Que la Chambre s'ajourne maintenant.
— Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
Le vendredi 27 janvier 2017, le président Donald Trump a signé un décret interdisant pendant au moins 90 jours aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane d'entrer aux États-Unis. Ces pays sont l'Irak, l'Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen. Le décret prévoit également une interdiction d'entrée définitive des réfugiés syriens et la suspension pendant quatre mois de l'admission de tout réfugié ou demandeur du statut de réfugié.
Ces décrets ont causé une onde de choc et d'incrédulité dans toute la communauté internationale. Pour ma part, je peux affirmer ceci: de toute ma vie, je n'ai jamais pensé que je verrais une interdiction fondée sur la race, la religion et le lieu de naissance de la part d'un pays démocratique, encore moins du voisin et plus proche allié du Canada.
Depuis que l'interdiction d'immigrer et de voyager a été rendue publique, j'ai reçu des centaines de courriels et d'appels téléphoniques d'électeurs qui rejettent totalement ces politiques racistes qui vont à l'encontre d'un grand nombre d'obligations juridiques internationales en matière de droits de la personne et des réfugiés, y compris la Convention sur les réfugiés de 1951 et son protocole de 1967, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention contre la torture. Il est donc de notre devoir, comme élus, de réagir à ces événements inhabituels.
Il est vraiment paradoxal que Trump ait pris ces décrets en pleine Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. L’histoire ne nous a-t-elle donc rien appris? L’exclusion de personnes en fonction de leur race, de leur religion, de leur pays d’origine est tout simplement intolérable.
J’ai proposé hier à la Chambre que nous tenions ce débat d’urgence. Je tiens à remercier le Président d’avoir accédé à ma requête. J’espère très sincèrement que cette discussion sera productive et non partisane afin que nous puissions déterminer les mesures que le Canada prendra face à cette interdiction du gouvernement Trump d’immigrer et de voyager aux États-Unis. Les Canadiens sont profondément attachés à leur rôle de citoyens du monde et défendent férocement les droits de la personne, autant chez eux qu’à l’étranger.
Le week-end dernier, le a envoyé le message suivant sur Twitter: « À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera indépendamment de votre foi. » En lisant ce message, nous sommes fiers d’être Canadiens, car il confirme nos valeurs canadiennes. Nous allons maintenant concrétiser cette fierté en établissant un plan d’action. Les situations exceptionnelles nécessitent des actes exceptionnels. Les Canadiens ont affirmé avec force qu’ils veulent que nous intervenions. Le soutien, la collecte de fonds et le militantisme extraordinaires de la communauté du parrainage des réfugiés ne faiblissent aucunement.
J’ai suggéré hier au gouvernement qu’en premier lieu il retire tout de suite la limite de 1 000 demandes de réfugiés sous parrainage privé. Les Canadiens ont fait preuve d’une générosité sans bornes en répondant à l’initiative de parrainage privé des réfugiés syriens. Ne freinons pas ces élans extraordinaires de compassion et de bonté. Le Canada devrait encourager cette marque d’espoir en éliminant le seuil imposé au parrainage privé des réfugiés.
Deuxièmement, je demande au gouvernement de prendre la direction de cette initiative en appliquant une mesure spéciale pour accélérer le traitement des demandes des réfugiés dont la réinstallation aux États-Unis a déjà été approuvée, mais qui sont bloqués à l’étranger à cause de ce décret. Ces personnes se trouvent maintenant dans un vide juridique dévastateur. Cette situation est tout simplement inacceptable. Nous savons tous que les femmes, les enfants et les familles qui subissent de la violence et de la persécution seront totalement abandonnés à cause de ce décret et que les réfugiés syriens ne pourront jamais émigrer. Comment est-ce possible?
Jusqu’à présent, le gouvernement s’est contenté de répondre qu’il faut garder le cap. Évidemment, ce plan d’action suffisait avant que Trump interdise l’immigration et les déplacements. Si nous ne modifions pas notre plan et nos politiques sur l’immigration, nous nous contenterons de regarder passivement cette politique discriminatoire intolérable.
Alors malheureusement, le beau message de notre deviendra vide de sens à un moment aussi important de notre histoire. Aucun de nous ici ne veut assister à cela.
Troisièmement, face aux graves répercussions qu’aura ce décret, le Canada doit maintenant déterminer si le système américain d’accueil des réfugiés peut fournir un sanctuaire sûr aux réfugiés persécutés. Plusieurs organismes, comme Amnistie internationale, l’Association canadienne des libertés civiles, l’Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés, le Conseil canadien pour les réfugiés, et bien d’autres encore, ont exhorté le gouvernement à suspendre l’Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis.
Le principe à la base de l’Entente sur les tiers pays sûrs est que le Canada doit pouvoir compter sur un autre pays, un pays sûr, pour s’assurer que les demandeurs d’asile qui transitent par ce pays ont droit à une audience impartiale et que, si la situation l’exige, ils reçoivent une protection efficace plutôt que de se voir contraints de poursuivre leur route en direction du Canada pour y revendiquer le statut de réfugié. Au coeur de cette question, le Canada doit être certain qu’en matière de droits des réfugiés et de droits de la personne, le bilan du pays en question est équivalent à celui du Canada.
Compte tenu de la troublante évolution des faits, il est tout simplement impossible de laisser entendre que les États-Unis respectent actuellement ces normes. Le Canada ne peut plus être certain que le système américain d’accueil des réfugiés offre un abri sûr aux personnes victimes de persécution. Pour cette raison, les députés néo-démocrates demandent au gouvernement de suspendre immédiatement l’Entente sur les tiers pays sûrs.
Enfin, le gouvernement canadien doit prendre des mesures immédiates pour veiller à ce que les Canadiens ne soient pas touchés par ce décret et rassurer tant les ressortissants canadiens ayant la double nationalité que les résidents permanents canadiens qu’ils peuvent voyager en toute sécurité.
Depuis la signature du décret, un degré alarmant de confusion et d’inquiétude règne au sujet de qui est visé par cette interdiction. Cette confusion et cette inquiétude ont été exprimées non seulement par les ressortissants canadiens ayant une double nationalité, mais également par l’Agence des services frontaliers du Canada, qui a reçu bien peu d’information sur la façon d’appliquer cette interdiction.
Lors de la conférence de presse tenue par le gouvernement pendant le week-end, les représentants de l’ASFC ont clairement indiqué qu’ils n’avaient pas été suffisamment informés sur la façon de gérer ce décret. Ils ont déclaré qu’ils allaient l’examiner en détail, mais que d’ici là, ils ne savent pas comment le gérer; ils font confiance aux processus de leur système de contrôle actuel.
Malgré l’assurance verbale selon laquelle l’interdiction ne s’appliquait pas aux ressortissants canadiens ayant une double nationalité et résidents permanents du Canada voyageant avec un passeport de l’un des sept pays visés par l’interdiction, des médias rapportent qu’au moins une personne s’est déjà vu refuser l’entrée aux États-Unis.
Samedi dernier, M. Reza, un ingénieur biomédical albertain né en Iran et résident permanent du Canada, s’est vu refuser le droit d’entrée aux États-Unis alors qu’il se rendait à San Francisco avec un groupe de collègues pour participer à une conférence en génie biomédical. On lui aurait dit que, parce qu’il est né en Iran, il n’était pas autorisé à sortir de l’aéroport.
L’inquiétude règne chez un grand nombre de députés. Cette situation soulève beaucoup de questions. En tant que porte-parole du NPD pour l’immigration, les réfugiés et la citoyenneté, j’exhorte le gouvernement à agir. Nous devons donner un sens aux paroles du et nous devons agir. Le Canada peut le faire, le Canada doit le faire.
Rappelons les paroles de George Washington:
[...] heureusement, le gouvernement des États-Unis n'apporte aucun soutien au sectarisme, ni aucune assistance à la persécution [...]
Si le gouvernement Trump n'honore pas les sages paroles du prédécesseur de M. Trump, le Canada et la communauté internationale devront intervenir et tracer clairement, ensemble, la voie à suivre.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui dans ce débat d'urgence au sujet du décret présidentiel signé par Donald Trump interdisant les déplacements de l'ensemble des réfugiés et des personnes provenant de sept pays à majorité musulmane du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Les Canadiens s'inquiètent énormément de l'interdiction en matière d'immigration raciste et désolante imposée par le président Trump.
[Français]
Ses politiques fondamentalement malavisées ne font pas que propager une vague d'intolérance partout dans le monde; elles ont aussi des implications désastreuses pour des milliers d'innocents, de voyageurs et de réfugiés. L'interdiction aurait aussi d'importantes conséquences négatives sur l'économie de l'Amérique du Nord.
[Traduction]
Cette interdiction visant des personnes selon leur race, leur religion ou leur pays d'origine, mise en oeuvre par notre plus proche voisin, ne peut être tolérée par le Canada. Nous avons le devoir de prendre la parole. Je tiens à être très clair: les néo-démocrates s'opposent entièrement à cette interdiction et la condamnent. Nous dénonçons cette politique, mais, comme beaucoup de Canadiens, nous déplorons que le et le gouvernement du Canada n'aient pas fait de même.
[Français]
Les néo-démocrates ont demandé ce débat d'urgence, et je félicite ma collègue la députée de de l'avoir obtenu. Nous avons également demandé un certain nombres de mesures concrètes que le gouvernement peut et doit adopter afin que le Canada fasse sa part, en commençant par une déclaration formelle selon laquelle le Canada n'endosse pas l'interdiction de Donald Trump en matière d'immigration de musulmans, puis en prenant des mesures directes et concrètes pour composer avec ces répercussions.
Les valeurs canadiennes de diversité, de paix et d'inclusion sont en complète contradiction avec ce décret et tout ce qu'il représente.
[Traduction]
Nous traversons une période sans précédent; nos paroles doivent donc être claires et nos actions, concrètes. Le monde entier est en éveil et des vies sont en jeu. Nous devons nous tenir droit devant ceux qui jouent la carte de la peur et de la division, et le Canada doit s'avancer et faire sa part. Nous croyons que le gouvernement devrait faire comme il l'a d'abord annoncé et accorder des permis de séjour temporaire à ceux qui avaient l'intention de se rendre aux États-Unis et qui ne le peuvent plus en raison de l'interdiction, mais le Canada peut et doit en faire beaucoup plus.
[Français]
Aujourd'hui, les néo-démocrates demandent cinq mesures précises: premièrement, lever le plafond de 1 000 demandes de réfugiés parrainés par le secteur privé qui, on le sait, a été atteint en un mois seulement. Un tel plafond, particulièrement quand les États-Unis ont interdit l'entrée aux réfugiés syriens pour une durée indéterminée, est complètement inacceptable et va à l'encontre du droit international promulgué depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Par ailleurs, les citoyens canadiens qui désirent apporter leur aide devraient pouvoir le faire.
[Traduction]
Il y a des Canadiens qui, avec leurs voisins, ont recueilli des dizaines de milliers de dollars et comptaient accueillir des réfugiés syriens à titre de répondants privés, mais qui doivent maintenant, à cause du plafond imposé par le gouvernement, téléphoner aux familles syriennes à qui ils avaient promis de les accueillir pour leur annoncer qu'ils ne peuvent plus les aider, non parce que les ressources ou la bonne volonté leur font défaut, mais à cause de ce plafond arbitraire, artificiel de 1 000 demandes, que le gouvernement pourrait lever aujourd'hui même s'il le voulait. La situation est inacceptable et elle doit changer. Il y a 2 248 réfugiés syriens innocents qui se trouvent abandonnés, dans l'immédiat et indéfiniment, du fait de l'interdiction prononcée par Trump. Nous avons la capacité et le devoir d'aider ces gens.
[Français]
Accélérer le traitement des demandes des réfugiés est le deuxième point. Nous devons le faire pour celles qui avaient été approuvées aux États-Unis avant l'interdiction ou pour celles qui étaient tout près de l'être.
Le Canada devrait venir en aide à ces réfugiés laissés pour compte par l'interdiction et mettre en place un système permettant l'approbation rapide des demandeurs au sein du système d'accueil des réfugiés du Canada, puisque les mesures de sécurité sont tout à fait compatibles.
Il faut aussi travailler avec la communauté internationale pour s'attaquer aux lacunes relatives à la réinstallation des réfugiés. Des milliers de réfugiés ne seront plus en mesure de trouver asile en raison du décret anti-immigration musulmane de Donald Trump. Le Canada devrait travailler de concert avec ses partenaires internationaux et produire un plan visant à accroître le nombre de réfugiés accueillis ici jusqu'à ce que l'interdiction soit levée.
Ce sont les propositions initiales du NPD. Ces mesures peuvent débuter immédiatement et fournir un secours significatif à toutes les personnes touchées par le décret du président Trump en matière d'immigration et de voyage. Nous ne pouvons plus être convaincus que les réfugiés aux États-Unis auront accès à un processus équitable. Nous devons faire notre part, lever le plafond limitant l'accueil de réfugiés et travailler avec la communauté internationale pour aider les nombreux réfugiés laissés pour compte par cette interdiction.
Le Canada doit obtenir des garanties pour les personnes qui voyagent aux États-Unis, à savoir qu'on leur permettra d'entrer dans ce pays sans préjudice additionnel et injustifié.
[Traduction]
Nous exhortons encore une fois le gouvernement à se joindre à nous pour dénoncer cette interdiction et prendre des mesures pour venir en aide aux milliers de personnes vulnérables qui en sont victimes. Qu'est-ce que le gouvernement nous propose plutôt? J'ai été suffoqué de lire aujourd'hui la transcription de l'intervention du nouveau porte-parole du gouvernement, le député d', un général à la retraite qui a une longue expérience derrière lui. Qu'il cherche à trouver des excuses m'apparaît intolérable, tout spécialement parce que nous savons qu'il est censé représenter ce qu'il y a de mieux au Canada pour traiter avec les États-Unis.
Qu'avait-il de précis à dire quand il a été questionné sur cette interdiction raciste à l'endroit des musulmans? Il a expliqué que c'était aux États-Unis de décider par eux-mêmes, que le président était habilité légalement à prendre des décrets.
Ce matin, à l'émission radiophonique The Current de la CBC, lorsqu'il a été question de l'éventualité pour le Canada de réviser ses propres politiques à la lumière des changements apportés aux politiques américaines, le député d' a dit qu'il fallait rester calme et faire comme si de rien n'était, qu'il fallait garder son sang-froid jusqu'à ce que des éclaircissements soient apportés, par nous-mêmes, ou à la suite d'une interaction avec les Américains. C'est la voie la plus sage, a-t-il ajouté. Vraiment? Rester calme et faire comme si de rien n'était. Est-ce que le gouvernement n'a rien de mieux à proposer?
J'ai écouté le député de Winnipeg-Nord justifier l'inaction des libéraux en lisant le message que le a publié sur Twitter. Est-ce là notre politique étrangère? Est-ce à cela que se réduit, sous ce gouvernement libéral, la lutte du Canada pour les droits de la personne sur la scène internationale?
De ce côté-ci de la Chambre, nous avons clairement fait comprendre que nous nous opposions au ciblage de personnes en raison de leur religion, à l'imposition d'une interdiction de voyager à des gens en raison de leur religion ou de leur pays d'origine, à la publication de décrets présidentiels, à la gouvernance par décrets. Comme ma collègue de , qui a proposé ce débat, je ne pensais jamais qu'une telle situation se produirait de mon vivant. Cependant, je sais ce qui arrive quand nous ne protestons pas contre ce genre de comportement fasciste.
Le NPD élèvera sa voix. Nous n'avons pas peur d'appeler un chat un chat. Il est temps de dire « non » à Donald Trump et de défendre les droits de la personne. Il est temps que le gouvernement du Canada s'oppose à ces politiques racistes.
:
Monsieur le Président, je souhaite aujourd'hui parler des récentes mesures prises par les États-Unis relativement à l'immigration et aux déplacements et prendre part à ce débat d'urgence.
Le Canada est un pays accueillant. L'immigration a joué un rôle clé dans notre histoire et elle a contribué à faire du Canada le pays fort et prospère qu'il est devenu. Elle continue de jouer un rôle important en contribuant au bien-être du Canada, à notre prospérité économique et à notre succès global en tant que pays.
Le gouvernement est déterminé à assurer la prospérité économique du Canada ainsi qu'à aider les personnes qui cherchent l'asile. Voilà pourquoi, dans notre plan d'immigration de 2016, nous avons prévu les niveaux les plus élevés d'admission d'immigrants jamais proposés dans les temps modernes. De plus, nous avons maintenu ces niveaux historiques dans notre dernier plan, de sorte que le Canada accueillera de 280 000 à 320 000 nouveaux résidents permanents en 2017.
Nous avons également augmenté le nombre d'admissions pour les immigrants de la composante économique en 2017 comparativement au plan de 2016. Nous souhaitions ainsi montrer que nous croyons que l'immigration est un des ingrédients clés de notre réussite économique. Force est de constater que le Canada a autant besoin des immigrants que les immigrants ont besoin du Canada.
Le a dit très clairement que le Canada continuera d'être un lieu de refuge et de protection pour les personnes qui fuient la persécution et la guerre partout dans le monde. Nous félicitons et remercions les Canadiens de la générosité dont ils ont fait preuve en accueillant 46 000 réfugiés en 2016. Cet exploit traduit non seulement le leadership du gouvernement dans le dossier, mais il témoigne aussi de la capacité des Canadiens d'ouvrir leur coeur et leur porte afin d'accueillir de nouveaux membres au sein de la grande famille canadienne.
Le gouvernement est conscient que les citoyens canadiens et les résidents permanents du Canada sont inquiets à juste titre des répercussions du décret adopté récemment par le président des États-Unis.
Je tiens à profiter de l'occasion pour assurer à la Chambre, ainsi qu'à tous les Canadiens et résidents permanents, que le gouvernement prend ce dossier très au sérieux. Nous reconnaissons que cette décision pourrait avoir une incidence sur de nombreux Canadiens et résidents permanents. Au cours des prochains jours, nous allons continuer de discuter avec nos homologues américains afin de réduire au minimum les conséquences négatives que pourrait avoir cette décision.
Comme les députés le savent, le décret signé par le président américain le 27 janvier interdit l'entrée aux États-Unis des ressortissants de 7 pays pendant au moins 90 jours. Ces pays sont l'Irak, la Syrie, l'Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen.
L'administration américaine nous a donné l'assurance que ce décret ne touchera pas les Canadiens ayant la double nationalité qui voyageront avec un passeport canadien. En outre, la Maison-Blanche nous a aussi informés que les résidents permanents munis d'une carte valide de résident permanent du Canada pourront continuer de se rendre aux États-Unis. Nous allons poursuivre le dialogue avec nos homologues américains pendant la mise en application du décret en question pour veiller à ce que les Canadiens et les résidents permanents reçoivent les renseignements pertinents dès qu'ils seront mis à jour.
Comme je l'ai annoncé dimanche, j'assure les personnes coincées au Canada à la suite des restrictions de voyage imposées par les États-Unis que j'utiliserai les pouvoirs qui m'ont été conférés à titre de ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté pour leur accorder le droit de résidence temporaire. À cette fin, j'ai signé aujourd'hui une politique publique qui me permettra d'exercer mon pouvoir ministériel pour prolonger les visas de résidents temporaires. Cela signifie que toute personne actuellement en visite au Canada avec un visa de visiteur canadien valide dans son passeport qui ne peut pas retourner aux États-Unis sera en mesure de prolonger son séjour au Canada, au besoin.
Nous savons qu'Affaires mondiales Canada n'a pas reçu de demandes d'aide consulaire jusqu'à présent et que la suit attentivement la situation, de même que le . Mon ministère a toutefois été informé qu'un petit nombre de passagers à bord de vols canadiens se sont vu refuser l'embarquement. Nous continuerons de surveiller la situation de près avec l'aide du et de son ministère, qui communiquent quotidiennement avec les compagnies aériennes à ce sujet.
Je le répète, les autorités étatsuniennes nous ont informés que les citoyens canadiens ayant la double nationalité avec l’un des sept pays n’étaient pas touchés par le décret. Ceci signifie que pour ces personnes, les procédures normales de voyage aux États-Unis continuent de s’appliquer.
Une fois de plus, le gouvernement encourage fortement les personnes ayant la double citoyenneté à voyager avec leur passeport canadien.
Les fonctionnaires de notre ambassade à Washington continuent de travailler avec leurs homologues étatsuniens afin de préciser les détails du décret et ses répercussions.
Le gouvernement du Canada continuera de fournir des renseignements au public au fur et à mesure qu’ils deviennent disponibles, afin que les citoyens canadiens, les résidents permanents et les personnes en visite dans notre pays qui ont l’intention de se rendre aux États-Unis aient l’information la plus récente quant aux exigences de voyage.
Je noterais également que, selon un article publié par l'agence Reuters hier soir, le gouvernement américain a accordé des dispenses, depuis l’émission du décret, afin de permettre à 872 réfugiés qui devaient arriver sous peu d’entrer dans le pays. Bien que nous cherchions activement de plus amples renseignements à ce sujet, ceci laisse croire que la situation continue d’évoluer. Nous allons continuer à évaluer les répercussions de tout cela.
Dans le cadre de ce débat, j’aimerais également dire quelques mots sur l’approche du Canada en matière d’immigration et de réfugiés.
Comme le l’a souvent répété, nous sommes forts grâce à notre diversité, et non malgré elle. Nous avons une longue, forte et fière tradition d’accueil des nouveaux arrivants et des gens qui cherchent protection chez nous. Nous avons une ouverture et une attitude positive qui permettent aux nouveaux citoyens d’apporter une contribution durable à la société canadienne.
Comme beaucoup de gens dans notre pays, je peux parler de cette tradition canadienne de manière personnelle. Je suis arrivé au Canada adolescent comme réfugié. Toutes les chances qui m’ont été données dans ce pays et dans toute ma vie trouvent leur origine dans cette heureuse arrivée au Canada. Je sais par mon expérience personnelle que des Canadiens d’horizons divers continuent de jouer un rôle essentiel dans l’intégration et l’installation réussies de nouveaux arrivants dans notre pays. C’est un enjeu qui dépasse la sphère gouvernementale, qui relève des collectivités étendues, et je dois une grande part du succès que j’ai eu à cette expérience qui fait partie intégrante de ma vie.
Je ne peux insister suffisamment sur l’importance de favoriser l’intégration et l’inclusion des nouveaux arrivants au sein des collectivités. Il incombe aux collectivités de jouer ce rôle de premier plan et le gouvernement continuera d’appuyer ce processus. J’ai été un témoin privilégié de cet esprit d’accueil que partagent de nombreuses localités canadiennes, les petites comme les grandes.
Contrairement à la population de nombreux autres pays, les Canadiens en général croient que notre ouverture, notre hospitalité envers ceux dans le besoin et ceux à la recherche d'une vie meilleure rendent notre pays meilleur et plus fort.
Nous avons vu cette attitude plus récemment au cours du grand projet national visant la réinstallation des réfugiés syriens au Canada, un projet que les Canadiens ont accueilli avec enthousiasme, que ce soit dans les grands centres urbains ou dans les collectivités rurales de tout le Canada.
En tant que ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, mon prédécesseur soulignait fréquemment qu'il était le seul ministre de l'Immigration au monde confronté au problème d'accueillir suffisamment de réfugiés assez rapidement pour répondre à l'incroyable générosité des Canadiens qui désiraient les parrainer.
C'est un héritage que je suis heureux de recevoir. Je crois que cela donne une bonne image de notre pays, et qu'il s'agit d'une des raisons pourquoi les gens du monde entier regardent le Canada avec admiration et tentent de se bâtir une nouvelle vie dans notre merveilleux pays. Un cercle vertueux est en quelque sorte créé, et celui-ci est très profitable au pays.
En effet, tout comme la société canadienne en général soutient, maintient et aide à intégrer les nouveaux arrivants, on constate que, historiquement, les nouveaux arrivants au Canada ont retourné l'ascenseur, puisqu'eux et leurs descendants sont devenus des Canadiens productifs et influents.
Nous avons tous entendu les mots de remerciement de la part des réfugiés syriens récemment réinstallés et la gratitude qu'ils ont exprimée envers le pays et la population du Canada qui leur ont offert une vie meilleure et plus sécuritaire.
Chaque jour, nous voyons des exemples qui illustrent comment ils s'efforcent d'améliorer leur nouvelle collectivité et leur nouveau pays.
Madame Rita Khanchat, de Calgary, en est un exemple formidable. L'année dernière, elle a quitté la Syrie au cours de la guerre civile et s'est installée au Canada afin de commencer une nouvelle vie.
Lorsque les feux de forêt ont éclaté à Fort McMurray, elle a mobilisé la communauté des réfugiés syriens de Calgary pour qu’ils donnent ce qu’ils pouvaient afin d’aider les familles déplacées par les feux de forêt. Mme Khanchat Kallas a récemment reçu le Prix People’s Choice 2016 pour la paix et les droits de la personne, qui souligne ses grandes réalisations, sa compassion et son esprit humanitaire.
La contribution des nouveaux arrivants et de leurs descendants au développement économique, culturel et social de notre pays est inestimable.
Lorsque notre s’est adressé aux Nations Unies en septembre dernier pour faire part du projet du Canada de réinstaller des réfugiés syriens, il a parlé au monde de la famille Hadhad d'Antigonish, en Nouvelle-Écosse, qui a ouvert la désormais célèbre usine Peace by Chocolate quelques mois après son arrivée au Canada. La famille Hadhad, qui est passée rapidement du statut de réfugié à celui d’employeur, n'est que le plus récent exemple des grandes choses que peuvent réaliser les nouveaux arrivants une fois chez eux, au Canada.
Des collectivités de partout au pays ont grandement profité des nouvelles idées, des compétences uniques, des investissements et de l'esprit d'entreprise des immigrants, et le gouvernement du Canada en est bien conscient. C'est pourquoi nous voulons nous assurer que les immigrants qui possèdent des compétences et de l'expérience sont attirés par le Canada et qu'ils peuvent s'intégrer et contribuer à notre économie le plus rapidement possible. C'est aussi la raison pour laquelle nous travaillons très fort pour élaborer des politiques et des programmes novateurs qui stimulent la croissance économique, favorisent la diversité et l'inclusion, facilitent les investissements et permettent d’attirer et de conserver des talents de partout dans le monde. Un élément clé de cette tâche consiste à maintenir un système d'immigration économique rapide et souple qui permet de répondre aux besoins de l’économie et du marché du travail au Canada en attirant un vaste éventail de personnes, de professionnels, de travailleurs qualifiés et d'ex-étudiants internationaux. Pour cela, nous essayons toujours d'innover avec notre système d'immigration, comme en fait foi notre programme de visa pour démarrage d’entreprise destiné aux entrepreneurs immigrants qui peuvent fonder des entreprises innovatrices qui pourront créer des emplois pour les Canadiens et faire concurrence à l'échelle mondiale.
Il y a quelques jours, j'étais à Wolfville, en Nouvelle-Écosse, afin de participer au lancement d’un programme pilote novateur et axé sur l'employeur en matière d’immigration dans la région du Canada atlantique. Ce programme pilote vise à attirer et à conserver ici des immigrants qualifiés qui nous aideront à relever les défis démographiques et du marché du travail auxquels le Canada atlantique est confronté.
Toutes ces initiatives lancées dans mon ministère partent du principe selon lequel l'immigration procure de grands avantages au Canada, et nous devons faire l’impossible pour maximiser ces avantages, qu'ils soient économiques, sociaux ou culturels.
Certaines de nos initiatives concernent l'immigration temporaire, des initiatives qui nous permettent d'accueillir au Canada des travailleurs, des visiteurs et des étudiants étrangers au profit de notre pays et de notre économie. Par exemple, nous avons récemment instauré une stratégie globale en matière de compétences afin d’attirer les meilleurs cerveaux de l'étranger. L’un des éléments de cette stratégie, qui est supervisée par mon ministère, permettra d'accueillir ici des travailleurs hautement qualifiés plus rapidement en traitant leurs permis de travail et leurs visas en seulement deux semaines. En outre, nous abolissons l'exigence de permis de travail pour les ressortissants étrangers qui viennent travailler au Canada pour une très courte durée. Nous lançons également une chaîne de services destinée aux entreprises étrangères qui effectuent d'importants investissements en faveur de la création d'emplois au Canada.
Un autre bel exemple de notre hospitalité dans le domaine de l'immigration temporaire est le Programme des étudiants étrangers du Canada, qui vise à attirer au Canada des étudiants qui pourraient autrement choisir d'étudier ailleurs. Outre les énormes avantages culturels et sociaux qu'offrent les étudiants étrangers, ceux-ci apportent au moins 11,3 milliards de dollars au produit intérieur brut canadien. Il ne fait aucun doute qu'il existe une concurrence mondiale pour les étudiants étrangers, et nous devons en faire davantage pour attirer et retenir au Canada ces personnes formidables.
Nous avons montré que nous avons confiance en notre système d'immigration. Le gouvernement du Canada continuera de veiller à ce que son système d'immigration soit centré sur la compassion et les possibilités économiques tout en assurant la santé, la sûreté et la sécurité des Canadiens. Nous avons démontré ces principes à maintes reprises dans les mesures que nous avons prises pour nos politiques en matière d'immigration. Le nombre d’admissions prévu pour les réfugiés réinstallés en 2017 est deux fois plus élevé qu’en 2015 et dans les années antérieures. Nous avons aussi triplé le nombre de réfugiés parrainés par le secteur privé par rapport à la cible du gouvernement précédent.
Nous avons établi un plan pour traiter l'arriéré des demandes, qui a grimpé en flèche sous le gouvernement précédent, et nous visons à réduire les délais de traitement des demandes pour les réfugiés de partout dans le monde.
Nous ne pouvons pas oublier que l'immigration vise aussi la réunification des familles. Au cours de la dernière année, nous avons apporté des changements importants pour réunir les familles. Nous avons fait des annonces concernant les conjoints, les parents et les grands-parents.
Nous continuons de nous efforcer d'attirer des esprits brillants, des gens compétents et talentueux qui sont parmi les meilleurs dans leur domaine et qui viennent de partout dans le monde pour contribuer à l'économie canadienne.
En tant que Canadiens, nous croyons que nous avons une responsabilité envers les personnes déplacées ou persécutées, qui ont besoin de protection plus que quiconque. Ainsi, le Canada continuera d'accueillir ceux qui fuient la persécution et la guerre.
Nous poursuivrons notre collaboration avec nos partenaires sur la scène internationale, y compris le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations Unies, et nous échangerons avec ces partenaires au sujet de nos expériences, des leçons que nous en tirons et de notre approche pour résoudre les difficultés de réinstallation des réfugiés. Par exemple, en décembre, le Canada a organisé le lancement de l'Initiative mondiale de parrainage de réfugiés, qui vise entre autres à offrir aux autres pays l'exemple de l'approche unique du Canada en matière de réinstallation des réfugiés, en particulier notre programme de parrainage privé des réfugiés.
En tant que Canadien, je suis très fier de la longue histoire de terre d'accueil des réfugiés et des autres immigrants qui caractérise notre pays.
Je voudrais de nouveau donner l'assurance aux députés et aux autres Canadiens que le gouvernement du Canada discute du dossier avec le gouvernement des États-Unis. Nous collaborerons avec lui pour que les citoyens et les résidents permanents du Canada puissent recevoir de l'information à jour et pour que le Canada puisse aider les gens qui sont coincés sur son territoire alors qu'ils devaient se rendre aux États-Unis.
Le Canada a toujours ouvert ses portes et son coeur aux réfugiés et aux autres immigrants. Nous maintiendrons cette fière tradition.
:
Monsieur le Président, j'ai remarqué que même un profane peut déchiffrer le deuxième mouvement de la
Septième Symphonie de Beethoven. C'est un morceau qui juxtapose la retenue et la passion dans sa cadence. Il est à la fois strict et fantaisiste. Il dénote la patience et l'agressivité. Il est élégant et rudimentaire. Il exprime la beauté, l'art et un équilibre parfait. Il représente tout ce que nous pouvons accomplir de plus beau.
Nous avons écrit Anna Karenine, envoyé des hommes sur la lune, créé les antibiotiques et découvert le boson de Higgs. Nous représentons la beauté et l'art. Pourtant, nous répétons les échecs bien documentés de notre passé.
L'année dernière, la première pensée que j'ai eue lorsque je suis arrivée à l'esplanade des Mosquées ne portait pas sur la paix de Dieu, mais sur le nombre de vies sacrifiées au cours de l'histoire de notre espèce au nom du tribalisme, de la religion et de la haine. À la frontière syrienne, lorsque j'ai regardé dans les yeux hantés de Nadia Murad pendant qu'elle me décrivait sa semaine, j'ai été dépouillée violemment de ma naïveté occidentale qui me permettait de croire qu'il était possible de raisonner ou d'apaiser les personnes qui tuent au nom de la religion.
Nous voici aujourd'hui, à la Chambre législative de l'un des pays les plus riches, les plus démocratiques, les plus capitalistes du monde, à deux générations d'un conflit mondial ouvert, à beaucoup plus de générations d'un conflit ouvert soutenu se déroulant à l'intérieur de nos propres frontières, de nombreuses innovations, oeuvres d'art et des milliards de dollars de richesse générée plus tard, et nous nous retrouvons à débattre de ce qui nous distingue d'eux.
Il est facile pour nous de croire que personne sur la planète ne s'oppose à notre mode de vie. Il y a des gens dont les opinions sont si extrêmes qu'ils tuent au nom de leur dieu. Ils violent au nom de leur dieu. Ils asservissent et ils terrorisent au nom de leur dieu. Aucune religion ni aucune nation n'est à l'abri de telles choses. Ces gens vivent à l'intérieur et à l'extérieur de nos frontières. Ils sont musulmans et ils sont chrétiens. Ils sont sikhs et ils sont hindous.
Et pourtant, il y a des gens qui cherchent à apporter la lumière et la beauté dans le monde. Ils cherchent à apporter la paix, la prospérité et la tolérance. On les retrouve dans chaque religion et dans chaque nation. Ils sont musulmans et ils sont chrétiens. Ils sont sikhs et ils sont hindous.
La bonté, le courage, l'innovation, la créativité, la tolérance, l'amour, la lumière et l'espoir ne connaissent aucune frontière. Le mal, la haine, l'asservissement, l'intolérance, la décadence et la violence non plus.
Que devons-nous faire, nous qui valorisons l'égalité des chances, nous qui avons créé l'art et la beauté, le vaccin contre l'Ebola et la nanotechnologie, nous qui valorisons l'espoir et le bien commun, nous qui valorisons la connaissance, nous qui valorisons l'amour, nous, en tant que Canadiens?
Ce soir, alors que nous discutons de nos responsabilités législatives en ce qui a trait aux politiques d'immigration du Canada, j'exhorte mes collègues à refuser d'appliquer à des personnes les arguments simplistes qui servent à vendre des marchandises, et à privilégier plutôt la logique et la compassion.
Je suis presque sûre que personne ici ne va aimer le discours que je vais faire ce soir.
Avant de nous prononcer sur les politiques d'immigration des autres pays, nous devons d'abord mettre de l'ordre dans notre propre politique afin de pouvoir ensuite montrer au reste du monde à quoi ressemble une politique d'immigration exemplaire. Si nous voulons avoir de l'influence sur les politiques d'immigration étrangères, nous devons poser des gestes pour contrer la nouvelle tendance à l'échelle internationale qui, dans le cadre du débat sur l'immigration, consiste à se cantonner fermement dans des positions diamétralement opposées.
La première école de pensée consiste à croire qu'on ne devrait pas débattre longuement du nombre d'immigrants à accueillir pour des motifs humanitaires alors que nous sommes aux prises avec la plus grave crise migratoire de l'histoire mondiale récente. Ceux qui mettent en doute cette croyance sont souvent soupçonnés de racisme.
Les tenants de la deuxième approche croient que nous devrions fermer complètement la porte à ces gens, qu'ils volent nos emplois, qu'ils nous coûtent trop cher en programmes publics, que ce sont tous des terroristes, qu'ils sont différents de nous, et que tous ceux qui pensent le contraire sont des socialistes trop sensibles.
Les deux positions sont puériles.
Pour ceux qui souscrivent à la première école de pensée, les Canadiens acceptent ouvertement l'immigration dans leur pays à deux conditions, la première étant que le système d'immigration soit bon. Les Canadiens s'attendent à ce que notre système de contrôle soit rigoureux et qu'il bloque l'accès aux personnes qui pourraient nuire à notre pays ou qui tentent d'y entrer sous de faux prétextes. À cet égard, la décision du gouvernement libéral de ne plus exiger de visas des Mexicains sans avoir étudié la question comme il se doit, pour s'assurer que les processus nécessaires sont en place pour empêcher qu'il y ait de grandes quantités de fausses demandes d'asile, était une mauvaise politique.
Ce n'est pas parce qu'on se demande si les processus d'immigration fonctionnent bien qu'on est raciste, pas plus que cela signifie que nous ne voulons pas entretenir de bonnes relations avec un pays comme le Mexique. Cela vient du fait que, avant que l'obtention d'un visa soit imposée, le Canada recevait des milliers de fausses demandes d'asile de ce pays et craignait que les ressortissants mexicains qui cherchaient à entrer au Canada compromettent la sécurité.
Dans le cadre d'un examen en bonne et due forme, les fonctionnaires de l'immigration collaboreraient avec leurs homologues mexicains pour établir des mécanismes empêchant une telle situation de se reproduire. Ce serait une démarche constructive, mais elle prendrait du temps. Le gouvernement a préféré se soumettre aux désirs des groupes de pression de divers secteurs économiques et a éliminé l'obligation d'obtenir un visa. Selon lui, les avantages découlant de l'augmentation du nombre de touristes mexicains au Canada et l'élimination en retour de certaines barrières commerciales par le Mexique auraient pesé plus lourd dans la balance que les désavantages issus du traitement des dossiers et de l'expulsion de milliers de faux demandeurs d'asile.
Or, une note publiée par les fonctionnaires de l'immigration dans la Gazette du Canada, à la fin de 2016, nous révèle que, même après avoir comptabilisé ces retombées économiques prévues, ils estiment que cette décision coûtera plus d'un quart de milliards de dollars aux contribuables canadiens. Voilà qui n'est pas de nature à inspirer confiance à l'égard du système d'immigration de notre pays.
De même, lorsque le gouvernement libéral songeait à soumettre les 25 000 réfugiés syriens à des vérifications d'ordre sécuritaire et sanitaire après leur arrivée au Canada, plutôt qu'avant, nous avons protesté. En effet, expulser des gens du territoire après qu'ils ont demandé le statut de réfugié au Canada est difficile et coûte cher. Si le gouvernement avait pris cette décision, elle aurait miné la sécurité au pays ainsi que la confiance du public à l'égard de notre système d'immigration. Malgré le choix plus sage du gouvernement, un comité du Sénat des États-Unis a tout de même examiné la procédure d'admission des réfugiés syriens. Remettre en question les mécanismes de vérification destinés à assurer la sécurité n'a rien de raciste et ne signifie pas que le Canada ne souhaite pas aider les gens. C'est un signe de prudence et de respect envers les Canadiens.
La deuxième condition des Canadiens ouverts à l'immigration, c'est qu'ils s'attendent à ce que les nouveaux immigrants respectent le pluralisme canadien et s'intègrent à nos structures sociales et économiques. Il faut donc que les réfugiés aient accès à des programmes adéquats qui leur permettront d'acquérir des compétences, par exemple d'apprendre l'une de nos langues officielles, de façon à éviter l'isolement et à décrocher un emploi. Établir ces services exige temps et argent. Le gouvernement doit se montrer transparent à propos de ces coûts et en tenir compte lorsqu'il fixe les niveaux d'immigration.
Voilà pourquoi le gouvernement doit, chaque année, déposer un rapport au Parlement dans lequel il indique le nombre d'immigrants qu'il compte accueillir pour des raisons humanitaires et pour des raisons économiques. Le ratio était auparavant de 70 réfugiés économiques pour 30 réfugiés humanitaires, mais le gouvernement libéral l'a fait passer à 50-50. Ce n'est pas par racisme que je demande comment le gouvernement paiera le coût des programmes d'intégration, plus élevé que jamais. Je pense simplement aux commentaires des chômeurs de ma circonscription et des réfugiés récents qui n'arrivent pas à s'inscrire à des cours de langue.
Le gouvernement libéral n'a pas expliqué comment il prévoit aider 25 000 réfugiés syriens à s'intégrer à l'économie canadienne. Bon nombre de ces réfugiés n'ont pas trouvé d'emploi. Il n'existe aucun budget qui fournirait une aide sociale à ceux qui sont sans emploi quand leur financement de transition prend fin, après un an. De leur côté, les commissions scolaires n'ont reçu aucun financement supplémentaire pour répondre aux besoins spéciaux de nombreux jeunes réfugiés. Soulignons aussi que certains réfugiés doivent fréquenter les banques alimentaires. Pourquoi?
Poser ces questions ne remet aucunement en question la compassion du Canada, au contraire. Nous avons besoin de plans et de budgets transparents qui fourniront aux réfugiés les outils dont ils ont besoin pour réussir au Canada et qui prépareront le terrain pour l'accueil de futurs réfugiés. Pressés d'atteindre le nombre de réfugiés promis, les libéraux ont sauté beaucoup d'étapes.
On devrait également se demander comment nous hiérarchisons les réfugiés et si on devrait les classer en fonction de leur vulnérabilité. Le Canada n’est pas en mesure de soutenir un nombre illimité de réfugiés; il faut fixer un plafond et donner priorité à certains. Ce n’est pas faire preuve de racisme que de reconnaître que des personnes demandent asile parce qu’elles sont persécutées pour des motifs religieux et bien que les demandes d’asile suggèrent que des populations entières sont en danger, certains groupes sont plus vulnérables que d’autres. C’est pour cette raison que le gouvernement libéral et les Nations unies ont lamentablement ignoré les demandes d’asile de personnes membres de groupes minoritaires persécutés en Syrie et en Irak, un grand nombre de ces groupes étant victimes de génocide. Les yézidis, les chrétiens, les groupes musulmans minoritaires et les LGBTI ont tous subi des exactions aux mains d’extrémistes membres de la majorité religieuse dans la région. En effet, toute la population de la région est en danger et souffre. Il n’en demeure pas moins que certains groupes ne peuvent être identifiés dans les camps de réfugiés, sinon ils seront tués en raison de leur croyance religieuse.
À la fin de l’année dernière, deux hauts responsables du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés sont venus me voir pour me dire qu’une des raisons pour lesquelles aucun yézidi n’avait fait partie des 25 000 réfugiés acheminés au Canada, c’était que le gouvernement libéral avait imposé une date limite et qu’il avait été plus simple de trouver le nombre souhaité parmi les réfugiés faisant partie de la majorité religieuse dans les camps que de rechercher activement des victimes de génocide.
De plus, lors de la dernière campagne électorale, le Parti libéral a renchéri sur le nombre de réfugiés syriens qu’accueillerait le pays, afin d’amplifier les rumeurs de racisme de la part de notre parti. On a laissé entendre que notre parti n’aimait pas les réfugiés syriens parce que le ministre conservateur de l’Immigration avait demandé qu’une vérification établisse le nombre de groupes ethniques et religieux minoritaires persécutés qui avaient été acheminés au Canada par les Nations unies aux fins du parrainage par le gouvernement.
Pendant ce temps, des milliers de femmes yézidies ont été violées des dizaines de fois par jour par des dizaines d’hommes, et ce, au nom de Dieu. Pendant ce temps, un génocide était commis. Pendant ce temps, on a substitué la facilité bureaucratique et le gain politique à la compassion. Honte à nous tous.
Nous devrions tous être couverts d’opprobre parce que cela m’amène à la seconde école de pensée qui polarise le débat. Bien que la religion ne doive pas être exclue des critères d’hiérarchisation des réfugiés, si notre société est aussi éclairée que nous le prétendons, nous ne devrions pas refuser l’asile à quelqu’un pour le seul motif de sa religion ou de son pays d’origine. Depuis un temps infini, les guerres de religion sévissent. Au Canada, le pluralisme est soutenu par des lois qui distinguent l’Église de l’État et punissent sévèrement le meurtre, le viol, le discours haineux et autres actes souvent commis au nom de l’un ou l’autre dieu.
Je suis chrétienne. Mes amis les plus intimes sont juifs, sikhs et musulmans. Nous parlons du fait que nous comptons tous des extrémistes parmi les gens de notre confession. Pensons, par exemple, à ceux qui croient qu'il est juste de persécuter les membres de la communauté LGBT et les femmes et de leur faire subir la discrimination. Au Canada, étant donné la liberté de religion, nous sommes libres de vivre dans la foi de notre choix, ce qui ne nous donne pas pour autant le droit de commettre des actes criminels au nom de notre religion. Nous aurions donc tort de fermer nos portes à de nouveaux immigrants.
Devrions-nous tenir un débat ouvert et transparent au sujet du nombre de nouveaux arrivants que nous accueillons au Canada et des circonstances de leur entrée au pays? Oui. Faut-il faire preuve de transparence par rapport aux coûts et aux places disponibles dans les programmes d'intégration, étant donné le contexte économique au pays? Oui. Devrions-nous assurer que ceux qui entrent au Canada fassent l'objet de mesures de contrôle sécuritaire rigoureuses et solides? Oui. Faut-il appliquer fermement les lois de sorte que les crimes commis au nom de la religion soient sévèrement punis? Oui.
Le gouvernement libéral devrait-il nous dire pourquoi, cette année, la responsabilité du programme de parrainage privé a été assumée entièrement par le programme financé à même les fonds publics, et devrait-il changer cette décision? Oui. Est-ce que le fait de fermer nos portes aux immigrants éradiquera les crimes haineux contre la religion au Canada et fera en sorte que tous les Canadiens auront soudainement un emploi? Non.
C'est mai 1938 qui figure sur la fiche de traversée de ma grand-mère lorsqu'elle est venue de la Slovaquie. Elle a trouvé refuge au Canada en tant que migrante pendant l'une des plus importantes crises migratoires de l'histoire moderne. C'est à l'avant-plan de mes préoccupations alors que je prends la parole à la Chambre aujourd'hui, deux générations plus tard, en tant que porte-parole de l'opposition officielle en matière d'immigration.
Nous avons posé certains de nos gestes les plus honteux dans l'histoire de notre pays lorsque nous avons manqué de compassion envers des personnes dans le besoin. Je pense aux incidents du St. Louis et du Komagata Maru. Le Canada est rempli de personnes qui ont été persécutées et qui sont venues ici pour bâtir un pays qui est un symbole d'espoir et qui montre que les hommes peuvent faire ce qui est bon, juste et beau. Fermer complètement nos portes à des gens uniquement en raison de leur religion va à l'encontre de ce principe.
De nombreux propriétaires d'entreprises créatrices d'emplois, ainsi que des investisseurs, des innovateurs et des artistes, sont de nouveaux arrivants au Canada. Fermer nos portes à ces personnes parce que l'on croit pouvoir ainsi faire baisser le taux de chômage est un faux raisonnement.
Pendant la dernière campagne électorale, mon parti a annoncé la mise en oeuvre d'une politique qui servirait à créer une ligne de dénonciation pour signaler les pratiques culturelles barbares. Si nous étions si préoccupés par les droits des femmes se trouvant dans des situations que la ligne de dénonciation devait servir à prévenir, alors pourquoi avons-nous présenté cette ligne de dénonciation en mettant l'accent sur les différences entre nous et les autres? Pourquoi devrions-nous céder comme tous les autres à l'attrait d'un langage politique codé? Nous ne ferions qu'empirer la situation des plus isolés, et attiser et banaliser les allégations de racisme.
Aujourd'hui, au lieu de formuler des critiques justifiées à l'égard de notre système d'immigration, certaines personnes prétendant avoir la même affiliation politique que moi brouillent la discussion en politisant une tuerie à une mosquée et en présentant une politique vague pouvant donner l'impression qu'une personne doit être prête à manger une bouchée de sandwich au jambon pour pouvoir entrer au Canada. Est-ce mieux que le gazouillis du déclarant que le Canada est un pays ouvert aux réfugiés après avoir refusé catégoriquement de protéger les victimes de génocide à l'aide d'une intervention militaire ou, au moins, d'accorder la priorité à la réinstallation de ces victimes? Non. Nous sommes tous complices.
Lire et observer les réactions du monde occidental aux atrocités commises en Syrie ont confirmé l'existence de lacunes systémiques vastes et graves qui m'ont amenée à me demander si les mots « plus jamais » n'étaient pas seulement un lieu commun. Avons-nous vraiment la capacité de répondre à l'effondrement de l'humanité et dans quelles circonstances est-ce que nous nous préoccupons du sort de cette dernière?
De nos jours, les étudiants en histoire sont souvent remplis de mépris quand on leur parle d'époques où la classe dirigeante était complètement déconnectée du prolétariat. En général, les Occidentaux modernes ont la prétention de croire que la décadence qui existait à l'époque de Marie-Antoinette ne se reproduira plus. Pourtant, le fonctionnement du capitalisme et des institutions démocratiques a donné lieu à une prospérité mondiale et à une paix durable. Deux générations après le dernier conflit mondial, c'est ce que nous croyons aujourd'hui immuablement et sottement.
Après la dernière année, je me demande si le sentiment ne s'est pas transformé en une culture du « tout m'est dû ».
De plus en plus souvent, nous laissons la défense de nos valeurs à d'autres, à condition de nous en préoccuper. Personne ne veut faire ce travail? Il n'y a pas à s'inquiéter, un travailleur étranger temporaire va s'en occuper. On veut fermer les industries extractives au Canada tout en continuant d'offrir la même égalité des chances? Les travailleurs des secteurs sales n'ont qu'à se recycler dans un autre domaine. Entre-temps, l'État dépensera à crédit pour maintenir en vie l'économie, et nous pouvons dépendre de lui plutôt que de nous fier à nous-mêmes. Après tout, les taux d'intérêt sont bas en ce moment, n'est-ce pas? De toute façon, nous pouvons toujours réduire nos dépenses militaires parce que la paix ne coûte rien et que la guerre ne nous touche pas.
Il n'y a probablement pas eu de plus grand symptôme du début de la décadence occidentale que notre réaction au conflit syrien. Nous avons tenté de pacifier des ennemis irréconciliables; nous avons réagi lamentablement à la crise migratoire — les approches raciste et socialiste s'opposaient alors qu'une voie pragmatique aurait dû être privilégiée —; nous avons qualifié la situation de bourbier dans lequel nous ne devrions pas entrer; nous avons aussi avancé que nous étions la cause du problème et que nous devrions rester à l'écart en espérant que notre inaction règle le conflit. Pendant ce temps, dans les cinq dernières années, des centaines de milliers d'êtres humains ont été massacrés et déplacés. Les droits des femmes, des minorités et de la personne en général ont été bafoués. Un génocide a eu lieu. Il est également devenu tabou de remettre en question l'efficacité des organismes que nous avons mis en place pour prévenir ces malheurs.
L’ONU est impuissante dans de nombreux dossiers, mais son échec face aux Syriens et aux victimes du génocide yézidi devrait galvaniser le monde pour exiger que des changements s’opèrent dans son fonctionnement. Au lieu de cela, ses acteurs manipulent des ficelles pour savoir qui aura un siège au Conseil de sécurité pendant qu’Alep brûle.
Comble de l’ironie, tout cela arrive alors que nous sommes devenus branchés sur le monde. Alep n’est plus une ville lointaine, elle vit sur notre fil Twitter. Or, nous traitons ces images, ces films de massacres de nos frères humains comme une sorte de jeu vidéo, pour autant qu'on s'en soucie.
Le fait est que l’Occident n’a pas le luxe d’affirmer que la crise en Syrie ne nous touche pas. Celle-ci nous prouve une chose, à nous et à ceux qui ne partagent pas les institutions de la démocratie et des marchés libres qui soutiennent la paix: nous avons oublié que le pouvoir se prend et ne se donne pas.
Peu importe notre allégeance politique et le gouvernement qui nous dirige, nous estimons maintenant que nous avons droit à notre tranquillité. Nous croyons aussi que notre variante occidentale d'extrémisme idéologique aveugle peut résoudre les problèmes, quand en réalité elle nous a surtout paralysés dans une caisse de résonnance. Cela se traduit en une politique étrangère dont l'objectif principal est d'être irréprochable et qui suppose que les extrémistes religieux et les despotes peuvent être achetés ou apaisés jusqu'à ce qu'ils abandonnent.
De plus, cela a montré au monde entier que cela ne nous fait rien lorsque l'humanité et la civilisation se désagrègent complètement, parce que, après tout, ce n'est pas à nous que cela arrive.
Si nous ne trouvons pas un moyen de changer le statu quo des dogmes politiques polarisateurs, notre antipathie sélective à l'égard de la condition humaine et l'échec lamentable des institutions politiques occidentales visant à prévenir ces atrocités nous mériteront sans doute les reproches des générations futures. Si, bien sûr, dans notre décadence égoïste nous leur léguons même une quelconque société qui leur permettra de le faire.
Nous devrions tous avoir honte de la façon dont nos motivations politiques, notre égoïsme, notre décadence et la politicaillerie nous ont menés dans la situation de débats polarisés où nous sommes aujourd'hui.
Notre seule rédemption passera par le fait de demander pardon et de comprendre que nous ne pouvons pas confier la tâche ingrate d’établir la paix dans le monde uniquement à nos soldats. Malgré notre désir intense d’ouvrir toutes grandes nos portes aux réfugiés, nous ne pouvons faire fi de la menace que posent les gens qui désirent détruire notre mode de vie. Nous ne pouvons pas nous détourner des personnes d’autres régions qui partagent nos idéaux, mais qui sont menacées d’annihilation. Nous y parviendrons en lançant des initiatives pour favoriser la prospérité et la durabilité économiques dans le monde entier. C'est à nous que revient cette responsabilité, puisque nous avons la chance de vivre dans des pays où règne le pluralisme.
De quelle façon le Canada donnera-t-il l'exemple en matière de pluralisme? Veillons à ce que le débat chez nous outrepasse deux faussetés qui cristallisent les oppositions. Il faut protéger la sécurité des Canadiens, laisser croître notre économie et faire preuve de compassion. Appuyons le libre-échange et soutenons ceux qui respectent les droits des marginalisés et des réfugiés partout dans le monde.
Si nous ne réussissons qu'à politiser les situations les plus graves, nous retomberons infailliblement dans nos péchés d’antan.
En conclusion, j’espère qu’aucun de nous ici ne se résignera à demeurer complice. Concentrons-nous plutôt sur notre capacité de créer la beauté et de célébrer l'art. Nous progresserons ainsi grâce à notre humanité, et non grâce à notre bannière politique.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je suis ravie de pouvoir participer à ce débat important ce soir.
J'aimerais d'abord parler des événements tragiques survenus dimanche soir, à Québec. Lorsque j'ai pris connaissance de cet acte de terrorisme lâche et insensé, je suis passée par une foule d'émotions. J'étais furieuse que des gens innocents puissent être victimes de violence dans un lieu de culte et de recueillement; triste pour les victimes, leur famille et ceux dont le sentiment de sécurité a été anéanti; et inquiète à l'idée que cet acte d'intolérance puisse en entraîner d'autres. Lorsque je ressens de telles émotions, je me rappelle le message d'un grand Canadien, sir Wilfrid Laurier, qui croyait que l'amour est le meilleur choix.
J'exhorte tous les Canadiens à choisir l'amour. Choisissons l'amour pour ceux qui devront grandir sans leurs proches, pour une communauté en deuil et même pour ceux qui tentent de semer la terreur pour promouvoir leur vision étroite.
Peu importe notre appartenance ethnique, nos croyances où nos origines, nous sommes tous Canadiens. Nous sommes tous unis contre la violence et la haine.
Beaucoup de gens de ma circonscription m'ont dit s'inquiéter des effets des mesures adoptées récemment par le gouvernement des États-Unis d'Amérique, en matière d'immigration. Je partage leur inquiétude. Je suis moi-même une immigrante. J'ai été soulagée de constater que le cabinet du avait communiqué fréquemment avec les hauts placés de la Maison-Blanche, pendant la fin de semaine, et que notre ambassade à Washington restait en communication avec le gouvernement des États-Unis pour obtenir l'information la plus complète qui soit sur les effets de ces changements de politique sur les Canadiens.
Grâce à ces efforts, nous avons obtenu l'assurance que les citoyens canadiens et les résidents permanents qui ont la nationalité d'un autre pays ne sont pas visés par ce décret, même s'ils sont citoyens de l'un des sept pays concernés. Tous les détenteurs de passeport canadien ou de carte de résident permanent pourront se rendre aux États-Unis comme avant. Nos fonctionnaires restent en communication avec les fonctionnaires étatsuniens pour recevoir des précisions additionnelles.
J'ai en outre été rassurée d'entendre les paroles du dimanche et ce soir. Il a dit que les ressortissants étrangers des sept pays énumérés dans le décret aux États-Unis qui se sont retrouvés coincés au Canada alors qu'ils étaient en transit se verront accorder le statut de résident temporaire jusqu'à ce qu'ils puissent prendre les dispositions nécessaires pour retourner dans leur pays.
Quoique nous puissions ne pas être d'accord, chaque pays a le droit de se doter de ses propres politiques en matière d'immigration. Nous pouvons faire nos choix à nous, selon nos valeurs, qui serviront d'exemple à suivre dans le reste du monde.
À titre d’immigrante et de députée, je suis fière d’être canadienne et je suis fière de l’exemple que le Canada donne au monde.
Notre pays est ouvert et accueillant. Le Canada est loué dans le monde entier pour son leadership dans l’accueil des réfugiés fuyant la persécution, la terreur et la guerre. En 2016, en réponse à la crise des réfugiés syriens, nous avons accueilli et réinstallé avec succès plus de 45 000 réfugiés.
J’en profite pour remercier le député de pour le leadership et la détermination dont il fait preuve à titre de ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté pour atteindre son objectif. Nous lui souhaitons bonne chance dans ses nouvelles fonctions, mais l’altruisme et la compassion dont il fait preuve en cette enceinte nous manqueront.
J’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreuses familles de réfugiés syriens qui se sont installés à Scarborough. Leur gratitude est émouvante. Ces familles, et en particulier les enfants, ont traversé de dures épreuves. Cela fait chaud au coeur de voir les enfants évoluer dans un milieu sécuritaire, de voir l’étincelle dans leurs yeux et leur sourire quand ils chaussent des patins pour la première fois ou profitent de leur premier hiver canadien en jouant dans la neige.
De son côté, la communauté a apporté un appui incroyable. J’ai rencontré des employeurs qui ont embauché des réfugiés et qui sont impressionnés par leur ardeur au travail et la gratitude dont ils font preuve.
Samedi, j’ai pris part à la célébration organisée par la Metropolitan United Church pour marquer le premier anniversaire de l’arrivée de la famille Bakour de Syrie dans sa nouvelle patrie, le Canada. Les Canadiens l’ont accueillie à bras ouverts, comme ils le font toujours pour ceux qui fuient la guerre et la persécution, et recherchent simplement ce que nous tenons pour acquis, la possibilité de vivre en paix et de donner à leurs enfants les possibilités qu’ils n’ont pas eues.
Il y a encore du travail à faire. Au Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration, nous avons terminé une étude sur la réinstallation des réfugiés syriens et fait un certain nombre de recommandations visant à offrir de meilleurs services d’installation. Je sais que le gouvernement les examinera et agira en conséquence. Après tout, l’amélioration est toujours possible au Canada.
Cependant, ce qui ne changera pas, c'est la chaleur et la générosité des Canadiens. En 2017, le Canada accueillera 40 000 réfugiés et personnes protégées, ce qui, hormis l'an dernier, représente le plus grand nombre jamais enregistré de réfugiés accueillis par le Canada. Le Canada continue de jouer un rôle clé dans le cadre des efforts internationaux liés à la protection humanitaire et offre l'asile aux personnes les plus vulnérables qui fuient la persécution, la terreur et la guerre partout dans le monde.
Cependant, il n'est pas seulement question d'offrir un refuge sûr aux personnes fuyant la persécution. L'immigration est profitable pour notre pays et favorise la croissance économique. Elle favorise notre diversité, et c'est notre diversité qui fait notre force.
Prenons par exemple la fin de semaine dernière. J'ai, au cours de cette seule fin de semaine, assisté à diverses activités. J'ai participé avec la communauté chinoise aux célébrations du Nouvel An lunaire, et j'ai participé aux mêmes célébrations avec la communauté bouddhiste dans un temple bouddhiste. J'ai assisté à la première d'un documentaire sur les réalisations de la diaspora pakistanaise au Canada. J'ai assisté à une fête dans une église de l'Église unie pour souligner le premier anniversaire de l'arrivée au Canada d'une famille de réfugiés syriens parrainés par l'église. J'ai assisté à une fête du Thaï Pongal avec la communauté tamoule. J'ai assisté à l'ouverture officielle d'un nouveau restaurant de cuisine indienne, ainsi qu'au premier anniversaire de l'ouverture dans ma circonscription d'un restaurant Tim Hortons, qui appartient à un homme d'affaires bangladais. Tout cela est représentatif de Scarborough, et du Canada. Les immigrants démarrent des entreprises. Ils créent des emplois. Les immigrants apportent des compétences nécessaires et une nouvelle énergie. Ils favorisent la croissance économique. Accepter les demandes d'immigration de parents et de grands-parents permet aux deux parents d'intégrer la population active. Les immigrants font croître notre assiette fiscale.
J'ai été accueillie ici en tant qu'immigrante en 1999. Aujourd'hui, je suis députée, mon mari travaille pour une banque, l'un de nos fils est à l'université et l'autre le suit de près. Il y a un certain nombre d'anciens réfugiés à la Chambre, dont le député de , et le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. Ils font tous des contributions importantes et précieuses à notre pays et l'aident à devenir encore meilleur.
Nous sommes un pays d'immigrants. À l'exception des Autochtones, tout le monde ici vient d'ailleurs. Que nous soyons Canadiens de naissance ou par choix, quelle que soit notre langue, notre origine ethnique, notre foi, notre sexe, nous savons que le rêve canadien est ouvert à tous si nous sommes prêts à travailler fort. L'égalité des chances est l'une des nombreuses valeurs qui font la grandeur du Canada. C'est l'exemple canadien. Ce sont les valeurs canadiennes. C'est le modèle d'ouverture que le Canada souhaite partager avec le monde entier. Je suis Canadienne en raison de ces valeurs. Je suis députée en raison de ces valeurs. Je ne cesserai jamais de me battre pour ces valeurs.
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Monsieur le Président, j'aimerais faire savoir aux familles des six Canadiens qui sont décédés dans le massacre brutal survenu à Québec que, en tant que députés les représentant, nous sommes résolus à faire en sorte que la haine, l'intolérance et la division n'aient pas leur place au Canada, que le terrorisme et la violence contre quelque communauté que ce soit ne seront jamais tolérés ou permis sur notre territoire. Alors que nous prions pour ces vies innocentes, nous voulons laisser savoir à nos confrères et consoeurs de la communauté musulmane canadienne que nous sommes avec eux et qu'ils devraient pouvoir jouir du sentiment de sécurité et de liberté, car une telle intolérance et une telle haine n'ont pas leur place au Canada.
Le décret récemment émis par l'administration des États-Unis interdit pendant au moins 90 jours aux ressortissants de sept pays d'entrer aux États-Unis. Le a utilisé son autorité pour publier une politique publique afin d'aider les gens qui pourraient se retrouver coincés en raison du décret. S'ils avaient pris des dispositions de voyage pour entrer aux États-Unis et qu'ils ont les documents dont ils auraient normalement eu besoin pour entrer aux États-Unis, mais qu'ils ne peuvent pas y aller en raison du décret, nous pouvons les accueillir au Canada ou prolonger leur période d'admissibilité au Canada en autant qu'ils satisfont aux critères d'admissibilité du Canada.
Le ministre a demandé à ses agents du ministère d'accélérer le processus d'octroi de permis spécial afin que ces gens reçoivent un statut au Canada ou prolonge leur statut temporaire, selon les besoins. S'ils ont perdu leur statut au pays, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada peut accélérer le rétablissement de celui-ci s'ils respectent les critères d'admissibilité. Le ministre a permis à ses agents d'annuler les frais associés à ces mesures.
Comme nous le savons, ce décret présidentiel a également entraîné le gel de certaines composantes du programme de réinstallation américain, qui doit revoir sa politique. Nous sommes impatients de collaborer avec les États-Unis une fois cette analyse terminée. Entretemps, nous demeurerons en contact étroit avec les États-Unis et nos autres alliés, comme l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, afin de combler nos besoins en matière de réinstallation.
Des personnes se sont adressées au gouvernement pour connaître l'incidence du gel du programme de réinstallation américain sur les politiques d'octroi d'asile au Canada et celles visant les réfugiés. Notre engagement envers les réfugiés demeure intact. Le Canada continuera à aider les personnes vulnérables, peu importe leur origine ethnique ou leur religion. Nous poursuivons notre travail dans des régions aux quatre coins du monde pour offrir une protection aux groupes vulnérables, y compris les réfugiés en Syrie, en Irak, en Iran, en Colombie, en Érythrée et au Congo.
Comme on le sait, le Canada compte sur des partenaires tels que l'Agence des Nations unies pour les réfugiés pour déterminer quels réfugiés ont besoin d'être réinstallés et que le Canada accueillera dans le cadre du programme des réfugiés pris en charge par le gouvernement. L'Agence évalue les vulnérabilités et les besoins en matière de protection afin d'identifier les réfugiés qui ont besoin d'aide sur le plan juridique, de protection physique et de soins médicaux ou qui ont été victimes de torture ou de violence, ainsi que les femmes, les filles, les enfants et les adolescents à risque.
Les vulnérabilités et les besoins en matière de protection sont déterminés indépendamment de la religion, du groupe ethnique, de l'identité de genre, de l'orientation sexuelle ou d'autres caractéristiques personnelles. Bien entendu, ces caractéristiques s'avèrent souvent des éléments importants dans l'évaluation que fait l'Agence des vulnérabilités et des besoins en matière de protection de certains individus.
Comme je l'ai mentionné, des personnes se sont adressées au gouvernement pour connaître l'incidence du décret promulgué par les États-Unis sur les politiques d'octroi d'asile au Canada. Je tiens à assurer à la Chambre que le décret n'aura pas de répercussions sur ces politiques. On continuera d'évaluer chaque demande présentée à la Commission de l'immigration et du statut des réfugiés selon les circonstances qui lui sont propres. Comme toujours, le demandeur doit démontrer aux décideurs de la Commission qu’il craint avec raison d’être persécuté ou que, s'il est renvoyé du Canada, il sera exposé à un risque de torture ou à une menace à sa vie ou au risque de traitements ou peines cruels et inusités.
Soit, les politiques du Canada en matière d'immigration et d'accueil de réfugiés demeurent ouvertes et généreuses, mais je rappelle aux députés que le processus est aussi très rigoureux. La sécurité prédomine et nos programmes de réinstallation ont été conçus en tenant compte de la sécurité des Canadiens.
Tous les programmes canadiens de réinstallation des réfugiés sont dotés de mesures de sécurité efficaces. Outre un examen médical complet, les autorités soumettent tous les réfugiés à une vérification approfondie des antécédents criminels et à un contrôle de sécurité pour s'assurer qu'ils n'ont pas commis de crimes graves par le passé et qu'ils ne présentent pas de risque pour la sécurité du Canada.
Le gouvernement recueille aussi des données biométriques, comme des empreintes digitales et des photos numériques. Ces données sont ensuite comparées à l'information contenue dans les bases de données de l'immigration, de l'application de la loi et de la sécurité. Évidemment, dans le cadre des mesures de contrôle à l'entrevue, nous recueillons également des données biographiques, comme les certificats de mariage et de naissance. En cas de préoccupations particulières, les cas font l'objet d'un contrôle approfondi de la part de nos partenaires du milieu de la sécurité.
Nous pouvons tous être fiers de la longue tradition de notre pays, qui consiste à offrir protection et refuge aux personnes qui fuient la tyrannie, l'oppression violente et la persécution partout dans le monde. Depuis la Seconde Guerre mondiale, plus d'un million de réfugiés se sont installés au Canada. Il s'agit d'un chiffre impressionnant, compte tenu de la population relativement modeste du Canada.
Le Canada possède toujours l'un des systèmes d'immigration et d'accueil des réfugiés les plus généreux du monde. En fait, le Canada accueille un réfugié réinstallé sur 10 dans le monde, ce qui est supérieur à presque tous les autres pays industrialisés.
Le gouvernement est toujours bien résolu à maintenir cette tradition humanitaire qui fait la fierté de notre pays. Nous sommes aussi toujours convaincus que l'avenir économique du Canada passe par l'immigration. Le succès futur du pays dépendra largement de notre capacité d'attirer des gens talentueux des quatre coins du monde.
Comme l'a dit le , la diversité fait notre force. Le Canada connaît du succès sur les plans culturel, politique et économique grâce à sa diversité, et non malgré celle-ci. La diversité du Canada figure aussi parmi nos plus grands atouts au sein d'une économie mondiale de plus en plus interconnectée. La diversité procure des avantages économiques et sociaux au Canada et, qui plus est, compte tenu du vieillissement de la population, il sera essentiel de pouvoir compter sur un système d'immigration solide et efficient pour assurer notre croissance économique à long terme.
Les Canadiens peuvent être fiers du fait que leur pays continuera d'accueillir des immigrants et des réfugiés du monde entier.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de et je suis impatient d'entendre ses commentaires.
La liberté et l'immigration sont des concepts qui se recoupent bien souvent. Je repense à la tragédie survenue à Québec l'autre jour et je profite de l'occasion pour exprimer mes condoléances aux familles et aux proches touchés et pour honorer la mémoire des victimes de cette fusillade. De tels événements surviennent malheureusement trop souvent partout sur la planète.
Je souhaite également souligner l'oeuvre d'une autre personne. L'été dernier, certains d'entre nous ont pu se rendre au Myanmar au sein d'un groupe international pour y discuter de la question des musulmans rohingyas avec des intervenants locaux. Un de nos interlocuteurs était Ko Ni, un avocat musulman de renom qui avait été le conseiller juridique d'Aung San Suu Kyi durant plusieurs années et qui avait travaillé avec la Ligue nationale pour la démocratie. Il a été abattu l'autre jour au moment où il quittait l'aéroport de Rangoon. Cet assassinat a vraisemblablement été motivé par le travail qu'accomplissait Ko Ni. Soulignons également le courage du chauffeur de taxi qui a tenté de neutraliser le tireur et qui a aussi été tué.
Nous reconnaissons que de tels événements surviennent partout sur la planète et chacun nous brise le coeur.
Ce soir, j'aimerais parler d'une question d'une importance capitale et elle ne porte pas sur ce que les autres gouvernements font, mais sur ce que notre propre gouvernement fait. C'est ce qui doit nous intéresser en premier lieu dans notre pays.
La réaction des libéraux à l'interdiction d'entrée aux États-Unis a été en gros de se vanter. C'est assez décevant.
Je veux parler de quelques problèmes concernant l'immigration que les libéraux n'ont pas réglés depuis un peu plus d'un an. ll y en a plusieurs. Il y a des choses comme l'intégration des réfugiés syriens et la réponse aux Canadiens qui souhaitaient parrainer des réfugiés. Les visas mexicains et la suppression des visas pour les Mexicains sont un autre problème. Le plus flagrant est que le gouvernement n'a pas donné la priorité aux yézidis victimes d'un génocide.
Nous connaissons tous l'histoire des yézidis et nous sommes au courant qu'en août 2014, le groupe État islamique a envahi la région de Sinjar et a cerné les yézidis. Au début du mois d'août, des dizaines de milliers ont fui. Des milliers d'hommes ont été tués. Des charniers ont été découverts par la suite. Des femmes ont été enlevées. Il y a eu beaucoup de conversions forcées. Il a fallu attendre jusqu'en 2016 pour que le monde commence à reconnaître qu'il s'agissait bel et bien d'un génocide et qu'il fallait traiter la situation comme telle.
Malheureusement, au cours de la dernière année, le gouvernement a refusé à maintes reprises de qualifier ce qui s'est passé de génocide. Les députés d'en face ont fini par céder sous le poids de la honte. C'est important de le rappeler parce que les députés de ce côté-ci de la Chambre ont tenté de nombreuses fois d'amener les libéraux à s'intéresser aux yézidis et de leur montrer comment ils pouvaient les faire venir au Canada. L'une des lacunes de la politique des libéraux a été de refuser systématiquement de tenir compte de l'appartenance religieuse dans le choix des réfugiés à admettre au Canada. C'est une position qui peut se justifier, mais dans les faits, ils n'ont pas été capables de trouver les vraies victimes, c'est-à-dire les minorités les plus persécutées. Lorsqu'ils ont commencé à les chercher dans les camps des Nations unies, ils se sont aperçus que ces victimes ne s'y trouvaient pas parce qu'elles avaient trop peur d'y aller. Elles n'étaient pas capables de se rendre dans les camps de réfugiés, alors le gouvernement a raté toute une catégorie très importante de réfugiés, qui étaient issus des minorités parmi les plus persécutées qui soient.
La Chambre a adopté à l'unanimité une motion que nous connaissons tous bien et qui voulait que le gouvernement accorde l'asile à des femmes et des filles yézidies ayant subi un triste sort. Malheureusement, nous devons encore demander aux libéraux ce qu'ils ont fait dans ce dossier. Au cours des deux derniers jours, pendant la période des questions, nous avons eu pour seule réponse un silence assourdissant. Le nouveau ministre a refusé de répondre à cette question.
Combien de femmes yézidies ont reçu l'autorisation de venir au Canada? Nous ne pouvons pas obtenir de réponse. Tandis que l'attention du monde est retenue ailleurs, par d'autres problèmes, des personnes qui ont été brutalement maltraitées essaient de trouver l'asile dans notre pays, mais le gouvernement actuel ne semble pas capable de s'en occuper. Il est dommage que nous soyons obligés d'écouter le ministre s'esquiver et ne pas nous dire combien de ces femmes et de ces filles ont été autorisées à venir au Canada. Il est temps que le gouvernement prenne ses responsabilités dans ce dossier.
Un autre enjeu me tient à coeur. Au cours des dernières années, je me suis intéressé aux questions relatives à la liberté de religion partout dans le monde. J'ai eu l'occasion de travailler avec des gens de nombreux pays différents et de divers groupes confessionnels afin de renforcer les trois articles et l'article 18 de la Charte des Nations unies.
Pendant la campagne électorale de 2011, nous avons pris la décision de créer le Bureau de la liberté de religion. Il nous a fallu jusqu'à 2013 pour le mettre sur pied. Par l'intermédiaire de ce petit bureau, l'ambassadeur Andrew Bennett a fait un travail incroyable. Il ne disposait que d'un budget d'environ 5 millions de dollars par année. Le bureau comptait de cinq à sept employés et avait pour mandat de protéger et de défendre les minorités religieuses faisant l'objet de menaces et de s'opposer à la haine et à l'intolérance fondées sur la religion. Il avait également pour mandat de promouvoir à l'étranger les valeurs canadiennes que constituent le pluralisme et la tolérance.
Je trouve paradoxal que nous soyons ici ce soir pour parler de ces questions et que le Bureau de la liberté de religion n'existe plus. Il arrivait à mener ses activités avec un budget de 5 millions de dollars et avec environ cinq à sept employés. Il avait une influence importante partout dans le monde.
J'ai commencé à collaborer avec un groupe de parlementaires qui se penchait sur la liberté de religion. Partout où j'allais, j'entendais parler de la façon dont le Bureau de la liberté de religion était perçu par les gouvernements d'autres pays. Lorsque nous étions en Europe, les gens nous demandaient ce qu'ils pouvaient faire pour s'inspirer de ce modèle, car ils voyaient à quel point il était efficace. Dans des endroits comme le Pakistan, il y avait des projets en matière d'éducation qui permettaient d'examiner du matériel scolaire pour s'assurer qu'il n'y avait pas de contenu haineux. Le Bureau a participé à nombre de projets qui ont fait une énorme différence dans la vie des gens.
Le Bureau a travaillé dans des régions du monde où les conditions étaient des plus difficiles. J'ai parlé du Pakistan. En Ukraine, il y avaient des fonctionnaires qui tentaient d'empêcher les autorités religieuses de devenir une source de tension pendant le conflit. Ils ont également travaillé en Indonésie. Le Bureau était perçu comme un organisme qui avait un effet très positif sur la réputation du Canada à l'échelle mondiale. Ces projets répondaient à un besoin grandissant à l'échelle mondiale.
Il est intéressant de constater à quel point cette question a pris de l'ampleur depuis que j'ai commencé à m'engager dans ce dossier, en 2010. Ce n'est pas une question qui a cessé d'occuper les esprits. La plupart du temps, il semble que les problèmes politiques du monde entier sont liés à des problèmes d'ordre religieux.
Établi à un moment propice, ce bureau était bien placé pour faire du bon travail. Ses objectifs concordaient avec les priorités du gouvernement de l'époque. Il procurait au Canada une influence considérable dans des collectivités de partout dans le monde, et ce, malgré la modestie du projet. Il travaillait directement avec d'autres gouvernements.
Le groupe de contact international a été établi en 2015, sous la présidence de l'ambassadeur Bennett. Il regroupait 20 pays qui souhaitaient se pencher sur des questions liées à la liberté de religion. Il s'efforçait aussi de traiter des enjeux comme ceux dont nous discutons aujourd'hui et de créer un espace où les gens pourraient apprendre à respecter les droits de chacun et analyser de façon critique les croyances d'autres personnes sans craindre les mauvais traitements.
Le groupe de contact a aussi travaillé en parallèle avec une organisation dont je fais partie, la coalition internationale de parlementaires voués à la liberté de religion. Cette coalition compte maintenant des membres de quelques dizaines de pays qui souhaitent attirer l'attention sur la liberté de religion.
J'ai été déçu que le gouvernement libéral décide de fermer le Bureau de la liberté de religion. Il a plutôt créé le Bureau des droits de la personne, des libertés et de l’inclusion, un bureau de moindre envergure installé dans un coin des Affaires mondiales. Personne ne sait vraiment ce qu'il a fait jusqu'ici. Le gouvernement a triplé son budget, 35 personnes y travaillent, mais ce travail n'a aucune répercussion. C'est le brouillard total, une situation très irritante. Je suis aussi déçu que mon temps de parole soit presque écoulé.
La lutte contre la persécution religieuse a été affaiblie par la décision du gouvernement libéral. Il est maintenant trop tard pour revenir sur cette décision, qui a fait perdre au Canada la position influente qu'il détenait, à l'échelle mondiale, dans le domaine de la liberté de religion et de l'immigration.
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Madame la Présidente, d'entrée de jeu, j'aimerais dire que j'ai été élu il y a un peu plus d'un an et que l'ambiance à la Chambre des communes a rarement été aussi lourde que depuis les incidents tragiques survenus à Québec.
Pour faire suite à ce que vient de dire mon collègue, il ne fait aucun doute que le Canada est un pays d'immigrants. L'histoire de mes ancêtres est celle de nombreux Canadiens. Je suis fier de dire que ma famille est l'une des plus anciennes familles immigrantes du Canada, même si cela ne paraît pas du tout lorsqu'on me regarde.
C'est l'histoire d'Allemands qui sont venus au Canada lors de la guerre d'indépendance des États-Unis. Les Britanniques avaient engagé 30 000 mercenaires allemands, dont le tiers étaient basés dans la province de Québec. Finalement, 1 200 soldats allemands ont décidé de se mêler à la population québécoise à partir des années 1780. Aujourd'hui, plusieurs Allemands ont des familles entièrement canadiennes ou entièrement québécoises. Je parle des familles Bessette, Besré, Hamel, Jomphe, Payeur, Roussel, Wagner, Wilhelmy et, bien sûr, Berthold.
Selon moi, il ne fait aucun doute que le Canada est une terre d'accueil. Les citoyens du monde entier ont façonné notre pays d'aujourd'hui. Celles et ceux qui choisissent le Canada le font pour toutes sortes de raisons, pas toujours pour son climat, mais pour ses gens, pour leurs valeurs, pour l'espoir de réussir et, surtout, pour vivre une vie meilleure.
Au Canada, l'immigration n'est pas qu'une question de statistiques. Il ne s'agit pas de déterminer quel gouvernement fait mieux aux yeux des Canadiens. À mon avis, ce qui importe, c'est la manière dont nous accueillons les immigrants et notre capacité à les accompagner dans cet important choix de vie. Cela est important aux yeux de chaque immigrant et immigrante qui choisit notre pays.
Ce soir, nous sommes réunis pour débattre de la réponse canadienne à la décision de nos voisins les États-Unis d'interdire temporairement l'accès à leur pays aux ressortissants de sept pays où la guerre, la dictature, la misère et la pauvreté ont fait des milliers de victimes au cours des dernières années. Il s'agit de la Syrie, de l'Iran, de l'Irak, du Soudan, du Yémen, de la Somalie et de la Libye.
Tout à l'heure, j'avais un tout autre discours de prêt, mais les propos que j'ai entendus ce soir de la part de mes collègues m'ont amené ailleurs. J'ai écouté mes collègues parler de réfugiés, des victimes de la guerre et de la misère. J'ai écouté mes collègues parler de ce qui se passe ailleurs. J'ai écouté mes collègues parler des autres.
J'ai retenu un extrait du discours de ma collègue de , qui est aussi la porte-parole de l'opposition officielle en matière d'immigration. Elle mentionnait notamment que le Canada était une destination de choix pour les réfugiés de partout au monde parce que c'est un pays où règne la paix. Ma collègue se demandait, avec raison, si nous tenions cette paix pour acquise.
Cela a fait résonner une autre phrase dans ma tête: et si c'était nous? Si ce soir nous parlions de nos pères, de nos mères, de nos soeurs ou de nos voisins, nos propos seraient-ils les mêmes? Imaginons qu'il y ait la guerre à Thetford Mines. Imaginons que nous assistions à l'élimination systématique des citoyens et de nos voisins en raison de leur race, de leurs croyances ou de leur appartenance politique.
J'invite les citoyens canadiens à imaginer ce à quoi pourrait ressembler leur quartier si la rue était bombardée, si les commerces étaient détruits les uns après les autres, s'ils se retrouvaient sans emploi du jour au lendemain, sans nourriture et sans aucune façon de gagner des sous. Imaginons que nous n'ayons plus de toit sur la tête. Imaginons que nous perdions contact avec tous les membres de notre famille et que nous ne sachions pas où ils se trouvent, s'ils sont morts ou s'ils ont été torturés et si nos soeurs et nos mères ont été violées. Imaginons que nous et tous les membres de nos familles devions fuir nos propres villes, où qu'elles se trouvent au Canada, afin d'assurer leur sécurité et leur survie.
Lorsque l'on se met dans la peau des gens qui vivent quotidiennement ce genre de situation, lorsqu'on a en tête des images et des visages de proches, on ne peut pas voir les réfugiés de la même façon.
On peut se voir demander de l'aide et espérer que quelqu'un, quelque part, va répondre à notre appel à l'aide.
Nous sommes ici, bien sûr, pour parler de la décision américaine sur laquelle nous avons malheureusement peu de moyens d'agir. La réponse de notre a été de réagir sur les réseaux sociaux. Le Canada, avec un gazouillis du premier ministre, a réagi comme suit: « À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera... ...indépendamment de votre foi. La diversité fait notre force. #BienvenueAuCanada. »
Ce sont de belles paroles et des mots qui créent encore des images, mais qui, dans les faits, ne changeront pas beaucoup le quotidien des personnes que nous souhaitons aider. Depuis ces mots, nous n'avons vu aucune action concrète, aucun geste politique ni administratif pour faire en sorte que ces belles paroles se rendent à celles et à ceux à qui elles devraient vraiment s'adresser.
J'ai entendu tantôt le discours du nouveau , que je félicite pour sa nomination. Je l'ai entendu faire un discours sur ce que le Canada fait en matière d'immigration. C'était un discours « selfique », pour ainsi dire. Or ce discours d'autosatisfaction n'a pas donné de réponse concrète à la situation qu'on vit présentement.
Il y a des choses qui auraient pu être faites il y a un an. Il y a des choses qu'on pourrait faire dès maintenant pour accélérer les choses. Malheureusement, il semble que, malgré ces nombreuses occasions d'intervenir, le gouvernement ne l'ait pas fait. C'est sûr qu'on ne peut pas répondre en 140 caractères. On ne prend pas d'engagement en 140 caractères. Cependant, on peut être plus proactif et faire des choses.
Qu'on me permette de donner quelques exemples.
Il y a le cas des réfugiés yézidis, un sujet que le n'a même pas pris la peine d'aborder dans son discours ce soir, malgré tous les propos que nous avons tenus à la Chambre sur l'importance d'intervenir pour aider les réfugiés yézidis. Il a fallu une question de ma collègue pour qu'enfin, le ministre de l'Immigration daigne parler de la situation des réfugiés yézidis. Malgré la motion qui a été adoptée unanimement en octobre sur l'accélération du traitement des demandes de réfugiés et la promesse de les traiter dans un délai de 120 jours, il n'y a pas encore d'actions concrètes. Il y a encore des paroles, mais aucun geste: aucun nouveau réfugié yézidi n'a été accepté ici, au Canada.
Nous voulons des actions concrètes et pas seulement des promesses vagues. Le gouvernement s'est engagé à agir dans les 120 jours qui ont suivi l'adoption de la motion. La date limite, c'est le 22 février. Le gouvernement doit établir un nombre cible de réfugiés yézidis. Le gouvernement doit traiter les demandes d'asile des yézidis de manière accélérée, pour que les victimes du groupe État islamique puissent trouver refuge au Canada.
Le groupe État islamique continue à commettre un génocide contre les yézidis dans le Nord de l'Irak. Des milliers de femmes et de filles yézidies sont détenues par des soldats du groupe État islamique. Elles sont violées, mutilées et vendues comme esclaves. Nous devons agir. Contrairement au gouvernement libéral, les conservateurs qui forment l'opposition officielle n'ont pas peur d'appeler ces crimes par leur nom: un génocide.
En conclusion, l'opposition officielle a fait plusieurs suggestions et recommandations au gouvernement pour qu'il donne une réponse concrète et agisse de manière tangible en vue d'aider les réfugiés yézidis et ainsi répondre à notre manière à ce qui se passe chez nos voisins du Sud.
J'invite le gouvernement à revoir les différentes propositions qui ont été faites par le passé par l'opposition officielle, à agir maintenant et à démontrer de la compassion pour ces réfugiés yézidis, pour ces femmes qui sont torturées, violées et qui servent d'esclaves au groupe État islamique. C'est une manière concrète de répondre à ce qui se passe chez nos voisins du Sud.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec l'honorable député de .
J'aimerais remercier la députée de d'avoir lancé ce débat.
[Traduction]
Je veux changer un peu le ton du débat, premièrement parce qu'il devrait être non partisan, et deuxièmement, et c'est encore plus important, parce que nous pouvons tirer des leçons de ce débat. Ce soir, j'ai entendu beaucoup de commentaires élogieux sur le fait que le Canada est différent, qu'au Canada, nous avons comme tradition formidable de faire venir des immigrants et des réfugiés et que nous l'avons toujours fait. Bien qu'il soit vrai qu'au cours des dernières décennies nous avons accueilli des immigrants et des réfugiés dans notre pays, ce ne fut pas toujours le cas.
Je suis passé de la politique municipale à la politique fédérale il y a quelques années. Pourquoi? Une des raisons importantes a été la charte des valeurs du Québec. Le gouvernement séparatiste au Québec a présenté une mesure législative disant que, comme maire, je devrais congédier des gens parce qu'ils allaient porter une kippa, un hidjab ou un turban au travail. Selon ma conscience et celle des membres du conseil de la Ville de Côte-Saint-Luc, nous ne pouvions pas faire cela. Nous avons organisé un rassemblement pour la liberté religieuse sur les marches de l'hôtel de ville, réunissant des gens et des chefs religieux de toutes les confessions pour dire non, parce que ce n'est pas canadien.
Comme nous avons vécu ce genre de situation il y a seulement quelques années dans ma province, le Québec, cela signifie que les gouvernements et les politiciens d'ici ne sont pas différents des gouvernements et des politiciens d'ailleurs. Il y a toujours des gens qui peuvent tirer profit de la xénophobie et susciter la peur dans la population.
Nous sommes très chanceux de vivre dans un pays où les trois principaux partis sont d'avis que le Canada est un endroit où les immigrants et les réfugiés devraient être accueillis et que nous devrions nous soucier des gens, peu importe leur race, leur religion, leur orientation sexuelle ou leur nationalité. Nous devrions tous nous en réjouir.
Pour ce qui est de l'objet du débat actuel, soit le décret émis par les États-Unis, je tiens d'abord à dire que, même si nous sommes évidemment semblables aux Américains, puisque nous regardons tous la télé américaine, que nous écoutons les observateurs américains et que nous suivons la campagne électorale des États-Unis avec la même ferveur que nos homologues du Sud, nous ne devons pas oublier que nous ne sommes pas américains et que nous ne jouissons pas du droit qu'ont les Américains de choisir le président des États-Unis.
Bien que je sois profondément choqué par le décret en question, il s’agit d’une décision américaine. Je félicite les personnes qui manifestent dans les aéroports, celles qui luttent contre au Congrès et celles qui ont recours aux tribunaux, mais j’aimerais aborder la question du décret comme s'il avait été proposé au Canada — comme s'il avait été proposé par un politicien canadien.
Que devrions-nous savoir au sujet du décret? Premièrement, on n'émet pas de décret sans consultation. On n'oublie pas de demander au département d'État et aux gens qui y travaillent, des spécialistes en la matière, de nous expliquer les conséquences du décret que l'on propose. On n'oublie pas de demander au procureur général, qui doit défendre le décret devant les tribunaux, de nous dire s'il respecte la Constitution ou les lois de notre pays. On n'oublie pas de consulter l'important nombre d'intervenants qui pourraient trouver préoccupant ledit décret. J'espère que le gouvernement du Canada consultera toujours le Parlement, les comités parlementaires et les groupes intéressés avant de décider d'agir.
Deuxièmement, un gouvernement ne peut pas adopter un décret ayant une incidence sur des personnes qui ont déjà quitté leur pays avec un visa délivré par ce même gouvernement. Les décrets ne devraient pas être rétroactifs. Les gens ont le droit de s'attendre à ce que les lois existantes ne soient pas éphémères. Ils ont le droit de voyager sans avoir à se demander si, à leur arrivée dans le pays qui leur a accordé un visa, ils en seront expulsés.
Troisièmement, les lois ne doivent pas faire de discrimination fondée sur le pays d'origine ou la religion. On ne peut pas prétendre que, parce qu'une personne est née dans un pays, qu'elle est citoyenne d'un pays ou qu'elle appartient à un groupe religieux, compte tenu d'une exemption visant les minorités religieuses, cette personne ne peut pas être admise dans un pays. C'est contraire à mes convictions et, je crois bien, à celles de tous les députés.
Je souhaiterais maintenant attirer l'attention de tous sur notre histoire. Nous devons nous rappeler que nous avons déjà agi de la sorte au Canada, tout comme les États-Unis. Il est souvent arrivé au cours de notre histoire que les États-Unis se montrent plus accueillants que le Canada. Nous ne devrions pas nous féliciter d'être meilleurs que tout le monde. Il fut un temps où les Chinois n'avaient pas le droit d'immigrer au Canada. Il en était de même pour d'autres peuples asiatiques, pour les sikhs et pour les hindous. Les peuples de l'Europe de l'Est ont subi de la discrimination, et les peuples de l'Europe méridionale également, dans les années 1920 et 1930.
Je fais partie de la communauté juive. Nous nous souvenons tous que, lorsque la communauté juive a eu le plus besoin du Canada, c'est-à-dire dans les années 1930, lorsque Hitler était au pouvoir, le Canada a refusé d'accueillir des réfugiés juifs. Irving Abella a écrit un merveilleux livre, intitulé None is Too Many, qui explique ce qui s'est produit. Parlons du processus du St. Louis.
Le St. Louis est un navire qui est arrivé de Hambourg en mai 1939 avec à son bord des gens détenant des visas valides pour Cuba. Ces gens se réjouissaient. Ils allaient être épargnés et ne seraient plus persécutés comme ils l'étaient en Allemagne. Cependant, lorsqu'ils sont arrivés au port de La Havane, Cuba a littéralement changé ses règles et a invalidé des visas qui, jusqu'à ce moment-là, étaient valides. Voilà ce qui se produit lorsqu'on change des choses de façon rétroactive. Cuba a refusé l'entrée aux réfugiés, et le navire est donc reparti vers les États-Unis, dans l'espoir que ce pays ouvre ses portes aux réfugiés, mais les États-Unis n'ont pas non plus voulu les accueillir. Il ne restait aux réfugiés qu'un seul espoir avant d'être ramenés en Europe, et cet espoir, c'était le Canada. Comme on le sait, M. Blair et M. King ont refusé de laisser entrer ces réfugiés au Canada.
J'espère qu'un jour le gouvernement du Canada présentera des excuses pour ce qui s'est produit avec le navire St. Louis.
Nous devons nous rappeler qu'une telle situation peut se produire ici. C'est l'une des choses que je veux dire avant de terminer mon intervention. Nous devons toujours nous rappeler que cela peut se produire ici et demeurer vigilants.
Examinons ce qui s'est passé avec le décret. Je pense que le gouvernement a bien agi en précisant immédiatement que les citoyens canadiens et les résidents permanents du Canada ne devraient pas être touchés par le décret. C'était une bonne première mesure à prendre.
Nous devons maintenant déterminer si nous devrions augmenter le nombre de réfugiés parrainés par le secteur privé ou permettre à un plus grand nombre de réfugiés de venir au Canada en raison de ce décret. Je pense que le gouvernement devrait être prêt à envisager d'augmenter le nombre de réfugiés parrainés par le secteur privé. Je crois que le nombre total de réfugiés devrait faire l'objet d'un consensus international parce que nous ne pouvons pas réagir de manière unilatérale à ce qu'un autre pays fait quand nous ne sommes qu'un tout petit pays sur la scène internationale. À mon avis, nous devrions parler à nos homologues internationaux pour voir s'il y a une intervention internationale.
En ce qui concerne l'Entente sur les tiers pays sûrs, je tiens à dire que je me suis penché sur la question et que je ne vois pas, pour l'instant, quelles pourraient être les répercussions sur une personne se voyant refuser l'entrée aux États-Unis comme réfugié après avoir accosté aux États-Unis, puis décidant de se rendre plutôt au Canada. C'est dans une telle situation que l'entente s'appliquerait. Le ministre a l'obligation d'examiner régulièrement les quatre piliers de l'entente. Je suppose qu'il le fera. Si les États-Unis refusent de considérer comme des réfugiés des personnes ayant atteint leurs côtes en vertu de conventions internationales au cours des 120 prochains jours, je suis persuadé que le ministre réagira. À ce stade-ci, je crois comprendre que les États-Unis n'agissent pas de cette façon à l'endroit des personnes atteignant leurs côtes, mais il s'agit d'une importante possibilité à prendre en considération.
Je remercie le NPD d'avoir soulevé la question.
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Madame la Présidente, je suis heureux de participer au débat de ce soir. Je remercie le député de de partager son temps de parole avec moi. C'est un orateur très passionné, comme nous l'avons vu. Prendre la parole après lui représente donc un défi.
La plupart des députés conviendront probablement avec moi que le monde traverse des moments très difficiles. Mais malgré le geste des États-Unis et l'attaque terroriste qui s'est produite il y a quelques jours, le Canada continue de se montrer compatissant et aimant. Je suis extrêmement fier de la façon dont le a réagi au décret des États-Unis, en affirmant que le Canada accueillerait les personnes dans le besoin et celles que le décret laissait dans les limbes.
Nous traversons ce qui est peut-être la pire crise humanitaire de notre époque. La guerre civile a fait 250 000 morts et encore plus de blessés. En Syrie, 13,5 millions de personnes ont besoin d'aide de toute urgence et 6,5 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du territoire. De plus, 4,8 millions de personnes ont fui le pays.
Cependant, notre réponse et celle des Canadiens, la générosité dont les gens ont fait preuve partout au pays ainsi que les mesures prises par le gouvernement actuel ont permis d'offrir près de 1 milliard de dollars en aide humanitaire. Les Canadiens ont à eux seuls donné plus de 30 millions de dollars, et le gouvernement fédéral a versé un montant équivalent. Je crois que la crise nous a incités à donner le meilleur de nous-mêmes.
Dans ma circonscription, , plus de 200 réfugiés syriens ont élu domicile à Kingston. Au Canada, nous accordons beaucoup de valeur à la diversité, car nous savons qu'elle nous rend meilleurs.
Il y a quelques mois, j'ai vécu une expérience très intéressante. J'ai participé à une activité organisée pour remercier des gens de tout le travail qu'ils avaient fait pour aider les Syriens à venir au Canada. J'ai eu la chance de prendre la parole afin de remercier toutes les organisations de leur travail, y compris Centraide, le Club Rotary, les autres organisations qui ont apporté leur contribution et les gens qui ont fait preuve de générosité. Je les ai remerciés de ce qu'ils ont fait pour les Syriens afin qu'ils puissent venir au Canada et s'établir à Kingston.
Après cette activité, un homme m'a dit: « Vous avez bien fait de remercier tous les gens de leur contribution, mais vous n'avez pas remercié les Syriens d'être venus au Canada. » Sur le coup, je n'ai pas très bien compris, et il m'a alors expliqué quelque chose qui tombait sous le sens. Lorsqu'on pense aux réfugiés qui se déplacent dans le monde entier, qui ont décidé de partir avec leur famille, qui ont voyagé par bateau, qui ont vécu dans des camps de réfugiés, qui se sont battus contre le système pour se rendre en lieu sûr, on se dit que c'est précisément ce genre de personnes qu'il nous faut dans nos collectivités. C'est ce genre de personnes qui rendent nos collectivités meilleures, qui sont le moteur économique des collectivités. Voilà pourquoi la diversité et l'accueil des immigrants et des réfugiés du monde entier sont extrêmement importants.
Je suis moi-même issu de deux immigrants dont les parents ont choisi de venir au Canada après la Seconde Guerre mondiale, dans les années 1950, une époque marquée par d'importants déplacements de population en Europe.
Ce soir, nous discutons plus précisément du décret. Bien qu'il s'agisse d'une période d'incertitude pour certains, le gouvernement du Canada collabore avec le gouvernement américain afin d'obtenir des précisions sur les effets du récent décret. Le ministre a déjà répondu à nombre de questions cruciales, mais le gouvernement continuera de s'entretenir avec des représentants du gouvernement américain afin d'obtenir de plus amples renseignements et de tenir les Canadiens informés.
Tandis que nous continuons de chercher à obtenir des précisions, je peux garantir à la Chambre que rien n'a changé dans l'attitude du Canada à l'égard de l'immigration et du traitement humanitaire de ceux qui ont besoin de protection.
Il est important de souligner que les États-Unis ont toujours été un allié solide dans la réinstallation de personnes vulnérables et persécutées venant d'un peu partout dans le monde. Avec le Canada et l'Australie, les États-Unis font partie depuis quelques années des trois pays ayant accueilli le plus grand nombre de réfugiés réinstallés. Nous savons que le nouveau gouvernement a mis en veilleuse une partie de son programme de réinstallation, le temps de procéder à un examen de sa politique. Nous maintiendrons une communication étroite avec les États-Unis et nous avons hâte de pouvoir prendre connaissance des résultats de l'analyse faite par le gouvernement de ce pays, une fois que celle-ci sera terminée.
Entretemps, nous continuerons de dialoguer avec les États-Unis, avec d'autres proches alliés dans le monde ainsi qu'avec l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, afin de pouvoir respecter les engagements pris en matière de réinstallation des réfugiés.
Bref, en ce qui concerne les réfugiés, le Canada continuera de concentrer ses efforts sur les plus vulnérables, quelles que soient leur religion ou leur appartenance ethnique. Le Canada a toujours joué un rôle dans ce domaine et il continuera de le faire. Comme le le dit toujours, la diversité fait notre force. Le premier ministre souligne aussi que, dans sa politique sur les réfugiés et l'immigration, le Canada fait preuve d'ouverture, mais aussi de rigueur. Les autorités canadiennes veillent à ce que les règles soient suivies et à ce que les questions de sécurité soient toujours traitées avec sérieux.
Des gens ont demandé au gouvernement du Canada quelle incidence le décret émis récemment par le gouvernement des États-Unis pouvait avoir sur les politiques canadiennes relatives aux réfugiés et à l'asile qui leur est accordé au Canada. Par exemple, certaines personnes se demandent si le décret change quelque chose à l'Entente sur les tiers pays sûrs conclue entre le Canada et les États-Unis. C'est une question qui a été posée à répétition ce soir. Selon cette entente, les demandeurs d'asile doivent faire leur demande dans le premier pays où ils se réfugient à moins d'être admissibles à une exemption. Ce principe est reconnu par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés.
L'Entente sur les tiers pays sûrs demeure un outil important pour le travail qu'effectuent ensemble le Canada et les États-Unis afin d'assurer le traitement approprié des demandes qu'ils reçoivent de la part de réfugiés. La Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés exige un examen continu des États désignés tiers pays sûrs, qui vise à vérifier si les tiers pays sûrs satisfont toujours aux critères de désignation. D'après ce que je comprends, rien n'indique au gouvernement du Canada que le décret a une incidence sur le système américain d'octroi de l'asile.
Le ministre nous a dit qu'il continuera à suivre la situation. Entretemps, l'Entente sur les tiers pays sûrs demeure en vigueur. Le Canada possède et maintiendra un solide système d'octroi d'asile qui offre une protection aux gens qui en ont véritablement besoin. Le système comprend des mesures de sauvegarde pour assurer qu'on ne renvoie pas ceux dont la vie serait en danger et qui risquent la persécution. Je crois fermement qu'aucun changement ne sera apporté à cet égard.
En terminant, je tiens à dire qu'il est toujours facile de faire marche arrière, comme nous l'observons dans d'autres parties du monde. Nous voyons des pays faire marche arrière. Dans bien des cas, ce n'est pas ce que le Canada a fait. Nous avons plutôt été une lueur d'espoir accueillante pour de nombreux réfugiés de partout dans le monde. En tant que nouveau pays au début du XXe siècle, nous avons accepté des milliers de Juifs persécutés. Entre 1947 et 1952, 250 000 Européens déplacés sont venus au Canada. En 1956, 37 000 Hongrois ont fui la tyrannie soviétique. En 1968 et en 1969, nous avons accueilli 11 000 réfugiés tchèques. Entre 1970 et 1980, plus de 60 000 réfugiés de la mer ont trouvé refuge au Canada après la guerre du Vietnam. En 1999, le Canada a accueilli plus de 5 000 Kosovars.
Comme le président Obama l'a dit lorsqu'il est venu ici, la planète a besoin d'autres pays comme le Canada. Je suis tout à fait d'accord. J'ai mentionné plus tôt que mes parents étaient immigrants. Comme l'une des mes collègues l'a souligné plus tôt, à l'exception des personnes d'origine autochtone ou des membres de Premières Nations, nous sommes tous des immigrants. Nous sommes tous venus ici, et nous avons contribué à faire du Canada ce qu'il est, c'est-à-dire un merveilleux pays.
Mon grand-père, qui vivait en Hollande, s’est caché pendant toute la fin de la Seconde Guerre mondiale. En tant que Hollandais, il avait peur des Allemands qui ratissaient littéralement Amsterdam pour arracher les hommes à leur famille et les envoyer travailler dans les usines. Il s’est caché pendant deux ans. Lorsqu’il a pu finalement marcher librement dans les rues d’Amsterdam, ce sont des soldats canadiens qu’il a croisés. C’est alors qu’il a décidé de partir au Canada avec sa famille.
Voilà la réputation que nous avons dans le monde. Le monde entier sait que le Canada est ouvert et disposé à accepter les gens dans le besoin. Je n’aurais pas pu être plus fier de la façon dont le a répondu, même si on lui a reproché le moyen qu’il a utilisé pour cela. Mais il n’a pas tardé à réagir en rappelant au monde que le Canada serait là pour répondre aux besoins des plus vulnérables.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Vendredi dernier, la planète était consternée quand les États-Unis ont annoncé leur décision d'interdire l'immigration en provenance de sept pays musulmans. À la lumière de cet événement catastrophique d'envergure planétaire, je ressens de l'espoir et un profond sentiment de fierté du fait de prendre la parole ici aujourd'hui et réfléchir à la bienveillance et à la générosité avec lesquelles les Canadiens accueillent les nouveaux arrivants au pays.
Quand nous pensons au Canada, nous pensons à un pays qui est conscient et fier d'avoir été bâti grâce à l'immigration. Au fil des ans, la convergence de nombreuses cultures différentes de partout dans le monde n'a que renforcé le pays.
En tant qu'immigrant au Canada moi-même, je suis extrêmement fier de l'apport des différentes populations d'immigrants au pays. Je suis également immensément fier de dire que je suis citoyen d'un pays qui accueille des immigrants sans réserve et qui offre une nouvelle vie à des réfugiés.
Le Canada doit continuer d'être un phare pour ceux qui cherchent refuge contre le danger, peu importe leur religion ou leur origine. Il ne s'agit pas d'un pays qui pratique la discrimination contre ceux qui ont besoin d'aide. Il ne s'agit pas d'un pays dans lequel la peur sèmera un jour la division et l'hostilité. Il s'agit d'un pays plus fort, plus sûr et plus prospère que jamais grâce à l'apport des immigrants.
Le fait est que, lorsqu'un pays ouvre ses portes et accueille des immigrants, il en tire des bienfaits pour les générations à venir. L'immigration a fait du Canada un pays plus diversifié et plus prospère grâce à la contribution des nouveaux arrivants, qui mettent leur savoir et leur expérience au service du marché du travail, ce qui renforce l'économie.
Les immigrants ont été reconnus comme étant des entrepreneurs et des employés particulièrement motivés, dévoués et innovateurs. Bien sûr, les bienfaits de l'immigration ne se limitent pas à cela. Les immigrants contribuent également à l'armée, aux services de secours, aux arts, au milieu universitaire et à la fonction publique.
Au-delà des bienfaits économiques de l'immigration, les collectivités du Canada sont plus dynamiques et vivantes grâce à la diversité ethnique. Je suis fier de représenter Markham—Unionville, l'une des circonscriptions les plus riches en immigrants.
Le Canada est un pays qui accueille les nouveaux arrivants, car nous sommes un peuple tolérant et compréhensif. Les Canadiens ont à coeur d'aider les réfugiés par tous les moyens possibles. Dans des périodes difficiles, comme celle que nous vivons, où tout le monde doute de la compassion des gens en réponse à la crise des réfugiés, il est important que le Canada exprime son soutien inconditionnel aux réfugiés et aux immigrants de toutes les origines.
C'est pourquoi je suis si chagriné par l'attaque terroriste qui a eu lieu à Québec cette semaine, lors de laquelle des pratiquants musulmans innocents ont été tués dans l'un des endroits les plus sûrs de notre pays. Les Canadiens et les gens du monde entier savent que la haine et l'intolérance n'appartiennent pas au Canada, et au Québec, que je connais et que j'aime.
La gestion du dossier de l'immigration par les libéraux a été synonyme d'improvisation et d'incompétence. Ils n'ont pas accordé la priorité aux victimes de génocide en Irak et en Syrie. Il ne fait aucun doute que les pays comme le Canada et les États-Unis ont la responsabilité de protéger les populations persécutées par le groupe État islamique. Sont inclus les yézidis, les assyriens, les chrétiens et les musulmans.
Le gouvernement a appuyé la motion conservatrice visant à accélérer l'accueil de réfugiés yézidis au Canada et il s'est engagé à agir dans les 120 jours. Cet engagement a été pris en octobre dernier. Le délai prendra fin le 22 février, et aucun plan n'a été présenté aux Canadiens. Les libéraux excellent à la prise d'engagements qu'ils ne comptent pas respecter. Nous avions toutefois osé espérer que, pour cette question de vie ou de mort, ils n'oseraient pas formuler des promesses creuses. Doit-on penser qu'ils n'envisagent pas sérieusement de venir en aide aux victimes de génocide?
Le groupe État islamique continue de perpétrer des horreurs sans nom contre le peuple yézidi dans le Nord de l'Irak, qui subit notamment des viols, des mutilations et la réduction à l'esclavage. Des milliers de femmes et de filles yézidies sont toujours maintenues en captivité. Nous devons agir maintenant. Pour les cas de réinstallation au Canada, le précédent gouvernement conservateur a toujours accordé la priorité aux minorités sexuelles, ethniques et religieuses persécutées.
Nous demandons au gouvernement libéral d'établir une cible précise de réfugiés yézidis qui seront accueillis au Canada immédiatement. Il est primordial que le gouvernement traite promptement les demandes d'asile des yézidis afin que les victimes de persécution par le groupe État islamique trouvent refuge en s'installant dans notre pays.
Les libéraux ont échoué lamentablement à maintenir nos normes élevées en matière de protection des droits de l'homme. Non seulement ont-ils hésité à nommer ces crimes pour ce qu'ils sont, un génocide, mais ils ont également laissé tomber nos alliés dans la lutte contre le groupe État islamique lorsqu'ils ont mis fin à notre mission de combat et retiré nos CF-18.
Au cours de la dernière année, les conservateurs ont formulé de nombreuses recommandations pour aider les yézidis. Nous avons demandé à traiter la déclaration de génocide comme un appel à l'action immédiat pour le Canada qui requiert une approche pangouvernementale axée en particulier sur les domaines de l'aide humanitaire, de l'intervention militaire et de la réinstallation.
Nous avons imploré le gouvernement de donner suite aux recommandations formulées par les Nations unies en juin 2016, qui préconisent le traitement accéléré des demandes d'asile des yézidis qui sont des victimes du génocide. Il devrait revoir le processus employé par les Nations unies pour sélectionner les réfugiés qui feront partie de la catégorie des réfugiés parrainés par le gouvernement et encourager des changements, au besoin.
Le gouvernement doit examiner la nécessité de rétablir l'exemption pour les réfugiés syriens et irakiens dans le cadre du programme de parrainage privé des réfugiés, qui avait été plafonné, afin de tirer pleinement profit de la générosité des parrains privés du Canada.
IRCC doit passer en revue les délais de traitement au Canada des demandes d'asile présentées par les victimes de génocide, dans la catégorie des réfugiés parrainés par le gouvernement et celle des réfugiés parrainés par le secteur privé, et apporter des améliorations au processus. Des cibles précises doivent être fixées pour le nombre de victimes de génocide dans nos programmes de parrainage de réfugiés et des mécanismes doivent être mis en place pour déterminer si ces cibles sont atteintes afin de mesurer l'efficacité du processus.
Bref, nous devons examiner et mettre en oeuvre des moyens innovateurs de déterminer les victimes de génocide. Il est reconnu que beaucoup d'entre elles éprouvent des difficultés une fois qu'il est connu qu'elles font partie du processus de sélection des Nations unies.
Au sujet des réfugiés syriens, les libéraux semblent avoir traité cette crise comme une affaire de chiffres, ne se souciant que du nombre de réfugiés qu'ils pouvaient faire venir au Canada en peu de temps. Malheureusement, ils ont omis de tenir compte des répercussions à long terme.
La crise des réfugiés syriens est une tragédie. Tous les Canadiens veulent aider ceux qui sont dans cette situation. Le Canada est un pays ouvert et généreux. Les conservateurs croient, comme nous nous y sommes engagés lors de la campagne électorale, que le Canada devrait pousser plus loin la générosité et réinstaller plus de Syriens qui fuient la persécution. C'est une crise humanitaire terrible et le Canada doit aider.
Toutefois, le plan présenté par les libéraux montre, une fois de plus, une augmentation astronomique des coûts estimatifs par comparaison à ce qu'indiquait leur programme. Ils n'ont pas tenu compte des choses essentielles dont auraient besoin les Syriens, comme des cours de langue, de la formation professionnelle, de l'aide à la recherche d'emploi et, ma foi, de la nourriture. Les réfugiés syriens ont été forcés de recourir aux banques alimentaires municipales, ce qui a causé beaucoup de tourments à d'autres personnes.
J'arrête ici puisque mon temps de parole est écoulé.
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Madame la Présidente, c'est avec plaisir que je prends la parole sur un sujet qui a attiré un peu l'attention à l'échelle internationale, soit la réaction au décret du président des États-Unis pendant la fin de semaine. J'ai commencé à recevoir des gazouillis, des textos et des courriels d'habitants de ma circonscription, notamment d'un avocat dont l'ami s'est un peu embourbé dans cette affaire.
Il est important que la Chambre examine ces questions. Je n'ai aucun problème avec cela, mais nous devons les examiner selon un point de vue canadien. Nous ne sommes pas des législateurs américains. Ce n'est pas nous qui rédigeons leurs lois. Nous ne faisons pas partie de l'appareil judiciaire des États-Unis. Nous ne faisons pas partie du pouvoir exécutif des États-Unis. Nous sommes des législateurs canadiens, et c'est sur cela que nous devons nous concentrer.
Je suis moi-même un immigrant dans ce merveilleux pays. Lorsque j'étais jeune, j'ai quitté le Royaume-Uni avec mes parents pour m'installer ici. Je suis bien placé pour vous dire que le Canada est un pays qui offre de nombreux avantages, de magnifiques possibilités pour ceux qui souhaitent avoir une meilleure vie. Nous avons tous notre propre histoire. J'ai des histoires de mon enfance. Je me souviens d'avoir aidé, lorsque j'avais 4 ans, à faire mes bagages pour le voyage au Canada. Je voulais apporter deux jouets, mais il n'y avait de place que pour un jouet dans l'unique valise dont nous disposions. Je croyais faire un énorme sacrifice, mais il y a bien sûr de nombreux autres exemples de bien plus grands sacrifices. C'est une leçon dont je me souviens. Il faut faire de nombreux sacrifices pour venir au Canada, mais la possibilité de faire partie de ce merveilleux pays, de cette merveilleuse société, est un sacrifice qui vaut presque toujours la peine.
Notre pays s'est bâti sur les rêves des peuples autochtones, certes, mais aussi sur ceux de nombreuses générations d'immigrants, dont plusieurs avaient fui l'oppression. Le Canada est devenu un symbole d'accueil pour le monde entier. Nous devons absolument continuer d'accueillir des immigrants de tous les coins de la planète, de toutes les origines et de toutes les religions. Nous avons certaines exigences, évidemment, par exemple que les immigrants respectent nos lois. Ces gens aspirent à une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs enfants, s'ils en ont. L'immigration enrichit notre culture et notre économie, nous avons pu le constater encore et encore. Il ne faut jamais l'oublier.
Comme je l'ai brièvement mentionné, le décret des États-Unis touche les trois ordres de pouvoirs du gouvernement. Tous les trois y travaillent actuellement, y compris le pouvoir judiciaire. Ce décret a des répercussions dans le monde entier. Pendant la fin de semaine, c'est-à-dire immédiatement après la publication du décret, ceux d'entre nous qui recevaient des appels téléphoniques, des courriels, des messages textes et des gazouillis ont été soulagés d'apprendre que les restrictions ne toucheraient pas les détenteurs d'un passeport canadien. Comme il se produit chaque jour une multitude d'activités commerciales et de déplacements entre le Canada et les États-Unis, des bouleversements inutiles auraient des effets dévastateurs, je suis sûr que nous en conviendrons tous.
Le Canada a toujours pris au sérieux sa responsabilité de surveiller sa frontière commune avec les États-Unis et d'en assurer la sécurité. Nous sommes tout à fait conscients que nous vivons dans un monde dangereux et qu'il faut demeurer vigilants à bien des égards. Les restrictions imposées par les États-Unis ont semé la confusion et la colère, cela ne fait aucun doute. Sur une note plus positive, elles ont aussi déclenché une conversation d'envergure internationale, dont faite partie notre débat de ce soir, qui nous donne la chance d'examiner nos valeurs, nos croyances et nos lois.
Le début de notre débat m'a rappelé que le Canada et les États-Unis doivent travailler ensemble pour protéger les groupes persécutés par l'EIIS, notamment les yézidis, les Assyriens, les chrétiens et bien sûr les musulmans. Il faut protéger ces groupes contre l'esclavage, le viol et le génocide.
Les conservateurs ont demandé au gouvernement libéral d'accélérer l'accueil de réfugiés yézidis au Canada. Je dois souligner que nous n'avons pas reçu de réponse appropriée jusqu'à présent.
J'ai visité les camps de réfugiés en Irak l'été dernier. Des témoins m'ont parlé du traitement brutal que le groupe État islamique réserve aux minorités religieuses. Au cours des trois jours que j'ai passés sur le terrain, dans la région, j'ai entendu d'horribles histoires de massacres, de femmes et d'enfants vendus comme esclaves, violés et torturés, ainsi que de voisins forcés à se battre les uns contre les autres. La situation là-bas est un véritable cauchemar.
J'ai rencontré des chefs de gouvernements locaux, y compris le président du Parlement du Kurdistan, qui a bien accueilli notre attention et a réclamé notre appui. J'ai été profondément frappé par la résilience et la foi inébranlable des yézidis, des minorités chrétiennes et des Syriens musulmans. Toutefois, ces groupes éprouvent aussi un profond désespoir en raison des massacres qui se poursuivent dans les régions toujours contrôlées par le groupe État islamique, et nous devons en faire davantage. Nous devons faire tout en notre pouvoir pour redonner espoir à ces minorités persécutées et leur offrir la possibilité d'améliorer leur sort.
Faire venir des victimes yézidies au Canada devrait être l'une des priorités du gouvernement mais, inexplicablement, il ne cesse de se traîner les pieds. Le gouvernement s'est engagé en octobre dernier à agir dans les 120 jours. Ce délai prendra fin le 22 février. Quand verrons-nous le plan?
C'est aussi une bonne occasion d'examiner le bilan du gouvernement, y compris les problèmes persistants qui nuisent à l'intégration des réfugiés syriens, notamment en ce qui concerne l'octroi des ressources adéquates et des appuis nécessaires pour que les réfugiés puissent s'adapter à leur nouveau milieu de vie. Ce sont là de sérieux problèmes. Comme on le sait, le peuple canadien est généreux. Avec le Programme de parrainage privé des réfugiés, les Canadiens ont ouvert leur coeur et leur collectivité, mais beaucoup trop de groupes et de réfugiés ont été laissés à eux-mêmes en raison des lourdeurs administratives.
Les conservateurs demandent au gouvernement libéral de tenir ses promesses. Tous les députés s'entendent pour dire que, même s'il doit se montrer vigilant, le Canada doit continuer à manifester de la compassion quand il s'agit d'immigration. J'espère sincèrement que le gouvernement fera tout en son pouvoir à cet égard, notamment en accueillant les minorités persécutées par le groupe État islamique et qu'il collaborera avec nos alliés de partout dans le monde en vue de protéger nos citoyens et nos collectivités.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée d'.
D'entrée de jeu, j'aimerais invoquer l'image de la statue de la Liberté, ce merveilleux colosse qui incarne la liberté en brandissant haut dans le ciel une torche qui symbolise celle-ci. C'est sa silhouette qui, au loin, accueille les millions de personnes qui, de partout dans le monde, arrivent par bateau pour goûter à la liberté que leur offrent les États-Unis. Conçue par Frédéric Bartholdi dans les années 1870, la statue de la Liberté a été donnée en guise de cadeau par le peuple français aux États-Unis en 1886. Son nom au complet est « La liberté éclairant le monde ». À ses pieds se trouvent des chaînes brisées.
Pour l'installer sur un socle dans le port de New York, les autorités ont demandé des fonds à des barons du milieu des affaires new-yorkais. Cette campagne s'est toutefois soldée par un échec. Par la suite, Joseph Pulitzer, du New York Word, a lancé dans son journal un appel aux dons. Plus de 120 000 Américains moyens ont répondu à cet appel, chacun donnant moins d'un dollar.
Pour célébrer l'installation définitive de la statue, des centaines de milliers de New Yorkais ont participé au tout premier défilé de type « tickertape » dans les rues de la ville, et le président Grover Cleveland a présidé une cérémonie d'inauguration. Les mots suivants sont inscrits sur le socle de la statue de la Liberté: « Donnez-moi vos pauvres, vos exténués, qui en rangs serrés aspirent à vivre libres ». Cette inscription est devenue un principe américain que mémorisent depuis des générations des millions d'enfants nés dans un pays libre. C'est un principe que partagent les Canadiens.
Cette semaine, les Américains se sont rassemblés par centaines de milliers, non pas pour fêter aux points d'entrée aux États-Unis, mais pour protester. Des dizaines de milliers de Canadiens les ont appuyés par solidarité. Le , invoquant l'esprit de l'inscription à la base de la statue de la Liberté, a publié sur Twitter: « À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera, indépendamment de votre foi. La diversité fait notre force. #BienvenueAuCanada »
Que cela soit bien clair. Le décret du président américain contrevient aux principes fondateurs que sont la démocratie libérale, l'égalité, la liberté de religion ainsi que le soutien et la compassion avec lesquels nous avons toujours tendu la main à ceux qui souffrent de la tyrannie politique et de la persécution religieuse. Il fait le jeu de Daech et d'Al-Qaïda et imite leurs discours, disant qu'il n'y a pas de place pour les musulmans dans l'Occident démocratique libéral.
Le décret présidentiel vise sept pays musulmans tout en exemptant leur minorités chrétiennes et non musulmanes. Les plus touchés sont les réfugiés de la Syrie. Ils risquent d'être indéfiniment interdits de territoire. Ils comptent également parmi les réfugiés les plus éprouvés et les plus vulnérables de la planète. Ils ont fui le régime de Bachar al-Assad, qui, en février 2012, il y a cinq ans, avait tué plus de 500 enfants et en avait arrêté et torturé brutalement 400 autres et qui larguait régulièrement des bombes chimiques sur les quartiers où habitaient des opposants. D'autres Syriens ont fui la secte sanguinaire Daech, qui s'adonne à des exécutions publiques perverses et à des génocides ethniques. D'autres encore ont fui des villes comme Alep, où la force aérienne de Poutine a bombardé des zones civiles tout en visant les écoles, les hôpitaux, les marchés et les boulangeries, laissant les villes en ruines et décimées.
C'est comme si Assad, Daech et Poutine avaient ouvert les portes de l'enfer en Syrie. Au cours des six dernières années, 400 000 civils syriens ont été tués. Aujourd'hui, on compte 7,6 millions de Syriens déplacés à l'intérieur de la Syrie et 4,8 millions de réfugiés syriens. Sur une population de 23 millions, 13 millions sont soit morts soit déplacés. Ce sont ces gens fatigués, pauvres et entassés pour qui l'espoir représenté par le flambeau de la statue de la Liberté s'est éteint.
À ceux qui craignent désespérément qu'une montée de nativisme et de xénophobie dans les démocraties libérales traverse les frontières du Canada, j'aimerais signaler que, au Canada, le a nommé un nouveau . Le ministre avait 16 ans lorsqu'il été accueilli dans notre pays en tant que réfugié en provenance de la Somalie, qui figure parmi les sept pays musulmans visés par le décret.
La mère de la nouvelle est née dans un camp de déplacés ukrainiens.
La nouvelle est la petite-fille de déplacés juifs qui ont survécu à l'Holocauste.
En tant que fils et petit-fils de réfugiés qui sont venus au Canada après la Seconde Guerre mondiale, j'étais très fier lors de la cérémonie d'assermentation à laquelle le et ces nouveaux ministres ont pris part, il y a trois semaines. Cependant, c'était non seulement un événement émouvant sur le plan personnel, mais aussi une façon de réaffirmer que le Canada continuera de représenter une lueur d'espoir pour la multitude de gens qui cherchent un refuge, un sanctuaire où l'on croit aux valeurs universelles de l'humanité que sont la liberté, l'égalité et la fraternité.
La promesse sacrée du Canada d'accorder l'asile et le respect à tous ceux qui veulent jouir des libertés garanties par le Canada, y compris la liberté de culte et la liberté de vivre sans craindre la violence nourrie par la haine, a été profanée de façon horrible la semaine dernière. Dans un lieu de culte, pendant la prière du soir, des innocents ont été abattus simplement en raison de leur foi musulmane.
Alexandre Bissonnette a bu au funeste calice de peur et de haine que brandissent des individus pour qui musulman rime avec menace. Or, la menace qui plane n'émane pas de nos concitoyennes et concitoyens musulmans, mais bien de ceux dont l'esprit a été corrompu par des boniments discriminatoires et dégoulinants de peur et de haine, violence à la clé.
Le temps est venu de réaffirmer nos valeurs haut et fort. Comme l'a fait un peu plus tôt le , je rappelle nos principes à la Chambre. Il s'agit de l'ouverture — l'ouverture aux idées, l'ouverture à l'autre, l'ouverture aux personnes qui désirent s'installer ici pour améliorer leur sort — et de la compassion, comme toujours, envers quiconque cherche refuge dans notre pays.
En font foi l'accueil que le Canada a réservé à plus de 46 000 réfugiés l'an dernier, dont plus de 35 000 Syriens, ainsi que la générosité des dizaines de milliers de Canadiens qui ont non seulement accueilli, mais aussi parrainé à titre privé au-delà de 16 000 réfugiés syriens.
En fait foi notre engagement à porter les niveaux d'immigration à plus de 300 000 en 2017, le seuil étant désormais fixé à 300 000. En fait foi notre engagement à faire venir 40 000 réfugiés et personnes protégées au Canada en 2017, deux fois plus qu'au cours des années passées, des réfugiés provenant de pays comme l'Iran, l'Irak, la Syrie, le Yémen, la Somalie, le Soudan et la Libye. En font foi les engagements du gouvernement actuel et le bilan des libéraux au fil du temps.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, plus d'un million de réfugiés ont pris le Canada pour patrie. Ils sont venus de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique ou du Moyen-Orient et appartiennent à divers groupes religieux et ethniques. Bien qu'un océan nous sépare de l'ancien monde, le Canada accueille le dixième des réfugiés réinstallés dans le monde.
En début d'intervention, j'ai évoqué l'image et l'héritage de la statue de la Liberté ainsi que l'histoire des États-Unis. Voilà plus d'un siècle que la statue de la Liberté porte le flambeau qui brille pour les rejetés et les sans-patrie. En 1984, à l'approche du centenaire de ce monument, l'UNESCO l'a désignée site du patrimoine mondial et affirmé qu'elle constitue « un chef-d'oeuvre de l'esprit humain...un symbole extrêmement fort...d’idéaux comme la liberté, la paix, les droits de l’homme, l’abolition de l’esclavage, la démocratie et la chance. »
Aujourd'hui, le nativisme, la xénophobie, les murs et un décret présidentiel interdisant les réfugiés musulmans plombent l'atmosphère. Les idéaux que symbolise la statue de la Liberté auront raison de cette obscurité passagère.
Entretemps, le Canada doit être la ville au sommet de la colline qui sert d'inspiration au reste du monde et de phare pour ceux à la recherche d'un refuge, les exténués et les masses innombrables aspirant à vivre libres.
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Monsieur le Président, je veux d'abord remercier la présidence d'avoir autorisé la tenue de ce débat ce soir. C'est un débat très important.
Nous devons tous de sincères remerciements à ma collègue néo-démocrate, la députée de , pour son travail inlassable dans ce dossier. En effet, elle et moi avons échangé des courriels toute la fin de semaine à propos de l'incidence de cette interdiction dans nos circonscriptions et dans notre pays. Je suis fière que nous nous exprimions ici ce soir pour dénoncer cette interdiction dans le cadre d'un débat d'urgence demandé par le NPD. Nous prenons la question incroyablement au sérieux, car elle a une incidence sur la vie de tant de Canadiens, de tous les Canadiens, en fait, car un Canadien est un Canadien.
Nous sommes ici à la Chambre en réponse à la situation hors de l'ordinaire dans laquelle nous nous trouvons. Nous sommes ici pour débattre du décret émis par le président Trump interdisant les déplacements de l'ensemble des réfugiés et des personnes provenant de sept pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord. Je le répète, car j'ai l'impression que certains députés ne comprennent pas bien la raison de notre présence ici et la raison pour laquelle des centaines de personnes ont attendu au froid ce soir afin de se joindre à nous à la tribune pour ce débat très important.
Nous devons prendre le temps de bien comprendre ce qui se passe, car avant vendredi, je n'aurais jamais imaginé que nous verrions notre plus proche voisin et allié vivre des moments si sombres, et nos compatriotes canadiens et leur famille originaires de l'un des sept pays se trouver aux prises avec cette interdiction, qui n'est rien de moins que de la discrimination envers nos frères et nos soeurs musulmans de ces sept pays. Nous ne sommes pas ici pour minimiser le bon travail que le gouvernement a fait pour installer les réfugiés l'année dernière. Personne ne conteste ce bon travail. Nous sommes ici pour discuter de ce que nous allons faire à la suite du décret récent et très grave du président Trump. Les Canadiens doivent rejeter toute interdiction fondée sur la race, la religion ou le lieu de naissance. Ce genre d'interdiction encourage la haine et l'intolérance.
En octobre 2016, la Chambre des communes a appuyé à l'unanimité une motion présentée par le chef du NPD, le député d', condamnant toute forme d'islamophobie. Quelque 69 742 Canadiens ont signé la pétition et font partie de ceux qui nous demandent maintenant de réagir à cette mesure très importante. Ils sont probablement parmi les centaines de personnes qui sont actuellement à la tribune ou qui ont fait la file plus tôt ce soir, parmi celles qui sont à la maison et nous regardent dénoncer cette discrimination, et les milliers de personnes qui nous ont envoyé des courriels et nous ont téléphoné depuis vendredi.
J'aimerais lire une citation, car, ce soir, on nous demande d'en faire plus. Il s'agit d'une citation de mon ami, Maher El-Masri, qui est président du Conseil islamique de Windsor. Il a déclaré: « Il ne suffit plus de dénoncer l'islamophobie. La montée du sentiment anti-islamique a atteint des proportions dangereuses, qui menacent le tissu même de notre société. »
Cette interdiction aura des répercussions désastreuses pour des milliers de voyageurs et de réfugiés innocents. Le Canada doit assumer ses responsabilités et faire sa part.
Ce soir, de nombreux députés ont fait allusion aux membres de leur famille ou à leur passé, aux gens qui se sont battus pour notre pays, pour que nous puissions jouir de libertés ou à ceux qui se sont joints aux forces alliées lors de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Un débat a eu lieu dans la vénérable enceinte où nous siégeons aujourd'hui. La décision n'a pas été facile, mais le Canada a fait le choix de ne pas être passif et de se joindre au combat. On nous demande maintenant de faire encore une fois notre part.
Ma circonscription, Essex, se trouve à la frontière avec les États-Unis. Nous entretenons des liens très étroits avec nos amis et voisins américains. Le Canada doit obtenir de plus grandes assurances pour ceux qui se rendent aux États-Unis et qui sont nés dans l'un des sept pays visés ou qui possèdent la double nationalité avec l'un de ceux-ci.
Depuis tôt samedi dernier, soit depuis que l'on a commencé à ressentir aux postes frontaliers de Windsor et de Detroit les effets de l'interdiction, notre bureau à Essex reçoit un grand nombre d'appels, de courriels et de messages de la part d'habitants de la circonscription. L'interdiction a une incidence sur de nombreuses personnes. De nombreux professionnels dans notre région traversent la frontière chaque jour pour aller travailler ou pour rendre visite à des membres de leur famille. Ils se sentent incertains et ils se sentent également ciblés.
Dans Essex, notamment dans la ville de LaSalle, de nombreuses familles canadiennes et de nombreux résidents permanents viennent de l'un des sept pays visés par l'interdiction.
Au cours de la fin de semaine, il y a eu beaucoup de confusion à la frontière. Les directives et les renseignements fournis aux agents des services frontaliers du Canada n'étaient pas suffisants. Nous avons été informés que les autorités américaines n'avaient pas fourni de directives précises aux autorités canadiennes, et il y a donc eu de la confusion quant à savoir qui pouvait traverser la frontière. En effet, des gens se sont vu refuser l'entrée aux États-Unis et ont été renvoyés au Canada.
Pendant ce temps, notre gouvernement est demeuré silencieux. Nous avons cherché des réponses. Nous avons cherché des renseignements, mais nous n'avons rien trouvé sur les sites Web officiels du gouvernement. J'ai travaillé très tard samedi soir avec mon équipe, dans Essex, afin de tenter de répondre aux questions des gens qui nous appelaient. Nous avons communiqué avec le gestionnaire de l'ASFC à Windsor. Nous avons communiqué avec les États-Unis afin d'obtenir des réponses parce que nous n'en avions tout simplement pas. La situation était extrêmement frustrante pour nous et elle était très difficile pour certains habitants de notre région qui étaient touchés. Certains ont la double citoyenneté ou sont des résidents permanents qui viennent de l'un des sept pays visés par l'interdiction.
Il m'a fallu attendre jusqu'à dimanche pour entendre le nouveau ministre prendre la parole lors de la conférence de presse. Je suis heureuse de ce qu'il a dit et je suis encouragée de voir que nous sommes sur la bonne voie. Malheureusement, il y a des gens qui se font refouler à notre frontière, alors aucune directive n'a été donnée. Nous avons entendu le ministre lors de cette conférence de presse et nous l'avons encore entendu aujourd'hui, pourtant aucun accord écrit n'a été signé avec notre partenaire, les États-Unis. Nous ne savons pas ce que signifie cette interdiction. Nous ne savons ni ce qu'ils prévoient en faire ni quels pays seront les prochains à passer dans leur collimateur. Il n'y pas eu de discussions officielles entre les deux pays pour que les gens qui veulent traverser la frontière puissent le faire en toute confiance. Présentement, ils ne le peuvent pas. Les gens partent pour la frontière sans savoir s'ils pourront la traverser. Ils craignent d'être interceptés et interrogés. Ils ont peur de ce qu'on leur demandera. C'est une situation que nous ne pouvons pas accepter à la frontière du Canada ou de la part de l'un de nos plus grands alliés.
Comme je l'ai dit, il y avait énormément de confusion. Sur une période de 24 heures, nous avons été inondés de courriels et d'appels téléphoniques de la part de personnes directement touchées. Le Canada doit prendre des mesures supplémentaires pour offrir l'asile aux réfugiés qui fuient la violence et la persécution et qui ont été rejetés par les États-Unis. Nous avons vu ce qui s'est passé dans des aéroports. Nous avons vu d'immenses manifestations dans des aéroports partout aux États-Unis parce que des gens se sont fait refuser l'entrée ou ont été détenus. Je me souviens d'avoir vu un enfant de cinq ans placé en détention. J'ai vu deux aînés en fauteuil roulant qui avaient été mis en détention parce qu'ils provenaient de l'un de ces sept pays. On ne peut pas dire que cette mesure n'a pas encore eu d'incidence sur les gens; elle a eu des effets sur nos alliés, nos voisins. Elle finira très bientôt par avoir des répercussions sur les gens de notre propre pays.
Cependant, j'espère que nous pourrons mettre en oeuvre certaines idées que nous proposons afin d'éviter que des gens soient touchés, et que nous pourrons nous attaquer à la discrimination de façon proactive plutôt que réactive. Nous nous sommes tous engagés à améliorer les choses. C'est ce que méritent les gens de nos circonscriptions et les Canadiens.
Que pouvons-nous faire? Nous pouvons hausser le plafond annuel concernant les demandes de parrainage du secteur privé, qui est actuellement fixé à 1 000 demandes. Nous pouvons aussi offrir un traitement accéléré aux réfugiés dont les États-Unis ont déjà accepté la demande. Ma circonscription compte des centaines de réfugiés qui ont bien réussi. Comme l'ont demandé des députés de tous les côtés de la Chambre ce soir, pourquoi ne pas hausser ce plafond et accueillir au Canada plus de gens dont la demande a déjà été soigneusement évaluée et approuvée? Ce serait tout à fait sécuritaire. Nous devrions collaborer avec nos partenaires internationaux pour mener cette idée à bien. Nous avons déjà des groupes privés qui sont prêts à faire leur part.
Le gouvernement doit immédiatement suspendre l'Entente sur les tiers pays sûrs que nous avons avec les États-Unis, car il n'est plus certain que les États-Unis puissent offrir un asile sûr aux réfugiés. La députée de l'a souvent répété. Nous pouvons poser ce geste immédiatement. Le gouvernement ne s'est pas encore engagé à suspendre cette entente afin de protéger les personnes vulnérables prises dans ce fiasco. Le monde traverse des moments difficiles. Nous ne pouvons pas détourner les yeux et prétendre que tout cela n'aura aucun effet sur nous.
Comme je l'ai dit, Windsor—Essex est située très près des États-Unis et nous devons nous montrer solidaires envers tous. Voici un message d'un habitant de ma circonscription: « Ce genre de discrimination ne doit pas passer sous silence. Le Canada doit prêter sa voix à ceux qui n'en ont pas. Accordez l'entrée au Canada aux gens qui ont déjà fait l'objet du processus rigoureux de contrôle. Comme tant de Canadiens, nous souhaitons voir l'humanité rétablie. »
Voilà ce que demandent les Canadiens ce soir. Il est possible de prendre certaines mesures qui vont plus loin que ce que le ministre a mentionné jusqu'à présent. Nous devons aller plus loin. Notre pays est ainsi fait. Nous ne restons pas passifs à la vue de ce que vivent nos voisins les plus proches, nos amis, notre famille. Nous réagissons et déclarons que nous rejetons l'interdiction. Elle est discriminatoire et nous ne l'accepterons pas.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
Dans mon bureau d'Ottawa, j'ai accroché un grand portrait de Clemens August Graf von Galen, qui a été l'évêque catholique de Munster, en Allemagne, de 1933 à 1946. Ma grand-mère a vécu à Munster au cours de cette période. Elle croit que si elle a survécu en tant qu'enfant juive, c'est grâce au courage de von Galen, dont les sermons anti-nazis ont permis de créer un climat de résistance contre les nazis. C'est dans ce climat qu'une enfant jugée indésirable a pu trouver refuge.
Cependant, ce qui était frappant au sujet de von Galen, c'était son refus obstiné de soutenir l'une ou l'autre des parties en cause. Lorsque le gouvernement militaire allié s'est emparé de la ville de Munster, des membres du personnel allié avaient bien hâte de rencontrer cet évêque anti-nazi, dont la réputation s'était alors répandue dans le monde entier. Toutefois, ils ont rapidement déchanté parce que von Galen dénonçait vigoureusement les actes selon lui injustes posés par des gouvernements militaires alliés. Il s'est opposé fortement à l'idée d'une culpabilité allemande collective et à l'expulsion forcée de germanophones d'autres pays de l'Europe de l'Est. Après s'être rendu à Rome pour y être nommé cardinal, von Galen a visité dans le Sud de l'Italie des camps de prisonniers de guerre où étaient détenus des Allemands. Il a proposé à ces prisonniers de transmettre leurs messages aux membres de leur famille.
Von Galen n'aurait jamais nié l'injustice beaucoup plus grande qui sévissait sous la férule des nazis, mais il était conscient de son obligation morale de dénoncer l'injustice partout et sous toutes ses formes. Son combat contre l'injustice n'était pas teinté de partisanerie. Il protestait contre les injustices commises par son peuple et par les autres peuples. Il aurait rejeté fermement les fausses équivalences morales, mais il rejetait aussi l'idée que se trouver du bon côté de l'histoire suffisait pour justifier des abus. Il croyait au devoir de dénoncer l'injustice dans tous les cas.
Aujourd'hui, nous avons une obligation semblable. Nous devons dénoncer l'injustice clairement et vigoureusement. Dire franchement que le décret récent aux États-Unis est une injustice ne revient pas à nier les autres injustices et le besoin d'en parler davantage.
D'ailleurs, les musulmans de Birmanie subissent une tentative de nettoyage ethnique. En Chine, les musulmans, les chrétiens, les bouddhistes, les adeptes du Falun Gong et d'autres groupes encore sont persécutés avec une brutalité qui dépasse de loin tout ce qu'a pu imaginer le gouvernement Trump. La suppression de la liberté de religion en Russie et dans la partie de l'Ukraine occupée par la Russie est passée sous silence à l'heure où le Canada et les États-Unis sont pressés de se rapprocher de la Russie.
Le gouvernement n'a pas encore agi pour venir en aide aux yézidis et aux chrétiens assyriens victimes d'un génocide en cours. Les chrétiens, les baha'is et d'autres minorités, y compris des minorités musulmanes, sont systématiquement persécutés un peu partout au Moyen-Orient et dans d'autres régions. En fait, dans la plupart des sept pays désignés par le décret, abandonner l'islam pour se convertir à une autre religion n'est pas seulement illégal, mais est aussi passible de la peine de mort. Les juifs ne peuvent pas se rendre dans de nombreux pays du Moyen-Orient. L'Arabie Saoudite n'autorise même pas la pratique d'une autre religion que l'islam.
Le monde déborde d'injustice, et ceux qui condamnent le décret tout en acceptant de nombreuses injustices certainement plus grandes font preuve d'une hypocrisie incroyable. En revanche, ce n'est pas parce que l'on condamne des injustices plus graves qu'on devrait pouvoir se soustraire à l'obligation de réclamer la fin de l'injustice créée par ce décret.
Pourquoi ce décret est-il injuste? Le décret du président interdit arbitrairement à tous les gens de certains pays d'entrer aux États-Unis, même ceux qui ont déjà obtenu un statut, indépendamment de leurs valeurs, de leurs motivations, de leur religion ou même du fait qu'ils posent ou non une menace pour la sécurité. Ce n'est donc pas, à strictement parler, une interdiction des musulmans, comme le président Trump l'avait initialement proposé. Il interdit malheureusement l'entrée des gens de toutes les traditions religieuses en provenance des pays en question, y compris de nombreux musulmans persécutés et d'autres minorités persécutées.
Bien que le président ait l'obligation, par prudence, de défendre la sécurité des Américains, ce décret est ouvertement imprudent en ce qu'il introduit une discrimination arbitraire fondée sur l'origine nationale tout en fermant les yeux sur tout facteur sérieux indiquant des problèmes de sécurité. Ce décret est injuste précisément parce qu'il ne fait pas la différence entre ceux qui peuvent constituer une menace à la sécurité et ceux qui ont une certaine nationalité. Il exclut les minorités qui fuient les pays désignés et n'interdit pas l'entrée de quiconque provenant d'autres pays comme l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte et le Qatar, d'où venaient tous ceux qui ont piraté les avions le 11 septembre.
Le décret introduit une discrimination fondée sur l'origine nationale tout en n'appliquant aucun autre filtre de sécurité aux immigrants d'autres pays. Il fait donc de la discrimination sans atteindre d'objectifs discernables.
Je tiens à être clair. Je ne sais pas si tous les députés sont de mon avis, mais, pour ma part, je ne crois pas à l'ouverture totale des frontières. Selon moi, les États ont le droit, de manière générale, de défendre leurs frontières, de déterminer les niveaux d'immigration qu'ils désirent et de soumettre les candidats à un processus de sélection. Nous n'aurions pas cette discussion aujourd'hui si le gouvernement américain avait simplement décidé de resserrer ses mesures de contrôle pour tout le monde.
Lorsqu'on parle de droits de la personne et d'immigration, il faut éviter les fausses alternatives. Il n'est pas nécessaire de choisir entre dénoncer l'injustice qui existe dans le monde musulman et dénoncer l'injustice du monde occidental. Il est possible et essentiel de les dénoncer toutes les deux. Il n'est pas nécessaire de choisir entre l'ouverture naïve des frontières et des politiques injustes et inefficaces. Il faut plutôt chercher à cibler plus efficacement les sources de radicalisation tout en accueillant le plus grand nombre possible de personnes pacifiques victimes du terrorisme.
Clemens von Galen était chrétien et sa foi inspirait en lui une quête de justice non seulement pour les membres de sa communauté, mais pour tout le monde. Les Américains, notamment les conservateurs américains, aiment mettre en lumière l'identité chrétienne de leur nation. Il convient donc de souligner qu'être chrétien ne signifie pas être membre d'un clan, mais plutôt adhérer à certaines croyances.
Voici un extrait de l'un des textes les plus marquants de la tradition chrétienne.
Alors le Roi dira à ceux de droite: Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. »
Alors les justes lui répondront: « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir? »
Et le Roi leur fera cette réponse: « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. »
Bien sûr, le texte continue.
Il ne s'agit pas d'un appel à la naïveté. Cela n'annule pas l'injonction du Christ voulant que nous soyons aussi sages que des serpents et aussi innocents que des colombes. Ce décret n'est ni l'un ni l'autre. Il est aussi sage qu'un poisson rouge et aussi innocent qu'un alligator. C'est une combinaison de naïveté et de malveillance. Mener plus de musulmans frustrés dans les bras d'extrémistes et refuser tout espoir aux personnes qui cherchent à fuir désespérément ne va pas accroître la sécurité aux États-Unis; cela ne fera que diminuer la sécurité aux États-Unis.
Le christianisme désigne des croyances, pas une nation. De la même façon, les États-Unis constituent un système de croyances. C'est leur Constitution qui définit ces croyances.
En tant que Canadien, je crois que le Canada est le meilleur pays du monde, mais je n'ai pas honte de parler du caractère exceptionnel de la république américaine, qui est sans contredit l'une des plus grandes forces nationales pour la défense de la liberté dans l'histoire de l'humanité. C'est l'idéal américain qui fait la grandeur des États-Unis et qui leur permettra de retrouver leur grandeur. Cet idéal, qui n'est pas tellement différent de notre idéal fondateur, est celui d'une société multiethnique et multiconfessionnelle fondée sur des valeurs communes comme la liberté, la démocratie, les droits de la personne, l'égalité des chances et la primauté du droit.
Pourquoi la Chambre tient-elle un débat sur une politique du gouvernement américain, alors qu'il y a évidemment de plus grandes injustices dans d'autres régions du monde? Je crois que c'est parce que nous reconnaissons tous qu'il est extrêmement important que les États-Unis demeurent fidèles à leurs croyances et à leurs valeurs fondatrices.
Laquelle des grandes puissances a la volonté et la capacité de défendre la justice dans un monde où l'injustice est omniprésente? Ce n'est ni la Chine, ni la Russie, mais seulement les États-Unis, en collaboration avec un groupe de nations déterminées à défendre et à promouvoir leurs valeurs communes.
Dans son discours d’investiture, le président a déclaré: « Nous ne cherchons pas à imposer notre mode de vie à quiconque, mais plutôt à le donner comme exemple à suivre par tous. » Cela paraissait une excellente idée.
La chrétienté est une croyance, pas une nation. L’Amérique est une croyance, pas une nation. Le conservatisme est une croyance, pas une nation.
Les conservateurs pensent qu’il faut faire face aux dures réalités du monde avec sérieux et sans naïveté. Les conservateurs croient au sacrifice. Les conservateurs croient à la dignité humaine universelle et à l’égalité des chances. Les conservateurs croient à la primauté du droit et à un cadre constitutionnel qui limite le pouvoir exécutif. Les conservateurs croient à une compassion réfléchie et à une liberté ordonnée. Les conservateurs croient que les familles, les collectivités et les particuliers doivent pouvoir agir en fonction de leurs compétences naturelles, sans intervention de l’État. Les conservateurs croient à la liberté religieuse et aux limites du pouvoir de l’État. Les conservateurs croient à l’importance de la sécurité nationale.
Parce que ce décret est injuste de par son imprudence et son caractère arbitraire, parce qu’il nie l’égalité des chances et la dignité humaine universelle, parce qu’il est probablement inconstitutionnel, parce qu’il fait preuve d’un manque de compassion et qu’il invite au désordre, parce qu’il outrepasse le pouvoir de l’État en interdisant l’entrée aux États-Unis à des gens qui sont déjà autorisés à y séjourner et parce qu’il rendra l’Amérique moins sûre, ce décret n’est pas conservateur.
Implorons nos frères et soeurs américains sur cette question vitale de justice, et consacrons-nous encore davantage à bâtir une société meilleure ici au Canada, une société fondée sur la justice, la compassion réfléchie, la liberté ordonnée et la quête d’unité au sein d’une diversité dont nous sommes fiers.
Pendant le temps qui me reste, j’aimerais vous lire un extrait du discours d’adieu de Ronald Reagan:
Au cours des derniers jours, en regardant par cette fenêtre à l’étage, j’ai pensé à la « cité étincelante sur la colline » dont parlait John Winthrop pour décrire l’Amérique qu’il imaginait. Cette image qu'il s'en faisait était importante pour lui, puisqu'il était un pèlerin des premiers jours, un homme libre des premiers temps. Il a voyagé vers ces rives sur ce qu’on appellerait aujourd’hui un modeste navire de bois. Comme les autres pèlerins, il était en quête d’une patrie où il serait libre.
Tout au long de ma carrière politique, j'ai parlé de la cité étincelante sur la colline, mais je ne suis pas sûr d'avoir vraiment expliqué ce que cette image évoque pour moi. J'y vois une ville grande et fière, bâtie sur la pierre, plus solide que les océans, balayée par le vent, bénie de Dieu et peuplée d'innombrables personnes de tous les horizons qui vivent dans la paix et l'harmonie, une ville dotée de ports francs où rayonnent le commerce et la créativité. S'il faut la ceinturer de murailles, alors ces murailles sont percées de portes, des portes ouvertes à quiconque a la volonté et le courage de les atteindre. C'est ainsi que je me l'imagine depuis toujours.
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Monsieur le Président, je tiens d'abord à remercier ma collègue néo-démocrate de Vancouver-Est d'avoir pris l'initiative de lancer ce débat à la Chambre. Je remercie également le Président d'avoir accepté cette demande.
C'est un débat qui tombe à point nommé. Nous sommes ici pour discuter du récent décret du président Trump qui vise essentiellement à interdire l'entrée aux États-Unis aux personnes qui proviennent de sept pays en particulier, une interdiction fondée explicitement sur le lieu de naissance, mais implicitement sur la race et la religion de ces personnes. Ce débat est une occasion d'affirmer notre opposition aux politiques qui ciblent les gens en fonction de leur race, de leur religion et de leur lieu de naissance. C'est une question de principe et de pragmatisme.
Nous traversons une période difficile. J'étais en 12e année lors des attentats contre les tours du World Trade Center. Durant ma vie adulte, j'ai constaté qu'il y avait une crainte du terrorisme dans le monde. Au cours des 15 ou 16 dernières années, il y a eu de nombreux débats sur la façon dont l'Occident devrait réagir à ces menaces. Nous vivons à une époque où les gens craignent de perdre leur emploi et de ne pas pouvoir nourrir leur famille. Au cours de périodes comme celle-ci, des dirigeants politiques ont certainement joué sur la peur des gens et tenté d'aggraver leurs craintes. Comme les choses de ce genre deviennent plus fréquentes, ce qui aurait été autrement des débats légitimes sur la politique d'immigration — comme le nombre de personnes que nous devons admettre chaque année, le nombre de réfugiés que nous devrions faire venir au pays, le type de soutien que nous devons leur fournir et nos objectifs économiques — change soudainement de ton.
Je pense que, si les gens sont venus en grand nombre dans la tribune, ce soir, pour assister au débat, si les marches pour les femmes ont attiré autant de participants le 21 janvier, après l'investiture du président Trump, et si beaucoup de gens ont assisté à la vigile hier soir, en réponse à la terrible fusillade de Québec, dimanche soir, c'est que le monde commence à se rendre compte que des gouvernements et d'autres dirigeants politiques cherchent à se servir de la peur et à adopter des politiques qui nourrissent la peur et gâchent des vies. Il ne suffit pas de dire à la population de rester calme et de continuer de vivre comme avant, à l'instar de ce qu'un député ministériel a dit aujourd'hui à la radio. Les gens s'aperçoivent que cette tendance se dessine depuis longtemps et que des dirigeants politiques instrumentalisent la peur pour des raisons qui leur appartiennent. Nous sommes arrivés au point où nous devons refuser cette dérive et y mettre un frein.
Lorsqu'un président des États-Unis décide qu'il peut interdire à des gens d'entrer dans son pays, qui a pourtant été un symbole de la liberté pour le monde pendant longtemps, officiellement parce que ces gens viennent d'un endroit plutôt qu'un autre, mais implicitement à cause de leur religion ou de leur race, on ne peut plus se conduire en spectateur. Nous devons dire non. Nous devons affirmer clairement notre refus. Ce n'est pas le monde dans lequel nous voulons vivre. Ce n'est pas le monde que je souhaite léguer à mes enfants. Nous sommes passés du principe voulant qu'une personne qui, selon les renseignements recueillis, constitue un danger ne doit pas être autorisée à entrer sur notre territoire, à l'idée que nous ne voudrions plus rien savoir de certaines personnes simplement parce qu'elles appartiennent à une catégorie donnée ou qu'elles viennent d'une région donnée du monde. Il y a quelque chose qui ne va pas là-dedans.
Je viens du Manitoba, une province qui a connu plusieurs vagues d'immigration. L'une de ces vagues était formée de mennonites originaires de l'Union soviétique, qui fuyaient le gouvernement de ce pays. Si nous avions suivi la même logique que celle du décret, ces gens n'auraient pas été admis au Canada puisqu'ils venaient d'un pays ennemi du Canada. Il s'agissait pourtant de personnes opprimées par ce régime, qui ont choisi de quitter leur région du monde pour venir au Canada. Elles croyaient, comme le Canada, que le gouvernement et les dirigeants d'un pays ne devraient pas se comporter comme ceux de l'Union soviétique. Elles voulaient partir.
Cette comparaison montre combien la politique adoptée par le gouvernement américain est extrêmement malavisée. C'est une grave erreur de refuser des personnes qui, justement, fuient le genre de gouvernement qu'on critique parce qu'il ne promeut pas des libertés et un mode de vie pacifique qui nous semblent essentiels. C'est illogique. C'est aussi une erreur en termes de sécurité parce qu'au lieu de favoriser la sécurité à l'échelle internationale, une telle politique avive les tensions et pourrait pousser des peuples à déclencher une guerre contre le Canada ou les États-Unis. D'où l'importance de ce débat.
Nous avons entendu de nombreuses personnes insister sur l'importance de résister à un faux débat sur des frontières entièrement ouvertes ou des frontières totalement fermées, et c'est tout à fait vrai. Si on ne fait que présenter des arguments bidon, on ne pourra jamais aboutir à la vérité.
Il faut également être en mesure de faire un rappel lorsque le débat va bien au-delà des divergences d'opinions raisonnables et commence à attiser les passions. Après tout, nous vivons à une époque où un président des États-Unis est tout à fait à l'aise de demander à ses porte-parole de déclarer qu'ils disposent de « faits alternatifs ». La vérité n'est pas vraiment importante. Je crois que c'est à cela que les gens commencent à réagir.
Je crois que ce que nous constatons, dans ces manifestations, ce sont des gens qui tolèrent depuis longtemps la détérioration du débat public, mais qui estiment que les choses vont maintenant trop loin. Les États-Unis ont dépassé les bornes. Ils ont d'abord affirmé être préoccupés par des individus particuliers, établir des profils et prendre des mesures, mais ils affirment maintenant que des personnes venant de certains pays ne peuvent plus entrer aux États-Unis. Ce que laissent entendre les États-Unis, c'est qu'ils se fichent éperdument de ce que croient les gens, des raisons pour lesquelles une personne pourrait vouloir quitter son pays ou pourrait vouloir se rendre aux États-Unis.
Ce genre d'indifférence à l'égard de la vérité et des gens qui veulent bâtir un meilleur monde avec eux est le moyen parfait pour les États-Unis d'obtenir le contraire de ce qu'ils recherchent. Voilà pourquoi ce genre de politique est inacceptable. Je crois que c'est la raison pour laquelle les Canadiens et des gens partout dans le monde sont si préoccupés et s'opposent au décret.
Lorsque ce genre d'attitude a prévalu dans le passé, les conséquences n'ont jamais été positives. Au Canada, nous y avons succombé à de nombreuses reprises, ce qui a donné lieu à des situations condamnables. Pensons à l'internement de Canadiens d'origine ukrainienne durant la Première Guerre mondiale et à celui de Canadiens d'origine japonaise durant la Deuxième Guerre mondiale. Pensons au refus qu'ont essuyé les juifs qui, ne se sentant pas en sécurité dans leur pays, souhaitaient venir s'établir au Canada après la Deuxième Guerre mondiale. Ce sont là des chapitres embarrassants de l'histoire canadienne. Il est pénible d'observer les États-Unis se mettre dans une situation dont ils devront s'excuser abondamment.
Nous espérons qu'un jour, les Américains reprendront leurs esprits et se doteront d'un gouvernement qui voit ce qui se passe, qui déclarera que leur pays n'est pas fait ainsi et qu'il faut s'y prendre autrement pour bâtir le monde qu'ils souhaitent ultimement avoir.
Durant le débat, nous nous sommes tournés vers le gouvernement pour qu'il se joigne aux Canadiens et déclare que cela a assez duré. Nous ne pouvons tolérer l'idée de faits alternatifs. Les États-Unis sont à créer des politiques qui feront du monde un endroit beaucoup plus dangereux et s'engagent dans une mauvaise direction.
Le gouvernement pourrait réagir en posant des gestes concrets. Nous avons fait valoir que si les libéraux veulent montrer qu'ils sont du même avis que tous ces Canadiens qui rejettent ce qui se passe, ils pourraient hausser le plafond des réfugiés accueillis dans le cadre du programme de parrainage privé. Beaucoup de Canadiens souhaitent parrainer des réfugiés interdits de séjour aux États-Unis ou provenant d'ailleurs dans le monde. Laissons les Canadiens ouvrir les bras et montrer leur générosité.
C’est dur de dire à des amis qu’ils dépassent les bornes, mais c’est à ce moment-là qu’il est important d’avoir des amis qui puissent le faire. Le moyen de communiquer ce message est de suspendre l'application de l’Entente sur les tiers pays sûrs.
On pourrait aussi faire entrer plus rapidement au Canada les réfugiés qui ont déjà obtenu l’autorisation d’entrer aux États-Unis, pays qui possède le meilleur service de renseignement au monde, et leur dire qu’ils sont les bienvenus ici.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Comme les autres députés ici, j'aimerais prendre un instant pour rendre hommage aux victimes de l'attentat survenu en fin de semaine. Les crimes haineux et lâches comme celui commis dimanche à Québec n'ont pas leur place dans notre société. En effet, une agression visant n'importe quelle communauté devrait être considérée comme visant tout le monde. Les Canadiens ont été très troublés par ce qui est arrivé. Les valeurs qui nous sont chères ont été manifestement piétinées.
À l'instar de mes collègues, je suis solidaire de la communauté musulmane et des Canadiens pacifiques de tous les milieux. C'est dans cet esprit que j'aimerais aborder l'important débat de ce soir.
C'est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui dans ce débat d'urgence. Comme tous dans cette estimée Chambre le savent très bien, les débats de cette nature sont relativement rares et ils sont réservés aux questions d'État nécessitant l'attention urgente et exclusive de tous les députés. Avant de continuer, j'aimerais remercier tous les députés de participer au débat de ce soir. J'aimerais aussi remercier le nouveau de son leadership dans ce dossier. J'ai déjà eu le plaisir de travailler avec lui et je suis certain qu'il remplira admirablement et avec grande distinction ses nouvelles fonctions.
Le gouvernement dont je fais partie n'a pas de devoir plus sacré que celui de veiller à la fois sur la sécurité des citoyens canadiens et sur les valeurs qui leur sont chères lorsque l'avenir s'annonce résolument incertain. Le pays a toujours su se montrer à la hauteur et nous poursuivrons sur cette lancée, avec courage et détermination.
Nous savons que de nombreux Canadiens sont troublés par le décret promulgué en fin de semaine aux États-Unis. Ces jours-ci, mon bureau est inondé de courriels et d'appels de gens inquiets. Nous avons un message sans équivoque pour eux: bien que la situation évolue d'heure en heure, de hauts fonctionnaires travaillent nuit et jour en leur nom pour obtenir des éclaircissements de la Maison-Blanche, du département de la Sécurité intérieure des États-Unis et du département des Transports des États-Unis.
Le gouvernement a réagi rapidement et sur tous les fronts à l'annonce du décret. L'équipe du Cabinet du communique régulièrement avec de hauts responsables de la Maison-Blanche. Le conseiller à la sécurité nationale, Daniel Jean, est en liaison avec le conseiller national pour la sécurité des États-Unis, Michael Flynn, et les fonctionnaires de l'ambassade canadienne à Washington sont à pied d'oeuvre auprès de leurs homologues afin de cerner la portée du décret et ses conséquences.
Le débat de ce soir revêt une importance particulière à mes yeux, pour plusieurs raisons. Premièrement, j'ai déjà vécu, étudié et travaillé aux États-Unis, j'y ai toujours de la famille, et j'ai beaucoup de bons amis qui sont fiers d'y vivre. Je pense souvent à eux en cette période où nous apprenons à naviguer dans une nouvelle réalité. Je suis aussi bien placé pour savoir à quel point les immigrants ont façonné et enrichi les États-Unis. Je dois dire que le pays qui transparaît dans le dernier décret n'est pas celui que je connais.
Je dois toutefois ajouter que je fais pleinement confiance aux institutions de nos voisins du Sud. Au cours des derniers jours, nous avons vu des citoyens américains ordinaires, des groupes civils, les procureurs généraux de plusieurs États, des dirigeants communautaires et des chefs d'entreprise se mobiliser pour lutter contre ce décret. Je suis convaincu que leur bon sens et leurs préoccupations juridiques l'emporteront.
Deuxièmement, à titre de député de l'une des circonscriptions canadiennes les plus diverses, je suis conscient des craintes que ressentent plusieurs Canadiens en cette période difficile. Point positif, le gouvernement libéral a confirmé que les Canadiens ayant une double nationalité ne seront pas touchés par le récent décret concernant l'entrée et l'immigration aux États-Unis. Les résidents permanents canadiens munis d'une carte de résidence valide, d'un visa, d'un passeport pourront entrer aux États-Unis, y compris les résidents permanents originaires des sept pays nommés dans le décret.
Cela dit, nous sommes conscients que le décret s'applique aux ressortissants de ces sept pays qui passent par le Canada. C'est pourquoi le a affirmé que le gouvernement libéral accorderait un statut de résident temporaire à toutes les personnes coincées au Canada.
Enfin, pour ce qui est de l'Entente sur les tiers pays sûrs conclue entre le Canada et les États-Unis, signalons qu'il existe déjà des exceptions pour les personnes qui ont de la famille au Canada et pour les mineurs non accompagnés. Par cette entente, le Canada et les États-Unis visent à renforcer l'intégrité de leurs systèmes de réfugiés respectifs et à partager la responsabilité de protéger les personnes qui en ont besoin. Pour sa part, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié continuera d'offrir une audience équitable à tous les demandeurs d'asile admissibles.
À mesure que la situation évoluera, le gouvernement continuera de fournir aux Canadiens l'information pertinente et le soutien administratif dont ils ont besoin dans les meilleurs délais et de façon transparente.
La troisième raison pour laquelle je suis préoccupé, c'est que, étant moi-même un immigrant, je me sens dans l'obligation de prendre la parole sur la question dont nous sommes saisis aujourd'hui. Je suis conscient du rôle et des contributions essentielles des immigrants dans notre grand pays.
Des dizaines de milliers de Canadiens ayant une double citoyenneté sont citoyens de l'un des pays visés par le décret, et bon nombre d'entre eux vivent dans ma circonscription, Willowdale. Ces Canadiens peuvent avoir l'assurance que nous comprenons leurs préoccupations et que nous prendrons tous les moyens dont nous disposons.
D'innombrables Canadiens ont exprimé leur avis sur ce décret. Ils doivent savoir que le gouvernement continuera de voir à ce que notre système d'immigration continue de faire preuve de compassion, d'inclusion et d'efficacité tout en protégeant la santé et la sécurité de tous les Canadiens.
Les Canadiens ont raison d'être fiers de la riche tradition de leur pays en tant que terre d'accueil. Cette tradition n'a pas changé et ne changera pas. Nous sommes fiers que le Canada maintienne des politiques parmi les plus accueillantes du monde en ce qui a trait à l'immigration, aux réfugiés et aux demandes d'asile. Peu importe quand ou comment ces personnes sont arrivées au Canada, nous savons qu'elles apporteront une contribution durable à notre grand pays.
La diversité représente l'un des meilleurs atouts du Canada. Étant donné que l'économie mondiale est de plus en plus interconnectée, nous devrions en faire davantage à cet égard. La diversité renferme son lot d'avantages économiques et sociaux. De plus, étant donné le vieillissement de la population, un système d'immigration robuste et efficace s'avérera crucial pour notre croissance économique à long terme.
Les pays qui n'auront pas reconnu cette réalité ou défendu les valeurs qui nous sont chères se causeront beaucoup de tort. Alors que le monde deviendra de plus en plus interdépendant et interconnecté, la diversité deviendra une grande force pour le Canada. Certes, il nous est impossible de déterminer les politiques intérieures des autres pays, mais je suis tout de même convaincu que le modèle canadien leur servira de brillant exemple.
Que ceux qui doutent des avantages liés au fait d'attirer les meilleurs et les plus brillants de partout dans le monde laissent ceux-ci s'établir au Canada. La tolérance, l'ouverture, l'inclusion, la diversité sont toutes des valeurs que nous jugeons non négociables. En fait, elles sont au coeur de l'identité canadienne. Les Canadiens nous font savoir sans cesse qu'ils souhaitent laisser les portes ouvertes à ceux qui souhaitent apporter leur contribution au pays et à ceux qui ont besoin de protection. Nous ne nous en porterons que mieux.
Comme le l'a déclaré, « la diversité fait notre force ». Ces paroles ont une résonance. En effet, les Canadiens ainsi que la communauté internationale ont réagi en appuyant le message de compassion, de générosité et d'inclusion du Canada. Nous sommes conscients toutefois qu'il ne suffit pas de formuler des slogans. Le Canada doit continuer à défendre fermement ces valeurs. Les événements tragiques du week-end dernier nous rappellent qu'il faut défendre avec vigilance les valeurs bien canadiennes que sont le pluralisme et le multiculturalisme.
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Monsieur le Président, alors que nous approchons de la fin du débat de ce soir, j'aimerais d'abord reconnaître les événements tragiques qui se sont produits au centre culturel islamique de Québec et déclarer sans équivoque que les gens de Fredericton, que j'ai le plaisir de représenter ici, sont solidaires des membres de la communauté musulmane de Québec et de tous les musulmans au pays.
Je tiens à remercier la députée de d'avoir présenté la motion afin que nous puissions débattre ce soir de la question du décret émis par la Maison-Blanche le 27 janvier, lequel restreint les déplacements et l'immigration aux États-Unis des ressortissants de sept pays.
Étant donné que l'économie canadienne est intégrée à l'économie mondiale et en particulier à celle des États-Unis, il est important que les Canadiens disposent de renseignements exacts et à jour sur toute nouvelle mesure ayant une incidence sur leurs affaires et leurs déplacements.
[Français]
La prospérité du Canada et celle des États-Unis sont liées. La relation que nos pays entretiennent en matière de commerce et d'investissement se chiffre à 1 400 milliards de dollars. Plus de 400 000 personnes et 2 milliards de dollars en marchandises et en services franchissent notre frontière commune tous les jours. Notre relation permet de maintenir des millions d'emplois dans les deux pays.
C'est dans cette optique que nous avons décidé d'agir dès la prise du décret afin d'en évaluer l'incidence ainsi que de fournir aux Canadiens toute l'information pertinente le plus rapidement possible.
Peu importe le changement de gouvernement, les efforts que nous avons rapidement déployés pour nouer des liens permettent au Canada de s'enquérir auprès de représentants de tous les échelons du gouvernement américain afin de savoir quelles seront les prochaines étapes et les répercussions, ainsi que de transmettre nos préoccupations à l'égard des citoyens canadiens et des résidents permanents. Nous avons été capables d'obtenir ces assurances.
[Traduction]
Premièrement, j'aimerais assurer aux Canadiens que le décret ne les touchera pas vraiment. Les exigences de production de documents pour traverser la frontière n'ont pas changé pour les citoyens canadiens, et aucun nouveau visa ou autre autorisation n'est requis. Nous ne prévoyons aucune incidence aux postes frontaliers pour les citoyens canadiens qui produisent un passeport canadien valide, y compris ceux qui ont la double citoyenneté avec l'un des sept pays visés par le décret.
Comme le l'a clairement dit, nous demeurons activement engagés à tous les niveaux afin de pouvoir offrir aux Canadiens plus de certitude et de précisions.
C'est notre priorité.
[Français]
Pour ce faire, nous utilisons tous les moyens possibles pour communiquer avec les Canadiens. Au cours des derniers jours, nous avons fréquemment actualisé notre site Web, voyage.gc.ca, pour tenir compte des nouveaux renseignements concernant le décret. De plus, l'ambassade du Canada à Washington et notre ministère transmettent et mettent à jour des avis dans les médias sociaux de façon régulière. Nous transmettons aux provinces et aux territoires les renseignements que nous avons reçus sur le décret, et nous communiquons avec les intervenants du milieu des affaires des deux pays en ce qui concerne le décret et les effets qu'il pourrait avoir sur eux.
Les Canadiens se sont tournés vers nous. À titre d'information pour les députés de la Chambre et pour tous mes concitoyens, je tiens à préciser que depuis la signature du décret vendredi, le ministère des Affaires étrangères a reçu au-delà de 100 appels et courriels à ce sujet, tandis que les missions du Canada aux États-Unis ont reçu plus de 50 demandes de renseignement. Il y a lieu de signaler qu'en date de ce matin, nous n'avons pas eu à ouvrir de corps consulaires pour venir en aide à des Canadiens touchés par ce décret.
Cette occasion de m'adresser au Parlement me permet de communiquer ce que nous savons et de rassurer les Canadiens que nous faisons notre possible pour que les passages à la frontière se déroulent le mieux possible et pour que les Canadiens et les entreprises canadiennes continuent d'avoir un accès fiable aux États-Unis.
[Traduction]
À cet égard, nous maintenons le dialogue avec nos homologues américains dans le but de protéger les intérêts canadiens. Ce dialogue se déroule à tous les échelons et avec plusieurs ministères et organismes. De hauts fonctionnaires du gouvernement du Canada travaillent sans relâche pour obtenir rapidement de l'information claire pour les Canadiens, notamment de la Maison-Blanche, du département d'État américain, du département de la Sécurité intérieure des États-Unis et du département des Transports américain.
De plus, à la demande du , notre conseiller en matière de sécurité nationale a communiqué avec son homologue aux États-Unis, Michael Flynn, pour demander des éclaircissements. Je peux assurer à la Chambre que, par l'entremise de notre ambassade à Washington, D.C., nos fonctionnaires sont en contact avec leurs homologues pour obtenir des précisions sur les mesures adoptées dernièrement aux États-Unis, y compris sur les directives données aux agents des douanes américains qui prennent les décisions à la frontière.
Bien que nous nous soyons efforcés ces derniers jours de préciser l'étendue et l'incidence du décret, la coopération entre le Canada et les États-Unis pour assurer une frontière sûre et efficace a toujours été forte et mutuellement profitable. Nous continuerons de chercher à clarifier la situation et nous travaillerons sans relâche pour que les Canadiens et les résidents permanents puissent continuer à se déplacer, que les familles puissent se réunir et que les entreprises puissent continuer à prospérer, dans l'intérêt continu à la fois du Canada et des États-Unis.
Nous défendrons vigoureusement les intérêts du Canada. Bien sûr, il est dans notre intérêt de coopérer avec notre principal voisin, les États-Unis, mais aussi de continuer à collaborer de façon constructive avec le reste du monde. Nous sommes convaincus que la diversité du Canada contribue à sa force, et nous continuerons de l'affirmer.
Le Canada est un pays d'immigrants. Les Canadiens sont fiers que notre pays ait pour tradition d'accueillir avec compassion et humanité ceux qui cherchent un refuge pour eux-mêmes et pour leur famille. Nous avons toujours accueilli les gens qui ont besoin de protection et nous continuerons de le faire.
Nous avons à coeur de demeurer un pays ouvert, accueillant, qui célèbre la diversité. Nous continuerons d'honorer ces valeurs et de les faire connaître au monde entier. J'en ai eu l'exemple dans la circonscription de Fredericton, que j'ai l'honneur de représenter: d'après l'agence de réinstallation de notre région, notre circonscription a accueilli plus de réfugiés syriens par habitant que toute autre région du pays. Je suis fier des nombreuses réussites que nous devons à ces efforts pancanadiens. Je suis fier des Canadiens, des Néo-Brunswickois et de mes voisins et amis de Fredericton.
En particulier, je pense au garçon syrien vêtu d'un manteau et d'une tuque rouge, dont la famille a été la première à arriver à l'aéroport de Fredericton en décembre de l'an dernier, et qui nous a dit, par l'entremise d'un interprète, qu'il voulait devenir ce qu'il a appelé un docteur des os. Grâce à la compassion, aux bons soins et à la générosité des Canadiens, je sais qu'un jour, lorsque moi, mes enfants ou mes petits-enfants glisserons sur la glace sur la rue Queen à l'extérieur de mon bureau, nous pourrons faire appel à ce jeune garçon syrien, qui sera sans doute un professionnel médical de premier ordre dans notre ville.
Comme l'a dit le , nos différences rendent le Canada plus fort, et non plus faible. En tant que société multiculturelle, multiconfessionnelle et inclusive, le Canada est bien placé pour se faire le champion du pluralisme pacifique, du respect de la diversité et des droits de la personne dans le monde, et nous continuerons de le faire avec fierté.