Bienvenue à la cinquième réunion du Comité permanent de la condition féminine.
Pour commencer, j'aimerais remercier tous les membres de leur assiduité, ainsi que les vice-présidentes, les membres du sous-comité et le personnel qui ont activement contribué à la préparation de la réunion d'aujourd'hui.
Pour que tout se déroule bien, j'aimerais vous rappeler les règles qui s'appliquent.
Les services de santé et de sécurité au travail nous ont demandé de limiter nos déplacements dans la salle et de porter un masque, sauf lorsque nous sommes assis. Lorsque vous vous déplacez, vous devez suivre les marques sur le sol, qui font le tour de la table dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Vous devez respecter la distanciation physique et ne pas vous approcher à moins de deux mètres d'une autre personne. Les fauteuils et les micros ont été disposés de façon à respecter cette distance. Pour minimiser les risques sanitaires, il n'y a qu'un membre du personnel dans la salle aujourd'hui, les autres peuvent être joints au téléphone.
Vous remarquerez que nous n'avons distribué aucun document sur support papier. Vous pouvez obtenir tous les documents et tous les renseignements dont vous avez besoin en écrivant à l’adresse FEWO@parl.gc.ca.
Aujourd'hui, nous allons examiner les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les femmes. Les membres du public peuvent nous soumettre des mémoires jusqu'au 30 juillet. Nous leur demandons de ne pas dépasser deux ou trois pages. Ceux qui ont besoin de plus de précisions sur la façon de soumettre ces mémoires sont invités à communiquer avec la greffière à FEWO@parl.gc.ca.
Pour les questions aux témoins, nous commencerons par une première série de questions de six minutes, et je donnerai la parole à un conservateur, qui sera suivi d'un libéral puis d'un NPD. Pour les séries de questions qui suivront, l'ordre des intervenants et la durée des questions sont les suivants: Parti conservateur, cinq minutes; Parti libéral, cinq minutes; Parti conservateur, cinq minutes; Parti libéral, cinq minutes; Bloc, deux minutes et demie; et Nouveau Parti démocratique, deux minutes et demie.
Je vous rappelle que notre temps est limité et que les deux ministres doivent assister au comité plénier prévu aujourd'hui; je vous invite donc à respecter votre temps de parole. Si vous avez droit à six minutes, je vous interromprai au bout de six minutes. Si vous avez droit à deux minutes et demie, je vous interromprai au bout de deux minutes et 31 secondes. Je m'adresse à vous, madame Mathyssen. Il faut que tout le monde comprenne bien que notre temps est limité. Je vous demande donc de respecter votre temps de parole afin que nous puissions poser toutes les questions et obtenir tous les renseignements qui nous intéressent, et que nous puissions avancer dans notre travail.
J'ai l'honneur aujourd'hui de souhaiter la bienvenue à l'honorable Maryam Monsef, députée et ministre des Femmes et de l'Égalité des genres et du Développement économique rural, ainsi qu'à l'honorable Carla Qualtrough, ministre de l'Emploi, du Développement de la main-d'oeuvre et de l'Inclusion des personnes handicapées. Mme Monsef est accompagnée de Guylaine Roy, sous-ministre, Femmes et Égalité des genres Canada, et de Nancy Gardiner, sous-ministre adjointe, Femmes et Égalité des genres Canada. Mme Qualtrough est accompagnée de Catherine Adam, sous-ministre adjointe principale, Direction générale des politiques stratégiques et de service; d'Andrew Brown, directeur général, Politiques de l'assurance-emploi; et de Philippe Massé, directeur général, Programme des travailleurs étrangers temporaires.
J'invite les ministres à nous présenter leur déclaration liminaire et à ne pas dépasser leurs 10 minutes, sinon je serai obligée de les interrompre.
Je donne la parole à l'honorable Maryam Monsef pendant 10 minutes.
Je vous en prie, madame Monsef.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Bonjour, chers collègues. Boozoo. Aaniin. As-salaam alaikum. J'espère que vous allez bien, ainsi que vos familles et vos collaborateurs.
Comme c'est la première fois que je comparais devant un comité depuis l'avènement de ce nouveau monde post-COVID-19, permettez-moi de profiter de l'occasion pour remercier la fonction publique du Canada de tous les efforts qu'elle déploie. Nous avons vraiment de la chance d'avoir la meilleure fonction publique au monde pour nous faire traverser cette période difficile. Je me réjouis également de comparaître avec Mme Qualtrough, qui a pris des mesures importantes, notamment le programme de la PCU.
Madame la présidente, j'ai hâte de connaître les résultats de votre étude des répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les plus vulnérables, sur les femmes, et sur les mesures à prendre pour s'en sortir. Je vous remercie de tous les efforts que vous déployez.
J'aimerais vous dire quelques mots sur ce que fait notre gouvernement en réponse à la pandémie de COVID-19, sur les répercussions de cette pandémie sur les femmes et sur les mesures qu'il faut prendre pour relancer notre économie. Mais je vais commencer par vous parler d'un livre que ceux d'entre vous qui viennent de Winnipeg ou qui sont ici depuis quelque temps connaissent bien. Il est intitulé Runaway Wives and Rogue Feminists, et il raconte l'histoire du mouvement des refuges pour femmes au Canada. Je vais commencer par cela.
En 1971, le gouvernement libéral d'alors avait mis en oeuvre le programme des Initiatives locales et le programme Perspectives Jeunesse, qui avaient pour vocation de venir en aide à ceux qui avaient des vulnérabilités particulières à une époque de grave ralentissement économique. Ces programmes encourageaient les Canadiens, surtout les femmes et les jeunes, à trouver des solutions concrètes à des défis locaux, moyennant une aide financière modeste du gouvernement fédéral.
Parmi les nombreuses solutions proposées, l'une d'entre elles, soumise par de jeunes Canadiennes au début des années 1970, consistait à créer des refuges pour femmes, et c'est ainsi que les premiers refuges pour femmes ont été créés au Canada. Aujourd'hui, on dénombre environ 600 refuges pour femmes au Canada, et c'est grâce à un groupe de jeunes femmes qui se sont mobilisées pour que les femmes battues et leurs enfants puissent avoir un endroit où se réfugier. En 1996, c'est dans l'un de ces refuges que ma famille et moi avons trouvé une protection.
Grâce à une décision prise en 1971 et aux investissements consentis à ce moment-là, les femmes d'aujourd'hui peuvent profiter de la créativité des femmes de cette époque et des solutions qu'elles ont mises en oeuvre. Il y aura encore des jeunes femmes pour proposer des solutions auxquelles nous n'avons jamais pensé, et le mouvement des refuges au Canada est un bon exemple de ce qu'il est possible de faire en période de difficultés.
Lorsque la pandémie s'est déclarée, l'une de nos premières décisions a été d'allouer 50 millions de dollars aux organisations qui viennent en aide à celles que les mesures de confinement rendent plus vulnérables aux violences fondées sur le sexe. Aujourd'hui, environ un millier d'organisations ont réussi à se maintenir en activité, à payer leur personnel, à assurer la propreté de leurs installations et à offrir un refuge aux femmes et aux enfants qui en ont vraiment besoin.
Nous avons commencé par nous concentrer sur les refuges et les centres d'aide aux victimes d'agression sexuelle, avant de décider de financer, ce que nous n'avions jamais fait auparavant, des organisations qui viennent en aide aux victimes de violence fondée sur le sexe sans pour autant avoir le mandat précis d'être un refuge ou un centre d'aide aux victimes d'agression sexuelle. Cela comprend toutes sortes d'organisations comme celles qui oeuvrent dans Downtown Eastside, celles qui oeuvrent dans des petites collectivités rurales et celles qui viennent en aide aux victimes de la traite des personnes.
Mais il y a encore beaucoup à faire. Nous sommes en train d'élaborer le premier plan d'action national pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe, et je serai très bientôt en mesure de vous donner des détails sur les efforts que nous déployons pour aider les victimes de la traite des personnes au Canada.
Dès le début, nous avons compris que ce sont les plus vulnérables qui étaient les plus touchés par la COVID-19, et nous en avons tenu compte dans toutes les mesures que nous avons prises. Toutes nos décisions ont été prises dans une perspective intersectionnelle sexospécifique. Je pourrai vous en dire davantage là-dessus.
Nous nous sommes également rendu compte que les femmes étaient particulièrement touchées par la pandémie, parce qu'elles avaient perdu leur emploi, parce qu'elles travaillaient en première ligne, parce qu'elles devaient s'occuper des enfants qui n'allaient plus à l'école ou à la garderie et parce que les personnes âgées avaient besoin d'aide, sans parler de la pandémie parallèle de violence fondée sur le sexe. Les femmes sont les plus touchées par la récession, et si nous voulons qu'elles sortent de cette « FEM-cession », il va falloir supprimer les barrières et les aider à retourner au travail. Faute de quoi, nous perdrons les gains difficilement acquis par celles qui nous ont précédés.
En mettant l'accent sur les plus vulnérables, nous avons réussi à venir en aide à des millions de Canadiens.
Le millier d'organisations que nous finançons et qui s'occupent des victimes de violence fondée sur le genre viennent en aide à environ trois millions de femmes et d'enfants au Canada.
Plus de huit millions de Canadiens touchent la PCU, et plus de trois millions bénéficient de la subvention salariale. Le supplément de l'Allocation canadienne pour enfants a aidé 3,7 millions de familles. Le supplément du crédit pour la TPS a permis de venir en aide à 12 millions de particuliers et de familles aux revenus faibles et modestes. Environ 600 000 étudiants ont pu recevoir la PCUE. Les suppléments de Sécurité vieillesse et de SRG ont été versés cette semaine à 6,7 millions de personnes âgées au Canada. Environ 688 000 entreprises ont pu se prévaloir du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes, et nous sommes en train d'envisager des aides supplémentaires pour les entreprises.
Madame la présidente, il ne va pas être facile de se relever de cette pandémie mondiale, d'autant plus que nous n'en sommes pas encore sortis. Il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons au sujet de ce virus, notamment la façon dont il se propage. Je suis fière que les Canadiens se soient mobilisés pour protéger les plus vulnérables.
Je suis reconnaissante à tous ceux qui ont travaillé en première ligne, surtout les femmes, qui se sont investies totalement. Certaines d'entre elles ont dû expliquer à leurs proches, ce qui n'était vraiment pas une tâche facile, pourquoi elles ne pouvaient pas rester à la maison parce que leur emploi les amenait à travailler en première ligne. Je parle de celles qui travaillent en première ligne.
Toute sortie de crise devra comprendre des aides aux femmes et aux plus vulnérables. Nous devons saisir cette occasion. La pandémie a fait ressortir les forces de notre système: par exemple, la fonction publique du Canada, nos institutions démocratiques, et notre système universel de soins de santé. Mais elle en a aussi révélé les failles, qui sont la cause d'un trop grand nombre de vulnérabilités. La sortie de crise nous donne la possibilité de réinventer notre pays et nos systèmes, de reconstruire en mieux. Chacun d'entre nous va avoir son rôle à jouer.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer. Je tiens à remercier tous ceux qui ont travaillé fort pour que le Parlement puisse continuer de fonctionner, même si c'est de façon différente.
Je vous rends la parole, madame la présidente, en attendant de répondre aux questions qui me seront posées.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Français]
Bonjour à tous.
Je suis heureuse de me joindre à vous aujourd'hui pour parler des mesures d'urgence prises au sein du portefeuille d'Emploi et Développement social Canada, ou EDSC, pour soutenir les Canadiens pendant la pandémie de la COVID-19. J'aimerais aussi parler de leur incidence sur la situation des femmes et sur l'égalité entre les sexes.
Ces mesures d'urgence, comme toutes celles qui ont été mises en place par le gouvernement du Canada, sont conformes à l'engagement que nous avons pris envers l'égalité, l'équité, l'inclusivité et la diversité.
[Traduction]
Je vais entrer directement dans le vif du sujet. Étant donné la vitesse à laquelle la pandémie s’est propagée dans notre pays, et sa gravité, nous avons décidé d’intervenir le plus rapidement possible en accordant immédiatement une aide financière aux Canadiens. Nous n’avons pas perdu de temps. Nous avons rapidement mis en place la PCU, la prestation aux étudiants et la subvention salariale, entre autres. Nous savions que ces mesures n’étaient pas une panacée, mais nous étions résolus à agir vite et de façon efficace. Les Canadiens comptaient sur nous, et nous voulions répondre à cette attente.
Nous savons que la pandémie a eu un impact disproportionné sur les femmes, en les rendant plus vulnérables à la perte de leur emploi, à la pauvreté, à l’insécurité alimentaire, à la perte de leur logement et à la violence familiale. Je vais faire un rapide tour d’horizon des mesures que nous avons prises.
Dès que la pandémie a commencé à avoir de graves impacts sur notre économie et sur notre vie quotidienne, notre gouvernement a décidé d’intervenir et de mettre en œuvre la Prestation canadienne d’urgence, qui permet de venir en aide à tous les Canadiens qui ont dû cesser de travailler à cause de la COVID-19.
Pour être franche, je vous dirai que la PCU a été conçue, approuvée, financée et adoptée par voie législative en l’espace d’une semaine. Ce vaste programme, offert à des millions de Canadiens, a été mis en place dans des délais tout à fait extraordinaires. Il est bien évident que, dans ces conditions, nous n’avons pas eu le temps de faire une véritable ACS+, je dois être franche avec vous, mais cela ne signifie nullement que nous n’avons pas pris en compte les besoins des femmes et l’impact sur elles de chacune de nos décisions.
Il y a plusieurs choses sur lesquelles nous pouvions tabler. Nous savions qu’en distribuant la PCU en dehors du système d’assurance- emploi, nous serions capables de venir en aide aux Canadiens qui avaient un emploi précaire ou qui n’étaient pas admissibles à l’assurance-emploi. Autrement dit, les travailleurs les plus vulnérables, y compris les femmes et les personnes handicapées, seraient admissibles à cette prestation alors qu’ils n’auraient pas été admissibles à l’assurance-emploi.
Nous savions également qu’en plus des personnes qui perdraient leur emploi, il y en aurait qui ne pourraient plus travailler pour cause de maladie, de quarantaine, ou de soins à prodiguer à des aînés et à des enfants. Nous savions que les femmes seraient les plus touchées si la prestation d’urgence ne tenait pas compte de ces réalités. Nous savions que les femmes sont généralement surreprésentées dans les catégories d’emplois les moins rémunérées, comme l’éducation et l’alimentation, que ces catégories allaient être les plus touchées par la pandémie, et qu’il était important que la prestation réponde aux besoins de tous les travailleurs en période de pandémie, notamment les femmes.
[Français]
Grâce à cette prestation, tous les travailleurs admissibles reçoivent 500 $ par semaine. La Prestation canadienne d'urgence, ou PCU, soutient les travailleurs qui ont perdu leur emploi ou qui sont incapables de travailler parce qu'ils sont malades, qu'ils doivent s'isoler ou encore qu'ils doivent s'occuper des enfants ou des personnes à charge en raison de la pandémie.
[Traduction]
La PCU s’adresse également aux personnes qui continuent de travailler, mais qui gagnent moins de 1 000 $ par période de quatre semaines. Pour vous donner une idée de l’ampleur des besoins, sachez que plus de 8 millions de travailleurs ont reçu plus de 53 milliards de dollars au titre de la PCU, et que 51 % des prestataires sont des hommes, 48 %, des femmes et 1 %, de diverses identités de genre.
Nous avons récemment décidé de prolonger la PCU de 8 semaines, jusqu’à un maximum de 24 semaines, afin que les Canadiens continuent de recevoir l’aide dont ils ont besoin au fur et à mesure de la réouverture de notre économie. C’est particulièrement important pour les femmes, qui ne peuvent pas reprendre leur emploi cet été, même si elles en ont un, parce qu’il n’y a pas de garderies ou de camps d’été où envoyer les enfants. Or, nous savons qu’il est important d’encourager les gens à retourner au travail, c’est notre meilleur atout pour assurer la reprise économique. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de prolonger la PCU afin d’encourager les personnes qui le peuvent à retourner au travail, selon que leur situation le permet. Nous sommes très conscients des obstacles auxquels se heurtent les femmes qui veulent retourner au travail.
S’agissant maintenant des étudiants et des jeunes, nous savions également, depuis le début, que cette pandémie aurait un impact sur les jeunes et qu’il allait falloir trouver des solutions novatrices et ciblées pour les aider. C’est ainsi que nous avons mis en oeuvre la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants et les jeunes. Les étudiants qui ne sont pas admissibles à la PCU peuvent recevoir 1 250 $ par mois pendant les mois d’été sur lesquels un grand nombre d’entre eux comptaient pour assurer leur stabilité financière.
[Français]
Comme nous le savons, les femmes peuvent représenter près des deux tiers de la population étudiante dans les universités au Canada. Cela signifie que ce soutien financier aide les femmes de façon importante.
[Traduction]
À l’aide de notre prisme ACS+, nous avons décidé que les étudiants souffrant d’un handicap permanent et ceux qui ont des personnes à charge recevront 750 $ de plus par mois, étant donné les dépenses supplémentaires qu’ils doivent assumer en tant que parents ou parce qu’ils ont des handicaps, sans parler des obstacles à l’emploi auxquels font face les étudiantes en particulier et les difficultés qu’elles ont, et dont on a déjà parlé, pour faire garder leurs enfants pendant les mois d’été.
La PCU et la PCUE ont permis de venir en aide à des millions de Canadiens et de Canadiennes qui en avaient grand besoin. Je vais maintenant vous dire quelques mots de deux autres initiatives qui s’adressent aux femmes en particulier.
Premièrement, pour aider les familles, notre gouvernement a versé un supplément ponctuel de 300 $ par enfant aux familles admissibles à l’ACE. À partir du 20 juillet, l’ACE sera bonifiée encore une fois, pour tenir compte de l’augmentation du coût de la vie.
Deuxièmement, pour tenir compte de la vulnérabilité particulière de nos personnes âgées pendant la pandémie, et compte tenu du fait que 54 % des Canadiens de plus de 65 ans sont des femmes, nous avons décidé de donner 300 $, sous la forme d’un versement ponctuel et non imposable, aux personnes âgées admissibles à la sécurité de la vieillesse, et 200 $ de plus aux personnes âgées admissibles au SRG. Comme l’a dit ma collègue, les personnes âgées admissibles recevront ce paiement ponctuel cette semaine, et je sais que cette aide leur sera précieuse.
Je vais maintenant parler des personnes souffrant de handicaps. Outre les femmes qui sont confrontées à des obstacles et à des difficultés supplémentaires, les personnes handicapées sont, elles aussi, frappées de façon disproportionnée par cette pandémie.
[Français]
Selon les dernières données disponibles, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à avoir une incapacité au Canada. Elles sont 2,1 millions pour 1,7 million d'hommes. À l'heure actuelle, elles sont particulièrement vulnérables, car il est très probable qu'elles travaillent dans les secteurs de l'économie les plus durement touchés. En outre, 60 % d'entre elles sont victimes de violence.
[Traduction]
Nous travaillons avec la communauté des personnes handicapées depuis le début. Conformément au programme Rien sans nous et à la Loi canadienne sur l’accessibilité, et afin de venir en aide aux Canadiens souffrant de handicaps, nous avons mis sur pied le Groupe consultatif sur la COVID-19.
En examinant la pandémie par le prisme du handicap intersectionnel, ce groupe a relevé un certain nombre d’enjeux importants pour les personnes handicapées, notamment dans les secteurs de la santé, de l’emploi et des services sociaux. Avec l’Agence de la santé publique, ils ont élaboré des lignes directrices pour que les personnes handicapées soient mieux protégées, mieux écoutées et mieux servies, le cas échéant, pendant cette pandémie. Ils ont informé la des problèmes que posaient les directives sur le triage des visiteurs, laquelle en a ensuite informé ses homologues provinciaux et territoriaux, ce qui a abouti à des modifications importantes de ces directives.
[Français]
Grâce, en partie, aux conseils...
[Français]
Grâce, en partie, aux conseils du groupe, nous avons reconnu que les personnes handicapées devaient engager des dépenses extraordinaires pendant la pandémie. Le 5 juin dernier, le a annoncé que, à compter du 1er juin 2020, les personnes qui détenaient un certificat pour le crédit d'impôt pour personnes handicapées recevraient un paiement unique de 600 $.
[Traduction]
Comme vous le savez, malgré tous ses efforts, le gouvernement n’a pas réussi à mettre en œuvre cette prestation, car les partis ne se sont pas entendus sur le projet de loi. Cette mise en œuvre est donc retardée, mais je dis bien « retardée », car nous sommes toujours aussi résolus à trouver une solution pour verser un supplément aux personnes souffrant de handicaps.
Madame la présidente, notre gouvernement a travaillé sans relâche pour ralentir la propagation de la COVID-19 et protéger la santé et la sécurité financière des Canadiens pendant cette pandémie. Mais il y a encore beaucoup à faire. Cette sortie de crise nous donne l’occasion d’imaginer de nouvelles approches pour assurer une reprise économique qui favorise l’égalité des genres et une société plus inclusive. C’est ce que notre gouvernement a l’intention de continuer de faire.
Afin de n’oublier personne, nous nous engageons résolument à mener une ACS+ rigoureuse au fur et à mesure que nous prendrons des mesures pour rouvrir l’économie. Mon ministère est fier de son Centre d’expertise en analyse comparative entre les sexes plus, qui a été créé il y a quelques années et qui veille diligemment à ce que l’ACS+ fasse partie intégrante de nos programmes, politiques et initiatives.
Merci. Je suis prête à répondre à vos questions.
:
Je vous remercie de me poser cette question, qui est très importante.
Les personnes handicapées font face à des dépenses supplémentaires importantes pendant cette pandémie, et elles se heurtent à de nouveaux obstacles pour obtenir l'aide et les services dont elles ont besoin. Nous voulions donc leur verser un supplément, plutôt qu'un montant en remplacement du revenu d'emploi, comme nous l'avons fait avec les personnes âgées, pour leur permettre essentiellement de faire face à ces nouvelles dépenses.
Nous savons qu'il y avait un écart… Nous avons réussi à venir en aide… aux enfants handicapés au moyen de l'Allocation canadienne pour enfants, aux personnes âgées, aux étudiants, aux Canadiens à faible revenu et handicapés au moyen de la TPS, mais il y avait des cohortes importantes.
Cette pandémie a mis au jour une lacune de notre système et une faiblesse de nos politiques et de nos programmes. Nous ne pouvons pas identifier facilement les Canadiens handicapés afin de les cibler directement. La meilleure façon de le faire était de passer par les demandeurs du crédit d'impôt pour personnes handicapées, mais nous avions besoin d'une loi qui autorise mon ministère à accéder aux données de ce crédit d'impôt, afin de pouvoir distribuer cette prestation. Voilà à quoi servait ce projet de loi, à autoriser mon ministère à accéder à ces données pour pouvoir verser le supplément.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, je n'ai nullement l'intention de laisser tomber. Nous allons trouver le moyen de verser cette somme aux personnes handicapées. Je suis très étonnée, étant donné que nous avions l'appui de tous les partis pour la Loi canadienne sur l'accessibilité, que nous n'ayons pas eu leur appui pour ce projet de loi, même quand nous avons essayé d'en retirer la partie concernant le handicap pour la faire adopter séparément. Mais je n'en suis pas moins déterminée à trouver une solution. En fait, nous sommes encore plus déterminés à le faire, sans doute dans le cadre d'un projet de loi. C'est la façon la plus inclusive et la plus accessible. Sinon, nous envisagerons d'autres options.
Je remercie les deux ministres de comparaître aujourd'hui.
Ma première question s'adresse à Mme Monsef.
Pendant la pandémie, il y a eu, et vous l'avez reconnu, une recrudescence de la violence familiale. Nous savons également, et on nous l'a confirmé hier, que les refuges souffrent d'un sous-financement chronique. En 2019, Hébergement femmes Canada a publié un rapport indiquant qu'ils sont constamment obligés de faire plus avec moins. Et aujourd'hui, avec la pandémie, ils ne peuvent plus compter sur les activités de financement, et ils n'ont plus d'argent.
Hier, des organisations nous ont dit que le modèle du financement de projets à court terme ou de projets individuels ne fonctionnait plus, et ce, depuis longtemps.
Avez-vous l'intention, en tant que gouvernement, de donner aux organisations un financement de base qui soit prévisible, afin de leur permettre de faire face à une éventuelle deuxième vague ou à une autre crise? Votre gouvernement est-il prêt à remplacer les subventions destinées au renforcement des capacités par un financement de base, afin de permettre aux organisations de femmes de lever les barrières systémiques auxquelles elles se heurtent?
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je vous remercie, mesdames les ministres, d'être des nôtres ce matin pour aider le Comité dans son étude des répercussions de la COVID-19 sur les femmes. Je vous remercie infiniment de votre présence virtuelle.
Voilà 131 jours que le Comité ne s'était pas réuni et je pense que tous ses membres savent combien il est important que les parlementaires aient cette occasion d'étudier les répercussions particulières de la pandémie sur les femmes et, surtout, la réponse du gouvernement à la pandémie.
Les membres du Comité savent très bien aussi que les femmes sont très majoritaires parmi les étudiants dans ce pays — plus de 60 %. Cependant, comme dans beaucoup d'autres secteurs, elles sont peu nombreuses aux échelons supérieurs, par exemple dans les programmes de doctorat et dans le corps enseignant, et ce alors qu'elles sont majoritaires parmi les étudiants de premier cycle depuis 30 ans. Je trouve cette situation très préoccupante.
Les mois d'été sont donc essentiels pour aider les étudiantes à travailler afin de pouvoir régler leurs frais universitaires et poursuivre leurs études. Je le sais parce que, étudiante, j'ai été serveuse et que j'ai travaillé pendant des années pour payer mes études.
Je mentionnerai des statistiques manitobaines qui me paraissent pertinentes.
En tout, 43,5 % des emplois perdus l'ont été dans le secteur des restaurants, des hôtels et de la vente au détail, où travaillent énormément de jeunes, en particulier des étudiantes. Les jeunes Manitobains âgés de 15 à 24 ans représentaient 35,3 % des pertes d'emploi. Au total, 56 % des pertes d'emploi au Manitoba touchaient des femmes.
La Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant est, en fait, une réponse à ces statistiques alarmantes, vous en conviendriez certainement, et je tiens à féliciter le gouvernement de penser à des solutions novatrices pour aider les étudiants qui n'ont pas pu trouver d'emploi d'été. À vrai dire, cette bourse m'aurait beaucoup aidée il y a 10 ans.
Cela dit, madame Qualtrough, me permettez-vous de vous poser quelques questions sur la bourse, étant donné que les Canadiens et les étudiants l'ont à l'esprit?
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Monsieur Serré, je suis ravie de voir que vous vous portez bien.
Quand la pandémie a éclaté, mon équipe et moi avons vraiment pris la mesure de ce qui se passait quand le a dû s'isoler. Nous avons alors appelé les organisations féminines, nos partenaires dans tout le pays. Dans les 48 heures qui ont suivi, il y a eu une série d'appels téléphoniques. Les organisations ont toutes dit la même chose quand nous leur avons demandé par où nous devions commencer. Le dernier endroit où les femmes iront quand elles ont besoin d'aide, nous ont-elles dit, ce sont les refuges et les centres d'aide aux victimes d'agression sexuelle, nous devions donc nous assurer que le jour où elles frapperaient à ces portes, elles s'ouvrent pour elles et qu'elles s'ouvrent sur des lieux sûrs.
Nous avons la grande chance d'entretenir des relations très positives avec tous nos partenaires dans l'ensemble du pays, avec les autres ministres chargés des femmes et de l'égalité des sexes dans toutes les provinces et dans les territoires. Nous avons compris que le taux de réponse était essentiel. Nous devions débloquer des fonds très rapidement. La souplesse serait également essentielle, et nous savions que pour éviter les chevauchements de financements, les ressources étant toujours limitées, nous devions veiller à ne pas laisser de lacunes dans les aides que nous apportions aux organisations dans toute la collectivité. À cet égard, il serait essentiel de travailler en très étroite collaboration avec nos homologues provinciaux et territoriaux.
Après avoir dressé une liste de partenariats avec des organisations féminines, dont Hébergement femmes Canada et la Fondation canadienne des femmes, nous l'avons communiquée à nos partenaires provinciaux et territoriaux, qui l'ont parcourue et augmentée et nous ont dit qui obtenait déjà des fonds. Quand nous avons versé les fonds, ils sont allés de manière coordonnée à des organisations qui soutiennent environ trois millions de femmes et d'enfants dans l'ensemble du pays.
Ces partenariats seront essentiels non seulement dans les efforts en cours pour faire face à la COVID, mais aussi dans le travail qui devra être accompli dans le cadre du plan d'action national.