propose que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui. Dans l'histoire du Canada, il n'a jamais été plus important de défendre le commerce. Je parlerai donc du projet de loi . J'invite tous mes collègues des deux côtés à saisir cette occasion de relever le défi qui se présente devant nous.
Dans 20 ans, nous nous souviendrons du moment précis où les parlementaires ont vraiment fait progresser le commerce. Le monde attend que notre pays ratifie cet accord. Il aura des retombées formidables pour le Canada et pour l'Europe. Il deviendra le modèle par excellence des accords internationaux.
[Français]
Évidemment, je suis ravi de m'adresser à la Chambre aujourd'hui au sujet de l'important projet de loi C-30, la loi portant mise en oeuvre de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, ou l'AECG.
En tant du , l'AECG est l'une de mes plus grandes priorités. Cet accord de libre-échange a été traité par de nombreux ministres au cours des dernières années, et grâce à leurs efforts, il a été signé par le à Bruxelles à la fin d'octobre dernier.
Les négociations sur l'AECG ont été lancées en 2008. De nombreuses années de travail acharnées furent nécessaires afin de conclure une entente qui couvre des questions jamais abordées dans les autres accords commerciaux du Canada, y compris l'ALENA.
C'est maintenant à nous, au Parlement, qu'il revient d'achever le processus législatif, afin de faire entrer en vigueur l'AECG, de façon à ce que tous les Canadiens et toutes les Canadiennes puissent finalement en tirer profit. Cet accord est le fruit d'une initiative historique visant à favoriser la prospérité de notre pays, et j'oserais dire, dans chacune des circonscriptions représentées à la Chambre; dans les 338 circonscriptions, les Canadiens et Canadiennes vont en bénéficier.
Nous avons signé un accès au marché et des conditions commerciales améliorées qui vont au-delà des dispositions de l'ALENA. Qui plus est, nous l'avons fait de façon progressiste et responsable. Cet accord procurera une croissance et des emplois dont le pays a grandement besoin, tout en respectant pleinement les normes canadiennes et européennes dans des domaines tels que la sécurité alimentaire, la protection de l'environnement et les droits des travailleurs.
L'AECG créera de nouveaux débouchés pour les entreprises canadiennes à l'égard des marchés publics de l'Union européenne, estimés à plus de 3 300 milliards de dollars. Une fois l'Accord entré en vigueur, les entreprises canadiennes pourront fournir des biens et certains services à tous les échelons de gouvernement de l'Union européenne, y compris aux 28 États membres de l'Union et aux milliers d'entités gouvernementales régionales et locales. Imaginons les occasions pour l'ensemble des petites et moyennes entreprises ici au pays.
Dans le cadre de l'AECG, les consommateurs profiteront de prix réduits et d'un plus large éventail de choix. Cet accord sera également avantageux pour les travailleurs, puisqu'il créera un plus grand nombre d'emplois de qualité liés aux exportations. Il sera aussi avantageux pour nos entreprises, peu importe leur taille, puisqu'il offrira des coûts réduits grâce à l'élimination des obstacles tarifaires et non tarifaires au commerce.
Il s'agit donc d'un accord commercial progressiste qui met l'accent sur la classe moyenne, qui ouvre de nouveaux marchés aux producteurs du Canada et qui favorise une prospérité accrue pour les Canadiens et les Canadiennes d'un océan à l'autre de notre grand pays.
Je vais parler de l'importance du commerce. La participation du Canada au commerce international est essentielle à la prospérité de l'ensemble de notre pays. Le Canada a toujours été une nation commerçante. Les exportations jouent un rôle primordial dans notre économie et contribuent à la croissance, à la productivité et, bien évidemment, à l'emploi. Dans l'ensemble, elles représentent environ 30 % du produit intérieur brut du Canada et procurent directement ou indirectement un emploi à environ un travailleur canadien sur six.
Les petites et moyennes entreprises, ou PME, qui sont à travers l'ensemble de nos circonscriptions, jouent un rôle de premier plan au sein de notre économie, car elles embauchent quelque 10 millions de Canadiens, soit près de 90 % de la main-d'oeuvre du secteur privé au Canada.
À elles seules, les petites entreprises comptent pour 90 % des exportateurs canadiens, et en 2011, elles ont généré 68 milliards de dollars, ou 25 % de la valeur totale des exportations. Ainsi, la création de débouchés commerciaux au profit des PME est essentielle à la croissance économique, puisque c'est sur ces entreprises que repose la croissance des emplois et des possibilités pour la classe moyenne.
En 2015, Innovation, Sciences et Développement économique Canada a publié un rapport dans lequel on décrivait les PME et leurs caractéristiques en tant qu'entreprises canadiennes exportatrices. Le rapport conclut qu'environ 10 % des PME canadiennes ont exporté des biens ou des services en 2011, et que les ventes à l'exportation représentaient environ 4 % de leurs recettes totales.
Le rapport faisait aussi état du rendement financier supérieur des entreprises exportatrices par rapport aux entreprises non exportatrices. Plus précisément, les ventes, la marge bénéficiaire avant impôt et le rendement de l'actif des entreprises qui exportent étaient en moyenne supérieurs à ceux des entreprises non exportatrices.
De plus, le rapport indiquait que les entreprises exportatrices mettaient davantage l'accent sur la recherche-développement, en y consacrant 8 % de leurs recettes annuelles, tandis que celles qui n'exportaient pas y consacraient 6 %.
Enfin, les entreprises exportatrices étaient plus axées sur la croissance. En effet, les ventes de 10 % de ces entreprises ont augmenté de 20 % ou plus par année entre 2009 et 2011, par rapport à 8 % pour les entreprises non exportatrices.
Je sais que mes collègues de la Chambre réalisent déjà l'importance du commerce et, surtout, du rôle des PME qui sont dans chacune de nos circonscriptions, pour l'essor économique du pays.
Les PME ont clairement un rôle de taille à jouer pour favoriser la prospérité future du pays, et le Canada croit fermement en l'importance d'aider ces PME à connaître du succès, car cela permettra d'accroître les emplois et de renforcer la classe moyenne partout au pays. Des outils concrets tels que l'AECG sont importants pour motiver les entreprises et les encourager à saisir des débouchés dans des grands marchés étrangers, comme l'Union européenne.
Je parlerai maintenant du rôle du gouvernement et des répercussions de la politique commerciale positive sur les entreprises au pays. Les conclusions du rapport d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada appuient l'engagement soutenu de notre gouvernement à stimuler la croissance des PME et à faire progresser le programme d'exportation grâce à de nouveaux accords commerciaux. Ces accords aident nos PME, car ils veillent à l'accessibilité des marchés d'exportation à l'étranger et à la création de conditions propices à une participation concurrentielle au sein de ces marchés.
Cela est d'autant plus vrai dans le contexte des chaînes de valeur mondiales actuelles, puisque la production internationale nécessite que les biens traversent de multiples frontières. Ainsi, il est particulièrement important de faciliter la circulation des marchandises aux frontières pour assurer la réussite de nos entreprises aujourd'hui et, évidemment, demain.
L'Union européenne est un marché clé pour les chaînes de valeur mondiales. Elle compte plus d'entreprises du classement Fortune 500 que partout ailleurs dans le monde, y compris aux États-Unis. L'accès élargi à ces chaînes de valeur offre à un grand nombre de PME canadiennes une importante occasion de concrétiser leurs ambitions à l'échelle internationale.
Je sais que chacun des députés à la Chambre voudrait justement aider les PME dans leurs circonscriptions à conquérir ces marchés-là, et l'AECG est un outil de plus dans le coffre à outils de nos PME. Les PME exportatrices continuent de mettre l'accent sur les États-Unis. En effet, 89 % d'entre elles exportent vers ce pays et 74 % de la valeur des exportations est générée par la vente aux États-Unis.
Grâce à l'AECG, les PME auront une bonne raison de diversifier leurs exportations et de saisir des débouchés dans l'Union européenne, le deuxième plus important marché de marchandises au monde. À elles seules, les importations annuelles de l'Union européenne valent plus que le PIB du Canada.
En cette période de croissance au ralenti et de tendances protectionnistes, et même anti-commerce, de plus en plus marquées dans de nombreuses régions du monde, il est particulièrement important de mettre en oeuvre des accords tels que l'AECG.
Je vais donner un aperçu de l'AECG pour l'ensemble de mes collègues de la Chambre. L'AECG est une première, à de nombreux égards, en ce qui concerne le libre-échange pour le Canada et l'Union européenne. Il établit de nouvelles normes en matière de biens et services, d'obstacles non tarifaires, d'investissement et de marchés publics, ainsi que dans d'autres domaines tels que le travail et l'environnement.
Il offre un accès préférentiel au vaste marché dynamique de l'Union européen.
Il crée d'immenses possibilités et offre aux entreprises canadiennes un réel avantage concurrentiel.
Il offre aux entreprises canadiennes un avantage de précurseur par rapport à leurs concurrentes d'autres marchés, tels que les États-Unis, qui n'ont pas conclu d'accords commerciaux avec l'Union européenne.
L'AECG est un accord commercial et global qui, une fois en vigueur, couvrira presque tous les secteurs et aspects du commerce entre le Canada et l'Union européenne. Environ 98 % de quelque 9 000 lignes tarifaires de l'Union européenne sur les produits canadiens seront libres de droit, dès l'entrée en vigueur de l'Accord, par rapport à 25 % aujourd'hui. Un pour cent supplémentaire des lignes tarifaires sera aboli graduellement sur une période de sept ans.
Cet accord est crucial pour créer de la croissance au pays et, comme nous le savons, la croissance se traduit en emplois pour la classe moyenne.
[Traduction]
L'abolition des droits de douane en vertu de l'AECG créera d'immenses possibilités pour une bonne partie des exportations du Canada vers l'Europe, là où les droits demeurent élevés. Voici quelques exemples: le poisson et les fruits de mer, qui sont assujettis à des droits de douane européens allant jusqu'à 25 %; le bois, jusqu'à 8 %; les technologies de l'information et des communications, jusqu'à 14 %; et la machinerie jusqu'à 8 %.
Les fournisseurs de services canadiens jouiront également du meilleur accès au marché jamais offert dans un accord commercial par l'Union européenne, le plus grand importateur de services au monde, ainsi que des engagements les plus ambitieux en matière d'entrée temporaire jamais accordés par l'Union européenne.
Outre un accès accru au marché, l'AECG comporte plusieurs autres avantages.
Un protocole sur l'évaluation de la conformité permettra aux fabricants canadiens de certains secteurs de faire évaluer et certifier au Canada leurs produits destinés à la vente en Europe. Il s'agit d'une innovation de taille qui fera économiser temps et argent aux entreprises et qui sera particulièrement utile aux petites et moyennes entreprises.
Il s'agit également du tout premier accord commercial bilatéral canadien à contenir un chapitre distinct sur la coopération en matière de réglementation. Ceci annonce une façon de faire qui est tournée vers l'avenir et qui favorise les discussions aux premières étapes du processus.
De plus, l'AECG comprend un cadre détaillé de reconnaissance mutuelle des titres professionnels, un aspect essentiel de la mobilité de la main-d'oeuvre.
Le Canada est l'un des plus importants exportateurs de services au monde. Rien qu'en 2015, il a exporté pour 16 milliards de dollars de services en Union européenne. L'Accord économique et commercial global procure aux fournisseurs de services canadiens le meilleur accès au marché jamais concédé par l'Union européenne à ses partenaires de libre-échange. Il rend les règles du jeu équitables pour que les fournisseurs de services canadiens puissent concurrencer les fournisseurs européens dans certains secteurs et pour qu'ils jouissent d'un meilleur traitement que la plupart des concurrents provenant de pays qui ne font pas partie de l'Union européenne.
Les dispositions du chapitre sur le commerce transfrontalier en matière de services procureront de meilleures assurances d'accès au marché dans de nombreux secteurs d'intérêt pour l'économie canadienne, notamment les services professionnels, les services environnementaux, les services d'essai et d'analyse techniques, et les services de recherche et développement. C'est une excellente nouvelle pour tous les entrepreneurs canadiens.
Les dispositions de l'Accord sur la mobilité de la main-d'oeuvre vont également accroître la capacité des gens d'affaires du Canada et de l'Union européenne à se déplacer d'un pays à l'autre. Grâce à elles, les visites de courte durée pour les affaires, les changements de poste à l'intérieur des multinationales, les déplacements des investisseurs, la prestation de services sur place et le travail des professionnels indépendants pourront se faire plus aisément sur le territoire de l'Union européenne.
L'investissement joue un rôle prépondérant dans la relation économique entre le Canada et l'Union européenne. En 2015, la valeur connue des investissements directs d'entreprises canadiennes en Union européenne a atteint 210 milliards de dollars, ce qui représente 21 % des investissements canadiens directs à l'étranger connus. La même année, la valeur connue des investissements directs effectués par des entreprises européennes au Canada a atteint 242 milliards de dollars, ce qui représente plus de 31 % du total connu des investissements étrangers faits au Canada.
Ces chiffres sont loin d'être négligeables. Le Canada a besoin de plus d'investissements. Augmenter les investissements a pour effet de créer des emplois pour les travailleurs canadiens, de stimuler la croissance économique et de renforcer la classe moyenne, choses que tous les députés sont en mesure d'appuyer. L'Accord représente pour les entreprises de l'Union européenne un incitatif additionnel pour choisir le Canada comme destination d'investissement à l'étranger.
En outre, l'Accord comprend des dispositions visant à faciliter l'établissement d'investissements, à protéger les investisseurs contre les pratiques telles que le traitement discriminatoire, l'expropriation sans indemnisation et les conduites arbitraires ou abusives, et à garantir la possibilité d'opérer librement des transferts de capitaux. Les obligations à assumer aux termes de l'Accord sont appuyées par un mécanisme de règlement des différends relatifs aux investissements, dont un tribunal de première instance et un tribunal d'appel.
Je vais maintenant expliquer en quoi l'Accord économique et commercial global est une entente progressiste, ce dont tous les députés devraient être très fiers. L'investissement et le règlement des différends font partie des thèmes qui ont fait l'objet de larges débats au Canada et dans l'Union européenne. Les habitants des deux parties ont fait connaître leur opinion et leurs préoccupations concernant ces importantes questions, et d'autres enjeux comme la protection de l'environnement, le droit des travailleurs, la santé et la sécurité des consommateurs et le droit de réglementer des gouvernements.
Dès son arrivée au pouvoir, l'une des plus importantes actions entreprises par le gouvernement a été d'entendre les opposants à l'Accord, dont le nombre allait croissant tant au Canada qu'en Europe, afin de comprendre leurs préoccupations légitimes. Nous avons travaillé avec les Canadiens, notamment avec l'industrie et la société civile, mais aussi avec les députés et les porte-parole d'en face. De concert, le Canada et l'Union européenne ont agi pour que les gains économiques de la mise en oeuvre de l'Accord ne se fassent pas au détriment des enjeux vitaux qui avaient été soulevés.
Notamment, des changements ont été apportés pendant l’examen juridique de l’Accord, et un instrument interprétatif commun a été publié avec l’Union européenne lors de la signature de l’Accord. Le Canada, l’Union européenne et ses États membres y déclarent clairement et sans ambiguïté ce qu’ils ont convenu au sujet d’un certain nombre de dispositions de l’Accord, y compris dans des domaines d’intérêt public. L’Accord cimente le droit fondamental qu'ont les gouvernements démocratiques de réglementer dans l’intérêt des citoyens dans les domaines de l’environnement et des normes du travail et pour défendre le secteur public. C’est encore plus important dans le monde actuel, où la situation est de plus en plus difficile pour le commerce et l’économie mondiale.
En terminant, j'aimerais parler à la Chambre de l’Accord économique et commercial global dans le monde, dans le contexte dans lequel nous vivons aujourd’hui. Par les temps qui courent, beaucoup de pays se replient sur eux-mêmes et adoptent des mesures plus protectionnistes après des décennies d’ouverture toujours plus grande. Bien des gens ont l’impression d’être les oubliés de la mondialisation. Ils sont aux prises avec des inégalités de revenu. Ils connaissent des difficultés économiques. Ils ont peur pour leur emploi et sont inquiets pour l’avenir. Ce sont des préoccupations réelles et légitimes.
C’est pourquoi, à ma première réunion de l’OMC, j’ai déclaré à tous les ministres que nous devions avoir un équivalent de l'OMC pour les populations, que nous devions toujours faire passer les gens en premier dans toutes les décisions que nous prenons. Ce qui compte, ce sont les gens.
Cependant, fermer les frontières n’est pas une solution. Ce serait détruire la croissance économique et nous appauvrir tous, surtout une nation commerçante comme le Canada, dont la prospérité dépend de sa participation au commerce mondial. Cette voie est manifestement périlleuse.
Voilà pourquoi il est important que le Canada résiste à cette tendance protectionniste et continue de favoriser une société ouverte propice au libre-échange. Nous devons le faire de manière à placer la classe moyenne au centre de nos ambitions et au coeur de tout accord. Non seulement c’est la bonne chose à faire, mais c’est dans notre intérêt économique national. J’exhorte tous les députés à s’exprimer en faveur de l’Accord et à voter en faveur de celui-ci. Dans les décennies à venir, les gens se souviendront de ce que nous avons fait, c'est-à-dire conclure un accord historique.
:
Madame la Présidente, je suis très heureux de participer au débat sur le projet de loi , qui vise à mettre en œuvre le plus récent accord de libre-échange conclu avec l’Union européenne. J’ai été ravi d’entendre le ministre se prononcer sur le sujet. Je l'en félicite et je le félicite en outre de sa nomination au ministère. Je peux assurer aux ministériels qui n’ont pas eu leur chance que leur tour viendra sans doute, lorsque le ministre devra faire face à des questions difficiles auxquelles il sera incapable de répondre à la Chambre.
Comme je l’ai fait auparavant, parce que j'adore le faire, je vais citer un proverbe yiddish: « Les mots se pèsent et ne se comptent pas. » Je sais que, lorsqu’il s’agit de compter ses mots à la Chambre, deux députés pourraient être en désaccord avec moi lorsque je dis qu’il faut les peser. Le député de et mon cher collègue le député de pourraient bien ne pas être d’accord avec moi, eux qui cherchent tous deux à décrocher la première place. Je crois toutefois qu’il est beaucoup plus important de peser ses mots.
Je sais que de nombreux députés sont venus à la Chambre pour discuter des détails du projet de loi, des différents articles avec lesquels ils sont ou non d'accord et des répercussions que l'Accord économique et commercial global aura sur l’économie du Canada. J’aimerais prendre un peu de recul pour expliquer ce que signifie le libre-échange, ce qu'il représente pour le Canada et l’impact qu’il a eu dans l'histoire du pays.
Le Canada est un pays commerçant depuis ses tout débuts, avant même la Confédération, à l'époque où les peaux de castor servaient de monnaie d’échange à nos ancêtres et aux premiers colons.
Au moment des premiers débats sur la Confédération, c'est-à-dire la fondation du Canada, on a beaucoup discuté de la façon de faire du Canada un pays de plein droit. On parlait d’union douanière maritime. C’est de cela que débattaient les politiciens avant la Confédération. Il a fallu que sir John A. Macdonald prenne les choses en main et qu'il intervienne dans les discussions pour les réorienter sur la façon de constituer le Canada, un pays voué au commerce, tant au sein de l’Empire britannique qu’avec nos voisins au sud. À partir de cette époque, les grands débats au pays ont véritablement porté sur la façon de mettre à profit le libre-échange.
Les débats de l'époque traitaient de ce qu'on appelait la réciprocité. Le traité de réciprocité avait été annulé l’année précédente, en 1866, et c’est ce qui a marqué le fondement du pays. Cette impulsion, liée au fait de ne plus pouvoir commercer aussi facilement avec les États-Unis, a amené les politiciens à se regrouper et à créer le Canada afin de pouvoir transiger plus ouvertement avec la mère patrie — la Grande-Bretagne — et son Parlement, qui est le modèle de celui du Canada.
C’est Alexander Mackenzie, deuxième premier ministre du Canada, grand premier ministre libéral et fervent partisan du libre-échange, qui a déclaré que la réciprocité est fondamentale pour le Canada. C’était très important pour lui et pour son parti qu’elle soit mise en oeuvre et rétablie.
Je le répète, il s’agit d’un débat fondamental au Canada: comment et avec qui pouvons-nous commercer et aussi librement que possible. Il n’a jamais été question de savoir comment le gouvernement peut commercer avec un autre gouvernement, mais de savoir comment les gens peuvent commercer entre eux, car ce sont eux qui créent des sociétés et des entreprises. Eux qui sont entreprenants et qui recherchent les meilleurs marchés, ce qui n’est pas seulement une question de prix. Il s’agit du produit que les gens veulent. Il s’agit de l’obtenir et de ne pas s’arrêter seulement au prix, mais de s’intéresser aussi à la qualité, à l’origine, quel que soit le pays d’où il vient, et de pouvoir l’obtenir librement dans un pays sans ingérence d’un gouvernement qui vienne dire, par des droits de douane ou une réglementation, ou par une interdiction, qu’il est impossible de l’obtenir.
C’est un gouvernement conservateur qui a négocié, au cours d’une décennie antérieure, de nombreux accords de libre-échange, avec 46 pays, ce qui a porté le total du Canada à 51. Cela revient à 4,6 accords par an.
Parfois, quand je parle avec des étudiants, surtout des étudiants en histoire, j’aime comparer le Canada à la Ligue hanséatique. C’est de l’histoire européenne. Nous sommes sur le point de nous embarquer dans un grand accord de libre-échange avec l’Europe, et donc avec bon nombre des pays dont les villes faisaient partie jadis de la Ligue hanséatique. Le Canada est à la veille de constituer un vaste empire de libre-échange, dont le premier ministre Harper avait coutume de parler. Nous avons cette excellente occasion. Le libre-échange refaçonnera notre pays et l’Europe aussi. Le Canada et l'Europe ont une histoire et une culture communes, que beaucoup d'entre nous ont aussi en commun. C’est une occasion de façonner l’avenir pour les 20 à 50 prochaines années. Ce n’est pas seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour nos enfants et nos petits-enfants qui auront des possibilités que nous n’avons pas eues quand nous étions beaucoup plus jeunes.
D’autres accords ont été mis de côté, comme le Partenariat transpacifique. J’espère vivement que le gouvernement reprendra les négociations de cet accord et veillera à ce que nous le signions avec les partenaires qui sont encore disposés à y donner suite. C’est une grande perte pour les États-Unis d'y renoncer à cette étape. J’espère encore que le Congrès changera d’avis et signera l'accord. Là encore, cela place le Canada juste au milieu, entre l’Accord économique et commercial global, le Partenariat transpacifique et notre accord de libre-échange avec les États-Unis.
Le Canada a une occasion extraordinaire de devenir la plaque tournante pour l’acheminement des marchandises, le pays où les grandes entreprises peuvent venir pas seulement créer des emplois bien rémunérés pour la classe moyenne, mais aussi refaçonner notre pays et offrir de nouvelles possibilités, proposer de nouvelles façons de faire des affaires et créer de la richesse sur laquelle le gouvernement prélèvera des impôts pour payer les services publics auxquels les Canadiens s’attendent désormais.
Si le Partenariat transpacifique est une grande perte pour les États-Unis, l’Accord économique et commercial global est une grande perte pour le Royaume-Uni. Beaucoup de politiciens en Europe et au Royaume-Uni ont déclaré que ce sera une perte pour le Royaume-Uni, mais les Britanniques comptent encore négocier des accords de libre-échange en Europe continentale et avec le Canada, et trouver des possibilités d’accroître le commerce et de le rendre possible.
J’aime citer Daniel Hannan, un politicien. Parfois, je regarde aussi ses vidéos et ses discours. Il est maintenant un ancien membre du Parlement européen, et il a été l'un des grands promoteurs du Brexit. Selon lui, le grand rêve du libre-échange entre le Royaume-Uni et l’Union européenne a échoué à cause de la réglementation imposée au Royaume-Uni. Il estime également que le but d’un très grand nombre de politiciens au Royaume-Uni demeure de parvenir au libre-échange avec l’Europe, le Canada et autant de pays que possible, afin de donner à leurs citoyens cette formidable occasion de commercer librement avec d’autres. Il est encore bon de viser haut autant que possible. Je suis content que le gouvernement fasse adopter le projet de loi de mise en oeuvre de l'accord afin qu’il passe ensuite à d’autres négociations, à d’autres pays et régions avec lesquels nous pourrions conclure une forme ou une autre d’accord de libre-échange et procurer aux Canadiens des occasions de commercer.
Le 24 janvier, la commission du commerce international de l’Union européenne a adopté l'Accord économique et commercial global à 25 voix contre 15, avec une abstention. Le rapporteur pour l'Accord a indiqué que le résultat du vote est une réponse forte au protectionnisme croissant, et que le commerce permettra de continuer à créer de la richesse sur les deux rives de cette amitié transatlantique. Il s’agit d’une façon formidable de voir les choses. Il ne s’agit pas uniquement de l’élément commercial. Il s’agit également de cette grande amitié, qui a commencé avant la création de l’OTAN et même avant la présence britannique et française sur le continent nord-américain. Il s’agit d’une relation de longue date que l’Amérique au sens très large — l’Amérique, le Canada, le Mexique — entretient avec l’Europe. Nous avons un passé commun. Notre histoire et nos politiques sont étroitement liées. Nous participons aux travaux d'instances internationales ensemble. Bien qu'il puisse arriver que nous soyons en désaccord, et ce, parfois très profondément, les différends qui nous opposent n'altèrent pas cette amitié et, heureusement, ne virent pas à la rancoeur et aux conflits. Maintenant, nous avons la possibilité, grâce au libre-échange, de conclure entre nous une entente qui sera avantageuse pour nos citoyens respectifs.
Le Canada et l’Union européenne reconnaissent tous deux dans l’accord le droit de chacune des parties de prendre des règlements et conviennent de préserver ce droit. Cela se retrouve à l’alinéa 7d) du projet de loi. Cette disposition devrait rassurer les personnes qui craignent que, d’une manière ou d’une autre, les multinationales ne gagnent en influence et ne parviennent à monter les gouvernements les uns contre les autres, ou à contester un règlement sous prétexte qu'il les cible inutilement. L’alinéa 7d) tente de répondre à certaines des craintes des personnes qui n’appuient plus le libre-échange et suivent ainsi les traces des responsables de la montée du protectionnisme que l’on a observée à l'échelle de la planète il y a un siècle. Nous devons nous opposer à cela. C’est un bon signe que donne le gouvernement libéral en travaillant à mettre en oeuvre l’accord de libre-échange européen. Cela signale que nous sommes ouverts au commerce et que nous sommes prêts à faire des affaires. Nous voulons trouver des façons de commercer plus librement avec d’autres. Nous voulons conclure un accord permettant de réduire les droits de douane et d’harmoniser notre réglementation afin de procurer aux Canadiens ces occasions de commercer librement avec l'Europe.
L'Accord économique et commercial global n’abolira pas les obstacles au commerce dans quatre secteurs: les services publics, l'audiovisuel, les services de transport et quelques produits agricoles, dont les produits laitiers, la volaille et les œufs. L'Union européenne s'attend à ce que le commerce entre son groupe et notre pays augmente de 20 % lorsque l'accord aura été pleinement mis en œuvre.
Si l'on examine certaines données de 2015, selon l'Union européenne, les importations en provenance du Canada seulement ont totalisé à peu près 40 milliards de dollars. Pour ce qui est des exportations vers le Canada, elles se sont chiffrées à 49,5 milliards de dollars, d’après une conversion approximative de l’euro.
Nous pourrions également consulter l'Observatory of Economic Complexity, un site Web que je recommande fortement aux personnes qui s’intéressent non seulement aux chiffres, mais aussi à leur explication visuelle et qui aiment voir en images comment ces chiffres sont transposés en activité commerciale réelle, dans un format accrocheur et visuellement attrayant. Ce site traduit les données exprimées, si nous avons un assez bon comparateur, dans leur valeur pour le Canada.
Nous avons exporté pour 45,2 milliards de dollars d’automobiles en 2014. En comparaison, nos importations en provenance de l'Europe ont totalisé 49,5 milliards de dollars. Une occasion à saisir se dessine donc clairement. L'industrie automobile au Canada est un secteur de l'économie très important en Ontario, quoique peu important en Alberta, mais l’occasion est belle si nous comparons ces deux chiffres. Les principales importations au Canada ont été les pièces d’automobiles, à 20,4 milliards de dollars, soit environ deux fois nos échanges commerciaux avec l'Union européenne; le pétrole raffiné s’est chiffré à 17,9 milliards de dollars, et les camions de livraison, à 12,7 milliards. Encore une fois, nous nous attendions à un coup de pouce au commerce canadien de l’ordre de quelque 12 milliards de dollars. En conséquence, ce stimulant aurait pour effet de doubler à lui seul le montant des camions de livraison que nous importons.
Cela reviendrait presque, je le répète, à doubler notre secteur des pièces d’automobiles. C'est une occasion extraordinaire, la chance pour les Canadiens et les entreprises canadiennes de trouver des façons de satisfaire aux besoins et aux désirs des consommateurs outre-mer et, de même, pour d'autres pays, comme ceux de l'Union européenne, de trouver des moyens de satisfaire aux besoins des Canadiens, sans que le gouvernement ait nécessairement à intervenir dans ce libre-échange de biens et de services.
Le Parlement européen de 751 sièges tiendra un vote le 15 février. Il est donc urgent de tenir ce débat et d'adopter le projet de loi. Cela nous permettrait de signaler notre intérêt au Parlement européen et de montrer que nous voulons procéder aussi rapidement que possible pour adopter le projet de loi à la Chambre et au Sénat, afin que les Canadiens puissent commencer à travailler sur le terrain en prévision des échanges commerciaux avec nos partenaires en Europe. Je suis persuadé que les entreprises et les citoyens européens se préparent quant à eux au commerce avec les Canadiens.
Il est plus important que jamais d'envoyer le message que nous croyons toujours au libre-échange. Comme je l'ai déjà mentionné, le protectionnisme a monté en flèche partout dans le monde. Depuis peut-être 30 ans, beaucoup de gens ont remarqué le manque de possibilités pour eux-mêmes. Ils ont été incapables d'obtenir les emplois qu'ils voulaient. Il est possible que le libre-échange dans leur pays n'ait pas été aussi fructueux qu'ils l'avaient espéré, ou que leur secteur de l'économie ait pâti, pendant de longues périodes, d'un accord qui permettait à un pays doté d'un avantage comparable de faire des échanges commerciaux à un prix inférieur ou pour des produits de différente qualité.
Je le répète, nous essayons toujours de trouver des moyens pour aider les Canadiens à se recycler afin qu'ils obtiennent un emploi dans un nouveau secteur de l'économie, ou de trouver des possibilités entrepreneuriales pour créer de la richesse. Malgré les situations négatives qui peuvent découler d'un accord, nous devons appuyer par cet accord le renouvellement de notre confiance dans le libre-échange, qui est avantageux pour les Canadiens et qui fait partie de notre histoire. Nous pouvons élargir notre amitié transatlantique et, en dépit du sentiment protectionniste, nous veillerons à la réussite de l'accord. Celui-ci ne sera pas parfait. Il pourrait être moins avantageux pour certains secteurs de l'économie que pour d'autres, mais nous trouverons des moyens de le faire fonctionner. Dans les cas où l'accord pose problème, nous pouvons toujours nous entendre avec nos partenaires européens pour trouver une solution à la situation.
Je reprends mon exemple de la Ligue hanséatique. La ligue a été fondée sur le commerce en Europe, particulièrement autour de la mer Baltique. Elle a dominé le commerce pendant près de 400 ans. Pourtant, les marchands de la Hanse s'employaient à éliminer les restrictions sur le commerce, particulièrement les exigences réglementaires sur le commerce. La délivrance de permis et les restrictions étaient une affaire complexe dans les pays et les villes où la ligue était présente. À l'époque, il était très difficile de faire librement des affaires dans l'ensemble des régions. Essentiellement, la Ligue hanséatique leur a permis de commercer presque librement entre eux, ainsi que de fournir et d'expédier des marchandises à d'autres régions qui en avaient besoin.
Les débouchés que la ligue a découverts ont profondément remodelé les États et les villes baltes. On en voit encore des traces aujourd'hui dans la ville d'où je viens. Je suis né à Dantzig, aujourd'hui Gdansk, en Pologne. Après 1466, la ville est devenue le principal port céréalier et elle a fait de la Pologne le plus important exportateur de grains par l'entremise de son association avec la ligue. J'ai habité cette ville pendant quatre ans et demi avant que ma famille ne s'établisse ici en 1985. Gdansk est marquée par l'étroite association qu'elle avait avec la Ligue hanséatique. Toutes les zones portuaires sont soit des chantiers maritimes, soit d'anciens ports céréaliers. Les édifices patrimoniaux les plus marquants et les plus connus sont les vieux édifices des marchands de la Hanse, qui sont tous des installations de stockage de grains. Voilà ce que les gens reconnaissent le plus.
Ces bâtiments ont survécu aux ravages des deux guerres mondiales et aux nombreux troubles et soulèvements qui se sont produits en Pologne au XIXe siècle pendant les partitions. Ils ont rappelé aux générations suivantes l'essor qu'ont connu notamment les villes de Dantzig et de Hambourg grâce au commerce, qui leur a permis de s'associer avec d'autres villes et de commercer librement avec elles.
Je suis convaincu que l'Accord économique et commercial global améliorera les conditions économiques de l'Europe et du Canada pendant des décennies. Nous trouverons les débouchés dont nous avons besoin en Europe et peut-être même en trouverons-nous dont nous ignorions l'existence. Les pays de l'Union européenne en feront autant au Canada. Nous développerons autant nos rapports commerciaux — importations et exportations — que nos précieux liens d'amitié avec les Européens. Nous comprendrons mieux nos besoins mutuels. Les gens pourront probablement aller ailleurs dans le monde pour y chercher de nouveaux débouchés et créer la richesse nécessaire pour que leur famille puisse en profiter pleinement.
La liberté d'association doit aller de pair avec la liberté de commerce. Voici une citation: « Le libre-échange, un des plus beaux cadeaux qu'un gouvernement peut faire à la population, est vu d'un mauvais oeil dans [...] tous les pays. » Les députés pensent peut-être que cette phrase a été dite en 2017, mais non, elle a été écrite en 1824 par Thomas Babington Macaulay, le premier baron Macaulay, un historien et politicien britannique, un whig par-dessus le marché. Il constatait alors en Europe continentale une forte montée du protectionnisme: beaucoup de gens ne voyaient plus les bienfaits du libre-échange et les avantages qu'ils retiraient des échanges commerciaux avec les autres pays.
Je le répète, c'est le grand paradoxe de notre époque que ceux qui ont profité le plus de la libéralisation du commerce, en particulier depuis l'effondrement de l'Union soviétique, en 1989, ne croient plus en sa capacité à réduire la pauvreté extrême. Ils ne croient plus en sa capacité à réduire les carences extrêmes en matière de logement et d'énergie. Ils ne croient plus qu'elle est aussi efficace. Nous savons que toutes les statistiques le démontrent. Nous pouvons le constater de nos propres yeux lorsqu'on se rend dans certaines régions. Le commerce a énormément profité à certains pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. La situation est meilleure aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a 100 ans ou 50 ans. Depuis 1989, des pays comme Singapour, la Corée du Sud et la Pologne ont énormément profité, tout comme leur classe moyenne, de leur capacité à pouvoir commercer librement avec d'autres pays, tout comme nous d'ailleurs.
La relation commerciale que nous entretenons avec les États-Unis est celle que nous connaissons le mieux. Nous la tenons d'ailleurs parfois pour acquise. Nous n'en faisons pas assez pour entretenir cette relation avec nos amis les Américains. Nous ne devrions pas tenir cette relation pour acquise, car comme le baron Macaulay l'a dit en 1824, le protectionnisme peut toujours revenir. C'est ce que nous constatons aujourd'hui.
Ce que nous devons faire avec un projet de loi de ce genre est d'en discuter de façon judicieuse à la Chambre et au Sénat et de l'adopter le plus rapidement possible. Nous devons au moins essayer de le faire avancer pour que le 15 février, lorsque le Parlement européen votera, il voie que le Canada est prêt à tirer profit de l'accord qu'il a négocié de bonne foi avec l'Union européenne, et qu'il souhaite y donner suite et resserrer ses relations avec l'Union européenne.
Ce n'est pas aux économies socialistes ou dirigées par l'État que l'on doit la grande réduction de la pauvreté et de la misère dont nous avons profité et dont nous avons été témoins au cours des 60 dernières années. Ce ne sont pas elles qui ont sorti plus d'un milliard de personnes de la pauvreté, mais bien le libre-échange et les économies de marché.
Pourquoi les gens s'opposent-ils au libre-échange aujourd'hui? Je vais terminer avec une citation de Daniel Hannan. Il mentionne deux éléments qui constituent le problème entre le protectionnisme et le libre-échange et incarnent l'opposition entre les deux: « gains partagés », « pertes concentrées ».
Il est possible d'observer ce phénomène dans les secteurs protégés qui bénéficient de subventions quelconques du gouvernement ou qui constituent un monopole ou un oligopole, comme dans le secteur du sucre ou du pneu. La liste est longue.
D'un côté, les gains du libre-échange sont partagés au sein de la population et c'est difficile de dire: « Voilà en quoi ma situation s'est améliorée au cours des 20 dernières années et pourquoi j'ai été capable d'obtenir un emploi qui me permet de nourrir ma famille et me donne enfin l'espoir et l'impression que j'ai des possibilités ». D'un autre côté, les pertes sont concentrées, donc ceux qui sont perdants subissent des pertes considérables.
Ma famille est venue au Canada non seulement parce qu'elle fuyait la persécution politique, mais parce que le pays offrait des possibilités. L'accord de libre-échange est profondément ancré dans cette réalité, et j'exhorte la Chambre à adopter ce projet de loi dès que possible.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi à l'étape de la troisième lecture. Comme nous le savons, le projet de loi C-30 est la loi de mise en oeuvre de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne. Le présent débat est le dernier avant que le projet de loi ne soit adopté par la Chambre et renvoyé au Sénat.
Les relations entre le Canada et l'Union européenne sont extrêmement importantes et ont peut-être même gagné en importance étant donné que le Canada est confronté à de nouveaux défis dans ses relations avec les États-Unis.
Le Nouveau Parti démocratique croit que le Canada devrait absolument renforcer ses relations commerciales avec l'Union européenne. Après tout, nos pays entretiennent des liens sociaux et culturels étroits, et l'Union européenne est déjà notre deuxième partenaire commercial en importance. Ces relations commerciales sont extrêmement importantes. En fait, comme je l'ai déjà affirmé auparavant, ces relations sont trop importantes pour que nous prenions le risque de nous tromper.
Je commencerai mon discours en faisant étant de certains témoignages entendus par le Comité permanent du commerce international. Je reviendrai ensuite sur certaines préoccupations du Nouveau Parti démocratique relativement à l'Accord et sur les défis que celui-ci posera dans l'avenir.
Bien que le comité sur le commerce n'ait tenu que quatre séances pour entendre des témoins externes sur l'Accord, il a recueilli de très bons témoignages. J'aurais d'ailleurs aimé qu'il y ait un plus grand nombre de séances pour entendre davantage de témoins, car je crois que leur contribution a été très précieuse.
Dans les discussions commerciales, on oublie souvent les mesures que le gouvernement doit prendre pour favoriser l'accès des PME et des micro-entreprises à de nouveaux marchés. À peine 10 % des PME canadiennes font des affaires au-delà de nos frontières.
Il incombe au d'élaborer et de mettre en oeuvre une nouvelle stratégie de soutien des exportations des entreprises canadiennes dans les marchés extérieurs. Cette question a souvent été abordée au comité du commerce; les témoins ont parlé des mesures que le gouvernement pourrait prendre pour soutenir les entreprises exportatrices du Canada.
L'Association canadienne des éleveurs de bovins a dit au comité qu'elle était très favorable à l'Accord économique et commercial global. Par contre, elle a aussi parlé des obstacles à surmonter pour que les marchés potentiels qu'on leur vante se traduisent par de véritables échanges commerciaux. Les producteurs de viande du Canada sont essentiellement exclus du marché européen; ils voient donc d'un bon oeil l'accès que l'Accord pourrait leur donner. Je souligne toutefois que les quotas d'exportation du boeuf canadien augmenteront progressivement pendant six ans. De leur côté, les exportateurs de l'Union européenne bénéficieront d'un libre accès au Canada, sans droits de douane ni quotas, dès que l'Accord sera en vigueur.
L'association des éleveurs de bovins a fait ressortir des différences importantes qui existent entre le Canada et l'Union européenne au chapitre de la réglementation en matière de salubrité des aliments. Le soutien qu'accorde l'association au projet de loi et à la mise en oeuvre de l'Accord économique et commercial global repose sur trois conditions: premièrement, elle souhaite que le gouvernement s'engage à élaborer et à mettre en oeuvre une stratégie globale visant à éliminer les barrières non tarifaires qui s'appliquent au boeuf canadien; deuxièmement, elle s'attend à ce que les importations de boeuf en provenance de l'Union européenne soient conformes aux exigences canadiennes en matière de salubrité des aliments; et, troisièmement, elle souhaite que le gouvernement investisse dans les opérations de production et de transformation du boeuf pour aider les entreprises visées à s'adapter aux complexités du marché de l'Union européenne.
Comme on peut le constater, il reste encore beaucoup de travail à faire avant que les exportateurs canadiens puissent avoir accès aux nouveaux marchés potentiels de l'Union européenne.
Le Comité a aussi entendu des représentants de la Chambre de commerce du Canada, qui ont affirmé que les accords commerciaux ne représentent qu'un point de départ. Le Canada doit se doter d'une stratégie commerciale vigoureuse pour aider les petites entreprises à profiter des nouveaux débouchés.
J'aimerais souligner certains commentaires formulés devant le Comité par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la FCEI, qui, comme on le sait, représente plus de 100 000 PME canadiennes. Mme Corinne Pohlmann, de la FCEI, a déclaré ce qui suit:
[...] près des deux tiers de nos membres ont dit soutenir les accords commerciaux internationaux. Cependant, seulement un propriétaire de petite entreprise sur cinq estimait avoir suffisamment de renseignements pour répondre à cette question, ce qui donne à penser qu'il faut peut-être en faire plus pour les informer au sujet des occasions que les accords commerciaux peuvent offrir à leur entreprise.
Mme Pohlmann a également ajouté que les producteurs assujettis à la gestion de l'offre ont d'importantes préoccupations et qu'ils devraient être indemnisés pour le manque à gagner qu'ils enregistreront à cause de l'Accord économique et commercial global. Selon la FCEI, les petites entreprises souhaitent davantage d'uniformisation, moins de réglementation, des normes simples à respecter et des formalités frontalières plus simples, moins de paperasse et des coûts moindres. Le NPD souscrit entièrement à toutes ces demandes.
Voilà précisément le genre de commerce que préconisent les néo-démocrates. C'est une honte que l'Accord économique et commercial global inclue tellement de dispositions que nous ne pouvons appuyer, notamment les droits juridiques extraordinaires qui permettront aux entreprises étrangères de contester les lois environnementales canadiennes, et les règles sur la propriété intellectuelle qui favorisent les grandes sociétés pharmaceutiques, ce qui ferait augmenter le coût des médicaments qu'achètent les Canadiens.
Nous ne pouvons tout simplement pas appuyer ces dispositions contenues dans les accords globaux comme l'AECG et le PTP. Ces dispositions ne servent pas l'intérêt des Canadiens. Nos concitoyens doivent pouvoir compter sur des représentants élus prêts à contester ces principes dangereux.
« L'Accord économique et commercial global nuira également à l'industrie laitière du Canada et le programme d'investissement qui a été proposé aux producteurs laitiers est bien loin de compenser les pertes envisagées. J'aimerais citer un extrait des propos qu'a tenus Yves Leduc, représentant de Producteurs laitiers du Canada, lors de sa comparution devant le comité du commerce:
À ce sujet, en ce qui concerne l'annonce faite le 10 novembre dans laquelle le gouvernement a dit qu'il offrira une aide de transition relativement à l'AECG, les PLC ont été heureux de la décision du gouvernement d'investir 250 millions de dollars pour les fermes laitières et 100 millions de dollars pour stimuler les investissements dans la mise à jour des infrastructures de transformation de l'industrie laitière canadienne [...] Cependant, elles n'abordent que partiellement les dommages qui seront causés par l'AECG. Pour les producteurs laitiers, l'accord entraînera l'expropriation de jusqu'à 2 % de la production laitière canadienne, ce qui représente 17 700 tonnes de fromage qui ne sera plus produit au Canada. Cela équivaut à la production annuelle totale de la Nouvelle-Écosse, ce qui coûtera aux producteurs laitiers canadiens jusqu'à 116 millions de dollars en pertes de revenu perpétuelles.
Examinons les chiffres. Les producteurs laitiers canadiens perdront perpétuellement 115 millions de dollars par année et le soi-disant plan de transition des libéraux leur fournira 50 millions de dollars par année, et ce, pendant seulement cinq ans. Cela ne suffit tout simplement pas à indemniser les producteurs laitiers pour les pertes qu'ils subiront aux termes de l'Accord économique et commercial global, et certains d'entre eux ne toucheront jamais à un cent de cet argent.
Le gouvernement dit appuyer la gestion de l'offre, mais lorsque vient le temps d'agir, il tourne le dos aux producteurs laitiers. Il n'a rien fait dans le dossier du lait diafiltré et il a maintenant envoyé Brian Mulroney aux États-Unis pour représenter le Canada. C'est un homme qui, la semaine dernière, a ouvertement demandé l'élimination de la gestion de l'offre.
Voici la personne que les libéraux ont envoyée aux États-Unis pour apparemment défendre les intérêts commerciaux du Canada. J'espère que le exhorte le à rapatrier M. Mulroney puisqu'il ne peut pas prétendre se battre pour le Canada lorsqu'il déclare que la gestion de l'offre doit disparaître.
La gestion de l'offre est à la base de l'industrie laitière canadienne et fournit aux agriculteurs canadiens un revenu fiable. Elle maintient la stabilité des prix, ne nécessite aucune aide gouvernementale et fournit au Canada du lait local sain. Cependant, la gestion de l'offre a été affaiblie par le Partenariat transpacifique et l'Accord économique et commercial global. Il est temps que le gouvernement respecte sa promesse et commence à défendre les producteurs laitiers du Canada.
Au sujet de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, les libéraux ont complètement ignoré la question du dédommagement de Terre-Neuve-et-Labrador, qui devra renoncer aux exigences minimales de transformation. Ces exigences sont très importantes pour elle, car elles précisent que les poissons pris dans la province doivent y être transformés, ce qui garantit que les emplois restent dans l'économie rurale de la province.
En 2013, un fonds de 400 millions de dollars a été établi pour les pêches, auquel Ottawa a contribué 280 millions de dollars et Terre-Neuve-et-Labrador, 120 millions. Où est cet argent maintenant? Pourquoi le gouvernement libéral revient-il sur sa promesse? Pour l'amour du ciel, comment se fait-il les députés libéraux de Terre-Neuve-et-Labrador ne posent pas eux-même toutes ces questions?
J'aimerais lire une citation:
L'élimination des exigences minimales de transformation est manifestement un sujet préoccupant pour les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador, et votre gouvernement a accepté d'appuyer l'AECG en partie grâce à une promesse de la part du gouvernement du Canada d'aider l'industrie à s'ajuster à la nouvelle réalité. Cette promesse devrait être honorée.
Les députés savent-ils qui a dit cela? C'était le très honorable premier ministre, le député de , dans une lettre à l'ancien premier ministre.
Je suis d'accord, monsieur le , cette promesse devrait être honorée, mais le gouvernement s'engagera-t-il aujourd'hui à verser les compensations promises, ou cette promesse n'en serait-elle qu'une parmi d'autres que les libéraux ont rompues?
Une autre industrie canadienne risque de subir les terribles contrecoups de l'Accord: le secteur maritime, qui génère 250 000 emplois directs et indirects. Aux termes de l'Accord, les navires étrangers pourront transporter des marchandises entre les ports canadiens. L'ouverture du cabotage aux navires étrangers est une première au Canada, et les marins s'inquiètent — à juste titre — que ce changement entraîne des pertes d'emplois au pays. Les navires européens seront autorisés à engager des travailleurs non canadiens.
Je voudrais attirer l'attention de mes collègues sur la question des pavillons de complaisance, c'est-à-dire lorsqu'un navire marchand est enregistré dans un pays différent de celui où vit le propriétaire. Cette pratique présente de nombreux avantages pour les propriétaires: réglementation minimale, droits d'enregistrement modiques, peu ou pas d'impôt et possibilité d'engager de la main-d'oeuvre bon marché partout dans le monde. Pour les travailleurs, cette approche est synonyme de salaires bas, aussi peu que 2 $ l'heure, ainsi que de mauvaises conditions à bord, de nourriture insatisfaisante, de manque d'eau potable et de très mauvaises conditions de travail.
J'espère que mes collègues sont conscients des incidences possibles sur l'industrie maritime du Canada. La Coalition maritime canadienne et chaîne logistique, qui regroupe notamment le Syndicat international des marins canadiens et le syndicat international des débardeurs et des magasiniers, est très préoccupée par l'Accord. La Coalition estime que l'Accord pourrait causer la perte immédiate de 3 000 emplois dans l'industrie maritime canadienne, de la côte Est à la côte Ouest en passant par les Grands Lacs.
Je tiens à souligner les répercussions de l'Accord sur une autre industrie canadienne. Il s'agit d'une industrie primordiale pour ma circonscription, Essex. Je sais qu'elle est également primordiale pour la circonscription de bon nombre de mes collègues, y compris dans la région du Niagara et en Colombie-Britannique. Je parle, bien entendu, du secteur vinicole canadien.
Actuellement, l'Union européenne exporte 180 millions de litres de vin au Canada, mais le Canada n'en exporte que 123 000 litres là-bas. L'Accord économique et commercial global exacerbera le déséquilibre commercial.
L'Association des vignerons du Canada demande l'appui du gouvernement fédéral pour aider le secteur vinicole canadien à s'adapter et à se préparer à la mise en oeuvre de l'Accord. J'ai espoir que le gouvernement a tenu compte des répercussions de l'Accord sur l'industrie vinicole du pays et qu'il lui offrira du soutien pour qu'elle s'adapte.
Pour n'importe quel accord commercial, il faut faire des compromis et des concessions. Le Canada a fait des concessions importantes en présumant que le Royaume-Uni serait partie à l'accord. Nous savons maintenant que c'est peu probable.
Si l'Accord économique et commercial global va de l'avant, certains secteurs devront procéder à des rajustements importants. Je recommande vivement au gouvernement d'épauler les secteurs canadiens touchés et d'aider ceux qui en ont besoin en prévoyant de l'aide à la transition et des indemnisations, si nécessaire.
Je suis très déçue de voir comment les libéraux semblent peu disposés à écouter les préoccupations des Canadiens au sujet de cet accord. Comme je l'ai mentionné, le comité a fait une étude très limitée de cette mesure législative et même les secteurs qui appuient l'accord avaient des conditions et des préoccupations précises au sujet de sa mise en oeuvre.
Il ne fait nul doute que cet accord a eu un parcours difficile et on est encore loin d'être certains que l'Union européenne va un jour le mettre en oeuvre. Si le Parlement de l'Union européenne ratifie l'Accord, celui-ci devra quand même être ratifié par chaque État membre et, dans certains cas, par les parlements régionaux.
Le mois dernier, la Commission du commerce international de l'Union européenne a voté à 25 voix contre 15 en faveur de l'adoption de l'Accord. Toutefois, en décembre, la Commission de l'emploi et des affaires sociales de l'Union européenne a voté à 27 voix contre 24 en faveur de son rejet. Il est clair qu'il y a encore beaucoup d'opposition à l'Accord économique et commercial global, à la fois au Canada et dans l'Union européenne. Les libéraux ont beau dire que tous les progressistes de l'Union européenne appuient l'Accord, ce n'est simplement pas le cas.
Cela dit, il n'y a pas qu'une opposition politique. Il y a aussi de nombreux opposants parmi la population. L'an dernier, il y a eu quelques manifestations comptant chaque fois plus de 100 000 protestataires. En Allemagne, une contestation constitutionnelle contre l'Accord a recueilli 125 000 signatures, et une campagne référendaire entreprise récemment aux Pays-Bas a déjà recueilli plus de 200 000 signatures.
Je ne crois pas que cette opposition puisse être attribuable à une vague de protectionnisme. Les gens s'opposent à cet accord pour des motifs bien concrets. Angella MacEwen, économiste principale du Congrès du travail du Canada, a déclaré ceci devant le comité:
Les gains de ces accords commerciaux ne sont jamais aussi élevés que prévu, et ceux de l'AECG sont modestes. Ils figurent dans les barres d'erreur de notre croissance économique prévue de toute façon.
Parmi les quelques études qui ont été réalisées au sujet de l'Accord économique et commercial global, la plupart sont fondées sur des hypothèses irréalistes, comme le plein emploi, l'absence de mobilité des capitaux et le partage égal des revenus projetés. Même selon ces hypothèses, les gains prévus pour le PIB grâce à l'Accord ne devraient pas dépasser 0,76 %. J'aimerais aussi souligner que, une fois que des accords de libre-échange sont mis en oeuvre, il n'existe pas vraiment de moyen de mesurer s'ils permettent de créer des emplois ni comment leurs retombées sont distribuées.
Des études fondées sur un ensemble différent d'hypothèses ont démontré que cet accord entraînera une hausse des inégalités, ce qui pourrait mener à la perte de 204 000 emplois dans l'Union européenne et de 23 000 emplois au Canada.
Au bout du compte, je ne vois pas le gouvernement s'engager à atténuer ces effets négatifs. En fait, les libéraux refusent même ne serait-ce que de parler de ces effets, que ce soit à la Chambre ou au comité. J'exhorte le gouvernement à prêter l'oreille aux préoccupations bien réelles que soulève cet accord.
Les libéraux ont tenu des consultations sur le Partenariat transpacifique pendant plus d'un an et ils ne peuvent toujours pas prendre de décision. Par contre, pour l'Accord économique et commercial global, qui a lui aussi été négocié par les conservateurs, ils n'ont tenu aucune consultation, ou presque. Ils y ont rapidement apposé leur sceau d'approbation et l'ont qualifié de progressiste, et le voilà prêt à adopter au Parlement. Je ne vois aucune différence entre les politiques commerciales de l'ancien gouvernement conservateur et celles du gouvernement libéral actuel. Avec le changement de gouvernement aux États-Unis, les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement canadien défende leurs intérêts. Il est temps que les libéraux nous montrent ce qu'est un programme commercial progressiste.
Aujourd'hui, le Globe and Mail rapporte que, selon un nouveau sondage, les Canadiens s'attendent à ce que leur « s'oppose à la stratégie agressive du président visant à prioriser les intérêts des Américains, et ce, même si cela entraîne une guerre commerciale avec le plus important partenaire commercial du Canada. » Pour les néo-démocrates, affronter le président revient à défendre les emplois des Canadiens. Le Canada doit se tenir debout pour protéger son secteur laitier, celui du bois d'oeuvre et tous les autres qui dépendent du commerce. Si les États-Unis souhaitent renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain, cela nous permettrait de réclamer des normes du travail et environnementales plus rigoureuses et de supprimer des dispositions rétrogrades comme les règlements d'arbitrage entre les investisseurs et l'État, qui ressemblent à ceux de l'Accord économique et commercial global et du Partenariat transpacifique.
Je conclurai mon discours sur une mise en garde. L'ancien gouvernement a essuyé beaucoup de critiques pour avoir négocié des accords commerciaux en secret, comme il l'a fait dans le cas du Partenariat transpacifique et de l'Accord économique et commercial global. Il faut trouver un meilleur équilibre, qui permettra à la fois de protéger les détails confidentiels liés à la négociation et d'informer les Canadiens des enjeux discutés.
Les libéraux ont promis aux Canadiens une ouverture et une transparence accrues mais, quand il s'agit de commerce, ils se comportent comme les conservateurs. Ils n'ont pas dit le moindre mot au sujet de l'accord sur le commerce des services et ils n'ont rien dit aux Canadiens à propos des enjeux de la renégociation de l'ALENA.
J'encourage vivement le gouvernement à communiquer franchement avec les Canadiens, à faire preuve de transparence et à avoir avec eux des discussions honnêtes et constructives à propos des conséquences éventuelles des accords commerciaux.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Madame la Présidente, je vous remercie de nous donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi important dont nous sommes saisis. C'est un privilège d'appuyer l'adoption du projet de loi .
Je félicite la , le ministre du gouvernement précédent qui a participé à ce dossier, ainsi que l'équipe de négociateurs pour leur travail laborieux et fructueux, qui a permis d'amener cet accord commercial international jusqu'aux dernières étapes nécessaires à sa mise en oeuvre.
Il existe de nombreuses raisons pour appuyer le libre-échange. Il permet aux consommateurs, aux entreprises et au gouvernement d'avoir accès à une plus grande gramme de biens et services. Il favorise la concurrence et permet d'avoir des produits de meilleure qualité et à meilleurs prix. Dans un contexte stratégique plus large, le libre-échange favorise le leadership au moyen d'une approche inclusive, progressiste à l'égard du commerce mondial et permet de conclure des accords commerciaux plus poussés, efficaces et avantageux. Cela dit, le commerce est avantageux surtout parce qu'il entraîne une croissance économique qui, elle, crée plus d'emplois qui, eux, donnent lieu à plus de possibilités pour la classe moyenne et ceux qui s'efforcent d'en faire partie.
Dans un contexte commercial mondial incertain, l'économie du Canada ne pourra s'épanouir que si nous adoptons une stratégie de diversification des marchés. Une telle stratégie exige que nous soyons constamment à la recherche de nouveaux débouchés tout en améliorant le rendement des ventes sur le plus grand nombre possible de marchés où nous sommes déjà implantés. L'Union européenne représente le deuxième marché en importance dans le monde. Pour illustrer mon propos, disons que les 500 millions d'Européens achètent plus du reste de la planète en un an que ce que l'ensemble du Canada produit au cours de la même période.
Lorsqu'on tente d'améliorer les ventes, la première chose à faire, c'est de vérifier s'il y a place à l'amélioration auprès de notre clientèle existante, l'Europe par exemple, avec laquelle nous commerçons déjà depuis 200 ans. L'Europe compte déjà parmi les meilleurs clients du Canada. L'Union européenne est le deuxième partenaire commercial de notre pays après les États-Unis. En 2015, nos exportations de marchandises vers l'Union européenne ont totalisé 38 milliards de dollars.
Je représente la circonscription de Kitchener-Sud—Hespeler, dans le Sud-Ouest de l'Ontario. Je vais donner un exemple plus près de nous. En 2015, les exportations ontariennes de marchandises vers l'Union européenne ont totalisé 19,7 milliards de dollars, soit plus de la moitié de l'ensemble des exportations canadiennes vers l'Union européenne. L'Ontario et Kitchener-Sud—Hespeler ne peuvent que bénéficier d'un meilleur accès au marché européen.
Une fois l'Accord économique et commercial global mis en oeuvre, le Canada sera stratégiquement positionné pour devenir un des rares pays développés bénéficiant d'un accès préférentiel aux deux plus importants marchés au monde, soit l'Union européenne et les États-Unis.
Si je reviens à l'échelle locale, à Kitchener-Sud—Hespeler, la mise en oeuvre de l'Accord profitera au secteur de la fabrication de pointe, un important moteur économique de la région. Ce secteur offre un emploi bien rémunéré à de nombreuses personnes dans ma circonscription.
Le Canada réussit à exporter pour 38 milliards de dollars vers l'Union européenne malgré le fait que celle-ci perçoit à l'heure actuelle des taxes et des droits de douane sur 75 % des marchandises que nous y exportons, ce qui fait croître leur prix d'achat pour les Européens et les rend moins concurrentielles. L'Accord rendrait nos produits plus concurrentiels et leur conférerait un avantage sur ceux de pays qui n'ont pas un accès privilégié aux marchés de l'Union européenne.
Dès l'entrée en vigueur de l'Accord économique et commercial global, 98 % des lignes tarifaires de l'Union européenne visant les produits canadiens seront exemptes de droits de douane. Les principales exportations de l'Ontario seront incluses: métaux et produits minéraux, produits manufacturés, produits chimiques et plastiques. Dans les sept années qui suivront la mise en oeuvre de l'Accord, le pourcentage des marchandises exemptes de droits de douane atteindra 99 %. Pratiquement tous les produits manufacturés canadiens exportés vers l'Union européenne seront exempts de droits.
En ce qui concerne les produits agricoles et agroalimentaires, 94 % des lignes tarifaires de l'Union européenne seront également exemptées de droits de douane sur-le-champ, proportion qui passera à 95 % dans les sept années suivantes.
L'Union européenne est aussi le plus grand importateur de services au monde. L'Accord économique et commercial global offrira aux fournisseurs de services canadiens le meilleur accès au marché jamais conféré par l'Union européenne dans un accord. C'est particulièrement important pour l'économie de l'Ontario, dont les services représentaient 77 % du PIB total et donnaient de l'emploi à plus de 4,9 millions d'Ontariens en 2015. Une fois que les biens ou les services canadiens sont importés en Europe, l'Accord prévoit qu'ils ne doivent pas être traités moins favorablement que les produits locaux. Par exemple, ils ne peuvent pas être assujettis à un taux d'imposition plus élevé, à une réglementation plus rigide ou à des restrictions quant aux ventes différentes de celles visant les produits locaux similaires.
À la fin de 2015, les entreprises canadiennes ont choisi l'Europe pour 21 % de leurs investissements étrangers directs, totalisant 210 milliards de dollars, alors que les entreprises européennes ont réalisé des investissements étrangers directs d'une valeur de 242 milliards de dollars, ce qui représente 31 % des investissement étrangers directs réalisés au Canada.
L'Accord offrirait aux investisseurs canadiens et européens une meilleure protection, tout en respectant la capacité des gouvernements à adopter des lois et à prendre des règlements dans l'intérêt public, notamment sur des sujets touchant la protection de l'environnement ou la santé et la sécurité des gens.
Les gouvernements comptent au nombre des plus grands acheteurs de biens et de services. On estime que les gouvernements européens dépensent environ 3,3 billions de dollars par année au titre des approvisionnements. L'Accord économique et commercial global donnerait aux entreprises canadiennes la possibilité de soumissionner sur des contrats en vue de fournir des biens et des services aux gouvernements européens à tous les niveaux.
Grâce à l'Accord, il sera plus facile pour les professionnels qualifiés et les gens d'affaires canadiens d'occuper un emploi temporaire au sein de l'Union européenne et de traverser les frontières, au besoin, notamment pour établir des succursales et pour fournir des services liés à des biens vendus.
Ce qui m'enthousiasme aujourd'hui, c'est de savoir que l'Accord permettra d'intensifier les échanges commerciaux. Le commerce stimule la croissance, et la croissance favorise la création d'emplois. L'augmentation du nombre d'emplois aidera les personnes qui tentent de faire partie de la classe moyenne. L'Accord économique et commercial global sera utile pour les résidants de ma circonscription, Kitchener-Sud—Hespeler, car il créera des emplois et des débouchés. Il aura des conséquences positives pour l'Ontario et pour l'ensemble des Canadiens.
:
Madame la Présidente, dans l'état actuel des choses, le Bloc québécois n'appuiera pas le projet de loi en troisième lecture. Ce n'est pas de gaieté de coeur que nous allons nous y opposer. Comme chacun le sait, nous avons appuyé le principe de l'accord Canada-Europe. Cet accord comporte des atouts pour le Québec. Ce sont des atouts précieux.
Actuellement, notre voisin du Sud est plutôt imprévisible, pour ne pas dire erratique. L'élection de Donald Trump nous rappelle que nous ne pouvons pas nous contenter d'être accrochés au train américain et que nous avons besoin d'avoir plus d'un partenaire. L'Europe est toute désignée pour être ce partenaire privilégié.
Comme la l'a si bien dit hier, le Québec est le coeur technologique du Canada. Notre économie comprend des secteurs de pointe comme l'aéronautique et l'intelligence artificielle où nous sommes reconnus partout dans le monde. Notre peuple est créatif, c'est pourquoi c'est un des leaders reconnus sur la scène internationale, dans des secteurs comme les jeux vidéo.
Le Québec est aussi un leader en matière de recherche-développement, malgré le fait que le gouvernement fédéral ne l'appuie pas adéquatement. Nous avons le chantier naval le mieux coté en Amérique du Nord. Le Québec est un des leaders mondiaux en production d'énergie verte. Contrairement au Canada qui s'enfonce dans le bitume, nous sortirons gagnants de notre dépendance au pétrole. L'avenir du Québec s'annonce beau.
Toutefois, développer un produit de pointe, c'est long et cela coûte cher. Nos entreprises de pointe, nos secteurs d'avenir, ne pourraient pas rentabiliser leur production seulement sur le marché intérieur. Nous avons besoin d'accès au monde. Nos secteurs de pointe en dépendent. Notre avenir en dépend.
L'accord Canada-Europe aurait donc pu être un bon accord. Il avait le potentiel d'être taillé sur mesure pour le Québec, qui joue déjà un peu le rôle de pont entre l'Amérique du Nord et l'Europe. Le Québec représente environ 40 % du commerce Canada-Europe. Aussi, environ 40 % des investissements européens au Canada se font chez nous, au Québec. La force de l'économie québécoise n'est plus à démontrer. Notre modèle de développement, un peu différent du reste de l'Amérique du Nord, ne fait pas peur aux investisseurs européens. Après tout, l'Allemagne est plus syndiquée que nous et elle s'en sort assez bien, merci. Les Européens n'ont pas peur du fait que nos employés soient plus syndiqués qu'ailleurs en Amérique du Nord. Cela est tout le contraire des investisseurs américains qui craignent la différence québécoise, en partie parce que le Canada fait mal la promotion et vend mal les forces du Québec.
Devant le protectionnisme grandissant des États-Unis, les Européens auront davantage besoin du Québec comme porte d'entrée en Amérique du Nord.
Oui, cet accord présentait son lot d'occasions, mais nous ne pouvons pas appuyer n'importe quoi. Partout dans le monde, on voit ce qui se passe, lorsqu'on oublie de soutenir les perdants des accords commerciaux. L'accord Canada-Europe apporte son lot de victimes au Québec, et Ottawa néglige de les compenser correctement. Le Québec est une nation commerçante, et nous avons toujours su tirer notre épingle du jeu, malgré le fait que le Québec n'est pas indépendant et doit constamment se battre pour qu'Ottawa tienne compte de sa différence dans les traités commerciaux.
Contrairement au gouvernement, nous ne laisserons pas tomber nos gens. Nous avons un secteur de produits laitiers et fromagers très stable grâce à la gestion de l'offre qui permet de répondre à la demande. Le gouvernement canadien a décidé de sacrifier les producteurs fromagers du Québec pour satisfaire la production bovine de l'Ouest. La réalité du marché européen est bien différente de celle du marché québécois. En Europe, les producteurs sont hautement subventionnés, ce qui n'est pas le cas au Québec. Ils peuvent donc facilement vendre sous le prix coûtant leurs fromages ici au Québec. Ce n'est pas le cas ici où l'on s'assure que l'offre rejoint la demande pour éviter le gaspillage et où l'on s'assure de maintenir une stabilité pour les producteurs. Les producteur fromagers québécois sont plus souvent qu'autrement des petites entreprises artisanales, des entreprises fragiles. L'accord Canada-Europe va ouvrir le marché canadien, incluant le marché québécois, aux produits fromagers européens, mais l'inverse n'est pas vrai. Selon les règles de l'OMC, le système de gestion de l'offre ne nous permet pas d'exporter notre production. Nous nous retrouvons donc dans une situation où les producteurs fromagers perdent à coup sûr sans aucune possibilité de faire des gains.
Les entreprises européennes ultra subventionnées pourront donc vendre à très bas prix du fromage au Québec. Cela va mettre une énorme pression sur nos producteurs. Comme la production québécoise représente la moitié des fromages au Canada et plus de 60 % des fromages fins, c'est le Québec qui est le plus touché par l'accord.
À terme, l'accord donnera 7 % du marché canadien à l'Europe, soit 18 000 tonnes de fromage. Les fromages fins représenteront la quasi-totalité des importations futures. Je le répète: le Québec représente plus de 60 % de la production de fromages fins au Canada, et il sera donc la première victime de la mesure. Ainsi, les pertes pour les producteurs fromagers sont estimées à plus de 300 millions de dollars, année après année.
Le gouvernement ne s'est jamais engagé à compenser intégralement les producteurs. En fait, il a offert à l'industrie laitière et fromagère un total de 350 millions de dollars étalés sur cinq ans. Il n'a donné aucun détail sur les critères ou sur la répartition. Qui plus est, il n'a donné aucune garantie pour l'avenir. Tout ce que l'on demandait au gouvernement, c'était qu'il s'engage fermement à compenser intégralement les pertes, mais il n'a jamais voulu le faire.
Les producteurs fromagers du Québec se sont résignés à ce que le gouvernement adopte l'accord Canada-Europe et qu'il ouvre notre marché des produits fromagers aux Européens. Par conséquent, l'UPA s'est résignée à demander une compensation financière pour les pertes que les producteurs laitiers et fromagers vont nécessairement subir. D'ailleurs, le gouvernement du Québec va dans le même sens.
Nos producteurs fromagers sont inquiets, et le gouvernement canadien n'a pas fait le nécessaire pour les rassurer en leur offrant les garanties demandées. La diversification de nos marchés est souhaitable, puisqu'en ayant plus de partenaires commerciaux, nous nous assurons une économie plus stable. Malheureusement, encore une fois, le Canada ne tient pas compte du marché québécois.
Comme le Québec n'est pas un pays, cela signifie que le Canada parle au nom du Québec, bien que le Canada ne comprenne pas le modèle québécois. Bien souvent, le modèle québécois est incompatible avec le modèle canadien. Bien entendu, dans ce genre de situations, le gouvernement fédéral penche pour le reste du Canada, car c'est tout simplement plus rentable sur le plan politique; c'est une question de mathématiques. C'est encore le cas avec l'accord Canada-Europe.
S'il avait fait ses devoirs, le gouvernement aurait pu proposer des solutions novatrices, comme celle de permettre aux artisans et aux petites entreprises d'obtenir des licences d'importation de fromages européens. Cela leur aurait permis de profiter de la vente de fromages européens et de compenser les pertes encourues à cause de l'accord. Si rien n'est fait, les grandes chaînes risquent d'obtenir les licences, et ce sont elles qui en profiteront. Cela fera souffrir davantage nos producteurs. Pour l'instant, rien n'indique que le gouvernement soit sensible au sort de nos producteurs fromagers.
Bref, pour toutes ces raisons, nous ne pouvons pas appuyer le projet de loi. Le Bloc québécois n'abandonnera pas les producteurs fromagers et laitiers du Québec. Nous avons pris un engagement ferme lors de la dernière élection. En effet, nous avons promis d'appuyer l'accord Canada-Europe seulement si le gouvernement s'engageait à compenser intégralement l'industrie fromagère et laitière. Faute d'engagement clair, nous nous y opposerons. Le Bloc québécois respecte ses engagements, et il dénonce le manque de sensibilité du gouvernement face aux producteurs. Nous sommes solidaires des producteurs.
:
Madame la Présidente, je tiens à souligner ce soir que j’appuie fortement le projet de loi .
C'est un accord que nous attendions depuis longtemps, depuis plus de 10 ans, et un grand nombre de Canadiens ont contribué à sa conception. Nous ne pouvons qu’admirer les négociateurs commerciaux chevronnés du Canada qui, pendant 10 ans, ont accompli le plus gros de ce travail. Je m’en voudrais de ne pas reconnaître plusieurs collègues ici à la Chambre qui ont joué un rôle crucial dans la conclusion de cet accord.
Nous devons reconnaître la contribution des députés d’ et de . Sous leur direction, le Canada est parvenu à un accord de principe avec l’Union européenne en 2014.
Nous pouvons aussi remercier le député de qui, dans son rôle de ministre du Commerce international du Canada, avait entamé les négociations avec l’Union européenne en 2009. Il a accompli le plus gros de ce travail avec Stockwell Day quand celui-ci était ministre du Commerce international.
Remercions aussi la actuelle qui, dans le cadre de son portefeuille précédent de ministre du Commerce international, a aidé à la conclusion de l'Accord économique et commercial global.
Reconnaissons enfin la contribution de l’ancien premier ministre Stephen Harper. En aspirant à sa vision extraordinaire de libéralisation des marchés et de libre-échange, il a dirigé notre pays pendant plus de 10 ans à travers une longue période de succès en matière de commerce, dont la signature de 46 accords de libre-échange historiques, l’AECG étant le plus prestigieux. Il est vrai que l’AECG est l’accord de libre-échange le plus important que nous ayons conclu depuis l’ALENA.
Le Canada est une nation commerciale. Les deux tiers de son PIB dépendent de ses activités commerciales. Un emploi sur cinq est lié au commerce. Depuis la ratification de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, en 1988, le commerce entre nos deux pays s’est énormément développé. Chaque jour, ils mènent des échanges commerciaux d’une valeur de 2 milliards de dollars. Évidemment, le Canada jouit d’un accès préférentiel aux marchés américains grâce à l’ALENA.
Grâce à l’AECG, le Canada obtiendra un accès préférentiel à la plus importante économie au monde, celle de l’Union européenne, qui se compose de 28 États membres, dont la population dépasse 500 millions d’habitants et dont l’activité économique annuelle s’élève à près de 20 billions de dollars.
De plus, l’Union européenne est le plus grand importateur au monde. Elle complète donc très bien l’économie canadienne, qui dépend avant tout de l’exportation. Le Canada effectue déjà beaucoup de transactions commerciales avec l’Union européenne, qui est le deuxième partenaire le plus important du Canada. Chaque année, le Canada traite pour une valeur de 80 à 90 milliards de dollars avec l’Union européenne.
Au fil des ans, nos liens économiques avec l’Union européenne se sont renforcés. Prenons par exemple les exportations qui, en 1997, s’élevaient à 17,9 milliards de dollars et qui atteignent aujourd’hui 40 milliards de dollars. L’AECG renforcera plus encore les liens économiques et commerciaux du Canada et de l’Union européenne. En fait, les résultats d’une étude menée conjointement par le Canada et l’Union européenne au début des négociations prévoient que le commerce bilatéral entre nos deux pays augmentera d'environ 20 % grâce à l’AECG.
Pour ma province, l’Alberta, l’Accord économique et commercial global n’est rien de moins qu’une grande victoire. L’Union européenne est la quatrième destination en importance pour les exportations de l’Alberta. Elle est aussi son troisième partenaire commercial en importance. Autrement dit, ce que l’Accord signifie pour l’Alberta, c’est l’élimination de presque toutes les lignes tarifaires de l'Union européenne sur les exportations de l’Alberta destinées au marché européen.
En vertu de l’Accord, les lignes tarifaires de l’Union européenne dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire seront éliminées, dont 94 % immédiatement, cette proportion étant appelée à atteindre 95 %. L’élimination de ces lignes tarifaires représente des débouchés considérables pour le secteur importants et dynamiques de l’agriculture et de l’agroalimentaire en Alberta.
À cet égard, l’Alliance canadienne du commerce agroalimentaire prévoit que les exportations agroalimentaires du Canada vers l’Union européenne augmenteront de quelque 1,5 milliard de dollars grâce à l’Accord.
Ce n’est pas seulement le secteur agricole qui est appelé à profiter de cet accord, mais bien franchement, tous les secteurs économiques du Canada et de l’Alberta. Cela s'explique du fait qu’en vertu de l’Accord, presque tous les tarifs non agricoles seront éliminés. Cela créera énormément de débouchés dans de nombreux secteurs, y compris celui des services.
Le secteur des services représente environ 54 % du PIB de l’Alberta; 1,5 million d’emplois en Alberta y sont liés. En vertu de l’Accord, les fournisseurs de services canadiens pourront vraisemblablement profiter du meilleur accès au marché européen par rapport aux autres partenaires de libre-échange de l’Union européenne. Cela signifie de nouveaux marchés et de nouveaux débouchés pour les fournisseurs de services de l’Alberta et du Canada.
Les investissements sont importants pour l’économie canadienne, et ils sont absolument essentiels pour relier le Canada aux chaînes d’approvisionnement mondiales. Lorsque l’on regarde de plus près les investissements, on constate que l’investissement étranger direct du Canada dans les pays de l’Union européenne a totalisé 210 milliards de dollars l’an dernier. C’est donc dire qu’environ 21 % ou 22 % de l’investissement étranger direct du Canada se fait dans les pays de l’Union européenne.
L’Accord promet aux investisseurs, tant canadiens qu’européens, de faciliter les investissements. Qui plus est, il est synonyme d’une certitude, d’une transparence et d’une protection plus grandes pour les investisseurs.
Même s’il y a de quoi être fier de cet accord et d'en attendre beaucoup, il y a un hic. Lorsque notre gouvernement a quitté le pouvoir, il y a 15 mois, et qu’il a passé le flambeau au gouvernement libéral, ce dernier a pour ainsi dire reçu sur un plateau d’argent un accord de libre-échange avec l’Union européenne.
Mais pour je ne sais quelle raison, les libéraux ont décidé que cet accord n’était pas suffisamment bon et qu’il fallait le rouvrir. À quoi cela a-t-il abouti?
Cela a donné lieu à une moins bonne affaire pour le Canada, l’Union européenne ayant pris l’engagement auprès des gouvernements régionaux d’imposer des protections dans le domaine agricole contre des augmentations subites des importations. Lorsque l’on parle d’investissements, qui sont très importants et qui représentent un aspect essentiel de l’Accord économique et commercial global, on note aussi une certaine incertitude en ce qui a trait au processus de règlement des différends investisseur-État, qui ne fera pas partie des dispositions qui prendront effet avec cet accord, contrairement à ce qui avait été négocié par le gouvernement conservateur.
Ce ne sont pas toutes de bonnes nouvelles, mais cela n’enlève rien au fait que, dans l'ensemble, l’Accord économique et commercial global représente une bonne affaire. À cet égard, si nous prenons un peu de recul pour examiner l'Accord et ce qu’il signifie pour le Canada, il est important de relever que le Canada obtiendra un accès préférentiel aux marchés des États-Unis et de l'Union européenne, les deux plus grandes économies du monde.
Ensemble, les États-Unis et l'Union européenne représentent environ 50 % du PIB mondial. D'un point de vue stratégique, l'Accord constitue pour nous une grande victoire sur les États-Unis, dans la mesure où le Canada obtiendrait l'avantage du premier arrivé aux yeux de l'Union européenne.
Cet accord offre au Canada de nombreuses possibilités, dont celle de devenir une passerelle pour les investisseurs de l'Union européenne qui veulent accéder au marché des États-Unis pour l'ALENA, et une passerelle pour les investisseurs américains qui veulent accéder au marché de l'Union européenne.
L'Accord se traduira par une activité commerciale et des possibilités accrues pour les entreprises canadiennes, et par un plus grand nombre d'emplois pour les Canadiens. Après 10 ans de dur labeur et de négociations ardues, le Canada est sur le point de concrétiser cet accord de libre-échange historique.
Pour les emplois, pour la croissance et pour la prospérité à long terme du Canada, nous devons aller de l'avant, faire aboutir cet accord. Adoptons le projet de loi .