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Monsieur le Président, je parle ici d'un crédit qui fait l'objet d'opposition, et il s'agit du budget nécessaire aux activités du Sénat. Il s'agit du financement du Sénat.
Le Nouveau Parti démocratique s'oppose tous les ans à ce crédit. Tous les ans, il nous oblige à nous mettre d'accord sur le fait que l'autre endroit reçoive du financement. L'argument du NPD, comme on peut le vérifier dans les débats des années précédentes, consiste à dire que le Sénat n'a aucune légitimité. Cet argument pourrait être résumé plus subtilement par l'un de mes collègues des banquettes néo-démocrates, mais il est à peu près le suivant: le Sénat n'a pas sa place, en tant que Chambre dont les membres sont nommés, dans une fédération moderne comme le Canada. Nous ferions mieux de nous doter d'un Parlement unicaméral.
Je suppose que les députés du NPD sont prêts à indiquer un certain nombre de pays dotés d'un Parlement unicaméral, comme la Nouvelle-Zélande ou comme les provinces, dont certaines ont cependant eu, au XIXe siècle, des conseils législatifs, c'est-à-dire des Chambres hautes, qui ont été abolies au cours du XIXe siècle à l'Île-du-Prince-Édouard, en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et au Manitoba, ainsi, évidemment, qu'au XXe siècle au Québec. Aucune autre province n'en a eu.
Voilà l'essentiel de leur argument. Les néo-démocrates prétendent également qu'aucun changement dans la structure du Sénat ne peut améliorer l'institution par rapport à un Parlement unicaméral. Voilà leur argument essentiel. Il est défendable, bien que je ne le fasse pas mien.
Le problème de cet argument, c'est que nous sommes assujettis aujourd'hui à des règles assez différentes de ce qu'elles étaient autrefois. Cet argument a déjà été formulé conjointement avec l'affirmation selon laquelle le Sénat est en faillite morale, et ne doit donc pas être financé. Nous comprenons tous qu'en définitive, ce financement sera approuvé, de même que le Budget des dépenses, mais nous voulons nous prononcer.
C'est pourtant une affirmation qui n'a plus guère de résonance morale, et j'invite instamment les néo-démocrates à se dispenser de leur opposition au cours des années à venir. Je voudrais présenter les raisons pour lesquelles, selon moi, il devrait en être ainsi.
La différence par rapport aux années antérieures, c'est que cette année, nous avons obtenu réponse à une série de questions posées l'année dernière à la Cour suprême concernant les différentes façons de réformer le Sénat.
Étant donné que l'idée selon laquelle, à l'avenir, le Sénat ne devrait plus être une assemblée nommée, faisait l'objet d'un consensus parmi les Canadiens, le gouvernement a soumis six questions précises à la Cour suprême du Canada, concernant les possibilités de modifier la Constitution afin d'apporter des changements à la structure du Sénat.
La première question concernait la limitation de la durée du mandat des sénateurs. Au lieu que les sénateurs puissent siéger jusqu'à 75 ans, serait-il possible de nommer les sénateurs pour un mandat d'une durée limitée de huit, neuf ou dix ans? La norme, aux États-Unis et en Australie, est de six ans. Je dirais que c'est la norme par excellence dans le monde, mais le Canada n'en a pas tenu compte. Nous voulions un mandat plus long.
La question concernant la limitation de la durée du mandat des sénateurs a été posée de différentes façons. Quelle formule de modification s'appliquerait à ce genre de limitation ou à ce genre de limitation imposée aux sénateurs? Et si elle s'appliquait uniquement aux sénateurs nommés à l'avenir, aux sénateurs nommés après l'arrivée au pouvoir de l'actuel gouvernement ou aux sénateurs qui ont signé une déclaration selon laquelle ils sont prêts à démissionner?
La deuxième question que nous avons posée à la Cour suprême concernait les élections consultatives. Et si le gouvernement fédéral parrainait des élections consultatives, autrement dit un genre de plébiscite auprès de la population de la province, pour savoir qui devrait être nommé pour les représenter au Sénat?
La troisième question concernait l'instauration d'un cadre parrainé par le gouvernement fédéral aux termes duquel les gouvernements provinciaux pourraient adopter leur propre mesure législative, laquelle serait utilisée pour ces élections consultatives visant à déterminer qui devrait être nommé au Sénat.
Ensuite, il y avait une question concernant l'abrogation de la qualification en matière de propriété pour être nommé au Sénat.
En terminant, nous avons demandé à la Cour suprême si nous pouvions tout simplement abolir le Sénat. Est-ce que le gouvernement fédéral a le pouvoir de l'abroger?
La Cour suprême a répondu à toutes ces questions.
Pour expliquer la suite des choses, il importe de rappeler aux gens qu'il existe plus d'une formule pour modifier la Constitution du Canada. À cet égard, nous sommes différents des autres grandes fédérations du monde.
Selon la formule de modification des États-Unis, si les trois quarts des membres du Congrès et les deux tiers des membres des assemblées législatives des États appuient une résolution de modification constitutionnelle, alors la modification sera adoptée. Dans le système australien, la Constitution ne peut être modifiée que si on obtient une majorité, par référendum, dans une majorité d'États.
La Suisse dispose également d'un système de référendum uniforme. La résolution doit être appuyée par une majorité de cantons, ainsi qu'une majorité nationale. De la même façon, l'Allemagne est également une fédération, tout comme l'Autriche. Ces deux pays ont, eux aussi, des systèmes qui reposent sur une seule formule de modification.
Par contre, au Canada, il existe cinq formules de modification. Il y a d'abord une procédure par laquelle le gouvernement fédéral peut modifier unilatéralement la Constitution, aux termes de l'article 43 de la Constitution. L'article 44 précise ensuite qu'une modification peut s'appliquer à une seule province. Là, je ne suis pas l'ordre dans lequel ces dispositions sont énoncées. L'article 38, la soi-disant formule de modification générale, prévoit que certains aspects de la Constitution peuvent être modifiés, sous réserve de l'appui de sept provinces représentant au moins 50 % de la population canadienne.
Une autre formule, celle qui exige l'unanimité et qui figure à l'article 41 de la Constitution, prévoit que, dans le cas de certains types de modifications, il faut obtenir le consentement de chacune des provinces. Quand je dis « chacune des provinces », je parle en fait de chacune des assemblées législatives provinciales. Par conséquent, il faut, dans les faits, qu'une modification en vertu de l'article 41 soit approuvée par les 10 assemblées législatives provinciales, ainsi que par le Parlement du Canada. Dans le cas de la formule du 7/50, il faut obtenir le consentement d'au moins sept provinces représentant au moins 50 % de la population.
Il n'est pas toujours facile de savoir quelle formule de modification s'applique à quel aspect de la Constitution. Un certain nombre d'aspects sont nébuleux, en particulier ceux qui touchent le Sénat. Dans la décision qu'elle a rendue plus tôt ce printemps, la Cour suprême a précisé quelle formule de modification s'appliquait.
Qu'on soit d'accord ou non, l'avis de la Cour suprême est exécutoire. La Cour suprême a déclaré que les élections parrainées ou administrées par le gouvernement fédéral, c'est-à-dire celles organisées en vertu des lois provinciales et qui sont conformes au cadre fédéral ou celles qui sont directement administrées par le gouvernement fédéral, sont interdites. Elles sont inconstitutionnelles. Il n'est pas possible de conférer un caractère démocratique au Sénat, à moins de faire approuver d'abord une modification constitutionnelle par au moins sept provinces, qui représentent au moins la moitié de la population du Canada.
La Cour suprême a aussi déclaré qu'il n'était pas possible de limiter la durée du mandat des sénateurs et que si un sénateur avait signé une déclaration à l'avance pour indiquer qu'il était prêt à renoncer à ses fonctions, cette déclaration serait nulle et non avenue, à moins qu'une modification constitutionnelle ait d'abord été approuvée par au moins sept provinces, qui représentent au moins la moitié de la population du Canada.
Pour ce qui est de l'élimination de la qualification des sénateurs en matière de propriété, à l'heure actuelle, une personne doit posséder des biens immobiliers d'une valeur de 4 000 $ — une somme beaucoup plus élevée en 1867 que de nos jours — dans la province qu'elle représente, ou encore posséder des biens locatifs ayant la même valeur. La Cour suprême a statué que cette exigence pouvait être abolie, et ce, de façon unilatérale. En fait, le gouvernement fédéral pourrait adopter une modification au Parlement qui permettrait d'invalider cette disposition, sauf dans le cas du Québec.
Pour le Québec, une disposition prévoit qu'un sénateur doit posséder des biens immobiliers d'une valeur d'au moins 4 000 $ dans le district électoral qu'il représente. C'est une des bizarreries du Sénat: les sénateurs québécois représentent 24 districts qui ont été définis dans le recensement de 1861 pour l'assemblée législative de la province du Canada-Uni et qui sont restés figés depuis, ce qui crée toutes sortes d'aberrations. Sur le plan géographique, le Québec était alors plus petit qu'aujourd'hui. C'est pourquoi le Nord de la province n'est pas du tout représenté. Le Nord, ce sont les deux tiers du territoire du Québec; pourtant, absolument personne ne le représente.
Les districts n'ont rien à voir avec les tendances démographiques du Québec actuel. Les districts ruraux sont presque dépeuplés, alors que l'île de Montréal, qui compte des dizaines de circonscriptions fédérales, n'a que deux districts si je ne m'abuse. C'est tout à fait conforme à la situation démographique du milieu du XIXe siècle, mais pas à celle d'aujourd'hui.
Pourtant, nous n'aurions pas le droit de présenter d'amendement pour faire table rase afin qu'il suffit d'être résidant du Québec pour être sénateur, sans devoir aussi posséder des biens immobiliers dans le district concerné. En fait, nous pourrions le présenter, mais nous ne pourrions pas l'adopter. L'Assemblée nationale du Québec devrait aussi donner son accord. Même si c'est un changement très simple, nous ne pourrions pas l'apporter unilatéralement.
Enfin, la Cour suprême s'est prononcée sur l'abolition du Sénat. C'est la position que privilégient les néo-démocrates. La Cour suprême a dit que l'abolition du Sénat nécessiterait un amendement constitutionnel approuvé par les dix assemblées législatives provinciales et les deux Chambres du Parlement du Canada.
Les néo-démocrates veulent maintenant cesser de financer le Sénat. Or, priver cette institution de tout financement n'apporterait rien du tout. Si le Sénat n'a pas été réformé, c'est parce que la Cour suprême a dit qu'on ne peut pas le réformer. On ne peut vraiment pas l'abolir sans l'accord de chaque assemblée législative provinciale.
Cependant, c'est plus compliqué que cela. En 1996, soit après le référendum sur l'indépendance du Québec, lors duquel le « oui » a obtenu 49,3 % des voix, si ma mémoire est bonne, le gouvernement Chrétien a proposé une loi qu'on appelle communément la loi concernant les vetos régionaux. Je vais prendre un moment pour lire les dispositions de cette très petite loi qui nous intéressent. Cette loi, intitulée Loi concernant les modifications constitutionnelles, a été sanctionnée le 2 février 1996. Je cite la loi:
Sa Majesté, sur l’avis et avec le consentement du Sénat et de la Chambre des communes du Canada, édicte: [...]
(1) Un ministre de la Couronne ne peut déposer une motion de résolution autorisant une modification de la Constitution du Canada — sauf une modification à laquelle l’assemblée législative d’une province peut opposer son veto en application des articles 41 ou 43 de la Loi constitutionnelle de 1982 ou à l’égard de laquelle elle peut exprimer son désaccord [...] — que si la majorité des provinces y a préalablement consenti; cette majorité doit comprendre:
c) la Colombie-Britannique;
d) au moins deux des provinces de l’Atlantique [...] [représentant] au moins cinquante pour cent de la population [de cette région];
e) au moins deux des provinces des Prairies, pourvu que la population confondue des provinces consentantes représente, selon le recensement général le plus récent à l’époque, au moins cinquante pour cent de la population [de la région] des Prairies.
C'est là où nous en sommes. Il nous faut une majorité dans toutes les régions avant même de pouvoir présenter une modification. C'est important, parce que cela signifie que nous ne pouvons pas initier de proposition. Un ministre ne peut pas proposer d'abolir le Sénat ou de le modifier pour le rendre plus démocratique, limiter le mandat des sénateurs, ou abolir la qualification foncière, à moins que la mesure ait d'abord été approuvée par le gouvernement d'une province. En vertu de cette mesure législative, nous ne pouvons plus initier de modifications à la Constitution.
Nous pourrions essayer de d'abroger cette loi, puis proposer une modification à la Constitution relativement au Sénat. Cependant, cette possibilité n'existe pas à l'heure actuelle. Bien que je comprenne que le Nouveau Parti démocratique souhaite sincèrement abolir le Sénat, une institution qui à son avis est atavique, la réalité, c'est que nous ne sommes pas en mesure d'apporter ce changement.
Paradoxalement, les députés de l'opposition sont en mesure de le faire. Aucun ministre ne peut apporter ce changement, mais le député qui a proposé la motion de l'opposition, par exemple, pourrait, s'il le souhaitait, proposer une motion en ce sens. Je suppose que nous pourrions alors mettre un processus en branle.
Si les néo-démocrates souhaitent sincèrement changer la Constitution du Canada à cet égard, il est temps de commencer à le montrer en soumettant une proposition. Par ailleurs, ils ont des amis dans les assemblées législatives provinciales. S'ils trouvent que c'est quelque chose qu'il faudrait amorcer dans une assemblée législative provinciale, puis poursuivre dans une autre assemblée législative, afin d'adopter une proposition visant à apporter un changement ou une modification à la Constitution relativement au Sénat, ils pourraient le faire.
La balle est dans le camp du NPD. Il ne suffit plus de répéter ce qui, à mon avis, est malheureusement devenu un mantra — le mantra étant qu'il faut abolir le Sénat. Maintenant, quand quiconque fait une autre proposition pour légitimer cette institution, le NPD fait la sourde oreille et la discussion est close. Les néo-démocrates ont choisi comme solution qui correspond le plus à ce qu'ils sont celle qui est la plus difficile à réaliser. Or, la Cour suprême a rejeté toutes les solutions pour changer et démocratiser le Sénat et en faire une institution plus moderne.
La cour a-t-elle eu raison d'agir ainsi? A-t-elle eu tort? Je ne suis pas un positiviste juridique qui croit que, dès que la cour rend un jugement, elle a nécessairement raison parce que les juges sont supérieurs et plus connaissants. Mais il reste qu'ils ont le dernier mot. Leur parole est loi et nous devons nous accommoder de cette réalité.
Les néo-démocrates doivent eux aussi s'accommoder de cette réalité. Il serait tout à fait inacceptable de retenir les fonds d'une institution que la Constitution ne nous permet pas de changer parce que nous jugeons que cette institution est désuète. Il serait beaucoup plus acceptable de trouver une façon de moderniser cette institution, et je suis impatient d'entendre les propositions des néo-démocrates.
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Monsieur le Président, comme toujours, c'est un grand honneur de prendre la parole à la Chambre comme représentant des gens de Timmins—James Bay. La motion à l'étude ce soir porte sur le financement du Sénat. Je ne passerai pas en revue la question de la constitutionnalité du Sénat à la lumière de la décision de la Cour suprême, car je ne crois pas que cela doive nécessairement nous préoccuper ce soir.
La question qui se pose est de savoir si, oui ou non, cette institution, dont les membres ont été nommés par faveur politique ou par simple choix, en l'absence de tout contrepoids ou de tout mandat de la population canadienne, a fondamentalement des comptes à rendre aux citoyens et aux contribuables de notre pays.
Au XXIe siècle, j'ai énormément de difficulté à accepter l'idée qu'une institution puisse être à l'abri des réformes, qu'une institution ne puisse être réformée. Pour paraphraser G.K. Chesterton, qui disait que la seule chose qui soit pire qu'une infestation de prêtres, c'était une infestation de châtelains, je dirais pour ma part que la seule chose qui soit pire qu'une infestation de châtelains, c'est une infestation de copinage. Or, c'est ce qui caractérise cette institution. Il s'agit d'une institution qui établit ses propres règles et dont les membres ne peuvent pas être congédiés. Cela ouvre la porte à la corruption et aux abus.
Il ne faudrait pas croire que l'on trouve des anges à la Chambre des communes. Ce n'est certainement pas le cas. Je serais certainement le dernier à penser que des anges ont déjà mis les pieds dans cette enceinte, sauf peut-être le député de , qui m'apparaît certainement angélique dans ses meilleurs moments.
Il existe un mécanisme, dans notre démocratie impure et notre système démocratique impur, qui fait que les gens peuvent être démis de leurs fonctions s'ils abusent de la confiance du public. Lors des élections, ils doivent demander un nouveau mandat aux électeurs. Mais ce mécanisme n'existe pas au Sénat. Alors, le problème qui se pose est de savoir si nous, qui sommes élus pour former la Chambre des communes et y représenter le peuple canadien, après avoir été choisis par lui pour représenter ses intérêts, devons nous soumettre à une autre classe de personnes dont les intérêts passent avant ceux du peuple canadien.
À cette période de l'année, toutes sortes de groupes scolaires et de touristes visitent Ottawa. Ils entendent les guides touristiques leur raconter l'histoire merveilleuse du Sénat. On leur dit que, lorsque John A. Macdonald a créé la Chambre des communes, il a dû aussi créer le Sénat pour protéger les minorités. Donc, le Sénat existe pour protéger les intérêts des femmes, des Premières Nations et des gens de couleur. C'est ce que les guides touristiques racontent, mais ce n'est pas du tout ce que John A. Macdonald avait en tête. Il ne se souciait pas du tout des Premières Nations et des femmes lorsqu'il a voulu établir le Sénat. Ce ne sont pas les minorités dont il parlait. Il disait qu'il y aurait toujours un plus grand nombre de gens ordinaires que de gens riches, donc qu'il fallait protéger les intérêts des riches. C'est ainsi que le Sénat est né.
N'ayant pas de système seigneurial, de système de chevaliers et de système de ducs, nous avons dû inventer un système qui nous est propre, qui consiste à choisir des copains. Des gens qui faisaient cuire des crêpes lors des activités de collecte de fonds et qui distribuaient les poignées de main pour les partis politiques ont été nommés sénateurs à vie. Le Sénat était censé être la Chambre de second examen objectif, mais ce n'est pas ce qu'il est devenu.
La Cour suprême nous dit que cette institution est politiquement à l'abri de toute refonte globale, mais elle ne dit pas un mot de la nécessité absolue d'imposer un code de conduite éthique et financière au Sénat pour qu'il rende des comptes.
J'ai entendu des députés du côté gouvernemental dire qu'il était absurde de priver le Sénat de financement, que ce serait agresser l'institution. Je les invite à considérer la tradition de Westminster, où les membres de la Chambre des lords sont rémunérés en fonction de leur présence; ils ont des indemnités journalières. Les membres de la Chambre des lords occupent un poste honorifique. Si nous votions pour une telle formule, cela ne changerait rien aux exigences constitutionnelles du Sénat.
Voilà pour le contexte. J'aimerais maintenant parler de l'absence de reddition de comptes. Les sujets sur lesquels j'ai pu me dire d'accord avec les conservateurs ne sont pas bien nombreux. Je pourrais les compter sur une seule main en abaissant trois doigts. Pourtant, l'une des choses sur lesquelles j'étais initialement d'accord avec les conservateurs, avant qu'ils ne dérapent et qu'ils ne se retrouvent en pleine noirceur, c'était de la Loi fédérale sur la responsabilité, qui visait à mettre un terme à des années de copinage et de corruption sous le gouvernement libéral.
À l'époque, lorsque la Loi fédérale sur la responsabilité a été présentée pour la première fois, nous avons discuté avec des ministériels de la possibilité d'établir un seul et unique code régissant les conflits d'intérêts afin que les deux Chambres soient assujetties aux mêmes règles, mais le Sénat a refusé. Le Sénat a dit non. Il a refusé d'avoir à rendre des comptes au titre des mêmes règles que les députés.
Le Sénat s'est doté de règles régissant les conflits d'intérêts et d'un conseiller sénatorial en éthique; j'offre 100 $ à celui qui peut me dire comment se nomme la conseillère actuelle. Le conseiller en éthique du Sénat est comme le réparateur Maytag: il ne sort jamais pour aller vérifier si des règles éthiques ont été violées. Pourquoi? Parce qu'il doit en avoir la permission. Le conseiller en éthique du Sénat doit avoir la permission des sénateurs avant de lancer une enquête.
Je le répète: il manque des mécanismes de reddition de comptes. Les sénateurs ont le droit de siéger au conseil d'administration de n'importe quelle société. D'ailleurs, certains siègent à des conseils d'administration d'entreprises de télécommunication, de banques, d'institutions financières et de sociétés pharmaceutiques. Or, ce sont ces mêmes sénateurs qui examinent les projets de loi et qui lancent des études.
Pourquoi une société offrirait-elle un pot-de-vin à un simple politicien, à un simple député, à un simple secrétaire parlementaire, puisqu'elle peut tout simplement nommer un sénateur à son conseil d'administration et personne ne prête attention?
Les sénateurs, que Dieu les protège, disent qu'ils prennent de telles mesures dans l'intérêt des Canadiens et que le code d'éthique du Sénat interdit aux sénateurs d'utiliser leur position au bénéfice de leurs intérêts privés ou de ceux de leurs proches.
Examinons ce que prévoit exactement le code d'éthique du Sénat, qui est, ma foi, très drôle. On pourrait presque en faire un dessin animé tellement il n'y a rien à y comprendre.
On peut lire ce qui suit à l'article 14:
[Le sénateur] est tenu de déclarer [verbalement] dans les plus brefs délais la nature générale des intérêts personnels qu’il croit, pour des motifs raisonnables, que lui-même ou un membre de sa famille a dans cette question et qui pourraient être visés.
Combien de sénateurs ont fait une telle déclaration? C'est rarissime.
Voici maintenant l'article 15:
(2) S’il a des motifs raisonnables de croire que lui-même ou un membre de sa famille a des intérêts personnels qui pourraient être visés par une question dont un comité dont il est membre est saisi, le sénateur peut prendre part au débat sur la question à condition qu’il déclare verbalement ces intérêts au préalable, pour inscription au compte rendu.
Bien entendu, si la séance est tenue à huis clos, nous n'en saurons jamais rien.
J'examinais la question de l'absence de mécanismes de reddition de comptes au Sénat et du genre de corruption qui en est résulté. La plupart des Canadiens ne savent pas comment les comptes sont tenus. À la Chambre des communes, lorsque nous faisons un achat, nous soumettons la facture à la Chambre des communes, qui la vérifie et détermine si elle sera remboursée. Si on conclut que l'achat n'était pas requis pour l'exercice des fonctions parlementaires, il n'est pas remboursé.
Les sénateurs, quant à eux, s'attribuent une carte de crédit. Nous avons des gens qui ne peuvent pas être congédiés, qui formulent leurs propres règles et, comme nous l'ont révélé les scandales Duffy et Wallin, il y avait un régime de confiance et, en plus, on leur donne une carte de crédit.
J'ai demandé à des gens de ma localité s'ils s'attendaient à ce qu'il en soit autrement avec les Wallin, Duffy et Brazeau, alors qu'ils ont leur propre carte de crédit et qu'ils pouvaient formuler leurs propres règles.
Il y a de nombreuses autres failles que les sénateurs qui siègent à des conseils d'administration de grandes sociétés peuvent exploiter. Nous savons, d'après l'enquête policière sur le cas de Pamela Wallin, qu'il y a eu toutes sortes d'allégations sur ses déplacements en avion d'un bout à l'autre du pays, pour des affaires personnelles, des affaires d'intérêt pour des entreprises et sur le cumul d'avantages, parce que, disait-elle, elle travaillait simultanément pour le Sénat.
Ce sont là les principaux problèmes qui se présentent lorsqu'il n'y a pas de code de déontologie. Il y a beaucoup de failles.
La démocratie est évoquée au paragraphe 13(2): Les sénateurs peuvent participer à une discussion et à des votes portant sur des sujets dans lesquels des membres de leur famille ou des sociétés pour lesquelles ils travaillent ont un intérêt financier.
En vertu du paragraphe 14(4): Si un sénateur déclare un conflit d'intérêts pendant une séance à huis clos d'un comité, cette déclaration ne sera pas rendue publique, sauf si le comité y consent.
J'ai déjà parlé de l'article 15.
En vertu du paragraphe 26(d), les sénateurs peuvent recevoir des rapports des fiduciaires qui gèrent leur fiducie sans droit de regard.
En vertu du paragraphe 30(2), les sénateurs peuvent détenir un compte bancaire secret.
En vertu de l'article 35, un état de l'actif et du passif de chaque sénateur ne peut être trouvé aisément sur Internet; il est gardé au Bureau du conseiller sénatorial en éthique, à Ottawa. Je ne suis pas certain si cette règle a été modifiée. En raison des pressions exercées à la suite du dernier scandale de corruption au Sénat, ils réévaluaient cette règle.
Actuellement, Mike Duffy fait l'objet d'une enquête pour fraude, mais j'aimerais renvoyer les députés à l'enquête de la GRC sur le cas de Raymond Lavigne, qui a été trouvé coupable de fraude et expulsé du caucus libéral en 2006. Il s'est cramponné au Sénat jusqu'en 2011, avant de décider qu'il était temps de partir. Il est parti parce qu'en cas de condamnation, il aurait perdu sa pension; il est donc parti volontairement. Actuellement, le sénateur Lavigne est en prison.
En ce qui concerne les questions entourant le dossier de fraude du sénateur Lavigne, la GRC a agité tous les drapeaux rouges dont il est question aujourd'hui, concernant le manque de responsabilité financière, le fait que M. Lavigne pouvait s'attribuer tous les avantages financiers possibles, alors même qu'il se rendait coupable de fraude. Il n'existe aucun mécanisme de surveillance. C'était déjà connu en 2006 et en 2011, mais rien n'a été fait pour y remédier.
Eric Berntson a été trouvé coupable de fraude en 2001. Il a démissionné deux ans plus tard après avoir été condamné. Michel Cogger a été condamné pour trafic d'influence. Il a démissionné en 2002, deux ans après avoir été condamné. Il y a aussi l'infâme Andy Thompson, qui a filé au Mexique après avoir été nommé au Sénat. Il est venu 12 fois en sept ans au Sénat pour faire acte de présence et pour faire savoir qu'il était toujours sénateur, alors qu'il vivait sur les plages du Mexique. Hazen Argue a été accusé de fraude, de vol et d'abus de confiance.
Cela ne veut pas dire pour autant que les sénateurs sont fondamentalement plus corrompus que les élus. La réalité, c'est qu'ici, on a mis en place des mécanismes de reddition de comptes pour mettre un terme à la corruption, alors que le Sénat, de son côté, s'y est toujours refusé.
La motion dont nous sommes saisis ce soir est importante, car il s'agit de savoir si les quelque 90 millions de dollars que l'on donne chaque année au Sénat sont assortis de certaines conditions et assujettis à un mécanisme quelconque de reddition de comptes. Mes collègues de l'autre côté s'agitent et vocifèrent dès qu'il est question de dépenser, mais nous allons donner cet argent au Sénat sans condition, alors que nous savons que la pire corruption continue d'y régner, et alors qu'il refuse la moindre norme de responsabilisation.
Mike Duffy a reçu du chef de cabinet du un chèque secret de 90 000 $. Ce qui s'est produit ensuite est fascinant, car aux termes de l'article 16 de la Loi sur le Parlement du Canada, il est criminel d'offrir de l'argent à un sénateur en activité. C'est un acte criminel.
Si on examine l'information donnée par le caporal Horton, de la GRC, pour obtenir un mandat de perquisition, on se pose constamment la même question. S'agissait-il d'un échange de bons procédés qui avait pour objectif de camoufler les résultats de la vérification visant Mike Duffy, qui était soupçonné d'avoir escroqué les Canadiens? C'est une accusation très grave, car selon la GRC, les personnes qui faisaient partie du comité de vérification, en l'occurrence les sénateurs Tkachuk, Stewart Olsen et Gerstein, ont été informées de ce marché.
À certains moments pendant l'enquête visant les sénateurs Wallin et Brazeau, nous ne savions même pas si les résultats de la vérification allaient être rendus publics. Je trouve que c'est ahurissant. En effet, cette vérification visait à déterminer si l'argent des contribuables avait été utilisé illégalement, que ce soit pour escroquer les gens ou pour accorder des faveurs à des sénateurs partisans, mais le Sénat, une institution qui entretient le secret, ne pensait pas nécessairement rendre ces résultats publics. N'est-ce pas là une façon d'essayer d'étouffer le tout?
Nous savons que les résultats de la vérification initiale indiquaient qu'il n'y avait pas eu d'actes répréhensibles. Par contre, des pressions politiques ont été exercées. Il a fallu revenir en arrière, et à ce moment-là, miraculeusement, dans le cadre de la même vérification, on a découvert toutes sortes de problèmes. Tout à coup, les sénateurs Brazeau, Wallin et Duffy se sont retrouvés en position très précaire sur le plan politique. Cela nous ramène au problème initial. C'est ce qui se produit lorsqu'un système ne prévoit aucun mécanisme de reddition de comptes.
Je ne veux pas dire par là qu'il n'y a pas d'honnêtes gens au Sénat. Les sénateurs n'ont pas de mandat démocratique, mais cela ne veut pas pour autant dire qu'ils ne sont pas tenus de rendre des comptes aux Canadiens au bout du compte, même s'ils ne peuvent pas être renvoyés, même s'ils peuvent siéger jusqu'à l'âge de 75 ans et même s'ils ont le choix de se présenter au Sénat ou de partir vivre au Mexique et de revenir une fois par année pour recevoir un chèque.
Essentiellement, les sénateurs doivent encore rendre des comptes aux Canadiens, mais cette idée ne vient pas d'eux. Nous avons constaté qu'ils ont refusé de se conformer aux lignes directrices sur les conflits d'intérêts, comme nous le faisons. Nous avons aussi constaté qu'ils refusent de s'attaquer aux problèmes de lobbying évidents, qui sont attribuables au fait que des sénateurs siègent au conseil d'administration de certaines entreprises.
Ce mécanisme de reddition de comptes doit venir de la Chambre des communes. C'est à nous d'agir. Que nous soyons d'accord ou non sur le Sénat et sur son abolition, nous avons tous le devoir commun de représenter les Canadiens qui travaillent fort.
Chez moi, dans la région de Timmins—Baie James, les gens sont exaspérés. Ils travaillent très fort pour ce qu'ils obtiennent. J'en vois de plus en plus qui occupent deux emplois. Je me souviens d'avoir rencontré un mineur de 68 ans au Tim Hortons de South Porcupine, qui me disait qu'il allait retourner au travail au fond de la mine, car il ne s'en sortait pas avec seulement sa pension.
Le gouvernement dit à nos aînés qu'ils vont devoir travailler jusqu'à l'âge de 67 ans avant de pouvoir toucher leur pension. C'est très bien s'ils sont d'accord, mais encore une fois, s'ils vivent dans une région où tout le monde doit travailler fort et où les gens sont déjà usés à 65 ans, il leur sera bien difficile de travailler jusqu'à 67 ans, alors que leur RPC est au maximum de 12 000 $ par an s'ils n'ont pas de régime de retraite. Ce sont eux qui paient pour les largesses accordées aux sénateurs.
Au Parlement, il existe un autre mécanisme qui limite nos déplacements. Nous pouvons nous déplacer pour les travaux d'un comité et pour des travaux parlementaires. Les sénateurs, eux, ne semblent pas avoir de limite concernant les endroits où ils vont et la façon dont ils s'y rendent. On dirait des vacances perpétuelles: ils étudient ce qu'ils veulent, vont où bon leur semble. On revient toujours à la fameuse histoire des sénateurs qui avaient déterminé qu'il leur fallait se rendre au Mexique au mois de janvier pour étudier la pauvreté. Je les aurais invité à aller à Fort Albany en janvier; là ils auraient vu ce qu'est la pauvreté. Mais non, ils étaient sur les plages du Mexique en janvier aux frais des contribuables.
Voici ce que j'ai à dire aux gens à la maison et à mes collègues du Parti conservateur: il faut sonner l'alarme au sujet de cette institution parce qu'elle résiste fondamentalement à l'idée même d'une réforme. Les sénateurs croient qu'ils vont passer au travers de ce scandale. Ils ont sacrifié Mike Duffy. Ils ont largué Patrick Brazeau. Ils ont viré Pamela Wallin. Ils vont se replier sur eux-mêmes pour protéger ceux qui restent.
On constatera de nouveau, six ans après la condamnation de Raymond Lavigne pour fraude, que tous les signaux d'alarme qui avaient été allumés au sujet des mécanismes visant à contrôler les dépenses à la Chambre haute ont été ignorés. Le rapport du vérificateur général confirme que tous les signaux d'alarme concernant l'absence systémique de mécanismes de contrôle des dépenses au Sénat ont été ignorés, ce qui a donné lieu à la situation actuelle. Ces gens croient qu'ils réussiront une fois de plus à s'en sortir.
Nous pourrions baisser les bras en prétextant que la Cour suprême a déclaré que le Sénat n'est pas réformable. Or, la Cour suprême n'a pas dit que nous ne pouvions pas l'obliger à rendre des comptes. Le jour où nous accepterons que des gens qui sont nommés à vie et ainsi placés au-dessus de la population canadienne n'ont pas de comptes à rendre aux contribuables canadiens sera une bien sombre journée pour le Canada et pour la démocratie canadienne.
Je demande à mes collègues d'y réfléchir. Je sais qu'ils pensent que c'est un sujet que nous soulevons chaque année, et qu'ils s'en moquent un peu, mais je ne crois pas qu'il y ait de quoi rire. Il est important d'assurer la reddition de comptes au Sénat par signe de respect pour les gens que nous représentons et dont les impôts servent à payer notre travail. Les personnes qui travaillent très fort, et reçoivent très peu en retour, observent les largesses accordées aux sénateurs, telles que des cartes de crédit et des voyages en avion. Elles voient que certains sénateurs siègent à des conseils d'administration et qu'ils conduisent toutes sortes d'affaires, alors qu'ils devraient se concentrer sur les affaires du gouvernement
Nous pouvons discuter des questions financières. Si les sénateurs travaillent seulement le tiers du temps au Parlement, leurs heures de vol devraient être beaucoup plus restreintes que les nôtres. Nous devons aller dans nos circonscriptions les fins de semaine pour représenter nos concitoyens parce qu'ils s'attendent à nous voir. Ils ne s'attendent pas à voir les sénateurs.
Maintenant que Frank Mahovlic a pris sa retraite et que Roméo Dallaire est parti, j'aimerais jouer à Quelques arpents de piège avec les gens qui nous regardent. Combien de sénateurs peuvent-ils nommer? À l'exception de ceux qui font l'objet d'une enquête pour corruption, ils ne peuvent nommer aucun sénateur parce que les sénateurs ne croient pas qu'ils ont des comptes à leur rendre, alors qu'ils en ont.
Ce soir, nous devrions entamer une discussion sur cette question. Si nous ne parlons pas d'abolir le Sénat ou de modifier la durée du mandat des sénateurs, nous pouvons au moins discuter de la possibilité d'établir des lignes directrices sur les conflits d'intérêts, de fixer des règles relatives au lobbying et d'imposer des limites claires aux sénateurs, qui gaspillent l'argent des contribuables depuis l'époque de John A. Macdonald, afin qu'ils soient finalement tenus de rendre compte de leurs dépenses à la population canadienne.
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Monsieur le Président, le débat porte sur les crédits alloués aux institutions de notre pays, en l'occurrence la possibilité de les refuser au Sénat. J'ai interrogé le député, un peu plus tôt, à propos de l'argent consacré au personnel de soutien. La question me semble pertinente. La motion vise à couper les vivres au Sénat. Or, le Sénat, ce n'est pas que les sénateurs, c'est aussi le personnel de soutien. Je ne suis pas certain que le député a bien compris le sens de ma question.
Il a été question des agissements de divers sénateurs, des agissements souvent condamnables, effectivement. Dans bien des cas, je partage l'indignation du député. Or, le Sénat entend-il désormais rendre davantage de comptes? Oui, à l'instar de tous les parlementaires.
On déplore que certains sénateurs fassent campagne aux frais de l'État. Incroyable, n'est-ce pas? C'est employer à mauvais escient l'argent que nous versent les contribuables pour faire notre travail. Nous ne pouvons pas prendre cet argent pour faire campagne. Le député qui a pris la parole avant moi se trouvait au Labrador au cours des élections partielles. Peut-être pourrait-il nous dire qui a payé ce déplacement? Plusieurs autres députés néo-démocrates se trouvaient aussi là-bas. Est-ce le parti lui-même qui a payé leurs vols et leurs repas? C'est juste une question.
Je veux également parler du Sénat et de la décision de la Cour suprême, mais il y a une chose qui me tracasse, outre le financement du Sénat comme tel. Il s'agit du second examen objectif, ce concept fondamental à l'origine même du Sénat. Je sais que mon collègue néo-démocrate en a parlé. À l'origine, le Sénat a été établi pour protéger les riches. Si on consulte les Débats, on se rend compte que, effectivement, bien des gens de la classe moyenne supérieure siégeaient au Sénat, mais le but demeurait le second examen objectif de même que l'union des régions à l'intérieur d'un pays très vaste, régions qui comprenaient à l'époque l'Ontario, le Québec et les trois provinces maritimes.
Dans la Constitution, on a prévu plusieurs dispositions régissant de nombreux aspects du Parlement. Comment modifier la Constitution à l'avenir? Mon collègue conservateur de l'Ontario a décrit un peu plus tôt la formule insérée dans la Loi constitutionnelle de 1982, aux articles 38 à 44, pour modifier les dispositions de la Constitution relativement au Sénat. Voulons-nous un Sénat élu ou voulons-nous abolir le Sénat? J'utilise ces deux exemples pour une bonne raison.
Les conservateurs veulent un Sénat élu. Je m'excuse, je sais que je paraphrase un peu trop. Les néo-démocrates, eux, veulent abolir le Sénat, et là, je crois avoir bien compris et ne pas paraphraser. Essentiellement, la Cour suprême a établi que, pour abolir le Sénat dans le respect de la Constitution et de la fédération dans laquelle nous évoluons, nous devons obtenir le consentement des assemblées législatives des provinces et du Parlement.
J'ai mentionné un peu plus tôt que les néo-démocrates voulaient abolir le Sénat, mais ce n'est pas vrai. Je fais erreur. Leur position remonte à bien plus longtemps. Ils en parlaient déjà à leurs tout débuts, lorsqu'ils formaient la CCF. Le problème, c'est qu'on n'a jamais demandé l'avis des provinces au sujet de l'abolition du Sénat. A-t-on oublié les discussions et consultations qui devaient avoir lieu avant d'abolir le Sénat? J'ai déjà dit à la blague que bien des députés néo-démocrates ont lancé une campagne sur Twitter, « abolissons le Sénat #duplicité », mais il reste que la marche à suivre n'a pas été respectée.
Je n'ai eu connaissance d'aucune discussion que le fédéral aurait eues avec les provinces au sujet du Sénat, pas seulement de son abolition, mais d'un Sénat élu, des nominations, des mandats de 9 ans ou de 13 ans, de tous ces concepts que la Cour suprême a reconnus dans sa récente décision. On ne peut pas dire que les gens ont été surpris de la décision de la Cour suprême et qu'ils ont eu du mal à croire qu'elle confirmait la nécessité d'obtenir le consentement de toutes les provinces avant d'abolir le Sénat. Je ne suis pas constitutionnaliste, et cette décision ne m'a pas surpris. Elle n'a surpris personne. Pourtant, les néo-démocrates en ont fait une campagne où ils prônaient l'impossible.
Laissons de côté le concept du second examen objectif et son importance pour le pays. Les provinces ont aboli leur Sénat respectif, d'autres pays ont aboli leur chambre haute, mais il me semble que, au Canada, les deux parties n'ont jamais amorcé la discussion à ce sujet, ni lancé l'idée d'examiner l'abolition du Sénat ou l'élection des sénateurs.
De temps à autre, une province se mettait à songer à ce qu'elle voulait faire. Le premier ministre de la Saskatchewan voulait abolir le Sénat. Pourquoi a-t-il dit cela? Je n'en sais rien. Le NPD ne l'avait jamais demandé. Il a simplement formulé cette proposition. D'autres provinces avaient des réserves. D'autres encore désiraient un Sénat élu, mais personne n'a amorcé un vrai dialogue.
Revenons à ce que la Cour suprême a déclaré. Pour pouvoir apporter des modifications fondamentales à la Constitution, pour pouvoir modifier la Constitution, nous avons besoin du consentement de sept des dix provinces représentant plus de 50 % de la population. Par conséquent, on en est venu à l'idée d'un Sénat élu ou du moins de consultations de la part du avant de procéder à des nominations au Sénat. En fait, le voulait que les provinces tiennent ces élections. Je n'ai pas eu connaissance d'une conférence des premiers ministres où le du Canada aurait dit à ses homologues provinciaux: « Voici ce qu'on veut que vous fassiez ». Alors, j'imagine qu'il a plutôt dit: « On pense que c'est une bonne idée, alors, on compte sur vous pour concrétiser le tout. »
Le parle de discuter avec les provinces, mais il ne le fait pas. Il cherche plutôt des chicanes. Dans le cas du NPD, il n'y a pas de dialogues ou de chicanes possibles. S'il pouvait unilatéralement apporter les modifications nécessaires pour abolir le Sénat, sans consulter les provinces, ce serait une chose. Sa démarche serait audacieuse, pour ne pas dire arrogante, mais il ne peut pas procéder ainsi.
Pendant des années, un parti fédéral comme le NPD n'avait-il pas le devoir de demander au moins comment il pouvait procéder? On entend souvent l'expression « la fin justifie les moyens ». La fin n'allait jamais se produire, parce que les moyens ne le justifiaient pas. Le NPD agit comme si la Constitution n'existait pas, comme si ce n'était qu'un document imaginaire affiché au mur, un genre de magna carta grandiose que les gens admirent en s'exclamant: « Voilà ce que nous étions à une époque. » La Constitution ne traduit pas ce que nous étions à une époque, mais bien ce que nous sommes. C'est un document vivant que nous utilisons pour gouverner notre pays.
C'est pourquoi il y a eu la Charte canadienne des droits et libertés en 1982. Il ne s'agissait pas d'un simple ajout pour bien paraître, mais d'un ajout qui serait utile aux tribunaux, d'un ajout auquel nous, en tant que législateurs, devons adhérer. Cela a d'ailleurs été démontré récemment, ces deux dernières années à tout le moins, dans les décisions rendues par les tribunaux. C'est pourquoi je dis: mot-clic duplicité.
Assurément, à un moment donné, quelqu'un dans ce parti a dit « On ne peux pas faire ça. » Quoi faire alors? « Faisons en sorte de couper les vivres au Sénat. » À quoi diable cela nous mènera-t-il? Soyons sérieux. On en est à un point où, après avoir perdu la partie, au lieu de rentrer sagement chez soi, on reste sur la ligne de touche en boudant, le ballon dans les mains, en disant à l'adversaire: « Parfait. On ne vous rendra pas le ballon. On va rester ici, sans bouger, et vous n'aurez pas le ballon. »
Il arrive que les débats à la Chambre s'élèvent au point de devenir informatifs. Par contre, il arrive aussi qu'ils se dégradent au point de devenir ridicules. Ça devient le théâtre de l'absurde. Lorsqu'on veut faire une déclaration, ils l'ont déjà faite avant. J'admets une fois de plus que ce n'est pas nouveau dans le cas du NPD/CCF. Cela remonte loin dans le passé. Toutefois, la question a toujours été « quoi » et non « comment ».
Ils reprochent à notre parti de ne pas avoir d'idées sur certains sujets. Ils n'ont jamais été à court d'idées aussi longtemps sur tout autre sujet. Ils n'ont absolument aucune feuille de route, pas même un semblant de début d'itinéraire. Nous allons faire cela parce que c'est ainsi. Je vais faire une longue promenade sur un petit quai parce que c'est ainsi. Je ne dirai à personne comment je vais faire. Ça va seulement être ainsi. C'est l'argument qu'ils présentent de temps à autre en se fondant sur le plus petit dénominateur commun.
Ils ont publié les noms de ceux qui avaient trahi le Sénat de la pire des façons, et j'admets que c'était la pire des façons. Ces gens ont manqué à leur devoir, c'est le moins qu'on puisse dire, mais ils ont aussi posé des gestes absolument scandaleux aux yeux des contribuables canadiens.
Des gestes ont récemment été posés par tous les partis. Certains se retrouvent dans l'eau chaude et se font expulser de leur caucus. Ce sont des choses qui arrivent. Cela leur est arrivé récemment. Est-ce que j'abolirais le NPD? Non. Par contre, pour une raison qui m'échappe, ils sont capables de tout ramener au plus petit dénominateur commun et d'en tirer une solution, qui consiste à se débarrasser du problème.
Ils affirment que le Sénat n'a absolument aucune valeur démocratique, mais leur façon d'abolir le Sénat est une insulte aux valeurs démocratiques. Si l'on en vient à abolir le Sénat, il doit y avoir un vote, pas seulement ici, au Parlement, mais également dans 10 autres assemblées législatives provinciales au pays. Bien entendu, chacune de ces assemblées détient un mandat donné par la population. Si les représentants élus de, disons, la plus belle province, Terre-Neuve-et-Labrador, acceptaient...
L’hon. Chris Alexander: Et la dernière province.
M. Scott Simms: En effet, mon collègue a raison, monsieur le Président.
Disons que, par l'entremise de leurs représentants élus à l'Assemblée législative de Terre-Neuve-et-Labrador, les habitants de cette province décident de ne pas abolir le Sénat. Quelle serait la réponse du NPD? Ce serait « Désolé, mais nous n'avons que faire de votre vote. » Supposons qu'ils souhaitent procéder par référendum. Là ça devient intéressant. Je n'imagine pas le NPD procéder autrement. Ma question est la suivante. Procéderaient-ils à un référendum national, comme dans le cas de l'accord de Charlottetown? Selon la récente décision de la Cour suprême, il faut l'unanimité de toutes les provinces pour abolir le Sénat. Il devrait donc y avoir un référendum dans chacune des provinces.
M. Kevin Lamoureux: Et il faudrait qu'ils l'emportent.
M. Scott Simms: Et ils faudraient qu'ils l'emportent, monsieur le Président, en effet. Bonne chance.
Mon collègue de a parlé d'une des solutions concernant la Chambre des lords: ils obtiennent une indemnité journalière lorsqu'ils se présentent à la Chambre. Voilà une idée de réforme du Sénat qui serait réalisable. C'est la première fois que j'entends cette solution en 10 ans à la Chambre des communes. S'ils n'aiment pas cela, tant pis.
Ils ne cessent de parler de la corruption au Sénat. Comme je l'ai dit, le plus petit dénominateur commun qui existait là-bas est absolument déplorable. Il faut s'en occuper, et c'est pourquoi la transparence est de mise. Il pourrait s'agir de divulgation proactive, qui va plus loin que ce qu'on exige dans le cas de la transparence. C'est ce que nous avons fait. Les conservateurs l'ont fait. Quel parti a rechigné à cette idée? Le NPD. Il ne s'est d'ailleurs pas encore plié à l'exercice.
M. Kevin Lamoureux: Ils vont accepter à leur corps défendant.
M. Scott Simms: En effet, monsieur le Président.
Ils peuvent mettre en pratique ce qu'ils prêchent, ou simplement continuer de prêcher. De toute façon, ils prêchent dans le désert.
Pour revenir à l'argument concernant le Sénat, je répète qu'il n'y a jamais eu de feuille de route. Il n'y a jamais eu de moyen de se débarrasser du Sénat. Il y a eu la promesse qu'on s'occuperait d'abolir le Sénat.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, on a proposé une solution dont je n'avais jamais entendu parler auparavant. La Cour suprême a déclaré qu'il est fondamental que la fédération participe à la décision. Il faut notamment que toutes les provinces s'entendent pour abolir le Sénat. Et voilà qu'on nous dit que c'est impossible, qu'il vaut mieux abandonner, que ça n'en vaut pas la peine.
Aujourd'hui, les néo-démocrates veulent qu'on vote pour priver le Sénat de financement. Est-ce que je me trompe en affirmant que c'est une première à la Chambre? J'essaie simplement d'illustrer la situation.
Les néo-démocrates ont beau crier leur colère dans tous les sens et, j'ose dire, faire du coq-à-l'âne, mais au bout du compte, si ce n'est pas faisable, cela devient une fausseté. S'ils veulent tenir une conversation sur le Sénat, pourquoi commencent-ils par une attaque, une campagne ou un exemple qui illustre le facteur le plus répréhensible de toute l'organisation?
Les néo-démocrates se sont plaints de bon nombre des projets de loi en matière d'immigration présentés ces derniers temps. Ils ont dit que les conservateurs fondaient leur théorie, leur logique et leurs mesures législatives sur une poignée de mauvaises expériences. N'est-ce pas là ce que font les néo-démocrates relativement au Sénat?
Supposons un instant que les libéraux veuillent soit instaurer un Sénat élu, soit l'abolir. Partons de cette prémisse. Là, au moins, nous entamons une conversation sur la façon de modifier le Sénat pour éliminer le facteur le plus répréhensible ou le plus petit dénominateur commun.
Toutefois, nous n'avons pas perdu de vue la famille ni les bâtisseurs de ce pays. Et je ne parle pas seulement de cette Chambre, mais aussi des 10 assemblées législatives partout au pays qui ont joué un rôle fondamental dans l'édification du Canada, grâce aux compétences provinciales dans des domaines d'une importance cruciale, notamment les soins de santé et l'éducation. C'est comme si elles n'avaient jamais existé.
Si tel est l'argument en faveur de l'existence essentielle du Sénat, il y a sûrement lieu d'entamer une conversation sérieuse sur la façon de s'y prendre.
Le a essayé de tenir compte des principes fondamentaux, énoncés dans la décision de la Cour suprême, sur la façon d'avoir un Sénat élu. C'était, à tout le moins, un effort pour essayer de faire quelque chose qui, de l'avis des conservateurs, pourrait fonctionner. Hélas, cela n'a pas abouti.
Ce que nous devons faire maintenant, c'est tenir une discussion avec les provinces — discussion qui fait cruellement défaut à la Chambre — sur la façon d'aborder la question du Sénat.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole ce soir au sujet de la proposition du député de de voter contre le crédit n
o 1, qui concerne le Parlement et qui prévoit les sommes nécessaires pour payer les dépenses du Sénat, dont le total est de 57 532 359 $ dans le Budget principal des dépenses.
Je dois préciser au départ, pour dissiper tout malentendu, que mon propos ne doit pas être interprété comme un plaidoyer pour le maintien du Sénat tel quel. Le gouvernement a constamment essayé de réformer le Sénat tout en reconnaissant le rôle important de cette institution dans le système parlementaire canadien. Notre position est diamétralement opposée à celle du parrain de cette motion, dont le parti voudrait abolir sommairement le Sénat. Ce serait la conséquence de la motion du député de si elle était adoptée, puisque le Sénat serait ainsi privé des ressources dont il a besoin pour fonctionner.
Le gouvernement a toujours cru que, bien que le Sénat joue un rôle important dans notre système parlementaire, il a besoin d'être amélioré pour mieux servir les Canadiens, conformément à la raison pour laquelle il a été créé à l'origine.
Lorsqu'on examine le bilan du gouvernement depuis que nous sommes arrivés au pouvoir en 2006, on constate que, tout en ayant la volonté de réformer le Sénat, notre parti fait preuve de la souplesse nécessaire pour tenir compte des divers points de vue concernant cette réforme.
Un premier projet de loi a été présenté au cours de la 39e législature, en avril 2006, dans le but de limiter à huit ans la durée du mandat des sénateurs. Le projet de loi prévoyait à l'époque une modification de l'article 29 de la Loi constitutionnelle de 1867 afin que les nouveaux sénateurs soient nommés pour un mandat renouvelable de huit ans seulement et qu'ils ne soient plus obligés de prendre leur retraite à 75 ans.
De plus, au cours de la 39e législature, en 2006, le gouvernement a présenté le projet de loi . Ce projet de loi visait à permettre la consultation des Canadiens dans tout le pays, concernant le choix des candidats devant être nommés sénateurs. Le projet de loi s'inspirait manifestement des efforts faits dans ma province, l'Alberta, où avaient déjà eu lieu de telles consultations dans le passé et où la population avait à toutes fins utiles élu des sénateurs. Le modèle qui était proposé correspondait à l'approche novatrice adoptée dans ma province, l'Alberta. Malheureusement, les partis de l'opposition ont refusé d'appuyer ce projet de loi important et celui, également important, qui visait à limiter la durée du mandat des sénateurs.
Pendant la deuxième session de la 39e législature, en 2007, le gouvernement a présenté ici même, à la Chambre des communes, le projet de loi , qui proposait de limiter le mandat des sénateurs à huit ans, comme le projet de loi que nous avions présenté un an plus tôt au Sénat. Il y avait pourtant des différences importantes entre les deux.
Tout d'abord, alors que le projet de loi n'interdisait pas expressément l'éventualité de mandats renouvelables, le projet de loi prévoyait spécifiquement un mandat non renouvelable.
Deuxièmement, le projet de loi comportait une disposition autorisant la poursuite d'un mandat sénatorial après une interruption. C'était le cas, par exemple, d'un mandat interrompu par une démission. Malgré ces changements et malgré les efforts tenaces du gouvernement pour modifier une institution qui était essentiellement restée la même depuis 1867, date de la Confédération, les partis d'opposition ont constamment refusé d'appuyer cette mesure législative.
Ensuite, évidemment, le gouvernement a été réélu en 2008 avec le mandat de réformer le Sénat, et nous nous sommes remis à la tâche. Au cours de la 40e législature, en 2009, le gouvernement a présenté le projet de loi . Ce projet de loi, présenté au Sénat, comportait deux changements essentiels.
Le premier concernait la limitation du mandat à huit ans, qui s'appliquait à tous les sénateurs nommés après le 14 octobre 2008, la période de huit ans devant commencer le jour où le projet de loi recevrait la sanction royale. Ensuite, évidemment, la retraite à 75 ans était maintenue pour tous les sénateurs. Une fois de plus, cette réforme modeste, mais importante, a été rejetée par les partis d'opposition.
En 2010, le gouvernement a présenté le projet de loi , qui invitait les provinces et territoires à mettre en oeuvre leur propre processus démocratique pour choisir les candidats à la nomination au Sénat. Cette mesure aurait démocratisé le Sénat et aurait donné aux provinces et territoires l'occasion de définir un processus pour qu'il en soit ainsi. La loi comportait une structure volontaire qui permettait aux provinces de consulter à l'avenir les électeurs sur les nominations au Sénat.
Nous savons tous ce qui s'est alors passé. Les partis d'opposition ont encore refusé d'appuyer cette réforme. Comment ne pas y voir une sorte d'habitude?
Au cours de la même année, le gouvernement a présenté de nouveau un projet de loi qui limitait la durée du mandat au Sénat, le projet de loi , qui est mort au Feuilleton à la dissolution du Parlement. En effet, il y a eu, encore une fois, un manque de volonté de réforme de la part des partis d'opposition, qui ont rejeté toute idée de réforme au Sénat.
Aux élections de 2011, les Canadiens ont à nouveau donné à l'actuel gouvernement le mandat de modifier le Sénat. Un mois et demi plus tard, le 21 juin 2011, le gouvernement a présenté le projet de loi , la Loi sur la réforme du Sénat. Les députés savent sans doute où je veux en venir. Le C-7 aurait instauré un mandat non renouvelable de neuf ans pour les sénateurs. Voilà qui nous ramène à ce que j'ai dit un peu plus tôt: nous avons été souples et accommodants. En effet, nous avons proposé un mandat de neuf ans non renouvelable, en raison des réserves exprimées par certains concernant la période de huit ans.
En outre, le projet de loi était assorti d'un cadre volontaire dont les provinces auraient pu s'inspirer pour tenir des consultations sur les nominations des sénateurs. Des processus ont été mis en place pour ce faire. Comme toujours, les partis de l'opposition sont restés campés sur leur position. Ils ont refusé d'appuyer une véritable réforme du Sénat.
Durant tous les débats tenus sur le Sénat, nous nous sommes clairement et résolument engagés envers la réforme, tout comme nous avons reconnu l'importance du Sénat dans notre système parlementaire.
Nous avons démontré cet engagement par le renvoi à la Cour suprême concernant la réforme du Sénat, une initiative du gouvernement visant à éclaircir des questions sur la constitutionnalité du projet de loi que nous avions proposé. Évidemment, nous sommes déçus par la décision de la cour, que tous les gouvernements suivants devront malheureusement respecter.
Par contre, cette décision ne change en rien notre point de vue concernant les améliorations nécessaires au Sénat, ni à la valeur que nous accordons au rôle que le Sénat peut jouer dans un système législatif bicaméral. Je continue d'espérer que la réforme aura lieu un jour.
Entretemps, il existe d'autres façons de bonifier le fonctionnement du Sénat, comme en font preuve les mesures que le Sénat a prises lui-même pour accroître la transparence et la reddition de comptes en matière de dépenses.
Le Sénat joue un rôle crucial dans l'étude des projets de loi. Mon collègue libéral de l'autre côté de la salle peut bien débattre de ce que « second examen objectif » signifie, mais il a raison de dire qu'il s'agit d'une opinion informée offerte par le Sénat, qui a permis d'améliorer des projets de loi par le passé.
Les comité du Sénat jouent eux aussi un rôle important, étudiant des question importantes pour les Canadiens. Ils produisent des rapports de fond, comme on l'a déjà mentionné dans le débat ce soir. Bon nombre de leurs rapports se sont avérés très précieux, contribuant aux débats et aux connaissances des parlementaires et des Canadiens ordinaires. Le rapport Kirby sur la santé mentale en est un bon exemple. Le comité des finances nationales du Sénat a effectué une étude sur les écarts de prix entre le Canada et les États-Unis. Ce même comité a également étudié la question de l'élimination de la pièce de 1 cent. Je pourrais passer beaucoup de temps à citer les rapports utiles produits par les comités du Sénat.
Il ne fait aucun doute que le Sénat est une des institutions clés du Parlement; cela dit, il souffre d'un manque de reddition de comptes, comme nous avons pu le constater. C'est évident. Ce manque de reddition de comptes est attribuable au caractère non démocratique du système de nominations. Malgré tous les efforts d'une majorité de sénateurs et le bon travail qui se fait au Sénat, certains remettent en question sa légitimité en raison de son caractère non démocratique.
Comme je l'ai dit plus tôt, je ne vois aucune raison de remettre en question le travail du Sénat. Cependant, les événements de la dernière année ont clairement nui à sa réputation. Bien que nous nous entendions sur la nécessité d'améliorer la reddition de comptes au Sénat — cette nécessité ne fait plus aucun doute — nous ne pensons pas que l'abolition du Sénat soit la solution. Plutôt que de détruire une institution et de nous priver du rôle important qu'elle peut jouer, nous pensons plutôt qu'elle peut être améliorée et continuer de remplir son rôle d'institution clé.
La récente décision de la Cour suprême au sujet de la réforme du Sénat a manifestement changé les perspectives de réforme. Cependant, il y a toujours moyen d'apporter des améliorations, et le Sénat lui-même a pris les devants sur ce front dans la dernière année. Le Sénat a un rôle important à jouer dans sa propre amélioration. S'il en est ainsi, c'est majoritairement parce qu'il a la responsabilité de réglementer ses propres activités.
J'attire l'attention des députés sur l'article 33 de la Loi constitutionnelle de 1867, qui dit:
S’il s’élève quelque question au sujet des qualifications d’un sénateur ou d’une vacance dans le Sénat, cette question sera entendue [...] par le Sénat.
Le Sénat a fait des progrès pour régler les problèmes qu'il a connus sur le plan de la responsabilité financière et de la transparence. Une bonne partie de ces progrès résulte des enquêtes menées par le Comité sénatorial permanent de la régie interne, des budgets et de l’administration. Dans la foulée des recommandations de ce comité, le Sénat a adopté de nouveaux règlements administratifs qui visent à rendre le système de déclaration plus transparent et à rendre plus strictes les exigences auxquelles les sénateurs doivent se plier dans les demandes de remboursement de leurs dépenses. Certains sénateurs ont dû rembourser le Sénat pour des dépenses jugées indûment réclamées.
Le Sénat a également demandé au vérificateur général de faire une vérification de ses dépenses; la vérification aura lieu au cours des prochains mois. En outre, le Sénat a agi en suspendant plusieurs sénateurs, sans traitement, ou sans qu’ils aient accès aux ressources du Sénat. Il semble que le Sénat prend lui-même les choses en main, comme il se doit. Le gouvernement a encouragé le Sénat à régler ces problèmes et il appuie le Sénat par rapport aux progrès déjà réalisés.
Depuis 2006, le gouvernement a tenté à maintes reprises de réformer le Sénat, comme je l'ai indiqué dans mes commentaires plus tôt aujourd'hui. J'ai également souligné que les partis de l'opposition nous ont barré la route chaque fois. Le gouvernement croit toujours que donner un fondement démocratique au Sénat serait une nette amélioration qui permettrait, du coup, d'améliorer la reddition de comptes.
Nos tentatives de réforme ont bien sûr atteint leur point culminant avec la présentation du projet de loi , au cours de la dernière législature. Le projet de loi C-7 aurait établi des mandats non renouvelables de neuf ans et un cadre que les provinces et les territoires auraient pu de façon volontaire utiliser comme base pour consulter leur population respective quant à leurs préférences pour les candidats au poste de sénateur; je l'ai déjà dit et je le répète, cela ressemble beaucoup à ce qui a été fait à de nombreuses reprises dans ma province de l'Alberta. Il en est résulté d'excellents sénateurs, des sénateurs qui ont une certaine légitimité et responsabilité démocratiques. Le projet de loi C-7 proposait des mesures concrètes pour réformer le Sénat.
Malheureusement, nos efforts pour aller de l'avant avec ces réformes importantes ont été bloqués par la décision de la Cour suprême à la suite du renvoi sur la réforme du Sénat. Le fait que, dans ce renvoi, nous avions inclus une question sur l'abolition n'indiquait nullement que notre gouvernement favorisait l'abolition. Notre premier choix a toujours été la mise en place de réformes qui renforceraient la légitimité démocratique du Sénat.
Le Sénat a assurément un rôle important à jouer dans notre système. Je crois que son abolition supprimerait un intervenant important dans le système parlementaire et créerait un trou béant dans le processus législatif, sans aucune raison valable. Quiconque connaît un tant soit peu notre système de gouvernement sait que le Sénat joue un rôle important, en dépit de ce que les partis d'opposition peuvent avoir prétendu. Le rôle joué par le Sénat dans notre processus d'examen des projets de loi est précieux. Nous devons continuer de fournir au Sénat les ressources dont il a besoin pour fonctionner efficacement.
Bien sûr, nous attendons du Sénat qu'il traite cet argent avec respect. Un certain nombre de changements ont été apportés aux règles en vue de garantir que tel est bien ce qui se passe. Cependant, nous ne pouvons pas tout simplement supprimer totalement le budget du Sénat. Comme je l'ai dit, nous avons fait un certain nombre de suggestions et proposé des projets de loi, à la fois au Sénat et à la Chambre, pour tenter d'opérer une réforme, de créer une légitimité démocratique et la responsabilité que nous jugeons nécessaire au Sénat. Comme je l'ai dit, à chaque fois que nous sommes revenus à la charge, ces mesures et ces tentatives de réforme ont été bloquées par les partis d'opposition. Ils refusaient d'appuyer la moindre de nos tentatives de réforme. Nous avons fait un certain nombre de propositions différentes. Nous étions disposés à faire preuve de souplesse, à faire des compromis, nous avons tenté différentes approches, nous avons fait tout en notre pouvoir pour que cette réforme devienne réalité, mais les partis d'opposition ont refusé de permettre la moindre réforme, à chaque fois.
Comme je l'ai dit, nous savons que, depuis environ un an, il y a eu des problèmes relativement aux dépenses et à d'autres dossiers au Sénat. Il faut s'occuper de ces questions et créer une meilleure reddition de comptes. Comme je l'ai aussi mentionné ce soir, des efforts en ce sens ont été faits par le Sénat lui-même, et nous continuons d'encourager et d'appuyer ces initiatives. Nous savons qu'une réforme devra être faite tôt ou tard. Nous espérons que les partis de l'opposition en conviendront. Nous pouvons continuer de tenter de faire une réforme et d'espérer y parvenir, mais nous ne pouvons pas tout simplement priver le Sénat de ses ressources et prétendre que cette institution n'a jamais existé. Pourtant, c'est ce qui est proposé ici ce soir.
Je ne peux pas appuyer la proposition du député de , qui consiste à s'opposer à cette affectation de ressources au Sénat. C'est une tentative à peine voilée d'abolir une institution qui joue un rôle important dans notre processus législatif.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole ce soir sur le budget principal des dépenses, et plus particulièrement sur les crédits alloués au Sénat. Avant d'entrer plus en détail dans ce qui est devant nous aujourd'hui, je dois dire que je partagerai le temps dont je dispose avec le député de , cet excellent député dont la circonscription se trouve près de Sherbrooke.
Mon collègue de a déjà mentionné un des points importants que je voulais aborder, c'est-à-dire la différence entre les crédits votés et les crédits législatifs. Les députés tant conservateurs que libéraux ont beaucoup de difficulté à faire la différence entre les deux. Il y a pourtant une différence fondamentale entre les crédits qui sont adoptés ici, à la Chambre, et les crédits qu'on appelle législatifs. Comme l'a dit mon collègue, on accorde 58 millions de dollars pour les crédits votés — j'arrondis évidemment — et 34 millions de dollars aux postes législatifs.
D'entrée de jeu, je voulais rectifier un peu le débat. Les quelques orateurs qui ont pris la parole avant moi semblaient avoir de la difficulté à faire la différence entre ces deux genres de crédits, différence qui est pourtant très claire dans le processus d'adoption des crédits à la Chambre.
Le Sénat va coûter 92,5 millions de dollars, ce qui représente une augmentation par rapport aux années précédentes. Dans le budget principal des dépenses, on voit toujours les dépenses de l'année précédente et les dépenses en cours prévues. Or, de 2012-2013 à 2013-2014, les dépenses du Sénat ont augmenté d'environ 3,8 millions de dollars, soit presque 4 millions de dollars. À l'inverse de tous les ministères et de toutes les entités gouvernementales qui sont en train de se serrer la ceinture à la demande du gouvernement conservateur, le Sénat augmente son budget année après année. Il ne fait pas les efforts de restrictions budgétaires que le Conseil du Trésor demande pourtant à toutes les entités et à tous les ministères. C'est dommage que le Sénat profite encore une fois de cet argent pour faire des dépenses qu'on pourrait qualifier de difficiles à justifier. Je pourrai parler un peu plus tard de tout ce qu'on a vu récemment au Sénat.
Avant de commencer, je voudrais mettre quelques chiffres en perspective. Que représentent 92,5 millions de dollars? Ce sont les impôts de 8 000 familles qui paient la facture du Sénat. Comme autres faits importants, il y a aussi les promesses du , qui avait dit qu'il ne nommerait pas de sénateurs non élus. Cela remonte à mars 2004. Pourtant, depuis ce temps, combien de sénateurs ont-ils été nommés? C'est plus de 57. Si mon compte et bon, nous en sommes maintenant à 60.
Le avait aussi dit qu'un Sénat nommé était une relique du XIXe siècle. Pourtant, les sénateurs sont toujours nommés. Comme je l'ai dit, le premier ministre en nomme encore chaque année. Or qui est nommé au Sénat? C'est aussi intéressant à savoir. On y a nommé une ancienne stratège de campagne, un ancien président du Parti conservateur, des agents de financement et des candidats conservateurs défaits. On en trouve des exemples très récents, datant de 2011. Les candidats conservateurs qui n'ont pas gagné l'élection, se sont fait ensuite nommer au Sénat. C'est tout un cadeau. En effet, il semblerait que quand on perd une élection, on est admissible à un cadeau du premier ministre, soit une nomination au Sénat pour y siéger jusqu'à 75 ans et empocher l'argent qui vient avec, évidemment.
Tout cela pour parler des belles pensées qu'on entend, tant du côté du troisième parti que de celui du gouvernement, à l'effet que le Sénat est un endroit de pensées et de réflexions, sobre et réfléchi. C'est une traduction libre. Je sais que dans l'arrêt de la Cour suprême, la traduction est un peu meilleure, mais c'est à peu près la traduction de « sober second thoughts ».
Depuis tantôt, on tente de nous faire croire que le Sénat se livre à des réflexions, alors que la grande majorité des sénateurs nommés, autant par un premier ministre libéral que par un premier ministre conservateur, sont des gens près du parti et qui obéissent au premier ministre. Ce n'est donc pas vrai, et on ne me fera pas croire ce soir que le Sénat est un endroit de réflexion sobre et sereine. Je pense que ce sont les mots que la Cour suprême a utilisés. En réalité, les sénateurs sont contrôlés par le bureau du premier ministre, que le premier ministre soit libéral ou conservateur.
D'ailleurs, il y a une autre statistique intéressante concernant les sénateurs nommés. À qui sont-ils redevables? Je ne pense pas qu'ils sont redevables à la population. En fait 51 des 57 sénateurs nommés par le ont fait des dons au Parti conservateur. J'aimerais croire qu'il s'agit d'une coïncidence, mais qu'on me permette d'en douter.
Cela m'amène à parler des personnes auxquelles les sénateurs sont redevables une fois nommés et qu'ils arrivent dans l'autre Chambre pour y siéger jusqu'à l'âge de 75 ans. À qui sont-ils redevables?
La question est valable. On peut se demander à qui ils rendent des comptes si, par exemple, un sénateur a adopté une mauvaise conduite, a mal agi ou a fait des dépenses inappropriées. Je pense que je n'ai pas besoin de m'étendre longuement sur la question des dépenses des sénateurs. Tout le monde qui écoute à la maison ce soir sait de quoi je parle.
Les sénateurs sont payés par les contribuables, et il faut 8 000 familles au Canada pour payer la note du Sénat. À qui les sénateurs sont-ils donc redevables? Les sénateurs ne sont redevables qu'au premier ministre qui les a nommés.
Dans les faits, c'est vrai. En théorie, on pourra argumenter que ce n'est pas le cas, que ce sont des libres penseurs, libres d'agir comme ils le veulent et qu'ils n'ont pas de compte à rendre au premier ministre.
Cependant, dans les faits, les sénateurs n'ont de comptes à rendre qu'au bureau du premier ministre. On l'a vu durant le scandale du Sénat. Le bureau du premier ministre exerce un contrôle énorme sur les sénateurs, comme sur le leader du Sénat qui, sauf erreur, rencontre régulièrement le . On a aussi vu que certaines tactiques qui se passaient à la Chambre haute étaient directement liées à des directives du premier ministre.
Qu'on ne me fasse pas croire que le Sénat est une Chambre de deuxième réflexion sobre et sereine. La seule personne qui contrôle tout cela, c'est le et les membres de son bureau.
Qu'on me permette aussi de ne pas croire les conservateurs lorsqu'ils parlent de réformer le Sénat. Cela fait plus de 10 ans qu'ils promettent de le réformer. Le député de a dit que si ce dossier traînait depuis 10 ans, c'était la faute de l'opposition,
La seule personne à blâmer, c'est le , car dans toute sa conception de la réforme du Sénat, sa seule intention était d'éviter de parler aux provinces. La seule chose qu'il avait en tête, c'était de réussir à faire adopter sa réforme sans avoir à parler aux provinces.
Par conséquent, la seule personne à blâmer parce qu'il n'y a pas eu de réforme du Sénat depuis 10 ans, c'est le . Il l'avait pourtant promis. Il n'a jamais voulu consulter les provinces. Il a toujours voulu le faire tout seul sans jamais consulter, et la Cour suprême lui a dit que cela ne fonctionnait pas de cette façon.
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Monsieur le Président, je prends la parole ce soir sur le budget des dépenses. Le gouvernement ne cesse de dire qu'il veut réduire la taille de l'État et économiser l'argent des contribuables.
Et bien, au NPD, nous avons la solution qui permettrait au gouvernement d'économiser 90 millions de dollars par année. Ces sommes dégagées pourraient servir à bonifier les programmes dont nous discutons ce soir.
Comment le NPD pense-t-il économiser 90 millions de dollars? Et bien, c'est très simple: en abolissant le Sénat, une institution archaïque et antidémocratique. Pourquoi payons-nous 90 millions de dollars par année pour une institution composée de non-élus n'ayant aucun compte à rendre?
Depuis 2011, 369 citoyens de Brome—Missisquoi m'ont écrit au sujet du Sénat ou ont signé une pétition demandant son abolition. C'est en leur nom que je prends la parole ce soir.
Pendant que les Canadiennes et les Canadiens travaillent d'arrache-pied pour joindre les deux bouts, les sénateurs ne siègent que 70 jours par année. On ne leur demande que de travailler trois jours par semaine, lorsqu'ils daignent se présenter au travail.
En 2005, le disait que le Sénat était une relique du XIXe siècle. Pourtant, depuis 2006, ce dernier a nommé 57 nouveaux sénateurs dont 51 sont des anciens donateurs du Parti conservateur. Les sénateurs n'ont aucun compte à rendre. Ils représentent uniquement le parti qui les nomme. Ils ne représentent ni leur région ni même le peuple canadien.
De plus, avec les années, le Sénat me semble s'être transformé en un comité de lobbyistes déguisés en représentants des provinces et payés par les fonds publics.
En effet, le 18 avril 2014, le National Post rapportait que le tiers des sénateurs occupaient des postes au sein de conseils d'administration d'entreprises privées ou publiques. Trente-quatre des 96 sénateurs occupent des postes au sein de CA. Les données du National Post rapportent que ces sénateurs touchent d'importantes primes provenant de ces conseils d'administration.
Je me demande comment ils font pour porter plusieurs chapeaux en même temps, sans être en conflit d'intérêts. On retrouve des sénateurs à des CA de compagnies de services financiers, ainsi que des compagnies minières ou d'énergie ou reliées à l'immobilier. Cette situation me fait douter de leur impartialité à juger nos projets de loi.
Rappelons-nous qu'en novembre 2010, sous un gouvernement minoritaire, le NPD avait réussi à faire adopter à la Chambre des communes le projet de loi , prévoyant une réduction des émissions de gaz à effet de serre sous le niveau de 1990. C'était une cible considérablement plus ambitieuse que celle annoncée par le gouvernement au sommet de Copenhague. Ce projet de loi, adopté par des représentants élus à la Chambre des communes, a été rejeté par le Sénat.
Appelée à justifier cette stratégie, la leader des conservateurs au Sénat avait rétorqué à l'époque que le gouvernement, qui n'appuyait pas ce projet de loi, n'allait pas manquer une telle occasion de le défaire.
Un autre projet de loi sur la protection des personnes transgenres, proposé par un de mes collègues et adopté par la Chambre en avril 2013, est présentement bloqué au Sénat.
Il faut dire que le Sénat n'a jamais de difficulté à adopter en vitesse les projets de loi omnibus que le gouvernement force ici avec sa majorité et ses motions d'attribution de temps.
Quels autres de nos projets de loi adoptés à la Chambre le Sénat éliminera-t-il ainsi à l'avenir?
Depuis longtemps, le NPD propose d'abolir le Sénat. À l'origine, le Sénat était une Chambre qui devait apporter un second regard sur nos projets de loi. Il est devenu le repaire de donateurs, de bailleurs de fonds et d'autres amis des partis conservateur et libéral.
Les Canadiens sont de plus en plus frustrés par les scandales de ce Sénat antidémocratique, non élu et sous enquête. Ces sénateurs continuent d'abuser de la confiance des Canadiens. C'est pourquoi il est temps, plus que jamais, d'abolir cette institution vétuste.
Nous ne sommes pas les seuls à vouloir l'abolir. Le Manitoba et le Québec se sont débarrassés de leurs Sénats il y a plusieurs années. Leurs Parlements à une seule Chambre fonctionnent sans aucun problème. Les gens de la Nouvelle-Zélande ont fait la même chose avec leur Chambre haute. Les élus de la Saskatchewan ont récemment adopté une motion visant l'abolition du Sénat. J'aimerais d'ailleurs rappeler que la Saskatchewan est dirigée par un premier ministre conservateur.
Pourtant, ici à Ottawa, conservateurs et libéraux refusent d'agir. Le NPD a mis en avant des solutions pratiques pour assurer plus de transparence au Sénat dès maintenant, soit:
Que tout financement cesse d'être offert au Sénat à partir du 1er juillet 2013.
Les libéraux ont voté contre cette motion. Puis, à l'automne, nous avons déposé une motion permettant de rendre le Sénat plus redevable envers les Canadiens. Le NPD était optimiste et croyait qu'il verrait les vieux partis réévaluer leur façon d'utiliser le Sénat en appuyant sa motion. Nos mesures visaient à mettre fin à la participation des sénateurs à des activités partisanes et à les empêcher d'utiliser l'argent des contribuables pour participer à des activités qui ne sont pas directement liées à leur travail parlementaire.
Or l'issue du vote sur cette motion démontre bien qu'ils ne font que prononcer de belles paroles sans avoir réellement à coeur la transparence et la responsabilité. Il est particulièrement décevant de voir les libéraux se liguer avec les conservateurs pour défaire cette motion. Les conservateurs et les libéraux affirment, la main sur le coeur, qu'ils veulent vraiment changer les choses mais, comme je l'ai déjà dit, ils votent pour le statu quo à chaque occasion qui se présente.
Les Canadiens savent maintenant que le NPD continuera de défendre nos valeurs démocratiques et à lutter pour l'abolition du Sénat. Pourquoi payons-nous 90 millions de dollars par année pour un Sénat composé de non-élus n'ayant aucun compte à rendre? L'abolition permettrait de sauver des millions et cet argent serait investi ailleurs dans les budgets des dépenses.
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Monsieur le Président, normalement, je me réjouis d'avoir l'occasion de participer au débat, mais ce n'est pas le cas aujourd'hui, car je prendrai la parole pour m'opposer à une motion visant à refuser l'affectation de ressources au Sénat. En d'autres mots, je n'appuierai pas la motion visant à refuser l'octroi de fonds au Sénat.
Je pense que c'est le but visé par le député d'en face qui a présenté cette motion, car il sait le rôle que le Sénat joue dans notre Constitution. Lorsque l'étude d'un projet de loi prend fin dans cette enceinte, il est renvoyé à l'autre endroit pour être étudié et recevoir ensuite la sanction royale. Essentiellement, le député d'en face propose d'empêcher le Parlement d'adopter des lois et d'en modifier d'autres, car sans le Sénat, compte tenu de la façon dont la Constitution est structurée, c'est bel et bien ce qui se produirait.
Je suppose qu'une attitude immobiliste est avantageuse pour le NPD. Après tout, si rien ne change, le Nouveau Parti démocratique n'aura pas besoin de s'opposer à toutes les mesures qui sont présentées. J'ai du mal à accepter cela, et j'aimerais donner un exemple à la Chambre pour expliquer pourquoi il en est ainsi.
Récemment, dans cette enceinte, nous avons débattu du projet de loi , qu'on appelle la Loi de Vanessa. Ce projet de loi grandement nécessaire et attendu depuis longtemps permettrait de mieux protéger les Canadiens contre les médicaments dangereux puisqu'il autoriserait le , qui est élu démocratiquement, de même que Santé Canada à rappeler des médicaments dangereux. Pour le moment, seules les grandes sociétés pharmaceutiques peuvent rappeler des médicaments.
L'un de mes bulletins hebdomadaires était axé sur la Loi de Vanessa. Je suis heureux d'informer la Chambre que la majorité des électeurs de ma circonscription appuient ce projet de loi. Même mes amis du NPD et du Parti libéral dans ma circonscription l'appuient fermement. Cela dit, comme nous le savons, les néo-démocrates ont eux aussi appuyé la Loi de Vanessa dans cette enceinte, même s'ils ont fait de l'obstruction pendant le débat en discutant de la façon dont ils appuient le projet de loi. Je suppose que lorsque les néo-démocrates se sont entretenus avec les électeurs de leur circonscription, ils ont entendu à peu près le même message que moi. C'est probablement pour cette raison qu'ils ont fait volte-face et qu'ils ont accepté de renvoyer le projet de loi à un comité vers la fin de la semaine dernière.
Imaginez ce qui se produirait si des projets de loi comme la Loi de Vanessa n'étaient pas adoptés parce qu'ils ne pourraient pas être étudiés à l'autre endroit. C'est le genre d'absurdité que le NPD propose dans la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Je sais fort bien que bon nombre de Canadiens sont farouchement opposés au Sénat. Le problème est que le NPD aime bien prétendre qu'il peut faire disparaître le Sénat d'un simple coup de baguette magique. La Cour suprême du Canada a confirmé que ce n'est pas possible. Le NPD le sait fort bien, mais il continue de faire de la politicaillerie et de dire que nous pouvons tout simplement faire disparaître le Sénat, alors que nous ne le pouvons pas.
Si le NPD veut vraiment avoir un débat constitutionnel sur le Sénat, il n'a qu'à le dire. Il faut bien comprendre qu'il y a beaucoup d'employés de soutien non partisans qui assurent le bon fonctionnement du Sénat. Ce n'est pas différent de ce dont nous bénéficions à la Chambre des communes. Avec cette motion, les députés néo-démocrates proposent que ces employés de soutien ne soient plus payés ou qu'ils travaillent bénévolement. Le député de propose-t-il également de congédier tout le personnel de soutien du Sénat?
Si nous arrêtons de financer le Sénat et que des poursuites sont intentées à ce sujet, le député de demandera-t-il à ses amis du milieu syndical d'en assumer les coûts, comme il l'a fait dans le cas de la poursuite le concernant? Je présume que non. Le NPD n'hésite pas à employer dans des bureaux satellites du personnel rémunéré à même les fonds publics, mais il semble croire que nous ne devrions pas avoir de tels employés au Sénat. C’est contradictoire.
Le Sénat du Canada, à tort ou à raison, a été conçu comme institution chargée de faire un second examen objectif des projets de loi. Il a aussi été conçu comme institution chargée d'assurer la représentation régionale, comme en témoigne la répartition régionale des membres du Sénat.
Être en désaccord avec le Sénat, ce n'est rien de nouveau pour les Canadiens; je dirais que c'était le cas dès le 1er juillet 1867 et que cela n'a jamais cessé depuis.
Je suis sûr que tous les députés le savent, une foule de propositions de réforme du Sénat ont été faites au fil des décennies. Dans la plupart des cas, les propositions visaient à injecter une dose de légitimité démocratique dans le processus de nomination et d'apporter des changements à la répartition des sénateurs entre les provinces, et aussi de modifier les pouvoirs du Sénat lui-même.
L'une de ces initiatives de réforme était ce qu'on a appelé la proposition de Sénat triple E qui a émané de l'Alberta durant les années 1980. Triple E signifiait élu, égal et efficace. Il ne faut pas confondre avec la vision du chef libéral d'un Sénat triple E, c'est-à-dire un Sénat de l'élite, par l'élite et pour l'élite.
La proposition originale de Sénat triple E a été à l'origine de beaucoup de propositions qui ont suivi au fil des années, et s'est retrouvée au coeur des discussions constitutionnelles qui se sont déroulées durant les années 1980 et 1990, dont les éléments les plus notables furent l'accord constitutionnel du lac Meech et l'accord constitutionnel de Charlottetown.
L'accord de Charlottetown aurait modifié en profondeur le Sénat. Le Sénat aurait été élu et aurait compté un nombre égal de sénateurs par province, certaines limites auraient été apportées aux pouvoirs du Sénat pour éviter l'impasse. Le rejet de l'accord de Charlottetown lors du référendum de 1992 a réduit sensiblement les perspectives d'une réforme constitutionnelle de fond pour de nombreuses années et toute discussion sérieuse du dossier du Sénat a essentiellement disparu du débat national.
Comme les députés le savent, peu après les élections de 2006, notre gouvernement a présenté au Sénat le projet de loi S-4, qui aurait limité le mandat des sénateurs à un mandat renouvelable de huit ans. Le projet de loi S-4 a recueilli beaucoup d'appuis et a été appuyé par le Comité spécial du Sénat sur la réforme du Sénat, ainsi que par plusieurs constitutionnalistes.
N'oublions pas que ce sont les partis d'opposition qui ont uni leurs efforts pour refuser toute réforme utile du Sénat, comme il était proposé dans le projet de loi S-4. Cela a entraîné la présentation du projet de loi C-7, Loi sur la réforme du Sénat, en 2011 . Le projet de loi C-7 aurait établi un mandat sénatorial non renouvelable de neuf ans, ainsi qu'un cadre que les provinces auraient pu adopter volontairement pour mettre en oeuvre leurs propre processus de consultation en vue des nominations au Sénat. Cependant, cette proposition n'a pas abouti et nous devons maintenant tous respecter la décision de la Cour suprême dans cette affaire.
La Cour suprême a dit que l'abolition du Sénat nécessiterait l'appui du Parlement et des assemblées législatives provinciales. Cela faisant, elle a accordé au Sénat la plus forte protection possible en vertu de nos procédures de modification. J'aimerais dire au député de Winnipeg-Centre que sa proposition d'abolir le Sénat en lui retirant son financement irait à l'encontre de la décision de la Cour suprême relativement à la réforme du Sénat.
Je mentionne également qu'il est peu probable que toutes les provinces s'entendent sur la proposition du député de . J'ajouterais que la majorité des provinces semblent convenir que le Sénat n'est pas l'une de leurs priorités.
Je tiens à mettre quelque chose au clair. Je ne cherche pas à défendre l'institution que nous appelons l'autre endroit. Ce n'est pas le rôle des députés. Cependant, il y a maintenant eu un renvoi à la Cour suprême du Canada en ce qui concerne la réforme du Sénat, et la Cour a publié son avis sur la question ce printemps. Il reste à voir ce que sera l'effet définitif de cet avis sur l'avenir de la réforme.
Par contre, les députés ne doivent pas prendre à la légère le possible débat constitutionnel à ce sujet. La réalité demeure que le député de essaie de contourner la décision de la Cour avec sa motion.
Je comprends la frustration du NPD. Je suis sûr que nous souhaitons tous parfois avoir une baguette magique pour faire disparaître tous nos problèmes. Toutefois, ce que le député de propose, comme nous le savons, ce n'est pas la solution.
Avant de terminer, j'aimerais vous faire part de quelques réflexions personnelles sur la question. Depuis mon arrivée à la Chambre, j'ai travaillé avec des sénateurs. J'ai travaillé avec eux au Comité mixte permanent d'examen de la réglementation. J'ai travaillé avec le Sénat sur l'adoption de mon projet de loi d'initiative parlementaire concernant le transport interprovincial du vin. C'est un travail dont il est rarement question dans les médias. Pourtant, je peux affirmer que c'est un travail important, sur lequel le Sénat adopte une perspective différente. Je le mentionne, parce que nous savons tous qu'une petite poignée de membres de l'autre endroit ont fait les manchettes pour différentes raisons assez peu flatteuses. Et pourtant, on trouve aussi, à l'autre endroit, bon nombre d'excellentes personnes qui font du bon travail pour tous les Canadiens.
Nous sommes sans doute plusieurs à ne pas aimer la structure historique de l'autre endroit, ni le rôle qu'il joue dans la gouvernance de notre pays. Néanmoins, notre réprobation d'une institution ne nous dispense pas de notre obligation constitutionnelle de travailler avec elle. Quoi qu'en pense le NPD, le Sénat fait partie de notre processus législatif.
J'aimerais rappeler au NPD que nous sommes des législateurs. Le rejet du processus même de modification de la législation compromettrait le travail que nous faisons dans l'intérêt des Canadiens. Si le NPD cherche à saper notre aptitude à adopter ou à modifier la législation, peut-être est-il temps, pour lui, de cesser de représenter l'opposition. J'entends fréquemment des députés du NPD proposer des mesures d'initiative parlementaire, des amendements ou même des modifications législatives, dans l'éventualité où ils formeraient le gouvernement. De telles mesures ne sauraient être adoptées sans l'approbation du Sénat. C'est ce qu'exige notre Constitution.
Le Nouveau Parti démocratique se moque des Canadiens, à moins qu'il ne se moque de lui-même. De toute façon, qu'on aime le Sénat ou non, ceux qui nous ont précédés ont très bien fait d'intégrer l'autre endroit à notre processus législatif. En nuisant à ce processus, on nuit au travail que nous faisons en tant que législateurs, et c'est pourquoi je ne peux ni ne veux appuyer la motion présentée ce soir par le NPD. Je serai tout à fait heureux de voter en faveur du Budget des dépenses qui nous est proposé.
J'appuie la motion présentée par le gouvernement pour obtenir des subsides, mais je reste opposé à la motion du NPD.
J'aimerais remercier tous les députés d'avoir pris le temps d'écouter mes commentaires ce soir. Je suis prêt à répondre à leurs questions.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre très brièvement la parole pour débattre cette motion. Je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Je suis heureux d'intervenir dans ce débat. La motion dont nous sommes saisis porte sur le Budget des dépenses et sur le Sénat. Le parrain de la motion, le premier qui a pris la parole, a parlé de toute la question de la responsabilité et de l'approbation d'un poste de 92 millions de dollars pour le Sénat, où des comptes ne sont pas rendus sur la façon dont cet argent est dépensé.
En réalité — question de clarifier mon point de vue —, les députés ministériels et les députés libéraux sont furieux que nous songions à mettre fin à tout financement du Sénat, qui ne pourra plus fonctionner, et que du personnel pourrait être licencié. Cela les inquiète beaucoup.
Que les députés se rassurent. Ce dont nous parlons, c'est de la partie discrétionnaire de ce poste budgétaire, qui est de près de 58 millions de dollars. Les 34 millions de dollars, près de 35 millions, représentent les prévisions législatives, en d'autres termes, la somme jugée nécessaire pour payer les factures d'électricité et garder le personnel et ainsi de suite.
Je sais que les députés d'en face et d'à côté ont trouvé très irritant que nous proposions de voter sur une motion qui résulterait en des congédiements. J'aimerais bien entendre ce que les travailleurs de notre pays pensent de ces prétendues préoccupations exprimées ce soir par des députés ministériels et libéraux.
C'est donc le premier point, l'inquiétude devant le fait que nous couperions les fonds et que le Sénat ne serait plus en mesure de fonctionner.
La deuxième inquiétude, bien sûr, est que si nous mettions la clé dans la boîte du Sénat, nous ne serions plus capables de faire quoi que ce soit. Nous ne pourrions plus adopter le moindre projet de loi. Nos travaux seraient complètement bloqués.
Il fut un temps au Canada où les 10 provinces avaient un Sénat ou deux Chambres. Elles s'en sont débarrassées et elles n'ont pas pour autant cessé de fonctionner. Les provinces continuent de mener leurs affaires. Ma propre province, la Nouvelle-Écosse, s'est débarrassée de son Sénat en 1928 et elle fonctionne toujours. Le gouvernement gouverne. L'assemblée législative veille toujours au bon déroulement de ses travaux. Elle continue d'adopter des projets de loi. La province continue de lever des impôts et les députés continuent de dépenser l'argent ainsi recueilli au nom des gens qui les ont élus.
Soyons clairs, je comprends quel est le noeud du problème. Les libéraux et les conservateurs disposaient de cette autre institution là-bas qu'ils ont paquetée de leurs fidèles partisans depuis 150 ans, lesquels ont sillonné notre pays d'un océan à l'autre à même l'argent des contribuables pour mener des activités partisanes.
Non pas que certains d'entre eux n'aient pas fait du bon travail ou que certains comités n'aient pas fait du bon travail de temps à autre, quand ils ont réussi à trouver le temps, quand il n'y avait pas d'élections ou d'activités de financement ou de tempêtes de neige à l'Île-du-Prince-Édouard ni rien du genre. Ils ont alors fait du travail.
Cela ne met pas en cause chacun des sénateurs, et c'est ce qui jette parfois la confusion. C'est une poignée d'entre eux qui sont en cause, ceux qui semblent dépenser l'argent qu'ils touchent, les allocations et les cartes de crédit qu'ils obtiennent comme si c'était leur propre argent qu'ils pouvaient dépenser à leur guise, jusqu'au jour où ils se font prendre. Ce sont ceux-là qui finissent par se faire poursuivre par les autorités, la police et d'autres intervenants. C'est un petit peu personnel. Ce sont de ces gens-là dont on parle.
Nous disons au gouvernement et aux libéraux que nous pouvons tenir le Sénat responsable. Voilà l'essentiel de cette motion, c'est une question de responsabilité.
En tant que groupe, pourquoi ne pas se tenir debout, se faire une raison et jouer dur avec le Sénat et commencer à exiger des comptes? Le gouvernement n'a pas été capable de le faire en 10 ans, depuis qu'il a proposé d'obliger le Sénat à rendre des comptes. Il n'a pas été capable de faire quoi que ce soit. Je suggère que nous nous mettions tous d'accord ce soir pour le faire une fois pour toutes. Nous rejetterons cette motion pour que dès demain matin, les sénateurs sachent qu'ils n'obtiendront pas 57 millions de dollars jusqu'à ce qu'ils commencent à proposer des mesures de reddition de comptes rigoureuses dans lesquelles les Canadiens peuvent avoir confiance et, plus important encore, qui permettront aux députés qui sont responsables de payer ces factures de croire que le Sénat rendra des comptes sur ses activités une fois pour toutes.
Nous allons en venir à l'autre élément. Certains députés laissent entendre qu'il est impossible d'envisager la réforme ou l'abolition du Sénat, mais il n'en est rien. Les Canadiens y sont prêts, et les provinces aussi. On en entend parler, où qu'on aille au pays. Les gens en ont assez de cette Chambre où des hommes et des femmes ont été nommés uniquement en raison de ce qu'ils ont fait en faveur d'un premier ministre, ou des seaux qu'ils portent pour un parti politique. Ce n'est pas acceptable. Les Canadiens exigent davantage. En effet, comme le gouvernement précédent, le gouvernement actuel leur a demandé de se serrer la ceinture et de se contenter d'une moindre pitance.
J'ai parlé aujourd'hui avec une dame de Dartmouth, qui a bien du mal à trouver un logement pour elle-même et ses deux enfants, à cause des restrictions imposées par le gouvernement en matière de logement abordable dans l'ensemble du pays. Avec mes collègues de ce côté-ci, nous avons essayé, en pure perte, de contraindre le gouvernement à mettre en oeuvre une stratégie nationale du logement. Cette dame voudrait, pour ses enfants, que nous demandions des comptes au Sénat, du moins pour 57 des 92 millions de dollars que nous sommes censés approuver ce soir.
Au cours des deux derniers mois, j'ai vu passer dans mon bureau un certain nombre de personnes qui ont dû attendre, parfois pendant 40 jours, avant d'obtenir un paiement de l'assurance-emploi. Elles me demandaient comment il se faisait que le Sénat, dont les membres ne sont pas élus et n'ont pas de comptes à rendre, puisse être autorisé à dépenser 92 millions de dollars sans la moindre explication, sans rendre le moindre compte.
Comme mes collègues l'affirment par leurs interventions et par leur appui en faveur de la motion d'aujourd'hui, je suis ici pour dire que nous avons l'occasion de demander des comptes à cette institution, au nom de nos électeurs, au nom de tous les Canadiens qui nous demandent de rendre compte de l'argent que nous attribuons. Nous avons l'occasion de le faire aujourd'hui. Faisons-le. Votons de façon à rendre le Sénat responsable, puis organisons-nous pour nous débarrasser du Sénat, car nous pouvons le faire. Les Canadiens nous demandent de veiller à ce que les décisions du gouvernement du Canada soient prises par des gens dûment élus, et qu'il en soit rendu compte.
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Monsieur le Président, je remercie le député de de partager son temps de parole avec moi et, bien sûr, d'avoir très habilement énoncé la raison pour laquelle nous tenons ce débat ce soir.
Tout est une question de reddition de comptes, et en écoutant les diverses interventions, questions et observations, je constate avec intérêt que pour la grande majorité, les députés autres que les néo-démocrates ne veulent pas aborder la question de la reddition de comptes.
J'ai eu la chance d'être élue en 2004. Cela fait donc 10 ans que je siège en cette auguste Chambre. Nous avons rarement l'occasion de discuter des questions qui touchent la reddition de comptes au Sénat. Il existe tout simplement peu de mécanismes nous permettant de le faire.
Je félicite le député de de soulever cette question immanquablement, année après année. Il tente sans relâche d'amener la Chambre à discuter des problèmes relatifs à la reddition de comptes au Sénat. Ce soir, nous disposons d'une brève période de temps pour faire la lumière à cet égard.
J'ai trouvé intéressante la question de la députée d'en face à propos du très strict cadre redditionnel mis en place en décembre. Nous attendons avec impatience le rapport du vérificateur général sur les dépenses du Sénat, du moins de ce côté-ci de la Chambre. Nous avons hâte de prendre connaissance des détails et des recommandations concernant le genre de mesures qu'il faudra prendre pour assurer la reddition de comptes au Sénat.
Il a également été question ce soir de la décision de la Cour suprême et du fait qu'il a été déterminé que la proposition du gouvernement mise de l'avant dans son projet de loi ne respectait pas les exigences de la Constitution.
Je doute que qui que ce soit à la Chambre remette en question la sagesse de la décision de la Cour suprême sur la réforme du Sénat. Cependant, il y a d'autres façons de rendre le Sénat plus responsable. Le NPD a mis de l'avant des recommandations sur la réforme du Sénat auxquelles on pourrait donner suite sans avoir à modifier la Constitution.
Le député de a proposé d'interdire aux sénateurs de faire un travail partisan avec l'argent des contribuables. Les sénateurs ne pourraient ainsi plus participer aux caucus de leur parti, collecter des fonds, participer à l'organisation du parti, ou militer publiquement pour un parti politique en utilisant les ressources du Sénat. C'est une excellente idée. Nous n'avons pas besoin d'obtenir le consentement des provinces pour procéder à cette réforme. Les chefs des partis conservateur et libéral, les deux seuls partis qui ont nommé des Sénateurs, pourraient collaborer sur-le-champ avec leurs sénateurs afin de mettre en oeuvre cette politique.
Deuxièmement, nous pourrions mettre fin aux déplacements payés avec l'argent des contribuables qui sont sans lien direct avec le travail législatif des sénateurs. Cela semble être une mesure raisonnable de reddition de comptes. Les députés doivent respecter des exigences rigoureuses quant à la façon de déclarer leurs frais de déplacement en avion. Ils doivent dire ce qu'ils ont fait et où ils sont allés. Rien ne justifie que le Sénat n'adopte pas la même approche rigoureuse.
Troisièmement, nous pourrions créer un code d'éthique unique et nommer un commissaire à l'éthique responsable de tous les parlementaires. Je le répète, ce serait tout à fait sensé. En effet, les parlementaires de la Chambre des communes doivent respecter des normes. Nous devons remplir des formulaires détaillés concernant nos autres activités. Le commissaire à l'éthique examine les formulaires pour s'assurer que nous respectons nos obligations et nos responsabilités.
Il est arrivé, heureusement à de très rares occasions, que des ministériels doivent prendre la parole à la Chambre pour s'excuser de ne pas avoir déclaré certains détails obligatoires dans leur formulaire de conflits d'intérêts. Je le répète, nous avons un processus rigoureux et, dans l'ensemble, les députés le respectent. Il semble que ce serait un bon processus à mettre en place au Sénat.
J'ai entendu parler du second examen objectif. Si seulement c'était vrai. Depuis 2011, très peu de projets de loi ont été amendés au Sénat. Les seules fois où le Sénat a amendé un projet de loi, c'est parce qu'il avait reçu des ordres du gouvernement. Il y avait un raté dans un projet de loi et le gouvernement a ordonné au Sénat d'apporter certains amendements pour corriger la situation. Toutefois, l'examen indépendant des mesures législatives, ce second examen objectif dont les gens parlent, n'a pas eu lieu. Le Sénat est rempli de gens nommés sur une base partisane et cela se reflète dans l'examen des mesures législatives.
Un nombre sans précédent de projets de loi provenant du Sénat a été adopté. On se dit que, si le gouvernement considérait ces projets de loi comme importants, il n'avait qu'à les rédiger et à les présenter à la Chambre des communes, pour qu'ils soient ensuite renvoyés au Sénat. Mais ce n'est pas le genre d'approche qui a été employée dans le menu législatif.
D'autres l'ont souligné, mais j'ai la chance d'avoir été députée lorsque la Loi sur la responsabilité en matière de changements climatiques a été adoptée par la Chambre des communes, puis renvoyée au Sénat, qui est parvenu à le rejeter à grand renfort de stratagèmes et d'ergotage. Il me semble insensé d'élire démocratiquement des représentants qui débattent d'un projet de loi et déterminent qu'il est dans l'intérêt des Canadiens de l'adopter pour ensuite voir ce projet de loi sommairement rejeté au Sénat. C'est une approche qui me semble déraisonnable de la part d'un groupe de sénateurs non élus qui ne rendent de comptes à personne.
Permettez-moi d'aborder la question des scandales qui ont affligé le Sénat au cours des derniers mois.
C'est encore un point qui a été souligné par le député de . Pour en avoir parlé aux électeurs de ma circonscription et à d'autres Canadiens, je sais que les gens soulèvent des objections à propos du Sénat, de sa façon de dépenser de l'argent et de sa manière de rendre des comptes. Les gens se demandent pourquoi le Sénat continue d'agir de cette façon et pourquoi personne n'y fait rien.
Les néo-démocrates y font quelque chose. Nous essayons d'attirer l'attention des gens sur la somme importante qui est en jeu et qui totalise en fait 91,5 millions de dollars, bien que la somme dont il est question ce soir soit de 57,5 millions de dollars puisque c'est la partie qui nécessite l'autorisation du Parlement.
Les Canadiens s'interrogent. Pourquoi continuons-nous à dépenser cet argent tandis que les Canadiens doivent faire face à beaucoup d'autres questions pressantes? Pourquoi le Sénat continue-t-il d'être financé pour accomplir un travail qu'il ne fait pas? Puisqu'il se contente d'être le béni-oui-oui du gouvernement, pourquoi continue-t-il d'être financé pour cela?
Je voudrais maintenant dire un mot sur la consultation. J'ai pu écouter beaucoup d'observations et de questions au cours du présent débat, ce qui m'a permis d'entendre le gouvernement et le troisième parti nous demander à quelques reprises ce que nous avions fait pour consulter les gens. Je dois rappeler aux députés que c'est au gouvernement qu'il incombe de consulter la population. C'est lui qui rédige les projets de loi. C'est lui qui élabore les politiques. Consulter est une responsabilité du gouvernement.
Dans sa décision, la Cour suprême a statué que, pour réaliser cette réforme constitutionnelle, il fallait obtenir le consentement des provinces. Depuis longtemps, les réformistes, puis maintenant les conservateurs parlent de la nécessité de réformer le Sénat. S'ils reconnaissent qu'il est nécessaire de réformer le Sénat et qu'ils sont au courant de la décision de la Cour suprême, qu'ont-ils fait exactement pour faire progresser ce dossier?
Encore une fois, je tiens à rappeler qu'il incombe au gouvernement de participer à la consultation.
À mon avis, les députés qui présentent un projet de loi d'initiative parlementaire ou une motion ne participent pas à des consultations aussi exhaustives que celles qui sont requises dans le cas des projets de loi d'initiative ministérielle. En tant que porte-parole de mon parti en matière d'affaires autochtones, je constate que le gouvernement ne tient pas de consultations appropriées sur ces questions. Il semble donc très peu probable qu'il organise le type de consultation qui s'imposerait dans le cas d'une modification constitutionnelle touchant le Sénat.
Au cours du peu de temps qu'il me reste, j'aimerais parler brièvement de quelques questions ayant trait aux dépenses.
Je pense que le député de a fait allusion à la somme de 57 milliards de dollars qui, selon certains d'entre nous, a été volée de la caisse d'assurance-emploi. Il s'agit d'un exemple parmi tant d'autres de situations où des montants aussi importants, qui auraient dû servir à appuyer les travailleurs et leur famille, ont été éliminés des coffres de l'État à la suite de décisions arbitraires, car les gouvernements n'étaient pas capables d'équilibrer leurs budgets autrement que sur le dos des travailleurs.
J'aimerais certainement parler de ce qu'il serait possible de faire avec 57 millions de dollars pour les écoles et l'approvisionnement en eau potable dans les réserves, pour le logement, pour la protection de l'enfance et pour l'application du principe de Jordan. Il existe bien des façons de dépenser ces 57,5 millions de dollars afin d'améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens, plutôt que celle de quelques sénateurs, qui sont des valets de leur parti respectif.
J'exhorte tous les députés à appuyer cette motion très importante, qui a été proposée par le NPD.
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Monsieur le Président, je suis ravie de m'adresser à la Chambre et à tous ceux qui pourraient se trouver dans la tribune en cette magnifique soirée d'été à Ottawa.
Nous devons bien savoir quel est l'objet du débat de ce soir. Je crois comprendre que mon collègue de a donné avis de son opposition au crédit no 1 dans le Budget des dépenses, qui correspond à un montant d'approximativement 57 millions de dollars sous la rubrique « Sénat—Dépenses du Programme, du Budget principal des dépenses pour l'exercice se terminant le 31 mars 2015 ».
Qu'est-ce que cela veut dire? Que ce montant fait partie du montant qu'utilise le Sénat pour mener ses activités. Il a abondamment été question ce soir des changements au Sénat, des réformes que nous pourrions y apporter et de la façon dont le Sénat pourrait agir avec plus de transparence et rendre davantage de comptes aux Canadiens. Ce sont là des questions très importantes, lourdes de conséquences.
On m'a certainement citée dans les médias. Mes opinions sur les réformes qui s'imposent au Sénat sont de notoriété publique. Les électeurs de ma circonscription m'en parlent; c'est un enjeu. Comment pouvons-nous amener ceux qui sont responsables des lois dans notre pays à rendre davantage de comptes aux Canadiens? Plusieurs sénateurs seraient d'accord pour dire que cette institution doit être tenue de rendre davantage de comptes. C'est un sujet de débat.
Le débat de ce soir porte sur l'affectation des fonds au Sénat pour le prochain exercice financier afin d'assurer son fonctionnement. Je vais prendre un instant, car j'ai du temps ce soir, pour lire un article qui se trouve sur le site Web du Parlement du Canada, intitulé « Adoption des lois au Canada ». Voici ce qu'on peut y lire:
[...] la Constitution du Canada exige que les projets de loi reçoivent l'approbation séparée du Sénat et de la Chambre des communes pour devenir loi.
Les aspects fondamentaux du processus législatif
Le processus législatif s'amorce par la présentation d'un projet de loi qui vise à créer une nouvelle loi ou à en modifier une qui existe déjà. Il s'agit, dans la plupart des cas, de projets de loi publics, ce qui signifie qu'ils portent sur une question d'intérêt public comme les taxes et les dépenses, la santé et les programmes sociaux, la défense et l'environnement.
Les projets de loi peuvent être présentés au Sénat (projets de loi S-) ou à la Chambre des communes (projets de loi C-), d'où la majeure partie des projets d'intérêt public émanent. Dans chaque chambre, tout projet de loi doit franchir des étapes officielles. D'abord, il passe par une série de trois « lectures », au cours desquelles les parlementaires débattent de la mesure proposée. Avant la troisième et dernière lecture, chaque chambre renvoie le projet de loi à un comité qui l'examine en détail. Le comité entend des témoins avant d'entreprendre l'étude détaillée, article par article, en se fondant sur les opinions exprimées.
Quatre possibilités s'offrent à chaque chambre: adopter le projet de loi, le modifier, le reporter ou le rejeter. Une chambre refuse parfois des amendements apportés par l'autre, mais les deux finissent habituellement par s'entendre.
Toute loi du Canada est « édictée » officiellement par la souveraine « sur l'avis et avec le consentement » du Sénat et de la Chambre des communes. Après avoir été approuvé par les deux chambres, le projet de loi doit donc obtenir la sanction royale pour devenir loi.
En résumé, comment un projet de loi devient-il une loi? Il est d'abord adopté par la première Chambre — il s'agit parfois du Sénat, mais c'est habituellement la Chambre des communes —, puis il est adopté par la deuxième Chambre — il s'agit habituellement du Sénat, mais c'est parfois la Chambre des communes — et enfin il reçoit la sanction royale accordée par le gouverneur général.
Comment se déroule l'adoption par une Chambre? Il y a d'abord l'étape de la première lecture, qui correspond à la réception et à la diffusion d'un projet de loi qui propose une loi. À l'étape de la deuxième lecture, le principe du projet de loi fait l'objet d'un débat pour vérifier qu'il s'agit d'une bonne politique, etc. Le projet de loi passe ensuite à l'étape de l'étude en comité, au cours de laquelle des membres du public viennent témoigner pour fournir leurs observations. À l'étape du rapport, toute la Chambre examine le rapport du comité. L'étape de la troisième lecture correspond à l'approbation finale du projet de loi, puis celui-ci est renvoyé à l'autre Chambre ou est mis de côté pour recevoir la sanction royale.
En résumé, à l'heure actuelle, dans le présent exercice financier, le processus législatif est tel que nous avons besoin des deux Chambres pour adopter une mesure législative. Je pense que personne ici ne prétendra le contraire, et quiconque le ferait aurait besoin d'un cours de remise à niveau avant de poursuivre ses activités à la Chambre. À l'heure actuelle, en vertu de notre Constitution, nous avons besoin des deux Chambres.
L'objet du débat de ce soir consiste à savoir si nous allons approuver le financement pour le prochain exercice financier afin d'assurer le fonctionnement du gouvernement. Concrètement, certains s'opposent à ce vote en particulier. Si ce vote sur le Budget des dépenses était rejeté, qu'est-ce que cela signifierait dans la réalité?
Un projet de loi qui intéresse particulièrement la députée de , parce qu'elle l'a proposé, sera débattu. Je parle du projet de loi , Loi concernant la stratégie nationale relative à la maladie de Lyme. Il a été adopté à l'étape de la première lecture à la Chambre le 21 juin 2012, selon...
Des voix: Oh, oh!
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Monsieur le Président, pour en revenir à cet exemple en particulier, la députée de a présenté la mesure législative à la Chambre conformément aux précédents établis pour les projets de loi d'initiative parlementaire. Je crois que le projet de loi doit faire l'objet d'un débat sous peu.
Le projet de loi sera donc débattu à la Chambre à l'étape de la deuxième lecture, puis il sera renvoyé à un comité. Bon nombre des intervenants que la députée a consultés concernant le projet de loi comparaîtront devant le comité pour exprimer leur avis. J'espère que nous aurons un bon débat au sujet de cette mesure législative. Si la Chambre devait l'appuyer, où irait-elle ensuite pour devenir loi? Quelle serait la prochaine étape du processus?
Si on se reporte aux explications que je viens de donner, lesquelles sont accessibles au public et font partie de toute leçon de civisme, le projet de loi se retrouverait au Sénat pour la prochaine étape de l'examen, puis il recevrait la sanction royale. C'est ainsi que fonctionne le processus législatif au Canada. Pour que le projet de loi puisse devenir loi, il faut que des fonds soient alloués au Sénat pour que celui-ci puisse l'adopter.
En s'opposant à ce crédit du Budget des dépenses, le NPD se trouverait à paralyser le processus législatif au Canada. C'est aussi simple que cela.
Nous pouvons tenir un débat approfondi sur la réforme du Sénat et la manière dont les sénateurs devraient être élus et tout le reste, mais tel n'est pas l'objet du débat de ce soir. Le NPD a proposé de mettre fin au processus législatif au Canada. Donc, on aura beau se plaindre de tout et de rien à propos des institutions démocratiques canadiennes, il n'en reste pas moins que nous sommes saisis d'une suggestion visant à bloquer le processus législatif au Canada.
Nous sommes à la fin de la session. Bon nombre d'entre nous aimerions bien être de retour dans nos circonscriptions pour rencontrer ceux que nous représentons. Nous devons tous prendre le temps de réfléchir à ce que cela signifie. Cela signifie que si les projets de loi ne peuvent pas être adoptés, ils ne peuvent pas être mis en oeuvre. Cela veut dire que l'année prochaine, le processus législatif, qui passe par le Sénat, ne pourrait pas se faire. Qu'on soit ou pas d'accord avec la réforme ou l'abolition du Sénat ou quoi que ce soit, la réalité demeure qu'en votant en faveur de cette mesure, nous empêchons le gouvernement de faire adopter des projets de lois.
J'ai écouté les questions et les réponses ce soir. Nous avons eu un débat animé sur la manière dont nous pourrions rendre le Sénat davantage comptable envers les Canadiens. C'est une question qui mérite d'être discutée, mais ce n'est pas l'essence du débat de ce soir. Il nous arrive parfois de le perdre de vue.
Je demande à mes collègues d'en face de réfléchir. Le NPD a proposé au fil des années, pas seulement au cours de la session actuelle, un certain nombre de projets de loi d'initiative parlementaire qui ont fait consensus à la Chambre. Comment ces mesures deviennent-elles des lois? En étant adoptées par le Sénat. Cela fait partie de la Constitution du Canada.
Le crédit dont on discute en l'occurrence est pour la prochaine année financière. Notre gouvernement a demandé l'opinion de la Cour suprême sur ce que nous pouvons ou ne pouvons pas faire à la Chambre relativement à la réforme du Sénat. Nous avons été évidemment très déçus de la décision qui a été rendue. Cela dit, mon collègue le a réitéré que notre gouvernement va poursuivre ses efforts dans ce dossier parce que c'est quelque chose qui préoccupe les Canadiens. Nous devons aussi examiner les dépenses prévues pour la prochaine année financière.
J'aimerais que le gouvernement puisse continuer à fonctionner parce que j'aimerais que la Chambre puisse continuer de légiférer. J'espère que mes collègues vont réfléchir et vont appuyer le crédit 1, parce que la réalité est que cela fait partie de la Constitution. Nous devons faire la distinction entre le débat sur la manière de réformer le Sénat, qui, je le répète, est un débat valable, et la réalité de cette motion en particulier.
Je pourrais parler de nombreux projets de loi qui seraient touchés par le crédit en question. À l'heure actuelle, le Sénat a un programme législatif très chargé. Bon nombre de ses comités sont chargés d'étudier des projets de loi issus de la Chambre des communes.
Nul doute que mes collègues d'en face diraient appuyer en tout ou en partie certains de ces projets de loi. J'aimerais que ces projets de loi soient adoptés et voir le processus continuer de fonctionner. Voilà pourquoi nous appuyons le crédit 1 du Budget des dépenses. Constitutionnellement, le Sénat doit être en activité pour que des projets de loi puissent être adoptés.
Il est très imprévoyant pour les députés de dire que nous ne pouvons financer le Sénat et que nous allons lui retirer son financement. Constitutionnellement, comment ferions-nous adopter des projets de loi? Je n'y comprends tout simplement rien. Il est quelque peu ahurissant qu'on n'ait donné aucune explication à cet égard. Constitutionnellement, le Sénat doit être en activité. Certes, pour le prochain exercice financier, même si nous travaillions à la vitesse de la lumière, le Sénat a un travail à faire, et nous devrions tous continuer de l'appuyer.
Puisque nous débattons ce soir de la réforme du Sénat, j'aimerais en profiter pour parler de la façon dont mes collègues du Parti libéral abordent la réforme du Sénat, car le sujet me démange depuis quelques mois. Je trouve assez malhonnête qu'ils écartent de leur caucus des sénateurs qui se considèrent libéraux et qui, du jour au lendemain, ne sont plus considérés comme libéraux —
L'hon. Peter Van Loan: Ils sont libéraux au Sénat.
L’hon. Michelle Rempel: Effectivement, monsieur le Président, ils sont libéraux au Sénat. Mon collègue, le leader du gouvernement à la Chambre, a raison. Le président du Sénat leur donne la parole en tant que libéraux.
En fait, rien n'a changé. En outre, mes collègues du Parti libéral ont proposé qu'un organisme dont les membres ne sont pas élus nomme une personne non élue à l'un de nos organismes dirigeants chargé de trancher la question de la réforme du Sénat.
Je suis députée de l'Alberta. C'est chez moi que se déroule la discussion sur le Sénat triple E, et je suis navrée de voir que ce débat dérape, et qu'on parle maintenant d'un Sénat des élites, par les élites et pour les élites. Je ne pense pas que ce soit ce que l'ancien sénateur Brown avait en tête lorsqu'il a inventé la formule « triple E ».
J'espère que, lorsque nous aurons l'occasion de parler de la réforme du Sénat, les Canadiens vont vraiment tenir compte de ce qui a été proposé. Je me demande si le chef du Parti libéral n'a pas fait cette proposition pour se mettre sous les feux des projecteurs et pour faire une annonce dans l'air du temps lorsqu'il a dit: « Ces gens-là ne sont plus des libéraux, mais ils pourront toujours venir à nos congrès ».
M. Jack Harris: Les fameuses éruptions de bozo.
L’hon. Michelle Rempel: Monsieur le Président, mes collègues du NPD parlent des éruptions de bozo. Ce n'est pas de cette façon qu'il faudrait parler d'un élément aussi important du processus législatif, qui pourrait être porté à l'attention de la Chambre.
Il convient également de remarquer que depuis l'année dernière, comme n'importe qui de ce côté-ci de la Chambre, nous sommes tous assujettis à des règles rigoureuses et totalement transparentes de déclarations obligatoires. J'ai été heureuse de voir que tous les partis ont pris part au dialogue sur la façon dont les députés doivent rendre compte de leurs dépenses, ce qui a amélioré la reddition de comptes et la transparence dans ce domaine. C'est certainement un exemple que le Sénat devrait suivre. Au cours de la dernière année, nous avons vu le Sénat adopter de nouvelles règles en matière de déclarations concernant les dépenses. C'est un pas dans la bonne direction.
Encore une fois, juste pour résumer, je ne pense pas qu'il serait judicieux à l'heure actuelle de retirer ce poste budgétaire et d'empêcher le Sénat de fonctionner. Je sais que la relâche s'en vient à grands pas, et que les députés ont alors parfois tendance à essayer d'épater la galerie ou de détourner le débat. Je ne crois pas qu'il y ait une seule personne au Canada qui connaisse un tant soit peu les institutions démocratiques ou qui ait suivi un cours de sciences humaines au primaire qui pourrait, en toute honnêteté, dire que nous devrions paralyser le Sénat et, du coup, empêcher les mesures législatives d'être adoptées.
L'impasse législative est un problème. Si nous votions de façon à paralyser le processus législatif, le milieu des affaires pourrait en être fort secoué. La communauté internationale serait quelque peu étonnée, et l'on se demanderait pourquoi les Canadiens souhaitent bloquer leur processus constitutionnel et empêcher les mesures législatives d'être adoptées.
Il s'ensuivrait une baisse des investissements et une fuite de capitaux; en outre la prestation des programmes et des services du gouvernement seraient touchée. Nous serions aux prises avec tous ces problèmes parce que, selon la Constitution, c'est ainsi qu'il faut faire adopter les mesures législatives au Canada.
Dans les jours, les mois et les années qui viennent, nous serons appelés à nous pencher sur la réforme du Sénat, et cela s'impose. Il ne serait toutefois pas très judicieux de paralyser les travaux du Sénat au cours de la présente année financière.
C'est un privilège de siéger dans cette enceinte. Il y a certainement une part de théâtralisme, mais, au bout du compte, surtout si l'on tient compte de l'instabilité de certaines régions du monde, c'est un privilège de siéger ici — particulièrement vu que je suis une femme relativement jeune — dans cette institution démocratique et de débattre de sujets de fond au nom de mes électeurs.
Nous avons mieux à faire qu'essayer d'exploiter la paralysie de notre processus législatif à des fins publicitaires. Je rappelle que si l'allocation de ces fonds n'est pas approuvée, le Sénat arrête de fonctionner. Je demanderais à mes collègues d'en face de présenter des motions un peu plus réfléchies. Nous aurions certainement pu avoir un débat rigoureux au sujet d'autres parties du budget des dépenses, notamment l'efficacité du financement.
Il va de soi que mes collègues d'en face ne peuvent pas s'attendre à ce que le gouvernement du Canada accepte que le processus législatif soit paralysé pour les prochaines années. Je ne sais pas trop quoi dire. C'est un peu fou. C'est le genre d'éventualité que nous examinons et au sujet de laquelle nous devons prendre la parole, parce que nous devons faire adopter des lois et assurer le bon fonctionnement de notre démocratie.
J'espère que mes collègues d'en face changeront d'idée. Tout le monde ici convient que la réforme du Sénat mérite d'être débattue. Elle donne lieu à des débats enflammés. Même au sein de notre parti et de notre caucus, l'approche à adopter à l'égard de la réforme ne fait pas l'unanimité.
En ce qui concerne les travaux des subsides et les fonds alloués au Sénat, j'aimerais que les mesures législatives continuent d'être adoptées. Je suis certaine que mes collègues d'en face, dont le projet de loi d'initiative parlementaire est inscrit à l'ordre du jour, aimeraient que l'autre endroit l'étudie et l'adopte si possible et qu'il devienne une loi.
Au nom de la raison, de la rationalité et du respect du débat, je demande à mes collègues de comprendre que le Sénat doit absolument fonctionner durant le prochain exercice pour adopter des mesures législatives.