:
Monsieur le Président du Sénat, monsieur le Président de la Chambre des communes, honorables sénateurs et députés, distingués invités, mesdames et messieurs,
ladies and gentlemen. [Traduction]
Nous sommes très heureux d'accueillir aujourd'hui au Canada et au Parlement le président de l'Ukraine et son épouse, Petro et Maryna Porochenko.
[Français]
Je vous remercie, monsieur le président, d'avoir quitté brièvement votre pays pour participer à cette séance conjointe de notre Parlement. Nous savons qu'il s'agit d'une période cruciale pour vous et pour l'Ukraine, et nous apprécions grandement votre présence ici.
[Traduction]
Monsieur le président, vous vous souviendrez que, en juin dernier, je me trouvais au Parlement de votre pays lorsque vous avez prêté le serment de « protéger la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine ». Je m'étais rendu à Kiev pour représenter non seulement le gouvernement du Canada et les 1,2 million de Canadiens d'origine ukrainienne, mais aussi mes concitoyens de toutes les régions, de tous les milieux et de tous les partis représentés au Parlement, afin de témoigner notre soutien indéfectible à l'égard de l'avenir démocratique de votre pays et de l'indépendance du peuple ukrainien.
[Français]
Monsieur le président, peu de temps s'est écoulé depuis le mois de juin. Cependant, seulement quatre mois plus tard, votre pays et notre monde ne sont plus les mêmes.
[Traduction]
Les soldats de M. Poutine et leurs hommes de main ont intensifié leur présence sur le territoire ukrainien, et d'autres membres des forces armées ukrainiennes ont dû faire le sacrifice ultime. Le monde a été témoin de l'attentat perpétré contre le vol MH17, un crime déplorable qui a coûté la vie à de nombreuses personnes innocentes, dont un Canadien.
Monsieur le président, ce que je vous ai dit en juin tient toujours.
[Français]
Peu importe les difficultés que pourrait réserver l'avenir, peu importe les actions de ceux qui menacent la liberté de l'Ukraine, l'Ukraine ne sera jamais seule parce que l'Ukraine peut compter sur le Canada.
[Traduction]
Cet engagement est presque aussi vieux que notre pays. Il a pris naissance à la fin du XIXe siècle, lors de l'arrivée dans l'Ouest canadien de dizaines de milliers de colons ukrainiens fuyant la tyrannie et la pauvreté pour contribuer à la construction d'une société libre et prospère ici. Ils n'ont toutefois jamais abandonné le rêve de voir un jour leur patrie embrasser elle aussi la liberté et la prospérité.
Cet engagement a été exprimé dans les années 1960 par le premier ministre Diefenbaker lorsqu'il a demandé à Khrouchtchev d'accorder des élections libres au « peuple ukrainien épris de liberté ».
[Français]
Cette sympathie s'est à nouveau manifestée à la fin de la guerre froide, lorsque le premier ministre Mulroney a fait du Canada le premier pays occidental à reconnaître une Ukraine nouvellement indépendante.
[Traduction]
Et en 2008, le Parlement a manifesté son appui avec encore plus de conviction quand il a reconnu, grâce à l'initiative de notre collègue James Bezan, la vraie nature de l'Holodomor, c'est-à-dire un véritable génocide contre le peuple ukrainien.
Les Canadiens sont fiers d'avoir assisté à sept élections ukrainiennes d'affilée à titre d'observateurs. Comme je l'ai annoncé la semaine dernière, lorsque les Ukrainiens se rendront aux urnes à nouveau le 26 octobre pour exercer leurs droits démocratiques si chèrement acquis, les Canadiens seront nombreux à les appuyer.
[Français]
Nous collaborerons avec nos alliés afin d'aider l'Ukraine par d'autres moyens.
[Traduction]
Nous avons mis fin à la majeure partie de nos ententes avec le régime de M. Poutine: la Russie a été suspendue du G7 et nous faisons ce qui est en notre pouvoir pour isoler le pays sur le plan diplomatique.
Nous avons imposé de sévères sanctions commerciales à la Russie en raison de l'occupation illégale du territoire ukrainien. Hier, le a annoncé des mesures supplémentaires.
[Français]
Nous avons livré de l'équipement de protection et de l'équipement médical et logistique pour aider les courageux soldats ukrainiens à défendre leur pays et leur famille.
[Traduction]
Nous offrons une aide financière importante. Le Canada, qui fournit aussi de l'aide humanitaire afin d'aider les Ukrainiens touchés par ce conflit, a même annoncé aujourd'hui que d'autres fonds seront versés.
Nous avons envoyé des membres des Forces armées canadiennes en Europe de l'Est pour appuyer nos alliés de l'OTAN dans le cadre de l'opération Reassurance. Notre position est très claire, monsieur le président: nous appuyons sans réserve votre plan de paix pour le peuple ukrainien.
Par ailleurs, je veux que ce soit bien clair: le Canada reconnaît la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine, de l'Ukraine toute entière. Que la libération prenne cinq mois ou cinquante ans, nous n'accepterons jamais, au grand jamais, l'occupation illégale russe de quelque partie que ce soit du territoire ukrainien.
[Français]
Comme vous-même l'avez dit, là-dessus, il ne peut y avoir aucun compromis. Le Canada restera ferme dans ses positions et continuera de dénoncer sans équivoque le manque de respect de M. Poutine pour les lois, et nous continuerons, avec nos alliés, à répondre à l'agression russe.
[Traduction]
Monsieur le président, dans votre discours inaugural de juin dernier, vous avez dit, et je vous cite: « Personne ne fera des Ukrainiens les esclaves de criminels [...] Personne ne fera de nous les serviteurs d'une puissance coloniale. » Vous avez ajouté: « Le monde est de notre côté. »
[Français]
Monsieur le président, les pays libres et démocratiques du monde vous appuient.
[Traduction]
Nous ne pouvons tolérer les actes sinistres et dangereux de M. Poutine parce qu'ils ont des conséquences sur la sécurité mondiale. Nous ne pouvons pas les tolérer parce que — comme je l'ai déjà dit —, pour les Canadiens, compte tenu des liens étroits qu'ils ont établis avec les Ukrainiens, la situation ne se résume pas à une question de droit international ou à un principe politique; c'est plutôt une question de fraternité, de parenté, de liens personnels. Soyez assuré que nous vous serons solidaires.
[Français]
Monsieur le président, ce n'est pas en vain que des générations de patriotes ukrainiens ont lutté pour la liberté.
[Traduction]
Les Ukrainiens ont le droit, à l'instar des citoyens tous les pays libres, de prendre leur avenir en main, de vouloir un avenir prometteur au sein de l'Europe et de choisir de ne jamais retourner en arrière au sombre passé soviétique.
[Français]
La population de l'Ukraine veut avec raison ce dont nous profitons en Occident: la liberté, la démocratie, la justice et la prospérité.
[Traduction]
Monsieur le président, la liberté, la démocratie, la justice et la prospérité ne sont pas de vains mots. Ils sont le fondement même de notre pays. Ce sont des valeurs que le Canada défend dans le monde entier, non par simple ambition égoïste, mais parce que les Canadiens les ont toujours souhaitées pour tous les peuples.
[Français]
Lorsque nous aidons d'autres peuples à préserver leur liberté, c'est notre propre liberté que nous assurons également.
[Traduction]
Je terminerai en vous félicitant, monsieur le président, d'avoir fait preuve de leadership, de courage et de jugement devant l'intimidation impitoyable et acharnée que vous avez subie, et d'avoir toujours voulu la paix et l'indépendance, et cherché sans relâche à protéger votre peuple. Sachez que, quoi que l'avenir nous réserve, le Canada et l'Ukraine continueront d'évoluer ensemble, confiants que les aspirations et les rêves que nous partageons sont légitimes, justes et bons.
Je vous avais bien dit que vous vous sentiriez comme chez vous ici.
Mesdames et messieurs, ladies and gentlemen, joignez-vous à moi pour souhaiter la bienvenue à un véritable ami du Canada, le président de l'Ukraine, the President of Ukraine, Petro Porochenko.
:
Il est très difficile de prononcer une allocution dans une telle ambiance, croyez-moi. Je n'ai jamais été aussi ému.
Monsieur le premier ministre, Président Kinsella, Président Scheer, sénateurs et députés, honorables membres de la diplomatie, illustres invités, mesdames, messieurs, je me sens profondément honoré de pouvoir m'adresser à cette distinguée assemblée législative.
Je dois vous remercier, monsieur le premier ministre, de m'avoir invité au Canada, et remercier le président Kinsella et le président Scheer de me donner une occasion aussi exceptionnelle de m'adresser au Parlement canadien. Je le vois comme un hommage à mon pays et au peuple ukrainien et comme l'expression d'un partenariat unique et pareil à nul autre entre nos deux nations.
[Français]
C'est un grand honneur pour moi de tenir un discours devant le Parlement du Canada.
[Traduction]
Permettez-moi aussi, juste une fois, de m'exprimer dans la troisième langue officielle du Canada: l'ukrainien.
[Le président s'exprime en ukrainien et la traduction se lit ainsi:]
Je vous remercie du grand honneur que vous me faites, chers amis, chers compatriotes et chère communauté ukrainienne.
[Traduction de l'anglais.]
Pour être franc avec vous, je me sens très à l'aise ici, aujourd'hui, avec vous, dans un pays qui, bien qu'éloigné de l'Ukraine, a avec elle une très grande affinité de coeur et d'esprit.
En effet, le Canada est devenu la patrie d'un grand nombre de descendants des premiers colonisateurs ukrainiens venus ici il y a plus d'un siècle. En 1892, un siècle avant que le Canada devienne le premier pays à reconnaître l'indépendance de l'Ukraine, les premiers immigrants ukrainiens, Ivan Pylypiw et Wasyl Eleniak, sont arrivés. Ils ont été suivis par d'autres Ukrainiens venus s'établir sur la côte du Pacifique et partout sur les territoires peuplés de forêts et dans les prairies du Canada.
La communauté ukrainienne s'est facilement intégrée à la société canadienne. Elle a construit des chemins de fer et des villes, des écoles et des églises, a combattu héroïquement les nazis durant la Seconde Guerre mondiale et a contribué à l'économie et à la culture canadiennes. Plus tard, des fils et des filles d'agriculteurs sont devenus d'éminents membres de la société canadienne: des gens d'affaires, des artistes, des scientifiques, des athlètes et des hommes et femmes politiques. L'un d'eux, Ramon Hnatyshyn, est devenu gouverneur général du Canada. Nous nous rappelons toujours son nom.
La liste est longue et impressionnante. Elle compte notamment: Roy Romanow et Gary Filmon, respectivement premiers ministres de la Saskatchewan et du Manitoba; les sénateurs Raynell Andreychuk et David Tkachuk; James Bezan; William Kurelek; les vedettes de hockey Terry Sawchuk et Wayne Gretzky; ainsi qu'une astronaute, Roberta Bondar.
Nous n'avons que des éloges à faire au grand sculpteur canadien d'origine ukrainienne Leo Mol, qui a réalisé l'un des plus beaux monuments du monde dédiés à Taras Chevtchenko. Ce monument se trouve à Washington, D.C. Nous ne l'oublions jamais. Si je poursuis cette liste, la séance ne sera pas assez longue, je vous prie de me croire.
Aujourd'hui, la communauté ukrainienne du Canada compte plus de 1 million de personnes. C'est une communauté forte et la preuve de son intégration a été faite. Elle a néanmoins conservé la langue, la foi et les traditions de sa mère-patrie. L'Ukraine a toujours été fière des Canadiens d'origine ukrainienne et elle leur est reconnaissante de leur soutien durable.
[Le président s'exprime en ukrainien.]
Au nom du peuple ukrainien, je tiens à vous remercier, chers frères et soeurs, de l'aide que vous avez apportée à l'Ukraine.
[Le président s'exprime en anglais.]
Toutefois, il n'y a pas que l'histoire qui nous unisse. En raison de leurs valeurs communes, le Canada et l'Ukraine font partie intégrante de la grande famille mondiale des pays démocratiques.
Aujourd'hui, l'Ukraine paie très cher le fait d'avoir défendu ses convictions, c'est-à-dire la démocratie et la liberté de choisir son avenir. Pendant plus de deux décennies, nous avons fièrement affirmé que l'Ukraine avait acquis sont indépendance sans que ne soit versée une seule goutte de sang. Cela n'est plus vrai. Nous sommes maintenant engagés dans une véritable bataille pour notre indépendance et nous en payons un prix bien réel.
Aujourd'hui, l'Ukraine défend à prix fort son indépendance et l'intégrité de son territoire. En 1992, un an à peine après l'indépendance de l'Ukraine, le gouverneur général du Canada, Ramon Hnatyshyn, a déclaré, dans un discours qu'il a prononcé au Parlement ukrainien, qu'il ne fallait pas oublier les souffrances dont nous étions témoins. Il s'adressait ce jour-là à de courageux soldats canadiens et ukrainiens chargés de maintenir la paix dans des zones de conflit et des régions instables du monde. Aujourd'hui, ces mots sont plus vrais qu'ils ne l'ont jamais été.
Aujourd'hui, des milliers d'hommes et de femmes ukrainiens font courageusement le sacrifice de leur vie pour défendre leur droit de vivre comme ils l'entendent dans leur patrie, sous l'étendard ukrainien, aux couleurs bleu et or si chères à de nombreux Canadiens d'origine ukrainienne. En ces jours sombres, nous bénéficions de votre aide généreuse. Nous vous en remercions de tout coeur.
C'est dans les moments difficiles qu'on voit qui sont ses vrais amis, et il n'y a aucun doute: le Canada est vraiment un ami.
En tant que commandant en chef, en tant qu'Ukrainien et en tant que père de soldats, je remercie le Canada pour chacune des vies qui sont épargnées présentement dans le Donbass ukrainien grâce aux casques et aux gilets pare-balles que vous nous avez donnés.
Je vous remercie encore une fois, monsieur le , et je remercie votre gouvernement pour la position que vous avez adoptée. Je remercie les députés et les sénateurs canadiens, je remercie tous les Canadiens et mes compatriotes ukrainiens de se tenir debout et de faire entendre leurs voix. Je les remercie de nous épauler financièrement et de nous fournir de l'assistance technique et de l'aide militaire non létale. Je les remercie de nous appuyer dans les forums internationaux comme l'ONU, l'OTAN et le G7. Cela nous est très utile.
Je voudrais saisir cette magnifique occasion pour remercier tous les parlementaires canadiens d'aider l'Ukraine sans relâche et, en particulier, d'avoir tenu un débat d'urgence à la Chambre des communes au cours de la période cruciale de la révolution empreinte de dignité humaine sur le Maïdan. Nous avons entendu votre voix, et elle a été très importante pour nous. Notre grande réussite et notre victoire ont été possibles grâce à votre appui.
Merci beaucoup pour les travaux sur l'Ukraine au sein du comité des affaires étrangères de la Chambre des communes et pour la mission d'observation électorale, qui nous a aidés à faire en sorte que la volonté du peuple ukrainien soit respectée. Vous avez envoyé 500 observateurs, soit la mission la plus importante à avoir assisté à une élection présidentielle, dans le but confirmer que ce fut bien une véritable élection tenue en toute liberté et en toute équité. Vous nous avez ainsi aidés à établir le nouveau pouvoir en Ukraine. Merci.
Nous attendons votre mission du 26 octobre, à l'occasion des élections législatives, car nous tenons à pouvoir démontrer après coup que ces élections ont été libres et équitables.
Merci pour les nombreuses visites des stagiaires parlementaires et pour votre visite, monsieur le , lors de la cérémonie de prestation de serment. Tout comme le Canada avait reconnu notre indépendance, vous avez reconnu les résultats de l'élection présidentielle. Ce fut d'une importance capitale pour nous. Dans les moments difficiles, vous êtes toujours avec nous.
Je tiens également à remercier le , John Baird, pour son appui à l'Ukraine, tout particulièrement lors des événements sur la place Maïdan.
Croyez-moi, ma liste de remerciements est longue. Je vous remercie du fond du coeur. Nous sentons vraiment que nous pouvons compter sur l'aide des Canadiens, non seulement pendant les moments difficiles, mais aussi, j'en suis sûr, en temps de paix, lorsque nous aurons mis fin à la guerre grâce aux efforts intégrés et coordonnés de tous les pays du monde. Le Canada peut nous aider à préserver l'unité dans le monde et il peut nous aider à montrer à la planète entière sa grande solidarité avec l'Ukraine. Nous offrons nos plus sincères remerciements au Canada.
Sans l'appui du gouvernement du Canada, de tous les parlementaires et de la communauté ukrainienne au Canada, sous la direction du Congrès des Ukrainiens-Canadiens, l'Ukraine aurait beaucoup plus de difficulté à surmonter les épreuves actuelles. Aucun autre dirigeant ou pays, et je dis bien aucun, hormis peut-être la Pologne, n'a signifié de manière aussi claire et sérieuse à la Russie et au reste du monde que s'en prendre à un pays qui tente de suivre sa propre voie est tout à fait inacceptable.
La Russie fournit aux rebelles des missiles antiaériens de pointe, ainsi que des opérateurs, des renseignements et des données en vol. Ces rebelles, qui ont obtenu du matériel et du financement de la Russie et qui ont été entraînés par elle, ont perpétré un attentat terroriste contre des civils à bord du vol MH17. Ils ont tué 298 victimes innocentes provenant de divers pays, dont les Pays-Bas, la Malaisie et l'Australie, ainsi qu'un citoyen canadien, Andrei Anghel. Selon moi, la guerre dans l'Est de l'Ukraine est une guerre contre la terreur, notre guerre commune. J'en suis convaincu.
Avec votre appui et celui de la communauté internationale, nous remporterons cette lutte et réaliserons les rêves de nombreux Ukrainiens vivant dans notre pays et ailleurs dans le monde. L'Ukraine sera forte et indépendante, mais surtout, elle fera partie de l'Europe.
La journée d'hier a été l'une des plus importantes de l'histoire de l'Ukraine. La Verkhovna Rada a ratifié l'Accord d'association Ukraine-Union européenne. Savez-vous ce que j'ai ressenti hier lorsque j'ai déposé devant le Parlement de l'Ukraine cet accord d'association, coordonné et synchronisé avec le Parlement européen? C'était un dernier adieu de la part de l'Ukraine à l'endroit de l'Union soviétique. L'Ukraine a franchi le Rubicon et ne retournera jamais plus en arrière.
Je crois fermement que nos valeurs, notre liberté, notre démocratie, notre avenir européen — y compris une perspective d'intégration — sont possibles et atteignables pour le peuple ukrainien. Pourquoi? Parce que le peuple ukrainien a surmonté l'une des épreuves les plus importantes de son histoire au cours des cinq derniers mois et a possiblement payé un prix des plus chers pour faire partie de l'Europe. Voilà pourquoi nous réclamons une réforme, défendons la démocratie, défendons la liberté et cherchons à devenir membre de l'Union européenne.
En plus d'harmoniser la réglementation régissant le commerce et les douanes avec les normes de l'Union européenne, la mise en oeuvre de l'accord aidera mon pays à se rapprocher des normes démocratiques et d'une économie de marché.
Au sommet de l'OTAN tenu au Pays de Galles, j'ai exprimé le désir de mon pays de se rapprocher de l'OTAN et d'acquérir le statut de principal allié non membre de l'OTAN. Je compte sincèrement sur votre appui à cet égard.
Tous les alliés condamnent sans équivoque l'invasion russe en Ukraine et l'annexion illégale de la Crimée. Ils se disent prêts à appuyer l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine à l'intérieur des frontières reconnues internationalement, comme le font avec fermeté le gouvernement canadien, le du Canada et la population canadienne.
Je suis reconnaissant envers le Canada. Votre pays a donné un soutien des plus marqués à l'Ukraine lors du sommet et s'est engagé à verser plus d'un million de dollars au fonds de fiducie de l'OTAN. Cela aidera l'Ukraine à renforcer ses capacités en matière de commandement, de contrôle, de communications et d'informatique.
Chers amis, regardons au-delà de la crise et de la guerre. Réfléchissons à des moyens d'améliorer le partenariat privilégié entre l'Ukraine et le Canada. C'est la raison de ma présence ici. Je suis convaincu que nous devons porter une attention accrue à la coopération bilatérale dans des domaines tels que l'énergie, le commerce, l'investissement, le renseignement, l'espace aérien et de nombreuses autres technologies.
En collaboration avec le Canada, nous espérons mener à bien un projet ambitieux, soit la consolidation de l'espace d'information ukrainien grâce à la mise en orbite d'un satellite de télécommunications construit par une société canadienne. Nous pourrons enfin fournir à toutes les régions du pays des renseignements fiables et dignes de confiance et exporter des services de télécommunications. Il devrait y avoir plus de projets de ce genre.
J'espère que les deux équipes de négociation ont donné suite au signal ferme que le et moi leur avons transmis et que, lors de notre prochaine rencontre, nous pourrons signer un accord de libre-échange entre l'Ukraine et le Canada.
Cela dit, je m'en voudrais de ne pas parler d'un programme en particulier qui a beaucoup contribué au resserrement des liens entre nos deux pays. Il s'agit du Programme parlementaire Canada-Ukraine. Au cours des années d'indépendance, ce programme a accueilli plus de mille étudiants ukrainiens qui ont eu la chance de faire un stage ici même, au Parlement canadien, afin de nous aider à instaurer la démocratie en Ukraine. Bon retour, chers collègues.
Je tiens aussi à remercier le Parlement canadien et la diaspora ukrainienne de nous avoir aidés à encadrer la nouvelle génération de dirigeants ukrainiens libres et démocratiques.
Monsieur le premier ministre, je me rappelle vous avoir entendu dire que le Canada était probablement le pays le plus ukrainien du monde à part l'Ukraine. Vous savez, c'est tout à fait vrai. Permettez-moi de vous retourner le compliment. Certains grands pays européens sont à l'origine de la fondation du Canada moderne. Le Canada a des amis dans le monde entier. D'ailleurs, son meilleur allié est son voisin. Quoi qu'il en soit, je doute que vous puissiez trouver un autre pays qui dirait aussi sincèrement ce que je dis de vous: l'Ukraine est probablement le pays le plus canadien du monde à part le Canada.
J'ai ressenti exactement la même chose lors de ma rencontre aujourd'hui avec de nombreux Canadiens. Je vous remercie d'ailleurs pour tout.
Permettez-moi de citer Winston Churchill, qui aimait véritablement votre pays et qui y a séjourné sept fois de 1900 à 1954. Nous nous souvenons de lui comme d'un chef d'État courageux qui a bravement affronté l'agression des nazis. Il a écrit ce qui suit à sa femme à l'été 1929, alors qu'il se trouvait au Canada:
Ma chérie, je suis très attiré par ce pays [...] Je suis profondément touché, et je compte consacrer mon énergie à mieux faire connaître le Canada aux gens de notre pays [...]
Croyez-moi, je ressens la même chose. Malheureusement, je n'écrirai pas ces mots à ma femme parce qu'elle m'accompagne aujourd'hui. Je vais simplement les lui dire.
Permettez-moi de citer encore Churchill. Il a dit:
J'aime venir au Canada [...] Que Dieu bénisse votre pays.
Je vous remercie beaucoup. Thank you. Slava Ukraini.
[Applaudissements]