:
Chers collègues, la séance est ouverte. Bienvenue à nos témoins.
Monsieur Fréchette, je vous remercie beaucoup de votre présence.
Chers collègues, il s'agit d'une séance télévisée. Avant que nous commencions, je n'ai que quelques petites choses à dire brièvement. Il se peut que notre séance soit interrompue par la sonnerie ce matin. Je n'en suis pas sûr à 100 %, mais je crois que la sonnerie se fera probablement entendre vers 10 h 15 environ. Puisque nous sommes à côté de la Chambre des communes, s'il y a encore des questions, nous pourrons rester ici un peu plus longtemps plutôt que partir dès que la sonnerie se fera entendre. Je verrai s'il y a consensus à ce moment-là et je déterminerai ce que nous devons faire.
Puisqu'il s'agit fort probablement de notre dernière séance avant l'été, je veux vous remercier tous de l'excellent travail que vous avez accompli au nom des Canadiens et de vos propres contribuables. Je veux en particulier souligner tout le travail que vous avez fait concernant le rapport le plus récent, que nous avons déposé la semaine dernière au sujet de la Loi sur la protection des dénonciateurs. Nous n'avions pas produit un rapport comme celui-là depuis 10 ans, comme vous le savez tous. On m'a dit, et je suis certain que bon nombre des électeurs de vos circonscriptions et de titulaires de charge publique vous l'ont dit, qu'une mise à jour de la loi était absolument nécessaire. Un grand nombre d'employés du gouvernement et de fonctionnaires avaient l'impression d'être exclus du processus. Ils estimaient qu'ils ne pouvaient pas vraiment, dans certains cas, divulguer des actes répréhensibles à leurs superviseurs par crainte de représailles. Je pense que le travail que vous avez accompli quant à la rédaction du rapport, que nous avons déposé, soulagera grandement bon nombre de nos fonctionnaires et, en fait, les encouragera à divulguer des preuves d'actes répréhensibles dont ils sont témoins dans leur milieu de travail.
Il s'agit, je crois, d'un document très mémorable — je n'irai pas jusqu'à dire « historique », puisque je ne suis pas porté vers l'hyperbole — et d'un travail bien fait auquel vous avez tous contribué. Je vous en remercie tous. À mon avis, cela résistera à l'épreuve du temps. Nous verrons ce qui se passera dans cinq ans lorsque nous effectuerons un autre examen. Mes félicitations à chacun d'entre vous. Vous devriez être fiers du travail que vous avez accompli.
Chers collègues, je veux également mentionner que notre greffier, Philippe, ne sera pas de retour avec nous cet automne. C'est sa dernière réunion. Le Comité siège maintenant depuis 18 mois, et je crois que nous en serons à notre quatrième greffier, ce qui en dit long sur mes capacités en tant que président.
Des députés: Ah, Ah!
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Cela me rappelle un peu ma vie amoureuse quand j'étais plus jeune, lorsque la femme me disait « ce n'est pas toi, c'est moi; voilà pourquoi je pars ».
Philippe aura de plus grands projets. Je sais que nous lui souhaitons tous bonne chance.
Je vous remercie tous de votre excellent travail.
Des députés: Bravo!
Le président: Bien entendu, je n'ignorerai jamais nos deux vaillantes analystes. Audrey et Raphaëlle ont fait un travail exemplaire au cours des derniers mois. Franchement, sans elles, nous ne déposerions pas de rapports aussi exhaustifs à la Chambre des communes.
Mesdames, je vous remercie énormément de votre travail.
Des députés: Bravo!
Le président: Cela dit, monsieur Fréchette, nous allons écouter votre déclaration préliminaire. Nous continuerons notre série de questions jusqu'à ce que nous soyons interrompus par la sonnerie. Il est à espérer, monsieur, que nous aurons presque terminé, voire terminé, notre séance d'ici là.
La parole est à vous, monsieur.
:
Merci, monsieur le président.
C'était une bonne transition lorsque vous avez parlé de l'automne. Si le projet de loi est adopté au cours des prochaines heures, tous les membres de l'équipe du Bureau du directeur parlementaire du budget seront ravis de collaborer avec votre comité, qui est l'un des quatre comités mentionnés dans les dispositions qui portent sur le Bureau du DPB. Nous attendons cela avec impatience.
[Français]
Monsieur le président, monsieur le vice-président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui devant vous afin de discuter du processus budgétaire et de nos récents rapports sur le Budget des dépenses.
Je suis accompagné aujourd'hui de M. Mostafa Askari, directeur parlementaire adjoint du budget, ainsi que de M. Jason Jacques et de M. Alex Smith. Je considère que MM. Jacques et Smith font partie d'un groupe plutôt restreint d'experts qui suivent l'évolution du processus budgétaire depuis de nombreuses années.
[Traduction]
Bien entendu, j'inclus dans ce groupe M. Brian Pagan et sa collègue, Mme Marcia Santiago, qui ne sont pas inconnus de votre comité.
[Français]
Comme vous le savez, au mois d'octobre 2016, le Secrétariat du Conseil du Trésor a fait état de sa vision de la modernisation du processus budgétaire. Celle-ci repose sur quatre piliers: l'harmonisation du budget et du Budget des dépenses, la portée et la méthode comptable, la structure des crédits et, enfin, les rapports sur les plans ministériels et les résultats ministériels.
[Traduction]
Nous saluons les efforts que déploie le gouvernement pour améliorer le rôle du Parlement sur le plan de l’examen financier. Afin d’aider les parlementaires à examiner les mesures que propose le gouvernement, nous avons préparé un document décrivant les points à considérer en prévision d’une modernisation des travaux des subsides. En outre, nous avons suivi la mise en oeuvre des réformes du gouvernement par nos rapports sur les budgets des dépenses. Bien que nous ayons des observations sur chacun des quatre piliers, je me concentrerai sur la proposition du gouvernement d’améliorer l’harmonisation du budget et du Budget principal des dépenses en repoussant la présentation de ce dernier —au départ, au 1er mai, et maintenant au 16 avril en fonction d'une récente motion qui modifie l'article 81 du Règlement. Nous reviendrons sur le Règlement durant les questions, si vous le voulez.
Puisque la comptabilisation des mesures budgétaires annoncées dans les budgets des dépenses présentés au printemps est une indication permettant de déterminer si le report du Budget principal des dépenses débouchera sur une meilleure cohérence avec le budget, nous avons fait le suivi du nombre et de la valeur des mesures de dépenses du budget de 2017 dans le Budget supplémentaire des dépenses (A) 2017-2018. Nous avons constaté que seulement 44 % du financement supplémentaire accordé dans le budget de 2017 pour l’exercice 2017-2018 était comptabilisé dans le Budget supplémentaire des dépenses (A). Il s’agit d’un recul par rapport à l’exercice précédent, alors que 70 % du financement proposé dans le budget était comptabilisé dans le Budget supplémentaire des dépenses (A) 2016-2017.
Compte tenu du nombre et de la valeur limités des mesures budgétaires annoncées qui ont été comptabilisées dans le Budget supplémentaire des dépenses (A) 2017-2018, nous craignons que la proposition du gouvernement de repousser la présentation du Budget principal des dépenses n’améliore que marginalement la cohérence entre le budget et le Budget principal des dépenses.
[Français]
Il vaut la peine de signaler que, en 2008, le gouvernement a commencé à déposer le Budget supplémentaire des dépenses au printemps, dans le but avoué de faire en sorte que ce dernier cadre mieux avec le budget. Étant donné la fluctuation importante du nombre de mesures budgétaires comptabilisées dans le Budget supplémentaire des dépenses déposé au printemps, il serait légitime de conclure qu'un report de la présentation du Budget principal des dépenses entraînerait des défis du même genre.
Selon notre examen, une harmonisation réussie du budget et du Budget principal des dépenses nécessitera une modernisation approfondie des processus d'approbation budgétaire de Finances Canada et du Secrétariat du Conseil du Trésor. En conséquence, les parlementaires voudront peut-être attendre d'avoir obtenu d'autres détails quant au projet du gouvernement de simplifier et d'harmoniser ces processus avant de changer la date de présentation du Budget principal des dépenses.
Afin d'aider les parlementaires à obtenir des comptes du gouvernement à propos de la mise en oeuvre de son plan budgétaire, nous avons également décidé de faire le suivi de toutes les mesures de dépenses et de fiscalité, depuis leur annonce dans le budget jusqu'à leur approbation, au Parlement, par des projets de loi de crédits et de mise en oeuvre du budget.
À la suite de cet exercice, nous avons constaté qu'une certaine proportion des mesures de dépenses énoncées dans le budget de 2016, soit 44 %, correspond à des postes inscrits dans le Budget des dépenses supplémentaires de 2016-2017. Toutefois, de nombreuses mesures de dépenses ont reçu un financement plus élevé ou plus faible que ne l'annonçait le budget, ou n'ont tout simplement pas été financées dans le cadre des Budgets supplémentaires des dépenses cette année-là.
[Traduction]
C'est pourquoi nous en avons conclu qu’il manque souvent de cohésion entre les annonces budgétaires et leur mise en oeuvre. En effet, les différences de présentation, de terminologie et méthodologie comptable rendent difficile la confrontation des mesures de dépenses du budget avec les postes des Budgets supplémentaires des dépenses. Il est en outre impossible de suivre les dépenses de la plupart des mesures budgétaires au-delà de la première année, ou de connaître les montants réellement dépensés pour des mesures précises. Par conséquent, il est très difficile pour les parlementaires de suivre chaque dollar et de demander des comptes au gouvernement sur la mise en oeuvre de son plan financier, tel qu’il est présenté dans le budget.
À notre avis, le gouvernement pourrait remédier en partie à ces difficultés s’il préparait et présentait le budget et les Budgets supplémentaires des dépenses simultanément, et de façon plus cohérente, comme l'avait recommandé votre comité en 2012.
[Français]
Nous avons remis au greffier des exemplaires des documents dont j'ai parlé.
Mes collègues et moi serons heureux de répondre à vos questions concernant nos analyses et le processus budgétaire du gouvernement.
[Traduction]
Merci beaucoup, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Fréchette. C'est un honneur de vous rencontrer, vous et votre équipe. Merci d'être ici avec nous ce matin.
L'automne dernier, en 2016, nous avons débattu quelque peu des réformes liées aux Budgets principaux des dépenses. Nous l'avons fait sans considérer la question de l'exactitude des chiffres ou celle des méthodes de comptabilité, sans discuter de toutes ces questions d'ordre technique. D'un point de vue plus philosophique, nous nous sommes plutôt attardés à la question de savoir si, en fait, les réformes allaient réduire le temps alloué aux députés pour scruter, de fond en comble, les dépenses du gouvernement.
Selon vous, si on adoptait les réformes, est-ce que cela réduirait effectivement le temps alloué pour scruter les dépenses?
:
Merci de la question. Il y a deux éléments de réponse.
Premièrement, nous savons tous que votre temps est compté. Or, si les documents sont plus clairs, plus faciles à comprendre, si les chiffres sont mieux harmonisés et mieux ordonnés entre le budget et le Budget principal des dépenses, c'est évident que votre examen en sera facilité et qu'il sera plus rapide de consulter le document d'un bout à l'autre.
Deuxièmement, selon les changements proposés — vous faites référence à ceux découlant de la réforme et probablement à ceux concernant le Règlement de la Chambre —, on prolonge quand même la période accordée. Même si on remet au 16 avril le dépôt du Budget principal des dépenses, il y a tout de même une prolongation jusqu'au 10 juin de l'examen par les parlementaires.
Cela donne quand même suffisamment de temps si, effectivement, les documents se révèlent beaucoup plus clairs, plus directs et plus faciles à comprendre. Comme je l'ai dit, à l'instar des experts qui observent le processus budgétaire depuis des années, si nous-mêmes avons de la difficulté à retrouver ces chiffres, on peut comprendre pourquoi cela peut être difficile. Toute proposition de réforme qui va clarifier le processus est évidemment la bienvenue.
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Et la même comptabilité, oui.
C'était une recommandation du Comité en 2012. Comme je l'ai expliqué, c'est ce qui se produit dans d'autres pays. La difficulté, c'est que je ne suis pas convaincu que cela puisse se faire, et je me reporte justement à 2012. À cette époque, de hauts fonctionnaires disaient que jamais il n'y aurait une harmonisation entre le Budget principal des dépenses et le budget, pour différentes raisons, notamment de comptabilité, d'exercice et de caisse, mais également de proposition des dépenses. Ils disaient qu'on allait toujours avoir besoin du Budget supplémentaire des dépenses pour harmoniser certaines dépenses, et nous sommes d'accord à ce sujet.
C'est pourquoi l'harmonisation pourrait être extrêmement difficile s'il n'y a pas de changement de culture à l'intérieur de la fonction publique elle-même en vue de communiquer ces données. Toutefois, ce n'est pas en changeant le Règlement de la Chambre que nous y parviendrons. Je ne vois pas quel effet incitatif cela aurait, d'autant plus que ce changement-là est d'une durée de deux ans. Il s'étend jusqu'à la fin de la présente législature, la 42e, contrairement aux autres règlements qui sont changés pour toujours — enfin, rien n'est jamais éternel. Cependant, dans le cas présent, c'est une tentative d'une durée de deux ans. Il faut donc considérer cela comme un projet pilote.
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En gros, le gouvernement aura deux à six semaines supplémentaires parce que la date du budget n'est pas fixe; pour cette raison, nous ne savons pas exactement quand le gouvernement le déposera. Il pourrait le déposer début mars, fin mars ou encore en avril. Nous ne savons pas précisément combien de temps supplémentaire la proposition donnera au gouvernement.
Un autre élément qui a déjà été mentionné, c'est que ce qui pose problème, ce n'est pas vraiment la date du dépôt du Budget principal des dépenses, mais plutôt les processus internes employés par le Conseil du Trésor pour approuver les diverses mesures budgétaires. Selon le rapport du gouvernement, ces processus peuvent prendre jusqu'à 18 mois. Si tel est le cas, deux, quatre ou cinq semaines supplémentaires n'aideront pas le gouvernement à inclure la majorité des mesures budgétaires dans le Budget principal des dépenses.
Un autre désavantage de la proposition, c'est qu'on perdra le Budget supplémentaire des dépenses (A), qui est normalement déposé en mai. Cela signifie que la majorité des mesures budgétaires seront seulement présentées en novembre, lorsque le premier Budget supplémentaire des dépenses sera déposé.
Ce n'est pas évident que la proposition permette réellement d'améliorer l'harmonisation du budget et du Budget principal des dépenses. Ce qu'il faut, en réalité... Le critère est très simple pour toutes les mesures proposées par le gouvernement à cet égard: la mesure augmentera-t-elle le pouvoir des parlementaires d'examiner les dépenses du gouvernement et de l'obliger à rendre des comptes? Selon notre évaluation, la proposition en question ne remplit pas ce critère. Je le répète, ce n'est pas la date qui pose problème, ce sont les processus internes. Le processus des présentations au Conseil du Trésor est complètement distinct du processus d'approbation des mesures budgétaires du Cabinet. Ainsi, une fois que le budget est approuvé, il faut entamer le processus du Conseil du Trésor, qui prend jusqu'à 18 mois. C'est pour cette raison que les mesures budgétaires ne sont pas incluses dans le Budget principal des dépenses.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, messieurs, d'être parmi nous.
Nous parlons d'harmonisation, mais, en fait, les parlementaires ont besoin de documents clairs pour s'appuyer sur de l'information pertinente et être en mesure de voter. J'ai pris connaissance du document qui nous a été remis et qui s'intitule « Suivre chaque dollar — Sur la piste des mesures de dépenses et de fiscalité du Budget de 2016 ». C'est un document intéressant. Il nous montre vraiment les différences, les difficultés et les défis, comme vous l'avez déjà mentionné. Le suivi de ces dépenses présente plusieurs difficultés, et elles sont structurelles. Ce que vous nous dites, c'est que cela ne date pas d'hier.
Des plans, un test et un projet pilote sont en place pour nous permettre d'accélérer l'étude rigoureuse du suivi des fonds qui ont été dépensés. Un budget donne une orientation, mais il varie parfois dans une année et c'est à ce moment-là que nous devons réagir. Nous, en tant que parlementaires, devons alors prendre des décisions.
Cette initiative, qui consiste à suivre chaque dépense et à donner des statistiques, améliore-t-elle, jusqu'à maintenant, la façon de faire des communications entre vos organismes, les parlementaires, le ministre des Finances particulièrement ainsi que les ministres du Conseil du Trésor?
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Je vous remercie de la question.
Nous espérons que cela améliorera les choses. Un tel document est intéressant pour quiconque évolue dans le domaine de la finance ou de la comptabilité. Nous espérons que cela améliorera justement la compréhension des parlementaires. N'oubliez pas que nous ne travaillons pas pour les ministères, nous travaillons pour les parlementaires. Ce document est un bon exemple de ce qui peut aider les parlementaires à mieux saisir les difficultés qu'ils doivent résoudre lorsqu'ils examinent le processus budgétaire.
Comme M. Askari l'a mentionné, il ne s'agit pas seulement d'examiner le processus budgétaire à partir des chiffres que vous voyez dans le Budget principal des dépenses ou dans le budget. Il importe également de clarifier davantage toutes les étapes. Cela commence quelque part, c'est-à-dire qu'un montant qui apparaît dans le Budget principal des dépenses a d'abord été soupesé au Cabinet, puis au ministère des Finances et au Conseil du Trésor, sans oublier l'étape des approbations.
Nous nous apercevons effectivement que des montants qui sont mentionnés dans le budget fédéral ne se retrouvent pas nécessairement dans le Budget principal des dépenses; ils peuvent figurer seulement dans le Budget supplémentaire des dépenses. Nous en avons donné des exemples au Comité. Cela vous donne un aperçu de la difficulté qui se pose pour le Conseil du Trésor et du temps que peut prendre l'approbation de certains budgets. Les programmes d'infrastructure sont de bons exemples du type de programmes qui peuvent exiger beaucoup de temps.
:
Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être ici aujourd'hui.
J'ai une question concernant la structure des votes. Nous nous sommes souvent demandé si nous devions voter sur les programmes. Dans le dernier rapport, celui de 2012 que vous avez mentionné, je me souviens que le secrétaire adjoint principal du Secteur de la gestion des dépenses semblait un peu hésitant à suggérer cela. Nous pouvons peut-être comprendre pourquoi. Le Parlement aurait au-dessus de 2 000 votes à tenir si nous votions sur tous ces sujets.
Je veux comprendre comment nous pourrions nous assurer de ne pas avoir à tenir 2 000 votes. Évidemment, ce serait beaucoup trop.
Il était question de tenir 191 votes la semaine dernière. Nous aurions ainsi passé 30 heures à voter. Comme nous ne disposons pas d'un système de vote électronique, cela prendrait beaucoup de temps.
Avez-vous une suggestion pour ce qui est d'établir une limite quant au montant des dépenses, un montant plafond ou un montant plancher, par exemple?
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Vous posez une excellente question, merci.
En fait, vous vous posez la question de savoir s'il serait préférable d'avoir beaucoup de détails et de voter sur ceux-ci, ou d'avoir peu de détails, mais un grand objectif et de voter sur ce dernier, tout en laissant aux ministères la liberté d'utiliser des fonds par objectif, comme je l'ai mentionné auparavant.
C'était exactement le débat auquel M. Matthews faisait référence, en 2012, et que vous avez mentionné. C'est exactement le même débat que le secrétaire actuel, M. Pagan, a mentionné devant votre comité. C'est vraiment à vous de choisir, à savoir si vous voulez avoir tous les détails et les votes qui les accompagnent.
Je peux demander à M. Smith de répondre également. Il a peut-être une approche différente de la mienne.
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Eh bien, il convient d'établir un équilibre entre le contrôle du Parlement et la souplesse administrative. Le gouvernement doit pouvoir apporter des changements tout au long de l'année sans avoir à demander l'autorisation du Parlement chaque fois. Il ne peut dépasser les montants votés par le Parlement. Ses dépenses sont limitées. Si ces dépenses sont réparties dans des catégories de plus en plus nombreuses, il convient d'utiliser ces fonds avec prudence et d'avoir des mécanismes de comptabilité très rigoureux.
Actuellement, les systèmes de comptabilité ne sont pas assez robustes pour veiller à ce qu'ils ne dépassent pas les crédits votés si vous répartissez les dépenses d'un organisme donné dans 10 ou 12 catégories, par exemple. Voilà pourquoi, dans une certaine mesure, le gouvernement préfère la méthode actuelle parce que les dépenses sont réparties dans des catégories générales, par exemple les dépenses d'immobilisation et de fonctionnement, les subventions et les contributions.
La recommandation présentée par le Comité en 2012 était fondée sur le fait que voter sur des subventions et des contributions ou sur des dépenses d'immobilisation ou de fonctionnement n'était pas trop utile aux parlementaires, qui portent davantage intérêt aux résultats qu'on souhaite obtenir grâce à ce financement. Il leur est plus utile de connaître les résultats ou les objectifs souhaités par le gouvernement afin de se prononcer. Si vous voulez modifier le montant des dépenses, souhaiterez-vous vraiment réduire le montant consacré aux dépenses en immobilisations? Ou accorderez-vous une plus grande attention au montant qui sera consacré à la sécurité ferroviaire plutôt qu'à celui qui sera destiné à la sécurité routière, à la sécurité maritime, ou à d'autres aspects qui pourraient intéresser un ministère, puis de voir comment les fonds seront répartis en conséquence?
La difficulté, pour le gouvernement, c'est d'avoir à revenir devant les parlementaires chaque fois qu'on veut réaffecter des fonds une fois que les dépenses sont approuvées par le Parlement, ce qui nuit à sa capacité de réagir promptement aux problèmes qui se manifestent en cours d'année. Voilà pourquoi certaines administrations — comme elles l'ont indiqué dans leur document de travail — ont mis en place un système qui permet au gouvernement de réaffecter un certain pourcentage des autorisations budgétaires votées sans avoir à redemander l'autorisation du Parlement.
Il existe diverses façons d'y arriver. S'il le souhaite, le Comité pourrait mener une étude plus approfondie sur ce pilier précis, sur la structure des crédits, afin de déterminer comment le gouvernement et les parlementaires pourraient établir l'équilibre dont vous parlez.
:
Merci de votre question.
L'objectif du Conseil du Trésor est précisément de rendre la vie plus facile aux parlementaires et de les aider à jouer le rôle qui leur incombe pour ce qui est de tenir les cordons de la bourse. C'est clair. Il y a un esprit et une volonté en ce sens. Comme M. Askari et moi l'avons mentionné auparavant, nous ne sommes pas convaincus que cela va véritablement leur faciliter la tâche. Nous pensons que, tout au moins au début, c'est-à-dire dès le premier cycle de l'année prochaine, nous allons pouvoir nous rendre compte de cela, soit vérifier si les parlementaires sont en meilleure position en ce qui concerne le fait de tenir le gouvernement responsable de ses dépenses.
Vous avez demandé s'il y avait quelque chose de normatif derrière tout cela. Nous allons voir si les promesses de cette réforme seront réalisées — ce sera le test ultime. Pour le moment, nous ne voyons pas en quoi le fait de changer les dates ou de rendre le budget mobile dans le temps changera les choses. Rien ne mentionne que le budget doit être présenté en février, en mars, en avril ou en mai. Le 16 avril, lorsque le Budget principal des dépenses sera déposé, il pourrait être harmonisé avec un budget ayant été déposé deux semaines à l'avance, comme ce qu'on a déjà vu dans les dernières années alors que le budget était déposé très tard.
Est-ce un pas en avant? On peut l'espérer. Est-ce un pas en avant qu'on voit se réaliser? Pas nécessairement.
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup aux témoins. Discuter de ce sujet est toujours intéressant. À mon avis, nous parvenons chaque fois à clarifier davantage le fonctionnement du processus, non seulement pour nous, mais aussi pour les gens qui nous regardent.
Je pense qu'il convient de préciser d'entrée de jeu que ce ne sera pas un essai d'un an. Ce changement serait en vigueur pour un avenir prévisible, pour les deux prochaines années et certainement jusqu'à la prochaine législature. Je pense qu'il est important d'en être conscients, parce que ce n'est pas une mesure à court terme. Il ne s'agit pas d'essayer quelque chose, puis de passer à autre chose si cela ne fonctionne pas. De nombreux changements doivent être apportés à ce processus, et je pense que nous devons laisser le temps faire son oeuvre.
Monsieur Fréchette, pourriez-vous nous confirmer que vous êtes conscient qu'il ne s'agira pas seulement d'un essai d'un an?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les représentants du Bureau du directeur parlementaire du budget d'être venus aujourd'hui. Cela nous sera très utile dans la suite de nos discussions avec le Conseil du Trésor concernant ce processus.
Aujourd'hui, nous avons parlé de cibles, d'un calendrier et d'un plan détaillé, mais le Conseil du Trésor nous a indiqué à maintes reprises qu'il a une orientation stratégique claire et un objectif précis quant à l'harmonisation adéquate des processus du budget et des budgets des dépenses, et qu'il comptait le faire de façon à permettre aux parlementaires d'exercer une meilleure surveillance. Je dirais, si on y parvient de manière raisonnable, que toute amélioration sera grandement appréciée des parlementaires.
En ce qui concerne l'établissement de repères, pourquoi estimez-vous qu'il est important qu'ils établissent des critères de référence pour la proportion des prévisions budgétaires, ou des dépenses, qui se retrouveraient dans le Budget principal des dépenses, alors que la première étape serait simplement, il me semble, d'harmoniser le calendrier afin de veiller à ce que le Budget principal des dépenses soit déposé le plus tôt possible après la présentation du budget? La modification apportée au Règlement ne leur permet-elle pas de faire ce premier pas?
:
Je pourrais peut-être ajouter quelque chose très rapidement, monsieur le président.
Ce qui est intéressant, c'est que dans le Règlement, si vous vous rappelez, selon le plan initial, comme on l'a mentionné, la date était tout d'abord le 1er mai, depuis le commencement des discussions en février 2016. Le plan a fini par être peaufiné, et en novembre, dans le cadre de la réforme, de la proposition et ainsi de suite, il a toujours été question du 1er mai. On a maintenant devancé la date de deux semaines, au 16 avril, ce qui est curieux. Y a-t-il eu des négociations à un certain moment? Nous l'ignorons. Est-ce parce que le Conseil du Trésor croit que peu importe quand le budget est déposé, il aura assez de temps avant le 16 avril, comparativement au 1er mai?
C'est un peu intrigant. Je dois admettre qu'il est intrigant de voir que la date a été devancée un peu.
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Je pourrais peut-être citer un passage des témoignages du Comité qui remonte à 2012. L'intervenant est Bill Matthews.
Les prévisions de l'exercice précédent sont utilisées par mes collègues du ministère des Finances dans le cadre de l'établissement de leur prochain budget. Ce budget a ensuite une influence sur le Budget principal des dépenses de l'exercice suivant. C'est un lien qui est très circulaire. On n'arrivera jamais à une harmonisation complète des deux choses.
Je pense que la question que nous nous posons, c'est s'il y a une façon de renforcer le lien entre les deux documents. Ils ne seront jamais parfaitement harmonisés. M. Matthews s'étend ensuite sur le sujet.
Selon moi, il n'est pas impossible de renforcer le lien entre les deux documents, le budget et le Budget principal des dépenses. Comme nous l'avons mentionné, ce genre de culture, cet engagement d'un ministère à collaborer avec l'autre, est essentiel au plan dont nous parlons.
C'est ma seule observation.
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Votre président est au service du Comité. Si vous choisissez d'inviter les représentants du ministère des Finances, je suis certain que les membres du Comité seraient heureux d'avoir l'occasion de leur poser des questions.
Messieurs, merci de votre présence ici aujourd'hui. Vous avez probablement vu les lumières rouges qui clignotent, ce qui signifie que nous sommes appelés à voter. Je vais mettre fin à la réunion, mais je veux vous remercier une fois de plus de votre témoignage. Il a été très instructif et nous sera très utile.
S'il y a une chose que nous devions retenir, c'est que tous les membres du Comité doivent suivre votre bon conseil: jusqu'à ce qu'on améliore l'intégration et la communication et jusqu'à ce qu'il y ait un engagement réel entre le Conseil du Trésor et le ministère des Finances, ce sera la même chose chaque année. J'espère que ces deux entités pourront travailler de façon intégrée afin que tous les parlementaires tirent profit de leurs résultats.
Merci beaucoup.
Chers collègues, la séance est levée.