Que le projet de loi C-525 soit modifié par suppression de l'article 1.
Que le projet de loi C-525, à l'article 4, soit modifié:
a) par substitution, à la ligne 14, page 2, de ce qui suit:
« au moins cinquante pour cent des employés »
b) par substitution, à la ligne 24, page 2, de ce qui suit:
« senter au moins cinquante pour cent des »
Que le projet de loi C-525, à l'article 5, soit modifié par substitution, à la ligne 38, page 2, de ce qui suit:
« moins cinquante pour cent des employés de »
Que le projet de loi C-525, à l'article 8, soit modifié:
a) par substitution, à la ligne 15, page 4, de ce qui suit:
« moins cinquante pour cent des employés d'une »
b) par substitution, à la ligne 25, page 4, de ce qui suit:
« représenter au moins cinquante pour cent des »
c) par substitution, à la ligne 37, page 4, de ce qui suit:
« le cas, au moins cinquante pour cent des »
Que le projet de loi C-525, à l'article 11, soit modifié par substitution, à la ligne 12, page 6, de ce qui suit:
« moins cinquante pour cent des fonctionnaires »
Que le projet de loi C-525, à l'article 12, soit modifié par substitution, à la ligne 23, page 6, de ce qui suit:
« date du dépôt de la demande, au moins cinquante »
-- Monsieur le Président, j'aimerais entamer ce débat en citant M. Chris Riddell, qui, en 2001, a publié dans la Revue canadienne d'économique un article portant sur la suppression des syndicats et l'accréditation. Voici ce qu'a écrit M. Riddell:
Il ne fait aucun doute qu'un gouvernement qui s'oppose à la syndicalisation peut parvenir à ses fins en rendant obligatoire la tenue d'un scrutin.
C'est exactement ce qu'essaie de faire ce gouvernement de droite, idéologique, anti-travailleurs et anti-syndicats, au moyen du projet de loi . Cette mesure législative rendrait obligatoire le tenue d'un scrutin secret chaque fois que des travailleurs veulent se regrouper pour défendre leurs droits et améliorer leurs conditions de travail et leurs conditions de vie en général.
Le système de cartes actuel est simple, fonctionne bien pour les travailleurs et ne crée aucun problème.
Je vais démontrer aux députés ce soir que les modifications proposées par le député créeraient un contexte dans lequel il serait beaucoup plus difficile de former de nouveaux syndicats, ce qui aurait un effet néfaste sur les conditions de vie et de travail de nombreux Canadiens. C'est déplorable, parce que le projet de loi nous rapprocherait beaucoup du modèle américain et nous éloignerait du modèle canadien, qui est fondé sur le partage et l'équité.
[Français]
Grâce à la pression exercée par des citoyens et des travailleurs de partout au pays ainsi qu'à l'opposition solide du NPD dans ce dossier, nous avons réussi à débarrasser le projet de loi des éléments les plus loufoques, dérisoires ou carrément absurdes dont il était question.
Au départ, ce projet de loi était tellement anti-syndical qu'il faisait même en sorte qu'on considérait que les gens qui n'allaient pas voter, à savoir s'ils voulaient un syndicat sur leur lieu de travail, votaient contre la création du syndicat. Quand il y avait un vote pour abolir le syndicat, c'était l'inverse.
Le biais idéologique était si grand qu'on considérait que ceux qui n'allaient pas voter votaient pour l'abolition du syndicat. Heureusement, le NPD a réussi à faire entendre raison au gouvernement, et ce dernier a reculé. On l'a fait reculer pour revenir à un système de vote dont on conteste la nécessité, car il ouvre la porte à des manoeuvres déloyales d'intimidation, de menace ou de chantage de la part de l'employeur.
Au moins, on va compter les votes qui sont dans la boîte, et non ceux des gens qui sont restés à la maison, comme nous le faisons pour les élections fédérales ou provinciales, selon les règles qui encadrent notre élection à la Chambre.
On a donc évité la catastrophe, mais il n'en demeure pas moins que ce projet de loi va à l'encontre des principes et des valeurs du NPD. Ce dernier veut aider les gens à s'organiser et à améliorer leurs conditions de travail, au lieu de leur mettre des bâtons dans les roues.
Un peu plus tôt, lorsque je parlais en anglais, j'ai dit que ce projet de loi s'approchait du modèle américain et qu'il nous éloignait d'une société juste et équitable, ce qui était la marque de commerce du Canada et du Québec depuis des années.
J'aimerais faire référence à un document très intéressant provenant de la Confédération des syndicats nationaux:
Pourquoi les législateurs provincial et fédéral ont-ils réglementé, dans leur Code du travail respectif, pour que le choix d'un syndicat soit déterminé par signature de carte d'adhésion plutôt que par vote secret? [C'est simple.] Pour éviter l'ingérence et l'intimidation exercées par les employeurs auprès de leurs salariés afin de les inciter à renoncer à la formation d'un syndicat.
[...] Dans le cadre de la tenue d'un vote à scrutin secret, les moyens dont disposent les groupes opposés des deux parties peuvent avoir un effet déterminant sur le résultat. Comment un syndicat en formation peut-il prétendre disposer d'un moyen aussi efficace qu'un employeur ou qu'un groupe de salariés appuyés par l'employeur lui permettant de gagner le vote? [...]
De plus, ces salariés pourront-ils faire leur propagande sur les lieux du travail sans risque de sanction alors qu’il est évident que les anti-syndicaux bénéficieront de l’appui ou au moins d’une bienveillante tolérance de la part de l’employeur?
En somme, une véritable campagne pré-vote ne peut être menée à armes égales et son résultat ne peut représenter véritablement le choix individuel de chaque salarié impliqué.
Je termine ici la citation pour dire que la signature d'une carte est un geste important par lequel on affirme qu'on adhère à une organisation, et qu'on veut être représenté par cette dernière qui va négocier un contrat de travail, dans le cadre duquel nos droits seront respectés et nos conditions de travail améliorés. C'est un geste fort et aussi légitime qu'un vote secret.
On commence à voir ici les bâtons dans les roues qu'on peut mettre aux employés qui voudraient, avec toutes les bonnes raisons du monde, s'organiser pour négocier une convention collective.
Selon le document de la CSN, il est intéressant de voir l'opinion des acteurs du milieu sur la question de l'ingérence potentiel d'un employeur dans le processus d'accréditation.
Je reprends ici une citation tirée du journal Le Devoir du 16 mai 2005. Me Louis Morin, ex-juge au Tribunal du travail et ancien président de la Commission des relations du travail du Québec, déclarait:
Dans toute ma carrière, je n’ai pas rencontré un seul employeur qui ait bien pris la nouvelle lorsqu’un syndicat montrait le bout du nez. Parfois les réactions sont virulentes. Est-ce plus démocratique de voter contre la syndicalisation après que l'employeur eut menacé les salariés de fermeture, de perte de droits, etc. que d’avoir signé une carte d’adhésion même si c’est avec persistance qu’on a demandé de le faire
On a ici quelqu'un d'expérimenté, qui a dirigé la Commission des relations du travail du Québec, qui dit que le système fonctionne bien avec une signature de carte. C'est pour ça que nous, au NPD, on pense que ça vaut la peine de conserver le système actuel qui fonctionne bien, et qui permet d'avoir au Canada un taux de syndicalisation beaucoup plus élevé qu'aux États-Unis.
On verra plus loin que cela a des répercussions économiques pour les travailleurs, les travailleuses et pour leur famille, mais également pour l'ensemble des communautés, parce que ça injecte de l'argent dans les petites entreprises, les villes, les villages et dans toutes nos communautés.
En 2001, Mmes Adrienne Eaton et Jill Kriesky, dans un article intitulé Union organization under neutrality and card check agreements, nous signalaient que l'usage de cartes de membre réduit l'utilisation de techniques déloyales par l'employeur.
Une campagne dans un lieu de travail où le syndicat n'est toujours pas présent et où l'employeur peut faire du chantage ou promettre des promotions ou des postes en particulier si les gens font campagne de son côté, n'est pas un endroit où il y a un équilibre des forces en présence. On ne peut pas considérer que le choix fait sera juste et éclairé et que l'employé sera à l'abri d'intimidation et de menaces de la part de l'employeur. Ça peut créer un climat qui détruira les relations de travail et qui sera traumatisant du point de vue émotionnel pour les employés.
Ce n'est pas moi qui le dit. C'est Adrienne Eaton et Jill Kriesky. Ces auteurs affirment même que les cartes de membres diminuent de 50 % le nombre d'employeurs qui optent pour une campagne antisyndicale. La signature de carte diminue les tactiques déloyales et les campagnes antisyndicales de la part des employeurs. D'autre part, le nombre d'accréditations syndicales fructueuses semble aussi augmenter lorsqu'il y a à la fois l'utilisation de cartes de membre, mais aussi une entente de neutralité venant de l'employeur.
Je pense avoir à peu près huit autres experts que je pourrais citer sur les répercussions qu'il y a eues en Colombie-Britannique et en Ontario. Elles ont fait baisser non seulement les tentatives de syndicalisation, mais également leurs taux de succès qui peuvent baisser de 20 % à 30 % la plupart du temps, alors qu'il y a un avantage syndical clair, net et précis.
En moyenne, un travailleur syndiqué va gagner 4,97 $ de plus l'heure qu'un travailleur non syndiqué. L'avantage est encore plus clair pour les femmes. Une femme syndiquée va gagner 6,65 $ l'heure de plus qu'une femme non syndiquée. Si on enlevait toute cette injection d'argent de plus dans l'économie, si on enlevait toutes les négociations collectives qui ont apporté des améliorations salariales, on se priverait de 786 millions de dollars par semaine dans l'économie canadienne. C'est ça la différence.
C'est pour ça que du coté du NPD, on va continuer à vouloir un climat de travail sain, mais également des possibilités, pour l'ensemble des travailleurs et des travailleuses, de s'organiser et d'améliorer leurs conditions de travail, parce que c'est comme ça qu'on crée une société plus solidaire, plus juste et plus égalitaire où il fait mieux vivre.
:
Monsieur le Président, dans ce cas-ci, je peux comprendre que vous soyez confus et que vous annonciez que nous passons aux questions et observations, car, habituellement, la première personne à prendre la parole au sujet d'un projet de loi d'initiative parlementaire est celle qui le présente ou un député de son parti, mais, manifestement, vu la nature de cette mesure législative, l'opposition a pris la parole en premier, car aucun député ministériel n'a envie d'en parler. C'est tellement énorme. C'est probablement parce que, dans le cours des audiences, nous n'avons rien entendu qui justifie cette mesure législative. Je suis certain que mon collègue du NPD a dû lui aussi être surpris d'être le premier à devoir prendre la parole à propos de ce projet de loi.
Non, je n'ai pas été surpris.
Mon collègue n'a pas été surpris, monsieur le Président.
Les Canadiens savent que le gouvernement actuel ne se soucie aucunement de respecter la procédure établie ou de proposer des mesures législatives basées sur des faits. Tout comme la loi sur le manque d'intégrité des élections, le projet de loi en est un exemple de plus. Nous débattons un projet de loi qu'aucune donnée ne vient étayer alors que tous ceux qui s'intéressent aux relations du travail soutiennent qu'il s'agit là d'une manière horrible de légiférer dans ce domaine dans notre pays.
Je suis d'avis que, pour que les lois du travail fonctionnent dans l'intérêt des employés et des employeurs, elles doivent être justes et équilibrées. Elles doivent également être légitimées au moyen de consultations et d'un processus consensuel, fondés sur des faits réels, auxquels doivent participer les intéressés.
Qu'il s'agisse du projet de loi l'année dernière ou des modifications de la définition de « danger » dans le projet de loi omnibus de l'automne dernier ou, maintenant, du projet de loi , le gouvernement a saisi toutes les occasions et utilisé tous les moyens pour faire adopter des mesures législatives sur le travail qui procèdent d'une idéologie plutôt que de s'appuyer sur des faits et a recouru à des moyens détournés plutôt qu'à des moyens ouverts et transparents et à des consultations.
Le parrain de ce projet de loi, mon collègue de Wetaskiwin, justifie ce projet de loi en parlant d'une montagne de plaintes concernant les contraintes exercées par les syndicats sur les travailleurs durant les campagnes d'accréditation syndicale.
Dans son discours à l'étape de la deuxième lecture, il a dit:
S'il n'y avait que des plaintes isolées au sujet des actes que posent les organisateurs syndicaux, on pourrait ne pas en tenir compte. Mais lorsque l'on voit la montagne de plaintes dont sont saisies les commissions des relations de travail, il faut s'en inquiéter.
Lorsqu'on fait une telle déclaration surtout dans le but de justifier une attaque contre le droit fondamental des travailleurs de décider de la façon de se syndiquer, il est préférable d'être en mesure de l'étayer par des faits.
Je pense que beaucoup, ici, seraient surpris, et même stupéfaits, d'apprendre que lorsque la présidente du Conseil canadien des relations industrielles a comparu devant le comité au cours de l'étude du projet de loi, elle a fait une déclaration qui a eu l'effet d'une bombe: elle a affirmé qu'au cours des dix dernières années, le conseil a rendu 4 000 décisions, et que seulement deux plaintes de pratiques de travail déloyales de la part des syndicats étaient fondées. Elle a dit qu'il y avait plus de plaintes fondées contre les employeurs que contre les syndicats. Au cours de la dernière décennie, le conseil a rendu 4 000 décisions concernant 1,25 million de travailleurs, et seulement deux plaintes étaient fondées.
Le gouvernement prétend que cette mesure législative vise à protéger les droits des travailleurs. Néanmoins, des 1,25 million de travailleurs concernés, nous n'en avons pas entendu un seul appuyer le projet de loi. Pas un seul travailleur ou groupe de travail n'a téléphoné, envoyé de courriel, fait parvenir de pétition ou demandé à comparaître devant le comité pour expliquer comment il avait été victime de préjudices à cause de la loi actuelle. Pas un seul.
La question qu'il faut poser et à laquelle il faut répondre est la suivante: pourquoi modifier radicalement la façon dont les travailleurs peuvent se syndiquer et remplacer le processus d'accréditation au moyen de la vérification des cartes par un vote obligatoire? C'est peut-être parce que les recherches ont révélé qu'une telle façon de procéder aurait pour effet d'abaisser le taux de syndicalisation, ce que le Parti conservateur souhaite implicitement.
J'aimerais enfin parler du processus utilisé ou, plus exactement, de l'abus d'un processus légitime, dont ce projet de loi est un exemple parfait. Même si ce projet de loi modifierait radicalement la façon dont les travailleurs peuvent se syndiquer, le comité ne s'est réuni que deux fois pour l'étudier, deux fois seulement. Pendant deux heures et demie, il a entendu des témoins représentant des syndicats et des groupes d'employeurs dire qu'en plus d'être inacceptable, le recours à des projets de loi d'initiative parlementaire pour apporter des modifications majeures aux lois sur le travail finirait par nuire aux relations de travail.
Le secrétaire-trésorier du Congrès du travail du Canada, Hassan Yussuff, a déclaré ceci:
Les modifications ne devraient pas être faites par le biais des projets de loi émanant des députés. Elles devraient être faites par le biais de consultations prélégislatives auprès des employeurs, des syndicats et du gouvernement.
Et de l'autre côté, qu'est-ce qu'on dit? John Farrell, directeur administratif de l'ETCOF, le plus gros groupe d'employeurs fédéraux, a déclaré ceci:
Nous croyons que l'utilisation des projets de loi émanant de députés risque de créer un précédent dangereux sur le plan fédéral. Si l'on n'a pas de consultation ou de soutien adéquat, des propositions qui ne sont pas nécessaires ou qui ne sont pas réalistes peuvent devenir lois, et l'équilibre nécessaire pour assurer la stabilité des relations du travail sera perturbé. Nous croyons fermement que cela ne reflète pas les intérêts des employeurs et des employés canadiens à long terme, et cela risque de nuire à l'économie en déstabilisant les fondements des relations patronales-syndicales.
Ces deux entités qui représentent, d'une part les travailleurs, et d'autre part, les employeurs, disent la même chose dans des déclarations très lourdes de sens.
M. George Smith, un spécialiste en relations de travail qui a travaillé dans le domaine toute sa vie, a déclaré ceci:
[...] nous sommes devant un projet de loi d'initiative parlementaire qui modifie une partie importante du Code canadien du travail sans que l'on sache quelles seront les conséquences sur les politiques générales en matière de relations de travail du secteur fédéral, sans que soit suivie la procédure établie nécessaire et sans consultation publique pour examiner les conséquences prévues et imprévues de tels changements.
Les régimes du droit du travail sont très complexes, et ceux qui fonctionnent bien reposent sur un équilibre fragile qui doit être respecté lorsqu'on fait des réformes. Dans le domaine du travail, les réformes à courte vue fondées sur des principes idéologiques plutôt que sur des données probantes et qui sont effectuées sans processus légitime de consultation sont nuisibles et non viables.
Mon parti et moi ne sommes pas toujours d'accord avec les syndicats, mais je crois néanmoins que les anciens gouvernements libéraux ont utilisé une approche équilibrée et qu'ils ont mené de vastes consultations avant d'apporter des réformes dans le domaine du travail. Je signale entre autres qu'ils ont chargé Andrew Sims et le professeur Harry Arthurs d'examiner les parties II et III du Code canadien du travail, et qu'ils ont mené de vastes consultations auprès des syndicats du secteur public avant de présenter la Loi sur la modernisation de la fonction publique, en 2003.
Dans son rapport, M. Sims dit que toute modification aux lois du travail doit, primo, se justifier par le fait que la loi ne fonctionne plus ou ne sert plus l'intérêt public et, secundo, s'effectuer sur la base d'un consensus. Les députés estiment-ils que le projet de loi satisfait ces critères ou se fonde sur les principes convenus et respectés par les employeurs et les syndicats à l'heure actuelle?
Le projet de loi aurait des conséquences pour des milliers d'employeurs et pour environ 1,25 million d'employés relevant de la compétence fédérale, des gens qui ont le droit de veiller à ce que nous, politiciens, respections les principes inhérents en élaborant pour eux et pour leurs employeurs des lois justes et équilibrées en matière de relations de travail. Je crois que tout gouvernement qui envisage d'apporter des réformes de fond au droit du travail se doit d'adopter pour ce faire une approche honnête et consultative. Mon parti et moi continuerons de nous opposer aux projets de loi en matière de travail qui ne respectent pas cette norme. Voilà pourquoi je suis fier de déclarer que mon parti n'appuiera pas le présent projet de loi.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour m'opposer au projet de loi .
Je m'y oppose pour plusieurs raisons. Je suis fondamentalement contre le projet de loi et je suis également contre la façon de procéder pour étudier cette mesure législative.
Voyons ce qui se passe ce soir dans cette enceinte. Aucun député ministériel ne souhaite prendre la parole au sujet de ce projet de loi. Or, s'ils y adhèrent et s'ils croient que c'est un bon projet de loi, ils devraient le défendre fièrement et ne pas hésiter à prendre la parole pour s'exprimer à ce sujet.
Mais aucun député ministériel ne veut prendre la parole. Alors que nous en sommes à une étape absolument cruciale, aucun débat n'a lieu. L'opposition n'a d'autre choix que de monologuer sur une question pourtant très importante.
C'est encore un exemple de l'atmosphère qui règne dans cette enceinte. Le gouvernement croit que, puisqu'il est majoritaire, il aura le dernier mot de toute façon. Il n'a pas besoin de voir à ce que ses députés débattent avec l'opposition. Il n'a même pas besoin d'écouter ce que dit l'opposition pendant le débat, au cas où elle pourrait lui faire voir la question sous un autre angle.
Le projet de loi qui nous est soumis est d'initiative parlementaire, mais il prévoit tout de même des modifications fondamentales au Code canadien du travail. Or, les projets de loi d'initiative parlementaire n'ont pas cette fonction. Ils ne sont pas destinés à apporter des changements aussi fondamentaux. Malgré tout, le gouvernement a fait le choix de se servir de projets de loi d'initiative parlementaire pour atteindre ses objectifs, comme il nous le démontre constamment.
Voyons maintenant l'allure que prend l'étude du projet de loi. Mon collègue d'en face qui présente ce projet de loi, comme il en a parfaitement le droit, n'a comparu que pendant une demi-heure devant le comité. Après avoir fini de parler pendant cette demi-heure, il n'est même pas resté pour entendre les témoins convoqués pour donner leur point de vue sur le projet de loi. Au bout d'une demi-heure, il est parti.
Lorsqu'on lui a demandé s'il avait consulté la population, il a répondu qu'il avait consulté ses électeurs. Consulter nos électeurs est une excellente idée, mais, fait à souligner, le député n'a pas consulté un seul grand syndicat. Il n'a consulté ni le Conseil canadien des relations industrielles, ni l'Association des banquiers canadiens, ni personne d'autre parmi les centaines d'intéressés que je pourrais nommer.
L'explication fournie par le député pour n'avoir consulté aucun acteur important du domaine mérite d'être citée, car si je la paraphrase, personne ne croira que le député a vraiment dit une chose pareille. Le député nous dit ceci: « Ils n'ont fait aucun effort pour me consulter. »
Comment ces personnes auraient-elles pu savoir que le député travaillait sur un projet de loi d'initiative parlementaire. Manifestement, lorsqu'un député travaille sur un projet de loi d'initiative parlementaire, il lui incombe de mener lui-même des consultations, à ce moment-là ou à un autre moment.
Le gouvernement semble également empressé de faire adopter cette mesure législative à la Chambre. Je ne vois pas l'urgence. J'ai siégé à divers comités, où nous avons étudié des mesures législatives, entendu des témoins. Nous avons aussi eu amplement le temps de discuter des mesures législatives et de les étudier article par article.
Examinons maintenant le processus qui a été suivi pour ce projet de loi. On a accordé une demi-heure au parrain du projet de loi pour qu'il nous le présente et deux heures et demie au total aux témoins. Le Président devrait être outré d'apprendre que le NPD n'a pu convoquer que trois témoins. Nous avions pourtant des centaines d'autres personnes qui attendaient impatiemment de présenter leur point de vue. Le projet de loi n'a pas été étudié de façon exhaustive.
Puis, après ces trois heures, on a pris une heure de plus pour procéder à l'étude article par article. À bien y penser, on a transformé le processus législatif en véritable parodie.
Puis, après ces trois heures, on a pris une heure de plus pour procéder à l'étude article par article. À bien y penser, on a transformé le processus législatif en véritable parodie. On a manqué de respect à l'égard des parlementaires, qui étaient déterminés à entendre le point de vue des experts de tous les partis et les arguments de chacun. Le système fonctionnait. Je n'ai vu aucune pétition à ce sujet. Personne ne s'est précipité à mon bureau de circonscription pour me dire que ce projet de loi doit absolument être adopté, sinon, notre système économique va s'effondrer.
En fait, le projet de loi accélérera le nivellement par le bas. Une fois de plus, le gouvernement montre qu'il est résolu à s'attaquer aux emplois convenablement rémunérés au pays. Les personnes qui occupent un emploi convenablement rémunéré paient des impôts et le gouvernement utilise cet argent pour offrir des services. Cela dit, encore une fois, au lieu d'écouter les experts et les personnes qui travaillent sur le terrain et au lieu d'écouter les témoignages des représentants du ministère et du Conseil des relations de travail, qui montrent en fait que le système fonctionne — car nous savons que les conservateurs sont allergiques aux données et à la prise de décisions fondées sur de véritables renseignements —, le gouvernement essaie de faire adopter rapidement cette mesure législative.
Voici ce qu'ont dit les ETCOF, les Employeurs des transports et communications de régie fédérale: « Les ETCOF ont de graves inquiétudes concernant l'utilisation des projets de loi émanant de députés afin de modifier le Code canadien du travail. »
Le représentant de l'organisme a poursuivi en disant que le code actuel, tel qu'établi par le Parlement, a pour objectif de « continuer et [d']accentuer son appui aux efforts conjugués des travailleurs et du patronat pour établir de bonnes relations et des méthodes de règlement positif de différends, et qu'il estime que l'établissement de bonnes relations du travail sert l'intérêt véritable du Canada en assurant à tous une bonne juste part des fruits du progrès. »
Évidemment, l'idéologie du gouvernement n'est pas vraiment fondée sur ce principe. Les ETCOF expliquent aussi l'existence de ces règles, ils disent qu'elles sont positives, qu'elles favorisent la stabilité et qu'elles limitent l'incidence économique des conflits qui pourraient surgir.
Au fil des ans, les gouvernements dirigés tant par les conservateurs que par les libéraux ont adhéré à ce préambule. Cependant, le gouvernement actuel a décidé, sans véritables données probantes, qu'il devait anéantir le Code du travail.
M. George Smith parle du travail exceptionnel réalisé par Andrew Sims, qui a présidé la dernière série de changements apportés au code. En passant, je précise qu'il ne fait pas partie de ma famille. Je n'ai aucun lien de parenté avec lui. Son comité a fait un travail tout à fait extraordinaire. Pour reprendre les propos d'Andrew Sims: « Nous visons une législation du travail viable, pertinente et d'application facile. »
Or, nous voyons plutôt le gouvernement présenter des mesures à la pièce en ce qui concerne le Code du travail. Le code et les relations de travail sont très complexes et sont constitués de nombreux éléments interreliés. Utiliser un projet de loi d'initiative parlementaire pour extraire des parties du Code du travail et y insérer de nouveaux éléments ouvre la voie à davantage d'instabilité économique.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que je suis terriblement mécontente que le gouvernement n'ait pas procédé comme il se doit, mais ce n'est pas tout: il a refusé de participer à un débat constructif à la Chambre, ce qui est un manque flagrant de respect. Par-dessus le marché, les conservateurs cherchent vraiment à s'en prendre aux gens qui gagnent un salaire décent. C'est honteux.
Je suis fière de m'opposer à ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis moi aussi fier d'exprimer mon opposition à ce projet de loi d'initiative parlementaire sans précédent puisqu'il apporterait au Code canadien du travail des changements qui devraient être strictement du ressort du gouvernement. Le Code canadien du travail est l'un des fleurons de l'arsenal législatif dont dispose le gouvernement, car il régit les relations patronales-syndicales dans la sphère fédérale.
Le Canada s'est doté d'un système quasi unique en matière de relations de travail. Ailleurs dans le monde, comme en Europe, les relations de travail ne sont pas réglementées comme elles le sont au Canada et, dans une certaine mesure, aux États-Unis. Elles reposent néanmoins sur le maintien d'un juste équilibre entre les employés et les employeurs. Or, c'est justement cet équilibre que ce projet de loi d'initiative parlementaire tend à perturber. Actuellement, employeurs et employés sont relativement à armes égales, surtout en milieu syndiqué, ce qui leur laisse le loisir de veiller à ce que les conditions de travail, les niveaux de rémunération ainsi que les mécanismes d'embauchage, de renvoi, de maintien en poste et de promotion soient justes, raisonnables et acceptables aux yeux des deux parties.
Lorsqu'on tente de modifier le Code canadien du travail au moyen d'un projet de loi d'initiative parlementaire, ce sont l'ensemble des organisations ouvrières et le patronat qui ressentent une certaine onde de choc.
Les syndicats ne sont pas les seuls à s'opposer au projet de loi. Il a été question de George Smith. J'ai fait face à M. Smith à de nombreuses tables de négociation. Il représentait l'autre partie. Pourtant, lui aussi redoute que le projet de loi soit le moyen d'apporter en catimini des changements qui n'ont rien à voir avec un quelconque problème qui existerait sur le plan des relations de travail au Canada. Au contraire, il s'agit d'un volet de la campagne antisyndicaliste que mène le gouvernement au moins depuis que je suis député, au moins depuis qu'il est majoritaire.
Dans les premiers jours où j'ai siégé ici, nous avons passé de nombreuses heures à débattre de la nécessité pour le gouvernement de mettre fin à un lock-out à Postes Canada. Le gouvernement était d'avis qu'il devait fixer les salaires des employés de Postes Canada et les forcer à retourner au travail avec des salaires plus bas que ceux déjà offerts par la société. En soi, c'est une position contre les travailleurs. Or, lundi, le député d' m'a dit que Postes Canada est un organisme indépendant et que le gouvernement n'avait aucun lien avec lui.
Ils ne peuvent pas dire une chose et son contraire. Ils ne peuvent pas tantôt dire que Postes Canada n'a rien à voir avec le gouvernement et est donc isolée et intouchable pour ensuite forcer ses employés, comme il y a à peine deux ans, à accepter une augmentation de salaire inférieure à celle offerte par leur employeur.
Cela fait partie du penchant idéologique du gouvernement d'être contre les travailleurs dans notre pays. Je dis « idéologique » parce qu'il n'y a pas de raison à cela. Je parle tant de travailleurs syndiqués que de travailleurs non syndiqués.
Juste après le fiasco de Postes Canada, le gouvernement a ordonné aux employés d'Air Canada, qui n'avaient même pas entamé une grève, de retourner au travail. Il n'y avait pas de grève, mais une mesure législative pour ordonner leur retour au travail et modifier leur convention collective a été présentée.
On peut aussi penser aux travailleurs du Canadien Pacifique. Bien que le Canadien Pacifique soit une entreprise privée, le gouvernement est encore une fois intervenu dans les négociations.
Le gouvernement prend, encore et toujours, position contre les travailleurs canadiens.
Nous avons aussi dû subir deux ou trois projets de loi omnibus qui sont venus changer la façon dont les travailleurs et les employeurs gèrent leurs relations de travail. À titre d'exemple, le gouvernement a profité d'un projet de loi omnibus pour modifier les dispositions du Code de travail portant sur les congés, un changement qui n'avait pas été mentionné dans le budget mais s'est retrouvé dans la loi d'exécution du budget. On découvre à l'improviste des changements qui affaiblissent les droits des travailleurs et changent les modalités de leur relation avec l'employeur. Le changement est apporté en catimini, grâce à quelques lignes cachées dans une mesure omnibus et tenues sous silence. Pourtant, aucun employeur n'avait signalé l'existence d'un problème.
Ensuite, le projet de loi omnibus de l'an dernier est venu restreindre les dispositions sur la santé et la sécurité des employés sous réglementation fédérale. Les employeurs avaient-ils crié haut et fort que ce changement était nécessaire? Pas du tout. Le gouvernement a simplement décidé d'agir ainsi. Les conservateurs ont agi ainsi parce qu'ils sont fondamentalement contre les travailleurs canadiens, un préjugé vraiment dangereux.
Puis, le a tenté de fabriquer une sorte de crise au sein de l'effectif qu'il représente et dont il est le patron, en soutenant que l'utilisation des congés maladie était prétendument excessive. On a appris, lorsque les véritables chiffres sont sortis, que ce n'était pas le cas, que les fonctionnaires n'utilisent pas massivement des dizaines de journées de congé maladie. En fait, ses fameuses moyennes comptaient du temps non rémunéré et des périodes de congé d'invalidité de longue durée. C'était insensé, mais cela s'inscrivait dans l'idéologie des députés d'en face.
Aujourd'hui, il a annoncé en jubilant avoir réussi à arracher 1,7 milliard de dollars à ces mêmes travailleurs, qui auront désormais moins d'argent dans leurs poches. Les conservateurs sont parvenus à réduire non seulement les attentes futures des travailleurs en matière de revenus, mais aussi celles des retraités. S'en prendre aux travailleurs, réduire leur niveau de vie, leur capacité à payer la facture de chauffage de l'hiver et les médicaments, voilà le programme du gouvernement. Les conservateurs viennent de dire que nous aurons plus de difficultés à payer toutes les choses que nous avions l'habitude de payer.
Dans le régime d'assurance-emploi, le gouvernement actuel a décidé de se laisser guider par ses préjugés idéologiques contre les travailleurs. Nous savons déjà que seulement 40 % des travailleurs au Canada sont admissibles à l'assurance-emploi. De plus, les changements apportés par les conservateurs l'an dernier au Règlement sur l'assurance-emploi font en sorte que des travailleurs qui bénéficient de l'assurance-emploi seront forcés d'accepter un emploi offrant un salaire de 30 % inférieur à celui qu'ils touchaient lorsqu'ils ont été licenciés ou congédiés. Le Règlement sur l'assurance-emploi permet donc de faire à nouveau baisser les salaires.
Les choses ne sont pas obligées de se passer ainsi. Nous savons que la contribution des syndicats au produit intérieur brut du pays est immense. Lorsqu'on compare les milieux syndiqués et ceux qui ne le sont pas, on constate que, en général, les employés syndiqués gagnent à peu près 5 $ de plus de l’heure que leurs confrères non syndiqués, ce qui correspond à une différence d’environ 730 millions de dollars — presque trois quarts de milliard — ou à l’équivalent d’une semaine de travail de plus pour l’économie. Où va cet argent? La plupart du temps, les familles s’en servent pour faire des achats, payer les factures de chauffage et d’électricité, acheter des vêtements ou faire garder les enfants, autant de choses que les Canadiens s’attendent à pouvoir faire et qu’ils peuvent faire plus facilement lorsqu’ils sont syndiqués. Les femmes s’en tirent encore mieux, puisque les travailleuses syndiquées gagnent en moyenne 6 $ de plus que celles qui ne le sont pas.
Alors que cherche à faire ce projet de loi? Il cherche à compliquer la vie des travailleurs qui veulent se syndiquer. De nombreuses statistiques montrent que c’est exactement ce qui arriverait si ces changements étaient adoptés. Ils feraient en sorte qu’il serait plus difficile de créer un syndicat et ils faciliteraient la tâche de ceux qui veulent se désaffilier en abaissant le seuil à partir duquel les travailleurs doivent organiser un vote.
Ceux qui ont déjà travaillé dans ce domaine savent qu’à partir du moment où un vote est organisé et que le processus est enclenché, l’employeur commence à mettre de la pression sur ses employés. Il emploie toutes sortes de tactiques déloyales et illégales d’intimidation — j’en ai moi-même été témoin — pour pousser les travailleurs à se prononcer contre leur syndicat. C’est exactement pour cela que l’accréditation par voie de vérification de cartes a été instaurée au Canada, pour éviter les tactiques d’intimidation et autres formes de pression dont les employeurs peuvent se servir pour forcer leurs employés à abandonner leur syndicat. Pourquoi les employeurs n’aiment-ils pas les syndicats? C'est parce qu’ils savent que les syndicats améliorent les conditions des travailleurs, et non parce qu’ils causent du tort aux milieux de travail en tant que tels.
J’attends avec impatience qu’on me donne l’occasion de voter contre ce projet de loi.
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Monsieur le Président, j'ai le grand plaisir de me faire la voix de plusieurs personnes qui auraient aimé parler de ce projet de loi. Je vais essayer d'utiliser savamment les minutes qui me sont accordées ce soir pour faire part à la Chambre non seulement de mon point de vue, mais aussi de celui d'un syndicat qui est très cher à mon coeur. J'ai la chance d'être porte-parole adjointe en matière de sécurité publique au sein de mon parti. Avec cet immense dossier, dans lequel on touche notamment aux services de police, à la GRC et aux pénitenciers fédéraux, j'ai la chance de rencontrer des être exceptionnels qui travaillent tous les jours pour notre sécurité. Aujourd'hui, je leur lève mon chapeau.
Je lève mon chapeau, entre autres, au Syndicat des agents correctionnels du Canada, l'UCCO-SACC, qui fait un travail remarquable tous les jours afin de nous protéger et de rendre nos communautés, nos villes et nos villages sécuritaires en faisant un travail extrêmement important pour la sécurité publique, celui de s'assurer que nous sommes en sécurité et que les gens détenus dans nos pénitenciers le sont aussi. Ces gens mettent leur vie en danger quotidiennement. Je travaille en étroite collaboration avec eux pour m'assurer que leur voix est entendue au Parlement et que l'on comprend ce à quoi ils font face tous les jours.
Dans mon comté, à Laval, jusqu'à tout récemment, il y avait trois pénitenciers fédéraux: l'Établissement Leclerc, l'Établissement Montée Saint-François et le Centre fédéral de formation. À la suite d'une décision du gouvernement conservateur, l'Établissement Leclerc a malheureusement été fermé l'an dernier. On ne comprend toujours pas pourquoi, alors qu'on en avait besoin, surtout pour suivre les répercussions du projet de loi , implémenté dans la loi omnibus par le même gouvernement conservateur.
Ce sont des travailleurs incroyables. Je travaillais en étroite collaboration avec Diderot, de l'Établissement Leclerc, qui est maintenant au Centre fédéral de formation. Je travaille souvent avec Michel et Manon, qui sont les représentants syndicaux de l'Établissement Montée Saint-François et du Centre fédéral de formation. Je peux affirmer qu'ils travaillent fort pour notre sécurité. Beaucoup de choses se passent à l'intérieur de nos prisons desquelles on ne parle pas. On ne parle pas du fait qu'ils font face à de l'occupation double qui met en danger le travail et la vie de nos agents correctionnels tous les jours. On ne parle pas de la sécurité des travailleurs, de la nouvelle charge de travail avec l'implantation du projet de loi , des mesures restrictives et des coupes dans les budgets de nos pénitenciers fédéraux. Cela les touche beaucoup.
Je rappelle que « pénitenciers fédéraux » signifie « employés fédéraux ». Le projet de loi les touche directement. Je vais me permettre de citer leur position sur le projet de loi C-525:
Le projet de loi C-525: une attaque contre la démocratie syndicale. Le projet de loi C-525 est une attaque du gouvernement [conservateur] contre l’existence même des syndicats dans les secteurs d’emploi régis par le Code canadien du travail, dont la fonction publique fédérale, et qui établit les règles d’emploi pour 800 000 travailleurs canadiens. Sous prétexte d’améliorer la démocratie syndicale, le projet de loi, présenté par ce même parti qui nous a donné les appels automatisés, la suppression d’électeurs, les infractions aux lois concernant les dépenses électorales et le scandale du Sénat, fait exactement le contraire.
Je ne pourrais être plus d'accord avec l'UCCO-SACC. Je poursuis:
Le député conservateur [de Wetaskiwin] a présenté la soi-disant Loi sur le droit de vote des employés [...] à titre de projet de loi d’initiative parlementaire [...]
Il est important de noter que les projets de loi d’initiative parlementaire ne sont pas assujettis à une vérification constitutionnelle des avocats du ministère de la Justice — comme le sont les projets de loi émanant du gouvernement — pour déterminer s’ils sont conformes à la Charte canadienne des droits et libertés. C’est sans doute pourquoi le gouvernement [conservateur] préfère présenter des législations répressives de cette nature par voie de projets de loi d’initiative parlementaire.
Dans le cas du projet de loi C-525, [le gouvernement conservateur] attaque notre droit fondamental d’association en rendant l’accréditation de nouveaux syndicats beaucoup plus difficile et, inversement, en facilitant la révocation d’accréditation des syndicats existants.
Le projet de loi ajoute une autre étape, inutile, à la méthode éprouvée de vérification automatique des cartes, qui ouvre la porte à l’intimidation par l’employeur. Les habitudes antidémocratiques du gouvernement passent au premier plan dans cette partie du projet de loi C-525. Une minorité de membres (45 %) suffira pour ouvrir la voie à un vote de révocation d’accréditation supervisé par la Commission des relations de travail du Canada, qui, comme nous vous en avons informé dans un tract antérieur, sera désormais politisée en vertu du projet de loi C-4.
Ce qui est incroyable, c’est que le projet de loi C-525 va à l’encontre des principes démocratiques fondamentaux en exigeant que 50 % + 1 de tous les employés [et j'aimerais ajouter que le principe de 50 % plus un, c'est le fondement même de notre société dans notre système électoral], pas seulement de ceux qui participent au scrutin, votent pour le syndicat. En d’autres termes, ceux qui choisissent de ne pas voter, ou qui sont incapables de voter, seraient comptés comme ayant voté contre le syndicat dans les votes d’accréditation ou de révocation d’accréditation.
Il est incroyable de penser qu'en vertu d'une loi, on décide de la signification du vote des gens qui ne votent pas ou qui ne se présentent pas pour voter pour une raison ou pour une autre. Dans une élection fédérale, provinciale ou municipale, lorsqu'une personne ne vote pas, cela ne veut pas dire qu'elle vote pour quelqu'un, cela veut tout simplement dire qu'elle ne vote pas. Cette décision est donc aberrante. Je poursuis ma citation:
Ceux qui sont malades, en vacances ou qui ont des urgences familiales peuvent être en faveur d’un syndicat, mais seront considérés comme ayant voté Non.
Cette législation n’est qu’un élément d’une série d’attaques du gouvernement [conservateur] destinées à affaiblir le mouvement ouvrier et le pouvoir des travailleurs de s’organiser dans leur lieu de travail. Le processus de signature des cartes de membre est le meilleur moyen de protéger les travailleurs contre les moyens de pression de certains employeurs. Imposer un vote, c’est ouvrir la porte aux menaces et à l’intimidation. Des études ont démontré que le processus proposé par le gouvernement a entraîné une diminution de 10 % à 20 % de l’adhésion syndicale, là où il a été adopté.
Je remercie tous les membres de l'UCCO-SACC partout au Canada. Je remercie en particulier ceux qui sont présents à Laval et que je connais très bien: les représentants syndicaux Manon et Michel. Ils font un travail incroyable pour le droit des travailleuses et travailleurs et pour leur sécurité sur leur lieu de travail.
Tous les trois, ensemble, nous en avons parlé longuement. Je sais à quel point ils sont contre ce projet de loi. Je suis fière de faire entendre leur voix aujourd'hui. Je trouve incroyable de penser qu'un gouvernement comme celui d'en face, qui n'arrête pas de dire qu'il veut protéger nos communautés, ne cherche pas à aider les travailleuses et travailleurs dans un milieu comme les pénitenciers fédéraux. C'est une aberration.
Je me permets d'aller un peu plus loin que le fait que cela va atteindre les conditions syndicales reliées aux centres de détention fédéraux. Le projet de loi touche à d'autres éléments. J'aimerais faire connaître à mes collègues de l'autre côté de la Chambre quelques statistiques. Cela leur fera peut-être changer d'idée et ils voteront peut-être contre le projet de loi C-525.
Les meilleurs salaires négociés par les syndicats injectent environ 786 millions de dollars chaque semaine dans l'économie canadienne. Cela représente beaucoup d'argent. Si on peut avoir autant d'argent injecté dans l'économie, c'est grâce à des travailleuses et travailleurs qui se sont tenus et qui ont décidé de former un syndicat. Je les en remercie aujourd'hui.
De plus, en tant que femme, je suis fière de voir que chez les femmes syndiquées, on retrouve une différence de salaire horaire de 6,65 $ par rapport aux femmes non syndiquées. C'est énorme!
Je sais que mon collègue de voulait parler de la Banque mondiale et qu'il n'a malheureusement pas eu le temps de le faire dans son discours. Alors, je me permets, en terminant, de parler un peu de la Banque mondiale et de ce qu'elle pense de l'implication syndicale.
La Banque mondiale a noté le rôle positif des syndicats dans les économies nationales. Dans un document de 2002, basé sur plus de 1 000 études sur les effets des syndicats dans les économies nationales, la Banque mondiale a trouvé que le taux élevé de syndicalisme menait à une plus grande égalisation des revenus, à moins de chômage et d'inflation, à une productivité plus élevée et à des ajustements plus rapides aux chocs économiques.
On devrait tous voter contre le projet de loi , qui est carrément une aberration pour le droit des travailleurs.
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Monsieur le Président, mon seul motif de satisfaction relative concernant ce projet de loi, c'est son titre. Pour une fois, il ne dit pas le contraire de ce que le projet de loi est réellement. En effet, celui-ci cherche à modifier le Code canadien du travail, la Loi sur les relations de travail au Parlement et la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique.
Cependant, en dehors de ce très relatif motif de satisfaction, tout le reste est à rejeter, surtout qu'il est tout à fait hypocrite d'utiliser la voie des projets de loi d'initiative parlementaire. C'est assimilable à ce qu'on avait connu en 2010. Une obscure députée conservatrice de l'Ouest canadien avait voulu exclure les armes d'épaule du registre des armes à feu en présentant un faux projet de loi d'initiative parlementaire. Une fois que le gouvernement a obtenu sa majorité, il s'est permis de passer par un projet de loi d'initiative gouvernementale pour apporter ce genre de modification.
À l'époque, c'était pour moi un grand motif d'indignation. J'avais même écrit une lettre d'opinion dans les médias en tant qu'ancien candidat du NPD dans les deux élections précédentes. Je m'indignais que des analystes supposément informés de la politique appelaient mon regretté chef Jack Layton à forcer textuellement quelqu'un à mettre ses culottes et à imposer une consigne de vote concernant un projet de loi d'initiative parlementaire, au mépris des traditions de cette Chambre et du parlementarisme dont nous sommes héritiers.
Heureusement, mon ancien chef Jack a fait preuve de leadership à ce moment-là. Il a laissé le vote libre et a réussi, en convainquant plusieurs de mes collègues, à modifier le vote qu'ils avaient exprimé lors des étapes précédentes pour défaire ce projet de loi. C'est un magnifique souvenir. D'ailleurs, je rend hommage à mon regretté chef en rapport avec cela.
J'aimerais aborder un autre aspect touché par ce projet de loi. Les modifications de règles qui s'appliquent au Code du travail, à l'adhésion syndicale et au fonctionnement des syndicats vont biaiser les règles et même donner un avantage indu à certains acteurs dans notre environnement économique.
J'ai eu l'honneur de siéger au Comité permanent du commerce international et au Comité permanent des finances. Ainsi, je peux témoigner que le marché fonctionne tout le temps. Il s'agit de comprendre dans quelles conditions il fonctionne et comment les tendances actuelles du marché s'orientent quand il y a une absence de règles et qu'on laisse les acteurs agir comme bon leur semble. Cette tendance habituelle était facilement observable dans le passé. Le multimilliardaire John D. Rockefeller en est un cas d'école. En effet, il avait atteint le seuil de monopole, l'ultime accomplissement pour n'importe quel acteur économique qui tient à atteindre une réelle sécurité.
Or le syndicalisme, encadré par des règles justes, permet de faire contrepoids à cette concentration de pouvoir et à l'influence indue d'une poignée d'intérêts d'individus qui, même seuls, peuvent orienter les règles du jeu afin d'en tirer un profit personnel. Dans les prochaines cinq minutes dont je disposerai, j'évoquerai mon expérience personnelle en tant qu'ancien syndiqué, mais aussi en tant que travailleur non syndiqué, autant dans le secteur public que dans le secteur privé.