine qui prend le virage du bioraffinage. Autrefois, cette usine ne dépendait que d'un produit, le carton d'emballage. D'ici quelques temps, l'usine aura deux produits majeurs, le produit conventionnel et les produits chimiques, des sucres. Ils seront utilisés dans différentes applications chimiques.
Au cours des années, cette entreprise s'est aussi intégrée à des usines de transformation primaire de sciage. Dans le but de réduire les coûts et de la rendre plus compétitive, on a intégré le sciage à la transformation des pâtes et papiers, de façon à optimiser l'utilisation de la fibre. Je parle toujours du mode tiré.
Tout cela est ensuite reporté vers la forêt, où la récolte et la préparation des arbres est effectuée en fonction des besoins des usines qu'elle approvisionne. Tout cela est fait de façon à répondre aux besoins des clients.
Actuellement, on peut dire sans se tromper qu'au-delà de 50 % de la matière première récoltée et destinée au sciage dans notre territoire fait l'objet d'une transformation secondaire. On lui donne donc une valeur ajoutée sous différentes formes avant que le produit arrive sur le marché.
En ce qui a trait aux pâtes et papiers, ce sera le même phénomène, grâce à l'arrivée du bioraffinage.