Passer au contenu

CHPC Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.

Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.

Publication du jour précédent Publication du jour prochain
Passer à la navigation dans le document Passer au contenu du document






Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent du patrimoine canadien


NUMÉRO 011 
l
1re SESSION 
l
42e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le jeudi 21 avril 2016

[Enregistrement électronique]

(0850)

[Traduction]

    J'aimerais vous dire qui fera une présentation aujourd'hui et qui posera des questions. Nous allons procéder une personne à la fois. Le premier témoin aura cinq minutes pour prononcer ses remarques liminaires. Ensuite, nous aurons une série de questions de 25 minutes, ce qui fait 30 minutes au total. Il y a quatre témoins, et trente fois quatre égale deux heures, car nous ne voulons rappeler personne. Nous voulons en finir aujourd'hui.
    Merci beaucoup.
    Nous allons commencer par M. Mark O'Neill, président-directeur général du Musée canadien de l'histoire.
    Bonjour, monsieur O'Neill. S'il vous plaît, commencez. Je vous ferai signe quand il ne vous restera que deux minutes pour que vous puissiez terminer.
    Je suis désolée que vous pensiez avoir plus de temps pour prononcer vos remarques, mais notre temps est limité.
     Je comprends, madame la présidente. Merci beaucoup. J’essaierai d’être bref ce matin.
    Je vous remercie de l'invitation à venir m'entretenir avec vous aujourd'hui.
    J'aimerais d'abord mentionner qu'en décembre, je serai fier de célébrer mon 30e anniversaire en tant que membre de la fonction publique. J'ai toujours été grandement honoré d'y mener une carrière qui continue d'être si immensément gratifiante.
    J'ai eu le privilège de travailler au Secrétariat d'État, au ministère du Multiculturalisme et de la Citoyenneté et à Patrimoine canadien, et depuis les 15 dernières années, au Musée canadien de l'histoire. En 2011, j'ai été nommé président-directeur général du Musée canadien de l'histoire à l'issue d'un appel de candidatures. Je suis particulièrement fier de diriger ces deux musées nationaux en ce moment, car il s'agit d'une période très intéressante, surtout en raison des prochaines festivités du 150e anniversaire de la Confédération.
    Les membres des communautés de nos musées continuent de se développer, de chercher de nouveaux moyens de susciter l'intérêt du public et de faire connaître les recherches sur l'histoire du Canada. Notre projet actuel le plus important est la création de la nouvelle salle de l'Histoire canadienne. À son inauguration, le 1er juillet 2017, la salle présentera l'histoire du pays aux Canadiens et au monde entier, depuis les premiers établissements humains sur le territoire jusqu'à nos jours. Occupant trois galeries sur deux niveaux du musée, sous la supervision attentive de Douglas Cardinal, architecte d’origine, la salle fera découvrir comme jamais auparavant la grande histoire du pays. Par exemple, elle soulignera l'histoire des peuples autochtones depuis les temps les plus reculés jusqu'à aujourd'hui, les luttes menées par des particuliers et des collectivités pour obtenir la justice sociale et l'égalité, et le rôle du Canada dans le monde.
    Le contenu de la salle sera fondé sur des recherches historiques, archéologiques et ethnologiques récentes. Ainsi, la salle présentera une exposition des plus vivantes sur le passé du Canada. De plus, la salle réunira une multitude d'artefacts authentiques, afin de permettre aux visiteurs d'admirer de vrais objets de notre passé, plutôt que des reproductions.
    Privilégier l'authenticité a été le souhait exprimé par de nombreux participants lors du projet de participation du public que le musée a mené dans l'ensemble du pays en 2012. Plus de 24 000 Canadiens et Canadiennes ont fait part de leurs attentes pour le nouveau musée. Permettez-moi de vous dire que leurs avis ont eu une influence sur le contenu des expositions, qui est élaboré par l'équipe de muséologues, d'historiens et d'archéologues du musée. Les participants au projet ont aussi souhaité que l'histoire du Canada soit relatée sans omissions. Ainsi, la salle interpellera les visiteurs et ne manquera pas d'aborder des sujets difficiles.

[Français]

     Par ailleurs, l'équipe du Musée travaille de concert avec des comités externes, indépendants et consultatifs, qui sont composés de chercheurs, de spécialistes et de chefs de file du domaine culturel de partout au pays.
    Je suis fier de constater que le degré de participation associé à la nouvelle salle est sans précédent dans l'histoire du Musée. Le 1er juillet 2017, jour de son inauguration, la salle constituera l'élément central de la contribution du Musée aux festivités du 150e anniversaire de la Confédération.
    Le Musée présente aussi des expositions spéciales sur des pages de l'histoire du Canada, comme celle sur Terry Fox, qui effectue actuellement une tournée dans le pays. Des expositions spéciales sur l'histoire du monde font également partie du programme. L'exposition Les Grecs, d’Agamemnon à Alexandre le Grand, par exemple, a été réalisée par un consortium international de musées que dirigeait notre institution muséale. Plus tard cet année, nous lancerons l'exposition Napoléon et Paris, qui a été mise sur pied en collaboration avec le Musée Carnavalet, à Paris. Reconnu comme un centre d'excellence en recherche, le Musée dirige aussi des projets conformément à sa toute première stratégie de recherche.
    Le Musée canadien de la guerre connaît lui aussi une période passionnante. En mai dernier, nous avons célébré le 10e anniversaire de son installation sur les plaines Lebreton. Son succès est considérable, tant auprès du public que de la critique. Il accueille près de 500 000 visiteurs par année.

[Traduction]

     Nous y avons monté des expositions spéciales exceptionnelles liées au centenaire de la Première Guerre mondiale, dont « Se battre en Flandre », qui met en valeur le célèbre poème In Flanders Fields de John McCrae, et souligne la difficulté des défis que les Canadiens ont dû relever lorsqu'ils ont combattu en Belgique.
    L'exposition spéciale sur les femmes pendant les grandes guerres connaît un franc succès auprès du public et de la critique. Le musée vient tout juste d'annoncer le lancement d'une nouvelle initiative de recherche multiple, « Femmes et conflits », qui nous donnera la possibilité d'examiner le rôle important des femmes durant les conflits armés, tant au pays qu'ailleurs dans le monde.
     Nous travaillons aussi avec des organisations internationales afin de mieux faire connaître la contribution du Canada lors de situations de conflit dans le monde. Pour vous donner un exemple, le Musée de la guerre et la ville d'Arras, en France, collaborent en fait actuellement à la présentation de l'exposition spéciale sur l’art canadien de la Première Guerre mondiale au Musée des beaux-arts d'Arras. Le Musée travaille aussi avec des partenaires français à la préparation des commémorations du centenaire de la bataille de la Somme, en 2016, et de celui de la bataille de la crête de Vimy, en 2017.
(0855)

[Français]

     Madame la présidente, je vous remercie à nouveau de m'avoir permis de présenter ce compte rendu et c'est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du comité.
    Merci beaucoup.

[Traduction]

    Merci beaucoup.
    Nous allons maintenant entamer notre série de questions, en commençant par M. Samson du Parti libéral.
    Vous avez cinq minutes, monsieur Samson.

[Français]

    Votre musée est une destination de marque pour les touristes qui viennent dans la capitale. Son architecture et son contenu sont évidemment très uniques.
    Parlez-nous de ce que vous faites pour continuer à attirer les touristes d'ici et de partout dans le monde. Quelle est la stratégie pour les trois prochaines années pour attirer davantage les touristes?
    Merci beaucoup de la question.
    Permettez-moi de répondre en anglais pour les autres membres du comité.

[Traduction]

    Le membre du Comité a raison, en ce sens qu'il est extrêmement important que nous continuions à attirer des visiteurs à nos deux musées dans la capitale nationale. Nous avons un service de marketing très actif et une direction générale des communications et de la planification qui collabore avec tous les organismes touristiques des deux côtés de la rivière. Nous faisons aussi énormément de sensibilisation à la grandeur du pays pour pouvoir former un public qui viendra dans la capitale nationale.
    Il y a, bien sûr, des questions de concurrence énormes dans une ville comme Ottawa, où ce ne sont pas les excellents musées nationaux et passe-temps qui manquent pour occuper les visiteurs pendant leur séjour chez nous. Nous lançons des campagnes de marketing et de communications et travaillons avec la Commission de la capitale nationale et les villes de Gatineau et d'Ottawa pour veiller à ce que nos édifices soient accessibles et au sommet des priorités des visiteurs qui viennent dans la capitale nationale.

[Français]

    On connaît la riche histoire des Autochtones au Canada et leur contribution.
    Que prévoyez-vous faire pour promouvoir l'histoire et la culture des Inuits, des Métis et des Premières Nations?
    Je vous remercie de la question.
    Le Musée travaille présentement avec quelques groupes consultatifs qui regroupent des Autochtones et des spécialistes. Ils contribuent à notre compréhension de l'histoire des Autochtones et des Premiers Peuples du Canada. Cela est très important.
    Nous avons aussi des liens avec les communautés autochtones partout au pays afin que leur histoire soit présentée de façon très compréhensible dans la nouvelle salle. Enfin, l'histoire des Premiers Peuples sera quelque chose de fondamental dans la nouvelle salle qui sera inaugurée le 1er juillet 2017.
    Pourrons-nous voir cela chaque jour physiquement sur le terrain? Avez-vous une façon de faire cette promotion sur le terrain?
    Absolument.
    Par exemple, nous travaillons présentement avec les Algonquins du Québec afin de déterminer une façon de promouvoir le fait que le Musée se trouve sur leur territoire, soit sur un territoire algonquin.
    D'accord.
     Il y a quelques jours, je suis allé au Musée de l’aviation et de l’espace du Canada. Il y avait sur place des amateurs de ce domaine à qui on pouvait poser des questions. J'ai eu l'occasion de rencontrer beaucoup de gens d'Ottawa qui font cela comme passe-temps. Ils pouvaient parler davantage de l'expérience et de la contribution de certaines personnes clés, de leurs parents et d'autres personnes.
    Ce serait donc extrêmement important d'avoir des Autochtones sur place. Les gens pourraient discuter avec eux et leur poser des questions. Je crois que cela enrichirait davantage l'expérience des touristes.
    Je vous remercie.

[Traduction]

    La parole est maintenant à M. Van Loan du Parti conservateur.
    Merci d'être venu ce matin.
    Vous représentez en partie le Musée canadien de l'histoire et le Musée canadien de la guerre, et vous avez fait allusion au cent cinquantenaire. Je préfère la terminologie de la ministre, que j'utilise aussi, c'est-à-dire le 150e anniversaire de la Confédération. À l'approche de ce jalon, j'ai une étrange fixation: celle que, dans les faits, nous devrions célébrer la Confédération. Que prévoient vos musées pour ce faire?
    En vue de souligner le 150e anniversaire de la Confédération — je suis d'accord avec le membre du Comité qu'il est important de savoir que c'est l'anniversaire de la Confédération — le musée a présenté, l'année passée, une exposition sur les rébellions de 1837, tant au Haut-Canada qu'au Bas-Canada, dans le cadre de laquelle nous avons assemblé, pour la première fois dans l'histoire du musée, une exposition historique véritablement politique sur la façon dont ces rébellions ont vraiment contribué à ce qui a fini par devenir la Confédération du pays.
    Ce fut, pour nous, une exposition historique très importante et vraiment réussie. Nous avons travaillé avec Bibliothèque et Archives Canada à une exposition sur Sir John A. Macdonald, en cours en ce moment au musée et qui sera prêtée à d'autres musées. Je devrais aussi mentionner que l'exposition sur les rébellions fait également le tour du pays en différents formats. De plus, nous créons du matériel en ligne qui sensibilisera les Canadiens à l'importance de souligner la Confédération en 2017. Voilà des exemples, madame la présidente.
(0900)
    Vous affirmez vous réjouir à la perspective de l'ouverture de la salle de l'Histoire canadienne dans le cadre de ces célébrations. En quoi reflétera-t-elle la Confédération canadienne?
    La Confédération se trouve, je crois, dans la seconde galerie. La salle compte trois galeries. La Confédération y occupera une place de choix. Vous pensez bien qu'il serait impensable de créer une exposition exhaustive sur le Canada et les Canadiens sans faire allusion à la Confédération et aux événements qui ont mené à sa création, alors les questions, les récits et les artefacts qui nous aideront à interpréter ces récits se trouveront dans la salle.
    Avec tout le respect que je vous dois, je vous suggère de peut-être faire en sorte que votre campagne de marketing se serve, entre autres, de la Confédération pour attirer les personnes qui viendront à Ottawa pour en célébrer le 150e anniversaire, car tout le monde y pensera, à juste titre.
    Un autre point qui commence à m'intéresser alors que nous examinons de plus en plus de musées pour nous préparer à mener une étude — pas des musées nationaux, mais des autres — est une statistique que les musées canadiens utilisaient, m'a-t-on dit, pour refléter leur propre viabilité. C'est le montant d'argent des contribuables en subventions par visiteur. Vous prenez toutes les subventions que vous recevez, divisez le montant par le nombre de visiteurs, et obtenez un chiffre. Quel serait-il pour vos deux musées?
    Je me tourne vers mon directeur de l'exploitation qui m'accompagne aujourd'hui. Je n'ai pas ce chiffre à portée de la main. Nous vous reviendrons avec le montant exact. Je crains que nous ne le connaissions pas par coeur.
    Cela me surprend, car cela me semble être l'un des principaux critères ou chiffres que les musées utilisent pour assurer leur viabilité.
    La viabilité est-elle un des objectifs de votre musée?
    Ce l'est, en effet.
    Ce que je peux vous dire, c'est que le Musée canadien de l'histoire et le Musée canadien de la guerre sont financés à 80 % par des crédits et à 20 % par des activités commerciales. Ce dernier pourcentage sera légèrement plus élevé pour nous cette année, car nous avons eu une très bonne année. C'est habituellement ainsi que nous sommes financés.
    Je serais ravi de vous revenir avec le coût par visiteur. Honnêtement, je ne crois pas que nous ayons utilisé ce chiffre dans notre propre planification et production de rapports. Nous essayons de faire des collectes de fonds plus complexes, car nous croyons que la troisième tranche de génération de revenus est d'une importance plus cruciale que jamais.
    Au Musée canadien de la guerre en particulier, il y a en ce moment — comme vous l'avez mentionné — un certain nombre d'expositions en cours ou sur le point de commencer pour souligner des centenaires. Encore une fois, cela représente une occasion en or pour vous, je pense, à une époque où les Canadiens sont de plus en plus fiers de notre histoire militaire et des sacrifices que nous avons consentis.
    Vous y avez fait brièvement allusion, mais pourriez-vous expliquer comment vous le faites et, surtout, comment votre service de marketing en fera la promotion, en particulier pour l'an prochain?
    Depuis 2012, nous avons consacré une campagne au Canada de 2014 à 2018. Nous avons eu, je crois, trois expositions à ce jour. Nous sommes en train de préparer une autre exposition sur les combats aériens pendant la Première Guerre mondiale, qui commencera bientôt.
    Nous travaillons avec des partenaires de partout au pays. Nous avons, par exemple, The Rooms à Saint John's, Terre-Neuve-et-Labrador, qui soulignera la Bataille de Beaumont-Hamel. Nous avons aussi lancé une gamme d'autres initiatives en collaboration avec nos partenaires au Canada et à l'étranger. Le marketing du Musée canadien de la guerre s'attache à l'importance de ces anniversaires dans l'histoire canadienne.
    Merci beaucoup.
    La parole est maintenant à M. Nantel.
(0905)

[Français]

     Merci, madame la présidente.
    Je vous remercie tous à l'avance, même si vous n'êtes pas tous à la table.
    Monsieur O'Neill, je vous remercie de votre présentation.
    Je sais que vous avez une grande expérience sur la Colline du Parlement. Je ne peux m'empêcher de constater à quel point mes collègues conservateurs aiment vous poser des questions sur la nature même des expositions. C'est la raison pour laquelle j'ai des questions importantes à vous poser ce matin relativement à la pertinence que vous soyez le directeur de ce Musée, que vous le demeuriez ou que vous ayez été nommé à ce poste.
    Monsieur O'Neill, vous savez que si votre leadership au Musée canadien de l'histoire a été remis en question par certaines personnes dans le passé, c'est certainement à cause d'une perception voulant que vous étiez très proche de l'ancien gouvernement conservateur.
    Le site Internet BuzzFeed a publié en janvier dernier un enregistrement audio d'une réunion d'employés qui a eu lieu en 2012 et où M. Jean-Marc Blais, votre directeur général et vice-président de l'époque, tenait les propos suivants en parlant de la relation que vous aviez avec le gouvernement. Je cite ses propos: « Ce que M. O'Neill sait bien faire, c'est opérer la machine [...] Si le arm's length existe toujours, il est beaucoup plus court qu'avant ». Toujours en parlant de vous, il a invité les employés à lire entre les lignes et il ajoutait que le président « ne travaille pas seul. [...] nous avons notre ministre. Notre ministre est souvent ici. Très souvent. Très, très souvent. Et cela, c'est un gros changement ».
    Monsieur O'Neill, que pensez-vous de ces commentaires de votre ex-directeur général?

[Traduction]

    Je suis au courant de l'article publié en ligne auquel le membre du Comité fait allusion. J'ai entendu parler de l'enregistrement qui, je crois comprendre, date de 2012. Je n'étais pas présent à la réunion en question. Je ne sais pas dans quel contexte les commentaires ont été formulés. Cependant, je peux assurer aux membres du Comité que pendant mes 15 années au sein de la Société du Musée, je n'ai jamais eu connaissance d'un quelconque ministre d'État qui se serait mêlé du contenu du musée. J'ai travaillé avec une vaste gamme de ministres, de Sheila Copps à Shelly Glover, en passant par James Moore et la ministre actuelle, Mélanie Joly, et je peux vous assurer qu'aucun d'entre eux n'a jamais fait la moindre intervention dans le contenu du musée.

[Français]

    Je vous remercie de votre réponse.
    Je comprends très bien que ce n'est pas un parti qui vous préoccupe. Toutefois, ce qui m'inquiète, c'est que ce soit le gouvernement qui vous préoccupe.
    Le 18 juin 2015, soit l'avant-dernier jour de la dernière législature, vous avez été nommé pour un nouveau mandat qui ne commençait qu'un an plus tard, soit le 23 juin 2016. En décembre dernier, le leader du gouvernement à la Chambre, M. Dominic LeBlanc, vous a demandé par écrit de vous retirer pour vous soumettre à un éventuel processus de nomination non partisan qui aurait pu par la suite vous nommer en se basant uniquement sur vos compétences et votre mérite.
    Pourquoi avez-vous refusé de vous soumettre à un tel processus, surtout que ce processus aurait permis de mettre en valeur vos compétences et de dissiper tout doute sur la nature politique de votre nomination?

[Traduction]

    Je dois dire qu'il m'est assez difficile de me prononcer sur les circonstances exactes dans lesquelles le conseil d'administration de notre société, ou le gouvernement, a jugé bon de reconduire ma nomination. J'aime penser que c'était en raison de mon rendement satisfaisant pendant ce qui représentait, essentiellement, les quatre premières années de mon mandat.
    En 2009, je crois, la vérificatrice générale du Canada a recommandé au gouvernement de donner un préavis minimal de six mois aux présidents-directeurs généraux dans le système fédéral. Les préavis étaient très sporadiques. Je crois comprendre que certaines personnes ont reçu un préavis de moins d'un mois.
    Je peux simplement dire que les évaluations de rendement que j'ai reçues du conseil d'administration pendant ces quatre années étaient assez positives, et je suppose que le gouvernement a jugé bon de m'offrir une autre nomination du gouverneur en conseil, que j'ai été très honoré d'accepter.

[Français]

    À ce moment-là, si les libéraux créent, tel qu'ils l'ont promis, une commission de nomination non partisane d'ici le début de votre nouveau mandat, est-ce que vous accepterez de vous y soumettre?

[Traduction]

    Je crois que ma nomination a été fondée sur le mérite. Je ne crois pas qu'elle soit le moindrement partisane.
    Au début de mes remarques liminaires, je vous ai expliqué que j'ai commencé ma carrière dans la fonction publique fédérale, où j'ai toujours travaillé depuis 1986. J'ai été embauché pour me joindre à la Société du Musée en 2001 et j'ai, depuis, occupé au moins trois postes de direction. Ma candidature a été retenue dans le cadre d'un appel de candidatures international publié dans la Gazette du Canada en 2011.
    Je crois qu'il y a de nombreux exemples dans le système de Westminster de hauts fonctionnaires compétents qui sont admissibles à des postes ou qui sont renommés à des postes qu'ils ont occupés en tout bien tout honneur.
(0910)
    Merci.
    La parole est maintenant à M. DeCourcey, du Parti libéral, pour cinq minutes.

[Français]

    Merci, madame la présidente.

[Traduction]

    Merci, monsieur O'Neill, pour votre présentation ce matin.
    Je suis originaire du Nouveau-Brunswick, un endroit riche en patrimoine canadien, où se côtoient des populations anglophone et acadienne et des communautés des Premières Nations. Avec le soutien du gouvernement au pouvoir, bien des nouveaux arrivants viennent s'installer dans notre région, ce qui ajoute à notre diversité culturelle et souligne le vrai sens de l'identité canadienne.
    Je me demande comment vos musées, vos institutions, rejoignent les régions du pays plus éloignées et pour lesquelles les musées ne sont pas vraiment accessibles, et comment vous représentez certaines de ces régions dans vos expositions.
    C'est une question très pertinente, madame la présidente, et je suis ravi d'y répondre.
    Premièrement, je dirais au membre qu'un des musées les plus importants avec lesquels nous travaillons est le Musée du Nouveau-Brunswick, à Saint John. Jane Fullerton est une très bonne collègue à moi. En passant, il s'agit du plus ancien musée toujours en activité au Canada.
    Il y a un certain nombre d'années, nous avons créé un réseau national des musées d'histoire. Le Musée du Nouveau-Brunswick a été l'un des premiers à le rejoindre. Nous comptons maintenant de nombreux autres musées du Canada atlantique. Nous collaborons avec eux à partager des artefacts, à mettre au point des projets d'exposition et même des programmes publics, et nous espérons, en cours de route — le réseau n'a qu'un an et demi — mener aussi des projets de recherche.
    Madame la présidente, une autre question que j'aimerais mentionner au membre est que, en plus de la salle de l'Histoire canadienne que nous ouvrirons, nous avons réservé une très grande salle, une salle à part de 7 000 pieds carrés, provisoirement baptisée pavillon canadien, qui accueillera toujours une exposition d'un musée d'une autre région du Canada.
    Je vais vous donner un exemple. Peut-être que la catastrophe survenue à Halifax pendant la Première Guerre mondiale n'est pas entièrement intégrée à l'exposition nationale dans la salle de l'Histoire canadienne, mais nous travaillerions avec le Musée maritime de l’Atlantique pour monter une exposition sur l'explosion d'Halifax. Alors, à un moment donné, il y aura une exposition là-bas.
    Les membres du réseau des musées d'histoire se sont réunis la semaine dernière à Halifax, dans le cadre de la conférence de l'Association des musées canadiens, que j'ai présidée.
    Un autre exemple de grand projet est l'exposition sur la ruée vers l'or à laquelle ont collaboré le Musée royal de la Colombie-Britannique, à Victoria, et notre musée à Ottawa, qui est maintenant présentée ici. Elle a commencé à Victoria et elle se rendra en Chine, compte tenu du rôle important qu'ont joué les Canadiens d'origine chinoise dans le contexte de l'El Dorado.
    Cela représente une partie importante du travail que nous accomplissons, madame la présidente.
    Je pense au 150e anniversaire, au rayonnement de l’histoire canadienne et à la situation actuelle dans le monde. À quoi ressemblera le Canada au cours des prochaines décennies?
    Jeune, j’ai eu de merveilleuses occasions de venir à Ottawa et de voir des expositions. Mais pas tous les Canadiens peuvent le faire, en particulier ceux qui ont d’autres vulnérabilités et les Néo-Canadiens. De quelle façon vos institutions peuvent-elles leur tendre la main et leur ouvrir les musées canadiens?
    Madame la présidente, nos deux musées ont d’excellents sites Web. Nous sommes très présents sur de nombreuses plateformes de médias sociaux. Nous présentons de nombreuses expositions virtuelles et nous sommes aujourd’hui responsables du Musée virtuel du Canada. Ce dernier projet a été lancé par le ministère du Patrimoine canadien et confié il y a deux ans au Musée canadien de l’histoire. Nous collaborons avec une large gamme de partenaires institutionnels pour faire en sorte de mettre des projets en ligne et de les rendre ainsi accessibles aux Canadiens du pays tout entier.
    Nous sommes également très présents auprès des Néo-Canadiens. Nous nous sommes arrangés avec l’Institut pour la citoyenneté canadienne pour offrir des laissez-passer aux néo-Canadiens lorsqu’ils viennent faire un séjour dans le pays et lors de leur cérémonie d’assermentation. Avec l’Institut, nous allons lancer un nouveau projet — je crois que ce sera le mois prochain — pour les réfugiés syriens. Nous oeuvrons avec les éducateurs de tout le pays pour diffuser nos produits et nos expositions auprès de nouveaux groupes canadiens.
    J’aimerais, si vous me le permettez, madame la présidente, vous en donner un petit exemple.
    J’ai amené récemment du Musée canadien de la guerre la redingote de Brock — l'authentique — à l’école Roberta Bondar d’Ajax, en Ontario. Dans cette région du Grand Toronto vit l’une des collectivités les plus diversifiées. Tous les enfants de l’ère Internet sont saturés d’images virtuelles. Or, je peux vous dire que dans le cadre de cette foire de l’histoire tenue à leur école, ils n’arrivaient pas à croire qu’ils avaient sous leurs yeux la redingote que portait Brock lorsqu’il est mort à la bataille de Queenston Heights en 1812.
    Nous faisons en sorte de donner accès, de façon non seulement virtuelle mais aussi matérielle, à la culture dont regorgent nos musées du pays tout entier. C’est à mon avis un aspect essentiel de l’expérience du visiteur.
(0915)
    À titre de présidente, j’aimerais vous poser une petite question. Lors d’un examen spécial du fonctionnement général du Musée canadien de l’histoire mené en 2013, le vérificateur général a constaté quelques lacunes dans la gouvernance de la société. Est-ce que ces lacunes ont été corrigées, monsieur O’Neill?
    À ma connaissance, toutes les questions soulevées ont été traitées, sauf deux. Nous prenons l’examen spécial très au sérieux. Il s’agit du troisième examen spécial dont je me suis personnellement occupé. Quant aux deux précédents, il y avait quelque chose du genre…
    Combien y avait-il de recommandations, en gros?
    Une voix: Vingt-cinq est un chiffre approximatif.
    M. Mark O'Neill: Il y avait 25 recommandations. On a donné suite à la grande majorité d’entre elles, madame la présidente.
    Les deux qui restent en suspens concernent un travail interne que nous menons par rapport à la planification stratégique. Mais celles qui concernent le conseil en particulier et la gouvernance de la société en général ont toutes été traitées par le conseil d’administration et la direction du musée.
    Merci beaucoup, monsieur O’Neill.
    Je donne maintenant la parole à Mme Carolle Brabant, qui représente Téléfilm Canada.
    Vous avez cinq minutes, madame Brabant.

[Français]

     Bonjour, madame la présidente et membres du comité.
    Je vous remercie beaucoup de votre invitation à comparaître ce matin pour vous parler de Téléfilm Canada. J'aimerais aujourd'hui faire porter mes commentaires sur les trois points suivants, à savoir une brève présentation du rôle de Téléfilm et de son soutien à l'industrie audiovisuelle canadienne, nos réussites et nos défis et, enfin, nos priorités pour les trois prochaines années.
     En 2014-2015, nous avons soutenu la production et la mise en marché de 87 longs métrages et le développement de plus de 300 projets, tout en contribuant à promouvoir nos talents canadiens dans des festivals canadiens et internationaux.
    En près de 50 ans d’efforts, Téléfilm, de concert avec ses partenaires, a contribué à façonner un paysage propice à la créativité. Nous avons maintenant atteint une maturité qui nous permet de produire et d'exporter des oeuvres d'une excellente qualité. En 2014-2015, la production de films et de contenus télévisuels canadiens et étrangers a atteint la somme de 7 milliards de dollars. Cela représente plus de 148 000 emplois à temps plein, tandis que la production de films a, quant à elle, atteint 349 millions de dollars et équivaut à 7 300 emplois à temps plein.

[Traduction]

    Quelle année extraordinaire pour le Canada, notamment avec 21 Canadiens qui ont décroché une nomination aux Oscars cette année et deux coproductions canadiennes — des coproductions canado-irlandaises, en fait —, Room et Brooklyn, qui étaient en nomination pour le meilleur film. Du jamais vu. Présentée par la ministre Joly, la prochaine soirée cinéma sur la Colline, le 3 mai prochain, mettra à l’affiche le film Room, et vous êtes tous invités.
    Ça continue avec Cannes. Le film Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, est en lice pour le prix le plus prestigieux, la Palme d’or. Et je vous rappelle que Cannes reçoit près de 2000 films. Le fait que le film d’un Canadien ait été retenu est donc en soi incroyable. Il s’agit de son cinquième film à faire partie de la sélection à Cannes. En outre, les films Two lovers and a Bear de Kim Nguyen et Mean Dreams de Nathan Morlando seront projetés à la Quinzaine des réalisateurs. Enfin, le court-métrage Oh What a Wonderful Feelingde François Jaros sera présenté dans le cadre de la Semaine de la critique.
    Le New York Times soulignait d’ailleurs le succès de notre industrie, écrivant dans un article que « le Canada est sur une belle lancée, ces films remportant régulièrement des prix ».
    Malgré tous ces succès, nous avons tous des défis à relever. Mais nos défis sont également des possibilités qui s’offrent à nous.
    Premièrement, nous devons faire connaître l’excellence du contenu canadien par une promotion efficace de l’industrie et de ses succès directement auprès des consommateurs. Deuxièmement, il faut favoriser une plus grande innovation dans les pratiques de mise en marché en rejoignant un plus grand nombre de spectateurs. Troisièmement, il faut prendre des décisions fondées sur des mesures pertinentes. Il est essentiel de prendre des décisions éclairées basées sur des recherches à valeur ajoutée. Quatrièmement, nous devons aider l’industrie à diversifier ses sources de financement en attirant de nouveaux partenaires financiers, ce qui constitue l’objectif principal de notre Fonds des talents, développé pour donner la possibilité aux entreprises et particuliers de soutenir le cinéma canadien sous la forme de dons de bienfaisance et de partenariat.
    Comme les membres du Comité le savent déjà, le Canada a pratiquement inventé la coproduction régie par des traités et nous sommes ravis d’annoncer que le Canada est invité à se joindre à Eurimages, le fonds de soutien aux entreprises culturelles du Conseil de l’Europe au budget de 25 millions d’euros. Le Canada serait ainsi le premier membre non européen. Cela offrirait à l’industrie un autre excellent véhicule pour avoir accès à du financement international et pour mieux exporter notre cinéma.
    Enfin, nous cherchons continuellement à atteindre l’excellence organisationnelle. Téléfilm maintiendra le niveau peu élevé de ses frais d’administration, qui ne dépasseront pas 6 %.
(0920)

[Français]

     Téléfilm a une vision très nette de l'avenir. Nous voulons que le contenu créatif canadien soit accessible et, surtout, qu'il soit vu partout. Je suis à Téléfilm Canada depuis bientôt 26 ans. Je crois en sa mission chaque jour, un peu plus qu'hier et moins que demain. Je suis sentimentale, mais je l'assume à 100 %. Je suis émue par le talent des équipes de production que nous soutenons et par la créativité, l'imagination et la performance des réalisateurs, scénaristes, acteurs et des équipes techniques. Chaque fois que la magie de l'écran est créée, je retrouve la même émotion que je ressentais durant mon enfance lorsque je regardais Le comte de Monte-Cristo avec ma grand-mère. Je suis fière du travail qui a été accompli.
    En 2017, parallèlement au 150e anniversaire du Canada, Téléfilm célébrera son 50e anniversaire. L'industrie qu'on nous avait demandé de développer et de promouvoir contribue maintenant à la santé économique du pays, mais surtout à son rayonnement dans le monde. Merci à Michael Spencer, premier directeur général de ce qui était alors la Société de développement de l'industrie cinématographique canadienne, à Gratien Gélinas et à tous les employés de Téléfilm Canada qui se sont succédé depuis 50 ans.
    En terminant, j'ai un rêve à partager parce que, en plus d'être sentimentale, je suis une incorrigible rêveuse. Je rêve du jour où les Canadiens seront aussi fiers des succès de David Gross ou d'Emma Donoghue, respectivement producteur et scénariste de Room, que de ceux de P. K. Subban et des soeurs Dufour-Lapointe.
    Je vous remercie et je suis prête à répondre à vos questions.

[Traduction]

    Merci, madame Brabant, c’est ce à quoi nous rêvons tous aujourd’hui.
    La période de questions de cinq minutes chacune commencera avec M. Breton.

[Français]

    Merci, madame la présidente.
    Je vous remercie d'être ici parmi nous aujourd'hui, madame Brabant. Je vous félicite à la suite du renouvellement de votre mandat.
    Nous avons un nouveau gouvernement depuis octobre dernier. Le ministère du Patrimoine canadien prend une nouvelle direction.
    Je voudrais savoir si vous avez eu des discussions avec la ministre ou avec des gens du ministère depuis les élections et, le cas échéant, quelles discussions avez-vous eues au sujet de la vision et de la mission de Téléfilm Canada.
    Oui, nous avons eu des discussions avec la ministre et nous sommes très fiers de pouvoir compter sur le soutien de son ministère et sur celui du gouvernement. Nous sommes heureux du fait que de nouveaux crédits nous aient été alloués. Ceux-ci seront utilisés pour la promotion et pour l'exportation de nos contenus à l'échelle internationale. Ce sera vraiment notre priorité. Nous avons parlé à la ministre et nous avons pu connaître ses propres priorités.
    Je crois qu'en ce qui concerne le numérique, Téléfilm est déjà bien positionné. En ce qui a trait à l'exportation, nous avons déjà entrepris plusieurs actions sur le plan international. Nous sommes très fiers, entre autres, d'avoir contribué à répondre à l'invitation que le Canada a reçue d'Eurimages, le fonds de soutien européen du cinéma. C'est un outil extraordinaire qui va permettre à nos producteurs d'avoir accès à des sommes supplémentaires, mais aussi d'obtenir une visibilité. Nous le considérons comme un outil de promotion.
    Oui, nous avons eu quelques rencontres qui se sont déroulées de manière très positive.
    C'est excellent. Si je ne m'abuse, vous êtes à Téléfilm Canada depuis 16 ans?
    J'y suis depuis 26 ans.
    Vous y êtes depuis 26 ans. Il me manquait une décennie, je m'en excuse.
    Vous vous êtes trompé de quelques années.
    Vous êtes là depuis longtemps et vous connaissez l'organisme. Pouvez-vous nous parler des discussions que vous avez eues avec la ministre et les fonctionnaire du ministère du Patrimoine canadien en ce qui a trait aux défis des prochaines années?
    Au cours des prochaines années, la compétitivité va vraiment représenter un défi dans l'industrie audiovisuelle. Vous le savez, dans ce secteur, la concurrence est mondiale. Le Canada est un pays producteur de contenus indépendants à tous égards, que ce soit pour la télévision, le cinéma ou les plateformes numériques. Le Canada est dans un créneau, dans un marché, tourné davantage vers le contenu indépendant. La concurrence est extrêmement forte. L'un des défis, c'est de s'assurer que les maisons de production canadiennes continuent à avoir les ressources nécessaires pour progresser et qu'elles demeurent compétitives. Nous savons que le consommateur ne choisit pas le contenu en fonction de la nationalité ou de l'origine de celui-ci. Il a maintenant accès à des contenus qui proviennent de partout au monde. Il faut donc assurer cette compétitivité. Je crois que c'est notre plus grand défi.
(0925)
    Je crois que vous avez été nommée à ce poste en juin dernier. Pouvez-vous nous parler du processus qui a mené à votre nomination? Avez-vous des suggestions à faire pour améliorer ce processus?
     Je vais parler du processus initial lancé il y a six ans. Il a été mené de main de maître par notre conseil d'administration, en collaboration avec les différentes instances du ministère et divers services, comme le Bureau du Conseil privé. Il y a eu un appel d'offres, l'utilisation des services d'un chasseur de têtes et plusieurs entrevues. Il y avait plusieurs candidats. On a eu deux séances d'entrevues avec un comité composé d'au moins dix personnes. À ce moment-là, j'ai eu la confirmation d'un premier mandat de trois ans.
    Après ces trois ans, mon conseil d'administration m'a demandée si j'étais intéressée à poursuivre mon travail pour un deuxième mandat. Il a suivi le processus habituel pour le renouvellement d'un mandat. Normalement, mon mandat devait se terminer en mars 2016 et j'étais convaincue qu'il se terminerait à ce moment-là. À l'automne 2014, le président du conseil d'administration m'a demandée si j'étais intéressée à prolonger mon mandat pour une autre période. Je vous rappelle que les mandats à la direction générale de Téléfilm Canada sont normalement de cinq ans.

[Traduction]

    Je vous saurais gré de conclure, madame Brabant, car vos cinq minutes sont écoulées.

[Français]

    D'accord.
    On m'a donc demandé si j'étais intéressée à renouveler mon mandat pour une autre période. Cette fois, j'ai accepté seulement pour deux ans. J'imagine que le conseil d'administration a entrepris tout le processus que le comité de gouvernance...

[Traduction]

    Merci beaucoup, madame Brabant.
    Nous passons maintenant aux conservateurs, avec M. Waugh.
    Merci, madame la présidente.
    C’est en effet une excellente année pour Téléfilm, en fait une année sensationnelle quand on pense à Room, Brooklyn et à toutes nos nominations aux Oscars. C’est, je crois, une situation sans précédent.
    Vous avez parfaitement raison. Nous sommes fiers de ce que notre industrie a accompli, notamment avec Room et Brooklyn, deux exemples parfaits de coproductions qui ont incroyablement bien marché. Room a été écrit par un auteur canadien. C’est un bon exemple de coproduction à son meilleur.
    Nous poursuivons une étroite collaboration avec l’Irlande, je pense, n’est-ce pas?
    Absolument. Nous collaborons avec l'Irlande sur le projet en télévision Vikings. Le film Maudie, qui a été tourné à Terre-Neuve sortira prochainement. Il est très prometteur et j’espère que vous pourrez tous le voir.
     Personne n’aime Terre-Neuve.
    C'est une pique.
    Parlant d’Eurimages, qui est nouveau, nous sommes le premier pays non européen à en faire partie. Quel en est le coût? Pouvez-vous nous donner un aperçu général du projet?

[Français]

    C'est un fonds qui a été créé, si ma mémoire est bonne, à la fin des années 1980 par les pays membres de la Communauté européenne. Il s'agit d'un fonds alimenté par la contribution des pays participants. Celle du Canada a été estimée à environ 1,5 million de dollars et elle permet d'avoir accès au fonds Eurimages. Actuellement, c'est 25 millions d'euros. La contribution maximale par film est d'environ 500 000 €. Selon nos prévisions, le Canada pourrait être bénéficiaire d'une somme qui dépasserait 1,5 million de dollars d'ici deux à trois ans. Donc, on recevrait plus que les billes que nous investissons dans ce fonds.
(0930)

[Traduction]

    D’accord.
    Disons que cela fait 22 millions de dollars de plus dans votre budget, puisque c’est la somme que vous avez reçue. Est-ce que vous maintiendrez quand même les coûts d’administration à 6 %?
    Absolument. Je peux même vous annoncer une primeur, je crois qu’ils seront cette année inférieurs à 5,5 %.
    Tant mieux pour vous.
    Vous avez dit que vous aviez utilisé une partie de cette somme pour la promotion à l’étranger. Aviez-vous déjà un plan avant de recevoir l’argent? Savez-vous quel usage vous en ferez?
    Absolument.
    Nous voulons tirer parti de cette participation à Eurimages. Le fait d’en être membre devrait également profiter à nos producteurs et aux productions canadiennes. Nous pensons qu’il serait avantageux de promouvoir davantage nos films, non seulement au Canada, mais aussi à l’étranger.
    Nous faisons connaître l’image de marque de Téléfilm Canada dans le cadre de programmes comme Visionnements de Perspective Canada, qui est déployé à Berlin et à Cannes. Nous voulons renforcer cette image de marque à l’intention des acheteurs de ces grands marchés. Nous voudrions également toucher des marchés particuliers comme celui d’Annecy, qui se spécialise dans le dessin animé, d’autant plus que ce type de film est aujourd’hui en plein essor au Canada, tout comme la réalité virtuelle d’ailleurs.
    Nous aimerions aussi étendre Visionnements de Perspective Canada à un autre marché, un marché bien précis. L’an dernier, nous avons lancé, en partenariat avec le Festival international du film de Toronto, une nouvelle initiative aux États-Unis intitulée See the North. Dans le cadre de cette initiative, nous diffusons 10 films dans tous les États-Unis. Nous aimerions également élargir cette image de marque.
    Il s’agit donc essentiellement de promotion.
    Suivez-vous l’évolution de l’ère numérique même si le nom de « film » est périmé?
    Comme vous le savez, cela fait probablement déjà 15 ans que les films sont tournés en caméra numérique et produits sur des plateformes numériques. D’ailleurs, la plupart des salles de cinéma se sont converties au numérique.
    Merci beaucoup.
    Nous passons maintenant à M. Nantel, du NPD. Vous avez cinq minutes, monsieur.

[Français]

     Merci, madame la présidente.
    Je remercie les témoins d'être ici parmi nous aujourd'hui.
    Madame Brabant, je sais que la première invitation qui vous avait été envoyée était en pleine saison de festivals et que c'était impossible pour vous de venir nous rencontrer. Nous sommes donc heureux d'avoir l'occasion d'échanger avec vous et d'entendre ce que vous avez à nous dire.
    Madame Brabant, comme mon collègue M. Breton l'a dit, vous êtes à Téléfilm Canada depuis 26 ans. Rappelez-moi pour commencer quel poste vous occupiez à votre entrée à Téléfilm Canada, il y a 26 ans.
    De formation, je suis comptable agréée. On m'avait offert un poste pour occuper les nouvelles fonctions de vérificateur interne à Téléfilm Canada. On peut dire je n'avais pas un poste très populaire, ni pour l'industrie ni pour mes collègues à Téléfilm Canada.
    Les publicités où des comptables agréés réalisent de grandes choses en hélicoptère et disent « Là » sont donc vraies.
    Je tiens à vous féliciter parce que vous êtes aussi un oiseau rare dans la mesure où vous avez eu 26 ans de pertinence frappante. Tout le milieu est unanime pour dire à quel point vous êtes un bon guide en ce qui concerne les développements du marché.
    Je voulais vous poser cette question. Avec tous les changements que vit le milieu cinématographique et télévisuel au Canada et dans le reste du monde, comment avez-vous réussi à maintenir l'équilibre entre la production locale, qui est faite pour le marché interne québécois, et les approches de collaboration, comme par exemple celle qu'il y a eu récemment avec l'Irlande pour le film Room?
    Notre mandat est de développer et de faire la promotion de l'industrie canadienne. Je vais faire une autre analogie avec le sport.
    Le Canada s'est donné une politique en matière de sport, soit de vouloir être présent sur la scène internationale, mais pour cela, il faut développer des talents locaux et il faut découvrir ces talents. Cela est une partie importante de nos activités. Des 80 films que nous finançons, il y en a environ 60 % qui sont des premiers films qui viennent de toutes les régions du Canada. À cet égard, nous avons élaboré le Programme de production à micro-budget en collaboration avec 36 écoles. C'est probablement rendu à 38 écoles et coops partout au Canada. Elles nous soumettent chacune un projet. Parmi les projets reçus, nous en choisissons 15 que nous finançons à 75 % par le Fonds des talents. Cette initiative est en place depuis quatre ans, et des films qui en sont issus ont été ensuite présélectionnés à Cannes et dans des festivals comme le Festival international du film de Karlovy Vary. Des films de la communauté autochtone, comme Fire Song et Le Dep, de Sonia Bonspille Boileau, représentent la diversité culturelle du Canada. C'est donc ainsi que nous pouvons découvrir ces talents qui viennent de partout.
(0935)
     Un peu comme on l'a vu récemment par rapport à Xavier Dolan.
    Je m'exprimais sur Facebook en disant que c'est parce que Xavier Dolan s'est vu dans ces médias et dans son cinéma qu'il a pu être interpellé et constaté qu'il pouvait participer...

[Traduction]

    Deux minutes.

[Français]

    Il a pu faire sa place, développer des talents dans tout cela et devenir ce qu'il est devenu, à savoir un champion.
    Vous avez fait une très bonne analogie sportive. Vous avez raison. En même temps, en ce qui concerne les défis numériques auxquels faisait allusion mon collègue, je pense que vous avez été assez audacieuse ou audacieux chez Téléfilm Canada, entre autres avec Corner Gas, qui est très populaire. Vous pouvez peut-être nous rappeler à quel point l'opération a été condensée pour essayer un autre modèle. Peut-être que personne ne le sait ici.
    Personnellement, j'aime beaucoup les projets pilotes. Par conséquent, j'aime beaucoup pouvoir essayer de nouvelles idées.
    En ce qui a trait à Corner Gas, grâce à la productrice qui a été excessivement dynamique et avec la collaboration des diffuseurs de Bell et du producteur, on a pu rejoindre sept  millions de Canadiens sur une période de trois semaines, ce qui est incroyable.
    Tout est basé sur le contenu. Il faut qu'il y ait des histoires. Il faut que les talents y soient. Il faut que les réalisateurs y soient. C'est un travail d'équipe, au même titre qu'à Téléfilm.
    Cependant, je pense que votre approche très fédérative, qui génère la coopération, a mené à une collaboration qui en soi aurait pu brusquer beaucoup d'intervenants dans la chaîne habituelle.

[Traduction]

    Il vous reste 30 secondes.

[Français]

    Pendant ces 30 dernières secondes, j'aimerais simplement vous rappeler à quel point j'espère que vous allez accepter les prochains mandats qu'on vous offrira.
    J'espère aussi que personne ici ne sera absent lors de la prochaine projection des Soirées cinéma, qui sera présentée le 3 mai prochain. C'est un beau moment pour se rencontrer et de parler de cinéma. Il est même question que des autobus relient l'emplacement du cocktail de la SOCAN au Musée canadien de l'histoire pour la projection.
    Merci.

[Traduction]

    Merci beaucoup, monsieur Nantel et madame Brabant.
    Nous avons une dernière question de M. DeCourcey, pour les libéraux.

[Français]

    Merci, madame la présidente.
    Est-ce que M. Vandal voudrait partager son temps de parole avec moi?

[Traduction]

    Oui, qui va poser la question, s’il vous plaît?
    Je vais donner la parole à M. Vandal.

[Français]

    Merci beaucoup, M. DeCourcey.

[Traduction]

    Bienvenue.
    Je vois dans votre mémoire que vous avez appuyé la production et la commercialisation de 87 longs-métrages et de 300 projets. Quel est le pourcentage de ces projets dans les langues officielles, à savoir le français, l’anglais et les langues autochtones? Pourriez-vous nous le dire?
    Pour les langues officielles, c’est un tiers et deux tiers. L’an dernier, 32 % de nos projets étaient en langue française et 68 %, en langue anglaise.
    Un tiers en langue française?
    Un tiers en langue française et deux tiers en langue anglaise.
    Et pour les Autochtones?
    Je pense que c’était de l’ordre de 4 % l’an dernier.
    Quatre pour cent, d’accord. Avez-vous un outil de commercialisation spécial pour explorer ce secteur et en faire profiter les Autochtones?
    L’un des principaux obstacles auxquels se bute l’industrie du cinéma, c’est le caractère féroce de la concurrence et souvent la difficulté de faire un premier film. Un premier film est considéré un peu comme une carte de visite et c’est particulièrement difficile de le faire pour un nouveau talent. Voilà pourquoi nous avons conçu le programme de financement à micro-budget, qui comporte une filière spéciale pour les contenus autochtones, qui a extrêmement bien marché.
    Nous avons même financé en dehors de ce programme à micro-budget — et je suis fière de le dire — le film Avant les rues, qui est le premier film en langue atikamekw. Si vous voulez le voir, il sort en ce moment au Québec et reçoit d’excellentes critiques.
(0940)
    À la page trois de votre mémoire, on peut lire: « … il faut prendre des décisions fondées sur des mesures pertinentes. Il est essentiel de prendre des décisions éclairées basées sur des recherches à valeur ajoutée. »
    Qu’est-ce que cela signifie? Pouvez-vous préciser?
    L’une des choses dont nous sommes fiers à Téléfilm, c’est d’avoir conçu un indice pour mesurer le succès de nos films.
    Il y a de cela six ou sept ans, on mesurait ce succès uniquement à partir des recettes-guichet au Canada. Étant donné l’environnement actuel et le type de films financés, qui ont un contenu indépendant, c’est souvent à l’étranger qu’ils connaissent du succès.
    Je vais vous donner deux exemples.
    Il vous reste deux minutes.
    À la fin des années 2000, le film Blindness a eu un tel succès à l’étranger que l’investissement a été entièrement récupéré. Or, ses recettes-guichet au Canada ont été d’environ 700 000 $, ce qui fait qu’il y est passé inaperçu.
    L’autre exemple — et il est loin d'être le seul — est le film The Captive d’Atom Egoyan qui a fait également extrêmement bonne figure à l’étranger. Nous en avons donc conclu que notre succès devait être exprimé différemment en tenant compte de l’information sur les ventes à l’étranger.
    Comme je l’ai dit par ailleurs, 60 % des films que nous finançons sont ceux de talents émergents — Denis Villeneuve en est un bon exemple. Ils bâtissent leur carrière en voyant leurs films sélectionnés dans les festivals. Ils gagnent des prix et leur indice grimpe. L’indice témoigne du succès de nos producteurs dans des festivals comme Cannes, Karlovy Vary, Locarno et Berlin. Nous voulons donc que les indices s’améliorent pour avoir une bonne matrice.
    Merci.
    Il vous reste 30 secondes.

[Français]

    Merci beaucoup.
    J'ai une seule question à vous poser, madame Brabant.
    Dans le cadre de votre stratégie, comment vous assurez-vous d'avoir un impact dans l'ensemble des régions de l'Est, du Centre et de l'Ouest du pays? Je vous demande cela parce que je suis né dans la région de l'Atlantique où nous avons développé une culture dans cette industrie.
    Tout d'abord, nous avons des bureaux partout au Canada. Nous travaillons beaucoup en partenariat dans le cadre de festivals, mais aussi avec les agences provinciales. Nous essayons de produire des effets de levier. Nous avons consacré beaucoup d'efforts à travailler en collaboration avec nos partenaires des provinces. Par l'entremise du Fonds des talents, nous avons également identifié des gens de l'industrie, à l'extérieur de celle du cinéma, qui deviennent nos porte-parole pour faire briller ce secteur. Pour ma part, je crois donc beaucoup à cette valeur de travailler ensemble pour faire rayonner notre industrie.

[Traduction]

    Je suis désolée, mais le temps est largement dépassé.
    Je demanderai aux membres qui souhaitent poser des questions, faire des changements ou partager leur temps de parole, de ne pas oublier qu’ils n’ont que cinq minutes. Le fait de parler plus longtemps touche tout le monde, y compris ceux qui font un exposé. Je vous demanderais donc de prévenir bien à l’avance si vous faites des changements ou si vous voulez partager votre temps de parole. Merci beaucoup.
    Avant de passer au Musée canadien de la nature, madame Brabant, il nous reste une minute et j’aimerais vous poser une question.
    Mais je veux d’abord vous remercier, madame Brabant, d’avoir mentionné les producteurs et les scénaristes. On met trop l’accent sur les acteurs, alors que nous avons les meilleurs et les plus grands scénaristes et producteurs du monde. Je veux par ailleurs vous féliciter d’avoir souligné le dessin animé car, comme vous le savez, le Canada est devenu le numéro un mondial, non seulement pour le dessin animé, mais aussi pour les effets spéciaux, entre autres. J’espère que vous tiendrez compte, comme M. DeCourcey l’a dit, de la possibilité de se déplacer dans toutes les régions du pays, parce que la Colombie-Britannique est le numéro un mondial pour les effets spéciaux dans le dessin animé.
    Deuxièmement et c’est la seule autre question que je vous poserai, quel rôle, à votre avis, Radio-Canada peut-elle jouer dans la distribution? La BBC a fait beaucoup pour la diffusion des films britanniques et je me demandais quelle contribution Radio-Canada pouvait faire dans ce domaine.
(0945)
    Je pense que Radio-Canada et les autres diffuseurs ont un rôle essentiel dans ce domaine. Selon le récent sondage que nous avons mené, les Canadiens regardent les contenus canadiens surtout à la télévision et ils en regardent beaucoup. Pour prendre l’exemple de Corner Gas, c’est lorsque nous travaillons ensemble en combinant les diffuseurs, les salles de spectacles et les plateformes que nous atteignons le plus large public.
    Je trouve intéressant que vous le mentionniez. J’ai rencontré un représentant de Radio-Canada et nous voulons vraiment travailler ensemble pour faire valoir les immenses talents que nous avons au Canada.
    Nous allons maintenant donner la parole à Margaret Beckel, présidente-directrice générale du Musée canadien de la nature.
    Bonjour, madame la présidente, et mesdames et messieurs membres du Comité.
    J’ai l’honneur et le privilège d’être la présidente-directrice générale du Musée canadien de la nature.

[Français]

     Je suis ravie d'être ici ce matin pour faire le point avec vous sur les activités du Musée canadien de la nature.

[Traduction]

    Notre musée est l'un des six musées nationaux du Canada, qui présentent les arts, l'histoire, la science, l'innovation, l'immigration, les droits de la personne et la nature. Nous croyons que les musées nationaux doivent incarner les valeurs canadiennes et raconter l'histoire de notre pays. Il y a plus de 150 ans, la Commission géologique du Canada a constitué une équipe de chercheurs pour cartographier et répertorier les richesses naturelles du Canada. Ce travail a jeté les assises du Musée canadien de la nature. Ainsi, le premier musée national thématique du Canada a ouvert ses portes en 1912, dans l'édifice du Musée commémoratif Victoria, sur la rue McLeod. Nous sommes toujours là aujourd'hui, où nous présentons des galeries inspirées des premiers efforts de la Commission ainsi que des spécimens qu'elle a recueillis. Qui aurait dit qu'un jour, cet édifice se convertirait en boîte de nuit?
    Notre rayonnement est d'envergure nationale. Nous avons neuf expositions itinérantes complètes actives, neuf expositions-mallettes (qui comprennent de plus petits éléments interactifs) et quatre expositions numériques. Ces expositions temporaires sont vues par un million de visiteurs chaque année. En plus de sensibiliser les Canadiens, notre musée a une forte mission scientifique. Notre équipe de 24 scientifiques, paléontologues, botanistes, minéralogistes et zoologistes est active sur le terrain chaque année pour recueillir des spécimens et répertorier notre environnement. Leurs découvertes constituent notre collection d'histoire naturelle nationale, une collection scientifique composée de plus de 10,5 millions de spécimens. Les pièces les plus importantes de cette collection sont accessibles aux Canadiens grâce à nos programmes d'engagement du public et à nos expositions itinérantes.
    Grâce à notre participation à divers grands organismes internationaux, dont la Global Biodiversity Information Facility, les données canadiennes recueillies par le personnel de notre musée sont mises à disposition de chercheurs de partout dans le monde qui cherchent à comprendre et à évaluer l'état de la biodiversité, à étudier l'Arctique canadien et à mieux comprendre les effets du changement climatique sur notre monde. Ainsi, en 2015-2016, nous avons enregistré une centaine de millions de téléchargements de nos données numérisées à partir des bases de données sur la biodiversité mondiale. D'un point de vue scientifique, ce travail est plus essentiel que jamais, compte tenu de l'impératif mondial de lutter contre le changement climatique et la perte de biodiversité.
    À l'appui de notre travail, nous avons déployé en 2012 une nouvelle stratégie de gestion axée sur la durabilité d'entreprise. À l'époque, nous tirions presque 90 % de nos revenus du gouvernement fédéral. Nous devions augmenter nos revenus tirés des frais d'admission, trouver des partenariats et des mécénats novateurs, conserver notre savoir et notre leadership scientifiques et favoriser des activités plus rentables.
    En 2014-2015, nous avons accumulé des revenus combinés de 42,5 millions de dollars. Nos revenus autogénérés représentaient 21 % de notre budget, alors que 79 % provenaient des crédits parlementaires. Les contributions, le mécénat et les dons nous ont permis d'amasser 2,8 millions de dollars, une hausse importante par rapport aux années précédentes, et nous avons accueilli plus de 400 000 visiteurs. Au cours de la dernière année, nous avons reçu plus de 480 000 visiteurs au musée, en plus du million de visiteurs qui a pu voir notre travail grâce à nos expositions itinérantes au Canada et dans le monde.
    J'aimerais vous donner un petit aperçu de notre bilan de la dernière année. Nous avons recueilli des menues perceptions et des contributions en nature d'une valeur de plus de 6,1 millions de dollars pour assurer la vie et l'avenir du musée. Je dois souligner qu'environ 3 millions de dollars sur cette somme sont attribuables au parrainage médiatique du Globe and Mail.
    Quelque 230 bénévoles donnent de leur temps et de leur talent pour appuyer la mission et le mandat de l'institution. Nos chercheurs ont passé 170 jours sur le terrain, un peu partout au Canada et dans le monde, pour s'acquitter de notre rôle de créateurs de savoir sur le monde naturel et favoriser l'avancement de nos recherches. Nos scientifiques accordent beaucoup de valeur à leurs journées passées sur le terrain. Ils communiquent leurs découvertes au moyen de plus de 90 publications, afin que nos connaissances sur les plantes, les animaux, les fossiles et les minéraux inspirent la compréhension et le respect de la nature.
    Pour ce qui est de nos programmes, nous avons créé beaucoup d'expositions et de programmes novateurs, depuis l'exposition Brillant par nature, qui porte sur la bioluminescence, jusqu'à Animaux à corps ouvert. Plus récemment, nous n'en avions que pour les insectes, vivants et autres, ceux que nous souhaitons dans le musée et non les indésirables.
    Je dois aussi vous parler de Nature Nocturne. Cette exposition, qui en est à sa troisième année, fait presque toujours salle comble. Je dis « presque », parce que la dernière fois, il nous est resté 20 billets libérés à la dernière minute. C'est un tout nouveau concept pour attirer les jeunes professionnels, que nous appelons « visiteurs adultes ». Nature Nocturne est présentée au musée le soir et marie science et expositions dans une atmosphère très décontractée: il y a deux pistes de danse et neuf bars. Les deux premières heures, les gens visitent nos salles d'exposition, et les deux dernières, ils interagissent entre eux.
(0950)
    Où toute cette innovation nous mène-t-elle? Aujourd'hui, nous sommes un musée de première classe mondiale, une source réputée de savoir, d'information fondée sur des données probantes, d'expériences inspirantes et de véritable engagement pour le passé, le présent et l'avenir de la nature.
    Merci.
    Nous commencerons par M. O'Regan, des libéraux.
    Madame Beckel, je vous remercie beaucoup de cet exposé.
    J'aimerais également prendre un petit instant pour souligner la mention de Corner Gas dans le témoignage de Mme Brabant et préciser que j'apparais exactement une minute dans Corner Gas.
    Des voix: Oh, oh!
    Pendant 10 ans, je suis apparu pendant trois heures tous les matins au journal télévisé national, mais les gens dans la rue me reconnaissent comme « le gars dans Corner Gas », et je crois que cela témoigne de la puissance de cet excellent drame canadien, et en tant qu'ami de Corner Gas, j'affirme qu'il s'agit d'un drame et non d'une comédie. C'est un film à prendre très au sérieux: très au sérieux.
    De même, pour mon collègue du Nouveau-Brunswick, qui est assis à côté de moi, je dois mentionner que M. O'Neill a parlé de The Rooms. En tant qu'ancien membre du conseil d'administration de The Rooms pendant 10 ans et que coprésident de la campagne sur la Bataille de Beaumont-Hamel, je peux vous dire que l'équipe de The Rooms est ravie du travail que nous faisons ensemble pour souligner la Bataille de Beaumont-Hamel. Je vous en remercie.
    Madame Beckel, je reviens à vous. J'aimerais vous interroger sur votre mission, qui consiste à inspirer le respect et la compréhension du monde naturel, comme je le sais. Vous avez mentionné que votre raison d'être n'a pas changé, mais que le monde qui nous entoure a changé. Pouvez-vous nous dire comment le monde a changé et comment cela se reflète dans votre mandat?
    Certainement.
    Quand nous disons que le monde qui nous entoure a changé, nous disons aussi que notre façon d'entrer en relation avec nos visiteurs a changé radicalement. En effet, notre institution a dû adapter son mode de fonctionnement, sa façon de créer, de concevoir et d'offrir une expérience pour le visiteur de manière à sensibiliser les gens au monde naturel. Que ce soit par notre programme de visites scolaires ou autrement, nous reconnaissons que nous devons trouver de nouvelles façons de rejoindre les groupes scolaires, parce que ce n'est pas tout le monde qui peut se permettre de venir vivre une expérience dans la capitale nationale. Nous avons mis en place un programme de clavardage avec les yeux, qui permet aux enfants d'ailleurs d'échanger avec nos scientifiques et nos éducateurs.
    Nous reconnaissons également que nous n'avons pas besoin de faire toute la recherche tout seuls et que nous ne pouvons pas le faire. Nous devons collaborer avec les autres musées d'histoire naturelle, avec les universités et avec des musées d'histoire naturelle de partout dans le monde, parce que comme la plupart d'entre vous le savent, la recherche est une activité hautement collaborative, qui regroupe le plus souvent des scientifiques de partout dans le monde. C'est une réalité que nous embrassons de plus en plus, et nous devons la financer.
    Vous accordez une importance centrale à l'Arctique, et j'aimerais vous interroger à ce sujet. Nous savons que l'Arctique change plus rapidement que nous le voudrions, peut-être, en raison du changement climatique. Comment cette dimension s'intègre-t-elle à vos activités?
    Je vous pose la question en sachant très bien, pour avoir participé à la gouvernance d'un musée, que ni l'actionnaire (dans ce cas-ci, le gouvernement) ni le conseil d'administration ne doit jamais participer à la présentation en tant que telle, mais je me demande comment vous intégrez ce concept dans le contexte de l'évolution du monde.
    C'est une excellente question, et je vous en remercie, parce que je n'en ai pas parlé dans mon exposé.
    Le Musée canadien de la nature a essentiellement été fondé à l'occasion de la première Expédition arctique canadienne, à laquelle il a participé, si bien que nous explorons l'Arctique depuis plus de 100 ans. Nous intégrons la collection et le savoir que nous en tirons dans nos programmes publics depuis.
    Plus récemment, depuis cinq ans, nous participons à un programme quinquennal spécial qui vise à raconter l'histoire de l'Arctique à nos visiteurs par notre programmation publique, par nos expositions itinérantes et par notre engagement supérieur envers nos programmes de recherche avec les autres musées de l'Arctique, les autres musées nationaux du Conseil de l'Arctique.
    Nous travaillons également avec des partenaires, particulièrement avec des habitants du Nord. Nous avons ainsi constitué un groupe consultatif afin de nous guider dans la création de notre cadeau au Canada pour son 150e anniversaire, soit la galerie de l'Arctique, qui sera conçue pour raconter l'histoire du passé, du présent et de l'avenir de l'Arctique selon diverses perspectives: les écosystèmes, la géographie de l'Arctique, sa durabilité, mais aussi le changement climatique, le tout afin d'aider les visiteurs à comprendre comment le climat change et comment les écosystèmes dont le monde naturel dépend tellement s'en ressentent, mais aussi à quel point le monde humain dépend du Nord.
(0955)
    Pouvez-vous me parler un peu plus de la façon dont vous relevez ce défi, de la façon dont vous présentez non seulement le changement qui s'opère dans l'écosystème, mais aussi son influence sur la vie des gens qui y vivent?
    Il y a deux volets. Il y a d'abord la galerie elle-même, qui en est encore au stade de la conception préliminaire: nous sommes encore en train de déterminer qu'elle sera exactement la façon la plus claire et percutante de présenter l'information. Nous voulons parler du changement dans l'étendue de la biodiversité dans le Nord.
    Pour ce qui est des écosystèmes, nous parlerons de la diversité de la vie dans le Nord, de la façon dont elle change et de la façon dont elle s'adapte au changement climatique. Prenons seulement l'exemple de l'ours polaire: il y a des régions où les ours polaires sont vraiment mal en point, mais d'autres où ils se portent à merveille. Cela fait partie de l'histoire que nous raconterons.
    Pour ce qui est de la durabilité, nous apprenons vraiment beaucoup de nos partenaires du Nord sur la façon dont les gens s'adaptent aux changements dans l'environnement pour assurer leur subsistance. Il y a la façon dont ils vivent de la terre, la naissance de nouvelles formes d'art, la mise à profit de tout ce qu'on peut trouver dans le Nord, mais il y a aussi...
    Je m'excuse, mais nous avons dépassé le temps imparti pour cette question. Je suis désolée, parce que je sais qu'il y a beaucoup de questions et de réponses intéressantes.
    Notre prochain intervenant sera M. Van Loan, député conservateur.
    Merci infiniment, madame la présidente.
    Je suis impressionné de constater à quel point vous avez amélioré votre marketing et votre stratégie pour atteindre le public. Je pense que vous avez fait un travail fabuleux.
    L'une des questions qui se posent est celle de la durabilité. Je l'ai posée à d'autres témoins, et je crois comprendre que de plus en plus de musées utilisent la mesure de la subvention par visiteur. Je suppose qu'elle évolue dans la bonne direction pour vous. Pouvez-vous me dire où se situe votre musée de ce point de vue en ce moment?
    J'ai justement profité de mon temps pour faire le calcul pendant que j'étais assise derrière.
    Si je prends la somme que le gouvernement fédéral investit dans chaque visiteur et que je tiens compte à la fois des visiteurs en personne au musée et de nos visiteurs ailleurs au Canada, si je prends les chiffres pour les visiteurs en personne...
    Prenons simplement les chiffres pour les visiteurs en personne.
    Très bien. La subvention est de 52 $ par visiteur. Elle descend à 20 $ par visiteur si l'on tient compte des visiteurs externes qui voient nos expositions itinérantes.
    L'un des défis pour les musées comme le vôtre, à mon avis, comme pour les universités, à vrai dire, c'est de trouver le juste équilibre. Dans les universités, il faut trouver l'équilibre entre l'enseignement et la recherche. Dans votre cas, vous devez trouver l'équilibre entre les expositions et l'éducation du public, d'une part, et la recherche, d'autre part.
    Je pense que la tradition en matière de recherche était très logique à l'époque où les gens établissaient les collections. Je suis un peu moins certain que ce soit la réalité de nos jours. Pouvez-vous nous parler des efforts que vous déployez pour alimenter vos collections tout en favorisant un juste équilibre?
    On peut dire que les états financiers ont l'avantage de donner de l'information très claire. J'ai analysé notre investissement dans l'inspiration et l'engagement, c'est-à-dire dans l'expérience du visiteur, le marketing, les levées de fonds, par rapport à l'investissement en recherche et en découverte, parce que s'il y a déjà une grande partie de la biodiversité et de la géodiversité du Canada qui est représentée dans notre collection, il reste beaucoup de choses à cartographier. Une grande partie du Nord du Canada n'est toujours pas cartographiée, donc il reste beaucoup à faire. Le portrait n'est pas complet. L'autre pilier, c'est les édifices et les terrains dont nous avons la responsabilité.
    Nous devons investir dans ces trois volets également. Normalement, nous n'investirions pas autant dans nos édifices et nos terrains, mais nous avons une magnifique propriété qui s'accompagne d'une facture de taxes foncières assez lourde, ce qui fait augmenter nos coûts. La part que nous consacrons à l'inspiration et à l'engagement est assez comparable à celle que nous consacrons à la recherche et à la découverte, comme il se doit, à mon avis.
    Quelle proportion de votre collection est actuellement exposée? Comment gérez-vous le reste?
    Dans une collection scientifique composée d'insectes, il faut dire que le pourcentage de la collection qui est exposé est très faible. Nous avons un peu plus de 10 millions de spécimens dans notre collection. Nous les gérons par lots, donc un pot de vers correspondrait à un lot et non à 2 000, et nous avons 2,7 lots. Au total, il n'y a probablement que 5 000 spécimens exposés. Si l'on tient compte des expositions itinérantes, c'est probablement un peu plus, mais encore une fois, comme les spécimens scientifiques sont souvent très petits et que nous avons une immense collection, cette proportion est assez faible.
    Cependant, nous nous faisons un point d'honneur de veiller à ce que nos galeries soient riches en spécimens, pour que les gens puissent voir la diversité qui existe dans les minéraux, les plantes, les animaux et les fossiles, parce que c'est vraiment ce qui suscite l'émerveillement. Mon collègue Mark O'Neill a parlé du pouvoir du réel, et il est vraiment saisissant d'observer les visiteurs du musée qui constatent à quel point un ours polaire est gros ou quelle est la véritable taille d'un fossile. Ils sont contents qu'ils ne soient pas vivants.
    Je m'excuse, je m'égare.
(1000)
    Je ne comptais pas vous poser de questions sur le 150e anniversaire de la Confédération, mais vous m'avez invité à le faire, donc comment présentez-vous le rôle du castor au Canada et dans la Confédération?
    Nous en avons un dans notre galerie de mammifères.
    Nous mettrons vraiment l'accent sur l'histoire de l'Arctique, ce sera notre angle d'approche.
    Essayez de nous dire quelques mots sur le castor.
    Il y a un magnifique castor en vedette dans notre galerie de mammifères. Il occupe une place de choix, et nous l'adorons.
    Merci beaucoup.
    Je donnerai maintenant la parole à M. Nantel, du NPD, pour cinq minutes.

[Français]

     Merci beaucoup, madame la présidente.
    Je vous remercie d'être ici parmi nous, madame Beckel. Tout d'abord, je dois vous remercier, parce que je pense que...
    Un moment, s'il vous plaît.
    Vous voulez utiliser les services d'interprétation? Je peux m'exprimer en anglais. It's no big deal.
    Je vous demande pardon. J'apprends le français, mais pour aujourd'hui...

[Traduction]

    Tant que vous avez du personnel francophone pour accueillir les groupes du Québec et des Maritimes, c'est très bien.

[Français]

    Absolument. C'est le cas.

[Traduction]

    Je tiens à vous féliciter de votre créativité. De toute évidence, vous savez innover.
    Depuis combien de temps dansez-vous avec les dinosaures ou dansez-vous le rock avec les roches?
    Trois ans.
    Pendant ces trois années, avez-vous eu l'occasion de rencontrer les ministres du Patrimoine de l'ancien gouvernement?
    À l'événement Nocturne? Je dois admettre qu'à ma connaissance, aucun de nos ministres n'a participé à l'événement, mais il y a des gens qui m'ont dit après coup qu'ils étaient venus jeter un rapide coup d'oeil.
    C'est bon. Au moins, ils sont allés voir ce qui s'y passait.
    Vous avez fait le choix audacieux de diversifier les sources de financement de votre musée. Pour y être allé à de maintes reprises, j'ai constaté l'importance du mécénat privé. Je pense que c'est délicat...
    Nous nous rappelons tous de la fois où la Compagnie Pétrolière Impériale a demandé au Musée de la technologie de modifier l'une de ses expositions. Comment gérez-vous la chose?
    Nous indiquons simplement de façon claire que le mécénat ou la philanthropie ne donne pas le droit de se prononcer sur le contenu. Les mécènes que j'ai rencontrés depuis que je suis au musée, et particulièrement depuis que je fais des levées de fonds, soit depuis 25 ans, sont généralement respectueux de ce principe.
    C'est fantastique, alors.
    Je veux aussi vous poser une question sur votre public. Puis-je supposer que la clientèle scolaire, les écoles primaires et secondaires, est une partie importante de votre public?
    Oui, en effet.
    Lors de ma dernière visite au musée, j'ai parlé avec l'un de vos employés, qui me disait qu'il songeait à une coordination qu'il pourrait y avoir entre les musées, afin d'offrir un forfait musée dans la capitale pour le 150e anniversaire du Canada. 
    Vous sentez-vous libre de nous parler de cette coordination potentielle? Je pense que ce sera un élément crucial pendant les célébrations du 150e cet été, et il serait bien qu'à la fin de la saison, les écoles aient accès à un passeport ou à un forfait coordonné.
    Croyez-vous qu'il y a quelque chose du genre qui s'en vient?
    Pour les élèves en particulier ou pour le grand public?
    Pour le grand public.
    Pour le grand public, nous sommes en train de concevoir un passeport, qui conférerait un rabais important sur les frais d'admission dans tous les musées participants. Je pense que nous l'appelons le trois-trois-trois, n'est-ce pas?
    C'est double trois, double 30: trois jours, trois musées, 30 $ pour un adulte et 30 % de rabais pour un enfant accompagné.
    Je crois que c'est une stratégie de marketing très pragmatique. Je vous félicite de proposer une formule si invitante.
(1005)
    Oui, nous y travaillons avec tous les musées nationaux et quelques plus petits musées. C'est une initiative qui est née de notre collaboration avec la Commission de la capitale nationale, et elle a évolué depuis.
    Vous pouvez peut-être nous présenter les faits.
    J'allais dire que c'est le fruit d'une coopération avec les autres musées nationaux.
    En effet, le passeport musée s'adresse aux visiteurs de la capitale nationale, y compris aux étudiants. Les visiteurs restent en moyenne deux jours dans la région et vont voir trois attractions, donc ce passeport leur donne accès à trois des plus grandes attractions pour 30 $. Nous pensons qu'il se vendra très bien.
    C'est une excellente initiative. Je suis certain que tout le monde ici est heureux de l'entendre.
    Merci beaucoup. Je n'ai plus de questions.
    Nous allons rattraper un peu le temps perdu.
    Je vais maintenant donner la parole à M. Samson, député libéral, pour cinq minutes.
    J'ai beaucoup de questions qui découlent d'autres questions. C'est un sujet qui me fascine.
    La première concerne les écoles. J'étais éducateur dans ma vie antérieure, et cela ne vous quitte jamais.
    Comment établissez-vous le contact avec les écoles? Certes, il y a un contact. Les enfants viennent au musée, la plupart sont des environs, mais pas ceux d'Edmonton en Alberta ou du Cap-Breton en Nouvelle-Écosse, vous voyez ce que je veux dire.
    On peut envoyer du matériel. Vous avez mentionné iChat, que j'aime beaucoup, mais si je devais faire un sondage — je suis surintendant de toutes les écoles françaises de la Nouvelle-Écosse depuis 11 ans — il est probable que personne n'ait entendu parler d'iChat.
    Si vous pouviez m'aider à mieux comprendre, en une minute bien sûr.
    Nous accueillons 30 000 étudiants chaque année. Ils viennent de la région de la capitale nationale, mais aussi d'ailleurs au Canada, pour ceux qui peuvent se permettre une excursion, mais ceux-là sont plutôt rares.
    Nous travaillons aussi avec un réseau réunissant des musées d'histoire naturelle et faisons de notre mieux pour promouvoir leurs programmes scolaires, car les musées provinciaux et territoriaux ont leurs propres programmes scolaires, et les sujets sont souvent très semblables.
    Ce que nous leur proposons, ce n'est pas un contact avec une institution nationale, mais un contact avec l'histoire naturelle et un apprentissage de la nature.
    C'est ainsi que nous les rejoignons plutôt que d'essayer de tout faire nous-mêmes.
    D'une façon ou d'une autre, il faut les rejoindre en classe et... J'aime bien iChat, mais il faut absolument jouer un rôle plus actif auprès d'eux.
    J'aimerais ajouter qu'en collaboration avec le magazine Canadian Geographic, nous avons créé une carte-tapis géante qui fait le tour des écoles canadiennes.
    J'aimerais parler du 150e anniversaire. Il en a été question aujourd'hui, et ce n'est pas pour critiquer les présentations que nous avons entendues, mais j'ai l'impression qu'on met moins l'accent sur les musées que ce à quoi je m'attendais. Nous allons célébrer nos 150 ans de toutes les manières imaginables et inimaginables d'un bout à l'autre de notre grand pays, mais pour une raison que j'ignore — et ce n'est pas une critique — on dirait que la réflexion ou la préparation ne sont pas au rendez-vous. Je n'ai pas l'impression que lorsque nous franchirons les portes de nos musées en 2017, nous serons happés par la réalisation de ce que notre merveilleux pays a apporté au monde depuis 150 ans, et ce n'est pas juste notre contribution, mais le chemin que nous avons parcouru et celui qu'il reste à parcourir.
    C'est seulement que je ne sens pas un grand engouement. Quelque chose m'échappe?
    Cela est peut-être dû en partie au fait que nous préparons cet anniversaire depuis déjà cinq ans, alors l'engouement est moins perceptible. Mais nous sommes tous très concentrés, le groupe des musées nationaux, à tout le moins, et je pense que les provinces et les territoires ont un programme similaire pour chaque mois de l'année 2017. Hier, nous avons discuté de notre programme, et chaque mois sera différent. Pour nous, le thème sera l'Arctique et nous allons célébrer 150 ans d'exploration et de découverte.
    Il y aura beaucoup d'activité et beaucoup de bruit, et j'espère qu'il y aura un sentiment de fierté et d'appartenance.
    Quelles sont vos priorités pour les cinq prochaines années? On a évoqué les changements climatiques, mais le Canada change à cause de son climat. Au chapitre de l'environnement, notre gouvernement va instaurer de nombreuses initiatives qui vont transformer notre manière de faire les choses et créer bon nombre de nouveaux emplois verts.
    De quelle manière comptez-vous le souligner?
    Notre stratégie en ce moment est de continuer à sensibiliser davantage les Canadiens à l'Arctique et à son importance pour notre pays. Nous traiterons non seulement de l'environnement naturel, mais également de son effet sur les humains.
    Nous allons aussi continuer de nous intéresser à la découverte et à l'évolution des espèces et, en particulier, à l'impact des changements climatiques sur leur diversité et leur évolution. Nous travaillerons avec des partenaires, et il y a plusieurs manières d'aborder ces sujets.
    Au cours des cinq prochaines années, nous allons nouer un contact avec le public et explorer la nature sous divers angles.
    Par exemple, nous envisageons de jeter un regard économique sur la nature et sur la notion de capital naturel en collaboration avec l'Union Internationale pour la conservation de la nature, la Commission de l'écofiscalité et certaines des grandes banques qui ont compris qu'elles devront adapter leur fonctionnement à l'évolution de l'environnement.
    Nous voulons faire partie de cette histoire, car nous sommes la référence; le point de repère de la nature au fil du temps. Nous sommes à même de constater l'évolution du monde.
(1010)
    Si je traverse le Canada dans les cinq prochaines années, quels types d'espèces pourrais-je rencontrer que je ne connais pas ou qui pourraient changer votre collection d'insectes? Devrais-je être mis au courant de quoi que ce soit?
    Vous allez voir que la biodiversité intéresse un nouveau type d'animal. Je pense que c'est l'essence des changements que vous verrez.
    Merci beaucoup pour cet excellent travail.
    Madame Beckel, je trouve très intéressant de voir que vous évoluez si rapidement au même rythme que notre environnement. Je vous remercie de votre présentation.
    Nous passons maintenant à M. Albert Lo, qui est le président du conseil d'administration de la Fondation canadienne des relations raciales.
    Je vous souhaite la bienvenue, monsieur Lo. Vous pouvez commencer.

[Français]

     Bonjour, madame la présidente et membres du comité.
    Je m'appelle Albert Lo. Je suis le président du conseil d'administration de la Fondation canadienne des relations raciales. Je suis accompagné de M. Rubin Friedman.

[Traduction]

    M. Friedman est membre du conseil d’administration de la fondation et président de notre comité de gouvernance.
    Je mentionne au passage que M. Friedman a déjà occupé des postes de cadre supérieur au Multiculturalisme et était directeur lors de l’entente de redressement à l’égard des Canadiens japonais conclue avec le gouvernement du Canada.
    Madame la présidente, c'est un honneur pour moi que de comparaître en ma qualité de président. Cela fait 30 ans que j'évolue dans le domaine des droits de la personne, de l'équité en matière d'emploi et du multiculturalisme. Mes premiers pas dans cet univers remontent à l'époque où j'étais fonctionnaire à la Société canadienne d'hypothèques et de logement, où j'ai travaillé pendant presque 20 ans.
    La Fondation canadienne des relations raciales a été créée en tant que société d’État dans le cadre de l’Entente de redressement à l’égard des Canadiens japonais en 1988. Ses revenus sont générés par son fonds de dotation de 24 millions de dollars, dont la moitié provient de la communauté canadienne japonaise. La fondation s'est donné le vaste mandat d’aider à éliminer le racisme et la discrimination raciale au Canada. Nous recevons également des fonds des pouvoirs publics pour des projets précis. Nous sommes conscients des injustices passées et des incidents négatifs et misons sur notre précieuse tradition d’adaptation aux différences. Nous avons pour vision d’être un leader et un agent de changement dans le contexte de notre mandat et de promouvoir l’inclusion, l’appartenance et le caractère mutuel des droits et des responsabilités civiques.
    Notre action consiste à promouvoir la compréhension et la recherche de solutions pour améliorer les relations raciales et à éliminer la discrimination raciale; à renforcer l’identité canadienne dans le cadre des principes démocratiques de dignité humaine, d’égalité, d’équité et de justice; à développer notre centre d’information et à accroître notre participation à l'élaboration des politiques nationales et aux discussions publiques; et à favoriser et à stimuler les discussions et les travaux de recherche sur les relations raciales.
    Le travail de la fondation repose sur le désir de bâtir et d’entretenir une société inclusive fondée sur l’égalité, le respect mutuel et la dignité humaine, quelle que soit l'appartenance religieuse, ethnique, linguistique ou raciale.
    Le principal antidote au racisme et à la discrimination raciale, c’est une approche holistique à la promotion de ces valeurs communes fondées sur notre Constitution et notre démocratie, ainsi que la conscience des conséquences néfastes des préjugés et de la discrimination pour l’économie et le bien-être social de tous les Canadiens.
    Madame la présidente, ce sont ces éléments qui façonnent et inspirent notre stratégie globale, et les initiatives de la fondation sont orientées en ce sens.
    J’aimerais maintenant vous parler de certaines de ces initiatives.
    « Prendre le pouls de la nation » est un sondage que nous effectuons chaque année en collaboration avec l’Association d’études canadiennes. Par exemple, nous avons commandé une recherche sur les attitudes envers les peuples autochtones au Canada, qui a sonné l’alarme en 2013.
    La revue Directions est un journal électronique que nous publions.
    Notre service de recherches bibliographiques dispose d’une collection précieuse et régulièrement enrichie de plus de 4 000 documents numériques avec fonction de recherche sur des sujets liés aux relations raciales.
    Il y a aussi eRace, notre club de lecture virtuel.
    L'initiative numérique « 150 Portraits » s'inscrit dans le cadre du projet Le Canada, notre pays. Elle consiste à publier une histoire personnelle par semaine pendant 150 semaines pour célébrer la venue prochaine du 150e anniversaire du Canada. Nous rendons hommage à la diversité, aux principes démocratiques et au multiculturalisme dans notre pays en relatant des événements historiques et les expériences de personnes et d’organisations.
    Nous avons organisé les tables rondes intitulées « L'Agenda urbain » en partenariat avec d'autres organisations.
    Nous avons aussi donné neuf symposiums jusqu'ici sur le thème « Vivre ensemble » dans plusieurs régions du pays. Ils s'inscrivaient dans la suite des consultations communautaires menées entre novembre 2014 et juin 2015 auprès des Premières Nations, des Métis et des Inuits à Sudbury; auprès des francophones à Montréal et auprès des chefs religieux à Ottawa.
    Pour l'exercice 2015-2016, nous avions prévu 24 ateliers pancanadiens dans 19 villes, et 23 ont eu lieu.
    Je mentionne également notre colloque bisannuel et nos prix d'excellence.
    Le colloque pancanadien invite chaque année d’éminents Canadiens pour mieux faire connaître certains enjeux critiques. Cette année, nous avons réuni pour l'événement quatre universités canadiennes.
    Nous continuons de participer au forum Metropolis.
(1015)
    Pour les jeunes, nous avons créé l'initiative « Parlez et agissez » et avons lancé le « Défi vidéo ». Enfin, Café Canada est un projet destiné aux jeunes également et aux chefs communautaires, qui leur permettra d'explorer des moyens de favoriser les relations raciales positives.
    Nous avons amplement dépassé les cinq minutes, mais j'invite mes collègues à faire en sorte que vous puissiez faire quelques observations préliminaires avant de répondre à leurs questions.
    Je vous remercie.
    Nous passons maintenant aux questions de cinq minutes. Monsieur Samson pour les libéraux.
    Merci, monsieur Lo.
    J'ai quelques brèves questions à vous poser. Je ne vais pas vous embêter avec le 150e puisque vous m'avez déjà rassuré en évoquant les 150 portraits pendant 150 jours. J'ai senti votre engouement, et je le partage entièrement. Merci.
    Vous avez dit qu'il vous restait une consultation pancanadienne à organiser. J'oublie combien il y en avait. Avez-vous songé à consulter les Néo-Écossais d'origine africaine? Ils ont beaucoup apporté à la Nouvelle-Écosse, et au Canada. Il n'a pas été question d'eux et j'aimerais savoir si vous les avez rencontrés.
    Il y a eu une séance il n'y a pas très longtemps, et une autre aura lieu en mai, à Halifax. Nous l'avons reportée à la demande d'un de nos partenaires, la GRC, mais nous sommes allés à Halifax à plusieurs reprises par le passé, notamment pour la remise de nos prix d'excellence il y a quelques années. De plus, l'adjoint du maire de Truro est venu à un événement que nous avions organisé à Ottawa.

[Français]

[Traduction]

    Lors du dîner de remise des prix d'excellence à Halifax, nous avions organisé une séance spéciale sur les questions touchant les Autochtones des Maritimes et les Néo-Écossais de race noire.
    Le défi, c'est de garder le contact avec tous ces groupes dispersés dans le pays.
    Je suis ravi de l'apprendre, monsieur Friedman, car dans ma circonscription de Sackville—Preston—Chezzetcook, qui est en banlieue de deux grandes villes, Halifax et Dartmouth, nous avons besoin de plus de visiteurs et nous leur ouvrons tout grand nos portes. Nous avons le plus grand centre culturel noir au Canada. Y êtes-vous allé?
    Non, pas encore.
    Alors allez-y maintenant, allons-y ensemble. C'est ce que nous devrions faire.
    J'espère que nous réussirons à augmenter notre budget pour que je puisse retourner à Halifax.
(1020)
    Je comprends, mais je vous suggère fortement d'organiser un événement là-bas, au centre culturel même, qui est le plus important au pays. Il est à une quinzaine de kilomètres du centre-ville de Halifax, et encore plus près de l'aéroport. Ce serait formidable, car les Néo-Écossais d'origine africaine de North Preston — dans ma circonscription — forment la plus grande communauté indigène noire au Canada. Nous devons souligner leur contribution et le faire aussi souvent que possible, à plus forte raison à l'occasion du 150e anniversaire. Je veux seulement vous encourager à continuer.
    Pourriez-vous nous parler de l'impact positif du centre? Depuis deux ou trois ans, quel en a été l'apport tangible? Parlez-nous de deux choses qui ont eu un impact majeur dans les trois dernières années.
    L'une des choses qui me viennent en tête immédiatement, c'est le sommet des maires sur l'inclusion raciale organisé à Winnipeg par le maire de cette ville. Nous avions été invités à titre de partenaire pour endiguer la crise après que les médias eurent présenté Winnipeg comme la capitale du racisme au Canada. Pendant la séance, des journalistes avaient fait remarquer que la population se plaignait sans cesse des mêmes choses et avaient demandé ce qui allait être fait. Notre panel était là et a proposé plusieurs pistes de solution, ce qui nous a valu de très bons commentaires. En fait, le maire nous a invités à revenir, ce qui est assez révélateur.
    Mon deuxième exemple, ce serait l'atelier que nous avions organisé à Whitehorse, qui réunissait une trentaine de chefs autochtones. Après l'atelier, ils nous ont dit qu'ils étaient tous enchantés, qu'ils avaient très rarement l'occasion de se réunir ainsi pour trouver des solutions à leurs problèmes. Ils nous étaient très reconnaissants pour notre travail.
    Merci, monsieur Samson.
    Je donne maintenant la parole à M. Waugh pour les conservateurs.
    Monsieur Lo, monsieur Friedman, je vous remercie d'être ici aujourd'hui.
    Je vois ici que vos revenus sont générés par des investissements dans des fonds de dotation et par des dons. J'aimerais que vous nous en parliez un peu. Comme les taux d'intérêt sont plutôt faibles, vous devez éprouver des difficultés financières chroniques. Pourriez-vous faire le point là-dessus?
    Je dis toujours que le financement est pour nous comme une tare congénitale. Au moment où le fonds a été institué, les gens croyaient que les taux d'intérêt demeureraient à 10 % à perpétuité, mais nous savons ce qui est arrivé. En raison des soubresauts du marché que nous avons connus en 2008, la valeur du fonds a chuté pour atteindre environ 18 millions de dollars. Avec l'aide de certains conseillers, nous avons réussi à investir judicieusement de telle sorte que nous disposons maintenant d'un montant se situant entre 27 et 28 millions de dollars. Ce fonds nous permet de générer des revenus annuels d'environ 650 000 $. Cela représente un important manque à gagner par rapport à notre budget de quelque 1,65 million de dollars. Nous parvenons surtout à nous en tirer grâce à une subvention que le ministère responsable du multiculturalisme nous a octroyée il y a deux ans pour le financement d'un projet. C'était la suite d'un projet de trois ans pour lequel nous avions également obtenu du financement, mais pas dans la même mesure.
    Nous essayons de capitaliser sur ce soutien pour nous assurer l'apport de différentes organisations partenaires un peu partout au pays. Nous espérons pouvoir ainsi susciter un plus grand intérêt pour nos activités et recueillir de nouveaux dons. C'est un autre aspect sur lequel nous concentrons nos efforts.
    Pour bien des organisations, l'administration d'une telle fondation prend un peu la forme d'une pyramide. C'est le cas notamment pour les hôpitaux où bien des gens travaillent dans les bureaux pour essayer de recueillir des fonds pour la fondation. Qu'en est-il de la vôtre? Comment arrivez-vous à rejoindre les parties intéressées et combien de gens doivent se consacrer à cette tâche?
(1025)
    Nous comptons actuellement 10 employés, y compris notre directrice générale à temps qui a été nommée par décret. Sept de nos employés occupent des postes permanents qui ne dépendent pas des subventions obtenues pour le financement de projets.
    Nous n'avons personne qui se consacre exclusivement à la collecte de fonds, mais nous pouvons compter sur un groupe d'administrateurs très dévoués. Notre conseil d'administration et nos différents comités de travail regorgent de gens qui donnent beaucoup de leur temps. Ils ne réclament même pas les allocations quotidiennes auxquelles ils ont droit. Dans les différentes régions du pays, nous nous efforçons d'exploiter les réseaux de contacts établis par nos administrateurs en tablant sur la réputation de chacun pour susciter davantage d'intérêt.
    Pour bien des donateurs, l'élimination de la discrimination raciale n'est pas le sujet le plus attrayant qui soit, mais nous mettons plutôt l'accent sur la vision d'un Canada inclusif, ce qui semble trouver écho auprès d'un nombre croissant de personnes.
    Oui, je crois que c'est effectivement le cas.
    Vous avez indiqué dans votre déclaration que vous souhaitez en priorité faire progresser la compréhension et l'élaboration d'approches visant à améliorer les relations raciales et à éliminer la discrimination raciale. Comment vous y prenez-vous exactement?
    À titre d'exemple, nous avons établi un partenariat avec la ville de Richmond en Colombie-Britannique. Depuis un bon moment, les gens étaient nombreux à se plaindre, notamment dans les médias, de la signalisation en chinois. Cela causait beaucoup de frustration au sein de la population locale.
    En partenariat avec la ville, nous avons organisé un symposium d'une journée. Nous y avons convié les citoyens qui avaient porté plainte auprès de la ville en demandant qu'un arrêté municipal soit adopté pour interdire ce genre de signalisation. J'ai moi-même communiqué avec eux pour les inviter au symposium. À la fin de la journée, ils étaient ravis. Ils m'ont dit que c'était la première fois qu'on leur prêtait une oreille aussi attentive en précisant qu'ils ne sont pas racistes et qu'on devrait les écouter. Nous avions aussi mobilisé les médias. De nombreux journalistes se sont présentés et ont participé aux échanges.
    C'est l'orientation que nous voulons prendre. Nous souhaitons rassembler les gens et faire partie de la solution, plutôt que du problème.
    Je tiens à vous féliciter.
    Je n'ai pas d'autres questions. Merci.
    Merci beaucoup. C'est exactement le temps que vous aviez.
    Nous passons à M. Nantel du NPD.

[Français]

     Merci, madame la présidente.
    Monsieur Lo et monsieur Friedman, je vous remercie beaucoup de votre présence parmi nous.
    Je ne sais pas si toutes les personnes présentent le savent, mais la documentation que je feuillette actuellement et celle que les analystes nous ont fournies nous rappellent que le Fonds Japon-Canada a été mis sur pied précisément pour faire face au racisme. Les Japonais étaient victimes de ségrégation à une certaine époque, n'est-ce pas?
    Le fonds a été créé en 1988 à la suite d'un accord avec les Canadiens d'origine japonaise.
    La discrimination envers ceux-ci a atteint un sommet durant la Seconde Guerre mondiale. Le racisme et la discrimination contre eux et contre ceux qui n'avaient pas la même apparence que la majorité des citoyens se sont poursuivis. Cependant, le pire exemple de racisme au pays a été le traitement infligé aux Canadiens d'origine japonaise lors de la Seconde Guerre mondiale.
    Bien sûr.
    Pourtant, en 1988, les Canadiens d'origine japonaise étaient parmi les citoyens les mieux intégrés de notre société. Ils avaient beaucoup de succès, avec un niveau de

[Traduction]

revenu parmi les plus élevés chez les groupes ethniques au Canada. C'est une véritable histoire de réussite.
    Les Canadiens d'origine japonaise voulaient toutefois s'assurer que d'autres n'aient pas à subir le même sort qu'eux. C'est la raison d'être de la fondation qui ne vise donc pas uniquement à lutter contre la discrimination à l'encontre des Japonais.
(1030)
    Exactement, et je vous posais justement la question parce que j'estime important que nous en parlions.
    Je me souviens également qu'il y avait au musée un bateau qui avait été offert par la communauté japonaise, et nous nous demandons tous où il est passé.
    Mais revenons à notre époque. Si vous aviez davantage de fonds à votre disposition, qu'ils proviennent de dons ou d'un soutien accru du gouvernement, quelle serait votre prochaine grande mission?
    Lors de ma comparution devant le Comité permanent des comptes publics en 2012, on m'a demandé quels étaient les principaux enjeux pour le Canada. J'ai alors répondu qu'il y en avait deux: la place de la religion dans la sphère publique; et la relation entre le gouvernement canadien et les peuples autochtones. Ma réponse serait la même aujourd'hui. C'est à ces questions que nous consacrons la plus grande partie de nos fonds.
    Si nous avions plus d'argent, nous pourrions intervenir sur davantage de tableaux. Je pense notamment à la manière dont les différents peuples sont traités dans les différentes régions du pays. Non seulement nos cultures ont-elles des assises régionales, mais c'est aussi le cas de certaines formes de racisme et de discrimination qui peuvent se manifester davantage à un endroit qu'à un autre. Ainsi, le racisme et la discrimination qui ont cours en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick diffèrent de ce que l'on peut observer sur le même plan en Colombie-Britannique. Si nous avions plus d'argent, nous pourrions donc nous intéresser à un plus grand nombre d'enjeux de la sorte qui ne concernent pas les Autochtones ou la religion dans la sphère publique.
    Soit dit en passant, monsieur Lo, vous ne sauriez pas ce qu'il est advenu du Nishga Girl, le fameux bateau qui était au musée?
    Une voix: Madame la présidente, je pourrais lui répondre.
    M. Pierre Nantel: D'accord, je vous poserai la question.
    J'aimerais savoir par ailleurs quelles difficultés vous cause au quotidien ce manque de financement dont vous semblez souffrir.
    La situation est particulièrement difficile pour bon nombre de nos administrateurs à temps partiel qui n'étaient pas censés consacrer plus de deux ou trois semaines par année à des réunions. Je peux vous dire pour ma part que je travaille deux ou trois heures par jour. Cela fait partie des défis que nous devons relever dans nos efforts pour colmater les brèches. Comme nous ne pouvons pas avoir une présence régionale aussi soutenue que nous le voudrions, les administrateurs des différentes régions doivent aussi être à pied d'oeuvre sur le terrain.
    Je suis très heureux de mentionner qu'à l'issue de l'étude du rapport d'examen spécial de 2012, le président du comité a été très élogieux à notre endroit. Il a indiqué à l'époque qu'aucune autre organisation — ce qui incluait les agences et les ministères — n'avait déjà eu droit à un rapport aussi favorable du vérificateur général. On n'y trouvait aucune recommandation quant à des améliorations à apporter.
    Merci.

[Français]

     Merci.

[Traduction]

     Nous passons à M. Breton pour les cinq prochaines minutes.

[Français]

    Merci, madame la présidente.
    Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
    Monsieur Lo, votre organisme existe depuis bientôt 20 ans et vous avez une mission et une vision très nobles.
    Je suis curieux de savoir si vous avez un moyen de mesurer l'impact de vos actions, au fil des ans, sur le racisme envers les Nippo-Canadiens.À la suite des initiatives que vous avez prises, est-ce que la situation s'améliore au Canada ou est-ce qu'elle se détériore? Je sais qu'il n'est pas facile de prendre la mesure d'un tel phénomène, mais j'aimerais vous entendre à cet égard.

[Traduction]

    Aux environs de 2009, le ministère responsable du multiculturalisme a fait appel à un expert-conseil pour examiner nos activités. Le rapport produit indiquait notamment que la fondation n'était en fait qu'un groupe protestataire parmi bien d'autres. À la lumière d'une analyse plus approfondie, on précisait toutefois que l'orientation stratégique que nous avions prise et les différents indicateurs pris en compte, dont les reportages médiatiques et les sondages menés auprès de divers intervenants et parties prenantes au pays, permettaient de voir poindre une lueur d'espoir.
    La situation a bien sûr évolué jusqu'au point où il nous a fallu faire nos preuves pour avoir droit à du financement du ministère sous la forme de subventions et de contributions. Une foule de vérificateurs se sont alors penchés sur nos activités, en plus de l'examen annuel du vérificateur général et de tous les sondages. De fait, notre travail a été apprécié à un point tel par le groupe Postmedia qu'il a décidé d'établir un partenariat avec nous. Des organisations comme la Laurier Institution à Vancouver et différentes universités ont fait de même. Il ne fait aucun doute que notre zone d'influence ne cesse de s'étendre.
    Nos actions ont suscité beaucoup d'enthousiasme, surtout chez les jeunes. Plusieurs d'entre eux sont venus cogner à notre porte pour travailler bénévolement, parce qu'ils voyaient en nous une tribune pour faire avancer les choses en faisant partie de la solution.
(1035)

[Français]

    Merci. Ce que vous dites est intéressant.
    Vous mentionnez certains de vos partenaires, entre autres des universités. J'aimerais que vous nous expliquiez de quelle manière ces partenaires considèrent leur rôle et quelle relation ils ont avec vous. Beaucoup d'immigrants s'installent au pays, et ce, depuis de nombreuses années. C'est une bonne chose et on a besoin d'eux. Il y en aura encore davantage qui vont venir vivre ici au cours des prochaines années. Plusieurs villes en accueillent. On n'a qu'à penser aux 30 000 Syriens arrivés au Canada au cours des six derniers mois.
     Parlez-nous de vos partenaires et de la relation que vous avez avec eux. Ce n'est pas la question de l'accueil des immigrants qui m'intéresse surtout, mais plutôt celle de la mission que vous vous donnez d'éliminer le racisme qui pourrait encore exister.

[Traduction]

    Notre conseil d'administration et nos comités se sont justement réunis au cours des dernières semaines pour discuter des enjeux touchant les réfugiés et les immigrants. Nous avons notamment convenu de poursuivre notre partenariat avec les universités et les municipalités. À ce titre, je vous signale que la Fondation est l'un des membres fondateurs de la Coalition canadienne des municipalités contre le racisme et la discrimination. Nous avons pu constater qu'il y avait beaucoup à faire pour aider les immigrants et les réfugiés à leur arrivée au Canada. Nous devons nouer des liens avec eux, et surtout avec les jeunes, pour faciliter leur établissement. Si nous ne faisons rien pour les aider à comprendre les systèmes et les pratiques en usage au Canada et la manière dont ils peuvent optimiser leur contribution à notre pays, d'autres forces vont entrer en jeu. Il y a un risque de radicalisation. C'est un aspect sur lequel nous avons aussi concentré une bonne partie de nos efforts.
    Nous voulons nous attaquer à ces questions. Les jeunes doivent être mobilisés. Il faut canaliser leur créativité. Nous nous efforçons donc de les rassembler en misant, par exemple, sur les rencontres du Café Découverte des jeunes, un outil de mobilisation au sein des groupes d'immigrants et de réfugiés.
    Pour leur part, les universités sont très heureuses de collaborer avec nous. Le 21 mars dernier, nous avons tenu l'édition 2016 des Causeries canadiennes en connexion avec l'Université de la Colombie-Britannique, l'Université d'Ottawa, l'Université de Montréal et le campus d'Edmundston de l'Université de Moncton. De nombreux étudiants y ont participé dans les différentes régions du pays. Il était également possible d'y prendre part directement via Internet.
    Merci, monsieur Lo. Je suis désolée, mais nous avons légèrement dépassé les cinq minutes prévues. Je voulais seulement vous laisser finir votre réponse.
    Merci beaucoup. Nous en sommes à la fin du temps alloué pour les questions.
    Je veux toutefois profiter de l'occasion pour vous en poser une moi-même. Je m'intéresse d'autant plus près à votre fondation que j'étais la ministre responsable au moment de sa création qui remonte à une époque qui m'apparaît bien lointaine. Il y a une chose que j'aimerais savoir. Vous êtes la Fondation canadienne des relations raciales, mais M. Friedman nous a dit que votre mandat allait plus loin que cela. La religion est désormais un enjeu à considérer. Comment percevez-vous l'évolution de votre organisation? C'est un aspect qui m'intéresse énormément.
    Comment croyez-vous que vous pourrez évoluer pour vous attaquer également au problème de la discrimination religieuse? Comment pensez-vous pouvoir élargir votre champ d'action pour qu'il englobe la discrimination à l'endroit de la communauté GLBTA? Ces gens-là font l'objet d'une discrimination soutenue qui se manifeste parfois par de la violence. J'aimerais donc savoir comment vous entrevoyez l'évolution de votre rôle dans ce contexte.
    Ma seconde question porte sur la sensibilisation du public. Je crois que votre fondation a été très active à ce chapitre à une certaine époque. Comment réussissez-vous à exploiter les médias numériques, la télévision et d'autres outils de communication pour faire connaître vos activités et vos visées non seulement chez les jeunes, mais aussi dans les écoles et au sein de la population en général?
(1040)
    Disons tout d'abord que la discrimination raciale était fondée dans un premier temps sur la nationalité, puis sur la couleur de la peau avant qu'il y ait mutation de telle sorte qu'elle est maintenant basée davantage sur des considérations d'ordre religieux. Cela demeure une forme de racisme, mais celui-ci s'inscrit dans un discours religieux. En fait, cela fait partie de notre mandat. Nous devons trouver les moyens de lutter contre la discrimination raciale sous toutes ses formes.
    Que faites-vous pour contrer la discrimination religieuse?
    Nous mettons sur pied un réseau regroupant près de 500 chefs de file de groupes confessionnels et de communautés culturelles des différentes régions du Canada. C'est le résultat des 24 ateliers dont je parlais tout à l'heure. Nous avons d'ailleurs convié à chacun de ces ateliers les dirigeants de différentes communautés locales.
    Pour ce qui est de la sensibilisation du public, nous misons sur les nouveaux médias pour rejoindre les jeunes en intensifiant notre présence sur Facebook et Twitter. Nous avons par exemple lancé des défis vidéo aux jeunes. Dans chaque cas, les vidéos doivent porter sur un thème précis lié au racisme et à la discrimination raciale.
    Collaborez-vous également avec les écoles?
    Oui. L'Office national du film est également un de nos partenaires. Nous travaillons aussi avec OMNI Television. Pour optimiser nos efforts de communication et de sensibilisation, nous coopérons avec bon nombre des médias ethniques.
    Par ailleurs, les enjeux relatifs à la communauté GLBTA font partie d'une série d'autres problématiques que nous jugeons également très importantes. Vous comprendrez toutefois que les ressources de la fondation sont déjà fortement mises à contribution...
    Je comprends.
    ... compte tenu de notre budget limité. Nous devons donc nous concentrer sur ce que nous sommes en mesure de faire.
    Avez-vous rencontré la ministre qui doit traiter avec vous et faire rapport de vos activités au Parlement? Est-ce que vous la rencontrez régulièrement? Comptez-vous le faire? Entendez-vous voir avec elle s'il serait possible que vous mettiez sur pied des projets à l'égard de certaines de ces questions?
    Par le passé, nous avions des rencontres régulières — au moins une ou deux fois par année — avec le ou la ministre responsable. Je n'ai toutefois pas encore eu la chance de rencontrer la nouvelle ministre. Je lui ai envoyé une lettre et un courriel, et j'attends toujours une réponse.
    Merci beaucoup, monsieur Lo. Merci à M. Friedman et à vous de votre présence aujourd'hui.
    Il nous reste quelques minutes et je voudrais en profiter pour vous indiquer que nous étions censés recevoir également le président du Conseil des arts du Canada, M. Lassonde, qui est toutefois tombé malade. Je lui souhaite un prompt rétablissement, mais il faudrait que le comité détermine s'il veut rencontrer M. Lassonde une fois qu'il ira mieux. Le Conseil des arts du Canada va recevoir beaucoup d'argent du gouvernement et nous désirons nous assurer, aux fins de la reddition de comptes, qu'il utilisera ces fonds à bon escient.
    Enfin, je ne sais pas si tout le monde partage cet avis, mais j'ai trouvé l'exercice d'aujourd'hui particulièrement positif. Je me demande si vous seriez favorable à ce que nous tenions ainsi chaque année une séance avec les représentants de ces groupes pour voir comment ils se tirent d'affaire et quels progrès ils ont réalisés.
    Ne croyez-vous pas que ce serait une bonne idée?
    Des voix: Oui.
    La présidente: Merci. C'est bien. Je crois avoir entendu un certain nombre de oui et aucun non. Merci beaucoup.
    Monsieur Van Loan, voulez-vous proposer la levée de la séance?
    J'en fais la proposition.
    Merci beaucoup.
    La séance est levée.
Explorateur de la publication
Explorateur de la publication
ParlVU