Je suis ravi d'être ici pour parler d'un sujet extrêmement important. Aujourd'hui, je ne présenterai qu'une infime portion de mon matériel, car je viens tout juste de mettre à jour 36 variables sur la question de la réforme, ce qui me donnerait exactement 18 secondes pour parler de chacune. Je vous ferai grâce de cela et vous présenterai uniquement les faits saillants.
J'essaierai également d'ancrer toutes ces informations dans le continuum des changements qui se sont produits avec le temps. Un grand nombre des questions de nos sondages font l'objet d'un suivi à long terme. Ces questions portent sur l'état de la relation qui existe entre les citoyens, la démocratie et leurs gouvernements, une relation qui est aujourd'hui très différente de ce qu'elle était dans le passé.
En outre, les questions doivent comporter davantage de sous-questions et cela pour la bonne raison que les enjeux sont complexes et que la grande question que l'on se pose actuellement, à savoir si l'on doit aller de l'avant séance tenante ou retarder le processus, ne peut recevoir une seule et unique réponse. Pour répondre adéquatement à de grandes questions, il faut trianguler et examiner plusieurs types de variables.
J'aimerais d'abord dire quelques mots sur l'état de santé général de la démocratie, puis je parlerai brièvement du point de vue particulier du public sur les questions de réforme électorale et sur les principales options sur la table. Je veux également élargir l'horizon de la réforme et examiner un peu quelles autres méthodes pourraient améliorer la relation entre les citoyens, leur gouvernement et leur démocratie.
Je commencerai en soulignant que même si nos sondages montrent que les choses semblent aller un peu mieux qu'il y a, disons, un an, un profond malaise subsiste. On a observé un recul brutal de la confiance envers le gouvernement au cours des dernières décennies, à un tel point que, à Washington comme à Ottawa, la proportion de la population qui estime que le gouvernement agit comme il se doit, toujours ou la plupart du temps, est récemment tombée à 20 % alors qu'elle était de 70 à 80 % dans les années 1960. On constate une légère hausse tout dernièrement. Je tiens à signaler que ce changement d'opinion ne se limite pas au Canada. La confiance des citoyens perd du terrain dans toutes les démocraties occidentales avancées et cette situation pose toutes sortes de différents défis pour la relation entre les citoyens et leur gouvernement.
Il faut se rappeler que nos institutions ont été inventées pour fonctionner dans une société composée de travailleurs de l'industrie de l'agriculture, des pêches, des mines ou de l'extraction minière. Des gens qui n'étaient pas particulièrement très instruits. Ces systèmes créent des tensions considérables lorsqu'ils sont confrontés à la société pluraliste que nous formons aujourd'hui.
Ces reculs de confiance puisent leurs racines dans une population moins tolérante, une société qui s'interroge davantage, qui est mieux informée et qui exige davantage que le droit de s'exprimer une fois aux quatre ans, le jour des élections. Je discuterai un peu de cela aussi. Il y a chez les Canadiens un sentiment général que les gouvernements ne s'intéressent aucunement à leur opinion. Ce sentiment de piètre efficacité politique — « mon point de vue ne change rien » — est un problème. Même s'il prévaut un peu moins depuis un an, il demeure un problème important.
Je dirais que le système est en état de délabrement, mais qu'il n'est en aucun cas irréparable. En fait, nous pourrions faire une analogie avec le célèbre adage de Churchill comme quoi la démocratie est le pire des systèmes de gouvernement, à l'exclusion de tous les autres. C'est exactement ce sentiment que les Canadiens éprouvent à l'égard de leur démocratie. Ils nous disent: « C'est rempli de failles. » Avez-vous une préférence pour un autre système? « Non, c'est un très bon système. » Ce qui saute aux yeux en ce moment, c'est que les Canadiens veulent repenser la démocratie, pas la réinventer, et ça, c'est important. Ils croient que la démocratie peut s'exercer de manière plus juste, plus ouverte et être davantage au diapason avec les besoins actuels de la population.
Quant à savoir si les gens considèrent que la réforme électorale est un enjeu vraiment important, cela dépend de la façon de poser la question. Cette question ne reçoit pas la même spontanéité viscérale que celles qui touchent les soins de santé, les changements climatiques ou la stagnation économique, mais je soutiens que la réforme préoccupe profondément les citoyens. Il ressort de certaines analyses de compromis que nous avons faites et dans lesquelles les gens étaient obligés de faire un choix que la réforme électorale est la chose la plus importante que les gens souhaitent voir les gouvernements accomplir.
Voici une question et soit dit en passant je ne l'ai pas posée depuis longtemps. Je fais maintenant partie des meubles et je peux vous dire que la dernière fois qu'on l'a vue dans un sondage, c'était dans les années 1950. On a demandé aux Américains et aux Canadiens s'ils croyaient que Washington ou Ottawa agissent comme il le faut, toujours ou la plupart du temps.
On voit bien que le portrait d'ensemble a beaucoup changé. Une grande part de ce changement, c'est que les gens ne gobent plus n'importe quoi, c'est fini la confiance aveugle. Ce qui est loin d'être mauvais, mais une chose est certaine, cela engendre de sérieuses tensions dans la façon de percevoir la démocratie.
Vous pouvez voir qu'il y a eu une brusque hausse de confiance significative. Il faudra voir où ça mène. Les résultats des dernières élections ont marqué un retour à une certaine cohérence qui a perduré relativement longtemps, mais je ne pense pas que cela règle le problème de fond exprimé par ces courbes.
Il est intéressant de noter que les courbes du Canada et des États-Unis évoluent toutes deux parallèlement, malgré le fait que les deux pays ont connu des épisodes et des événements très différents. Cela s'explique par le changement généralisé qui s'est produit dans la vision culturelle — le déclin de la tolérance aveugle et l'expression des valeurs phares du post-matérialisme.
Voici une autre question qui représente bien le point de vue de certaines personnes: « Je ne pense pas que le gouvernement s'intéresse vraiment à l'opinion de personnes comme moi. » Comme vous pouvez le constater, la moitié de la population est d'accord avec cet énoncé. Seuls 34 % ne sont pas d'accord. Il y a eu amélioration notable, mais le sujet demeure préoccupant.
Nous avons également demandé aux répondants, si jamais nous repensons notre système électoral ou en bâtissons un nouveau à partir de zéro, sur quels principes devrait reposer ce système? Notre recherche fait ressortir trois principes dominants. Le premier est la légitimité ou la confiance. Les gens souhaitent un système qu'ils jugent équitable et digne de confiance. Le deuxième, c'est la capacité de produire un bon gouvernement reflétant le meilleur équilibre des valeurs et des intérêts de la majorité des citoyens. Enfin, ils veulent un système équitable, c'est-à-dire qui accorde une valeur égale à tous les votes. Nous y reviendrons, mais j'aimerais que vous gardiez ces principes en tête parce qu'ils me semblent très importants.
Vous constatez qu'il y a quelques variantes. Quant à savoir si nous devons aller de l'avant, je pense que la réponse est clairement oui, ce serait une bonne idée et le moment est bien choisi. Nous en parlons depuis longtemps, nos bagages sont prêts, mais le voyage n'a jamais lieu. Il y a toutefois de profondes divergences à ce sujet. L'une des plus importantes, c'est le fossé générationnel. La confiance dans le statu quo est beaucoup plus forte chez les Canadiens plus âgés. Les jeunes sont beaucoup moins ouverts à cette idée. On pourrait conclure que les changements finiront vraisemblablement par se produire à cause de la pression grandissante exercée par les jeunes et de leurs attentes. Vous pouvez voir que la tendance est là. Parmi nos répondants, 38 % se sont dit d'accord avec l'énoncé « Je ne vois pas pourquoi il faudrait apporter des changements majeurs... », tandis que 45 % ont indiqué leur désaccord. Il y a donc une préférence pour les changements majeurs, mais elle n'est pas marquée.
Aux énoncés « Le système électoral du Canada fait du bon travail pour ce qui est de représenter la volonté des électeurs et il ne faut pas le changer » et « Le système électoral du Canada fait du bon travail pour ce qui est de représenter ce que veulent les électeurs et il faut le changer », une nette majorité est d'avis que le système ne fonctionne pas bien et qu'il faut y apporter des changements, tandis qu'un groupe résiduel assez nombreux dit qu'il faut le laisser comme il est. Les opinions sont partagées selon les partis et les générations. Les Canadiens d'âge mûr se sentent à l'aise avec le système actuel, les électeurs conservateurs également, mais le reste des répondants, pas autant.
Nous avons analysé certaines des préférences en matière de réforme électorale. Nous les avons testées de différentes manières. En fait, c'est une mise à jour du même essai que nous avons fait au cours des dernières années. Je constate une stabilité inébranlable des réponses à certaines questions, notamment lorsque nous demandons aux répondants de répondre spontanément, en leur donnant une information minimale. Pour cela, nous avons divisé les groupes de façon aléatoire : le premier a eu droit à une description détaillée des avantages et des inconvénients de chaque système, et l'autre pas. Nous avons relevé quelques différences. Les résultats indiquent que le système uninominal majoritaire à un tour s'en tire un peu mieux auprès des répondants qui en avait eu une description plus détaillée. Cela est peut-être attribuable au fait qu'il est compliqué d'essayer trouver des points de consensus, mais nous voyons une nette préférence pour l'adoption d'une forme ou une autre de proportionnalité répondant à l'idéal d'une démocratie plus égalitaire. Cette constatation ne manquera pas de décevoir certains groupes, mais il est possible qu'elle déçoive surtout un groupe beaucoup plus nombreux de l'autre côté de l'équation.
Les citoyens s'attendent à ce que le gouvernement remplisse sa promesse. Quant à la manière de procéder, les électeurs disent, dans une proportion de 60 % contre 25 %, que le gouvernement a promis la réforme et qu'il doit la faire. Il y a une nette préférence pour qu'il le fasse avant la prochaine élection, mais la marge est faible. Les gens veulent que le gouvernement procède d'une manière prudente et réfléchie.
Voici maintenant les résultats obtenus pour les différents tests portant sur la représentation proportionnelle. Je pense que nous avons décrit ce système de manière équitable et exacte, parallèlement au vote préférentiel et au scrutin uninominal majoritaire à un tour. Dans le groupe qui n'avait pas reçu beaucoup d'information, la préférence dominante est allée vers la représentation proportionnelle. Les résultats semblaient similaires lorsque nous leur donnions une description plus détaillée des avantages et des inconvénients de chaque système, mais les opinions sont plus disparates. Nous voudrions revenir à cet échantillon, lui faire part des résultats et lui demander de voter sur la question. C'est un échantillon représentatif de tous les Canadiens.
Pour l'énoncé « La réforme électorale faisait partie de la campagne du Parti libéral, qui doit par conséquent réaliser sa promesse », les réponses vont de 59 % à 29 %. La préférence est assez marquée. Les répondants se sont dits en accord avec l'idée que la réforme était « une démarche trop importante pour qu'on la réalise avec précipitation » et qu'il fallait la soumettre à de plus amples consultations publiques. Par contre, 47 % contre 32 % ont dit que la réforme électorale revêt une « importance cruciale » et qu'il fallait la mettre en oeuvre avant le prochain cycle électoral — c'est l'une des grandes questions du jour. La réponse est donc oui, mais certains seront laissés de côté.
Si nous focalisons notre attention uniquement sur notre système de scrutin, en particulier sur ces trois options, je pense que nous raterons des occasions d'améliorer la relation entre les citoyens et leurs gouvernements et les institutions publiques. La population est très ouverte aux innovations — par exemple le vote obligatoire, que la vaste majorité des Canadiens voit d'un bon oeil, et le vote en ligne. Ces deux méthodes suscitent un vif intérêt. La population est majoritairement d'avis qu'il est temps de passer au scrutin en ligne.
Nous utilisons les services bancaires en ligne, nous écoutons notre musique en ligne et nous faisons plein d'achats en ligne. Pourquoi ne pas voter en ligne? Je vais vous exposer les bonnes raisons de le faire dans un moment.
De plus, il y a une très forte demande... Cela est moins évident. L'important, ce n'est pas ce que nous faisons durant une campagne électorale, mais bien entre les élections. Les gens disent qu'ils auraient une meilleure impression du gouvernement si celui-ci consultait périodiquement les citoyens ordinaires de manière réfléchie et informée. L'engagement citoyen est une priorité absolue pour les Canadiens, mais le gouvernement n'y a jamais accordé une grande importance.
Certains pays, comme l'Australie et le Brésil, ont adopté le vote obligatoire. Les citoyens sont obligés de voter. Êtes-vous pour ou contre? Comme vous le voyez, les chiffres sont en hausse. Seulement 29 % des répondants sont contre. Les divergences ne sont pas aussi marquées selon les partis ou les générations comme c'est le cas pour d'autres sujets. Nous pourrons y revenir à la période de questions. Nous en sommes maintenant à l'ère de la campagne électorale permanente et le but premier d'une campagne est d'encourager ses propres partisans à aller voter et les autres à rester chez eux. Le service de l'intérêt public a malheureusement cédé la place à des manoeuvres obscures et autres techniques pour faire sortir uniquement le vote partisan. Il serait bon de réduire la pression. En Australie, 93,5 % des électeurs vont voter, et le vote obligatoire recueille un appui de 85 %. Cela ne semble pas favoriser un parti politique en particulier. C'est une option qui mérite un examen.
Les raisons d'adopter le vote en ligne sont encore plus évidentes. Il est intéressant de constater qu'il n'y a pas de division marquée entre les groupes démographiques. Les Canadiens, jeunes et moins jeunes, y sont favorables. Si vous utilisez le vote en ligne à la prochaine élection, beaucoup moins d'électeurs iront voter dans les bureaux de scrutin. À l'élection suivante, vous n'aurez plus besoin de bureaux de scrutin. Ils disparaîtront tout simplement.
Réfléchissez aux avantages de la mise en place d'une infrastructure de vote en ligne. Elle pourrait également servir à stocker des données en lieu sûr, ainsi que des données sur les préférences de l'électorat entre deux élections et, pourquoi pas, sur les référendums. Nous pourrions en parler un peu.
Le débat sur les élections truquées — peut-être pourrions-nous faire venir des partisans de M. Trump pour superviser certaines choses — démontre les avantages de voter à l'aide d'un téléphone intelligent à la maison, sans aucun souci.
Compte tenu de tous ces facteurs et tout en cherchant le meilleur moyen d'améliorer la santé démocratique au Canada, il est intéressant de constater que la tenue de « consultations gouvernementales régulières avec les citoyens canadiens, des consultations éclairées, réfléchies et représentatives », est en tête des priorités des répondants. Les gens souhaitent avoir une liste d'enjeux à discuter. Ce n'est pas à l'aide d'une baguette magique qu'on arrivera à rétablir la confiance dans le gouvernement. Les gens sont très ouverts à la représentation proportionnelle. Le vote obligatoire a aussi la cote. Quant au vote préférentiel, il ne suscite pas beaucoup d'intérêt... Les gens le préfèrent cependant au statu quo, mais ce n'est pas vraiment le mode de scrutin préféré.
Voilà, c'était un survol rapide de nos conclusions. Les citoyens souhaitent une réforme qui renforcera la légitimité, l'égalité et la bonne gouvernance. Il n'est pas nécessaire d'agir de manière irréfléchie ou précipitée, mais il y a une volonté de passer à la prochaine étape, de préférence avant la prochaine élection.
Merci beaucoup.
Avant de commencer, je vous invite à visionner une courte vidéo de 40 secondes.
[Présentation vidéo]
Nous avons lancé ce processus lorsque notre premier ministre s'est engagé à faire en sorte que chaque vote compte.
Je profite de l'occasion pour remercier les membres du comité. Nous sommes ici pour célébrer les progrès accomplis par le gouvernement vers la réalisation de l'une des principales promesses électorales.
Représentation équitable au Canada est un organisme populaire, multipartisan et géré par les citoyens. Nous avons le soutien de plus de 65 000 Canadiens, 35 éminents conseillers, 40 équipes et sections régionales et plus de 500 universitaires canadiens.
Nous avons récemment contribué à la création de l'Alliance. Chaque électeur et électrice compte qui représente des millions de Canadiens et d'organismes indépendants à qui cette cause tient à coeur et qui réclame un vote équitable et efficace.
J'ai grandi dans la circonscription de Lac-Saint-Louis et vécu dans celle de Rosemont–La Petite-Patrie. Après un détour par la circonscription de Toronto–Danforth, je réside maintenant dans le bastion de Kawartha–Haliburton–Brock. J'avais l'habitude de sillonner ma circonscription à vélo, mais je dois maintenant faire de nombreux déplacements à l'extérieur.
Chaque circonscription, chaque province et chaque territoire offrent une expérience culturelle et géographique particulière.
Chaque Canadien participe de la même manière à l'avenir et au bien-être de notre pays et notre ferme engagement à l'égard de l'égalité et de la diversité nous distingue du reste du monde. C'est écrit dans notre Constitution.
En jetant un regard attentif sur notre pays et notre mode de scrutin, force est de constater que nous ne sommes pas du tout ce que nous prétendons être. Nous ne vivons pas dans un système fondé sur l'égalité et nous ne respectons pas la diversité de ce pays. En fait, à chaque élection, nous rejetons la moitié des suffrages exprimés et nous traitons nos voisins de perdants.
Les électeurs ne devraient pas être systématiquement avantagés ou désavantagés lorsqu'ils choisissent leurs représentants, en fonction du candidat pour lequel ils ont voté ou de l'endroit où ils vivent. Les circonscriptions ne devraient pas être divisées en bastions et en circonscriptions girouettes. Les électeurs minoritaires devraient être capables de former une majorité parlementaire. Les règles du jeu doivent être les mêmes pour tous.
Votre vote devrait avoir la même valeur que le mien, et le mien la même valeur que celui de tous les autres Canadiens. C'est une question d'équité et de démocratie.
Les systèmes électoraux ont une grande importance. Ils façonnent notre manière de faire de la politique, la politique façonne nos lois, et nos lois façonnent la société.
Le Canada compte plus de 35 millions d'habitants et 25 millions d'électeurs ont le droit de voter. On parle souvent des majorités de 39 %, mais ce chiffre représente l'ensemble des électeurs qui ont voté pour un parti gagnant.
La réalité, c'est qu'à peine plus de 4,6 millions d'électeurs, soit 20 % de l'électorat, ont élu 184 députés qui exercent aujourd'hui le plein pouvoir. Seule une fraction de Canadiens a une influence sur les politiques qui ont une incidence sur nos vies.
À cause de nos circonscriptions uninominales, notre pays semble fortement polarisé selon les régions, alors qu'en fait, la plupart des partis ont des partisans disséminés dans l'ensemble du pays. Le déficit démocratique du Canada se manifeste en même temps de plusieurs autres façons.
Lorsque 51 % des électeurs se retrouvent sans représentant élu, la responsabilité et la légitimité du gouvernement s'en trouvent grandement amoindries. La diversité démocratique du Canada, notamment la représentation des femmes, n'est pas pleinement respectée à la Chambre. Les électeurs se sentent obligés de voter stratégiquement pour empêcher l'élection d'un candidat qu'ils préfèrent moins, et l'omniprésente discipline de parti a favorisé une concentration croissante du pouvoir dans le CPM.
Il y a aussi la question de l'alternance, lorsque des gouvernements passent leur temps à défaire les politiques mises en place par son prédécesseur, une façon incroyablement inefficace de gouverner. Vous avez ensuite les résultats faussés. En 2008, par exemple, le Bloc québécois et le Parti vert ont recueilli chacun près d'un million de voix, mais le Bloc a obtenu 49 sièges et le Parti vert pas un seul.
Selon nous, il y a deux familles de systèmes politiques : les systèmes majoritaires et les systèmes proportionnels. La première famille fausse les résultats, produit de fausses majorités et prive la moitié des électeurs d'un représentant. La deuxième corrige les distorsions, a la capacité de créer des gouvernements majoritaires stables et fait en sorte que la majorité des électeurs sera efficacement représentée.
En nous fondant sur de l'expérience de plus de 90 pays, dont 85 % de l'OCDE, et une brochette d'experts, nous savons que grâce à la RP selon les votes exprimés, le leadership et les politiques d'un pays reflètent adéquatement les valeurs et le choix de la majorité.
Au plan de la démocratie, de la qualité de vie, de l'égalité du revenu, de la performance environnementale et de la politique fiscale, la recherche démontre la supériorité de la RP sur les systèmes à gagnant unique. Les Canadiens ont demandé un changement réel et je pense qu'ils vous ont donné un mandat.
Justin Trudeau a promis que tous nos votes compteraient. Il a doublé la mise en promettant de tenir toutes ses promesses. Les cyniques disent déjà qu'il n'y a pas de consensus. La pure vérité c'est qu'on vous a déjà donné un consensus.
Trois partis ont déclaré que l'élection de 2015 serait la dernière selon le système majoritaire et qu'en 2019 chaque vote compterait. Selon de nombreux Canadiens un référendum s'est tenu en 2015, car 63 % des électeurs ont voté pour ces trois partis. Plus de 90 des experts entendus ont recommandé la représentation proportionnelle et seulement cinq ont demandé le scrutin alternatif.
Treize études et commissions ont préconisé la représentation proportionnelle. Lors de réunions publiques, une foule de citoyens vous ont demandé un système équitable. Des millions de Canadiens exigent du changement sous la bannière de l'Alliance pour que chaque électeur et électrice compte.
Nous estimons que, si ce comité écoute vraiment les Canadiens, s'il se fie sur les preuves et s'il souhaite concevoir le meilleur système pour les Canadiens, le seul choix est le système à représentation proportionnelle.
Si la démocratie vient du peuple, alors le seul choix de ce comité est de recommander un système de représentation proportionnelle. Cette instance étant la seule qui reflète le vote des Canadiens, le ministre et le gouvernement auront le devoir de respecter et d'appliquer votre recommandation. Les partis ont la responsabilité de collaborer au nom de tous les Canadiens. Nous comptons que vous allez respecter votre promesse collective pour que chaque vote compte. Le seul choix légitime c'est la représentation proportionnelle.
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Merci de cette occasion de prendre la parole. Je suis bénévole et nouveau président du Mouvement pour la représentation équitable au Canada. Beaucoup d'entre vous me connaissez. Je vous ai rencontré ici à plusieurs reprises. J'habite au bout de la rue, à 10 minutes en vélo, même lorsqu'il pleut.
En deux minutes et demie je vais aborder la dernière section de notre mémoire sur les différents systèmes: mixte proportionnel, VUT et rural-urbain; car c'est tout le temps qu'il me reste.
Notre démarche générale consiste à présenter plusieurs propositions, car nous sommes une organisation très complexe et les préférences des gens varient. Toutefois, nous sommes unanimes sur une chose, tous nous voulons une vraie représentation proportionnelle et pas seulement des changements cosmétiques. Mais nous nous sommes limités à ces trois options qui ont été essayées ailleurs dans le monde.
Vous vous demandez peut-être si le système rural-urbain a été essayé quelque part? Oui, la Suède l'a essayé en combinant les systèmes mixte proportionnel, le SMP, et VUT, lesquels ont déjà été essayés. C'est une combinaison assez satisfaisante.
J'aimerais souligner deux valeurs privilégiées par les Canadiens lors des consultations, et ce après 15 ans de consultations. La première est l'équité et l'égalité de chaque vote. Ce critère est extrêmement important, car c'est ce qui cloche dans notre système actuel. C'est ce qu'il faut corriger. Alors, tout ce que nous proposons doit correspondre de très près à ce critère d'égalité.
Hier, vous avez vu les simulations présentées par Byron Weber Becker. Les trois systèmes que nous proposons offrent des degrés élevés de proportionnalité, mais cela dépend de leur conception. Si ce comité et ce parlement souhaitent voir d'assez petites circonscriptions plurinominales ou de petites régions pour les sièges compensatoires, vous devrez sacrifier la proportionnalité. C'est là qu'intervient le système rural-urbain pour composer avec ce compromis.
La formule rural-urbain permet un haut degré de proportionnalité, car elle combine les circonscriptions plurinominales et les sièges compensatoires, permettant ainsi d'avoir des circonscriptions plus petites. C'est appréciable, si c'est ce que vous recherchez, c'est donc l'un des principaux arguments.
L'autre chose dont nous avons beaucoup entendu parler c'est l'importance du choix pour les électeurs. Pour le SMP cela signifie deux choses, soit qu’ils aiment: les deux votes et les listes ouvertes. Nous l'entendons sans cesse. Beaucoup d'électeurs aiment aussi l'idée du VUT, une fois au courant, car le VUT maximise le choix de l'électeur. Ils aiment l'idée du scrutin préférentiel, même pour un autre parti s'ils le désirent et l'option de faire élire des candidats indépendants. Ils aiment l'idée d'avoir plus d'un député à qui s'adresser, et le fait que tous les députés doivent rendre directement des comptes à leurs commettants locaux.
Si vous privilégiez le choix des électeurs, en vertu du système de RP rural-urbain vous pouvez utiliser le VUT et le scrutin préférentiel. Alors vous avez toutes ces options et vous pouvez combler les sièges compensatoires avec les meilleurs finalistes. En conclusion, nous recommandons à ce comité spécial de proposer parmi ces trois options celle qu'il juge la plus démocratique et la plus acceptable pour ses confrères parlementaires.
Je suis prêt à répondre aux questions sur n'importe lequel de ces systèmes et si vous le désirez nous pouvons nous pencher sur d'autres valeurs ou desiderata, comme la simplicité ou la représentation locale. C’était dans ma première ébauche, mais j'ai dû l'enlever par manque de temps. J'ai aussi en tête un concept de système qui pourrait être politiquement acceptable à ce moment historique. Peut-être voudrez-vous en savoir davantage là-dessus.
Merci.
Je m'appelle Ann Decter et je suis directrice, Plaidoyer et politiques publiques à YWCA du Canada.
À titre de plus ancienne et plus importante association féminine multiservice, nous apprécions l'invitation à comparaître devant ce comité. La première YWCA a été créée en 1870, nous sommes donc presque aussi âgée que le Canada. Notre association nationale a été créée en 1893, avant la reconnaissance légale des femmes au pays et des décennies avant le droit de vote des femmes ou d'être candidate aux élections fédérales.
YWCA Canada, notre association nationale, a été créée pour défendre l'égalité des femmes et c'est ce que nous continuons de faire à ce jour. Notre travail tourne surtout autour du développement du leadership féminin dans toutes les sphères de la société, de l'habilitation au leadership des jeunes femmes en passant par l'appui à des campagnes pour l'élection de plus de femmes.
Notre porte d'entrée dans ces discussions sur la réforme électorale est le manque de progrès sur le plan de l'égalité des femmes dans les postes électifs en général et surtout de leur représentation au Parlement. Près d'un siècle après l'élection de la première femme, Agnes Macphail, au Parlement, la représentation féminine est de 25 %. À ce rythme-là, il faudra un autre siècle pour atteindre l'égalité à la Chambre des communes.
Cela contraste avec le progrès de l'égalité des femmes dans d'autres domaines. Nous représentons une légère majorité de la population canadienne et un pourcentage égal de la main d'œuvre. En 1990, la majorité des diplômés postsecondaires étaient des jeunes femmes et elles furent plus nombreuses que les jeunes hommes à obtenir leurs diplômes universitaires et collégiaux, y compris dans des professions hautement qualifiées comme le droit et la médecine.
Même si l'écart salarial est toujours important — elles gagnent environ 72 % de ce que touchent les hommes pour un travail annuel équivalent à un temps plein — il est quand même moindre que l'écart d'égalité au Parlement.
Le Canada est le numéro un au monde pour l'éducation des femmes, mais 62e pour la représentation politique des femmes dans les parlements nationaux. Même avec la population féminine la mieux éduquée de la planète, les trois quarts de notre Chambre des communes sont composés d'hommes. Nous pouvons tous convenir que c'est loin d'être idéal.
Nous devons remédier à l'échec du système politique actuel afin d'assurer le progrès vers l'égalité des femmes à la Chambre des communes en général et aussi d'assurer la représentation de la diversité culturelle et raciale des femmes au Canada. Afin de remédier à l'écart hommes-femmes parmi les élus à la Chambre des communes, le YWCA Canada appuie une réforme électorale comprenant un système de représentation proportionnelle fait au Canada incluant la représentation locale.
Nous sommes aussi d'accord avec l'organisme À voix égales, soit que les changements au système électoral peuvent et doivent comprendre des changements au processus de mise en nomination. Ce dernier a été identifié comme un obstacle aux ambitions politiques des femmes.
Les faits démontrent que la représentation proportionnelle permet l'élection de plus de femmes, surtout dans les pays où l'on favorise l'égalité des femmes. Nous pouvons convenir que c'est le cas au Canada. Selon un sondage récent, plus de 80 % des Canadiens pensent que tant les hommes et que les femmes sont de bons leaders politiques.
Qu'il y ait 26 % de femmes élues à la Chambre des communes est un record, mais c'est seulement 1 % de plus que lors de l'élection précédente. Le rythme de changement a ralenti énormément. Au cours des 20 dernières années et des cinq élections de 1974 à 1994, le pourcentage de femmes députées a plus que quadruplé, passant de 4 à 18 %. Les six élections entre 1997 et 2015 ont donné une augmentation de 5 %, soit de 21 à 26 %.
Nous estimons qu'un système de représentation proportionnelle élaboré tenant compte du genre — avec une attention portée à la différence entre les hommes et les femmes en politique — peut changer cela.
J'ai fait allusion au processus de nomination. Lors de la dernière élection fédérale, un tiers seulement des candidats choisis était des femmes. Dans 98 circonscriptions, soit 29 % du total, tous les candidats étaient des hommes. Le pourcentage de candidates nommées par les partis varie grandement d’un minimum de 19 % à un maximum de 43 %. L'organisme À voix égales a identifié le processus actuel de mise en nomination, sous la responsabilité des partis fédéraux respectifs, comme étant l'un des principaux obstacles à la candidature des femmes.
Selon les femmes, le coût, ainsi que le manque de prévisibilité et de transparence des processus de mise en nomination sont les principales dissuasions. Nous voulons souligner que certaines mesures proactives ont connu du succès à ce chapitre. Un parti fédéral a établi la pratique de retarder les nominations jusqu'à ce que les associations de circonscription présentent un candidat des groupes désignés, groupes incluant les femmes, ou qu'elles prouvent avoir sollicité activement la candidature de femmes et d'autres groupes sous-représentés.
Cette stratégie a réussi. En 2015, 43 % des candidats de ce parti étaient des femmes, comparativement à seulement 31 % chez les libéraux et moins de 20 % chez les conservateurs. En fait, ce parti, le NPD, a souvent le plus grand nombre de femmes dans son caucus, à l'exception du Parti vert du Canada, pour une raison évidente.
La représentation n'est pas uniquement une question d'égalité, c'en est aussi une de politique. On s'entend généralement que le point de bascule d'un changement politique reflétant la réalité vécue des femmes est d'au moins 30 % d'élues à la législature. Une représentation plus équitable des femmes au Parlement signifie que les divers intérêts des femmes seront davantage pris en compte dans le cadre stratégique. Cela s'entendrait, par exemple, de l'application générale d'analyses différenciées selon le sexe aux politiques du gouvernement fédéral, de l'adoption de l'équité salariale, d'un réseau de garderies national bien financé et d'une forte représentation parlementaire des femmes autochtones et racialisées.
YWCA Canada appuie une réforme électorale incluant un changement vers un système, fait au Canada, de représentation proportionnelle avec représentation locale. Selon nous, cela favoriserait l'élection de plus de femmes et le Canada a besoin de plus de femmes élues. Nous devons profiter pleinement de notre population féminine bien éduquée et nous bâtir un pays qui fonctionne vraiment pour les femmes.
Merci.
Monsieur le président, membres du Comité, je tiens à vous remercier d'avoir invité la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada à vous faire cette présentation aujourd'hui.
Créée en 1975, la FCFA est la principale porte-parole des 2,6 millions de citoyens et de citoyennes d’expression française vivant en situation minoritaire dans neuf provinces et dans les trois territoires au pays. La FCFA regroupe 20 membres, soit 12 associations francophones porte-parole provinciales et territoriales et 8 organismes nationaux représentant divers secteurs d’activité et clientèles. Elle coordonne également le Forum des leaders, soit un regroupement de 42 organismes engagés pour le développement des communautés francophones et acadienne.
Les citoyens et les citoyennes de nos communautés sont engagés, conscients de leurs droits et soucieux d'être bien représentés au Parlement. En octobre 2015, ils ont élu 16 députés dont la principale langue de communication est le français, et bien d'autres qui sont parfaitement bilingues et qui connaissent les enjeux de la francophonie. Cette capacité de représentation, nous y tenons. C'est la raison pour laquelle la FCFA a commandé une étude d'impact de divers scénarios de réforme électorale.
Le message que nous vous envoyons aujourd'hui est le suivant: tout nouveau mode de scrutin doit absolument tenir compte des réalités des minorités francophones afin d'assurer le respect de leur droit constitutionnel de bénéficier d'une représentation efficace au Parlement canadien. À notre connaissance, nous sommes parmi les seuls à apporter ce point de vue à votre étude.
Vous avez devant vous le mémoire de la Fédération, qui s'inspire largement de cette étude d'impact que nous avons commandée. La première partie présente les fondements constitutionnels de la représentation des communautés francophones et acadienne. La deuxième s'attarde, quant à elle, aux conséquences de deux modèles qui pourraient remplacer le mode de scrutin actuel, dont un modèle de représentation proportionnelle.
Un modèle de représentation proportionnelle où les circonscriptions seraient moins nombreuses et de plus grande taille diluerait le poids des francophones et réduirait la force de leurs voix dans l'arène politique. Chez moi, à Saint-Boniface, les Franco-Manitobains représentent 13 % des citoyens de ma circonscription. Si on jumelait celle-ci avec les cinq circonscriptions voisines, qui sont à forte majorité anglophone, le poids des francophones chuterait considérablement.
Une autre caractéristique des différents modèles de représentation proportionnelle est l'attribution de sièges selon le résultat du vote populaire à partir de listes de candidats préétablies par les partis. Or, rien n'obligerait les partis à inclure des candidats francophones dans ces listes. Dans cette perspective, le maintien d'une capacité de représentation efficace, dans le cas de la minorité francophone, pourrait être largement mis en péril.
Comment faire en sorte que, dans un système de représentation proportionnelle, les minorités francophones continuent d'avoir leur voix et leur place?
Étant donné la vaste gamme de modes de scrutin possibles, nous estimons que, dans son analyse des modèles à envisager, le Comité doit s'assurer que les considérations du vote des francophones en situation minoritaire figurent dans sa liste de critères. Faudrait-il, par exemple, mettre en place des mesures pour assurer que les listes des partis comportent un nombre minimum de candidats francophones, voire qu'un pourcentage de députés sélectionnés à partir de ces listes provienne de nos communautés?
Bien entendu, tout ce qui précède est dit dans un contexte où le gouvernement n'a pas encore présenté une proposition concrète en matière de réforme électorale. C'est pourquoi nous recommandons, dans notre mémoire, que le gouvernement lance une série de consultations portant sur la ou les propositions concrètes de réforme lorsqu'elles seront connues, et que cette série inclue une consultation particulière des communautés francophones en situation minoritaire. Il faut aussi que toute proposition concrète de réforme électorale soit soumise à une analyse d'impact sur les groupes minoritaires, incluant les francophones. De plus, il importe que les gouvernements s'assurent que le mode de scrutin retenu permet à tout le moins de maintenir, mais idéalement d'augmenter la capacité de représentation efficace de nos communautés à la Chambre des communes.
Comme je l'ai dit précédemment, les citoyens et les citoyennes francophones de nos communautés sont engagés, et cela inclut les jeunes. En appui à la campagne menée actuellement par la FJCF, c'est-à-dire la Fédération de la jeunesse canadienne-française, la FCFA recommande que la Loi électorale du Canada soit modifiée afin de fixer à 16 ans l'âge pour voter. Comme la FJCF, nous sommes d'avis qu'une telle mesure pourrait faire naître chez nos jeunes un engagement durable en ce qui touche la participation citoyenne. Cet engagement serait bon à la fois pour la francophonie et pour le Canada.
Monsieur le président, membres du Comité, les communautés francophones et acadienne du Canada sont bien plus que des minorités. Elles sont une composante fondamentale de l'identité canadienne. C'est grâce à elles que nous pouvons réellement parler de dualité linguistique d'un bout à l'autre du pays. Nos communautés croient à la justice et à l'équité et, dans cet esprit, elles accueilleront toujours positivement l'idée d'un Parlement fédéral plus représentatif de la société canadienne dans toute sa richesse et sa diversité. Toutefois, les réalités spécifiques de nos communautés requièrent aussi que toute réforme faite dans un tel but puisse inclure des mesures assurant le maintien de leurs voix à la Chambre des communes.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup aux témoins ainsi qu'aux membres de la communauté d'être parmi nous ce soir.
[Traduction]
Comme mon collègue l'a mentionné, nous allons garder notre calme et le Comité spécial sur la réforme électorale va poursuivre ses travaux, parce que, comme nous le savons, le premier ministre a réitéré son engagement à tenir de telles consultations. Donc, soyez sans crainte, nous poursuivrons nos travaux.
Cela étant dit, je voudrais parler un peu de certaines choses que nous avons entendues. Je commencerai par ce qu'a dit Mme Carmichael. Madame, vous avez parlé des femmes. Je sais que je reviens souvent sur ce thème parce qu'ayant fait campagne dans une circonscription qui n'était pas ce qu'on appelle un château fort pour mon parti, j'ai sûrement été élue grâce au système électoral. Mais rassurez-vous, ma décision de me présenter aux élections n'avait rien à voir avec le système électoral. Je le faisais pour la fonction. Voilà qui est dit!
Vous avez demandé comment l'électorat peut savoir si un parti présente des candidats. Je suis à peu près sûre que, si les gens vont sur le site Web d'un parti, ils pourront voir qui sont les candidats. Je suis persuadée que les gens consultent ce genre d'informations.
[Français]
J'aimerais d'abord vous remercier, madame Lanthier, d'être parmi nous aujourd'hui. En tant que Québécois, nous trouvons très important de pouvoir communiquer avec nos concitoyens dans la langue de leur choix. Le fait que vous soyez ici est vraiment important pour moi. C'est la première fois que nous avons l'occasion d'entendre quelqu'un nous parler de la réalité des citoyens francophones de l'extérieur du Québec.
En fait, nous avons fait une consultation publique dans le village de St-Pierre-Jolys, au Manitoba. Nous étions très fiers d'y être. J'ai également parlé avec quelqu'un du QCGN, l'organisme qui représente la minorité anglophone au Québec. Nous avons donc entendu parler de cette réalité.
Quoi qu'il en soit, j'aimerais vous remercier d'être ici ce soir.
[Traduction]
J'aimerais maintenant revenir sur une question dont on a parlé brièvement. Il s'est dit beaucoup de choses sur le processus de nomination. Peu importe son sexe, quand quelqu'un décide de se présenter, deux choses interviennent. D'abord, d'obtenir l'investiture, puis remporter élections.
Dans le témoignage que nous avons entendu, on nous a dit que les femmes n'ont pas de problème à se faire élire une fois qu'elles ont été nommées. Nous sommes très bonnes pour gagner, ce qui est génial, mais il nous est difficile d'obtenir l'investiture. Nous avons parlé un peu de campagne de financement et du fait que les femmes n'ont peut-être pas les moyens d'obtenir le financement nécessaire pour leur campagne. Il y a aussi les problèmes de garderie, l'absence du travail, etc.
Je sais que certaines initiatives ont été tentées. Au Parti libéral, par exemple, nous avons un fonds qui est destiné à aider les candidates. En fait, il est prévu que, dans le cadre de notre processus de nomination, que les associations de circonscription doivent faire tout en leur pouvoir pour trouver une candidate et être en mesure de le prouver. Je suis fière de cela également.
Toutefois, inciter les gens à se présenter n'est pas toujours une tâche facile en raison du ce qu'exige la fonction. Par exemple, vous vivez à Calgary, vous avez une jeune famille et vous songez à vous présenter. Le fait de devoir voyager et de vous éloigner de votre famille peut être un obstacle pour vous. Il y a également les longues heures et ainsi de suite, sans oublier le ton des débats au Parlement.
J'aimerais connaître votre opinion à ce sujet. Croyez-vous qu'on devrait examiner davantage le processus de nomination et les obstacles plutôt que le système électoral actuel? Je parle seulement en ce qui a trait à l'élection de femmes. Je ne parle pas de toutes les autres choses que nous pouvons faire. Je dis simplement que je ne crois pas que ce soit uniquement le système électoral, je crois que nous devons mettre en place un ensemble de mesures.
J'aimerais connaître votre opinion, madame Decter, et bien sûr la vôtre aussi, madame Carmichael.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être parmi nous ce soir.
Ce comité en est à sa 44e rencontre. Il a maintenant écouté plus de 100 témoins et a reçu des milliers de commentaires.
Ma première question s'adresse aux représentants de Représentation équitable au Canada.
Dans le contexte des travaux du Comité, j'ai trouvé intéressant de vous entendre dire que, pour les 65 000 membres que vous représentez, les propos du tenus plus tôt cette semaine, selon lesquels une réforme n'était peut-être pas nécessaire, ont été plus une source de mobilisation qu'une source de démotivation.
C'est peut-être la même chose pour les gens que vous avez sondés, monsieur Graves. Qui sait? Finalement, c'est peut-être ce qui a fait qu'il a dit le contraire aujourd'hui, selon ce que j'ai compris.
Toutefois, en tant que Québécoise, je dois vous avouer que, cette semaine, je vivais le jour de la marmotte. En effet, nous avons vécu cela au Québec. Un parti dans l'opposition dénonce l'iniquité du mode de scrutin, c'est-à-dire le fait qu'un parti puisse obtenir une majorité de sièges avec une minorité d'appuis, et quand il accède au pouvoir, c'est soudainement le contraire.
Au cours de votre présentation, vous avez dit que 90 pays dans le monde, dont 85 pays de l'OCDE, étaient passés à un mode de scrutin proportionnel. Selon votre connaissance de ce passage, comment sort-on de ce cercle vicieux qui veut qu'on pense une chose quand on est dans l'opposition et qu'on en pense une autre quand on est au pouvoir, parce que ce qui est inéquitable dans une situation ne l'est plus dans l'autre? Comment s'en sort-on?
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Les gens qui répondent à nos enquêtes nous disent qu'un système électoral dont toutes les voix auraient le même poids aurait leur préférence. Mais je crois que la recherche que nous avons menée au cours des années montre que nous devrions aller au-delà de cette question. Le public pense que nous devrions envisager d'autres méthodes pour améliorer la relation entre les citoyens et leurs gouvernements.
Même si cela se situe bien en dehors du domaine de la réforme électorale, lorsque l'on pose une question à choix forcé, le public répond que c'est très bien d'avoir des élections tous les quatre ans qui soient égales, équitables, transparentes et valides et produisent le meilleur... C'est très bien.
Mais en raison du scepticisme et du cynisme qui caractérisent l'ensemble des citoyens d'aujourd'hui, qui sont beaucoup mieux éduqués et ont accès à une myriade d'autres informations qui n'existaient pas aux époques précédentes, les gens ne veulent plus se contenter d'avoir à mettre un bulletin dans une boîte tous les quatre ans. Ils veulent une sorte de méthode entre les élections pour faire entendre leur voix.
Nous en avons d'ailleurs fait une vérification rigoureuse au cours des années. Même s'ils approuvent entièrement les consultations qui permettent aux gens de faire connaître leur point de vue, ils comprennent aussi qu'ils ont besoin de quelque chose de plus représentatif, qui ressemblerait davantage à ce qui se produirait si tout le monde était présent.
Il est clair que lors de consultations ouvertes sur Internet ou de réunions publiques, on va donner plus d'importance aux voix de ceux qui sont les plus concernés, qui connaissent peut-être mieux le sujet, qui ont peut-être des intérêts à défendre ou d'autres types d'intérêts particuliers.
Il nous faut une approche — et je pense que les outils existent pour le faire très bien, à peu de frais et rapidement — pour un engagement citoyen représentatif, éclairé et réfléchi.
Je ne veux pas trop insister là-dessus, mais ce serait un élément important pour lutter contre le scepticisme. Je peux vous montrer toute sorte d'autres indicateurs sur l'importance du scepticisme. Seulement 10 % des Canadiens font confiance aux politiciens. C'est ridiculement faible. Quand je demande s'ils font confiance à des gens comme vous, 75 % font confiance. Eh bien, où recrutons-nous ces politiciens? Ils doivent venir de Mars parce qu'ils ne ressemblent en rien aux bons Canadiens moyens. Ce n'est vraiment pas sain du tout.
J'ai un dernier point. Notre recherche montre que si l'on consultait régulièrement les citoyens, les députés auraient un rôle important à jouer, ce qui élargirait leur champ d'activités. Il serait naturel que les députés s'engagent dans ce processus de consultation des citoyens. Ce serait une responsabilité supplémentaire vraiment intéressante à donner aux députés, en plus de leurs autres fonctions.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, soyez les bienvenus.
Monsieur Lavergne, permettez-moi de vous saluer.
M. Lavergne est un habitué. Je crois que tout le monde l'a croisé souvent ici, dans les corridors, à l'entrée. Il nous dit toujours bonjour.
Je constate que vous avez été très attentif hier. Dans une réponse précédente, vous êtes parvenu à citer exactement un des témoins de Nouvelle-Zélande. Je reviendrai à vous tout à l'heure.
[Traduction]
Monsieur Graves, ma question s'adresse à vous. Vous avez fait des sondages d'opinion publique sur de nombreuses questions. Nous nous félicitons de ce genre d'enquête et de ces résultats.
Je voudrais revenir à la question spécifique de vote électronique. Nous sommes prêts à consacrer des millions, voire des milliards de dollars, pour des transactions commerciales et bancaires, mais nous avons très peur de nous lancer dans un système de vote électronique.
Je peux parler pour moi. J'ai l'esprit ouvert, mais je trouve très bien de mettre une feuille de papier dans une machine. Mais par ordinateur, par téléphone ou autre, même avec un téléphone intelligent, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que j'ai 52 ans, cela me fait très peur.
Laissez-moi vous donner un exemple. Il y a deux semaines il y a eu un grand événement politique au Québec, la course au leadership du Parti québécois, l'opposition officielle. Croyez-le ou non, on a utilisé un système électronique et croyez-le ou non, il y a eu quelques problèmes.
C'est la raison pour laquelle l'appel pour le nouveau chef a été reporté pendant presque une heure. Tout le monde se demandait ce qui était arrivé. J'ai été averti par des amis; j'ai encore des amis, même au Parti québécois. Je ne suis pas séparatiste. Ne vous méprenez pas, même si je respecte leur position, je ne la partage pas.
On m'a dit que le système était tombé en panne. D'après vos sondages, que pouvez-vous nous dire?