La Chambre reprend l'étude, interrompue le 1er juin, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité, ainsi que de l'amendement.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi, d'autant plus que les politiques, en ce qui concerne le cannabis, ont lamentablement échoué.
Depuis des dizaines d'années, nous manquons à nos obligations envers les jeunes. En fait, si on examine les chiffres des 15 à 19 ans, 21 % d'entre eux consomment du cannabis. Pour la tranche d'âge suivante, soit les personnes de 20 à 24 ans, le taux s'élève à 30 %. Ces jeunes sont les plus grands consommateurs de cannabis au monde. Un adolescent sur trois s'initiera à cette drogue avant l'âge de 15 ans.
Les députés d'en face ont de nombreuses fois exprimé leur inquiétude à l'idée que les jeunes aient accès au cannabis. Le problème, c'est qu'ils y ont déjà accès, et dans une proportion plus élevée que partout ailleurs. Le Canada se classe bon dernier: ce ne peut être vu que comme un échec. Il faut absolument adopter une approche différente.
Nous ne pouvons pas ignorer le problème. Nous ne pouvons pas faire l'autruche et prétendre qu'il n'existe pas. Nous ne manquons pas seulement à nos obligations envers les jeunes Canadiens. Nous avons dépensé entre 2 et 3 milliards de dollars pour faire appliquer ces lois inefficaces. Par ailleurs, les groupes criminels organisés qui financent des activités illicites ont réalisé entre 7 et 8 Milliards de profits. Lorsque je faisais partie de la commission des services policiers de la région de Durham, j'ai vu les conséquences de la culture de la marijuana et le danger auquel s'exposent les agents de première ligne qui tentent de faire respecter ces politiques désastreuses. Je sais donc d'expérience à quel point les modifications prévues sont nécessaires. Il est temps d'arrêter de faire semblant qu'il n'y a pas de problème et d'agir.
Je pense au temps que j'ai passé comme directeur exécutif de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada, et aux mesures que nous avons pour nous attaquer au tabagisme. En effet, grâce à des campagnes de dénormalisation et à des interventions publiques soutenues, nous sommes parvenus à réduire le taux de prévalence chez les jeunes — qui était bien au-delà de 50 % — pour le faire passer à la moitié du taux actuel de consommation de cannabis. Le taux de consommation de cannabis, une substance illégale, est deux fois supérieur à celui du tabac, une substance légale.
Les campagnes de dénormalisation qui ont été utilisées pour le tabac offrent un excellent exemple de voie à suivre. Nous savons que nous avons deux objectifs principaux. Le premier est de garder le cannabis hors de la portée des jeunes, tâche à laquelle jusqu'à maintenant nous avons échoué lamentablement. Cela a été un échec total. Le deuxième objectif est de mettre fin aux milliards de dollars de profits illicites que les organisations criminelles retirent de ce commerce. Si ce sont les objectifs que nous visons, le projet de loi constitue un pas très important pour nous aider à les atteindre.
Je tiens à remercier le Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis, dirigé par Anne McLellan, et souligner l'incroyable travail des experts de la santé publique, de la justice, du maintien de l'ordre, de la sécurité publique, de la toxicomanie et de la santé mentale, qui ont uni leurs efforts et joué un rôle essentiel dans l'élaboration du projet de loi. Grâce à ce projet de loi, oui, le cannabis serait maintenant légal pour les adultes. Il serait légal de posséder 30 grammes de marijuana séchée, pour consommation personnelle ou à des fins de partage. Il serait aussi autorisé de faire pousser de petites quantités de marijuana, ce qui permettrait aux personnes qui souhaitent en cultiver de le faire. Il serait légal d'avoir quatre plants d'une hauteur maximale d'un mètre par lieu de résidence.
Tout en mettant en place le régime pour légaliser la marijuana, nous imposerons des règlements très rigoureux pour empêcher que cette drogue ne se retrouve entre les mains des jeunes. C'est très important parce que la recherche prouve que le cannabis présente un risque plus grand pour la vie et la santé mentale des jeunes. Nous devrons évidemment investir dans des campagnes de sensibilisation de la population et dans le genre d'efforts de dénormalisation que nous avons déployés pour l'industrie du tabac.
En plus de tout cela, pour la toute première fois, le projet de loi érigerait en infraction criminelle la vente de cannabis à un mineur. De plus, il imposerait d'importantes sanctions à une personne qui incite les jeunes à commettre des infractions liées au cannabis. Surtout, il empêcherait de faire la promotion de cette substance auprès des enfants, chose que nous aurions dû faire dès le premier jour avec le tabac.
Afin de nous assurer qu'une jeune personne ne se retrouve pas avec un casier judiciaire si elle commet une erreur qui, bien franchement, aurait des conséquences désastreuses sur sa vie d'adulte — malheureusement, cela arrive bien trop souvent —, les mineurs pris en possession de cinq grammes de marijuana ou moins n'auront pas de casier judiciaire.
Ne nous y trompons pas, le projet de loi sera impitoyable en ce qui concerne la consommation de cannabis par les jeunes. Il frappera sans merci tous ceux qui essaient de vendre ou de faire consommer de la marijuana aux jeunes, en fonction de l’âge déterminé par les provinces pour tout ce qui concerne le cannabis.
Du côté de l’offre, le projet de loi prévoit diverses mesures importantes. Ce qui nous inquiète énormément, aujourd’hui, c’est que les personnes qui achètent du cannabis n’ont aucune idée de ce qu’ils ont pour leur argent. Ils ignorent la concentration de THC du produit et ne savent pas s’il a été mélangé à d’autres substances. Le projet de loi garantirait l’offre de produits sécuritaires, autorisés et vendus sous licence fédérale. Pour les adultes qui décident de consommer du cannabis, il permettrait d'en minimiser les effets nocifs.
Parallèlement à ce projet de loi, il y a le projet de loi qui, il faut le dire, va totalement de pair avec lui.
D’aucuns s’interrogent sur la conduite avec facultés affaiblies comme s’il s’agissait d’un nouveau problème. Malheureusement, il n’est pas nouveau, et les organismes d’application de la loi ne disposent pas des outils nécessaires pour intervenir lorsque des personnes conduisent sous l’influence des drogues, et pas seulement du cannabis. Nous connaissons les conséquences meurtrières de la conduite avec facultés affaiblies. Nous avons fait d’immenses progrès pour gérer les conséquences de l’alcool. Le projet de loi irait encore plus loin pour assurer la sécurité publique par rapport à la conduite en état d’ébriété.
Le projet de loi permettra d'instaurer un régime pour la première fois. Le gouvernement consentira aux responsables de l'application de la loi les ressources dont ils ont besoin pour détecter et pour inculper les personnes qui prennent le volant avec les facultés affaiblies par la drogue. Il s'agit d'un élément fondamental du projet de loi.
En terminant, je tiens à dire qu'il est extrêmement important de parvenir à un juste équilibre pour assurer la sécurité publique. D'une part, il faut garder hors de la portée de la population en général les substances illicites et dangereuses et, d'autre part, il faut trouver une nouvelle voie lorsque le régime en place ne fonctionne pas. Le projet de loi sur le cannabis nous permettra d'atteindre ce juste équilibre. Nous allons veiller à ce que les jeunes soient protégés. Nous allons aussi veiller à ce qu'ils n'aient pas accès au cannabis et à mettre en place un programme de sensibilisation rigoureux pour les informer des dommages que le cannabis peut causer à un cerveau en développement. Par ailleurs, nous sommes conscients de l'échec total des politiques actuelles. Quand près du tiers de la population consomme du cannabis, il est temps d'adopter une approche différente.
:
Monsieur le Président, je tiens moi aussi à participer au débat sur le projet de loi , en l'occurrence la loi sur le cannabis.
Il est intéressant de noter que lorsqu'ils formaient le troisième parti à la Chambre des communes, les libéraux souhaitaient susciter l'intérêt des électeurs, mais je pense qu'ils ne croyaient pas vraiment devoir adopter une politique dans ce dossier. Pendant la campagne électorale, ils ont promis mer et monde, notamment l'équilibre budgétaire, la réforme électorale et, bien sûr, la légalisation du cannabis. En toute franchise, j'aurais nettement préféré qu'ils tiennent leur promesse d'équilibrer le budget plutôt que de légaliser le cannabis.
Lla plupart des Canadiens pensent, comme notre parti, que les enfants, les adolescents et les jeunes adultes ne devraient pas être pénalisés et avoir un casier judiciaire pour possession d'une petite quantité de cannabis. Il va sans dire qu'il aurait été plus judicieux de présenter une mesure allant dans ce sens plutôt qu'un plan mal ficelé qui engendrera probablement de graves problèmes dans l'avenir.
L'objectif avoué de la politique libérale sera scruté à la loupe par l'ensemble des Canadiens parce que les libéraux envoient deux messages. Ils disent, d'une part, qu'ils vont protéger les enfants et, d'autre part, qu'ils vont mettre le crime organisé hors jeu, comme si nous avions tous la tête dans le sable. Les libéraux devront rendre des comptes, année après année, lorsque les données commenceront à être connues, et prouver que ces deux objectifs ont été atteints. Chose certaine, de nombreux Canadiens doutent fort que ce soit avec cette mesure législative-ci qu'ils y parviennent.
Je vais lire quelques extraits d'un excellent article paru dans le Journal de l'Association médicale canadienne il y a quelques jours. Je rappelle, parce que c'est important, que la est aussi médecin et que c'est son ordre professionnel qui s'exprime ici. Dans cet article, l'Association médicale canadienne se prononce sur la mesure législative à l'étude, et ce qu'elle a à dire est d'une grande importance. Peut-être la ministre devrait-elle y réfléchir, parce qu'il s'agit après tout de spécialistes.
L'article, rédigé par la Dre Kelsall, est intitulé « Cannabis legislation fails to protect Canada’s youth ». Je n'ai pas le temps de tout le lire, mais j'encourage certainement les députés qui s'intéressent à cette question à le faire. L'article est paru dans l'édition du 29 mai du Journal de l'Association médicale canadienne. Selon l'auteure, « l'objectif de la loi serait de protéger la santé et la sécurité du public, mais certaines de ses dispositions semblent aller à l'encontre de cet objectif, surtout en ce qui concerne les jeunes Canadiens ».
L'auteure poursuit en fournissant des détails, qui ont d'ailleurs été soulignés dans les débats à la Chambre, concernant la consommation de cannabis par des jeunes et ses conséquences à long terme sur le développement du cerveau. Elle explique que, chez les jeunes de moins de 25 ans — dont le cerveau n'est pas encore tout à fait développé —, les conséquences du cannabis sont plus graves. L'Association médicale indique qu'il faudrait au moins établir l'âge limite à 21 ans, car, avant cet âge, la consommation de cannabis représente un véritable problème. À la lumière de ces renseignements, qu'a fait le gouvernement? Il a établi l'âge limite à 18 ans. C'est la première grande inquiétude.
L'article mentionne également qu'il faut s'inspirer du rapport du groupe de travail fédéral, qui recommande au gouvernement « d'adopter une approche axée sur la santé publique ». Or, dans le projet de loi, l'âge est établi à 18 ans, alors que l'âge recommandé est 21 ans.
La prochaine préoccupation de l'association, c'est la « culture à des fins personnelles de jusqu'à quatre plantes de marijuana ». À ce sujet, l'article indique que de « permettre la culture à des fins personnelles augmentera le risque de détournement et d'accès à du cannabis qui n'est pas soumis à des contrôles de qualité et de puissance ». C'est un élément crucial. Les libéraux parlent de consommation, et je crois que beaucoup d'études traitent du fait que, la première fois que les enfants fument une cigarette en bas âge, c'est souvent parce qu'ils se sont servis dans le paquet de leurs parents. C'est ainsi qu'ils ont leur premier contact avec la cigarette. On se retrouvera dans une situation où le cannabis, qu'il soit obtenu de façon légale ou cultivé à la maison, sera normalisé.
Honnêtement, je crois que, pour les enfants, l'accès à la marijuana sera beaucoup facile qu'il ne l'est actuellement, particulièrement dans le cas de la culture à la maison et des problèmes de puissance.
L'autre problème relatif à la culture à la maison, c'est que, non seulement je crois que les enfants auront plus facilement accès à la marijuana, mais je me demande pourquoi les libéraux ont même pensé inclure une telle disposition dans le projet de loi. La culture à la maison n'était pas nécessaire à la mesure législative. Je crois que, si les libéraux veulent aller de l'avant avec le projet de loi, le produit devrait absolument être acheté et de qualité contrôlée.
Ils affirment que les gens ne pourront avoir que quatre plantes de marijuana, et qu'elles ne pourront atteindre que 100 centimètres de hauteur, alors tout va bien. Qui assurera la surveillance? Qui se promènera avec un ruban à mesurer pour contrôler la hauteur des plantes de marijuana et pour les compter? Il n'y aura personne. C'est une mesure législative inapplicable. Il est absolument ridicule qu'une telle disposition soit dans le projet de loi.
Puis, il y a la question des assurances. Je me suis entretenue au sujet de notre régime de marijuana médicale avec plusieurs propriétaires qui louent des logements et qui sont venus me voir au fil des ans. En ce moment, ils n'ont aucun droit. Si une personne qui détient un permis pour faire pousser du cannabis servant à fabriquer de la marijuana médicale loue une maison et décide d'y faire pousser du cannabis — il peut s'agir aussi d'une personne qui en fait pousser pour un tiers détenant un permis —, eh bien, le propriétaire n'a aucun droit de regard. Que se passe-t-il par la suite? Le propriétaire n'est plus assuré.
D'après ce que je vois, on n'a pas consulté les compagnies d'assurance, les associations de courtiers immobiliers ou les provinces pour savoir quelles seraient les conséquences de la culture à domicile.
La Fédération canadienne des municipalités est présentement ici. Beaucoup de gens ont remarqué sa présence. J'ai rencontré plusieurs représentants locaux. Ils ont dit: « Nous nous trouvons dans une situation fâcheuse. C'est un beau gâchis. Nous ne savons pas où cela va nous mener, mais nous craignons qu'on nous refile une tonne de problèmes. »
Par ailleurs, il est possible qu'on parvienne à priver le crime organisé des profits issus du commerce de cette drogue. Ce n'est pas garanti. J'ai plutôt l'impression que les prix seront élevés et qu'en plus de la grande place du cannabis cultivé à la maison, puisque personne n'ira compter les plants pour s'assurer qu'il n'y en a pas plus que quatre, le crime organisé continuera d'occuper une bonne part du marché. J'espère me tromper, mais je vous dirais en toute franchise que, si le projet de loi est adopté, je ne crois pas qu'on aura créé les conditions nécessaires pour éliminer la présence du crime organisé dans ce commerce. Les criminels investiront peut-être même le domaine de la vente légale de cannabis.
Je termine mon intervention en résumant mes objections. L'âge est sans conteste la première. La deuxième est le droit de cultiver du cannabis chez soi. La troisième est simplement un sentiment personnel d'indignation. Lorsque les libéraux ont annoncé fièrement qu'ils allaient présenter leur projet de loi sur le cannabis, ils ont indiqué que les nouvelles dispositions entreraient en vigueur le 1er juillet. Le cannabis sera légalisé à temps pour la fête du Canada de 2018, nous ont-ils dit.
J'espère bien que, en 2018, lorsque je regarderai les feux d'artifice de la Fête du Canada, personne ne viendra dire que, grâce à la légalisation du cannabis, les réjouissances ont meilleur goût que d'habitude. Toutefois, je ne serais pas surprise que ce soit le cas car, aux yeux des libéraux, nous ne pouvons pas célébrer notre pays et nous émerveiller devant un spectacle à moins d'être drogués. Je suis profondément indignée qu'ils veuillent rattacher la légalisation du cannabis à la fête du Canada, un jour qui devrait nous remplir de fierté, et qu'ils osent nous dire qu'il est important que les gens puissent se droguer pour bien profiter des festivités. C'est vraiment choquant.
Quoi qu'il en soit, j'espère que les députés m'auront écoutée au moins sur la question de l'âge minimum et sur la question de la culture du cannabis à domicile.
:
Monsieur le Président, nous parlons aujourd'hui du projet de loi , un plan du gouvernement libéral qui fait énormément jaser, et ce, depuis bien avant l'élection. En effet, lorsque le était chef du Parti libéral et qu'il aspirait à son poste actuel, il a parlé de ses propres habitudes et a dit par la suite qu'il allait lancer ce grand projet.
D'entrée de jeu, il faut constater qu'il y a un problème avec lequel nous devons maintenant composer. En effet, nous réclamons depuis longtemps les détails et le plan par rapport à ce projet de loi, et cet aspect manque depuis trop longtemps. Quand un candidat au poste de premier ministre — qui est d'abord candidat à la députation —, se présente et parle de la légalisation dans des termes très vagues, cela créé énormément d'incertitude. Nous avons constaté que le système judiciaire et les corps policiers sont aussi plongés dans l'incertitude.
À l'arrivée au pouvoir des libéraux, il y a près d'un an et demi, j'ai posé des questions au commissaire de la GRC qui comparaissait devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Je voulais connaître son interprétation de la façon dont la loi existante devrait être appliquée compte tenu de la vision à long terme du premier ministre, qui ne semblait pas se concrétiser.
En ce qui a trait à la sécurité publique, il y a d'autres conséquences lié à l'absence d'un plan, d'une vision ou d'explications de la part du gouvernement en ce qui concerne ce projet de loi. Une de ces conséquences perdure toujours aujourd'hui et elle risque de perdurer même à la suite de l'adoption du projet de loi: il s'agit des conséquences pour les Canadiens qui traversent la frontière vers les États-Unis.
De plus en plus d'États américains légalisent la marijuana.Malgré cela, on constate que des citoyens canadiens qui traversent la frontière, que ce soit pour visiter la famille, aller en vacances ou travailler, se font carrément demander s'ils ont déjà fumé de la marijuana. Ils se font juger pour cela et on leur interdit l'entrée aux États-Unis.
Tout en reconnaissant la responsabilité et le droit des américains de faire ce constat eux-mêmes, on peut facilement arriver à la conclusion qu'il est extrêmement problématique qu'un produit légalisé au Canada aura des conséquences aussi importantes pour des Canadiens.
Malgré les bousculades actuelles dues au comportement du président Trump , la relation avec les États-Unis est néanmoins très importante et cette fluidité à la frontière demeure cruciale pour beaucoup de Canadiens pour toutes les raisons que j'ai énumérées plus tôt.
Comme on a pu le constater lorsque mon collègue de a posé une question aujourd'hui à la période des questions, l'information sur les différentes obligations du Canada à l'échelle internationale n'est pas connue. Nous n'avons toujours pas eu les détails sur la façon dont on va s'y prendre.
On y voit là les conséquences liées d'un processus qui a beaucoup manqué de transparence jusqu'à ce qu'on dépose le projet de loi, et ce, malgré le rapport du groupe de travail, que nous remercions d'ailleurs.
Je vais parler de ce que contient et ne contient pas le projet de loi. Avant d'entrer dans sa substance, je veux dire que nous allons appuyer le projet de loi en deuxième lecture. Il est grand temps d'aller de l'avant avec ce débat.
Toufefois, même si nous appuyons le projet de loi, nous avons des questions et des préoccupations importantes. Certaines seront réglées en comité, mais d'autres sont plus difficiles à régler et vont demeurer en suspens.
La question qui me vient en tête concerne les responsabilités des provinces et des territoires. J'ai soulevé la question de l'incertitude plus tôt. La plus grande incertitude concerne les responsabilités partagées avec les provinces. Par exemple, d'importantes questions se posent par rapport à la taxation, soit le revenu qui va découler de cela. C'est souvent un des arguments quand on discute de la légalisation de la marijuana. Les citoyens nous disent souvent qu'une des conséquences positives de la légalisation de la marijuana est le fait que ces revenus ne se retrouveront plus dans les mains du crime organisé mais dans celles du gouvernement.
Par contre, on sait qu'avec la façon dont notre pays est structuré, toutes les questions de mise en vente et de taxation relèveront beaucoup des provinces.
J'ai entendu des conservateurs soulever la question des droits des propriétaires d'immeubles où des locataires voudraient faire pousser des plants. Les locataires peuvent eux-mêmes imposer des règles. Cependant, au Québec par exemple, cela pourrait revenir à la Régie du logement qui devrait alors mettre en place des règles. Toutes ces questions nécessitent évidemment une conversation robuste, transparente et très étoffée avec les provinces.
Or, à mes yeux, cela n'a pas été fait jusqu'à présent. C'est un des grands problèmes de ce projet de loi. Plusieurs questions trouveront de bonnes réponses lorsqu'on aura mieux compris le rôle qu'on demande aux provinces de jouer.
Gouverner au Canada peut être très compliqué. Il y a différents enjeux dans les différentes régions du pays. C'est un pays vaste, comme on le sait. Nous espérons que les provinces auront leur mot à dire. Nous sommes loin d'être convaincus qu'elles ont eu la chance d'expliquer leurs préoccupations et de dire de quelle façon elles voudraient que la chose soit structurée.
Bien entendu, à cet sujet, le gouvernement pourrait nous demander d'adopter le projet de loi et de discuter par la suite. En tant que parlementaire du Québec, je constate que j'ai besoin de beaucoup plus d'informations sur ce qu'on va exiger des provinces et sur ce que les provinces pourront exiger à leur tour, avant de pouvoir donner un chèque en blanc au gouvernement.
Malgré tout cela, comme je l'ai dit, nous appuyons l'approche du gouvernement jusqu'à un certain point. Depuis les dernières années, on parle souvent de ce qu'on appelle en anglais the war on drugs. C'est ce qu'on entend dans les médias. Cela a été popularisé en quelque sorte par Ronald Reagan, quand il était président, dans les années 1980.
Nous sommes d'accord avec le gouvernement pour dire que l'approche actuelle est un échec. De toute évidence, fermer les yeux et se dire qu'on va seulement punir les gens n'est pas une approche qui favorise l'éducation et la prévention, les jeunes ou les communautés culturelles. Malheureusement, différents segments de la population sont trop souvent victimes de profilage ou de discrimination par le système judiciaire et, sans vouloir faire de généralisation, par certains aspects du travail policier.
Prenons l'exemple américain et voyons comment la marijuana est classifiée aux États-Unis. Dans la hiérarchie des drogues dangereuses et graves, la marijuana se classe devant d'autres drogues comme l'héroïne ou la cocaïne. On constate qu'il y existe quand même un discours. Si je parle de l'exemple américain, qui va au delà des frontières, c'est que beaucoup de peurs circulent. Nous devons profiter de l'occasion pour remettre les pendules à l'heure.
En ce qui a trait à la discrimination, à notre humble avis, trop souvent, les mêmes citoyens, les mêmes membres de notre société se font punir injustement ou trop sévèrement par rapport à leur utilisation récréative de la marijuana, entre autres. C'est la raison pour laquelle nous réclamons la décriminalisation, et ce, depuis très longtemps.
Quant au , nous trouvons inacceptable qu'un membre de sa famille puisse s'en sortir grâce aux privilèges dont il bénéficie dans notre société par son statut, alors que des jeunes ou, comme je l'ai dit, d'autres membres de la société trop souvent victimes de discrimination auront toujours un casier judiciaire et ses répercussions négatives pour quelque chose qui sera bientôt légal. Entre-temps, nous réclamons l'amnistie et la décriminalisation.
En ce qui concerne la question des revenus — ce sera aussi à négocier avec les provinces —, nous pensons que cet argent peut et doit servir à l'éducation et à la prévention. C'est une occasion en or de changer la direction de cette guerre contre la drogue et de vraiment mettre en avant une approche progressiste. Il faut qu'elle profite avant tout aux gens auxquels elle est destinée, c'est-à-dire les jeunes. Il ne faudrait pas qu'on voie du copinage ou une approche qui ne va pas dans le sens promis par le premier ministre
Je pourrai peut-être compléter cela en répondant aux questions.
:
Monsieur le Président, je remercie mon collègue de ses commentaires et de ses questions.
Pour ce qui est du premier point, la décriminalisation, quelque chose nous déçoit. Pendant la campagne électorale, le s'était fait poser la question. Il a dit que la décriminalisation et même l'amnistie rétroactive devraient effectivement faire partie de la discussion autour de la légalisation. Il a donc clairement laissé entendre que cela faisait partie du plan. Or le a carrément fermé la porte sur cette possibilité.
Nous reconnaissons que la décriminalisation impose un fardeau sur le système judiciaire et le député en a soulevé un exemple. À la Chambre, on parle beaucoup de l'arrêt Jordan en lien avec d'autres dossiers. Dans ce contexte, c'est évidemment très difficile d'administrer tous les cas d'utilisation récréative. Or, pour ce qui est de la deuxième partie de ce que le député a dit, j'aimerais justement faire le lien entre l'utilisation récréative et les infractions mineures.
Depuis le début, depuis même avant la dernière campagne électorale, le NPD ne dit pas de décriminaliser le crime organisé, la vente, ou toutes ces choses-là. Je ne veux pas généraliser ou faire montre de préjugés, mais on parle, par exemple, d'un étudiant universitaire qui en consomme dans sa chambre et qui sortirait sur le campus avec une petite quantité dans ses poches pour une utilisation récréative. C'est de cela qu'on parle. On n'est pas en train de dire qu'une grosse organisation criminelle qui fait pousser des centaines de plants ne devrait être punie. Il faut faire cette nuance.
Finalement, sur la question des revenus, je me pose les mêmes questions quant aux prix et ce à quoi va servir l'argent. À ce sujet, les provinces ont un rôle à jouer, or je constate qu'elles n'ont pas encore été assez présentes à la table. J'espère que le gouvernement va améliorer son travail dans ce sens.
:
Monsieur le Président, je prends la parole ce midi pour parler du projet de loi concernant la légalisation du cannabis.
Comme mon collègue le mentionnait précédemment, cela a fait parler beaucoup de monde. Dans ma circonscription, la majorité des gens sont contre le projet de loi. J'ai de la misère à comprendre les motivations du gouvernement libéral en matière de légalisation de la marijuana. Quel est le gain pour la société?
Ce gouvernement mentionne qu'il veut protéger les jeunes et contrer le crime organisé. Sur quelle planète vit-il? Croit-il vraiment que sa loi protège les jeunes? Croit-il vraiment éliminer le crime organisé? Il rêve, car cela est irréaliste.
Le célèbre Luc Plamondon, un réputé parolier de ma circonscription qui est le frère de mon collègue le député de et qui est né à Saint-Raymond de Portneuf, dans la circonscription de Portneuf—Jacques-Cartier, a écrit une belle chanson qui me servira à mettre la table pour le reste de ma présentation. En voici un extrait:
J'ai la tête qui éclate
J'voudrais seulement dormir
M'étendre sur l'asphalte
Et me laisser mourir
Je crois en notre jeunesse, et je ne veux pas la laisser mourir. Pourquoi la marijuana n'est-elle pas déjà légale dans les autres pays du G7? C'est une question intéressante. Ce gouvernement veut légaliser la marijuana et se péter les bretelles en disant qu'il est le premier pays du G7 à légaliser le cannabis. Le Canada a de grandes aspirations! Pourquoi les autres pays n'ont-il pas légalisé la marijuana?
Le gouvernement libéral veut faire de nos jeunes des rats de laboratoire. Il veut sacrifier une génération en improvisant la légalisation de la marijuana pour remplir une promesse électorale. Quand ils ont fait cette promesse, les libéraux étaient troisièmes dans les sondages. Maintenant, ils ont la main dans le piège. Toutefois, puisqu'ils ont reculé sur la réforme électorale, ils peuvent bien reculer sur ce projet de loi. Ils ont l'habitude de reculer, mais dans ce cas-ci, ils sont têtus. Est-ce que cela amuse le ?
Parlons du projet de loi . Je rappellerai ce qui y est écrit au sujet des objectifs:
a) de protéger la santé des jeunes en restreignant leur accès au cannabis;
Pourtant, il y aura une plus grande offre sur le marché. Je poursuis:
b) de préserver les jeunes et toute autre personne des incitations à l’usage du cannabis;
Cette interdiction vient d'être banalisée. En tant que père de famille, je dirai à mes enfants que ce n'est pas bien de fumer de la marijuana, mais le gouvernement du Canada et le disent que c'est correct d'en fumer. Quel beau discours! Je poursuis:
c) de permettre la production licite de cannabis afin de limiter l’exercice d’activités illicites qui sont liées au cannabis;
On pourra donc faire pousser de la marijuana partout. Où est le contrôle? Ensuite, on mentionne ceci:
d) de prévenir les activités illicites liées au cannabis à l’aide de sanctions et de mesures d’application appropriées;
e) de réduire le fardeau sur le système de justice pénale relativement au cannabis;
Si les libéraux veulent atteindre cet objectif, ils n'ont qu'à décriminaliser la marijuana, et tout sera réglé. Je termine:
f) de donner accès à un approvisionnement de cannabis dont la qualité fait l’objet d’un contrôle;
g) de mieux sensibiliser le public aux risques que présente l’usage du cannabis pour la santé.
De plus, cette loi va donner au ministre le pouvoir de fixer le prix à payer pour divers produits et services fournis en application de la loi. Cela signifie que le ministre deviendra le chef des nouveaux motards libéraux. Son écusson sera une belle feuille de pot avec le logo du Parti libéral, et sa devise sera « Juste un p'tit joint ». Quelles grandes aspirations!.
Pourquoi ce gouvernement met-il la légalisation du pot au-dessus d'autres dossiers très importants pour le pays, comme l'environnement, la création d'emplois, le développement économique, les offensives pour soutenir nos régions, l'équilibre budgétaire, et ainsi de suite?
Je ne comprends toujours pas quel gain la société canadienne va tirer de la légalisation de la marijuana. Je sais bien que les objectifs déclarés par le gouvernement sont la protection des jeunes et la réduction de l'implication du crime organisé. Toutefois, même si cela sonne bien en campagne électorale, c'est irréaliste.
Ce gouvernement connaît-il la psychologie de l'être humain? Quinze pour cent des gens vont toujours défier la loi, ce qui signifie que 85 % des gens respectent l'autorité. En légalisant la marijuana, on déclare le bar ouvert et on dit qu'on peut en consommer sans problème, et ces 15 % deviennent un marché potentiel de 100 %. On ouvre les vannes. On veut empoisonner notre jeunesse et on dit: « Fumez votre joint, allez-y, faites-vous plaisir! » On est en train de faire du développement de marché.
Les conséquences de cette loi seront I'augmentation des dommages causés aux nouveaux consommateurs, soit les gens respectueux de la loi qui vont se mettre à consommer, et l'augmentation du nombre d'accidents de la route causés par la consommation de marijuana. Ce n'est pas moi qui le dis, ces donnés proviennent des divers États, régions et municipalités qui ont légalisé la marijuana.
D'autre part, le crime organisé va forcer ses clients, surtout les jeunes, à consommer au rabais. On ne tuera pas le crime organisé, car ses membres sont bien plus rusés et intelligents que ce gouvernement. Le crime organisé va développer d'autres marchés et d'autres drogues et il baissera ses prix. C'est de la mise en marché. Combien tout cela coûtera-t-il à la société? Combien de jeunes vont se détruire?
Le milieu scolaire est inquiet, ainsi que l'Association des policières et policiers provinciaux du Québec et l'Association des pédiatres du Québec. De nombreuses études sur le développement du cerveau des jeunes démontrent le risque élevé de dommages chez les jeunes de moins de 25 ans.
De nombreuses questions préoccupent mes concitoyens de la belle circonscription de Portneuf—Jacques-Cartier, et ils m'en font part. Quel sera le coût de la mise en oeuvre de cette loi, lorsqu'il faudra gérer tout ce qui accompagne cette légalisation? Il faudra payer pour des systèmes de suivi, de la formation et des campagnes de sensibilisation. Combien d'argent sera dépensé dans un avenir rapproché et pendant plusieurs années si cette légalisation a lieu? Il faudra créer des campagnes de sensibilisation contre le cannabis afin d'éduquer le public et de protéger nos enfants.
Par ailleurs, quel sera l'accroissement du fardeau en soins de santé? Quels seront les conséquences sur notre société? Quels seront les incidences sur la santé et la sécurité au travail? Sommes-nous à l'aube de la création de jeunes horticulteurs en herbe? Pourquoi hypothéquer notre belle jeunesse et risquer des dommages irréparables? Pourquoi cet empressement de légaliser le cannabis? Comment les libéraux s'y prendront-ils pour mesurer et contrôler le taux d'ingrédients hallucinogènes? Pour ce qui est de la limite de quatre plants par ménage, comment le gouvernement peut-il sérieusement penser qu'il va contrôler cela?
Le gouvernement libéral veut légaliser la marijuana, mais il veut donner la responsabilité de la distribution aux provinces. Qu'arrivera-t-il lorsqu'un jeune qui n'a pas l'âge légal pour en consommer franchira la frontière du Québec et de l'Ontario? Comment appliquerons-nous cette loi?
Toutes ces questions sont sans réponse. J'invite le gouvernement libéral à réfléchir et à retirer son projet de loi au nom de notre jeunesse, qui mérite un meilleur avenir. Nous sommes en 2017. Je suis pour la décriminalisation de la marijuana et je favorise des campagnes de sensibilisation qui visent à inciter les jeunes au sport, aux arts et à dire non à la drogue. Grâce à de telles mesures, les libéraux atteindraient leurs objectifs sans avoir à légaliser la marijuana.
:
Monsieur le Président, j'aimerais remercier mon excellent collègue de sa question.
Effectivement, j'ai toujours beaucoup de plaisir à discuter avec lui au Comité permanent de l'environnement et du développement durable. C'est toujours très agréable, et je ressens du respect de sa part, malgré la différence de langue. J'apprécie énormément son attitude, comme celle de tous les autres membres du comité.
Pour répondre à sa question, je suis très raisonnable. J'apprécie qu'il l'ait mentionné à la Chambre, et il a entièrement raison. Il a une bonne lecture de ma personne. Je suis un gars raisonnable.
On ne peut pas comparer l'alcool à la drogue, car cela ne se compare pas. L'alcool est un élément qui s'appelle « l'alcool ». La drogue est une gamme énorme de produits toxiques et nocifs pour la santé des gens. Concernant la marijuana, il est démontré qu'au niveau psychologique, il y a un risque de dommages permanents — je dis bien permanents. À ma connaissance, aucune étude ne parle de dommages permanents en ce qui concerne l'alcool, alors que pour la drogue, et pour les personnes de moins de 25 ans, de nombreuses études démontrent qu'il peut y en avoir.
Ce gouvernement devrait adopté une autre position face au problème du crime organisé, car c'est un problème de société. Le député a entièrement raison. Il faut prendre le taureau par les cornes et trouver d'autres solutions. Investissons dans des campagnes de sensibilisation, convainquons nos jeunes d'aller faire du sport, d'aller faire de l'art et de la culture, impliquons nos jeunes ailleurs, plutôt que de les laisser traîner dans les rues. Sensibilisons-les. Nous aurons alors une réponse et nous n'aurons pas besoin de légaliser la marijuana.
:
Monsieur le Président, j'ai écrit un discours tout entier. Cependant, après avoir entendu les interventions de tout le monde et avoir écouté certaines des questions de mes collègues libéraux, je crois qu'il est vraiment important que nous ne nous contentions pas de lire des notes ou des réponses toutes faites, mais que nous ayons plutôt une réelle discussion sur cet enjeu. Je suis mère de cinq enfants, et cette réalité sous-tend tout ce que je fais, notamment à la Chambre.
Je parlerai de la façon dont j'élève mes enfants. J'aimerais en savoir plus sur la circonscription que représente le député d'en face avec lequel je prends l'autobus. Chaque fois que j'ai une question à propos du cannabis, je la pose à l'ancien chef de police. Je veux donc le remercier d'être toujours respectueux lors de nos entretiens et de me permettre de me renseigner sur tout ce que j'ai besoin de savoir. Je tiens à le signaler.
Nous discutons de la question du cannabis et de ce dont il faut tenir compte quant aux enfants. Qu'on parle d'herbe, de pétard, de cône ou de spliff — nous avons tous déjà entendu ces mots —, il faut vraiment bien définir notre approche. Je suis vraiment préoccupée. Ce projet de loi est-il la bonne approche? Là n'est pas la question. Cela dit, quels sont les éléments du projet de loi avec lesquels je suis en désaccord?
Je serai honnête et je vais jouer cartes sur table, car je pense que c'est ce que les Canadiens attendent de nous. Je crois en la décriminalisation du cannabis. Nous devrions examiner cette voie. J'en suis arrivée à cette conclusion en raison des discussions de famille que j'ai avec mes enfants, mes neveux et mes nièces et mes parents. Il faut le reconnaître, les gens consomment déjà du cannabis, alors comment devons-nous agir dans l'intérêt des Canadiens?
Je ne dis pas qu'il faut décriminaliser le cannabis parce que sa consommation est un comportement acceptable, surtout pas chez les jeunes. C'est pourquoi je veux aborder certaines dispositions du projet de loi qui doivent être modifiées, parce que nous ferons du tort aux enfants si nous adoptons le projet de loi tel quel.
J'ai examiné de plus près deux aspects de la mesure législative. Le premier porte sur l'âge légal pour acheter de la marijuana. Comme je l'ai dit, j'ai cinq enfants, âgés de 14 à 23 ans. Mes enfants de 23 ans, de 21 ans, de 20 ans et de 19 ans seront tous autorisés, à compter du 1er juillet 2018, à acheter cette drogue.
Je ne raconterai pas la vie de mes enfants, mais je peux dire que j'ai été témoin des conséquences de la consommation de la marijuana. Qu'ils doivent faire face à une chute des notes de 30 % ou à un piètre dossier d'assiduité, pourtant naguère impeccable, les parents doivent gérer toutes sortes de problèmes au quotidien. Lorsque nous en parlons, je veux être certaine que le gouvernement est à l'écoute.
Nous avons discuté de ce qui arrive aux enfants qui fument de la marijuana. L'Association canadienne pour la santé mentale s'est prononcée sur le développement du cerveau, et je suis très inquiète. Comme la députée de l'a dit, le développement du cerveau n'est pas terminé avant l'âge de 25 ans. Nous avons entendu des arguments valables, sauf que le groupe de travail a recommandé que l'âge légal soit fixé à 21 ans, alors que le projet de loi propose plutôt de le fixer à 18 ans.
Je tiens à ce que ce soit consigné au compte rendu parce que je crois que l'âge requis a été fixé à 18 ans simplement parce que c'est l'âge où on obtient le droit de vote. Il s'agit donc d'une motion électoraliste, ce qui me met vraiment en colère. Les autres députés n'ont peut-être pas la même réaction que moi, mais j'ai le droit d'exprimer ma colère, car, en tant que mère de cinq enfants, je trouve très troublant que le gouvernement ne se préoccupe pas de l'effet que tout cela aura sur nos enfants. J'invite les parents à prendre le temps de s'asseoir avec leurs enfants et d'en parler parce que ce n'est pas ce qui se produit ici.
Je tenais à parler de tout cela avec ma famille, et j'ai profité de Pâques pour le faire. En cette journée où nous devions célébrer Jésus, nous avons parlé de marijuana parce que j'avais besoin d'entendre les points de vue de gens bien informés: mes neveux et nièces, ma soeur enseignante au secondaire, mon autre soeur, qui est directrice d'une école élémentaire, mes beaux-frères professionnels et ma belle-soeur qui a consacré tellement d'efforts à mieux comprendre toutes sortes de phénomènes qu'elle conseille maintenant des familles.
Je devais comprendre quels seraient les effets concrets des changements proposés. Quand j'ai dit que mon fils de 14 ans, Christian, pourrait avoir de la marijuana en sa possession sans être mis en accusation, la conversation a complètement changé parce que nous tenons tous à protéger Christian, qui n'a que 14 ans.
Il faut comprendre que la mesure législative à l'étude ne le protégerait pas vraiment. Des jeunes de 9e année fréquentent des écoles secondaires où ils côtoient des élèves de 18 ans, qui pourront acheter ces produits, puis, de fil en aiguille, ce sera la fin de semaine; bonne fin de semaine! Pensons-nous vraiment pouvoir éviter les problèmes? C'est ce qui m'irrite au plus haut point. Faisons les choses correctement. Prenons le temps de parler à nos jeunes de 14 ans et de nous demander si nous voulons vraiment qu'ils puissent avoir de la marijuana en leur possession sans être mis en accusation. Voulons-nous qu'un tel geste leur semble acceptable ou inacceptable?
Je suis également très préoccupée par le fait que le projet de loi précise notamment les conditions d'utilisation de la marijuana à des fins médicinales. Je préconise fortement l'usage du cannabis à des fins médicinales parce que je connais des gens qui prennent de l'OxyContin et j'ai vécu avec une personne qui prenait ce médicament. Je suis bien placée pour dire qu'il a des effets indésirables. Par conséquent, je préconise depuis des années l'usage de la marijuana médicinale. Toutefois, il y a fort à parier que la légalisation de la marijuana pour tous les Canadiens à compter de l'âge de 18 ans fasse en sorte que des jeunes de 12 ans puissent eux aussi s'en procurer. Soyons honnêtes.
Par ailleurs, le gouvernement cessera-t-il de financer les importants travaux de recherche qui doivent être réalisés pour que les utilisateurs de marijuana médicinale en obtiennent les souches dont ils ont besoin? Je crains fort que cette recherche ne soit abandonnée. Le gouvernement soutiendra que, comme cette substance a été légalisée, il n'est plus nécessaire d'avoir des données scientifiques sur ses diverses utilisations. Le gouvernement veillera-t-il à ce que les gens qui ont le plus besoin de marijuana médicinale, qui en prennent depuis des années, reçoivent les soins voulus? Par conséquent, je demande au gouvernement s'il a l'intention de continuer à investir dans la recherche sur la marijuana médicinale.
J'ai été très heureuse d'être ici pour écouter le débat qui a eu lieu hier et avant-hier sur le projet de loi , qui est inextricablement lié à la mesure législative à l'étude aujourd'hui. J'ai entendu quelqu'un d'en face parler de la tolérance zéro, et je vais aussi revenir là-dessus.
Il faut comprendre que les gens qui consomment de la marijuana pour la première fois ont une réaction extrêmement différente de celle des personnes qui en prennent tous les jours depuis 20 ans. Cependant, le gouvernement nous dit que c'est ainsi que les choses vont se passer. Si une personne possède tant de grammes, on va l'arrêter et vérifier le niveau de THC. Soyons honnêtes: une personne qui consomme de la marijuana pour la première fois et qui décide de prendre le volant constitue un véritable danger. C'est dangereux. Elle va se tuer ou tuer quelqu'un d'autre. Nous devons accorder la priorité à la sécurité des Canadiens.
Je ne pense pas que le projet de loi C-46 va assez loin, mais je suis contente de savoir que nous allons en débattre de nouveau.
Je vais revenir à ma famille et m'attarder un peu plus sur les enfants. L'Association des psychiatres du Canada, la Société canadienne de pédiatrie, l'Association médicale canadienne et des intervenants qui travaillent sur la marijuana depuis des années nous ont dit à maintes reprises que le projet de loi ouvre une boîte de Pandore.
Je suis très inquiète à ce sujet parce que je pense que nous ne disposons pas de tous les outils nécessaires. J'ai été très heureuse de constater que le budget de 2017 consacre 5 millions de dollars à la sensibilisation. Toutefois, comme l'ont souligné de nombreux députés, il sera trop tard. On met la charrue avant les boeufs. C'est bien simple: on envisage de renseigner les gens sur le cannabis une fois qu'ils auront commencé à en consommer. Soyons honnêtes. Ne faudrait-il pas commencer par sensibiliser les enseignants, les parents et les enfants afin qu'ils sachent de quoi il s'agit? C'est comme si on leur apportait des précisions en matière de sécurité après leur première inhalation.
Il a aussi été très intéressant d'écouter certains députés parler du tabagisme et de la façon dont nous avons cessé certaines choses. Mon ancien patron travaille pour le Programme de transition pour les producteurs de tabac. Ma collectivité et les cinq collectivités du Sud-Ouest de l'Ontario jouaient un rôle important dans l'industrie du tabac. Nous savons que de très bonnes compagnes ont été menées. Bien sûr, un certain nombre d'adultes ont continué de fumer, mais les personnes plus âgées commençaient à cesser. Nous avons observé cela. Nous savons que ces campagnes fonctionnent. Voilà pourquoi je me demande la raison pour laquelle le gouvernement ne lance une campagne de sensibilisation sur le cannabis combustible qu'après coup.
Je ne comprends pas. Si nous souhaitons sensibiliser les gens aux problèmes liés à la marijuana, pourquoi ne le faisons-nous pas dès le départ? Nous savons que fumer par combustion et faire entrer de la fumée dans les poumons est nocif, comme dans le cas du tabagisme. Quand sensibiliserons-nous la population?
Je trouve alarmant que le gouvernement soit si pressé dans ce dossier, en voulant faire adopter le projet de loi d'ici le 1er juillet 2018, qu'il ne pensera pas aux répercussions que cela aura sur Christian, Garrett, Hannah, Marissa et Dakota, mes cinq enfants. Il ne tiendra pas compte des enfants de quiconque, parce qu'il ne se soucie que de faire adopter ce projet de loi pour respecter une promesse faite lors la campagne électorale de 2015.
Je sais qu'il y a de très bons députés de ce côté-là. Je pense à un député en particulier. Je le supplie, en tant qu'ancien policier, de reconnaître que, comme parent, j'ai besoin d'avoir l'assurance que le gouvernement nous protégera. C'est une mesure législative qui sera adoptée qu'on le veuille ou non. Le gouvernement est majoritaire. Je l'implore de réaliser que mes enfants dépendent de lui. La sécurité de nos collectivités dépend aussi du gouvernement. Il faut bien faire les choses et non pas les précipiter.