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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole pour participer au débat sur le projet de loi . L'un des plus grands privilèges qui soient donnés aux députés est la possibilité de créer et de modifier des lois pour améliorer la vie de nos concitoyens canadiens, et je crois que le projet de loi C-5 en est justement un bel exemple.
Les Canadiens savent déjà que l'exploitation des ressources naturelles a une grande importance économique pour notre pays. Il en a toujours été ainsi au cours de l'histoire. Les produits forestiers, le gaz naturel, l'hydroélectricité et le pétrole sont des pierres angulaires de notre marché d'exportation et contribuent énormément à la création d'emplois pour les Canadiens de la classe moyenne. Certaines de nos ressources naturelles sont également extraites en zone extracôtière. En Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador, les gens connaissent l'importance de cette activité pour leur économie.
Le secteur extracôtier est, bien entendu, l'objet du projet de loi, et plus particulièrement la santé et la sécurité au travail pour les travailleurs extracôtiers. Des lois miroirs ont d'ailleurs déjà reçu la sanction royale à Terre-Neuve-et-Labrador et en Nouvelle-Écosse. Bien que le projet de loi soit plutôt volumineux — il compte au moins plusieurs centaines de pages —, certains observateurs font remarquer qu'il consacre principalement dans la loi des choses qui sont déjà en pratique. Toutefois, le projet de loi ne tient malheureusement pas compte de la recommandation 29 de la Commission d'enquête sur la sécurité des hélicoptères extracôtiers, dirigée par le commissaire Robert Wells.
La commission d'enquête Wells a été lancée par l'Office Canada—Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers à la suite de l'écrasement d'un hélicoptère, qui a eu lieu en 2009 à environ 30 milles nautiques au large de St. John's, Terre-Neuve. Les députés s'en souviendront peut-être, l'hélicoptère transportait 16 travailleurs vers un champ extracôtier lors de l'accident, qui a causé la mort de 15 travailleurs et celle des deux pilotes. Le commissaire Wells a recommandé qu'un nouvel organisme de réglementation indépendant et autonome soit créé pour réglementer la sécurité dans les champs extracôtiers. D'ailleurs, j'ai posé une question au ministre un peu plus tôt au sujet de cette idée.
Le commissaire a aussi déclaré que si la recommandation 29 s'avérait infaisable, une division distincte et autonome devrait être créée au sein de l'Office Canada—Terre-Neuve des hydrocarbures extracôtiers pour traiter exclusivement des questions de sécurité. Malheureusement, le projet de loi ne prévoit aucune des deux options offertes par le commissaire pour la mise en oeuvre de cette recommandation. Je presse le gouvernement conservateur de voir si cette question peut être abordée lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité, ce qui se produira selon moi, et que des amendements seront proposés. S'il est impossible de s'y prendre ainsi, peut-être pourrait-il proposer une mesure législative bientôt, en collaboration avec les provinces évidemment, pour régler ce problème.
Les Canadiens sont au courant du dossier des sables bitumineux. Leur production, leur exportation et l'impact qu'ils ont sur l'environnement colorent continuellement le discours que tient le gouvernement. On en parle beaucoup, non seulement ici à la Chambre, mais aussi aux États-Unis. L'industrie pétrolière et gazière extracôtière est moins connue mais elle est précieuse aussi. Elle opère au large de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse, quoiqu'en Nouvelle-Écosse, cette industrie a enregistré une baisse des revenus ces dernières années, en raison du déclin de la production gazière des puits existants et du prix relativement faible de l'essence en Amérique du Nord. En effet, le prix de l'essence en Amérique du Nord est environ de 3 $, alors qu'il se situe entre 14 $ et 18 $ en Asie. C'est dire qu'il existe une différence importante. L'exploration extracôtière, plus coûteuse, suscite donc ces jours-ci moins d'intérêt que la production sur la terre ferme, qui est très répandue aux États-Unis.
L'industrie extracôtière de Terre-Neuve-et-Labrador a produit plus de 28 millions de barils de pétrole en 2013. En Nouvelle-Écosse, la production extracôtière compte pour une part non négligeable, quoiqu'en baisse, des recettes annuelles de la province. L'industrie des hydrocarbures extracôtiers fournit de l'emploi à des milliers de Canadiens et assure une sécurité à leur famille. Le député de le sait très bien puisqu'il a lui-même travaillé dans ce secteur. Il sait aussi que l'industrie se soucie avant tout de sa viabilité et de sa réussite. Pour notre part, il nous incombe, à nous, législateurs, d'atteindre un juste équilibre entre, d'une part, le succès économique des entreprises canadiennes et, d'autre part, les droits des travailleurs et, bien sûr, l'environnement. Parfois, il est nécessaire que ces derniers critères prévalent, et c'est très bien.
Le projet de loi n'est qu'un outil parmi d'autres pour atteindre cet objectif. On dit souvent du Canada qu'il regorge de richesses naturelles. Il faut nous demander ce que cette étiquette doit impliquer pour nous, surtout à une époque où les répercussions de l'exploitation des ressources naturelles sur l'environnement suscitent autant d'inquiétudes. Nous devons acquérir une légitimité sociale, aussi bien au pays qu'à l'étranger, comme dans le cas du projet de pipeline de Keystone XL, par exemple. Nous devons recueillir des appuis extérieurs et faire reconnaître que nous déployons des efforts considérables, que nous faisons tout en notre pouvoir pour protéger l'environnement. Or, je suis convaincu que la plupart des Canadiens ne croient pas un seul instant que c'est ce que fait le gouvernement conservateur.
Il me semble que nous devrions aussi chercher à nous ériger en exemple pour les autres pays en valorisant notre capital humain autant que la richesse que nous procurent nos ressources naturelles, et le capital humain est manifestement à l'avant-plan du projet de loi puisqu'il porte sur la santé et la sécurité des travailleurs.
Le projet de loi réglera effectivement la question de la compétence en ce qui concerne la santé et la sécurité au travail dans l'industrie pétrolière et gazière extracôtière au Canada. C'est important. C'est choquant qu'il ait fallu plus de 10 ans pour y parvenir. Le processus a été amorcé il y a longtemps, et nous en avons longuement débattu.
Néanmoins, parce que le projet de loi règle cette question, le Parti libéral l'appuie. Nous croyons qu'il faut renvoyer le projet de loi à un comité, afin qu'il puisse être étudié et amélioré, s'il y a lieu. Nous avons hâte de l'analyser, d'entendre des experts et d'envisager de possibles améliorations.
Les accords originaux sur les ressources extracôtières ont été signés à la fin des années 1980 par Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse. Ils avaient pour but d'établir des lignes directrices concernant le partage des recettes et des responsabilités liées à l'exploitation des ressources pétrolières et gazières extracôtières. Ces ressources se sont révélées depuis fort lucratives, surtout à Terre-Neuve-et-Labrador, et ont servi à soutenir des programmes qui dépassent le cadre de l'extraction des ressources.
Le projet de loi a pour but de clarifier les questions de compétence concernant la santé et la sécurité au travail ainsi que le contrôle de l'exploitation, d'établir un processus simple pour régler les questions de santé et de sécurité et d'attribuer les responsabilités. Quand un accident survient au large, nous voulons savoir hors de tout doute si la question est de compétence fédérale ou provinciale. Nous voulons avoir l'assurance qu'il y aura des lois claires, que les tribunaux sauront quelles lois appliquer et que rien ne pourra passer entre les mailles du filet. Nous voulons savoir que les gens sont protégés et que, dans le pire des scénarios — Dieu nous préserve d'un autre accident comme celui de l'hélicoptère —, les familles éprouvées sauront où s'adresser pour obtenir réparation, quoi chercher et quelles lois s'appliquent à elles. C'est évidemment important.
Tous les Canadiens doivent avoir le droit de travailler dans un lieu sûr. C'est fondamental pour nous tous. Ceux qui travaillent ici ont beaucoup de chance. Notre milieu est très sûr, du moins sur le plan de la santé et de la sécurité. Je n'ai pas dit qu'il était sans risques, surtout quand les élections s'en viennent. Personne, ici, n'a une sécurité d'emploi de plus de quatre ans ou à peu près.
Cela dit, nous avons beaucoup de chance de pouvoir accomplir le travail qui nous est confié. De façon générale, il ne comporte pas beaucoup de risques pour la santé et la sécurité. Nous n'avons pas à effectuer un travail comme celui que certaines personnes au pays doivent accomplir, par exemple les emplois qui sont présentés à l'émission Dirty Jobs. Partout dans le monde, les gens exercent des emplois dangereux et difficiles.
Ce matin, lorsque j'ai quitté mon appartement pour venir ici, à pied, la première chose que j'ai vue, c'est un nouvel édifice en construction de l'autre côté de la rue. J'ai alors pensé aux travailleurs de la construction et à ce qu'ils doivent savoir pour travailler sur un tel chantier. Ils doivent suivre une formation sur la santé et la sécurité pour savoir comment travailler dans un contexte qui s'avère parfois dangereux. Ainsi, s'ils reculent alors qu'il ne le faut pas ou qu'ils font un pas de trop, ils peuvent s'exposer à de graves conséquences, surtout s'il s'agit du chantier de construction d'un édifice comptant déjà 10 étages et qui atteindra, comme je l'ai appris ce matin, 22 étages. Les gens qui travaillent dans un endroit comme celui-là doivent être prudents.
Le gouvernement ne devrait pas perdre de vue le droit à un environnement de travail sûr lors de l'étude du projet de loi , le projet de loi omnibus d'exécution du budget.
Même si ce ne sont pas tous les travailleurs qui bénéficient d'un environnement de travail sûr, au fil des ans, les gouvernements et les parlementaires ont collaboré avec les groupes intéressés afin d'améliorer les conditions des Canadiens dans leur milieu de travail. De toute évidence, il s'agit là d'un travail extrêmement important. Le projet de loi est un bon exemple des efforts qui ont été déployés. Dans ce cas-ci, il s'agit d'un effort concerté des gouvernements fédéral et provinciaux, ce dont nous nous réjouissons. Nous avons la responsabilité collective, que ce soit en tant qu'organe législatif, employeur, employé ou société, de veiller au respect du droit à un environnement de travail sûr. C'est absolument essentiel.
Les conditions des travailleurs des projets de forage extracôtier devraient être comparables à celles des employés qui travaillent sur la terre ferme. Il est entendu qu'une plate-forme de forage, qu'elle se trouve sur la terre ferme ou en mer, peut constituer un environnement de travail très dangereux. Mon frère a déjà travaillé sur une plate-forme pétrolière en mer, et il m'a parlé de ces plates-formes et de ce qu'il a dû apprendre avant de pouvoir y travailler, plus particulièrement si le travail à accomplir supposait l'utilisation de l'équipement le plus dangereux.
Le mode de transport vers le lieu de travail devrait être sécuritaire et fiable. Il suffit de penser à l'accident d'hélicoptère. Les employés du secteur pétrolier et gazier extracôtier et leur famille devraient avoir la certitude que les travailleurs peuvent rendre au travail et revenir chez eux en toute sécurité. Ils devraient pouvoir exprimer leurs préoccupations au sujet des conditions de travail dangereuses qu'ils constatent, sans crainte de représailles et sans être confrontés à la frustration causée par des processus interminables et nébuleux. Il est important que les processus soient clairs et rapides.
Notre travail consiste à transformer la liste des sujets de préoccupation que je viens d'énoncer en zones de confiance. Les employés et leur famille peuvent avoir l'assurance que les mesures proposées dans le projet de loi amélioreraient, dans une certaine mesure, les régimes de santé et de sécurité des projets pétroliers et gaziers extracôtiers. C'est à nous de décider dans quelle mesure.
Les députés du Parti libéral pensent que nous devons veiller à séparer les considérations liées à la santé et à la sécurité de celles liées à la production et à la viabilité économique. Ce sont deux choses différentes. Nous voulons être certains que, parfois, lorsque c'est nécessaire, les considérations liées à la santé et à la sécurité passent avant tout, comme il se doit.
Le projet de loi devrait garantir que la fonction de délégué à la sécurité proposée soit assortie de moyens d'enquête puissants pour obliger les exploitants à rendre des comptes. Un régime d'autoréglementation ne serait pas suffisant. J'ai déjà dit que, selon nous, l'approche axée sur le délégué à la sécurité n'est pas nécessairement la meilleure. Le commissaire Wells a recommandé d'autres approches, mais puisque c'est celle qui a été choisie, essayons de la rendre aussi efficace que possible. Les décisions du délégué à la sécurité ne doivent pas être influencées par des considérations liées à la viabilité économique ni, évidemment, par des pressions politiques. Ce délégué doit être le champion de la santé et de la sécurité pour tous les employés qui travaillent dans des projets pétroliers et gaziers extracôtiers.
Le Parti libéral attache aussi beaucoup d'importance aux moyens dont dispose le Canada en matière de recherche et de sauvetage. Cet élément est au coeur du régime de santé et sécurité de l'industrie extracôtière.
Dans son rapport d'avril 2013, le vérificateur général signale des lacunes considérables au chapitre des moyens disponibles pour la recherche et le sauvetage, notamment l'absence totale de politiques fédérales dans ce domaine. Parmi les préoccupations, tout à fait justifiées, du procureur général, mentionnons la viabilité des activités de recherche et sauvetage pour les prochaines années, et le risque que les employés de l'industrie extracôtière soient privés d'une aide adéquate en cas de catastrophe.
Le projet de loi contient des lignes directrices sur la façon d'assurer le transport sécuritaire des employés entre la côte et leur lieu de travail. Il devrait aussi prévoir des mesures de sauvetage en cas de problème. Ces mesures devraient faire partie du projet de loi, selon moi.
L'industrie gazière et pétrolière extracôtière pose des défis particuliers, qui requièrent un plan d'intervention détaillé. Comme je l'ai déjà dit, le projet de loi est le fruit de plus de 10 ans de négociations et de consultations entre le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse, et des groupes d'intéressés. C'est beaucoup, 10 ans. Beaucoup trop, même. J'espère que les négociations futures se dérouleront plus rapidement. Si le conservateurs voulaient bien, du moins pendant qu'ils sont au pouvoir, prendre ce dossier au sérieux et agir rapidement, en collaboration avec les provinces...
M. Leon Benoit: Pendant les 10 prochaines années.
M. Geoff Regan: Monsieur le Président, je crois que le règne conservateur ne durera pas aussi longtemps que le dit le député, mais je suis prêt à laisser les électeurs en décider. J'ose espérer que nous sommes tous convaincus de la valeur de la démocratie et prêts à laisser les électeurs trancher cette question. Nous n'avons donc pas à débattre de ce détail pendant le débat d'aujourd'hui.
Malgré les changements survenus au niveau des partis au pouvoir, autant à l'échelle fédérale que provinciale — et ils ont été nombreux dans ma province, la Nouvelle-Écosse —, ce projet de loi existe toujours. Cette année, je crois comprendre qu'il a joui de l'appui catégorique des provinces. Comme je l'ai dit plus tôt, les assemblées législatives de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse n'ont pas hésité à adopter les mesures législatives provinciales correspondantes au projet de loi .
En appuyant le projet de loi et en le renvoyant au comité, nous pourrons améliorer une mesure qui répond déjà à certaines préoccupations des provinces.
Si l'on tient compte de tous les éléments de la santé et de la sécurité des employés, les accords initiaux et le projet de loi lui-même pourraient servir de modèle pour les négociations futures entre le gouvernement fédéral et les autres provinces qui cherchent à mettre au point des règlements régissant l'exploitation pétrolière et gazière en mer.
En tant qu'assemblée législative, nous avons la responsabilité de protéger les Canadiens qui contribuent au développement économique du pays. Nous avons la responsabilité d'établir un équilibre entre le succès économique des entreprises et les préoccupations légitimes de certaines parties, qui sont tous deux très importants. Nous avons la responsabilité de planifier pour l'avenir, de prévoir les problèmes et de les régler de notre mieux.
Le projet de loi prévoit des mesures qui nous rapprocheront de ces objectifs. C'est pourquoi j'encourage les députés à appuyer le renvoi du projet de loi au comité. Nous aurons ainsi l'occasion d'améliorer un projet de loi qui jouit déjà d'un certain appui. J'ai hâte de voir le résultat final.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir parler du projet de loi .
J'informe les députés que je partagerai mon temps de parole avec le député de , qui vient, hier, d'être réélu président du Comité des ressources naturelles après une lutte serrée. Je suis d'ailleurs convaincu qu'il continuera de faire de l'excellent travail. Je tiens aussi à souhaiter la bienvenue à tous les nouveaux membres du comité.
Le projet de loi découle d'un accident qui est arrivé à la fin des années 1990. Un travailleur s'est tué dans un accident qui s'est produit à cause d'une porte mal conçue. Après coup — il y a notamment eu des poursuites judiciaires —, nous nous sommes rendu compte qu'il existait des lacunes dans les mécanismes de surveillance.
D'un côté, il y avait les dispositions liées à l'exploitation, lesquelles figurent dans les lois de mise en oeuvre de l'accord conclu entre Terre-Neuve-et-Labrador et le gouvernement du Canada, et de l'accord conclu entre la Nouvelle-Écosse et le gouvernement du Canada. De l'autre, il y avait les dispositions liées à la santé et la sécurité au travail, applicables aux travailleurs et au lieu de travail, lesquelles figurent habituellement dans une loi provinciale. Donc, lorsque le travail est effectué dans les zones extracôtières, un ensemble de lois s'applique à un aspect, tandis qu'un autre aspect relève d'une autre compétence. Il y avait une lacune, car il était impossible de déterminer quelle loi s'appliquait à l'incident qui a malheureusement coûté la vie à ce travailleur.
Je vais maintenant avancer de quelques années, jusqu'à l'époque où les provinces et le gouvernement fédéral ont commencé à discuter des mesures à prendre pour combler cette lacune. La seule façon de la combler — les provinces et le gouvernement fédéral ayant donné leur accord —, c'était d'inclure les dispositions liées à la santé et à la sécurité au travail dans les lois de mise en oeuvre, pour que ces dispositions s'appliquent lorsque le travail est effectué dans les zones extracôtières. De cette façon, on clarifie les règles, et ce projet de loi vise justement à éliminer l'ambiguïté dans cette législation.
Ce projet de loi a 263 pages et il est très technique. Pour donner un peu plus de contexte, les pages 26 à 118 et les pages 147 à 239 — soit près de 200 pages sur 260 — portent sur l'intégration de la législation en matière de santé et de sécurité au travail dans la loi de mise en oeuvre de l'accord, afin de régler ce problème et d'éliminer l'ambiguïté.
La Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador ont élaboré et adopté une loi dans leurs Assemblées législatives respectives. Ces lois ont reçu la sanction royale. Les provinces ont fait leur part. Avec le projet de loi , nous faisons notre part pour combler cette lacune.
Comme l'a souligné la députée d', c'est un processus dans lequel les provinces et le gouvernement fédéral sont engagés depuis 10 ans. Il a débuté en 2002 ou 2003, époque où cette modification aurait dû être négociée.
Comme beaucoup d'entre nous l'ont appris à la Chambre, même des députés récemment élus, la négociation d'ententes entre les provinces et le gouvernement fédéral prend parfois du temps, surtout lorsqu'on veut transférer la compétence en matière de santé et de sécurité au travail — ou n'importe quelle autre compétence — d'une province au gouvernement fédéral, ou vice versa. Ce sont des mesures très importantes qu'il a fallu prendre à l'égard de cette législation, sans compter les négociations, au cours de ces dix années.
Nous savons que la santé et la sécurité au travail est primordiale lorsqu'on travaille au large des côtes. Nous devons faire en sorte que les travailleurs soient en sécurité.
Je n'ai jamais travaillé et je n'ai même jamais mis les pieds sur une plateforme pétrolière, mais je connais des membres de notre caucus qui l'ont déjà fait, et c'est un milieu difficile. Il est possible de contrôler certaines choses, mais il est impossible de tout contrôler. Deux types de danger me viennent immédiatement à l'esprit: les conditions météorologiques au large des côtes et l'isolement des plateformes pétrolières.
Les activités extracôtières dans l'Est sont régies par deux organismes, l'Office Canada—Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers ou l'Office Canada—Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers, à qui il incombe de se pencher sur les questions liées à la sécurité et à l'équipement. Aucune activité pétrolière ou gazière ne peut être exercée si l'office compétent n'est pas convaincu que les activités prévues ne présentent aucun danger pour les travailleurs et l'environnement.
Les entreprises doivent clairement démontrer qu'elles ont cerné tous les dangers pour la santé et la sécurité liés aux activités d'exploration ou d'exploitation. Elles doivent aussi démontrer que ces risques ont été soigneusement évalués et qu'ils peuvent être adéquatement gérés.
J'ai entendu quelques observations aujourd'hui concernant certains pouvoirs. Les délégués à la sécurité relèveraient des offices, mais on peut constater dans le projet de loi qu'ils auraient d'immenses pouvoirs. J'ai déjà travaillé en collaboration avec des délégués à la sécurité sur des chantiers de construction, et je peux vous garantir que, s'il y a quelqu'un qui peut fermer un chantier pour une raison ou une autre, c'est bien un délégué à la sécurité. Il suffit qu'il craigne pour la sécurité d'un seul employé. La sécurité prime. Bien entendu, sans employé, le travail n'avance pas.
J'ai travaillé comme ouvrier sur des chantiers, et je connaissais des délégués à la sécurité qui savouraient le fait qu'ils pouvaient fermer des chantiers s'ils n'étaient pas sécuritaires. Il faut absolument garder cela à l'esprit. En plus de ces pouvoirs, les délégués à la sécurité pouvaient enquêter, exiger que l'exploitant divulgue des renseignements et obtenir des mandats pour perquisitionner les espaces mis à la disposition des employés sur les lieux de travail. Voilà d'importantes mesures que le délégué à la sécurité peut prendre, et il existe un mécanisme d'appel.
Les modifications proposées combleront ces lacunes de longue date, mais les lois sur les accords demeureront les pierres angulaires. Elles sont en vigueur depuis 20 ans. Elles concernaient initialement le partage des revenus et ainsi de suite, mais l'accident que j'ai évoqué a suffi à lui seul à y faire inclure également ce genre de questions.
Dans ce dossier, nous avons collaboré de près avec les provinces — Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse — afin de repérer les lacunes des lois actuelles. Les modifications proposées sont des priorités absolues pour notre gouvernement et nos partenaires provinciaux, qui ont d'ailleurs déjà adopté la mesure législative.
En modernisant les dispositions des lois sur les accords en ce qui concerne la santé et la sécurité au travail, nous continuons à consolider le solide régime extracôtier du Canada. Nous devons poursuivre sur cette voie. C'est un processus perpétuel. Le gouvernement a la responsabilité de revoir notre réglementation en matière de sécurité et d'environnement au fur et à mesure que les technologies et les modes d'exploration évoluent, et c'est une responsabilité que nous prenons au sérieux.
Par ailleurs, les changements assureraient davantage de protection aux travailleurs extracôtiers, car ils grefferaient aux lois sur les accords un solide régime en matière de santé et de sécurité au travail, un régime moderne, transparent et adapté sur mesure aux besoins de l'industrie extracôtière canadienne.
Nous tenons notre parole. Les provinces ont déjà tenu la leur en adoptant la mesure législative, en mai. J'ai été ravi d'entendre des députés de l'opposition déclarer qu'ils appuieraient le renvoi du projet de loi au comité. C'est une mesure législative très technique. Comme je l'ai déjà dit, elle compte plus de 300 pages et comporte toutes sortes de dispositions en matière de santé et de sécurité au travail, des dispositions capitales qui seront bénéfiques aux travailleurs et qui rendront leur milieu de travail plus sécuritaire, y compris pendant les allers-retours entre le continent et les plateformes. Je suis vraiment ravi de cette nouvelle et j'ai hâte d'étudier le projet de loi au comité.
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Monsieur le Président, je suis vraiment heureux de pouvoir prendre la parole au sujet du régime de sécurité entourant l'exploitation des hydrocarbures extracôtiers.
Les ressources naturelles sont un secteur important de l'économie canadienne. Nous le savons tous. Notre pays est grandement avantagé non seulement en raison de ses énormes réserves d'énergie, mais aussi en raison de ses immenses étendues de forêts et de l'abondance de ses minerais et de ses métaux.
Pendant des générations, le secteur des ressources naturelles a généré des emplois et de la croissance dans toutes les régions du pays. Actuellement, au Canada, près de 800 000 personnes travaillent dans ce secteur et 800 000 autres personnes sont employées par des industries qui lui fournissent des produits et des services. En tout, près de 1,6 million de Canadiens ont un emploi qui dépend des ressources naturelles, ce qui correspond à 10 % de tous les emplois au Canada.
L'exploitation des ressources naturelles constitue 15 % du PIB du Canada et génère 50 % de ses exportations. Lorsqu'on inclut les industries connexes, qui fournissent des produits et des services au secteur des ressources naturelles, on obtient une proportion de presque 20 % du PIB ou un cinquième de notre économie.
Il est important de souligner en outre que les ressources naturelles devraient jouer un rôle encore plus grand dans les années et les décennies à venir. Au cours des 10 prochaines années, plus de 600 projets majeurs d'exploitation des ressources naturelles totalisant plus de 650 milliards de dollars devraient voir le jour au Canada, selon les prévisions. Cette somme de 650 milliards de dollars représente des centaines de milliers d'emplois bien rémunérés dans tous les secteurs de l'économie et dans toutes les régions du pays.
Voilà pourquoi notre gouvernement a un plan pour libérer le potentiel de croissance du Canada dans le secteur des ressources naturelles. Nous qualifions ce plan d'approche responsable de l'exploitation des ressources. Il rationalise l'évaluation des grands projets en établissant des échéanciers fixes, en éliminant le double emploi, en renforçant la protection de l'environnement et en améliorant les consultations des Autochtones.
Les dernières années ont vu grandir l'intérêt pour l'exploration des ressources extracôtières de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador. Au large des côtes de la Nouvelle-Écosse, les activités relatives aux ressources extracôtières s'accélèrent, avec le Projet énergétique extracôtier Sable et le démarrage du projet Deep Panuke, deux projets d'exploitation du gaz naturel. Au cours des deux dernières années, 12 parcelles de la zone extracôtière de la Nouvelle-Écosse ont fait l'objet de soumissions totalisant plus de 2 milliards de dollars, du jamais vu dans la région de l'Atlantique du Canada. Shell Canada et BP Exploration voient clairement le potentiel de la zone extracôtière de la Nouvelle-Écosse.
À Terre-Neuve-et-Labrador, l'industrie des hydrocarbures extracôtiers stimule grandement l'économie. Grâce à elle, le secteur des ressources naturelles a repris de la vigueur. J'ai été élu député fédéral pour la première fois il y a 20 ans. Au cours des 10 premières années que j'ai passées aux Communes, Terre-Neuve-et-Labrador était considérée comme une province pauvre. Sa situation semblait désespérée.
Le secteur des pêches dépérissait à cause de la surpêche et, surtout, de la pêche internationale illégale. L'industrie touristique de Terre-Neuve-et-Labrador n'était pas encore aussi bien établie qu'elle l'est actuellement. L'avenir de Terre-Neuve-et-Labrador s'annonçait très sombre.
Et maintenant, à peine 20 ans plus tard, Terre-Neuve-et-Labrador compte parmi les provinces riches, et elle contribue fortement à l'économie canadienne. De plus — et c'est une mauvaise nouvelle pour l'Alberta, la province que je représente — les excellents travailleurs terre-neuviens, sur lesquels le secteur albertain des ressources a longtemps compté, choisissent maintenant de rester à Terre-Neuve-et-Labrador. Et c'est bien ainsi.
Le PIB de la province a atteint ou surpassé la moyenne canadienne pendant 9 des 13 dernières années. En 2011, le gaz et le pétrole extracôtiers représentaient 33 % du PIB.
L'expansion d'Hibernia Sud pourrait rapporter à la province jusqu'à 13 milliards de dollars en taxes et en redevances.
D'après un rapport publié récemment par le ministère des Ressources humaines de la province, le secteur des ressources sera le principal moteur de l'économie, grâce à une croissance de l'emploi de 8 %. On parle de 2 300 nouveaux emplois d'ici 2015, une croissance importante pour cette partie du pays.
On peut se réjouir des 2 300 emplois que créeront le nouveau développement du projet Hebron axé sur le pétrole lourd, de même que le projet hydroélectrique de Muskrat Falls. Parmi tous les projets entrepris par Terre-Neuve-et-Labrador, le grand projet Hibernia a été le plus important jusqu'ici, mais Hebron pourrait le dépasser.
L'investissement en capital du projet Hebron pourrait atteindre 14 milliards de dollars. On prévoit qu'il créera, seulement pendant la construction, plus de 3 500 emplois bien rémunérés pour les travailleurs canadiens. Le projet avance comme prévu et Hebron prévoit commencer à extraire du pétrole d'ici 2015.
Voici un portrait global de la situation. En Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador, les revenus provenant des ressources continuent d'augmenter, une croissance qui découle principalement de l'industrie extracôtière. L'exploration et le développement de gisements extracôtiers produisent des avantages réels et tangibles pour les résidants de ces provinces. Ils peuvent notamment profiter d'emplois plus nombreux et de meilleure qualité, de réductions de l'impôt familial à tous les paliers de revenus, de réductions d'impôt pour les petites entreprises, et de nouveaux investissements dans les services et l'infrastructure, qui permettent d'attirer d'autres investissements et de renforcer les communautés. Ces avantages continueront de croître.
Afin de veiller à ce que ces activités extracôtières se déroulent en toute sécurité, le gouvernement conservateur a proposé une nouvelle mesure législative en vue d'améliorer le solide cadre réglementaire régissant les activités extracôtières au Canada. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les gouvernements de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador afin de combler les lacunes des lois existantes du point de vue de la santé et de la sécurité au travail.
Nous savons que le Sénat a effectué une étude à ce sujet récemment et qu'il a déterminé que notre système réglementaire est très solide à l'heure actuelle. Cela dit, cette mesure permettra d'améliorer davantage le processus. Nous devons veiller à mettre en place un processus réglementaire viable à long terme, et c'est ce que cette mesure législative nous aidera à faire.
Après avoir travaillé avec les provinces, l'industrie, les organismes de réglementation et les groupes syndicaux, nous améliorons les lois relatives aux activités extracôtières afin de mieux protéger les travailleurs extracôtiers du Canada et d'assurer leur sécurité. Ces changements contribueront à protéger ces travailleurs puisqu'ils permettront d'intégrer un solide régime de santé et de sécurité au travail dans les lois portant sur les accords. Les projets de loi respectifs de ces deux provinces ont déjà reçu la sanction royale, mais cette fois, les provinces doivent attendre que le Parlement fédéral adopte cette mesure législative pour que le nouveau régime puisse entrer en vigueur. Bien entendu, Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse veulent que cette mesure législative soit adoptée dans les plus brefs délais.
La santé et la sécurité des travailleurs extracôtiers du Canada sont une priorité de premier plan pour le gouvernement. Selon le régime en vigueur, toutes les activités extracôtières sont régies par les offices extracôtiers du Canada. Les entreprises qui veulent faire de l'exploration extracôtière doivent fournir un plan d'intervention d'urgence détaillé aux provinces et le faire approuver par celles-ci avant d'entreprendre toute activité de forage. C'est un processus rigoureux. Cela signifie que les organismes de réglementation canadiens n'autoriseront pas d'activités extracôtières s'ils ne sont pas entièrement convaincus que l'environnement est protégé et que la sécurité des travailleurs est assurée. Nos installations extracôtières ainsi que l'équipement et la formation nécessaires pour les faire fonctionner doivent respecter les normes réglementaires les plus strictes qui soient.
Cette mesure législative servirait donc de complément aux lois existantes, qui sont déjà très substantielles et efficaces. Elle permettrait d'améliorer davantage la situation et de mettre en place un régime réglementaire approprié qui protégera la santé et la sécurité des travailleurs au cours de la prochaine décennie. Voilà l'objectif de la mesure législative. C'est une mesure positive pour l'Est du Canada, et plus particulièrement pour Terre-Neuve-et-Labrador et pour la Nouvelle-Écosse.