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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui sur la motion qui traite des amendements émanant du Sénat concernant le projet de loi .
L'historique du projet de loi est long et extrêmement problématique, pour ne pas dire sordide. Je vais en lire quelques extraits, mais j'aimerais d'abord dire que je suis favorable, bien entendu, à l'amendement du Sénat. Je vais expliquer pourquoi.
[Traduction]
Faisons brièvement l'historique du projet de loi , parce qu'elle vaut la peine qu'on s'y attarde. Ce projet de loi a été présenté il y a près de trois ans.
C'est dommage. Je pense par exemple à un groupe que les députés connaissent bien, Enfants sur la liste d'interdiction de vol. Ce groupe réunit des parents qui ont un ou plusieurs enfants qui se retrouvent indûment sur la liste d'interdiction de vol parce qu'ils portent le même nom qu'une personne au passé douteux.
Quand ces parents sont venus sur la Colline du Parlement la première fois pour demander au gouvernement de remédier à ce problème, comme il l'avait promis, celui-ci leur a répondu, par la bouche du , qu'ils devraient faire pression sur le , parce que la correction de la liste ne se ferait pas sans coûts. C'est ce qu'ils ont fait. Ils sont allés voir le ministre des Finances. Bonne nouvelle: l'argent nécessaire figurait dans le dernier budget. J'étais fier de faire partie de cette initiative non partisane.
Que s'est-il passé par la suite? On nous a dit qu'il fallait adopter le projet de loi omnibus et la flopée de dispositions sur la sécurité nationale qui étaient réparties sur les centaines de pages qu'il contenait, dont un chapitre sur la liste d'interdiction de vol. Comme par hasard, on nous disait qu'il devait être adopté au plus vite, mais une fois au Sénat, il a fait du surplace.
[Français]
Quel est le rapport avec le projet de loi ? Je m'explique. Dans les interventions médiatiques de l'attaché de presse du , on constate une chose: on dit qu'on a l'argent et qu'il faut adopter le projet de loi .
Au fil des mois, on a vu que le projet de loi , qui a été déposé à la Chambre il y a presque trois ans, est aussi resté longtemps au Sénat. Il y a un mois ou deux, au même moment où les parents dont les enfants sont sur la liste d'interdiction de vol faisaient du lobbying au Sénat pour précipiter l'adoption du projet de loi et régler ce problème atroce, le même porte-parole du nous a dit qu'il fallait aussi adopter le projet de loi plus rapidement. Eh bien, après trois ans, puis un an au Sénat, voilà que le projet de loi a été adopté.
Je ne veux pas douter de la bonne foi de personne, mais il y a un problème, car je ne vois aucun élément dans le projet de loi qui touche ce fléau qui perdure depuis trop longtemps et qui rend la vie difficile à ces parents lorsqu'ils vont à l'aéroport avec leurs enfants. Je profite de ce débat pour le dire à la Chambre, car bien que ces parents constituent un groupe non partisan, moi, je suis un politicien partisan, alors je me permettrai de déplorer que le gouvernement tente d'utiliser ce problème pour précipiter son programme législatif. S'il avait bien fait son travail, on ne connaîtrait pas les délais que l'on connaît en ce moment au Sénat.
[Traduction]
Maintenant que c'est dit, je vais parler plus précisément des amendements proposés par le Sénat. Je suis heureux de constater que le Sénat a amélioré un amendement que j'avais présenté au comité de la sécurité publique et qui avait été appuyé par tous mes collègues. Cet amendement visait à imposer une durée limite à la conservation des données recueillies à la frontière en application du projet de loi .
Pour donner un peu de contexte, les néo-démocrates se sont opposés à l'adoption du projet de loi , contrairement à ce que j'ai pu lire en juin dans certains médias qui rapportaient que le projet de loi avait été adopté sans qu'il n'y ait de vagues à la Chambre. C'est faux, nous nous sommes opposés à ce projet de loi et nous avons exprimé de sérieuses préoccupations au comité.
Une des inquiétudes exprimées par le commissaire à la protection de la vie privée concernait le fait que le Canada allait recueillir des données sur les entrées et les sorties à la frontière et qu'il allait communiquer aux États-Unis les données de base, comme les appelle le . C'est inquiétant, car ce qu'on constate en matière de sécurité nationale, et l'Agence des services frontaliers du Canada n'y fait pas exception, c'est qu'un filet de plus en plus étendu regroupe le type de données que nous recueillons. Le ministre a dressé une liste d'objectifs louables pour justifier la collecte des renseignements, que ce soit la gestion des cas d'enlèvement d'enfant liés à des différends concernant la garde, la lutte contre la traite des personnes et la possibilité d'intervenir contre ceux qui abusent du régime d'assurance-emploi ou de la Sécurité de la vieillesse. Nous y reviendrons dans un moment.
Ces objectifs semblent louables, du moins en théorie. Cependant, ils ne font pas disparaître les préoccupations au sujet de la protection de la vie privée, surtout si on pense que c'est l'administration actuelle aux États-Unis qui recueillera ces renseignements. Ce que la société civile nous indique à propos de ces données, c'est qu'elles atterrissent dans un réseau aux branches multiples. Comme un large filet vient regrouper toutes les données recueillies en matière de sécurité nationale, des données qui peuvent sembler anodines et qui sont recueillies à des fins légitimes peuvent facilement être communiquées à d'autres organismes grâce à ce régime de communication d'information et être utilisées à diverses fins qui n'étaient pas nécessairement prévues dans la mesure législative.
[Français]
Dans ce contexte-là, on a entendu les préoccupations soulevées par le commissaire à la protection de la vie privée concernant la période de rétention des données, qui était essentiellement illimitée. L'amendement que j'ai présenté visait une période de 15 ans et se basait sur une recommandation du commissaire lui-même. J'ai entendu des gens de la société civile dire dans les médias que c'était peut-être une période trop longue. Je comprends leurs préoccupations, mais ultimement, nous nous sommes fiés à l'expertise du commissaire à la protection de la vie privée.
À la suite de l'adoption de mon amendement et de l'adoption du projet de loi par la Chambre, malgré l'opposition du NPD, on a entendu au Sénat un témoignage du commissaire à la protection de la vie privée. Celui-ci disait que le libellé de l'amendement adopté était peut-être rédigé de telle sorte qu'on pourrait comprendre que la période serait d'un minimum de 15 ans plutôt que d'un maximum de 15 ans conformément à notre intention. Il a lui-même dit que ce n'était peut-être pas l'intention du comité.
Le Sénat a donc apporté ce correctif qui améliore un amendement que j'étais heureux de présenter. J'étais aussi heureux de recevoir l'appui des autres partis au comité. Évidemment, cela va de soi que nous appuyons l'amendement du Sénat.
L'amendement présenté par le gouvernement aujourd'hui est un appui à cet amendement. Alors, bien que nous nous opposions au projet de loi, nous appuyons la motion d'aujourd'hui qui vise à adopter cet amendement émanant du Sénat.
[Traduction]
Je prends un moment pour me pencher sur une autre question à l'égard de laquelle j'ai déjà exprimé certaines préoccupations liées au projet de loi . Plus tôt aujourd'hui, j'ai énuméré certains éléments dont le ministre a fait mention. Toutefois, un autre enjeu doit être examiné: celui concernant la Sécurité de la vieillesse et le programme d'assurance-emploi.
Le comité a convoqué les représentants ministériels concernés. Ils ont parlé des économies substantielles qui devraient être réalisées et de la fraude entourant les programmes d'assurance-emploi et de Sécurité de la vieillesse. Personnellement, je trouve choquant d'envisager de faire des économies dans l'administration de programmes destinés à aider les éléments les plus vulnérables de la société. Les fonctionnaires qui ont témoigné devant le comité ont même avoué croire dans la bonne foi des demandeurs d'assurance-emploi et des prestataires de la Sécurité de la vieillesse.
Voici le problème. Je vais parler de certains articles parus dans les médias en juin dernier. Par exemple, l'Association canadienne des « snowbirds » a fait état de ses préoccupations à l'égard de la circulation de ce genre d'information, ou du manque d'information, et de la communication de renseignements personnels dans le cadre d'initiatives pour mettre fin aux prétendus abus. Je songe par exemple à une situation aussi anodine que le fait de prolonger d'un seul jour un séjour dans un condominium aux États-Unis, ce qui pourrait, dans certains cas, entraîner l'arrêt des prestations au titre de la Sécurité de la vieillesse ou d'autres programmes gouvernementaux dès le retour au Canada. D'autre part, à cause de l'Internal Revenue Service des États-Unis, des gens sont refoulés à la frontière lorsqu'ils essaient de rentrer aux États-Unis pour rendre visite à des amis ou à des parents ou pour séjourner dans une résidence secondaire qu'ils ont là-bas. De toute évidence, il y a des doléances.
J'ouvre ici une parenthèse pour dire que le NPD comprend et convient certainement qu'il faut éviter la fraude, essentiellement parce que cela signifierait qu'on vole de l'argent à des gens qui ont besoin du soutien offert par ces programmes. Toutefois, il faut également comprendre que lorsqu'on partage de l'information pour mettre fin aux abus, il faut mettre en place des paramètres plus stricts concernant la communication avec les personnes susceptibles d'être visées.
[Français]
Une autre de mes préoccupations concerne évidemment le système d'assurance-emploi. Je suis certain que ma collègue de et ma collègue de Churchill — elle me pardonnera d'avoir oublié le nom complet de sa circonscription, qui est long — peuvent témoigner de la nécessité de bonifier le système d'assurance-emploi.
On parle du trou noir, des fameuses 15 semaines, des problèmes qui, malgré les belles paroles du gouvernement, n'ont pas été réglés. Or que fait-on? On envoie des personnes du ministère concerné au Comité permanent de la sécurité publique et nationale pour qu'elles s'y vantent des épargnes découlant du partage additionnel d'informations avec les Américains concernant les personnes qui voyagent.
Je ne veux pas manquer de respect à nos interprètes, mais je vais répéter ce que j'ai dit plus tôt en anglais. Je comprends pertinemment qu'on veuille mettre fin aux abus du système et qu'on veuille que l'argent aille aux prestataires appropriés. En même temps, je comprends aussi que les priorités semblent poser problème.
C'est drôle que j'aie parlé de la liste d'interdiction de vol au début de mon allocution. Le ministre s'est vanté du fait que très peu d'identifiants sont partagés dans le système que le projet de loi propose. Il a parlé des renseignements de base et il a dit que ces renseignements figuraient à la page 2 du passeport. Cela crée un autre problème parce que, justement, quand on a un nombre insuffisant d'identifiants, on peut avoir plusieurs difficultés à bien identifier un individu dans le contexte d'un programme gouvernemental, de l'Agence du revenu ou peu importe.
Je n'ai pas besoin de regarder plus loin que dans ma propre famille. La conjointe de mon petit frère a une jumelle, qui a la même première initiale, mais qui a pourtant un numéro d'assurance-emploi différent. Elles ont le même nom, la même date de naissance et la même première initiale, mais un numéro d'assurance-emploi différent. Qu'est-ce qui leur arrive? Elles sont régulièrement en train de se battre pour faire reconnaître leur identité lors des vérifications de crédit ou des vérifications d'antécédents. Elles vivent toutes sortes de situations auprès de l'agence du revenu, des programmes gouvernementaux et des banques. Bref, il y en a eu des circonstances et des problèmes dans le passé. Malheureusement, pour elles, ce n'est certainement pas la dernière fois au cours de leur vie qu'elles vont vivre ces problèmes. J'espère tout de même le contraire.
Je souligne cela, parce que, si les identifiants sont si peu nombreux, comme le ministre nous dit pour nous rassurer, cela peut créer des problèmes. Par exemple, une personne qui est prestataire de l'assurance-emploi et qui n'a même pas voyagé aux États-Unis mais qui a le même nom et la même date de naissance qu'une autre personne qui l'a fait pourrait être mal identifiée par le ministère, qui n'est même pas celui qui reçoit l'information. L'Agence des services frontaliers reçoit l'information, le ministère de l'Emploi reçoit l'information de la part de l'Agence. Comme députés, nous travaillons assez avec l'appareil gouvernemental pour savoir qu'il peut y avoir des erreurs en cours de route. Je dis cela en tout respect pour notre belle fonction publique.
[Traduction]
Ces erreurs sont encore plus troublantes pour toutes sortes de raisons. Tout d'abord, pendant les audiences du comité, j'ai interrogé ces représentants au sujet de l'assurance-emploi, de la Sécurité de la vieillesse et d'autres prestations. Je leur ai demandé ce qu'ils feraient s'il y avait des erreurs, si des gens se voyaient privés de leurs prestations d'assurance-emploi parce qu'on leur reprochait d'être allés aux États-Unis alors que ce n'était pas le cas. Chose incroyable, ils m'ont répondu que ces gens seraient alors obligés de s'adresser à l'ASFC.
Qu'en est-il de l'ASFC? C'est la seule agence de sécurité nationale qui n'est pas assujettie à un organe de surveillance. N'est-ce pas commode? La situation est extrêmement problématique, et cette réponse est loin d'être satisfaisante quand on pense que les personnes les plus vulnérables se verront priver des prestations d'assurance-emploi dont elles ont désespérément besoin à cause d'une erreur commise dans le cadre d'une initiative visant à communiquer encore plus de renseignements aux autorités américaines, à la demande de celles-ci. Tout le système découle de cela.
En outre, j'ai souligné que, même si le système de règlement des plaintes était inscrit dans la loi, l'ASFC devait être assujettie à un mécanisme de surveillance approprié. À ce moment-là, de même qu'au cours des trois dernières années, soit depuis qu'il est responsable de ce portefeuille, le ministre a promis d'y remédier, mais il ne l'a pas encore fait.
Le projet de loi prévoit notamment la plus grande réforme du système de sécurité nationale des 30 dernières années. Malgré toutes les assurances qu'on nous a données, le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement — le nouvel organisme de surveillance que l'on appelle couramment le « super CSARS » — ne supervisera l'ASFC que dans le contexte précis de la sécurité nationale. L'ASFC s'occupe toujours de la sécurité nationale à la frontière. Toutefois, on peut se demander si le fait de priver une personne de ses prestations d'assurance-emploi à cause de renseignements recueillis par l'ASFC relève de la sécurité nationale. On n'a toujours pas de réponse à cette question. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons des réticences par rapport au projet de loi .
Je veux soulever un dernier point. Des représentants de la Première Nation d'Akwesasne ont comparu à la fois devant le comité de la Chambre et devant celui du Sénat. Le territoire de cette Première Nation s'étend au-delà de la frontière. Les représentants nous ont expliqué que certains enfants de la communauté sont nés dans le Nord de l'État de New York, puis ont vécu au Canada. Il y a aussi des gens qui travaillent parfois aux États-Unis. À cause de l'emplacement géographique de la Première Nation, il arrive qu'ils doivent partir du Canada, passer par les États-Unis, puis revenir au Canada pour rentrer chez eux. Je suis heureux d'entendre qu'ils peuvent traverser la frontière. On ne devrait même pas leur imposer une telle chose, étant donné qu'ils sont les premiers habitants du pays.
Ils doivent déjà composer avec certaines difficultés parce que l'Agence des services frontaliers du Canada communique leurs renseignements personnels aux ministères compétents pour que ces derniers puissent leur verser les prestations gouvernementales auxquels ils ont droit. On peut donc imaginer que le système proposé par le projet de loi pourrait exacerber ces problèmes. Malheureusement, le projet de loi ne prévoit pas de dispense spéciale pour des gens comme eux, et c'est là également une source de préoccupation.
[Français]
En conclusion, je suis heureux d'avoir pu réitérer les raisons pour lesquelles le NPD s'est opposé au projet de loi . Nous comprenons pertinemment qu'on veut améliorer la fluidité des passages à la frontière, toujours travailler avec nos alliés et, bien entendu, s'assurer que personne n'abuse pas de nos programmes sociaux. Toutefois, nous constatons que le projet de loi permet encore une fois un partage d'information additionnel dans un contexte où les protections liées à la vie privée et aux droits des citoyens sont toujours insuffisantes.
Ce qui devrait nous inquiéter encore davantage, c'est que le projet de loi représente la première étape d'un partage d'information additionnel qui risque de gonfler au cours des prochaines années. C'est le premier ministre, avec le président américain, qui s'est engagé à bonifier la collaboration à la frontière, et ce n'est pas pour le mieux. On parle ici de saisie d'empreintes digitales, de fouille d'appareils cellulaires et même de la possibilité d'héberger nos agents et les leurs dans les mêmes endroits — en effet, cela a été évoqué lors de discussions entre le président américain et le .
Tous ces projets en sont à l'étape embryonnaire, et je ne veux pas qu'on me dise que je suis en train de déchirer ma chemise et de partir en peur, mais on a le droit de s'inquiéter, surtout quand on voit les agissements du président américain actuel et la façon dont on protège nos citoyens, que ce soit à la frontière ou ici, à la maison, quand ils ont besoin des programmes sociaux qu'ils méritent.
Les intentions derrière le projet de loi sont donc louables, mais l'exécution est tout autre chose. Nous appuyons l'amendement du Sénat, mais nous nous opposons toujours au projet de loi .
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Madame la Présidente, je veux juste dire quelque chose à mon collègue de , qui a mentionné, il y a quelques instants, que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale était peut-être un des comités les plus collégiaux de la Chambre.
Je me plais à dire que le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire est aussi un beau comité qui fonctionne bien avec les gens de toutes les allégeances politiques.
Malheureusement, comme dans tout cas, nous ne sommes parfois pas d'accord avec nos collègues et les choses peuvent s'envenimer et devenir un peu plus tendues. Cependant, le rôle des comités parlementaires, de la Chambre et de chacun d'entre nous est de faire valoir nos points de vue au sein des comités.
Je peux dire que je suis très fier du travail de mes collègues conservateurs du Comité permanent de la sécurité publique et nationale qui font un excellent travail dans tous les dossiers. Je pense que cela vaut la peine d'être mentionné.
Une grande partie du travail des députés, à la Chambre, est un travail qui ne se passe pas juste derrière les rideaux, mais dans d'autres salles, des salles autres que la belle Chambre des communes. Dans les salles de comité, il y a beaucoup de choses qui sont faites pour le bien de tous les Canadiens, et je pense que cela vaut parfois la peine de prendre quelques instants pour souligner ce travail.
Le projet de loi , comme on l'a mentionné, concerne les douanes et les frontières. Je ne peux pas commencer à parler du projet de loi C-21 sans tout d'abord prendre quelques minutes pour parler d'un dossier extrêmement important qui concerne les frontières. Il s'agit de la migration illégale à laquelle nous sommes présentement confrontés.
La raison pour laquelle je pense que c'est le temps d'en parler à ce moment-ci, en même temps que le projet de loi C-21, sera comprise sous peu.
Le directeur parlementaire du budget a publié un rapport sur le coût des passages illégaux à la frontière. Dans ce rapport, le directeur parlementaire du budget nous offre des éclaircissements sur la situation de crise à la frontière canadienne avec les État-Unis. Il y a 38 000 personnes qui sont entrées illégalement au pays depuis 2017. Je dis bien « illégalement », car de ce côté-ci de la Chambre, nous aimons utiliser les mots qu'on devrait utiliser.
Sur les affiches qui sont installées aux frontières et au chemin Roxham, c'est bel et bien indiqué clairement qu'il est illégal de franchir la frontière à cet endroit. Pourtant, de nombreuses personnes le font. En fait, 38 000 personnes l'ont fait, selon le directeur parlementaire du budget. C'est pour cela que nous, les conservateurs, parlons de ces gens comme des migrants illégaux. Depuis 2017, 38 000 personnes ont franchi illégalement nos frontières. Elles sont entrées illégalement au pays, pas uniquement par le chemin Roxham, mais ce chemin en a accueilli la majorité.
Le a échoué à régler cette crise. Il faut le dire, la crise, c'est lui qui l'a créée. Il faut se rappeler le fameux tweet de janvier 2017 du premier ministre, le tweet de bienvenue au Canada. Ce tweet a eu beaucoup d'échos partout dans le monde, tellement d'échos que le résultat de ce tweet, c'est 38 000 passages illégaux à notre frontière.
Il y a eu d'autres conséquences, mis à part le nombre de personnes entrées illégalement au pays. Les données du directeur parlementaire du budget démontrent que le coût d'accueil d'une personne qui traverse la frontière illégalement est supérieur au salaire brut annuel des travailleurs canadiens qui gagnent le salaire minimum.
D'ici 2020, si le ne fait toujours rien pour traiter cette crise, elle va coûter 1,1 milliard de dollars aux Canadiens, sans compter les centaines de millions de dollars en coûts supplémentaires pour les provinces.
J'en parle aujourd'hui pour une double raison. Premièrement, les premiers ministres des provinces et le premier ministre du Canada sont réunis aujourd'hui à Montréal. Deuxièmement, nous avons appris aujourd'hui que le gouvernement du Québec a fixé à 300 millions de dollars la somme qu'il réclame à Ottawa pour avoir accueilli ces immigrants illégaux à la suite du tweet que le premier ministre a publié en janvier 2017. Il s'agit de 300 millions de dollars.
Quelle réponse avons-nous eue, aujourd'hui, lorsque nous avons posé la question. On nous a dit qu'une somme de 36 millions de dollars a été versée au gouvernement du Québec pour voir aux besoins urgents de logement des immigrants illégaux.
Je pense qu'on essaie présentement de jouer à un petit jeu. On dit qu'on va payer les frais de logement des migrants illégaux, alors qu'on sait fort bien que les coûts sociaux pour accueillir ces migrants illégaux incombent presque en totalité au gouvernement du Québec.
Ce n'est pas suffisant d'essayer de fuir ses responsabilités — puisque c'est effectivement le qui a créé cette crise — en disant qu'on a dépensé 36 millions de dollars pour répondre aux besoins urgents en logement. Le gouvernement du Québec a demandé 300 millions de dollars. J'ose espérer que le gouvernement fédéral va répondre adéquatement à cette demande dans les plus brefs délais. Les 1,1 milliard de dollars n'étaient pas prévus au budget et ne seront pas investis pour répondre aux besoins des Canadiens et des Canadiennes. Une fois de plus, c'est un échec.
Cette situation démontre à quel point le premier ministre échoue quand vient le temps d'agir sur la scène internationale. Les accords commerciaux et les tarifs qui nous sont imposés sur le bois d'oeuvre, l'acier et l'aluminium en témoignent. De plus, on est incapable de régler la crise du blé dur. Bref, la question des douanes et des frontières englobe beaucoup d'éléments et de sujets. De ce côté-ci de la Chambre, nous travaillons fort pour démontrer aux Canadiens que le gouvernement, quand vient le temps de régler les questions d'immigration illégale, échoue sur toute la ligne.
Un autre sujet en lien avec les frontières sera abordé la semaine prochaine par le , soit la signature du Pacte mondial pour les migrations des Nations unies. C'est une initiative de l'Organisation des Nations unies visant à établir des normes et des responsabilités internationales sur les migrations. Cela vaut la peine de prendre le temps de réfléchir aux conséquences de la signature d'un tel pacte.
Les faits et gestes du premier ministre, depuis janvier 2017, nous portent à croire qu'il n'aime pas trop les frontières. Il n'aime pas qu'on empêche les gens de venir au Canada de manière illégale. Malheureusement, le Pacte pour les migrations de l'ONU va un peu dans le sens que semble favoriser le premier ministre depuis janvier 2017.
Nous, les conservateurs, croyons que le Canada doit contrôler ses frontières et avoir une pleine autonomie pour ce qui est de choisir qui entre au pays. C'est pourquoi nous nous opposons à ce que le Canada adhère au Pacte mondial pour les migrations. Ce n'est pas un secret. Ce sont les Canadiens et les Canadiens seulement qui devraient décider qui vient au pays et dans quelles circonstances, et non des entités étrangères comme l'ONU. Je tenais à prendre deux secondes pour parler de cet élément avant d'aborder le projet de loi qui nous occupe aujourd'hui.
Dans le cadre du débat sur le projet de loi , je tiens à faire un petit rappel: c'est le 15 juin 2016 que le l'a présenté à la Chambre. Ce projet de loi va autoriser l'Agence des services frontaliers à recueillir des informations biographiques sur tous les voyageurs, y compris les citoyens canadiens, lorsqu'ils quittent le Canada. À cet égard, l'Agence disposerait d'un pouvoir discrétionnaire, c'est-à-dire qu'elle pourrait recueillir des informations si elle le souhaite, mais qu'elle ne serait pas obligée de le faire.
Par ailleurs, la loi va autoriser les agents à exiger que les marchandises exportées du Canada soient déclarées, malgré les exemptions, et elle va leur donner le pouvoir de les examiner. Le projet de loi C-21 va également ajouter deux exemptions concernant l'exportation de marchandises. Tout d'abord, les marchandises à bord d'un moyen de transport qui entre et sort des eaux canadiennes n'ont pas besoin d'être déclarées. Ensuite, les marchandises à bord d'un moyen de transport qui se déplace d'un endroit à l'autre à l'intérieur du Canada n'ont pas besoin d'être déclarées.
En outre, le projet de loi va rendre illégale la contrebande et l'intention de faire passer en contrebande au Canada, clandestinement ou non, des biens qui sont soumis à des droits ou des produits dont l'exportation est interdite, contrôlée ou réglementée.
Il y a une raison qui explique pourquoi le Parti conservateur va appuyer le projet de loi. D'ailleurs, nous l'avons déjà appuyé et nous n'aurons pas d'objection à appuyer l'amendement du Sénat. La raison, c'est que ce projet de loi fait partie du plan d'action Par-delà la frontière, qui a été déclaré conjointement en 2011 par le premier ministre Stephen Harper et le président Barack Obama. Ce plan établissait un partenariat à long terme en matière de sécurité périmétrique. J'aimerais revenir quelques instants sur la déclaration commune. Celle-ci énonçait les domaines de coopération clés suivants entre les États-Unis et le Canada.
Ce qu'on visait principalement, c'était l'identification des menaces au début pour ne pas se faire prendre trop tard avec des choses qu'on aurait pu éviter, la facilitation du commerce, la croissance économique, l'emploi, l'application intégrée des lois transfrontalières et bien sûr les infrastructures essentielles et la cybersécurité.
Selon ce plan d'action, la mise en oeuvre de cette initiative d'échange d'information devait être mise en oeuvre le 30 juin 2014 selon le calendrier initial. En mars 2016, après sa première visite officielle aux États-Unis, le a annoncé l'accord avec les États-Unis pour mettre pleinement en oeuvre un système d'échange de renseignements biographiques de base.
Nous sommes maintenant en décembre 2018. Pourquoi est-ce qu'on a pris autant de temps, avant de procéder à l'adoption de ce projet de loi qui nous semble tout simplement logique?
C'est un projet de loi qui a l'autorisation, l'aval des deux administrations des deux pays. Il fallait donc procéder plus rapidement à son adoption. C'est important pour assurer la sécurité des Canadiens et des Canadiennes et surtout pour éviter que des gens d'ailleurs ou d'ici profitent indûment du système et passent des jours plus cléments sous le soleil de la Floride, tout en abusant de notre système de protection sociale. Pour toutes ces raisons, c'est évidemment un projet de loi qui doit être adopté le plus rapidement possible.