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Madame la Présidente, comme d'habitude, j'aimerais saluer les citoyens et les citoyennes de Beauport—Limoilou qui nous écoutent. Malheureusement, je dois leur dire que nous débattons ce matin le projet de loi à l'étape de la troisième lecture. C'est un projet de loi qui s'insère bien dans la cohérence libérale de présenter des projets de loi qui ont pour but de satisfaire et de conforter les points de vue idéologiques des groupes d'intérêts qui appuient les libéraux.
Je trouve particulier de voir la défendre ce projet de loi avec beaucoup de passion, tout en apportant certains argumentaires qui me poussent à me poser des questions.
Je me demande d'abord si la ministre fait du théâtre en défendant ce projet de loi ou si elle le fait parce qu'elle ne comprend pas vraiment la différence entre des ministres chargés de portefeuilles fondamentaux pour l'État canadien, et des ministres d'État, présents pour prêter main forte et appuyer des ministères d'envergure nationale.
Je vais nommer cinq grands ministres de compétence fédérale qui ont toujours été au coeur de l'agencement des cabinets ministériels: le ministre des Finances, le ministre du Conseil du Trésor, le ministre de la Défense nationale, le ministre des Anciens Combattants et le ministre du Revenu national. Ces cinq postes de ministre ont toujours existé, et ils ont toujours été importants pour la bonne gouvernance du gouvernement.
La ministre a également déclaré à plusieurs reprises dans son discours à quel point le projet de loi C-24 était important pour l'égalité entre les hommes et les femmes au sein du cabinet ministériel. Ce n'est pas exactement ce que semble comprendre plusieurs de ses collègues. Au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, auquel j'ai eu l'honneur de siéger pendant plus d'un an en 2016-2017, plusieurs des députés libéraux pensent qu'au contraire, le projet de loi C-24 ne vise pas du tout à atteindre l'égalité entre les hommes et les femmes.
Le député de a dit en Comité, lors des comparutions de témoins venus pour analyser le projet de loi:
Je ne suis pas sûr que le but de ce projet de loi était vraiment d'exprimer l'égalité entre les sexes. [...] Je ne pense pas qu'il ait été conçu comme un outil pour aborder l'inégalité entre les sexes, l'équité salariale ou pour toute autre question que vous avez soulevée [...]
La députée de , qui siège au même Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, pense qu'on devrait appeler les ministères d'État des ministères émergents. Cet autre exemple démontre que les libéraux ne semblent pas comprendre la différence entre les ministères d'État et les ministères fondamentaux pour la bonne gouvernance du gouvernement, comme le ministère des Finances.
La députée libérale de a dit aux témoins:
Comme vous, je ne comprends pas du tout pourquoi nous débattons de l'égalité hommes-femmes. [...] Je vous remercie d'être venue, mais je ne crois pas que cette discussion s'insère dans notre étude du projet de loi C-24, [...] N'ayons pas l'indécence de prétendre que l'on assure l'égalité hommes-femmes [à travers le projet de loi C-24 [...]
Je voulais simplement mentionner ces petits détails pour démontrer que malgré le discours que la leader du gouvernement à la Chambre nous a présenté aujourd'hui, à l'étape de la troisième lecture du projet de loi C-24, plusieurs de ses collègues ont prétendu tout le contraire en comité, c'est-à-dire que ce projet de loi n'a rien à voir avec l'égalité hommes-femmes. C'est plutôt un projet de loi pour prendre de l'espace et du temps à la Chambre pour cacher d'autres réalités fort déplorables, des réalités qui gênent ce gouvernement, c'est-à-dire son aptitude à briser promesse après promesse depuis qu'il a été élu en 2015.
Par exemple, les libéraux ont brisé leur promesse d'accuser un déficit de 10 milliards de dollars par année. C'est maintenant bien connu au Canada. Ce sont maintenant des déficits de plus de 20 milliards de dollars. Ils ont aussi brisé leur promesse d'équilibrer le budget d'ici 2019. Cela a été remis aux calendes grecques. Ils n'ont même pas l'honneur ou la décence d'annoncer une date butoir pour équilibrer le budget. Ensuite, ils ont brisé leur promesse de faire une réforme électorale et de changer le mode de scrutin au Canada, une promesse phare de leur plateforme électorale. De plus, ils ont brisé leur promesse de rétablir le service de livraison du courrier à domicile pour tous les Canadiens en obligeant Postes Canada à revoir sa politique qui y met fin. Par ailleurs, ils ont brisé leur promesse de ne pas présenter de projets de loi omnibus. Depuis deux ans, ceux-ci ne cessent de s'accumuler. Justement, nous débattions hier d'un projet de loi omnibus à la Chambre. D'autre part, ils ont également brisé leur promesse d'offrir aux anciens combattants l'option d'une pension à vie en rétablissant le système qui étaient en vigueur avant 2005, soit avant l'adoption de la Nouvelle Charte des anciens combattants.
Ce ne sont là que quelques exemples de promesses brisées les unes après les autres. Voilà le bilan de ce gouvernement. Si je dis cela, c'est parce que le projet de loi est une autre tentative de cacher une autre promesse brisée, soit celle d'avoir un Cabinet véritablement paritaire. En 2015, lorsque le a formé son Cabinet, deux semaines après avoir gagné les élections, il était très fier d'annoncer aux médias, dans une conférence de presse, qu'il avait un Cabinet paritaire. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi, il a dit: « C'est parce qu'on est en 2015 ». Déjà, c'était assez hallucinant qu'un premier ministre n'ait pas de raisons plus fondamentales pour expliquer cela. Au cours des mois suivants, des journalistes, des Canadiens, des groupes d'intérêt et des groupes de défense des droits des femmes, petit à petit, ont pris conscience de ce que le avait fait passer en douce: son Cabinet était paritaire par rapport au nombre de femmes et d'hommes, mais pas quant à leur importance.
Au tout début, j'ai nommé les ministères qui ont une importance générale au Canada. Par exemple, c'est un homme qui est à la tête du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile. Ce sont aussi des hommes qui sont à la tête du Conseil du Trésor, du ministère des Finances et du ministère de la Défense nationale. Il ne reste qu'un autre ministère qui est d'une importance indéniable pour le gouvernement, soit le ministère des Affaires étrangères. Sur ces cinq grands ministères, il n'y en a donc qu'un seul qui a été attribué à une femme.
Quelques autres ministères ont été attribués à des femmes, comme le ministère des Services aux Autochtones et le ministère de la Santé. Cependant, toutes les autres femmes ministres sont des ministres d'État. Elles ne sont pas moins importantes, mais elles ne sont pas à la tête de véritables ministères, qui ont un édifice, des milliers d'employés, un cabinet ministériel et les outils nécessaires à la bonne gestion des grands ministères.
Concrètement, le projet de loi propose deux choses. D'abord, il propose d'éliminer les postes ministériels des agences de développement économique régional du Canada. Puis, il propose de créer huit nouveaux postes ministériels au Canada. Cinq d'entre eux sont des postes de ministres d'État qui auront le même salaire que les ministres en titre, ce qui sera rendu possible par un changement à la Loi sur les traitements. On dit que c'est pour assurer une parité au sein du Cabinet.
Chez les conservateurs, nous n'avons pas d'autre choix que de nous opposer au projet de loi , ne serait-ce qu'en raison de l'effet néfaste qu'aurait l'abolition des postes ministériels des agences de développement économique régional sur le bien-être du Canada et de toutes les régions de ce pays
Les agences de développement économique régional détiennent un rôle pivot au Canada. Grâce à elles, des milliers de projets peuvent voir le jour dans chaque province et dans chaque grande région. Le Canada est divisé en cinq régions: l'Atlantique, le Québec, l'Ontario, l'Ouest et le Pacifique. Pour chacune de ces régions, il y a une agence de développement économique régional qui a pour but de connaître les besoins de base des petites et moyennes municipalités, sans parler des grands centres.
Cette décision du gouvernement libéral d'éliminer les postes ministériels de ces six agences de développement économique constitue carrément une centralisation des pouvoirs au Canada. Chaque fois que le Parti libéral prend le pouvoir, son objectif est de centraliser les pouvoirs à Ottawa, au sein de l'appareil fédéral. C'est ce qu'il a tenté de faire dans le cadre des accords en matière de santé qu'il a conclus dernièrement avec les provinces, en imposant à celles-ci des conditions pour obtenir du financement. Maintenant, il le fait d'une manière encore plus importante en abolissant les postes de ministres responsables d'agences régionales.
Par exemple, M. Denis Lebel, qui était notre lieutenant politique pour le Québec, était responsable de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec. Chaque année, celle-ci répartit environ 200 millions de dollars seulement dans la province du Québec, notamment pour revitaliser des quartiers de municipalités, pour donner de nouveaux équipements à des petites et moyennes entreprises et pour financer des projets concrets de petits aéroports dans le but d'aider des entreprises à avoir un accès beaucoup plus rapide aux grands centres ou même à d'autres pays.
Un ministre chargé d'une agence de développement économique régional est un peu comme un député. En tant que députés, nous allons dans nos circonscriptions pour connaître les besoins quotidiens de nos concitoyens. Nous participons à des événements et nous faisons du porte-à-porte, sans parler du travail que nous faisons dans nos bureaux, où nous accueillons des citoyens. Cela nous permet d'entendre leur voix par rapport aux projets de loi et aux politiques gouvernementales, mais surtout par rapport aux besoins criants sur le terrain. Un ministre qui représente une agence de développement économique régional fait un peu le même travail, mais il le fait pour l'ensemble de la région nommée. Dans ce cas-ci, je parle du Québec.
M. Denis Lebel était le ministre responsable de l'Agence de développement régional du Canada pour les régions du Québec. Parmi ses tâches en tant que ministre et lieutenant politique, il avait notamment la responsabilité de visiter des entreprises et de faire des annonces ministérielles. Il allait dans les quatre coins de la province pour rencontrer des citoyens et des entrepreneurs et pour visiter des petites et moyennes municipalités, des communautés entrepreneuriales ou même des organismes qui participent à l'épanouissement des collectivités, afin de connaître leurs besoins.
Au même titre qu'un député, un ministre responsable d'une agence de développement économique régional doit revenir ici, à Ottawa, et faire part au Cabinet des besoins des régions qu'il représente.
Lorsque nous siégeons, nous sommes tous appelés à venir à la Chambre chaque semaine, que ce soit à l'automne ou au printemps. Nous sommes appelés à venir ici, à la Chambre ou pour nos caucus nationaux, afin de faire connaître les besoins de nos citoyens, des divers paliers gouvernementaux de nos régions, de nos municipalités et de notre circonscription. Une collaboration et une synergie sont toujours souhaitables entre les différents paliers gouvernementaux.
Ce que nous faisons à la Chambre, c'est exactement le travail que font les ministres responsables des agences de développement économique régional auprès du cabinet ministériel et, au bout du compte, auprès des fonctionnaires et du premier ministre. Ces personnes sont un lien essentiel entre les besoins sur le terrain et tout l'appareil gouvernemental et bureaucratique à Ottawa.
Chaque ministère responsable d'allouer des fonds pour financer des projets partout au Canada fait partie d'un système étatique extrêmement complexe, d'une toile bureaucratique à n'en plus finir. On parle de 300 000 fonctionnaires au Canada, dont les prises de décision sont souvent de très longue haleine.
Ainsi, le travail des ministres responsables des agences de développement économique régional était central aux fonds réels accordés pour des projets, puisqu'ils étaient à Ottawa pour faire la liaison entre les besoins sur le terrain et les priorités gouvernementales, ainsi qu'entre les étapes administratives et bureaucratiques.
Par exemple, le ministre responsable de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec de l'époque, M. Denis Lebel, avait plusieurs fois par mois une liste de projets portée à sa connaissance et il devait approuver les projets très importants. Sa fonction et sa responsabilité étaient de s'assurer que ce qu'il avait entendu sur le terrain se reflète dans les priorités administratives de la fonction publique, pour faire en sorte que les projets les plus importants se réalisent le plus rapidement possible.
Malheureusement, le gouvernement libéral a aboli les postes ministériels de divers ministres censés représenter différentes régions de développement économique au Canada. En effet, il a nommé une personne responsable de toutes les agences de développement économique régional au Canada. Il s'agit du , élu à Toronto et ayant déjà un très grand ministère. Il est dorénavant chargé d'être aux faits et gestes de ce qui se passe, par exemple, à l'Agence de promotion économique du Canada atlantique. Il doit aussi être au courant de ce qui se passe dans les agences de développement économique de l'Ouest, du Québec et de l'Ontario. C'est lui qui, supposément, doit connaître les enjeux de chaque petite communauté et chaque région partout au Canada et s'assurer qu'elles reçoivent des fonds pour les projets qui leur sont les plus importants.
On peut d'abord se demander comment il est possible que parmi plus de 30 élus de l'Atlantique, le gouvernement libéral n'a pas pu trouver une personne qui a les compétences et qui aurait eu l'honneur de chapeauter l'Agence de promotion économique du Canada atlantique.
On voit déjà les conséquences se pointer à l'horizon. En général, , les projets déposés pour l'Agence de promotion économique du Canada atlantique se voyaient accorder une permission ou allaient de l'avant après une trentaine de jours environ; on constate maintenant des délais de plus de 90 jours. C'est une centralisation qui aura des conséquences importantes pour la répartition du financement et de l'argent important pour les communautés et les régions du Canada. Il est impossible de croire qu'un seul ministre, élu à Toronto, va pouvoir connaître à lui seul tous les enjeux régionaux du Canada.
Pour ce qui est de la question de la parité au sein du cabinet ministériel, les libéraux font encore une fois payer par les contribuables une de leurs erreurs politiques. Ils ont fait croire aux Canadiens qu'il s'agissait d'un cabinet paritaire, mais ce n'est paritaire que sur le plan du nombre. Ce n'est pas paritaire sur le plan de l'importance ministérielle. Pour régler la situation, ils disent aux Canadiens qu'ils vont augmenter le salaire de tous les ministres d'État pour égaler celui des « vrais » ministres.
Encore une fois, ce sont les contribuables qui payent pour une erreur libérale.
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Madame la Présidente, nous revoici en train de débattre d'un projet de loi qui a la réputation peu enviable de ne rien changer du tout, à une exception près, puisqu'il empêchera les prochains gouvernements de nommer des ministres indépendants à des postes distincts pour chacun des ministères responsables du développement économique régional. Nous croyons que c'est une mauvaise idée.
Ce projet de loi aurait comme seul effet de permettre au gouvernement de faire une chose qu'il ne devrait pas faire. Les libéraux ont choisi un modèle unique qui consiste à confier à un seul ministre la gestion de tous les ministères responsables du développement économique régional. Selon le projet de loi dont nous sommes maintenant saisis, c'est l'option qu'ils ont choisie. Nous croyons l'idée mauvaise, mais c'est l'option qui a été retenue. Les Canadiens peuvent en juger eux-mêmes. Il est insensé que les libéraux limitent ainsi la marge de manoeuvre des prochains gouvernements en les obligeant à adopter la même approche au lieu de les laisser prendre leurs propres décisions. C'est tout ce que ferait ce projet de loi. Comme ce n'est pas une très bonne idée, il n'y a pas grand-chose à appuyer dans ce projet de loi.
Assurément, les libéraux ont fait valoir de temps à autre, sinon dans leurs allocutions phare, du moins lors des questions et des observations, qu'il est en quelque sorte question d'égalité entre les sexes. Certains députés sont même allés jusqu'à demander aux néo-démocrates comment ils peuvent s'opposer au projet de loi , ou ne pas l'appuyer, alors qu'il est question d'accorder une plus grande place aux femmes au sein du Cabinet et de mettre en place l'équité salariale pour les femmes. Ce qui est curieux au sujet de cet argument, c'est que les libéraux eux-mêmes l'ont contredit à maintes reprises, notamment au comité et même plus tôt aujourd'hui à la Chambre, lorsqu'ils ont répondu à une question d'un collègue conservateur qui venait de faire une allocution.
J'aimerais que les libéraux se branchent et décident sur quoi porte le projet de loi. A-t-il trait à l'égalité entre les sexes ou pas? S'il porte effectivement sur l'égalité entre les sexes, c'est dommage, mais il ne permettra pas de réaliser quoi que ce soit de concret à cet égard. Tous les experts entendus au comité ont affirmé la même chose.
Margot Young, qui enseigne à l'École de droit Peter A. Allard de l'Université de la Colombie-Britannique, a été très claire. Elle a affirmé:
La [...] remarque concerne le fait qu'il est dangereux de prétendre qu'il s'agit d'égalité entre les sexes. Je pense que c'est dangereux parce que, trop souvent, nous passons à côté des conversations vraiment importantes, substantielles et complexes sur l'égalité entre les sexes, en prétendant que nous avons déjà traité de la question et que nous l'avons fait de manière plus formaliste.
En réponse à ce témoignage, le député de a dit: « Je ne pense pas qu'il ait été conçu comme un outil pour aborder l'inégalité entre les sexes, l'équité salariale ou pour toute autre question que vous avez soulevée lors de votre ouverture. »
La députée de a quant à elle affirmé: « Je vous remercie d'être venue, mais je ne crois pas que cette discussion s'insère dans notre étude du projet de loi . » Elle a aussi déclaré: « Comme vous, je ne comprends pas du tout pourquoi nous débattons de l'égalité hommes-femmes. »
Nous avons entendu les mêmes observations de la part d'un libéral à la Chambre pas plus tard que ce matin.
En ce qui me concerne, les arguments quant à l'absence complète de lien entre le projet de loi et l'égalité des sexes sont décisifs. Ils sont appuyés par les témoignages d'experts au comité; ils sont appuyés par les dires des libéraux au comité; ils sont appuyés par les interventions faites aujourd'hui même par des libéraux à la Chambre. Alors, que les libéraux cessent de prétendre que, en n'appuyant pas ce projet de loi, on ne soutiendrait pas les femmes ou l'égalité hommes-femmes au Cabinet.
S'ils veulent vraiment améliorer la situation des femmes au Cabinet, nous serons heureux de nous asseoir avec eux pour discuter des solutions permettant un réel partage significatif et juste des pouvoirs, des responsabilités et de l'autorité au sein du Cabinet, qui va au-delà de la nomination de femmes au poste de ministre dans le but de leur verser un salaire de ministre, alors qu'elles n'ont que les responsabilités d'un ministre d'État. Ce n'est pas ce que j'appellerais l'égalité hommes-femmes.
Bien entendu, la question qui se pose alors, et nous en avons déjà discuté, est la suivante: si le projet de loi ne porte pas sur l'égalité des sexes, alors sur quoi porte-t-il? Le gouvernement a affirmé qu'il avait pour objet de mettre la loi à jour afin de refléter les pratiques actuelles du gouvernement. Dans un sens, c'est vrai. Comme je l'ai mentionné au début de mon discours, les libéraux mettent la loi à jour de façon à ce qu'elle corresponde à une pratique que nous réprouvons, celle de ne pas nommer de ministre distinct pour chacune des agences régionales de développement économique. Dans ce sens, cela reflète effectivement une pratique du gouvernement, même si elle n'est pas très bonne. Par contre, d'un autre côté, leur raisonnement est erroné. Par exemple, le gouvernement actuel semble croire que la question des ministres d'État est une question de principe. Les libéraux pensent que nommer des ministres d'État crée un Cabinet au sein duquel les ministres ne sont pas égaux. Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont leurs paroles. C'est ce qu'ils ont dit, que les ministres ne seraient ainsi pas égaux. C'est pourquoi ils refusent cette pratique, parce qu'ils jugent qu'elle est injuste, parce qu'ils croient que cela donne une importance inégale aux différents enjeux et aux membres du Cabinet.
Si les libéraux le souhaitaient vraiment, ils pourraient profiter de l'occasion pour mettre la loi à jour afin qu'elle reflète la pratique actuelle, celle qui repose sur des principes — pas une pratique improvisée, mais une pratique fondée sur des principes, qui consiste à créer un Cabinet dont tous les membres sont égaux, peu importe ce que cela veut dire. J'y reviendrai. Or, ce n'est pas ce qu'ils sont en train de faire, puisqu'ils ont décidé de conserver les ministres d'État.
Plus tôt ce matin, la leader du gouvernement à la Chambre a dit que, selon les libéraux, il faudrait laisser aux gouvernements futurs le soin de décider s'ils souhaitent ou non nommer des ministres d'État. Pourquoi les libéraux souhaitent-ils laisser ce choix aux gouvernements futurs tout en leur enlevant la possibilité de nommer des ministres distincts pour chacune des agences de développement économique régional? C'est un vrai mystère, et personne n'a encore répondu à cette question. Hélas, je ne crois pas qu'on obtiendra une réponse d'ici l'adoption du projet de loi à l'étape de la troisième lecture à la Chambre. Espérons que les sénateurs pourront obtenir une réponse à cette question, car, jusqu'ici, les libéraux ont refusé d'y répondre dans cette enceinte.
Si le projet de loi vise à moderniser la loi afin de tenir compte des pratiques actuelles du gouvernement, c'est un échec. S'il vise à assurer l'égalité entre les sexes, c'est aussi un échec, et ce, de l'aveu même du gouvernement. Quel peut bien être son objet alors? Il pourrait viser à créer un sentiment éphémère d'égalité entre les ministres du Cabinet. On ne sait pas vraiment ce que cela veut dire exactement. Cependant, on peut comprendre un peu ce qu'il en est lorsque, au cours du débat, des députés libéraux se demandent si les députés du NPD ou des autres partis de l'opposition prennent vraiment au sérieux les responsabilités confiées aux ministres d'État. Ils laissent entendre que nous ne prenons pas au sérieux la condition féminine, les petites entreprises et les autres enjeux de ce genre. À mes yeux, il ne s'agit pas d'un argument; c'est plutôt un commentaire bizarre, étrange.
Si le gouvernement croit que nous prenons seulement au sérieux les questions qui relèvent d'un ministre de premier rang, pourquoi n'a-t-il pas de ministre du Logement? Selon sa logique, il ne prend manifestement pas la question du logement au sérieux. Je fais remarquer qu'il n'y a également pas de ministre des Aînés, car il ne se soucie apparemment pas de ceux-ci. Si le gouvernement se souciait d'eux, il y aurait un ministre de premier rang chargé de la question, tout comme il y aurait un ministre de premier rang chargé du logement s'il se souciait de la question du logement. Puisque ce n'est pas le cas, il ne se soucie de toute évidence pas de ces questions. Si cela vous semble stupide, c'est parce que ce l'est, mais ce n'est pas moi qui raisonne ainsi. Ce sont les libéraux qui présentent ce raisonnement à la Chambre. Ils se sont placés dans une situation étrange en affirmant qu'une question doit relever d'un ministre précis et que nous devons lui donner le titre de ministre, au lieu de ministre d'État ou autre, pour montrer que nous prenons la question au sérieux.
Nous prenons au sérieux la question du logement. En fait, nous avons un porte-parole dans ce dossier. Nous prenons au sérieux la question des aînés et nous avons un porte-parole pour les aînés. Toutefois, nous ne pensons pas que, simplement parce qu’il n’y a pas de porte-parole ou de ministre nommé explicitement pour certaines questions, le parti ne les prend pas au sérieux. De la même façon, s’il y a un ministre d’État pour certaines sous-catégories de domaines, cela ne veut pas dire que le gouvernement ne les juge pas importantes. Cela veut dire que le gouvernement n’a pas, pour ces sous-catégories, un ministère complet assorti de tous les actifs et de tout le personnel que cela suppose. C’est correct, parce qu’il y a une différence entre les capacités requises pour la défense et celle requise pour promouvoir la petite entreprise au Canada. C’est correct. Je serais choqué que le gouvernement investisse autant dans la promotion de la petite entreprise et du tourisme que dans le ministère de la Défense nationale. Je penserais que quelque chose ne va pas si ces deux portefeuilles avaient le même budget. Je serais inquiet de voir le budget de la Défense nationale amputé afin qu’il s’aligne sur celui de la petite entreprise et du tourisme. Inversement, je serais aussi inquiet que le budget de la petite entreprise et du tourisme soit égal à celui du ministre de la Défense nationale.
L’idée que l’on donne le même nom à chacun et que tout le monde doive être ministre pour que les questions soient prises au sérieux est évidemment fausse. Ces ministères ne seront pas dotés des mêmes ressources et ils ne le devraient pas. Si, pour aller plus loin, nous avons des titres différents permettant de faire des distinctions administratives très réelles, cela devrait se refléter dans la loi. Les députés remarqueront que l’on dit que cette mesure rendra tous les ministres égaux en les rendant identiques, sauf que cela crée deux catégories de ministres, ce que nous n’avions pas auparavant.
Jusqu'à présent, il n'y a vraiment eu qu'un seul type de ministre, mais il y aura maintenant des ministres, tout court, et des ministres pour qui un ministère est désigné. Curieusement, le libellé de tous les sous-volets du projet de loi qui traitent des ministres pour qui un ministère est désigné est sensiblement le même que celui qui existe déjà pour les ministres d'État. Des ressources leur seront attribuées de la même manière.
En créant deux types de ministres, le gouvernement est en train de créer un Cabinet à deux niveaux. Ce ne sera simplement pas évident dans les en-têtes puisque les deux types de ministres partageront le même titre, comme c'est le cas depuis les deux dernières années. Ils reçoivent aussi le même salaire depuis deux ans, ce qui montre, à mon avis, que le projet de loi n'est pas nécessaire.
Si ce projet de loi n’instaure pas l’égalité administrative, n’améliore pas l’égalité entre les sexes et n’aligne pas la loi sur les pratiques actuelles, à quoi sert-il? On nous a dit que le gouvernement libéral voulait que tous les ministres soient égaux autour de la table du Cabinet. Et qu’il fallait tous les appeler « ministres » parce qu’apparemment, si certains sont appelés « ministre d’État », ils ne sont pas pris avec autant de sérieux autour de la table du Cabinet que le . C’est ce que les libéraux nous ont laissé entendre très clairement. Soit dit en passant, je ne pense pas qu’on puisse corriger ce genre de choses au moyen d’un projet de loi. Cela dépend davantage de la bonne volonté du . Je trouve vraiment curieux que le envisage de nommer des gens qui ont besoin du titre de ministre pour être pris au sérieux. En effet, à quoi bon les nommer de toute façon si le premier ministre a besoin de leur donner une béquille législative pour qu’ils soient pris au sérieux?
Il y a autre chose qui me surprend: si le n’est prêt à les prendre au sérieux que si la loi leur confère le titre de ministre, dans quelle mesure le peut-il prendre au sérieux les autres membres du caucus libéral? Ils n’ont pas le titre de ministre, et à moins qu’on nous présente une loi conférant le titre de « ministre » à tous les secrétaires parlementaires, aux présidents de comités et aux députés d’arrière-ban libéraux, on peut supposer que le ne les prendra pas au sérieux.
Il y a certes des députés libéraux qui ne sont pas toujours pris au sérieux, mais il y a des raisons à cela.
Le député de est un farouche défenseur de ce projet de loi. On se demande pourquoi étant donné que l’une de ses principales dispositions signifie que, si un député n’a pas le titre de « ministre », il ne peut pas être pris au sérieux par le gouvernement. Et pourtant, le député défend ce principe avec ténacité. J’ai des nouvelles pour lui: il n’est pas ministre. Il n’est que secrétaire parlementaire. Je trouve curieux que le député de défende cette idée avec autant d’acharnement, à savoir qu’un député qui n’a pas le titre de ministre ne peut pas être pris au sérieux par le . C’est pourtant la conséquence directe de son argument.
Certains députés ne prennent pas toujours le député de très au sérieux parce que, bien souvent, ses discours sonnent creux. On apprend à faire abstraction de certains bruits, comme à l’époque des travaux au printemps dernier. Un grand bruit se fait entendre à intervalles réguliers, on lève la tête pour voir ce qui se passe, mais très rapidement on retourne à ce qu’on faisait auparavant. Je sais que certains députés ont essayé de prêter attention, mais qu’ils ont fini par conclure que cela n’en valait pas la peine. Quant aux autres députés, je crois qu’ils apprécieraient des arguments plus solides.
J’essaie de démontrer que les arguments avancés par le député de et d’autres députés libéraux au sujet du projet de loi ne valent pas la peine qu’on les écoute, et que le projet de loi lui-même ne vaut pas la peine qu’on en discute. Ce que je retiens de ce débat, c’est que, hormis toutes les autres bonnes raisons, le ne prend pas le député de très au sérieux parce qu’il n’a pas le titre de ministre. Je suppose que, tant qu’il n’aura pas le titre de ministre, il ne sera pas pris au sérieux, pas plus que les autres libéraux.
J’estime qu’il nous faut un gouvernement dont le premier ministre prend ses députés d’arrière-ban au sérieux. Celui-ci a le loisir d’utiliser un instrument tout à fait acceptable pour composer son Cabinet, soit de nommer les ministres d’État. J’entends déjà des libéraux jouer du coude pour obtenir une promotion, maintenant qu’ils se rendent compte qu’ils n’ont jamais été pris au sérieux — de véritables appels de détresse. Quoi qu’il en soit, cela ne va pas m’empêcher d’avancer mon argument principal, à savoir que le premier ministre devrait se contenter des instruments dont il dispose déjà pour composer son Cabinet, notamment la possibilité de nommer des ministres d’État.
La possibilité de nommer des ministres d’État permet de nommer des ministres à de nouveaux portefeuilles qui ne dureront peut-être pas toujours. Il peut s’agir d’un dossier particulier qui doit être réglé dans un certain laps de temps. Dans d’autres cas, cela a duré plus longtemps sans que le portefeuille ait été transformé en ministère à part entière, mais c’est à la discrétion du gouvernement en place. Nous aurions préféré, par exemple, que les libéraux fassent quelque chose de vraiment concret pour la cause des femmes et qu’ils envisagent de créer un véritable ministère de la Condition féminine. C’est une idée qui mériterait d’être examinée. Mais ce n’est pas ce qu’ils font. Ils proposent tout simplement une autre façon de nommer des ministres d’État, c’est-à-dire des ministres auxquels un ministère sera désigné.
J’ai essayé de répondre aux piètres arguments qui ont été avancés par le gouvernement pour défendre ce projet de loi. Tout le monde tourne en rond avec ce projet de loi qui, manifestement, ne va nulle part. Le débat lui-même tourne en rond. Ils invoquent l’égalité entre les sexes, mais leurs arguments se font démolir soit par d’autres députés, soit par les témoins experts qui ont comparu au sujet de ce projet de loi.
Les libéraux changent ensuite d’angle d’attaque pour dire que l’objectif est de moderniser la loi. À cela nous répondons que le projet de loi ne modernise absolument pas la loi puisqu’il ne s’aligne même pas sur les pratiques actuelles. Alors ils renchérissent en disant que l’objectif est d’avoir un Cabinet où tous les ministres sont égaux. Mais quand nous leur demandons si cette égalité s’appliquera à la responsabilité administrative et à la taille du ministère, ils répondent que non. Quand on leur demande alors si cette égalité signifiera que tous les ministres auront le même poids autour de la table du Cabinet, ils répondent que non, que l’objectif est l’égalité entre les sexes. Retour à la case départ. Et c’est comme ça depuis l’étape de la seconde lecture. Nous en sommes à la troisième lecture, et nous ne savons toujours pas quel est l’objectif véritable de ce projet de loi. En tout cas, ce ne sont certainement pas les interventions des députés du Parti libéral qui nous aurons aidé à y voir clair.
Quand on prend un peu de recul sur tout cela, comme beaucoup l’ont fait au cours de ce débat, on se souvient que le s’était engagé, pendant la campagne électorale, à avoir un nombre égal d’hommes et de femmes au Cabinet, mais que lorsqu’il a annoncé la composition de son Cabinet, tous les postes juniors étaient alors occupés par des femmes et aucun par un homme. Les médias l’ont pris à partie. C’était une situation embarrassante, et il devait être dans ses petits souliers. Il aurait dû dire que c’était un nouveau gouvernement et qu’il n’avait pas pris la mesure de toutes les options disponibles, et ajouter qu’il avait pris l’engagement sincère d’instaurer la parité au Cabinet, et qu’il procéderait à des changements en ajoutant éventuellement des responsabilités importantes comme le logement et les personnes âgées, qui n’ont pas de ministère. Il aurait pu dire que, s’il créait des portefeuilles de second plan, il y nommerait des hommes, et que s’il créait des portefeuilles de premier plan, il y nommerait des femmes, pour essayer de faire en sorte que le pouvoir, l’autorité et les responsabilités du Cabinet soient également partagés entre les hommes et femmes. C’était une option.
Mais le gouvernement a préféré organiser tout ce cirque qui nous a fait perdre du temps pendant une bonne partie des deux dernières années. Et le cirque va se répéter à l’autre endroit et faire perdre le temps de tout le monde, encore une fois. Quand on pense à toutes les fois où on nous a imposé la guillotine pour des projets de loi qui en valaient la peine! À part l’obligation qui sera faite aux futurs gouvernements d’avoir des ministres distincts pour les agences de développement économique régional, qu’on soit pour ou contre ce projet de loi, force est de reconnaître qu’il n'accomplit pas vraiment quoi que ce soit.
Comme un de mes collègues l'a indiqué plus tôt, nous avons passé plus de temps à discuter de cette mesure que de certains projets de loi d'exécution du budget, et certainement plus que celui sur la Banque de l’infrastructure du Canada, laquelle va gérer environ 35 milliards de dollars de deniers publics et certainement remplir les poches de riches investisseurs du Canada et de l’étranger, sans avoir beaucoup de comptes à rendre. Nous n’avons pratiquement pas pu en discuter à la Chambre.
Nous voici pourtant encore ici à en discuter. Heureusement que nous en sommes à la troisième lecture, car cela signifie que le débat va bientôt prendre fin à la Chambre. Avec un peu de chance, on nous proposera ensuite un projet de loi plus important.
:
Madame la Présidente, nous y croyons certainement. Nous sommes convaincus que tous les ministres sont égaux et c’est l'objet du projet de loi.
J’ai été là pour le débat complet : à la présentation du projet de loi, à l'étape de la deuxième lecture ainsi qu'à celles de l’étude en comité, du rapport et, maintenant, de la troisième lecture. Il semble que plus le débat se poursuit, plus les points des conservateurs et des néo-démocrates convergent, au point de dire essentiellement la même chose. L’alliance impossible a eu lieu pour ce texte de loi.
Les députés de l’opposition parlent de questions régionales et d'égalité entre les sexes. Il serait possible d'interchanger un discours des néo-démocrates pour un discours des conservateurs, et vice versa. C’est encourageant de voir les députés de l’opposition s’entendre sur des questions importantes, mais je dirais qu'ils ne devraient pas s’opposer à cette mesure. C’est un projet de loi plutôt simple.
Certains députés de l’opposition demandent pourquoi nous tenons un débat sur ce projet de loi, pourquoi ne pas y aller rondement et le mettre aux voix. D’autres veulent en débattre à l’infini. Qu'on le croie ou non, je soupçonne que certaines personnes souhaiteraient que ce débat ne finisse jamais.
Les députés de l’opposition essayent de dire au gouvernement qu’il s’agit seulement de l’égalité des sexes. Ils disent qu’il y a des députés à la Chambre qui ont parlé de l’égalité des sexes. Oui, moi aussi, en parlant de ce projet de loi, j’ai parlé d’égalité des sexes.
Pourquoi?
M. Kevin Lamoureux: Le député d'en face crie: « Pourquoi ». Eh bien, revenons à la raison pour laquelle nous avons ce projet de loi. Le s’est engagé à ce que tous les ministres qui siègent au Cabinet soient égaux. Cela signifie qu’un ministre de la Petite Entreprise, de la Réforme démocratique, de la Défense nationale ou de quoi que ce soit d’autre aura un droit de vote égal. Chaque ministre a un vote, et chaque ministre peut participer aux discussions du Cabinet en tant que pair. C’est quelque chose de positif.
Le Cabinet de Stephen Harper comptait 40 ministres, comparativement à 30 pour le gouvernement actuel. Un des arguments soulevés par certains députés est que nous avons augmenté le salaire de certains de ces ministres. Notre Cabinet est bien plus restreint que celui du gouvernement Harper, mais le NPD utilise lui aussi cet argument quelques fois.
Si l'on examine ce que la loi fera, on ne peut arriver qu’à une seule conclusion. Elle accordera davantage de souplesse au actuel, ainsi qu’aux futurs premiers ministres, pour la constitution de leur Cabinet, et il reconnaît un élément important, soit le fait que tous les ministres sont égaux.
Les députés en face disent que le dispose d’un budget bien plus élevé que la . Par conséquent, ils ne sont pas égaux. Il est vrai que les montants sont différents, mais il est faux d’affirmer que ces ministres ne sont pas égaux. Je dirais que la ministre de la Petite Entreprise et du Tourisme est d’importance cruciale pour le gouvernement du Canada. Combien de fois entendons-nous des députés d'en face poser des questions au sujet de la petite entreprise? Nous l’entendons beaucoup. C’est probablement parmi les quatre ou cinq sujets sur lesquels des questions sont les plus fréquemment posées.
Tandis que le gouvernement lutte jour après jour pour protéger et élargir les intérêts de la classe moyenne canadienne et de ceux qui souhaitent en faire partie, nous voyons la petite entreprise comme le pilier de l’économie et un des moteurs de la création d’emplois.
Bon nombre des politiques du gouvernement au cours des deux dernières années ont appuyé les petites entreprises canadiennes. La a un rôle crucial dans le développement de bonnes et saines politiques.
Les petites entreprises dans tout le Canada et moi-même avons été ravis d’entendre l’annonce officielle de la réduction du taux d'imposition des petites entreprises, qui passera à 9 %, ce qui est une baisse considérable. Cela contribuera à la croissance de l’économie canadienne.
Les députés d’en face déclarent que cette ministre ne devrait pas gagner autant d’argent que la . Ils disent que le niveau de la est inférieur à celui de la ministre de la Réforme démocratique. C’est de la foutaise. C’est ce que je réponds à l’opposition, à l’alliance contre nature des conservateurs et du NPD.
Nous reconnaissons l’importance des petites entreprises. Qui plus est, le comprend et apprécie l’importance de l’égalité des personnes assises autour de la table du Cabinet. Seule l’opposition donne aux Canadiens l’impression que c’est un mauvais projet de loi. Comment ces députés peuvent-ils s’opposer à l’égalité?
Une voix: Ce n’est pas...
M. Kevin Lamoureux: Madame la Présidente, le député d’en face dit: « Ce n’est pas ». Ces députés auraient intérêt à lire le projet de loi.
Les députés veulent parler de l’égalité des sexes; je vais donc parler de l’égalité des sexes et de la façon dont l’opposition a lié cela au projet de loi.
Vous n’avez pas besoin de le faire, Kevin. Nous n’avons soulevé ce point que parce que vous l’avez soulevé.
M. Kevin Lamoureux: Madame la Présidente, le député d' semble confus, alors j'aimerais clarifier les choses pour lui. La raison pour laquelle l'égalité des sexes est souvent évoquée dans les débats entourant le projet de loi, c'est l'attitude de l'opposition au moment de la nomination des ministres. Le a annoncé que tous les postes du Cabinet étaient égaux, que toutes les personnes qui siégeaient à la table du Cabinet étaient égales. Il nous a dit qu'il y aurait un projet de loi là-dessus.
Pour la toute première fois, on a procédé à une annonce historique: le gouvernement libéral a nommé un Cabinet paritaire. Non seulement cette annonce historique a été transmise sur les fils de presse dans presque toutes les régions du pays, mais elle est devenue internationale. Il était temps que le Canada ait un premier ministre qui reconnaisse l'importance d'un Cabinet comportant autant de femmes que d'hommes.
J'ai entendu de nombreuses histoires, dont certaines de ma fille et d'autres de gens de ma circonscription, qui ont dit à quel point il leur semblait merveilleux d'avoir un féministe, un premier ministre qui a fait une déclaration ferme tout en s'assurant que nous allions de l'avant dans un dossier important.
Les députés d'en face, de même que le député d', ont peut-être ri de ces nominations, mais les Canadiens les ont bien accueillies.
Le NPD et ses amis du Parti conservateur n'ont rien trouvé à critiquer, mais ils voulaient critiquer la composition du nouveau conseil des ministres. Par conséquent, ils ont dit que la petite entreprise n'était pas aussi importante que la réforme démocratique ou d'autres portefeuilles. Ils ont dit que la titulaire du poste de ne méritait pas d'être reconnue comme une joueuse à part entière à la table du conseil des ministres. C'est le mieux qu'ils ont pu trouver.
J'ai des nouvelles pour l'opposition. Quand le gouvernement fait quelque chose de ce genre, il n' y a rien de mal à dire que c'est une bonne annonce. Il serait avantageux pour ces députés d'admettre que lorsque des annonces de cette nature sont faites, il faut les reconnaître pour ce qu'elles sont. Dans ce cas-ci, il s'agissait d'une annonce historique positive qui assurerait la parité entre les sexes au sein du gouvernement du Canada. C'était une annonce importante, et je crois que la majorité des Canadiens l'ont perçue ainsi. Il n'était donc pas nécessaire de critiquer.
Voyons ce qui a suivi. Cette mesure législative ferait en sorte que tous les ministres du Cabinet reçoivent la même rémunération. Toutefois, ce n'est pas la seule modification que le projet de loi apporte.
Il y a un changement au titre du ministre de l'Infrastructure. Nous savons tous que le gouvernement accorde beaucoup d'importance aux infrastructures du Canada. Pendant de nombreuses années, le gouvernement Harper a très peu investi dans les infrastructures. Le projet de loi que le NPD a décidé d'appuyer avec le Parti conservateur apporte également un changement sur le plan des infrastructures. Le titre de « ministre de l'Infrastructure, des Collectivités et des Affaires intergouvernementales » sera remplacé par celui de « ».
Il y a deux choses qui valent la peine d'être notées. Premièrement, le du Canada assume la responsabilité des affaires intergouvernementales. Pendant des années, alors que les libéraux siégeaient dans l'opposition, nous avons constaté que le gouvernement conservateur n'avait pas fait les efforts nécessaires pour tendre la main aux provinces et encourager les affaires intergouvernementales. À l'époque, le gouvernement du Canada n'a pratiquement pas tenu compte de nos partenaires et n'a rien fait pour les atteindre ni pour les encourager. En deux ans, il y a eu d'importantes améliorations dans ce domaine. L'une d'entre elles est le fait que le va jouer un rôle de premier plan à cet égard. Cette mesure nous a permis de réaliser des retombées tangibles. Je vais donner quelques exemples.
Nous pouvons parler du Régime de pensions du Canada. Les travailleurs d'aujourd'hui contribueront davantage à un programme national que les Canadiens apprécient. Lorsqu'ils prendront leur retraite, ils auront plus d'argent. Pourquoi? Parce que nous avons aujourd'hui un gouvernement qui a travaillé main dans la main avec les provinces et qui a réussi à conclure une entente.
Ce n'est pas tout. L'ancien ministre de la Santé est allé dans chaque province et territoire, et un accord a été conclu. L'accord précédent, qui a été signé en 2003 ou en 2004, a duré dix ans, mais le gouvernement Harper ne l'a pas renouvelé. Si les députés posent la question à leurs commettants, ils constateront que les soins de santé sont le problème numéro un, c'est du moins ce que je pense. Les gens aiment notre système de santé canadien. Nous avons maintenant un gouvernement qui comprend cela et qui a pris des mesures directes pour l'améliorer. L'accord a été renouvelé et nous consacrons plus d'argent aux soins de santé. Pourquoi? Parce que nous avons apporté des changements à ce projet de loi qui dit que le doit jouer un rôle plus important, surtout après les années de négligence du gouvernement Harper.
Un troisième exemple serait le prix du carbone. Le s'est rendu à Paris, où un accord international a été conclu. Il est revenu au Canada et a travaillé avec les provinces sur un prix pancanadien du carbone, ce à quoi les provinces ont consenti. De nombreux gouvernements du monde entier sont conscients de la nécessité de telles mesures. Les provinces comprennent aussi cette nécessité. À l'époque, seul le Parti conservateur s'y opposait, et il s'y oppose encore aujourd'hui, ce qui est fort regrettable.
J'encourage mes amis néo-démocrates à se tenir à l'écart des conservateurs dans ce dossier, s'ils ne veulent pas tomber dans ce piège.
L'autre élément de cette modification législative est le changement de nom du ministère de l'Infrastructure. Grâce à ce projet de loi, le ministre sera maintenant responsable de l'infrastructure et des collectivités. Deux choses me viennent à l'esprit. Premièrement, il y a les sommes d'argent record, les milliards de dollars, qui vont aux infrastructures du Canada. Toutes les régions de notre pays verront un impact positif. Le gouvernement reconnaît que nous devons investir dans notre pays. Nous devons investir dans nos infrastructures. Cela aidera notre pays à poursuivre sa croissance dans l'avenir. Cela vaut la peine d'avoir cette désignation pour les infrastructures et les collectivités.
Lorsque j'entends les arguments de l'autre côté au sujet des agences régionales, je les compare à ce qu'on entend au sujet de l'infrastructure. Nous dépenserons littéralement des centaines de millions de dollars, nous atteindrons même des milliards de dollars, au cours des prochaines années. Je suis surpris que les députés d'en face ne se demandent pas pourquoi nous n'avons pas de bureau régional pour veiller à ce que ces préoccupations régionales soient réglées par le car, après tout, on investira des sommes considérables dans les collectivités.
Je dis cela parce que je tiens à souligner l'importance de chaque député. Au sein du caucus libéral, à tout le moins, il y a des gens qui font constamment valoir les intérêts propres à la région qu'ils représentent. Je défends les intérêts du Manitoba. J'adore le Québec. Je suis d'abord et avant tout nationaliste. Je crois que toutes les régions du pays doivent être traitées sur un pied d'égalité. Toutefois, je m'assure autant que possible que le Manitoba est bien représenté dans le domaine des infrastructures.
Nous posons des questions. En ce qui concerne l'Île-du-Prince-Édouard, le Québec, le Manitoba et la Colombie-Britannique, nous recevons tous notre juste part de l'argent destiné aux infrastructures. Nous pouvons examiner les chiffres. Je pense que les Canadiens seront heureux de savoir que chaque région reçoit sa juste part des fonds d'infrastructures. Ce sera en bonne partie grâce au fait que nous aurons un ministre qui sera responsable de cette seule et unique question, c'est-à-dire édifier le pays tout en veillant sur les intérêts nationaux.
Je n'entends pas de critiques de la part de l'opposition à ce sujet. Toutefois, en ce qui concerne le développement économique régional, le NPD s'est joint aux forces conservatrices pour dire qu'il faudrait un plus grand Cabinet. Après tout, M. Harper avait six autres ministres qui s'occupaient du développement économique régional, alors nous devrions aussi avoir ces six ministres régionaux.
J'espère que Jagmeet Singh et le , lorsqu'ils feront du porte-à-porte au cours de la prochaine campagne électorale, diront à leurs concitoyens qu'ils désirent augmenter la taille du Cabinet en ajoutant six ministres qui auront des responsabilités dans le domaine du développement régional. J'ai hâte de tenir ce débat avec mon collègue d'. Comment va-t-il défendre le fait que le Fonds de diversification de l'économie de l'Ouest a été si peu efficace, en particulier à Winnipeg, lorsque M. Harper était au pouvoir? Si l'on considère l'affectation des fonds et l’existence à l'époque d’un ministre responsable de la Diversification de l'économie de l'Ouest, Winnipeg n'est pas sortie gagnante. Toutefois, le député d'en face dira que c'est l'idéal. Je ne suis pas d'accord.
Je crois qu'il s'agit d'une question d'intérêt national et que le député libéral de Mississauga, qui est le ministre responsable du développement du pays, se préoccupe ardemment de l'intérêt national. Nous veillerons à ce que les dépenses appropriées soient faites dans les collectivités qui ont besoin de cet appui financier.
Merci de ce temps de parole. Je serai heureux de répondre à quelques questions.
:
Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je vous annonce que je vais partager mon temps de parole avec l'honorable député de .
[Traduction]
Peut-être aurons-nous un jour des noms de circonscription formés d'un seul mot.
C'est avec beaucoup de plaisir que je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi . Je tiens à dire, au nom de tous mes collègues, que nous nous opposerons à cette mesure parce qu'elle n'a rien de bon. Voici les trois éléments qui sous-tendent cette conclusion.
Premièrement, les libéraux désirent éliminer des portefeuilles cruciaux, parmi lesquels des ministères qui ont de l'importance pour toutes les régions du pays. Deuxièmement, le projet de loi créerait de nouveaux ministères inutiles. Troisièmement, il y a le supposé débat au sujet de l'égalité salariale entre les hommes et les femmes. Il s'agissait d'un débat cosmétique, pour reprendre l'excellent terme de ma collègue de . Comme elle l'a dit il y a quelques minutes, il s'agit d'un projet de loi cosmétique; on pourrait même dire qu'il a tout de l'égoportrait.
[Français]
J'entends présenter trois arguments à ce propos.
Tout d'abord, il y a l'abolition des ministres responsables du développement économique des régions. C'est une grossière erreur que fait l'actuel gouvernement en voulant abolir cette responsabilité.
Rappelons-nous de belle mémoire que — il faut remonter à 1921 —, sous le très honorable William Lyon MacKenzie King, le Québec a eu un lieutenant politique au sein du Cabinet en la personne de l'honorable Ernest Lapointe. S'en sont suivis des dizaines d'hommes et de femmes forts, percutants et essentiels à l'exercice démocratique et qui assuraient de belle et de brillante façon la place prépondérante du Québec à l'intérieur du Canada et du Cabinet.
Je parle du Québec parce que, évidemment, c'est ma province. Toutefois, c'est vrai également pour les autres régions du Canada. Je tiens à citer même des gens avec qui je n'avais pas nécessairement ou naturellement un mariage philosophique. Par exemple, il y a l'honorable Marc Lalonde qui a joué un rôle essentiel au sein du Cabinet du gouvernement de Pierre Elliot Trudeau et qui faisait en sorte que le Québec était représenté. De mon point de vue, ce n'était pas nécessairement de la bonne façon, mais le Québec était représenté de façon très forte avec la présence de l'honorable Marc Lalonde.
Donc, le gouvernement libéral a décidé d'abolir les ministres responsables du développement économique des régions. C'est une erreur. D'abord, il faut mentionner que ce projet de loi a été déposé après coup. On se souvient tous lors de l'assermentation à Rideau Hall de la belle image de ces nouveaux ministres qui allaient à Rideau Hall et sortaient d'un autobus tous en même temps avec madame, les enfants et tout le reste. Toutefois, la réalité est que, encore une fois, on était au coeur de l'image et non de la substance, puisqu'ils auraient très bien pu dire dès ce moment-là quels étaient leurs changements. Ces changements sont venus un peu plus tard.
Pourquoi est-il important de garder des ministres responsables des régions? C'est parce que, avec tout le respect que j'ai pour le député de Mississauga, qui est actuellement responsable du développement économique canadien, c'est un homme de Mississauga. Ce n'est absolument pas un défaut en soi. On aura compris qu'il doit connaître rue par rue tout la circonscription de Mississauga. Je n'en doute pas. Toutefois, peut-il faire la différence toute simple entre Trois-Rivières et Sherbrooke? Sait-il quelle est la différence entre Ajax et Flin Flon? Peut-il précisément nous dire quelle est la différence entre Victoria et Vancouver et quelles nuances il peut y avoir entre Baie-Comeau et Sept-Îles?
Il faut être du coin pour connaître ces particularités. Cela n'enlève strictement rien à l'individu qu'il est, au contraire. Je suis persuadé qu'il fait un très bon travail et qu'il connaît très bien sa région. Toutefois, voilà, il connaît très bien sa région. Notre pays, par sa nature même, est le deuxième plus grand pays géographique au monde. Évidemment, dans notre coeur, il est le premier au monde. Toutefois, le fait est que la réalité de l'Alberta n'est pas la même que celle de l'Atlantique et que les gens de la Colombie-Britannique ont des besoins propres qui ne sont pas les mêmes que ceux des gens du Québec. L'un n'enlève rien à l'autre.
C'est pourquoi cela nous prend des personnalités fortes au sein du Cabinet pour plaider la cause des régions et savoir exactement ce qui est bon pour la région en question. Le Québec a été si bien servi, entre autres, par l'honorable Denis Lebel, député de Lac-Saint-Jean, qui assumait un leadership fort. J'appelle à témoin le maire de Québec, Régis Labeaume, qui a dit, il y a à peine un an, et je le cite de mémoire, que quand il avait un problème, il appelait Denis, ils se parlaient et ils réglaient ça.
Le du Canada et le ministre du développement économique ne peuvent pas prendre la temps d'appeler chacun et chacune des maires qui ont des préoccupations. C'est le travail du responsable politique du développement économique pour la région de le faire. Nous avons été très bien servis. Je suis persuadé que nous aurions été très bien servis avec l'un des ministres du Québec.
Pourquoi abolir cela? Cela fait en sorte que tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains d'un seul individu qui, naturellement, aura un préjugé favorable pour sa province et pour sa région, pour ne pas dire pour sa ville.
Dois-je rappeler que le gouvernement a refusé l'aide demandée par Bombardier qui réclamait un aumône de 1,3 milliard de dollars de l'argent des contribuables pour le développement du C Series? Finalement, cela s'est transformé en un prêt de 135 millions de dollars pour le C Series mais, oh! surprise! un prêt de 200 millions de dollars pour le développement de Global 7000. Le C Series se fait à Mirabel. La Chambre sait-elle où se fait le Global 7000? Il se fait à côté de Mississauga, dans le voisinage du ministre responsable du développement économique canadien. Évidemment, il n'y aucune coïncidence là, bien sûr que non. C'est quand même un élément que je voulais soulever par rapport à cela. C'est donc important d'avoir des ministres responsables des régions qui assurent le développement économique et qui parlent au nom de leur région au Cabinet, parce qu'ils savent de quoi ils parlent.
Je passe au deuxième élément. Ce projet de loi transforme en ministres de premier plan cinq ministres d'État et crée trois autres postes de ministres. Or on ne sait pas trop de quoi ils seront ministres. Pour être poli, je les qualifierais de ministres fantômes, mais d'aucuns pourraient dire que ce sont des ministres de rien du tout. Cela n'envoie pas un bon signal. Qu'est-ce que veut dire un projet de loi qui fait en sorte qu'il y a trois postes, on ne sait pas trop pour qui ou pourquoi ni à quoi cela va ressembler, mais qu'on les crée quand même? Voyons donc, ce n'est pas sérieux.
L'autre réalité, c'est de transformer ces ministres d'État en ministres réguliers ou en ministres de premier plan. C'est là, si besoin est, que la démonstration est faite, dans toute sa laideur, de ce gouvernement de selfies, de ce gouvernement d'image, de ce gouvernement qui réagit par rapport à l'image qui ne fait pas son affaire et qui corrige le tir et va de l'avant.
Lors de l'assermentation du Cabinet actuel à Rideau Hall, le était tout fier de dire que pour la première fois de l'histoire canadienne, en 150 ans de vie de notre beau et grand pays, la parité hommes-femmes existait enfin au Conseil des ministres. On lui a demandé pourquoi, et il a répondu: « parce que nous sommes en 2015 ». C'était formidable, fantastique et tout le monde a applaudi.
Toutefois, quelques jours plus tard, les gens ont examiné cela et réalisé que la parité était un petit brin bancale. Le fait que les ministres d'État n'ont pas le même pouvoir ni le même salaire ni les mêmes responsabilités que les autres ministres a déséquilibré cela un petit peu. Oh! surprise, les cinq ministres d'État étaient des femmes. On ne parlait pas de parité là-dedans, c'était 100 %.
Les ministres d'État que l'on peut appeler poliment les ministres de second plan étaient uniquement des femmes. Les libéraux se sont dits que ce n'était pas bon pour leur image. Pour régler cela, plutôt que de nommer des femmes à des ministères importants, ils ont changé leur titre. Ils ont biffé du crayon et biffé de l'efface le mot « d'État », et c'est devenu ministre tout court. Pourtant, un salaire égal doit correspondre aussi à une compétence et, surtout, à des responsabilités égales. La compétence, c'est subjectif, mais un salaire égal doit correspondre à un travail égal.
Sans vouloir rien enlever à personne, on comprend que les ministres d'État n'ont pas les mêmes responsabilités que les ministres de premier plan. Cela a toujours été le cas et c'est encore le cas aujourd'hui. C'est à la limite insultant pour les ministres réguliers, appelons-les comme cela, par rapport aux ministres d'État. Il n'y a rien de honteux à être ministre d'État. Au contraire, c'est un privilège. Ici, nous ne sommes pas honteux parce que nous sommes dans l'opposition et non au gouvernement. Nous, les 338 élus de la population, sommes tous égaux, autant que nous sommes.
Les gens constatent que chacun a ses responsabilités et qu'un ministre d'État n'a pas les mêmes responsabilités qu'un ministre régulier. Pour l'image des libéraux, ce n'est pas beau, parce que, comme par hasard, ce sont cinq femmes. Bing bang boum, on sort l'efface et on enlève cela. Ce n'est pas la façon de faire et cela démontre hors de tout doute que ce gouvernement est littéralement hypnotisé par l'image. Cela fait en sorte que des décisions un peu burlesques sont prises par ce gouvernement.
Le projet de loi en est un exemple. Il abolit les ministres responsables des régions, il abolit le titre d'État à cinq ministres d'État et crée trois ministres fantômes. On ne sait pas trop pour qui ou pourquoi ni à quoi cela va ressembler, mais c'est l'image de ce gouvernement qui prime avant tout. C'est pourquoi nous allons voter contre ce projet de loi.
:
Monsieur le Président, il n’est pas facile d’être à la hauteur de mon collègue qui vient d’intervenir, lui qui connaît parfaitement les effets qu’aurait ce projet de loi.
Je suis heureux de pouvoir intervenir pour parler du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les traitements. Beaucoup de députés d’en face l’ont présenté comme un simple projet de loi qui doit être adopté le plus rapidement possible. Ils voudraient nous faire croire qu’il ne prête absolument pas à controverse et que, par conséquent, il devrait faire l’unanimité. Mon collègue le va jusqu’à dire que ce n’est qu’une simple mesure d’ordre administratif. Nous savons tous que c’est beaucoup plus que cela et, avec tout le respect que je lui dois, je ne suis pas d’accord avec lui.
Le projet de loi est beaucoup plus qu’une simple mesure administrative. Les nombreux changements qu’il comporte auraient des effets durables sur diverses régions du Canada. Je veux aujourd’hui rétablir les faits. J’aimerais vous expliquer les inquiétudes que suscitent pour moi ce projet de loi et la façon dont le gouvernement a précipité le processus en essayant de faire croire aux gens qu’il ne contient que de simples mesures administratives.
Mon inquiétude la plus grave, c'est que le projet de loi éliminerait officiellement les postes de six ministres responsables des agences de développement régional. Comme vous le savez, le gouvernement précédent avait un système qui regroupait six organismes de développement distincts, chacun chapeauté par un ministre d’État. Ces agences représentaient six régions particulières du Canada, soit le Canada atlantique, le Québec, le Nord, le Sud de l’Ontario, le Nord de l’Ontario et l’Ouest du Canada. Elles étaient des outils extrêmement efficaces de représentation des intérêts économiques régionaux au Cabinet.
On peut même lire ce qui suit sur le site Web du ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique:
[L]es agences de développement régional dans tout le Canada aident à relever des défis économiques importants en offrant des programmes, des services, des connaissances et une expertise qui sont adaptés aux régions pour:
renforcer les avantages et les forces économiques des régions et des localités;
soutenir la croissance, la productivité et l'innovation des entreprises;
aider les petites et moyennes entreprises à se montrer concurrentielles sur les marchés mondiaux;
fournir une aide à l'adaptation en périodes de ralentissement et de crise économique;
soutenir les collectivités.
Malgré toutes ces attributions de première importance, le a déclaré qu'à ses yeux, les agences de développement régional sont prétexte à toutes sortes de jeux politiques, peu importe ce que cela peut vouloir dire. Ce n'est toutefois pas un secret d'État: le premier ministre et moi sommes rarement sur la même longueur d'onde quand il est question de politique. Encore faut-il faire la différence entre politique et gouvernance, et, en ce qui me concerne, je demeure convaincu que d'avoir un ministre au sein du Cabinet qui est chargé de voir au développement économique d'une région donnée et d'en défendre les intérêts constitue une excellente façon de gouverner.
Au lieu d'avoir différents ministres représentant les différentes régions du pays par l'entremise des agences de développement régional, le a préféré concentrer tous les pouvoirs entre les mains d'un seul ministre, en l'occurrence celui . Autrement dit, nous avons dorénavant le ministre de Tout en la personne du député de Mississauga—Malton. Comment le premier ministre peut-il honnêtement s'attendre à ce qu'un ministre du Grand Toronto puisse défendre efficacement les intérêts de l'Atlantique, de l'Ouest, du Nord, du Québec et j'en passe?
Nous constatons déjà que le nouveau système du ne fonctionne pas. Par exemple, pas plus tard que l'automne dernier, le gouvernement a accordé un financement de 150 000 $, qui était destiné à la région du Nord de l'Ontario, à une entreprise située — je le donne en mille — dans le Sud de l'Ontario, à Mississauga. Quel heureux hasard, d'ailleurs, puisqu'il s'agit de la circonscription du ministre de Tout, c'est-à-dire le et député de Mississauga—Malton. Depuis quand Mississauga fait-elle partie du Nord de l'Ontario? La péninsule Bruce se trouve à trois heures de route au nord de là, et nous n'arrivons même pas à la faire désigner comme faisant partie du Nord de l'Ontario. Je crois que la boussole au Cabinet du premier ministre laisse un peu à désirer.
En outre, au Canada atlantique, on a appris que les délais de traitement ont triplé à l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, mieux connue sous l'acronyme APECA, depuis que le a chargé le de la diriger. Je dirais simplement que le système ne fonctionne pas. C'est assez évident. Je ne crois pas que le gouvernement puisse se permettre de donner des leçons à qui que ce soit en ce qui concerne le genre de travail qu'accomplissent les agences de développement économique régional au Canada. Même si ces agences font des pieds et des mains pour accorder du financement et veiller à ce que les entreprises aient ce dont elles ont besoin pour réussir dans leur région, le gouvernement libéral traite les entrepreneurs de fraudeurs de l'impôt, il met au point des stratagèmes pour augmenter l'impôt des petites entreprises et il ne semble pas être en mesure de distribuer les fonds nécessaires aux grands projets d'infrastructure.
Au Canada, dans les régions rurales, et je représente en tant que député une grande région rurale, il n'y a pas d'infrastructure. Il n'y en a tout simplement pas. Dans les grandes villes, des investissements sont faits dans les grands projets de transport en commun — je n'ai rien contre eux — pendant que les régions rurales en sont encore une fois réduites à la portion congrue.
De fait, dans Bruce—Grey—Owen Sound, une circonscription rurale de l'Ontario, les gens ont le sentiment qu'on les oublie. D'importants projets sont relégués au second plan parce que le gouvernement ne concentre ses efforts que sur les programmes menés dans les grandes villes. FedDev Ontario, l'Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l'Ontario, n'a jamais ménagé ses efforts pour débloquer des fonds massivement. En passant, c'est le gouvernement précédent qui a comblé ce vide en créant FedDev parce qu'avant l'Agence, il n'y avait rien pour le Sud de l'Ontario. Compte tenu de l'incapacité du gouvernement actuel de mettre en oeuvre des projets d'infrastructure, comme je l'ai dit, et maintenant de la disparition de FedDev, je m'inquiète beaucoup de ce que signifierait l'adoption de ce projet de loi en ce qui concerne les infrastructures en milieu rural.
Ce qui m'inquiète aussi avec ce projet de loi, ce sont les trois postes ministériels qu'il prévoit, mais qui ne sont pas encore pourvus. Le projet de loi créerait un total de huit postes ministériels libéraux additionnels. C'est en partie pour tenir compte des cinq postes de ministre d'État qui ont été pourvus après les élections de 2015. Or, trois des nouveaux postes n'ont pas de titulaire. Il y a vraiment lieu de se demander quelle est l'utilité de créer des postes que le gouvernement n'entend pas pourvoir.
Si le gouvernement prévoit pourvoir ces postes, j'ai quelques suggestions à faire. Par exemple, nommons un ministre associé des Finances. Ce serait très utile. De cette façon, le pourrait réellement se récuser des conversations relatives aux mesures législatives liées aux pensions qui profitent directement à son entreprise familiale. Il serait également utile d'avoir un . Toutes mes excuses, mais avec le cafouillage qui entoure l'ALENA, le piétinement des négociations sur le Partenariat transpacifique et le fiasco embarrassant que l'on a vu en Chine la semaine dernière, j'ai presque oublié qu'il y en a déjà un. Au lieu d'avoir un ministre de Tout qui vient de , on pourrait avoir un ministre des Affaires rurales, mais je doute que le gouvernement se préoccupe vraiment des collectivités de moins de 50 000 habitants. En fait, je suis convaincu qu'il ne s'en préoccupe pas. Le gouvernement devrait être ouvert et transparent et il devrait nous dire à quoi riment ces postes mystères.
Je conclus en disant que la vitesse à laquelle le gouvernement fait franchir les étapes de l'examen législatif à ce projet de loi m'inquiète beaucoup. Je crois savoir que les deux seuls témoins qui ont comparu devant le comité des opérations gouvernementales sont la leader du gouvernement à la Chambre et une professeure. Il n'y a pourtant aucune partisanerie, n'est-ce pas? Au fil des ans, j'ai été membre et président d'un certain nombre de comités. Je peux donc dire qu'il est carrément inacceptable, voire anormal que seulement deux témoins comparaissent devant un comité pour l'étude approfondie de tout projet de loi.
J'ai aussi appris qu'il n'a même pas été question des agences de développement régional à l'étape de l'étude en comité. Sur quoi portait donc l'étude? C'est inacceptable et cela montre bien, encore une fois, que le gouvernement n'a aucunement l'intention d'en parler et de mener des consultations, que ce soit par l'entremise du comité ou directement auprès de la population. Les libéraux ne cherchent qu'à faire adopter le projet de loi le plus rapidement possible.
Je me ferai un plaisir de répondre aux questions des députés, mais auparavant, comme je n'en aurai peut-être pas l'occasion avant le congé des Fêtes, je prends quelques instants, monsieur le Président, pour vous souhaiter, à vous, à votre personnel et aux députés, un très joyeux Noël et pour offrir à tous mes meilleurs voeux pour la nouvelle année.
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Monsieur le Président, je prends encore une fois la parole, cette fois-ci à l'étape de la troisième lecture, pour appuyer le projet de loi , une loi visant à mettre à jour et à moderniser la Loi sur les traitements. J'aimerais axer mes commentaires sur les cinq postes, des postes de ministres d'État en ce moment, que le projet de loi C-24 ajouterait à la Loi sur les traitements.
Le projet de loi vise à mettre à jour la Loi sur les traitements en ajoutant cinq postes désignés afin qu'elle reflète la structure du Cabinet actuel. Les cinq nouveaux postes qui seraient inclus dans la Loi sur les traitements sont déjà occupés par des ministres qui gèrent des dossiers prioritaires pour le gouvernement et pour les Canadiens, c'est-à-dire les sciences, la petite entreprise et le tourisme, la condition féminine, la francophonie, les sports et les personnes handicapées. Les modifications prennent parfaitement en compte le fait qu'il s'agit de ministres qui dirigent les opérations dans les dossiers de haute importance et qui rendent directement compte au et au Parlement de leurs résultats.
Les intervenants qui sont contre le projet de loi ont dit que les ministres d'État sont des « ministres de second rang » et des « petits ministres », et non des « ministres à part entière »; qu'ils aident d'autres ministres à assumer leurs responsabilités et ce sont à ces ministres qu'ils rendent des comptes; qu'ils ne peuvent présenter des mémoires au Cabinet en l'absence du parrainage d'un ministre de premier plan. Ils ont fait observer que les cinq ministres dont les postes seraient ajoutés à la Loi sur les traitements étaient nommés à titre de ministres d'État et chargés, par décret, d'aider d'autres ministres. Selon ces mêmes intervenants, c'est la preuve que le désirait que ces ministres soient de second rang, et ils souhaitent que ce statut ne change pas. Ils affirment que ce projet de loi ne vise qu'à rattraper la bévue commise lors de la formation initiale du Cabinet et qu'il contribuera à donner, par la même occasion, une augmentation non méritée à des ministres de second rang.
Je comprends les origines de cette mauvaise impression. Traditionnellement, tel est le rôle d'un ministre d'État, parfois appelé secrétaire d'État, qui, le plus souvent, assiste un autre ministre dans les responsabilités associées à son portefeuille. Un tel ministre d'État fait rarement partie du Cabinet et n'est pas en mesure de soumettre lui-même des questions au Cabinet.
Les gouvernements précédents n'accordaient pas aux ministres d'État les pouvoirs légaux de s'acquitter de leur propre chef des devoirs dont ils sont directement responsables. Ils les affectaient plutôt comme soutien à un ministre à part entière pour aider ce dernier à s'acquitter de ses responsabilités. Le ministre à part entière conservait les pouvoirs légaux et l'obligation de rendre des comptes. Le traitement des ministres d'État reflétait leur rôle de soutien.
C'était le choix stratégique que les anciens premiers ministres avaient le droit de faire dans l'exercice de leur prérogative de concevoir leur Cabinet de la manière qui, selon eux, correspondait aux priorités du gouvernement et permettait de surveiller la gouvernance quotidienne du pays.
Les anciens premiers ministres comptaient beaucoup sur les ministres d'État. Sous le premier ministre Harper, le gouvernement en comptait 13 au moment de sa dissolution. Certains de ces anciens ministres d'État qui siègent toujours à la Chambre ont dit au cours du débat sur le présent projet de loi que, dans ce rôle, ils ont travaillé à d'importants dossiers. Lorsqu'on les invitait au Cabinet, ils avaient la même voix que les autres à la table. Ils ont dit qu'occuper ce poste avait été pour eux un privilège. Je n'en doute point. Je suis sûr que les anciens ministres d'État étaient des membres précieux de leur Cabinet et qu'ils y apportaient une contribution considérable.
Des premiers ministres successifs ont préféré un Cabinet à deux niveaux, et la loi actuelle autorise ce genre de structure. Les ministres ont une charge de travail importante, qui comprend les fonctions liées à leur portefeuille, au Cabinet et à leurs devoirs parlementaires et politiques. Ils sont responsables de dossiers de plus en plus complexes. Cette charge de travail peut être répartie grâce à la création d'équipes de soutien, lesquelles peuvent comprendre un ministre d'État.
Des ministres d'État ont été nommés pour différentes raisons par le passé. Ils peuvent soutenir d'autres ministres pour des questions générales ou des dossiers spécifiques; on peut leur confier des tâches précises, comme jouer un rôle de premier plan dans l'élaboration d'une politique relevant de la responsabilité d'un autre ministre; on peut leur demander de s'acquitter des tâches quotidiennes, comme rencontrer différents intervenants. Ces affectations peuvent permettre d'alléger la charge de travail d'un ministre et mettre en évidence les priorités du mandat du gouvernement.
On a également eu recours aux ministres d'État pour compléter les compétences du détenteur d'un portefeuille. Par exemple, un ministre pourrait tirer profit des compétences d'un ministre d'État dans un domaine ou une profession donnés. Les ministres d'État peuvent soutenir un ministre dans l'élaboration de politiques ou les relations avec les intervenants lorsque ces tâches relèvent du mandat d'un autre ministre. Par exemple, l'ancien ministre de l'Emploi et du Développement social était également nommé à titre de ministre d'État pour aider le ministre du Patrimoine canadien en matière de multiculturalisme.
Dans un petit Cabinet, les ministres d'État peuvent être jumelés à un ministre dont la charge de travail est considérable. Les ministres d'État peuvent agir comme généralistes et soutenir les efforts ministériels en assumant certaines fonctions ou en se chargeant de certains dossiers au besoin. Dans un grand Cabinet, où les ministres sont chargés d'un seul portefeuille et d'une série de priorités bien établies, la présence d'un ministre d'État peut être moins nécessaire. Néanmoins, il pourrait être utile de charger un petit nombre de ministres d'État de certains dossiers prioritaires.
Bref, la possibilité de nommer des ministres d'État et la Loi sur les départements et ministres d'État offrent au premier ministre des options pratiques pour former le Cabinet. Le projet de loi n'élimine pas de poste et n'abroge pas la loi. J'ai utilisé le terme « options » parce que c'est le premier ministre qui nomme les ministres d'État et qui leur attribue des responsabilités.
Quand il a formé son Cabinet, l'actuel a décidé qu'il n'avait pas besoin de ministres d'État pour jouer un rôle d'appui, comme cela se fait généralement. Le premier ministre a plutôt décidé de nommer des ministres auxquels il a confié la responsabilité d'un portefeuille en particulier, et qui doivent rendre des comptes au Parlement et à lui.
Le a décidé que les priorités de son gouvernement seraient réalisées par un Cabinet dont tous les membres seraient égaux. Il a donc formé un Cabinet où tous apportent une participation pleine et entière, ont la capacité d’exercer les pouvoirs et d’exécuter les fonctions qui leur sont attribuées et jouent un rôle de leadership dans la réalisation des importantes priorités du gouvernement.
Toutefois, en novembre 2015, cinq des postes que le voulait dans son Cabinet égalitaire ne figuraient pas dans la Loi sur les traitements. Comme on l'a expliqué, parce que les dispositions de la Loi sur les traitements n’étaient pas compatibles avec ces priorités lorsque le gouvernement actuel est arrivé au pouvoir, les cinq ministres en question ont été nommés en vertu de la Loi sur les départements et ministres d’État. Cette loi permettait à ces ministres de commencer leur important travail sans attendre, de se faire payer au titre de la Loi de crédits et d’obtenir tout le soutien requis des ministères existants pour s’acquitter de leurs responsabilités jusqu’à ce que la loi puisse être changée. Bref, on leur a fourni les moyens que le cadre législatif en vigueur en novembre 2015 leur permettait d’avoir. Toutefois, leur statut n’était pas conforme à celui qui avait été prévu à leur égard, et le a pris l’engagement de présenter un projet de loi pour corriger la situation. Le projet de loi lui permettrait de respecter cet engagement.
Comme les députés qui ont déjà pris la parole l’ont dit, ces ministres exercent des responsabilités prévues dans la loi et ils doivent rendre compte de leurs réalisations devant le et le Parlement. La est responsable du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, du Conseil de recherches en sciences humaines et de la Fondation canadienne pour l’innovation.
Le exerce les responsabilités en matière de programmes et de politiques qui sont prévues dans la Loi canadienne sur l’épargne-invalidité. Le ministre est également responsable du volet sport de la Loi sur l’activité physique et le sport.
La est responsable de la Loi sur le financement des petites entreprises du Canada, de la Loi sur la bonification d’intérêts au profit des petites entreprises et de la Loi sur la Commission canadienne du tourisme et elle doit, à ce titre, s’occuper de Destination Canada, la société d’État fédérale qui apporte un soutien actif et utile à l’industrie canadienne du tourisme. En qualité de député de la région du Niagara, je connais l’importance d’une industrie touristique prospère.
La dirige le ministère fédéral connu sous le nom de Condition féminine Canada.
Je veux être clair: ce ne sont que les responsabilités prévues dans la loi; elles ne couvrent pas la totalité du travail important qu’effectuent ces ministres en matière de politiques et de programmes. J’ai parlé de ces responsabilités simplement pour faire comprendre à la Chambre que ces ministres n’occupent pas des postes conventionnels de second rang et qu’il n’a jamais été dans l’intention du premier ministre de les placer dans une telle situation. Le a utilisé le cadre législatif qu’il avait en novembre 2015 et il s’est engagé à adapter ce cadre à la réalité actuelle d’un Cabinet égalitaire.
On a fait valoir que ces mises à jour ne sont pas nouvelles. La liste des ministres relevant de la Loi sur les traitements a été modifiée plusieurs fois au cours de la dernière décennie, et plus récemment en 2012 et en 2013. Dans chaque cas, les changements apportés correspondaient aux priorités de l’époque et aux préférences du premier ministre en exercice concernant la composition de son Cabinet et l’organisation de son gouvernement. Peut-être que les changements apportés en 2012 et en 2013 à la Loi sur les traitements n’ont pas fait l’objet de toute l’attention requise au Parlement parce qu’ils étaient inclus dans de longs projets de loi omnibus. Le gouvernement actuel préfère plus de transparence.
Certains députés ont laissé entendre que l’étude attentive du projet de loi ne constitue pas un usage avisé du temps du Parlement. Je me permets bien respectueusement de m’inscrire en faux à ce sujet. Le régime ministériel est essentiel à notre gouvernement et caractéristique de la forme qu’il revêt. Son évolution devrait être un sujet de préoccupation pour le Parlement. Voilà pourquoi le gouvernement a présenté ces modifications dans un projet de loi distinct, et je suis heureux du sérieux indéfectible qu’il y accorde.
Permettez-moi d’anticiper une question que mes commentaires pourraient susciter. Comme je l’ai dit, le projet de loi ne révoquerait pas la Loi sur les départements et les ministres d’État. Il offrirait, croyons-nous, au et à ses successeurs la latitude utile pour former leur Cabinet, tout comme cela serait le cas avec l’ajout dans la Loi sur les traitements des trois postes sans titre prévu dans le projet de loi .
Pourquoi alors supprimons-nous les postes de ministres du développement régional de la Loi sur les traitements? Ne fourniraient-ils pas également une marge de manœuvre à un futur premier ministre? Comme un député l’a fait remarquer, comment le gouvernement peut-il présenter un projet de loi qui élimine la possibilité de nommer un ministre responsable du développement d’une région particulière, qui est aux prises avec ses propres défis?
Soyons clairs: le projet de loi ne fait rien de tel. Il faudra encore nommer des ministres chargés de chapeauter chacun des organismes de développement régional. Dans le projet de loi, deux options sont conservées à cette fin et une troisième est ajoutée.
Premièrement, comme cela était le cas dans le Cabinet précédent, un ministre peut être nommé à un poste de développement régional, aidé par un ministre d’État. Deuxièmement, un ministre d’État peut être nommé comme ministre responsable. Enfin, et c’est la nouvelle option prévue dans le projet de loi , un ministre pourrait être nommé pour occuper un des postes sans titre et chargé de chapeauter un organisme de développement régional ou plus.
Dans le présent gouvernement, le a été chargé de superviser tous les organismes de développement régional. Nous estimons qu’il s’agit là d’une bonne décision et d’une décision judicieuse sur le plan pratique. D’autres se sont exprimés sur cette question.
L’abolition des postes de développement régional ne nuirait pas aux organismes mêmes, qui demeureraient des entités distinctes et continueraient de servir leurs populations dans leurs régions respectives. Elle n’éliminerait pas non plus l’obligation pour un ministre de surveiller ces organismes. Ce qu’elle permettrait de faire, ce serait d’éviter la mise en place d’un Cabinet démesuré. L’augmentation proposée du nombre de postes relevant de la Loi sur les traitements serait compensée par l’élimination des postes de développement régional. Le nombre maximal de ministres qui seraient nommés en vertu de la Loi sur les traitements, et cela comprend le , serait accru de deux, pour passer de 35 à 37.
En terminant, le gouvernement a été clair lorsqu’il a expliqué que le cadre législatif en vigueur le 4 novembre 2015 empêchait la nomination de ministres à part entière pour réaliser cinq grandes priorités. Le recours à la Loi sur les départements et les ministres d’État a permis de nommer des ministres pour occuper ces postes importants et travailler à la réalisation des priorités du gouvernement et de celles des Canadiens depuis le premier jour de notre accession au pouvoir.
Le s’est engagé à présenter un projet de loi qui donnerait officiellement un statut égal à tous les membres de son Cabinet. Le projet de loi lui permettrait de s’acquitter de cet engagement. Lorsqu'il sera adopté, les décrets en conseil qui ont établi la nomination de ces ministres en qualité de ministres d’État pour aider d’autres ministres seront révoqués. Ces ministres seront alors en vertu de la loi, comme ils le sont dans la réalité, des ministres de premier rang.
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Monsieur le Président, après l’assermentation des membres du Cabinet libéral, dans le sillage des élections de 2015, le a dit, en réponse à une question sur la formation d'un conseil des ministres paritaire, que c’est « parce qu’on est en 2015 ». On est maintenant en 2017 et le Cabinet ne respecte pas plus l'égalité entre hommes et femmes qu’à l’époque.
Margot Young, qui est professeure de droit à l’Université de la Colombie-Britannique et qui se spécialise dans les questions d’égalité entre les sexes, a comparu devant le comité des opérations gouvernementales au sujet du projet de loi . Elle a déclaré:
Je dois dire que répondre à une question concernant les femmes au Cabinet en disant simplement « parce qu’on est en 2015 » ruine une occasion importante de faire preuve de leadership pour exprimer et façonner l’opinion sur la signification d’avoir des femmes en situation d’égalité, dans des postes de leadership et de pouvoir.
Je l’ai déjà dit, mais je crois bon de le répéter aujourd’hui: le gouvernement libéral, ce n’est que de l’esbroufe; il n’y a pas de substance. Les libéraux s’intéressent plus aux apparences qu’à la substance des causes qui sont importantes pour les Canadiens, et ce projet de loi ne fait pas exception. Le voudrait faire croire aux Canadiens que son Cabinet est équilibré, mais c’est loin d’être vrai. Ce que le premier ministre a caché aux Canadiens, c’est que plusieurs femmes ministres ne sont pas ministres de premier rang, seulement ministres d’État.
Monsieur le Président, j’ai oublié de vous prévenir que je comptais partager mon temps de parole avec le député de .
Bien sûr, lorsque les députés de l’opposition et d’autres ont dénoncé cette situation, le s’est empressé de brouiller les pistes en présentant le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les traitements. Le projet de loi apporte plusieurs changements aux rôles et aux désignations des ministres. Il prévoit notamment la création de nouveaux postes, l'élimination de plusieurs postes importants, l'autorisation par voie législative de désigner des ministères pour fournir un soutien aux titulaires des nouveaux postes et le transfert de certains pouvoirs.
Par ce projet de loi, les libéraux essaient de justifier la transformation de ministres d’État en ministres à part entière. Ils prétendent qu’en changeant le nom du poste et en augmentant le traitement des ministres d’État, sans leur ajouter de nouvelles responsabilités, cela fera d’eux des ministres à part entière. Ce n’est qu’un tour de passe-passe qui permet au , par la même occasion, de se débarrasser des ministres responsables du développement économique régional et de créer des postes qui seront déterminés plus tard. Qu’en est-il de l’ouverture et de la transparence?
Je ne veux pas continuer de discuter de cette manoeuvre de relations publiques auquelle se livrent les libéraux en prétendant qu’ils ont un Cabinet caractérisé par l'égalité hommes-femmes, alors qu’en fait, ce n’est pas du tout le cas. Je vais laisser mes collègues d’en face essayer de trouver des explications.
Au cours des deux dernières années, le gouvernement a montré qu’il était incapable de gérer une économie nationale. La suppression des postes de ministres responsables du développement économique régional illustre on ne peut mieux son style de gouvernance autoritaire. C’est le ministre de l’Innovation, le député de Mississauga, qui prendra toutes les décisions en matière de développement régional. J’ai eu l’occasion, dans des législatures précédentes, de siéger à des comités avec le député de , et je sais qu’il travaille fort pour bien représenter les électeurs de sa circonscription. Toutefois, que je sache, il n’a pas une connaissance et une expérience directes des besoins des régions, du Canada atlantique à la Colombie-Britannique, en passant par le Québec et les Prairies et sans oublier les régions du Nord, aussi bien dans les territoires que dans les provinces.
Pour couronner le tout, lorsque le projet de loi a été examiné en comité, les libéraux ont refusé d’entendre un seul témoin au sujet de la suppression des postes de ministres responsables du développement économique régional. C’est le même gouvernement qui prétend prendre des décisions fondées sur des données probantes et qui se targue de consulter les Canadiens. Je le répète: ce n’est que de l’esbroufe; il n’y a pas de substance.
Les ministres responsables du développement économique régional ont grandement aidé le gouvernement conservateur précédent à surmonter la crise économique mondiale et à en sortir avec l'économie la plus vigoureuse du G7, tout en équilibrant le budget et en laissant un excédent aux suivants. Voilà pourquoi, contrairement aux libéraux, les conservateurs se battront pour que les régions soient toujours bien représentées et aient voix au chapitre. Les libéraux font fi de la diversité régionale qui caractérise le Canada. Heureusement qu'ils sont censés être les champions de la diversité et de la consultation.
Les gens des régions doivent participer aux décisions, parce qu'autrement, ils sont incapables de contribuer pleinement à la bonne marche de l'économie nationale. Pour tout dire, les effets néfastes de cette décision se font déjà sentir. Voyons plutôt: l'automne dernier, 150 000 $ en provenance du fonds pour le développement économique du Nord de l'Ontario ont été remis à une entreprise située dans la circonscription du , à Mississauga. Voilà, semble-t-il, le type de jeux politiques que le avait en tête. Les députés pourront me corriger si je me trompe, mais ma propre circonscription est à quelques kilomètres de Mississauga en passant par la 401, et jamais je n'oserais dire que notre région fait partie du Nord de l'Ontario.
Voici un autre exemple: au printemps, un sous-comité du caucus libéral de l'Atlantique s'est fait dire que les délais de traitement à l'Agence de promotion économique du Canada atlantique étaient trois fois plus longs depuis la nomination d'un ministre de Toronto. Voici ce qu'il a dit exactement: « [L]a centralisation des décisions est perçue défavorablement, car elle alourdit l'administration des programmes. Le sous-comité a reçu comme directive de faire valoir [...] la décentralisation des décisions comme moyen de mieux répondre aux besoins des régions. » J'espère sincèrement que le et le prendront le temps d'écouter ce que leurs propres collègues du caucus libéral ont à dire.
Comme on l'a déjà dit, le projet de loi vise à demander aux parlementaires d'approuver la nomination de trois futurs ministres dont on ne connaît pas encore la désignation. Quel bel exemple de transparence et de reddition de comptes. Ces deux dernières années nous ont bien montré que le gouvernement libéral n'a aucun talent pour la gestion des nominations et qu'on ne peut lui faire confiance dans ce domaine, encore moins s'il s'agit de nominations secrètes au Cabinet. J'aimerais bien que mes collègues d'en face nous disent ce qu'ils essaient de cacher au juste.
Voici, en gros, la situation: un jour, alors que le essayait de faire bonne impression pour les caméras, un journaliste lui a posé une question au sujet de la soi-disant parité hommes-femmes de son Cabinet. C'est à ce moment qu'il a mis cette mesure législative en branle. Il en a rajouté en y prévoyant l'élimination des postes de ministres responsables du développement économique régional, puis a forcé la note en pensant que les partis de l'opposition appuieraient la création de nouveaux postes indéterminés au Cabinet sans poser de questions.
Les conservateurs adhèrent au principe du salaire égal pour un travail égal. Ce projet de loi ne respecte pas ce principe. Les ministres ayant un portefeuille de second plan n'auront pas de sous-ministre, pas plus qu'ils n'auront le même budget ministériel, le même niveau de responsabilité ou le même pouvoir qu'un ministre de premier plan. Malgré cela, leur salaire augmentera. En fait, le salaire de chacun de ces ministres va augmenter d'environ 20 000 $, sans accroissement correspondant de leurs responsabilités ou de leur pouvoir.
Si le souhaite passer de la parole aux actes, je lui signale que comme le éprouve depuis quelque temps des difficultés avec la commissaire à l'éthique, ce serait l'occasion de promouvoir une députée libérale au poste de ministre des Finances. Quoi qu'il en soit, le premier ministre doit à tout le moins écouter les conseils des députés libéraux d'arrière-ban et rétablir immédiatement les postes de ministres responsables du développement économique régional. C'en est assez de cette approche autoritaire où tout se décide à Ottawa. Cette approche ne fonctionne pas et a créé des problèmes partout au pays, particulièrement au Canada atlantique. En fait, toutes les régions du Canada en ont été affectées et se sont insurgées contre la décision mal avisée d'éliminer les postes de ministres responsables du développement économique régional.
Voici un extrait d'article publié dans le quotidien québécois La Presse en novembre 2015. Il y est dit ceci:
Ça a toujours été sous la responsabilité d’un ministre important, comme Denis Lebel, a affirmé M. Forget, [actuel président] de la FCCQ. Ça permettait au milieu des affaires d’avoir une oreille attentive sur les enjeux économiques du Québec. Il faudra surveiller cela au cours des prochains jours et des prochaines semaines.
Les députés libéraux du Québec n'ont encore émis aucune critique au sujet de ce changement.
Pour sa part, le journal Cape Breton Post a déclaré: « Le changement de tactique pour soutenir la croissance des entreprises est considéré comme une source potentielle de préoccupation pour les régions comme le Cap-Breton où l'emploi est rare. »
La chaîne CBC a rapporté que Donald Savoie, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en administration publique, a déclaré que l'absence d'un ministre responsable de l'Agence de promotion économique du Canada atlantique venant de la région elle-même est un retour à l'époque où John Manley, à titre de ministre fédéral de l'Industrie, était responsable des agences de développement économique régionales sous le gouvernement de Jean Chrétien. Le professeur Savoie a en effet déclaré: « Je rappelle aux Canadiens de l'Atlantique que l'APECA relevait auparavant de la compétence de John Manley à titre de ministre de l'Industrie. Pourrais-je dire que [la nomination actuelle ] est réjouissante pour l'APECA? Non. »
On ne peut pas vraiment considérer cette réaction comme un appui enthousiaste pour le plan du gouvernement.
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Monsieur le Président, j'aimerais remercier mon collègue de de son excellent discours. Je connais son côté humain. C'est un homme qui respecte beaucoup les gens. Il est important de souligner l'humanisme dont il fait preuve au quotidien.
Puisque nous sommes à quelques jours de la fin de la session, je voudrais souhaiter de très joyeuses Fêtes au personnel qui travaille avec nous à la Chambre et à nos bureaux, à tous les députés de la Chambre des communes, ainsi qu'à ma famille et aux citoyens de Portneuf—Jacques-Cartier. Nous allons passer du bon temps avec nos proches et nous allons nous offrir des cadeaux.
En parlant de cadeaux, depuis son élection, il y a deux ans, ce gouvernement essaie de donner des cadeaux aux gens qui lui font des contributions politiques, aux gens qui ont milité pour lui et à ceux qui l'ont servi. Maintenant, les libéraux ont déposé le projet de loi . Je me demande si ce n'est pas un autre renvoi d'ascenseur à l'intention de certaines personnes. J'ai de sérieux doutes, et ce sont les libéraux qui les ont semés en moi au cours des deux dernières années.
Dans les nombreuses pages de la lettre de mandat de la , qui a été rédigée par l'équipe du , il n'y a rien qui parle d'une intention de déposer un tel projet de loi. Encore une fois, je présume que c'est de l'improvisation de la part de ce gouvernement libéral. Je ne sais pas quel est l'objectif. Habituellement, quand je lis un projet de loi, il y a des objectifs. Le document officiel que j'ai en main parle du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur les traitements et apportant une modification corrélative à la Loi sur la gestion des finances publiques, mais il n'y a aucun objectif. Quelle est l'intention derrière ce projet de loi? Je ne vois certainement rien de positif, et ce n'est même pas écrit dans le projet de loi.
On dit qu'il s'agit de l'égalité entre les hommes et les femmes, mais c'est le même tape-à-l'oeil auquel ce gouvernement nous a habitués. Si on regarde les ministres qui détiennent les portefeuilles importants, il y a le , le et le fameux . Drôlement, ce sont trois hommes. Les libéraux disent vouloir la parité, mais lorsqu'il s'agit de donner des mandats à des ministres de sexe féminin, leur foi en la capacité des femmes est remise en cause. J'ai donc de sérieux doutes. Je ne comprends pas l'intention de ce gouvernement par rapport à ce projet de loi intitulé: « Loi modifiant la Loi sur les traitements et apportant une modification corrélative à la Loi sur la gestion des finances publiques ».
L'improvisation dont le gouvernement fait preuve depuis deux ans fait en sorte qu'il doit maintenant chercher des échappatoires, parce qu'il s'est écarté de son programme. Il a décidé de déposer un projet de loi visant à éliminer les postes de ministres responsables du développement régional et à confier l'ensemble des décisions à un ministre très occupé. Je ne discuterai pas du professionnalisme de ce ministre, mais tout être humain a des limites, qu'il soit un homme ou une femme. Or on va lui remettre les responsabilités des ministres responsables de six agences de développement régional au Canada, qui couvraient l'entièreté du territoire canadien. Il y en a une dans l'Est, une au Québec, deux en Ontario, une dans le Nord et une dans l'Ouest. Dorénavant, ce sera à partir de Bay Street, à Toronto, que le gouvernement va décider ce qui est le mieux pour les gens des régions de l'Atlantique.
Après cela, à Toronto, on va décider de ce qui est bon pour les gens du Nord.
Les agences ont été formées parce que les régions ont des réalités différentes. Nous sommes là pour aider les régions à vivre avec leurs réalités et pour trouver des solutions adaptées à leurs situations. Certaines régions ont un taux de chômage très élevé. Heureusement, nous avons un taux de chômage très faible dans la région de Québec, mais ce n'est pas la réalité de l'ensemble du Canada.
Quand le ministre, dans sa tour, décide d'appliquer une loi ou un programme, on s'entend qu'il ne soulignera pas chacune des particularités de chacune des régions. C'est un manque de respect envers nos régions. Cela s'ajoute au manque de respect du ministre des Finances envers les PME qui représentent le moteur économique des régions du Canada.
En juillet dernier, le ministre des Finances a lancé une consultation. Comme il n'a pas le même horaire que les travailleurs et les travailleuses canadiens, il ne savait peut-être pas qu'au mois de juillet, les PME et les gestionnaires d'entreprise sont à bout de souffle et prennent quelques jours de congé.
On dit qu'on veut faire des consultations, on dépose une réforme, on y va, on annonce et on lance le ballon. Après cela, l'opposition fait son travail de façon agressive pour défendre l'intérêt des Canadiens et des Canadiennes propriétaires d'entreprise. Le gouvernement recule, mais il recule à moitié. Là, en 2019, il va permettre aux entreprises de payer 9 % d'impôt. Ce 9 % d'impôt était prévu avant que les libéraux ne prennent le pouvoir, mais ils l'ont retiré du programme parce que cela venait du gouvernement Harper.
Il n'y a aucune cohérence. On réagit, on ajuste et on improvise. Et là, au nom de l'égalité entre les hommes et les femmes, le gouvernement veut augmenter le salaire de tout le monde, il veut leur donner le salaire d'un ministre, et il enlève les ministres des régions.
Où allons-nous? Comment peut-on respecter un gouvernement qui ne respecte pas les entreprises de nos régions?
Je ne suis pas très à l'aise avec cela. Je ne suis pas un expert. Toutefois, Norman Spector, un ancien président de l'APECA, a dit à de nombreuses personnes à Ottawa que ces les libéraux n'ont jamais aimé les agences de développement régional et que leur élimination étaient à l'ordre du jour depuis un certain temps.
On est en train de retirer des gens compétents, de récupérer le pouvoir centralisateur libéral et de gouverner dans l'intérêt des amis des libéraux, et non dans l'intérêt des Canadiens et des Canadiennes.
Ce gouvernement est en poste depuis deux ans, et je ne suis pas capable d'identifier des mesures concrètes mises en oeuvre dans l'intérêt réel des travailleurs canadiens et des travailleuses canadiennes. C'est encore du tape-à-l'oeil. On essaie de convaincre la communauté internationale, mais on ne fait rien concrètement.
Plutôt que de travailler sur ce projet de loi, pourquoi n'investissons-nous pas de l'énergie et ne mettons-nous pas des négociateurs en place pour faire en sorte que le gouvernement dénoue les négociations de l'ALENA, règle la crise du bois d'oeuvre, et respecte les PME?
Il reste 18 jours avant la mise en place de la nouvelle réforme fiscale pour les entreprises. Je ne sais pas à quoi le gouvernement joue, mais si, moi, je constate qu'il ne respecte pas nos PME, je ne sais pas comment il peut interpréter sa position.
Est-ce qu'il respecte nos PME? Est-ce qu'il respecte nos régions? Est-ce qu'il respecte les Canadiens et les Canadiennes?
Nous perdons notre temps avec ce projet de loi. C'est inacceptable. Ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre que notre premier ministre essaie de nous éteindre, de faire diversion et de nous endormir.
Il faut être un peu plus sérieux que cela, comme et comme gouvernement.
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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui à l'appui du projet de loi . Il s'agit de la deuxième occasion qui me soit donnée de parler du projet de loi, et j'en suis très fier, car je l'approuve totalement.
Assembler un Cabinet est l'une des premières responsabilités d'un nouveau premier ministre. La conception globale du Cabinet, le choix des ministres et la répartition des responsabilités déterminent comment le gouvernement mobilisera ses forces individuelles et collectives sous la direction du premier ministre pour réaliser ses priorités et superviser la gouvernance quotidienne du pays. Comme nous le savons, toutes ces décisions sont la prérogative du premier ministre. Le choix des membres du Cabinet est à la fois essentiel et hautement personnel.
Le très honorable Jean Chrétien a écrit dans ses mémoires que la constitution du Cabinet est sans doute la tâche la plus privée et la plus personnelle qui puisse incomber à un premier ministre. Le très honorable Lester B. Pearson a dit pour sa part que lorsqu’il choisissait son Cabinet, la décision lui était propre et il ne partageait cette responsabilité avec personne. Le premier ministre du Canada a une grande latitude au moment d’exercer sa prérogative de constituer le Cabinet. Même si un certain nombre de postes de ministres sont créés par la loi et doivent être comblés, le premier ministre dispose d’une marge de manœuvre pour désigner le Cabinet en nommant des personnes à plus d’un poste, en modifiant leur titre pour rendre compte du rôle qu’elles jouent dans l’avancement des priorités, et en attribuant des responsabilités aux ministres grâce à des changements dans l’appareil gouvernemental.
Le premier ministre peut aussi recommander la nomination de ministres d’État afin d’aider d'autres ministres. Ils ont pour fonction de seconder ceux qui ont des responsabilités particulièrement lourdes ou une charge spécifique qui requiert une attention spéciale. Les ministres d’État peuvent aussi se voir conférer des attributions législatives. Le cas échéant, ils rendent des comptes au premier ministre et au Parlement quant à la façon dont ils les exercent. C’est au premier ministre qu’il revient de décider si les ministres d’État sont investis de véritables pouvoirs législatifs et s’ils siègent au Cabinet.
Comme on le sait, il existe aussi des postes de secrétaires parlementaires. Ces derniers, qui sont nommés de façon discrétionnaire, ne font pas partie du Cabinet et n'y jouent habituellement aucun rôle. Ils sont nommés en vertu de la Loi sur le Parlement du Canada afin d’aider les ministres à s’acquitter de leurs responsabilités parlementaires, y compris dans leurs interactions avec les membres du caucus et leurs homologues de l’opposition et lorsqu’ils pilotent un projet de loi.
Même si le premier ministre a une latitude considérable, il existe des règles qui sous-tendent aussi la structure du Cabinet. Par exemple, la Loi sur les traitements, qui autorise la rémunération des ministres, comprend une liste de 34 postes ministériels précis outre celui du premier ministre. Nombre de ces postes ministériels sont créés par la loi et doivent être comblés. Quelques-uns sont discrétionnaires.
Même si le gouverneur général peut nommer des ministres sur les conseils du premier ministre, seules les personnes nommées aux postes figurant dans la Loi sur les traitements peuvent toucher un traitement payable sur le Trésor. Le nombre de ministres d’État qu’un premier ministre peut nommer est illimité, mais il est assujetti à l’approbation du Parlement afin que les fonds nécessaires soient affectés à cette fin aux termes des lois de crédits annuelles.
Le nombre de secrétaires parlementaires qui peuvent être nommés ne peut pas excéder le nombre de postes de ministre énumérés dans la Loi. Ce mélange de souplesse et de règles fixes obéit à un principe fondamental de la Constitution. C’est à la Couronne qu'il incombe de voir à la bonne administration des affaires de l’État et au Parlement de guider et de surveiller cette administration en accordant ou en retirant des pouvoirs et des fonds à la branche exécutive.
La taille du Cabinet a varié considérablement au fil du temps, suivant le rythme de développement du pays et la complexité et la diversité croissantes des questions qui relèvent du gouvernement fédéral. À l’époque de la Confédération, le gouvernement naissant comptait sept organismes fédéraux hérités de son prédécesseur, soit six ministères et la Commission géologique du Canada. Toutefois, dès le premier anniversaire de la Confédération, on comptait 15 organismes et 12 ministères, la Commission géologique, la Police fédérale et le bureau du secrétaire du gouverneur général.
Aujourd’hui, le premier ministre doit répartir jusqu'à 190 entités gouvernementales entre les divers portefeuilles confiés chacun à un ministre qui est tenu d’en rendre compte. Au cours des 50 dernières années, la taille du Cabinet a varié entre un creux de 30, sous Joe Clark, jusqu’à un sommet de 40 en comptant le premier ministre Harper.
Le Cabinet actuel est formé du et de 30 ministres. Il n’a pas grossi depuis l'assermentation du 4 novembre 2015. Ce jour-là, 26 personnes ont été assermentées à des postes de ministre énumérés dans la Loi sur les traitements. Une de ces 26 personnes, la , et quatre autres ont été assermentées comme ministres d’État et affectées par décret au service d’autres ministres, conformément à la Loi sur les départements et ministres d’État.
La Loi sur les départements et ministres d’État a été invoquée dans quatre cas parce que ces postes ne figurent pas dans la Loi sur les traitements et que ces ministres ne pourraient pas être rémunérés ou soutenus par la fonction publique dans l’exercice de leurs charges. La est rémunérée en vertu de la Loi sur les traitements. Dans ce cas, la Loi sur les départements et ministres d’État offrait un moyen de lui confier les responsabilités du Canada envers la Francophonie à même le portefeuille des Affaires étrangères et de la faire seconder dans ce rôle par Affaires mondiales Canada.
L’appellation légale des ministres nommés en vertu de la Loi sur les départements et ministres d’État est « ministre d’État ». Ils sont rémunérés en vertu des lois de crédit. Les décrets qui les affectent au service d’autres ministres sont nécessaires en raison du cadre législatif et de la décision de financer par des ministères en place l’exercice de leurs pouvoirs et l’exécution de leurs tâches.
Lorsque le Cabinet a prêté serment, des observateurs se sont demandé pourquoi cinq de ses membres étaient nommés ministres d’État plutôt que ministres tout court. Ils en ont conclu que la parité hommes-femmes chère au n’existait pas vraiment.
Dans une entrevue avec iPolitics, par exemple, la députée de a déclaré ne pas comprendre pour quelles raisons techniques on parlait de ministres d’État au lieu de ministres à plein titre. À l’époque, tous ces postes étaient occupés par des femmes. La députée défend ardemment les droits des femmes et la place de celles-ci en politique. Elle se disait déçue et triste. Elle n’a pas à l’être, cependant, et elle avait vu juste: la raison est d’ordre technique.
Les nominations de ministres d’État et les décrets pris en vertu de la Loi sur les départements et ministres d’État permettent à ces titulaires d’être rémunérés et soutenus dans l’exécution de leurs importants mandats par des ministères en place. On a agi dans leur cas selon ce qui était possible dans le cadre juridique qui existait le 4 novembre 2015.
Le s’est engagé à présenter un projet de loi qui reflète la composition d’un Cabinet paritaire, et le projet de loi lui permet de s’acquitter de cet engagement. Il permettrait de réviser la liste des postes de ministre inscrite dans la Loi sur les traitements, en ajoutant cinq postes avec titre qui sont actuellement des postes de ministre d’État, à savoir ministre de la Francophonie, ministre de la Petite Entreprise et du Tourisme, ministre des Sciences, ministre de la Condition féminine et ministre des Sports et des Personnes handicapées.
Il créerait trois postes sans titre afin de donner au premier ministre actuel et à ceux qui lui succéderont une plus grande latitude pour adapter les portefeuilles aux priorités. Il permettrait de compenser l’augmentation des postes de ministre dont les coûts pourraient être prélevés sur le Trésor en supprimant de la loi six postes de ministres responsables des agences régionales de développement économique. Cette mesure n’aurait aucune incidence sur ces agences ni sur l’obligation, prévue dans la loi, de les faire surveiller par un ministre.
Le projet de loi créerait aussi un cadre à l’intérieur duquel ces huit ministres peuvent être intégrés aux ministères existants, ce qui signifie qu’il n’y aurait aucun nouveau ministère à créer en raison du projet de loi. En outre, le titre légal du ministre de l’Infrastructure, des Collectivités et des Affaires intergouvernementales deviendrait ministre de l’Infrastructure et des Collectivités afin de mieux refléter les responsabilités propres à ce poste.
Pourquoi le projet de loi est-il important? Pourquoi ne pas simplement s'en tenir à l’arrangement pris en vertu du cadre législatif actuel? Nous voulons signaler clairement aux Canadiens que tous les ministres du Cabinet sont égaux. Au Canada, nous aimons traiter les gens sur un pied d'égalité. Le Cabinet doit être le reflet de ce principe. Nous voulons abolir les distinctions inutiles qui, même après deux ans et même après le débat sur le projet de loi, font dire à des députés que certains sont des ministres de second rang et devraient le rester.
L’équipe du constitue un groupe paritaire. Nous devons faire en sorte que ce cadre législatif se concrétise. Au sein de ce conseil des ministres, il n’y a pas de ministres de second rang ou de premier rang. Seulement des ministres qui travaillent ensemble afin d’obtenir des résultats concrets pour les Canadiens.
Nous manquerions de vision si nous ne nous tournions pas dès maintenant vers l’avenir. Nous devons moderniser la loi afin d’assouplir et de diversifier les structures ministérielles, de façon qu’elles puissent être adaptées rapidement aux défis actuels de complexité des enjeux, d’évolution des priorités et de croissance de la taille de l’État.
J’invite instamment mes collègues à se joindre à moi pour appuyer le projet de loi .
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Il ne me reste plus que neuf minutes et demie, monsieur le Président, mais je vous remercie.
Je suis très heureux de pouvoir m'exprimer à propos du projet de loi . Lors d'une intervention précédente, je l’ai surnommé « le projet de loi Seinfeld » parce que c’est un projet loi qui ne traite de rien. Comme ma collègue députée de le disait, nous avons là un projet de loi absolument insignifiant.
Ce projet de loi remonte à 2015. Le gouvernement venait d’arriver au pouvoir et il a annoncé en grande pompe qu’il avait formé un Cabinet paritaire. Quelqu'un des médias a souligné que cinq des quinze députées au Cabinet étaient ce qu’on appelait des ministres de second rang; pensons notamment à la . Le Cabinet n'était donc pas vraiment paritaire. Le gouvernement a tout de suite répondu que tous les ministres étaient égaux et qu’ils toucheraient tous le même salaire.
Pendant une réunion de comité, nous avons interrogé la à ce sujet. Elle nous a répondu que les 30 membres du Cabinet recevaient déjà tous un traitement identique depuis le jour où le nouveau gouvernement était arrivé au pouvoir. Elle a ajouté que ce projet de loi n’y changerait rien. J'ai alors demandé pourquoi nous devions nous donner la peine de débattre de ce projet de loi. On nous a répondu que si ce projet de loi n’est pas adopté, les ministres d’État ne jouiraient pas d’un plein mandat et que leurs interventions n’auraient donc pas autant de poids au Cabinet.
Le passe beaucoup de temps à l’étranger et quand il n’est pas trop occupé à montrer ses nouvelles chaussettes, il se vante d’être un premier ministre féministe. Aussi partisan que je sois, je ne peux pas croire que le premier ministre, à la table du Conseil des ministres, ne tienne pas compte des bonnes idées venant d’un ministre d’État à cause de son titre. Je pose donc encore la question: quelle est la raison d'être de ce projet de loi?
C’est peut-être pour l’égalité des sexes. Je suis entièrement pour un conseil des ministres composé d’autant de femmes que d’hommes, mais ce que je n’admets pas, c’est d’avoir un système de quotas qui force le gouvernement à écarter des députés mieux qualifiés et les pousser vers les banquettes arrière pour remplir les banquettes avant d’hommes non qualifiés, comme le .
Où en serions-nous sans un système de quotas? Nous n’aurions pas un ministre de la Défense qui prétend être l’architecte de l’ouvrage de quelqu’un d’autre. Nous n’aurions pas un ministre de la Défense qui a tant bousillé l’achat des avions de chasse. Premièrement, il ne permettra pas l'achat des F-35, alors nous allons acheter des avions du fournisseur unique Boeing jusqu’à ce que Boeing entre en conflit commercial avec Bombardier, puis nous n’allons plus acheter de Boeing. Nous allons plutôt acheter des produits usagés de Boeing. C’est très logique.
Le a bousillé la construction navale. C’était retard après retard. Chaque mois, selon le directeur parlementaire du budget, il en coûte 250 millions de dollars aux contribuables.
Si nous n’avions pas un système de quotas, peut-être que nous n’aurions pas comme une personne qui fait l’objet d’une enquête en matière d’éthique pour avoir proposé le projet de loi , qui se trouve, comme par hasard, à inclure les changements qu’il a réclamés en tant que citoyen et qui seraient à son avantage. Il a déposé ce projet de loi à la Chambre.
Nous n’aurions peut-être pas un qui a insulté les victimes de la thalidomide, un ministre qui a déclaré espérer qu’elles meurent d’ici 10 ans parce que cela allégerait le fardeau du gouvernement.
Qu’est-ce que les députés libéraux ont dit au sujet de ce projet de loi? À la deuxième lecture, les libéraux ont qualifié le projet de loi ...
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Merci, monsieur le Président.
La a déclaré ceci: « le gouvernement est également déterminé à veiller à ce que l'équité salariale s'étende à la table du Cabinet ». Un collègue libéral qui siège au comité des opérations avec moi a dit quant à lui que nous avons choisi « [d'affirmer] que les femmes méritent un salaire égal pour des responsabilités égales au Cabinet ».
Il est très clair que les libéraux voulaient que les gens considèrent cette mesure législative comme un projet de loi axé sur l'égalité. Les membres libéraux du comité des opérations ont dû être absolument fous de joie lorsque mes collègues du NPD ont choisi une professeure en études de genre de l'Université de la Colombie-Britannique pour remplir le rôle de l'unique témoin permis pour l'étude du projet de loi. Malheureusement pour les libéraux, qui pensaient que la professeure confirmerait leur point de vue, celle-ci a exprimé ses doléances et la fête a dégénéré en foire d'empoigne.
La témoin experte a affirmé ceci:
[…] ce projet de loi […] n'a pas grand-chose à voir avec l'égalité des sexes […] il est dangereux de prétendre qu'il s'agit d'égalité entre les sexes […] parce que […] nous passons à côté des conversations vraiment importantes, substantielles et complexes sur l'égalité entre les sexes, en prétendant que nous avons déjà traité de la question […]
Elle a ajouté ceci:
[...] les femmes ont besoin d'occuper des postes de direction, non pas en raison des sommes que cela représente, mais en raison de la responsabilité, du profil, du prestige et de l'autorité que représentent ces postes [...] il est dangereux de le structurer comme une mesure législative qui le ramène essentiellement aux questions d'égalité des sexes et de composition du Cabinet.
On lui a ensuite demandé si le agissait de façon cynique en prétendant avoir respecté l'égalité entre hommes et femmes au sein du Cabinet. Elle a répondu que c'était « malhonnête ».
Les membres libéraux du comité des opérations gouvernementales ont immédiatement tenté de se dissocier de ce que de nombreux députés libéraux ont déjà affirmé à la Chambre en disant que le projet de loi ne portait pas sur l'égalité entre les sexes. Le député de a déclaré ceci: « Je ne pense pas que quelqu'un ait affirmé qu'il s'agit d'un projet de loi sur l'égalité entre les sexes. »
La députée de a essayé de faire valoir que le projet de loi était un pas dans la bonne direction, ce que la témoin experte a rejeté. Elle a ensuite reformulé son idée en lui demandant si les ministères de second plan ne seraient pas en fait des ministères en devenir. Oui, tous les ministres sont égaux, mais il semble que certains sont plus en devenir que d'autres. La députée de a ensuite laissé entendre que la témoin était de mauvaise foi parce que le projet de loi n'avait rien à voir avec l'égalité hommes-femmes.
Nous savons que la mesure législative ne vise pas l'égalité entre les sexes et que le gouvernement n'en a pas eu besoin pour faire avancer son programme au cours des deux dernières années, qu'on pense aux traitements ou à la façon dont il définit les postes de ministre. À quoi sert le projet de loi alors? Peut-être sert-il à supprimer les postes de ministre de l'économie des régions, tel que le ministre de la Diversification de l'économie de l'Ouest canadien, pour que tout devienne du ressort du , le député de Mississauga—Malton.
J'imagine que c'est une bonne chose que le député de Mississauga—Malton dirige l'APECA ou l'agence de diversification de l'économie de l'Ouest, car une approche pangouvernementale est ainsi possible, d'après ce qu'on nous a dit. L'Alberta a maintenant une approche pangouvernementale de bras croisés. En effet, le ministre responsable de la diversification de l'économie de l'Ouest canadien et député de n'a pas levé le petit doigt tandis que le chômage dans la province atteint des niveaux records depuis le Programme énergétique national. L'Alberta a aussi droit à une approche pangouvernementale de surdité face aux demandes d'aide pour le traitement des puits abandonnés. Où était l'approche pangouvernementale dans le dossier du projet Énergie Est et lorsque l'oléoduc Énergie Est a été abandonné? Elle était occupée à verser des subventions à Bombardier plutôt qu'à aider l'Alberta.
Nous avons porté ce problème à l'attention du comité, et la leader à la Chambre a répondu ceci:
La connaissance des régions alliée à celle du pays, voilà la façon de mieux collaborer ensemble à l'instauration d'une synergie pangouvernementale.
Ma foi, qu'est-ce qu'elle entend par là?
Qu'aurions-nous pu faire au lieu d'examiner le projet de loi , qui n'est que gaspillage? Eh bien, nous aurions pu étudier des textes législatifs utiles, notamment le rapport du comité des opérations sur la loi sur les dénonciateurs, qui, comme nous le savons doit être modernisée.
Lorsque nous avons étudié la loi sur les dénonciateurs, nous avons entendu de nombreux témoins dont la vie a été détruite par le gouvernement. Il importe peu de savoir si c'est le gouvernement actuel ou un gouvernement précédent, ces gens ont voulu donner le meilleur d'eux-mêmes pour les Canadiens, les contribuables, et ils ont vu leur vie détruite pour avoir fait une dénonciation. Le comité des opérations a produit un très bon rapport unanime qui a été appuyé par le NPD et les libéraux et qui aurait modifié considérablement la protection des dénonciateurs dans la fonction publique et l'aurait étendue, pour la première fois, à l'extérieur de la fonction publique, en l'occurrence aux entrepreneurs privés travaillant à des projets gouvernementaux.