Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole aujourd'hui pour entamer la troisième lecture du projet de loi , Loi sur la sécurité et l’imputabilité en matière ferroviaire, qui cherche à modifier tant la Loi sur les transports au Canada que la Loi sur la sécurité ferroviaire.
À titre de secrétaire parlementaire de la ministre des Transports, j'ai le grand privilège de siéger au Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités et d'avoir pu participer à l'étude de cette mesure législative de la plus haute importance.
Avant d'aborder les points importants qui ont été soulevés en comité, j'aimerais prendre quelques minutes pour rappeler à tous les députés les éléments importants de ce projet de loi, à commencer par les importantes modifications à la Loi sur les transports au Canada.
Comme l'a indiqué la au comité, le déraillement tragique survenu à Lac-Mégantic nous a montré qu'il nous fallait renforcer notre régime de responsabilité et d’indemnisation du secteur ferroviaire. La société Montreal, Maine and Atlantic Railway n'avait que 25 millions de dollars d'assurance de responsabilité civile, que nous savons maintenant être insuffisante pour couvrir l'étendue incroyable des dommages et des pertes de vie et de biens subis ce soir-là.
Grâce au projet de loi, les sociétés ferroviaires seraient tenues de souscrire à un niveau minimal d'assurance responsabilité établi en fonction du type et du volume de marchandises dangereuses qu'elles transportent. Ces niveaux varieraient de 25 millions de dollars, pour les lignes ferroviaires sur courtes distances qui transportent une quantité modérée, voire nulle, de marchandises dangereuses, à 1 milliard de dollars, pour les sociétés ferroviaires qui transportent d'importantes quantités de marchandises dangereuses, dont le CN et le CP.
Ces exigences obligatoires en matière d'assurance ont été établies en fonction d'une analyse des coûts historiques des accidents, une analyse qui tenait compte de la gravité des accidents précédents impliquant certaines marchandises. Ces exigences garantiraient que l'assurance responsabilité de la société ferroviaire rend compte des risques associés à ses opérations.
Il a été déterminé que ces niveaux d'assurance seraient adéquats pour couvrir les coûts de la grande majorité des accidents potentiels et, bien qu'un scénario de l'envergure de la tragédie de Lac-Mégantic soit extrêmement rare, nous voulons nous assurer que tous les coûts d'un tel scénario seraient recouverts.
C'est la raison pour laquelle on créerait un fonds supplémentaire financé par les expéditeurs. Dans les cas d'accidents liés au transport de pétrole brut ou de toute autre marchandise ajoutée par règlement, ce fonds fournirait une indemnisation qui s'ajouterait à l'assurance responsabilité de la société ferroviaire.
Si des accidents ferroviaires liés au transport de pétrole brut survenaient, les sociétés ferroviaires en seraient automatiquement tenues responsables, jusqu'à leur niveau d'assurance responsabilité, sans qu'il soit nécessaire de prouver qu'il y a eu faute ou négligence. Et cela se produirait immédiatement.
Le projet de loi les rendrait responsables de tous les dommages, soit les dommages causés aux gens, à la propriété et à l'environnement, sous réserve de certains moyens de défense. Par exemple, une compagnie de chemin de fer ne serait pas tenue responsable si l’accident résulte d’un acte de guerre, d’hostilités, ou d’une insurrection, comme un acte terroriste, parce que de telles circonstances échappent à son contrôle. Si les coûts de l'accident dépassent la couverture d'assurance minimale obligatoire, le fonds d'indemnisation supplémentaire couvrira la partie restante.
Pour ce qui est du fonds d'indemnisation supplémentaire, nous avons défini le pétrole brut de façon large pour tenir compte du fait que tous les types de pétrole brut sont susceptibles de causer de graves dommages. Même un pétrole brut moins volatile peut avoir de graves impacts sur l'environnement et nécessiter des mesures d'assainissement très coûteuses en cas de déversement.
Le fonds proposé sera financé au moyen d'une contribution imposée aux expéditeurs, à raison de 1,65 $ par tonne de pétrole brut transporté par des compagnies de chemin de fer sous réglementation fédérale. La contribution sera indexée à l'inflation. L'objectif est de capitaliser le fond à hauteur de 250 millions de dollars, un montant qui fournirait une protection supplémentaire considérable en cas de déversement de pétrole brut dont les dommages dépassent les niveaux d'assurance. Selon des projections conservatrices de la croissance du transport de pétrole par chemin de fer au cours des prochaines années, il a été déterminé qu'avec une contribution de 1,65 $ par tonne de pétrole, l'objectif serait atteint en cinq ans environ.
Cela étant dit, il est important de souligner qu'à l'heure actuelle, la capitalisation de 250 millions de dollars est un objectif et non un plafond, ce qui permettra au d'interrompre ou d'imposer à nouveau la contribution au besoin.
Autrement dit, il est possible que la contribution soit perçue pendant plus de cinq ans si la croissance du transport de pétrole par chemin de fer s'avère plus lente que prévu. Par ailleurs, le fonds pourrait être capitalisé à un montant différent si on le juge approprié.
Je tiens à le dire clairement. La caisse servira à payer tous les coûts qui excéderont l’assurance contractée par la compagnie de chemin de fer et n’aura pas de limite. Dans le cas peu probable où les dommages résultant d’un accident mettant en cause du pétrole brut excèdent les limites de l’assurance contractée par la compagnie de chemin de fer et les fonds dans la caisse, le Trésor avancera les sommes à la caisse, et la contribution servira à lui rembourser ces sommes.
Le projet de loi propose des modifications à la Loi sur la sécurité ferroviaire en vue de renforcer davantage la surveillance du régime de sécurité ferroviaire au Canada dans certains domaines. En voici quelques-unes: premièrement, un nouveau pouvoir pour le qui l'autorise à ordonner à une compagnie d’apporter les mesures correctives s'il estime que la mise en oeuvre de son système de gestion de la sécurité risque de compromettre la sécurité ferroviaire; deuxièmement, un nouveau pouvoir pour réglementer la transmission à toute personne, par toute personne autre que le ministère, de renseignements, de dossiers et de documents — par exemple, d’une compagnie de chemin de fer à une municipalité —; troisièmement, l’élargissement des pouvoirs des inspecteurs de la sécurité ferroviaire pour intervenir de manière plus efficace auprès d’une personne ou d’une entité, y compris auprès des compagnies, des autorités responsables du service de voirie et des municipalités, pour atténuer les risques pour la sécurité; quatrièmement, un pouvoir plus vaste pour le ministre des Transports en vue d’ordonner à une compagnie, à une autorité responsable du service de voirie ou à une municipalité de cesser toute activité qui peut constituer une menace à la sécurité ferroviaire et de suivre les procédures ou de prendre les mesures correctives qu'il indique; et, cinquièmement, un régime pour le remboursement des dépenses engagées par les provinces et les municipalités lors d’une intervention à l’égard d’un incendie qui est le résultat de l’exploitation d’un chemin de fer par une compagnie.
La stratégie de prévention de Transports Canada consiste, entre autres choses, à faire en sorte que le ministère possède un régime de surveillance efficace, qui permet de s'assurer que l'industrie respecte les différentes règles qui la régissent et de prendre des mesures en cas de risque.
Transports Canada examine et surveille constamment ses niveaux de ressources afin d'ajuster et de réaffecter ses ressources, au besoin. Il peut ainsi régler les problèmes dès qu'ils se présentent, suivre les tendances et gérer les situations qui comportent des risques élevés.
Transports Canada a déjà amélioré la sécurité ferroviaire au Canada en adoptant de nouveaux règlements ou en modifiant des règlements en vigueur, comme le Règlement sur les passages à niveau; le Règlement sur les certificats d'exploitation de chemin de fer; le Règlement de 2015 sur le système de gestion de la sécurité ferroviaire; le Règlement sur les renseignements relatifs au transport et le Règlement sur les sanctions administratives pécuniaires relatives à la sécurité ferroviaire.
J'aimerais revenir sur l'examen du projet de loi à l'étape du comité.
L'examen du projet de loi a donné aux députés qui siègent au comité la possibilité d'étudier en détail le libellé du projet de loi ainsi que l'esprit et les objectifs de celui-ci. Des questions précises ont été soulevées, et la a fourni des précisions importantes qu'il vaut la peine de répéter aujourd'hui.
Tout d'abord, la ministre a garanti aux membres du comité que la mise en place de ces nouveaux pouvoirs et de ces nouvelles exigences ne nécessiterait pas de ressources financières supplémentaires. Le budget de fonctionnement du ministère a été évalué et on prévoit que les ressources prévues seront suffisantes pour mener à bien tous les projets et atteindre les objectifs. Toutefois, s'il s'avère que des sommes additionnelles doivent être affectées à ces projets, le gouvernement a toujours la possibilité de réaffecter des ressources ou de demander des fonds additionnels dans le Budget supplémentaire des dépenses.
Deuxièmement, en ce qui concerne le fonds supplémentaire financé par les expéditeurs, la ministre a apporté un certain nombre de précisions importantes. Aux termes du projet de loi , il est proposé que le fonds offre une couverture supplémentaire importante en cas d'accident lié au pétrole brut. Le fonds couvrirait les dommages qui dépassent le niveau minimal d'assurance de la compagnie de chemin de fer. Pour financer le fonds, le gouvernement compte imposer une contribution de 1,65 $ par tonne de pétrole brut transporté par une compagnie de chemin de fer de compétence fédérale. La formule utilisée pour établir le montant de la contribution serait basée sur une estimation moyenne de la croissance du volume prévu de pétrole transporté par chemin de fer. Le fonds supplémentaire financé par les expéditeurs ne pourra s'appliquer rétroactivement aux accidents qui surviendront avant l'entrée en vigueur de la loi.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, le projet de fonds supplémentaire financé par les expéditeurs ne sera pas plafonné. Par conséquent, les demandes d'indemnisation au titre du fonds ne seraient pas limitées. Le fonds serait capitalisé à 250 millions de dollars. Toutefois, le projet de loi permettrait à la de suspendre ou de rétablir la contribution, au besoin. Ainsi, le fonds serait suffisamment élevé pour payer les dommages qui excèdent les niveaux d'assurance des compagnies de chemin de fer, sans immobiliser inutilement les capitaux excédentaires.
Le gouvernement s'est inspiré de la Caisse d'indemnisation des dommages dus à la pollution par les hydrocarbures causée par les navires dans le domaine maritime pour créer ce fonds d'indemnisation. Les contributions à ce fonds ont été suspendues lorsque celui-ci a été capitalisé. Le fonds a augmenté grâce aux intérêts des 40 dernières années sans qu'on n'ait eu à imposer d'autres contributions. Pour l'instant, le fonds d'indemnisation supplémentaire couvrira les incidents impliquant du pétrole brut.
Toutefois, le projet de loi prévoit le pouvoir réglementaire d'inclure d'autres types de marchandises dangereuses ultérieurement. De plus, le projet de loi prévoit l'octroi d'un prêt prélevé du Trésor si les ressources dans le fonds sont épuisées. Ce prêt serait assujetti à des modalités établies par le et serait remboursé par l'entremise de contributions versées par les expéditeurs.
Par ailleurs, ce projet de loi inclut le pouvoir d'exiger une contribution spéciale des sociétés ferroviaires pour aider à rembourser le prêt provenant du Trésor afin de veiller à ce que la responsabilité continue d'être partagée de façon appropriée en cas d'accident catastrophique. Le fonds serait complémentaire à la couverture d'assurance-responsabilité minimale proposée pour les sociétés ferroviaires qui transportent des marchandises dangereuses.
Le régime renforcé de responsabilité et d'indemnisation que propose le projet de loi s'arrime au régime modernisé de responsabilité et d'indemnisation à l'égard des pipelines qui fait l'objet du projet de loi ainsi qu'au régime applicable aux hydrocarbures extracôtiers traité dans le projet de loi , qui a reçu la sanction royale le 26 février dernier. Il comprend par ailleurs une disposition garantissant que le régime ferroviaire renforcé n'empêchera pas les autres régimes, y compris ceux qui, dans l'avenir, imposeraient un plafond de responsabilité plus élevé, de s'appliquer aux accidents ferroviaires.
Rappelons par ailleurs les précisions que la a fournies au comité à propos du paragraphe 152.7 (1) du projet de loi, selon lequel seule une société ferroviaire qui est impliquée dans un déversement de pétrole brut attribuable à l'exploitation d'un chemin de fer, par exemple s'il est survenu au cours du déplacement d'un train ou lorsque la société assumait la responsabilité de la voie ferrée ou d'un wagon, peut en être tenue responsable sans égard à la faute ou à la négligence.
Les termes « exploitation » et « chemin de fer » sont définis à l'article 87 de la Loi sur les transports au Canada. Or, il s'agit de définitions sur le plan physique et non commercial. Par conséquent, le transporteur qui propose un tarif de bout en bout ou qui fait une interconnexion avec une société ferroviaire qui se retrouve impliquée dans un accident ne sera pas, lui, mis en cause. La ministre a clairement affirmé au comité sa conviction que le renforcement du régime de responsabilité et d'indemnisation à l'égard des chemins de fer nous permettra de « nous assurer que le pollueur paye et que les contribuables ne se retrouvent pas avec la facture ».
La ministre a confirmé aux membres du comité que, en cas d'accident mettant en cause du pétrole brut causé par un attentat terroriste, la société ferroviaire ne serait pas tenue automatiquement responsable en vertu du projet de loi.
Enfin, les membres du comité ont discuté de la définition compliquée de l'expression « science de la fatigue » qui se trouve actuellement dans la Loi sur la sécurité ferroviaire. Comme l'a dit la ministre, il s'agit simplement de la définition d'une expression; elle n'impose aucune exigence en matière de mise en oeuvre aux sociétés ferroviaires. Le fait que l'expression était déjà définie restreignait la capacité du ministère de mettre en application la loi. Les modifications apportées à la loi visent à enlever cette définition et à permettre plutôt l'application du Règlement de 2015 sur le système de gestion de la sécurité ferroviaire. On pourra ainsi veiller à ce que le système de gestion de la sécurité d'une société ferroviaire comprenne des mécanismes permettant de tenir compte des principes la science de la fatigue au moment de fixer l'horaire de travail de certains employés.
À la suite du déraillement survenu à Lac-Mégantic, du discours du Trône de 2013 et du rapport du vérificateur général publié à l'automne de 2013, le gouvernement a proposé ces modifications pour renforcer la sécurité ferroviaire au Canada et pour accroître la responsabilité de l'industrie. Dans le cadre de ce processus, il était essentiel de consulter les intervenants, en particulier au sujet de la responsabilité et de l'indemnisation, pour aboutir aux mesures qui sont prévues dans le projet de loi à l'étude aujourd'hui. Nous sommes reconnaissants aux intervenants de leur collaboration, de leur soutien et de leur engagement en vue d'améliorer la sécurité du réseau ferroviaire.
J'exhorte tous les députés à voter en faveur du projet de loi , afin qu'il puisse être renvoyé à l'autre endroit le plus rapidement possible.
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Monsieur le Président, je me lève avec plaisir aujourd'hui pour parler du projet de loi à l'étape de la troisième lecture.
En tant que porte-parole du NPD en matière de transport et en tant que vice-président du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités, j'ai trouvé très intéressant d'étudier ce projet de loi.
J'abonde dans le même sens que le député libéral qui, dans sa question, disait qu'il manquait de consultation et peut-être d'étude. Effectivement, cette période d'étude a été relativement courte pour un projet de loi si important.
Je vais être clair. Le NPD va appuyer ce projet de loi. Nous pensons que le principe de pollueur-payeur est important. Il est clair que c'est après la tragédie de Lac-Mégantic que nous avons vu le gouvernement agir enfin en matière de sécurité ferroviaire. Pour qu'il agisse, il aura malheureusement fallu une tragédie, qui aura coûté la vie à 47 personnes et coûté des millions de dollars en dégâts et gâché d'autres vies.
C'est malheureux que le gouvernement actuel et le gouvernement libéral antérieur aient laissé de côté la sécurité ferroviaire, le principe même de notre système ferroviaire, depuis la privatisation des libéraux. Le problème est survenu lorsqu'ils ont privatisé tout cela. Ils ont aussi laissé toute la réglementation, et même l'inspection, aux compagnies ferroviaires. Nous le disons souvent, le système qui a été mis en place en est un d'autoréglementation, et chacune d'entre elles fait sa propre évaluation et sa propre inspection. C'est très clair.
Ce projet de loi comporte effectivement des éléments importants. Je l'ai dit dès le départ, nous sommes d'accord sur le principe de pollueur-payeur. C'est clair qu'il ne revient pas à la population de payer les dégâts causés par l'industrie.
Dans le cas de l'accident de Lac-Mégantic, MMA n'avait qu'une couverture d'assurance de 25 millions de dollars. Lorsque j'ai questionné la ministre et les agents de Transports Canada sur les coûts, je n'ai pas pu obtenir de chiffres concrets, car les chiffres varient. Il semble que 400 millions de dollars aient déjà été dépensés pour réparer les dégâts causés. Toutefois, cela pourrait atteindre des milliards de dollars. Ce sont des sommes énormes.
Malheureusement, ce sont les gouvernements qui doivent payer, puisque MMA a fait faillite. Les gouvernements, tant fédéral que provincial, au Québec, ont donc dû investir de l'argent pour réparer les dégâts qui ont été causés. Quand je parle des dégâts, je parle aussi de ceux que le gouvernement conservateur a causés justement en laissant faire cette autoréglementation, alors que le transport de pétrole brut sur rail a augmenté de façon exponentielle.
Quant à la question du budget, nous constatons qu'il y a des lacunes, et cela a été soulevé plusieurs fois. Le gouvernement dit agir. Par contre, il y a des compressions budgétaires.
Examinons seulement le bureau responsable de la sécurité ferroviaire, ceux qui s'occupent spécifiquement de mettre le système en application et de veiller à ce qu'il soit sécuritaire. Nous constatons qu'il y a eu des compressions d'environ 20 % de 2010 à 2015. Ces 20 % visaient ceux qui s'occupent de la sécurité ferroviaire et qui veillent à la sécurité des Canadiens. Cela démontre que le gouvernement n'a pas les priorités à la bonne place.
Par ailleurs, nous sommes d'accord sur le fait qu'il doit y avoir des seuils minimaux de responsabilité. Encore une fois, nous déplorons que cela n'ait pas été le cas plus tôt et qu'une compagnie comme MMA, pour ce qui est de Lac-Mégantic, n'ait eu qu'une couverture d'assurance de 25 millions de dollars.
Bien sûr, ce projet de loi est un pas dans la bonne direction. Nous y trouvons des catégories diverses pour plusieurs compagnies ferroviaires. Selon le volume de produits dangereux qui transitent sur leurs rails, ces compagnies devront avoir un seuil minimal d'assurance.
Par contre, j'ai posé une question au secrétaire parlementaire concernant les calculs. Nous avons essayé de savoir si la somme calculée est suffisante, et je donne l'exemple des compagnies de chemins de fer de catégorie 1 comme le CN et le CP entre autres, qui ont une assurance minimale de 1 milliard de dollars, et nous avons appris, par l'entremise des nouvelles ou d'autres études, que ces compagnies avaient probablement déjà des assurances qui dépassaient 1 milliard de dollars.
En fin de compte, on a réduit le seuil de couverture d'assurance des compagnies, alors que ce projet de loi vise à l'augmenter.
Malheureusement, comme le secrétaire parlementaire l'a mentionné, lorsque nous avons posé des questions en comité, on nous a dit que ces informations étaient la propriété des compagnies de chemin de fer. Toutefois, le gouvernement a ce pouvoir. Ce sont les conservateurs qui ont mené l'étude concernant ce seuil, et encore une fois, ils manquent de transparence. C'est déplorable.
Le secrétaire parlementaire a parlé des pouvoirs supplémentaires accordés aux inspecteurs et à la ministre dans le cas où des rails ne seraient pas sécuritaires. Cela me fait déjà penser à ce qui s'est passé dans le Nord de l'Ontario, à Gogama, où il y a eu d'autres déraillements. Ceux-ci sont survenus malgré les événements de Lac-Mégantic et le soulèvement de la population concernant les dangers reliés au transport de matières dangereuses sur rail. Je pense que tous les Canadiens qui ont vu les photos, comme moi, sont bouleversés de savoir que ces déraillements se produisent encore aujourd'hui. Il y a encore des explosions de wagons qui transportent du pétrole brut.
Le secrétaire parlementaire nous a dit que le gouvernement a introduit de nouvelles normes pour les wagons DOT-111, qui seront éventuellement remplacés. Cependant, le remplacement total se fera seulement dans 10 ans. Ces wagons continueront donc de rouler sur nos rails pendant les 10 prochaines années, alors que même le Bureau de la sécurité des transports les a qualifiés de dangereux ou de non sécuritaires. Le BST a dit que ces wagons agissaient de la même façon que les vieux wagons DOT-111 qui, eux, ont explosé à Lac-Mégantic.
Cette inquiétude doit donc être considérée. Je demande au gouvernement d'élaborer un échéancier et de faire preuve de plus de leadership pour protéger la population.
Par ailleurs, il est question des inspecteurs et de l'auto-inspection. Le système qui a été mis en place et qui est appuyé par les libéraux, d'ailleurs, consiste à laisser les compagnies faire leur propre inspection, avant de les soumettre éventuellement, peut-être, à une inspection de Transports Canada.
Le vérificateur général a été très cinglant dans son rapport concernant la sécurité ferroviaire. Il a dit que les inspecteurs qui assurent la sûreté du système n'ont pas rempli leurs obligations et qu'ils ne font que consulter les plans des compagnies ferroviaires, sans s'assurer de leur efficacité en ce qui a trait à la protection de l'environnement et de la population. C'est une lacune.
Une autre lacune qui existe depuis longtemps concerne les inspecteurs. Prenons l'exemple des déraillements qui ont eu lieu à Gogama et qui ont causé des explosions. Selon le rapport préliminaire du BST, l'état des rails était sûrement en cause. Lorsqu'on lui parle des inspecteurs, le gouvernement répond que les compagnies font elles-mêmes leurs inspections et qu'il s'attend à ce qu'elles inspectent adéquatement leurs rails. Or cette auto-inspection relève du laisser-aller.
Avant les événements de Lac-Mégantic, en 2013, il y avait 116 inspecteurs ferroviaires à Transports Canada. Dernièrement, après les événements de Lac-Mégantic, il y en avait 117. On n'a donc ajouté qu'un seul inspecteur. Il semble qu'on ait engagé d'autres inspecteurs, mais il n'est pas écrit noir sur blanc qu'ils s'occupent de la sécurité ferroviaire.
Ce qui est certain, c'est que tous les travailleurs et les syndicats de ce domaine conviennent qu'il y a un problème d'inspection. Même les compagnies ferroviaires, ainsi que l'Association des chemins de fer du Canada, rapportent le même problème. Il est donc évident qu'il existe.
Quant à lui, le gouvernement aborde le problème en faisant des compressions budgétaires. Ce n'est pas cohérent.
Comment le gouvernement peut-il dire que la sécurité de la population lui tient à coeur alors qu'il coupe dans les budgets de ceux qui s'occupent de l'inspection et qui s'assurent que les lois sont mises en place et que les compagnies les respectent, en plus de s'assurer que les chemins de fer sont sécuritaires? C'est déplorable.
En ce qui a trait au principe du pollueur-payeur, je dois saluer le fait qu'un fonds d'indemnisation est prévu au projet de loi. Malheureusement, comme l'a mentionné mon collègue du NPD dans sa question, ce fonds ne touche que les cas d'accident ou de catastrophe impliquant du pétrole brut.
Une question a été soulevée par la Fédération canadienne des municipalités, par l'Association canadienne des chefs de pompiers et par plusieurs intervenants qui ont témoigné devant le comité. Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas décidé d'y inclure d'autres produits dangereux? La question a été posée aux conservateurs aujourd'hui. Ils ont répondu qu'ils étudiaient la question et qu'ils verraient. Un autre accident comme celui de Lac-Mégantic doit-il se produire avant que nous réalisions qu'il faut agir? C'est important de soulever cette question. Ce n'est pas nécessairement de la démagogie. En fait, le gouvernement a agi après la tragédie de Lac-Mégantic. Le gouvernement confirme d'ailleurs que le projet de loi découle de ladite tragédie. Pourquoi ne pas avoir également instauré un fonds d'indemnisation pour d'autres matériaux dangereux, puisqu'il s'agit d'une inquiétude et que les municipalités et les premiers répondants le demandent?
Revenons aux pompiers. Une question concernant la formation a été soulevée par l'Association canadienne des chefs de pompiers, question que nous avions aussi mise en avant. Oui, l'objectif est de prévenir tout accident. Or la prévention passe par les inspections. Comme on le sait, le gouvernement est fautif à cet égard. Que faut-il faire pour prévenir un accident, ou du moins pour réagir rapidement lorsqu'il survient? Comment peut-on s'assurer que les premiers répondants sont bien formés et qu'ils possèdent les ressources nécessaires?
Malheureusement, le projet de loi ne contient rien à ce sujet. Voici ce qui a été proposé par les pompiers, entre autres: puisqu'un fonds est déjà mis en place — encore une fois, je parle du fonds provenant des frais que l'on prend aux compagnies pétrolières —, pourquoi ne pas l'utiliser pour payer la formation pour s'assurer que les premiers répondants, les pompiers et ceux qui doivent intervenir en cas d'urgence, suivent les formations nécessaires?
Le problème a été soulevé, et il s'agit d'un problème criant, surtout parce qu'on transporte de plus en plus de matières dangereuses sur nos rails. De plus, d'après l'accident de Lac-Mégantic et ce qui se passe aux États-Unis, entre autres, les produits sont de plus en plus dangereux, et il manque de plus en plus d'information sur les produits. C'était clairement le cas à Lac-Mégantic. On a sous-estimé la dangerosité du produit qui circulait.
Les législateurs ou ceux qui mettent en place les règlements ne sont pas assez bien informés. Qu'en est-il de ceux qui doivent intervenir en cas d'urgence? Ce que nous demandons est simple. Nous demandons qu'un fonds soit accordé à la formation des premiers intervenants, soit les pompiers et les ambulanciers. Comment intervenir dans cette situation? L'accident de Lac-Mégantic nous a ouvert les yeux.
Le projet de loi aurait pu aller en ce sens, mais ce n'est malheureusement pas le cas. Il y a donc encore du travail à faire. Comme je l'ai dit, le NPD appuiera le projet de loi et espère qu'il sera adopté rapidement. Toutefois, il y a encore beaucoup de travail à faire.
En comité, un amendement n'a pas été adopté. Il concernait la fatigue, ou ce que l'on appelle la gestion de la fatigue.
[Traduction]
Le projet de loi abroge un article. Il abroge la définition de gestion de la fatigue mais nous ne comprenons pas pourquoi. Pour qu'on me comprenne bien, la définition dit en gros que la gestion de la fatigue doit être fondée sur des données scientifiques. Or, dans le projet de loi, on abroge cette définition.
J'ai posé la question à la ministre et aux hauts fonctionnaires mais je n'ai pas obtenu de réponse satisfaisante. Je pense que nous voulons nous assurer d'avoir une base, or, cette base était la définition de « gestion de la fatigue », établie par la science de la fatigue. Elle avait une base scientifique, mais malheureusement, elle a été supprimée.
[Français]
Nous devrons examiner la réglementation par la suite. Malheureusement, selon nous, la démarche allait dans la mauvaise direction.
Nous n'avions pas anticipé une autre conséquence dont les témoins nous ont parlé en comité. Il s'agit du fait que certaines compagnies ne font pas le même genre de transport pour les matériaux dangereux. En fait, des compagnies transfèrent le pétrole ou les produits à certains endroits. Ces compagnies ne circulent donc pas de la même façon et elles n'ont pas les mêmes problèmes. On a soulevé cette inquiétude et j'ai posé des questions à ce sujet. On m'a indiqué que sur le plan de la réglementation, il sera possible de traiter ces cas. C'était une question que je me posais clairement et ouvertement, et nous allons donc maintenant devoir faire un suivi. Il faudra déterminer comment seront traiter les compagnies qui ne courent pas le même risque, mais qui font circuler ce qu'on appelle par définition des produits dangereux. Nous avons entendu que les coûts pouvaient être assez importants pour ces petites compagnies. Nous parlons en fait de plus petites compagnies qui n'ont peut-être pas la même possibilité de payer ces assurances. En tant que législateurs, il faut faire confiance à Transports Canada et à tous ses fonctionnaires pour qu'ils prennent cela en considération. Nous allons suivre ce dossier de près.
Nous avons une autre déception et elle a déjà été soulevée. Il s'agit du fait que l'environnement soit mis en arrière-plan. Certaines priorités ont été définies dans le projet de loi. Nous sommes d'accord qu'il faut à tout prix payer et aider les municipalités ou les individus qui ont été victimes d'un accident. C'est clair qu'il faut les indemniser. Par contre, le contenu du projet de loi fait en sorte que les répercussions environnementales à long terme passent au second plan. La demande ne peut pas nécessairement venir d'un individu qui dit qu'il ne peut plus jouir de telle ressource naturelle à long terme, une rivière par exemple, et que ses droits sont brimés à long terme. Selon ce qui est prévu maintenant, ce n'est que le gouvernement qui pourra poursuivre les compagnies ferroviaires à cet égard et dire qu'il y a eu un dégât qui mine la jouissance de l'environnement à long terme. Par contre, nous savons que dans les faits, le gouvernement ne fait pas cela. Il ne poursuivra pas une compagnie pour ces dommages. C'est un peu surprenant pour nous de voir que, dans ce projet de loi, cet aspect n'a pas la même priorité, alors que nous aurions préféré qu'il soit considéré sur un même pied d'égalité.
Je reviens sur la question que nous nous sommes posée: pourquoi ne pas être allés plus loin en termes de produits dangereux qui seraient couverts? La raison pour laquelle j'en parle à nouveau, c'est qu'il y avait presque unanimité en comité. En effet, les pompiers, la Fédération canadienne des municipalités et l'industrie pétrolière nous ont tous demandé pourquoi on s'attaquait seulement aux compagnies pétrolières ou au pétrole brut et pourquoi on ne prévoyait pas un fonds qui couvrirait d'autres produits dangereux, sachant qu'il y en a d'autres qui circulent sur nos rails. J'ai posé la question au gouvernement. On m'a dit que la question était à l'étude. J'aurais voulu avoir une réponse plus concrète.
Toutefois, une réponse plus concrète a été obtenue par rapport à ce que le a dit concernant les wagons. Il a dit qu'il y aurait de nouveaux standards pour ces derniers. Par contre, les États-Unis ont annoncé qu'un système de freinage sera mis en place et ils nous ont donné un échéancier.
Le gouvernement a mis en avant un échancier de 10 ans pour les wagons transportant du pétrole mais, comme nous l'avons dit, nous aimerions que cet échéancier soit plus court. Pour ce qui est du système de freinage qui serait mis sur des wagons, les États-Unis ont dit que c'était un système plus sécuritaire. Malheureusement, dans l'annonce du gouvernement, il n'y a pas d'échéancier à cet égard.
On nous dit qu'on étudie la question, mais on n'a même pas encore d'échéancier.
Il faut apprendre de nos erreurs. Il y a 20 ans, le Bureau de la sécurité des transports du Canada avait déclaré que les wagons DOT-111 étaient dangereux. Le gouvernement libéral n'a pas agi, le gouvernement fédéral n'a pas agi, et il y a eu la tragédie de Lac-Mégantic. Il faut prendre cela en considération. Il faut agir rapidement, avoir du leadership et protéger la population.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'être ici cet après-midi pour participer à ce débat. Il s'agit d'une question extrêmement importante pour les Canadiens. Ce sont des mesures que les conservateurs tardent à mettre en place depuis maintenant près d'une décennie et qui sont mises à l'avant-plan depuis les événements tragiques de Lac-Mégantic qui ont coûté la vie à un grand nombre de personnes innocentes et qui ont affecté leur famille. D'ailleurs, c'est toute la collectivité qui a été détruite.
C'est ce dur rappel à la réalité qui a amené le gouvernement à réagir. Le débat d'aujourd'hui porte en fait sur la façon dont le gouvernement a réagi. Nous avons vu les mesures arriver au compte-gouttes sous forme de projets de loi et de modifications techniques et réglementaires. Le projet de loi dont nous sommes saisis s'inscrit dans ce processus.
Premièrement, il est important de prendre un peu de recul et de rappeler aux Canadiens l'objectif réel de ce projet de loi. Il s'agit de changer la façon d'établir les niveaux minimaux d’assurance pour les compagnies de chemin de fer sous réglementation fédérale. Deuxièmement, il vise à créer un nouveau fonds d’indemnisation qui couvrirait les dommages subis lors d’accidents ferroviaires dans le contexte du transport non pas de toutes les marchandises dangereuses, mais de certaines de ces marchandises. Voilà l'objectif réel de ce projet de loi.
Lorsque le a pris la parole il y a un instant, il a dit que le gouvernement est absolument convaincu que le montant qu'il demande à l'industrie de fournir comme garantie et de verser au fonds d'indemnisation est suffisant. J'aimerais qu'il nous dise comment il peut en être aussi sûr. Nous avons demandé à la ministre, au secrétaire parlementaire, aux fonctionnaires de Transports Canada, à l'Association canadienne des producteurs pétroliers, à l'Association des chemins de fer du Canada, à l'Association canadienne des chefs de pompiers et à d'autres intervenants de nous indiquer à combien s'élèvent les coûts liés aux événements tragiques de Lac-Mégantic jusqu'à présent. Nous attendons toujours la réponse.
Selon la mairesse de Lac-Mégantic, les dommages se chiffrent à au moins 500 millions de dollars. Un demi-milliard de dollars pour un accident survenu dans une petite ville. Des spécialistes en écologie nous ont dit que les coûts auraient été bien supérieurs, n'eût été la couche naturelle de glaise dans le sous-sol de l'endroit, qui a empêché l'infiltration des combustibles fossiles dans la formation aquifère en dessous, ce qui aurait causé des dommages incalculables à l'écosystème naturel de la région. Ainsi, quand le gouvernement soutient qu'il détient la vérité et qu'il affirme qu'un montant de 1 ou 1,5 milliard de dollars est suffisant, une question me vient à l'esprit. Qu'arrivera-t-il si, Dieu nous en garde, un accident comme celui de Lac-Mégantic survient au centre-ville de Toronto, de Montréal, d'Edmonton, d'Ottawa ou de Vancouver? Je pense que les conservateurs tiendraient un tout autre discours.
Je soulève la question sans ambages en début d'intervention, afin de montrer combien, au cours des dernières années, le gouvernement a usé de subterfuges et de ruses, et a manqué de transparence envers les Canadiens dans le dossier de la sécurité ferroviaire. Ce n'est pas étonnant. Les Canadiens doivent d'abord se rappeler que l'actuelle est la cinquième en huit ans. Le ministère a vu passer les différents ministres, au gré des remaniements ministériels. Le gouvernement a remis ce portefeuille entre les mains d'une série de personnes, ce qui indique qu'il n'y accordait pas beaucoup d'importance jusqu'à ce que, évidemment, l'horrible tragédie de Lac-Mégantic nous frappe tous. Ce premier fait est important à retenir.
Le second fait est indéniable: le gouvernement sabre carrément le financement, chose qu'il ne veut pas admettre publiquement, préférant nier les faits, esquiver les questions ou inventer des réponses. Le gouvernement est en train de supprimer le financement en matière de sécurité ferroviaire. En effet, celui-ci a diminué graduellement de 20 % au cours des cinq dernières années.
Cette année, nous sommes bombardés de toutes sortes de publicités déplacées, injustifiées et inacceptables, comme l'ont remarqué les Canadiens qui s'intéressent à la question. Récemment, on a pu voir ces messages sur le canal en continu consacré au , ce canal vidéo personnalisé qui enregistre le premier ministre chaque semaine et diffuse ses messages, une initiative qui coûte très cher aux contribuables. C'est du jamais-vu au Canada. Nous savons que, seulement cette année, le gouvernement dépense 42 millions de dollars pour promouvoir son plan d'action économique. Comme les Canadiens peuvent avoir du mal à imaginer une telle somme, voici un point de comparaison concret. Le gouvernement consacre 42 millions de dollars aux publicités du plan d'action économique et 34 millions de dollars à la sécurité ferroviaire; 42 millions pour la publicité, 34 millions pour la sécurité ferroviaire. On voit bien où est la priorité du régime conservateur.
Dans les faits, les conservateurs veulent donner l'impression — au moyen de subterfuges, de manoeuvres sournoises, de mauvaise communication et de déclarations trompeuses — qu'ils ont le dossier de la sécurité ferroviaire, un enjeu d'une grande importance, bien en main. Mais ce n'est pas le cas.
Les conservateurs ont souvent été mis en garde. Le premier avertissement est venu du bureau du vérificateur général, il y a plusieurs années. Celui-ci avait déclaré que, d'un point de vue pratique, il acceptait le principe d'un système de gestion de la sécurité — ce qui n'est pas le cas du NPD —, mais que, comme le disait Ronald Reagan, il faut non seulement faire confiance, mais aussi vérifier.
C'est au chapitre de la vérification que le gouvernement ne s'acquitte pas de ses responsabilités en tant qu'organisme de réglementation d'un secteur réglementé. Les conservateurs ne peuvent pas regarder les électeurs dans le blanc des yeux et prétendre employer suffisamment d'inspecteurs, parce que ce n'est pas le cas. Ils ne peuvent affirmer avoir suffisamment d'inspecteurs qualifiés, parce que ce n'est pas le cas. Ils ne peuvent nous dire qu'ils sont bien formés et qu'ils ne viennent pas principalement du secteur réglementé, parce que ce n'est pas le cas non plus. Les inspecteurs viennent bel et bien du secteur même qui est visé par la réglementation.
Il y a un problème de capacité à Transports Canada. Le ministère est rempli de bonnes personnes, de fonctionnaires passionnés et dévoués, mais il est sous-financé par un gouvernement qui préfère dépenser 42 millions de dollars pour annoncer son plan d'action économique. C'est pourquoi notre position est que le gouvernement met les Canadiens à risque. Pas besoin de nous croire sur parole, il suffit de demander au vérificateur général.
Au cours d'une période de vérification de trois ans ou de quatre ans, VIA Rail n'a pas une seule fois fait l'objet d'une vérification par Transports Canada. VIA Rail transporte plus de 4 millions de passagers par année, et elle n'a jamais fait l'objet d'une vérification. Selon ses propres chiffres, le gouvernement effectue seulement 25 % des vérifications qu'il estime nécessaires pour assurer la sécurité du transport ferroviaire.
Il est absurde d'entendre des membres du Cabinet affirmer que la situation s'améliore et prétendre avoir fait de grands progrès grâce aux mesures qu'ils présentent au compte-gouttes. C'est faux.
Il y a un problème; le gouvernement a un problème culturel. J'espérais vraiment ne pas revenir là-dessus, mais c'est important car le comportement passé prédit souvent le comportement futur.
Il reste au moins cinq ministres de premier plan qui étaient en Ontario lorsque la crise de Walkerton a éclaté. À ce moment-là, ils se sont mis à employer les mêmes termes employés aujourd'hui. « On pourra corriger le tir dans les Budgets supplémentaires des dépenses, » a-t-on dit. « Ce sont les fonctionnaires qui nous disent qu'ils ont suffisamment d'argent pour assurer la sécurité ferroviaire au Canada. » On retrouve les mêmes expressions et les mêmes slogans qui retentissaient dans la foulée de Walkerton, crise qui a fait des morts et rendu beaucoup de personnes malades.
En fait, dans son rapport, le juge Dennis O'Connor montre du doigt cinq ou six ministres de premier plan du gouvernement parce qu'ils avaient contribué à la crise de Walkerton. Pourquoi? Ils ont sabré dans le financement. Il n'y avait pas suffisamment d'inspecteurs de l'eau, tout comme il n'y a pas suffisamment d'inspecteurs ferroviaires qualifiés aujourd'hui. L'histoire se répète.
On aurait pu croire que le gouvernement allait tirer des leçons à la suite de l'horrible tragédie de Lac-Mégantic, mais ce n'est pas le cas. C'est dans ces circonstances que le projet de loi a été présenté à l'étape de la troisième lecture.
Quand la ministre a témoigné devant le comité, je lui ai sciemment demandé non pas une, ni deux, mais bien dix fois de suite pourquoi elle avait réduit de 11 % le budget de Transports Canada — cela représente une réduction totale de 202 millions de dollars. Elle a dit que ce n'était pas le cas. Je lui ai posé la question encore et encore. Elle s'est finalement tournée vers ses fonctionnaires en disant que c'était eux qui lui avaient donné les chiffres, que c'était leur responsabilité et que, selon eux, le ministère a tout l'argent qu'il lui faut. Personne ne peut le croire. Ce n'est pas de cette façon que les gouvernements fonctionnent. On prévoit un budget, puis, le Conseil du Trésor consulte le ministère des Finances. Le Cabinet du premier ministre a le dernier mot: il accepte ou non le budget proposé, et l'argent est ensuite remis au ministère.
Ces choix ont été faits dans les plus hautes sphères du gouvernement. À 10 reprises, j'ai posé la question à la ministre et, à 10 reprises, elle a dit que ce n'était pas le cas.
C'est amusant, parce que le directeur parlementaire du budget a déclaré que ces chiffres étaient exacts. Les recherches effectuées par la Bibliothèque du Parlement ont aussi confirmé que ces chiffres étaient exacts. Nous devons comprendre pourquoi le gouvernement refuse de dire la vérité. Pourquoi le gouvernement ne dit-il pas simplement qu'il a décidé de diminuer de 20 % le budget de Transports Canada et, ainsi, de réduire les mesures de sécurité ferroviaire?
Nous souhaitions convoquer des témoins experts auxquels nous pouvions faire confiance et qui, grâce à leur point de vue inestimable, pourraient contribuer à améliorer le projet de loi — pas nécessairement à le rendre parfait, mais certainement à l'améliorer. Toutefois, la majorité conservatrice au comité a imposé sa volonté et déclaré qu'il n'y aurait que deux séances de deux heures chacune. C'est grave. On parle ici de plusieurs milliards de dollars d'assurance. Je prévois que, à la suite de l'adoption de ce projet de loi, des milliards de dollars seront en jeu dans des affaires litigieuses parce que le gouvernement a refusé d'étudier en profondeur tous les aspects juridiques pertinents. Le gouvernement a déclaré qu'il y aurait deux séances de deux heures chacune.
Lorsque j'ai interrogé avec insistance les quatre principaux témoins à propos de cette question, ils ont tous admis ne pas avoir été consultés adéquatement. Ils n'avaient jamais eu la chance de discuter convenablement avec le ministère, et ils s'interrogeaient sérieusement au sujet des conséquences de l'assurance responsabilité, des répercussions sur l'emploi et sur la compétitivité commerciale, etc. Voilà ce qui s'est passé ici.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, selon moi, un gouvernement n'a pas de plus grande responsabilité que celle d'assurer la sécurité de ses citoyens. À l'heure actuelle, les Canadiens sont préoccupés, avec raison, par la sécurité ferroviaire. Ils sont très inquiets à ce sujet, et ce n'est pas seulement en raison de la terrible tragédie de Lac-Mégantic. En Ontario, trois déraillements majeurs sont survenus au cours des trois derniers mois, et il y en a eu de nombreux autres aux États-Unis.
Le Bureau de la sécurité des transports avait prévenu le gouvernement à propos des wagons DOT-111. Le bureau a analysé l'accident survenu dans le Nord de l'Ontario et a confirmé que la nouvelle norme établie par le gouvernement n'était pas satisfaisante. Le gouvernement a déclaré qu'il avait établi un échéancier visant l'élimination ou la modernisation progressives des wagons DOT-111 échelonné sur trois ans. Il savait que c'était faux, mais il lui fallait donner le change, ce qu'il a fait au lieu de ralentir et de prendre le temps de faire de meilleures prévisions et d'élaborer un meilleur plan pour éliminer les wagons dangereux.
Ce n'est tout simplement pas ainsi que le gouvernement fait les choses. Les conservateurs devaient absolument faire passer un message aux Canadiens. Ils avaient une peur bleue de ce dossier, alors ils tenaient à faire une annonce même s'ils savaient qu'il est techniquement impossible de mettre ces wagons à niveau. La principale société ferroviaire au pays le leur avait confirmé. Le propre comité consultatif de la ministre le lui avait assuré. Les conservateurs sont tout de même allés de l'avant avec leur annonce.
Les Canadiens sont inquiets. Dernièrement, plusieurs députés de mon caucus ont tenu à Toronto une grande soirée d'information publique sur la sécurité ferroviaire. Depuis ce temps, ils ont aussi adressé directement à la ministre une lettre où ils évoquent leurs préoccupations relativement à l'augmentation fulgurante de la quantité de pétrole brut transportée par train, passée de 500 à environ 110 000 wagons-citernes entre 2009 et 2014. On se rappelle que les dépenses de la ministre en matière de sécurité ferroviaire ont, comme je l'ai dit, diminué de 20 % par rapport à 2009-2010. Elle ne peut pas le nier. Les chiffres ne mentent pas. Un peu plus loin dans la lettre, on lit que, en moins d'un mois, entre février et mars derniers, trois déraillements sont survenus dans le Nord de l'Ontario. Les auteurs de la lettre expriment des doutes sur le respect des limites de vitesse par les trains qui circulent dans Toronto et dans les autres centres urbains au pays, tout en remettant en question l'idée même d'autoriser des trains transportant des matières dangereuses à traverser des quartiers densément peuplés. A-t-il déjà été question de tout cela à la Chambre? Non, jamais.
La tragédie de Lac-Mégantic a été un réveil brutal et le gouvernement s'est contenté de proposer des solutions de fortune, des images et des solutions techniques au compte-gouttes. Ce n'est pas suffisant, ce n'est pas assez.
Nous avons essayé de collaborer avec le gouvernement. À mon avis, beaucoup de députés ministériels sont insatisfaits de cette réponse, car ils subissent, à juste titre, les pressions de leurs électeurs, car nous avons tous l'obligation d'apporter des améliorations pour les Canadiens.
Il est difficile pour nous d'établir le coût d'autres mesures techniques proposées dans le projet de loi. Le secrétaire parlementaire a pris la parole et a dit, en citant la ministre, que le gouvernement avait eu l'assurance que le projet de loi n'aurait aucune incidence financière, que la mise en oeuvre de ce projet de loi de 59 pages n'entraînerait pas de coûts supplémentaires. Vraiment?
J'ai demandé à la directrice de l'Office des transports du Canada si c'était vrai et elle n'a pas pu me répondre. Entre autres, le projet de loi abolit la procédure judiciaire et confère une nouvelle responsabilité à l'Office des transports du Canada, celle de décider du montant de l'indemnité à payer en cas d'accident si une municipalité ou une province présente une demande. Les représentants de l'office ont admis, au comité, qu'ils ne sont pas qualifiés pour le faire. La directrice générale de l'Office des transports du Canada a dit que l'office allait y réfléchir plus tard. L'office doit trouver une solution. Il y aura des élections le 19 octobre. Il doit trouver une solution.
Il y a une lacune technique. Il y a également une lacune relative à la responsabilité légale, puisque l'examen visant à déterminer les responsabilités en cas d'accident ferroviaire a été modifié d'un simple trait de plume. J'aimerais terminer sur cette note, car je prédis que cela causera toutes sortes de problèmes. Le problème, c'est que les compagnies de chemins de fer transfèrent les marchandises entre elles. Quelle compagnie de chemin de fer est responsable si la marchandise transportée est impliquée dans un accident. Qui paiera l'indemnisation? La compagnie d'assurance de quelle compagnie de chemin de fer assumera les coûts? C'est totalement obscur.
Les conservateurs ont été mis en garde. Des conseillers juridiques leur ont dit que cette situation allait créer un véritable problème à l'avenir. On a dit aux conservateurs que cela pourrait rendre difficile l'obtention d'une couverture d'assurance et donner lieu à des litiges, mais ils n'ont pas tenu compte de ces avis. C'est ce que moi, d'autres personnes et même leurs experts techniques leur ont dit au comité.
Il est malheureux que nous n'ayons pas pris le temps nécessaire d'améliorer comme il se doit la sécurité ferroviaire. Ce serait pourtant dans l'intérêt des Canadiens, parce que nous avons besoin de nos chemins de fer. Ils jouent un rôle important dans notre économie. Je pense que nous devons étoffer et améliorer le projet de loi.
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Monsieur le Président, c'est un grand honneur de prendre la parole aujourd'hui pour parler de ce projet de loi très important. Je représente la merveilleuse circonscription de Wetaskiwin, où se trouvent d'importantes voies ferrées du CP et du CN. Les résidants de cette vaste circonscription rurale sont conscients de l'importance du transport ferroviaire. Ils attachent beaucoup d'importance à la sécurité des activités ferroviaires qui se déroulent dans leur région.
Avant de poursuivre, j'aimerais préciser que je partagerai mon temps de parole avec le très élégant député d', dont les propos seront sûrement tout aussi éblouissants.
J'interviens aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , la Loi sur la sécurité et l'imputabilité en matière ferroviaire. C'est une bonne mesure législative, qui renforcerait le principe du pollueur-payeur mis de l'avant par le gouvernement dans le secteur ferroviaire.
Le principe du pollueur-payeur oblige l'industrie à rendre des comptes aux Canadiens et favorise une exploitation responsable des ressources. Il satisfait aussi aux attentes des Canadiens, qui s'attendent à ce que les entités responsables d'un accident assument les coûts qui y sont associés.
Le principe du pollueur-payeur est à la base de l'exercice de modernisation du régime de responsabilité et d'indemnisation dans les autres secteurs, y compris les secteurs maritime et nucléaire de même que ceux des pipelines et des hydrocarbures extracôtiers. La Chambre a déjà été saisie d'un certain nombre de ces projets de loi, qui prévoyaient exactement les mêmes types de modifications législatives concernant l'application du principe du pollueur-payeur à la responsabilité absolue et à ce genre de chose.
En votant pour ce projet de loi, les parlementaires donneront leur appui à cet important principe. Voilà en quoi consiste l'objectif du gouvernement: faire en sorte qu'il y ait assez d'argent pour indemniser les victimes d'accidents ferroviaires et couvrir les coûts de nettoyage.
En vertu du principe du pollueur-payeur, c'est d'abord aux compagnies de chemin de fer d'assumer les coûts des accidents dont elles sont responsables. Nous proposons donc de les obliger à souscrire une police d'assurance responsabilité civile assez élevée pour couvrir les coûts d'un éventuel accident. C'est une bonne chose. Les Canadiens n'auront pas à craindre qu'on aille un jour puiser dans les fonds publics parce qu'une compagnie n'était pas suffisamment assurée pour couvrir les coûts de nettoyage et des dommages engendrés par un accident ou un déversement. Les couvertures d'assurance minimales seront définies dans la loi afin que tout soit transparent et clair et que les Canadiens sachent à quoi s'attendre.
Grâce à cette approche, les Canadiens auraient l'assurance qu'à la suite d'une tragédie comme celle de Lac-Mégantic, les compagnies de chemin de fer auront une assurance suffisante pour couvrir les coûts entraînés par ce genre d'accidents malheureux.
Les niveaux d'assurance sont fondés sur le risque, car il s'agit de régimes d'assurances comme les autres. Ils ont été déterminés à la suite d'une analyse des coûts des accidents ferroviaires et de la sévérité potentielle des incidents, selon les marchandises dangereuses transportées. Les niveaux vont de 25 millions à 1 milliard de dollars, selon le type et le volume de marchandises dangereuses que transporte la compagnie de chemin de fer. Lorsque le nouveau régime entrera en vigueur, après la sanction royale du projet de loi, les compagnies qui ne transportent que très peu, ou pas du tout, de marchandises dangereuses devront souscrire une assurance d'au moins 25 millions de dollars.
Les exigences imposées aux compagnies de chemin de fer qui transportent des quantités importantes de marchandises dangereuses désignées, y compris le pétrole brut, seront mises en oeuvre progressivement. Au départ, les chemins de fer devront contracter une assurance responsabilité de 50 millions ou de 125 millions de dollars. L'année suivante, ces niveaux passeront respectivement à 100 millions ou à 250 millions de dollars.
Les compagnies de chemin de fer transportant des quantités importantes de marchandises dangereuses — comme les grandes compagnies nationales de chemin de fer, le CN et le CP — devront avoir une assurance responsabilité minimale de 1 milliard de dollars.
On a entendu dire que certaines lignes secondaires pourraient avoir de la difficulté à répondre aux nouvelles exigences en matière d'assurance ou que les coûts accrus pourraient menacer leur viabilité. Cependant, comme l'a démontré l'incident de Lac-Mégantic, les accidents impliquant de petites sociétés ferroviaires transportant des marchandises dangereuses peuvent causer des dégâts catastrophiques. C'est pour cette raison que le gouvernement est déterminé à exiger plus de comptes des sociétés ferroviaires en renforçant les exigences en matière d'assurances.
Le passage progressif aux niveaux d'assurance les plus élevés pour les lignes secondaires, soit 100 millions de dollars et 250 millions de dollars, atténuerait les préoccupations et donnerait aux sociétés ferroviaires obligées de détenir les montants voulus suffisamment de temps pour s'adapter. Nous ne nous attendons pas à ce que les sociétés devant obtenir une assurance de 25 millions de dollars ou de 1 milliard de dollars aient besoin de temps supplémentaire pour s'adapter; ces niveaux-là entreront donc en vigueur immédiatement à la date d'entrée en vigueur de la loi. C'est normal.
Les sociétés ferroviaires seraient tenues de signaler à l'Office des transports du Canada tout changement touchant leur assurance. L'office pourrait ensuite se renseigner afin d'assurer la conformité, et les exigences en matière d'assurances entraîneraient des peines maximales de 100 000 $ par violation. Ces mesures feront en sorte que les sociétés aient les assurances nécessaires pour couvrir leurs activités.
Le principe du pollueur-payeur, et la responsabilité clairement établie des sociétés ferroviaires, est un autre aspect important du projet de loi.
Aux termes du projet de loi, une compagnie de chemin de fer est responsable, même en l’absence de preuve de faute ou de négligence, — et je veux vraiment insister sur ce dernier point — d’un accident ferroviaire impliquant du pétrole brut ou d’autres marchandises désignées, jusqu’au niveau de sa couverture minimale d’assurance responsabilité.
Comme nous l'avons laissé entendre dans le discours du Trône de 2013, les compagnies de chemin de fer ne sont pas les seules parties responsables lorsqu'il y a un accident ferroviaire impliquant du pétrole brut ou d'autres marchandises similaires. C'est pourquoi le gouvernement s'est engagé à exiger que les expéditeurs et les compagnies de chemin de fer souscrivent des assurances additionnelles afin d'être tenus responsables.
Dans le secteur ferroviaire, le expéditeurs de marchandises dangereuses comme le pétrole brut font partie du concept du pollueur-payeur. C'est parce que leurs marchandises possèdent des caractéristiques inhérentes qui contribuent à la gravité d'un accident.
Par conséquent, le projet de loi prévoit un mécanisme visant à faire partager plus équitablement la responsabilité en cas d'accident entre les expéditeurs de pétrole brut et les compagnies de chemin de fer. Ce serait fait à l'aide d'un fonds d’indemnisation financé par les expéditeurs, qui s'ajouterait à l'assurance responsabilité de la société ferroviaire au besoin. On utiliserait ce fonds dans l'éventualité où les coûts d'un accident ferroviaire impliquant du pétrole brut dépasseraient la somme assurée par la compagnie de chemin de fer.
Le fonds, combiné à la couverture d'assurance, permettrait de protéger les victimes potentielles et de payer les coûts associés à la restauration et à l'assainissement de l'environnement. Il couvrirait aussi les coûts engagés par le gouvernement pour son intervention à la suite d'un accident ferroviaire.
Cette approche à deux niveaux — d'abord l'assurance puis le fonds d'indemnisation pour les accidents qui coûtent plus que le montant assuré — fournirait une couverture complète pour les dommages causés par un accident ferroviaire impliquant du pétrole brut. Des couvertures plus élevées garantiraient que les compagnies de chemin de fer disposent de plus d'argent pour honorer leurs obligations. Pour les accidents impliquant du pétrole brut, le fonds d'indemnisation garantirait que l'ensemble des dommages et des pertes connexes sont indemnisés.
Ce régime couvrirait l'ensemble des pertes ou des dommages occasionnés, y compris les dommages personnels, matériels et environnementaux. Les coûts découlant de l'intervention après l'accident pourraient également être réclamés. De plus, le procureur provincial ou fédéral pourrait chercher à obtenir une indemnisation au titre de la valeur de non-usage des ressources publiques.
Nous nous concentrons sur le pétrole brut parce qu'il s'agit d'un produit dangereux transporté en grandes quantités par chemin de fer sur de longues distances et que les Canadiens sont particulièrement préoccupés par le transport de pétrole brut depuis la tragédie de Lac-Mégantic. Toutefois, d'autres marchandises possèdent des caractéristiques qui pourraient contribuer à accroître la gravité d'un accident, raison pour laquelle d'autres marchandises pourront être ajoutées au fonds à l'avenir au moyen d'un règlement.
Les expéditeurs de pétrole brut contribueraient au fonds par le biais d'un prélèvement de 1,65 $ par tonne expédiée. Ce prélèvement s'appliquerait à toute expédition de pétrole brut transporté par un chemin de fer de compétence fédérale, y compris les expéditions provenant des États-Unis, ou par un chemin de fer d'intérêt local de compétence provinciale.
En prévoyant 250 millions de dollars dans le fonds au départ, on pourrait fournir une couverture supplémentaire en cas d'accidents mettant en cause du pétrole brut. Il s'agit toutefois d'un montant nominal, et non d'un plafond. Le projet de loi permettrait au ministre de mettre fin à une redevance ou d'en imposer une de nouveau, au besoin.
Compte tenu d'une projection raisonnable de l'augmentation du transport de pétrole par voie ferroviaire au cours des prochaines années, nous avons déterminé qu'une contribution de 1,65 $ la tonne de pétrole brut transporté par voie ferroviaire permettrait probablement de générer, sur une période d'environ 5 ans, une somme de 250 millions de dollars qui serait versée dans le fonds. Toutefois, le projet de loi prévoit que la contribution pourrait continuer d'être exigée après cinq ans si l'augmentation du transport de pétrole par voie ferroviaire est inférieure aux attentes.
Il est important de souligner cela. Peu importe l'objectif en matière de capitalisation, le fonds permettrait de payer tous les frais liés à un accident ferroviaire qui excèdent le montant de l'assurance contractée par la société visée. Dans le cas improbable où les coûts des dommages excéderaient le montant conservé dans le fonds, le Trésor consentirait un prêt visant à combler le manque à gagner et à payer les autres réclamations. Tout prêt consenti par le Trésor serait remboursé par l'industrie au moyen de contributions. Ces mesures visent aussi à renforcer le principe du pollueur-payeur.
En terminant, j'exhorte les députés à réfléchir attentivement à la façon dont ils vont voter sur ce projet de loi. Les Canadiens comptent sur nous pour prendre une bonne décision en leur nom.
Comme on le sait, les accidents sont survenus à Lac-Mégantic et dans ma circonscription, Wetaskiwin, là où les réseaux du CN et du CP traversent énormément de localités. La voie ferrée passe d'abord par des endroits comme Millet et Wetaskiwin pour ensuite traverser la région de Maskwacis, puis Ponoka, Lacombe, Blackfalds, Red Deer et ainsi de suite. À l'est, la voie du CN passe par des localités comme Mirror, Gwynne et bien d'autres. Toutes se situent à proximité d'une traversée.
Depuis quelques années, compte tenu de l'expansion des projets d'extraction des sables pétrolifères et de l'incapacité de certaines sociétés pipelinières de faire approuver leurs projets, le trafic ferroviaire grimpe en flèche en Alberta. L'industrie dépend de plus en plus des trains pour déplacer ses produits. Il importe alors de rassurer les résidants de ma circonscription, de rassurer non seulement les Albertains, mais tous les Canadiens qui habitent dans une localité que traverse une voie ferrée, en leur expliquant qu'une couverture sera prévue et que les contribuables ne seront donc plus contraints de payer la note, comme c'était hélas le cas jusqu'à maintenant, comme on a pu le constater à Lac-Mégantic.
Ce projet de loi est absolument capital, alors j'exhorte les députés à l'appuyer. Même s'ils ont des réserves à son sujet, même s'ils sont tentés de faire de la petite politique dans ce dossier, au fond, ce serait vraiment désolant que nous soyons incapables de nous entendre à la Chambre pour dire que, sans remplir exactement toutes les attentes de chacun des 308 d'entre nous, la mesure législative n'en demeure pas moins digne de devenir une loi avant que nous nous ajournions pour l'été.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour appuyer la Loi sur la sécurité et l'imputabilité en matière ferroviaire.
À la suite de l'accident tragique qui s'est produit à Lac-Mégantic en juillet 2013, le gouvernement a rapidement pris des mesures pour accroître la sécurité du système ferroviaire et du système de transport des marchandises dangereuses. Nos mesures reposaient sur les trois éléments fondamentaux de la sécurité ferroviaire, soit la prévention, la préparation des incidents et la préparation aux urgences, ainsi que la responsabilité et l'indemnisation. Le projet de loi porte sur le troisième de ces piliers: la responsabilité et l'indemnisation. Aujourd'hui, je vais expliquer de quelle façon le projet de loi renforcerait le régime de responsabilité et d'indemnisation des chemins de fer réglementés par le gouvernement fédéral.
Les événements de Lac-Mégantic ont mis en évidence l'importance d'avoir un régime efficace de responsabilité et d'indemnisation relatif au transport ferroviaire. Ces événements nous ont aussi fait comprendre qu'il est essentiel de prévoir des indemnisations qui pourront être versées en cas d'accident majeur. Dans le discours du Trône de 2013, nous nous sommes engagés à demander des comptes aux sociétés ferroviaires et aux expéditeurs. Afin de tenir cette promesse et de trouver une façon de renforcer notre régime, nous avons entrepris un examen exhaustif dans le cadre duquel nous avons lancé deux séries de consultations approfondies auprès de différents intervenants, comme des sociétés ferroviaires, des expéditeurs, ainsi que des représentants des provinces, de la Fédération canadienne des municipalités et du milieu des assurances.
Notre objectif était de veiller à ce qu'il y ait suffisamment de ressources pour indemniser correctement les victimes potentielles et payer le nettoyage. Notre but est aussi de veiller à ce que les pollueurs payent pour que les contribuables n'aient pas à assumer le fardeau financier dans l'éventualité d'un accident. Ces grands principes sont également au coeur des régimes de responsabilité et d'indemnisation qui sont actuellement modernisés pour d'autres modes de transports et secteurs, comme les secteurs pétrolier et gazier, les pétroliers et les pipelines. La mesure législative permettrait d'atteindre ces objectifs en partageant la responsabilité des accidents ferroviaires entre les compagnies de chemin de fer et les expéditeurs de pétrole brut, en clarifiant la responsabilité envers les demandeurs d'indemnisation, en augmentant les ressources disponibles pour l'indemnisation et en veillant au respect du nouveau régime.
Nous proposons un système à deux volets semblable à l'approche prise pour les pétroliers. Le premier volet hausserait l'assurance devant être contractée par les compagnies de chemin de fer sous réglementation fédérale en imposant une assurance minimale obligatoire en fonction des risques. Le second volet permettrait de partager la responsabilité des accidents ferroviaires avec les expéditeurs de certaines marchandises dangereuses au moyen d'un fonds d'indemnisation supplémentaire.
Je voudrais fournir quelques détails sur le premier volet, soit l'amélioration des montants d'assurance dans le secteur ferroviaire. Ce sont les compagnies ferroviaires qui doivent être considérées comme les premières responsables des accidents ferroviaires. Le projet de loi établirait un niveau minimal obligatoire d'assurance lié explicitement au risque. L'Office des transports du Canada attribuerait un niveau minimal d'assurance aux compagnies ferroviaires selon le type et le volume des marchandises dangereuses qu'elles transportent. La couverture minimale obligatoire serait déterminée selon la gravité des accidents qui risquent de se produire. Elle pourrait être de 25 millions de dollars dans le cas d'une compagnie ferroviaire transportant peu de marchandises dangereuses ou n'en transportant pas du tout et, à l'autre bout du spectre, elle pourrait être de 1 milliard de dollars pour les compagnies ferroviaires transportant des volumes considérables de matières dangereuses. L'assurance couvrirait les préjudices subis par une tierce partie, notamment les blessures, les décès et les dommages matériels, ainsi que le risque de déversement, de pollution ou de contamination.
Le projet de loi préciserait en outre la responsabilité financière des compagnies ferroviaires dans le cas des accidents de transport de pétrole brut. Les compagnies ferroviaires seraient automatiquement tenues financièrement responsables jusqu'à concurrence de leur limite d'assurance, sans qu'il soit nécessaire de prouver la faute ou la négligence, à condition qu'elles soient physiquement impliquées dans l'accident ou que celui-ci ait lieu dans le cours de leurs activités de transport ferroviaire. Les victimes éventuelles seraient ainsi plus certaines d'être indemnisées, et les contribuables seraient protégés contre le risque que des fonds publics soient nécessaires parce que les dommages à indemniser dépasseraient la limite d'assurance, ce qui, comme nous le savons, peut très bien se produire dans le cas d'une catastrophe. Pour les autres accidents, la responsabilité financière continuerait d'être établie par les tribunaux, selon la faute ou la négligence commises, comme c'est le cas actuellement.
Parlons maintenant du deuxième volet du nouveau régime, soit le fonds d'indemnisation financé par les expéditeurs. Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, les compagnies ferroviaires seraient considérées comme les premières à devoir indemniser les victimes des accidents ferroviaires, ce qu'elles feraient avec l'argent de leur police d'assurance. Toutefois, dans le cas des accidents impliquant du pétrole brut, c'est le fonds qui servirait à indemniser les victimes pour les dommages dépassant la limite de responsabilité de la compagnie ferroviaire. Ce fonds serait financé par les expéditeurs au moyen d'une contribution de 1,65 $ par tonne de pétrole brut transporté, dans le cas d'une compagnie ferroviaire soumise à la réglementation fédérale. Les contributions seraient versées dans un compte spécial du Trésor.
L'accent que nous mettons sur le pétrole brut relativement au fonds répond tout d'abord aux préoccupations exprimées à propos de l'accident de Lac-Mégantic. Il est clair que les Canadiens sont préoccupés par le fait que des volumes croissants de pétrole sont transportés par voie ferrée sur de longues distances et que ces trains traversent un grand nombre de collectivités. On s'attend à ce que cette tendance se maintienne. Notre approche est axée sur la reconnaissance de ce phénomène nouveau et non négligeable, et nous devons mettre en place des mesures adéquates pour tenir l'industrie responsable. Toutefois, dans les années à venir, la portée du fonds pourrait être modifiée par règlement pour assurer le transport d'autres marchandises dangereuses.
Les exigences accrues en matière d'assurance et le fonds d'indemnisation supplémentaire fourniront ensemble des ressources suffisantes pour couvrir la grande majorité des accidents. Le fonds sera le payeur de dernier recours dans les rares cas où les dommages causés par des accidents ferroviaires liés au transport de pétrole brut dépasseraient le niveau d'assurance responsabilité des sociétés ferroviaires. De plus, si un accident de cette envergure épuisait les ressources du fonds d'indemnisation, on aurait recours au Trésor comme filet de sécurité. Cela garantira la couverture de tous les dommages provoqués par un accident ferroviaire impliquant du pétrole brut.
Il est important de souligner que les contribuables devraient être protégés même dans des situations aussi extrêmes que celle-là. Tous les fonds publics prêtés au fonds d'indemnisation devront être remboursés avec intérêts au moyen de contributions de l'industrie, selon des modalités établies par le .
Un autre aspect important de la création de ce fonds d'indemnisation est la mise en place d'un organisme administratif capable de gérer le fonds de façon efficace et rentable. Pour ce faire, nous modelons l'administration du fonds sur la Caisse d'indemnisation des dommages dus à la pollution par les hydrocarbures causée par les navires dans le cadre du régime pour les pétroliers. Un administrateur de fonds serait chargé d'établir et de payer les indemnités lorsque la limite de responsabilité de la société ferroviaire serait atteinte. En plus de présenter des rapports au Parlement sur la gestion du fonds par l'intermédiaire du ministre des Transports, et après avoir payé les indemnités, l'administrateur pourrait s'adresser aux tribunaux pour se faire rembourser par tout tiers fautif.
Le fonds permettrait d'atteindre deux objectifs importants. Premièrement, il veillerait à ce que les expéditeurs soient tenus responsables des dépenses liées au transport des marchandises dangereuses. Cela tient compte du fait que les expéditeurs sont un élément de l'équation « pollueur-payeur » et que la nature de leurs produits contribue au risque lié au transport. Deuxièmement, le fonds pourrait, au besoin, fournir des ressources additionnelles servant à verser des indemnités pour des dommages causés.
Les avantages du régime à deux volets que je viens de décrire ne se feraient sentir que si le régime fonctionne comme prévu. C'est pourquoi nous avons ajouté des mécanismes d'application de la loi pour faire respecter celle-ci. Pour veiller à ce que les sociétés ferroviaires respectent les exigences renforcées en matière d'assurance et qu'elles recueillent et versent les contributions au fonds, des sanctions pécuniaires pouvant atteindre 100 000 $ par infraction pourraient être imposées. Les expéditeurs ne se verraient pas imposer d'amendes. Néanmoins, pour garantir que les contributions sont versées, les obligations du transporteur envers l'expéditeur dépendraient du versement de la contribution à la société ferroviaire. Autrement dit, les produits ne seraient pas expédiés tant que l'expéditeur n'aurait pas payé la contribution.
Un régime de responsabilité et d'indemnisation rigoureux pour le transport ferroviaire complète les mesures prises par le gouvernement pour rendre notre réseau ferroviaire et le transport des marchandises dangereuses plus sécuritaires. Grâce à la mise en oeuvre de cette mesure législative, si d'autres accidents ferroviaires devaient se produire, les pollueurs seraient tenus responsables et fourniraient les ressources nécessaires pour indemniser les victimes et décontaminer l'environnement. J'exhorte donc tous les députés à adopter le projet de loi.
Je viens du Sud de l'Ontario et d'une région reconnue comme la capitale ferroviaire du Canada. St. Thomas, en Ontario, a pu voir passer les trains de 36 sociétés ferroviaires, selon les époques. La région est fière de son patrimoine ferroviaire et de son excellent bilan en termes de sécurité ferroviaire. À ma connaissance, il y a eu un seul accident grave. En 1886, Jumbo l'éléphant a été frappé par un train à St. Thomas, en Ontario. C'était le plus gros éléphant de mémoire d'homme, et P.T. Barnum a alors perdu l'une de ses principales attractions. Il aurait probablement aimé pouvoir compter sur un régime d'assurance comme celui qui est proposé quand Jumbo l'éléphant a été frappé par un train.
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Monsieur le Président, je vais tenter d'être bref. Aujourd'hui, nous sommes en train de débattre d'un projet de loi qui va soi-disant améliorer la sécurité ferroviaire au Canada. Il est certain qu'une des responsabilités fondamentales du gouvernement est d'assurer la sécurité de la population.
Notre réseau ferroviaire a connu une augmentation spectaculaire de la quantité de pétrole qui y circule. En 2009, 6 000 wagons contenant du pétrole ont circulé sur le réseau, tandis que l'année dernière, en 2014, il y en a eu 110 000. La population canadienne a certainement le droit de se poser des questions, notamment celle de savoir si sa sécurité est vraiment la priorité de ce gouvernement. La tragédie de Lac-Mégantic a souligné qu'il y avait des lacunes importantes.
Aujourd'hui, nous avons devant nous un projet de loi qui n'améliorera pas la sécurité ferroviaire, mais qui traitera plutôt la question de l'assurance qui sera appliquée après un accident. C'est un projet de loi réactif plutôt que proactif.
On n'améliore pas la sécurité des Canadiens en leur envoyant un chèque après un accident. Il faut améliorer leur sécurité, sachant que la qualité du réseau ferroviaire au Canada est très douteuse, et que c'est largement en raison de projets de loi adoptés par des gouvernement successifs au cours des 20 dernières années. C'est sur cela que je vais m'attarder.
[Traduction]
Je suis heureux d'avoir l'occasion d'intervenir au sujet du projet de loi du gouvernement, la prétendue Loi sur la sécurité et l'imputabilité en matière ferroviaire, qui est en fait une révision de la Loi sur les transports au Canada.
La plus grande réserve que j'éprouve à l'égard de ce projet de loi est qu'il s'inspire d'une loi qui était inadéquate à l'époque de son adoption par les libéraux en 1996 et qui était elle-même basée sur une loi encore plus mauvaise, que les conservateurs avaient adoptée en 1987.
Pour être franc, je dirais que ce qu'on nous demande de faire maintenant correspond à réarranger les chaises longues sur le pont du Titanic. Nous avons la responsabilité fondamentale d'assurer la sécurité, et non de discuter pendant des heures de l'assurance responsabilité des compagnies de chemin de fer. C'est un premier pas, et c'est pourquoi j'appuie le projet de loi, mais il s'agit d'un bien petit pas. Il faut aller beaucoup plus loin.
Les changements proposés aujourd'hui ne représentent qu'un début de réponse. Il faut aux Canadiens une loi basée sur des éléments fondamentaux, qui sont absents depuis le début. Il a toujours manqué à la loi actuelle les éléments nécessaires pour optimiser la performance et la sécurité du réseau de transport multimodal, et des chemins de fer en particulier.
Pour assurer l'entretien et l'exploitation sûre et efficace d'un réseau de transport national qui réponde aux besoins des Canadiens, des propriétaires privés qui possèdent la majeure partie des sociétés exploitantes, des expéditeurs et des passagers qui en ont besoin, il faut adopter une vue d'ensemble. Les éléments essentiels sont les politiques, les lois, la planification et le financement adéquat, éléments qui font cruellement défaut dans bien des domaines de compétence du gouvernement.
L'adoption de lois est un des éléments de l'élaboration d'un réseau national de transport global et efficace. Cependant, la Loi sur les transports au Canada contient peu de ces pierres d'assise, dont la plus fondamentale serait une politique nationale de base conciliant les intérêts publics et privés.
Comme on peut le lire dans l'introduction du document de travail sur l'examen législatif, le réseau de transport du Canada est « nettement plus axé sur le marché, déréglementé et concurrentiel » qu'il ne l'était avant les mesures de déréglementation adoptées par les conservateurs de Mulroney en 1987.
D'ailleurs, le réseau de transport d'aujourd'hui repose grandement sur une politique du laisser-faire qui prévoit très peu de surveillance publique. Sa lacune la plus grave est l'absence d'une politique proactive sous-jacente.
Par conséquent, le réseau de transport du Canada est caractérisé par un amalgame d'éléments cloisonnés relevant de nombreux propriétaires différents qui se font la concurrence ainsi que par l'absence d'un plan global. On a adopté des mesures législatives et financières improvisées et temporaires pour tenter de corriger les lacunes causées par une foi absolue dans une approche de désengagement où les profits priment avant tout. C'est totalement irréaliste.
Le programme VIA Rail Canada, le financement des aéroports éloignés et des routes, les solutions de fortune disparates, le renouvellement de dernière minute du financement fédéral du service de passagers de l'Algoma Central et la Loi sur le transport ferroviaire équitable pour les producteurs de grain, voilà une mosaïque d'interventions dans un système qui, selon le gouvernement, n'a pas besoin d'intervention. Pourtant, il continue d'intervenir.
Le gouvernement n'a ni politique, ni plan central. D'aucuns disent que, trop souvent, ce n'est qu'à l'approche des élections que les gouvernements sortants, comme l'actuel gouvernement conservateur, se décident à faire ce genre d'interventions nécessaires. Qu'on me pardonne le jeu de mots, mais ce n'est pas une façon de gérer les chemins de fer et certainement pas une façon de diriger un pays.
L'approche adoptée par le Canada est diamétralement opposée à celle adoptée par d'autres pays qui ne voient pas le transport comme une simple entreprise, mais comme un outil potentiel de croissance et de sécurité nationales, économiques, sociales et environnementales. Cela s'applique tout particulièrement au secteur ferroviaire.
Pendant des décennies, les États-Unis avaient adopté une approche similaire de laisser-faire à l'égard du transport ferroviaire. Avec la construction de leur réseau d'autoroutes reliant les États, les États-Unis avaient négligé le réseau ferroviaire national. Les États-Unis n'avaient aucune politique claire, pas de planification générale, aucun financement équilibré ou durable, comme le Canada aujourd'hui. En conséquence, le réseau s'est en grande partie écroulé et le gouvernement a dû intervenir en pleine crise.
Les États-Unis sont maintenant en train de réviser leur approche à l'égard du transport ferroviaire. Pour concrétiser cette nouvelle vision nationale, ils énoncent des politiques claires et inclusives, qui sont étroitement liées à leurs mesures législatives, à leurs plans et au financement. Ils cherchent à maximiser le potentiel du transport ferroviaire, tout comme celui des autres moyens de transport. Ils n'en privilégient pas un par rapport aux autres.
Apporter des modifications au petit nombre de mesures législatives incluses dans la Loi sur les transports au Canada est seulement une infime partie de la solution. Sans politique nationale globale claire, même la meilleure mesure législative se soldera par un échec parce que l'absence d'une telle politique se fera ressentir. Si nous modifions la Loi sur les transports au Canada sans adopter de politiques éclairées et proactives, nous ne pourrons pas corriger de manière décisive ses principales lacunes.
Il y a deux éléments qui me préoccupent grandement. Le premier est la sécurité du réseau de transport, qui a évolué dans le cadre de l'actuelle Loi sur les transports au Canada, ainsi que des mesures de déréglementation antérieures dont celle-ci s'inspire. Cela s'applique surtout au transport ferroviaire.
Nous avons été témoins d'une vague d'accidents ferroviaires qui ont montré à quel point notre réseau ferroviaire s'est détérioré. La tragédie de Lac-Mégantic était déjà un accident de trop, mais elle est malheureusement loin d'être la seule. Avant et après cette tragédie, les nombreux déraillements graves qui se sont produits montrent que notre réseau ferroviaire se détériore, et que cette détérioration est rapide.
Ce qui est aussi grave, c'est qu'il ne fait pas l'objet d'une surveillance adéquate pour le compte de la population. Le réseau ferroviaire s'autoréglemente, et les résultats ne sont pas positifs.
Le régime de sûreté ferroviaire découlant de la Loi sur les transports au Canada est bourré de défauts. Il protège mal les Canadiens, il protège mal les municipalités et il protège mal les travailleurs. Au nom du profit, les compagnies prennent des libertés et les problèmes ne sécurité sont rendus publics seulement une fois qu'il est trop tard. Bref, en matière de sûreté ferroviaire, la législation actuelle est tout sauf proactive.
Pour être efficace, la Loi sur les transports au Canada doit être améliorée, oui, mais elle doit aussi être appliquée à la lettre. Les futures mesures législatives devront partir du principe selon lequel l'intérêt public ne peut être adéquatement protégé que si l'organisme de réglementation responsable dispose des pouvoirs et des ressources nécessaires pour faire appliquer les règles.
D'aucuns croient que la solution consiste à obliger les compagnies de chemin de fer à augmenter leur couverture d'assurance. C'est sur cette prémisse-là que repose le projet de loi dont la Chambre est saisie. Même si une telle mesure fait effectivement partie de la solution, elle est encore réactive, puisque qu'elle ne s'applique qu'après les faits et qu'au lieu de prévenir les accidents, elle se contente de les analyser après coup.
Des fonds devraient aussi être investis dans les infrastructures et l'équipement de sécurité afin d'éviter les déraillements spectaculaires qui mettent inutilement la population en danger. Je suis extrêmement déçu que le projet de loi ne prévoit la mise en oeuvre d'aucun système de sécurité, car cela aurait eu un effet considérable sur la sûreté ferroviaire du pays. Le Congrès américain a décidé de doter son réseau ferroviaire d'un système de pointe ultra efficace appelé « commande intégrale des trains ». Il sera installé sur toutes les voies principales sur lesquelles circulent des trains de passagers et des trains transportant des matières dangereuses.
Le système de commande intégrale des trains aurait eu un effet important sur la tragédie de Lac-Mégantic. En fait, il aurait pu prévenir cette tragédie en alertant les employés de la catastrophe imminente dès que le train s'est mis en marche. Des responsables auraient pu intervenir à un moment critique. Le système de commande intégrale des trains aurait à tout le moins permis de réduire au minimum le déraillement qui a conduit aux explosions dévastatrices et aux pertes de vie tragiques. Le projet de loi n'envisage même pas la mise en application de technologies avancées comme le système de commande intégrale des trains, ou encore l'obligation d'y avoir recours.
Je tiens également à souligner que l'exigence d'adopter des systèmes perfectionnés comme le système de commande intégrale des trains et de maintenir les opérations au moyen de ceux-ci stimulerait l'économie nationale. En effet, cette situation contribuerait à la prospérité de l'industrie canadienne de l'approvisionnement des chemins de fer et créerait des emplois, notamment à La Pocatière, au Québec, et à Thunder Bay, en Ontario. Les fonds consentis par les sociétés ferroviaires privées pour contracter d'importantes polices d'assurance vont habituellement à des compagnies étrangères, ce qui ne permet pas vraiment d'améliorer la sécurité ferroviaire.
De plus, les dispositions législatives visant à améliorer la sécurité ferroviaire doivent tenir compte du fait que des inspections doivent être effectuées sur le terrain par du personnel gouvernemental qualifié, qui est habilité à faire appliquer rigoureusement les règles. Il faut aussi prévoir un nombre suffisant d'employés pour que les inspections puissent avoir lieu de manière uniforme, tous les jours.
J'estime également que la Loi sur les transports au Canada doit être révisée pour jouer un rôle important dans le bon fonctionnement du service ferroviaire pour les voyageurs, VIA Rail Canada. Il y a bien peu dans la loi actuelle pour définir le mandat, les droits et les obligations de notre service national pour les voyageurs ou même d'autres services voyageurs ou de transport de banlieue. J'ai tenté de corriger la situation avec le projet de loi , qui aurait nécessité des modifications corrélatives à la Loi sur les transports au Canada. Cette mesure législative, dont on a pourtant besoin depuis longtemps, a été rejetée par le gouvernement conservateur actuel.
Il a peu dans la loi actuelle pour protéger et orienter la prestation d'un service ferroviaire pour les voyageurs. Il y a, en fait, seulement une disposition dans la Loi sur les transports au Canada qui donne des droits légaux pour la prestation d'un service nécessaire à des millions de Canadiens. Les quelques fois où elle a été appliquée, elle a été utile, mais elle ne va pas assez loin en ce qu'elle n'établit pas le droit de VIA de circuler sur les lignes des compagnies de transport ferroviaire privées.
À l'instar de l'ensemble du système de transport, VIA ne fonctionnera pas efficacement tant qu'elle sera régie par une loi qui ne protège pas l'intérêt public, ni les droits des sociétés ferroviaires à but lucratif axées sur le transport de marchandises. Ces deux choses ne s'excluent pas mutuellement. Un système de transport solide et prospère est essentiel à la compétitivité du Canada dans le monde, de même qu'à sa sécurité, au bien-être de sa société et à son rendement environnemental. Nous n'y arriverons pas tant que nous permettrons au système canadien de fonctionner dans un vide politique. Or, c'est la réalité que nous avons avec la Loi sur les transports au Canada et aucun rafistolage ne la rendra plus acceptable.
Les pays qui nous font concurrence nous l'ont montré: le gouvernement fédéral doit faire preuve de plus d'engagement, d'innovation et de soutien pour s'attaquer aux différents obstacles qui font entrave à la prestation de services de transport sécuritaires, modernes, adéquats et viables partout au pays. Pour être véritablement efficace, la Loi sur les transports doit être remaniée en fonction d'une politique nationale exhaustive en matière de transport, qui tient compte des besoins de toutes les parties concernées, du secteur public et privé. Cette question va bien au-delà d'un simple remaniement de la loi, comme celui que propose le projet de loi à l'étude aujourd'hui. Les plus hautes instances fédérales doivent se saisir du dossier et entamer un dialogue sérieux.
Le projet de loi à l'étude a été présenté en deux séances au comité parlementaire. Cette mesure législative de la plus grande importance a été étudiée beaucoup trop hâtivement. Plusieurs intervenants n'ont pas eu voix au chapitre. Il faut prendre toutes les dispositions nécessaires. Le projet de loi à l'étude ne représente qu'un premier pas.
Dernièrement, lorsque la ministre et son homologue américain ont annoncé de nouvelles règles concernant le transport de matières dangereuses, ils ont expliqué que, dorénavant, dans les zones urbaines où habitent plus de 100 000 personnes, la vitesse des trains transportant des matières dangereuses serait limitée à 40 milles à l'heure. Or, le problème, ce n'est pas la densité de la population environnante, mais la qualité de la voie ferrée.
Dans de nombreuses régions du pays, on a laissé les compagnies de chemin de fer négliger l'entretien des voies ferrées et remettre les travaux à plus tard. Or, quand les wagons circulent sur des voies ferrées mal entretenues, il peut se produire des accidents. Le gouvernement doit alors agir précipitamment, comme il l'a fait pour le Nord du Nouveau-Brunswick, lorsqu'il a dû négocier in extremis avec une compagnie de chemin de fer afin qu'elle s'engage à entretenir convenablement la voie ferrée pendant 15 ans.
Ce n'est pas ainsi que les choses devraient se faire. Nous savons que le problème tient à la qualité des voies ferrées. Nous savons que les entreprises privées font de l'autosurveillance. Or, sans supervision adéquate de la part du gouvernement et de ses organismes, ce problème ne fera que s'aggraver. Je ne crois pas avoir besoin de rappeler que notre réseau ferroviaire sert de plus en plus au transport du pétrole et que les dangers pour le public augmentent au même rythme.
Nous devons prendre nos responsabilités au sérieux. Le projet de loi dont la Chambre est saisie permet à peine au gouvernement de faire un petit pas dans la bonne direction. Il nous faudra en faire beaucoup plus pour prouver au public canadien que nous prenons notre boulot au sérieux.