:
Monsieur le Président, je soulève aujourd'hui une question de privilège concernant les ressources d'interprétation disponibles pour les réunions de comité et les autres travaux parlementaires.
Je le fais après la séance de vendredi du Comité permanent de la santé, qui a été suspendue parce que son président, le député a affirmé qu'il n'y avait pas de personnel, d'interprètes, de greffiers et ainsi de suite, disponibles après 16 h 30 et qu’il fallait suspendre la séance. À cette séance, le comité a été saisi d'une motion visant à ordonner la production des contrats de vaccins du gouvernement fédéral, ce que le gouvernement libéral a traité comme le secret le mieux gardé d'Ottawa.
Je reconnais que la pratique habituelle de la Chambre veut qu'une plainte émanant d'un comité soit d'abord signalée par le comité lui-même, mais il s'agit d'un problème grandissant et systémique qui touche notre structure de comité hybride. La réunion de la semaine dernière n'est que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, pour ainsi dire.
Je crois savoir que lors d'une récente réunion du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes, on a également dû lever la séance abruptement. L'automne dernier, au Comité permanent des finances, il y a eu toute une série de suspensions, également motivées par l'indisponibilité des ressources.
À la réunion du comité de la santé de la semaine dernière, la députée de a eu des difficultés à participer à un vote juste avant la suspension, attribuant ses difficultés à voter à des problèmes d'interprétation. Elle a également fait observer que ce n'était pas la première fois que cela se produisait, faisant allusion au vote très médiatisé qu'elle a exprimé le 26 octobre dernier au Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique.
Ce ne sont là que quelques exemples qui me viennent à l'esprit, et je suis sûr qu'on pourrait facilement citer plusieurs autres cas si nous avions un peu plus de temps pour y réfléchir.
Tout cela pour dire qu'il y a là un contexte plus général, une tendance, si l'on veut, à prendre en considération. Cette tendance, je l’affirme respectueusement, atteint un seuil qui correspond aux « circonstances spéciales très graves » évoquées par le Président Fraser le 26 mars 1990, à la page 9756 des Débats, qui justifient l'intervention de la présidence dans les affaires d’un comité.
[Français]
Pour commencer, et avant que quelqu'un ait une fausse impression, je vais me permettre de dire clairement que les conservateurs soutiennent fermement le bilinguisme au sein du Parlement. C'était une prémisse fondamentale de la Confédération, ce grand héritage de Sir John A. Macdonald et de Sir George-Étienne Cartier, qui a garanti, par l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, que l'anglais ou le français pouvait être utilisé par toute personne lors des débats dans les Chambres du Parlement du Canada et que ces deux langues devaient être utilisées dans les comptes rendus et les journaux respectifs de ces Chambres.
C'est le gouvernement de Richard Bennett, un compatriote albertain, qui a créé le Bureau de la traduction. Son mandat, selon le paragraphe 4(1) de la Loi sur le Bureau de la traduction, prévoit que le Bureau doit collaborer avec les deux Chambres du Parlement et agir en leur nom pour toutes les questions relatives à la réalisation et à la révision des traductions de documents, y compris la correspondance, les rapports, les comptes rendus, les débats, les projets de loi et les actes, ainsi que l'interprétation, l'interprétation gestuelle et la terminologie.
C'est le gouvernement de John Diefenbaker qui a instauré l'interprétation simultanée à la Chambre des communes et au Sénat. C'est le gouvernement de Brian Mulroney qui a inscrit notre système d'interprétation simultanée dans la Loi sur les langues officielles, en 1988, dans ce qui est maintenant le paragraphe 4(2) de cette loi. Des installations doivent être mises à disposition pour l'interprétation simultanée des débats et autres travaux du Parlement d'une langue officielle à l'autre.
Les conservateurs ont été les parents et les promoteurs du bilinguisme au Parlement.
[Traduction]
En ce qui concerne plus précisément la réunion du comité de la santé, vers 16 h 25 vendredi, la présidence a déclaré, selon les « bleus »: « Je tiens seulement à informer les membres du comité que nous devrons absolument suspendre les délibérations à 16 h 30, heure de l'Est. Après 16 h 30, nous n'aurons plus accès à la salle ni aux services d'interprétation, de greffe et d'analyse. »
À propos de l'ajournement des réunions de comité, permettez-moi de citer un extrait tiré de la troisième édition de La procédure et les usages de la Chambre des communes, à la page 1099:
L’ajournement d’une réunion de comité peut se faire par l’adoption d’une motion en ce sens. Toutefois, la plupart des réunions sont ajournées de façon plus informelle; le président reçoit alors l’assentiment implicite des membres du comité pour le faire. Un président de comité ne peut pas ajourner une réunion sans le consentement d’une majorité des membres, à moins que le président juge qu’une situation de désordre ou d’inconduite soit si sérieuse qu’elle empêche le comité de poursuivre ses travaux.
On ne fait aucunement mention de la possibilité d'un ajournement parce qu'un comité n'a pas accès à des ressources adéquates.
À la page précédente, Bosc et Gagnon précisent ce qui suit à propos de la suspension de réunions:
Les comités suspendent fréquemment leurs réunions pour diverses raisons avec l’intention de reprendre leurs travaux plus tard dans la journée.
Voici quelques-uns des exemples fournis:
pour permettre de passer du mode public au mode huis clos ou l’inverse, pour permettre aux témoins de prendre leur place ou de les entendre par vidéoconférence, pour mettre fin au désordre, pour régler un problème avec le système d’interprétation simultanée, ou pour passer d’un point sur l’ordre du jour à l’autre.
Nous avons vécu toutes ces situations pendant la pandémie. Bien que les problèmes liés à l'interprétation soient mentionnés et qu'ils puissent effectivement être courants, il s'agit généralement, pour les régler, de s'assurer rapidement que tout le matériel est bien réglé. Par conséquent, le problème ne s'est pas produit parce qu'on aurait tout simplement omis d'affecter des interprètes aux travaux parlementaires, à un certain moment. Si tel avait été le cas, il aurait suffi d'attendre que les nouveaux interprètes arrivent, pour le quart de travail suivant, plutôt que de devoir suspendre les délibérations du comité de la santé pendant environ 95 heures.
Le débat sur la motion concernant la production des contrats de vaccins a débuté peu avant midi ce jour-là. Je crois comprendre que vers 14 heures, premièrement, il était clair pour toutes les personnes concernées que les libéraux faisaient de l’obstruction; deuxièmement, il était entendu qu’une majorité de membres du comité ne donnerait pas son consentement explicite ou implicite à l’ajournement de la réunion selon les termes énoncés à la page 1099 de Bosc et Gagnon, que je viens de citer; et troisièmement, ces développements avaient été communiqués aux hauts fonctionnaires de l’Administration de la Chambre afin que les dispositions nécessaires puissent être prises pour que la réunion du comité de la santé se poursuive dans la soirée.
Notre passage à des séances hybrides et à distance, rendu nécessaire par la pandémie de COVID-19, a en effet mis à rude épreuve la capacité technique à garantir le bilinguisme dans les travaux de la Chambre. L’année dernière, j’étais membre du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre lorsque ce comité s’est penché sur la possibilité d’intégrer certains éléments des séances hybrides pendant cette pandémie.
Le 4 mai, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a appris de l’Association canadienne des employés professionnels qu’il y avait 70 interprètes salariés travaillant dans les langues officielles et que 40 d’entre eux étaient alors dans l’incapacité de travailler, soit pour des raisons de santé, soit parce qu'ils devaient garder leurs enfants lorsque les écoles étaient fermées. Le syndicat a également fait la déclaration qui suit au comité:
Nous nous approchons du pire scénario possible, à savoir qu'un trop grand nombre d'interprètes pourraient avoir besoin d'une période de repos et de guérison en même temps. Nous craignons que les interprètes s'approchent dangereusement d'une situation où ils ne sont pas en mesure de répondre à la demande et doivent refuser des tâches en trop grand nombre pour trouver des remplaçants. Cela compromettrait le déroulement des travaux parlementaires. Personne ne veut que nous arrivions au point où nous n'avons plus suffisamment d'interprètes qualifiés disponibles pour soutenir les travaux parlementaires.
Dans le rapport dissident des conservateurs au cinquième rapport du comité de la procédure et des affaires de la Chambre, qui a été déposé en mai dernier, nous avons écrit ce qui suit sur la situation concernant l'interprétation dont nous avions entendu parler: « Non seulement c’est inquiétant pour nos interprètes qui travaillent fort, mais ça pose un risque grave pour le bilinguisme à la Chambre des communes ». D'après ce que je comprends, ce risque grave n'a cessé de croître au lieu d'être abordé, traité et atténué.
Bref, le problème ne sort pas simplement de nulle part. Nous l'avons vu venir dans les toutes premières semaines de la pandémie, alors que nous commencions à peine à nous aventurer dans le monde des réunions de comités à distance. À la page 10 du cinquième rapport du comité de la procédure et des affaires de la Chambre, on peut lire que tous les partis ont reconnu ceci: « Le Comité souligne que plus les délibérations de la Chambre se complexifient, plus il nécessite d’interprètes ». Pourtant, nous entendons maintenant que la situation évolue dans la direction opposée.
En janvier, la Presse canadienne a publié un article sur un sondage effectué par le chapitre canadien de l'Association internationale des interprètes de conférence. Le sondage révèle que 60 % des répondants ont eu des problèmes auditifs les obligeant à s'absenter du travail. Sur une période de neuf mois, nos interprètes ont signalé trois fois plus de blessures au travail qu'au cours des 20 mois précédents.
Ces informations ont poussé le Comité permanent des langues officielles à entreprendre une étude sur les difficultés rencontrées par nos interprètes. Le 2 février dernier, l'association des interprètes de conférence a dit ceci au comité des langues officielles:
Il existe déjà une grave pénurie chez les interprètes qualifiés qui peuvent offrir leurs services à la Cité parlementaire [...] La pénurie d'interprètes précède la pandémie et celle-ci a exacerbé la situation.
Selon le témoignage de l'association, le Canada compte seulement quelque 80 interprètes indépendants qui satisfont aux critères du Bureau de la traduction pour prêter main-forte aux quelque 50 interprètes employés.
L'association a terminé sa présentation au Comité avec ce plaidoyer:
[...] veuillez [...] enjoindre [la ministre] de s'attaquer sans plus tarder à la pénurie d'interprètes qualifiés au Canada et l'encourager à attirer, par opposition à aliéner, l'actuel petit bassin d'interprètes accrédités par le gouvernement à travailler pour le Parlement canadien.
Il va sans dire que nos interprètes simultanés ont été les héros méconnus du maintien de la démocratie parlementaire tout au long de cette pandémie. Je tiens à les remercier sincèrement du travail qu'ils accomplissent, malgré les difficultés qui leur sont imposées. Mes observations d'aujourd'hui ne s'adressent aucunement à eux en tant qu'individus, mais plutôt à la direction et à l'organisation.
Bien entendu, monsieur le Président, comme vous le savez sans doute — et, d'ailleurs, je ne crois pas que tout le monde connaisse aussi bien que vous les domaines de compétence propres à la Colline du Parlement —, la Chambre des communes n'emploie pas vraiment les interprètes qui travaillent ici parmi nous. C'est plutôt le Bureau de la traduction, un organisme de service spécial du gouvernement fédéral, qui relève de la . Le Bureau a pour mandat législatif, comme je l'ai mentionné plus tôt, de servir les deux Chambres du Parlement pour tout ce qui concerne l'interprétation.
Le dirigeant principal de l'information de l'Administration de la Chambre l'a expliqué brièvement devant le Comité des langues officielles, le 2 février dernier, disant:
Le Bureau de [la] traduction offre le service. Comme vous le savez, les interprètes travaillent pour le Bureau de la traduction. Nous, nous fournissons l'environnement technique selon les normes établies par le Bureau de la traduction.
Bien qu'il existe une entente de service entre l'Administration de la Chambre et le Bureau de la traduction, il est important de se rappeler que le paragraphe 12(1) du Règlement sur le Bureau des traductions énonce la directive principale du Bureau:
Le Bureau doit réserver ses services d’interprétation en priorité aux deux Chambres du Parlement du Canada et à leurs comités.
Il est écrit « en priorité ». On ne peut pas être plus clair que cela. Pourtant l'expérience du comité de la santé vendredi dernier laisse penser que cela n'a pas été le cas.
Les ressources n'étaient pas non plus très sollicitées ce jour-là. La semaine dernière était une semaine de relâche. Il n'y avait donc pas les multiples pressions habituelles créées par les séances de la Chambre combinées aux réunions simultanées d'une demi-douzaine ou plus de comités. En fait, la seule autre activité qui a eu lieu ce vendredi-là a été une réunion de sous-comité qui a duré 70 minutes en matinée.
Autrement dit, il n'y avait rien d'autre qui se passait sur la Colline du Parlement vendredi après-midi lorsque la réunion du comité de la santé a été suspendue, et il n'y avait rien d'autre qui aurait pu justifier que le Bureau de la traduction ne nous fournisse pas ses services d'interprétation « en priorité ».
Cela m'amène à trois autres déclarations du président du comité de la santé, le député de . Voici ce qu'il a dit au comité vendredi dernier, selon les bleus.
Tout d'abord, vers 16 h 30, il a déclaré: « Je vais simplement dire que l'Administration de la Chambre est responsable d'affecter les ressources de la Chambre et que, en ce moment, c'est l'ensemble des whips et des leaders qui doivent se mettre d'accord. Ce n'est vraiment pas à la présidence ou au gouvernement d'affecter les ressources de la Chambre ».
Ensuite, vers environ 16 h 35, il a déclaré: « Je tiens simplement à préciser qu'il s'agit d'une question relevant de l'Administration de la Chambre des communes, qui s'occupe de réserver les services du personnel et les salles. Elle le fait avec l'accord des whips et des leaders des partis. »
Enfin, quelques instants plus tard, le député de Coquitlam—Port Coquitlam a déclaré: « J'ai décidé qu'il n'appartenait ni aux membres du comité, ni à moi, comme président, ni au personnel de trancher cette question, qui relève en fait de l'Administration de la Chambre. Elle détermine quelles ressources sont disponibles et les affecte en consultant les whips et les leaders des partis. »
À l'opposé, je me permets de citer un ordre spécial adopté par la Chambre le 25 janvier 2021, que l'on trouve aux pages 429 et 430 des journaux et qui régit nos séances virtuelles et hybrides cet hiver et dans les prochains mois. Au paragraphe q), il est indiqué que lors des réunions des comités, les députés pourront participer en personne ou par vidéoconférence, « […] pourvu que la priorité d’utilisation des ressources […] soit établie par entente de tous les whips des partis reconnus ». Je le répète, l'ordre parle de priorité d'utilisation, et non de toutes les utilisations ou d'une quelconque utilisation, mais bien de priorité d'utilisation.
Comme je l'ai expliqué précédemment, le comité de la santé était presque le seul attrait en ville, si je peux me permettre l'expression, vendredi dernier. Après 12 h 13, c'était le seul comité à se réunir. Aucun autre groupe n'a sollicité les ressources de la Chambre à ce moment. La priorité était donc évidente par le simple fait qu'il était le seul comité à siéger.
Le paragraphe q) de l'ordre spécial du 25 janvier proposé à la Chambre par le leader parlementaire des libéraux à la Chambre ne donne pas le droit de veto au whip libéral par rapport aux réunions des comités chaque fois que la soupe devient un peu trop chaude pour le et son Cabinet.
En fait, le député de a donné une information erronée au comité de la santé quand il a tenté de rejeter la faute sur autre chose en ce qui concerne son intention de mettre un terme au débat pour forcer la divulgation des contrats du gouvernement pour des vaccins.
Je soulève cette question de privilège aujourd'hui parce que c'est vraiment le meilleur et le seul moyen de résoudre une situation qui est rapidement en train de devenir un obstacle sérieux au fonctionnement de la Chambre.
Récemment, au Comité permanent des langues officielles, le député de a demandé ceci à la représentante de l'Association internationale des interprètes de conférence: « En est-on à un point de rupture et risque-t-on de ne pas avoir suffisamment d'interprètes pour faire le travail au Parlement canadien? » La réponse a été oui.
La témoin a ensuite ajouté: « Faute d'avoir les ressources voulues, le Bureau de la traduction doit déjà refuser que des interprètes travaillent à certaines rencontres de députés, comme les caucus. Pour l'instant, il ne refuse pas des réunions de comité. »
La témoin a confirmé que nous en sommes à un point de rupture et que nous fonçons à toute vitesse vers un échec crucial de notre capacité à mener des délibérations parlementaires. De plus, il ne s'agit pas d'un nouveau problème dû à la pandémie. Quoi qu'il en soit, il y a eu des signes bien avant que la pandémie vienne aggraver le problème. Or, le gouvernement n'a rien fait. Au lieu d'agir, il reste assis, les bras croisés, et se réjouit du fait que le Parlement ne peut pas fonctionner pleinement ni lui demander des comptes.
Plusieurs séances de comité, qui s'avéraient plutôt houleuses pour les libéraux, ont été soudainement interrompues parce que le gouvernement n'avait pas prévu assez d'interprètes. Je me dois d'ailleurs de souligner que vendredi, le comité de la santé débattait d'une motion portant sur la production des contrats fédéraux relatifs aux vaccins contre la COVID-19 négociés par la . Ce débat a pris fin parce qu'il n'y avait pas d'interprètes pour soutenir le travail des députés. Rappelons que les interprètes sont fournis au Parlement par la .
Pour ce qui est du privilège parlementaire, l'ouvrage de Bosc et Gagnon explique, à la page 57, qu'« il désigne également les pouvoirs dont la Chambre est investie pour se protéger, ainsi que ses députés et ses procédures, d’une ingérence indue et s’acquitter efficacement de ses principales fonctions, à savoir légiférer, délibérer et demander des comptes au gouvernement. En ce sens, on peut considérer le privilège parlementaire comme l’indépendance dont ont besoin le Parlement et ses membres pour accomplir leur travail sans entraves. »
On peut ensuite lire, à la page 59, que « La Chambre a le pouvoir d’affirmer ses privilèges lorsqu’on fait obstacle à l’exécution de ses fonctions ou de celles des députés ».
À la page 60, on décrit plus en détail la notion d'outrage: « Par ailleurs, même si elle ne porte atteinte à aucun privilège particulier, toute conduite qui cause préjudice à l’autorité ou à la dignité de la Chambre est considérée comme un outrage au Parlement. L’outrage peut être un acte ou une omission. Il n’a pas à faire réellement obstacle au travail de la Chambre ou d’un député; il n’a qu’à tendre à produire un tel résultat. »
Comme nous le savons, interrompre ou perturber les délibérations de la Chambre ou d'un de ses comités est un des types d'outrage définis dans le rapport de 1999 du Joint Committee on Parliamentary Privilege du Royaume-Uni et cité à la page 82 de l'ouvrage de Bosc et Gagnon.
[Français]
Dans la situation actuelle, nous avons des séances de comité qui sont interrompues ou perturbées en raison de l'omission du gouvernement qui n'a pas fourni suffisamment d'interprètes pour soutenir le travail. Bien que je reconnaisse qu'il s'agit de nouvelles circonstances pour soulever une question de privilège, les autorités sont claires sur le fait que des précédents ne sont pas toujours nécessaires.
À la page 81, Bosc et Gagnon nous rappellent ceci: « Dans les pays du Commonwealth, la plupart des experts en procédure affirment que, à la différence des privilèges, les cas d'outrage ne peuvent être dénombrés ni classés. »
[Traduction]
Il est vrai que la Chambre est liée au Bureau de la traduction en raison des exigences de la loi et des règlements, ce qui est amplifié par une entente de service entre les deux parties. La Chambre n'est pas pour autant impuissante. En effet, si la Chambre ne défend pas ses propres intérêts, nous risquons de donner l'impression d'accepter ce traitement de la part du Bureau de la traduction et de la et ainsi d'établir une nouvelle norme. En dernière analyse, on conclura peut-être que ce partenariat est la meilleure structure possible. Toutefois, peu importe l'angle sous lequel on aborde la question, des améliorations substantielles sont essentielles et nécessaires.
Les privilèges parlementaires sont l'aboutissement de siècles de lutte entre la Chambre des communes et le roi ainsi que le gouvernement du roi. Comme l'ouvrage de Bosc et Gagnon nous le rappelle à la page 62:
On estimait à l’époque que ces privilèges étaient nécessaires afin de protéger la Chambre et ses députés, non pas du peuple, mais du pouvoir et de l’ingérence du roi ainsi que de la Chambre des lords [...] La Chambre des communes du Canada n’eut pas à s’opposer à la Couronne, à l’exécutif ou à la chambre haute de la même manière que les Communes britanniques.
Se pourrait-il que nous soyons revenus à cette époque? Chose certaine, nous semblons engagés sur une pente glissante, et je crois qu'un grave danger nous menace, car il se pourrait que les activités du Parlement soient compromises et perturbées par l'inertie du gouvernement et son piètre sens des responsabilités.
Les ouvrages de référence sur la procédure parlent rarement d'outrage au Parlement sans parler aussi de sanctions. Dans le cas qui nous occupe, ce n'est pas ce qui m'intéresse, même si j'estime que, si jamais l'on devait constater que certaines personnes ou instances ont délibérément entravé le bon fonctionnement de la Chambre, il devrait y avoir des sanctions, et rigoureuses à part ça. Non, personnellement, ce que je veux, c'est faire de la question des ressources d'interprétation qui nous sont offertes une priorité et en saisir la Chambre afin qu'elle puisse en délibérer.
Si vous estimez vous aussi, monsieur le Président, qu'il y a de prime abord matière à question de privilège, je suis disposé à proposer une motion portant que la question soit renvoyée au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre afin qu'il en fasse un examen consciencieux, comme il le fait toujours. Cela dit, je suis ouvert aux suggestions, et si jamais il ressortait des discussions informelles qui pourraient avoir lieu entre les caucus et les autres parties intéressées, pendant que vous prenez l'affaire en délibéré, qu'il existe une solution plus efficace et plus appropriée pour résoudre les problèmes que je me suis employé à décrire et pour permettre aux comités de recommencer à fonctionner à plein régime, je serais tout à fait prêt à l'envisager.
Bref, la Chambre doit corriger la situation avec sérieux et promptitude afin que le gouvernement respecte ses obligations juridiques, pour que nous ayons droit au meilleur bilinguisme possible, comme le garantit la Constitution, et à un système d'interprétation simultanée, comme le prévoit la loi, et que la Chambre et ses comités puissent fonctionner pleinement, sans empêchement ni entrave de la part du gouvernement auquel nous sommes censés demander des comptes.
:
Monsieur le Président, c’est une question très sérieuse, et je tiens à fournir un peu plus de détails sur ce qui s’est passé vendredi pendant la réunion du Comité permanent de la santé, puis à présenter certains arguments supplémentaires à l’appui de ceux que mes collègues viennent d’apporter.
Vendredi dernier, les membres du Comité permanent de la santé sont réunis pour discuter de certaines questions conformément à l'article 106(4) du Règlement, qui donne aux parlementaires le pouvoir de forcer la tenue de réunions lorsqu'il y a des questions urgentes dont il faut s’occuper. La question pour laquelle l’article 106(4) du Règlement avait été invoqué vendredi dernier était une motion demandant essentiellement la tenue d'une séance d’information sur la question des variants de la COVID-19 au Canada et l’intervention du gouvernement, et la réunion visait également à faire adopter une motion de mon collègue — pour laquelle il avait donné avis — concernant les obligations contractuelles avec certains fabricants de vaccins.
Comme mon collègue l’a mentionné, les libéraux ont tenté de faire obstruction à cette motion. Il était très clair que les libéraux à ce moment-là essayaient de faire obstruction au vote sur la motion, car il était également clair qu’elle allait être adoptée.
Les libéraux ont bien sûr le droit de le faire. Ils ont le droit. Toutefois, ce jour-là, en raison des circonstances décrites par mon collègue, les autres membres du comité et moi avons été privés de la capacité de poursuivre la discussion. J’étais prête à siéger aussi longtemps qu'il le fallait pour discuter de cette question, et je sais que mes collègues d’autres allégeances politiques l’étaient aussi, mais je crois que les libéraux comptaient sur le fait, étant donné les remarques du président, qu’il n’y aurait plus de ressources disponibles après 16 h 30, que l’obstruction prendrait fin et qu’on ne passerait pas au vote sur cette motion très importante que de nombreuses personnes et même les médias réclament. C’est de ce point de vue que je considère qu’on a porté atteinte à mes privilèges. Le débat aurait dû continuer. Il aurait continué s’il s’agissait des heures habituelles de séance. Il n’y a aucune raison pour laquelle il ne se serait pas poursuivi.
Nous avons tous déjà assisté à de l’obstruction, mais le président, comme l’a dit mon collègue, a précisé d'entrée de jeu que nous allions mettre fin à la réunion plus tôt en raison d’un manque de ressources. Généralement, dans ce type de situation, le comité se pencherait sur ce qui s’est passé, mais le problème est que la situation actuelle n’est pas une situation normale. Le président, en invoquant le manque de ressources comme excuse, a suspendu la réunion. Qui plus est, comme mon collègue l’a bien dit tout à l’heure, il y avait des problèmes d’interprétation au sujet desquels ma collègue du Bloc était mécontente à juste titre, et qu’elle et moi tentions de résoudre. La réalité est que pour une raison quelconque, un an après le début de la pandémie, après une prorogation et bien des mois dans cette situation, tout d’un coup il n’y avait pas de ressources disponibles.
Si nous ne pouvons pas trouver une solution, je ne crois pas que ces réunions de comités à distance fonctionnent. Nous en sommes vraiment rendus là. En ce moment, compte tenu de tous les exemples donnés par mes collègues, je suis fermement convaincue que nous avons besoin très rapidement de ressources supplémentaires, car la démocratie ne cadre pas avec des créneaux horaires bien définis. Les réunions vont parfois durer plus longtemps et il faudra parfois organiser des réunions en dehors des heures habituelles. C’est mon travail en tant que parlementaire, c’est ma prérogative en tant que parlementaire et c’est mon droit en vertu du Règlement.
J’insiste pour dire que cette question est de votre ressort, puisque nous n’avons pas pu la régler, car le président répétait: « Il n’y a pas de ressources. Il n’y a pas de ressources. Il n’y a pas de ressources. Les traducteurs doivent s’en aller. Le greffier doit partir. » En toute autre circonstance, c’est-à-dire si la réunion ne se déroulait pas en ligne, je dirais que cette situation n’aurait pas eu lieu. Nous aurions poursuivi la réunion.
Si nous ne pouvons pas régler la situation, je ne vois pas franchement comment les séances à distance peuvent fonctionner.
J’ai bon espoir que vous pourrez trouver une solution et régler cette situation, peut-être en embauchant plus d’interprètes immédiatement ou en travaillant avec les greffiers des comités afin que l’on comprenne que ma capacité d’avoir recours à la procédure pour faire entendre la voix des Canadiens ne devrait pas être limitée par une personne qui déclare que nous devons arrêter notre discussion parce que c’est vendredi et qu’il est 16 h 30. Ce n’est pas ainsi que fonctionne la démocratie. Mon collègue, le whip de l’opposition, m’a donné quelques suggestions.
Je comprends que les députés libéraux n’aimaient peut-être pas ce que je faisais, mais ils faisaient de l'obstruction. Une fois de plus, c’est leur prérogative, mais la réunion n’aurait pas dû prendre fin en raison d'un « manque de ressources ». Les gens partout dans le monde ont réussi à trouver des ressources pour la traduction et les réunions sur Zoom. On porte atteinte à mes privilèges, face aux personnes que je représente et qui paient mon salaire pour contester les décisions du gouvernement sur des questions comme celles-ci, quand on met fin à une réunion pour de telles raisons, qui ne sont pas prévues par le Règlement. Il s’agissait d’une motion assez importante qui aurait essentiellement forcé le gouvernement à fournir plus de détails sur les contrats ayant trait à notre approvisionnement en vaccins, de loin la question de politique publique numéro un à l’heure actuelle. Cela ne fait aucun doute.
Ce n'est pas la première fois qu'une telle chose se produit à ce comité. En aucun cas, il n’est pas acceptable qu'une réunion soit annulée en raison d'une difficulté technique. J'ai déjà vu cela se produire également. Je vous supplie, monsieur le Président: si la situation ne peut pas être corrigée immédiatement, la Chambre devrait probablement revenir à une forme de séance en personne. Ce ne serait pas l'idéal non plus sur le plan de la santé et de la sécurité, mais nous ne pouvons pas simplement suspendre la démocratie. Voilà où nous en sommes. Comme le député de l'a si bien dit, nous ne pouvons pas non plus suspendre le droit à l'interprétation et aux délibérations dans les deux langues officielles.
Monsieur le Président, il vous incombe de résoudre le problème qui s'est produit au comité de la santé. Cela ne peut pas durer...
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Monsieur le Président, j'aimerais ajouter quelques mots concernant la question de privilège qui vient d'être soulevée par mon homologue, le whip du parti de l'opposition officielle.
Les membres du Comité permanent de la santé sont évidemment tous conscients que le président du Comité a rendu une décision sur une question de privilège soulevée par la députée de vendredi dernier, le 12 février. Cette décision a eu comme effet de suspendre un débat fondamental visant à ce que le gouvernement dévoile enfin son plan de vaccination pour la COVID-19.
J'aimerais porter à l'attention de la Chambre ce que disent les auteurs Bosc et Gagnon, à la page 1060 de l'ouvrage La procédure et les usages de la Chambre des communes: « Le président d'un comité n'a pas le pouvoir de statuer sur des questions de privilège [...] ».
Pourtant, le président du Comité permanent de la santé a suspendu la réunion, qui avait été dûment convoquée à la demande de quatre députés conformément à l'article 106(4) du Règlement, en alléguant que les ressources technologiques n'étaient plus disponibles, et ce, alors que les débats en cours n'étaient pas terminés.
Comme nous le savons, cela fera bientôt un an en mars que le Parlement fonctionne en mode virtuel et hybride. Beaucoup d'améliorations ont été apportées. Il n'en reste pas moins qu'il y a vraiment des problèmes, particulièrement en ce qui a trait aux séances des comités parlementaires. Ces problèmes sont concentrés dans l'équipe de soutien technique et technologique dont la responsabilité est de permettre aux députés de travailler dans leur langue, d'entendre, d'intervenir et de comprendre ce qui est en cours, ce qui est aussi un privilège de députés.
Cet événement est survenu dans un contexte où les membres du parti formant le gouvernement ont constamment fait de l'obstruction lors des débats. Nous savons que c'est une technique parlementaire, mais c'est tout de même un fait qui s'est produit le 12 février dernier et qui a eu pour effet de prolonger la réunion jusqu'à la limite annoncée par les services techniques de la Chambre.
Ce que nous avons amélioré, c'est d'offrir aux parlementaires la possibilité de débattre tout en respectant les règlements. La limite des ressources techniques n'est pas nécessairement liée aux interprètes — je tiens à le dire. Elle est liée à l'ensemble du personnel qui soutient les parlementaires dans leur travail. Il ne faudrait pas penser que tout ce dont nous discutons depuis cet après-midi sur cette question de privilège ne concerne que les services d'interprétation. Cela s'adresse aussi à l'ensemble du personnel responsable de la technologie et du soutien technique de nos comités.
À notre avis, les membres du gouvernement ont utilisé les limites des ressources technologiques, qui assuraient le travail du Comité, dans leurs propres intérêts politiques et dans celui du gouvernement, et le président du Comité a rendu une décision sur une question de privilège, à l'encontre des règles parlementaires existantes. Ce faisant, il a pris en otage les services techniques et technologiques de la Chambre, ainsi que les membres des partis de l'opposition, pour suspendre la réunion et entraver les travaux du Comité.
Si les services techniques de la Chambre ne permettaient pas au Comité de poursuivre les travaux, il ne revenait pas au président du Comité d'utiliser cette situation pour rendre une décision en faveur du parti formant le gouvernement.
Si les membres du Comité qui représentent le Parti libéral du Canada veulent aider le gouvernement à cacher certains renseignements et empêcher qu'une étude sur les contrats d'approvisionnement des vaccins ait cours, ceci ne peut être fait en brimant le privilège parlementaire des autres membres du Comité et en limitant les débats sur la question de l'heure qu'est le plan de la vaccination du gouvernement qui compromet la santé et la sécurité des Québécois et des Canadiens.
Cette situation soulève une question de privilège des plus importantes, et il revient à la présidence de la Chambre de trancher la question. Avec tout mon respect, bien qu'il soit de coutume que les questions de privilège découlant des délibérations dans les comités soient prises en compte sur présentation d'un rapport dudit comité, je crois que la situation actuelle justifie amplement une intervention directe de la présidence, étant donné les circonstances particulières avec lesquelles le Parlement et les députés qui y siègent doivent composer pour poursuivre leur mandat durant la pandémie, et ce, pour le bien des Québécois et des Canadiens.
Les limites matérielles, humaines et technologiques ne doivent en aucun cas être utilisées par le gouvernement et les députés pour faire pression sur les députés des autres partis ni pour bafouer leur privilège parlementaire.
Monsieur le Président, vous et moi siégeons au Bureau de régie interne et vous savez que j'ai fait plusieurs interventions sur la grande importance de l'interprétation pour nous, ainsi que sur l'importance de permettre aux députés de s'exprimer dans leur langue, d'avoir les services nécessaires pour être capables de contribuer aux travaux parlementaires, de comprendre et de voter en connaissance de cause.
Monsieur le Président, je vous invite donc à prendre position et à juger qu'il s'agit vraiment d'une question de privilège parlementaire. Mes collègues et moi vous demandons de trouver une solution puisque le fonctionnement hybride et virtuel de la Chambre continuera quelques mois. On ne saurait tolérer que cette situation se reproduise ni qu'elle perdure.
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Monsieur le Président, depuis que j’ai le privilège de servir les gens de Vancouver Kingsway, deux concepts fondamentaux m'apparaissent très évidents. Le premier est que le temps est l’une des plus importantes monnaies d’échange au Parlement. Le deuxième est que la règle de la majorité est la pierre angulaire de notre démocratie. Je crois que la motion sur le privilège dont nous sommes saisis fait intervenir ces deux principes très importants et j’appuie la question de privilège qui a été soulevée.
J’ai également eu le privilège d’assister à toute la réunion en question du Comité permanent de la santé et j’ai été témoin de tout ce qui s’est passé, du début à la fin. Je ne vais pas répéter les faits, puisque je pense qu’ils ont été bien énoncés par le député de .
Comme les députés le savent, la réunion a débuté à 11 heures, heure de l’Est. Elle dure habituellement deux heures, mais vu le nombre de motions et le nombre de membres qui souhaitaient prendre la parole, elle s’est prolongée au-delà de ce délai.
Il est également vrai qu’en plein milieu de la réunion, le président nous a informés à l’avance qu’elle se terminerait à 16 h 30, heure de l’Est, parce que le soutien technique ne serait pas disponible à ce moment-là. À l’approche de 16 h 30, le président a donc agi selon ce qu’il avait indiqué, mais quelques députés souhaitaient encore s’exprimer sur la motion proposée et personne n’a présenté de motion d’ajournement. Pendant que vous débattez de la question, je pense qu’il serait important pour vous de noter qu’à aucun moment un membre du comité, y compris du côté des libéraux, n’a présenté de motion d’ajournement et je peux vous dire pourquoi: parce qu’il était clair que la majorité des membres de ce comité voulaient que la réunion se poursuive. On aurait pu facilement l’ajourner à n’importe quel moment.
Au cœur du problème se trouve une affirmation tranchée de l'intervenant précédent, le , à propos de laquelle vous allez probablement devoir vous prononcer et selon laquelle un président peut ajourner une réunion à tout moment, pour n'importe quelle raison. Je dirai, très respectueusement, que c'est faux. Je ne crois pas du tout que ce soit le cas et je vous laisse faire les recherches nécessaires pour déterminer quand c'est effectivement le cas.
La raison en est, comme l'a très bien dit ma collègue de Calgary Nose Hill, que lorsqu'on est dans l'opposition et que des députés veulent prendre la parole, il est approprié d'user de l'argument du temps pour poursuivre le débat, quelle que soit la raison invoquée. Il est tout aussi approprié pour les députés d'en face de faire de l'obstruction. C'est ce qui s'est passé lors de cette réunion. Le comportement des membres de l'opposition et de ceux du gouvernement se justifiait tout à fait.
La question qui se pose est la suivante: où cela s'arrête-t-il? À mon humble avis, c'est quand il y a une vraie motion visant à suspendre ou ajourner la séance appuyée par une majorité. Sinon, la séance se poursuit jusqu'à ce que plus personne ne veuille parler.
Je tiens aussi à dire qu'à la toute fin, on a présenté une motion pour remettre en question une décision de la présidence sur la question de privilège. Je pense qu'on a déjà fait valoir ce point, mais ce qui me préoccupe, et ce qui préoccupe mes collègues du NPD, c'est que pendant ce vote, une députée du Bloc québécois, une membre du comité en question, a été privée de son droit de vote parce qu'elle n'avait pas accès à l'interprétation pendant la mise aux voix. Ainsi, le vote auquel la présidence s'est remise pour clore le débat était vicié, car il a été interrompu par un problème d'interprétation. Si vous vérifiez le compte rendu, et je vous prie de le faire, vous constaterez que c'est le cas.
J'aimerais également soulever une autre question qui n'a pas été abordée par les autres députés jusqu'à maintenant. Je parle ici des conséquences de suspendre une réunion. Au moment où l'on se parle, soit des jours après la réunion, il n'est toujours pas possible de regarder ou d'écouter la réunion sur ParlVu. Le procès-verbal n'a pas encore été rendu public, donc les gens ne peuvent pas prendre connaissance des délibérations. Voilà une autre conséquence néfaste de la seule décision de la présidence de clore une réunion sans que le comité ait exercé son pouvoir démocratique en vue de l'autoriser. Non seulement il s'agit d'une atteinte à nos privilèges en tant que députés, mais cela a eu pour effet d'empêcher les Canadiens de voir ce qui s'est passé lors de cette réunion.
Il a déjà été dit que cela s'est passé un vendredi après-midi. Je ne vais donc pas insister là-dessus. Le problème n'était pas qu'un autre comité avait besoin de la salle. Je comprends que la tenue de réunions par vidéoconférence nous oblige à tenir compte de facteurs inhabituels lorsque les délibérations d'un comité dépassent l'heure d'ajournement prévue. Toutefois, en l'occurrence, ce facteur n'entrait pas en ligne de compte puisque, vendredi après-midi, aucun autre comité n'avait besoin de la salle et il aurait été simple pour nous de suspendre la séance quelques minutes pour faire appel à d'autres interprètes et à d'autres agents de soutien technique.
Je ferai également remarquer que le président du comité n'a jamais expliqué quels étaient les problèmes en matière de soutien technique. Nous n'avons donc aucune idée de la nature des problèmes en matière de soutien technique qui nous ont empêchés de poursuivre la réunion. À mon avis, on aurait facilement pu résoudre le problème en suspendant la séance pendant 5, 10 ou 15 minutes.
Je soutiens, respectueusement, que la façon de résoudre un conflit politique dans notre système est par la tenue d'un vote démocratique à la Chambre et au comité. Je pense que le président du comité de la santé avait de bonnes intentions, mais qu'il a eu tort de choisir de mettre fin unilatéralement à cette réunion, privant ainsi la députée de ...