:
Bon après-midi, mesdames et messieurs.
Je vais commencer par souhaiter la plus cordiale bienvenue à nos témoins qui se sont déplacés pour venir rencontrer les membres du Comité cet après-midi. Je les en remercie. En passant, c'est notre première séance avec des témoins depuis le début de cette législature. C'est très important pour nous.
Avant de vous donner la parole, je veux rappeler aux membres du Comité que jeudi prochain, le statisticien en chef comparaîtra devant nous.
De plus, je vous ai fait transmettre une lettre, que vous avez tous reçue. Dans cette lettre, la responsable de la Bibliothèque nous indique combien Mme Lecomte, l'analyste de notre comité, est extraordinaire. J'en profite pour vous annoncer officiellement qu'à compter d'aujourd'hui, notre deuxième analyste est Mme Laura Blackmore. Elle travaillera avec nous ici.
Sans plus tarder, nous allons passer à nos invités.
Je présume que plusieurs d'entre vous, sinon tous, sont habitués à comparaître devant le Comité. Vous avez chacune et chacun 10 minutes pour faire votre présentation. Ensuite, il y aura une période de questions.
Je veux vous indiquer que nos experts veilleront à ce que le micro s'allume dès que vous prendrez la parole. Vous n'avez donc pas à vous en préoccuper.
Conformément à l'article 108(3)f) du Règlement, nous faisons une étude sur le dénombrement des ayants droit. Nos témoins sont les suivants: Mme Sheila Risbud, de l'Association canadienne-française de l'Alberta; Mme Marie-Pierre Lavoie, présidente du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique; M. Denis Chartrand et Mme Valérie Morand, de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones; M. Geoffrey Chambers et Mme Sylvis Martin-Laforge, du Quebec Community Groups Network.
Mesdames et messieurs, nous allons commencer.
J'invite Mme Risbud à commencer sa présentation.
:
Monsieur le président, membres du Comité, je m'appelle Sheila Risbud et je suis présidente de l'Association canadienne-française de l'Alberta, l'ACFA.
Je vous remercie de votre invitation à témoigner devant vous aujourd'hui. Votre travail est d'une importance inestimable pour l'avenir du français en Alberta et ailleurs.
Qu'est-ce que l'ACFA? Fondée en 1926, l'ACFA défend les acquis de la communauté francophone de l'Alberta, fait avancer ses droits et accroît sa vitalité. L'ACFA représente plus de 250 000 Albertaines et Albertains d'expression française, une population qui a crû de plus de 50 % entre 1991 et 2016.
Il est étonnant que je m'exprime aujourd'hui en français, car il n'existait pas d'école de langue française à Edmonton pendant presque toute ma scolarité. Mes parents n'avaient nul autre choix que de recourir à des programmes d'immersion française gérés par la majorité anglophone. Je suis soulagée que, grâce à l'article 23 de la Charte, mes trois enfants reçoivent une instruction en français et non pas en immersion à Calgary.
Chez moi, à Calgary, les écoles de langue française débordent. Le problème est le même partout en Alberta. Pourquoi? Le recensement sous-estime de façon importante le nombre d'enfants de parents ayants droit en vertu de l'article 23 de la Charte. Cela doit changer dès maintenant. L'omission de dénombrer tous les enfants d'ayants droit en Alberta nuit à la vitalité et à la pérennité du français. À combien d'écoles de langue française avons-nous droit à Calgary? Impossible de le dire, car la plupart des enfants admissibles ne sont pas recensés.
Permettez-moi d'être aussi claire que possible. Il demeure impossible de déterminer avec la moindre précision la demande justifiant l'instruction en français en Alberta. Pourquoi? Parce que Statistique Canada ne recense qu'une seule des trois catégories d'enfants admissibles à l'instruction en langue française. Ce problème ne date pas d'hier. Il perdure depuis 1982, l'année de l'entrée en vigueur de l'article 23 de la Charte. Depuis 1982, Statistique Canada a mené sept recensements. En réalité, ce sont sept occasions ratées.
L'ACFA est fière d'avoir produit et diffusé, de concert avec la Fédération des conseils scolaires francophones de l'Alberta, la toute première étude d'envergure sur les modifications nécessaires au recensement. Nous sommes surtout fiers que cette étude ait aidé ce comité à faire cette recommandation:
Que le gouvernement du Canada mandate Statistique Canada d'ajouter obligatoirement au Recensement de 2021 des questions permettant de dénombrer tous les ayants droit au sens des alinéas 23(1)a) et b) et du paragraphe 23(2) de la Charte canadienne des droits et libertés, dans son interprétation la plus généreuse.
Cela dit, l'ACFA est étonnée que Statistique Canada hésite toujours à mettre en œuvre la recommandation de votre comité. La communauté francophone de l'Alberta accepte difficilement que le gouvernement fédéral n'ait pas encore confirmé l'ajout des questions nécessaires au dénombrement de tous les enfants de parents ayants droit sur le questionnaire court du recensement. Le mémoire que vous avez reçu avant ma présentation d'aujourd'hui explique clairement que le questionnaire long ne permet pas de régler cette carence. Seules des questions sur le questionnaire court satisferont la francophonie albertaine.
L'ACFA refuse de croire que l'avenir du français à l'extérieur du Québec puisse reposer entre les mains de Statistique Canada. Les attentes de l'ACFA à l'égard des membres du Conseil des ministres sont élevées. En effet, selon la Loi sur la statistique, c'est le gouvernement, et non pas Statistique Canada, qui est responsable d'énoncer les questions du recensement court.
L'ACFA remercie Statistique Canada d'avoir collaboré en testant les questions dont la francophonie a besoin. Je vous invite à regarder le mémoire que notre association a soumis. À la page 8 de l'onglet 2, il y a les questions que Statistique Canada a testées en 2019. Vous verrez que la conclusion est encourageante. Le travail d'analyse est terminé. Les questions requises existent et elles fonctionnent.
Vous verrez là les questions que Statistique Canada a testées en 2019, et vous verrez que la conclusion est encourageante. Le travail d'analyse est terminé. Il y a des questions requises et elles fonctionnent.
La prochaine et dernière étape est connue de tous. Le gouvernement fédéral doit prescrire les questions visant à dénombrer les enfants de tous les ayants droit dans le questionnaire court du recensement et non pas seulement dans le questionnaire long.
L'ACFA compte sur les membres de ce comité pour intervenir auprès des membres du Conseil des ministres pour veiller à ce que la seule bonne décision soit prise prochainement. À ce stade-ci du dossier, seul un geste politique permettra de garantir la pérennité de nos communautés francophones en situation minoritaire.
Je vous remercie de votre attention.
:
Merci, monsieur le président.
Chers députés, mesdames et messieurs, bonjour. Je vous remercie sincèrement de me donner l'occasion de vous adresser la parole au nom du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique, le CSF.
Votre comité connaît trop bien les lacunes du recensement et les problèmes que causent ses données au CSF et aux conseils scolaires francophones et acadiens en situation minoritaire.
La réalité sociodémographique des communautés linguistiques en situation minoritaire est simple et bien connue: en raison de l'immigration et de l'exogamie, de moins en moins d'enfants admissibles aux écoles de langue française ont le français comme seule langue première apprise.
En revanche, ces enfants sont de plus en plus nombreux à apprendre le français à l'école plutôt qu'à la maison. Ainsi, le nombre et la proportion de parents qui répondent aux critères de l'alinéa 23(1)a) de la Charte chutent à vue d'œil. Bien qu'il s'agisse de la seule catégorie dénombrée par le recensement, elle est sous-estimée. À l'inverse, le nombre et la proportion de parents qui répondent aux critères de l'alinéa 23(1)b) et du paragraphe 23(2) augmentent très rapidement. Ces catégories ne sont pas du tout dénombrées par le recensement.
Concrètement, le CSF et la province ne peuvent pas planifier adéquatement les immobilisations nécessaires parce qu'ils n'ont pas accès à des données fiables et pertinentes concernant le nombre d'élèves potentiels dans les écoles de langue française. Il n'est pas suffisant de savoir combien d'élèves admissibles résident dans chaque municipalité; il nous faut aussi savoir où résident les élèves dans chaque zone de fréquentation.
C'est pourquoi votre comité a recommandé ce qui suit, en 2017:
Que le gouvernement du Canada mandate Statistique Canada d'ajouter obligatoirement au Recensement de 2021 des questions permettant de dénombrer tous les ayants droit au sens des alinéas 23(1)a) et b) et du paragraphe 23(2) de la Charte canadienne des droits et libertés, dans son interprétation la plus généreuse.
Or, malgré votre recommandation, Statistique Canada a systématiquement évité de garantir que les questions seraient posées sur le formulaire court du recensement.
Il est incontestable que le questionnaire abrégé du recensement de la population canadienne, soit le formulaire court, est le seul moyen de dénombrer tous les enfants dont au moins un parent est titulaire de droits en vertu de l'article 23 de la Charte. Ainsi, le CSF profite de son invitation à témoigner pour demander au Comité d'exhorter le gouvernement fédéral à exiger que les questions visant à dénombrer les enfants dont au moins un parent est titulaire de droits en vertu de l'article 23 de la Charte soient ajoutées au questionnaire court du recensement.
Cette question est d'une grande importance pour le CSF, qui a subi directement les conséquences du sous-dénombrement des titulaires de droits dans le cadre du recensement. En effet, le CSF a passé des semaines — je dis bien des semaines —, pendant son procès devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique, à tenter d'estimer le nombre de titulaires de droits en vertu de l'alinéa 23(1)b) et du paragraphe 23(2) de la Charte parce que Statistique Canada ne l'avait jamais fait. Malheureusement, nous n'avons pas réussi.
Malgré tous les efforts des témoins experts et les ressources investies, la juge de procès a conclu qu'il était impossible d'estimer le nombre d'enfants qui ne sont pas recensés. La juge ne s'est fiée qu'aux seules données de Statistique Canada, qui sont largement incomplètes. Ainsi, la Cour suprême de la Colombie-Britannique a conclu à plusieurs reprises que le nombre ne justifie pas certains immeubles ou agrandissements d'édifices.
Je veux être très claire: le critère numérique, à savoir « là où le nombre le justifie », qui est prévu dans l'article 23 de la Charte, dépend du dénombrement de tous les enfants de titulaires de droits. C'est ce que la Cour suprême du Canada nous dit depuis l'affaire Mahe, en 1990. Cela va faire 30 ans la fin de semaine prochaine.
La mise en œuvre de l'article 23 exige donc que soient dénombrés les enfants de chaque communauté locale pour ensuite déterminer ce qui est « justifié » dans une communauté donnée. Pour ce faire, il faut déterminer le nombre d'enfants résidant à l'intérieur d'un secteur géographique très précis et non tout simplement en estimer le nombre et deviner leur emplacement géographique.
Je vous donne un exemple. Vous pourrez ici vous référer à l'onglet 5 de notre mémoire. Il s'agit de l'exemple de Pemberton. Le Recensement de 2016 dénombrait 46 enfants de titulaires de droits en vertu de l'alinéa 23(1)(a) de la Charte. On parle donc de 2016 et de 46 enfants. Pourtant, en 2016, ce sont 59 enfants qui étaient inscrits dans notre école et dont au moins un parent était titulaire de droits en vertu de l'article 23 de la Charte.
En raison des données incomplètes du recensement, la juge a conclu que la communauté avait droit à une école ne pouvant accueillir que 55 élèves. Aujourd'hui, ce sont 79 élèves qui fréquentent l'école primaire La Vallée de Pemberton. Nous n'avons plus de place à Pemberton. Si vous regardez l'onglet 4, vous verrez une photo de notre école. Comme vous le voyez, elle est logée dans deux classes mobiles. Imaginez 79 élèves dans deux classes mobiles.
Pour éviter le problème de Pemberton et plusieurs autres, les conseils scolaires francophones et acadiens et les gouvernements provinciaux et territoriaux ont besoin de connaître le nombre absolu d'enfants de titulaires de droits en vertu de l'article 23 de la Charte pour chacune des zones de fréquentation scolaire existantes et proposées. C'est ainsi qu'ils déterminent — ainsi que les tribunaux, au besoin, comme on en a été témoin — ce à quoi une communauté a droit en vertu de l'article 23. Pour ce faire, les nouvelles questions du recensement doivent être posées à 100 % des ménages, et ce, grâce au questionnaire court.
Certes, Statistique Canada est l'entité gouvernementale chargée de développer et d'administrer le recensement, mais c'est le Conseil des ministres, soit le gouverneur en conseil, qui est ultimement responsable de décider du contenu du recensement. Le CSF s'attend donc à ce que le gouvernement fédéral agisse en conséquence.
Nous sommes grandement reconnaissants du travail acharné de votre comité à l'égard du respect des droits de la communauté franco-colombienne. La présente étude et les recommandations qui s'ensuivront permettront d'assurer l'épanouissement des élèves actuels et futurs de nos écoles, mais aussi de la francophonie en milieu minoritaire au Canada.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir écoutée.
:
Je suis Denis Chartrand, un des trois vice-présidents de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones du Canada. Je suis accompagné de Mme Valérie Morand, notre directrice générale.
Notre fédération représente plus de 265 conseillers scolaires, qui oeuvrent au sein de 28 conseils scolaires francophones en contexte minoritaire d'un bout à l'autre du pays. Ces conseils scolaires sont situés dans neuf provinces et trois territoires, c'est-à-dire partout au Canada, à l'exception du Québec. Ils offrent des services éducatifs en français langue première à plus de 170 000 élèves dans plus de 700 écoles.
Nous témoignons devant vous aujourd'hui cet enjeu déterminant qu'est la collecte de données fiables, justes et précises par l'entremise du recensement pour la vitalité et la pérennité des communautés francophones et acadiennes.
[Traduction]
Vous avez également reçu un mémoire de 18 pages que nous avons déposé auprès du Comité et qui comprend davantage de précisions sur l'urgence d'ajouter des questions au formulaire court du recensement pour mieux dénombrer les ayants droit.
Depuis 2017, donc depuis trois ans, la Fédération nationale des conseils scolaires francophones exhorte Statistique Canada à modifier le questionnaire court du recensement canadien afin d'aider les conseils scolaires à mieux dénombrer le nombre d'enfants admissibles aux écoles de langue française dans les différentes villes et municipalités du pays.
Le gouvernement doit exiger que Statistique Canada ajoute des questions non seulement au questionnaire long, mais aussi au questionnaire court du recensement. C'est l'unique façon de dénombrer adéquatement tous les ayants droit en vertu de l'article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés.
[Français]
Trois catégories de Canadiens ont le droit de faire instruire leurs enfants en français en vertu de l'article 23 de la Charte: premièrement, les parents dont la langue maternelle est le français; deuxièmement, les parents qui ont fait une partie importante de leur scolarité au niveau primaire dans la langue française; et troisièmement, les parents dont l'un des enfants fréquente ou a fréquenté une école de langue française.
Or Statistique Canada persiste à ne recenser qu'une seule des trois catégories d'ayants droit, soit la première. Conséquemment, le recensement sous-estime le nombre d'enfants pouvant s'inscrire dans nos écoles. Les données ne seront utiles, pour les conseils scolaires de langue française et pour les ministères de l'Éducation provinciaux et territoriaux, que si elles permettent de déterminer, et non pas d'estimer, le véritable nombre d'enfants dans la zone de fréquentation où ils habitent.
Le questionnaire court du recensement est l'unique façon de dénombrer tous les ayants droit, car c'est la seule façon d'en déterminer le nombre à l'intérieur d'un secteur géographique précis. À l'inverse, le questionnaire long estime une moyenne nationale, qui ne sert à rien dans une localité précise.
Il est impossible de démontrer que le « nombre le justifie » pour une communauté précise à l'aide d'une moyenne nationale. Cela ne se réalise qu'à l'aide de données véritables.
[Traduction]
Les gouvernements provinciaux et territoriaux et les conseils scolaires francophones doivent savoir où offrir des services éducatifs et où investir dans les infrastructures scolaires pour respecter leurs obligations en vertu de l'article 23 de la Charte et, ainsi, protéger les droits de la minorité linguistique et les communautés francophones. Au moment présent, en raison de l'absence de données précises sur le nombre d'enfants pouvant être inscrits dans des écoles de langue française, les besoins dans les provinces et les territoires sont sous-estimés. Ces lacunes du recensement actuel ont des effets néfastes sur la vitalité des communautés de langue française partout où le français est la langue de la minorité.
[Français]
De plus, la francophonie change. La francophonie a changé, et de plus en plus d'adultes parlent plus d'une langue. Les francophones issus de l'immigration récente n'ont pas seulement le français comme langue maternelle. Toutefois, ils ont été, ainsi que leurs enfants, scolarisés en français et se trouvent donc assujettis à l'alinéa 23(1)b) de la Charte. Cette nouvelle conjoncture doit être reflétée dans la collecte de données dans le formulaire court du recensement du Canada.
Se baser seulement sur le français comme langue maternelle ne donne plus une image juste de la population francophone au Canada en contexte minoritaire. Cela écarte ainsi une partie de plus en plus importante d'ayants droit, ce qui crée des maux de tête aux administrateurs scolaires qui tentent de répondre à la demande de plus en plus grande pour l'éducation en langue française, langue première.
Or nos écoles débordent.
Le manque de données probantes lors de la planification d'infrastructures scolaires se traduit toujours par des écoles trop petites pour répondre à la demande. À peine construites, les écoles doivent installer des classes mobiles pour répondre à une demande mal évaluée. Permettez-moi de vous montrer la priorité absolue de mon conseil scolaire, le Conseil des écoles publiques de l'Est de l'Ontario, en ce qui concerne les installations scolaires. À l'École Maurice-Lapointe, d'une capacité de 314 élèves, il y a 718 élèves. Il s'agit là d'un taux d'occupation de 268 %, et on nous dit qu'il n'y a pas de francophones à Kanata. Il y a 23 classes mobiles à cette école, je répète, 23 classes mobiles. En fait, il y a plus de classes mobiles que de classes ordinaires.
Je vous présenterai maintenant nos recommandations:
[Traduction]
Depuis 2017, la Fédération nationale des conseils scolaires francophones a mené une quarantaine d'actions visant à sensibiliser le gouvernement fédéral à l'importance de modifier le formulaire court du recensement pour mieux dénombrer les personnes admissibles aux écoles de langue française. La Fédération nationale des conseils scolaires francophones propose donc les recommandations suivantes.
[Français]
Nous recommandons: premièrement, à court terme, que le formulaire court du recensement soit modifié en vue d'inclure des questions pour mieux répertorier les ayants droit et refléter de façon juste la francophonie canadienne; deuxièmement, à moyen terme, que la Loi sur les langues officielles soit modifiée pour qu'elle prévoie expressément l'obligation de Statistique Canada de dénombrer les personnes titulaires de droits en vertu de l'article 23 de la Charte.
Des données complètes sur les enfants admissibles aux écoles de la langue française sont essentielles aux conseils scolaires pour lutter efficacement contre l'assimilation. Ces données permettront aux conseils scolaires de mieux planifier leurs besoins en infrastructure et de mieux revendiquer, auprès des ministères de l'Éducation des provinces et territoires, leurs priorités en immobilisation.
Présentement, les données du recensement offrent un portrait très incomplet des titulaires de droits en vertu de l'article 23 de la Charte. En ne fournissant pas les données nécessaires pour démontrer correctement que le nombre le justifie, le recensement empêche la mise en œuvre de l'article 23 de la Charte.
[Traduction]
Bref, le formulaire court du recensement doit être modifié par l'ajout de questions pour mieux dénombrer les ayants droit, car il en va de la vitalité et de la pérennité des communautés francophones et acadiennes vivant en situation minoritaire au pays.
Le temps presse. La modification du formulaire court du recensement doit se faire maintenant, à temps pour le recensement de 2021, afin que le gouvernement fédéral respecte ses obligations en matière de dualité linguistique.
[Français]
Le recensement sous-estime le nombre d'ayants droit selon l'alinéa 23(1)a) de la Charte, car il décourage les répondants d'identifier plusieurs langues maternelles. La réalité sociodémographique des communautés en situation minoritaire est simple et bien connue. En raison de l'immigration et de l'exogamie, de moins en moins d'enfants admissibles aux écoles de langue française ont le français comme seule langue première apprise. Ainsi, le nombre et la proportion de parents répondant aux critères de l'alinéa 23(1)a) de la Charte — la seule catégorie reconnue dans le recensement — chutent.
Le nombre et la proportion de parents répondant aux critères des articles 23(1)b) et 23(2) augmentent rapidement. Par contre, ces catégories ne sont pas dénombrées dans le recensement. Il ne fait aucun doute que l'éducation joue un rôle fondamental dans la vitalité des communautés francophones. Les communautés ne seront vivantes que si leurs écoles sont nombreuses et vivantes.
La survie des communautés francophones en situation minoritaire est menacée par le sous-dénombrement systématique des enfants dont un parent a des droits en matière d'éducation. Il rend notamment très difficile, voire parfois impossible, pour les conseils scolaires de langue française, de justifier la demande d'écoles supplémentaires auprès des autorités provinciales et territoriales, faute de ne pas pouvoir prouver que le nombre le justifie.
Le questionnaire abrégé du recensement de la population canadienne — c'est-à-dire le recensement court — est remis à l'entièreté de la population. Il constitue la seule option envisageable pour dénombrer adéquatement les ayants droit en éducation.
Je vous remercie de votre attention. C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
Je suis Geoffrey Chambers, le président de Quebec Community Groups Newtork. Je suis ici avec Mme Sylvia Martin-Laforge, notre directrice générale. Nous allons partager notre présentation.
Bon après-midi, monsieur Dubourg, monsieur d'Entremont, monsieur Beaulieu et tous les autres membres du Comité.
[Traduction]
Nous sommes ravis d'être de retour. Nous sommes aussi heureux de constater le niveau d'expérience et d'expertise que possèdent les membres du Comité au chapitre des langues officielles, ainsi que l'équilibre géographique que les partis ont réussi à trouver pour assurer la représentation adéquate des communautés d'expression française et anglaise en situation minoritaire du Canada. Tel n'a pas toujours été le cas.
Nous vous félicitons d'avoir mis sur pied un groupe aussi impressionnant.
Permettez-moi de faire quelques observations liminaires et de présenter un aperçu de notre organisation, pour les nouveaux membres du Comité. Fondé en 1995, le Quebec Community Groups Network, ou QCGN, est un organisme à but non lucratif qui relie plus de 50 organismes de partout au Québec. Le QCGN est un centre d'expertise fondée sur des données probantes et d'action collective. Il cerne et étudie les enjeux stratégiques ayant une incidence sur le développement et la vitalité de la communauté d'expression anglaise du Québec, il prend des mesures à l'égard de ces enjeux, et il favorise le dialogue et la collaboration entre ses organismes membres, les particuliers, les groupes communautaires, les institutions et les dirigeants.
Les communautés minoritaires de langue anglaise du Canada se trouvent toutes au Québec, la seule province ayant une majorité francophone. En 2016, la communauté linguistique en situation minoritaire du Québec comptait un peu plus de 1,1 million de citoyens, soit 13,7 % de la population de la province. Pour des raisons que nous pourrons aborder durant la période de questions si vous le voulez, la taille de notre communauté est fondée sur le nombre de citoyens québécois dont la première langue officielle parlée est l'anglais. Ces chiffres sont calculés et publiés par Statistique Canada.
Le terme collectif que nous employons pour désigner notre communauté est la communauté d'expression anglaise du Québec, et nous appelons les membres de notre communauté, les Québécois d'expression anglaise. Le terme « anglophone » a un sens précis au Québec. Il fait référence aux personnes dont la langue maternelle est l'anglais; il n'inclut pas les allophones, les gens dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais, mais dont la première langue officielle parlée est l'anglais. Pour cette raison, nous évitons d'employer le terme « anglophone » puisqu'il exclut une grande partie de notre communauté.
Je vous remercie d'avoir écouté mon introduction. Maintenant, je vais parler du sujet à l'étude.
Comme vous le savez, les écoles sont au cœur des communautés. C'est d'autant plus vrai pour les communautés en situation minoritaire, où l'école est souvent la seule institution communautaire visible et commune. Les écoles sont bien plus que des édifices offrant des services éducatifs. Ce sont des lieux de rassemblement qui soudent la communauté et des endroits où nous transmettons notre identité à nos enfants. Nous aurons beaucoup de choses à dire par rapport à l'importance de nos écoles durant l'étude sur l'éducation que le Comité entreprendra prochainement. Je remercie Mme Lambropoulos de l'avoir proposée.
Étant donné l'importance du rôle joué par les écoles sur le plan de la vitalité des communautés linguistiques en situation minoritaire, il n'est pas étonnant que le Quebec Community Groups Network appuie pleinement le dénombrement de tous les enfants dont les parents sont titulaires des droits garantis par l'article 23 de la Charte, et non seulement de ceux appartenant à une des trois catégories d'ayants droit. L'ensemble des conseils scolaires de la minorité, au Québec comme partout ailleurs au Canada, s'entendent pour dire que Statistique Canada devrait recueillir ces données sur le formulaire court du recensement.
Il y a déjà plus de trois ans que j'ai comparu devant votre comité pour parler du besoin de dénombrer les enfants de tous les ayants droit. Le Quebec Community Groups Network était très satisfait du leadership dont le Comité a fait preuve dans son rapport publié en mai 2017 et surtout de ses recommandations historiques unanimes. Nous comprenons que la mise en œuvre de ces recommandations pose un défi sur le plan technique pour Statistique Canada, comme votre comité et le Comité sénatorial permanent des langues officielles l'ont entendu durant la dernière législature.
Le Quebec Community Groups Network s'attend à ce que Statistique Canada et le gouvernement relèvent le défi et prennent les mesures nécessaires pour que le formulaire court du recensement soit utilisé afin de dénombrer les enfants de tous les ayants droit, car il s'agit de la seule façon de recueillir des données objectives, fiables et exactes pouvant servir à remplir le critère juridique « là où le nombre le justifie ».
:
Merci, monsieur le président.
Il est vrai que nous avons convoqué la crème de la crème à notre première rencontre officielle. La barre est vraiment haute. Vous n'auriez pas pu être plus clairs. J'avais préparé des questions, mais vos présentations étaient tellement claires que je vais poser d'autres questions.
Premièrement, en ce qui concerne le dénombrement des ayants droit en vertu de l'article 23, il a été précisé que, pendant 38 ans, nous avons négligé les deux tiers des enfants qui pouvaient potentiellement aller à l'école primaire, à l'école intermédiaire, au secondaire et, par la suite, aux établissements postsecondaires en français partout où les services existent au Canada. Nous les avons laissés aller et nous les avons abandonnés. C'est le message que vous nous avez donné.
Deuxièmement, abordons la question du formulaire court par opposition au formulaire long. Nous avons tous bien compris qu'il faut absolument frapper à chaque porte et que chacun obtienne ce formulaire, au Canada, pour que nous puissions déterminer où ils sont, géographiquement parlant. Je pense que c'était là votre message. Il est non seulement question de savoir combien il y a de francophones ou d'anglophones au Québec, mais où ils se situent, parce que c'est ce qui permettra de soutenir que le nombre justifie ou non les services.
Pouvez-vous offrir des précisions sur cette mouvance de la francophonie au Canada? Elle s'est déplacée beaucoup depuis ma jeunesse. On ne la retrouve pas nécessairement là où on le penserait aujourd'hui. Il y avait des foyers francophones typiques et solides quand j'étais jeune, mais je vois aujourd'hui que certains foyers francophones ont déménagé. Il faut déterminer où se trouvent géographiquement les francophones.
De quelle façon est-ce important pour vous? Quelle est la relation entre tout cela et le formulaire court?
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J'aimerais ajouter un complément d'information à ce que disait M. Chartrand.
Par exemple, à Toronto, l'École secondaire Gabriel-Dumont a 293 places, mais elle compte 399 élèves, 106 de plus que prévu, et 10 classes mobiles. On estime que, d'ici cinq ans, elle aura 526 élèves, soit 126 élèves de plus. Elle sera donc à 180 % de sa capacité d'accueil. Imaginez le casse-tête pour les administrateurs du Conseil scolaire Viamonde.
Notre réseau est en pleine croissance, ce qui n'est pas du tout le cas de la majorité anglophone, qui vit une décroissance dans ses écoles. Depuis huit ans, il y a une croissance moyenne de 13,5 % dans nos écoles, et, encore là, c'est sous-estimé, parce que c'est une moyenne nationale. Dans certaines régions, comme celle du conseil scolaire de M. Chartrand, cette croissance est beaucoup plus marquée. Si on répertoriait tous les ayants droit, ces chiffres seraient à la hausse, comme vous pouvez l'imaginer.
Ce sont donc des estimations très prudentes, et on ne peut pas continuer de freiner la croissance et le droit des francophones d'envoyer leurs enfants étudier en français, qui est l'une des deux langues officielles du pays.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de ces bonnes discussions.
Je suis très frustré par le sujet qui nous occupe. Il est clair que l'article 23 de la Charte concerne les droits à l'instruction dans la langue de la minorité. Le besoin est évident et je ne comprends pas le refus du gouvernement de répondre à cette préoccupation.
Année après année, cette question est discutée à nouveau, et tous les membres du Comité appuient vos réclamations. Il est nécessaire que le gouvernement mette en place les changements requis pour soutenir vos systèmes scolaires.
Je vais maintenant changer de chapeau. Je représente la région de Timmins—Baie James, qui est largement francophone.
Avant ma carrière en politique, j'étais conseiller au sein du système scolaire anglophone catholique. Je me suis rendu compte que c'était très compliqué. Quand j'étais jeune, il y avait le système scolaire francophone pour les francophones catholiques, le système anglophone catholique pour les anglophones catholiques, et le système public pour les autres.
Quand j'étais conseiller scolaire, ce n'était pas l'époque du baby-boom. Il y avait beaucoup de concurrence entre les conseils pour accueillir les élèves. Nous avons invité les pratiquants d'autres religions à choisir le système catholique anglophone, et le système francophone a invité les anglophones à envoyer leurs enfants dans ses écoles. Le système francophone public a invité les francophones catholiques à choisir le nouveau système francophone public.
Ma question est simple. En raison de la complexité des régions, notamment dans le Nord et dans le Nord-Est de l'Ontario ou dans la région d'Ottawa, le système scolaire francophone a-t-il la possibilité d'inviter les élèves à joindre ses rangs?
Je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui. Nous sommes en présence d'intervenants de divers organismes qui proviennent de l'ensemble du pays. Nous sommes choyés.
J'ai pu comprendre la distinction que vous avez faite plus tôt entre un anglophone et un Anglo-Québécois. Pour ma part, je suis une Anglo-Québécoise, étant donné que je suis née de parents immigrants qui, à l'époque, ont choisi ma langue d'instruction. Me voici donc. Mes parents ont choisi pour moi une école anglophone. Par la suite, mes enfants ont donc eu la possibilité de fréquenter une école anglophone. Au Québec, il faut pour ce faire obtenir une déclaration d'admissibilité.
Mes questions vont s'adresser au Quebec Community Groups Network, le QCGN.
Au Québec, la question des ayants droit est également fondamentale pour la communauté minoritaire anglophone. Il faudrait peut-être expliquer la raison d'être de cette étude et préciser pourquoi on n'a pas trouvé de solution aujourd'hui. Je suis d'accord avec vous, madame Lavoie, quand vous dites qu'il y a eu une évolution. Nous sommes des enfants d'immigrants, et ce sont nos enfants qui ont pris la relève. On a fait ce choix. Le choix de la langue est répandu. Comment peut-on préserver ces droits?
Dans le cas de notre communauté anglophone, au Québec, le fait de disposer de cette information est vraiment essentiel. Il est important que Statistique Canada réalise que, dans la province de Québec et ailleurs au Canada, il y a eu une évolution, que la population s'est accrue et qu'elle veut maintenir ses droits.
Ma question s'adresse à M. Chambers, du QCGN.
D'après ce que j'ai compris, vous avez traité de cette question dans votre présentation, ici en février 2017. Cela dit, je vais m'attarder sur la question de la déclaration d'admissibilité à l'enseignement en anglais.
Pourriez-vous expliquer à mes collègues comment cela fonctionne au Québec?
De prime abord, l'accès à des données probantes sur les ayants droit aurait-il un impact sur le processus d'obtention de cette déclaration?
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Pour que la population anglophone soit au courant de ses droits, il faut que des chiffres démontrent qu'une certaine proportion de la population a droit à la déclaration d'admissibilité. Surtout en milieu rural, il arrive que des gens ne soient pas conscients qu'ils ont le droit de suivre la même voie que leurs parents. Cela s'explique par le fait que leurs amis, normalement, fréquentent une école de langue française.
[Traduction]
Le droit de fréquenter une école de langue anglaise n'est pas toujours exercé et, comme M. Beaulieu l'a souligné, normalement, il s'agit d'un droit acquis, mais les gens ne sont pas nécessairement au courant. S'il n'y a pas de fondement statistique solide pour les aider à comprendre ce fait, les risques d'érosion des droits sont très grands.
De plus, la collecte de données révélerait le nombre de personnes qui pourraient être admissibles aux écoles de langue anglaise, mais qui sont exclues par les règles actuellement en vigueur au Québec. Il s'agit, comme vous le savez, d'une disposition temporaire qui va à l'encontre non seulement de la Constitution canadienne, mais aussi de la Charte québécoise et de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Cette disposition transitoire vise à protéger la langue française au Québec à une période où elle est menacée. Nous sommes d'avis qu'il ne s'agit pas d'une situation permanente et qu'à un certain point, il faudra restituer les droits civils conventionnels qui devraient exister dans toute la société.
Il serait très utile de dénombrer les personnes touchées par ces règles pour le bien de la discussion à ce sujet, surtout si ce groupe n'est pas très grand et si rien ne porte à croire qu'il donnera lieu à un changement démographique important qui mettra en péril l'avenir de la langue française au Québec.
Les données nous seraient très utiles. Elles nous aideraient à informer la population de ses droits et elles favoriseraient un dialogue constructif concernant les futures règles.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici. Je les prie d'excuser mon retard.
J'aurais le goût de sacrer, mais je vais me retenir. J'ai été membre de ce comité au cours des quatre dernières années. Nous vous avons rencontrés à quelques reprises et nous parlons de la même chose encore aujourd'hui.
Ce jeudi, nous allons rencontrer le statisticien en chef du Canada, alors aiguisez vos crayons. Essentiellement, le problème est politique. Il n'est pas mathématique, et il n'est plus nécessaire de convaincre qui que ce soit de la pertinence de ce que vous demandez depuis des années.
L'une des excuses qu'on nous a données à l'occasion d'études antérieures que nous avons menées sur ce sujet, c'est qu'il n'y avait pas de place dans le formulaire. Finalement, le choix d'inclure une question plutôt qu'une autre devient un choix politique. C'est carrément cela.
Je suis imprimeur et je connais le papier. Je sais qu'on peut faire entrer beaucoup d'éléments sur une feuille de papier, à la condition qu'on veuille bien le faire.
Monsieur Arseneault, vous avez un gros travail à faire.
Nous sommes tous d'accord pour ce qui est du dénombrement. Il ne faut absolument pas faire preuve de partisanerie dans ce dossier. C'est clair et net. Il faut régler cette question une fois pour toutes.
J'espère que nous aurons des réponses intéressantes, jeudi. Je le dis, car je sais que le statisticien en chef va écouter ce qui sera dit aujourd'hui. Qu'il se prépare. Je ne voudrais pas qu'il nous dise qu'il n'a pas de place sur son papier, parce que je vais lui en trouver, du papier. À un moment donné, c'est assez, le niaisage.
Je vous écoute et, sincèrement, j'ai une admiration sans bornes pour tout ce que vous faites et tout ce que vous avez fait depuis les 50 dernières années pour faire reconnaître les droits des ayants droit, et je crois que nous devons faciliter votre travail.
La reddition de comptes est l'un des éléments qui m'ont toujours chatouillé. Encore aujourd'hui, on envoie de l'argent aux provinces, et les provinces en font ce qu'elles veulent. On n'arrive pas à savoir ce qu'elles font de cet argent. On a parlé de la petite enfance. Monsieur Arseneault, combien d'études avons-nous faites là-dessus? Chaque fois, nous nous butions à la question de la reddition de comptes.
Avez-vous des choses à dire à ce sujet? En ce qui concerne le statisticien en chef qui comparaîtra devant nous jeudi, laissez-vous aller.
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Merci, monsieur le président.
Comme vous avez tous déjà reçu ma motion, je vais vous présenter le contexte. La semaine dernière, j'ai rencontré le directeur général du Cégep de Rivière-du-Loup, qui m'a mis la puce à l'oreille concernant un problème qui touche non seulement le Cégep de Rivière-du-Loup, mais l'ensemble des cégeps et des universités francophones au Canada. Ils font partie de la même association et ce problème les touche. Certains étudiants, particulièrement ceux qui viennent des pays d'Afrique, sont refusés presque systématiquement. Ce n'est pas normal. Le taux de refus peut atteindre jusqu'à 80 % pour les étudiants de certains pays. Nous devons nous pencher sur ce problème sérieux.
Comme vous le savez, les cégeps et les universités reçoivent leurs étudiants à partir de l'automne, mais c'est un long processus que de rassembler tous les éléments nécessaires pour faire une demande. Je ne pense pas que nous aurons réglé le problème d'ici l'automne, mais, à tout le moins, il faudrait nous pencher sur cette question. Nous pourrions recevoir une multitude de témoins ici, que ce soit par vidéoconférence ou en personne, pour qu'ils nous en parlent. Je suis convaincu que l'Association des collèges du Canada aurait des choses à nous dire à ce sujet.
Comment se fait-il que, quand les cégeps et les universités reçoivent des étudiants de partout, sauf d'Afrique, il n'y ait aucun problème? Il ne s'agit pas seulement de la richesse personnelle des étudiants; il faut savoir qu'on leur demande d'avoir 10 000 $ dans un compte de banque et de prouver que cet argent leur servira à retourner dans leur pays.
Quelles sont les conditions? Quelle est la grille d'analyse sur laquelle se basent les fonctionnaires pour décider d'accorder ou non des permis d'étude au Canada?
Ensuite, pourquoi y a-t-il un taux de refus pouvant aller jusqu'à 80 % pour les jeunes issus des pays africains qui veulent venir étudier au Québec, mais aussi au Canada — il faut bien le dire, car dans les universités francophones... D'ailleurs, monsieur Arseneault, vous me corrigerez si je me trompe, mais nous avons déjà entendu des commentaires à ce sujet dans le passé. Je pense que Mme Lecomte pourrait en témoigner.
Vous pouvez proposer des amendements, je suis très ouvert au débat. Je pourrais d'ailleurs vous faire part de l'argumentation du professeur du cégep. Ce problème perdure depuis plusieurs années, et il semble maintenant y avoir un découragement de la part des étudiants africains au moment de faire leur demande, parce qu'ils sont presque toujours refusés.
Alors, quelles sont les raisons véritables? Il est important que nous ayons une réponse.
Merci, monsieur le président.