:
Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole sur une question que je pense très importante pour la santé de tous les Canadiens.
Selon les chiffres, les maladies liées au tabac tuent 1 Canadien toutes les 14 minutes environ. Cela représente à peu près 37 000 personnes par année. On ne s'étonnera donc pas que le gouvernement veuille agir. C'est là le but de ce projet de loi. Il s'agit de protéger la santé et le bien-être des Canadiens.
Cette question n'a rien de nouveau. Nous sommes nombreux ici à être issus d'une génération qui a vu les problèmes que le tabac et la nicotine ont causés au fil des années. J'ai été porte-parole en matière de santé pendant un certain nombre d'années au Manitoba. Le tabac, la cigarette, la fumée secondaire et ainsi de suite entraînent d'énormes dépenses dans le système de santé. Les maladies liées au tabac coûtent au bas mot des centaines de millions de dollars au système de santé chaque année. On pourrait dire que cela fait partie du coût économique et social du tabac, qui est d'autant plus élevé.
Au fil du temps, les choses ont beaucoup évolué. Je me rappelle que, lorsque j'allais à l'école, fumer était considéré comme un geste cool. On nous encourageait à le faire. N'oublions pas les émissions de télévision où, souvent, les comédiennes et les comédiens fumaient la cigarette. À l'époque, personne n'y voyait à redire.
Au fil des ans, on a découvert que fumer n'était pas particulièrement cool, et, grâce à la recherche, l'ampleur des coûts associés au tabagisme, surtout en santé, est devenue évidente. Malheureusement, la recherche a trop tardé. Il y avait déjà un pourcentage élevé de fumeurs chez les jeunes et les adultes, ce qui a entraîné un coût considérable pour la société.
Passons rapidement de l'époque où j'allais à l'école à celle où ma fille et mon garçon ont fait leurs études. Il y avait davantage de programmes de sensibilisation. Des associations étudiantes menaient la lutte à ce chapitre pour dissuader les gens de fumer, particulièrement les jeunes.
Le Canada a déjà été un chef de file pour ce qui est d'adopter les mesures législatives nécessaires, de fournir du matériel promotionnel et de mener des campagnes de sensibilisation auprès des étudiants en vue de souligner les effets nocifs du tabac. On a insisté sur certaines questions, comme les paquets de cigarettes et la façon de garantir qu'on communiquait adéquatement les dangers du tabagisme pour la santé. Le gouvernement et l'ensemble des Canadiens ont vraiment commencé à tenir compte de cette réalité.
Lorsque j'étais plus jeune, l'air était toujours enfumé à la maison. Je respirais de la fumée secondaire tous les jours. Aujourd'hui, il n'est pas rare que les gens sortent de leur maison pour fumer parce qu'ils reconnaissent l'importance de l'air pur dans un domicile.
Grâce aux efforts des administrations municipales, des gouvernements provinciaux et fédéral ainsi que d'innombrables autres intervenants, nous avons observé au fil de temps des changements qui ont grandement bénéficié aux non-fumeurs et même aux fumeurs, qui sont devenus plus sensibilisés. Il n'y a pas si longtemps, les gens critiquaient l'idée de taxer le tabac. Ils disaient que le gouvernement augmentait de nouveau les impôts en haussant la taxe sur les cigarettes. Ils ne réalisaient pas que le coût associé aux méfaits de la cigarette n'avait jamais été aussi élevé par rapport aux recettes générées par les cigarettes. C'est dans l'intérêt fondamental du gouvernement de réduire le nombre de fumeurs, et cette vérité est connue depuis des décennies.
Hier, un enjeu important pour les Canadiens a remporté beaucoup d'appuis. De même, nous constatons aujourd'hui que le projet de loi dont nous sommes saisis vise lui aussi un enjeu très important qui tient à coeur à l'ensemble des Canadiens. Tous les partis à la Chambre sont sensibles à cet enjeu qu'est la dépendance et au coût social de la nicotine au fil des ans et encore aujourd'hui. Il reste beaucoup d'améliorations à faire, et je crois que tous les députés, peu importe leur allégeance, savent que nous pouvons en faire davantage. Cette mesure législative est un pas dans la bonne direction.
Le gouvernement est déterminé à travailler avec une variété d'intervenants afin de faire la différence. Lorsque nous parlons d'intervenants, nous faisons référence aux différentes autorités gouvernementales, notamment les Autochtones du Canada, qui travaillent de concert avec le gouvernement fédéral afin de trouver des moyens d'améliorer la situation dans son ensemble.
D'ailleurs, on a mené une consultation nationale l'an dernier à l'issue de laquelle un rapport a été produit et des objectifs ont été déterminés. On veut voir une diminution constante de la dépendance à la nicotine ou de la consommation de cigarettes. Si je ne m'abuse, l'objectif a été fixé à une réduction de 5 % sur quelques décennies. J'estime qu'il s'agit d'une approche louable et j'encourage tout le monde à participer à l'établissement et à l'appui de cet objectif.
Comme il a été mentionné, le gouvernement a un rôle très important à jouer, en particulier les provinces. J'ai parlé de l'époque où j'étais porte-parole en matière de santé sur la scène provinciale. Les provinces, à bien des égards, font un travail de terrain grâce à leurs règlements et à leurs lois. Je vais parler du vapotage sous peu. De nombreuses provinces ont déjà présenté un projet de loi traitant du vapotage. Il est important que nous reconnaissions la nécessité d'établir des normes nationales à cet égard — une perception commune — et de mieux faire valoir ces normes partout au pays, mais également d'élaborer une politique à long terme qui améliorera profondément les choses pour l'ensemble des Canadiens.
Le gouvernement appuie déjà diverses initiatives et collabore, par exemple avec les Premières Nations et les communautés inuites, à l'élaboration et à la mise en oeuvre de produits du tabac contrôlés qui sont appropriés sur les plans social et culturel.
Toutefois, aujourd'hui, il est uniquement question du projet de loi , qui modifie la Loi sur le tabac pour réglementer les produits de vapotage en en faisant une catégorie de produits distincte. La Loi sur le tabac s'intitulerait donc dorénavant « Loi sur le tabac et les produits de vapotage » et contiendrait des dispositions visant à protéger les jeunes contre la dépendance à la nicotine et le tabagisme.
Le nouveau régime fédéral encadrerait la fabrication, la vente, l'étiquetage et la promotion des produits de vapotage. Il comporterait des dispositions visant à limiter la vente aux jeunes et la promotion de certains arômes tentants, comme celui de bonbon, qui pourraient être ajoutés pour amener plus de jeunes à commencer à vapoter. L'inclusion de dispositions pour limiter la vente aux jeunes et la promotion de certaines saveurs aura des retombées positives. Cela permettra aussi au gouvernement de mettre en place des mesures réglementaires afin d'atténuer les risques pour la santé et la sécurité que pourraient poser les produits de vapotage en demandant, par exemple, que les emballages soient à l'épreuve des enfants, de manière à éviter que des enfants s'empoisonnent à la nicotine.
Il est de nouveau question de l'emballage des cigarettes dans cette mesure législative. Nous savons que certains pays ont de l'avance sur le Canada à cet égard, ayant adopté une approche proactive pour ce type d'emballage. Je pense, entre autres, à l'Australie, dont nous devrions nous inspirer. Même si nous savons ce qui se fait dans d'autres pays, comme le Royaume-Uni, l'Irlande et la France, l'Australie a, en quelque sorte, pavé la voie en proposant des emballages génériques, tous pareils.
Ce projet de loi permet de constater que le gouvernement s'est engagé à examiner les diverses mesures prises en Australie concernant les emballages normalisés. Encore une fois, ceux-ci visent à dissuader les gens de commencer à fumer.
Nous savons qu'un pourcentage élevé de jeunes adultes et de jeunes de 18 ans commencent à fumer à un âge beaucoup plus précoce qu'auparavant; régler la question des emballages nous aiderait à empêcher que les jeunes fument des cigarettes.
La Loi sur le tabac permettrait d'établir des exigences réglementaires à cet égard. Une fois ces modifications législatives adoptées, il faudra également élaborer les règlements pour préciser les exigences concernant les couleurs, la police et la taille de police permises pour les emballages de tabac et de produits de tabac, ainsi que pour préciser les restrictions pour l'utilisation de logos et de graphiques, et les renseignements liés à la promotion. Il s'agit là d'une partie importante du projet de loi . Celui-ci permettra au gouvernement d'élaborer les règlements qui nous permettront d'adopter des mesures semblables à celles des autres pays. La veut protéger les intérêts des jeunes Canadiens.
En ce qui concerne le vapotage, le message essentiel qu'il faut souligner est que même si les connaissances scientifiques évoluent à ce sujet, il reste beaucoup de travail à accomplir. De nombreux rapports seront encore publiés sur le sujet. Il est évident que les produits de vapotage peuvent offrir des avantages pour la santé publique s'ils permettent de réduire le nombre de décès et de cas de maladie liés au tabac en aidant les gens à cesser de fumer ou à passer à une source de nicotine moins nuisible, mais il existe également des effets nuisibles, surtout pour les jeunes. Cela me préoccupe beaucoup.
Je veux que, autant que possible, le projet de loi présente une approche proactive quant à la santé des jeunes, à la santé des Canadiens en général, mais, dans ce cas-ci, au bien-être des jeunes en particulier. Je crois que les gens se font une idée fausse du vapotage. Ils croient que le vapotage est une habitude saine et il est vrai, je pense, que dans certains cas, le vapotage peut représenter un choix sain, mais il faut que bien plus de recherches soient menées à ce sujet. D'ici à ce que de telles recherches aient été effectuées pour nous aider à peser le pour et le contre du vapotage, s'il faut privilégier une approche, je préfère que nous privilégiions la prudence afin de protéger la santé des gens.
Une des préoccupations que j'ai, par exemple, est que de nombreux jeunes ont pris part aux campagnes de sensibilisation visant à décourager les jeunes de fumer la cigarette. Y a-t-il vraiment des campagnes pour sensibiliser les jeunes aujourd'hui au sujet du vapotage? Nous savons que les produits de vapotage contiennent de la nicotine et que cette dernière crée une dépendance. Selon moi, nous n'avons pas assez de données quant au nombre de jeunes qui pourraient commencer à vapoter, par exemple, et abandonner le vapotage pour passer aux cigarettes par la suite. Il s'agit d'un risque réel et je n'ai vu aucune donnée indiquant le contraire. C'est la raison pour laquelle il est important que nous prenions le temps de nous arrêter sur l'industrie du vapotage, qui est florissante, et relativement nouvelle. Son essor dans la société est survenu au cours des 10 à 15 dernières années. Aujourd'hui, en raison de toutes les saveurs offertes et de l'image que projette le vapotage, bien des gens, fumeurs et non-fumeurs, sont attirés par ce comportement qu'ils perçoivent comme faisant partie d'un style de vie.
Je ne suis pas convaincu que ce soit positif. En fait, j'ai de sérieuses préoccupations. Voilà pourquoi ce projet de loi qui propose d'assujettir le vapotage et les produits connexes à la Loi sur le tabac arrive à point nommé. J'aimerais entendre les différents points de vue des députés de l'opposition sur cette question.
Le vapotage est devenu de plus en plus populaire depuis l'arrivée sur le marché des cigarettes électroniques. Il est important de reconnaître que le vapotage consiste à inhaler et à exhaler un produit aérosol, qu'on considère souvent comme de la vapeur. Cette vapeur est produite par ce qu'on appelle communément une cigarette électronique, mais il existe de nombreux autres dispositifs de vapotage similaires qui ne produisent pas de fumée de tabac. Ils produisent plutôt une substance en aérosol que l'on confond souvent avec de la vapeur d'eau, mais qui consiste en réalité en fines particules. Or, ce sont précisément ces particules qui doivent nous préoccuper car elles peuvent contenir différentes quantités de produits chimiques toxiques qui ont de nombreux effets nuisibles pour la santé.
En général, on vapote avec un dispositif muni d'un embout. Or, ce dispositif est doté d'une pile qui cause souvent des problèmes dont il y a lieu de se préoccuper. En fait, tout dispositif de vapotage est muni d'une cartouche de liquide à vapoter et d'un élément chauffant qui est alimenté par une pile. Voilà la composition d'un dispositif de vapotage.
Le vapotage suscite énormément de préoccupations et cause des dommages. De plus en plus de données montrent que les substances chimiques dans les produits de vapotage peuvent être dangereuses. Nombre de défenseurs de la santé recommandent la prudence et réclament des études additionnelles sur les risques potentiels en comparaison avec les avantages. La plupart des cigarettes électroniques contiennent de la nicotine, soit la même drogue qu'on trouve dans les cigarettes.
Un rapport de la NBC fait état des préjudices physiques liés à la nicotine et à l'aérosol pour cigarette électronique. Une étude récente menée par la faculté de médecine de l'Université de la Caroline du Nord souligne ce problème particulier. Par surcroît, l'ajout d'arômes peut attirer de très jeunes consommateurs.
Je suis reconnaissant d'avoir pu exprimer mon point de vue et mes préoccupations.
:
Madame la Présidente, permettez-moi d'abord de remercier grandement la députée de , ministre de la Santé de notre cabinet fantôme, de son excellent travail dans ce domaine, particulièrement en ce qui a trait au projet de loi , mais également à de nombreux autres enjeux qui touchent les dossiers dont je m'occupe et qui touchent l'agriculture, notamment le Guide alimentaire canadien.
Nous sommes ici aujourd'hui pour parler du projet de loi , qui vise à réglementer l'industrie du vapotage, industrie actuellement en pleine croissance. De plus en plus, on voit des boutiques apparaître dans chacune de nos municipalités et des gens en sortir dans un immense nuage de vapeur. En effet, le vapotage, très différent de la cigarette, est visible de loin. On peut même le voir quand les gens circulent en automobile: quand ils vapotent dans leurs véhicules, on voit un immense nuage de vapeur en sortir. Cette industrie est donc en pleine croissance, et nous allons la voir croître encore davantage au cours des prochaines années. Malheureusement, cette industrie n'est pas encore réglementée.
Ce projet de loi prévoit également des emballages neutres dans l'industrie du tabac. J'aurai l'occasion d'y revenir un peu plus tard dans mon intervention.
Le projet de loi aborde un dossier très sérieux et très chaud puisque les décisions que nous prendrons ici, à la Chambre, auront un impact non seulement sur nous, maintenant, mais également sur toutes les générations à venir.
Remontons dans le passé. S'ils avaient connu tous les dommages pour la santé causés par le tabac, les législateurs de l'époque auraient-ils pris les mêmes décisions? Auraient-ils voulu se servir du tabac pour financer l'État? Auraient-ils permis l'usage du tabac d'une manière aussi générale dans notre société?
Il faut comprendre que les connaissances scientifiques de l'époque n'étaient pas celles d'aujourd'hui. Les législateurs ont pris des décisions en fonction de ce qu'ils avaient entre les mains. L'industrie du tabac est aujourd'hui sur une pente descendante, mais pendant des années, sa croissance a été exponentielle. Le tabac a fait le plaisir de plusieurs entreprises privées, ainsi que de tous les ordres de gouvernement, qui ont profité des taxes sur le tabac.
Aujourd'hui, la responsabilité de réglementer les cigarettes électroniques nous revient. Avons-nous entre les mains toutes les informations nécessaires pour prendre une bonne décision, non seulement à court terme mais à long terme également?
Revenons sur la situation et l'usage du tabac, sur la nicotine et sur les coûts du tabagisme au Canada.
La Direction de la lutte contre le tabagisme de Santé Canada a émis récemment un rapport, repris et commenté par le Conference Board du Canada, en 2017, résumant les coûts du tabagisme au pays. Les chiffres dataient de 2012. Nous savons que le tabac est l'une des principales causes de morbidité et de mortalité évitable dans le monde. Selon l'OMS, l'Organisation mondiale de la Santé, le tabac tue chaque année plus de 5 millions de personnes.
Le rapport « Les coûts du tabagisme au Canada, 2012 » a fait le point sur la mortalité et les coûts au Canada, dans les provinces et dans les territoires, en se fondant sur des données de 2012. On estimait alors à 45 464 le nombres de décès attribuables à la cigarette au Canada. La moitié de ces décès sont survenus parmi les personnes âgées de 75 ans et plus, et plus des trois quarts parmi celles de 65 ans et plus. On a dénombré 26 610 décès chez les hommes et 18 000 chez les femmes, soit près de 60 % des décès attribuables à la cigarette chez les hommes.
Cette cause de mortalité représente 18,4 % de tous les décès au Canada chaque année, soit près d'un décès sur 5 en 2012. Pour résumer, 125 personnes décèdent chaque jour au Canada à cause de la cigarette. C'est plus que la somme des décès causés par des collisions sur la route, des blessures accidentelles, des lésions auto-infligées et des voies de fait.
En 2012, la mortalité attribuable à la cigarette s'est traduite par près de 600 000 années potentielles de vie perdues à cause, essentiellement, de tumeurs, de maladies cardiovasculaires et de maladies respiratoires. Autrement dit, même si on ne meurt pas, on peut être affecté. Il y a des coûts pour la société parce qu'on doit soigner les personnes atteintes de maladies liées au tabac.
Les coûts pour la société représentent 16,2 milliards de dollars annuellement, les coûts indirects représentant plus de la moitié des coûts totaux et les coûts directs, le reste. Les coûts des soins de santé constituent évidemment la principale composante des coûts directs associés à la cigarette.
Je pourrais continuer de parler des coûts longtemps. Je pense que tout le monde convient que lorsqu'on a pris la décision de permettre l'usage général du tabac, on ne se doutait pas que notre société aurait à faire face à des coûts comme ceux-là. Il y a des coûts humains trop importants et des coûts financiers qui se reflètent sur l'ensemble de notre société, des coûts pour les fumeurs et les non-fumeurs, bref, pour chacun et chacune d'entre nous.
Chacun a son histoire avec le tabac. On a tous une histoire personnelle: on est un fumeur ou un ex-fumeur; on n'a jamais fumé; on déteste les fumeurs; quelqu'un dans l'entourage fume, donc on a fumé la fumée d'un autre; personne de l'entourage ne fume et on est complètement intolérant à la cigarette. Bref, chacun a son histoire personnelle.
Je vais parler de la mienne. J'ai commencé à fumer à 15 ans. Pourquoi? Ce n'est pas parce que cela m'intéressait, mais plutôt pour être cool. Dans mon groupe, il y avait des gens qui fumaient. Il y avait aussi de gentilles demoiselles de mon entourage qui fumaient. Pour faire partie de ce groupe-là, il fallait que je commence à fumer. Je l'ai fait. En une seule soirée, j'ai fumé un demi paquet de cigarettes. J'ai été malade. Malgré tout cela, l'attrait des jeunes filles qui fumaient autour de moi était plus important. Donc, j'ai continué à fumer. J'ai fumé pendant quelques années. À la toute fin, je fumais deux paquets de cigarettes par jour et je n'avais pas encore 23 ans. C'est incroyable. C'est mon histoire personnelle, mais de combien de jeunes Canadiens et Canadiennes est-ce aussi l'histoire? C'est notre histoire.
Le tabac produit une dépendance. Selon les circonstances, certaines personnes sont plus dépendantes que d'autres. Je dois admettre que je devais probablement faire partie de cette catégorie de gens-là. Quand on est rendu à fumer une cigarette sous la douche parce qu'on s'est levé tard, on a vraiment un problème. C'est le genre de problème que j'avais. Tout cela ne m'a jamais empêché de fumer.
Quel a été le déclencheur et pourquoi ai-je arrêté de fumer? Un jour, mon père, qui était dans la quarantaine, est allé à l'hôpital pour un mal de gorge. Malheureusement, il avait un cancer de la gorge. Pendant plusieurs mois, j'ai été aux côtés de mon père qui a dû vivre avec les conséquences du tabac pendant huit mois. Cela s'est très mal terminé. Au bout de ces huit mois, mon père est décédé.
Quand ai-je décidé d'arrêter de fumer? Le jour où mon père a subi sa première opération pour un cancer de la gorge. Ce jour-là, j'ai fait un pacte avec moi-même: je ne fumerai plus jamais de cigarette pour accompagner mon père dans sa lutte contre cette maladie. Le cancer est la maladie qui touche la majorité des fumeurs. Je n'ai jamais fumé de cigarette depuis cette date, et ce, même si mon père est décédé. Pour lui, j'ai décidé de continuer à m'abstenir de fumer.
C'est mon histoire. Je suis persuadé que plusieurs Canadiens ont des histoires concernant le cancer à raconter, des histoires où des proches ont subi les dommages liés à la cigarette.
L'an dernier, un deuxième décès est survenu dans mon entourage. Le 24 décembre, mon beau-père est décédé d'un cancer du poumon. Encore une fois, c'était un fumeur invétéré, tout comme mon père. C'est triste et, en même temps, c'est ironique. Dans leur derniers moments, es fumeurs demandent l'autorisation d'aller fumer une dernière cigarette à l'extérieur, alors qu'on sait bien que c'est ce qui les a menés là. Ils le savent eux-mêmes, mais dans les derniers milles, ils demandent: « s'il vous plaît, laissez-moi sortir pour aller fumer une cigarette. »
C'est là où le tabac nous amène. C'est là où la nicotine nous amène. Est-ce qu'il y a quelque chose de bon là-dedans? Pas vraiment.
D'aucuns diront que fumer les détend et leur permet d'être meilleurs en société, mais si cette béquille n'avait pas été mise en place, si elle n'existait pas, ce serait peut-être autre chose. Ce serait peut-être mieux ou peut-être pire, je ne le sais pas. Tout ce que je sais, c'est que le tabac est venu chercher mon père et mon beau-père, comme il vient chercher 125 Canadiens par jour. Nous devons garder cela en mémoire. Nous devrons y penser quand viendra le temps de prendre une décision sur le vapotage.
Aujourd'hui, en tant que parlementaires, nous avons l'occasion de nous prononcer sur la réglementation du vapotage. Je sais que la réglementation qu'on nous présente, le projet de loi , ne vise pas à interdire ou non le vapotage. Il vise à le réglementer. Allons-nous assez loin ou non? Avons-nous assez d'information? C'est ce dont je vais essayer de discuter au cours des prochaines minutes.
Compte tenu de ce que je viens de dire, on comprendra que je suis un militant foncièrement antitabac. Je suis un militant tranquille. Je n'attaquerai pas mes amis ou mes collègues qui fument une cigarette ou qui vapotent de temps en temps. Au contraire, je n'ai rien contre eux. C'est la société qui leur a permis d'avoir accès au tabac. C'est le tabac qui fait en sorte qu'ils sont incapables d'arrêter de fumer. C'est la nicotine dans ces cigarettes qui fait en sorte que, aujourd'hui, mes collègues et mes amis qui fument ne peuvent pas arrêter. Je n'ai rien contre les fumeurs, mais j'en ai contre tous ceux et celles qui en tirent profit, particulièrement les compagnies, et aussi, je dois l'avouer, les différents gouvernements qui profitent, année après année, des taxes sur le tabac. Ces taxes nous aident effectivement à faire fonctionner notre société, mais à quel coût? Quel en est le coût humain aujourd'hui? C'est la question que nous devons nous poser.
Cela m'amène au vapotage. J'aime la description du vapotage que nous offre l’Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill. Je trouve important que nous en parlions. J'ai un jeune, je sais donc ce qu'est le vapotage, mais quand j'en parle autour de moi, je constate que plusieurs personnes sont encore intriguées par ces « machines-cigarettes » électroniques. La question sur le site de l’Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill est celle-ci: « Quelle est la différence entre “vapoter” une cigarette électronique et fumer une cigarette classique? » Voici ce qu'on y répond:
R: Il n’est pas nécessaire de chercher bien loin pour voir que l’usage des cigarettes électroniques — une pratique désignée par le terme « vapotage » — est en hausse. Plusieurs personnes voient la cigarette électronique comme une solution de rechange sécuritaire au tabagisme. Alors, comment les deux pratiques diffèrent-elles? Et en quoi sont-elles semblables?
Contrairement aux cigarettes classiques, les cigarettes électroniques ne contiennent pas de tabac. Il s’agit de dispositifs alimentés par une pile qui renferment un élément chauffant et une cartouche remplie de liquide. [En passant, ce liquide coule et est très collant. C'est mon commentaire en tant que porte-parole.] En prenant une bouffée, le dispositif chauffe le liquide, ce qui produit une vapeur. Par rapport aux cigarettes classiques, cela se compare à la bouffée qui brûle le tabac et produit de la fumée — le grand danger pour le fumeur et les gens alentour — sans mentionner le goudron et le monoxyde de carbone que le fumeur inhale.
La cigarette électronique peut sembler moins nocive en comparaison, mais quand on regarde de plus près ce que contient le liquide, ça soulève d’autres inquiétudes. Tout comme les cigarettes classiques, plusieurs liquides destinés aux cigarettes électroniques contiennent de la nicotine, et ce, même si la nicotine pour les cigarettes électroniques n’est pas autorisée officiellement au Canada. Les liquides contiennent souvent d’autres ingrédients, comme du propylène glycol, un populaire additif alimentaire. De plus, ils sont offerts dans des centaines de saveurs, comme la fraise, la bière de racinette et le thé chai, ce qui rend ces cigarettes très attrayantes pour les enfants et les adolescents.
La fabrication et la vente de liquides pour les cigarettes électroniques ne font pas encore l’objet d’une surveillance attentive au Canada, ce qui veut dire que les proportions et les ingrédients indiqués sur l’étiquette pourraient ne pas toujours être exacts. Qui plus est, l’industrie des cigarettes électroniques est encore si récente qu’il n’y a pas de données sur les effets de l’inhalation de ces liquides à long terme.
Je terminerai par cet autre extrait:
Les autorités de santé publique parlent maintenant du danger de rendre le tabagisme de nouveau acceptable, ce qui pourrait anéantir des décennies de travail accompli par les campagnes antitabac. Les cigarettes électroniques ne devraient jamais être vues comme une meilleure façon de commencer à fumer. Les spécialistes de la pédiatrie s’entendent tous pour dire que les enfants, les adolescents et les adultes ne devraient jamais prendre l’habitude de fumer, peu importe qu’il s’agisse de cigarettes électroniques ou de cigarettes classiques.
Je pense que nous sommes tous d'accord là-dessus.
Est-ce que la cigarette électronique est une solution? Quelle place devons-nous laisser à la cigarette électronique? Les études commencent juste à faire la lumière là-dessus. Selon la dernière étude en date, et plusieurs médias en ont fait mention, le vapotage accroîtrait le risque de cancer et de maladies cardiaques. Fumer la cigarette électronique pourrait accroître le risque de certains cancers ainsi que de maladies cardiaques selon les résultats préliminaires d'une étude effectuée sur des souris et sur des cellules humaines en laboratoire. Cette étude a été menée par des chercheurs de la faculté de médecine de l'Université de New York et a été publiée cette semaine dans les comptes rendus de l'académie nationale des sciences des États-Unis. En voici un extrait:
Bien que les cigarettes électroniques contiennent moins de substances carcinogènes que les cigarettes conventionnelles, le vapotage pourrait présenter un risque plus grand de contracter un cancer pulmonaire ou de la vessie ainsi que de développer des maladies cardiaques.
C'est ce qu'écrivent les chercheurs. On ne dit pas, cependant, si c'est plus ou moins dommageable pour la santé que les cigarettes classiques. L'étude ne se prononce pas. Est-ce qu'il y a des avantages par rapport au tabac? Est-ce que c'est plus ou moins dommageable? Les auteurs de l'étude n'ont même pas voulu se prononcer là-dessus. Ils estiment qu'ils n'ont pas entre les mains suffisamment d'information. Une chose est sûre, c'est que l'ampleur du vapotage augmente. De plus en plus de gens vapotent et de plus en plus de gens ont recours à cette béquille. Nous manquons d'information pour être en mesure d'établir clairement l'innocuité du vapotage.
Cette étude a été reprise par plusieurs médias depuis une semaine. La cigarette électronique ne peut pas être tout simplement jugée comme bénéfique ou nocive, comme le disait le doyen de l'Université de Washington à Seattle et président du comité de rédaction du rapport commandé par le Congrès américain en 2016, M. Eaton. Il ajoute que dans certaines circonstances, les effets néfastes des cigarettes électroniques sur la santé des adolescents et des jeunes adultes ne fumant pas de tabac justifient sans aucun doute des inquiétudes. Dans le cas de fumeurs utilisant la cigarette électronique pour arrêter de fumer, le vapotage offre un moyen de réduire le tabagisme qui nuit à la santé.
Encore une fois, les avis diffèrent. Pour avoir l'heure juste, je suis moi-même allé voir les résultats d'étude. N'étant pas un scientifique, je vais me contenter de lire la vulgarisation scientifique qu'en ont fait les médias. Je tiens à remercier les médias d'avoir vulgarisé d'une manière aussi concise les résultats de cette dernière étude.
Le gouvernement du Québec a déjà statué sur cette question et a adopté des mesures législatives très strictes en matière de cigarette électronique. La loi sur le tabac du Québec a déjà soumis les cigarettes électroniques et tout autre dispositif de cette nature aux mêmes règlements que les produits du tabac. L'étalage et la vente de cigarettes électroniques sont restreints aux points de vente spécialisés. Pour protéger les jeunes, les ventes sur Internet, par téléphone et par d'autres moyens semblables sont interdits, de même que les publicités en ligne et les affiches placées dans des vitrines. Au Québec, on a su encadrer cette industrie pour éviter d'en faire une promotion trop grande chez les jeunes.
Il est important que le gouvernement fédéral prenne également cette direction, mais on devrait pousser les études encore plus loin afin d'en savoir plus. C'est pour cette raison que je suis très heureux que ce projet de loi aille en comité. En fait, je souhaite qu'il aille en comité pour permettre à ma collègue et à tous les membres du Comité permanent de la santé d'aller plus loin. J'espère que le Comité aura l'occasion de demander à l'un des auteurs de cette dernière étude de comparaître devant lui pour qu'on en sache un peu plus sur les dangers du vapotage.
J'aurais voulu également parler de l'emballage neutre des paquets de cigarettes. En France, il n'y a pas eu vraiment de baisse de la vente de cigarettes même si on a adopté cette réglementation. Les ventes de cigarettes n'ont reculé que de 0,7 %. Pendant ce temps, en ce qui concerne la grande marque emblématique américaine vendue en France, Marlboro, les ventes de cigarettes ont augmenté de 3 %. Les gens ont quand même pu reconnaître les cigarettes et les marques. Ils ont quand même laissé tomber les cigarettes moins chères. Cigarette pour cigarette, c'est aussi dommageable.
J'espère que le Comité permanent de la santé va analyser vraiment à fond le projet de loi en ayant en tête la protection des Canadiens, des Canadiennes et de nos jeunes et non la protection d'une industrie ou d'un commerce qui, à mon avis, ne devrait plus exister.
:
Madame la Présidente, je partagerai le temps dont je dispose avec la députée de .
[Traduction]
Je souhaite intervenir dans le débat sur le projet de loi .
Il y a un vieux dicton de John Wanamaker au sujet de la publicité, mais on peut aussi l'appliquer à la politique en disant que, en politique, la moitié de l'argent est dépensée inutilement, mais on ne sait jamais laquelle. Or, même si la moitié de nos efforts dans cette enceinte sont infructueux, nous ne pouvons certainement pas en dire autant de nos efforts de lutte contre le tabagisme. La réduction du tabagisme au pays est une grande réussite. Cela démontre que des mesures législatives bien conçues peuvent améliorer la santé des Canadiens. On peut compter cela parmi la moitié de nos efforts qui comptent vraiment.
Il vaut vraiment la peine de réfléchir à tout le chemin que nous avons parcouru. Je me souviens de l'époque où les gens fumaient partout. Nous avons fait des pas de géant. Dans les années 1960, un Canadien sur deux fumait. J'ai bien dit une personne sur deux. Aujourd'hui, seulement 13 % des Canadiens sont des fumeurs. Nous avons fait des progrès exceptionnels, mais les progrès ne sont pas les mêmes dans tous les pays. Le tabagisme demeure très présent dans certains pays.
Je me rappelle un article sur l'histoire de la consommation de tabac dans le monde. L'auteur se trouvait à bord d'un train dans un autre pays lorsque son ami s'est fait offrir une cigarette par un habitant de la place. Son ami a refusé au grand étonnement de l'habitant, qui ne pouvait tout simplement pas comprendre qu'on puisse refuser une cigarette. Autrefois, fumer la cigarette était aussi profondément ancré dans la culture au Canada. Il n'y a pas si longtemps de cela, les cendriers que l'on trouve sur les pupitres dans cette enceinte étaient utilisés. L'interdiction de fumer a commencé dans le secteur public, puis s'est étendue au secteur privé. Lorsque nous arrivons au restaurant, nous n'avons plus besoin d'indiquer notre préférence pour la section des fumeurs ou des non-fumeurs. Notre pays a fait beaucoup de progrès dans la lutte pour décourager les gens d'adopter cette habitude mortelle.
Le projet de loi , dont nous débattons aujourd'hui, s'inspire de la même fière tradition canadienne qui a donné lieu à la lutte contre le tabagisme. Toutefois, nous devons nous demander s'il incarne efficacement cette tradition. Le projet de loi traite de problèmes très importants. En me rendant au travail le matin, je vois moins de gens qu'avant en train de fumer la cigarette. Il y en a beaucoup moins qu'il y a 20 ans, mais je vois plus de gens en train de tirer des bouffées d'un petit appareil de métal. La première fois que j'ai vu ces appareils, je ne savais pas ce que c'était. On dit que ce sont des vapoteuses. Elles n'ont pas la même allure prétendument sympathique que les cigarettes avaient. On peine à imaginer Clint Eastwood projetant une image de dur à cuire dans un vieux western s'il avait fallu qu'il aspire de la fumée d'un tube connecté à un bloc-piles. Quoi qu'il en soit, c'est bien ainsi.
Nous avons la certitude qu'inhaler des produits cancérigènes n'a jamais transformé personne en dur à cuire et que ce n'est surtout pas sympathique. L'homme Marlboro a succombé il y a longtemps à un cancer des poumons. Le vapotage aide-t-il vraiment les gens à délaisser le tabac comme ses promoteurs le prétendent? Selon une étude réalisée par les autorités de la santé publique du Royaume-Uni, le vapotage est 95 % moins nocif que le tabagisme. C'est un bon début, que l'on peut qualifier de réduction des méfaits. Contrairement à la fumée de cigarette, la vapeur ne contient ni monoxyde de carbone ni composés organiques volatils, mais elle contient quand même de la nicotine, soit le produit qui cause la dépendance parmi les fumeurs, bien entendu.
Des études ont révélé que les personnes utilisant des cigarettes électroniques contenant de la nicotine sont plus susceptibles de cesser de fumer que celles ayant reçu un placebo. Les personnes consomment tout de même de la nicotine, mais par l'intermédiaire d'un dispositif beaucoup moins néfaste. Il est bien sûr préférable de ne pas consommer de nicotine du tout, mais cette drogue est puissante. Pour ceux qui sont incapables de s'abstenir de consommer de la nicotine, le vapotage semble représenter une solution beaucoup moins néfaste.
Si le vapotage représente une excellente solution pour aider les fumeurs à renoncer au tabagisme, il nous faut alors faire preuve d'une grande prudence au moment de le réglementer. Avant d'en dire davantage à cet égard, je tiens à préciser que je suis tout à fait d'accord que le marché des produits de vapotage doit être réglementé. La nicotine est une drogue visée par la Loi sur les aliments et drogues, mais, à l'heure actuelle, aucun produit de vapotage n'est autorisé au Canada. Tous les produits de vapotage contenant de la nicotine sont vendus illégalement. Je crois que bien des gens seraient étonnés de l'apprendre. Je vois des gens vapoter sur la rue Sparks. Je suis convaincu que la plupart d'entre eux ne sont pas au courant qu'il s'agit d'un produit illégal.
Le marché des produits de vapotage est une véritable jungle à l'heure actuelle, et il faut remédier à la situation. Les dispositions du projet de loi qui sont d'une importance capitale sont celles qui interdisent la vente de produits de vapotage aux moins de 18 ans. Le directeur du Service de santé publique des États-Unis a publié un rapport en 2016 selon lequel 25 % des élèves de la 6e à la 12e année ont essayé des cigarettes électroniques. Au Canada, un jeune sur quatre âgé de 15 à 19 ans a essayé des cigarettes électroniques. Les mineurs ont maintenant accès à ces produits. Cela doit cesser.
Nous savons qu'il est plus efficace de sensibiliser les enfants aux dangers du tabagisme avant qu'ils arrivent en 6e année. On l'oublie trop souvent malheureusement. Nous ne les mettons en garde contre le tabagisme que lorsqu'ils ont atteint l'adolescence, alors qu'il est bien souvent trop tard. Compte tenu de la popularité croissante des cigarettes électroniques, nous devons mettre les enfants au courant de ce danger également. Même si les cigarettes électroniques constituent une solution beaucoup moins néfaste pour les adultes qui fument déjà, nous ne voulons pas qu'elles créent une dépendance chez d'autres personnes. La nicotine crée une forte dépendance.
Il faudrait associer étroitement l'éducation et la réglementation. Cependant, pour en revenir au point que j'ai soulevé un peu plus tôt, je dirais que nous devons protéger la santé des Canadiens adultes sans les priver d'une méthode légitime pour arrêter de fumer des cigarettes.
Je soutiens ce projet de loi; néanmoins, j'espère que le comité examinera attentivement certains de ses aspects. Même si certaines restrictions en matière de valorisation de la marque et de commercialisation par exemple sont importantes, je ne suis pas certain qu'il soit sage d'interdire les saveurs. Beaucoup d'adultes aiment différentes sortes de saveurs et y avoir accès les encouragerait peut-être à arrêter de fumer des cigarettes. Moi, par exemple, j'ai un pot de jujubes dans mon bureau. Je suis sûr que bon nombre de mes collègues députés ont un penchant pour le sucré. Je suis un peu sceptique quant à l'idée selon laquelle les saveurs sucrées ne plaisent qu'aux enfants. Peut-être qu'il serait judicieux d'interdire complètement les saveurs. Je pense juste que c'est quelque chose que le comité devrait étudier en profondeur.
L'autre élément de cette mesure législative qui, je l'espère, fera l'objet d'un examen attentif en comité est la banalisation des paquets de cigarettes. J'appuie les mesures qui contribueront à faire baisser le nombre de fumeurs, mais il ne faudrait pas que cela s'accompagne d'un regain d'activité du crime organisé. Il est important de se rappeler que le tabagisme est déjà à son niveau le plus bas au Canada. Cinq décennies de lutte contre la consommation du tabac se sont avérées fructueuses.
Il faut prendre soin de ne pas appuyer involontairement l’industrie du tabac de contrebande en prenant d’autres mesures draconiennes, surtout si les mesures en vigueur fonctionnent. Les cigarettes sans marque, même sur le filtre, ressembleront-elles aux cigarettes de contrebande? Si oui, cela met en jeu la protection du consommateur. En effet, les cigarettes de contrebande contiennent souvent des ingrédients qui ne sont pas autorisés sur le marché réglementé canadien.
Autant que je sache, l’expérience australienne d’emballage neutre n’a pas été concluante. On a constaté une baisse de la consommation chez les adultes, mais une hausse chez les mineurs. Les dépenses à ce chapitre sont restées les mêmes. Il faut donc mener une analyse de rentabilité minutieuse.
Il incombe aux députés d’en face de prouver que l’emballage neutre ne favorise pas la vente du tabac de contrebande. Je noterais par ailleurs que si j’appuie le renvoi du projet de loi en comité, je m’étonne de voir le gouvernement appuyer des mesures visant à moderniser les dispositions législatives sur le tabac et en même temps légaliser la marijuana.
Cela envoie un message contradictoire au public. Si l’emballage neutre est nécessaire pour faire baisser la consommation du tabac, pourquoi n’a-t-on pas adopté une telle mesure pour la marijuana? Les libéraux se dépêchent de faire adopter le projet de loi en dépit des objections de la police et des municipalités du pays tout entier. Comme bien d’autres aspects de ce projet de loi, ces enjeux n’ont pas été débattus.
Cela dit, je suis favorable à ce que le projet de loi soit renvoyé en comité dans sa forme actuelle. Le travail du comité pourrait être très utile. Il devra étudier certaines des questions que j’ai soulevées pour s’assurer que le projet de loi n’a pas de conséquences inattendues. S’il le fait, le projet de loi pourrait vraiment favoriser la santé des Canadiens.
:
Madame la Présidente, aujourd'hui, on parle du vapotage. C'est intéressant, car on associe souvent le vapotage à la mauvaise habitude du tabagisme. Certains historiques disent que cela a pris plus de 50 ans pour faire comprendre aux gens que la cigarette est nocive pour la santé.
Cela dit, pour avoir travaillé à Santé Canada de 2011 à 2013, je fais une distinction entre le vapotage et la cigarette, c'est-à-dire qu'il y a le vapotage avec de la nicotine et le vapotage avec arômes de fruits ou autres, ce que j'appelle des placebos.
Il est reconnu que le vapotage aide à diminuer la consommation de la cigarette. En effet, en 2016, 24 études, y compris trois essais cliniques à caractère aléatoire, ont fait l'objet d'un examen. Deux des essais cliniques, auxquels 662 personnes avaient participé, ont démontré que les utilisateurs de cigarette électronique avec nicotine étaient plus susceptibles de cesser de fumer pendant au moins six mois, comparativement aux membres du groupe témoin, qui avaient utilisé un placebo sans nicotine. Il faut donc distinguer les deux.
J'appuie tout à fait le projet de loi , puisqu'il faut démontrer aux gens qu'une mauvaise habitude n'est jamais bonne. On remplace la cigarette par le vapotage parce que cela devient une habitude. Je n'ai jamais fumé, Dieu m'en garde, mais j'ai vu ma mère fumer pendant de longues années, et le fait d'avoir quelque chose entre les mains, comme le crayon que je tiens présentement, était devenu pour elle une habitude. Cependant, puisque ma mère souffre de la maladie d'Alzheimer, elle n'a plus le souvenir de la cigarette. Elle a donc arrêté de fumer. Je crois qu'il faut aussi parler de cela.
La plupart des gens fument lorsqu'ils sont stressés. Il y a des fumeurs chroniques et il y a des fumeurs qui ne fument que lors d'activités sociales, avec un verre de vin ou une bière. Toutefois, cela demeure une mauvaise habitude.
Le projet de loi vise à interdire le vapotage dans les endroits publics, soit là où la cigarette est déjà interdite. Cependant, je veux qu'on fasse une distinction entre le vapotage avec nicotine, qui est aussi nocif que le tabagisme, puisqu'il remplace la cigarette et peut devenir une habitude néfaste pour les poumons et les bronches, et le vapotage avec arômes de fruits, qui est une autre chose.
Le projet de loi interdit la vente de produits de vapotage aux personnes âgées de moins de 18 ans. Si les enfants ont accès au vapotage, il faut les éduquer afin qu'ils comprennent que le vapotage peut entraîner de mauvaises habitudes. Toutes les habitudes ne sont pas nocives, mais la cigarette et le vapotage avec nicotine peuvent l'être tout autant.
Cela me fait rire lorsque nos collègues de l'autre côté nous demandent si le vapotage peut amener les jeunes à fumer la cigarette. On ne veut pas créer une habitude chez les jeunes pour en créer d'autres ailleurs. Le vapotage peut amener les jeunes à fumer la cigarette, tout comme il peut les amener à fumer la marijuana. Toutefois, on passe cela sous silence.
Aujourd'hui, nous débattons de la cigarette comme d'un objet de damnation, alors qu'on parle rarement de la marijuana. Or, selon moi, celle-ci est pire que la cigarette, parce qu'elle affecte directement le cerveau de nos enfants. Cela relève toutefois d'un autre débat.
Il faut dire aussi que certains croient que la cigarette électronique est moins nocive et qu'elle réduit l'exposition au tabac en feuille. Si la cigarette électronique contient de la nicotine liquide, elle devient tout aussi dangereuse que la cigarette. Il faut faire des nuances, parce que c'est la nicotine qui est problématique. Le vapotage n'est pas un problème quand il n'y a aucune nicotine, quand le liquide est d'une variété sans nicotine. C'est vraiment très différent.
Il faut se rappeler que la nicotine est une drogue et qu'elle est assujettie aux exigences de la Loi sur les aliments et drogues. Sa commercialisation doit être autorisée par Santé Canada sur la base des critères de sécurité, d'efficacité et de qualité.
Je me rappelle que le débat sur le vapotage en était à ses débuts, quand je travaillais à Santé Canada. À l'époque, c'était encore illégal de vendre des cigarettes électroniques dans les épiceries ou ailleurs. Nous nous demandions comment il était possible de trouver ces produits dans les épiceries et de fermer les yeux, si c'était illégal et si c'était si nocif pour la santé. C'est inacceptable.
Aujourd'hui, un projet de loi existe. Moi je suis tout à fait d'accord sur ce projet de loi, mais il doit avoir un peu plus de mordant. Il doit y avoir un peu plus de viande autour de l'os, parce que si nous voulons aboutir à un bon projet de loi, il doit être envoyé en comité pour y être étudié en profondeur.
Tantôt, j'écoutais des gens. C'est vrai que les scientifiques ne s'entendent pas: l'un dit blanc, l'autre dit rouge et l'autre dit bleu. Ils devraient se concerter pour que nous, les législateurs, ayons une meilleure idée de ce que le projet de loi veut faire.
Je vais sûrement appuyer ce projet de loi, parce que je trouve qu'il faut mettre des balises. C'est le vapotage avec nicotine qui m'intéresse le plus, personnellement, parce que c'est celui qui se rapproche le plus de la cigarette. Toutefois, il faut aussi se dire qu'on vend cela à des adultes consentants. Il est prouvé que le vapotage réduit de façon exponentielle le goût de fumer. J'ai travaillé avec une amie qui a fumé pendant 40 ans. Elle était mon assistante-gérante. Elle fumait trois paquets de cigarette par jour. Pour moi qui n'ai jamais fumé, c'est beaucoup de cigarettes. Elle s'est mise à vapoter et, en deux mois, elle a complètement arrêté de fumer. Cela a donc un effet bénéfique sur certains.
Maintenant, il faut s'assurer que la loi couvre tous les aspects du vapotage. D'après moi, il faut faire vraiment une différence entre le vapotage avec nicotine liquide qui ressemble davantage à la cigarette et l'autre vapotage, avec des liquides aromatisés qui ne contiennent aucune nicotine et peuvent aider les gens à arrêter de fumer en vapotant du raisin ou autre chose. Il faut être conscient de cela. J'espère que cela va être étudié en comité. Il faut considérer tous les aspect de ce projet de loi, parce que c'est un bon projet de loi. C'est un début.
Il a fallu 55 ans pour faire comprendre aux gens que la cigarette était mauvaise pour la santé. J'espère que cela ne prendra pas 55 ans pour dire aux gens que le vapotage et la marijuana sont nocifs pour la santé.
:
Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , la Loi sur le tabac et les produits de vapotage.
Les néo-démocrates du Canada réclament depuis longtemps les mesures contenues dans le projet de loi. Nous collaborerons avec le gouvernement pour faciliter sa mise en oeuvre à toutes les étapes afin de garantir qu'il soit adopté et amélioré le plus tôt possible. La mesure législative sauvera des vies.
En effet, notre parti mène la lutte au Parlement pour l'adoption d'une loi rigoureuse sur le tabac depuis des dizaines d'années. Comme nous le savons tous, les produits du tabac contiennent des cancérogènes mortels et de nombreuses autres substances nocives pour la santé humaine. Nous savons également que les produits du tabac créent une forte dépendance. C'est une combinaison redoutable: une substance terrible qui crée une dépendance chez ses utilisateurs et qui cause leur mort.
Dans les années 1960, alors que le gouvernement fédéral refusait toujours d'adopter une politique efficace de contrôle du tabac, des députés de l'opposition ont présenté plus de 20 projets de loi d'initiative parlementaire qui visaient à encadrer l'emballage, l'étiquetage et la promotion du tabac. Le député néo-démocrate Barry Mather a présenté plus de la moitié de ces projets de loi.
Il y a plus de 30 ans, à l'automne 1986, la députée néo-démocrate Lynn McDonald a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi C-204 intitulé « Loi sur la santé des non-fumeurs », qui visait à interdire la publicité sur le tabac et l'usage du tabac dans les milieux de travail relevant du gouvernement fédéral. Plutôt que de mourir au Feuilleton comme la plupart des projets de loi d'initiative parlementaire, celui-ci est devenu loi en 1988, en version modifiée.
En 2008, l'ancienne porte-parole du NPD en matière de santé Judy Wasylycia-Leis a lancé une campagne efficace pour interdire les produits du tabac aromatisés. Bien entendu, ceux-ci n'étaient qu'une autre tentative insidieuse de la part de l'industrie du tabac pour contourner la réglementation et continuer à rendre les Canadiens dépendants de leurs produits.
Le projet de loi à l'étude aujourd'hui fait suite au rapport du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, publié en 2015 et intitulé « Vapotage : vers l'établissement d'un cadre réglementaire sur les cigarettes électroniques ».
Essentiellement, le projet de loi dont nous sommes saisis vise à protéger les Canadiens, en particulier les jeunes, de la dépendance à la nicotine et de la commercialisation du tabac, en accordant au gouverneur en conseil le pouvoir de prendre des règlements sur la mise en oeuvre des emballages neutres et normalisés, et en créant un nouveau cadre législatif réglementant les produits de vapotage au pays.
Depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement libéral, les néo-démocrates du Canada réclament qu'il accélère l'application des exigences relatives au conditionnement neutre de tous les produits du tabac. Il a été prouvé que les emballages neutres constituent un moyen efficace pour réduire l'usage du tabac et l'exposition à la fumée secondaire, et décourager les jeunes de commencer à fumer. Avec chaque mois de retard, un nombre croissant de Canadiens, et en particulier des jeunes, commencent à fumer et deviennent dépendants. Résultat: un nombre accru de Canadiens mourront de maladies liées au tabac. Il faut intervenir dès maintenant pour protéger la santé des Canadiens.
D'après l'Enquête canadienne sur le tabac, l'alcool et les drogues, en 2015, 115 000 nouveaux Canadiens sont devenus des fumeurs quotidiens et 82 % de tous les fumeurs quotidiens ont commencé avant l'âge de 18 ans. Ainsi, la plupart des 115 000 individus qui deviennent fumeurs chaque année ont moins de 18 ans. Éventuellement, un tiers d'entre eux auront des problèmes de santé et mourront des conséquences néfastes de l'usage du tabac.
En 2015, le gouvernement libéral a remis des lettres de mandat à tous les ministres. L'un des objectifs énoncés dans ces lettres était de présenter ce projet de loi. Nous voilà ici aujourd'hui, près de trois ans plus tard, en 2018, et le projet de loi n'a toujours pas été adopté.
Qu'ont fait la ministre de la Santé et le gouvernement quand on leur a confié ce mandat? Ils ont décidé de tenir des consultations. À quel propos? Ne savaient-ils pas que les produits du tabac sont addictifs? Ne savaient-ils pas que les emballages neutres fonctionnent? J'y reviendrai dans quelques instants, car il faut absolument répondre à ces trois questions.
Nous connaissions déjà les réponses à ces questions en 2015. Ainsi, il est impardonnable que le gouvernement ait hésité et tergiversé pendant des années avant de présenter ce projet de loi. Il est bien connu que de jeunes Canadiens se mettent chaque jour à fumer et à devenir dépendants de la cigarette et qu'un grand nombre d'entre eux mourront des conséquences de cela.
Cela signifie que depuis que le gouvernement a dit qu'il agirait dans ce dossier en 2015, entre 250 000 et 300 000 Canadiens ont commencé à fumer et à être dépendants de la cigarette. On ne peut pas dire que le gouvernement fait passer la santé des Canadiens avant tout. Il n'accorde pas non plus une importance adéquate à la santé des Canadiens selon les néo-démocrates.
Comme l'a dit Rob Cunningham, analyste principal des politiques à la Société canadienne du cancer:
Plus vite nous aurons des emballages neutres pour le tabac, plus vite nous pourrons profiter des bienfaits que ce changement aura sur la santé. Les emballages neutres vont permettre de rendre moins attrayants les emballages et les marques de tabac. En ce moment, les compagnies de tabac se servent de couleurs et de logos de marques pour donner une meilleure image à la cigarette, comme des paysages montagnards, des couleurs pastels féminines ou encore des emballages très minces destinés aux femmes.
Je pense que de nombreux parlementaires dans cette salle ont été approchés par des membres de la Société canadienne du cancer et des groupes antitabac. Ils apportent avec eux des échantillons des produits que les compagnies de tabac commercialisent, en particulier auprès des jeunes et surtout des jeunes femmes. Ce marketing est dégoûtant. Ils commercialisent de petits emballages minces qui ressemblent à des produits de beauté, assez minces pour se glisser facilement dans le petit sac à main que prennent les jeunes femmes pour aller dans les boîtes de nuit. Ils visent directement les jeunes femmes, en tentant de les rendre dépendantes en particulier aux produits du tabac, utilisant des techniques de marketing perfectionnées. Ils commercialisent un agent cancérigène qui crée une dépendance et qui tue nos filles et nos jeunes femmes. Cela doit cesser.
Un emballage neutre des produits du tabac normaliserait l'apparence et la taille des paquets de cigarettes puisqu'il exigerait le retrait de toutes les images de marque, y compris les logos et les marques de commerce. Les emballages présenteraient une couleur d'arrière-plan normalisé, vraisemblablement un brun verdâtre très peu attrayant, et les fabricants seraient autorisés à n'imprimer que le nom de la marque dans une taille, une police et une place bien précise sur le paquet. D'autres renseignements exigés par le gouvernement, comme les mises en garde contre les risques pour la santé, demeureraient en évidence.
Les modifications rendraient les paquets de cigarettes presque impossibles à distinguer les uns des autres, ce qui les rendrait moins attrayants pour les consommateurs, en particulier les jeunes, tout en rendant les avertissements de santé plus clairs, plus visibles et plus efficaces.
En ce qui concerne la nécessité pour le gouvernement de consulter, les emballages neutres ont été mis en œuvre en Australie en 2012, il y a six ans; en France, en Hongrie et au Royaume-Uni en 2016; en Norvège et en Irlande en 2017. Encore une fois, nous avons des preuves empiriques provenant de pays comme le nôtre qui montrent que l'emballage neutre fonctionne, et le gouvernement a choisi d'attendre et de retarder plutôt que d'agir avec fermeté et efficacité. L'emballage neutre est également envisagé officiellement en Slovénie, en Suède, en Finlande, en Nouvelle-Zélande, à Singapour, en Belgique et en Afrique du Sud, pour ne nommer que quelques pays.
Les néo-démocrates croient que le Canada devrait avoir le régime d'emballage le plus strict et le plus rigoureux du monde pour promouvoir la santé publique. Bien qu'il s'agisse d'un excellent début, ce projet de loi n'est pas parfait et il doit faire l'objet d'un examen minutieux pour s'assurer qu'il atteint son plein potentiel. Par exemple, dans son document de consultation sur le projet de règlement concernant les emballages neutres, Santé Canada n'a pas inclus la possibilité de réglementer davantage les noms de marque au-delà de la limitation du nombre de mots qu'ils pourraient contenir.
J'ai rencontré l'ancienne ministre australienne de la Santé, Nicola Roxon, qui m' a dit que nous devions combler toutes les échappatoires de ces règlements, sinon les fabricants de tabac trouveraient un moyen de les exploiter. Cela inclut même des choses comme leurs noms. Si nous ne mettons pas de contrôles sur leurs noms, alors nous verrons des choses comme « Cigarettes des gens sexy inc. » ou « La cigarette des beaux jeunes gens inc. ». En tant que parlementaires, nous devons veiller à ce que cela ne se produise pas.
C'est pourquoi les néo-démocrates demandent au gouvernement d'interdire tous les noms de marque et tous les termes ayant une connotation positive. C'est ce qui se fait en France, et c'est ce qui est prévu dans la directive sur les produits du tabac de la Commission européenne. Le Canada doit également interdire les variantes de marques de tabac, comme le fait l'Uruguay.
Dans le passé, la restriction partielle de la commercialisation du tabac a eu une efficacité limitée. Lorsque la plupart des publicités classiques du tabac ont été interdites, les dépenses en commercialisation des fabricants de tabac n'ont pas cessé; les fabricants ont simplement mis l'accent sur les emballages et la présentation de leurs produits dans les commerces.
Les emballages neutres éliminent l'une des dernières voies de commercialisation dont disposent les fabricants de tabac et ils ont pour effet d'accroître l'incidence des étiquettes de mise en garde.
Les mises en garde liées à la santé constituent la façon la plus économique et durable de communiquer aux Canadiens les méfaits du tabagisme. Ces mises en garde doivent occuper un grand espace bien en évidence et être inévitables. Elles doivent être en couleur et inclure des photos. Les grandes mises en garde graphiques sont le moyen le plus efficace de sensibiliser les enfants, les jeunes et les membres les plus vulnérables de la société dont le niveau de littératie est faible.
Cependant, les mises en garde ne visent pas uniquement à effrayer les consommateurs afin qu'ils n'utilisent pas un produit mortel. Elles visent également à informer les Canadiens et à leur donner du soutien s'ils en ont besoin pour vaincre leur dépendance à la nicotine. Au Canada, sur chaque paquet de cigarettes figurent le numéro d'une ligne d'aide téléphonique et l'adresse d'un site Web pour aider les Canadiens à cesser de fumer.
David Hammond, professeur à l'École de santé publique et des systèmes de santé de l'Université de Waterloo, a récemment signalé au comité de la santé que cette approche a fait l'objet d'évaluations exhaustives et qu'elle est très efficace.
De plus, malgré les efforts déployés par les grandes compagnies de tabac pour tromper le public, toutes les données crédibles montrent que le retrait des images de marque ne favorise pas la vente de produits illicites et de produits de contrebande. La seule recherche à avoir trouvé un lien entre la hausse des ventes sur le marché de la contrebande et les emballages neutres est fondée sur des études financées directement par l'industrie du tabac.
Cette recherche provient, plus précisément, de rapports produits par KPMG qui contenaient un avertissement obligatoire indiquant qu'ils ne devaient pas être utilisés à des fins autres que celles décrétées par l'organisme de financement puisque les paramètres des études étaient si restreints qu'il serait impossible de se servir des rapports pour tirer des conclusions générales. KPMG a d'ailleurs pris l'initiative extraordinaire d'écrire au ministre de la Santé du Royaume-Uni pour l'informer que l'industrie du tabac utilisait son travail à mauvais escient.
L'argument voulant que les emballages neutres augmentent la vente du tabac de contrebande a aussi été avancé à maintes reprises par les grandes compagnies de tabac devant les tribunaux et il a été rejeté chaque fois. D'ailleurs, cinq jugements distincts ont confirmé l'incidence positive des emballages neutres.
Ce type de comportement trompeur des grandes compagnies de tabac ne date pas d'hier. La lutte d'aujourd'hui contre les emballages neutres est le plus récent chapitre de la longue et sombre histoire des grandes compagnies de tabac qui mènent des campagnes orchestrées pour tromper le public concernant les méfaits de leur produit extrêmement mortel. En effet, en 2015, une cour canadienne a rendu une décision historique et a obligé trois des plus grandes compagnies de tabac du monde à payer 15 milliards de dollars pour leur duplicité.
Le juge Brian Riordan de la Cour supérieure du Québec n'y est pas allé par quatre chemins lorsqu'il a rendu sa décision. Voici ce qu'il a dit:
En choisissant de n'informer ni les autorités de santé publique ni directement le public de ce qu'elles savaient, les compagnies ont choisi le profit avant la santé de leurs clients. Quoi qu'il puisse être dit d'autre à propos de ce choix, il est clair que cela représente une faute des plus outrancières et qui doit être considérée dans le cadre de dommages punitifs.
Malgré les tentatives des grandes compagnies de tabac de voiler la vérité, nous savons que sur les quelque 4 000 produits chimiques que l'on retrouve dans la fumée du tabac, des centaines sont toxiques, y compris le cyanure d'hydrogène, le plomb, l'acétone, l'arsenic et le formaldéhyde. Au moins 70 de ces produits chimiques sont des agents cancérigènes connus. Nous savons que chaque jour, 100 Canadiens meurent d'une maladie liée au tabagisme. On parle d'un Canadien toutes les 14 minutes. Cela représente 37 000 Canadiens qui mourront cette année à cause du tabagisme. De ce nombre, plus de 1 000 non-fumeurs mourront du cancer du poumon ou d'une maladie coronarienne causée par l'exposition à la fumée secondaire.
Nous savons aussi que l'industrie du tabac n'hésite pas à continuer de commercialiser activement ce poison auprès des jeunes afin d'encourager et d'exploiter leur dépendance à un produit qui finira par les tuer. Toutefois, je suis bien content de constater que cette génération de jeunes Canadiens se bat contre ce fléau.
J'ai récemment eu l'honneur d'assister au dîner Gèle l'industrie, sur la Colline du Parlement. Gèle l'industrie est une coalition dirigée par des jeunes qui a pour but d'empêcher l'industrie du tabac de concevoir et de commercialiser des produits qui attirent les jeunes. J'ai été inspiré de voir l'appui indéfectible de la coalition en faveur d'emballages neutres et uniformisés pour les produits du tabac au Canada.
Je dois également rendre un hommage sincère aux organisations qui sont en première ligne de cette bataille contre le tabac depuis des décennies. Leurs efforts inlassables ont sauvé d'innombrables vies au fil des ans. Bien qu'il y en ait trop pour les nommer individuellement, j'aimerais remercier tout particulièrement la Société canadienne du cancer, la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC, la Coalition canadienne pour l'action sur le tabac, les Médecins pour un Canada sans fumée, l'Association pulmonaire du Canada et la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. Évidemment, je m'en voudrais de ne pas reconnaître les efforts considérables déployés par l'ex-ministre australienne de la Santé, Nicola Roxon, qui a mené la lutte mondiale contre les grands producteurs de tabac afin d'imposer la première série d'exigences mondiales en matière d'emballages neutres. Voilà ce qu'on appelle du leadership.
Je pourrais également souligner que le géant du tabac Philip Morris a intenté une poursuite contre l'Australie en vertu des dispositions sur le règlement des différends entre les investisseurs et l'État enchâssées dans un accord commercial de Hong Kong en 2011. Heureusement, cela a échoué, mais c'est un autre exemple de l'inclusion malavisée de ce genre de dispositions dans les accords commerciaux, que les libéraux et les conservateurs continuent d'appuyer.
Soit dit en passant, Philip Morris a également échoué dans une tentative de contester la constitutionnalité des lois sur l'emballage neutre devant la Haute Cour d'Australie en 2012. Après une bataille juridique de cinq ans, les exigences de l'Australie en matière d'emballage neutre ont été maintenues à l'Organisation mondiale du commerce en 2017. Par conséquent, nous ne devons pas sous-estimer les mesures que prendront les grands producteurs de tabac pour continuer à commercialiser légalement leur produit dangereux et mortel.
Les néo-démocrates du Canada croient que nous ne pouvons pas laisser une marge de manœuvre à l'industrie du tabac pour continuer à promouvoir ce produit mortel. Le Canada doit se doter du régime d'emballage neutre et uniformisé le plus strict et le plus rigoureux du monde, et c'est pour atteindre cet objectif que les néo-démocrates travailleront.
Le projet de loi porte également sur les produits de vapotage. Les néo-démocrates comprennent que cette nouvelle technologie promet d'être un outil de réduction des méfaits pour promouvoir l'arrêt de la consommation de tabac. Une étude indépendante d'experts publiée par Public Health England a conclu que les cigarettes électroniques sont 95 % moins nocives que le tabagisme et qu'elles peuvent aider les fumeurs à cesser de fumer. En même temps, les effets à long terme sur la santé du vapotage ne sont pas encore clairs et doivent faire l'objet de recherches plus poussées. Par conséquent, les néo-démocrates du Canada croient que le but de tout cadre réglementaire visant les produits de vapotage devrait être de maximiser leurs avantages potentiels en tant qu'outil de désaccoutumance au tabac tout en réduisant au minimum les risques potentiels pour la santé et en limitant l'accès aux produits par les mineurs. Santé Canada n'a pas publié de politique de réduction des méfaits et n'a pas énoncé les objectifs ni les mesures administratives auxquels on pourrait s'attendre pour une telle politique.
À l'heure actuelle, le marché du vapotage au Canada est un marché non structuré dans lequel les fournisseurs ont gardé un profil bas et n'ont pas commercialisé de façon vigoureuse leurs produits, qui sont techniquement illégaux. On craint de plus en plus que l'adoption du projet de loi incite les grandes compagnies de tabac à pénétrer le marché canadien licite des produits de vapotage. C'est pourquoi je vais maintenant souligner certaines des faiblesses du projet de loi en ce qui a trait à la publicité et à la promotion des produits de ce genre et suggérer quelques amendements possibles pour combler ces lacunes.
Premièrement, l'interdiction de promouvoir les produits de vapotage contenant des arômes prévue à la colonne 1 de l'annexe 3 pourrait être trop limitée, puisque tous les arômes pourraient plaire aux jeunes. Le projet de loi devrait être amendé pour interdire la promotion de produits de vapotage susceptibles d'intéresser les jeunes.
Contrairement à la Loi sur le tabac, le projet de loi ne contient aucune restriction quant aux emplacements autorisés pour la publicité et la promotion des produits de vapotage, ce qui signifie que le projet de loi pourrait permettre la publicité à la télévision, dans les médias sociaux, aux arrêts d'autobus, dans les arénas ou pratiquement n'importe où. Par conséquent, il devrait établir des restrictions plus sévères concernant les emplacements autorisés pour la publicité et la promotion des produits de vapotage.
Bien que le projet de loi actuel interdise également la publicité de style de vie, à quelques exceptions près, il n'y a aucune disposition qui prévoit que seule la publicité fondée sur l'information ou la préférence de marque est permise. C'est un autre domaine qu'il faut examiner. Le projet de loi autoriserait la publicité fondée sur le style de vie dans les bars et dans les publications destinées aux adultes. Cette disposition ne servirait aucun objectif de santé publique et devrait être éliminée puisque ce genre de publicité ne cadre pas avec un programme de réduction des méfaits du tabagisme.
Enfin, le projet de loi autoriserait des promotions incitatives importantes pour les produits de vapotage dans des endroits auxquels les jeunes n'ont pas accès. Des choses comme les concours pour gagner des vacances à la plage, l'accès à des soirées sur invitation seulement et des billets pour des concerts et des événements sportifs pourraient encore être autorisées, alors qu'elles ne devraient pas figurer dans ce projet de loi.
Les néo-démocrates travailleront avec diligence pour veiller à ce que les dispositions du projet de loi servent le plus possible les intérêts des Canadiens en matière de santé publique. Nous travaillerons très assidûment à cet égard.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de parler cet après-midi du projet de loi . Même s’il ne concerne pas la légalisation de la marijuana, je vais néanmoins aborder brièvement ce sujet. Le député de , qui a pas mal retardé les travaux aujourd’hui, sera content de ce que j’ai à dire.
Il est intéressant et instructif de comparer la façon dont le gouvernement procède au sujet du projet de loi et ce qu'il en est du projet de loi . Si j’ai l’intention de parler brièvement de la légalisation de la marijuana, c’est parce qu’il y a un certain écart entre ce que les députés disent sur la nécessité d’avoir des renseignements précis et l’utilité de l’emballage neutre, et la réaction du député néo-démocrate qui n’est même pas capable de nous dire s’il appuie l’emballage neutre pour la marijuana. Cette comparaison fait ressortir la contradiction flagrante qu’il y a entre, d’un côté, ce que l’on veut imposer au sujet du tabac et, de l’autre, les messages communiqués à propos de la marijuana.
L'autre point que je souhaite faire valoir concernant la mesure législative est que le gouvernement a parlé de l'excellent travail qu'il a accompli — ce qui arrive de temps en temps à la Chambre —, mais le projet de loi vient du Sénat. C'est peut-être une bonne occasion de souligner le fait que le Sénat agit peut-être de façon plus indépendante que ce que souhaiterait le gouvernement. Lorsque nous sommes saisis d'un projet de loi provenant du Sénat et que le gouvernement dit que c'est le produit de ses efforts, cela suscite certaines questions au sujet du degré réel d'indépendance des soi-disant sénateurs indépendants que le gouvernement nomme.
J'allais obtenir le consentement unanime sur quelque chose, mais je ne le ferai pas en fin de compte.
Les enjeux traités dans la mesure législative sont le vapotage et l'emballage neutre pour le tabac. Je suis certain que le député de apprécie ma retenue.
Le projet de loi propose tout d'abord d'avoir un emballage neutre pour le tabac. Lors de l'étude des différents aspects de cette question, les députés ont probablement entendu le bien-fondé de l'emballage neutre comme stratégie visant à réduire le nombre de fumeurs. Par exemple, certains prétendent que les initiatives d'emballage neutre ont permis de réduire le nombre de fumeurs dans certains pays. Cependant, dans quelques-uns de ces cas, on observe aussi une tendance à long terme de réduction du nombre de fumeurs de toute façon. Par conséquent, il peut être difficile d'établir un rapport de cause à effet clair en ce qui concerne cette réduction; toutefois, il s'agit d'une observation cohérente avec une tendance sociale globale de réduction du nombre de fumeurs.
Le même argument pourrait être avancé au sujet de la contrebande. Si l'on constate une augmentation du recours à la contrebande après l'entrée en vigueur de l'emballage neutre, certains pourraient se demander si cela fait partie d'une tendance ou s'il s'agit d'une nouveauté. En général, lorsque nous essayons d'élaborer des politiques et de réagir aux données probantes, nous devons, dans la mesure du possible, distiller ce qui semble être causé par un changement de politique et ce qui pourrait faire partie d'un effet global à long terme. Comme nous appuyons le renvoi du projet de loi au comité, ce sont là des questions que j'espère voir étudiées en détail, car les bonnes intentions ne suffisent pas, évidemment. Nous devons être en mesure de démontrer le lien entre l'intention et l'impact que la politique aurait sur le plan pratique.
Une des préoccupations que nous avons entendues au sujet des emballages neutres concerne l'augmentation de la contrebande. Il y a déjà des niveaux très élevés de tabac de contrebande. Plus de 50 % des cigarettes en Ontario, par exemple, sont des cigarettes de contrebande, et il y a des preuves, bien que je sache que d'autres le contestent, que les emballages neutres augmentent la contrebande. Cela crée toutes sortes de risques sur la capacité des gens à se rendre compte de ce que ces produits contiennent et, évidemment, de l'impact sur la santé que cela entraîne, du risque accru que des cigarettes tombent entre les mains de mineurs, etc.
Je pense qu'il y a un débat légitime sur l'emballage neutre. Il n'est pas nécessairement utile que les députés qualifient de « mandatée par l'industrie du tabac » toute personne qui a des doutes légitimes au sujet des emballages neutres. Il y a là une discussion légitime, et j'espère que le comité se penchera sur la question en ayant à l'esprit qu'il s'agit d'une discussion légitime. Moi-même, je reste relativement agnostique sur la question. Je suis curieux de voir où nous mènera ce débat sur les emballages neutres.
En ce qui concerne les produits de vapotage, des électeurs m'ont parlé des avantages qu'ils en retirent pour cesser de fumer. Ils ont pu faire des progrès vers une vie sans fumée grâce à l'accès aux produits de vapotage, ce qu'ils n'avaient pas été en mesure de faire auparavant. Je les remercie de leurs commentaires. C'est quelque chose dont je prends bonne note lorsque j’analyse le projet de loi dont nous sommes saisis.
Ce projet de loi vise à réglementer les produits de vapotage. Il est certain que les députés ont reconnu l'avantage du vapotage, de pouvoir disposer de l'information et de la poursuite des recherches. Cette partie du projet de loi favorise grandement son renvoi au comité. Ce projet de loi comporte différents éléments, dont certains sont plus légitimement controversés que d'autres. Ce projet de loi traite de ces deux questions très distinctes.
Je pense que les députés savent que le député de a été hospitalisé récemment. Je crois comprendre qu'il se porte très bien maintenant et qu'il suit nos débats. Il avait demandé à quelqu'un de mettre en lumière une histoire particulière qu'il avait notée au sujet d'un joueur de baseball adolescent dont la belle-mère réclame des règlements plus stricts sur les produits de vapotage après sa mort. Il s'agissait d'un jeune homme qui a consommé des produits de vapotage et qui en est mort. Cela soulève encore une fois l'importance d'étudier la question de ces produits et de leurs répercussions, comme le fait ce projet de loi, et d'explorer les possibilités de réglementation.
Je souhaite un prompt rétablissement au député de et je tiens également à souligner cet article qu'il a découvert et dont il aimerait que l'on discute.
J'en viens maintenant à la question de la marijuana parce que, comme on le sait, le gouvernement met en oeuvre son plan de légalisation de la marijuana. Les députés ont entendu les points de discussion à ce sujet. J'ai presque réussi à les dire moi-même. « Légaliser » et « réglementer étroitement », voilà les mots que le gouvernement reprend sans cesse. En revanche, si nous examinons les règlements qu'il propose et les arguments qu'il avance dans le contexte du projet de loi , et que nous les comparons au projet de loi , il apparaît clairement qu'il échoue sur cette question de réglementation rigoureuse, même en ce qui concerne ses propres normes. Je veux parler de certaines de ces questions concernant la façon dont nous comparons les mesures prises à l'égard du tabac et le débat sur la marijuana.
Tout d'abord, nous devrions reconnaître que, bien qu'il y ait beaucoup d'information en matière de santé publique sur les risques associés au tabagisme et beaucoup d'information encourageant l'abandon du tabac, il y a un manque général d'information et de publicité sur les risques associés à la marijuana. Il m'est apparu clairement, au cours de certaines des conversations qui ont eu lieu à la Chambre, que, bien qu'on n'entende jamais les députés dire qu'ils doutent des données relatives aux risques associés au tabagisme, et on s'entend ici pour dire que le tabagisme n'est pas bon pour la santé, en ce qui concerne la marijuana, il y a des députés qui ont vraiment minimisé les risques. Bien sûr, nous avons un qui a lui-même parlé de sa consommation de marijuana alors qu'il était un élu, tandis qu'au même moment il votait en faveur de peines plus sévères en ce qui concerne la marijuana. De toute évidence, il a ensuite changé d'avis. Peut-être que cela découle de ce quelque chose qu'il faisait en même temps qu'il était un élu. De toute évidence, ce genre de message a été source de désinformation et de confusion dans l'esprit des gens.
Je constate que des allégations visant les effets de la marijuana sur la santé ne sont pas étayées par des données scientifiques et qu'elles vont à l'encontre des allégations que nous pourrions entendre au sujet du tabac. Beaucoup de gens ne savent peut-être pas que la consommation de marijuana, surtout chez les jeunes, même quant elle n'est qu'occasionnelle, peut être associée à des taux plus élevés de problèmes de santé mentale plus tard dans la vie. Les effets cancérigènes de la marijuana sont déjà bien établis et, de façon générale, les effets cancérigènes de la consommation de cannabis sont plus importants que ceux associés au tabagisme. Bien sûr, les gens les fument différemment — ils ne fumeraient pas nécessairement un paquet de joints comme ils le font avec la cigarette —, mais le fait est que les effets cancérigènes, à poids égal, sont beaucoup plus prononcés dans le cas de la marijuana. Ce sont des choses dont les députés ne tiennent pas toujours compte dans leurs discussions sur la marijuana et, encore une fois, lorsqu'il est question des allégations trompeuses par rapport à l'impact de la marijuana sur la santé.
Il m'est d'ailleurs arrivé quelque chose de particulièrement choquant dans le cadre d'une émission diffusée à TVO. Le député de et moi avons participé à l'émission Political Blind Date, à TVO. Nous sommes allés visiter différents endroits pour voir les différents aspects d'une question donnée. Nous sommes allés dans les installations d'une entreprise de Toronto, Queens of Cannabis, qui a dû par la suite cesser ses activités. On nous y fait rencontrer une soi-disant spécialiste de la santé qui n'avait absolument aucune formation médicale et qui nous a parlé des bienfaits des produits infusés de THC pour l'enfant pendant la grossesse. Ces allégations ne se fondent évidemment sur rien. Or, voilà le genre de bienfaits pour la santé qu'on attribue au cannabis. Il y a des faussetés qui circulent à propos de la marijuana, ce qui ne se produit généralement pas avec le tabac. Aucun soi-disant spécialiste du mieux-être ne vient nous dire que le tabac a des vertus médicinales.
Sachant cela, les députés devraient considérer qu'il est urgent de diffuser des renseignements justes et clairs sur les dangers que présente la marijuana pour la santé publique, et d'en tenir compte. Or, le projet de loi dont nous sommes saisis ne prévoit aucune obligation d'empaqueter les produits de la marijuana dans des emballages neutres. Si les députés pensent, comme moi, qu'il est bon que des étiquettes de mise en garde soient apposées sur les produits du tabac, pourquoi ne serait-ce pas la même chose en ce qui concerne la marijuana? Certains ont fait valoir que les emballages neutres contribuent à la réduction de la consommation de cigarettes. Pourquoi le même principe ne s'appliquerait-il pas à la marijuana? J'ai du mal à comprendre et je trouve qu'il est étrange que l'attitude générale envers la marijuana ne soit pas la même que celle que nous avons envers le tabac.
Les députés ministériels ont aussi dit que, si nous légalisons et réglementons rigoureusement la marijuana, elle restera hors de la portée des enfants, et les profits n'iront pas aux organisations criminelles. Je pourrais presque prononcer leur discours. J'ai entendu ces propos tellement de fois. Cependant, s'agissant du tabac, nous savons, comme des députés l'ont dit aujourd'hui, que beaucoup de gens commencent à fumer avant d'être majeurs. Il est très courant que des jeunes encore mineurs puissent se procurer des produits du tabac, et il y a encore beaucoup de tabac de contrebande qui profite au crime organisé. Par conséquent, comment concilier les allégations du gouvernement au sujet de la marijuana et ce que disent les députés ministériels? Par exemple, c'est le député de qui, je pense, a parlé de l'âge auquel les gens commencent souvent à consommer des produits du tabac. À tout le moins, le gouvernement devrait songer à promouvoir une culture visant à réduire la consommation de la marijuana tout en la légalisant, mais il ne fait même pas cela, en tout cas, pas comme il tente de le faire pour le tabac.
La situation concernant le tabac de contrebande souligne une réalité que l'on a perdue de vue dans le débat sur la marijuana, c'est-à-dire que ce n'est pas parce qu'un produit est légal que le crime organisé ne peut pas participer à cette industrie et en tirer profit.
En réalité, le crime organisé ne vend pas que des produits illégaux. Il peut utiliser des méthodes illégales pour vendre des produits légaux. Le crime organisé peut profiter de la réglementation ou de la taxation pour mener ses activités en dehors du marché légal même s'il vend un produit légal. Dans le cas du tabac, le crime organisé profite de la réglementation et de la taxation.
Je crois que tous les députés sont d'accord pour que l'on taxe le tabac, mais, une fois en place, ces taxes peuvent créer, pour le crime organisé, une nouvelle occasion de participer à cette industrie qui n'existerait pas autrement. C'est un simple principe économique de base.
Le gouvernement fédéral et les autres ordres de gouvernement parlent de taxer la marijuana, de la réglementer et d'imposer une limite d'âge, mais ce sont autant de facteurs qui permettront au crime organisé de demeurer actif dans cette industrie. La réalité, c'est que le crime organisé n'en est pas exclu. Les jeunes qui voudront se procurer ce produit seront encore exposés aux mêmes risques.
C'est ce que montre l'histoire du crime organisé. Dans certains cas, le crime organisé a su profiter du fait que des produits étaient illégaux, mais il n'a pas pour autant cessé ses activités lorsqu'ils ont été légalisés. Ainsi, le crime organisé a fait fortune à l'époque de la prohibition, mais ses activités et ses énormes revenus ont continué quand la vente d'alcool est devenue légale.
Nous devons examiner un autre enjeu, celui des produits aromatisés. Alors que le gouvernement précédent a pris des mesures au sujet des produits du tabac aromatisés, le gouvernement actuel envisage de permettre, un jour, les produits de marijuana comestibles ou aromatisés. En ce qui concerne les risques et les conséquences associés aux produits aromatisés, on aurait donc des approches différentes pour la marijuana et le tabac, une situation un peu étrange.
Par ailleurs, d'après ce que j'ai entendu dire, il est beaucoup plus facile de faire pousser de la marijuana que du tabac. Le gouvernement libéral permettrait la culture à domicile. Je crois qu'il est rare que les gens fassent pousser quatre plants de tabac dans leur résidence. Je me trompe?
Ce qui pourrait être dangereux, encore une fois, lorsqu'il est question de la marijuana, c'est que le projet de loi fera en sorte qu'il y aura des produits aromatisés, mais pas d'informations claires en matière de santé ni d'étiquettes de mise en garde comme pour les produits du tabac. Étant donné qu'il sera permis de cultiver la marijuana à domicile, le marché illégal subsistera, et il demeurera relativement facile pour les jeunes d'obtenir de la marijuana.
J'aimerais également dire autre chose. Le gouvernement a fait valoir, en parlant du projet de loi sur la marijuana, que l'approche actuelle est inefficace. Si le succès se définit comme étant l'élimination complète de la consommation de marijuana, alors il faut admettre que l'approche actuelle n'a pas entraîné l'éradication complète de cette consommation. Or, rien n'entraînera jamais son éradication complète. Nous ne l'avons pas obtenue concernant le tabagisme et nous ne l'avons pas obtenue par rapport aux drogues très dures non plus.
Au cours des 10 dernières années, on a constaté une diminution importante de la consommation de la marijuana. Les chiffres le confirment; je les ai présentés dans des questions et des observations à la . Si l'objectif était de réduire la consommation et donc de réduire les risques, alors l'approche adoptée concernant la marijuana n'était pas parfaite. Il y avait certainement place à l'amélioration — notre parti préconise l'imposition d'amendes —, mais il est bien évident qu'un certain succès a été obtenu en ce qui concerne la réduction de la consommation.
En somme, nous appuyons le renvoi du projet de loi à un comité pour une étude plus en profondeur des questions des emballages neutres et du vapotage. J'invite les intervenants et les habitants de ma circonscription à nous faire part de leur point de vue et de leurs propositions pour améliorer le projet de loi.
Il est important de souligner combien ce projet de loi fait ressortir l'approche gouvernementale en matière de légalisation de la marijuana et combien le manque de mesures de protection et de procédures adaptées est évident dans le projet de loi par rapport au projet de loi .
:
Monsieur le Président, le but de mon intervention est de faire quelques suggestions qui pourront s’avérer utiles à l’étape de l’étude en comité. En surface, ce projet de loi comporte plusieurs éléments positifs, et je pense que nous sommes tous d’accord, à la Chambre, pour dire que c’est une bonne chose de réduire la consommation de produits du tabac. Certains lobbyistes qui nous écoutent ne seraient certainement pas de cet avis, mais je crois que nous sommes tous sur la même longueur d’onde sur ce point ici à la Chambre. Reste à savoir comment y arriver. Le cadre législatif que nous cherchons à adopter nous permettrait-il d’atteindre ce but final? Le Canada serait-il en meilleure santé? Quels sont les coûts de certaines autres possibilités? Quels sont les coûts associés à la mise en oeuvre de cette mesure législative? Comment nous assurer que certains de ces enjeux seront étudiés à l’étape de l’étude en comité?
Je préciserais, pour ceux qui nous écoutent, que ce projet de loi a été présenté au Sénat, où il a franchi les étapes. Il porte le titre de . Il a été présenté à l’autre endroit le 22 novembre 2016. Le projet de loi propose des modifications visant à mettre en oeuvre un cadre législatif, dans la Loi sur le tabac, régissant les produits de vapotage. Selon le paragraphe 3(3) du projet de loi, un produit de vapotage s'entend:
a) du dispositif qui produit des émissions sous forme d’aérosol et qui est destiné à être porté à la bouche en vue de l’inhalation de l’aérosol;
b) du dispositif que les règlements désignent comme un produit de vapotage;
c) des pièces pouvant être utilisées avec ces dispositifs;
d) de la substance ou du mélange de substances — contenant ou non de la nicotine — destiné à être utilisé avec ces dispositifs pour produire des émissions.
Ne sont toutefois pas des produits de vapotage les dispositifs et substances ou mélanges de substances exclus par règlement et les produits du tabac et leurs accessoires.
Nous avons déjà débattu de la question. Si je comprends bien — et toutes les précisions sont les bienvenues —, en réalité, le projet de loi n'englobe pas ce qu'on appellerait les cigarettes non combustibles. Quand je me suis penchée sur cette mesure législative, je dois l'avouer, je ne connaissais pas la différence entre ces produits. Or, ils sont différents et ils sont vendus et présentés comme tels. C'est un peu comme le jeu de la taupe: on règle une question en présentant ce projet de loi afin de réglementer les produits de vapotage, mais il y a tout de suite cet autre produit du tabac qui exige des mesures.
J'ai défini les produits visés par le projet de loi et, à ma connaissance, cela ne comprend pas les cigarettes non combustibles. Dans un article paru dans le Globe and Mail en août dernier, on pouvait lire ceci:
L'un des géants mondiaux de l'industrie du tabac lance une cigarette sans fumée au Canada, qui serait moins nocive que les produits combustibles classiques. Certains détracteurs qualifient plutôt le produit de simple stratagème pour conserver — ou même accroître — une part de marché dans un contexte où les taux de tabagisme chutent.
Philip Morris International a mis au point un produit non combustible nommé IQOS, ou I-Quit-Ordinary-Smoking [...]
L'entreprise tente de le vendre en tant que produit pour cesser de fumer, comme l'indique son nom, qui peut se traduire par « j'abandonne le tabagisme ordinaire ».
[...] qui, selon le grand cigarettier, contient une haute teneur en nicotine tout en présentant moins de substances cancérogènes que la fumée des cigarettes ordinaires.
Si je comprends bien, le produit chauffe le bâton de tabac ou la cigarette jusqu'à un point où la substance peut être inhalée, sans toutefois la brûler. Par conséquent, selon les dires du fabricant, moins d'agents cancérogènes sont inhalés. Dans le but de soumettre des suggestions utiles au comité, je souligne que les dispositions incluses dans la version actuelle du projet de loi ne couvrent pas ce produit. Or, il faudrait probablement faire preuve d'une certaine cohérence dans les règlements pour offrir un minimum de certitude aux acteurs du marché, aux consommateurs et au système de santé en ce qui concerne les visées du gouvernement relativement à ce type de produits.
À ma connaissance, le produit est pratiquement mis en marché comme un outil pour cesser de fumer. Cela dit, peu de recherches indépendantes ont été effectuées pour confirmer de telles prétentions. Selon les conclusions de recherche que j'ai lues sur les produits de vapotage, qui sont aussi commercialisés comme des outils de lutte au tabagisme, leur utilisation prolonge la période d'abandon parce que les gens conservent leur dépendance à la nicotine.
Il sera important que le comité, lorsqu'il sera saisi du projet de loi, se penche sur ces assertions et se demande si le cadre réglementaire en tient suffisamment compte. À défaut de disposer des données quantitatives, il incombe au gouvernement de faire faire une étude pour les connaître. En qualité de législatrice, j'ai trouvé que ces assertions n'étaient pas suffisamment étayées. Les producteurs ont certainement fait des études. Comme législatrice, j'aimerais voir des études indépendantes avant de tirer quelque conclusion que ce soit sur cette question.
Dans la foulée de ce qui a été dit sur le produit IQOS, une cigarette qui génère un peu moins de fumée, je vais lire une des critiques à son sujet, car je ne crois pas que la ait encore commenté cette nouvelle. Voici donc ce qui a été dit:
Selon David Hammond, spécialiste des politiques sur le tabac à l'Université de Waterloo, P.M.I. et d'autres sociétés de tabac prétendent depuis des décennies avoir réduit au minimum les risques pour la santé. Cela a commencé dans les années 1950, lorsque les cigarettes à filtre sont arrivées sur le marché.
« Si elles pensent que les cigarettes combustibles tuent les gens et qu'elles préféreraient ne pas en vendre, j'aimerais bien qu'elles me disent pourquoi elles en vendent toujours », a-t-il dit.
Pourtant, M. Hammond convient que n'importe quel produit contenant de la nicotine qui ne suppose pas l'inhalation de fumée « sera presque certainement moins nocif que des cigarettes ordinaires. Cela comprend les cigarettes électroniques et probablement ces produits. »
Je lis cette déclaration à haute voix en raison du nombre de fois où les mots « probablement » et « peut-être » sont employés. On dit bien des choses pour justifier l'adoption de la mesure législative. Toutefois, nous disposons de peu de données quantitatives à ce sujet. Je répète que je ne dis pas cela pour attaquer le projet de loi à proprement parler, mais plutôt pour dire que c'est une chose sur laquelle, comme parlementaires, nous devrions tenter d'obtenir plus d'information au comité.
Mon collègue de , une personne formidable, a porté à mon attention un article qui explique un peu l’importance de ce projet de loi. C’est un article paru il y a quelques jours à propos d’un cas qui s’est présenté à Delta, en Colombie-Britannique. Un joueur de baseball a perdu la vie dans des circonstances particulières et sa mère a exigé une réglementation plus stricte du vapotage après sa mort. Il s’agit de l’affaire Kyle Losse. Sa belle-mère, Niki Losse, a emmené Kyle à l’hôpital et c’est là qu’il est décédé. Elle a trouvé une vapoteuse à l’endroit où il s'est effondré. Une analyse sanguine a révélé qu’il y avait de la nicotine dans l’organisme de Kyle et elle soupçonne l’existence d’un risque associé à cette pratique.
L'affaire Kyle Losse montre qu’il n’y a pas eu beaucoup de recherche sur les effets que l’inhalation de tabac par vapotage peut avoir sur la santé. Il y a de nombreuses allégations à travers le pays. Il est peut-être vrai que la cigarette électronique est moins nocive que les produits du tabac traditionnels, mais nous ne comprenons pas vraiment les risques particuliers qu’elle présente pour la santé.
À mesure que le projet de loi progresse, il devient important que le gouvernement se dote d’un cadre de recherche qui puisse nous servir de référence, à supposer que la loi entre en vigueur, afin que nous puissions mesurer les résultats d’après des données quantifiables. Je tiens à signaler que lorsque je me suis préparée à l’étude de ce projet de loi, il n’y avait pas de recherches cohérentes émanant de sources crédibles, évaluées par des pairs, qui confirmaient vraiment ces allégations. Voilà un problème à examiner.
On a fait beaucoup de cas de l’emballage neutre. J’aimerais prendre un peu de temps pour en parler aussi et soulever le même argument.
Le secrétaire parlementaire a mentionné dans son discours de présentation que le Canada tirait de l’arrière, alors que dans le passé, nous avons toujours été un exemple à suivre en matière de réduction du tabagisme. Il a déclaré que le Canada avait cédé son titre de champion mondial de la lutte contre le tabagisme à des pays comme l’Australie et le Royaume-Uni, qui ont été plus prompts à réagir à tous les stratagèmes que pouvaient imaginer les compagnies de tabac pour recruter de nouveaux fumeurs, et que le gouvernement avait l’intention de faire à nouveau du Canada un chef de file mondial de la lutte contre le tabagisme.
L’Australie a opté pour l’emballage neutre. À première vue, il vaut probablement la peine d’explorer cette avenue, mais il y a des conséquences rattachées à cela pour lesquelles nous n’avons pas beaucoup de données de recherche non plus, notamment sur la corrélation éventuelle entre l’adoption de l’emballage neutre et l’augmentation du tabac de contrebande, comme on en a longuement discuté à la Chambre.
Comme toujours, lorsque nous empruntons des données à d’autres pays, j’ai l’impression parfois que nous ne nous rendons pas service; j’y viendrai dans une minute parce que les autres pays n’ont pas beaucoup de données quantifiables à offrir à propos de cette corrélation, dans un sens ou dans l’autre. Le contexte canadien est foncièrement différent de celui d’un pays comme la France. Notre pays est plus diversifié sur le plan géographique, nos problèmes de contrebande sont différents et nous avons aussi un taux plus élevé de contrebande.
À l'étape de l'étude en comité, il vaudrait peut-être la peine de convoquer plus d'experts qui pourraient parler du problème de la contrebande et des répercussions que pourrait avoir le projet de loi sur les emballages neutres, et ensuite de modifier le cadre réglementaire de façon à possiblement s'attaquer au problème.
Lorsque j'ai lu le débat, j'ai constaté que l'un de mes collègues du NPD avait posé une question au secrétaire parlementaire à ce sujet et que celui-ci avait répondu que les libéraux ont une stratégie en place pour s'attaquer au problème et qu'elle est gérée par la GRC et d'autres organismes. Dans les faits, je pense que cette stratégie sera mise en oeuvre en mars de cette année. Je crains que nous ne rendions pas service aux Canadiens si, en plus des pressions supplémentaires qui pourraient être exercées par le règlement sur l'emballage neutre, le projet de loi entre en vigueur sans que nous ayons réfléchi adéquatement aux mesures précises devant être mises en oeuvre dans un cadre propre au Canada pour lutter contre la contrebande.
Afin de souligner à quel point la contrebande est un problème au Canada, je tiens à mentionner qu'un article indiquant que le lobby des dépanneurs a déclaré que le tabac de contrebande est hors de contrôle en Ontario a été publié par CBC en novembre 2017. On peut y lire ceci:
Selon une étude qui a été réalisée par un groupe de propriétaires de dépanneur de l'Ontario et dont les résultats ont été publiés mercredi, la quantité de cigarettes de contrebande consommées dans cette province cette année n'a jamais été aussi élevée au cours des quatre dernières années. L'étude constate que la part de marché des cigarettes de contrebande est particulièrement élevée dans le Nord de l'Ontario. Dans les villes de la région d'Hamilton, c'est à Brantford que l'on observe de loin la plus forte augmentation. Les cigarettes de contrebande constituent la moitié des cigarettes consommées, soit une augmentation de 36 % par rapport à l'année dernière. À Hamilton, 31 % des cigarettes consommées étaient issues de la contrebande, soit une augmentation de 25 % par rapport à l'année dernière. Dans le Sud-Ouest de l'Ontario, la part de marché des cigarettes de contrebande a atteint 33,9 % alors qu'elle n'était que de 26 % en 2016. Toutes proportions gardées, c'est la hausse la plus forte des quatre régions de la province ayant été étudiées.
L'étude est réalisée chaque année à la demande de l'association des dépanneurs de l'Ontario. Les chercheurs recueillent des échantillons d'environ 100 mégots dans des endroits achalandés de 23 villes, comme les écoles, les hôpitaux, les centres commerciaux et les casinos. Puis, on analyse les mégots pour savoir si les cigarettes sont issues de la contrebande ou ont été vendues légalement.
Le président de l'association [...] a indiqué au réseau d'information CBC News qu'il est conscient du caractère non scientifique de l'étude, mais qu'elle permet néanmoins de détecter la tendance sans que l'on doive s'en remettre à la franchise des consommateurs, des commerçants ou des distributeurs pour déterminer si les cigarettes sont vendues légalement ou non.
Si j'ai voulu parler de cette étude, c'est qu'elle nous permet d'aborder un autre thème. Le président de l'association reconnaît que l'étude n'est pas scientifique. Les médias nous annoncent qu'il y a une augmentation de la contrebande, mais nous ne connaissons pas vraiment l'ampleur du problème. L'étude ne porte que sur un échantillon dans une région du pays. Il est important de souligner que la consommation de tabac n'est pas la même d'une région à l'autre du pays. À défaut de nous doter d'un cadre réglementaire, comment pourrions-nous concevoir des stratégies pour prévenir la distribution de produits de contrebande?
Je répète qu'il s'agit d'une bonne suggestion à retenir en vue de l'étude du projet de loi par le comité. Le cadre de lutte contre le tabac de contrebande devant être renouvelé ou remis en question en mars, il sera opportun de disposer d'études décrivant l'ampleur du problème de la contrebande.
Le gouvernement devrait peut-être collaborer avec les entreprises qui mènent de la recherche comportementale sur le tabagisme en utilisant la technologie intelligente. Nombreuses sont les nouvelles entreprises qui travaillent dans ce domaine. Nous devrions peut-être commencer à chercher un meilleur modèle de surveillance.
Dans cette enceinte, nous aimons beaucoup réglementer. Nous semblons réagir instinctivement de cette manière à tous les problèmes de politique. La mise en oeuvre du projet de loi m’inquiète cependant, parce que si nous ne lui rattachons pas un système mesurant son efficacité, nous ne pourrons pas indiquer à nos concitoyens si les mesures que nous avons mises en place sont efficaces.
Je regarde le projet de loi proposé et je constate que le gouvernement ne fournit pas aux parlementaires beaucoup d’information sur le coût de la mise en œuvre de ce cadre de réglementation. Je ne vois même pas comment le gouvernement appliquerait ce cadre. Je voudrais donc demander à mes collègues du comité de la santé qui étudieront ce projet de loi de poser aux fonctionnaires du ministère des questions pointues sur la manière dont ils envisagent de mettre ce cadre réglementaire en œuvre, le temps qu'il leur faudra pour le faire et les paramètres qu'utilisera le gouvernement. Quels sont les objectifs ultimes? Le gouvernement affirme-t-il que ce projet de loi réduira le tabagisme d’un pourcentage donné sur une certaine période? Si tel est le cas, comment le gouvernement mesurera-t-il cela? Quel type d’analyse quantitative mènera-t-il pour y parvenir?
Je le répète, en examinant cette mesure législative, je n’y ai pas vu un grand cadre de réglementation ni beaucoup de recherche effectuée à ce sujet. Mon esprit conservateur m’incite à suggérer que nous ne passions pas directement au règlement sans avoir mis en place ce cadre. Quand nous mettrons en place le règlement, nous devrions pouvoir dire à nos concitoyens combien coûtera sa mise en œuvre et comment nous en mesurerons l’efficacité par rapport aux objectifs ultimes. Je ne vois rien de tout cela dans ce projet de loi.
De prime abord, je ne m’oppose pas à l’emballage neutre. Si les données démontrent qu’il réduit la consommation de tabac, nous devrions probablement songer à l’adopter, mais où se trouvent ces données à l’heure actuelle? Tout ce que j’ai trouvé de similaire dans un autre pays se trouve en France, où l’on applique une réglementation sur l’emballage neutre. Les données officielles publiées en France le 29 janvier indiquent que l’emballage neutre n’a eu aucun effet sur le taux de tabagisme. En fait, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies indique qu’en 2017, le volume des ventes de cigarettes est demeuré stable. Il aurait légèrement baissé de 0,7 % après avoir augmenté de 1,3 % pendant les six premiers mois de l’année. Cette étude a été réalisée entre le 4 août 2017 et le 29 janvier 2018; ces données sont donc tout à fait à jour.
La ministre française de la Santé, Agnès Buzyn, a reconnu cet échec en déclarant que son gouvernement sait que l'emballage neutre n’incite pas les gens à cesser de fumer puisque, malheureusement, les ventes officielles de cigarettes ont augmenté en France. Elle en conclut que le paquet neutre n’a pas fait diminuer ces ventes.
Il y aurait lieu de se pencher sur l’étude française à l’étape de l’étude en comité. Il faudrait aussi alors examiner le contexte régional. Quels facteurs font que la situation est différente en France par rapport au Canada pour ce qui est de l’usage du tabac et de l'augmentation de la contrebande?
Quand nous mettons des règlements en place, nous devrions pouvoir définir ce que nous espérons obtenir comme résultat stratégique mesurable, et je ne suis pas sûr que cela ait été fait dans ce cas: combien cela coûtera-t-il, et comment allons-nous mesurer le succès de la mesure?
Nous avons besoin de recherches plus solides, et j’aimerais que le gouvernement s’en occupe avant la mise en œuvre de ce cadre.
:
Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi. Avant de commencer, j’aimerais informer la Chambre que je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Aujourd’hui, j’aimerais aborder le projet de loi sous trois angles différents. J’aimerais parler du taux actuel de tabagisme, des possibilités de succès de l’emballage neutre et du rapport entre la consommation de tabac et la consommation de marijuana.
Pour ce qui est du taux actuel de tabagisme, les nouvelles sont bonnes. La consommation de tabac suit une tendance à la baisse depuis environ 50 ans. Il s’agit d’un fait bien établi. Au cours des dix dernières années, nous avons vu le taux de tabagisme diminuer d’environ 10 %. Je m’attends à ce que cette tendance se poursuive, la consommation de tabac étant de moins en moins acceptable culturellement.
Pourquoi abordons-nous cette question ici? L’une des raisons pour lesquelles je me suis lancé en politique, c’est que je crois souvent que le gouvernement se mêle de choses qui ne le concernent pas. Il s’agit d’un autre domaine où nous devons nous demander si le gouvernement a même raison de s’inquiéter de l’usage du tabac chez les Canadiens.
Au Canada, nous profitons de soins de santé publics. Ceux-ci ne sont pas nécessairement administrés par le gouvernement fédéral, mais une part importante de notre budget finit par être transférée aux provinces. Je sais que dans ma province, l’Alberta, 50 % des dépenses vont aux soins de santé. Par conséquent, étant donné tout l’argent que nous dépensons collectivement en soins de santé, il nous incombe d’empiéter collectivement sur les libertés des autres et de les empêcher de faire certaines choses.
Heureusement, nous ne jetons pas les gens en prison parce qu’ils fument, mais les pressions sociales et légales sont nombreuses pour inciter les personnes à ne pas fumer. Personnellement, je trouve que l’usage du tabac est une habitude malsaine. J’ai plusieurs personnes dans mon entourage proche qui fument. Je ne leur accorde aucun crédit. Je n’ai pas de problème à les dénoncer publiquement pour leur consommation de tabac, même s’il s’agit de personnes que je ne connais pas très bien. Je dois dire que cela fait partie de la culture des Canadiens. On ne parle jamais de l’obésité d’une personne. Toutefois, lorsque quelqu’un fume, il semble acceptable de lui dire qu’il s’agit d’une habitude malsaine qu’il devrait abandonner. C’est vrai d’ailleurs.
Les pressions sociales, les pressions légales et le fait que nous ayons un système de soins de santé public semblent contribuer ensemble à réduire le taux de tabagisme ici au pays.
Comme je l’ai déjà mentionné, dans les années 1960 — et je n’étais pas là dans les années 1960, mais j’ai fait quelques lectures et mes notes me le confirment —, environ 50 % des Canadiens fumaient. On me dit qu’aujourd’hui ce sont environ 13 % des Canadiens qui fument. Je dirais que, quoi que nous fassions, cela semble fonctionner.
Nous en venons à la banalisation des emballages que le présent projet de loi vise. La banalisation des emballages fonctionnera-t-elle? Les députés du NPD disent à qui veut l’entendre que cela fonctionnera vraiment. Comment juge-t-on que quelque chose fonctionne? À quoi ressemblera le succès? Si nous assistons à une tendance à la baisse au sein de la population des fumeurs, nous devrions nous attendre à une baisse importante et soudaine après avoir mis en œuvre la banalisation des emballages. Nous nous attendrions à ce que cette tendance se poursuive dans la même direction, avec un sursaut au moment de l’instauration des emballages neutres, à la baisse nous l’espérons. Cela reste à voir, et je ne crois pas que nous allons le voir.
Un autre élément que j’aimerais souligner à propos de la banalisation des emballages, c’est que, à partir des exemples d’emballage neutre que j’ai pu voir, je suis sûr de pouvoir en produire un avec mon imprimante personnelle. Cela constituera un cadeau pour le milieu de la contrebande. Dans la province d’où je viens, l’Alberta, la contrebande n’est pas un aussi grand problème parce qu’on n’y cultive pas beaucoup de tabac. Le tabac de contrebande introduit en Alberta vient de loin.
Le tabac de contrebande dont j’ai entendu parler en Alberta se présente habituellement dans un emballage neutre. C’est d’ordinaire un emballage ne portant aucune marque distinctive. À la différence d’autres endroits où le tabac de contrebande est emballé dans des sacs de plastique, il semble qu’en Alberta il se présente dans un emballage neutre. Par conséquent, l’emballage neutre sera un cadeau, dans le sens que si on voit aujourd’hui quelqu’un avec un emballage neutre, on sait immédiatement qu’il s’agit de contrebande, alors qu’on ne le saura plus si tout le monde a des emballages neutres.
Cet aspect touche aussi au débat sur la marijuana que nous avons ici. Quelqu'un, je ne sais plus trop qui, a envoyé ceci à mon bureau et inscrit « tabac » et « marijuana » sur chacune des faces. Ce qui est intéressant, c’est que la personne souligne que l’emballage neutre, ou même la forme et la quantité de tabac, l’apparence des cigarettes, ce genre de choses, sont strictement réglementés par le gouvernement; pourtant, lorsqu’il est question de marijuana, il ne semble pas y avoir d’intérêt pour réglementer quel produit sera consommé, comment ou pourquoi. Bien sûr, je sais qu’on consomme la marijuana d’autres manières qu’en la fumant, mais il est intéressant de constater que nous débattons au Parlement de la légalisation de la marijuana en imposant des restrictions plus sévères à la cigarette.
Voici un autre élément intéressant à souligner: dans le cadre du débat sur ce projet de loi particulier que le gouvernement semble appuyer, le gouvernement instaure la banalisation de l'emballage des cigarettes mais ne propose aucunes règles concernant la publicité et l’emballage de la marijuana. Cette image montre quelques exemples d’emballage de marijuana, qui ressemblent à des emballages de bonbon, puis une image de cigarettes. Je ne sais pas si c’est la même chose dans toutes les provinces. En Alberta, le tabac aromatisé est illégal. Je sais aussi que les emballages de produits du tabac sont la chose la plus dégoûtante qu’on ait jamais vue; 75 % de l’espace y est occupé par une mise en garde sur la santé. Par exemple, on voit ici une photographie de la bouche d'une personne dont les dents sont pourries. Je crois que ce serait plus efficace qu’un emballage neutre. Et voici un exemple d’emballage de marijuana, sans mise en garde sur la santé, et ne semblant porter aucune indication quant à la nocivité du produit pour la santé.
Fait intéressant, la marijuana peut avoir des effets encore plus nuisibles pour la santé que le tabac. Le tabac nuit à la santé physique. La marijuana peut aussi nuire à la santé mentale. Le gouvernement est cependant demeuré silencieux quant aux mises en garde qui figureront sur l’emballage. Il indique néanmoins qu’une certaine stratégie de marque sera permise.
Nous avons vu que des acteurs de la série Trailer Park Boys et des membres du groupe Tragically Hip ont accepté d’agir en tant qu’ambassadeurs pour la commercialisation de marijuana, mais l’icône du Marlboro Man est depuis longtemps hors-la-loi au Canada. Il serait intéressant, au nom de la cohérence, que nous nous penchions là-dessus.
Une autre soi-disant sainte taxe que nous administrons vise l’alcool. Encore là, des lignes directrices assez strictes s’appliquent à la publicité surtout. Or, il ne semble rien exister en ce qui concerne la marijuana. Il semble que nous bougions très rapidement dans une direction à l'égard d'un produit particulier, mais dans une toute autre direction en ce qui a trait à un autre. Cela me paraît bizarre, notamment parce que je suis porté à croire que le libre marché offre beaucoup d’avantages. Le libre marché nous donne tout ce dont nous avons besoin. Je dirais que nous devons permettre au marché libre de prospérer, mais je rappelle que notre pays compte sur un régime public de soins de santé et que nous avons donc le droit d’imposer à tous certaines restrictions en matière de santé.
J’ai hâte de voir ce qu’il adviendra de ce projet de loi lors de l'étude en comité. Je sais que mon parti appuiera son renvoi au comité. J’espère sincèrement que les membres du comité tiendront compte du taux actuel et de la diminution de ce taux, qu’ils examineront l’incidence de la banalisation des emballages sur la contrebande et qu’ils étudieront l’orientation du présent gouvernement qui a présenté une mesure législative sur la marijuana et qu'ils tenteront, d’une certaine façon, d’assurer une cohérence avec les autres produits vendus au Canada.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de participer au débat sur le projet de loi , loi modifiant la Loi sur le tabac, la Loi sur la santé des non-fumeurs et d’autres lois en conséquence. Après lecture de ce très long titre, les gens pourraient avoir envie de revenir à l’époque du gouvernement conservateur qui avait des formules très accrocheuses pour désigner les mesures législatives.
Je me pencherai sur trois éléments du projet de loi. Le premier est le vapotage, le deuxième, l’emballage neutre envisagé dans la loi et le troisième, celui des arômes. S’il me reste un peu de temps, je ferai des commentaires d’ordre général sur la santé publique et l’approche qui s’en dégage.
En mai 2015, le comité de la santé — auquel je siégeais à l’époque — a publié un rapport unanime. Nous avions travaillé fort et nous en étions venus à la conclusion qu’il fallait un cadre réglementaire pour le vapotage. Nous avons présenté 14 recommandations au gouvernement en mai de cette année-là et nous attendions sa réponse. Le rapport réclamait à l'unanimité un cadre réglementaire. Cependant, il y a eu des élections peu de temps après et le gouvernement de l'époque n’a pas eu l’occasion de répondre et d’aller de l’avant.
Il est intéressant de noter que cette mesure figurait dans la lettre de mandat de la ministre après l'élection des Libéraux à l’automne de 2015, quelques mois après la remise de ce rapport unanime avec ses recommandations, et qu’il a fallu près de trois ans pour que ce projet de loi en arrive à l’étape où il en est maintenant. Cela en dit long sur le temps que prend le gouvernement pour présenter une mesure qu’il considère comme prioritaire, alors qu’il l'avait présentée comme une priorité dans une lettre de mandat, que beaucoup de travail préliminaire était déjà fait et qu’il y avait consensus à la Chambre. De récents articles dénoncent l’inefficacité du gouvernement en matière législative, particulièrement lorsqu’il s’agit d’adopter une mesure aussi solidement appuyée que l’encadrement réglementaire du vapotage.
Comme le gouvernement aime bien compliquer les choses, il n'a pu s'empêcher d'ajouter d’autres éléments à ce projet de loi, dont je parlerai tout à l’heure. Pour ce qui est du vapotage, un cadre réglementaire est tout à fait approprié. Je souligne que l’interdiction de la vente aux mineurs, l’interdiction de mousser l’attrait des produits de vapotage auprès des jeunes et la communication d’information à Santé Canada sont toutes des mesures judicieuses.
Je sais que quelques-uns de mes collègues l'ont déjà dit, mais il est important de le rappeler. Comme bien des gens le savent, le député de est actuellement à l'hôpital. Tous les députés lui souhaitent d'ailleurs un prompt rétablissement. Il suit actuellement le débat et ce qui se passe au Parlement — ce qui en dit long sur la passion qui l'anime et sur les efforts qu'il déploie — et il envoie des messages à tous ceux qui s'apprêtent à prendre la parole. Il nous demande si nous avons lu tel article, si nous sommes au courant de ceci ou de cela. Nous lui souhaitons vraiment un prompt rétablissement. Qu'il se repose bien, car il a dit vouloir trouver un meilleur équilibre de vie.
Je vais parler d'un article qu'il nous a envoyé. Cet article vient d'être publié, en janvier. Le titre nous apprend qu'une femme réclame des règlements plus stricts sur le vapotage après le décès de son beau-fils, un jeune joueur de baseball. Celui-ci avait 14 ans. On l'a retrouvé étendu sur le plancher de la salle de bain, à côté de produits de vapotage. Son décès ne peut évidemment pas être attribué directement à ces produits. L'article raconte qu'on l'a amené à l'hôpital et qu'il est mort peu de temps après.
C'est donc une invitation à la prudence. Nous savons qu'un jeune homme a été exposé à un produit, et cela doit nous amener à nous poser des questions et à surveiller certains éléments. Cette situation nous rappelle que, bien que le cadre réglementaire actuel offre une certaine protection, il est essentiel de poursuivre les recherches.
Personne n'a encore abordé ce point, je crois. Pour le moment, il n'y a pas grand-chose au sujet des gens qui vendent des produits illégaux, mais une étude récente souligne qu'il est essentiel de poursuivre les recherches et de bien connaître la composition des produits de vapotage. Cette étude établit un lien entre les cigarettes électroniques aromatisées et une maladie respiratoire, la bronchiolite oblitérante, aussi appelée maladie pulmonaire du maïs soufflé. Les vapoteurs doivent donc se montrer très prudents à l'heure actuelle, puisque rien ne régit le contenu des produits de vapotage.
Voici un extrait:
Une équipe de chercheurs de la Harvard T.H. Chan School of Public Health a noté, dans la majorités des liquides de cigarettes électroniques testés, la présence d'un produit chimique associé à de graves maladies respiratoires. Dans le cadre de cette nouvelle étude, publiée mardi, l'équipe a testé 51 types de cigarettes électroniques et leurs liquides de recharge aromatisés.
Notons que cette étude a été réalisée il y a quelques années.
Selon l’auteur principal, Joseph Allen, qui est professeur adjoint en science de l’évaluation de l’exposition, l’étude a surtout porté sur les arômes qui sont attrayants pour les enfants et les jeunes consommateurs, comme melon d’eau de Waikiki, sang d’extraterrestre, petit gâteau et barbe à papa.
Selon les chercheurs, plus de 75 % des produits testés contenaient l’arôme chimique qu’on appelle diacétyle.
Cela remonte aux fabriques de maïs soufflé, où certains employés contractaient une maladie respiratoire débilitante, la bronchiolite oblitérante, aussi appelée maladie pulmonaire du maïs soufflé. Il s’agit d’une maladie très grave et irréversible du poumon qui requiert souvent une greffe.
Le tabagisme endommage les poumons sur une longue période, mais les effets du diacétyle et de la bronchiolite oblitérante sont beaucoup plus rapides et beaucoup plus préoccupants. Ce produit peut être ingéré, mais il pose un problème particulier lorsqu’il est inhalé dans les poumons. Nous savons qu’il se trouve dans les cigarettes électroniques. Aux États Unis, plus de 7 000 arômes sont offerts sur le marché, et bon nombre de ces produits en contiennent. Puisque Santé Canada n’a pas encore réglementé les cigarettes électroniques, les utilisateurs doivent faire preuve de prudence.
Ceci m’amène au problème des arômes. Au cours de la législature précédente, notre gouvernement s’était notamment engagé à interdire les arômes qui sont attrayants pour les jeunes. Je sais que les arômes de chocolat, de fraise et de banane offerts sur le marché étaient très attrayants pour les jeunes.
À cette époque, nous avons longuement discuté de la question du menthol. Certains suggéraient d’interdire aussi le menthol, mais notre décision à ce moment-là a été fondée sur le fait que le menthol était un arôme offert dans les cigarettes depuis de nombreuses années, et qu’il s’agit d’un produit légal au Canada dont les risques sont connus des adultes qui choisissent de le consommer. Comme ils ont choisi de fumer des cigarettes au menthol depuis des années, nous avons donc jugé qu’il aurait été injuste que le gouvernement d’alors interdise le menthol.
Je constate dans ce projet de loi que le nouveau gouvernement a décidé d’interdire le menthol. Les députés devraient peut être écouter ce qu’ont à dire les gens, surtout les adultes, à ce sujet, puisqu’une décision différente avait déjà été prise. Je suis entièrement d’accord pour interdire des arômes comme le chocolat, la fraise ou la banane, mais nous avions pris une autre décision en ce qui concerne le menthol.
Comme il ne reste pas beaucoup de temps, j’aimerais terminer en parlant du paquet neutre. Certains disent qu’il est très efficace, mais d’autres soutiennent qu’il ne change pas grand chose.
Étant originaire de la Colombie Britannique, je n’avais pas conscience de l’ampleur du problème de la contrebande du tabac avant d’entendre mes collègues de l’Ontario en parler. Les échanges à ce sujet ont été assez cohérents. Aussi, pour la première fois de ma vie, j'ai pu voir des sacs de tabac de contrebande. Les politiques du gouvernement canadien ont évidemment eu d’importantes répercussions sur l'industrie du tabac de contrebande. C’est une question qui doit être étudiée très attentivement au comité.
De façon générale, nous appuyons le renvoi de cette mesure au comité. Nous estimons que certains aspects pourraient justifier un examen plus approfondi.
:
Monsieur le Président, aujourd'hui, je me lève pour appuyer le projet de loi qui modifie la Loi sur le tabac afin d'inclure et de réglementer les produits de vapotage et de renforcer les moyens de la lutte contre le tabagisme.
Comme mes collègues l'ont mentionné, le NPD a travaillé et collaboré avec différents gouvernements au cours des 30 dernières années pour promouvoir et mettre en place les principes de ce projet de loi. En 2009, un projet de loi du NPD a été déposé pour restreindre l'étiquetage, l'emballage et la vente de tabac aromatisé. Cela avait notamment conduit le gouvernement conservateur a légiférer dans ce domaine.
On ne peut pas faire autrement: 37 000 Canadiens meurent chaque année d'une maladie liée au tabac. Le tabagisme est la première cause évitable de maladies et de décès précoces au Canada. Pensons-y, c'est une personne qui meurt à toutes les 14 minutes à cause du tabagisme.
Les grandes compagnies du tabac cherchent à maintenir leurs profits alors que les produits contenant de la nicotine sont responsables de la situation actuelle. Elles ont menti pendant des dizaines d'années en essayant de masquer les effets nocifs de la cigarette sur la santé publique. C'est pourquoi il est clair que nous devons nous doter de règles strictes extrêmement explicites et nous devons les appliquer dès que possible sur les produits du tabac et du vapotage.
Un point qui me touche particulièrement en tant qu'ancienne enseignante est la question de l'emballage neutre et de l'attrait auprès des jeunes. Malheureusement, trop de jeunes Canadiens fument. Environ 17,17 % des Canadiens de 12 ans et plus fument tous les jours. L'âge moyen d'initiation à la cigarette est d'environ 13 ans. Les compagnies de tabac cherchent toujours de nouvelles solutions pour attirer la jeune clientèle et la fidéliser. Quand on sait que la nicotine crée une dépendance et qu'un tiers des fumeurs meurt de maladies liées au tabagisme, on doit prendre au sérieux cette question et légiférer le plus rapidement possible pour éviter que d'autres jeunes commencent à fumer et développent une dépendance aux produits du tabac.
On sait aussi que les compagnies sont très imaginatives quand il faut mettre en place des emballages et des techniques pour rendre attrayant leurs paquets de cigarettes. Elles utilisent, par exemple, des couleurs pastel pour attirer les femmes, qui représentent une clientèle cible des compagnies de tabac. On peut aussi associer des mots tels que « sexy », « beauté », « amusant » ou des mots relatifs au train de vie festif mené dans les bars à des paquets de cigarettes. Cela offre une fausse image positive des produits du tabac.
Si ces questions de santé ne sont pas suffisantes, la question économique pourrait intéresser mes collègues. Les trois plus grosses compagnies de tabac au Canada ont fait des profits de 25 milliards de dollars en 2015. Par contre, les frais de santé directs et indirects liés au tabagisme s'élèvent à environ 4 milliards de dollars par année au Québec seulement. Ce sont des centaines d'écoles et des milliers de nids de poule qu'on pourrait réparer si on n'avait pas à payer pour que des compagnies se fassent de l'argent grâce une dépendance créée par elles. On peut retrouver tous ces chiffres et même plus sur le site De Facto.
L'emballage neutre permet de diminuer l'attrait des paquets de cigarettes, particulièrement chez les adolescents et les jeunes adultes. Il a été testé en Australie. Les résultats sont clairs: il y a une nette diminution du taux de tabagisme de plusieurs points de pourcentage. En Nouvelle-Galles du Sud, l'État le plus peuplé de l'Australie, le tabagisme est passé de 23,5 % à 6,7 % chez les jeunes. L'ex-ministre australienne Nicola Roxon, en visite à Toronto, a expliqué à la presse à quel point la loi sur l'emballage neutre a permis de diminuer le tabagisme en Australie. D'ailleurs, depuis la mise en place de cette initiative, en 2012, le nombre de fumeurs a diminué de 100 000. Si on faisait la comparaison au Canada, ce chiffre serait d'environ 190 000, donc près de 200 000 fumeurs en moins. C'est un chiffre incroyable. Quand on parle de mortalité et de maladies liées au tabagisme, ce sont des vies humaines qu'on peut sauver en mettant en place des mesures comme celle-là.
L'industrie du tabac savait que cela allait diminuer ses profits: Philip Morris Asia a intenté une action en justice contre le gouvernement australien en s'appuyant sur les clauses d'un traité d'investissement entre Hong Kong et l'Australie. La compagnie a expliqué dans son communiqué de presse que l'emballage neutre était dommageable pour sa propriété intellectuelle et a utilisé d'autres arguments fallacieux pour s'y opposer. Elle a en outre cherché une autre fois à contourner les lois et à manipuler la population, comme elle l'a fait à propos de la nicotine. Finalement, ses arguments ont été totalement écartés par la plus haute cour de justice australienne, et apparemment, la compagnie ferait moins de profits en Australie depuis. Ce n'est pas trop étonnant.
Cette anecdote nous rappelle à quel point il est important de mettre en place l'emballage neutre dans les plus courts délais, mais aussi de faire attention lors de la signature de nos traités de libre-échange, afin que des compagnies comme Philip Morris Asia ne viennent pas tenter de diminuer notre arsenal législatif protégeant la santé des Québécois et des Canadiens.
Le second point du projet de loi est la réglementation des produits de vapotage, la fameuse cigarette électronique. Le NPD sait que cette nouvelle technologie est un outil prometteur de réduction des préjudices servant à promouvoir l'abandon du tabagisme. Cependant, les répercussions à long terme du vapotage sur la santé manquent actuellement de clarté et doivent faire l'objet de recherches approfondies. Nous espérons que ces informations seront ajoutées au fil du temps dans le cadre des études du Comité permanent de la santé.
Cependant, les bénéfices d'un tel produit sont pour l'instant à discuter, car certains produits sont encore méconnus. Les produits de vapotage peuvent contenir de la nicotine, ce qui est toujours dangereux pour la santé publique. Le ministère en interdit l'importation et a effectué de nombreuses saisies à la frontière, ce qui démontre la nécessité de prendre d'autres moyens pour limiter l'accès aux produits contenant de la nicotine.
Certains moyens employés pour vendre les cigarettes électroniques sont les mêmes que ceux employés pour vendre le tabac, comme l'ajout d'arômes. Un premier pas a été fait en interdisant certains ingrédients permettant de donner à ces produits un goût plus attrayant, mais c'est dommage que ce projet de loi n'interdise pas tous les arômes du tabac, comme le menthol. Nous devons limiter au maximum les ajouts d'arômes pour veiller à ce que les produits de vapotage contribuent réellement à diminuer la consommation de cigarettes et d'autres produits du tabac.
Un autre élément positif du projet de loi est la limite concernant la promotion de ces produits, ainsi que l'ajout de certains ingrédients qui pourraient être vus comme étant plus sains. Les enfants et les jeunes doivent être protégés des campagnes publicitaires malveillantes. Tant que nous ne connaissons pas les effets à long terme du vapotage, il en va de leur sécurité. Nous devons appliquer le principe de précaution, limiter l'accès à ce produit et ne pas laisser les compagnies y ajouter des additifs, comme des vitamines, permettant de lui donner une fausse image saine.
Tout cadre réglementaire s'appliquant aux produits de vapotage devrait chercher à maximiser les avantages éventuels de ces produits comme moyens de réduire les méfaits du tabagisme, tout en limitant leur risque potentiel pour la santé et en restreignant leur accès aux jeunes.
Nous sommes aujourd'hui le 30 janvier 2018. Les libéraux devraient accélérer l'adoption de ce projet de loi. En 2015, le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes a publié un rapport intitulé: « Vapotage: vers l'établissement d'un cadre réglementaire sur les cigarettes électroniques ». Le Comité avait tenu huit réunions et avait entendu 33 témoins. Le rapport contenait 14 recommandations, notamment que le gouvernement du Canada, en collaboration avec les acteurs concernés, crée un cadre législatif fixant les concentrations maximales de nicotine, entre autres.
On avait donc déjà toutes les informations nécessaires pour mener à bien ce projet de loi. Or les libéraux ont attendu plus de deux ans avant de nous présenter un projet de loi, et ce, en passant par le Sénat plutôt que par la Chambre des communes. Je le répète: l'adoption d'un tel projet de loi peut sauver des vies. J'espère donc qu'il verra le jour rapidement et que nous pourrons l'améliorer en cours de route.