La Chambre reprend l'étude, interrompue le 25 février, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de Newton—Delta-Nord.
Je dois admettre que je n'aurais pas cru qu'il se passerait un mois complet avant que je puisse utiliser les trois minutes qu'il me restait pour parler du projet de loi C-26.
Comme je le disais en février, ce problème nous concerne tous. Je ne peux pas imaginer une seule personne, dans notre société, qui puisse compatir avec les délinquants dont il est ici question. Je rappelle d'ailleurs à la Chambre que ces prédateurs ne s'en prennent pas juste aux jeunes; ils s'en prennent à n'importe qui.
Comme je le disais aussi dans la première partie de mon intervention, j'ai travaillé durant 13 ans aux services de probation et de libération conditionnelle de l'Ontario. Ma fille et son conjoint sont tous les deux agents correctionnels au Centre de jeunes Roy McMurtry, où ils ont surtout affaire à des délinquants de niveau 1. La réadaptation et la prévention sont extrêmement importantes, je peux en témoigner personnellement, d'autant qu'elles nous permettent d'assurer une réinsertion plus harmonieuse des individus qui finissent par réintégrer la collectivité.
Les néo-démocrates ne s'opposent pas au projet de loi, mais ils nourrissent encore certaines réserves qu'il faudrait dissiper afin de veiller à ce que les bonnes mesures soient prises et à ce que les organisations concernées aient les outils nécessaires pour les appliquer efficacement. C'est important, car le gouvernement a l'habitude de présenter des projets de loi sur la criminalité sans affecter les ressources nécessaires pour en assurer l'application. C'est justement ce qu'il est en train de faire aujourd'hui.
Quand nous avons débattu ce projet de loi le mois dernier, nous venions d'apprendre que plus de 10 millions de dollars affectés au Centre national de coordination contre l'exploitation des enfants n'avaient pas été dépensés. Nous devions donc débattre un projet de loi qui nous aiderait à lutter contre les délinquants sexuels, initiative extrêmement importante, tout en digérant le fait que le gouvernement n'avait pas encore utilisé les sommes affectées à des initiatives de cet ordre déjà en vigueur.
Les cyniques se demanderont si c'est vraiment un hasard. Peut-être que c'est ainsi que le gouvernement espère enregistrer un excédent. Il faut plus que de vaines paroles pour lutter contre la criminalité.
Tout cela me fait penser au vieux slogan publicitaire « Où est le boeuf? » que l'on voyait à la télé. Il est important que les Canadiens sachent ce que le gouvernement est en train de faire, mais surtout, il est important d'éviter de telles demi-mesures dans le dossier de la délinquance sexuelle.
Je termine en rappelant à la Chambre que la recherche démontre l'efficacité des traitements de la délinquance sexuelle et le fait qu'ils réduisent le risque de récidive. Le taux de récidive chez les délinquants qui n'ont bénéficié d'aucun traitement est de 17 %. Celui des délinquants qui en ont bénéficié est de seulement 10 %.
Les néo-démocrates appuieront le projet de loi, mais ils souhaiteraient que les sommes mises de côté pour sévir contre les délinquants soient dépensées et que l'on envisage sincèrement d'offrir des programmes de réadaptation qui contribuent à la protection des éventuelles victimes lorsque les délinquants sexuels réintègrent la société.
Comme je l'ai indiqué, il est important d'investir des ressources afin de veiller à ce que les délinquants qui sont mis en liberté dans la collectivité disposent des traitements et des processus de réadaptation nécessaires. Ce n'est pas en réduisant ces services que nous obtiendrons de bons résultats.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi .
Le projet de loi concerne un problème gravissime. J'assure aux députés que, en tant que parent, mère, grand-mère et enseignante, j'ai ce dossier très à coeur. Je suis d'ailleurs convaincue que c'est le cas de tous les députés. Il n'y a rien de plus choquant ou de plus odieux que les répercussions de l'exploitation sexuelle des enfants. Peu importe de quel côté de la Chambre nous siégeons, je suis certaine que c'est une question qui nous préoccupe tous vivement.
Lorsque j'étais enseignante, j'ai dû composer avec des situations plutôt délicates et horrifiantes. Dans ce contexte, il n'y a absolument rien de plus poignant qu'un enfant qui signale être victime d'agression sexuelle. Comme enseignante et conseillère, je prenais cela très au sérieux, et la souffrance met beaucoup de temps à s'estomper. De même, en tant que parent, on a du mal à concevoir ne serait-ce que l'idée que son enfant puisse subir une agression sexuelle et la souffrance que ce geste engendrerait, une souffrance très profonde, qui dépasse l'imagination.
À l'instar de tous les autres députés, je l'espère, les députés de mon parti prennent cette question très au sérieux. Nous avons une politique de tolérance zéro concernant les crimes à caractère sexuel contre les enfants.
Je suis très fière que mon parti ait adopté cette position, qu'il a faite sienne il y a longtemps. C'est cette position qui fait que nous appuyons le projet de loi actuel, tout en étant conscients de ses lacunes. Nous sommes déçus de voir que le projet de loi ne va pas plus loin en prévoyant des mesures vraiment efficaces pour protéger les enfants et maintenir la sécurité dans nos circonscriptions.
J'espère que mes collègues ne se sont pas tous heurtés à des cas de grave agression sexuelle dans leur circonscription. En septembre 2014, une telle agression a eu lieu dans ma circonscription. La ville de Surrey a été ébranlée lorsque Serena Vermeersch, une jeune fille de 17 ans, a disparu, pour ensuite être retrouvée. Un délinquant sexuel à haut risque a été inculpé du crime. Le chef du détachement de Surrey de la GRC, Bill Fordy, a déclaré ceci:
Serena devrait être à l'école Sullivan Heights [qu'elle fréquentait], en train de rire avec ses amis et de songer à son bal de finissants. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Les crimes de ce genre ont pour effet de mobiliser la population et touchent énormément les gens.
Aujourd'hui encore, chaque fois que je pense à Serena, j'éprouve beaucoup de compassion pour sa famille, ses amis, ses voisins et toute la population de Surrey, car je sais quelle douleur et quelle angoisse tous ces gens ont dû subir.
Comme je l'ai dit, nous allons voter pour le projet de loi, mais je tiens à redire qu'il me semble que le gouvernement aime beaucoup l'illusionnisme. C'est encore une fois un projet de loi par lequel le gouvernement prétend agir, sans toutefois prévoir les ressources nécessaires pour le mettre en oeuvre.
Les parlementaires que nous sommes rendent la vie des fournisseurs de services très difficiles lorsque nous adoptons des projets de loi et souhaitons que les fournisseurs les mettent en oeuvre, sans que nous leur accordions les outils dont ils ont besoin pour ce faire.
Je suis convaincue qu'ils sont nombreux à en avoir ras le bol d'entendre des gens, que ce soit nous ou d'autres personnes, comme leurs employeurs, leur dire qu'ils doivent faire plus avec moins. En discutant avec des membres de la GRC et d'autres personnes qui offrent des services de première ligne, j'ai appris qu'il est très difficile pour eux de faire plus avec moins. Ils estiment qu'ils sont à la limite de leurs capacités.
Lorsqu'il est question d'un projet de loi comme celui-ci, qui est censé s'attaquer de front au problème posé par les agressions sexuelles à l'égard de personnes mineures, à l'égard de nos enfants, il faut vraiment examiner la situation actuelle et les mesures que nous avons prises. Depuis que les conservateurs sont au pouvoir, et même lorsque les libéraux étaient au pouvoir, de nombreuses mesures législatives ont été adoptées. Au comité de la justice, le a déclaré que les agressions sexuelles contre les enfants avaient augmenté de 6 % au cours des deux dernières années. C'est stupéfiant. Cette augmentation est survenue après que les conservateurs ont pris de nombreuses mesures.
Nous devons écouter les experts et les opinions éclairées à ce sujet. Nous devons aussi nous demander si certaines des mesures répressives qui ont été adoptées jusqu'à maintenant ont produit les résultats escomptés. De toute évidence, ce n'est pas le cas. Existe-t-il des ressources? À part punir les gens, que faisons-nous pour favoriser la réadaptation et la guérison? Que faisons-nous pour appuyer les victimes?
C'est une question très délicate que je ne veux pas aborder de façon partisane.
Nous devons également veiller à ce que la GRC, à qui nous donnons bien des responsabilités dans ce dossier, ait les ressources nécessaires pour créer un registre ainsi que des budgets pour aider les victimes. Ce n'est pas avec de beaux discours disant que nous sommes tous là pour appuyer les victimes que cette aide se concrétisera.
Je me souviens de la lutte acharnée du NPD pour la défense du programme des cercles de soutien et de responsabilité, qui était une mesure concrète et mise en oeuvre de façon très efficace. Je cite Steve Sullivan:
[...] le gouvernement fédéral a récemment annoncé qu'il supprimera le maigre financement de 650 000 $ alloué par le Service correctionnel du Canada à compter de l'automne. Le financement accordé par le Centre national de prévention du crime pour les cercles de soutien et de responsabilité doit lui aussi prendre fin à ce moment. Ce programme coûte, au total, 2,2 millions de dollars par année.
Comme la plupart des services offerts aux victimes dans la collectivité, il était peu coûteux. Dans le cadre de ce programme, 700 bénévoles de toutes les régions du pays rencontraient les contrevenants après leur libération, que ce soit pour les aider à trouver un emploi ou un endroit où habiter ou encore pour discuter avec eux en prenant un café. Ces bénévoles aidaient les contrevenants à reprendre une vie normale, sans faire de nouvelles victimes. Ils les responsabilisaient.
Sous le gouvernement conservateur, des fonds qui auraient pu servir à protéger les enfants n'ont pas été dépensés. Je suis profondément offusquée lorsque le gouvernement prétend se porter à la défense des enfants.
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Monsieur le Président, je suis honoré de prendre la parole pour appuyer le projet de loi , Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d’enfants. Je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Le projet de loi s'inscrit dans le cadre des efforts constants déployés par le gouvernement pour que les infractions sexuelles contre des enfants soient assorties de peines d'emprisonnement qui reflètent le caractère odieux de ces crimes. Nous entendons les députés de l'opposition mettre en doute la nécessité du projet de loi en raison des modifications que le gouvernement a déjà apportées, surtout celles apportées dans le cadre du projet de loi , Loi sur la sécurité des rues et des communautés.
Cette loi était un pas dans la bonne direction, et le projet de loi propose de s'appuyer sur ces réformes pour reconnaître pleinement les effets dévastateurs que ces crimes ont sur la vie des enfants qui en sont victimes.
Nous avons entendu des critiques, plus particulièrement sur l'efficacité qu'aurait l'imposition de peines minimales obligatoires dans l'atteinte de cet objectif. Il faut avoir une brève discussion sur les peines actuellement prévues dans le Code criminel pour expliquer la nécessité des réformes proposées.
Selon le Code criminel, le prononcé des peines a pour objectif essentiel de contribuer, parallèlement à d'autres initiatives de prévention du crime, au respect de la loi et au maintien d'une société juste, paisible et sûre.
Dans l'atteinte de cet objectif fondamental, une peine peut avoir un des objectifs suivants: dénoncer; dissuader; isoler, au besoin, les délinquants du reste de la société; favoriser la réinsertion sociale des délinquants; assurer la réparation des torts causés aux victimes ou à la collectivité; susciter la conscience de leurs responsabilités chez les délinquants; et les amener à reconnaître le tort qu'ils ont causé aux victimes et à la collectivité.
Précision importante: une peine juste ne doit pas nécessairement refléter chacun de ces objectifs, seulement ceux qui sont essentiels à l'atteinte de l'objectif fondamental du prononcé des peines.
Aux termes de l'article 718.01 du Code criminel, les tribunaux responsables d'imposer la peine pour une infraction sexuelle perpétrée à l'égard d'un enfant sont tenus d'accorder une attention particulière aux objectifs de dénonciation et de dissuasion. Comment les législateurs peuvent-ils veiller à ce que l'on accorde la priorité à ces objectifs lorsqu'on impose une peine pour de tels crimes?
Nos lois favorisent de deux façons l'atteinte des objectifs que sont la dénonciation sociale et la dissuasion des criminels. Premièrement, les peines maximales d'emprisonnement définissent clairement les peines qu'il conviendrait d'imposer aux pires criminels qui commettent un crime dans les pires circonstances. Deuxièmement, les peines d'emprisonnement minimales obligatoires représentent la peine la plus faible que la société serait prête à imposer dans certains cas graves.
En accroissant les peines de prison minimales et maximales imposées en cas d'infractions sexuelles contre des enfants, le projet de loi s'intéresse avant tout à la dénonciation et à la dissuasion, veillant ainsi à ce que les peines imposées contribuent à une société juste, paisible et sûre.
L'objectif fondamental d'une peine ne peut être atteint que si la peine imposée est juste. Selon le Code criminel, une peine juste est proportionnelle au degré de responsabilité du délinquant et à la gravité de l'infraction. Pour imposer une peine juste, un tribunal doit tenir compte des principes de détermination de la peine établis dans le Code criminel. Par exemple, une peine doit être accrue s'il y a des circonstances aggravantes liées à la perpétration de l’infraction ou à la situation du délinquant.
Deux des circonstances aggravantes énumérées au paragraphe 718a) du Code criminel sont majeures dans les affaires d'exploitation sexuelle d'enfants.
Premièrement, le paragraphe 718.2a)(ii.1) du Code criminel indique aux tribunaux qu'il faut traiter comme une circonstance aggravante le fait qu'une infraction soit commise à l'égard d'une personne âgée de moins de 18 ans.
Deuxièmement, le paragraphe 718.2a)(iii) précise que, si l'infraction constitue un abus de la confiance de la victime ou un abus d'autorité, il s'agit aussi d'une circonstance aggravante.
Ces deux circonstances aggravantes confirment que des peines importantes comme celles qui sont proposées dans le projet de loi sont justifiées dans le cas des prédateurs d'enfants.
Le projet de loi apporte une autre amélioration importante, soit les changements relatifs à l'imposition de peines concurrentes ou consécutives. Ces modifications clarifieraient dans la loi les règles à suivre dans des situations où un délinquant serait condamné pour plusieurs infractions, que ce soit à l'endroit d'une seule victime ou de plusieurs.
Mis à part la précision que des peines doivent obligatoirement être consécutives dans le cas d'actes de terrorisme, d'actes liés à une organisation criminelle et d'actes commis au moyen d'une arme à feu, les principes généraux de détermination de la peine qu'on trouve au paragraphe 718.3(4) du Code criminel offrent peu d'indications aux tribunaux concernant les peines consécutives ou concurrentes.
Le projet de loi propose, entre autres, d'apporter ces améliorations afin que les tribunaux envisagent d'ordonner que les peines d'emprisonnement relatives à des infractions découlant d'actes ou d'une série d'actes distincts soient purgées consécutivement.
Le projet de loi propose de codifier les règles élaborées par les tribunaux au fil des ans. D'ordinaire, les tribunaux ordonnent que les peines soient purgées consécutivement, à moins qu'elles ne découlent du même acte ou de la même série d'actes, ou de ce que certains qualifient d'opération criminelle. Si le délinquant commet plusieurs infractions dans le cadre de la même opération criminelle, les tribunaux imposent généralement une peine proportionnelle pour l'infraction la plus grave et ordonnent que les autres infractions soient purgées concurremment. Toutefois, si l'infraction commise dans le cadre d'une même opération criminelle est gratuite ou dangereuse, les tribunaux envisagent généralement d'ordonner que les peines soient purgées consécutivement afin de dissuader les délinquants de commettre des infractions graves en toute impunité.
Cette approche est codifiée dans le projet de loi : les tribunaux sont invités à envisager d'ordonner des peines consécutives si l'une des infractions a été commise alors que l'accusé était en liberté provisoire par voie judiciaire ou qu'il fuyait devant un agent de la paix.
L'application du principe de totalité correspond à la dernière étape du processus visant à déterminer si les peines d'emprisonnement seront purgées de façon consécutive ou non. Au titre de ce principe de détermination de la peine, défini à l'alinéa 718.2c) du Code criminel, le tribunal a l'obligation d'éviter l'excès de nature ou de durée dans l'infliction de peines consécutives. Si le tribunal estime que la peine combinée est excessive, en raison de sa nature ou de sa durée, il peut ordonner que certaines peines soient purgées concurremment plutôt que consécutivement.
Lorsqu'ils imposent une peine concurrente, les tribunaux s'efforcent d'imposer une peine qui soit proportionnelle à la responsabilité totale du délinquant. Toutefois, dans le cas des infractions sexuelles commises contre des enfants, cette approche permet aux délinquants de bénéficier de peines à rabais.
Afin de régler ce problème, le projet de loi propose que les peines d'emprisonnement imposées pour des infractions relatives à la pornographie juvénile soient purgées consécutivement à une peine imposée au même moment pour une infraction d'ordre sexuel contre un enfant. Lorsque plusieurs victimes sont en cause, les peines imposées au même moment pour des infractions d'ordre sexuel contre une victime seraient purgées consécutivement à celles imposées pour des infractions d'ordre sexuel commises contre une autre victime.
Le fait d'exiger que les peines d'emprisonnement soient purgées consécutivement envoie un message clair: toutes les infractions sexuelles commises contre des enfants sont graves et tout à fait inacceptables. Ces modifications indiquent aussi très clairement que les seules peines proportionnelles sont celles qui montrent que chaque jeune victime compte.
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Monsieur le Président, je tiens à remercier le secrétaire parlementaire d'avoir accepté de partager son temps de parole avec moi aujourd'hui.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de participer au débat d'aujourd'hui sur le projet de loi , Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants. Aujourd'hui, je vais me concentrer sur les dispositions du projet de loi qui prévoient l'imposition de peines plus sévères pour non-respect d'ordonnance de surveillance. Cependant, j'aimerais d'abord parler un peu des autres éléments clés de cette initiative.
En tant que père de trois enfants, je pense qu'il est important de souligner l'objectif principal du projet de loi , soit exercer un effet dissuasif sur les prédateurs d'enfants et mettre l'accent sur la gravité des infractions sexuelles visant les enfants. Une des façons d'atteindre cet objectif, c'est d'alourdir les peines minimales obligatoires et les peines maximales.
Par ailleurs, une des raisons pour lesquelles j'appuie le projet de loi , c'est que les modifications qu'il propose permettront aussi d'éclaircir et d'inscrire dans la loi le recours à des peines consécutives dans les cas d'agressions sexuelles contre des enfants. Cette mesure permettra non seulement d'assurer une application uniforme de la loi, mais aussi de faire en sorte que justice soit faite dans le cas de chacune des vies dévastées par un délinquant sexuel.
Les modifications que le projet de loi apporte aux ordonnances de surveillance permettraient aussi de mieux protéger les enfants contre les prédateurs sexuels.
Les ordonnances de surveillance permettent aux juges d'imposer des conditions aux agresseurs sexuels d'enfants ou aux personnes qui sont susceptibles de commettre de telles agressions. Divers types d'ordonnance s'offrent aux tribunaux pour que les agresseurs fassent l'objet d'une surveillance dans la collectivité, notamment les ordonnances de probation, les engagements à ne pas troubler l'ordre public et les ordonnances d'interdiction. Il faut comprendre le fonctionnement de ces différents types d'ordonnance pour bien comprendre comment ils permettent d'atteindre l'objectif sous-tendant le projet de loi , c'est-à-dire protéger les enfants contre les prédateurs sexuels.
Premièrement, les juges peuvent imposer une ordonnance de probation lorsque le délinquant est condamné à une peine d'emprisonnement de moins de deux ans. Il peut aussi s'agir d'une ordonnance distincte. Toutes les ordonnances de probation ont une durée maximale de trois ans. Par contre, leur portée peut varier considérablement. Certaines conditions sont obligatoires, comme l'obligation de ne pas troubler l'ordre public, mais d'autres sont laissées à la discrétion du juge. Le délinquant peut aussi être assigné à résidence, sauf en cas d'absences prédéterminées, comme l'emploi. Ces conditions facultatives doivent être raisonnables, claires, et surtout, certaines. Elle visent à protéger la société en prévenant la récidive et en favorisant la réadaptation et la réinsertion sécuritaire du délinquant dans la collectivité.
En revanche, un juge peut imposer un engagement de ne pas troubler l'ordre public dans le cas où il y a des motifs de craindre qu'une personne commette une infraction sexuelle contre un enfant. L'article 810.1 du Code criminel permet à toute personne ayant des motifs raisonnables de penser qu'un individu commettra une infraction sexuelle contre une personne de moins de 14 ans, d'en informer un juge d'une cour provinciale. Le juge imposera un engagement de ne pas troubler l'ordre public à l'individu en question s'il est convaincu, selon la prépondérance des probabilités, que les craintes du dénonciateur sont fondées. Un engagement de ne pas troubler l'ordre public peut être assorti de diverses conditions, y compris l'interdiction, pour le délinquant, de communiquer avec des jeunes au moyen d'un ordinateur ou d'être présent dans un lieu public où, de toute évidence, il risque d'y avoir des enfants.
Enfin, les ordonnances d'interdiction permettent aux tribunaux d'interdire au délinquant d'être en contact avec des enfants si des faits permettent de croire qu'il constitue un risque pour eux. Une telle ordonnance peut prendre plusieurs formes. Elle peut notamment interdire au délinquant de se rendre à certains endroits où des enfants sont présents. Elle peut lui interdire d'occuper un emploi où il aurait une relation de confiance ou d'autorité auprès des enfants. Elle peut aussi lui interdire l'accès à Internet.
Le Code criminel exige que le juge envisage la possibilité d'imposer un tel engagement ou de délivrer une telle ordonnance dans tous les cas où l'une des infractions énumérées a été commise. Et les conditions peuvent alors s'appliquer pour la durée de la vie du délinquant.
Le projet de loi prévoit une augmentation des peines maximales pour violation d'une ordonnance de probation, d'un engagement de ne pas troubler l'ordre public ou d'une ordonnance d'interdiction, trois types de mesures que l'on désigne globalement comme des ordonnances de surveillance. Ainsi, les individus qui violent les conditions qui leur sont imposées par les tribunaux pour protéger les enfants auraient à subir les conséquences de leurs actes.
Le projet de loi ferait passer de deux à quatre ans la peine maximale pouvant être imposée à une personne déclarée coupable par voie de mise en accusation d'avoir violé une ordonnance de surveillance. De plus, la peine maximale pour avoir violé une ordonnance d'interdiction ou un engagement de ne pas troubler l'ordre public passerait de six mois à 18 mois, dans le cas d'une déclaration de culpabilité par procédure sommaire. Les nouvelles peines maximales garantiraient que les délinquants ayant violé une ordonnance de surveillance, quelle qu'elle soit, seraient passibles des mêmes peines, selon la procédure ayant conduit à la déclaration de culpabilité, à savoir une mise en accusation ou une procédure sommaire.
En outre, les amendes en cas de non-respect des conditions de liberté passeraient de 2 000 $ à 5 000 $. La surveillance associée à ces ordonnances contribue à la réadaptation des délinquants, mais, surtout, assure le maintien d'une société juste, paisible et sûre.
Selon Statistique Canada, plusieurs études menées sur 15 ans ont révélé que le taux moyen de récidive chez les délinquants sexuels est d'environ 24 %. Toutefois, ce qui est inquiétant, le taux le plus élevé de récidive selon cette étude, soit 35,5 %, a été constaté chez un ensemble de délinquants qui avaient agressé des enfants. Ces délinquants ont été suivis pendant 23 ans. Cette information provient d'une étude publiée le 28 mai 2014 par le Centre canadien de la statistique juridique et intitulée « Les infractions sexuelles commises contre les enfants et les jeunes déclarées par la police au Canada, 2012 ».
Il est donc impératif de dénoncer et de dissuader les cas graves de non-respect de conditions. Le projet de loi protégerait les enfants, notamment en veillant à ce qu'une fois les agresseurs sexuels d'enfants libérés, un manquement à leurs conditions aurait de graves conséquences qui seraient proportionnelles à l'objectif que ce type d'ordonnances vise, c'est-à-dire la protection des membres les plus vulnérables de nos collectivités, nos enfants.
Par exemple, une composante essentielle de la réforme de la détermination de la peine prévue dans le projet de loi ferait en sorte que toute infraction commise alors que le délinquant est en sursis, en liberté conditionnelle ou en liberté d'office deviendrait une circonstance aggravante pour la détermination de la peine. Il est nécessaire de faire de ces infractions des circonstances aggravantes pour dénoncer, dissuader et punir les délinquants qui continuent de récidiver délibérément, même après avoir été soumis à diverses formes de surveillance.
Ces modifications sont également nécessaires pour protéger la collectivité quand les efforts de réadaptation et de réinsertion sont manifestement inefficaces pour ces délinquants. Le fait d'imposer des peines plus sévères à ceux qui enfreignent les conditions fixées par la cour afin de protéger les enfants aurait deux fonctions très importantes: premièrement, les délinquants seraient tenus responsables de leurs actes; et deuxièmement, on éviterait que des enfants vulnérables ne subissent des préjudices à l'avenir. C'est particulièrement vrai pour les infractions sexuelles contre des enfants, car les délinquants qui ne respectent pas les ordonnances de surveillance risquent de faire de nouvelles victimes. Par conséquent, le fait de rendre les sanctions minimales et maximales plus sévères pour le non-respect des ordonnances de surveillance est un outil important dont les tribunaux peuvent se servir lorsque les circonstances le justifient. Ces mesures ne feront pas que dissuader les délinquant de commettre des infractions, elles isoleront aussi de la société les prédateurs sexuels qui s'attaquent aux enfants avant qu'ils ne récidivent.
La violation d'une ordonnance de surveillance n'est pas un délit mineur. Rappelons que les personnes soumises à une ordonnance de probation ou d'interdiction ont fait l'objet d'un processus au sein du système de justice pénale et ont été libérées sous certaines conditions liées de près aux délits qu'elles ont présumément commis ou à des infractions passées. La violation de ces ordonnances est un geste grave, parce qu'elle démontre concrètement que le délinquant refuse de se réformer. Il faut transmettre un message clair. Ces violations doivent entraîner des conséquences claires, proportionnelles et dissuasives.
Il faut garder à l'esprit que les ordonnances de surveillance n'existent pas en vase clos. L'ensemble des modifications prévues par le projet de loi lancerait un message clair. Nous ne laisserons pas les délinquants commettre des crimes en toute impunité lorsqu'ils sont sous surveillance communautaire, particulièrement lorsqu'une violation met des enfants en péril. Les modifications proposées viendraient aussi uniformiser les sanctions rattachées à toutes les infractions sexuelles contre des enfants, des crimes odieux.
Ces éléments du projet de loi sont à la fois importants et nécessaires. C'est pourquoi j'invite tous les députés à appuyer cette mesure et à favoriser son adoption rapide.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de Charlesbourg—Haute-Saint-Charles.
C'est un honneur pour moi de parler du projet de loi , qui modifie un certain nombre de lois qui traitent des infractions sexuelles commises contre des enfants. J'aimerais parler en tant que père, en tant qu'oncle et en tant que futur grand-père — du moins, j'espère que je le serai un jour.
J'ai deux enfants. Chaque fois qu'on aborde un sujet comme celui-ci, il va sans dire que tous les parents de l'ensemble du Canada disent que l'on ne doit tolérer aucune forme d'exploitation d'enfants dans notre société.
Ce projet de loi représente un pas dans la bonne direction. Toutefois, les amendements proposés en comité et les recommandations formulées par les témoins experts et les intervenants invités à témoigner démontrent clairement qu'il y a de bonnes raisons d'y apporter des modifications. Comme toujours, les conservateurs ont refusé de prendre ces arguments en considération.
Cela étant dit, quand mes collègues et moi parlons de nos enfants, il ne fait aucun doute que tous les députés, sans égard à leur allégeance politique, s'opposent farouchement à l'exploitation des enfants. Qui plus est, au cours des dernières années, nous avons étudié à la Chambre de nombreuses initiatives visant à resserrer les lois relatives à l'exploitation sexuelle des enfants, et nous étions fiers d'appuyer ces initiatives.
Les députés se souviendront du projet de loi , un projet de loi omnibus sur la criminalité présenté par les conservateurs. Nous souhaitions en fait accélérer l'adoption des dispositions qui portaient sur l'exploitation des enfants. D'une part, il faut présenter des mesures législatives pour faire en sorte que nos enfants soient en sécurité. En tant que parlementaires, c'est ce que nous devrions faire. Je suis très fier du fait que le NPD, l'opposition officielle, appuie les initiatives visant à améliorer la sécurité de nos enfants.
C'est une chose de faire preuve de sévérité à l'endroit des criminels, mais on ne doit pas relâcher la sécurité des collectivités. C'est le bilan du gouvernement conservateur. Les conservateurs font preuve de laxisme dans le dossier de la sécurité des collectivités. Les lois ne sont pas suffisantes pour protéger la population. Il faut fournir des ressources supplémentaires. Il faut investir de l'argent dans les collectivités pour que les fournisseurs de services, les autres intervenants et les forces de l'ordre disposent des outils et des ressources dont ils ont besoin pour protéger nos enfants contre les prédateurs. Tout à l'heure, le député a parlé des sommes qui n'ont pas été dépensées. Je vais y revenir dans quelques instants.
J'aimerais citer ce qu'a déclaré Steve Sullivan devant le comité. En tant qu'ancien ombudsman des victimes d'actes criminels, M. Sullivan s'y connaît certainement en matière de ressources au sein de la collectivité. Voici ce qu'il a écrit:
[...] le gouvernement fédéral a récemment annoncé qu'il supprimera le maigre financement de 650 000 $ alloué par le Service correctionnel du Canada à compter de l'automne. Le financement accordé par le Centre national de prévention du crime pour les cercles de soutien et de responsabilité doit lui aussi prendre fin à ce moment. Ce programme coûte, au total, 2,2 millions de dollars par année.
Il a ajouté:
Comme la plupart des services offerts aux victimes dans la collectivité, [le programme des cercles de soutien et de responsabilité] était peu coûteux. Dans le cadre de ce programme, 700 bénévoles de toutes les régions du pays rencontraient les contrevenants après leur libération, que ce soit pour les aider à trouver un emploi ou un endroit où habiter ou encore pour discuter avec eux en prenant un café. Ces bénévoles aidaient les contrevenants à reprendre une vie normale, sans faire de nouvelles victimes. Ils les responsabilisaient.
Le programme des cercles de soutien et de responsabilité a fait ses preuves. Voici quelques statistiques impressionnantes à son sujet. Selon une étude, le nombre de récidives d'infraction sexuelle était de 70 % inférieur parmi les participants au programme. Une autre étude a conclu à une réduction de 83 % du taux de récidive à l'égard des infractions sexuelles contre des enfants.
Voici le bilan du gouvernement. S'il se soucie réellement de la sécurité de nos enfants et de la population en général, pourquoi le gouvernement sabre-t-il le budget des programmes mêmes qui ont fait leurs preuves au pays? Les programmes ont trouvé 700 bénévoles. Il s'agit de parents canadiens qui sont prêts à offrir leurs services pour assurer la sécurité des collectivités. Pourtant, le gouvernement a coupé l'herbe sous le pied à ce programme hautement efficace. Rien ne sert de multiplier les lois et de se vanter de réprimer la criminalité si on est laxiste par rapport à la sécurité de la collectivité. Voilà le bilan du gouvernement.
Il y a eu quelques cas à Surrey, en Colombie-Britannique. Une jeune femme a été assassinée par un délinquant sexuel que la GRC connaissait et qui figurait sur la liste des délinquants susceptibles de récidiver. Mes pensées accompagnent les membres de sa famille et ses parents. La société et le gouvernement ont permis qu'une telle chose se produise au Canada. Qu'en était-il des mesures de soutien? Comment surveillons-nous ces gens lorsqu'ils sont libérés dans la société?
Si nous savons que ces gens pourraient récidiver, comment se fait-il qu'ils soient libérés dans la société sans aucune forme de soutien? Il faut fournir les ressources soit à la GRC, soit aux travailleurs de première ligne qui offrent ces services et qui surveillent ces gens. Certains programmes ont déjà permis de réduire le taux de récidive de 83 % chez les délinquants sexuels, mais le gouvernement les a abolis.
En fait, la mairesse de Surrey a demandé plus de ressources pour qu'on puisse surveiller les délinquants une fois qu'il sont libérés, si jamais ils le sont, et pour qu'il y ait des mesures de soutien qui permettent de protéger les enfants.
C'est une chose dont je parle souvent. Les conservateurs ne prêtent pas foi aux faits et aux résultats de recherches, car nous savons où ils puisent leurs faits. Nous les avons vu puiser leurs faits dans Kijiji plutôt que de s'en remettre à la science ou à ce qui fonctionne dans la collectivité. Ce qui fonctionne dans la collectivité, ce sont des programmes comme les cercles de soutien et de responsabilité.
Je veux parler des modifications. Je n'y comprends rien, que ce soit comme parent ou comme député. Le gouvernement veut faire adopter une loi sur les délinquants sexuels à risque élevé pour mettre en place une base de données publique qui contiendrait des renseignements, préalablement rendus accessibles au public par un service de police ou toute autre autorité publique, sur des personnes qui ont été déclarées coupables d'infractions sexuelles visant les enfants et présentant un risque élevé de commettre des crimes de nature sexuelle.
Si les délinquants en question risquent fort de commettre d'autres crimes de nature sexuelle, pourquoi les libère-t-on? C'est dire la bêtise du gouvernement.
Si nous tenons à assurer la sécurité de nos enfants, nous devons fournir les ressources nécessaires. Or, le projet de loi C-26 ne prévoit pas de ressources pour assurer la sécurité dans nos collectivités.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui afin de prendre part à ce débat au sujet du projet de loi sur le renforcement des peines pour les délinquants sexuels. Dans mes expériences professionnelles, j'ai sans cesse milité pour les droits des femmes et la lutte contre la pauvreté des enfants.
Il n'y a pas plus triste que de voir des enfants dans des situations de vulnérabilité, que ce soit par manque d'encadrement familial, en raison de violence familiale ou simplement parce qu'ils étaient au mauvais endroit, au mauvais moment.
Notre devoir à tous, à la Chambre, est de nous assurer que nous prenons toutes les mesures possibles afin que nos familles et nos enfants soient en sécurité et nos collectivités plus sûres. Au cours des dernières années, un nombre important d'enfants, filles et garçons, ont été victimes de crimes sexuels dans beaucoup trop de collectivités au Canada. Cela a des effets néfastes sur plusieurs aspects de leur vie, sur leur confiance en soi, sur la capacité de faire confiance aux autres, sur leur santé mentale et bien d'autres. Tant de familles sont blessées, brisées et dévastées par ces actes criminels répréhensibles.
De plus, ce projet de loi est un débat sociétal complexe, puisqu'il touche plusieurs paliers gouvernementaux, dont les municipalités, les provinces et les territoires. Il engage les forces de l'ordre, dont la Gendarmerie royale du Canada et les corps policiers provinciaux et municipaux. Il implique aussi plusieurs groupes d'aide et plusieurs professions, dont les groupes de protection de la jeunesse, des psychologues, des travailleurs de la rue et des intervenants psychosociaux.
C'est en tant que mère de famille, mais également en tant qu'ancienne présidente du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale, que je contribue à ce débat. Ce projet de loi ne va pas assez loin pour les femmes et les enfants qui sont confrontés aux horreurs que leur font subir les délinquants sexuels.
Les conservateurs se disent les champions de la lutte contre le crime. Toutefois, ils se trompent s'ils pensent que les mesures législatives proposées dans ce projet de loi sont suffisantes. Ce n'est ni la première ni la dernière fois que je mets en garde ce gouvernement contre sa pensée magique. Alors, en prenant la parole aujourd'hui, je m'attends à ce que ce gouvernement se rende compte de l'importance de la prévention, à ce qu'il comprenne que le simple durcissement des peines n'offre pas de résultats espérés et à ce qu'il saisisse que ce sont des mesures concrètes dont nous avons besoin, et non de belles paroles pour bien paraître devant les caméras. Par ce manque de leadership afin de trouver des solutions concrètes, ce sont nos enfants qui souffrent.
Je vais parler d'une statistique qui m'a choquée et qui risque de choquer plusieurs personnes qui m'écoutent aujourd'hui. Les infractions à caractère sexuel contre les enfants ont augmenté de 6 % dans les deux dernières années. Cette statistique n'a pas été dite par n'importe qui, mais par le ministère de la Justice, lors de sa comparution au Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Face à cette augmentation de 6 %, il y a des raisons de s'inquiéter.
Au cours de la dernière décennie, le Canada a connu une augmentation importante des personnes accusées pour des cas de contacts sexuels, d'incitation à des contacts sexuels, d'exploitation sexuelle et de leurre d'enfants au moyen d'un ordinateur.
Je vais utiliser mon temps de parole afin de soulever trois aspects importants. Premièrement, je ferai une critique de la proposition des peines de prison plus sévères, qui ne suffisent pas à enrayer le problème. Deuxièmement, je ferai un état des lieux sur les compressions faites dans les services de protection des citoyens. Troisièmement, je soulèverai les réels besoins des citoyens et des citoyennes, soit des actions concrètes et complètes.
Dans un premier temps, je désire mettre l'accent sur le fait que le NPD a toujours eu une politique de tolérance zéro en ce qui concerne les crimes sexuels contre les enfants. Il me semble important de le répéter: tolérance zéro en ce qui concerne les crimes sexuels contre les enfants.
En préparant ce discours sur le projet de loi , je me suis demandée pourquoi les conservateurs, qui se disent des champions de la lutte contre le crime, n'ont qu'une solution unique pour tous les crimes, soit le durcissement des peines. À elles seules, les peines plus sévères ne sont pas des mesures qui fonctionnent. Il faut avoir une approche plus globale.
Encore une fois, la statistique de 6 % d'augmentation des crimes sexuels à l'égard des enfants dans les deux dernières années nous prouve que l'approche conservatrice est minimaliste. C'est même une honte. Je n'aimerais pas être dans la peau du , qui doit justifier cette statistique auprès des citoyens, mais surtout, auprès des victimes et de leurs proches.
Dans l'un des amendements proposés par le NPD, nous voulions obliger le ministre à déposer un rapport annuel devant le Parlement pour rendre compte de l'efficacité de la loi. Cela nous a été refusé. Encore une fois, comment justifier cela auprès des victimes et de leurs proches?
Depuis mon arrivée en politique fédérale, et je l'ai dit à bien des reprises, ce gouvernement est trop souvent en mode réactif au lieu d'être en mode proactif.
Investir dans la prévention du crime ne semble pas être significatif à leurs yeux, alors que cela l'est aux miens, à ceux des citoyens et citoyennes de Charlesbourg—Haute-Saint-Charles et à de nombreux Canadiens et Canadiennes.
Le gouvernement doit absolument investir dans la prévention du crime et d'autres solutions pratiques pour garantir la sécurité de nos collectivités. Je dois le dire, nous sommes déçus que le projet de loi n'aille pas plus loin en proposant de meilleures solutions efficaces pour protéger nos enfants et rendre la collectivité plus sûre.
J'en viens donc à mon second point, soit les compressions budgétaires et le manque de financement. Si nous voulons réduire le nombre de crimes sexuels envers les enfants dans ce pays, il faut nous donner les moyens de nos ambitions. Or nous voilà encore déçus. Ce projet de loi ne vient avec aucun nouveau fonds.
Les ressources sur le terrain ne suivent pas toujours les politiques plus sévères du gouvernement conservateur en matière de loi et d'ordre. Le NPD croit que nos collectivités ont besoin de ressources pour contrer les abus sexuels à l'égard des enfants.
En ce qui a trait au financement des services de police, ces derniers doivent faire plus avec moins. La GRC a déjà de la difficulté à mettre à jour le registre des antécédents judiciaires, faute de ressources. Ce projet de loi augmentera encore davantage leur charge de travail sans augmenter le personnel formé pour protéger nos enfants.
Ainsi, j'ai appris dernièrement, à ma grande surprise, que la GRC n'avait pas dépensé les 10 millions de dollars qui étaient destinés au Centre national de coordination contre l'exploitation des enfants et autres projets « antipornographiques » infantiles, alors même que le nombre de signalements du public sur l'exploitation des enfants a augmenté de façon exponentielle. Comme ce gouvernement peut-il justifier cela?
Pour illustrer mon troisième point, je désire parler de l'entêtement des conservateurs à ne jamais écouter les questions des membres des collectivités canadiennes et des experts. Au NPD, le processus d'adoption des projets de loi n'est pas fait à la légère. Nous encourageons toujours les comités pertinents à faire l'étude des projets. Nous rencontrons les experts, les associations et les professionnels en toute transparence afin de comprendre leur point de vue. Nous proposons très souvent des amendements basés sur l'argumentation des travailleurs qui sont sur le terrain et qui connaissent les réalités des victimes.
Ce projet de loi n'est pas différent, toutefois, de ce qui est récurrent dans le processus: les conservateurs rejettent encore en toujours nos amendements.
Nous comprenons leur jeu politique. Toutefois, ce qui m'offusque, c'est que les associations de spécialistes et les professionnels qui ont témoigné en comité on vu leurs recommandations ignorées. Ce sont eux, les experts, ceux à qui nous demandons leur opinion, ceux qui nous fournissent des éclaircissements. Alors, pourquoi les conservateurs ignorent-ils leurs recommandations?
Ce que nous voulons est pourtant simple: que le gouvernement cesse de faire la sourde oreille et qu'il comprenne l'ampleur du problème; et qu'il fasse preuve d'ouverture et qu'il accepte de travailler en collaboration avec les partis d'opposition et les experts.
Pour terminer, si nous sommes ici, c'est que nous travaillons tous dans l'intérêt des Canadiens et des Canadiennes. Ce n'est pas une tâche facile, et nous n'avons pas toutes les réponses.
Cependant, pour que les statistiques de 6 % d'augmentation des crimes sexuels à l'égard des enfants diminuent, pour que les enfants cessent d'être victimes d'actes sexuels et pour que les collectivités aient plus de ressources afin d'agir tant dans la prévention que dans la condamnation des actes répréhensibles, nous demandons d'en faire davantage.
Nous voterons en faveur du projet de loi , mais je désire mettre en avant ma liste de doléances.
J'encourage le gouvernement à arrêter de se mettre la tête dans le sable en pensant que les peines plus sévères règlent les problèmes, car ce n'est pas le cas.
J'incite le gouvernement à donner aux organismes de soutien aux victimes et aux policiers et policières les moyens nécessaires pour qu'ils accomplissent leur mandat correctement face au nombre croissant des plaintes, notamment des pratiques sur Internet.
Je demande au gouvernement d'écouter les avis des experts afin d'améliorer ce projet de loi.
Quelles mesures servent réellement à protéger les personnes les plus vulnérables comme les enfants? Comment et quand ces mesures seront-elles intégrées à leurs politiques?
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Monsieur le Président, je suis ravie de donner des précisions sur ce projet de loi très important. Il est crucial que le Parlement l'adopte le plus rapidement possible.
Le gouvernement a démontré sa volonté très forte de protéger les enfants. En ce qui concerne les activités criminelles comme l'exploitation sexuelle des plus vulnérables de la société, c'est-à-dire les enfants, nous savons que nous ne devons jamais relâcher nos efforts pour mettre fin à ces crimes terribles. Un enfant qui souffre ou qui est exploité, c'est un de trop. En tant que parlementaire et mère de six enfants, je suis persuadée que nous devons en faire davantage pour protéger les enfants contre l'exploitation sexuelle, et je crois fermement que c'est exactement ce que ferait le projet de loi dont la Chambre est saisie aujourd'hui.
J'ai la ferme conviction que les citoyens de l'ensemble du pays porteront attention aux discours d'aujourd'hui, ainsi qu'aux réponses et aux positions de chacun à ce sujet. Je suis convaincue que tous les députés — qu'ils soient des parents, des oncles, des tantes, des grands-parents ou des amis — sont d'avis que nous devons faire en sorte que les personnes qui exploitent sexuellement des enfants soient tenues pleinement responsables de leurs actes. J'espère que tous les députés conviennent que nous devons veiller à ce que les lois permettent à notre système de justice d'imposer des peines appropriées en fonction de la gravité du crime.
Avec le projet de loi , Loi sur le renforcement des peines pour les prédateurs d'enfants, nous avons aujourd'hui l'occasion de poser un geste concret pour protéger nos enfants contre ce type de crime, qui survient encore trop souvent. Comme le montrent les statistiques et comme d'autres l'ont dit plus tôt, les infractions de nature sexuelle contre des enfants ont augmenté de 6 %. Je presse tous les députés d'adopter ce projet de loi sans tarder. Nos enfants sont trop importants, et il n'y a pas une famille canadienne qui n'est pas touchée d'une manière ou d'une autre par ce fléau.
Les agressions sexuelles contre des enfants figurent parmi les pires crimes qui soient. Les torts qu'elles causent sont à peine imaginables. Diverses études ont montré que les victimes en restaient profondément marquées jusqu'à l'âge adulte, voire toute leur vie. J'ajouterais que la famille des victimes en reste marquée elle aussi.
Les enfants de moins de 18 ans comptent pour plus de la moitié des victimes d'agressions sexuelles signalées à la police en 2012. C'est inacceptable. Voilà pourquoi le gouvernement a pris les mesures rigoureuses et énergiques qui se trouvent dans la mesure législative dont la Chambre est saisie. Ce projet de loi renferme une foule de dispositions importantes, dont certaines sont sous la responsabilité du . Je songe entre autres à celles qui s'inspirent directement du titre du projet de loi et qui visent à renforcer les peines infligées à ceux qui seront reconnus coupables d'infractions de nature sexuelle contre des enfants. C'est d'ailleurs tout ce qu'ils méritent: des peines plus sévères.
Le projet de loi obligerait les juges à imposer des peines consécutives aux personnes reconnues coupables d'agression sexuelle contre des enfants lorsque ces dernières ont été reconnues coupables à la fois d'une infraction sexuelle commise contre un enfant et d'une infraction liée à la pornographie juvénile ou encore d'infractions sexuelles commises contre plusieurs enfants. Aux termes de cette mesure législative, les peines maximales et minimales pour les infractions contre des enfants seraient haussées, tout comme les peines maximales pour la violation des conditions d'une ordonnance de surveillance. C'est une bonne initiative, étant donné que les infractions de nature sexuelle contre des enfants ont augmenté de 6 % dans notre merveilleux pays.
Le projet de loi comporte aussi de nombreuses mesures pratiques pour mieux protéger les enfants contre l'exploitation sexuelle, tant au Canada qu'à l'étranger. Le gouvernement parle souvent de la nécessité de fournir aux forces de l'ordre les outils dont elles ont besoin pour assurer la sécurité des citoyens. C'est certainement l'une de mes principales sources de préoccupation, et je suis fière du bilan du gouvernement à cet égard. C'est un bilan sur lequel nous pouvons nous appuyer pour améliorer encore plus la législation.
Aux fins de notre discussion d'aujourd'hui, j'aimerais parler d'un outil en particulier: le Registre national des délinquants sexuels. Ce registre est administré par la GRC et utilisé par des policiers de partout au pays. Il va sans dire que les organismes d'application de la loi doivent savoir où se trouvent les délinquants sexuels inscrits, et c'est là que le registre entre en jeu. En janvier 2015, il y avait approximativement 37 000 délinquants sexuels inscrits au registre. Sur ce nombre, environ 25 000 ont été reconnus coupables d'une infraction sexuelle contre un enfant.
Il ne fait aucun doute que le Registre national des délinquants sexuels est un outil essentiel pour la police étant donné qu'il lui permet d'accéder rapidement à l'information sur les délinquants sexuels qui vivent ou qui travaillent dans une région donnée et qu'il contribue aux enquêtes sur les infractions sexuelles.
Les députés savent que le gouvernement a déjà apporté des améliorations législatives pour renforcer l'efficacité du registre. En 2011, nous avons fait en sorte que les délinquants sexuels reconnus coupables soient automatiquement inscrits au registre et obligés de fournir un échantillon d'ADN aux fins d'inclusion dans la Banque nationale de données génétiques.
Cependant, nous pourrions en faire davantage pour renforcer l'efficacité de cet outil pour les services de police. À cette fin, nous pourrions apporter d'importantes modifications à la loi qui régit le registre, nommément la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels. Comme le savent les députés, cette loi, entrée en vigueur en 2004, autorisait la création d'une base de données recueillant toutes les données sur les délinquants sexuels reconnus coupables au Canada. Cette base de données contient le nom, l'adresse, le lieu de travail et la description physique des délinquants.
J'aimerais maintenant décrire comment les modifications proposées dans le projet de loi dont nous sommes saisis viendraient améliorer l'efficacité du registre, à commencer par le renforcement des obligations en matière de déclaration imposées aux délinquants sexuels.
De toute évidence, les obligations de déclaration sont très importantes, afin que la police dispose de renseignements à jour sur les allées et venues des délinquants sexuels inscrits, y compris lorsqu'ils voyagent à l'étranger. Actuellement, les délinquants sexuels inscrits doivent se présenter, en personne, aux responsables du registre une fois par an et dans les sept jours s'ils changent d'adresse ou de nom. Ils doivent également informer les responsables du registre dans les sept jours s'ils changent d'emploi ou d'activité bénévole, et les informer du type de travail qu'ils accomplissent.
Tous les délinquants sexuels inscrits doivent informer les responsables du registre des dates de leurs voyages dépassant sept jours au Canada ou à l'étranger. Ces obligations de déclaration sont essentielles, tant du point de vue de la reddition de comptes que de la sécurité publique. Toutefois, ces obligations ne vont pas assez loin. Actuellement, ces délinquants sont seulement tenus d'informer les autorités de leurs destinations et adresses lorsqu'ils voyagent au Canada. Il est évident qu'il faut renforcer la reddition de comptes et la déclaration.
Le Canada est l'un des nombreux pays sur la scène internationale qui s'inquiète vivement du tourisme sexuel impliquant des enfants. Notre détermination à protéger les enfants contre les crimes sexuels ne s'arrête pas à notre frontière. Nous sommes déterminés à protéger les enfants partout dans le monde. Voilà pourquoi, dans ce projet de loi, nous prenons des mesures pour renforcer les obligations de déclaration des délinquants sexuels qui voyagent à l'étranger et imposons des obligations encore plus rigoureuses à ceux ayant commis ces crimes contre les enfants.
Les délinquants sexuels inscrits au registre ayant été reconnus coupables d'une infraction sexuelle contre un enfant devraient déclarer, à l'avance, leurs projets de voyage à l'étranger, et ce, peu importe la durée prévue du voyage. Ils devraient aussi signaler les adresses ou les endroits où ils envisagent de séjourner ainsi que les dates précises de leur voyage.
Les obligations de déclaration des délinquants sexuels inscrits au registre et dont les infractions ne visaient pas des enfants seraient différentes.
Ils devraient signaler toute absence de sept jours ou plus, et devraient également fournir les dates du voyage et l'adresse ou l'endroit où ils comptent séjourner. Ils seraient aussi tenus de fournir leurs numéros de passeport et de permis de conduire. Il est important de noter que ces nouvelles obligations de déclaration s'appliqueront aux personnes présentement inscrites au registre ainsi qu'aux personnes reconnues coupables de ces infractions dès l'entrée en vigueur de la loi. Grâce à l'ensemble de ces modifications, les services policiers auront plus de détails sur les déplacements des délinquants sexuels qui voyagent.
L'échange de renseignements est un autre aspect crucial de ce projet de loi. J'aimerais souligner le fait que le projet de loi permettrait aux fonctionnaires responsables du registre et à ceux de l'Agence des services frontaliers du Canada d'échanger de l'information sur certains délinquants sexuels.
Comme les députés l'ont entendu, le cadre législatif actuel ne comporte aucun mécanisme juridique qui régit précisément l'échange de ce type de renseignements. Les lois actuelles permettent de transmettre les renseignements du registre dans certaines circonstances, notamment aux services de police, mais elles n'autorisent pas la divulgation de ces renseignements à l'Agence des services frontaliers du Canada. Cette lacune en matière d'échange de renseignements nous empêche de suivre les déplacements des délinquants sexuels, et cela doit changer.
Comme l'Agence des services frontaliers du Canada est responsable de la gestion de nos frontières, elle devrait faire partie des instances qui reçoivent et fournissent des renseignements permettant de surveiller les déplacements des délinquants sexuels.
Grâce à ce projet de loi, nous allons combler les lacunes en matière de renseignements en habilitant les responsables du registre à communiquer régulièrement de l'information à l'ASFC au sujet des agresseurs sexuels d'enfants qui sont considérés comme présentant un risque élevé de récidive. Le projet de loi permettra également l'échange de renseignements entre la GRC et l'ASFC sur d'autres délinquants sexuels inscrits, en fonction de chaque cas.
Je tiens à signaler que la GRC mettra en oeuvre un processus d'évaluation du risque pour déterminer quels agresseurs d'enfants présentent le risque le plus élevé de récidive. Cette responsabilité sera confiée aux experts des services de police.
À la réception d'une liste de ces délinquants, l'ASFC veillera à ce que les noms des délinquants sexuels soient intégrés à son système de surveillance. Les agents des services frontaliers seront aussi autorisés à recueillir des renseignements sur les déplacements auprès de ces délinquants à leur retour au Canada et à les communiquer aux responsables du Registre national des délinquants sexuels. Ces renseignements comprendront la date de départ du Canada, la date de retour au pays et chacune des adresses ou chacun des endroits où est demeuré le délinquant pendant son séjour à l'étranger.
En améliorant ainsi l'échange de renseignements, nous pourrons atteindre deux objectifs très importants. Premièrement, les autorités seront davantage habilitées à prévenir les crimes de nature sexuelle et à faire enquête sur ceux-ci. Deuxièmement, les autorités seront mieux placées pour prendre les mesures qui s'imposent si un délinquant manque à ses obligations de déclaration.
Il s'agit de changements raisonnables qui relèvent carrément du gros bon sens. Si on entend surveiller de plus près les habitudes de voyage des délinquants sexuels, il va sans dire que les douaniers et les responsables du Registre national des délinquants sexuels doivent pouvoir échanger de l'information.
Le dernier élément du projet de loi nous permettrait de respecter notre engagement envers les Canadiens de protéger les collectivités contre les délinquants sexuels. C'est quelque chose qui tient très à coeur au gouvernement, car les Canadiens veulent et doivent avoir accès aux renseignements qui, selon eux, leur permettraient de protéger leur famille. Ils ont l'impression qu'ils ont besoin de ces renseignements, y compris ceux relatifs aux individus à haut risque qui vivent dans leur milieu. Ces renseignements devraient être mis à la disposition de tous les Canadiens et leur être facilement accessibles. Le projet de loi préparerait le terrain.
La base de données publique proposée — la banque de données concernant les délinquants sexuels à risque élevé — serait distincte du Registre national des délinquants sexuels, qui n'est accessible qu'aux policiers. Tous les Canadiens pourraient effectuer des recherches dans cette nouvelle base de données, qui comprendrait notamment des renseignements sur les agresseurs sexuels d'enfants à haut risque qui ont déjà fait l'objet d'un avis public dans une province ou un territoire. Ces individus seraient donc déjà bien connus de la population.
Le gouvernement estime que c'est tout simplement logique que les Canadiens puissent avoir accès à ces renseignements en quelques clics. Après tout, lorsque les parents savent qu'un agresseur sexuel à haut risque circule dans leur ville, ils peuvent prendre les précautions nécessaires pour protéger leurs enfants.
Je peux assurer aux députés que des consultations sont en cours avec les provinces et les territoires au sujet des avis donnés par la police et de la nouvelle base de données. Nous continuons d'élaborer, en étroite collaboration avec ces partenaires, les critères permettant de déterminer quels agresseurs sexuels d'enfants à haut risque figureront dans la nouvelle base de données publique.
Comme on peut le constater, le gouvernement a bien tracé la voie qui nous permettra de mieux protéger la population contre les auteurs des actes criminels les plus troublants de la société. Je sais de quoi je parle, car j'ai déjà travaillé auprès de nombreuses victimes de la traite des personnes et de nombreux enfants ayant subi des agressions sexuelles.
Ces actes ont des répercussions sur la famille. Il ne s'agit pas seulement de personnes pauvres, d'Autochtones, de jeunes filles qui veulent un petit ami, et quoi d'autre encore. On parle plutôt de prédateurs sexuels qui cherchent des jeunes prépubères pour pouvoir se satisfaire sexuellement.
Le projet de loi comblera beaucoup de lacunes. Il y a manifestement un problème au Canada lorsque le taux d'exploitation et d'agression sexuelle des enfants augmente de 6 %. C'est pourquoi le gouvernement a pris des mesures énergiques pour protéger les enfants. Il fait preuve d'audace et fait tout ce qui est en son pouvoir pour améliorer la communication de l'information et l'échange de renseignements entre les services de police, et pour protéger les enfants contre l'exploitation et les crimes sexuels.
Nous obligerions les délinquants sexuels à rendre davantage des comptes et nous protégerions davantage ceux qui doivent être protégés contre les crimes de nature sexuelle. Je parle de nos enfants.
Je dois dire que je suis très fière de faire partie d'un gouvernement qui a adopté une position très claire sur cette question. Aujourd'hui, il est particulièrement intéressant d'entendre certains des commentaires, car nous, les parlementaires, devons nous montrer très responsables et veiller à ce que les enfants de tout le pays soient protégés contre les prédateurs sexuels. Il est frivole de bloquer toute mesure à cette fin ou de voter contre. Il est certain que ce projet de loi comblerait bien des lacunes. En ce moment même, un grand nombre d'enfants sont en danger en raison de ces lacunes.
J'espère que les parlementaires de tous les partis laisseront de côté leurs préoccupations partisanes. Je sais qu'il y aura bientôt des élections, mais il faut aussi dire que les Canadiens de tout le pays veulent ces mesures. Ils veulent que leurs enfants soient protégés. Ils veulent savoir où habitent les individus qui ont été reconnus coupables d'infractions sexuelles commises contre des enfants.
Nous ne pouvons pas guérir les enfants des séquelles d'une agression sexuelle. Ils apprennent à vivre malgré tout, mais l'agression reste gravée dans leur mémoire. La première chose que les parlementaires doivent faire est de protéger les personnes les plus vulnérables de notre pays.
C'est une question trop importante pour faire de l'ingérence politique. Nous devons écouter le cri du coeur du pays, des parents et des enfants qui tendent la main à la Chambre des communes aujourd'hui et nous devons mettre ces lois en place pour assurer la sécurité des familles.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Les statistiques sont affolantes. Une fille sur trois et un garçon sur six sera agressé sexuellement avant d'avoir 18 ans. Si on fait le calcul, cela veut dire qu'à l'heure où on se parle, le Canada compte 5 millions de filles et 2,8 millions de garçons qui ont été agressés sexuellement. C'est effarant. Ces statistiques devraient inquiéter tout le monde.
Voilà entre autres pourquoi nous allons appuyer le projet de loi , même si, à notre avis, il ne pas va assez loin. Je m'explique. Environ 95 % des enfants agressés sexuellement connaissent leur agresseur de près ou de loin, si on en croit les données produites par la commission Badgley, dans les années 1980. Qui plus est, 68 % de ces enfants sont agressés par un membre de leur famille, comme leur beau-père, leur père ou un de leurs oncles. Ces statistiques nous montrent qu'il s'agit d'un problème beaucoup plus complexe qu'on ne le pense.
J'ai moi-même une fille de 10 ans, et ma femme et moi en attendons une autre, qui devrait voir le jour en juin. Ces statistiques inquiètent le père que je suis. J'y pense sans cesse, et je me demande toujours si, un de ces jours, ma fille ne connaîtra pas le même sort.
Les néo-démocrates n'ont aucune tolérance à l'égard de l'exploitation sexuelle des enfants. Je m'attendrais à ce que cette politique de tolérance zéro n'implique pas que l'on s'occupe des prédateurs seulement après qu'ils aient exploité sexuellement un enfant, car c'est effectivement ce que propose le projet de loi. Toutes les mesures proposées dans le projet de loi seraient prises lorsque l'exploitation sexuelle a déjà eu lieu. En tant que père, je souhaiterais que, au Canada, on puisse prendre des mesures préventives avant qu'un enfant soit victime d'exploitation sexuelle.
Il n'y a rien dans le projet de loi qui permettra de prévenir l'exploitation sexuelle d'un enfant. Je vais expliquer pourquoi. C'est parce que, lorsque la police jette un prédateur en prison, l'enfant a déjà été exploité sexuellement. Quand le nom d'un délinquant est inscrit dans la base de données, c'est qu'il a déjà exploité sexuellement un enfant. L'exploitation sexuelle a déjà eu lieu.
Que ma collègue écoute ou non ce que j'ai à dire à ce sujet, j'aimerais faire valoir que nous devons trouver la solution pour contrer l'exploitation sexuelle avant qu'elle se produise. Nous devons nous attaquer à ce problème auquel notre pays doit faire face.
Cela étant dit, nous sommes d'accord avec les mesures qui visent à éloigner de la société les prédateurs sexuels d'enfants, afin de protéger les jeunes auxquels ils pourraient s'attaquer. En fait, pendant les débats entourant le projet de loi , nous avons même dit au leader à la Chambre et au ministre responsable que nous étions prêts à extraire de la mesure omnibus toutes les dispositions portant sur les prédateurs sexuels d'enfants et à les faire adopter par la Chambre sur-le-champ, pour qu'elles entrent en vigueur rapidement. Malheureusement, les ministériels ont refusé notre proposition. Nous avions fait cette proposition parce qu'il nous semblait urgent d'agir dans ce dossier. Nous sommes d'accord avec l'idée d'éloigner ces prédateurs de la société pour mettre fin à leurs agressions.
Il faut toutefois commencer à envisager des gestes concrets et prévoir un financement solide, car il faudra plus que des discours énergiques pour résoudre ce problème. Nous devrons aussi garder l'esprit ouvert pendant nos discussions, puisque les abus sexuels à l'endroit d'enfants constituent un problème complexe, pour lequel il n'existe pas de solution simple.
Les statistiques mentionnées au début de mon discours devraient faire réfléchir les députés. Quand la personne qui commet les abus est un membre de la famille, par exemple le père ou le beau-père, l'enfant hésite souvent à en parler. Il essaie à la fois de protéger sa famille et de se protéger, une expérience très déroutante.
Voici ce qu'a déclaré un institut des États-Unis, le Child Molestation Research & Prevention:
Les professionnels, c'est-à-dire les médecins et les thérapeutes, ne peuvent pas mettre fin aux abus sexuels, la police et les tribunaux non plus. Pourquoi? Parce qu'ils arrivent trop tard, une fois que l'enfant a déjà été agressé sexuellement.
Nous devrions donc nous poser la question suivante: comment pouvons-nous empêcher les enfants d'être victimes d'abus sexuel? Nous devons avoir des discussions franches à ce sujet. La députée d'en face a parlé de sensibilisation. Dans le cadre des efforts de sensibilisation, il faut notamment apprendre aux familles comment parler de ce problème. Il ne faudrait pas prétendre que les prédateurs sont toujours des étrangers qui s'infiltrent dans les familles pour agresser leurs enfants. Souvent, les agresseurs font déjà partie de la famille des enfants qui sont leurs victimes. Nous devons donc disposer des outils nécessaires pour avoir des discussions franches sur des questions relatives à l'abus sexuel et au consentement. Comme je l'ai dit, dans 95 % des cas, les enfants agressés sexuellement connaissent leur agresseur, et dans 68 % des cas, il s'agit d'un membre de leur famille.
Emprisonner des agresseurs d'enfants ne sera jamais une bonne solution pour aider nos enfants parce que, pour incarcérer ces criminels, il faut d'abord qu'un enfant ait été agressé. Je cite ici de nouveau le Child Molestation Research & Prevention Institute. C'est la même chose pour les traitements. Les personnes qui en bénéficient ont souvent déjà agressé des enfants.
La députée d'en face a également dit que l'idée que nous nous faisons des prédateurs sexuels d'enfants n'est pas toujours exacte. Ils ne se limitent pas à un seul groupe ethnique ou à une seule classe sociale. Une étude a été menée à ce sujet. Il s'agit de l'étude Abel et Harlow sur la prévention d'agressions sexuelles contre des enfants. Les auteurs de l'étude se sont penchés sur le cas de 4 000 hommes, âgés de 18 à 20 ans, qui ont admis avoir agressé sexuellement des enfants. Ils ont découvert les statistiques suivantes: 77 % de ces hommes étaient mariés; 93 % étaient religieux, des croyants; 46 % avaient obtenu une éducation supérieure; et 65 % avaient un emploi régulier. Après avoir entendu ces statistiques, peut-on dire à quoi ressemble un prédateur sexuel d'enfants? Physiquement, il pourrait ressembler à un grand nombre de députés à la Chambre. Il n'a pas l'apparence externe que nous imaginions.
Ils ont l'air d'hommes normaux à l'extérieur, mais, à l'intérieur, ils souffrent d'un trouble appelé pédophilie dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. La pédophilie est un trouble mental terrible. Nous ne discutons pas assez du traitement de ce trouble. Souvent, la pédophilie est diagnostiquée à l'adolescence. Des signes apparaissent et ces derniers peuvent être des signaux. Si nous les décelions suffisamment tôt, nous pourrions éviter les abus sexuels. Si nous pouvions déceler les signes de ce trouble à l'adolescence, nous pourrions nous attaquer à la racine du problème.
Nous devons nous attaquer à la racine du problème, parce que nous pourrions empêcher que ces hommes, et parfois ces femmes, ne commettent des abus sexuels. Nous devons nous concentrer sur la cause. Nous devons élaborer un plan de prévention des abus sexuels.
Le projet de loi C-26 propose d'excellentes mesures à prendre pour punir ceux ayant abusé d'un enfant. Nous les mettrions en prison et nous inscririons leur nom dans une base de données. Nous devons toutefois prendre des mesures pour trouver un moyen d'éviter que des enfants soient abusés en premier lieu.
Pour y parvenir, nous devons avoir une discussion franche. Nous devons arrêter de dire que ce sont de parfaits étrangers qui abusent des enfants. Nous connaissons les statistiques. Beaucoup d'études ont été réalisées. Nous devons vraiment affecter les ressources à la racine du problème et commencer à avoir des discussions franches avec notre famille et nos voisins sur les racines des abus sexuels.
Nous devons commencer à nous attaquer à la racine du problème, afin que les sept millions d'enfants du Canada, la prochaine génération, comme je l'ai dit, subissent moins d'abus et que nous puissions, je l'espère, éradiquer ce problème de notre société.