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Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je vous remercie du temps et de l'énergie que vous investissez dans la santé de notre démocratie. Vous vous penchez sur d'importantes questions liées à la façon dont les Canadiens expriment leur volonté au moment d'élire leurs dirigeants. Je vous suis très reconnaissant de votre travail.
Je vous suis également reconnaissant de me donner l'occasion de vous parler de mon propre travail. J'enseigne à l'Université de Waterloo, où je suis membre du corps professoral depuis 25 ans. Je m'intéresse à la réforme électorale depuis une dizaine d'années.
Au cours de l'été et de l'automne, j'ai allié mon expertise en informatique à mon intérêt pour la réforme électorale afin de modéliser une grande partie des systèmes qui ont été proposés pour le Canada. Il est crucial de comprendre le mot « modèle » dans le contexte. Je le définirais comme l'application, à des données, de règles de systèmes électoraux, et comme la production de résultats qui facilitent la compréhension du fonctionnement du système.
Je veux mettre l'accent sur la dernière phrase. J'essaie de comprendre de manière générale la cohérence des systèmes électoraux. Mon objectif n'est pas de prédire qui gagne et qui perd dans un système donné, ce qui présente beaucoup de difficultés, notamment les électeurs qui votent différemment lorsque le système change. Je tente plutôt de me servir d'élections précédentes pour voir si le système est cohérent. S'il a été cohérent pendant de nombreuses élections, nous pouvons nous attendre à ce qu'il le soit lors d'élections futures, même si les électeurs votent différemment.
Qu'entend-on par système cohérent? Je pense que le mandat du Comité offre une définition utile que vous allez sûrement tous reconnaître. Un système cohérent « [réduit] la distorsion et renforce le lien entre l'intention des électeurs et l'élection des représentants. » Il y a de la distorsion lorsque la représentation au sein du gouvernement diffère grandement du degré de soutien populaire exprimé pendant les élections.
Un système cohérent n'est ni arbitraire ni imprévisible. Dans le système uninominal majoritaire à un tour, par exemple, on accorde à un parti ayant obtenu 40 % des votes de 0 à 338 sièges à la Chambre des communes. Dans un système électoral cohérent, un petit changement dans le nombre de voix exprimées ne devrait se traduire que par un petit changement dans le nombre de députés élus. Autrement dit, dans un système cohérent, le nombre de députés ayant obtenu un siège est proportionnel au nombre de votes obtenus.
C'était mon préambule. Attaquons-nous maintenant à l'essentiel de mes résultats.
Les graphiques de ce genre sont essentiels à ma méthodologie pour déterminer si un système est cohérent. Ils indiquent la proportionnalité d'un système électoral en fonction de sept ensembles de données.
Ce graphique porte sur le système uninominal majoritaire à un tour et montre à quoi ressemble un système incohérent. En revanche, voici le graphique du système rural-urbain, qui est cohérent. Remarquez la façon dont toutes les paires de lignes colorées se suivent de près.
Prenons quelques instants pour comprendre ces graphiques. Le centre, à 0 %, représente les données d'une élection. Dans ce cas-ci, il s'agit des élections de 2015 menées au moyen du système uninominal majoritaire à un tour. Les lignes épaisses représentent le pourcentage du vote populaire obtenu par les différents partis. Les libéraux ont obtenu près de 40 % des voix; les conservateurs, 32 %; et ainsi de suite pour les autres partis. Les lignes moins épaisses indiquent la façon dont les partis ont été récompensés par des députés à la Chambre. La proportion de 39 % des voix obtenues par les libéraux leur ont donné 54 % des députés aux dépens des autres partis, qui en ont eu moins que ce qu'ils méritaient.
En 2015, le système uninominal majoritaire à un tour s'est traduit par des incohérences. Mais je ne vous apprends rien. Nous le savions le soir des élections. Quelle est la valeur ajoutée de mon travail?
Rappelez-vous que nous voulons déterminer la cohérence de chaque système électoral en utilisant les données de nombreuses élections distinctes, les données de vraies élections, et pas seulement celles de 2015. Nous pouvons simuler des élections différentes en prenant les résultats de 2015 et en remettant 10 % des voix obtenues par les candidats conservateurs aux candidats locaux libéraux. Cela pourrait être dû à de bonnes nouvelles de dernière heure pour les libéraux qui font passer des électeurs à leur camp. L'application des règles électorales du système uninominal majoritaire à un tour à cet ensemble de données donne aux libéraux 64 % des députés avec seulement 43 % des voix.
Si nous remettons 30 % des voix obtenues par les candidats conservateurs aux candidats libéraux, les libéraux obtiennent 81 % des sièges, mais ils n'ont toujours pas la majorité des voix. En revanche, l'incidence sur les conservateurs est dévastatrice, car ils n'obtiennent que 7 % des sièges même s'ils ont obtenu 22 % des voix exprimées.
Bien entendu, nous pouvons également simuler le passage d'électeurs libéraux au camp conservateur. C'est ce que nous voyons à la gauche du graphique. D'autres graphiques peuvent simuler un passage d'électeurs selon d'autres combinaisons de partis.
L'incohérence du système uninominal majoritaire à un tour a également été mise en évidence dans le cadre d'élections précédentes. Ces quatre graphiques représentent quatre vraies élections et 24 élections simulées. Le système uninominal majoritaire à un tour n'a jamais donné de résultats proportionnels.
Poursuivons en examinant brièvement d'autres systèmes électoraux.
La proportionnelle rurale-urbaine est très cohérente. Voici un tableau qui applique les règles de ce système aux données électorales de 2015 et qui simule des résultats en faisant passer des voix entre les conservateurs et les libéraux. Rappelez-vous que les lignes épaisses représentent le vote populaire, tandis que les lignes minces indiquent le nombre de députés. Ce qu'il faut signaler, c'est que les deux lignes se suivent de très près.
Voici les graphiques qui portent sur des élections précédentes. Dans tous les cas, le système est cohérent. J'aime la proportionnelle rurale-urbaine, qui a été proposée par le Mouvement pour la représentation équitable au Canada, car elle tient compte de l'énorme disparité dans la taille de nos circonscriptions. La taille des circonscriptions déjà énormes reste à peu près la même en y élisant un seul député. Ce système favorise la proportionnalité en recourant à des circonscriptions à plusieurs députés lorsque c'est possible compte tenu de la plus forte population.
Enfin, un petit nombre de sièges supplémentaires, comme dans la représentation proportionnelle mixte, fait contrepoids à la répartition disproportionnelle des sièges de circonscription uninominale. Ces sièges supplémentaires sont importants. La proportionnelle rurale-urbaine s'inspire de la proposition de Kingsley, mais ce n'est pas la même chose. Le système proposé par Kingsley néglige les sièges supplémentaires. Lorsque nous modélisons ce système, les résultats sont étonnamment bons, mais pas aussi bons que ceux de la proportionnelle rurale-urbaine.
J'ai également modélisé le mode de scrutin à vote unique transférable. La moyenne était de 4,1 députés en utilisant de petites circonscriptions et de près de 11 députés en utilisant de grandes circonscriptions. Les deux systèmes sont cohérents, mais, comme on pouvait s'y attendre, le système qui a recours à de grandes circonscriptions l'était davantage.
Le modèle de la représentation proportionnelle mixte qui comprend deux tailles de régions supplémentaires est également cohérent.
Le vote alternatif se distingue en étant le seul système que j'ai modélisé qui est encore plus incohérent que le système uninominal majoritaire à un tour. En utilisant les données de quatre vraies élections et de 72 élections simulées, le vote alternatif n'a pas donné un seul résultat proportionnel.
Une autre possibilité qui pourrait sembler intéressante consiste à garder les mêmes circonscriptions que nous avons maintenant, mais à ajouter des députés à la Chambre dans une proportion de 10 %, en créant des sièges supplémentaires, de façon similaire à ce qui est fait dans un système de représentation proportionnelle mixte. Nous pourrions appeler ce système la représentation proportionnelle mixte allégée si des députés étaient élus dans les circonscriptions locales au moyen du système uninominal majoritaire à un tour, ou le vote alternatif plus si les députés étaient élus au moyen du vote alternatif.
Bien que ces deux systèmes représenteraient un pas vers la proportionnalité, mes modèles montrent que ce ne serait qu'un très petit pas, même selon le scénario le plus optimiste qui consiste à calculer les sièges supplémentaires en fonction de chaque province plutôt que de chaque petite région, comme c'est souvent le cas pour ce qui est de la représentation proportionnelle mixte. L'ajout de députés dans une proportion de 10 % n'est tout simplement pas suffisant pour corriger les disproportions dans l'ensemble des circonscriptions uninominales. Cependant, si nous utilisons exactement les mêmes contraintes dans le système rural-urbain, à savoir l'ajout de 32 députés assignés à des sièges supplémentaires selon un calcul effectué à l'échelle provinciale, nous obtenons un système cohérent.
Je vous remercie de l'attention que vous m'avez accordée jusqu'à maintenant. J'ai passé en revue des renseignements très détaillés et très techniques. À ce stade-ci, vous vous sentez peut-être comme mon frère, qui m'a dit que cela lui donnait mal à la tête. Je pense néanmoins que c'est très important pour vous aider à prendre vos décisions.
Récapitulons. Le système uninominal majoritaire à un tour produit souvent des incohérences. Le vote alternatif est pire que le système uninominal majoritaire à un tour. Le vote unique transférable, le système proportionnel mixte et la proportionnelle rurale-urbaine sont tous des systèmes cohérents dans de nombreuses simulations différentes. Enfin, les tentatives timides comme la représentation proportionnelle mixte allégée et le vote alternatif plus ne sont que légèrement supérieures à ce que nous avons maintenant. Soumis aux mêmes contraintes, la proportionnelle rurale-urbaine est excellente.
Tout le monde peut télécharger, utiliser ou modifier le programme que j'ai écrit et les données. Les résultats que j'ai présentés sont facilement accessibles sur le site Web election-modelling.ca.
Merci encore de votre attention et de l'incroyable service que vous rendez au Canada. Je suis impatient de répondre à vos questions concernant mon exposé, et le mémoire que j'ai soumis plus tôt au Comité.
[Français]
Merci de nous avoir invités à présenter au Comité notre position et nos connaissances sur les systèmes électoraux du Royaume-Uni. Mon collègue M. Hughes et moi-même vous remercions de votre accueil.
L'Electoral Reform Society est une association non gouvernementale qui mène des campagnes pour améliorer les systèmes démocratiques du Royaume-Uni. Le principe à la base de notre travail est que toutes les voix doivent être entendues et respectées, et que chaque vote doit être reflété au Parlement.
Je vais commencer par parler des divers systèmes du Royaume-Uni. Ensuite, mon collègue parlera de la situation en Nouvelle-Zélande, qui a changé de système en 1996. Finalement, il sera question de notre expérience des référendums.
[Traduction]
Merci de nous avoir invités à témoigner. Nous sommes honorés d'être ici et nous vous remercions de votre accueil chaleureux.
L'Electoral Reform Society milite pour l'amélioration de la démocratie au Royaume-Uni. Nous croyons que toutes les voix doivent être entendues et respectées et qu'elles doivent se traduire par un nombre juste de sièges au Parlement.
Je vais parler du scrutin proportionnel au Royaume-Uni. J'aime l'idée de la cohérence, que je n'avais pas entendue avant. Mon collègue parlera de la situation en Nouvelle-Zélande, et, pour conclure, je parlerai des référendums qui ont eu lieu récemment au Royaume-Uni.
Le système uninominal majoritaire à un tour, comme vous le savez peut-être, sert à élire tous les parlementaires et, en Angleterre et au pays de Galles seulement, les représentants municipaux. Dans toutes nos autres institutions et pour toutes nos autres fonctions électives, d'autres systèmes sont utilisés.
Le système préféré de la ERS est un système proportionnel qui prévoit un lien avec les circonscriptions grâce auquel les électeurs peuvent voter pour les candidats d'un parti ou les candidats indépendants qu'ils préfèrent. Ce système, à savoir la forme de représentation proportionnelle qui se sert d'un scrutin à vote unique transférable, est utilisé dans les élections municipales écossaises ainsi qu'en Irlande du Nord et en Irlande. C'est un système axé sur les candidats qui maximise le choix des électeurs plutôt que celui du parti.
Nous aimons ce système parce que les candidats communiquent avec un plus grand nombre d'électeurs et visitent des quartiers où ils ne se donnaient pas la peine d'aller dans le cadre d'un système uninominal majoritaire à un tour. Ils se rendent littéralement dans des parties de la communauté qui ne seraient autrement pas visitées. Ils n'ont pas le même genre de conversation, et les échanges sont souvent plus positifs. Après tout, ils disent: « Vous ne voulez pas m'accorder votre premier choix, mais je pourrais être votre deuxième ou votre troisième. » C'est un autre genre de conversation. C'est une conversation plus positive.
Il y a plus de concurrence. En Écosse, les sièges incontestés sont une chose du passé à l'échelle municipale. Il n'y a pas de sièges intouchables. Il vaut la peine de se livrer concurrence partout, et les gens sont beaucoup plus susceptibles d'avoir un représentant pour qui ils ont voté et un choix de représentants à considérer.
Il y a des preuves d'une certaine spécialisation aux dossiers. Après tout, lorsqu'il y a une équipe de députés ou des représentants qui votent à l'échelle locale, on peut commencer à partager la charge de travail. Quand cette façon de faire est reprise à l'échelle fédérale, on obtient une équipe de députés locaux de différents partis, ce qui ressemble beaucoup à ce qu'on voit en Irlande, où cette approche est utilisée pour la Chambre basse et où l'on compte de trois à cinq députés locaux. Fait intéressant, l'Irlande a des circonscriptions à plusieurs députés qui sont élus au moyen d'un mode de scrutin à vote unique transférable qui est extrêmement axé sur les candidats locaux. C'est ce que le pays obtient grâce à un système de circonscriptions proportionnelles.
Pour ce qui est de la représentation proportionnelle mixte, que nous appelons le système des députés supplémentaires, nous avons également une certaine expérience. C'est le système utilisé aux Parlements de l'Écosse et du pays de Galles. Comme vous le savez tous, c'est un système dans lequel les gens peuvent voter pour un représentant de circonscription et les noms figurant sur une liste de parti.
Ce système permet d'avoir des Parlements grandement proportionnels où le nombre de sièges reflète le nombre de voix. Les électeurs choisissent un représentant local qu'ils peuvent reconnaître. Ce système donne lieu tant à des gouvernements aux pouvoirs partagés qu'à des gouvernements majoritaires, et, ce qui est crucial, c'est qu'il permet aussi aux partis de présenter un groupe équilibré et diversifié de représentants.
Sur ce, je donne la parole à Darren.
J'aimerais simplement vous faire part de la perspective de la Nouvelle-Zélande, selon mon expérience comme électeur et comme député en Nouvelle-Zélande, avec le système proportionnel.
La Nouvelle-Zélande est un cas intéressant, parce qu'il s'agit du résultat d'un choc unique entre l'injustice, une certaine dose de colère chez les électeurs et un peu de chance, ce qui peut toujours aider en politique.
En gros, je pense que le contexte de la Nouvelle-Zélande qui a mené à la représentation proportionnelle est très difficile à reproduire. Deux élections générales de suite avaient laissé le parti ayant remporté le plus de voix dans l'opposition, plutôt qu'au gouvernement. Il y avait un déclin du système bipartite, du point de vue des électeurs, et lors de certaines élections, des partis tiers ou autres avaient obtenu une forte part des votes — un de ces partis avait obtenu 20 % des voix, mais cela ne lui avait donné que deux sièges. Ce sentiment d'injustice prenait de plus en plus d'ampleur.
Puis, ce qui explique la colère, c'est que dans les années 1980, il y a eu une réforme économique et sociale profonde, dont certains d'entre vous sont peut-être au fait, qui a pratiquement touché tous les aspects de la vie. Elle a été réalisée par les partis, de centre-droite et de centre-gauche, contrairement aux engagements de leurs programmes. Il y a eu une réelle impression de révolution au pays, sur le plan de la politique; le public ne leur avait pas directement donné ce mandat.
La combinaison de l'injustice des résultats et de la colère des électeurs au sujet de l'état de la politique, des gestes des politiciens et de leurs politiques a réellement mené à ce scénario unique — ce moment où le changement a été possible. On a aussi dit que le premier ministre avait mal lu ses notes, qui disaient: « S'il vous plaît, ne promettez pas de référendum sur la représentation proportionnelle ». Il a plutôt dit tout haut: « Il y aura un référendum sur la représentation proportionnelle. » Il était difficile de reculer après cela. C'est la raison pour laquelle je dis qu'il y avait un peu d'injustice, un peu de colère chez les électeurs, et un peu de chance.
Depuis maintenant 20 ans, nous avons des gouvernements forts, stables et respectés qui accomplissent leur mandat complet, contrairement à certaines des perceptions touchant la RP. Il y a eu plusieurs élections générales, et quelques-unes seulement ont donné des gouvernements minoritaires, obligeant les partis à travailler ensemble pour que les choses se fassent. Ces gouvernements se sont trouvés un peu partout sur l'échelle idéologique. En fait, il y a eu plus de gouvernements centre-droite que de gouvernements centre-gauche, même si le centre-gauche a passé pas mal de temps au gouvernement aussi. Sur le plan d'un leadership fort, Helen Clark, la première ministre travailliste, et John Key, le premier ministre national, le premier ministre conservateur, sont facilement deux des dirigeants ayant le mieux réussi de ces partis en 40 ans, sur le plan des programmes et politiques, de la popularité et des élections remportées.
Il y a eu d'immenses progrès sur le plan de la diversité à la Chambre des représentants de la Nouvelle-Zélande. Il y a beaucoup plus de femmes et de membres de minorités ethniques parmi les députés, et bien sûr, surtout, une meilleure représentation des Néo-zélandais autochtones, les Maoris, que ce qu'aurait permis un système uninominal majoritaire à un tour.
Les Néo-Zélandais aiment cela, maintenant. Après six essais, à la sixième élection générale selon le régime de la représentation proportionnelle, il y a eu un nouveau référendum qui n'était pas prévu à l'époque, mais il s'est tenu. Après cette expérience de la RP, six fois, les Néo-zélandais ont encore choisi de garder la RP, ce qui signifie que les partis politiques se sont adaptés. Cela n'a pas été facile au début, mais ils se sont adaptés et ils ont fait en sorte que cela fonctionne. Il n'y a pas de partis sérieux contre la représentation proportionnelle, aujourd'hui, en Nouvelle-Zélande. C'est maintenant un élément de la démocratie qui est bon pour les électeurs et que les partis politiques et les politiciens ont réussi à faire fonctionner.
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Je vais terminer sur quelques réflexions au sujet des référendums, qui ont représenté tout un phénomène pour nous, au Royaume-Uni, car cela pourrait vous intéresser.
Le référendum de 2011 sur la réforme électorale a été un cas classique de vote par procuration. Le véritable enjeu, sur le bulletin de vote, est devenu l'impopularité du parti de coalition en second, les libéraux démocrates. Par contraste avec la Nouvelle-Zélande, où les électeurs ont pu envisager les pour et les contre du statu quo — du système uninominal majoritaire à un tour —, au Royaume-Uni, nous nous sommes seulement plongés dans une discussion négative sur le seul système non proportionnel offert. Le mode de scrutin présentait peu d'intérêt, et les électeurs n'avaient pas de connaissances préalables leur permettant de comprendre les enjeux. La campagne a été trop courte. Elle a suscité peu d'intérêt, a fourni peu d'information et le référendum a connu un faible taux de participation, soit 41 %.
À l'opposé, la campagne référendaire de l'Écosse, qui visait la possible indépendance de l'Écosse comme pays, a duré deux ans. Elle a donné aux électeurs le temps et l'espace nécessaires pour se familiariser avec les enjeux et les comprendre de façon assez approfondie. Les histoires relatant des débats houleux sur les questions de monnaie, aux arrêts d'autobus et dans les pubs, sont toutes vraies. Les gens ont eu assez de temps pour se familiariser et se renseigner vraiment. Il y a eu beaucoup d'information, cela a suscité énormément d'intérêt, et le référendum a affiché un taux de participation élevé, de 86 %. Les faits montrent clairement que le renforcement des capacités politiques provoqué par ce référendum s'est maintenu, et plus d'Écossais participent maintenant à des activités politiques, qu'elles soient officielles ou informelles.
Enfin, il y a eu la campagne référendaire de l'Union européenne. La campagne officielle n'a duré que quatre mois. Elle a été très courte. Cela se trouve dans notre rapport intitulé « It's Good to Talk: Doing referendums differently after the EU vote ». Nous avons mené des sondages pendant toute la durée de la campagne. Les gens disaient ne pas se sentir bien informés des enjeux au début de la campagne, en février. Seulement 16 % des répondants s'estimaient bien renseignés ou très bien renseignés. Une semaine avant le jour du référendum, la proportion avait augmenté à un tiers seulement des répondants. De toute évidence, cela dit à quel point les gens s'estiment renseignés. Ce n'est pas scientifique, mais cela nous dit assez clairement que les gens ne s'estimaient pas bien renseignés. Cette question était énormément importante pour tous les habitants du Royaume-Uni, ce qui fait que la participation, de 72 %, a été élevée. Cependant, l'intérêt était faible, et les gens étaient peu renseignés — mais la participation a été forte.
Quand ils sont bien faits, les référendums peuvent servir à fournir une information publique de grande qualité et à susciter des débats pendant la campagne menant au jour du référendum. Quand ils sont mal faits, les référendums peuvent oblitérer toute possibilité de débats publics et politiques, les questions de procuration l'emportant sur les enjeux mis aux voix. Compte tenu d'exemples comparables et des contraintes de temps particulières du processus canadien, qui fait l'objet d'une échéance ferme pour la mise en oeuvre, nous ne voyons pas comment il serait possible de réaliser un bon référendum ici.
Nous allons nous arrêter ici. Je vous remercie.
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Merci beaucoup, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je m'appelle John Poulos, et je suis président et directeur général de Dominion Voting Systems, à Toronto.
J'ai suivi les travaux du Comité avec beaucoup d'intérêt, en particulier les exposés de MM. Marc Mayrand, Greg Essensa et Jean-Pierre Kingsley, des administrateurs électoraux de renom pour lesquels j'ai le plus grand respect. Je connais les diverses solutions proposées à ce jour.
J'ai demandé à comparaître devant le Comité pour donner une perspective directe de la façon dont la technologie est en ce moment utilisée partout dans le monde, et dont elle peut contribuer à résoudre certains des problèmes qui surgissent au cours de l'exploration des divers systèmes électoraux.
J'ai fait de l'automatisation des élections ma profession des 14 dernières années. Par conséquent, en plus de connaître les tendances et les discussions à l'échelle mondiale, je possède une vaste expérience directe et variée de la mise en place de la technologie de dépouillement des bulletins de vote pour des administrateurs de partout dans le monde. À l'échelle mondiale, nous avons mis en place la technologie de dépouillement des bulletins de vote aux Philippines, où l'on compte 50 millions d'électeurs admissibles dans 82 500 bureaux de scrutin; en Mongolie, partout au pays, là où les conditions environnementales et physiques faisant obstacle aux élections sont peut-être les plus difficiles; et récemment, partout sur l'île de Porto Rico.
Aux États-Unis, nous avons travaillé avec plus de 1 000 agences électorales dans 35 États, ce qui comprend plusieurs mises en place à l'échelle des États. En novembre, nous fournirons des technologies de dépouillement des bulletins de vote à plus de 100 agences municipale, provinciale et, dans le cadre d'un projet pilote, fédérale, même.
Maintenant, puisqu'il s'agit d'envisager un changement possible au système électoral, ce qui comprend toutes les solutions proposées au Comité, je vais parler de la nécessité d'obtenir des résultats rapides.
Si les bulletins de vote deviennent plus complexes, le dépouillement manuel le devient également. En outre, si les bulletins de vote sont complexes et qu'il faut plus de temps pour les dépouiller, il y a davantage de risques d'erreur humaine. M. Mayrand a déjà parlé des difficultés liées au dépouillement manuel en Australie et de la nécessité d'obtenir les résultats rapidement. Le lien entre la rapidité de la production des résultats et la confiance des électeurs est bien documenté, alors je ne vais pas en dire plus à ce sujet. Je vais plutôt vous parler de la façon dont la technologie a servi à résoudre ce problème ailleurs.
Aux Philippines, avec la mise en oeuvre du type de technologie de dépouillement très généralement employé au Canada, le temps requis pour produire les résultats est passé de quelques semaines à quelques heures. C'est pertinent pour le Comité, parce que le bulletin de vote comptait parmi les plus compliqués jamais vus. Le bulletin de vote en papier de 22 pouces comportait plus de 100 options présentées à simple interligne sur plusieurs colonnes, et ce, recto verso. Pour ce qui est de la lourdeur même du système, il y avait 82 500 bureaux de scrutin pour 50 millions d'électeurs admissibles.
En Mongolie, où il n'y a tout simplement pas de télécommunication dans plus de 30 % des emplacements, le temps requis pour la production des résultats est tombé à 90 minutes pour la moitié des bureaux de scrutin. Les résultats de plus de 85 % des bureaux de scrutin sont produits en quelques heures.
Quand cette technologie est utilisée au Canada, avec notre infrastructure locale, les résultats sont encore meilleurs. Dans chaque cas, les bulletins de vote en papier sont numérisés en temps réel, et les résultats de chaque emplacement sont transmis par modem à une base de données centrale immédiatement après la fermeture. Les résultats de chaque bureau de scrutin sont imprimés dès que les bureaux ferment, et la consolidation automatisée est centralisée.
Pour une élection comportant des tours de scrutin successifs, comme dans le cas d'un scrutin préférentiel, d'un système de représentation proportionnelle ou d'un système hybride, la base de données comporterait déjà toutes les options; chaque tour serait donc instantané et pourrait se faire en pressant sur une touche.
L'autre problème, c'est l'inquiétude des électeurs concernant le déplacement des bulletins de vote en papier dépouillés à la main. Cette préoccupation n'est pas nouvelle, et elle a été résolue dans des milliers d'endroits avec l'établissement de capacités d'audit entièrement transparentes. Dans tout système moderne de dépouillement de bulletins de papier établi dans le monde, on saisit maintenant l'image de chaque bulletin de vote et on la combine à l'interprétation machine de toutes les marques faites par l'électeur.
Les marques d'audit qui en découlent donnent à tout auditeur, après l'élection, une perspective entièrement objective de la façon dont chaque marque a été interprétée et, surtout, de la raison de cela. Quand il est utilisé convenablement, ce processus reflète efficacement la pratique actuelle des agents électoraux qui surveillent le travail des personnes faisant le dépouillement à la main.
Dans de nombreux cas précis de recomptage des bulletins de vote utilisant la technologie moderne de dépouillement — trop pour les énumérer — on a obtenu exactement les mêmes nombres chaque fois, ce qui est rare dans les cas d'élections où le dépouillement se fait manuellement, et pratiquement impossible dans les cas d'élections pour lesquelles les bulletins, dépouillés manuellement, sont complexes.
Ce qui compte, c'est que là où l'on a soigneusement préservé le rôle de surveillant ou d'auditeur indépendant, on a constaté que la mise en oeuvre du dépouillement a amélioré l'exactitude et la transparence du dépouillement.
En plus de satisfaire à la nécessité de produire les résultats rapidement, comme M. Mayrand l'a souligné, et de résoudre les questions d'exactitude et de transparence qui s'ensuivent, la technologie de dépouillement permet aussi de résoudre d'autres problèmes de notre système actuel, ce qui pourrait intéresser le Comité. Chaque administration qui a mis en place un système moderne de dépouillement a tiré les conclusions suivantes, et il n'y a pas d'ordre de priorité à cela: les nombres de bulletins de vote rejetés involontairement peuvent être réduits à zéro quand l'administrateur configure le système pour avertir les électeurs des erreurs commises au moment de marquer le bulletin de vote; en offrant la possibilité d'une deuxième occasion aux électeurs, les erreurs causées par des problèmes de langue ou par le degré de littératie sont éliminées; là où on a une case pour les bulletins reçus du directeur du scrutin — comme au Canada —, les bulletins de vote rejetés parce que cette case est laissée vide tombent à zéro; la technologie de dépouillement offre des solutions au problème croissant du personnel à réunir pour le jour de l'élection parce qu'il n'est plus nécessaire d'avoir des équipes nombreuses de personnes chargées de faire le décompte à la main dans les bureaux de scrutin des grands centres urbains; enfin, grâce à la capacité de mettre la technologie à profit pour la mise en place de diverses options d'aide, les électeurs ayant divers handicaps physiques peuvent exercer leur droit de voter de façon privée et indépendante.
Ce dernier point a dans bien des cas motivé l'adoption de la technologie de dépouillement partout dans le monde et, en fait, cela a servi au Canada à diverses fins au cours des 14 dernières années.
Parlons maintenant du coût de la technologie de dépouillement. Je signale que M. Essensa a parlé d'harmonisation, quand il était question de la possibilité de tirer le maximum des dépenses gouvernementales.
Dans de nombreux centres électoraux à l'échelle du monde, y compris aux États-Unis, c'est la même agence qui est chargée de s'occuper des élections pour les divers paliers gouvernementaux. Bien que ce ne soit pas tout à fait possible au Canada, en vertu des lois actuelles, je dirais qu'il existe des précédents dans bien des États, où des agences distinctes misent sur le même investissement dans la technologie. En l'espèce, je ne vois pas du tout pourquoi la technologie de dépouillement qui est en ce moment utilisée partout au pays ne peut l'être à l'échelon fédéral.
Avant de terminer, j'aimerais signaler que, même si mes propos portent sur des systèmes qui conservent les bulletins de vote de papier, il existe d'autres options. Selon le scrutin à modes multiples, les électeurs ont une liste d'options parmi lesquelles choisir pour exercer leur droit. Cela peut comprendre, sans s'y limiter, le vote par courrier, le vote par téléphone et le vote par Internet.
Élections Canada et diverses agences provinciales utilisent en ce moment le vote par courrier, alors que diverses municipalités utilisent une combinaison des trois modes, presque toujours de concert avec le bulletin de papier. Au Canada, on vote par téléphone et par Internet depuis plus de 13 ans. Je fournis la technologie pour les trois méthodes, en plus de la méthode sur papier, et ce, depuis 2003.
Je souligne ce que M. Kingsley a dit au Comité: « Le vote en ligne arrive rapidement. Cette lumière au bout du tunnel est un train. » À cela, M. Essensa a ajouté: « Le défi ne tient pas à l'absence de technologie, mais à toutes les questions qui entourent la confidentialité, la sécurité et la fiabilité de ces technologies. » Enfin, M. Mayrand a renchéri en disant: « il faut faire preuve de prudence au moment d'aller de l'avant pour s'assurer que les Canadiens continuent d'avoir une confiance aussi grande en l'intégrité de leurs élections ».
Fort de mon expérience et des conversations que j'ai presque quotidiennement avec des administrateurs à l'échelle du pays, je crois que ces trois déclarations sont absolument vraies. En effet, chaque mode employé pour voter a ses propres avantages et inconvénients, mais je vais limiter mes propos à ce dont je suis sûr, et c'est que peu importe la décision que le Comité ou le pays prend au sujet du mode ou de la combinaison de modes qui conviennent à nos normes électorales, il est possible de relever les défis accompagnant les diverses options que le Comité étudie grâce à la technologie qui est déjà en place au pays.
Merci.
Comme je l'ai déjà dit, je pense que nous nous sommes retrouvés, d'une manière typiquement britannique, avec des changements graduels et fragmentaires, ce qui nous a donné une sorte de laboratoire de différents systèmes électoraux. Ils ont également des origines différentes; nous avons donc de toutes nouvelles institutions. Il y a eu une grande décentralisation du pouvoir de Westminster, et de toutes nouvelles institutions ont été établies en Écosse et au pays de Galles, de pair avec de nouveaux systèmes électoraux qui suivent d'autres modèles que le scrutin majoritaire uninominal à un tour.
Je suppose qu'en considérant ces exemples, on constate que la question n'est pas nécessairement que les citoyens ont eu un rôle à jouer dans l'acceptation de l'idée d'une nouvelle institution décentralisée. Il y a eu des référendums à ce sujet, mais pas toujours précisément sur le système électoral. Les origines sont donc très diverses.
Je pense que j'ai parlé un peu du référendum de 2011 sur le VP. Il existe de nombreux exemples de cas dans lesquels un nouveau système a été imposé, ou des dirigeants politiques ont décidé que cela ferait partie d'une institution et que c'est ce qu'ils feraient. C'est aussi une approche assez commune.
Je tiens à souligner, au sujet des référendums — nous avons présenté notre point de vue réfléchi dans notre rapport —, que nous n'avons pas pris position sur la question de savoir si les référendums en soi sont avantageux ou nuisibles. Tout dépend du contexte, du moment choisi, de l'organisation du référendum, ainsi que de l'accent placé sur l'éducation, la sensibilisation et le rôle de la population. Nous avons formulé neuf recommandations sur le bon déroulement des référendums, en accordant beaucoup d'importance au rôle de la population, et ce, dès l'adoption des dispositions législatives concernant le référendum.
Les motivations et les éléments moteurs varient beaucoup, ce qui fait que le rôle de la population varie aussi. La chose qui m'a le plus marquée en ce qui touche le référendum sur la réforme électorale, c'est à quel point la population connaissait peu le système en place, le scrutin majoritaire uninominal à un tour, et elle n'avait pas d'occasions réelles d'en apprendre plus. Si les gens ne comprennent pas le système en place, c'est très difficile d'avoir une conversation intelligente au sujet des systèmes qui pourraient le remplacer.
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D'accord. C'est bien, car ce n'est ni l'intention du Comité, ni son mandat.
Pour vous donner un peu de contexte, notre mandat — et je suis sûr que vous l'avez tous lu — est de changer... Il s'agit d'offrir au gouvernement certaines idées et de recommander un modèle de changement en vue d'améliorer le système, afin qu'il fonctionne mieux et donne des résultats plus précis.
Dans ce contexte de changement, j'aimerais m'adresser à M. Hughes.
On cite souvent l'expérience de la Nouvelle-Zélande. Nous entendons beaucoup parler de vous et les gens qui défendent un point de vue opposé utilisent l'exemple de la Nouvelle-Zélande pour faire valoir leur point. Le contexte du changement par lequel est passée la Nouvelle-Zélande était assez unique. En effet, le taux de mécontentement était élevé chez les électeurs et le premier ministre a peut-être fait une gaffe lorsqu'il a promis une chose qui n'était pas exactement celle qui était écrite.
Jusqu'à ce matin, le contexte dans lequel nous menions nos activités était également unique au Canada. En effet, nous avions un gouvernement élu majoritaire dans le cadre d'un scrutin majoritaire uninominal à un tour qui s'était également engagé à modifier le système dans lequel il avait été élu, car il comprenait qu'une fausse majorité avait été obtenue, comme c'était le cas pour le gouvernement précédent, qui était majoritaire avec 39 % des voix. Pourtant, ce matin, le premier ministre se disait que les gens sont peut-être plus heureux maintenant; l'humeur est donc moins favorable au changement, ce qui a peut-être affaibli l'engagement pris à cet égard. Il est important que les circonstances soient favorables à la mise en oeuvre des changements.
J'aimerais revenir sur un point qu'a fait valoir Mme Ghose, à savoir que les électeurs voient les choses différemment lorsqu'il y a un changement. Elle a dit qu'il n'y a pas de soi-disant « sièges sûrs », c'est-à-dire des sièges toujours remportés par le même parti, ce qui fait en sorte qu'ils sont mis de côté, non seulement par le parti qui détient ces sièges, mais également par les autres partis, car ils pensent qu'ils ne peuvent pas les obtenir de toute façon.
Les électeurs de la Nouvelle-Zélande ont-ils vécu les campagnes électorales de façon différente sur le plan culturel? Si ces électeurs demeurent pertinents, étant donné que leur vote a un effet sur le parti qui formera le prochain gouvernement, comment cela change-t-il la politique?
Madame Ghose, vous dites que changer le système électoral favoriserait l’élection de plus de femmes. Des témoins nous ont dit que c’est plutôt une multitude de choses, et non le changement du système électoral, qui permettra de faire élire plus de femmes.
Avant de vous poser ma question, j’aimerais formuler un commentaire. Habituellement, avant de soumettre leur candidature pour un emploi, les gens lisent la description du poste, vérifient le lieu de l’emploi, lisent les conditions d’emploi et les tâches à accomplir, et décident ainsi si c’est un emploi qui les intéresse. Rares sont ceux qui se demandent: « Hmm, je me demande à quoi ressemblera le processus d’entrevue? » ou « Quels tests devrais-je faire? »
Je ne suis pas tout à fait convaincue que la décision des femmes à choisir une carrière politique ait un lien quelconque avec le système électoral actuel. Il y a deux choses: d’abord, il faut se présenter comme candidat. Si j’ai bien compris, vous avez fait ce cheminement vous-même. Il faut se présenter comme candidat, puis il faut se faire élire. Ce sont deux choses différentes.
Je crois fermement que la décision de se présenter comme candidat a tout à voir avec l’emploi lui-même. Est-ce que je veux vivre à Ottawa? Est-ce que je veux être transférée? Est-ce que j’accepte de travailler les heures demandées? Vais-je aimer le ton? Comment vais-je réagir aux attaques personnelles? Et j’en passe. Je ne crois pas que ce soit le système électoral le problème. C’est peut-être une tout autre histoire une fois qu’elles sont choisies comme candidates.
J’aimerais connaître votre opinion.
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Bien sûr. Je crois qu'évolution est le bon terme.
Par exemple, l'Écosse a adopté le vote unique transférable et a tenu ses premières élections en 2007. J'ai lu récemment que la participation avait augmenté au fil du temps, avec les deuxièmes et les troisièmes élections selon le nouveau système. Les gens pouvaient exprimer leurs préférences et faire un deuxième, un troisième et un quatrième choix. Ce n'est qu'un exemple de l'évolution du système, du point de vue de l'électeur. Rien n'indique que les gens veuillent revenir à un système uninominal majoritaire à un tour après avoir connu le système proportionnel ou le système préférentiel.
Je crois que la question de temps est intéressante. Comme je l'ai dit plus tôt, les nouvelles institutions sont en place depuis un bon moment déjà. Vers la fin des années 1990 et le début des années 2000, les nouveaux parlements écossais et gallois — et un nouveau système électoral — ont fait leur apparition. L'évolution est graduelle depuis.
Pour vous donner un exemple concret, au départ, certains s'inquiétaient de la présence de deux types de députés distincts — et j'aurai peut-être des réflexions provenant d'ailleurs à ce sujet —, soit un député de circonscription et un député de liste. Ce système est maintenant ancré dans la tradition en Écosse et ne pose plus problème. Certains députés ont même pu s'acquitter des deux rôles.
On parle ici d'une évolution. Comme l'a fait valoir Darren, les citoyens s'y habituent et les partis aussi. Il faut un peu de temps, et c'est un processus continu pour tous les systèmes relativement nouveaux, mis en place il y a 10 ou 20 ans. Les partis parlent encore de leur adaptation à la campagne électorale, qui est différente en vertu des nouveaux systèmes.
Les données probantes des États-Unis montrent que le système entraîne un plus grand civisme. Les représentants participent à toutes sortes de conversations et abordent divers sujets moins habituels pour leur parti. Ce sont ces changements culturels qui prennent du temps et qui continuent d'évoluer. Il ne s'agit pas d'une solution instantanée.
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C'était considéré comme étant un secteur qui suscitait énormément d'intérêt lorsque le système a commencé, car les gens étaient évidemment habitués d'avoir un député unique par circonscription puis, du jour au lendemain, tous ces députés sont arrivés et il y avait, je pense au début, un fort sentiment qu'une catégorie A et une catégorie B existaient. Et comme Katie l'a mentionné, en Écosse, il y avait une situation semblable au début.
Ce que je ferais observer, c'est qu'au fil du temps, les électeurs et les citoyens avaient tendance à juger les politiciens en fonction de leur rendement, de leurs réalisations, plutôt qu'en fonction du type de député qu'ils étaient. Bien entendu, ce n'est pas tout le monde qui fait cela. Il y a en a toujours certains qui veulent faire la distinction.
J'imagine que les députés de circonscription continuent de faire ce qu'ils ont toujours fait, et vous êtes tous très familiers avec le système. De façon plus générale, les députés de liste se répartissent en deux catégories. Il y a ceux qui, en toute honnêteté, veulent probablement être des députés de circonscription, si bien que leur parti peut leur assigner une région donnée où ils travailleront, géreront des services et seront invités à des réceptions, ainsi de suite, de manière à représenter leur parti auprès des électeurs dans cette circonscription donnée, tout en gardant en tête que l'électeur a deux votes dans le nouveau contexte en Nouvelle-Zélande.
Ce qui est le plus intéressant au sujet des députés de liste, à mon avis, c'est que l'on permet à une plus grande diversité de personnes de travailler au Parlement, des gens qui représentent des collectivités qui peuvent être importantes dans l'ensemble du pays mais beaucoup moins importantes dans un secteur géographique donné. Cela permet au Parlement, que l'on appelle la Chambre des représentants, de ressembler davantage à une chambre de représentants.
Dans cette catégorie, il y a également les spécialistes des politiques dans certains secteurs, des experts, à qui les partis disent, « Écoutez, nous avons vraiment besoin de quelqu'un qui possède ces compétences ». Ce ne sont peut-être pas des gens qui seraient élus à un niveau géographique ou dont la grande force est d'opérer chirurgicalement des concitoyens dans le besoin, mais ce peut-être des gens qui ont beaucoup à offrir du point de point des politiques publiques dans un secteur donné. Je pense que dans ce contexte, il a été très utile de pouvoir faire appel à des personnes issues de ces deux sphères.