La Chambre reprend l'étude, interrompue le 21 octobre, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je termine mes remarques sur le projet de loi .
Afin de situer le débat dans son contexte, je vous rappelle que la dernière fois que j'ai donné mon avis sur le projet de loi, j'ai dit que même si les modifications à la Loi sur la responsabilité en matière maritime sont importantes, ce ne sont pas vraiment les mesures que nous voulons que le gouvernement prenne pour protéger les zones marines. La responsabilité sous-entend des problèmes, des accidents.
Nous voulons des règlements, des mesures d'exécution de la loi et des investissements dans la Garde côtière à l'échelle nationale pour pouvoir prévenir les accidents avant qu'ils ne se produisent et en réduire la gravité. Nous voulons également nous assurer que les mesures visant les zones marines sont les plus sécuritaires possible pour les Canadiens et la protection de l'environnement, des gens et des biens. C'est ce qui compte d'abord et avant tout. La responsabilité est importante, mais elle n'offre tout simplement pas les protections que nous recherchons.
Dans le cadre de ses budgets précédents, le gouvernement a réduit le nombre de stations de la Garde côtière, en fermant notamment celle de ma circonscription, à Inuvik, qui avait pourtant été maintenue en activité pendant de nombreuses années. La Garde côtière n'y a donc plus de capacité d'intervention.
Des entreprises cherchent à investir des millions de dollars dans le secteur du forage pétrolier et gazier en mer dans cette région. C’est la même histoire en Alaska. Or, nous n’avons aucune capacité en matière de remédiation en cas de déversement d’hydrocarbures. Il n’y a rien de tel concernant l’Arctique. En fait, les chercheurs qui examinent ces questions n'ont pas encore démontré la capacité de quiconque d’extraire du pétrole des eaux couvertes par les glaces. Nous rendons la région plus dangereuse en investissant moins dans l’infrastructure dans cette région, ce qui entraînera des problèmes dans l'avenir.
Les conservateurs ont affirmé encore et encore qu’ils veulent exploiter les ressources de l’Arctique. Ils souhaitent aller de l’avant en ce qui a trait au développement économique dans l’Arctique. Ils veulent que les richesses de l’Arctique soient exploitées.
Commençons par nous occuper de l’Arctique; assurons-nous de mettre en place la réglementation voulue en matière de transport maritime. Assurons-nous d'investir comme il se doit et de bâtir une infrastructure pouvant permettre d'intervenir en cas de problème. À mesure qu'augmentent les risques pour les entreprises qui évoluent dans un secteur, nous devrions mettre en place le type de protection susceptible de réduire les dommages que les populations peuvent subir à la suite d’accidents. Ce faisant, nous aurions une certaine capacité d’intervention, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Des navires de croisières passent dans l’Arctique. Si un navire de croisière se trouve en difficulté dans l'Arctique, nous n’avons pas la capacité d’intervenir. Nous avons permis l'augmentation du trafic maritime dans le passage du Nord-Ouest, alors que cette voie navigable n’a jamais été adéquatement cartographiée. Nous ne savons pas où se trouvent les rochers, et on laisse des navires y circuler. Quand des accidents surviendront-ils? Ce sera bien assez tôt. Qu’est-ce que la responsabilité apportera en matière de protection de l’environnement? Qu’est-ce que la responsabilité signifiera pour les gens de l’Arctique?
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de partager le temps dont je dispose avec le député de .
Aujourd'hui, on débat du projet de loi . On vise à modifier cinq lois: la Loi sur l'indemnisation de l'industrie aérienne, la Loi sur l'aéronautique, la Loi maritime du Canada, la Loi sur la responsabilité en matière maritime et la Loi de 2001 sur la marine marchande.
Dans mon discours, je vais me concentrer sur les aspects maritimes et marins. Je vais commencer par le nom du projet de loi: la . Le projet de loi vise la protection des mers et du ciel, mais franchement, il ne vise pas juste. On a vraiment manqué la cible, ici. Ce projet de loi nous pose problème et c'est pourquoi, de notre côté de la Chambre, nous sommes prêts à l'adopter en deuxième lecture, mais uniquement dans le but d'avoir un bon débat lorsqu'il sera présenté en comité.
On avait déjà proposé que ce projet de loi soit débattu en comité spécial avant qu'il ne soit lu en deuxième lecture. On voulait vraiment avoir une loi qui protège véritablement les communautés côtières et les habitats marins au Canada. Malheureusement, tel qu'il est écrit en ce moment, le projet de loi comporte énormément de lacunes.
J'aimerais en souligner une qui tracasse énormément les gens du golfe Saint-Laurent: la loi ne va invoquer la responsabilité des transporteurs pétroliers que s'il y a un déversement de 10 000 tonnes de pétrole ou plus. Alors, on se demande qu'est-ce que c'est, 10 000 tonnes. Normalement, on parle de barils ou d'autres moyens de mesurer le pétrole, si jamais il y a un déversement. Toutefois, dans ce projet de loi, il s'agit de 10 000 tonnes. Pour ceux qui s'y intéressent, 10 000 tonnes de pétrole, c'est 75 000 barils. Cela représente une fraction infime de ce que transporte un pétrolier.
Actuellement, un pétrolier naviguant dans le golfe du Saint-Laurent transporte 150 000 tonnes de pétrole, et non 10 000. Un déversement de 150 000 tonnes serait dévastateur pour la région du golfe du Saint-Laurent. Alors, 10 000 tonnes, c'est inadéquat. Ce projet de loi ne va pas assez loin pour protéger adéquatement non seulement les zones marines du Canada, mais aussi les communautés côtières qui dépendent des zones marines.
Prenons l'exemple du pétrolier de la compagnie Irving, l'Irving Whale, qui a coulé pas loin des Îles-de-la-Madeleine en 1970. L'Irving Whale transportait 800 tonnes de pétrole, comparativement à un pétrolier d'aujourd'hui qui en contient 150 000. Pourtant, ces 800 tonnes ont suffi pour qu'aujourd'hui, 43 ans plus tard, du pétrole se rende toujours sur les plages des Îles-de-la-Madeleine. On reçoit chaque année du pétrole du Irving Whale et on est toujours en train de le nettoyer, et il ne s'agissait que de 800 tonnes.
Par ailleurs, l'Exxon Valdez, dont le dégât n'est toujours pas tout à fait nettoyé, transportait 40 000 tonnes de pétrole. En 1989, il s'agissait d'une grande quantité. Aujourd'hui, on ne veut invoquer la responsabilité des transporteurs pétroliers que s'il y a un déversement de 10 000 tonnes ou plus. Je répète qu'on n'a toujours pas complété le nettoyage du dégât de l'Exxon Valdez. Dix mille tonnes, c'est un chiffre simplement inadéquat.
Je voudrais parler davantage de certains aspects du projet de loi. La responsabilité d'une compagnie pétrolière ne serait invoquée que si la quantité de pétrole déversé atteint 10 000 tonnes. Ce n'est qu'à cette condition que la compagnie serait responsable de nettoyer le dégât ou de déposer de l'argent dans le fonds d'indemnisation en cas de déversement.
J'aimerais souligner un aspect concernant la Caisse d'indemnisation des dommages dus à la pollution par les hydrocarbures causée par les navires.
En mars 2013, le fonds était de 400 millions de dollars. Lors du déversement dans le golfe du Mexique, une somme de 40 milliards de dollars a été consacrée au nettoyage, mais aujourd'hui, le fonds est de 400 millions de dollars.
Ce que la loi indique aux compagnies pétrolières, c'est que si le dégât dépasse 10 000 tonnes et qu'elles mettent l'argent nécessaire dans le fonds d'indemnisation, elles n'ont pas à s'inquiéter, quelqu'un d'autre va nettoyer le dégât.
C'est bien beau, mais le commissaire à l'environnement et au développement durable a souligné le fait que la Garde côtière n'a pas la capacité de procéder au nettoyage en cas de déversement. C'est ce qu'il a indiqué dans son dernier rapport, avant que son poste ne soit éliminé par les conservateurs, dans leur course contre la protection de l'environnement au Canada.
Comme l'a récemment dit mon collègue dans un article, on n'a pas la capacité de nettoyer ces déversements. Sur la côte Ouest, on a un peu de cette capacité et sur la côte Est, on en a insuffisamment, selon le rapport du commissaire à l'environnement et au développement durable. Sur la côte Nord, la côte Est et un peu sur la côte Ouest, l'hiver est un incontournable. Je ne crois pas qu'il existe une technologie permettant de nettoyer un déversement de pétrole qui se produirait dans une mer glacée. Je sens que les conservateurs vont nous en proposer une lors du débat qui aura lieu en comité, peut-être même avant. Je serais très intéressé à en apprendre davantage mais, en ce moment, on n'a pas la capacité de le faire.
Dans son dernier rapport, le commissaire à l'environnement et au développement durable nous a prévenus que nous ne sommes pas en mesure de nettoyer des dégâts importants. On le souligne, l'exploitation marine des hydrocarbures ne fera que croître au Canada, c'est incontournable, et cela s'en vient. Les questions que l'on doit se poser sont les suivantes. Peut-on le faire selon les règles de l'art? Est-on en mesure de nettoyer un dégât? On ne peut pas mettre à risque les industries qui sont déjà là.
À cause de l'industrie touristique et de l'industrie de la pêche, qui souffre énormément depuis les années 90, on ne peut pas se permettre un déversement de pétrole dans le golfe du Saint-Laurent, puisque l'on ne serait pas en mesure de le nettoyer.
Même si une compagnie est en mesure d'indemniser le fonds d'indemnisation, la question demeure: que fait-on du pétrole dans la mer? Qu'est-ce qu'on fait de ce déversement? Il faut le nettoyer.
La loi propose, si la Garde côtière n'est pas en mesure de le faire elle-même, d'inviter des organismes d'intervention à le faire. Finalement, on donnera des contrats de sous-traitance à des organismes non gouvernementaux. Quels sont ces organismes non gouvernementaux? Qui possède cette capacité? Ce n'est pas suffisant de donner de l'argent pour résoudre un problème, il faut que cela aboutisse et il faut faire le nettoyage, mais on n'a pas la capacité de le faire. Il faut prendre le temps d'évaluer, de façon réaliste, ce qu'on ferait dans le pire des cas, ce qu'on ferait s'il y avait un déversement. C'est tout à fait prévisible: il y aura assurément un autre déversement. Ce n'est pas seulement une question théorique, car les déversements sont hautement prévisibles. Malheureusement, on n'est pas en mesure d'en faire le nettoyage.
J'invite tous les députés à penser à ce qui suit. Que feront les communautés côtières qui dépendent de l'environnement et des zones marines du Canada si leurs plages sont couvertes de pétrole? Qu'est-ce que les habitats de poissons vont générer s'ils sont couverts de pétrole eux aussi? On a souvent vu des images d'oiseaux lors de catastrophes pétrolières, mais on n'est pas en mesure de nettoyer les dégâts. Or, avec ce projet de loi, on ne le sera pas davantage.
J'espère que tous les députés de la Chambre y penseront sérieusement. Les communautés côtières et les zones côtières du Canada méritent-elles la protection du gouvernement? J'espère que la réponse est oui, et j'espère que cela voudra dire que le projet de loi sera grandement amélioré.
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Monsieur le Président, je ne sais pas si j'ai bien compris, mais je crois que mon collègue est en train de dire que le gouvernement conservateur se soucie des coûts pour les entreprises reliés à certaines réglementations, mais ne se soucie pas des coûts environnementaux, sociaux ou des coûts relatifs à la sécurité. Cela inclut la sécurité des francophones, la sécurité du territoire, Pêches et Océans, pour la Garde côtière, et tout cela. Je trouve cela un peu désagréable à entendre.
Je suis aussi ici pour parler du projet de loi . Disons-le, c'est une modeste amélioration de la sécurité maritime. À la première session de cette législature, le NPD a proposé à ce gouvernement d'élargir la portée de ce projet de loi. De notre côté, nous sommes prêts à faire de véritables changements destinés à protéger nos côtes. Or les conservateurs ont rejeté notre proposition. C'est malheureux, mais apparemment, l'opinion de l'opposition ne compte pas beaucoup pour les conservateurs.
C'est triste de constater que les législateurs responsables et soucieux de la sécurité des citoyens canadiens ne sont que de ce côté-ci de la Chambre. Ils ne sont pas du côté du gouvernement, ou encore, s'il y en a, ils sont généralement muselés, et cela aux mains de qui? Aux mains des financiers du Parti conservateur.
Je vais essentiellement me concentrer sur la partie 5 du projet de loi, qui comporte cinq grandes parties. Cette partie 5 modifie la Loi de 2001 sur la marine marchande du Canada. Elle instaure de nouvelles exigences pour la manutention d'hydrocarbures, y compris l'obligation d'informer le ministre de ses opérations et de soumettre ses plans au ministre.
Le NPD s'est engagé à veiller à ce qu'il ne se produise jamais de déversements d'hydrocarbures sur nos côtes. Nous sommes prêts à le dire, contrairement aux conservateurs, qui n'appliquent pas les règles nécessaires pour éviter ces déversements. Le bilan des conservateurs fait qu'il est de plus en plus difficile de croire que les préoccupations des Canadiens sont prises au sérieux. Les conservateurs manquent complètement de crédibilité en ce qui a trait aux questions de sécurité maritime et aérienne. De même, leurs politiques sont contradictoires.
D'un côté, on ferme la station de la garde côtière à Kitsilano et on réduit des programmes d'intervention d'urgence environnementale, et de l'autre, on demande plus au transport maritime. C'est bien beau d'augmenter les exigences, mais il faudrait aussi assumer ses responsabilités.
Je tiens à rappeler que les conservateurs ont fermé le centre maritime de St. John's et qu'ils veulent toujours fermer le centre de sauvetage maritime de Québec, le seul et unique centre bilingue pour l'ensemble du Canada; il n'y en a pas d'autre. Cela, c'est sans oublier les fermetures de stations radio maritime au pays. Je pense tout de suite à la station radio maritime de Rivière-au-Renard qui est un excellent exemple.
Le projet de loi constitue une tentative à peine voilée de compenser l'inaction antérieure et les compressions conservatrices concernant la sécurité maritime. Les mesures du projet de loi C-3 visant à améliorer la sécurité sont relativement faibles par rapport aux risques posés par toutes ces fermetures. Avec tous ses affluents, l'estuaire du Saint-Laurent est l'un des plus dangereux au monde et, en plus, une bonne partie du trafic maritime est francophone. En ce moment, le trafic sur le Saint-Laurent augmente, mais les services sont réduits. Avant, différents centres d'appels connaissaient le territoire, et de plus en plus, on les réduit. On menace même de fermer le centre de Québec. Si jamais cela arrive, on peut être sûr qu'il y aura des morts. On pourra se tourner vers le gouvernement qui aura pris cette décision.
La garde côtière américaine est en train d'étudier les effets de l'augmentation du nombre de pétroliers sur la côte Ouest ainsi que leur taille en tenant compte du fait que l'augmentation du trafic augmente et qu'il y a risque de déversement. Les États-Unis prennent les risques au sérieux et le adopte la démarche inverse en affirmant que tout est sécuritaire, malgré les augmentations prévues du trafic des pétroliers.
« Un déversement de superpétrolier près de nos côtes menacerait la prospérité de l'économie côtière et des milliers d'emplois », a dit la sénatrice américaine Maria Cantwell.
Ce que souhaitent les députés du NPD, c'est que le projet de loi vise vraiment à promouvoir une plus grande sûreté du trafic des pétroliers. Le gouvernement conservateur aurait dû profiter de l'occasion pour annuler les compressions budgétaires des plus récents budgets — on s'en souvient — et les fermetures de programmes de sécurité maritime.
Parmi les mesures que le NPD veut voir dans un projet de loi visant à protéger les mers du Canada, mentionnons celles-ci.
Premièrement, il faut annuler les fermetures et les réductions de services de la Garde côtière, y compris la fermeture de la station de la Garde côtière de Kitsilano.
Deuxièmement, il faut annuler les réductions aux centres de Services de communication et de trafic maritimes, y compris le terminal de communication sur le contrôle du trafic maritime à Vancouver et à St. John's.
Troisièmement, il faut annuler la fermeture du bureau régional de la Colombie-Britannique pour les interventions d'urgence en cas de déversements de pétrole.
Quatrièmement, il faut annuler les réductions au Centre de recherche sur le pétrole, le gaz et autres sources d'énergie extracôtières.
Cinquièmement, il faut annuler les réductions des principaux programmes d'urgence environnementale, y compris en cas de déversements de pétrole à Terre-Neuve-et-Labrador et en Colombie-Britannique.
Sixièmement, il faut renforcer la capacité — actuellement nulle — qu'ont les offices des hydrocarbures de s'occuper des déversements de pétrole, comme l'a recommandé le commissaire à l'environnement. L'Office Canada—Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers a besoin d'acquérir une expertise interne pour gérer un déversement majeur avec un organisme de réglementation indépendant en matière de sécurité.
Septièmement, il faut exiger que la Garde côtière canadienne travaille en collaboration avec ses homologues américains. Des études ont déjà été faites aux États-Unis. Nous pourrions travailler avec les Américains et voir avec eux ce qu'il faut faire, quelles réglementations sont nécessaires, comment rendre les structures de nos superpétroliers les plus sécuritaires possible. Il faut donc que la Garde côtière mène une étude parallèle, en collaboration avec ses homologues américains, pour examiner les risques qu'entraînerait un trafic supplémentaire de pétroliers dans les eaux canadiennes.
Par ailleurs, il faut demander l'évaluation de la Caisse d'indemnisation des dommages dus à la pollution par les hydrocarbures causée par les navires, qui n'a pas fait l'objet de prélèvements depuis longtemps, plutôt que d'adopter des demi-mesures de surveillance et d'intervention en cas de déversements, comme on propose de le faire ici.
Pendant 40 ans, il était interdit aux pétroliers de circuler sur la côte de la Colombie-Britannique. Ce moratoire était en fait un engagement verbal avec la province de la Colombie-Britannique; rien n'avait été mis par écrit. L'appel du NPD visant à interdire la circulation des pétroliers dans ce corridor est appuyé par les communautés des Premières Nations, par les élus locaux et régionaux, par les industries du tourisme, des loisirs et de la pêche, par d'autres industries susceptibles d'être touchées et par plus de 75 % des Britanno-Colombiens.
J'aimerais ajouter une chose relativement à toutes nos demandes. Les Premières Nations s'inquiètent de toute cette déréglementation et des compressions à Pêches et Océans Canada et à la Garde côtière. Les industries touristiques, notamment au Québec, en Gaspésie, sur la Côte-Nord et dans l'ensemble des provinces maritimes qui vivent de cette industrie, s'inquiètent des conséquences qu'aurait un déversement de pétrole dans le golfe et dans l'estuaire du Saint-Laurent. Compte tenu de tous les courants et de la particularité de ce golfe et de cet estuaire, ce serait une catastrophe majeure. Cela se répandrait rapidement dans tous les écosystèmes du golfe, ce qui causerait des dommages aux industries de la pêche et du tourisme, de même qu'à l'ensemble de l'économie de ces régions.
Il faut donc bien réfléchir à tout cela. Avant de continuer dans cette voie, les conservateurs devraient considérer ce qui risque de se passer, afin de prévenir des morts et beaucoup de dégâts environnementaux chez nous.
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Monsieur le Président, je suis heureux d’avoir l’occasion de prendre la parole au sujet du projet de loi .
Je tiens à remercier mon collègue, le député de , de son intervention. Nous avons travaillé ensemble sur le dossier des pêches et des océans, et je sais qu’il s’intéresse de près à toutes ces questions et à leur impact sur sa communauté. Je peux vous dire qu’il ne ménage pas ses efforts pour défendre les intérêts de ses électeurs.
Le projet de loi porte un titre intéressant: Loi visant la protection des mers et ciel canadiens. Encore une fois, les conservateurs sont des beaux parleurs et des petits faiseurs. Nous avons indiqué que nous allions appuyer ce projet de loi jusqu’en seconde lecture, mais ce n’est que parce qu’il apporte quelques petites améliorations, aussi petites soient-elles. Pendant les quelques minutes dont je dispose, j’aimerais démontrer pourquoi le Canada ne fait pas assez pour protéger nos océans.
Jacques-Yves Cousteau a dit que « pendant la majeure partie de son histoire, l’homme a dû lutter contre la nature pour survivre, mais en ce début de siècle, il commence à comprendre que, pour survivre, il doit la protéger ».
Aujourd’hui, ça signifie protéger nos océans contre nous-mêmes.
Avant d’aller plus loin, je tiens à vous informer que je partagerai mon temps avec la députée de Québec.
Le Canada est l’intendant de plus de 7,1 millions de kilomètres carrés d’océans et possède la plus longue façade maritime au monde, avec plus 244 000 kilomètres de littoral sur trois océans. Malgré cela, nous ne sommes absolument pas préparés à faire face à une catastrophe au large de nos côtes. Ce projet de loi, comme je l’ai dit, ne propose que de très modestes améliorations à la sécurité maritime, et il ne prévoit pratiquement rien pour accroître la capacité d’intervention du Canada en cas de déversement de pétrole ou de produits chimiques.
Mes collègues du NPD et moi avons à cœur la protection de nos océans. C’est pour cela que nous avons proposé d’élargir la portée de ce projet de loi afin d’apporter des améliorations concrètes et globales à la protection de notre littoral. Bien entendu, les députés d’en face, le gouvernement conservateur, s’y sont opposés.
On peut dire qu’à bien des égards, le Canada a été chanceux de ne pas avoir à faire face à un déversement important au large de ses côtes, vu que depuis 20 ans, les rapports indiquent que nous ne sommes pas prêts.
En 1990, un an après la catastrophe de l’Exxon Valdez, le rapport Brander-Smith a été publié, qui portait sur la sécurité des navires-citernes et la capacité d’intervention du Canada en cas de déversements en milieu marin. Ce rapport aboutissait à trois grandes conclusions: premièrement, le Canada n’avait pas la capacité de faire face à un déversement, où qu’il se produise; deuxièmement, compte tenu du trafic de navires pétroliers, le Canada pouvait s’attendre chaque année à plus de 100 déversements de gravité variable, et à un déversement majeur tous les quinze ans.
En réalité, ces chiffres ont été grandement sous-estimés. Rien qu’entre 2007 et 2009, on a enregistré un total de 4 160 déversements de pétrole, de produits chimiques et d’autres polluants.
La troisième conclusion du rapport était que le risque de déversement était le plus élevé dans l’Est du Canada.
Ces constatations sont presque les mêmes que celles du rapport présenté en 2010 par le commissaire à l’environnement et au développement durable. Le commissaire en était alors venu à la conclusion que même si Transports Canada et le ministère des Pêches et des Océans avaient mené des évaluations du risque concernant les déversements d’hydrocarbures, ils ne pouvaient garantir que le gouvernement fédéral était prêt à répondre efficacement à un tel déversement.
Le commissaire avait également déterminé que l’Est du Canada demeurait la région la plus vulnérable pour les déversements. L’incident du Deepwater Horizon en 2010 s’est soldé par le déversement de quelque 4,9 millions de barils de pétrole, estime-t-on, dans le golfe du Mexique. On évalue à 40 milliards de dollars le coût des travaux de nettoyage et on ne sait pas combien d’années il faudra pour faire tous ces travaux.
Cette catastrophe nous rappelle qu’un déversement d’hydrocarbures peut survenir bien vite et que le nettoyage qui s’ensuit peut être bien coûteux.
Au Canada, la limite de responsabilité est fixée actuellement à 40 millions de dollars seulement. Le gouvernement s’est engagé en juin à augmenter cette limite pour la porter à un milliard de dollars, mais aucune mesure n’a été prise à cet effet jusqu’à maintenant. Or, nous sommes tout à fait conscients que, si un déversement semblable à celui du golfe du Mexique survenait ici, le milliard de dollars ne représenterait qu’une fraction des fonds requis pour réagir à la catastrophe.
Nous avons besoin de mesures véritables pour protéger nos océans, et nous avons besoin de ces mesures maintenant. Le Canada devrait montrer l’exemple au monde entier dans la façon de se préparer à un déversement d’hydrocarbures, et non se contenter d’obtempérer à reculons aux exigences internationales. L’enjeu est trop important — nous reconnaissons sûrement tous cela — et nous avons trop à perdre lorsqu’il s’agit de la protection de nos océans et de nos ressources. Beaucoup de nos collectivités côtières ont besoin d’un océan sain pour gagner leur vie, et nous comprenons clairement que l’économie canadienne a tout à gagner de ressources côtières propres.
Je suis député de Dartmouth—Cole Harbour en Nouvelle-Écosse, où deux ou trois grosses sociétés s’apprêtent à exploiter les ressources au large de nos côtes. Shell et BP ont déjà déposé sur la table des milliards de dollars seulement pour avoir le droit de commencer à creuser; c’est dire à quel point ces gens sont confiants de ce qu’ils vont trouver. La Nouvelle-Écosse a prolongé le moratoire contre l’exploration et le développement sur le banc Georges, mais le gouvernement fédéral n’a pas réagi. Toutes ces choses montrent que le gouvernement ne bouge pas assez rapidement.
Au cours de la période des questions, plus tôt aujourd’hui, j’ai parlé des changements que le gouvernement a apportés à la Loi sur les pêches. En vidant la Loi sur les pêches de sa substance, le gouvernement place le développement des ressources naturelles au-dessus de la protection de nos océans et de la vie marine. Les députés d’en face le savent trop bien. Il faudra attendre une catastrophe comme celle dont je vous parle pour qu’ils y accordent leur attention pour de bon.
Étant donné les rapports qui ont été rédigés et les données scientifiques qui montrent clairement les dangers présents sur les trois côtes, les députés d'en face ne croient-ils pas qu'il est maintenant temps d'aller de l'avant? N'attendons pas un prochain rapport. N'attendons pas une catastrophe pour nous rappeler que nous aurions pu agir, mais que nous ne l'avons pas fait assez rapidement.
Il ne faut pas en rester là. Nous devons faire preuve de leadership. Alors que progresse le projet de loi, nous devons entendre les experts en comité et apporter les modifications que nous avons demandées précédemment, lorsque la Chambre était saisie du projet de loi, pour lui donner du mordant, pour qu'il donne lieu à un réel engagement et pour reconnaître que nous devons mieux protéger nos côtes si nous voulons exploiter nos ressources naturelles.
N'attendons pas une autre catastrophe. N'attendons pas un autre événement pour justifier la prise de mesures, que ce soit dans le Nord, comme l'a fait valoir le député de , ou dans le fleuve Saint-Laurent, comme l'a fait valoir mon collègue de . Il faut agir maintenant. Je demande au gouvernement de veiller à élargir la portée du projet de loi lorsqu'il sera adopté à l'étape de la deuxième lecture et sera étudié en comité, afin qu'il permette de protéger réellement nos océans une fois pour toutes.
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Monsieur le Président, après le discours de mon collègue, ça va être difficile d'aller aussi loin. Il a vraiment très bien exposé ce qu'on veut savoir sur ce projet de loi .
En ce moment, il y a beaucoup de confusion entre le projet de loi et le projet de loi . On en connaît la cause, c'est le fait que les conservateurs ont prorogé le Parlement. Aujourd'hui, on doit donc débattre de projets dont on débattait en fin de session parlementaire. On doit changer le numéro des projets de loi et ramener cela ici. C'est pourquoi il y a un peu de confusion. Je le note au cas où nos concitoyens auraient de la difficulté à nous suivre.
Cela étant dit, j'aimerais signaler que le NPD décide d'appuyer ce projet de loi en deuxième lecture, parce qu'il constitue une modeste amélioration de la sécurité maritime. Évidemment, on ne peut être contre la vertu. S'il y a une petite amélioration, on va donc aller de l'avant, parce qu'elle est là et qu'il faut progresser. Toutefois, c'est nettement en-deçà de nos espérances et de nos attentes face à ce qu'on veut que les législateurs fassent et de ce dont on a besoin, bien évidemment.
Avant d'appuyer le projet de loi en deuxième lecture, le NPD a demandé qu'il soit élargi en le renvoyant au comité avant la deuxième lecture en vue de l'étude visant à inclure des mesures plus complètes pour protéger les côtes du Canada et, en partie, neutraliser ou inverser les réductions conservatrices et les fermetures propres à la sécurité maritime et à la protection de l'environnement.
Lorsqu'il s'agit de sécurité maritime, en tant que députée de , je ne peux faire autrement que de penser à ce projet qui me tient tant à coeur. En effet, je demande depuis 2011 à ce que le gouvernement conservateur revienne sur sa décision de fermer le centre de recherche et de sauvetage maritime de Québec, le seul centre officiellement bilingue au pays et en Amérique du Nord. Ce n'est pas rien, c'est vraiment très important.
Aussi, je ne peux m'empêcher de dire que le centre de Québec, qui a été créé il y a plus de 35 ans maintenant, a justement été créé pour défendre le personnel qui maîtrise les connaissances géographiques du fleuve Saint-Laurent, du golfe du Saint-Laurent et de tous ses recoins. On a développé là une expertise non négligeable. Je sais que, pour les conservateurs, l'expertise représente des coûts et qu'il faut couper là-dedans parce que cela va nous permettre d'atteindre le déficit zéro.
Toutefois, l'expertise est une valeur qui apporte beaucoup plus que cela. C'est pourquoi, encore ici, je m'inquiète quand je vois qu'on coupe et qu'on ne pense pas à mettre les investissements nécessaires pour protéger nos concitoyens, sur terre comme sur mer.
Quand le centre de recherche et de sauvetage maritime de Québec a été créé, il l'a aussi été pour défendre les services essentiels en français, aujourd'hui menacés par ce gouvernement majoritaire conservateur qui se croit tout permis.
On sait aussi que, à Québec, le personnel parfaitement bilingue ne se retrouve pas dans les centres. En effet, on a décidé de fermer le centre de Québec et de transférer la moitié des appels à Halifax et l'autre moitié, à Trenton. À partir de Cap-à-l'Aigle vers l'ouest, on a décidé de transférer les appels entrants vers Trenton et de Cap-à-l'Aigle vers l'est, vers le centre de Halifax.
Toutefois, la décision prise en 2011 a généré à ce jour de nombreux coûts de logistique, de concours et d'offres de personnel pour chercher des gens qui seraient compétents. On a essayé de recruter les gens. Or, des experts, ça ne se trouve pas dans une boîte de Cracker Jack. Des experts, c'est vraiment très difficile à trouver, parce que ça prend des années d'expérience, certaines qualifications et des diplômes pour créer cette expertise.
Quand on a voulu transférer le centre de Québec vers Trenton, on a abaissé les critères de sélection pour le recrutement. Malgré cela, selon les dernières informations, on n'a toujours pas le personnel qu'il faut à Trenton pour répondre aux appels. À Halifax, les gens ne sont pas encore assez qualifiés.
D'ailleurs, à Halifax, il y a eu une simulation de sauvetage en février dernier. J'en ai fait un point de presse, parmi les nombreux points de presse faits sur le centre de Québec. Cette simulation de sauvetage, qui a été classée régulière, a été un échec complet parce que, pour une opération régulière, on aurait injustement augmenté les effectifs. Malgré cela, le coordonnateur bilingue aurait été débordé; des intervenants, qui pensaient pouvoir se rendre utiles autant en français qu'en anglais ont été complètement impuissants devant la tâche à accomplir; et on a déploré également le manque de connaissances reliées au fleuve Saint-Laurent, un fleuve reconnu historiquement.
Même à l'époque de Jacques Cartier, on avait de la difficulté à naviguer sur certains endroits du fleuve Saint-Laurent. Ce fleuve est particulier. Il a de forts courants à certains endroits et certaines parties du fleuve n'ont pas encore été cartographiées. Certains endroits sont connus des gens qui utilisent le fleuve, mais ne se trouvent pas nécessairement sur les nombreux appareils technologiques. C'est dire à quel point on a besoin de ces experts pour connaître ces détails, qui ne sont pas toujours enchâssés dans un outil quelconque.
Malgré cet échec vécu en février dernier, les conservateurs décident d'aller toujours de l'avant, même si c'est un échec après l'autre. Ils transfèrent le centre de Québec vers Trenton et Halifax, même si rien ne va plus et même si ça ne fonctionne pas après tant d'années. Pourtant, on le leur avait dit. D'ailleurs, aucune consultation publique n'a été faite dans ce dossier ni aucune étude d'impact avant la prise de décision. De plus, jamais le ministre n'est venu au centre de Québec, selon nos informations, pour constater le travail qui se fait sur place.
Peu importe le projet de loi dont on discute à la Chambre, que ce soit dans le secteur des transports, de la santé ou de l'assurance-emploi, je suis toujours étonnée que des études d'impact ne soient pas faites et que les gens ne soient pas consultés, ni les provinces, ni les municipalités ni les experts sur le terrain. Non! Le gouvernement pense qu'il est bon et va de l'avant en prenant une décision. Or c'est très regrettable, car ce qui nous amène à prendre de mauvaises décisions, c'est penser qu'on est bon et qu'on est capable de tout faire tout seul.
Pourtant, des centaines de résolutions ont été adoptées partout au pays par des associations de pilotes, de pêcheurs, d'amateurs, de plaisanciers et des intervenants de première ligne pour garder ouvert le centre de recherche et de sauvetage maritime de Québec. Une motion unanime de l'Assemblée nationale du Québec a été votée. Des résolutions de plusieurs municipalités, dont la Ville de Québec, et de partout ailleurs aussi, même dans l'Est du pays, par exemple, proposent de maintenir ce centre. Malgré cela, le gouvernement fait chaque fois la sourde oreille.
On ne peut pas réduire les services et prétendre maintenir ces services en disant que cela ne changera rien. Ce n'est pas vrai. Chaque fois que j'entends des conservateurs, cela me fâche parce que je me dis qu'ils n'ont rien compris.
Dans ce cas-ci, que ce soit la Garde côtière ou nos anciens combattants, il n'y a pas d'application pour cela. On ne peut pas dire que les gens vont se débrouiller à partir d'un site Internet et que tout se fera tout seul. Non, il faut des experts, il faut des gens qui peuvent répondre aux questions et qui vont sur le terrain! Voilà ce qui est important. C'est ce qu'on devrait comprendre dans le projet de loi , mais aussi dans toutes les décisions qui peuvent être prises par le gouvernement.
Pour terminer, le projet de loi semble visiblement faire partie d'un effort concerté de la part des conservateurs pour tenter de corriger leur manque de crédibilité dans le domaine de la sécurité des transports. Toutefois, au NPD, on sait très bien que la sécurité des transports, ce n'est pas l'affaire des conservateurs.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un privilège de prendre la parole au sujet de la motion.
J'ai suivi le débat, et c'est à contrecoeur que nous allons appuyer le projet de loi .
En tant qu'enseignante, j'ai appris il y a longtemps qu'il faut absolument reconnaître chaque petit pas. C'est très certainement ce dont il s'agit ici: un tout petit pas, de la part du gouvernement actuel, vers ce qui s'impose.
Alors si je suis en faveur du projet de loi, c'est parce qu'il constitue un tout petit pas dans la bonne direction. J'espère qu'avec un peu de renforcement positif, on parviendra à faire d'autres petits pas, qui aboutiront à une bonne mesure législative en vue de répondre aux grandes préoccupations que nous avons à l'égard des mesures prises par le gouvernement conservateur dans le domaine de la protection de l'environnement, notamment de nos côtes immaculées.
Comme les députés le savent, je viens de la plus belle province du Canada: la Colombie-Britannique. Il y a bien des années, à l'époque où je vivais au Québec, dans la belle province, j'étais d'avis que c'était effectivement la plus belle de toutes les provinces canadiennes. Je dois dire que nous vivons dans un pays dont la géographie a de quoi nous émerveiller. Les Canadiens de souche et les nombreux Canadiens d'adoption, comme moi, reconnaissent la chance qu'ils ont de vivre ici.
J'ai décidé d'élever mon enfant ici non seulement à cause de la géographie du pays, mais parce que je suis tombée en amour avec le Canada et avec tout ce qui s'y rattache. Mais je peux assurer aux députés qu'un des principaux facteurs était la géographie exceptionnelle du Canada: ses lacs, ses rivières, ses voies navigables, ses rivages et ses montagnes. Croyez-le ou non, même les magnifiques Prairies m'ont paru d'une beauté époustouflante la première fois que j'ai parcouru le Canada en voiture.
Cependant, le dossier de l'environnement m'inquiète depuis de nombreuses années, et c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles je siège au Parlement aujourd'hui, parce que je n'aimais pas l'orientation adoptée par les gouvernements successifs au Canada, surtout au cours des dernières années. Un de mes principaux sujets de préoccupation, c'est l'intendance des ressources naturelles de notre beau pays, et je vais parler plus particulièrement de nos cours d'eau.
Comme je l’ai dit, le projet de loi est un petit pas dans la bonne direction. Cependant, les conservateurs n'ont de cesse de m’étonner. Chaque fois qu'ils décident d’appliquer une convention de l’ONU dont nous sommes signataires depuis des années, ils donnent à croire que c'est une mesure proprement révolutionnaire. Dans certains discours, le ministre de l’époque parlait de navires à double coque. Eh bien, cela existe déjà.
En même temps, nous sommes ravis que notre gouvernement réalise que nous avons ratifié des ententes avec les Nations Unies. En tant que membre en règle des Nations Unies, il incombe au Canada de mettre en oeuvre ces ententes. Les députés du NPD sont résolus à protéger nos merveilleux cours d’eau et littoraux, et je suis persuadée que c’est aussi le cas de bon nombre de mes collègues d’en face qui sont d’accord avec nous, en particulier les députés des circonscriptions côtières.
Nous avons tous vu les terribles dommages que les déversements d’hydrocarbures peuvent causer. J’ai eu l’occasion de visiter un site en nettoyage. Les députés devraient voir l'état des oiseaux et le nettoyage auquel il faut procéder à la suite d’un déversement d’hydrocarbures, particulièrement dans le milieu environnant. Nous l’avons tous déjà vu à la télévision, mais c’est effrayant de le voir de ses propres yeux. Je n'utilise pas ce mot à la légère. Nous n'avons pas idée de l'étendue des dommages pouvant être causés.
Nous devons nous assurer de réduire le tout au minimum et d’adopter des mesures de protection additionnelles pour protéger notre littoral. Lorsque nous parlons de déversements d’hydrocarbures, il ne s'agit pas seulement de ce que perd la société pétrolière, mais bien des répercussions sur notre environnement. Il est question des conséquences sur les collectivités et nos aliments, parce que tout ce qui se trouve à proximité d’un déversement d’hydrocarbures est touché.
Nous devons aussi nous rappeler que le dernier projet de loi d’exécution du budget, — pas le présent projet de loi, mais le précédent — a éliminé beaucoup de mesures de protection visant nos cours d’eau. Lorsqu’on y pense, c’est vraiment inquiétant. Nous vivons à une époque où nous connaissons mieux que jamais notre environnement, une époque où nous devrions mettre en place des mesures de protection. Or, le gouvernement les a retirées.
Maintenant que nous récompensons les conservateurs en appuyant ce tout petit pas, je les invite à essayer de réparer les torts qu'ils ont causés avec des projets de loi précédents. Il n'est jamais trop tard pour apprendre. Durant ma carrière en enseignement, j'ai appris à ne jamais baisser les bras. Les gens peuvent toujours apprendre. Nous sommes disposés à fournir aux conservateurs des preuves, des données scientifiques — tout ce dont ils ont besoin — pour les convaincre, mais nous ne savons pas pourquoi ils s'entêtent aveuglément à suivre une idéologie ou à causer du tort à notre environnement sous prétexte d'en tirer des prétendus gains économiques. Il n'y a pas d'avantage économique à nuire à l'environnement.
Notre travail ne consiste pas seulement à assurer un développement responsable des ressources et une protection adéquate de l'environnement, car nous sommes également les intendants du pays pour les générations à venir. Je prie mes collègues d'en face de ne pas l'oublier.
Le NPD réclame depuis très longtemps l'interdiction de la circulation de pétroliers le long du littoral de la Colombie-Britannique. En fait, 75 % des Britanno-Colombiens sont en faveur de l'idée, qui reçoit l'appui des collectivités des Premières Nations, des politiciens locaux, régionaux et provinciaux, des groupes environnementaux, des industries du tourisme, des loisirs et de la pêche, et de tout autre secteur qui risque d'être touché. Il est en fait question d'être à l'écoute des résidants, de l'administration locale, des groupes environnementaux et de tous les Canadiens. Les preuves dont nous disposons et notre engagement à protéger nos côtes sont indéniables.
L'étude menée actuellement par la garde côtière américaine, qui porte sur l'augmentation du nombre de pétroliers sur la côte Ouest et leur taille, est proactive. Nous devrions collaborer avec les Américains dans le cadre de cette étude pour réduire les risques de déversement. Les États-Unis prennent ces risques au sérieux, tandis que le adopte l'approche opposée. Il répète à qui veut l'entendre qu'il n'y a aucun danger, malgré l'augmentation de la circulation de pétroliers. La sénatrice américaine Maria Cantwell a déclaré qu'un déversement de superpétrolier à proximité de nos côtes menacerait l'économie côtière florissante et des milliers d'emplois.
Il est temps que nous commencions à prêter attention à ce dossier. Je ne suis pas très partisane du gouvernement de la Colombie-Britannique. Dans cette province, nous avons un soi-disant gouvernement libéral, qui est en fait un gouvernement de coalition libéral-conservateur.
La première ministre Clark a tiré la sonnette d'alarme, le 2 octobre dernier, après son élection. C'est assez récent. Elle souhaitait attirer l'attention sur le fait que le Canada n'était pas préparé à contenir un déversement majeur de pétrole, et encore moins à l'avenir si de nouveaux pipelines sont autorisés. Elle a affirmé que nous « manquons terriblement de ressources ». Le a néanmoins déclaré à CBC News que le système dont le Canada dispose à l'heure actuelle était apte à contenir un déversement d'importance au large des côtes de la Colombie-Britannique. Il sait peut-être des choses que nous, Britanno-Colombiens, ignorons. Peut-être garde-t-il toutes ces ressources cachées, enfouies quelque part en prévision du jour où nous en aurons besoin? Ce que nous savons cependant c'est que les agissements du gouvernement limitent nos recours en la matière. La fermeture des installations de la Garde côtière, à Kitsilano, en est un exemple patent. Pourquoi nous enlève-t-il cet outil? Ce genre de chose nous inquiète beaucoup.
Et ce n'est pas tout. J'ai des citations de gens qui affirment qu'il faut mettre la pédale douce et prendre le temps de mettre en place des mécanismes de protection en matière d'environnement. Nous savons que des pétroliers sillonnent ces côtes. Nous devons cependant tenir compte du fait que l'inlet Burrard et la région sont très rocheux. J'ai déjà essayé de faire du kayak à cet endroit. Je sais que mes collègues vont trouver cela étrange, mais j'ai déjà eu un faible pour le kayak. Mon partenaire a fait ce trajet à plusieurs reprises. Je ne dirais pas que c'est un endroit dangereux pour le passage de ces gros bateaux, mais il n'est pas si facile que ça d'y manoeuvrer. C'est un chenal plutôt étroit. Les pétroliers doivent néanmoins y naviguer.
Des inquiétudes semblables ont été formulées plus au nord. Les gens de là-bas ne veulent pas voir ces pétroliers longer la côte. Ils ne veulent pas que la circulation augmente, car ils savent que nous ne pouvons pas courir le risque qu'il y ait un déversement.
On sait que des pétroliers circulent actuellement dans cette zone, mais nous ne voulons certainement pas que la circulation de pétroliers double, comme ce qui est prévu. Il y a peu de choses qui me choquent dans la vie, mais j'ai été stupéfaite d'apprendre que la circulation de pétroliers a triplé entre 2005 et 2010 et qu'elle va encore tripler. La circulation a triplé et elle triplera encore. Le projet d'oléoduc fera augmenter la quantité de pétrole brut transportée, qui passera de 300 000 à 700 000 barils par jour.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, de toutes les zones de navigation dangereuses de Vancouver, l'inlet Burrard arrive deuxième. Il est très difficile de le traverser. La moindre intempérie ou le moindre courant marin peut avoir des effets catastrophiques. C'est ce qui est arrivé au cargo Japan Erica en octobre 1979. On a dû fermer le terminal vraquier pendant trois mois et interrompre la circulation ferroviaire pendant près de cinq mois.
Il suffit de constater les dommages que peuvent causer de tels déversements. Comme on le sait, le 25 mai 2010, le navire malaisien Bunga Kelana 3 est entré en collision avec un autre navire dans le détroit de Singapour. Environ 2 500 tonnes de pétrole brut, soit près de 3 millions de litres, ont été déversées dans l'océan.
Laissons cela pour le moment. La capacité de chargement d'un pétrolier à double coque serait de plus d'un million de barils. L'Exxon Valdez paraîtrait minuscule à côté des superpétroliers de la catégorie des très gros transporteurs de brut. Les mesures d'évaluation des risques doivent être repensées. On ne peut pas utiliser le même cadre d'évaluation lorsqu'il est question de pétroliers aussi gigantesques. C'est difficile à imaginer. Ce qui est scandaleux, c'est que les pétroliers d'aujourd'hui peuvent peser jusqu'à 320 000 tonnes de port en lourd et avoir une capacité de 2 millions de barils, ce qui augmente considérablement le risque de déversement.
L'importance des risques est proportionnelle à la grosseur des navires-citernes, ce qui veut dire que nous devons aborder la question différemment. Une fois de plus, nous devons examiner les risques pour l'environnement.
Nous allons entendre les conservateurs. Ils n'en diront pas beaucoup aujourd'hui, et je ne crois pas qu'ils diront quoi que ce soit cet après-midi. C'est une autre tactique que je ne comprends pas. En fait, avant de devenir députée, je pensais naïvement que nous pouvions débattre des enjeux au Parlement. Il semble toutefois que les membres du gouvernement aient décidé de ne pas participer au débat cet après-midi.
Je suis ici pour exprimer mes idées et répondre aux questions, mais le gouvernement semble ne pas vouloir entendre quoi que ce soit n'y en discuter en profondeur parce qu'il a déjà pris sa décision. Il s'agit pour lui d'une étape un peu embêtante du processus qu'il n'a d'autres choix que d'accepter.
Toutefois, j'aimerais dire aux députés que c'est une question très sérieuse pour nous. En effet, nous pensons que la santé de notre planète et de nos voies navigables ainsi que les facteurs liés à la sécurité et à l'environnement sont incontournables lorsque nous envisageons l'avenir.
Nous devons également déterminer qui paiera pour les déversements de pétrole lorsqu'ils se produiront. Il n'en est pas souvent question du côté du gouvernement. Qui sera responsable du nettoyage si un énorme déversement de pétrole a lieu? Je n'ai pas beaucoup entendu parler du type de protections qui seront offertes aux contribuables. Nous devons examiner certaines des approches adoptées ailleurs dans le monde. Par exemple, la Norvège et le Groenland n'ont pas de limites de responsabilité prédéfinies en cas de déversement. Je ne dis pas que c'est la solution, mais nous devons en parler. Nous devons réunir les bonnes personnes pour en discuter et en débattre à l'étape de l'étude en comité.
En passant, j'ai été fière de mes collègues et de notre porte-parole en la matière. Ils ont trouvé des moyens d'améliorer la loi. Cela dit, encore une fois, il s'est produit la même chose qu'avec la plupart des autres projets de loi. La position des membres du gouvernement a très peu changé, car dès qu'ils mettent un point de vue par écrit, ils ne reviennent pas en arrière. Ils ont déjà pris leur décision. À quoi bon se pencher sur toutes ces questions et en débattre?
Comme nous l'avons mentionné plus tôt, le gouvernement devrait d'abord tenir compte de ce que nous avons dit en comité pour accroître l'efficacité du projet de loi. Il n'est jamais trop tard, soit dit en passant. Si les députés d'en face veulent bien être attentifs, je vais décrire ce que nous aimerions voir dans le projet de loi. S'ils ne le sont pas, ils pourront lire la transcription plus tard, et je suis certain qu'ils en meurent d'envie.
En premier lieu, nous souhaiterions que le gouvernement annule la fermeture des postes de la Garde côtière et la réduction des services, notamment la fermeture du poste de la Garde côtière de Kitsilano. Voilà un petit pas que pourrait prendre le gouvernement dans la bonne direction.
Ensuite, le gouvernement pourrait annuler les coupes dans les centres des services de communications et de trafic maritimes, notamment dans les terminaux de communications pour le contrôle du trafic maritime de Vancouver et de St. John's. Si on se préoccupe réellement de la sécurité et de l'environnement, alors pourquoi fermerait-on ces bureaux alors qu'on parle d'accroître le trafic?
Le gouvernement pourrait annuler la fermeture du bureau régional des intervenants d'urgence en cas de déversement d'hydrocarbures de la Colombie-Britannique. Cela me dépasse. Pourquoi veut-on fermer un centre d'intervention en cas d'urgence?
On pourrait annuler les compressions faites dans le centre de recherche sur le pétrole, le gaz et les autres sources d'énergie extracôtières du Canada. On pourrait annuler les coupes dans les principaux programmes d'intervention en cas d'urgence environnementale, notamment en ce qui a trait à l'intervention en cas de déversement d'hydrocarbures à Terre-Neuve, au Labrador et en Colombie-Britannique.
On pourrait également demander à la Garde côtière canadienne de réaliser, en collaboration avec ses homologues américains, une étude parallèle sur les risques du trafic accru des superpétroliers dans les eaux canadiennes.
Comme je l'ai dit précédemment, nous allons appuyer ce projet de loi parce qu'il s'agit d'un petit pas dans la bonne direction, et j'espère que mes collègues en feront de nombreux autres.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir de prendre la parole aujourd'hui au sujet d'un projet de loi qui aurait dû contenir beaucoup plus de mesures qu'il n'en contient. Nous avons déjà indiqué ce qui, selon nous, devrait figurer dans le projet de loi, qui s'inscrit dans le cadre d'une tendance inquiétante de la part des députés ministériels qui consiste à rarement joindre le geste à la parole lorsqu'il est question de l'environnement. Les mesures environnementales qui sont prises par le gouvernement visent à réduire ou à éliminer les mesures de protection. En effet, dans le dernier budget tout comme, dans une moindre mesure, dans celui-ci, les mesures de protection environnementale ont été affaiblies ou éliminées entièrement.
Dans le budget de 2012, le processus d'évaluation environnementale a été presque entièrement éliminé. La loi a été modifiée. Certains concepts doivent encore être définis. On n'a toujours donné aucune définition du terme « environnement », sauf dans les réserves, parce que le ministère n'a pas encore pris le règlement accompagnant la loi.
Qui plus est, il n'y a plus aucune protection des eaux navigables, ce qui a nui à des milliers de cours d'eau partout au pays, qui ne sont plus protégées, entre autres, contre les déversements d'hydrocarbures.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Le projet de loi, appelé ironiquement « Loi sur l’indemnisation de l’industrie aérienne » modifiant d’autres lois en conséquence, ferait essentiellement cinq choses. Il permettrait à certains transporteurs aériens d’être indemnisés pour voler dans des régions présentant un risque de guerre. Il permettrait la participation de l’armée à des enquêtes faisant suite à des accidents de l’aviation civile, ce qui poserait certains problèmes quant au caractère public de ces enquêtes. Il modifierait la Loi maritime de façon à établir la date à laquelle la nomination d’un administrateur d’une autorité portuaire prendrait effet. Toutefois, les deux points les plus importants dont nous parlons ici concernent la circulation des pétroliers et la capacité de transbordement de pétrole dans les ports en eau profonde du Canada.
Les personnes qui habitent le long de ces côtes sont très préoccupées; elles ne veulent pas d’accidents, un point c’est tout. Le NPD croit qu’il faut prévenir les accidents, éviter tout d’abord qu’ils surviennent. Il vaut beaucoup mieux prévenir en premier lieu le déversement d’hydrocarbures dans les océans. Toutefois, je crains que le gouvernement ne prenne pas cette direction. Il semble croire qu’il est acceptable de polluer, pourvu que les gens aient une assurance, que quelqu’un ait accès à certaines ressources pour payer les travaux de nettoyage. Étant donné que le bitume dilué n’a pas encore été transporté en grande quantité et n’a pas encore encrassé l’océan, nous ne connaissons pas l’ampleur des travaux de nettoyage qui devraient être faits si un tel déversement devait survenir. Croyez-moi, il y aura des déversements malheureusement.
Tous les systèmes ont une moyenne de temps de bon fonctionnement, une MTBF, ce qui signifie que tout le monde s’attend à une défaillance. Lorsque plusieurs défaillances surviennent en même temps, comme cela a été le cas à Lac-Mégantic, une catastrophe absolument horrible se produit. Naturellement, nous souhaiterions tous que cette catastrophe ne soit jamais arrivée. Nous souhaiterions tous avoir été plus prudents dans notre réglementation de l’industrie ferroviaire. Nous souhaiterions tous avoir été plus prudents concernant le type et la taille des wagons utilisés pour transporter les liquides dangereux et le recours à une seule personne au lieu de deux dans les régions exposées aux catastrophes ferroviaires. Nous souhaiterions tous avoir été plus prudents pour le transport des matières dangereuses, mais nous ne l’avons pas été. Nous avons donc eu une catastrophe qui a fauché une quarantaine de vies et littéralement incinéré le centre d’une petite ville. Cette catastrophe n’aurait jamais dû arriver et aucune autre ne devrait jamais survenir.
Le NPD tient à ce que tous les systèmes de transport des marchandises dangereuses, notamment en eaux libres, en dehors des ports et sur les côtes ouest, est et nord, soient dotés de mécanismes qui permettent de prévenir les déversements et les catastrophes.
L'Office des transports du Canada et le Bureau de la sécurité des transports du Canada ont fait à maintes reprises des recommandations au gouvernement sur la façon d'accroître la sécurité du transport ferroviaire des marchandises dangereuses. Le gouvernement a-t-il mis en oeuvre ces recommandations? Pas encore. Nous aimerions qu'il le fasse. Nous aimerions qu'il mette en place un système de commande intégrale des trains. Nous souhaiterions l'élimination des wagons-citernes DOT-111A et leur remplacement par des wagons capables de résister aux petites collisions, mais le gouvernement reste les bras croisés sans rien faire.
Je crains que nous soyons confrontés à un gouvernement qui souhaite extraire la matière première du sol et l'acheminer sur le marché le plus rapidement possible, et qui espère que rien n'arrivera. Or, on ne peut vivre uniquement d'espoir. Il faut établir des règles et des mécanismes d'application de la loi pour éviter les problèmes. Et lorsque les problèmes surviennent, et nous savons que cela arrive parfois, des systèmes qui permettent de nettoyer les dégâts doivent être en place. Le centre d'intervention en cas de déversement d'hydrocarbures de la Colombie-Britannique et le poste de la Garde côtière de Kitsilano avaient été créés pour gérer ce genre de situation. Malheureusement, le gouvernement a décidé de les fermer plutôt que d'en accroître la portée.
Si plus de pétroliers circulent, si nous transportons plus de pétrole et si nous extrayons plus de pétrole des sables de l’Alberta, ce que nous ferons probablement, étant donné que le gouvernement est déterminé à ce sujet, il faut que le transport de l’Alberta vers le reste du Canada et du monde se fasse de manière sécuritaire. Cela ne doit pas se faire au moyen de vieux pipelines rouillés. Cela ne doit pas se faire au moyen de wagons ou de wagons-citernes qui ne peuvent pas résister à un simple accrochage. Cela ne doit pas se faire en mer au moyen de navires à double coque. Même si le gouvernement revendique la création de la notion des navires à double coque, il n’en demeure pas moins que ces navires existent depuis plus de 20 ans et qu’ils ont aussi causé des déversements. Ces navires sont aussi susceptibles d’être percés en cas de désastre en mer.
Le 25 mai 2010, le Bunga Kelana, un navire battant pavillon malaisien, est entré en collision avec un vraquier. La coque du navire a été éventrée sur 10 mètres, ce qui a permis à environ 2 500 tonnes ou 2,9 millions de litres de pétrole brut de s’échapper dans la mer. Il s’agissait d’un navire à double coque, mais cela n’a pas empêché le pétrole de se déverser en mer.
Voilà ce avec quoi nous sommes aux prises. Certains pourraient avancer que si un accident se produit au milieu de l’océan il n’y a personne à proximité. En fait, la faune y est très importante. Il y a des poissons et des écosystèmes complets qui ne pourraient survivre si du pétrole souille leur milieu.
Prenons le magnifique littoral de la Colombie-Britannique. De prétendre que nous allons permettre à des pétroliers géants qui transportent deux millions de tonnes de pétrole brut dans leur ventre, sans compter le dangereux littoral rocheux, ce n’est rien de moins que de jouer avec le feu. Nous nous dirigeons tout droit vers une catastrophe. Le NPD considère qu’il faut éviter cela. Nous croyons que nous sommes censés éviter les désastres, et non nous en jouer. Voilà notre position à cet égard. C’est ce que nous disons depuis toujours.
On parle de transporter le pétrole de façon sécuritaire alors que littéralement des centaines de wagons-citernes légers de type DOT-111A circulent sur le couloir ferroviaire qui traverse ma circonscription. Lorsque les habitants de ma circonscription ont écrit à Transports Canada pour demander au directeur de la sécurité ferroviaire de venir leur parler, ce dernier a acquiescé, précisant qu'il serait ravi de les rencontrer et de leur dire à quel point le réseau est sécuritaire. Ça, c'était avant que la ministre ne lui barre la route, avant qu'elle n'intervienne pour museler le représentant de Transports Canada. La ministre a affirmé que son représentant n'était pas autorisé à s'adresser au public, et que les gens avaient à leur disposition les dépliants et les brochures du ministère. Le public n'était pas en droit de se faire expliquer la situation par une personne en chair et en os.
Notre parti veut un projet de loi visant à prévenir les déversements de façon concrète et prévoyant des mesures efficaces pour les empêcher de se produire, plutôt que des moyens pour veiller à ce que les gens aient des assurances au moment où des catastrophes se produisent.
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Monsieur le Président, j'aimerais surtout remercier mes collègues, qui ont soutenu le débat pendant toute la journée et qui ont rappelé plusieurs fois que ce gouvernement est incapable de faire de simples projets de loi. Les projets de loi peuvent être complexes, mais simples à comprendre, et porter sur des sujets qui réunissent un amalgame de mesures. Ensuite, on peut les mettre en application pour que les citoyens se sentent en sécurité par rapport aux matières dangereuses qui circulent au pays.
C'est un peu difficile. Comme je l'ai dit lorsque je posais une question à mon collègue, le gouvernement a de la difficulté à diffuser la vraie information. Il délègue souvent aux entreprises le soin de divulguer l'information, et il faut ensuite se servir de la Loi sur l'accès à l'information. Cela prend des semaines ou des mois, alors qu'on a parfois besoin de l'information immédiatement. À une heure où l'information, que ce soit dans les médias sociaux ou dans les télécommunications, peut circuler à la vitesse de l'éclair ou à la vitesse de la lumière, on nous relègue à des processus qui prennent des semaines ou des mois.
Moi, j'ai vécu la tragédie de Lac-Mégantic, et cinq mois plus tard, on se demande encore ce qu'il y avait dans certains wagons.
Alors, comment peut-on faire confiance au gouvernement lorsqu'il propose des projets de loi sur les mers et le ciel canadiens? Comment peut-on lui faire confiance et se sentir en sécurité? C'est difficile de croire ce gouvernement. Le titre abrégé du projet de loi dit « Loi visant la protection des mers et ciel canadiens ». Ce projet de loi va promulguer ou modifier cinq lois qui ont des contenus assez différents. On tente encore une fois de nous en mettre plein la vue avec un espèce de minibus. Ce n'est pas un omnibus, mais un espèce de minibus.
Or le minibus conservateur ne fonctionne pas pour nous et nous n'embarquerons pas dedans. Nous allons continuer à défendre nos concitoyens qui veulent se sentir en sécurité et savoir ce qui circule, autant sur les chemins de fer que sur la mer. Nos concitoyens sont soucieux de l'environnement.
C'est chaque fois la même chose. On muselle les scientifiques, alors que les gens sont tellement soucieux de l'environnement. Beaucoup de gens de tous les coins du pays sont soucieux de l'environnement. Ils se posent des questions. Pourquoi le gouvernement conservateur agit-il dans ce sens? Pourquoi ne se soucie-t-il pas de l'environnement?
Ce n'est pas qu'on est contre l'exploitation des matières premières et des ressources naturelles, loin de là, mais on veut s'assurer qu'il va y en avoir pour les décennies, voire les siècles à venir. On veut que les futures générations, comme mes enfants et les enfants de mes enfants, aient un environnement sain, de l'air pur, une eau fraîche à boire et une terre fertile pour l'agriculture, que ce soit en Estrie, au Québec ou ailleurs au Canada.
Quand on voit des projets de loi comme celui-ci, on se pose des questions. Est-ce que ce gouvernement est conscient et moindrement soucieux de l'environnement? Je me le demande. Mes concitoyens me demandent sur quelle planète les conservateurs vivent et où ils ont la tête.
Tout à l'heure, mon collègue de citait le commandant Cousteau, mais je pourrais aussi citer Hubert Reeves et Albert Jacquard. Dans les années 1980, ils avaient évoqué le souci de l'environnement par rapport au type de capitalisme qu'ils observaient déjà à cette époque. Ils disaient que la bête noire, c'était cette satanée croissance économique sans se soucier des effets collatéraux.
On visait toujours et toujours plus de productivité, sans se soucier des effets collatéraux de cette croissance économique et de cette croissance de la productivité, toujours effarante, insoucieuse de l'environnement. En effet, plus on consomme, plus on consume aussi.
Eh oui, encore une fois, au XXIe siècle, nous devons nous fier aux matières et aux combustibles fossiles, donc à l'exploitation des sables bitumineux, à l'exploitation du gaz de schiste et des différentes formes de combustible fossile. L'exploitation est une chose, et déjà, on constate que les conservateurs ne sont pas très soucieux de l'environnement en ce qui concerne l'exploitation de certains sites. On veut consommer davantage et on veut plus de croissance. C'est bien beau, mais pour cela, il faut plus de véhicules. Plus de matières dangereuses circulent sur nos chemins de fer, sur les voies ferrées ainsi que sur les autoroutes.
Sur notre grand fleuve Saint-Laurent, historiquement un des plus beaux de la planète, on voit que des « superconteneurs » commencent à circuler. Ils contiennent jusqu'à 2 millions de barils de pétrole. En cas de déversement, on oublierait complètement l'Exxon Valdez. Or, 25 ans après l'Exxon Valdez, il y a encore des effets sur la biodiversité et sur l'eau potable des côtes de l'Alaska. C'est incroyable de penser qu'on peut exploiter des matières premières et les faire circuler partout sans se soucier de la sécurité des citoyens, de la sécurité des Canadiens et des Canadiennes de partout au pays.
Les changements climatiques sont évidents. En ce qui concerne l'industrie aérienne, c'est l'industrie de l'assurance qui voudrait dicter la redéfinition des événements appelés « risques de guerre ». Or on sait que dans le milieu agricole, il y a déjà des compagnies d'assurance qui sont réticentes à voir tel genre de récoltes à certains endroits du pays puisqu'on sait que ce secteur est à risque à cause des changements climatiques. C'est incroyable! C'est triste d'entendre cela. C'est triste de faire cette constatation quand on pense qu'on est une institution démocratique qui devrait discuter des vrais enjeux, comme l'environnement, et oui, de l'exploitation des ressources naturelles.
En effet, présentement, c'est le moteur et le levier de notre économie. Nous, au NPD, nous en sommes très fiers, comme des nombreux travailleurs, des centaines de milliers de travailleurs et travailleuses qui travaillent dans ces industries et des industries en périphérie de ces grandes entreprises. Toutefois on doit être soucieux des gestes qu'on pose au quotidien et de la réglementation qu'on met en place puisqu'on parle de nos terres, de nos ressources en eau potable et de notre air.
Autrefois, dans les années 1970, on a tenté de combattre les pluies acides, ici, puisque le secteur de l'industrie automobile transportait cela dans notre coin. On a mis plus de 20 ans à combattre ce phénomène, mais on a réussi. Depuis 10 ans, la courbe est renversée. Pourtant, c'est sous les règnes libéral et conservateur qu'on assiste au musellement des scientifiques, de tous ceux qui dénoncent ces choses. On va même jusqu'à dire que ceux qui s'occupent de l'environnement, qui s'en préoccupent ou qui manifestent pour l'environnement sont des terroristes. Je n'en reviens pas qu'on dise cela. C'est incroyable qu'on traite de terroristes des gens qui veulent protéger leurs terres, leurs mers, le ciel et l'air qu'on respire. C'est à croire que certains de l'autre côté manquent parfois d'oxygène.
J'ai beaucoup de plaisir à faire mon travail ici, or je comprends qu'il est maintenant temps pour moi de répondre aux questions de mes collègues.
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Monsieur le Président, je partagerai le temps dont je dispose avec la députée de LaSalle—Émard.
J'ai le plaisir de me lever à la Chambre pour parler du projet de loi .
On peut le constater, l'intitulé de ce projet de loi est long. Le projet de loi est un projet de loi d'ensemble qui vise à promulguer ou à modifier cinq lois. Pour le bénéfice des gens qui nous regardent, je vais essayer de le résumer. La première partie met en oeuvre la Loi sur l'indemnisation de l'industrie aérienne qui a autorisé le ministère des Transports à s'engager à indemniser certains transports aériens en cas de perte, de dommage ou de responsabilité causés par des risques de guerre. Cela crée un système dans le cadre duquel le gouvernement couvre le coût des dommages en cas d'atteinte illicite comme une rébellion, une attaque ou un conflit armé. Il s'agit d'assurer le fonctionnement continu des services d'aviation importants au Canada au cours d'une prise, quelle que soit la capacité d'un intervenant à obtenir une assurance pendant cet événement.
Quant à la deuxième partie, elle modifie la Loi sur l'aéronautique pour accorder des pouvoirs à certaines personnes afin qu’elles puissent procéder à des enquêtes sur tout accident ou incident mettant en cause à la fois un civil et un aéronef ou une installation utilisée à des fins aéronautiques exploité par ou pour le ministère de la Défense nationale, les Forces canadiennes ou une force étrangère présente au Canada.
Quant à la troisième partie, elle modifie la Loi maritime du Canada en ce qui concerne la date d'entrée en vigueur de la nomination d'un administrateur d'autorité portuaire.
La quatrième partie modifie la Loi sur la responsabilité en matière maritime pour mettre en oeuvre la Convention internationale de 2010 sur la responsabilité et l’indemnisation pour les dommages liés au transport par mer de substances nocives et potentiellement dangereuses.
Quant à la cinquième partie, elle modifie la Loi sur la marine marchande du Canada de 2001 en instaurant de nouvelles exigences pour les exploitants d'installations de manutention d'hydrocarbures, y compris l'obligation d'informer le ministre de leurs opérations et de lui soumettre des plans.
La partie 5 instaure donc une nouvelle exigence en vertu de laquelle les exploitants d'installations pétrolières doivent présenter au ministre un plan d'intervention, l'immunité civile et pénale pour les organismes d'intervention engagés dans les opérations d'intervention, l'application de nouvelles mesures d'exécution et des sanctions pécuniaires qui prévoient également de nouveaux pouvoirs d'enquête pour les enquêteurs de Transports Canada.
Après un examen initial de ce projet de loi omnibus, et malgré le rejet de notre proposition visant à élargir la portée de ce projet de loi, j'offre mon appui modéré au projet de loi en deuxième lecture, tout en soulignant le manque de crédibilité des conservateurs en ce qui a trait aux questions relatives à la sécurité maritime et aérienne, ainsi que leurs politiques contradictoires.
Chez ce gouvernement conservateur, les bottines ne suivent pas les babines, comme on dit chez nous. C'est devenu une façon de faire et la marque de commerce de ce gouvernement conservateur. Ce projet de loi est une tentative de corriger son manque de crédibilité dans le domaine de la sécurité des transports, et en particulier en ce qui a trait à la circulation des pétroliers sur la côte Ouest et l'opposition croissante à l'oléoduc du Northern Gateway, initialement proposé en 2006.
Ce projet de loi met également en oeuvre la Convention internationale de 2010 sur la responsabilité et l'indemnisation pour les dommages liés au transport par mer de substances nocives et potentiellement dangereuses, dont le Canada est signataire.
Le gouvernement tente de rattraper le retard, ce qui est malheureusement difficile. À l'automne 2012, deux gros navires qui naviguaient sur la côte Ouest en raison du trafic actuel se sont échoués. Les modifications proposées dans ce projet de loi ne sont pas suffisantes pour empêcher un déversement aux proportions dramatiques. Le contexte du projet de loi met plutôt l'accent sur l'organisation administrative et le manque véritable d'amélioration de l'environnement. M. Ben West, de ForestEthics Advocacy, a dit qu'on a progressé de manière accélérée dans la mauvaise direction dans ce dossier.
Si le gouvernement conservateur avait vraiment à coeur la sécurité, pourquoi n'a-t-il pas appliqué dès le départ ce qui était convenu dans la convention de 2010? Si le projet de loi visait vraiment à promouvoir une plus grande sûreté du trafic des pétroliers, le gouvernement conservateur aurait dû profiter de l'occasion pour annuler les compressions budgétaires des plus récents budgets et les fermetures de programmes de sécurité maritime.
Le NPD adhère au principe du pollueur-payeur. Nous voulons aussi renforcer la capacité, qui est actuellement nulle, des offices des hydrocarbures de s'occuper des déversements de pétrole, comme l'a recommandé le commissaire à l'environnement et au développement durable. Nous voulons aussi exiger que la Garde côtière canadienne travaille en collaboration avec ses homologues américains et qu'elle mène une étude parallèle pour examiner les risques qu'entraîne un trafic pétrolier supplémentaire dans les eaux canadiennes.
Il est aberrant que ce gouvernement coupe sans cesse dans des structures qui ont démontré leur efficacité par le passé, ou qu'il les ferme, alors que le trafic augmente et que la taille des navires transportant des hydrocarbures et des substances potentiellement dangereuses grossit.
Je me demande quelle est l'idée derrière le projet de loi qui nous est présenté ici. J'appuie le projet de loi de façon modérée, mais j'aimerais qu'il aboutisse en comité et que des experts se prononcent sur les parties 4 et 5 du projet de loi.
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Monsieur le Président, je vais parler un peu de mes origines. Mon père est né dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, à Pubnico, au bord de la mer. Ma mère est née à L'Islet-sur-Mer, au Québec, au bord du fleuve Saint-Laurent. J'ai eu la chance de grandir au bord de la rivière Bécancour.
J'ai la chance que ma circonscription longe le fleuve Saint-Laurent. Mon conjoint me demande souvent si je suis cow-boy ou marin. Lui est davantage cow-boy, mais moi je lui dis d'emblée que je suis marin. Pour moi, l'eau est une ressource essentielle. C'est une source de vie. Elle fait partie non seulement de mon histoire personnelle, mais également du patrimoine des Canadiens et aussi de celui des Premières Nations.
Les lacs et les rivières constituaient les routes. C'était ainsi qu'on communiquait, c'étaient les voies de transport. Cela tombe bien parce que le projet de loi dont on discute présentement, et dont je voudrais m'attarder surtout aux parties qui correspondent au transport maritime, parle justement de cette réalité qui fait partie de notre histoire depuis des siècles. Je parle ici du transport des marchandises et des personnes en se servant de nos cours d'eau, lacs et rivières. Faut-il rappeler que notre devise est D'un océan à l'autre? Maintenant, c'est même D'un océan à l'autre, à l'autre, pour parler de la réalité du Nord canadien, où se trouve aussi un océan qui nous entoure.
Plus tôt, mon collègue de la Nouvelle-Écosse a amplement parlé de ces kilomètres de côtes que nous avons au Canada. Nous sommes entourés d'océans. Il y a des lacs et des rivières. Je n'ai pas besoin de parler de l'importance de tout cela.
On réalise présentement qu'il y a de plus en plus de transport de marchandises sur nos voies maritimes, mais de marchandises plutôt particulières. Le trafic des pétroliers a triplé entre 2005 et 2010, et il doit encore tripler d'ici 2016. Les projets d'expansion des oléoducs augmenteraient les livraisons de pétrole brut de 300 000 à 700 000 barils par jour. Pour le Canada, cela constitue un certain défi. Or, je dois dire que j'ai tendance à penser qu'on peut transformer un défi en une occasion favorable.
J'ai été porte-parole de l'opposition officielle en matière de sciences et de technologie, et également en matière d'industrie. Dans les défis que présente l'augmentation du transport de marchandises, je vois certaines occasions pour faire du Canada un leader dans la protection des eaux qui nous entourent. Également, nous pourrions utiliser notre savoir-faire pour créer des emplois qui mettraient à profit la science et la technologie, mais également la science des océans, des techniques en logistique de transport et de l'ingénierie dans la fabrication des navires. Cela est mentionné. Cela ferait en sorte de minimiser de façon très sérieuse les risques d'accidents.
Or il faut agir de façon préventive. Il ne faut pas agir après coup, parce qu'on sait que ces désastres causent des dommages parfois irréparables à des écosystèmes fragiles. Je parle notamment des écosystèmes que l'on retrouve dans le Nord canadien.
Ici, on a de belles occasions de parler de protection de l'environnement.
Comme je le mentionnais précédemment — et je vais le répéter —, la protection de l'environnement ne va pas à l'encontre d'un développement économique responsable. À l'intérieur de cela, il y a des occasions de création d'emplois, de création de richesses et de savoir-faire pour les Canadiens et Canadiennes.
On voit que le projet de loi met quand même des choses en place. Le NPD va appuyer ce projet de loi, parce qu'il contient des choses faisant en sorte qu'on fait un pas dans la bonne direction. Ce projet de loi prévoit les mesures suivantes: l'intensification des inspections des pétroliers, une surveillance aérienne accrue conçue pour surveiller le trafic maritime et détecter les déversements d'hydrocarbures, l'examen des exigences applicables aux remorqueurs d'escorte, la recherche élargie sur les produits pétroliers, et j'en passe.
Cela va exactement dans le sens que je mentionnais, c'est-à-dire qu'il faut bien connaître les milieux dans lesquels ces marchandises vont transiter, mais il faut également connaître très bien les marchandises qui vont transiter. De plus, il faut avoir en place des mesures de préparation en cas d'urgence et de désastre.
Ce sont plusieurs étapes nécessaires pour qu'on ait un système cohérent et pour montrer qu'on est vraiment sérieux quant à la protection de l'environnement et quant au transport de produits pétroliers, en l'occurrence. C'est important, parce qu'il faut vraiment tenir compte de l'augmentation du transport de ces marchandises.
On a remarqué le même phénomène d'augmentation importante de transport de matières dangereuses sur les voies ferrées. On s'est rendu compte, par la tragédie qui s'est passée cet été, que le Canada était peu préparé et que, par la suite, on a été obligé de nettoyer le dégât. Toutefois, l'a-t-on fait de la meilleure façon? Était-on bien préparé pour le faire? S'est-on vraiment bien tiré d'affaires?
Si le Canada a la prétention de réclamer la souveraineté du territoire canadien qui se trouve dans le Grand Nord et s'il est vraiment sérieux, nous devons avoir bien étudié le milieu, nous devons avoir les navires et les inspections nécessaires pour protéger l'environnement, mais surtout, nous devons avoir un plan rigoureux pour les mesures nécessaires en cas de désastre. Il faut vraiment allouer les ressources nécessaires pour que, quand il y aura du transport maritime important de produits pétroliers, ces mesures soient en place.
Ce projet de loi est un pas dans la bonne direction. Cependant, il faut que le Canada soit vraiment sérieux en allouant les ressources pour que nous étudiions ou continuions d'étudier ces écosystèmes fragiles situés dans nos océans et dans nos bassins versants. Nous devons également utiliser le savoir-faire des Canadiens en sciences et technologie et en sciences des océans, afin que notre savoir-faire puisse rayonner de façon internationale.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole au sujet du projet de loi . C'est un projet de loi intéressant, c'est le moins que l'on puisse dire.
J'aimerais commencer par quelques commentaires sur certains points qui me semblent intéressants.
Premièrement, il est important de noter que nous en sommes au deuxième jour de débat et que le gouvernement a le mérite de ne pas avoir demandé une attribution de temps. Je crois que c'est encourageant. J'espère que je ne viens pas de l'inciter à le faire. Cela dit, je pense que c'est important de reconnaître qu'il s'en est abstenu jusqu'à présent.
L'autre point que je voulais aborder à la Chambre concerne le nom du projet de loi. Il est intéressant: la Loi visant la protection des mers et ciel canadiens. Ceux qui ont bien suivi le débat d'aujourd'hui savent qu'il a été grandement question de l'environnement et du pétrole ainsi que de l'importance de ces deux enjeux. J'ai l'intention de formuler d'autres commentaires à ce sujet.
Je crois que quelqu'un quelque part dans le bureau du premier ministre — et je suppose qu'il est très bien payé avec l'argent des contribuables — est chargé de trouver des noms originaux pour les textes législatifs présentés à la Chambre des communes. J'ai eu l'occasion de consulter brièvement le projet de loi et je n'aurais jamais pensé qu'il s'agissait de la Loi visant la protection des mers et ciel canadiens. À mon avis, ce n'est pas nécessairement le titre le plus approprié.
Quand je pense au projet de loi, après l'avoir parcouru assez brièvement, je conclus qu'un grand nombre des modifications proposées sont de nature très technique. En fait, les députés trouveront davantage de modifications importantes touchant la législation sur nos voies navigables et l'environnement dans les projets de loi d'exécution du budget. Il y a eu trois énormes projets de loi budgétaires qui contenaient, entre autres, des changements touchant nos voies navigables. Le gouvernement s'est servi de ce moyen détourné pour apporter des changements majeurs aux lois sur l'environnement et les voies navigables. Des centaines, sinon des milliers de cours d'eau ont été affectés.
Il y avait une mesure contenue dans le projet de loi d'exécution du budget — le projet de loi , qui a été adopté — qui a apporté un changement fort intéressant, selon moi. Je pense que très peu de gens s'en sont rendu compte, mais il s'agit d'un changement assez important. En gros, cette mesure permet au Cabinet d'intervenir dans les projets de pipeline et d'avoir le dernier mot. Au lieu de permettre à l'Office national de l'énergie d'examiner les projets et de prendre des décisions en fonction des données scientifiques et dans l'intérêt de l'environnement, cette mesure législative — proposée une fois de plus sous le couvert d'un projet de loi d'exécution du budget — a apporté un changement considérable, car elle a transféré la prise de décision au Cabinet. Ainsi, la décision ne relève plus du régime de réglementation, mais du Cabinet. Il s'agit encore une fois d'une mesure prise dans le cadre d'un projet de loi d'exécution du budget.
Cela dit, j'aimerais répondre à bon nombre des observations faites par les députés, en particulier par les néo-démocrates et, dans une certaine mesure, par les conservateurs. Ces observations, que j'ai trouvé très intéressantes, portaient sur la question du pétrole et de ses répercussions sur l'environnement. On en a beaucoup parlé. Le transport du pétrole est un dossier d'intérêt national. Ce n'est pas une question que les Canadiens prennent à la légère. En effet, il s'agit d'un enjeu très grave qui mérite d'être largement débattu à la Chambre.
J'ai suivi avec intérêt le débat sur cette question de grande importance. Le pétrole est une ressource naturelle dont nous avons tous énormément profité. Tous les Canadiens d'un bout à l'autre du pays ont bénéficié de la capacité du Canada d'exporter du pétrole. C'est, en grande partie, ce qui nous a permis d'être là où nous en sommes. Le pétrole a amélioré la qualité de vie de tous les Canadiens. Il est encourageant de voir les retombées de l'exploitation de cette ressource naturelle extraordinaire, que ce soit en Alberta, à Terre-Neuve-et-Labrador, en Nouvelle-Écosse ou en Saskatchewan.
Il est également important d'agir de manière responsable dans le domaine de l'environnement et du transport du pétrole, que ce soit par train, par pipeline ou par navire. Il y a certains aspects que nous pouvons améliorer.
Comme beaucoup de Canadiens, j'ai suivi le débat sur le dossier Keystone. Ce qui me plaît dans ce dossier, c'est qu'il a mis en évidence les différents types de leadership de chaque parti politique. Les trois chefs se sont rendus aux États-Unis pour discuter du transport de pétrole par pipeline.
D'une part, le leader du Nouveau Parti démocratique a, il y a quelque temps de cela, nui à la réputation du Canada et — dans une certaine mesure — de nos ressources naturelles devant nos homologues américains. Je ne pense pas que les choses se soient bien passées.
Pour sa part, le leader du Parti libéral est allé à Washington pour parler des avantages de l'oléoduc Keystone tant pour le Canada que pour les États-Unis, et il a mis l'accent sur les avantages pour le Canada et sur l'importance de tenir compte de l'environnement.
Quant au , il n'a pas pris la peine d'aller à Washington; il s'est rendu à New York, où il a déclaré que le gouvernement n'accepterait pas une réponse négative. Je doute que cette déclaration profonde du ait empêché le président Obama de dormir. Étant donné l'importance du projet Keystone pour tous les intervenants, je crois que le aurait dû se rendre à Washington, pour discuter du projet de manière conciliante, négocier de bonne foi, soutenir activement le projet et exprimer ses préoccupations à l'égard de l'environnement.
Les oléoducs sont importants pour le transport du pétrole. Sans eux, le trafic ferroviaire augmenterait de façon considérable. Nous sommes tous au courant des accidents qui se sont produits sur les voies ferrées.
Il faut accroître la sécurité des voies ferrées et protéger les collectivités — densément ou peu densément peuplées — et les zones vierges, ainsi que les lacs et les rivières. Nous pourrions en faire beaucoup plus pour assurer la sécurité du transport du pétrole par oléoduc et par train.
Si l'on s'attarde aux détails du projet de loi , à ce qu'il permettrait de faire, et si l'on réfléchit à ce que j'ai dit, je crois qu'au bout du compte, nous aurions pu — et j'utilise souvent ces mots — adopter une approche beaucoup plus holistique. Je crois qu'on peut appliquer ce terme au projet de loi. Je crois que nous aurions pu adopter une approche holistique beaucoup plus vaste pour traiter de ces questions, plutôt que d'adopter une approche fragmentaire.
Pour illustrer mon point de vue, j'ai pensé souligner certains éléments précis du projet de loi. Ainsi, la Chambre pourra mieux comprendre pourquoi nous aurions dû, à mon avis, adopter une approche plus holistique.
Le projet de loi est essentiellement divisé en quatre parties. La première porte sur l'engagement du ministre d'indemniser tous les participants de l'industrie aérienne, ce qui nous ramène à la question du terrorisme et des risques de guerre. Le sujet de l'assurance est devenu un dossier chaud quant au rôle que le gouvernement devrait et pourrait jouer. C'est un aspect que l'on a jugé nécessaire. Si je comprends bien, le gouvernement a essayé dans le passé d'instaurer cette mesure, et il l'a incorporée à ce projet de loi. J'imagine que l'idée est née après les attentats du 11 septembre et les coûts d'assurance qu'ils ont occasionnés. Il y a un certain avantage à reconnaître que la première partie est un élément important du projet de loi.
Passons maintenant à la deuxième partie. Je l'ai trouvée intéressante. Elle traite des nouveaux pouvoirs, comparables à ceux exercés par le Bureau de la sécurité des transports du Canada, qui sont conférés à l'Autorité chargée des enquêtes sur la navigabilité des Forces canadiennes pour l'habiliter à faire enquête sur les accidents militaro-civils. Là encore, c'est une mesure à laquelle il est difficile de s'opposer. Si je comprends bien, d'après les renseignements qu'on m'a fournis, c'est un pas dans la bonne direction.
J'ai été membre des Forces canadiennes pendant quelques années. J'étais affecté au 435e escadron de recherche et de sauvetage, au contrôle de la circulation aérienne à Edmonton. J'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs pilotes, officiers de navigation, officiers radaristes et spécialistes de l'aviation, et je peux dire à la Chambre qu'il y a des gens exceptionnels de haut calibre que nous devrions et pourrions consulter en raison de leur niveau d'expertise. Je crois que les mesures proposées ne sont pas dénuées d'intérêt et, par conséquent, la deuxième partie n'est pas sans intérêt non plus.
Passons maintenant à un sujet dont on a beaucoup parlé aujourd'hui: la Loi maritime du Canada. En ce qui a trait à la date de prise d'effet des nominations des administrateurs d'administration portuaire, il faut reconnaître qu'il y a 18 administrations portuaires au Canada.
Les règles sont un peu plus claires en ce qui a trait à la date de prise d’effet des nominations des administrateurs. L'idée n'est pas mauvaise. Quand je dis « pas mauvaise », cela ne veut pas nécessairement dire qu'elle devrait absolument être appliquée. Je veux dire que nous gagnerions à renvoyer le projet de loi au comité et, en principe, j'appuie cette disposition.
La partie 4 est un aspect très important du projet de loi et je soupçonne que c'est une des raisons pour lesquelles nous en discutons autant. J'espère pouvoir lire cette partie au complet, car elle est importante.
La partie 4 modifie la Loi sur la responsabilité en matière maritime afin de mettre en oeuvre la Convention internationale de 2010 sur la responsabilité et l’indemnisation pour les dommages liés au transport par mer de substances nocives et potentiellement dangereuses, et plus précisément, quelques dispositions.
Cette loi prévoit que les propriétaires et les exploitants des navires sont responsables des dommages causés par des polluants. Plus particulièrement, elle met en oeuvre au Canada le programme de responsabilité établi par la Convention internationale sur la responsabilité civile pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures, la Convention internationale de 2001 sur la responsabilité civile pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures de soute, aussi appelée « Convention sur les hydrocarbures de soute », et la Convention internationale de 1992 portant création d’un Fonds international d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures, dont l'acronyme est FIPOL, et le protocole de 2003 y afférent, créant ainsi un fonds d'indemnisation international et un fonds complémentaire d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures visés par la Convention sur la responsabilité civile et la Convention sur les hydrocarbures de soute.
À mon avis, cela souligne à quel point il est important que nous nous penchions sur la question du transport des hydrocarbures. C'est la raison pour laquelle j'ai pris le temps de parler des modes de transport du pétrole. Nous exerçons beaucoup de contrôle sur cette activité ici au Canada par l'intermédiaire de nos sociétés ferroviaires. Nous contrôlons le transport par oléoduc, que nous pouvons réglementer et rendre sécuritaire. Là où les choses se corsent, c'est une fois que le pétrole atteint l'océan ou les ports.
Il peut être très difficile de garantir la diligence requise et de fournir les ressources nécessaires pour l'application de la loi. Il est question de ce qui se passe dans notre zone de responsabilité, qui s'étend jusqu'à 200 miles de nos côtes, je crois, et nous prévoyons qu'elle sera étendue au-delà de cette limite. Nous devons avoir un programme d'assurance en place, qui pourrait nécessiter une variété de sources de revenus pour le financer. Toujours est-il qu'il faudra un financement suffisant pour réparer les dégâts causés par les déversements de pétrole qui se produiront.
D'immenses quantités de pétrole flottent dans nos océans de nos jours et la question se pose: que faisons-nous pour nettoyer ces déversements de pétrole. Nous avons une responsabilité envers le Canada et ses côtes, à l'intérieur de cette zone de 200 milles. J'estime que nous pourrions aller plus loin. Je crois qu'il est important que nous, en tant que nation, prenions les devants pour entamer une conversation sur le nettoyage des déversements pétrole partout dans le monde, que ce soit dans l'océan Atlantique, dans le Pacifique ou dans toute autre étendue d'eau où les restrictions ne sont pas aussi sévères. Le besoin demeure et la population canadienne veut être témoin d'un leadership fort dans ce dossier.
C'est l'une des raisons pour lesquelles, à mon avis, le gouvernement aurait dû proposer un projet de loi plus substantiel afin de répondre aux nombreuses préoccupations des Canadiens sur cette importante question.
Monsieur le Président, je vous remercie de l'occasion de vous faire part de mon opinion.