Que, de l'avis de la Chambre, la livraison à domicile du courrier est un service précieux fourni par Postes Canada, et que cette Chambre s'oppose à ce que le Canada devienne le seul pays du G7 ne bénéficiant pas de ce service.
-- Monsieur le Président, j'aimerais partager mon temps de parole avec le député de .
Au lieu d'envoyer une carte de voeux aux Canadiens pour mettre un peu de joie dans leur coeur, en décembre, le gouvernement leur a envoyé un message aussi peu réjouissant que déplorable. Il a en effet permis au PDG de Postes Canada d'annoncer un désastreux plan en cinq points qui sabrera dans les services actuellement offerts à plus de 5 millions de Canadiens, en plus d'augmenter les prix, de supprimer des emplois et de nuire à l'économie. Le plan de Postes canada ne sera pas néfaste que pour les citoyens, il aura aussi des conséquences sur les petites entreprises et mêmes les grandes sociétés.
Vendredi, l'Association nationale des grands usagers postaux, qui regroupe toute une série de grandes sociétés et entreprises, comme Canadian Tire, a organisé une rencontre dans ma circonscription, Trinity—Spadina. Ces gens-là aussi comptent sur les services de Postes Canada, et eux aussi pressent le gouvernement de renoncer à ce plan funeste.
Ils vont certainement souffrir de la hausse scandaleuse de 15 % du prix des envois de masse, ce qui veut dire qu'ils devront payer plus cher pour obtenir moins de services. Dans les centres urbains, plus densément peuplés, leurs envois postaux ne seront plus remis directement à leurs clients de choix. Voilà qui risque d'avoir une incidence directe sur leurs profits, donc sur le prix des produits qu'ils vendent à leurs clients, puisqu'ils ne voudront certainement pas renoncer à leurs profits. Ils seront moins concurrentiels. Les consommateurs comme les entreprises vont écoper, mais est-ce que Postes Canada va en retirer quoi que ce soit? Probablement pas, parce que les entreprises vont se tourner vers d'autres moyens pour communiquer avec leurs clients, et les revenus de la Société canadienne des postes vont fondre comme neige au soleil. Je le répète, le plan en cinq points de Postes Canada mène droit au désastre.
Voici ce qu'en pense la présidente de l'Association nationale des grands usagers postaux, Kathleen Rowe:
Le courrier transactionnel représente 50 % des revenus de Postes Canada, les grands usagers comptant pour 80 % du lot. Si la migration doit se faire rapidement à cause des conditions imposées par Postes Canada, les petites et moyennes entreprises vont souffrir des augmentations annoncées, et c'est sans parler des hausses qui toucheront les nombreux autres produits sur lesquels la société d'État n'a pas le monopole. Bref, tout le monde perd au change.
Selon l'Association nationale des grands usagers postaux, tout le monde va perdre au change. Les aînés et les personnes à mobilité réduite qui vivent dans les grands centres croient eux aussi que tout le monde va perdre au change. Sans services postaux, des centaines et des milliers de Canadiens qui réussissaient jusqu'ici à vivre chez eux, dans la dignité, deviendront vulnérables. Eux vont perdre au change, c'est certain. Ils méritent mieux que ça.
Le PDG répète qu'il veut des services efficaces pour les aînés. Il semble croire que toutes les personnes âgées sont robustes, ou du moins qu'elles le deviendront quand elles auront à clopiner sur des trottoirs glacés, par des froids sibériens comme aujourd'hui, pour aller chercher leur chèque de pension dans une boîte postale communautaire au fond d'une ruelle obscure.
Je l'invite à venir dans mon quartier voir comment les gens se débrouilleront. Ma mère et des milliers d'autres personnes comme elle diront que tout le monde y perdra au change. C'est ce que disent les familles canadiennes devant la hausse de plus de 50 % du prix des timbres, car ce sont les gens ordinaires qui sont frappés par les augmentations les plus fortes dans ce simulacre de plan. Le courrier deviendra un luxe inabordable. C'est une situation où tout le monde perdra au change.
C'est également ce que disent les organismes de bienfaisance et les petites entreprises. C'est aussi ce qu'affirment les habitants de villes comme Toronto, Ottawa, Halifax et Vancouver, où il n'y a pas d'endroit convenable pour installer des boîtes postales communautaires.
C'est ce que les habitants des régions éloignées et des secteurs ruraux disent quand ils constatent que les bureaux de poste seront ouverts moins longtemps, quand ce n'est pas carrément fermés, dans quelques cas. Ces personnes dépendent de la poste pour demeurer en contact avec les autres; elles en ont besoin pour tout, aussi bien les médicaments et les fournitures scolaires que les appareils électroniques.
C'est ce que les policiers ont dit, car ils s'inquiètent de la protection des boîtes postales communautaires et de la prévention de la fraude dans les quartiers urbains. Ils affirment que tout le monde perdra au change. C'est également ce qu'ont dit les employés des postes, dont les efforts ont permis à Postes Canada de réaliser des profits au cours de 16 des 17 dernières années. Tout le monde perdra au change.
Les rares gagnants, dans ce plan d'action conduisant au désastre, ce sont le PDG de Postes Canada et ses 22 vice-présidents. Le président touche plus d'un demi-million de dollars, sans compter une prime de 33 %. Lui, il y gagne. Ces gens pensent qu'ils peuvent se permettre ce genre de parodie grotesque parce que le gouvernement ferme les yeux. Cependant, le et le ministre ne gagneront sûrement rien à ce jeu. Ils peuvent se servir de leur majorité pour rejeter une motion et laisser passer ce plan d'action désastreux, mais aux prochaines élections, ils comprendront bien ce que veut dire « perdre ». Il faut demander des comptes au gouvernement actuel. C'est le but de la motion d'aujourd'hui.
Toutefois, il n'est pas nécessaire que tout le monde perde au change. J'ai parlé aux représentants des grands usagers postaux vendredi, et j'ai souligné que de nombreuses solutions étaient possibles. Si nous regardons les autres modèles dans le monde — par exemple, dans le G7, où tous les pays fournissent encore des services de livraison à domicile du courrier dans les régions urbaines, même s'ils sont aux prises avec les mêmes difficultés que Postes Canada —, nous constatons qu'il y a d'excellents arguments en faveur du rétablissement des services bancaires postaux, qui permettraient d'offrir des services qui ne sont pas fournis par le secteur bancaire traditionnel et de répondre à des besoins qui ne sont pas comblés par ce dernier. D'après le Centre canadien de politiques alternatives, 1 million de Canadiens n'ont pas accès à des services bancaires. Ils dépendent de sociétés de prêt sur salaire, comme Money Mart, pour obtenir des fonds et payent des taux d'intérêt extrêmement élevés. La Banque Postale en France, la Kiwibank en Nouvelle-Zélande et PostFinance en Suisse fournissent des services bancaires, ce qui leur permet d'augmenter leurs profits et leurs recettes. Rien n'empêche Postes Canada de suivre leur exemple. Cela permettrait d'offrir de nouveaux services bancaires compétitifs aux Canadiens, de fournir une diversité de choix et d'aider les plus mal pris. Cela permettrait également de générer des revenus et d'assurer la stabilité, ce qui stimulerait et renforcerait Postes Canada tout en soutenant nos services postaux.
Pourquoi le gouvernement n'envisage-t-il pas cette solution? Elle fonctionne dans d'autres pays. Je ne parle pas seulement des services bancaires postaux, mais d'approches réellement novatrices visant à soutenir le commerce électronique. Elles seraient préférables au plan boiteux du PDG de Postes Canada. Pourquoi le Canada choisirait-il l'échec plutôt que le succès? Nous pouvons renforcer et accroître nos services postaux, plutôt que de les sabrer. La Chambre, Postes Canada et le gouvernement actuel doivent proposer une solution gagnante aux Canadiens. C'est ce qu'ils méritent.
Passons à l'action. Adoptons ma motion et allons de l'avant.
:
Monsieur le Président, l'interminable saga des conservateurs qui poursuivent leur oeuvre de saccage des services publics se déroule malheureusement sous nos yeux. Cette fois, ce sont nos services postaux qui sont la cible de leur idéologie.
Regardons d'un peu plus près quel est le plan magique et extraordinairement brillant qu'on nous a concocté pour soi-disant sauver Postes Canada et assurer son avenir. Premièrement, on va faire disparaître des milliers de bons emplois. Deuxièmement, on va couper des services à la population et aux entreprises. Troisièmement, on va faire bondir les coûts de 15 %. C'est toute une recette pour la réussite!
Dans le secteur privé, cela fonctionnerait certainement très bien; il n'y donc aucun doute que ces mesures vont assurer le succès de nos services postaux pour l'avenir! Quelle est la justification de toutes ces compressions qui affectent nos concitoyens et concitoyennes, ainsi que nos PME? Postes Canada serait au bord de l'abîme; la ruine est en vue! Si nous ne faisons rien, ce sera la catastrophe et nous devrons tout couper!
Le tenait ces propos alarmistes hier, à la radio de Radio-Canada. Il disait même que Postes Canada perdait en ce moment des centaines de millions de dollars et que, si on ne faisait rien, il s'agirait d'un milliard de dollars en pertes par année. Rétablissons les faits. Postes Canada a été rentable pour 16 des 17 dernières années. Ce n'est pas mal. Pendant cette période, on a accumulé des profits de 1,7 milliards de dollars. Ce n'est pas la catastrophe, ce n'est pas si pire.
En 2012, le Groupe d'entreprises de Postes Canada a dégagé des profits de 127 millions de dollars, et le secteur Postes Canada, 98 millions de dollars. La seule année déficitaire dans les 17 dernières années a été 2011. Or qu'ont fait les conservateurs en 2011? Ils ont mis les employés de Postes Canada en lockout. Évidemment, cela n'aide pas à assurer l'entrée de revenus. 2011 a été une année assez exceptionnelle, car Postes Canada s'est également vue dans l'obligation de verser le règlement de l'équité salariale. C'est une bonne chose, car nous sommes en faveur de l'équité salariale, mais ce n'est pas représentatif. C'est une dépense non récurrente.
Oui, le courrier est en baisse, mais le colis est en hausse. Oui, il y a davantage d'achats en ligne, mais cela ne veut pas dire qu'il y a moins de courrier. Il y a moins de lettres, mais si un consommateur achète son cadeau de Noël pour son enfant en ligne, il faut bien livrer le paquet chez lui. Postes Canada est là pour cela. Il y a moyen de miser sur ce qui fonctionne le plus, c'est-à-dire les colis, mais également sur les services Internet que Postes Canada a commencé à offrir. L'idée, c'est qu'on devrait chercher de nouvelles avenues pour de nouveaux revenus. Il ne faut pas démanteler un service public apprécié des citoyens et des citoyennes de ce pays.
On nous sert l'étude du Conference Board du Canada, mais celle-ci est basée uniquement sur la seule année déficitaire des 17 dernières années, soit l'année 2011. À notre avis, ce n'est pas représentatif, et la perte d'un milliard de dollars prévue pour 2020 n'est pas une certitude. Au contraire, il y a moyen de voir les réussites de Postes Canada au cours des 17 dernières années et de décider de miser sur des nouveaux revenus. Par exemple, les services bancaires sont une bonne partie de la solution.
J'aimerais souligner que, par le plus grand des hasards, le PDG de Postes Canada siège au conseil d'administration du Conference Board du Canada. Il y a toutes les apparences d'un léger conflit d'intérêts. D'autres études donnent un avenir meilleur à Postes Canada, sans avoir à passer par ces compressions draconiennes. J'y reviendrai.
On parle ici de la disparition potentielle de 8 000 emplois. Ce n'est pas rien. Il s'agit de 8 000 bons emplois qui ne seront pas disponibles pour nos jeunes qui arriveront demain sur le marché du travail. C'est un dur coup pour nos communautés. Ces 8 000 emplois à 50 000 dollars par année représentent une perte de masse salariale pour nos communautés de 400 millions de dollars. Cela va faire mal à nos commerces, à nos villes et à nos villages.
En ce qui concerne l'impact sur le service, si leur plan est mis à exécution, 5 millions de Canadiens ne recevront plus leur courrier chez eux. C'est énorme. En ce moment, Postes Canada nous dit que ce n'est pas si grave, puisque déjà deux tiers des Canadiens ne reçoivent pas leur courrier à domicile. Cela dépend de la façon de calculer les choses. Encore une fois, on peut rétablir les faits.
En ce moment, Postes Canada considère que si vous vivez dans un bloc-appartements et que vous avez votre petite boîte à l'entrée, ce n'est pas de la livraison à domicile. C'est le cas pour la plupart des logements de Rosemont—La Petite-Patrie par exemple. Par conséquent, si vous êtes à l'intérieur de votre édifice et que vous allez chercher votre courrier le matin en bas de votre immeuble, ce n'est considéré comme une livraison à domicile, car vous n'avez pas eu votre courrier directement à votre porte. Postes Canada comptabilise cela dans le groupe de gens qui ne reçoit pas le courrier à domicile, ce qui est un peu absurde.
Mon frère vit à Saint-Antoine-sur-Richelieu, dans un rang. Sa maison est un peu éloignée de la route avec, évidemment, une boîte aux lettres sur le bord de la route. Encore là, ce n'est pas considéré comme une livraison à domicile parce que le facteur ne se rend pas jusqu'à la porte.
Alors on peut faire dire beaucoup de choses aux chiffres. En fait, les deux tiers des Canadiens et des Québécois reçoivent leur courrier à domicile en ce moment et ces gens-là seront privés d'un service important.
Les aînés vont souffrir de cela. On vit dans un pays nordique. Il y a de la pluie verglaçante, de la glace et des bancs de neige. Ce n'est pas vrai que toutes les personnes âgées seront en mesure de sortir tous les jours pour aller chercher leur courrier. Elles seront privées de ce contact. Les gens à mobilité réduite sont inquiets de cela. Comment faire pour s'assurer que ces gens recevront les informations essentielles et le courrier dont ils ont besoin?
Le Advocacy Center for the Elderly, la FADOQ, la Canadian Association of Retired Persons et le Conseil des Canadiens avec déficiences ont tous parlé de leurs inquiétudes par rapport à cette réforme. Il y a aussi un contrecoup sur les PME, ainsi que sur les organismes de bienfaisance qui nous envoient, chaque mois de décembre, des lettres pour nous demander des dons. Ils verront leurs coûts d'envois postaux exploser de 15 %.
Ici, à Ottawa, la Ottawa Food Bank a exprimé ses inquiétudes. Même la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante se demande effectivement comment ses membres seront capables de s'en sortir.
Si Postes Canada va de l'avant avec ce plan de démantèlement, le Canada sera le seul pays du G7 à ne pas avoir de livraison de courrier à domicile. Je m'excuse, mais il n'y a vraiment pas de quoi être fiers.
[Traduction]
Les Canadiens aiment leur service postal. Ils sont heureux de ce service public qui les relie au reste de la société. Les citoyens ne veulent pas que 8 000 bons emplois disparaissent de l'horizon des jeunes. Il ne faut pas réduire les services. Actuellement, les personnes âgées s'inquiètent. Les personnes handicapées s'inquiètent. Et les mauvaises blagues de Deepak Chopra à propos des bienfaits de la marche à pied ne font absolument rien pour les rassurer.
Postes Canada connaît des difficultés, mais ce n'est pas une raison pour s'affoler. Elle a généré des profits pendant 16 des 17 dernières années, et ces profits totalisent plus de 1,7 milliard de dollars, ce qui n'est pas si mal.
Nous devons chercher de nouvelles sources de revenus pour Postes Canada à l'avenir. Pourquoi ne pas offrir des services bancaires à l'instar de certains pays, comme le Royaume-Uni, la France, la Suisse, le Japon, la Nouvelle-Zélande et le Brésil?
La population sait dans quel camp se trouvent les députés du NPD: ils défendent les personnes âgées, les petites entreprises, les organismes caritatifs et les citoyens ordinaires. Je suis prêt à parier que les conservateurs, eux, sont plutôt dans le camp du président et des 22 vice-présidents de Postes Canada, qui sont payés plus de 10 millions de dollars par année. Nous sommes dans le camp des travailleurs des postes et des jeunes du pays qui cherchent un bon emploi.
[Français]
La réforme de Postes Canada qui nous est présentée va créer une pagaille extraordinaire. On est dans l'improvisation totale. Les boîtes communautaires qu'on nous propose d'installer partout fonctionnent assez bien dans les nouveaux ensembles résidentiels, c'est vrai. Pourquoi? Parce que c'est prévu ainsi. On y a pensé, cela a été planifié. Dans les zones urbaines fortement peuplées, comme Rosemont—La Petite-Patrie, c'est pratiquement impossible.
J'ai une question fort simple pour mes amis conservateurs. Où va-t-on mettre les boîtes? Qu'ils viennent au coin de Beaubien et de Christophe-Colomb et qu'ils me montrent où on va les mettre. C'est pour cela que la Ville de Montréal s'oppose aux changements proposés par Postes Canada et qu'une résolution a déjà été adoptée à ce sujet.
Ce qu'il faut, ce sont de nouveaux revenus pour Postes Canada. Les Canadiens sont d'accord à 63 % avec cette option et cela existe déjà.
Le Japan Post Bank est la plus grande banque de dépôt au monde avec 2,15 billions de dollars de dépôts, soit 2 000 milliards de dollars de dépôts dans les services postaux du Japon. Les services postaux ont créé une banque en Nouvelle-Zélande, la Kiwibank, la plus grande banque proprement néo-zélandaise. Elle assure 70 % des profits de ce service public. En Italie, les services bancaires du service postal représentent 67 % des profits de Poste Italiane. En Suisse, PostFinance représente 71 % des revenus de la poste suisse.
En 2005, un rapport de la Bibliothèque du Parlement disait être d'accord avec la création de services bancaires pour Postes Canada et qu'il fallait en avoir. Trois anciens présidents de Postes Canada sont d'accord avec cela.
Si les conservateurs veulent sauver ce service public et empêcher la privatisation, il faut donner de nouveaux moyens et de nouveaux revenus à Postes Canada. Il faut avoir des services bancaires dans nos succursales.
:
Monsieur le Président, je vous remercie de me donner l'occasion de parler de la motion présentée par la députée de .
[Traduction]
Je comprends parfaitement que le réseau postal est essentiel pour l'économie nationale, les entreprises et les collectivités qui en dépendent. Toutefois, il est tout aussi important pour le nombre croissant de détaillants partout au Canada qui ont besoin d'un réseau de distribution fiable et abordable afin d’expédier leurs produits à un nombre grandissant de consommateurs en ligne.
Il ne fait aucun doute que, compte tenu de l'évolution du système postal, nous devons protéger les personnes vulnérables, les petites entreprises et les collectivités rurales.
La Société canadienne des postes est indépendante du gouvernement. Je tiens à rappeler à la Chambre que, depuis 1981, Postes Canada a le mandat de s'autofinancer. Il lui incombe de remplir ce mandat et de gérer ses activités quotidiennes et ses décisions financières.
Ces décisions sont de plus en plus difficiles, car, comme notre société a pris le virage numérique, un nombre croissant de personnes communiquent en ligne. Nous envoyons de moins en moins de cartes et de lettres par la poste, mais utilisons de plus en plus les moyens numériques pour payer les factures et pour recevoir les relevés de compte et les paiements. En fait, la plupart des entreprises et des gouvernements encouragent fortement les Canadiens à adopter des solutions électroniques pour économiser temps et argent et pour accroître la sécurité.
Des sondages confirment que les Canadiens sont en voie de modifier leurs habitudes. Près de la moitié des ménages déclarent qu'ils n'envoient pas plus de deux articles par la poste par mois, ce qui a pour effet de réduire considérablement la charge de travail de Postes Canada. Au cours des neuf premiers mois de l'année 2013, le volume du courrier a diminué de 184 millions d'articles. Il s'agit d'une baisse de 5 % comparativement à la même période l'année précédente.
Outre la diminution du nombre de lettres envoyées, on a aussi constaté une baisse du volume du courrier commercial de plus de 17 % par adresse au cours des quatre dernières années. Par surcroît, les revenus tirés du marketing direct par la poste ont chuté de 2,7 % en 2012, car les sociétés, elles aussi, sont en voie d'adopter des solutions de rechange sur Internet.
Ce qu'il faut retenir, c'est que, en 2012, Postes Canada a livré un milliard de lettres de moins qu'en 2006. Le volume du courrier à l'échelle nationale a diminué de près de 25 % depuis 2008, et cette tendance se maintiendra. Le changement est donc évident et irréversible.
Il existe toutefois un aspect positif aux tendances observées chez Postes Canada. Comme les Canadiens magasinent en ligne, le volume de colis a augmenté d'environ 2 millions d'articles au cours des neuf premiers mois de 2013 comparativement à la même période de l'année précédente. Par conséquent, les revenus que tire Postes Canada de l'envoi de colis ont augmenté de 32 millions de dollars, soit 11,2 %, par rapport au troisième trimestre de 2012.
En raison du commerce électronique, les détaillants et les distributeurs en ligne ont de plus en plus recours aux services d'envoi de colis dans les foyers et les entreprises. Bon nombre de députés sont au courant de cette situation, car je suis persuadée qu'ils ont déjà commencé à commander des cadeaux de Noël et d'anniversaire en ligne plutôt que de se rendre dans des magasins.
La livraison des achats sur Internet constitue d'ailleurs l'un des filons que la Société canadienne des postes entend exploiter grâce à son excellente offre de service en tant que chef de file dans le marché de l'acheminement de colis des marchands jusqu'aux consommateurs.
Cependant, cela ne suffit pas à préserver l'autonomie de Postes Canada. L'expansion des activités relatives aux colis ne fait tout simplement pas le poids, car elle ne compense aucunement la chute du volume de la poste-lettre et des services de marketing direct.
Pour contrer les effets néfastes de la révolution informationnelle sur ses activités, la société d'État revoit donc ses activités du tout au tout. Elle modernise ses logiciels, son équipement et ses réseaux, notamment en installant des lecteurs optiques de pointe, en perfectionnant ses appareils de tri et en reconfigurant les itinéraires de livraison du courrier.
En réaction à l'évolution des besoins et des attentes des Canadiens, Postes Canada a aussi lancé sa propre gamme de produits numériques — pensons notamment à postel et au service de coffre-fort personnel —, ce qui devrait se traduire par des économies de 250 millions de dollars d'ici 2017. Cependant, malgré ces améliorations et la croissance soutenue de ses activités de livraison de colis, elle continue à perdre de l'argent, à raison d'environ 129 millions de dollars, brut, au troisième trimestre de 2013.
La Société canadienne des postes a enregistré des profits durant 16 années d'affilée, jusqu'en 2011. Par contre, selon les projections qui figurent dans un récent rapport du Conference Board du Canada, les déficits de fonctionnement annuels devraient approcher le milliard de dollars d'ici 2020. Le volume de colis à acheminer croîtrait de 26 % au cours de la même période, mais continuerait à ne représenter qu'une petite fraction de tout le courrier traité.
La situation est intenable. Les lourdes pertes qu'affiche la société d'État devraient inquiéter vivement les parlementaires et nos concitoyens. Étant donné que la situation financière de Postes Canada se répercute directement sur les contribuables, il faut faire absolument tout ce qui est possible afin d'atténuer les risques pour les finances de l'État.
Les Canadiens comptent sur nous pour bien gérer les deniers publics. Ils ne veulent pas faire les frais des lourdes pertes que laisserait présager le maintien du modèle d'affaire actuel. J'insiste donc sur un fait relevé dans l'étude du Conference Board: la livraison à domicile est le mode d'acheminement du courrier le plus onéreux; elle coûte presque deux fois plus cher par année que la livraison aux boîtes communautaires bien qu'à peine le tiers des ménages en bénéficient actuellement.
Le statu quo n'est pas une option viable et c'est la raison pour laquelle Postes Canada n'a d'autre choix que de trouver des façons plus efficaces de fournir ses services obligatoires tout en réduisant ses coûts. La société a consulté les Canadiens. Elle a examiné toutes les options possibles et elle a élaboré un plan en cinq points pour assurer son avenir. Ce plan vise à adapter les services de la société aux choix que font les Canadiens et il permettra de remettre la société sur la voie de la viabilité financière à long terme. Une des façons les plus efficaces et économiques d'y parvenir est d'accroître l'utilisation de boîtes postales communautaires.
Comme les députés le savent peut-être — et comme je l'ai déjà dit — les deux tiers de la population reçoivent déjà leur courrier et leurs colis dans une boîte postale communautaire, une boîte postale multiple ou une boîte aux lettres rurale en bordure du chemin. Toute une génération n'a connu que cette forme de livraison et, pour tout dire, elle offre de nombreux avantages aux Canadiens. Par exemple, des compartiments à courrier et à petits paquets individuellement verrouillés, de même que de grands compartiments verrouillés sont offerts pour la livraison sécuritaire des colis. C'est vraiment utile pour les gens qui travaillent à l'extérieur de la maison le jour et qui ne peuvent pas recevoir les livraisons à domicile. Les gens peuvent aussi laisser le courrier s'accumuler pendant qu'ils sont partis en vacances, sachant qu'il est en sécurité dans leur boîte privée. Le courrier est gardé sous clé en tout temps et est protégé jusqu'à ce que le client passe le prendre.
En vertu du Plan en cinq points de Postes Canada, l'autre tiers des ménages canadiens — soit quelque cinq millions de personnes — qui reçoivent encore leur courrier à domicile passeront graduellement à la livraison dans des boîtes postales communautaires au cours des cinq prochaines années.
Bien que cette motion traite principalement des boîtes postales communautaires, il est important de comprendre que ce n'est qu'un des moyens que prend Postes Canada pour améliorer ses résultats financiers. Par exemple, pour les envois Poste-lettre, la société lancera une nouvelle structure de tarification progressive qui tiendra davantage compte du coût réel de ce service. Ceux qui achèteront des timbres en carnets ou en rouleaux paieront leurs timbres 85¢ et des réductions seront offertes aux clients qui utilisent le plus le courrier. Cela plaira sûrement aux petites entreprises.
En plus de faire ce changement, la société améliorera son réseau de vente au détail en ouvrant d'autres bureaux de poste concessionnaires et magasins au Canada. Ces commerces sont bien situés, souvent, dans des centres commerciaux, ce qui donne l'avantage de pouvoir offrir des heures d'ouverture plus longues et un espace de stationnement. En outre, les Canadiens qui ont beaucoup à faire pourront faire leurs courses au même endroit.
Pour accroître davantage sa compétitivité, Postes Canada apporte aussi à ses opérations internes des changements qui lui permettront de faire circuler plus efficacement les colis et le courrier dans le réseau jusqu'à ses clients. À titre d'exemple, la société se dote d'un équipement de tri informatisé plus rapide et consolide ses opérations de traitement du courrier et des colis à un emplacement centralisé. Par ailleurs, un plus grand nombre de facteurs conduiront des véhicules à faible consommation d'essence et pourront ainsi livrer les colis aussi bien que le courrier.
Ces améliorations ne se traduiront pas seulement par des économies pour la société, mais aussi par une livraison plus fiable aux Canadiens et par de meilleures capacités de suivi des colis.
Grâce à une utilisation accrue de la technologie pour suivre le rythme de la révolution numérique, moins d'employés seront nécessaires, ce qui constitue le cinquième point du plan de Postes Canada. La société réduira ses effectifs par attrition et elle travaillera de concert avec les syndicats pour assurer la viabilité de son régime de pension.
Comme la Chambre le sait, le coût de la main-d'oeuvre de la société est beaucoup plus élevé que celui de ses concurrents. Un effectif réduit, plus flexible et concurrentiel permettra à Postes Canada de réagir rapidement aux changements du marché. La réduction des coûts profitera aussi aux consommateurs, puisque des coûts plus faibles permettront à la société d'assurer un service de haute qualité à un prix raisonnable. Toutes ces mesures aideront Postes Canada à répondre aux besoins en constante évolution des Canadiens, tout en lui permettant de s'acquitter de son mandat qui consiste à demeurer financièrement autonome pour éviter de devenir un fardeau pour les contribuables.
Comme on l'a déjà mentionné au cours du présent débat, Postes Canada n'est pas la seule société à se réinventer face aux défis que pose l'ère de l'information. Dans le monde entier, les modèles d'affaires des services postaux sont remis en question par le fait que les gens utilisent moins souvent le courrier traditionnel, à part pour envoyer ou recevoir des colis.
Les pays n'ont pas tous adopté la même approche. Par exemple, le Royaume-Uni a privatisé la Royal Mail; le Danemark et la Suède ont fusionné leurs services des postes; les Pays-Bas ont mis à pied un grand nombre d'employés et ont plutôt retenu les services d'entrepreneurs à temps partiel; et tant l'Italie que l'Australie ont diversifié leurs services financiers, leur soutien logistique et leurs services de télécommunication. Il faut retenir qu'on ne peut pas avoir recours à une approche universelle pour régler une question complexe.
La Société canadienne des postes a trouvé une approche typiquement canadienne pour pallier la diminution du volume de courrier. Elle soutient qu'elle pourrait ainsi s'autofinancer et rester viable à long terme. Les démarches prises par Postes Canada vont de pair avec la transformation globale des services postaux qui sont en évolution afin de répondre aux exigences des temps modernes. Les cinq points énoncés dans le plan d'action aideront à garantir que la société d’État s’appuie sur une base financière solide et qu’elle reflète vraiment les choix des Canadiens.
Le gouvernement du Canada appuie Postes Canada dans ses efforts de remplir son mandat qui est de fonctionner sur une base financière autonome dans le but de protéger les contribuables. Nous reconnaissons la nécessité de modernisation de ses activités, ajustant ainsi ses services postaux conformément aux choix des Canadiens dans l'ère numérique d'aujourd'hui.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole pour débattre de cette importante motion de l'opposition proposée par le NPD — que je félicite d'ailleurs. C'est un sujet d'actualité dans toutes les collectivités du pays. Nous, les députés, entendons parler des changements proposés. Les gens nous livrent leurs commentaires et divers segments de la société canadienne font pression sur nous en ce qui concerne le plan d'action en cinq points. Je soutiens que ce dernier a été présenté non seulement par Postes Canada, mais par le gouvernement du Canada et la ministre qui vient de prendre la parole. En fait, ma théorie — le fil conducteur des observations que je formulerai au cours des 20 prochaines minutes — c'est que ce rapport produit par les conservateurs ainsi que les efforts qu'ils ont déployés ne suffisent tout simplement pas.
J’ai le privilège d’avoir l’administration centrale de Postes Canada dans ma circonscription. Beaucoup de mes voisins et de mes électeurs travaillent à Postes Canada. Ils sont gestionnaires, agents financiers, employés des postes. Nombre de bonnes personnes travaillent à Postes Canada et je les salue, qu’elles soient du côté patronal ou du côté syndical, une division du personnel qui m’apparaît artificielle. Il y a de bonnes personnes dans la gestion, il y a de bonnes personnes qui trient le courrier et qui le livrent maintenant de nuit. Il y a beaucoup de bonnes personnes qui travaillent à Postes Canada; je les salue et les félicite pour leurs années de service et leur contribution à la tradition de Postes Canada.
Toutefois, j’ai examiné attentivement le plan, écouté les témoignages présentés au comité et entendu ce qu’avaient à dire des centaines de Canadiens de partout au pays — mes collègues du caucus libéral opinent du bonnet parce qu’ils entendent les mêmes choses — et j’en suis venu à la conclusion que le plan en cinq points n’est tout simplement pas assez bon. À mon sens, il ne tient pas compte des capacités de Postes Canada. Il ne tient pas compte du tout de la créativité de notre société d’État.
Lorsque la ministre dit que les services postaux d’autres pays doivent faire des choix difficiles, elle n’a que partiellement raison. Il est vrai que les services d’autres pays sont aux prises avec des problèmes de viabilité et qu’ils sont confrontés à la concurrence des communications électroniques et à la nécessité d’effectuer une transition dans leurs activités de base. Toutefois, lorsque j’entends la ministre mettre en exergue les changements apportés aux services postaux actuellement en Grande-Bretagne, j’ai de la difficulté à ne pas croire que l’intention ultime du gouvernement est de pousser Postes Canada vers la privatisation. Voilà où les conservateurs aimeraient en venir. C’est ce qu’ils ont fait avec Énergie atomique du Canada limitée. C’est ce que le a essayé de faire avec les lignes de transmission d’Ontario Power Generation avant de créer la route privée 407. C’est ce que ces gens-là font.
Ils prennent des services publics chers aux Canadiens, comme le service postal; ils s’attaquent à l’organisme responsable de la prestation de ce service public précieux et ils commencent à le dénigrer. Ils commencent par en parler en mal. Ils disent que la société coûte trop cher. Ils disent, comme ils l’ont fait pour Énergie atomique, que la société est un gouffre qui engloutit beaucoup d’argent. Ils dénigrent l’organisme public, puis déclarent qu’ils voudraient bien voir cet organisme privatisé. Cela s’inscrit dans la tactique utilisée par les conservateurs pour conditionner les citoyens canadiens, alors qu’ils devraient plutôt consacrer leur énergie à tenter d’améliorer le plan d’action pour conserver le service postal à l’intention des Canadiens, qui le méritent bien.
J’ai toujours cru que le gouvernement a l’obligation de bien gérer les choses importantes, et le service postal est l’une des choses importantes sur lesquelles les Canadiens comptent.
Pour en revenir aux témoignages entendus au comité avant Noël, nous rappelons aux Canadiens que, naturellement, ces changements ont été annoncés le lendemain du jour où la Chambre a ajourné ses travaux, juste avant la ruée du courrier de Noël.
Ce plan a été imposé à des Canadiens sans méfiance, à des administrations municipales, à des provinces, à des entreprises, à des organisations commerciales, à une foule de gens qui ne se méfiaient aucunement. Nous avons recueilli le point de vue de divers éléments de la société canadienne lorsque nous avons convoqué le Comité des transports pour demander au président-directeur général de Postes Canada et à d’autres témoins de nous donner leur opinion, puisqu’il n’y a eu aucun débat sérieux. Les témoignages ont confirmé que Postes Canada et le gouvernement conservateur semblent être restés à une autre époque. C’est comme si nous étions dans les années 1960: direction contre syndicats et syndicats contre direction, les deux parties ne se rencontrant jamais.
Nous avons confirmé le fait que les dirigeants syndicaux n’ont jamais eu une série de réunions avec la haute direction de Postes Canada, que la ministre refuse de rencontrer les hauts représentants syndicaux, qu'elle est la cinquième ministre en sept ans à s'occuper de ce portefeuille, soit dit en passant, et qu'elle a refusé de réunir les deux parties afin de trouver un meilleur plan, une meilleure approche pour préparer l’avenir dans l’intérêt des Canadiens qui comptent sur les services de Postes Canada.
Il s’agit d’un plan mal ficelé. Une fois de plus, la direction de Postes Canada a fait appel aux bons services du Conference Board du Canada. C’est un honneur que le Conference Board ait son siège social dans ma circonscription. Il s’agit d’un bon groupe de réflexion. Il fait de solides analyses économétriques. La direction a donc fait appel au Conference Board, tandis que les syndicats se tournaient vers le Centre canadien de politiques alternatives. Chacun de ces groupes a décidé de recourir à ses meilleurs chercheurs, et chacun a prétendu avoir la solution, à la différence de l’autre. Ce fut un affrontement entre établissements de recherche.
Entre-temps, les Canadiens ont vu surgir par surprise un plan en cinq points. Et à dire vrai, peu leur importe à qui on a confié la tâche d’analyser ou de justifier les modifications qu’on veut apporter aux services de Postes Canada. Les Canadiens ne s’en soucient pas vraiment. Ce qui leur importe, ce sont les effets nets des mesures que propose Postes Canada, et ces effets nets sont très graves.
Avant d’aborder ces effets nets, je voudrais revenir sur une chose que la ministre a dite plus tôt. C’est le refrain habituel des conservateurs: ils ne sont pas responsables du plan de Postes Canada; ils ne sont pas responsables de VIA Rail; ils ne sont pas responsables d’Énergie atomique du Canada, pas plus que des administrations portuaires. La prétend que toutes ces entités sont autonomes, indépendantes du gouvernement.
Cela me rappelle, il y a des années, un moment sublime à l’assemblée législative de l’Ontario. Au moins six des ministres de premier plan de l’actuel gouvernement conservateur fédéral ont fait leurs classes sous le premier ministre Michael Harris. Celui-ci a affirmé à l’assemblée que son équipe ne formait pas le gouvernement. Elle était là pour corriger ce qui n’allait pas dans le gouvernement. Voilà ce qu’a déclaré celui qui était alors le premier ministre d’un gouvernement majoritaire.
C’est un subterfuge. Ce cinquième ministre en sept ans chargé de Postes Canada essaie de se laver les mains de toute responsabilité, essaie d’accoler des qualificatifs à la société d’État, de la désavouer, de la renier. Voilà qui est très regrettable, car ce sont les Canadiens qu’on laisse tomber. Ils ne veulent pas que le gouvernement élude sa responsabilité à l’égard de cette société d’État.
[Français]
Au contraire, les Canadiens et les Canadiennes croient que c'est la responsabilité du gouvernement et du ministre des Transports de s'assurer que le plan visé par Postes Canada est un plan qui a du sens pour les gens de tous les jours. Il est clair que le plan qui a été présenté par Postes Canada n'est pas un plan qui aide les Canadiens et les Canadiennes de tous les jours.
[Traduction]
Voilà pourquoi au Parti libéral, nous avons décidé de prendre trois initiatives.
Premièrement, nous avons soumis un certain nombre de demandes d'accès à l'information afin d'en savoir davantage sur le contenu des correspondances du gouvernement. Nous en avons effectivement appris davantage. Il se trouve que le gouvernement travaille main dans la main avec la société d'État puisque le plan n'est pas celui de Postes Canada, mais celui du et du gouvernement canadien.
Deuxièmement, nous faisons inscrire un certain nombre de questions au Feuilleton afin d'en savoir davantage sur ce qui se trame réellement pour les Canadiens.
Troisièmement, hier, j'ai eu le privilège de rencontrer le directeur parlementaire du budget, et je lui ai demandé, au nom de mes collègues et de notre caucus, s'il pouvait analyser la situation en profondeur pour nous dire ce plan entraînera des économies et une hausse de la probité financière comme le prétend le gouvernement. Nous irons au fond des choses en demandant à un organisme indépendant comme le bureau du directeur parlementaire du budget, qui s'appuie sur les recherches effectuées par la Bibliothèque du Parlement, de vérifier si les chiffres utilisés par le Conference Board du Canada, par exemple, résistent à un examen indépendant. Je ne remets pas en doute ni l'intégrité ni la bonne foi du Conference Board, mais, à mon avis, tous les parlementaires ont le devoir d'exiger qu'un groupe indépendant examine ces chiffres.
Pourquoi est-ce que j'en conclus que ce plan est celui du gouvernement? Parce que, lorsque le plan a été présenté, le gouvernement et la ministre responsable de la société auraient dû dire: « Merci beaucoup pour le plan. Nous allons l'examiner et y réfléchir. Nous vous dirons ce que nous en pensons lorsque nous aurons fait notre propre analyse. » Or, ce n'est pas ce qui s'est passé. Au contraire, à la minute où le plan a été annoncé, le gouvernement a publié une déclaration dans laquelle il y donne son plein appui.
Je ne peux absolument pas m'imaginer comment un seul député conservateur oserait dire à ses électeurs, en les regardant droit dans les yeux, qu'il est impossible d'améliorer ce plan, que les 21 cadres, les représentants syndicaux et toute l'équipe de Postes Canada ont épuisé toutes les possibilités. Je ne peux m'imaginer qu'il y ait même un seul député au sein du caucus conservateur qui puisse assurer à ses électeurs que toutes les options ont été envisagées. C'est impossible, car le , par l'intermédiaire de la , exerce des pressions sur le conseil d'administration de Postes Canada afin d'éliminer le déficit d'ici 2015 et de pouvoir ainsi offrir des cadeaux aux Canadiens durant la prochaine campagne électorale. Ne nous méprenons pas.
[Français]
Soyons honnêtes, voilà ce que font les conservateurs. Voilà pourquoi les députés conservateurs sont si lents lorsque vient le temps de poser des questions importantes pour améliorer le plan proposé par Postes Canada. Les conservateurs n'ont pas soulevé de questions. Ils n'ont pas le droit de soulever ces questions. Toutefois, je suis certain qu'ils sont en train d'écouter les concitoyens de leurs comtés.
[Traduction]
Parlons un peu des effets de cette décision. Commençons par les personnes âgées.
Les députés et les Canadiens savent que la population de notre pays est vieillissante. Le nombre d'aînés augmente constamment. Nous croyons tous qu'il est préférable que nos aînés puissent rester chez eux. C'est ce que nous leur disons. Nous mettons en place des mesures pour aider les personnes âgées à rester chez elles aussi longtemps que possible et à vivre de manière autonome, dans la dignité et en toute sécurité. Nous sommes maintenant en train de dire aux aînés qu'ils ne pourront plus recevoir à domicile leurs chèques de pension, leurs factures de téléphone et leurs abonnements à des journaux. On s'attendra plutôt à ce qu'ils sortent de chez eux pour aller chercher le courrier. Compte tenu du facteur éolien, il fait -27 °C à Ottawa aujourd'hui. Sauf dans certaines régions de l'Ouest, il fait entre -25 °C et -30 °C au pays aujourd'hui. Pensons-nous vraiment que les personnes âgées vont sortir dans ces conditions?
Je sais que le président-directeur général de Postes Canada a fait des commentaires sur les bienfaits de l'exercice. À la blague, je lui ai dit qu'il s'agissait d'une forme postale du programme ParticipACTION. Toutefois, comme l'hiver est synonyme de glace et de gadoue, il s'agit d'une décision insensée pour les aînés canadiens qui vivent dans leur maison.
Parlons maintenant des Canadiens handicapés. Étant donné le vieillissement de la population, le pourcentage de Canadiens handicapés est en hausse.
[Français]
En 2012, environ 3,8 millions de Canadiens, soit presque 14 % de la population âgée de 15 ans et plus, ont déclaré avoir un handicap nuisant à l'accomplissement de leurs tâches quotidiennes. Ces résultats proviennent de l'Enquête canadienne sur l'incapacité de 2012.
[Traduction]
Presque 14 % des Canadiens de 15 ans et plus ont affirmé avoir du mal à vaquer à leurs occupations quotidiennes à cause d'une incapacité. On parle de presque 14 % aujourd'hui, mais ce chiffre est en hausse.
Abstraction faite de la regrettable corrélation entre handicap et pauvreté au sein de la société canadienne — une question qui relève d'un autre débat —, pourquoi dire à nos concitoyens ayant un handicap qu'ils ne recevront plus leur courrier à domicile et qu'ils devront payer davantage pour faire ou recevoir les envois sur lesquels ils comptent?
Je crois qu'on n'a pas pleinement considéré les ramifications concrètes d'une telle politique sur les Canadiens handicapés. Bob Brown en a d'ailleurs témoigné au comité en rapportant que le Conseil des Canadiens avec déficiences n'avait pas été consulté.
Dans la même veine, pensons aux répercussions sur nos PME. Les conservateurs se plaisent à répéter que les PME sont les moteurs de l'économie canadienne. Tous les partis sont d'accord sur ce point. Sur quatre emplois créés, trois le sont au sein d'entreprise d'au plus 50 employés. C'est la réalité. Nous le savons.
Or, dans son témoignage au comité, le président de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a affirmé que son organisme et lui avaient été pris de court. Ni la Société canadienne des postes ni Transports Canada ne les avaient consultés. C'est pourtant la plus vaste association professionnelle au pays. Elle représente des dizaines de milliers de PME. Malgré cela, personne ne s'est enquis auprès d'elle des conséquences qu'entraîneraient pour les entreprises la hausse du prix des timbres, la suppression de la livraison à la porte du lundi au vendredi et ainsi de suite. On n'a pas posé la moindre question. On n'a pas entamé de dialogue avec ce groupe.
Que les conservateurs ne le nient pas. Ils le savent très bien. Hélas, ces changements seront catastrophiques pour les PME.
De plus en plus de Canadiens font ce qui s'impose. Les jeunes sont de plus en plus nombreux à se demander non pas qui les embauchera, mais plutôt qui ils embaucheront. Conséquence: de plus en plus d'entrepreneurs — surtout des femmes — se lancent en affaires et de plus en plus d'entreprises sont exploitées à même un domicile. Les changements proposés frapperont les experts-conseils, les informaticiens et toutes les autres personnes qui font tourner les PME, et les frapperont durement.
Enfin, passons aux conséquences pour les villes. En effet, on n'a pas considéré les coûts que représenteront pour elles l'entretien des boîtes aux lettres communautaires, la sélection de leur emplacement et l'expropriation éventuelle des terrains où elles seront situées.
Dans une lettre, le maire de la ville de Sarnia, Mike Bradley, déclare:
On n'a aucunement songé à la hausse d'impôt considérable que cela entraînera à l'échelle locale d'un bout à l'autre du pays. Certes, les municipalités peuvent envisager d'autres options, mais la loi impose des contraintes juridiques [...]
On n'a pas mûrement réfléchi. Toutes ces conséquences pour les aînés, les Canadiens ayant un handicap, les municipalités et les petites entreprises sont très mauvaises.
En conclusion, Postes Canada peut faire mieux. La doit réunir les travailleurs et la direction et les forcer à faire preuve de créativité et à réfléchir pour trouver une meilleure solution, de sorte que nous ne soyons pas le seul pays de l'OCDE au monde à éliminer le service de livraison du courrier à domicile et, sous le couvert de l'amélioration, à nous diriger vers la privatisation de notre service des postes.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de .
Nous discutons aujourd’hui d’une question qui a beaucoup retenu l’attention des Canadiens ces dernières semaines. Nous, néo-démocrates, souhaitons proposer un programme autre que les mesures destructives des conservateurs relativement à Postes Canada.
Il y a quelques semaines, le gouvernement conservateur a appuyé la direction de Postes Canada qui venait d’annoncer une réduction radicale du service postal auquel nous tenons tant, réduction qui ferait du Canada le seul pays du G7 à ne pas avoir de livraison à domicile du courrier.
Je suis fière aujourd’hui de la motion proposée par le NPD. Il est clair que nous prenons le parti des Canadiens d’un océan à l’autre qui veulent que le service postal soit maintenu. Toutefois, tout en avançant une vision différente de celle du gouvernement, la motion mettra à l’épreuve les députés conservateurs et permettra aux gens de savoir s’ils appuient la majorité des Canadiens. Ce sera une épreuve pour les députés conservateurs qui représentent des centres urbains dont les citoyens dépendent de la livraison à domicile du courrier. Ce sera aussi une épreuve pour les députés conservateurs qui représentent des régions rurales dont la population s’oppose à la réduction du nombre de bureaux de poste ruraux. Les Canadiens observent notre débat d’aujourd’hui. Ils s’intéressent beaucoup à la façon dont les députés du gouvernement conservateur voteront.
Le débat d’aujourd’hui, tout comme l’attitude du gouvernement conservateur ces dernières semaines, a fait clairement ressortir toute l’hypocrisie qui s’est manifestée. Nous avons entendu des commentaires concernant le raisonnement tenu par Postes Canada. Nous avons également appris que, face à des difficultés financières, Postes Canada n’a pas agi comme l’aurait fait en cas de crise quiconque dirige une entreprise ou administre un organisme gouvernemental, c’est-à-dire consulter d’autres personnes pour essayer de trouver une solution.
Nous avons entendu des représentants d’organisations telles que le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, des municipalités, de la communauté des personnes handicapées et des organisations d’aînés. Ils ont tous dit que Postes Canada ne les a pas consultés pour essayer de trouver des moyens de rendre le service postal plus rentable.
Je trouve cela irrationnel. Pour moi, il est évident que, face à une situation de ce genre, on doit essayer de trouver une solution. Cela se produit tout le temps dans nos collectivités. Le gouvernement aussi affronte des difficultés de ce genre. Il faut alors réunir les intéressés, mais ce n’est pas ce qu’a fait Postes Canada. Il faut chercher des solutions de remplacement, essayer de trouver de nouvelles sources de revenus fondées sur un plan à long terme, mais Postes Canada n’a pas fait cela non plus.
Le Centre canadien de politiques alternatives s’est bien acquitté de sa mission à cet égard. Il a étudié les initiatives prises à l’étranger — ce que le gouvernement semble avoir de la difficulté à faire — comme les services bancaires postaux, qui répondent aux besoins des gens en services bancaires et postaux. Il a étudié ce que font d’autres pays où nous pouvons aller chercher des conseils et des idées: la Nouvelle-Zélande, l’Italie et d’autres pays que nous examinons régulièrement. Pour sa part, Postes Canada n’a pas envisagé d’autres mesures pouvant appuyer le service postal de façon à le rendre non seulement rentable, mais prospère.
Ce n’est pas par accident que tant de Canadiens considèrent que la crise est artificielle et témoigne d’une hypocrisie extrême parce qu’elle nous amène à nous poser la question suivante: le but ultime de Postes Canada n’est-il pas de privatiser le service postal? Le but ultime du gouvernement n’est-il pas d’appuyer la privatisation de Postes Canada?
À titre de députée de , j’ai entendu beaucoup de mes électeurs ces dernières semaines. J’ai reçu des centaines de lettres. Beaucoup de gens ont signé notre pétition et beaucoup d’autres sont venus dans nos bureaux ou m’ont téléphoné chez moi pour me parler de leurs préoccupations. Quelques-unes de nos collectivités reçoivent du courrier à domicile. Je vais essayer d’expliquer pourquoi il est essentiel que ce service soit maintenu.
L’une de ces collectivités, Flin Flon, a été fondée en 1927 dans le Bouclier canadien. Beaucoup d’aînés y vivent, ayant décidé de rester dans le Nord du Manitoba près de leur famille, à cause de problèmes de mobilité. L’infrastructure de la ville est déficiente par rapport aux besoins du XXI e siècle et compte tenu de la croissance de l’agglomération. Ses habitants ont du mal à imaginer à quels endroits il serait possible d’établir des boîtes postales communautaires. Il y a deux ans, Flin Flon a reçu un prix parce qu’elle avait le bureau de poste le plus achalandé de la région. Pourtant, au lieu d’appuyer cette collectivité et les gens qui ont besoin du service postal, Postes Canada a annoncé non seulement que la livraison du courrier à domicile serait éliminée, mais aussi que Flin Flon risquait de perdre son comptoir local. Comme si cela ne suffisait pas, les habitants de Flin Flon ont appris que le comptoir local serait rouvert à une adresse qui n’existe pas, dans un immeuble actuellement vacant dont le propriétaire n’a jamais entendu parler de Postes Canada. Dans ces conditions, la Chambre me pardonnera, j’espère, si, à titre de députée de cette collectivité, je me demande comme beaucoup d’autres habitants de Flin Flon sur quel genre de raisonnement Postes Canada a basé son programme, à l’échelle tant macro que microéconomique, car ce n’est certainement pas évident.
Créée en 1956, la collectivité de Thompson a elle aussi des problèmes d’infrastructure. La majorité des habitants n’a pas la moindre idée de l’endroit où pourraient être établies des boîtes postales communautaires. Comme beaucoup de collectivités du Nord, Thompson connaît des périodes de grand froid. Hier matin, quand je suis sortie de chez moi, il faisait -47°C en tenant compte du refroidissement éolien. Ces températures n’empêchent pas Rhonda, Jenn, Wendy, Jerilyn or Tara d’aller tous les jours à leur lieu de travail. Toutefois, la rigueur du climat peut empêcher les gens — pas seulement les aînés, les personnes handicapées et les parents à la maison avec de petits enfants — d’aller chercher leur courrier à la boîte postale communautaire ou même de s’y rendre en voiture, puisque beaucoup de véhicules ne démarrent pas quand la température tombe aussi bas. Je me rends compte que la plupart des gens ne comprennent pas vraiment ce que représente une température de -47°C avec un vent glacial dans le Nord du Manitoba, car cela ne fait pas partie de leur réalité.
Toutefois, au lieu d’écouter les habitants de ces collectivités, Postes Canada leur impose des mesures qui, non seulement ne répondent pas à leurs besoins, mais qui rendent leur vie plus difficile en les privant d’un service qu’ils ont payé.
Il y a aussi le fait que cette décision aura des effets disproportionnés sur les femmes. D’après le Centre canadien de politiques alternatives, 95 % des employés de Postes Canada sont des femmes. Cela signifie que la réduction des services les touchera d’une manière disproportionnée. Dans les régions nordiques et rurales comme celle que je représente, les emplois à Postes Canada comptent parmi les meilleurs que les femmes puissent occuper dans nos collectivités. En effet, il s’agit d’emplois assurés comprenant une pension et des avantages sociaux, ce qui aide les familles et les communautés. Nous savons en outre que les coupures faites dans le secteur public nuisent toujours aux femmes et aggravent l'inégalité sociale et économique. Il vaut la peine de mentionner que l’écart entre les sexes se maintient bel et bien au Canada. Les femmes ne gagnent que 72 % du salaire des hommes, et cette situation n’a presque pas changé en 40 ans. Tout cela porte atteinte à l’égalité hommes-femmes et à la trame sociale du pays. Les compressions de personnel et les mesures de privatisation prises dans le secteur public se répercutent le plus durement sur les femmes de couleur, les femmes handicapées, les femmes autochtones et les immigrantes. Le plus souvent, ces femmes sont les dernières engagées et les premières congédiées, comme nous l’ont dit les représentants des syndicats de la fonction publique.
Les conservateurs ont manqué à leur promesse de protéger les collectivités canadiennes, aussi bien nordiques que rurales et urbaines. Les Canadiens observeront très attentivement la façon dont ils voteront aujourd’hui.
En conclusion, réorientons ce débat sur l'important, les collectivités canadiennes et l'idée que Postes Canada leur appartient. Cette société appartient à ma génération, qui a besoin de ce service, à celle de mes parents, qui ont amélioré ce service et à celle de mes grands-parents et de ceux qui nous ont précédés, qui ont contribué à créer le service postal d'aujourd'hui. Postes Canada fait partie intégrante de notre collectivité. Les travailleurs des postes sont un lien entre nous. Ils veillent un peu sur nous. Ils nous fournissent de l'information, des produits et des services dont nous avons besoin.
Il s'agit d'un test qui montrera aux Canadiens de quel côté se rangent les conservateurs: de leur côté ou du côté des PDG et des gens qui veulent privatiser des services absolument essentiels. Les Canadiens méritent mieux. Ils méritent que l'on conserve Postes Canada.
:
Monsieur le Président, je suis content de me lever à la Chambre pour débattre cette motion.
Le a dit hier que ce n'était pas l'intention du gouvernement de débattre la question de Postes Canada.
C'est un sujet qui préoccupe l'ensemble des Québécois et des Canadiens. Comme il est facile d'oublier le coeur du débat, je rappelle la motion présentée par notre députée de et que nous discutons présentement:
Que, de l'avis de la Chambre, la livraison à domicile du courrier est un service précieux fourni par Postes Canada, et que cette Chambre s'oppose à ce que le Canada devienne le seul pays du G7 ne bénéficiant pas de ce service.
C'est ce que nous débattons aujourd'hui, peu importe la manière dont le gouvernement tente d'embellir une décision prise par la Société canadienne des postes.
C'est un peu ironique, parce qu'à la Chambre, en juin 2011, nous avions siégé des jours et des nuits pour débattre un projet de loi du gouvernement qui visait à forcer le retour au travail des travailleurs des postes mis en lockout par la Société canadienne des postes.
C'est ironique parce que le gouvernement prétendait, et a prétendu pendant des jours, que la distribution du courrier à domicile représentait un service essentiel pour l'économie canadienne.
Aujourd'hui, deux ans et demi plus tard, on est dans une situation où le gouvernement s'en lave les mains et prétend que c'est un geste nécessaire pour la modernisation et l'avenir de Postes Canada.
Depuis ce matin, des députés ont fait la preuve du contraire, en plus d'établir que la décision de Postes Canada est non seulement irréfléchie et irresponsable, mais qu'elle va à l'encontre des bonnes pratiques d'affaires que la Société canadienne des postes devrait pouvoir nous démontrer.
Je rappelle que la décision marque la fin graduelle des services de distribution de la poste à domicile, en plus de signaler une augmentation des tarifs postaux. En effet, le coût des timbres augmentera de 35 à 55 %. La décision comprend également l'objectif d'éliminer de 6 000 à 8 000 postes, soi-disant par attrition.
Cependant, lorsqu'on examine les décisions d'affaires et la stratégie préconisée par la Société canadienne des postes, il est clair que ce ne sera pas par attrition, mais qu'on va réellement éliminer des postes qui sont, comme ma collègue de l'a mentionné, bien rémunérés. Ils offrent une bonne qualité d'emploi, mais aussi des avantages sociaux, desquels le gouvernement semble vouloir se dissocier, non seulement dans le secteur public, mais aussi dans le secteur privé où il semble favoriser une approche qui diminue la sécurité économique des Canadiens et des Canadiennes.
On a aussi vu les conservateurs piger allégrement dans le programme néo-démocrate concernant la protection du consommateur. On l'a vu dans le discours du Trône.
Le gouvernement conservateur a maintenant l'occasion de défendre directement les consommateurs. Il parle des contribuables. Ces contribuables qui sont responsables de la Société canadienne des postes, une société d'État, sont aussi des consommateurs de services postaux. Malheureusement, le gouvernement conservateur s'en lave les mains, alors qu'il a la chance de démontrer son engagement.
On a ici un gouvernement qui, en bon québécois, est chicken. Il fait faire « ses jobs de bras » par d'autres. En ce qui a trait aux sociétés d'État, on a l'exemple de la Société canadienne des postes et de Via Rail. On a l'exemple de sociétés d'État qui éliminent de façon massive et draconienne des services auxquels ont droit les Canadiens et les Canadiennes.
Le gouvernement s'en lave les mains en disant qu'il s'agit de sociétés d'État et qu'il ne veut pas s'ingérer dans leurs décisions d'affaires. Je rappelle au gouvernement qu'autant ce sont des sociétés d'État, autant le gouvernement est actionnaire de ces sociétés d'État, actionnaire à 100 %. Si un actionnaire majoritaire dans le secteur privé faisait preuve d'autant de détachement que le gouvernement conservateur en fait ici vis-à-vis de la Société canadienne des postes, non seulement il se trouverait rapidement avec un portefeuille à valeur nulle, mais il serait montré du doigt par la population et le milieu des affaires comme étant complètement irresponsable.
On ne demande pas au gouvernement fédéral d'agir et de gérer toutes les décisions de la Société canadienne des postes, mais de là à dire que le gouvernement n'a aucune responsabilité alors qu'il est actionnaire majoritaire — en fait, plus que majoritaire, il est actionnaire à 100 % — de la Société canadienne des postes, c'est pour moi inconcevable. Ce qui est intéressant de noter, c'est que la décision de Postes Canada a été annoncée le lendemain de la fin des travaux parlementaires à Ottawa.
On n'a pas pu en débattre à la Chambre. Cette décision est extrêmement impopulaire. On peut le voir dans l'opinion publique et dans l'expression des gens préoccupés par la fin de ce service de distribution à domicile. Le gouvernement dit que cette décision est celle de Postes Canada et qu'il n'en savait rien. Or c'est faux, il était au courant.
À ce sujet, je peux citer Jean Lapierre, qui était député à la Chambre. Aujourd'hui, il est chroniqueur politique, mais il était ministre des Transports de 2004 à 2006. Il était donc le ministre responsable de la Société canadienne des postes. Le lendemain de la décision du gouvernement conservateur, la question lui a été posée. À son avis, cette décision était irresponsable, car elle avait été prise sans réelle consultation, et c'était une décision conservatrice pour tuer Postes Canada.
De plus, on lui a demandé si le gouvernement devait être au courant de cette décision. Il a répondu oui, et pour deux raisons. La première raison, c'est que le gouvernement paie Postes Canada dans les périodes déficitaires, bien qu'il n'y en a pas tellement eu. Il y en a une actuellement et le gouvernement doit effectivement combler ce déficit, étant donné qu'il s'agit d'une société d'État. La deuxième raison, c'est que Postes Canada ne prendrait pas ce genre de décision. Je le cite:
C'est certain que Postes Canada ne prendra pas ce genre de décision la drastique sans consulter le gouvernement parce que c'est le gouvernement qui va avoir l'odieux de défendre la décision.
Je rappelle qu'il s'agit d'un chroniqueur politique, mais qu'il était ministre responsable de la Société canadienne des Postes de 2004 à 2006.
Le gouvernement était donc au courant de cette décision. Il n'est pas surprenant de voir maintenant les raisons pour lesquelles le gouvernement démontrait autant d'empressement d'en finir avec la session parlementaire. C'est parce qu'il savait que la décision allait être annoncée et qu'il voulait se cacher pendant la période des Fêtes pour éviter d'avoir à commenter cette décision.
D'ailleurs, le lendemain, mis à part un communiqué de la , personne n'était disponible pour commenter publiquement cette décision impopulaire et irresponsable de la Société canadienne des postes, personne du côté du gouvernement ni aucun des 22 ou 23 présidents et vice-présidents de la Société canadienne des postes.
Pour appuyer la décision de la Société canadienne des postes, le gouvernement se base sur l'étude du Conference Board du Canada, publiée en avril 2011. Cela a été mentionné à quelques reprises à la Chambre et il vaut la peine de le répéter. Cette étude, qui semblait démontrer que la Société canadienne des postes allait vers des déficits atteignant un milliard de dollars en 2020, a été faite à partir d'hypothèses qui se sont révélées erronées ou inexactes.
L'une d'elles affirmait que Postes Canada accuserait des déficits de 250 millions de dollars en 2012, alors qu'en réalité, Postes Canada a dégagé un profit de 97 millions de dollars cette année-là. Les deux seules fois où Postes Canada a accusé un déficit, c'était en 2011, en raison du conflit de travail imposé par Postes Canada, soit un lock-out, et en 2013.
Il faut moderniser Postes Canada, car on vit dans de nouvelles réalités. Nous ne nions pas le fait que le volume de courrier a diminué et que la tendance est au courrier électronique ainsi qu'à d'autres modes de distribution du courrier. Nous sommes au courant de ce fait, de ce côté-ci de la Chambre. Effectivement, une bonne entreprise qui veut relever les défis de l'avenir doit pouvoir prendre des mesures pour se moderniser.
Toutefois, entre le statu quo et le coup de masse proposé par Postes Canada qu'est la fin du service à domicile, il y a une foule de possibilités. Il s'agit entre autres d'étudier la possibilité d'offrir des services bancaires, sans nécessairement ouvrir de grandes banques qui concurrenceraient les six grandes banques. On pourrait aussi réduire la fréquence de la distribution à domicile, une mesure beaucoup moins draconienne. Au lieu de la faire cinq jours par semaine, elle pourrait être faite tous les deux ou trois jours. Or ces possibilités n'ont pas été explorées par Postes Canada.
Je maintiens que cette décision est tout à fait irresponsable. Le gouvernement tente de se cacher derrière l'excuse facile qu'il s'agit d'une société d'État, alors qu'il a une responsabilité pleine et entière de s'assurer que la Société canadienne des postes se conforme au mandat que lui ont donné les Canadiens et les Canadiennes et qu'elle continue à fournir un service adéquat.
En fin de compte, ce sont les Canadiens et Canadiennes, consommateurs de services également, qui se feront imposer ces hausses radicales de tarifs, qu'on ne leur a pas expliquées, et des solutions telles que la fin du service de courrier à domicile, pour laquelle il n'y a eu aucune grande consultation.
Alors, j'implore le gouvernement de regarder de façon précise le libellé de la motion, d'appuyer le service de courrier à domicile et de faire en sorte que le Canada puisse avoir un service postal digne d'un pays industrialisé, d'un pays du G7, mais de le faire d'une manière responsable pour assurer également à l'avenir la pérennité de la Société canadienne des postes.
:
Monsieur le Président, je veux parler de la motion qui invite la Chambre à s’opposer au plan présenté par Postes Canada pour réorganiser la livraison du courrier et modifier les prix des services postaux.
Le débat porte fondamentalement sur la menace qui plane sur la viabilité financière à long terme de Postes Canada, les risques graves que cette situation présente pour les contribuables de demain et la nécessité d’agir sans tarder.
Examinons les faits. Postes Canada, une société d’État indépendante, est responsable de ses opérations, et cela comprend ses décisions commerciales et financières. Depuis 1981, elle a pour mandat de fournir des services postaux en s’autofinançant, ce qu’elle a réussi à faire jusqu’à tout récemment parce qu’elle a su contrebalancer la diminution du volume par une augmentation des économies et de ses prix. Mais, en 2011, pour la première fois en 16 ans, la société a perdu de l’argent et affiché un déficit. Ces pertes sont principalement attribuables à la diminution rapide du volume des lettres.
Le problème de fond est cette diminution du volume, et cette tendance est irréversible. Les Canadiens sont moins nombreux à utiliser les services postaux, à se rendre dans les bureaux de poste ou à acheter des timbres. Selon Postes Canada, les ménages canadiens moyens achètent seulement entre 12 et 24 timbres par année. Le volume du courrier a chuté de près de 25 % par adresse depuis 2008, et il continue de dégringoler sans qu’on entrevoie la fin de cette tendance. Les revenus de Postes Canada ont donc diminué brutalement, et la situation n’est attribuable ni à une mode, ni à un problème à court terme.
Les gens choisissent la communication instantanée qu’offrent les textos et les courriels au lieu des envois postaux sur papier; même les opérations bancaires et les paiements de factures se font maintenant par Internet. Les principaux utilisateurs des services postaux au Canada, dont les gouvernements, font des efforts concertés pour réduire le recours à la poste afin de réaliser des économies pour les contribuables et les consommateurs. Le courrier publicitaire est menacé par la publicité en ligne, par courriel et par applications mobiles. Comme les Canadiens vont en ligne pour obtenir leur information, la demande de publications imprimées décline également. Les maisons d’édition se tournent vers les versions numériques pour les tablettes et les téléphones intelligents.
La livraison des colis est un secteur en croissance, en raison du commerce électronique qui crée une demande chez les détaillants et les distributeurs pour la livraison de colis aux maisons et aux entreprises. Toutefois, la livraison des colis ne représente qu’un petit pourcentage du trafic postal.
Dans son rapport annuel de 2012, Postes Canada indiquait que le volume du courrier résidentiel avait chuté de 23,6 % depuis 2008 et qu’il continuerait de diminuer au cours des cinq années suivantes. Il en résulte donc que la situation financière de la société ne va pas s’améliorer à moins que des mesures efficaces soient prises sans tarder. Dans la version provisoire de son plan pour 2014-2018, la société prévoit des pertes de 437 millions de dollars en 2014, et ces pertes pourraient s’élever à près de 700 millions en 2023. Bref, le modèle d’affaires actuel de la société ne fonctionne plus. Il ne peut plus produire des revenus suffisants pour compenser ses coûts. Si aucun changement n’est apporté, la viabilité future du service postal est, au mieux, incertaine. Il ne faut pas oublier que Postes Canada ne peut essuyer de telles pertes encore longtemps sans être forcée de prendre des mesures encore plus draconiennes.
Le passage aux communications électroniques est une réalité du XXIe siècle partout dans le monde, et non pas seulement au Canada. Ceux qui disent que nous devrions suivre l'exemple d'autres pays devraient peut-être examiner plus attentivement les choix faits par ces pays, notamment la privatisation de la Poste royale au Royaume-Uni, la fusion des services postaux danois et suédois, ainsi que les licenciements massifs qui touchent parfois jusqu'à 40 % des travailleurs postaux dans certains pays.
Postes Canada a fait ce qu'elle pouvait pour réaliser des économies dans le cadre de sa transformation postale en 2008. Cette initiative incluait l'installation de lecteurs optiques et de machines de tri ultramodernes, ainsi que le réaménagement des itinéraires postaux. On prévoit que ces mesures entraîneront des économies d'environ 250 millions de dollars d'ici 2017.
Malgré ces améliorations, les économies réalisées jusqu'à maintenant ne sont pas suffisantes pour assurer la santé financière à long terme de Postes Canada. De toute évidence, la société doit prendre des mesures pour réduire les coûts et augmenter les recettes. Ces mesures doivent refléter les nouvelles habitudes et préférences des Canadiens.
Il y aura toujours une demande de services postaux, mais il est impossible d'en connaître l'ampleur. Aucun changement ne pourrait à lui seul empêcher des pertes importantes et croissantes dans les opérations postales. Toutefois, des mesures coordonnées qui adaptent les normes de service aux choix des Canadiens devraient permettre à Postes Canada de retrouver sa stabilité financière.
C'est l'orientation que compte prendre la société et qui a été annoncée le 11 décembre 2013. Le Plan d'action en cinq points de Postes Canada propose des mesures visant à répondre au besoin de services postaux des Canadiens tout en diminuant sensiblement les coûts. Jetons un coup d'oeil à la proposition qui suscite le plus d'intérêt, c'est-à-dire les boîtes postales communautaires. La société propose que le tiers des ménages canadiens qui reçoivent encore leur courrier à la porte fasse la transition à des boîtes postales communautaires. La livraison à domicile est de loin la méthode la plus coûteuse. Son coût annuel est au moins deux fois plus élevé que celui des boîtes postales communautaires. Selon Postes Canada, ce changement vise à faire des économies en réduisant un service coûteux dont la majorité des Canadiens ne bénéficie déjà plus.
En effet, les deux tiers des Canadiens reçoivent déjà leur courrier dans des boîtes postales communautaires, des boîtes postales multiples, des bureaux de poste au sein de leur collectivité, ou des boîtes aux lettres rurales en bordure du chemin. Les boîtes postales communautaires sont un moyen sûr et pratique de livrer le courrier et les colis. La société s'est engagée à travailler avec les personnes qui ont un problème de mobilité afin de répondre à leurs besoins. Postes Canada collabore déjà avec les municipalités et les provinces pour installer les boîtes postales communautaires dans des emplacements sûrs et pratiques.
L'incidence de ce changement sur les résultats financiers de Postes Canada pourrait être importante. On prévoit que cette mesure permettra de réduire de 576 millions de dollars le déficit de fonctionnement de 2020. C'est plus que la moitié du déficit prévu. Les boîtes postales communautaire offrent aussi certains avantages à Postes Canada et à sa clientèle. Lorsque toutes les livraisons seront faites par transporteurs motorisés, Postes Canada pourrait offrir aux distributeurs la possibilité de livrer des articles et des échantillons qui sont trop gros pour être transportés par un facteur. Par ailleurs, l'installation de boîtes postales communautaires pour toutes les adresses résidentielles favoriserait l'accès universel à des compartiments à colis verrouillés. Toute perte sur le plan de la commodité serait compensée par la livraison plus facile des colis. Selon Postes Canada, c'est là un avantage important, compte tenu de la hausse du magasinage en ligne et de la livraison de colis.
La hausse du prix du timbre est un autre aspect du plan qui fait l'objet de critiques. Jusqu'à présent, les Canadiens ne payaient pas tous les coûts liés à la distribution du courrier. Avec la hausse annoncée, le prix du timbre se rapprocherait davantage du coût de livraison total. Actuellement, le prix du timbre au Canada est parmi les plus bas dans les pays développés. Le coût des envois postaux est donc encore abordable.
Selon le Conference Board du Canada, les deux tiers des Canadiens font au plus deux envois par la poste régulière par mois, et les trois quarts de la population sondée ne paient plus leurs factures par la poste. Pour ce qui est des entreprises, certaines seront plus touchées que d'autres. Postes Canada dit qu'elle lancera une nouvelle structure de tarification progressive pour les lettres qui proposera des timbres à tarif réduit pour les consommateurs et les entreprises. Ce plan est une solution concrète à un problème évident et urgent qui menace la viabilité financière de cet important service. Ainsi, Postes Canada pourrait renforcer ses assises financières et offrir des services qui correspondent davantage aux choix actuels des Canadiens.
Comme moins de gens achètent des timbres et envoient des lettres, nous ne pouvons pas nous permettre de maintenir à l'échelle nationale un système industriel créé au siècle dernier pour traiter un grand volume de courrier. Évidemment, comme ce ne sont pas tous les Canadiens qui sont prêts à abandonner le courrier sur support papier, la solution ne consiste pas à éliminer complètement le service des postes. La privatisation n'est pas non plus une option envisageable, car un service des postes privé serait aux prises avec les mêmes pressions auxquelles Postes Canada doit actuellement faire face.
Rien ne garantit que la privatisation des services des postes permettrait aux Canadiens de recevoir le courrier à domicile à un coût acceptable. Par exemple, le gouvernement du Royaume-Uni a dû s'acquitter d'obligations énormes à l'égard des régimes de pensions et rembourser d'autres dettes à long terme avant qu'il puisse commencer à privatiser la Royal Mail.
Certains ont proposé que Postes Canada trouve d'autres sources de revenus pour compenser la perte causée par la distribution des lettres, notamment la livraison de colis et des services bancaires.
Commençons par la livraison de colis. On prétend que les revenus enregistrés grâce à ce service, lequel connaît une croissance grâce au magasinage en ligne, pourraient compenser la diminution des revenus provenant du courrier. Le marché de la livraison de colis est en pleine croissance, mais les revenus qu'on pourrait en tirer ne suffiraient aucunement à compenser la perte causée par la diminution des services de distribution de lettres. Le Conference Board du Canada a estimé que la distribution de colis connaîtrait une hausse de 26 % d'ici 2020. Or, il ne s'agirait encore là que d'une infime partie de l'ensemble des envois effectués par la poste. Il faut aussi se rappeler que la loi n'accorde pas à Postes Canada un monopole sur la distribution des colis. Ce marché lucratif est donc soumis à la concurrence.
Passons aux services bancaires. Il est vrai que les services postaux et les services bancaires ont déjà été regroupés au Canada. De 1868 à 1967, le Canada avait un service bancaire postal, mais on a dû l'abolir faute de clients. S'il y a une industrie qu'Internet transforme de façon plus rapide que les communications, ce sont bien les services bancaires. Puisque les services bancaires migrent vers l'Internet et que les banques fusionnent leurs succursales et offrent moins de service en personne, pourquoi souhaiterions-nous offrir de tels services dans les bureaux de poste?
Il faut donc contrôler les dépenses et veiller à ce que le modèle d'affaires et le réseau de distribution concordent avec les choix que les Canadiens font à l'heure actuelle. L'envoi de courrier continuera de diminuer, mais celui de colis continuera d'augmenter, Postes Canada devra donc poursuivre son processus de transformation.
Il est important de comprendre que la réduction des coûts de la main-d'oeuvre et la viabilité du régime de pension sont au coeur du plan du Postes Canada. C'est principalement la main-d'oeuvre qui explique la hausse des dépenses de Postes Canada: elle compte pour environ 70 % de ses dépenses. Il est évident que tout plan visant le rétablissement de la santé financière de la société passe par la réduction des coûts de sa main-d'oeuvre.
Postes Canada estime que son plan entraînerait l'abolition de 6 000 à 8 000 postes d'ici 2019, principalement par attrition, puisque Postes Canada s'attend à ce qu'environ 15 000 employés prennent leur retraite ou quittent leur emploi au cours des cinq prochaines années.
Finalement, nous tenons à assurer aux Canadiens des régions rurales que le plan d'action de Postes Canada n'aura pas d'incidence sur la distribution du courrier dans leurs régions. Toutes les mesures prévues dans le plan continuent de garantir la qualité de service prévue dans le Protocole du service postal canadien et respectent le moratoire sur la fermeture des bureaux de poste en milieu rural.
La direction de Postes Canada estime que le plan qu'elle a présenté permettra à la société de rétablir son autonomie financière d'ici 2019. Ce qu'il faut maintenant, c'est passer à l'action et non remettre les choses en question. Il est important que ce plan soit mis en oeuvre le plus rapidement possible pour réaliser les économies nécessaires et éviter des mesures plus draconiennes qui nécessiteraient un soutien considérable des contribuables. C'est pourquoi le gouvernement appuie les efforts déployés par Postes Canada pour s'acquitter de son mandat, qui consiste à être financièrement autonome. Nous comprenons que l'objectif de la société est de protéger les contribuables tout en modernisant ses activités et en harmonisant les services postaux aux choix des Canadiens.
Nous avons hâte que le plan de Postes Canada soit mis en place et que la transition s'effectue vers un service postal plus efficace et en mesure de répondre aux besoins actuels et futurs des Canadiens.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole.
J'interviens aujourd'hui pour appuyer la motion de la députée de , qui se lit comme suit:
Que, de l'avis de la Chambre, la livraison à domicile du courrier est un service précieux fourni par Postes Canada, et que cette Chambre s'oppose à ce que le Canada devienne le seul pays du G7 ne bénéficiant pas de ce service.
La Chambre devrait soutenir que la livraison à domicile du courrier est un service précieux fourni par Postes Canada. C'est l'opinion d'une vaste majorité d'électeurs de St. John's South—Mount Pearl, à Terre-Neuve-et-Labrador. Comment puis-je le savoir? Je le sais parce que je leur ai posé la question. Quelle idée originale: demander aux gens de Terre-Neuve-et-Labrador, aux Canadiens, de nous donner leur avis. Les choses se sont toutefois passées autrement dans le cas des changements proposés par Postes Canada.
La société d'État a mené une consultation sur invitation seulement, et les commentaires étaient soumis à l'avance. Il ne s'agissait donc pas d'une consultation publique, puisque le public n'a pas pu y participer et qu'il a été presque totalement oublié. Notons toutefois que Postes Canada a consulté le gouvernement conservateur.
Les changements proposés par Postes Canada ont été annoncés le 11 décembre, alors que la session d'automne de la Chambre des communes s'était terminée la veille. Est-ce une coïncidence que ce soit à peine quelques heures après la fin de la session parlementaire que Postes Canada a annoncé qu'elle éliminerait la livraison à domicile, supprimerait entre 6 000 et 8 000 emplois, ferait passer le coût des timbres à 1 $ et réduirait les heures d'ouverture des bureaux de poste ruraux? Il n'y a eu ni discussion, ni débat, ni questions, ni réponses. Devrais-je croire à une pure coïncidence? Je n'y crois pas, puisqu'il s'agit du gouvernement conservateur, un gouvernement qui a pour modus operandi d'éviter les processus démocratiques. Résultat: la population n'a pas été consultée convenablement, et les députés qui représentent la population n'ont pas été consultés non plus.
En outre, la ministre responsable de la Société canadienne des postes a diffusé une déclaration écrite en faveur des coupes, puis a refusé de répondre à toutes les questions. Serait-ce qu'elle souhaite prendre le temps de nous écrire, à tous, une lettre qui expliquera les changements apportés à Postes Canada? On peut en douter, vu le prix des timbres.
Après l'annonce des changements proposés à Postes Canada, le directeur général a déclaré que les aînés sont heureux de l'abolition de la livraison à domicile, car cela leur permettra de faire de l'exercice et de se mettre en forme. Manifestement, il n'a jamais été obligé d'escalader un banc de neige obstruant une superboîte aux lettres et d'utiliser un chalumeau pour dégeler la serrure avant de pouvoir récupérer son courrier. C'est pourtant ce qu'a dû faire un aîné.
Aucun aîné et aucune personne handicapée de ma circonscription, St. John's Sud—Mount Pearl, ne m'a dit que la l'exercice n'est un élément positif de l'abolition de la livraison à domicile. Pas un seul. Ils m'ont plutôt demandé comment ils parviendront à récupérer leur courrier dans la neige, la glace et la gadoue ou à la pluie battante par grand vent.
À la mi-janvier, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes a organisé une assemblée publique dans ma circonscription. Je vais lire certains commentaires tenus lors de cette assemblée. Voici un exemple: « La livraison à domicile est un droit. Ne me mettez pas en danger en me forçant à aller chercher mon courrier dans une superboîte aux lettres. Les aînés ont effectivement besoin d'exercice et nous allons en faire lors du prochain scrutin. »
Au cas où ce n'était pas clair, cela signifie qu'ils ne voteront pas pour les conservateurs.
Voici un autre commentaire: « Ils devraient abolir le Sénat et sauver notre bureau de poste. »
C'est une idée intéressante.
En voici un autre: « À moins de me transformer en Superwoman et d'apprendre à voler, je ne recevrai pas de courrier entre décembre et avril. »
C'est un commentaire formulé par une femme handicapée résidant à St. John's. Elle est membre du Conseil des Canadiens avec déficiences.
Voici ce qu'a déclaré Ralph Morris, président de la Newfoundland and Labrador Public Sector Pensioners' Association: « Pour les aînés, le dépôt direct de chèques devrait pouvoir se faire au bureau de poste situé sur le pas de leur porte. »
Voici le commentaire d'une jeune personne: « Ma génération n'acceptera pas une diminution des services. Nous allons demander une augmentation des services. »
J'ai glané tous ces commentaires à l'assemblée publique qui fut, soit dit en passant, très animée.
Je me permettrai de lire un échantillon du courrier reçu à mon bureau:
J'habite à St. John's dans un condominium pour personnes de 50 ans et plus. Comme beaucoup de gens ici, j'ai un problème de mobilité. Je ne peux pas me rendre très loin en marchant. S'il vente fort ou s'il y a de la neige et de la glace, en hiver, je suis incapable de me déplacer à l'extérieur en marchant. Je n'ai pas d'automobile, et, dans les autres condominiums, beaucoup de gens ne conduisent plus. Si le projet de ne plus livrer le courrier à domicile se concrétise, je me demande comment je pourrai recevoir mon courrier.
Voilà une bonne question.
Voici un autre commentaire, qui est en fait une question:
Auriez-vous l'obligeance de demander à Postes Canada si on me livrera mon courrier chez moi en hiver, car je suis incapable de sortir le chercher. Le PDG ne peut pas savoir ce que je veux ou ce dont j'ai besoin à moins qu'on me le demande, et on ne l'a pas fait.
Je n'ai ménagé aucun effort pour insérer autant de citations que possible dans mon discours, car il y a eu très peu de consultation, et les conservateurs doivent entendre ce que les gens ont à dire.
Samedi dernier, j'ai organisé une opération éclair de collecte de signatures à Mount Pearl. Des dizaines de bénévoles ont passé deux heures et demie à frapper aux portes pour inviter les gens à signer une pétition demandant au gouvernement du Canada d'annuler les suppressions de services annoncées récemment par Postes Canada et de chercher plutôt des manières d'en moderniser le fonctionnement. Au bout de deux heures et demie, nous avons recueilli plus de 1 400 signatures. Les gens se sont montrés absolument favorables à notre pétition. Ils ne veulent pas perdre le service de livraison du courrier à domicile. Parmi ces 1 400 personnes, aucune n'a remercié Postes Canada de vouloir leur permettre de faire davantage d'exercice. Aucune.
Les conseils municipaux de St. John's, Mount Pearl et Petty Harbour, trois municipalités de ma circonscription, ont accepté de faire circuler la pétition dans les bureaux de leur administration municipale. Voici ce qu'a déclaré le maire de St. John's, Dennis O'Keefe, qui est, lui aussi, fortement opposé aux compressions:
L'élimination du service de livraison du courrier à domicile et la hausse exorbitante des tarifs postaux seront fortement ressenties par les habitants de St. John's, et en particulier par les personnes âgées et les personnes handicapées. Postes Canada et le gouvernement conservateur doivent assumer comme avant leur responsabilité de fournir ce service public.
« Service au public », voilà des mots clés. Les habitants de Terre-Neuve et du Labrador, ceux des régions urbaines et les Canadiens en général ne veulent pas perdre le service de livraison à domicile, dont ils jouissent depuis des décennies et auquel ils tiennent, et en plus subir une hausse des tarifs postaux.
Le plan de gestion de Postes Canada semble prévoir l'élimination de services, la hausse des tarifs et la suppression d'emplois. Ce n'est pas la manière de gérer la Société canadienne des postes, ni d'en moderniser le fonctionnement. Il semble exister un problème au sommet. Le a nommé Deepak Chopra à la tête de la Société des mois avant le lock-out de 2011, en lui allouant un salaire annuel d'un demi-million de dollars en plus d'une prime de 33 %. Cinq mois après cette nomination, Postes Canada a mis fin à l'assurance-médicaments et à d'autres avantages sociaux pour tous ses employés, y compris ceux qui étaient en congé de maladie ou d'invalidité. La société a ensuite sabré les services au public. Postes Canada a réalisé des profits de 1,7 milliard de dollars au cours de 16 des 17 dernières années. La seule année où la Société n'a pas été rentable est celle où elle a mis ses employés en lock-out.
Postes Canada vit une crise. C'est une crise inventée. C'est une crise de gestion. Le changement est-il inévitable? Oui. Le nombre de lettres diminue, certes; c'est indéniable, avec l'avènement des médias sociaux et d'Internet, mais le nombre de colis augmente, lui.
Existe-t-il d'autres possibilités pour Postes Canada, le service bancaire postal, par exemple? Oui. La population a-t-elle été consultée? Non.
Les néo-démocrates veulent protéger la livraison à domicile, améliorer les services, attirer de nouveaux clients et faire augmenter les revenus de Postes Canada. Voilà ce que nous voulons.
Annoncer des changements en ne consultant pas ou à peu près pas les Canadiens, les annoncer le lendemain de l'ajournement et dire aux personnes âgées de les accepter et de faire plus d'exercice, ce n'est pas la façon de faire au Canada.
Non, ce n'est pas la façon de faire au Canada; c'est la façon de faire des conservateurs et c'est ce qui les obligera à céder leur place.
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Monsieur le Président, ce n'est malheureusement pas la première fois qu'on voit ce gouvernement prendre des décisions complètement déconnectées de la réalité de tous les jours des citoyens. Cependant, je dois avouer que cela faisait un bout de temps que je n'en avais pas vu une aussi ridicule que celle de Postes Canada, décision endossée par le gouvernement, consistant à éliminer la livraison à domicile, à réduire les services et à augmenter les tarifs. Comme l'ont dit certains de mes collègues, on ne sauve pas une entreprise en réduisant les services, en faisant fuir les clients et en haussant les prix.
Cette décision va affecter négativement beaucoup de gens, et tout d'abord, les personnes âgées, on en a parlé abondamment. Ce n'est pas pour rien que des organisations, comme la FADOQ, au Québec, ont exprimé de vives inquiétudes sur le sujet. Durant le temps des Fêtes, j'ai pu rencontrer un certain nombre de personnes âgées qui étaient aussi très préoccupées par cette situation.
Cela va affecter également les personnes à mobilité réduite, les petites et moyennes entreprises, qui utilisent beaucoup les services postaux et qui, il ne faut pas l'oublier, sont souvent le moteur de nos économies. Cela va affecter les travailleurs. De 6 000 à 8 000 bons emplois seront supprimés. En fait, cela affecte toute la population.
Comme je le disais un peu plus tôt, durant la période de relâche, je me suis beaucoup promenée dans ma merveilleuse et vibrante circonscription, Laurier—Sainte-Marie. C'était incroyable, les gens couraient dans la rue pour m'attraper et me dire que cette histoire-là n'avait pas de bon sens, que c'était complètement fou. Les gens étaient indignés, mais indignés dans leur honneur de Canadiens. Bien des gens étaient tout simplement outrés que leur pays ne soit plus capable de leur offrir un service public de base, comme celui-là. Et ils avaient raison. En effet, par comparaison, le Canada deviendrait le seul pays du G7 à ne pas avoir un service de livraison de courrier à domicile.
Les gens ont aussi raison sur un autre plan. On nous brandit le spectre du déficit et du contribuable qui sera obligé de débourser pour tout cela. Or la réalité est qu'au cours de 16 des 17 dernières années, Postes Canada a fait des profits tous les ans, sauf une seule année. En 2011, cette société a fait un déficit. Comme par hasard, c'était l'année où, grâce à ce gouvernement, il y a eu un lock-out. Autrement, sur les 16 autres années, il y a eu des profits de 1,7 milliard de dollars.
Je comprends et je suis d'accord, cela ne veut pas dire que cela sera toujours ainsi. Le marché évolue effectivement. De plus en plus de gens, mais pas tout le monde, utilisent Internet et d'autres moyens de communication. Il faut s'adapter à ce changement et le faire de façon intelligente, pas simplement en disant qu'on ferme tout.
Postes Canada a plusieurs options. La première, dont il est souvent fait mention, consiste à offrir des services financiers. Plusieurs pays le font avec succès, et leur service de poste offre des services financiers. C'est une option qui mériterait d'être étudiée. Cela aiderait Postes Canada et, ce qu'on ne mentionne pas souvent, c'est que cela aiderait aussi les gens.
Dans le sud de ma circonscription, il n'y a pas de banque, pas de caisse populaire ou de service financier de proximité. Souvent, les gens sont obligés de faire appel à des services privés qui, évidemment, leur coûtent quelque chose. Or ce sont souvent les gens les plus vulnérables qui sont obligés de faire appel à ces services. Avoir un tel service financier les aiderait donc. En passant, ces gens-là, habituellement, ne bénéficient pas de dépôts directs, mais ils reçoivent leurs chèques de pension ou autres par la poste. Ils aimeraient avoir encore un facteur.
Bref, ce que j'ai vu en me promenant dans ma circonscription et en parlant avec de nombreuses personnes, c'est que les gens ne veulent pas de cette supposée réforme ou de ce plan en cinq points, et ils ont bien raison.
De l'autre côté de la Chambre, on nous dit que les Canadiens ont été consultés. Or, puisqu'il fallait être invité et que les commentaires devaient être soumis à l'avance, je n'appelle pas cela des consultations. Il serait grand temps de faire de vraies consultations.
Le gouvernement nous dit que les Canadiens ont été consultés et que c'est ce qu'ils veulent, mais s'il en était réellement convaincu, il nous aurait annoncé cela en grande fanfare un beau lundi matin. Or il nous l'a annoncé en cachette le lendemain de l'ajournement de la Chambre, en pensant que cela passerait comme une lettre à la poste. Cela n'a pas été le cas, car les gens ne sont pas d'accord. On n'est pas d'accord, et on va continuer à le dire haut et fort.
En fait, on se rend compte que c'est une décision arrogante, déconnectée de la réalité et qui fait fi des besoins et des désirs de la population. C'est le président-directeur général de Postes Canada qui l'a le mieux démontré, lorsqu'il a dit que les personnes âgées allaient être contentes de pouvoir faire de l'exercice. Cette déclaration se passe de commentaires. Elle parle d'elle-même.
Dans ma circonscription, les gens se demandent où ils vont mettre leur fameuse boîte. C'est pourquoi je dis que cette décision est déconnectée de la réalité. Laurier—Sainte-Marie est une grande circonscription, mais sa superficie est assez petite. Elle est d'environ 3 km par 3 km. On a 72 000 adresses. C'est dense, il n'y a pas d'espace. Où vont-ils mettre les boîtes? Vont-ils les mettre sur les trottoirs? Si c'est le cas, il n'y aura plus de place pour les fauteuils roulants.
De plus, en raison de la densité dans Laurier—Sainte-Marie, on aurait besoin de plusieurs boîtes communautaires à chaque coin de rue. Alors, non seulement les personnes en fauteuil roulant ne pourront pas se rendre à la boîte, mais ils ne pourront même plus circuler en ville. C'est un truc intéressant!
Par exemple, sur la rue à côté de chez moi, sans compter les deux immeubles résidentiels, il y a 111 adresses. Alors, si leur grosse boîte dessert à peu près 36 adresses, selon ce que j'ai entendu dire, cela en prendrait trois, seulement pour ce coin de rue. De plus, on ne peut pas dire qu'on va aller à côté, parce que c'est pareil.
Que vont-ils donc faire? Vont-ils les mettre dans la rue? Je ne pensais pas que j'aurais à le dire, mais quand je vois à quel point ce gouvernement et le PDG de Postes Canada sont déconnectés de la réalité, je me sens obligée de souligner qu'à Montréal, il neige. Oui, en hiver, il neige! Quand il neige, on enlève les autos des rues pour déneiger. Que va-t-on donc faire avec ces boîtes? Est-ce que ce sont des boîtes amovibles? Va-t-on les suspendre en l'air? Je ne sais pas trop. C'est être déconnecté de la réalité.
Va-t-on les mettre dans les espaces verts? On connaît le respect que les députés de l'autre côté de la Chambre ont pour l'environnement. Je suis désolée, mais nous n'accepterons jamais qu'ils touchent à nos espaces verts. On nous dit aussi qu'on pourrait les installer dans des commerces, mais ma fruiterie, ma boucherie et mon dépanneur n'ont pas d'espace pour cela. Ce sont de petits endroits. Sinon, on nous dit qu'on pourrait les installer dans les pharmacies, mais un petit calcul rapide m'indique que cela prendrait 7 000 de ces boîtes individuelles dans ma pharmacie afin de desservir le territoire que cette pharmacie dessert. Je répète qu'il y a 72 000 adresses dans Laurier—Sainte-Marie, qui a un tout petit territoire.
En terminant, j'aimerais inviter publiquement, à la Chambre, M. Chopra et la à venir dans Laurier—Sainte-Marie pour rencontrer les personnes âgées afin de leur expliquer que cela sera bon pour eux, puisque cela leur permettra de faire de l'exercice, surtout en hiver, à -30 oC. Je les invite à rencontrer les personnes à mobilité réduite, les petits commerçants, tout le monde, et à nous dire où ils vont mettre leurs boîtes.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d'.
Je prends la parole aujourd'hui au sujet de la motion qui demande à la Chambre de s'opposer aux plans de Postes Canada de revoir son modèle d'affaires pour s'adapter à l'évolution des besoins des Canadiens. Postes Canada est tenue par la loi d'assurer l'autofinancement de ses activités. La réalisation de ce mandat est en jeu, car le modèle d'affaires sur lequel elle comptait pour générer des recettes et offrir un service à sa clientèle n'est plus rentable.
De plus en plus de Canadiens préfèrent les communications et le commerce en ligne à l'envoi de lettres par la poste. Pour des raisons manifestes, il faut être de son temps. On ne peut considérer qu'il s'agit d'une tendance temporaire ou d'un phénomène réversible. Il est acquis que, dans les années à venir, les Canadiens utiliseront de plus en plus la technologie, et, par conséquent, compteront de moins en moins sur les services postaux traditionnels.
Bien qu'il faille apporter des changements au modèle d'affaires, afin de réduire les coûts et trouver de nouveaux débouchés, Postes Canada doit aussi continuer d'offrir des services postaux de qualité à tous les Canadiens, aux particuliers et aux entreprises, en ville et en campagne, conformément à la loi et au Protocole du service postal canadien.
Ce n'est pas la première fois que la société prend des mesures pour contrôler ses coûts, surmonter les difficultés posées par une nouvelle technologie et tirer son épingle du jeu. Par exemple, il y a plusieurs années, Postes Canada a lancé une initiative de modernisation appelée « Transformation postale », qui prévoit la modernisation du tri du courrier et l'amélioration des itinéraires de livraison. Cette initiative est en cours depuis quelques années. La société estime que ces mesures permettront de réduire les coûts opérationnels par plus de 250 millions de dollars par année d'ici 2017. Toutefois, ces mesures ne suffiront pas.
La nature des activités de Postes Canada continue d'évoluer rapidement: il y a moins de courrier et plus de colis. Tout le monde comprend qu'elle doit prendre d'autres mesures pour moderniser ses activités et adapter les services postaux aux préférences des Canadiens. À moins d'agir, le modèle financier actuel conduira à un cul-de-sac financier, et les contribuables pourraient avoir à payer la note.
Soyons clairs. Le modèle opérationnel actuel ne garantirait pas la viabilité à long terme de Postes Canada.
En décembre 2013, Postes Canada a annoncé une initiative importante qui jetterait les bases d'un nouveau service postal qui permettrait de mieux servir les Canadiens et s'adapter à leurs besoins. La société a présenté un plan en cinq points fondé sur les principes suivants: le statu quo n'est pas une option envisageable, compte tenu de la forte baisse du nombre d'envois postaux; la société ne compterait pas sur les contribuables pour financer son approche; on viserait à la fois la réussite financière et le respect du mandat public, qui prévoit notamment le maintien des services dans les collectivités rurales et éloignées; enfin, la société n'oublierait pas que la poste représente encore pour les petites entreprises le principal mode d'échange commercial.
Le plan pourrait être mis en oeuvre sans qu'on modifie le Protocole du service postal canadien. Compte tenu de ces principes importants, j'aimerais maintenant souligner les cinq éléments clés du plan. La première initiative de ce plan consiste à remplacer, au cours des cinq prochaines années, la livraison du courrier à domicile par l'utilisation de boîtes postales communautaires dans les centres urbains. Les premières collectivités où cette mesure sera mise en oeuvre seront dévoilées par Postes Canada lorsque les plans de mise en oeuvre seront achevés. La livraison à domicile est de loin la méthode la plus coûteuse, puisqu'elle coûte au moins deux fois plus cher que l'utilisation de boîtes postales communautaires.
Ce changement représenterait la plus grande économie pour Postes Canada. De plus, cette mesure éliminerait l'actuel service à deux niveaux, puisqu'environ deux tiers des ménages canadiens, soit 10 millions de personnes, reçoivent déjà leur courrier et leurs colis dans une boîte postale communautaire, une boîte postale multiple ou une boîte aux lettres rurale en bordure du chemin. Je sais que certains clients sont déçus de l'élimination de la livraison à domicile. Cependant, l'utilisation de boîtes postales communautaires présente également des avantages indéniables pour les clients de Postes Canada, puisqu'elles sont plus commodes et sécuritaires, et elles protègent mieux la vie privée.
Alors que le nombre de lettres, de factures et de relevés reçus par la poste diminue, les communications numériques permettent aux Canadiens d'acheter ou de demander en ligne des articles plus sensibles ou de plus grande valeur, et ce, de façon sécuritaire. Pensons aux cartes émises par le gouvernement, aux produits de santé et aux produits de détail. Il est important de pouvoir livrer ce type d'articles dans un endroit verrouillé, sécurisé et facile d'accès.
Les Canadiens sont occupés. Ils font de plus en plus d'achats en ligne, mais sont rarement à la maison au moment de la livraison. Dans bien des cas, les colis ne peuvent pas être livrés parce que personne n'est à la maison pendant la journée pour les recevoir. Il faut donc laisser une note. Après quelques tentatives de livraison infructueuses, les clients résidentiels doivent se rendre dans un bureau de poste situé à une certaine distance de chez eux pour y récupérer leurs colis.
Les boîtes postales communautaires comprennent des compartiments fermés à clef. Les gens peuvent donc avoir l'esprit tranquille: ils savent que si un colis est livré pendant leur absence, il ne restera pas devant la porte ou dans une boîte à lettres sans surveillance.
Postes Canada est résolue à collaborer avec les municipalités pour trouver de bons endroits où installer les boîtes postales communautaires, afin qu'elles soient sécuritaires, accessibles et à proximité des adresses desservies. Par ailleurs, Postes Canada prend déjà des mesures pour répondre aux besoins des personnes à mobilité réduite qui ont du mal à récupérer leur courrier. L'organisme s'est engagé à continuer de faire le nécessaire pour assurer l'accessibilité des services.
Pour la plupart des Canadiens qui ne bénéficient pas actuellement de la livraison à domicile, le changement annoncé représente une évolution logique du service postal qu'ils utilisent depuis 20 ou 30 ans, surtout si on pense au coût extrêmement élevé de la livraison à domicile. Le changement proposé est semblable à ceux qui ont touché, au fil des ans, d'autres genres de livraison à domicile. On peut penser par exemple à la livraison du lait, une pratique disparue depuis plusieurs années.
La deuxième initiative décrite dans le plan d'action de Postes Canada consiste à hausser le prix des timbres à compter de mars 2014. Comme le nombre de lettres expédiées diminue rapidement, Postes Canada a décidé d'adopter une nouvelle approche de tarification pour les lettres postées au Canada. La nouvelle structure de tarification progressive et les nouveaux tarifs réduits offerts aux entreprises tiendront mieux compte du coût du service fourni à diverses clientèles; ils profiteront aux grands utilisateurs de ce service. À titre d'exemple, les particuliers et les propriétaires de petites entreprises qui achètent les timbres en carnets ou en rouleaux bénéficieront d'un nouveau tarif réduit: ils paieront 85 ¢ le timbre. Les petites et moyennes entreprises qui utilisent des machines à affranchir auront droit au nouveau tarif commercial réduit, qui sera de 75 ¢ le timbre. Quant aux consommateurs qui achètent les timbres à l'unité, une minorité de gens, ils paieront 1 $ le timbre.
Pour la plupart des clients, cette approche de tarification progressive représente une économie d'entre 15 et 30 % par rapport au coût des timbres vendus à l'unité. Les tarifs des colis et du courrier publicitaire avec ou sans adresse ne sont pas visés par cette augmentation. Cette nouvelle structure tarifaire, ou approche « achetez-en plus et économisez » reconnaît la valeur des clients qui expédient de grands volumes de courrier, de même que les coûts inférieurs qui leurs sont associés.
Bien sûr, cette initiative entraînera des frais supplémentaires pour les Canadiens. Selon les estimations de Postes Canada, le client moyen achète entre 13 et 25 timbres par année. Il ne faut cependant pas oublier qu'en raison du mouvement irréversible en faveur des communications numériques, les volumes de courrier continueront à diminuer à un rythme soutenu. En même temps, le nombre d’adresses que doit desservir Postes Canada continue d’augmenter année après année; ainsi, il a augmenté d'environ 845 000 adresses depuis 2007.
Moins de courrier livré à davantage d'adresses: si l'on n'apporte aucun changement aux tarifs ou au service, le modèle d'entreprise ne sera pas viable. Selon Postes Canada, avec son vaste territoire et la faible densité de sa population, le Canada a l’une des structures de coûts les plus imposantes de toutes les administrations postales des pays industrialisés. Rapprocher le prix des timbres du coût réel de livraison du courrier partout au pays constitue un élément important de la stratégie de Postes Canada.
La troisième initiative porte sur le vaste réseau de vente au détail de Postes Canada. Ce réseau, qui compte près de 6 400 comptoirs postaux, est encore plus étendu que celui des restaurants Tim Hortons et McDonald réunis.
Les Canadiens sont de plus en plus nombreux à effectuer des achats en ligne et ils veulent pouvoir compter sur des services améliorés de livraison des colis. Ils veulent notamment un plus grand nombre d'emplacements et des horaires mieux adaptés à leur réalité pour ramasser ou retourner leurs colis, surtout dans les régions rurales et du Nord, qui continuent de dépendre grandement de ce service.
Postes Canada prend des mesures pour optimiser son réseau de vente au détail, notamment grâce à l'utilisation accrue de bureaux de poste concessionnaires, qui sont un point de vente à l'intérieur d'un autre magasin.
Je vois le Président qui me fait signe. Je vais donc conclure sur ces mots et je serais heureux de répondre aux questions.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir aujourd'hui au sujet de la motion concernant Postes Canada.
En décembre 2013, Postes Canada a annoncé un plan d'action en cinq points conçu pour aider la société à retrouver son autonomie financière d'ici 2019.
La nécessité de transformer l'administration postale n'est pas une question qui touche uniquement le Canada. Les volumes de courrier sont en baisse partout dans le monde, selon l'Union postale universelle, l'organisme des Nations Unies chargé de fixer les règles des échanges de courrier à l'échelle internationale, en particulier dans les économies développées. Cette situation est attribuable à la croissance des communications électroniques, comme le courriel et les téléphones intelligents, y compris l'envoi de messages textes, ainsi qu'à l'augmentation des communications électroniques.
Il y a 10 ans, la grande majorité des factures étaient payées par la poste. De nos jours, les gens paient leurs factures en ligne, et certaines entreprises imposent même des frais supplémentaires aux clients qui préfèrent encore recevoir leurs factures par la poste.
La rédaction de lettres personnelles est aussi une pratique en voie de disparition. Finie l'époque où le courrier était livré plusieurs fois par jour, comme c'était le cas par exemple au Royaume-Uni. Depuis, les voitures ont remplacé les chevaux, les ordinateurs ont pris la place des calculatrices mécaniques et le courrier électronique et le texto sont en train de déloger rapidement ce que plusieurs Canadiens qualifient de « courrier escargot ».
Les entreprises spécialisées dans les cartes de souhaits éprouvent aussi des difficultés économiques attribuables à la popularité grandissante des cartes d'anniversaire électroniques. Aux États-Unis, où est livré environ 40 % de tout le courrier mondial, le Government Accountability Office prévoit que le volume de courrier pourrait diminuer de 60 % d'ici 2020, comparativement aux sommets enregistrés en 2006. Une étude réalisée par cette organisation en 2012 a aussi révélé que le service postal des États-Unis présentait une capacité de traitement excédentaire, et ce, même s'il avait apporté des compressions importantes dans ses installations de tri et ses activités depuis 2006. La même étude prévoit que le service postal des États-Unis encaissera des pertes nettes de l'ordre de 21 milliards de dollars d'ici 2016.
Jusqu'à tout récemment, la Poste royale britannique fonctionnait à perte étant donné la baisse des volumes de courrier et la déréglementation du marché postal en 2006. Cette déréglementation a ouvert la porte à des entreprises postales étrangères, qui ont commencé à s'implanter dans le secteur très lucratif du courrier commercial à faible coût en milieu urbain. Ces entreprises ont offert des tarifs moins élevés que la Poste royale, nuisant ainsi encore davantage aux revenus de celle-ci.
Dans la plupart des pays du Nord de l'Europe, comme les Pays-Bas et la Scandinavie, où le taux de pénétration d'Internet dépasse les 90 %, le pourcentage de la baisse du volume de courrier se situe dans les deux chiffres.
Dans le reste du monde, comment compose-t-on avec le déclin de l'activité postale?
Dans chaque pays, l'environnement des opérations postales est unique et se fonde sur des caractéristiques géographiques, démographiques et climatiques. Compte tenu des différences entre les pays et, dans une certaine mesure, leurs politiques, il n'est pas étonnant que chacun réagisse à sa manière à la baisse du volume du courrier.
Ainsi, en juillet dernier, un projet de loi a été présenté au Congrès des États-Unis. S'il est adopté, il autorisera le service postal fédéral à supprimer la livraison du courrier à domicile et à ne distribuer les envois que du lundi au vendredi.
Selon le Service postal des États-Unis, à peu près 30 millions d'Américains, soit moins de 10 % de la population, reçoivent leur courrier à domicile, ce qui représente pour lui une facture annuelle d'environ 353 $ par ménage. En comparaison, la livraison aux boîtes aux lettres communautaires ne coûte annuellement que 160 $ par adresse. Cependant, peu d'Américains consacrent plus qu'une fraction des coûts annuels de livraison à l'achat de timbres. L'objectif consiste donc à réduire autant que possible les coûts de livraison, d'autant plus que le service postal a le mandat d'équilibrer son budget, ce qu'il n'est pas parvenu à accomplir depuis des années.
S'il devait être adopté, ce projet de loi supprimerait également, pour les nouveaux employés, la garantie de non-licenciement qui figure actuellement dans les conventions collectives.
Puisque le projet de loi n'a pas encore été adopté, le Service postal des États-Unis fait ce qu'il peut pour réduire ses frais d'exploitation. Par exemple, il a déjà écourté les heures d'ouverture de plus de 6 000 bureaux de poste, espérant ainsi économiser 500 millions de dollars par année.
Au Royaume-Uni, l'État a décidé de privatiser la Poste royale. En effet, il a adopté en 2011 le projet de loi ouvrant la voie à cette mesure, bien que la Poste royale demeure tenue d'assurer un service postal universel. Ayant conscience qu'aucune privatisation n'était possible tant que la société d'État était déficitaire, le Royaume-Uni a donc décidé d'en accroître les revenus en haussant le prix des timbres l'année suivante, à raison respectivement de 30 % et de 36 % pour le courrier de première et de deuxième classe. Au taux de change actuel, un timbre de première classe coûte donc plus de un dollar.
Le gouvernement britannique a aussi pris à sa charge l'actif du régime de retraite de la Royal Mail, qui s'élève à 28 milliards de livres Sterling, soit environ 45 milliards de dollars canadiens. Il a également décidé d'assumer le passif du régime de retraite, qui s'élève à 8,4 milliards de livres, soit environ 14 milliards de dollars, de plus que l'actif. La Royal Mail a ainsi pu réaliser un bénéfice en 2011 et 2012. En 2012, les bureaux de poste ont été transférés à une société distincte à responsabilité limitée, qui a reçu près de 2 milliards de dollars en subventions du gouvernement.
Le plan d'action en cinq points de Postes Canada évite de devoir verser des subventions coûteuses, comme les gouvernements d'autres pays, notamment le Royaume-Uni, ont versées à leur service des postes.
La société Deutsche Post a également été privatisée, mais l'Allemagne a choisi une approche très différente de celle de la Grande-Bretagne. Le gouvernement allemand a donné à la Deutsche Post la liberté d'élargir ses activités tout en continuant de fonctionner dans un marché postal allemand protégé. Cette protection du marché a été mise en place avant l'introduction en bourse de la Deutsche Post en 2000 et est restée plusieurs années par la suite. En 1998, la Deutsche Post a commencé à racheter DHL et a depuis consolidé son leadership dans le secteur de la logistique et du transport à la faveur d'acquisitions subséquentes d'autres entreprises. La protection accordée à la société Deutsche Post pendant son expansion lui a permis de devenir la plus grande société de messageries du monde.
En fait, la livraison postale représente moins de 20 % des affaires de DHL. Constatant l'avènement des communications électroniques, la Deutsche Post a été l'une des pionnières du courrier hybride. Le courrier peut être envoyé électroniquement par courriel, puis livré sur papier. L'inverse est également possible. Le courrier est alors numérisé, envoyé électroniquement, puis imprimé au moyen d'une imprimante pratique de la Deutsche Post. Les documents juridiques sont souvent envoyés de cette façon.
D'autres services postaux ont aussi diversifié leurs activités pour compenser la baisse de la rentabilité de leurs services postaux. Australia Post, par exemple, a diversifié ses activités en vendant des licences aux bureaux de poste, qui vendent aussi des articles électroniques, des articles de voyages, des livres, des téléphones, et cetera. Cette diversification visait à contrer une baisse des revenus des activités postales. L'année dernière, Australia Post a affiché une perte record de 187 millions de dollars australiens dans son secteur du courrier postal. Australia Post vient de réaliser un sondage pour déterminer si les clients préféreraient que leur courrier leur soit livré trois fois par semaine ou qu'il soit livré tous les jours, moyennant des frais annuels de 30 $.
Le Canada est un grand pays, le plus grand des pays du G7. Il compte peut-être à peine 100 kilomètres carrés de plus que les États-Unis, mais sa superficie est presque 40 fois celle du Royaume-Uni. La population des États-Unis est plus de 10 fois supérieure à celle du Canada, et celle du Japon, plus de 100 fois supérieure, mais la poste canadienne réussit, parfois dans des conditions météorologiques difficiles, à distribuer le courrier sur de vastes distances à un prix concurrentiel. Les autres pays n'ont pas les mêmes défis à relever.
Au lieu d'étendre ses activités commerciales à des domaines qui ne lui conviennent pas, la Société canadienne des postes a cherché à répondre à une question encore plus importante: de quels services postaux les Canadiens ont-ils besoin? Elle a réagi au déclin du volume de courrier en élaborant son plan d'action en cinq points, qu'elle a annoncé en décembre 2013.
Ce plan respecte le Protocole du service postal canadien, que le gouvernement avait annoncé en 2009. Il est facile de reprocher à la Société canadienne des postes de prendre des mesures visant à assurer la viabilité des services postaux canadiens tout en répondant aux besoins des consommateurs, mais si elle ne fait rien, sa survie pourrait être menacée, ou alors les services postaux, qui ne seraient plus économiquement viables, pourraient accumuler d'énormes dettes que les contribuables devraient assumer.
S'il est vrai que le volume de courrier est en déclin, la disparition des services postaux n'est pas encore imminente. Le Canada compte sur la Société canadiennes des postes pour distribuer le courrier, et le gouvernement s'attend à ce qu'elle continue d'offrir ce service pendant encore de nombreuses années tout en gérant judicieusement ses finances.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je partage mon temps de parole aujourd'hui avec la députée de .
Je suis ravie d'intervenir aujourd'hui à la Chambre dans le cadre du débat sur la motion d'opposition du NPD, dans laquelle nous condamnons la décision de Postes Canada de privatiser d'autres bureaux de poste, de hausser le prix des timbres à un coût inabordable et de faire du Canada le premier pays à éliminer le service de livraison à domicile. Malheureusement, puisque je ne dispose que de 10 minutes, je sais que je vais manquer de temps avant d'avoir dit tout ce que j'avais à dire.
Je vais être très claire d'entrée de jeu. Je crois fermement que le service de livraison à domicile offert par Postes Canada est précieux, et je suis fondamentalement contre l'idée que le Canada devienne le seul pays du G7 à ne pas fournir un tel service.
Paradoxalement, c'est en juin 2011 que nous avons débattu la dernière fois à la Chambre du dossier de Postes Canada. Les conservateurs avaient alors imposé un lock-out aux membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes et présenté une loi forçant le retour au travail. À ce moment-là, le gouvernement s'était défendu en disant que les services offerts par les travailleurs des postes étaient absolument essentiels à l'économie canadienne. C'est le principal argument qu'il avait fait valoir pour justifier l'urgence de faire adopter une loi de retour au travail.
À peine deux ans plus tard, ces mêmes travailleurs peuvent maintenant être sacrifiés. Tout à coup, le licenciement de 6 000 à 8 000 travailleurs des postes importe peu. C'est insensé. Il est tout aussi important d'appuyer les services de distribution de courrier aujourd'hui que ce l'était à l'époque. Le souvenir de ce débat est doux-amer, car c'est la dernière fois que notre ancien chef, Jack Layton, est intervenu à la Chambre. Tous ceux qui étaient présents s'en souviendront: Jack Layton ne sentait pas bien cette journée-là, mais cette question lui tenait vraiment à coeur.
Je me rappelle qu'il avait parlé de Gary, un employé des postes qui distribuait le courrier chez lui à Toronto. Il a raconté que Gary avait développé une relation très spéciale avec sa belle-mère, la mère de la députée de , qui avait 85 ans à l'époque. Comme bien des aînés, son facteur, Gary, lui permettait de garder contact avec le reste du monde, et elle chérissait cette relation. Jack a par la suite parlé d'une des valeurs fondamentales des néo-démocrates, le droit à la libre négociation collective. Voici ce qu'il a dit:
Nous devons comprendre que les bénéfices des conventions collectives vont bien au-delà du simple contrat. Les gains négociés par les travailleurs au fil des ans ont aidé à élever les normes pour tous les Canadiens. Les travailleurs syndiqués se sont battus pour les droits que l'on considère maintenant comme acquis: un salaire suffisant pour élever une famille — les salaires des employés non syndiqués sont tirés vers le haut par les salaires des employés syndiqués —, les normes de santé et de sécurité au travail, la semaine de 40 heures, les fins de semaine, la protection contre le harcèlement, les vacances, les régimes de pension en milieu de travail, etc.
Avec la collaboration de partis progressistes comme le Nouveau Parti démocratique, la négociation collective a été l'un des moteurs de progrès pour les travailleurs. Je considère qu'il faut faire fond sur cet héritage, et non le mettre en pièces.
Jack a terminé son intervention en disant: « C'est tout ce que je peux dire maintenant. » Et, comme nous le savons tous maintenant, il aurait effectivement été incapable d'en dire plus. Son organisme commençait à avoir le dessus sur son esprit indomptable.
Nous avons cependant pris la relève. Ce furent des jours incroyables. Pour les nouveaux élus de notre caucus, ce fut la première occasion d'intervenir à la Chambre. C'était la première fois qu'ils siégeaient jour et nuit, mais personne ne s'est plaint. Même s'ils n'ont pas pu assister aux célébrations de la fête nationale du Québec, ils ont pris la parole à la Chambre pour défendre ce en quoi ils croyaient. Ils ont participé à la lutte pour l'obtention d'emplois décents pour les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, et pour les générations de travailleurs à venir.
À bien des égards, cette lutte a forgé notre solidarité en tant qu'opposition forte et progressiste. C'est cette opposition qui ramène de nouveau sur le tapis à la Chambre aujourd'hui la protection des services postaux. Nous y avons été poussés par une manoeuvre incroyablement cynique de Postes Canada en décembre dernier. C'est le lendemain de l'ajournement que Postes Canada a annoncé ses importantes compressions dans le service postal en espérant que les députés ne seraient pas là pour organiser une campagne. Par-dessus le marché, après avoir présenté une déclaration écrite à l'appui des compressions, la ministre responsable de Postes Canada a refusé de répondre aux questions. Nous n'étions pas dupes et nous savions ce qui s'était passé. Les changements avaient en fait commencé depuis un certain temps.
Depuis janvier 2012, des dizaines de bureaux de poste ont fermé leurs portes ou annoncé leur fermeture. Les services ruraux ont été frappés particulièrement durement jusqu'ici. Voilà maintenant que Postes Canada annonce qu'il supprimera la livraison à domicile dans les régions urbaines, poursuivra la privatisation des comptoirs postaux, augmentera considérablement les tarifs postaux, l'affranchissement minimal passant à 1 $, et mettra à pied entre 6 000 et 8 000 travailleurs. C'est du déjà vu avec les conservateurs.
Sous le premier ministre Brian Mulroney, les conservateurs ont fermé plus de 1 500 bureaux de poste au pays. Toutefois, on ne soigne pas le mal par le mal. Disons-le clairement: non seulement les compressions nuiront aux Canadiens qui n'auront plus de livraison à domicile, mais les hausses de prix annoncées pénaliseront les entreprises et les organismes de bienfaisance qui comptent sur les services postaux pour leurs activités quotidiennes. C'est sans doute pourquoi Postes Canada a tout fait pour que les Canadiens ne sachent pas ce qu'elle tramait.
Il m'apparaît inconcevable que des compressions d'une telle envergure se fassent sans une consultation publique en bonne et due forme. Postes Canada appartient à la population. Cette dernière a son mot à dire.
Voyons les arguments qu'on tente de nous faire gober.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, les postiers ont été mis en lock-out en 2011. On a suspendu les activités de Postes Canada, ce qui a entraîné le premier déficit en plus de 15 ans. Toutefois, Postes Canada a réalisé des profits de plus de 1,7 milliard de dollars pendant 16 des 17 dernières années. Les conservateurs utilisent cette unique année déficitaire pour justifier des compressions draconiennes.
Les conservateurs se gardent bien de rappeler que le avait nommé un nouveau PDG quelques mois avant la mise en lock-out des employés de Postes Canada en 2011. Le PDG en question touche un salaire d'un demi-million de dollars et une prime de 33 %. Il s'est entouré de 22 vice-présidents, puis il a suspendu l'assurance-médicaments et d'autres avantages sociaux pour tous les employés, y compris ceux qui étaient en congé de maladie ou qui bénéficiaient de l'assurance-invalidité. C'est odieux.
Voyons ce qui aurait dû se passer.
Tout changement devrait avoir pour principe sous-jacent qu'il est crucial, pour les Canadiens, d'avoir un service de livraison du courrier accessible et fiable. Postes Canada fournit des services importants et essentiels depuis plus d'un siècle, et les Canadiens comptent sur leurs services postaux locaux. À mon avis, il est indispensable que nous conservions le service à domicile et que nous améliorions les services pour que Postes Canada puisse attirer de nouveaux clients et trouver de nouvelles sources de recettes.
Postes Canada peut moderniser ses services sans emprunter la voie de la privatisation, mais pour ce faire, il faudra mener des consultations dignes de ce nom auprès des Canadiens afin de trouver des moyens d'accroître les services postaux au lieu de les anéantir.
Postes Canada devrait chercher de nouveaux moyens de générer des recettes pour maintenir les services existants, en misant sur le commerce électronique ou les services financiers, un franc succès ailleurs dans le monde.
Un gouvernement responsable étudierait diverses solutions pour renouveler nos services postaux et attirer de nouveaux clients. Une telle approche globale serait bien accueillie par les Canadiens de tous les milieux qui expriment leur indignation par des rassemblements, des pétitions, des motions adoptées aux conseils municipaux et des lettres d'opinion sur les compressions proposées à Postes Canada et leur approbation par le Parti conservateur.
Je sais qu'il ne me reste plus beaucoup de temps, mais j'aimerais pour conclure exprimer les inquiétudes des Canadiens ici à la Chambre. C'est notre travail. Nous sommes ici pour représenter les Canadiens, et non Postes Canada.
Les personnes âgées et les personnes handicapées ont été les premières à exprimer leur indignation parce qu'elles savent que ces changements menacent l'accessibilité au courrier, surtout en hiver et lorsqu'il pleut.
Les Canadiens à faible revenu, les organisations caritatives de même que les petites entreprises et entreprises indépendantes ont emboîté le pas, puisqu'ils craignent l'impact démesuré qu'aura sur eux la hausse du prix des timbres.
Pour les forces de l'ordre, la sécurité des boîtes communautaires est préoccupante, puisqu'elles sont au courant d'incidents déclarés de vol de courrier et d'identité dans ces boîtes communautaires.
Les conseillers municipaux sont vexés parce qu'on n'a pas tenu compte de l'incidence de ces changements sur l'urbanisme.
Bien sûr, les employés des postes s'inquiètent de la perte d'emplois et des conditions de travail.
Toutes ces préoccupations sont réelles et légitimes, et auraient dû être prises en compte avant que Postes Canada ne procède à ces réductions draconiennes.
Comme je l'ai dit précédemment, Postes Canada appartient au public, qui a le droit d'exprimer son point de vue.