La Chambre reprend l'étude, interrompue le 27 novembre, de la motion portant que le projet , soit lu pour la troisième fois et adopté.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de .
Ma circonscription, Sackville—Preston—Chezzetcook, en Nouvelle-Écosse, borde les deux grandes villes que sont Halifax et Dartmouth.Elle abrite un nombre élevé de vétérans. Environ 23 % des vétérans habitent en Nouvelle-Écosse; c'est l'endroit où l'on observe le ratio le plus élevé dans la population. On y trouve également beaucoup d'aînés. Le nombre d'aînés a crû de 33 % entre 2011 et 2016 dans ma circonscription.
Je voudrais remercier le de son excellent leadership au sein du gouvernement, certes, mais aussi à titre de ministre responsable de la province de la Nouvelle-Écosse.
Ce projet de loi compte vraiment pour les Canadiens. Il favorise la démocratie et permettra des débats beaucoup plus ouverts. Les gens pourront obtenir beaucoup plus d'information. La responsabilité et la transparence exigées par le projet de loi continueront de permettre aux Canadiens de mieux comprendre les événements, de savoir pourquoi ils arrivent et de comprendre ce qui justifie les décisions qui sont prises. Ce sont les éléments centraux du projet de loi.
Ces mesures se font attendre depuis longtemps. Il n'y a pas eu de réforme en profondeur depuis 34 ans. Or, les choses ont énormément changé. Je suis étonné que les conservateurs disent depuis quelques jours que ce n'est pas suffisant, car ils n'ont rien fait au cours des 10 dernières années. Voilà pourquoi les conservateurs remplissent très bien leur rôle d'opposition. Ils peuvent critiquer le gouvernement en disant ce qu'ils feraient, eux, s'ils étaient au pouvoir. Toutefois, lorsqu'ils sont en poste, ils n'en font rien. Je suppose que le rôle qui leur convient le mieux, c'est l'opposition.
Pour pouvoir présenter un projet de loi, le gouvernement libéral a cherché à recueillir le plus de renseignements possibles par l'entremise de 320 mécanismes de consultation différents. Il ne faut pas oublier que ce document sera en constante évolution. Il ne restera pas figé pendant les 34 prochaines années. Nous pourrons le revoir l'an prochain, puis, par la suite, aux cinq ans. Voilà comment les projets de loi devraient être conçus, c'est-à-dire de manière à répondre aux besoins des Canadiens et à s'adapter à l'évolution de la société.
Pourquoi devons-nous apporter des changements? Parce que nous devons rendre davantage de comptes et être plus transparents. Le gouvernement l'a promis pendant la campagne, c'est vrai, mais il faut dire aussi que les temps ont changé. Nous rangions toutes sortes de documents papier dans des classeurs et des boîtes qui finissaient sur des tablettes, ce qui a fini par nous empêcher de répondre efficacement et rapidement aux demandes. C'était devenu un vrai problème.
Le projet de loi ajouterait un élément important, à savoir la publication proactive. En fait, c'est l'aspect proactif qui est nouveau, en ce sens que les gens auront déjà accès à l'information voulue. Comme celle-ci sera déjà en ligne, tout le monde gagnera énormément de temps, et ça, c'est capital.
Outre les 240 entités gouvernementales et ministères, nous assujettissons aussi à la loi le Cabinet du et les cabinets des ministres. Il s'agit d'un changement de cap majeur.
Pour montrer à quel point il est progressiste, le gouvernement a accepté 10 amendements au texte du projet de loi. Je n'en connais pas beaucoup, des gouvernements — surtout pas depuis 10 ans — qui acceptent autant d'amendements dans le but d'améliorer leurs projets de loi et qui font le nécessaire pour que ces derniers puissent être adaptés au besoin.
J'aimerais aussi parler de la lettre de mandat. Avant même que l'on commence à discuter du projet de loi, la lettre de mandat était déjà ouverte et transparente. Qui a rendu publique la lettre de mandat? C'est le gouvernement libéral. C'est aussi un gouvernement libéral qui, il y a 34 ans, a présenté la loi en premier lieu. On peut déceler ici une tendance sur laquelle il y a lieu de se concentrer.
Nous avons accepté des amendements qui ont été proposés par des collègues et qui prévoient que la communication doit avoir lieu dans les 30 jours. Cela permettra d'accélérer le traitement des demandes et d'en réduire le nombre, car on a observé une augmentation annuelle de 13 % du nombre de demandes d'information. C'est très important.
J'aimerais aussi parler du commissaire à l'information. Le projet de loi vise à accorder au commissaire à l'information plus de pouvoirs que jamais. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un document évolutif. Nous allons nous assurer de bien faire les choses au fur et à mesure que nous progresserons. Nous allons accorder au commissaire à l'information le pouvoir de rendre des ordonnances afin qu'il puisse examiner les plaintes et formuler des commentaires sur la façon de procéder.
Nous allons aussi accorder au commissaire à l'information le dernier mot, pour ainsi dire, dans le rejet de certaines demandes. Les ministères eux-mêmes ne pourraient pas rejeter des demandes. Pour ce faire, ils devraient obtenir la permission ou l'approbation écrite du commissaire. Il s'agit d'un changement important, qui montre la nature progressiste du projet de loi et qui nous permettra de continuer d'accroître l'ouverture et la transparence du gouvernement.
Le commissaire à l'information pourrait en outre procéder à des examens afin de déterminer si tous les renseignements ont été communiqués, comme il se doit. Autrement dit, il y aurait une certaine uniformité entre les ministères. Aucun ministère ne pourrait refuser de communiquer des renseignements essentiels ou importants. Ce sont là des changements très importants.
Les examens obligatoires seraient réalisés dans un délai d'un an et aux cinq ans par la suite, ce qui est très progressiste. Cela permettrait de veiller à ce que nous continuions à agir dans l'intérêt des Canadiens.
J'aimerais parler du gouvernement et des valeurs libérales en général. Les valeurs libérales ont joué un rôle fondamental dans l'édification de notre grand pays. Ainsi, c'est un gouvernement libéral qui a conclu l'accord national sur la santé. Ce sont les libéraux qui ont instauré la Sécurité de la vieillesse il y a bien longtemps. Nous avons également apporté des changements au Régime de pensions du Canada l'an dernier, ce que le gouvernement conservateur n'a pas réussi à faire en 10 ans. Pour ceux que cela étonne, la raison en est très simple: les conservateurs ne sont pas parvenus à apporter des changements pendant ces 10 ans parce qu'ils n'ont jamais consulté les provinces. Il est impossible d'arriver à un accord dans des dossiers importants sans consultation.
Il est aussi important de constater la transparence que nous avons instaurée. Pour ce qui est de la nomination des sénateurs, des commissaires et d'autres titulaires d'une charge publique, tout Canadien estimant qu'il possède les compétences nécessaires peut soumettre sa candidature. Ce processus est très transparent et ouvert. Nous avons également rendu plus transparentes les règles concernant le financement politique et les activités de financement.
Parlons aussi des sciences. Pendant 10 ans, les scientifiques n'avaient pas le droit de diffuser leurs avis scientifiques et des renseignements factuels, mais avec le gouvernement actuel, tout cela a changé, et les Canadiens en sont extrêmement satisfaits.
Je terminerai en disant que le gouvernement actuel est un gouvernement progressiste qui sait qu'il peut faire mieux et qui le fera. Nous n'avons pas peur de nous frotter à toutes sortes de défis difficiles, car nous sommes ici pour les Canadiens. Cette loi est très importante, mais il ne s'agit que d'un point de départ. C'est comme une échelle. On ne grimpe pas tout de suite au cinquième barreau; on commence au bas de l'échelle. Nous répondrons toujours aux besoins des Canadiens, car nous pourrons revoir le projet de loi tous les cinq ans et y apporter les ajustements nécessaires pour les Canadiens.
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Monsieur le Président, les libéraux se sont fait demander pourquoi ils veulent aller de l'avant avec le projet de loi quand aucun des autres partis à la Chambre n'en voit l'utilité. C'est comme un retour en arrière. En effet, ce n'est pas la première fois qu'on fait de telles remarques à propos de cet enjeu.
Le , qui est le ministre responsable de la Loi sur l’accès à l’information, a précisé que des changements de fond n'avaient pas été apportés à cette loi depuis fort longtemps, à savoir depuis la fin des années 1970. Le mérite revient à Joe Clark, qui avait alors présenté une mesure législative en ce sens. Or, il ne faut pas confondre les progressistes-conservateurs de 1979 et les conservateurs réformistes d'aujourd'hui parce qu'il y a une grande différence entre les deux. Il y a peut-être de très rares députés de ce caucus qui s'apparentent aux progressistes-conservateurs, mais la majorité d'entre eux sont réformistes. C'est Pierre Elliot Trudeau qui a mis en application l'idée de Joe Clark. Cependant, après cela, aucun premier ministre n'a cherché à moderniser la Loi sur l’accès à l’information. Stephen Harper avait affirmé durant une campagne électorale qu'il réformerait la Loi, mais il ne l'a jamais fait.
Effectuons ce retour en arrière que je viens d'évoquer. Les députés qui siégeaient il y a quelques années se rappelleront que, quand le actuel a endossé le rôle de chef du Parti libéral, il a prôné la divulgation proactive et, chef du troisième parti à l'époque, a dit vouloir que tous les députés et partis politiques à la Chambre adhèrent à ce principe. Mes collègues se souviendront de la réaction que cela a provoquée à ce moment-là. Le Parti conservateur et le Nouveau Parti démocratique s'y sont catégoriquement opposés. Nous avons joué, seuls, le rôle de l'opposition officielle et le gouvernement de l'heure a rejeté la divulgation proactive, l'idée défendue par le chef du Parti libéral. Quelques mois plus tard, et peut-être même avant, le chef du Parti libéral a dit à ses députés qu'ils devraient divulguer de manière proactive leurs dépenses ainsi que le budget de leur bureau de circonscription. Le Parti libéral a été le seul à emprunter cette voie.
Il est tout à l'honneur de l'ancien gouvernement conservateur que ses députés aient reconnu que la mesure avait du mérite. En fait, peu de temps après, seulement quelques mois, les conservateurs ont déclaré qu'ils auraient aussi recours à la divulgation proactive. Je les félicite d'avoir reconnu qu'il s'agissait d'une mesure que les Canadiens souhaitaient qu'on prenne. En revanche, mes collègues néo-démocrates s'y sont opposés farouchement. Ils ne voulaient rien savoir de la divulgation proactive. En fait, si ma mémoire est bonne, c'est le Parti libéral qui a présenté une motion de l'opposition qui a obligé les députés du NPD à prendre la parole pour déclarer qu'il s'agissait d'une mauvaise idée. Avant la motion, les néo-démocrates criaient dans les coulisses: « Non, non, non, c'est une mauvaise idée, et nous ne voulons pas de cette mesure », et ils s'opposaient au consentement unanime à la Chambre. Les néo-démocrates étaient presque gênés d'appuyer cette mesure, et, en définitive, en raison de ce moment d'embarras, ils se sont ralliés des mois, voire près d'un an plus tard.
Lorsque mon collègue néo-démocrate affirme que l'opposition officielle et le NPD n'appuient pas le projet de loi du gouvernement, je signale que, à l'époque, ils n'appuyaient pas les libéraux non plus. Les conservateurs ont compris plus rapidement que les néo-démocrates. Ces derniers ont compris parce qu'on les a forcés à comprendre.
Ce dont nous débattons aujourd'hui, c'est d'une publication plus proactive qui viserait non seulement les députés, mais également le Cabinet du premier ministre, les bureaux des ministres et d'autres bureaux indépendants. Pourquoi les néo-démocrates, en particulier, mais aussi les conservateurs, refusent-ils de reconnaître la grande valeur de ce qui est proposé dans la mesure législative? Je peux comprendre l'alliance contre nature que les néo-démocrates et les conservateurs ont formée, particulièrement pour la période des questions et pour certains dossiers. Ce que je n'arrive pas à saisir, toutefois, c'est leur entêtement à dire que le projet de loi est mauvais. La Loi sur l'accès à l'information n'a pas été modernisée depuis des dizaines d'années. Comme l'a souligné mon collègue de la côte atlantique, des modifications seront apportées aujourd'hui, mais il y a aussi une disposition d'examen dans le projet de loi. Ainsi, en adoptant la mesure législative, nous ferons en sorte que la révision régulière de la loi soit obligatoire. Nous éviterons ainsi qu'il y ait un vide de 30 ans avant les prochaines améliorations aux règles d'accès à l'information.
Il importe également de noter que nous habilitons le commissaire à exiger des rapports ou des commentaires sur des questions données que des députés ou d'autres personnes portent à son attention. Je dirais que c'est un progrès majeur. J'aurais pensé que les députés auraient appuyé sans réserve cet élargissement du pouvoir du commissaire d'exiger des commentaires.
Nombre de personnes qui écoutent ou suivent le débat pourraient se demander en quoi consiste la divulgation proactive. Il y a souvent des gens qui veulent que le gouvernement leur fournisse plus de renseignements de façon régulière. Cela s'est vu sous des gouvernements de toutes les allégeances politiques. La divulgation proactive est l'une des façons de répondre à toutes sortes de questions que doivent inévitablement recevoir la commissaire ou les ministères. Au lieu de devoir attendre les demandes d'accès à l'information, on fournirait les renseignements automatiquement. Ce service facilitera davantage la diffusion d'information. Il renforcera la reddition de comptes et la transparence de la part du gouvernement. Les députés ne devraient pas s'en étonner. Non seulement le chef du Parti libéral a lancé le débat sur le renforcement de la transparence et de la reddition de comptes au moyen de la divulgation proactive, mais nous avons pris l'engagement de les renforcer encore lors de la dernière campagne électorale fédérale — et c'est exactement ce que nous avons fait. Par exemple, nous proposons d'exiger la publication des lettres de mandat originales et révisées. Certains pourraient se demander pourquoi. C'est parce que le a publié cette information. C'est une mesure très utile. Pour la toute première fois, la population peut consulter les documents dans lesquels le explique les mandats et quelques-unes des attentes que les ministres devront remplir au sein de leur ministère. On envisage également d'appliquer la divulgation proactive aux trousses d'information à l'intention des ministres.
Divers éléments pourraient être et seront compris dans la divulgation proactive. Il y a une foule d'exemples qui démontrent clairement que le est disposé et prêt à proposer un cadre législatif qui renforcera la transparence et la reddition de comptes de la part non seulement du gouvernement actuel, mais aussi des gouvernements à venir. Je crois que c'est une initiative fort positive.
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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de me lever à mon tour pour parler du projet de loi . En fait, je devais en parler, mais le gouvernement m'a encore une fois donné l'occasion de parler de sa fermeture d'esprit et de son opacité en nous imposant une autre motion d'attribution de temps sur un projet de loi portant sur l'accès à l'information. Quelle ironie!
Je suis très heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole après le discours de mon collègue le secrétaire parlementaire, qui s'est plu à évoquer des choses qui se sont passées à l'époque. Tout le monde connaît son éloquence et sa capacité légendaire à prendre la parole à la Chambre. Ce n'est pas pour rien que c'est le parlementaire qui a dit le plus de mots à la Chambre depuis le début de cette session. Il en a dit beaucoup au cours de cette législature, mais aussi lors de la précédente législature. C'est probablement lui qui avait le plus souvent dénoncé le recours aux motions d'attribution de temps de la part du gouvernement conservateur, qui utilisait effectivement ces motions pour faire adopter ses législations. Toutefois, le secrétaire parlementaire a utilisé des mots durs à l'égard de la démocratie et du travail des parlementaires pour exprimer à quel point il était outré par le recours aux motions d'attribution de temps.
Ce gouvernement s'est fait élire notamment en promettant de ne plus recourir aux motions d'attribution de temps, afin de permettre aux débats de se poursuivre. Il s'est fait élire en promettant une ouverture et une transparence de base. Il a promis qu'il serait ouvert en toutes circonstances et qu'il dirait parfois non. Le secrétaire parlementaire s'était fait le porte-parole de cette campagne électorale.
Aujourd'hui, à quoi assiste-t-on? En deux ans, ce gouvernement a dépassé le précédent gouvernement pour ce qui est de l'utilisation des motions d'attribution de temps. Il s'en est servi dans plusieurs dossiers très importants, notamment la légalisation de la marijuana, un sujet dont les Canadiens et les Canadiennes voulaient entendre parler. Les Canadiens représentés par les députés de ce côté-ci de la Chambre souhaitaient que ceux-ci prennent le temps d'exprimer leur opinion à ce sujet. Je suis aussi persuadé que plusieurs citoyens représentés par les députés de l'autre côté de la Chambre auraient aimé que ceux-ci prennent la parole et expriment le fond de leur pensée sur le projet de loi sur la légalisation de la marijuana, plutôt qu'ils répètent les lignes du gouvernement. Malheureusement, le gouvernement a recouru encore une fois à une motion d'attribution de temps, comme dans plusieurs autres dossiers.
En parlant de retours en arrière, le secrétaire parlementaire devrait aussi se souvenir des éloquents discours qu'il a faits au cours de la précédente législature. Il y trouverait de quoi enrichir le débat sur ces motions d'attribution de temps aujourd'hui. Dans sa présentation, il a également parlé des conservateurs de l'époque, qui ont vu la lumière en ce qui a trait à la divulgation proactive de la documentation. Effectivement, les conservateurs, à l'époque, ont adhéré à cette clause. Malheureusement, aujourd'hui, le projet de loi C-58 nous plonge dans la grande noirceur. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la commissaire à l'information. J'aurai l'occasion d'en reparler.
Malheureusement, si les libéraux ont vu la lumière lorsqu'ils étaient dans l'opposition, depuis qu'ils sont au pouvoir, la lumière s'atténue continuellement et nous nous dirigeons vers une grande noirceur. Le secrétaire parlementaire se réjouit que le projet de loi C-58 pourra être revu périodiquement. On dit que c'est un « living document », comme je l'ai entendu ce matin. Toutefois, encore aurait-il fallu qu'il connaisse une bonne naissance, car en ce moment, le gouvernement donne une mauvaise vie à son document vivant.
D'ores et déjà, on peut prévoir que ce projet de loi n'ira pas plus loin pour atteindre les objectifs fixés et les intentions annoncées par les libéraux lors de la dernière campagne électorale. Il n'atteindra aucun de ses objectifs. En fait et malheureusement, ce document est mort-né en ce qui concerne les objectifs. Le projet de loi n'est pas un document vivant. S'il l'avait été, le gouvernement aurait accepté les recommandations du comité. Il aurait accepté de modifier d'entrée de jeu son document soi-disant vivant pour l'améliorer, et pour en retirer les côtés noirs et obscurs en écoutant les recommandations du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Malheureusement, toutes les recommandations du comité ont été rejetées.
Ce n'est pas tout à fait ce qu'on appelle un document vivant, ouvert et transparent et qui peut s'améliorer. Le gouvernement avait déjà fait son idée: il a refusé de le modifier et de l'améliorer pour faire en sorte que, de ce côté-ci de la Chambre, on puisse l'appuyer.
Cette façon de faire des libéraux n'est pas nouvelle. Dans tous les projets de loi où nous aurions pu faire avancer conjointement des choses pour le bien du Canada, des Canadiens et des Canadiennes, les libéraux se sont toujours arrangés pour mettre dans le projet de loi quelque chose d'absolument inacceptable. Ils savent fort bien que cela ne fera pas l'unanimité et que l'opposition va voter contre. Ce sont des choses qui vont trop loin ou qui n'ont pas de sens. Par la suite, ils se disent qu'il y a de bonnes choses dans le projet de loi et ils se demandent pourquoi l'opposition ne l'appuie pas. C'est parce que les libéraux oublient toutes les mauvaises choses. C'est cela la façon de voir des libéraux. On présente un grand portrait et on fait une grande opération de relations publiques, mais quand on se met à lire les détails, on se rend compte que derrière les belles paroles et les belles images, il y a beaucoup de défauts. La qualité et la résolution de l'image ne sont pas toujours très bonnes.
Nous avons été habitués à beaucoup d'entourloupettes de la part du gouvernement libéral. Depuis mon élection en 2015, j'ai pu constater qu'il y a toutes sortes de manières de faire en ce qui concerne tout le processus législatif. On tente de faire des choses et on essaie surtout de se débarrasser de promesses qu'on a faites aux Canadiens pour se faire élire en 2015. Les libéraux se sont rendu compte qu'on pouvait promettre à peu près n'importe quoi, mais quand vient le temps de remplir les promesses, c'est difficile pour un gouvernement.
Je pense que les moments difficiles que traverse actuellement le gouvernement libéral se résument à ceci: les libéraux ont fait toutes sortes de promesses pour se faire élire en promettant à peu près n'importe quoi aux Canadiens, et maintenant, ils sont incapables de remplir leurs engagements. Ils doivent alors se trouver une façon de s'en sortir. Ils ont donc décidé de présenter un projet de loi qui n'accomplit pas ce qu'il devait accomplir, et ils se disent qu'on va au au moins en parler.
Toutefois, en parler ne change rien. Si on ne fait qu'en parler et si on ne change pas les lois, si on ne rend pas notre gouvernement vraiment responsable, et si on ne tient pas les promesses qu'on a faites aux Canadiens, ces derniers se retrouvent avec un gouvernement qui fait des choses pour lesquelles ils n'ont pas voté. C'est ce qui se passe aujourd'hui.
Dans le projet de loi , beaucoup de choses relèvent effectivement des promesses des libéraux. Ils avaient fait la promesse suivante: « Nous améliorerons l’accès à l’information gouvernementale ». De toute évidence, à la lecture du projet de loi et à la lumière des agissements des ministres et des membres de ce Cabinet, le gouvernement n'a aucunement l'intention d'accroître l'ouverture et la transparence du gouvernement. On constate que le projet de loi C-58 nuit plutôt à l'accès à l'information au Canada. Il y a d'ailleurs une très grande opposition au projet de loi C-58.
Ce gouvernement se dit ouvert par défaut. Or l'opposition la plus forte au projet de loi C-58 vient des protecteurs les plus fidèles de la transparence gouvernementale et de l'accès à l'information. Qu'on trouve l'erreur. On parle des journalistes, des groupes de défense des libertés civiles, et, oui, même de la commissaire à l'information fédérale. En effet, la personne chargée de veiller à la mise en oeuvre de la loi dont nous parlons aujourd'hui, déplore une bonne partie du projet de loi .
Dans un rapport rendu public en septembre, Mme Legault dit que le projet de loi ne répond pas à la véritable réforme dont la Loi sur l'accès à l'information a besoin. Elle dit plutôt que les propositions du gouvernement introduisent de nouveaux obstacles au processus que les Canadiens doivent suivre pour demander des documents gouvernementaux. On pourrait s'attendre à ce que les conservateurs disent de telles choses puisque nous sommes l'opposition, nous sommes là pour critiquer le gouvernement. Mais non, c'est la commissaire à l'information qui dit cela, celle qui est chargée de faire appliquer le projet de loi C-58.
Le rapport de la commissaire est intitulé « Objectif transparence : la cible ratée ». Le titre est assez éloquent. Voici ce qu'on y lit:
En bref, le projet de loi C-58 n'apporte pas les changements promis.
Le gouvernement a promis que le projet de loi ferait en sorte que la Loi s'applique au bureau du premier ministre et aux cabinets des ministres. Elle ne s'y applique pas.
Le gouvernement a promis que le projet de loi s'appliquerait de façon appropriée aux institutions administratives qui appuient le Parlement et les tribunaux. Il ne s'y applique pas.
Le gouvernement a promis que le projet de loi prévoirait fournir un modèle de surveillance où la commissaire à l'information pourrait émettre des ordonnances exécutoires pour la divulgation de l'information gouvernementale. Il ne le prévoit pas.
Plutôt que d'améliorer la Loi et de faire progresser les droits d'accès à l'information, le projet de loi entraînera un recul des droits existants.
C'est la triste histoire d'un gouvernement qui a promis des choses qu'il n'avait nullement l'intention de faire ou d'un gouvernement qui improvise et qui n'était nettement pas prêt à prendre le pouvoir. Deux ans après son élection, je pense que l'ensemble des observateurs de la scène politique peuvent confirmer les propos que je viens de dire. Ce gouvernement n'était pas prêt et, maintenant, il improvise pour essayer de tenir des semblants de promesses, ce qu'il est complètement incapable de faire.
Je reviens au rapport spécial de la commissaire à l'information. Les tableaux à la fin du rapport m'ont assez impressionné. Ils portent sur le comparatif du projet de loi C-58, les améliorations apportées au projet de loi C-58, la situation actuelle et d'autres éléments. Bref, c'est un tableau dans lequel on observe si les divers éléments du projet de loi ont une incidence positive ou s'ils constituent un recul.
En ce qui concerne les présentations de demandes, on recule; le refus de donner suite à une demande, on recule; le refus de donner suite à une demande pour les institutions, c'est positif — on va se dire les vraies choses, il y a des éléments positifs. Concernant le Cabinet du premier ministre et les lettres de mandats, on n'émet aucune opinion; les cabinets des ministres, c'est un recul; les institutions fédérales, c'est un recul; le Parlement, c'est un recul; les tribunaux, c'est un recul.
Relativement à l'imposition des frais, on devait abolir les frais et rendre cela facile, mais c'est un recul. Au sujet du modèle de surveillance, on recule. En ce qui a trait à la participation du commissaire à la protection de la vie privée aux enquêtes, c'est un recul — ça fait beaucoup, là; ce n'est pas moi qui le dit —. La médiation a une incidence positive si elle est ajoutée. La publication d'ordonnances a aussi une incidence positive si elle est ajoutée.
Concernant l'examen des documents protégés par le secret professionnel de l'avocat, c'est positif. Ici, on n'est pas partisan: l'incidence de l'objectif de la Loi sur l'accès à l'information est inconnue. Pour ce qui est de la transition vers un nouveau modèle de surveillance, on recule; et l'incidence de l'examen périodique obligatoire est inconnue.
Je comprends pourquoi l'incidence d'un examen périodique obligatoire est inconnue. Depuis le début de l'étude de ce projet de loi, beaucoup de bonnes suggestions ont été proposées au gouvernement pour améliorer le projet de loi C-58. Le gouvernement n'a pas tenu compte d'une seule de ces suggestions. Je comprends la commissaire de se poser certaines questions par rapport à l'objectif de l'examen périodique obligatoire.
Le rapport se termine sur une note négative. En ce qui concerne Info Source — ce qui veut dire que les institutions sont tenues de publier chaque année des renseignements de certaines catégories —, c'est un recul et, enfin, pour les rapport annuels sur l'administration de la Loi sur l'accès à l'information, c'est un autre recul.
Ce n'est pas nous qui le disons, c'est le rapport de la commissaire à l'information du Canada, dont le titre est très éloquent: « Objectif transparence: la cible ratée ». Ce document offrait des recommandations au gouvernement afin d'améliorer le projet de loi de sorte qu'il réponde non pas aux besoins de l'opposition officielle, du NPD, du Bloc québécois, du Parti vert, des députés indépendants ou des députés d'arrière-ban du Parti libéral, mais aux besoins des Canadiens et des Canadiennes en matière d'ouverture et de transparence.
Malheureusement, « Objectif transparence: la cible ratée », c'est le bulletin du projet de loi . C'est la raison pour laquelle le gouvernement libéral est obligé d'utiliser une motion d'attribution de temps, aujourd'hui, pour faire taire les députés de tous les partis de l'opposition ici, à la Chambre. Il ne veut pas que nous passions notre temps à répéter que la commissaire à l'information a dit qu'il a carrément raté son objectif.
Monsieur le Président, si vous saviez tout ce que les gens ont dit et tous les articles qui ont été publiés sur le projet de loi , vous auriez aussi un certain mal à comprendre où veut en venir le gouvernement. Selon le cofondateur du groupe Démocratie en surveillance, le projet de loi constitue un pas en arrière en permettant aux représentants du gouvernement de refuser des demandes d'information s'ils pensent que la demande est frivole ou faite de mauvaise foi.
Mettons-nous à la place d'un individu qui fait partie du Cabinet, qui se fait poser des questions sur sa villa en France et qui décide que c'est une requête frivole ou faite de mauvaise foi puisque l'endroit où il passe ses vacances ne regarde pas les Canadiens. Cette personne refuserait donc de répondre à ces questions. C'est ce que dénonce Démocratie en surveillance.
Par ailleurs, un défenseur de la démocratie canadienne reconnu, M. Conacher, dit que les fonctionnaires ne devraient pas bénéficier de ce pouvoir, car ils l'utiliseront vraisemblablement comme une nouvelle échappatoire pour refuser au public de l'information qu'il a le droit de savoir. C'est exactement ce que je dis depuis le début.
Le projet de loi impose aussi de nouvelles obligations aux demandeurs d'information. La loi, telle qu'elle est actuellement, oblige les institutions fédérales à faire tous les efforts raisonnables pour prêter assistance à un demandeur, peu importe les informations demandées. Cependant, avec les changements, les demandeurs devront fournir des renseignements plus précis sur le type exact de document qu'ils cherchent, la période visée par leur demande et le sujet exact sur lequel elle porte.
Autrement dit, si je veux en savoir davantage sur l'élimination d'un crédit d'impôt pour les personnes diabétiques et que je ne nomme pas le nom exact du crédit d'impôt et du formulaire, il se peut que les gens d'en face refusent de me donner l'information. Pourtant, à ce que je sache, les Canadiens ont le droit de savoir pourquoi le gouvernement a éliminé les crédits d'impôts pour les personnes diabétiques. Lorsqu'un changement majeur touche la vie des personnes les plus vulnérables, les Canadiens ont le droit de savoir ce qui a motivé ce changement et pourquoi la ministre n'en informe pas l'opposition et tous les Canadiens. Il me semble que c'est logique.
C'est comme si le gouvernement voulait se donner plus de façons de cacher la vérité au public canadien. Je n'ose pas le dire, mais ce projet de loi ressemble à une nouvelle tentative de dissimulation de la part de ce gouvernement. Or il démontre seulement aux Canadiens à quel point il n'était pas prêt à gouverner. Voilà le bilan du projet de loi qui est devant nous.
C'est probablement pour cette raison que le gouvernement ne veut pas avoir à répondre à des questions sur la réforme fiscale, sur l'affaire Morneau, sur les taxes Netflix, sur les petits déficits promis, sur l'ALENA, sur la Chine, sur la livraison du courrier à domicile et sur les vacances du sur une île privée, dont on a beaucoup parlé. C'est probablement pour cette raison que le projet de loi est devant nous aujourd'hui et que nous sommes sous le coup d'une motion d'attribution de temps.
La promesse d'ouverture et de transparence est une opération de relations publiques manquée, et selon la commissaire à l'information, je le rappelle, l'objectif de transparence est une cible ratée par le gouvernement.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Comme nous l'avons entendu à maintes reprises aujourd'hui, la mesure législative dont nous sommes saisis a essuyé de nombreuses critiques. Pourtant, le gouvernement libéral fait adopter le projet de loi à toute vitesse à l'aide de l'imposition musclée, encore une fois, de la guillotine législative qu'est l'attribution de temps.
La BC Freedom of Information and Privacy Association a rejeté les dispositions concernant la prétendue publication proactive, qu'elle considère comme un tour de passe-passe douteux.
L'organisme Démocratie en surveillance a qualifié le projet de loi de pas en arrière.
L'Association canadienne des journalistes a tourné au ridicule le en reconnaissant sa « contribution exceptionnelle à la culture du secret au sein d'une administration publique » et en remettant le prix du « code du silence » aux libéraux.
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec a affirmé que les promesses du gouvernement libéral de faire preuve d'une plus grande ouverture se sont révélées une fausse alerte, et que c'était trop beau pour être vrai.
Selon le Centre for Free Expression de l'Université Ryerson, le projet de loi se résume principalement à des retouches superficielles.
Le Secrétariat de la nation algonquine, au nom des directeurs nationaux de la recherche sur les revendications, a rejeté le projet de loi C-58 dans sa version originale parce qu'il crée de nouveaux obstacles importants empêchant les Premières Nations d'accéder à des données historiques aux fins de leurs revendications territoriales. Elles ont le droit d'avoir accès à cette information.
Dans l'ensemble du pays, les experts qui connaissent bien les principes d'un gouvernement ouvert condamnent les dispositions du projet de loi permettant au gouvernement de refuser l'accès aux documents qui, selon lui, contiennent de l'information confidentielle du Cabinet. Aux yeux des experts, cette échappatoire demeure le plus gros trou noir du système d'accès à l'information du Canada.
D'autres qualificatifs négatifs ont aussi été employés pour décrire le projet de loi lacunaire qui nous est présenté, mais la critique la plus éloquente vient de la commissaire à l'information elle-même.
Après avoir vu la majorité libérale ignorer le non unanime du Parti conservateur, du NPD, du Bloc québécois et du Parti vert lors du vote de deuxième lecture, la commissaire Legault a exprimé fermement sa désapprobation. Elle s'est adressée au gouvernement, aux députés et à l'ensemble des Canadiens dans un document intitulé « Objectif transparence: la cible ratée — Recommandations pour améliorer le projet de loi C-58 ». Il serait utile que je lise dans cette enceinte quelques passages de ce document de la commissaire.
La commissaire Legault nous rappelle que « [l]e gouvernement libéral a été élu sur la foi de sa plateforme d’ouverture et de transparence, et de sa promesse de renouveler la confiance de la population canadienne envers son gouvernement [...] il s’est engagé à piloter un examen de la Loi sur l’accès à l’information pour améliorer l’ouverture du gouvernement. » Or, conclut-elle, « [e]n bref, le projet de loi C-58 n'apporte pas les changements promis. »
Selon Mme Legault, le gouvernement avait promis que le projet de loi ferait en sorte que la loi s'applique de façon appropriée aux cabinets du premier ministre et des ministres. « Elle ne s'y applique pas », déplore-t-elle, caractères gras à l'appui.
La commissaire dit que le gouvernement avait promis que le projet de loi s'appliquerait de façon appropriée aux institutions administratives qui appuient le Parlement et les tribunaux. Encore une fois, elle déplore, caractères gras à l'appui: « Il ne s'y applique pas. »
Elle dit que le gouvernement avait promis que le projet de loi habiliterait le commissaire à l'information, soit elle-même, à émettre des ordonnances pour la divulgation d'information gouvernementale. La commissaire déplore une fois de plus, clairement, que ce ne soit pas le cas.
La commissaire conclut son évaluation du projet de loi en déclarant sans équivoque: « Plutôt que de faire progresser les droits d’accès à l’information, le projet de loi C-58 entraînerait plutôt une régression des droits existants ».
Suit une critique détaillée — sur quelque 45 pages — du projet de loi du gouvernement, que la commissaire examine article par article, paragraphe par paragraphe, pour finalement lui donner une note bien décevante, un peu comme un enseignant évaluerait un élève du secondaire dont le rendement est insatisfaisant. La commissaire a relevé 12 échecs — des éléments régressifs —, d'une part, et quelques dispositions neutres ou positives, d'autre part.
Lorsque la commissaire a comparu devant le comité, elle a répété les conclusions qu'elle avait déjà émises au sujet du projet de loi . À ses yeux, il s'agit d'une mesure législative extrêmement régressive qui restreint le droit des Canadiens à être informés.
Elle a souligné encore une fois que le projet de loi ne l'habilite pas vraiment à émettre des ordonnances pour la divulgation de renseignements et que, par surcroît, il ajoute des étapes contraignantes au processus d'enquête.
La commissaire à l'information a essentiellement déclaré que si le gouvernement refusait les 28 amendements qu'elle recommandait, le statu quo, autrement dit, le régime d'accès à l'information actuel, aussi imparfait soit-il, serait préférable à ce que propose le projet de loi . Pour illustrer les lacunes criantes du projet de loi C-58, la commissaire a expliqué au comité que si cette mesure était adoptée dans sa forme initiale, elle permettrait entre autres de bloquer des demandes journalistiques comme celles qui ont permis de mettre au jour le fameux scandale des commandites.
Cet exemple a forcé le gouvernement libéral à réfléchir et à prendre un certain recul. Par conséquent, le gouvernement a accepté quelques amendements, notamment de supprimer la nécessité de remplir certains critères excessivement précis — conditions que la commissaire considère comme extrêmement régressives — à l'égard de toute demande d'accès à l'information.
Cette suppression est bienvenue. Cependant, il semble que certains ministères et certains fonctionnaires ont déjà commencé à appliquer ses dispositions strictes. Dans son témoignage au comité, la commissaire a expliqué qu'elle avait hérité d'un nouveau dossier bien étayé à propos d'une institution qui applique les critères établis dans le projet de loi , alors que ce n'est pas une loi. Sans compter que, suite au repli du gouvernement, ces critères ne figureront pas dans la loi. Néanmoins, au moins une institution a déjà recours à ces critères maintenant supprimés pour refuser des demandes légitimes d'accès à l'information. Par conséquent, je pense que toute personne raisonnable doit se demander comment les fonctionnaires dans les ministères et organismes gouvernementaux vont faire pour respecter la lettre de la loi dans cette mesure législative très légèrement modifiée, mais encore très imparfaite.
Le gouvernement libéral actuel a non seulement ignoré et rejeté les sages conseils de la commissaire à l'information, des journalistes, des intervenants, des défenseurs des droits de la personne et des citoyens ordinaires qui aimeraient voir l'accès à l'information grandement amélioré, mais en plus il a aussi fait fi de presque toutes les recommandations du comité à majorité libérale de la Chambre qui a procédé à un examen très complet de la loi un an avant la rédaction et le dépôt du projet de loi .
Les députés ont probablement déjà remarqué que je n'ai pas parlé de la publicité trompeuse faite par les libéraux pendant la campagne électorale de 2015 au sujet de la réforme de la Loi sur l'accès à l'information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Les députés se rappelleront peut-être que le chef de ce qui était alors le troisième parti à la Chambre avait fait des promesses sur tout un lot de sujets: les baisses d'impôt, les déficits modestes, la réforme électorale, le rétablissement de la livraison du courrier à domicile, les opérations de maintien de la paix des Nations unies et la tarification du carbone sans incidence sur les revenus, pour n'en nommer que quelques-uns. Le chef du Parti libéral avait également dit: « [...] nous allons devoir adopter une façon de gouverner complètement différente. » Il avait ensuite utilisé une métaphore intéressante pour faire une promesse: « Un gouvernement qui accepte sa responsabilité d'agir de façon ouverte et transparente et, aussi, une population qui n'a pas peur de pousser le rideau pour voir comment on fait la saucisse. »
Je ne sais pas si les députés peuvent s'imaginer le ou le en saucissiers, mais, s'ils y arrivent, ils doivent vraiment penser qu'on essaie de nous refiler un produit indigeste avec le projet de loi .
C'est un loquace et de bonne humeur qui, témoignant devant le comité, nous a demandé de reconnaître l’audace dont faisait preuve le gouvernement dans cette première quête, depuis 34 ans, de refonte substantielle de la Loi sur l’accès à l’information. Au sommet du Partenariat pour un gouvernement ouvert, tenu à l'étranger, il a vanté les mérites de l’engagement pris par le gouvernement libéral. Toutefois, devant les vigoureuses critiques dont le projet de loi bancal a fait l’objet, le ministre a rejeté pratiquement toutes les propositions d’améliorations et d’amendements soumises par le comité, par la commissaire et par les Canadiens. Il nous a essentiellement dit qu'il ne fallait pas s'inquiéter, que tout irait bien et que si cette mouture du projet de loi n’était pas parfaite, on s’y pencherait à nouveau dans un an en vue peut-être de l’améliorer. Il a en particulier affirmé: « […] nous ne permettrons pas que la perfection soit l'ennemi du bien. » Or, comme je l’ai dit aujourd’hui, il n’y a pas grand-chose de bien dans le projet de loi C-58.
De ce côté-ci de la Chambre, nous voyons dans le projet de loi une mesure typiquement régressive qui va nous être rapidement imposée par la majorité libérale. Honte aux députés libéraux d’arrière-ban. Comme je l’ai dit, on utilise l’arme de l’attribution de temps pour court-circuiter un débat sur un enjeu qui est au coeur de la démocratie canadienne, c’est-à-dire le droit qu’ont les Canadiens de savoir comment ils sont gouvernés.
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Monsieur le Président, avant d'expliquer pourquoi je suis si heureux de parler à la Chambre au sujet du projet de loi sur la réforme de la Loi sur l'accès à l'information, je vais lire une citation pour nous mettre dans le contexte:
Quand je me suis préparée à comparaître [devant le Comité], je suis revenue sur la demande effectuée par Daniel Leblanc, le journaliste [du Globe and Mail], la demande qui a fait exploser le scandale des commandites. Or, cette demande n’aurait pas satisfait les exigences [du projet de loi. Celui-ci] constituerait un recul majeur [du droit à l’information].
Il s'agit du projet de loi dont on parle aujourd'hui et que les libéraux veulent faire passer. Qui a dit cela? Ce n'est pas un député de l'opposition, c'est Suzanne Legault, la commissaire à l'information au Parlement canadien.
Voici pourquoi cette réforme est un projet de loi si attendu, qui vient modifier la Loi sur l'accès à l'information de 1993. Comme on le sait, cette loi touche toute personne qui souhaite obtenir une information auprès des institutions du gouvernement fédéral.
Or depuis que la réforme de la Loi sur l'accès à l'information a été dévoilée, les critiques et les déceptions s'accumulent. Premièrement, cette réforme ne contient pas la promesse électorale des libéraux d'étendre la loi aux cabinets ministériels ainsi qu'au bureau du premier ministre. Il s'agit donc d'une première promesse brisée.
Deuxièmement, le gouvernement pourra maintenant décliner toute demande d'accès à l'information s'il est d'avis que cette demande est vexatoire, qu'elle a été faite de mauvaise foi ou qu'elle constitue un abus du droit de faire une demande d'accès à l'information. Autrement dit, le gouvernement se donne maintenant suffisamment de marge de manoeuvre pour refuser toute demande qui le dérange ou le mettrait dans l'embarras. Dieu sait qu'on a des dossiers là-dessus.
Troisièmement, nous savons qu'il y a actuellement un problème de retard important sur le plan des demandes d'accès à l'information. Malheureusement, ce projet de loi ne fait rien pour s'attaquer à ces retards qui sont déjà inacceptables et qui contribuent à retenir de l'information publique entre les mains du gouvernement.
Quatrièmement, le gouvernement avait promis que le projet de loi s'appliquerait de façon appropriée aux institutions administratives qui appuient le Parlement et les tribunaux, mais il ne s'y appliquera finalement pas.
Cinquièmement, le gouvernement avait promis que le projet de loi prévoirait fournir un modèle de surveillance dans le cadre duquel la commissaire à l'information pourrait émettre des ordonnances exécutoires pour la divulgation de l'information gouvernementale. Or dans cette présente réforme, rien ne le prévoit, comme on peut l'imaginer.
Selon la commissaire à l'information, que j'ai citée au début, si le projet de loi avait été en vigueur en 1999, il aurait empêché les journalistes de faire les demandes d'accès à l'information qui leur auraient permis de découvrir le scandale des commandites des libéraux, que certains connaissent mieux sous le nom de Commission Gomery.
Madame Legault a d'ailleurs exprimé plusieurs critiques vis-à-vis du projet de loi . En somme, personne n'est satisfait. Tout le monde est déçu de la mouture de ce projet de loi.
Katie Gibbs, directrice générale du groupe Evidence For Democracy, a affirmé que le gouvernement libéral ne respecte pas sa promesse, excluant la possibilité d'obtenir de l'information des cabinets ministériels et du bureau du premier ministre. Elle soutient également que le gouvernement ne respecte pas sa promesse électorale d'établir un gouvernement ouvert par défaut. Pour elle, la possibilité d'écarter certaines demandes d'accès arbitrairement sur des bases non définies met la transparence et l'ouverture du gouvernement à risque.
On essaie drôlement de protéger le premier ministre.
Duff Conacher, cofondateur du groupe Democracy Watch, considère quant à lui que le projet de loi fait un pas en arrière en permettant aux représentants du gouvernement de refuser les demandes d'information s'ils estiment que la demande est frivole ou faite de mauvaise foi. Toujours selon M. Conacher, les fonctionnaires ne devraient aucunement bénéficier de ce pouvoir, car ils l'utiliseraient vraisemblablement comme une nouvelle échappatoire pour refuser au public de l'information qu'il a le droit de connaître. On l'a vu avec la ministre de l'Agence du revenu du Canada, particulièrement dans les dernières semaines.
Stéphane Giroux, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec — on ne parle pas ici des méchants conservateurs comme le gouvernement aime nous présenter; Robert Marleau, ex-commissaire à l'information de 2007 à 2008; la British Columbia Freedom of Information and Privacy Association; certains groupes des Premières Nations qui ont observé que certaines dispositions du projet de loi rendraient plus difficile l'accès à la justice et à l'information pour les Premières Nations, tous s'opposent à ce projet de loi. C'est beaucoup de personnes, on commence à les additionner.
Cela veut donc dire qu'en plus des députés de l'opposition, les groupes de défense des libertés civiles, les journalistes et la commissaire à l'information, qui est neutre, sont tous contre le projet de loi et préfèrent le statu quo. C'est quelque chose, on préfère le statu quo, malgré toutes les lacunes qu'il y a présentement, plutôt que cette réforme libérale présentée aujourd'hui. On est conscient qu'il y a du travail à faire pour améliorer la situation. Toutes ces personnes partagent une impression commune: le projet de loi C-58 ne répond à aucune demande de réforme de la Loi sur l'accès à l'information et, en plus, il introduit de nouveaux obstacles au processus que les Canadiens devront suivre pour demander légitimement des documents gouvernementaux. Après cela, on se demande pourquoi la population est cynique face à la classe politique.
Il s'agit donc d'une réforme qui ne fait rien pour mettre fin aux énormes lacunes de la loi tel que les libéraux l'avaient promis lors de la campagne électorale. C'est en fait un recul. Continuellement, les gouvernements en place, peu importe le parti, déposent des projets de loi pour améliorer la situation. Or, je le disais tantôt, c'est assez incroyable qu'autant de gens ne voient qu'un recul dans un projet de loi qui devrait améliorer la situation.
Il s'agit aussi d'un double discours: les libéraux se disent ouverts et transparents, mais ils ont raté une très belle occasion de le prouver. Il faut être complètement déconnecté pour croire que les Canadiens et les Canadiennes ne verront pas leur petit jeu, particulièrement quand on regarde les scandales qui sont dévoilés tous les jours depuis maintenant deux ans.
Dans l'état actuel de la réforme, le gouvernement pourra choisir les informations qu'il voudra publier et protéger ce qu'il souhaite cacher à la population. Le gouvernement aura dorénavant toute la liberté de refuser de répondre aux demandes d'accès à l'information pour des raisons obscures et arbitraires.
Que mes collègues soient assurés que toute information la moindrement embarrassante ne sera pas divulguée. On sait comment les libéraux fonctionnent. En choisissant de dévoiler seulement ce qui les fait bien paraître — on sait à quel point notre premier ministre aime bien paraître, on n'a pas besoin de parler des selfies, je pense que tout le monde voit clair dans le petit jeu du premier ministre —, les libéraux font maintenant de la Loi sur l'accès à l'information une nouvelle stratégie de communication. C'est grave ce qu'on se dit présentement.
Or, cette loi est un des seuls outils que les citoyens, les journalistes et les membres de tous les partis de l'opposition officielle, qui ont la responsabilité de surveiller ce gouvernement pour éviter les abus de confiance que l'on voit actuellement, détiennent pour exercer leur droit de savoir et faire leur travail comme il se doit. Qu'on ne s'y trompe pas, le gouvernement libéral centralise le pouvoir autour du premier ministre et de ses acolytes qui contrôlent même les différents cabinets ministériels, malgré ce qu'il laisse croire par ses belles images et ses bons mots, alors qu'il condamne publiquement de tels actes de l'autre côté.
Finalement, quand on regarde l'ensemble du projet de loi, on en vient à la conclusion « faites ce que je dis et non ce que je fais ». Cela fait vraiment pitié.
:
Monsieur le Président, je suis contente de pouvoir parler du projet de loi et, tant qu'à y être, de corriger certaines des choses dites par mes collègues d'en face. Ils ne se gênent pas pour reprendre à leur compte les critiques dont le projet de loi a fait l'objet avant d'être renvoyé au comité et d'être amendé précisément dans le but de donner suite à ces critiques, bref avant qu'il soit resserré de manière à bien remplir son objectif, c'est-à-dire moderniser comme jamais auparavant le régime d'accès à l'information.
Le gouvernement s'est fermement engagé à agir de manière ouverte et transparente. C'est ce que les Canadiens veulent et c'est ce qu'ils méritent. Les réformes dont nous sommes saisis ont été conçues précisément dans cet esprit.
[Français]
Nous restons résolus à respecter ce principe qui a été mis en oeuvre pour la première fois dans la Loi sur l'accès à l'information en 1983.
[Traduction]
Trente-quatre ans plus tard, les réformes que nous proposons amènent la Loi un cran plus loin et l'adaptent aux technologies, aux politiques et aux lois d'aujourd'hui, sans jamais fermer la porte aux futures modifications.
Je suis fière de savoir que c'est le gouvernement libéral qui aura finalement modernisé la Loi sur l'accès à l'information. On est loin de l'ancien gouvernement conservateur, qui a promis de faire la même chose dans sa plateforme électorale, mais qui, en 10 ans au pouvoir, n'a même pas levé le petit doigt dans ce dossier.
À l'époque où j'étais moi-même dans l'opposition, j'ai personnellement goûté aux tactiques orwelliennes de l'ancien gouvernement. J'ai fait une demande d'accès à l'information pour en savoir plus sur le processus entourant la construction du pavillon du Canada pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2010, à Vancouver. Ce pavillon devait être érigé à Vancouver, et de nombreuses questions avaient surgi dans les médias. Quelle ne fut pas ma surprise, quand j'ai reçu la réponse du gouvernement, de constater que la totalité du document avait été caviardée. Il n'y avait absolument rien à en tirer. J'aurais pourtant cru que le pavillon olympique du Canada était loin de constituer une question de sécurité nationale et que l'information s'y rapportant n'avait pas besoin d'être gardée secrète.
Voilà à quels jeux se livrait le gouvernement conservateur au lieu de moderniser la Loi sur l'accès à l'information. Sans doute était-il trop occupé à tout faire pour devenir le premier gouvernement de l'histoire du Canada — que dis-je, du Commonwealth — à être reconnu coupable d'outrage au Parlement pour avoir refusé de transmettre de l'information au Parlement.
N'oublions pas non plus que les néo-démocrates étaient très réticents à suivre notre exemple quand le Parti libéral est devenu le premier parti à divulguer de façon proactive les dépenses de ses députés. Ils ont traîné les pieds dans ce dossier. Je m'écarte, cependant, du sujet.
Le gouvernement actuel agit. Il donne suite à sa promesse électorale de réformer la Loi sur l’accès à l’information.
[Français]
Nos efforts ont commencé il y a plus d'un an. En mai 2016, nous avons émis une directive qui évoque l'idée d'un gouvernement « ouvert par défaut ».
[Traduction]
« Ouvert par défaut » signifie que, dans l'ensemble du gouvernement, les données et l'information sont de plus en plus communiquées automatiquement, à moins que des motifs bien précis ne l'empêchent.
[Français]
Maintenant, avec les modifications proposées dans le cadre du projet de loi , nous passons à la prochaine étape.
[Traduction]
Le projet de loi apporterait des améliorations clés à la Loi sur l’accès à l’information. Il conférerait au commissaire à l'information le pouvoir d'ordonner au gouvernement de communiquer des documents, comme le réclame la commissaire actuelle. Cela augmenterait sensiblement ses pouvoirs. Le rôle d'un commissaire ne serait plus celui de simple ombudsman. Le titulaire du poste posséderait désormais le pouvoir d'obliger le gouvernement à communiquer des documents.
Comme nous l'avions promis, le projet de loi étend, pour la toute première fois, l'application de la loi au Cabinet du premier ministre et aux cabinets des ministres en les assujettissant à des exigences de divulgation proactive. Les organismes administratifs qui appuient les tribunaux, le Parlement et d'autres institutions gouvernementales seraient eux aussi tenus de se conformer à ces exigences. Cela élargit considérablement la portée de la Loi sur l'accès à l'information.
De plus, le projet de loi rend obligatoire la réalisation d'examens quinquennaux de la Loi. C'est donc un processus permanent d'amélioration. Qui plus est, il exigerait que les ministères examinent régulièrement les renseignements demandés en vertu de la Loi.
[Français]
Ces mesures vont nous aider à comprendre quelles données pourraient et devraient être publiées de façon proactive et d'en ajouter à la liste.
[Traduction]
Par ailleurs, nous préparons un guide pour bien expliquer aux demandeurs d'accès les exceptions et les exclusions. Nous nous investissons dans des outils pour accroître la rapidité et l'efficience du traitement des demandes d'information. Nous permettons aux institutions fédérales qui relèvent d'un même ministre d'utiliser les mêmes services de traitement des demandes par souci d'efficience, et nous offrons davantage de formation aux fonctionnaires pour favoriser une interprétation uniforme de l'application des règles d'accès à l'information.
[Français]
Nous prenons aussi des mesures pour aider les institutions du gouvernement à éliminer les demandes qui sont faites de mauvaise foi et qui constituent un fardeau nuisible pour le système.
[Traduction]
En monopolisant des ressources de l'État, les demandes vexatoires de ce genre, qui sont de mauvaise foi, nuisent à la capacité de l'institution de faire son travail et de répondre aux autres demandes. Soyons clairs. Nous avons entendu les objections exprimées au sujet des moyens à prendre pour nous prémunir contre le recours abusif à la mesure qui est proposée. Nous avons entendu tout particulièrement les préoccupations soulevées par des groupes autochtones au sujet des revendications territoriales.
Comme l'a dit le au cours du débat à l'étape de la deuxième lecture: « Une demande large ou générale ou encore une demande qui met le gouvernement dans l'embarras n'est pas en soi une preuve de mauvaise foi de la part du demandeur. » Les demandes très vastes, particulièrement celles concernant des documents historiques pour appuyer les revendications des Autochtones, sont tout à fait légitimes, et la loi les permet.
Cependant, ce n'était pas suffisant pour le gouvernement d'affirmer clairement ses intentions à la Chambre des communes. Par conséquent, le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique a renforcé davantage le projet de loi en y apportant un amendement selon lequel aucun ministère ne peut refuser une demande simplement parce que le sujet sur lequel porte la demande, le type de document demandé ou la date du document n'ont pas été précisés.
Le projet de loi a également été modifié afin de donner au commissaire à l'information un droit de veto pour déterminer si un ministère peut rejeter une demande d'accès à l'information. Le comité a aussi adopté un amendement donnant au commissaire à l'information le pouvoir de publier les résultats de ses enquêtes ainsi que ses ordonnances. Il s'agit d'un ajout important aux pouvoirs du commissaire, comme l'avait prévu le . C'est aussi ce qu'avait demandé la commissaire. Le gouvernement appuie fermement ces amendements.
Outre l'obligation du gouvernement de prêter assistance, qui constitue une obligation fondamentale prévue dans la Loi sur l'accès à l'information, le gouvernement est déterminé à respecter l'obligation fiduciaire du Canada d'aider les Premières Nations à faire avancer leurs revendications territoriales.
Après 34 ans, le système d'accès à l'information du Canada doit être mis à jour, et le travail se fera graduellement.
Je suis déçue que les députés d'en face, tant ceux du Parti conservateur que ceux du NPD, se servent de ce projet de loi crucial pour se faire du capital politique. Ils soulèvent des questions auxquelles on a déjà répondu en comité, où l'on a adopté des amendements afin de dissiper les préoccupations qui avaient été soulevées.
Les conservateurs, qui n'ont rien fait pendant 10 ans même si, dans leur programme, ils avaient promis solennellement de mettre à jour la Loi sur l'accès à l'information, se comportent comme s'il s'agissait d'un recul. En fait, il s'agit d'un progrès à bien des égards. Ce projet de loi élargira la portée de la Loi et répondra à la demande de la commissaire d'obtenir des pouvoirs supplémentaires pour déterminer si un ministère peut refuser de donner suite à une demande d'accès à l'information. Il prévoit aussi le pouvoir de rendre des ordonnances pour garantir qu'elles soient publiées et que le public puisse les examiner.
On a pris un grand nombre de mesures cruciales afin d'améliorer l'ouverture et la transparence à l'égard du public canadien relativement à l'information à laquelle il devrait avoir — et aura — accès.
Les députés d'en face prétendent qu'on n'a apporté aucun amendement et que le rapport de la commissaire est toujours valide, même s'il a été rédigé avant que les amendements visant à dissiper les préoccupations de cette dernière fassent l'objet d'un débat et d'un vote par les membres du comité, y compris des députés néo-démocrates et conservateurs, et que le et les députés libéraux les appuient pleinement. Le fait qu'on ignore ces amendements, que ces partis visent à embrouiller et à fausser le débat public et à induire en erreur les citoyens qui écoutent leurs discours, leurs questions et leurs réponses est très décourageant et décevant. Tout le monde s'entendait pour dire qu'il fallait améliorer cette mesure. Pour la première fois en 34 ans, c'est exactement ce que nous faisons.
Tenter de faire croire aux Canadiens qu'il s'agit d'un pas en arrière, alors qu'il s'agit en fait d'un bond en avant, c'est rendre un mauvais service à la population en lui fournissant des renseignements inexacts. De plus, cela soulève des préoccupations inutiles au sujet de l'accès à l'information des citoyens et des personnes autochtones qui veulent présenter des revendications territoriales. Nous avons réglé ces questions. Nous avons beaucoup de respect pour la réconciliation avec les peuples autochtones partout au Canada; nous y accordons une grande importance. Or, un aspect de cela consiste à appuyer et à aider les personnes et les groupes qui demandent des renseignements qui visent la réconciliation, le partenariat et la coopération auxquels tient tant le gouvernement.
Je demanderais donc aux députés d'en face de s'en tenir aux faits, de réfléchir aux amendements qui ont été apportés en comité, et d'examiner les façons dont les recommandations de la commissaire et d'autres personnes ont été intégrées dans ces amendements par le comité. Débattons du bien-fondé de cette politique en nous basant sur des renseignements réels, factuels et à jour. Voilà ce qui rendrait service au public de la part des députés d'en face.
Comme je l'ai dit au début de mon discours, je suis très fière que ce soit le gouvernement libéral qui modernise enfin la Loi sur l'accès à l'information et qui y apporte des modifications dont elle a grandement besoin. Il y aura un examen à peine une année après l'entrée en vigueur de ce projet de loi pour permettre d'améliorer continuellement la qualité de cette mesure législative très importante. Cet élément très important de la politique gouvernementale, qui permet des examens et des améliorations en temps opportun, est inscrit dans la nouvelle loi. Nous sommes impatients de poursuivre notre travail pour rendre le gouvernement plus ouvert, transparent et responsable.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de .
Les libéraux demandent l'aide de tous les partis. Voici ce qui en est de cette mauvaise mesure législative: la commissaire à l'information a déclaré que, si le projet de loi n'est pas modifié en profondeur, il constituera un recul. C'est ce qu'elle a dit. Nous avons donc cherché à le modifier en profondeur. En nous fondant sur quoi? Non pas sur les idées que nous avions avant même le début des audiences, mais plutôt sur les témoignages de la commissaire à l'information, qui est la figure de proue de l'accès à l'information au Canada. Nous nous sommes aussi fondés sur les revendications des groupes représentant les Premières Nations, qui négocient actuellement un règlement sur les traités territoriaux et les pensionnats indiens avec le gouvernement fédéral, lequel, soit dit en passant, se bat encore contre les Premières Nations devant les tribunaux. C'est peut-être choquant, mais le gouvernement libéral traîne les enfants des Premières Nations, ainsi que les générations qui suivront, devant les tribunaux afin de leur refuser l'accès à des documents décrivant ce qui s'est passé dans les pensionnats indiens. La députée a beau s'en aller, cette réalité la suivra hors du Parlement et dans sa propre circonscription, à Vancouver.
J’imagine que la plupart de mes collègues libéraux avaient de bonnes intentions à l'origine, qu’ils voulaient rendre le gouvernement plus ouvert, fournir davantage d’information aux Canadiens, parce que cette information leur appartient. Ils l’ont payée. Lorsque le ministère de la Défense nationale ou Affaires autochtones pose des gestes, ceux-ci sont consignés dans des documents qui n’appartiennent pas au gouvernement du Canada, mais à la population du Canada. C’est elle qui a payé ces documents et c’est ce que la loi exige. Toutefois, on peut circonvenir l’accès à l’information.
Ma collègue du parti libéral vient juste de dire que nous devrions nous réjouir parce que l’accès à l’information s’étend désormais au Cabinet du et aux cabinets des ministres. A priori, cela semble une très bonne idée et c’est ce que les libéraux ont promis, mais qu’en est-il en réalité? Pourra-t-on envoyer au Cabinet du premier ministre une lettre demandant l’accès à l’information après que le projet de loi aura été adopté? Non, on ne le pourra pas. C’est le Cabinet du premier ministre qui diffusera lui-même l’information, sous forme, par exemple, de lettres de mandat. Ainsi, les lettres de mandat seront automatiquement divulguées aux Canadiens. Alors, réjouissons-nous et sabrons le champagne. La belle affaire. Ils ne tiennent pas la moitié des promesses que contiennent ces lettres de mandat; alors, à quoi bon les rendre publiques? Ce n’est qu’une lettre de mandat. Ce que nous voulions, c’est connaître le mode de fonctionnement du Cabinet du premier ministre et c’est ce que le premier ministre actuel avait promis avant de devenir premier ministre.
Maintenant qu'il est , il ne veut pas voir l'accès à l'information s'appliquer à lui, mais à d'autres personnes, à un autre moment. Nous sommes déjà passés par là. L'Assemblée des Premières Nations tient une réunion aujourd'hui. Les chefs ont proposé qu'une résolution d'urgence soit adoptée pour rejeter le projet de loi. Les libéraux adorent poser des gestes abstraits remplis de symbolisme à l'endroit des Autochtones. La main sur le coeur, ils affirment qu'aucune autre relation n'est plus importante pour eux. Toutefois, lorsqu'il s'agit de choses qui comptent aux yeux des Autochtones, comme savoir qui sont les victimes des sévices infligés dans les pensionnats indiens, il est impossible d'amener le gouvernement à fournir les informations sans recourir aux tribunaux. Avec le projet de loi , les choses vont-elles s'améliorer ou empirer? Selon les représentants des Premières Nations qui ont témoigné, le projet de loi rendra plus difficile le règlement de revendications territoriales. En effet, des documents sont souvent nécessaires dans de telles démarches. Qui possède ces documents? C'est la Couronne. Le projet de loi C-58 facilitera-t-il les démarches ou les compliquera-t-il? Il les rendra plus difficiles.
Les libéraux parlent de collaboration. Ils ont affirmé à la Chambre qu'ils allaient collaborer avec l'opposition. Nous les avons crus sur parole. Nous avons rédigé des amendements à partir de l'information qui nous avait été fournie par les témoins experts, par les gens des médias qui font constamment des demandes d'accès à l'information, par les Premières Nations, par les défenseurs de l'environnement et par Democracy Watch. Quelle a été la réaction des libéraux? Ils ont rejeté tous nos amendements les uns après les autres en votant contre. Malgré tout, ils ont prétendu avoir travaillé de concert, avoir collaboré, avoir coopéré avec nous. Je ne saurais définir ces termes, mais à mes yeux, la collaboration et la coopération consistent à écouter les témoignages des experts et à en tenir compte convenablement.
Les libéraux ont présenté quelques amendements superficiels à la fin des travaux du comité. J'ai demandé à nos collègues libéraux qui présentaient les amendements s'ils pouvaient nous les expliquer, puisqu'ils devaient certainement comprendre ce qu'ils étaient en train de faire. Or, il leur a fallu se réunir en caucus et se consulter à plusieurs reprises pour nous répondre. C'est une vraie farce. Depuis que les lois sur l'accès à l'information existent au Canada, quelques-unes des affaires les plus importantes au pays ont pu être révélées grâce aux demandes d'accès à l'information. Le dit sans cesse que le soleil est le meilleur désinfectant.
Le pouvoir énorme que détient le gouvernement fédéral doit faire l'objet d'un contrôle. C'est une condition essentielle au fonctionnement d'une saine démocratie. Afin de surveiller l'État, il faut avoir accès à l'information pour faire contrepoids, particulièrement quand le gouvernement ment, induit les Canadiens en erreur, détourne des fonds ou s'écarte du comportement promis.
Jetons un oeil sur le passé. Comment avons-nous découvert que les demandes présentées par les Canadiens atteints de diabète de type 1 étaient refusées? Grâce à une demande d'accès à l'information. Le gouvernement n'a pas dit qu'il avait modifié la politique, que les personnes souffrant de diabète de type 1 perdraient leurs crédits d'impôt pour personnes handicapées. Non, c'est une demande d'accès à l'information qui a permis d'apprendre que l'Agence du revenu du Canada modifierait l'interprétation de la politique, ce qui transformerait un taux d'acceptation de 90 % en un taux de refus de 90 % des personnes atteintes de diabète de type 1. C'était grâce à une demande d'accès à l'information.
Robyn Doolittle, du Globe and Mail, a présenté une analyse on ne peut plus exhaustive sur les agressions sexuelles au Canada et sur les questions de sous-déclaration et de déclaration. Quel outil a-t-elle utilisé? C'était une demande d'accès à l'information. En ce qui concerne les détenus afghans, des Canadiens en Afghanistan transféraient des prisonniers aux autorités afghanes, possiblement en violation du droit international. La situation a été révélée grâce aux demandes d'accès à l'information. Comment avons-nous découvert le scandale des commandites, où des millions et des millions de dollars qui devaient financer des publicités et promouvoir le Canada se sont retrouvés dans les poches d'agents du Parti libéral au Québec? Comment l'avons-nous appris? Le gouvernement a-t-il déclaré volontairement: « En passant, nous avons volé des millions de dollars »?
Une voix: Oui.
M. Nathan Cullen: Oui, disent les libéraux. Mon Dieu, ils se bercent d'illusions. Le scandale a été mis au jour parce que M. Leblanc, du Globe and Mail, a fouillé dans l'information du gouvernement. Il a invoqué une partie de la Loi sur l'accès à l'information et a demandé à un ministère les documents d'une période donnée. Le projet de loi fera en sorte que cela ne soit plus possible. Qui nous a dit cela? La commissaire à l'information. Elle a dit que si la même demande avait été déposée après l'adoption du projet de loi, nous n'aurions jamais été mis au courant du scandale des commandites. Nous n'aurions jamais su que les libéraux du Québec se garnissaient les poches de deniers publics. Des gens sont allés en prison, un gouvernement est tombé et c'est tant mieux, car il volait de l'argent sous le couvert d'un programme de commandites. Nous avons découvert cela uniquement grâce au régime d'accès à l'information.
Les survivants des pensionnats indiens ont lutté pendant des décennies pour que le gouvernement reconnaisse qu'eux ou leurs parents avaient fréquenté un pensionnat où ils avaient été victimes de traitements horribles, une situation pour laquelle le gouvernement a été obligé de présenter des excuses. Cette situation a été mise au jour grâce à l'accès à l'information. Le gouvernement ne divulgue pas ce genre de choses. Les libéraux disent qu'ils vont procéder à des divulgations volontaires et que cela suffit. Selon le Commissariat à l'information, il y a de plus en plus de plaintes depuis que la nouvelle politique de divulgation a été mise en vigueur.
Le Commissariat à l'information a également dit que les conditions permettent au gouvernement de rejeter une demande s'il la juge vexatoire. Qu'est-ce que cela veut dire? Pour qui est-ce vexatoire? Pour un ministère qui gère mal les fonds publics? Oui, je parie que cette information pourrait lui sembler vexatoire. Le gouvernement va dire aux Canadiens qu'il est désolé de ne pas pouvoir leur donner accès à l'information qu'ils demandent parce qu'il lui semble que la demande est vexatoire. Cela va lui faire de la peine et il se peut que des personnes soient mises à pied pour avoir mal fait leur travail. Nous voulons pouvoir faire la lumière sur ce genre de choses et non pas le contraire.
L'actuelle commissaire à l'information a réclamé le pouvoir de rendre des ordonnances, et les libéraux ont promis qu'ils le lui conféreraient. Grâce à ce pouvoir, la commissaire pourrait exiger des documents du gouvernement, qui serait tenu de les fournir sans tarder. Or, on a demandé à la commissaire quels effets les modifications proposées dans le projet de loi auraient sur le pouvoir de rendre des ordonnances. Elle a répondu que, si elles sont adoptées, ce pouvoir n'existerait plus réellement et que cela pourrait même rendre le processus plus long pour les Canadiens parce qu'ils devraient recourir aux tribunaux plus souvent.
Puis, nous avons demandé à la commissaire à l'information, une mandataire du Parlement qui exerce des fonctions de surveillance et qui travaille en notre nom à tous, si le gouvernement l'avait consultée et s'il avait proposé d'augmenter l'enveloppe dont elle dispose, étant donné que l'application de cette mesure législative coûtera beaucoup plus cher qu'auparavant à cause de la hausse du nombre de poursuites judiciaires. Elle a répondu par la négative.
Je le répète: les libéraux aiment parler de consultation, d'inclusion et de collaboration. Pourtant, ils ont rejeté toutes les propositions que nous avons faites pour amender le projet de loi, pour le sauver et pour aider les libéraux à respecter l'une de leurs promesses, ce qui est l'une des choses les plus difficiles à faire en politique. Ils ont seulement accepté les amendements de forme présentés par des ministériels et ils ont changé un point ou une virgule ici et là. Je les félicite.
Toutefois, l'essence même du projet de loi rend l'accès à l'information plus difficile pour les Canadiens. Ce n'est pas moi qui le dis. La commissaire à l'information, les groupes autochtones et les militants de toutes allégeances politiques sont tous d'avis que le projet de loi ne fera qu'aggraver la situation.
Les libéraux sont convaincus que tout leur est dû. Ils affichent cette attitude hypocrite qui désillusionne si profondément les Canadiens. Si les libéraux voulaient sincèrement travailler avec l'opposition, ils amenderaient le projet de loi en fonction des témoignages que nous avons entendus plutôt que de se fier uniquement à leur propre vision du monde, ce qui rendra beaucoup plus difficile pour les Canadiens d'obtenir la vérité de la part des personnes au pouvoir.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir de prendre la parole après les propos fougueux de mon collègue de . J'aimerais, et je devrais, ressentir ce genre de colère, mais c'est plutôt une profonde tristesse que j'éprouve quand je pense à ce que nous aurions pu faire avec le projet de loi .
Quand les libéraux ont présenté cette mesure législative, ils l'ont décrite dans leur communiqué comme « la réforme la plus complète de l'accès à l'information depuis une génération ». On est bien loin du compte.
J'aimerais parler de ce qu'ont dit l'Association canadienne des libertés civiles, les Premières Nations, les syndicats, les journalistes. Ils ont tous dépeint cette démarche comme une perte de temps monumentale.
Je ne peux pas vraiment faire mieux que de citer mon collègue de , qui, lui-même, a cité la commissaire à l'information, la personne qui possède la plus grande expertise sur le sujet. Elle considère que le projet de loi entraînerait un « recul ». Elle a dit aux Canadiens que si le projet de loi n'est pas amendé en profondeur, « je préfère de loin le statu quo », à savoir la version Stephen Harper de l'accès à l'information plutôt que la version à l'étude. J'imagine que ce doit être assez frustrant pour les libéraux d'entendre cela. Or, aujourd'hui à la Chambre, il nous disent « Oh non, c'était avant les merveilleux amendements que nous avons apportés pour améliorer le projet de loi et il n'y a pas lieu d'avoir des préoccupations », en faisant allusion à toutes les personnes qui ont soulevé des préoccupations.
Ils n'ont pas corrigé le projet de loi. Ils ont simplement apporté des changements cosmétiques à des parties moins importantes du projet de loi. Ces changements n'ont aucun effet sur l'élément principal, soit les exceptions à la règle sur la communication, des exceptions qui enlèvent le droit accordé dans la partie principale du projet de loi. Aucun changement n'a été apporté à ces exceptions.
Au comité, j'ai présenté au nom du NPD une douzaine d'amendements ou plus portant sur les exceptions, et aucun de ces amendements n'a été approuvé. Au total, 20 amendements ont été apportés, mais, en ce qui concerne les exceptions, il y avait environ une douzaine d'amendements dont de nombreux militants ont parlé. Il n'y a rien de radical. La commissaire à l'information nous a dit de proposer ces amendements afin d'améliorer le projet de loi et non le rendre régressif. Combien de ces amendements ont été acceptés? Aucun.
Le gouvernement a l'audace de se présenter ici devant les Canadiens et de s'attribuer le mérite d'un projet de loi tout à fait ridicule. Je trouve déplorable que nous nous retrouvions dans cette situation.
Hier, j'ai eu la chance et l'honneur de rencontrer cinq chefs autochtones de notre grand pays qui effectuent de la recherche sur des règlements relatifs aux pensionnats indiens et sur des griefs concernant des revendications précises et les revendications territoriales en général, y compris celles touchant des terres retranchées des réserves. Ils ont tous dit qu'ils n'avaient pas été consultés et que ce projet de loi allait empirer les choses. Je pensais que, pour le , aucune relation n'était plus importante que celle que le gouvernement entretient avec les Premières Nations. On aurait pu entendre une mouche voler lorsque, à cette conférence de presse, les chefs ont pris la parole à tour de rôle pour fustiger le gouvernement libéral parce qu'il a encore trahi une de ses promesses.
Ce projet de loi n'est pas banal. Comme l'ont affirmé les tribunaux, il s'agit d'un projet de loi de nature « quasi constitutionnelle », qui porte sur le droit essentiel de savoir au sein d'une démocratie. La population qui ne sait pas ce qui se passe et qui ne peut pas le découvrir vit dans un État totalitaire.
Dans les années 1980, le gouvernement d'alors a enfin présenté un projet de loi sur l'accès à l'information. Une génération plus tard, cette mesure législative est désuète. Elle ne répond pas aux besoins de notre époque. Dans les années 1980, le gouvernement n'utilisait même pas d'ordinateurs. De toute évidence, il est essentiel d'apporter des changements. Pourtant, les changements proposés par le gouvernement actuel portent sur des questions comme la possibilité d'avoir accès aux lettres de mandat des ministres.
Qui plus est, le gouvernement peut maintenant nous dire ce qu'on veut savoir grâce à un mécanisme qu'on appelle la « divulgation proactive ». Loin de moi l'idée de critiquer le fait de divulguer davantage d'information, mais la divulgation proactive signifie que, ce qu'on saura du gouvernement, c'est ce qu'il affichera sur un site Web, comme si c'était en quelque sorte la même chose qu'une personne qui présente une demande d'information au Cabinet du premier ministre, comme on l'a fait au cours du scandale des commandites lorsque le Globe and Mail et Daniel Leblanc ont dévoilé aux Canadiens qu'on utilisait indûment les fonds publics. On l'a appris parce que les dénonciateurs ont eu le droit de présenter une demande et que, en définitive, un spécialiste de l'accès à l'information a répondu à leur demande.
Par conséquent, le gouvernement souhaite amalgamer l'accès à l'information et la divulgation proactive, une doctrine qui existe depuis de nombreuses années dans la plupart des provinces et au sein du gouvernement fédéral. On l'a inscrit dans la loi, et nous sommes censés croire qu'il s'agit de la réforme la plus complète de l'accès à l'information depuis une génération. C'est tout simplement absurde.
Ce sujet me tient profondément à coeur. Ma maîtrise portait sur l'accès à l'information. C'est moi qui ai rédigé les lois de la Colombie-Britannique et du Yukon. Je sais quand les Canadiens se font avoir, et c'est précisément ce qui arriverait avec ce projet de loi. Selon moi, il doit être retiré. Nous devons arriver avec un texte qui sert l'intérêt des Canadiens. Les spécialistes sont d'ailleurs unanimes: ce projet de loi a grand besoin d'être réécrit parce qu'il ne fait à peu près rien sauf officialiser ce qui se fait présentement.
La Colombie-Britannique et la plupart des provinces ont un moyen tout simple de permettre à leur commissaire à l'information d'ordonner la divulgation d'information. Après quelques jours, si le gouvernement décide de ne pas soumettre l'ordonnance du commissaire concerné à un contrôle judiciaire, la loi l'oblige à divulguer l'information demandée. J'invite les députés à bien lire la disposition censée donner au commissaire le pouvoir de rendre des ordonnances, parce que, selon le Commissariat à l'information, on est loin de ce qui est normalement associé à l'expression « pouvoir de rendre des ordonnances ».
Étonnamment, je crois que le seul projet de loi d'initiative parlementaire à avoir été parrainé par le pendant qu'il était dans l'opposition portait sur la réforme de la Loi sur l'accès à l'information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Dans le dossier de l'accès à l'information, il voulait notamment que les cabinets des ministres soient assujettis à la Loi, c'est-à-dire qu'ils soient tenus de répondre aux demandes qui leur sont adressées, ce qui valait d'ailleurs aussi pour le Cabinet du premier ministre.
Je le répète, le gouvernement confond la divulgation proactive, c'est-à-dire ce qu'il est prêt à nous dire, et la capacité des citoyens de demander de l'information qu'ils obtiendront grâce à une ordonnance du commissaire à l'information. Voilà comment cela fonctionne dans ma province, la Colombie-Britannique, et cela fonctionne très bien. La plupart du temps, les cas sont réglés. Au cours des décennies, quelque 90 % des cas ont été réglés par une médiation. Cela n'a pas besoin de coûter une fortune ni d'être compliqué.
Cependant, le gouvernement a fourni, en quelque sorte, un chameau conçu par un comité. Un chameau est un cheval créé par un comité, et le projet de loi dont nous sommes saisis est un chameau. Qu'arriverait-il si une personne voulait savoir, par exemple, quelque chose au sujet des vacances de Noël du , ou si elle cherchait à savoir si la villa d'un ministre était la propriété d'une société privée? Pourrait-elle demander cette information? En fait, elle ne serait pas divulguée de façon proactive, que je sache, ce qui, bien sûr, représente un des grands défauts du projet de loi.
Les Canadiens ont également besoin de savoir que le gouvernement n'a pas aboli les frais de 5 $, qui constituent un péage sur le droit d'accès des citoyens à l'information. Combien cela coûte-t-il au gouvernement pour encaisser un chèque de 5 $? La réponse est 55 $. Voilà notre gouvernement à l'oeuvre, ce qui explique pourquoi les Canadiens paient essentiellement des millions de dollars pour refuser de l'information à d'autres Canadiens. Il n'y a aucune obligation de consigner l'information, comme le demande la commissaire. Aucun changement n'a été apporté aux exemptions, comme je l'ai indiqué, et tous les universitaires et les chercheurs critiquent sévèrement le projet de loi. Nous savons que nous sommes en difficulté lorsque l'Association des bibliothèques de recherche du Canada critique sévèrement un projet de loi comme celui-ci.
En terminant, je tiens à dire qu'il serait bon qu'un tel projet de loi quasi constitutionnel touchant à la protection des renseignements personnels et aux droits à l'information soit pris plus au sérieux et que nous ayons l'occasion de vraiment en débattre en comité pour qu'avec le changement générationnel nous puissions bien faire les choses. Malheureusement, le gouvernement s'apprête à nous priver de ce droit. Les libéraux se sont servis de l'attribution de temps pour imposer le bâillon afin de nous priver de toute autre occasion pour discuter de ce projet de loi quasi constitutionnel à la Chambre. C'est une vraie farce. C'est scandaleux. Les Canadiens méritent mieux.