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Monsieur le Président, je suis honoré que vous me donniez la parole. J'en profite pour saluer vos collègues de Joliette.
Dans le cadre de cette présentation, je ne partagerai pas mon temps de parole, mais j'aimerais prendre un bref moment pour souligner le travail des stagiaires parlementaires. J'ai eu l'honneur d'accueillir Sonja Tilro dans mon équipe pendant plusieurs semaines. Elle a fait un travail incroyable et ce texte sera une de ses dernières contributions à mon équipe. J'aimerais souligner cette contribution, de même que celle de l'ensemble des stagiaires parlementaires, qui constituent une valeur ajoutée très distincte pour notre Parlement.
Nous sommes aujourd'hui saisis du projet de loi , un projet de loi émanant du gouvernement qui vise à modifier la Loi sur Investissement Canada. Il s’agit de la première modification importante à la Loi sur Investissement Canada depuis 2009, alors que le gouvernement introduisait un processus d’examen des enjeux de sécurité nationale relativement aux investissements étrangers. Rien n'a été proposé par la suite à part quelques modifications de concordance lors de la conclusion d’accords commerciaux.
En résumé, le projet de loi C‑34 vient augmenter la capacité du gouvernement de mieux contrôler les investissements étrangers, mais seulement ceux qui peuvent porter atteinte à la sécurité nationale. Il n’effectue aucun changement à la partie de la Loi qui concerne l’avantage économique. La question de la réelle modernisation de la Loi sur Investissement Canada est encore une fois évitée et de grandes questions ne seront pas réglées encore cette fois-ci.
Le projet de loi C‑34 apporte essentiellement sept changements pour rendre le processus d’examen plus efficace. Nous sommes ravis de constater que les travaux du Comité permanent de l’industrie et de la technologie ont été pris en compte et ont inspiré ces changements, qui sont les suivants: une nouvelle exigence pour le dépôt préalable à la réalisation des investissements dans des secteurs désignés; un pouvoir ministériel permettant de prolonger l'examen relatif à la sécurité nationale des investissements; des pénalités plus sévères pour les contraventions; un pouvoir ministériel permettant d'imposer des conditions durant une période d'examen relatif à la sécurité nationale, et j'en passe.
Le Bloc québécois appuiera le projet de loi C‑34, qui, selon nous, améliore le contrôle des investissements pouvant porter atteinte à la sécurité nationale. Cependant, le projet de loi C‑34, dans sa version actuelle, ne comporte tout simplement pas suffisamment de protection pour nos entreprises du Québec et le gouvernement vient de rater une occasion en or de renforcer notre réseau d'entreprises et éviter la fuite de nos ressources et nos capitaux vers l'étranger. Pour réaliser cette nécessaire transition énergétique, il nous faut tous les outils économiques à notre disposition.
Est-il encore possible d'y apporter des éléments pour mieux protéger les sièges sociaux et donner un signal clair qu'une entente multilatérale est envisageable pour répondre aux besoins, exprimés par Québec, de contrôler le développement de son économie et de protéger les entreprises dans les créneaux stratégiques qu'elle a établis?
La Loi sur Investissement Canada, adoptée en 1985, prévoit que le gouvernement s’assure que les investissements étrangers importants sont « à l’avantage net » du Canada avant de les approuver. Depuis 2009, la Loi contient aussi une section sur la sécurité nationale qui donne au gouvernement le pouvoir de bloquer un investissement étranger s’il estime qu’il risque de porter atteinte à la sécurité nationale. On parle ici d’investissements dans les secteurs particulièrement critiques, en particulier ceux qui sont effectués par des gouvernements étrangers ou des entreprises qui y sont liées. Le projet de loi C‑34, déposé le 7 décembre 2022 par le , vient améliorer les contrôles et augmenter les pouvoirs du ministre, mais seulement pour les investissements liés à la sécurité nationale.
Mon discours permettra de cerner les quelques éléments qui pourraient être étudiés sérieusement par le Comité lorsque nous franchirons cette étape du processus législatif.
Nous serons quelques députés aujourd'hui à faire la lecture de ce que comprend le projet de loi sur les investissements au Canada. Quels sont les outils qui permettront de poursuivre le développement en toute confiance tout en gardant un certain contrôle des investissements étrangers? Quelle importance accorde-t-on à la protection de la propriété intellectuelle? Quels engagements et conditions sommes-nous prêts à exiger aux investisseurs pour valoriser la création de la richesse ici, au Québec?
Nous préparons notre avenir à l'image du modèle québécois et nous voudrions que le gouvernement fédéral reconnaisse cela, tout simplement. Depuis des années, les politiques du gouvernement fédéral en matière d’investissements étrangers se résument en bien peu de mots: dérèglementation et laisser-aller.
Il y a eu un resserrement des examens des propositions d'ententes lorsque la sécurité nationale est en jeu, mais, pour le reste, les vannes sont ouvertes. En réalité, tout investissement étranger est pratiquement automatiquement autorisé sans examen. Les mécanismes d’examen prévus à la Loi, que le gouvernement tient pourtant à protéger dans chaque accord commercial qu’il signe, sont rendus essentiellement inopérants.
J'aimerais revenir sur les travaux du Comité permanent de l'industrie et de la technologie.
Dans le rapport complémentaire du Bloc québécois déposé en même temps que celui du Comité permanent, nous avons souligné les principaux éléments nécessaires pour renforcer le modèle de développement économique du Québec.
Parlons des orientations des 10 dernières années des gouvernements à la fois conservateur et libéral concernant le seuil auquel les ententes sont soumises à un examen en vertu de la Loi sur Investissement Canada.
En 2013, le gouvernement conservateur donnait le ton en annonçant son intention de relever le seuil à partir duquel le gouvernement évalue si les investissements étrangers sont réellement avantageux. À partir de 2015, le gouvernement libéral accélérait le pas.
Les politiques ont-elles eu une incidence réelle? Oui. Ce fut une décennie de dérive. À chacune des occasions que nous avons eues d'étudier la question au Comité, nous avons entendu des témoignages qui ont sonné l'alarme sur des lacunes de la Loi que nous avons en ce moment. Le seuil n'est pas suffisamment élevé et trop d'ententes ne sont tout simplement pas examinées.
Le résultat est frappant. Entre 2009 et 2019, la proportion des investissements étrangers qui font l'objet d'un examen est passée de 10 % à seulement 1 %. Mes collègues ont bien entendu: en vertu des règles actuelles, 99 % des investissements étrangers sont maintenant automatiquement acceptés, sans examen. C'est pourquoi le Bloc québécois a insisté auprès du ministère pour qu'il réduise ce seuil.
Le modèle québécois comprend des entreprises beaucoup plus petites en termes de grandeur et de nombre. C'est pour arrêter ce transfert de notre propriété intellectuelle et de nos talents aux mains de sociétés dont le siège social est ailleurs qu'au Québec que le ministère doit baisser le seuil. Cette dérive arrive à un mauvais moment. Depuis une trentaine d'années, les investissements étrangers ont changé de nature dans les pays de l'OCDE: la part des nouveaux investissements tend à diminuer alors que la part des investissements sous forme de fusions ou d'acquisitions d'entreprises existantes tend à augmenter.
Nous comprenons que nous devons nous mettre au même niveau que nos partenaires commerciaux. S'il y a une chose que la pandémie de la COVID‑19 nous a démontrée, c'est que les chaînes d'approvisionnement mondiales sont fragiles et qu'il est imprudent d'être complètement dépendants des décisions prises à l'étranger.
Le nouveau processus d'examen est essentiellement un calque de ce qui se fait aux États-Unis. Avec son adoption, on augmente les chances que les Américains nous considèrent toujours comme un partenaire fiable. C'est une condition pour être un fournisseur privilégié bien intégré dans leurs chaînes d'approvisionnement.
Dans un contexte où les réflexes protectionnistes sont en hausse chez nos voisins du Sud, lesquels pourraient bousculer sérieusement notre économie, c'est un atout important, et le Bloc québécois le salue. Le Comité permanent du commerce international se penche actuellement sur les possibles effets des politiques américaines en faveur de l'électrification des transports et qui risquent d'exclure nos entreprises dans ce domaine, notamment les batteries de véhicules électriques. Le projet de loi , ajouté à la nouvelle directive sur les minéraux critiques qui est susceptible de diminuer l'empreinte de la Chine dans ce secteur, est de nature à les rassurer, ce qui est une bonne chose.
Les minéraux critiques et l'électrification des transports soulèvent aussi des enjeux importants. À l'instar d'autres pays, il y a de bonnes raisons de protéger nos entreprises et de les encourager à s'installer près des ressources dont elles ont besoin. On ne peut pas blâmer les autres pays d'avoir capté des occasions de mettre la main sur nos entreprises, pourvu qu'un examen exhaustif et rigoureux ait été réalisé.
La région de l'Abitibi‑Témiscamingue n'y échappe pas. Nous sommes conscients que notre région sera convoitée pour ce qui est de ses minéraux comme les terres rares, son lithium, son cuivre, son nickel, son or. Des minéraux critiques, il y en a sur tout le territoire, et ce, jusqu'au Nord du Québec.
Nous avons également l'une des universités les plus performantes, l'UQAT, soit l'Université du Québec en Abitibi‑Témiscamingue, avec des experts internationaux et des programmes des plus performants. Nous avons l'ambition de vouloir jouer un rôle de premier plan et de tirer notre épingle du jeu dans cette réalité. Pour ma part, j'y vois la création d'un pôle d'excellence sur les minéraux critiques et stratégiques.
Il est maintenant temps de créer les emplois nécessaires et de réaliser une transformation économique et industrielle à long terme vers un avenir neutre en carbone. Le moment est venu de créer un avenir où le Québec sera un chef de file mondial dans le domaine des technologies propres, en mettant l'accent sur les minéraux essentiels et le développement d'un écosystème innovant et durable pour la production de batteries, ce que j'appelle la mine verte.
Le projet de loi C‑34 s'ajoute à la nouvelle directive sur les minéraux critiques que le gouvernement a adoptée le 28 octobre 2022 et qui touche 31 minéraux considérés comme critiques pour la prospérité économique durable du Canada et de ses alliés. En appuyant la nouvelle directive du gouvernement concernant ces 31 minéraux critiques, plus de projets structurants pour les régions riches de ces ressources verront le jour.
C'est un réel moment pour préparer notre propre avenir dans la création des biens technologiques et dans l'électrification des transports. On pense ici aux minéraux nécessaires à la production des biens technologiques et à l'électrification des transports. Il est tout à fait opportun de positionner le Canada et le Québec à l'avant-garde de l'exploration, de l'extraction, du traitement et de la fabrication et de la façon de faire du Canada comme chef de file de la production des batteries et d'autres technologies numériques et propres, et de développer un écosystème novateur et durable de l'industrie des batteries du Québec et du Canada, notamment en faisant du Canada et du Québec un chef de file mondial de la fabrication, du recyclage et de la réutilisation des batteries.
Dans ces domaines, un investissement provenant d'un gouvernement étranger ou d'une entreprise qui lui est liée sera d'emblée considéré comme désavantageux. Il fera l'objet d'un examen de sécurité nationale et sera vraisemblablement refusé, sauf dans des circonstances exceptionnelles.
Le fardeau de la preuve est ici inversé. L'investissement est d'emblée refusé, à moins que l'investisseur arrive à démontrer qu'il est vraiment avantageux. Le gouvernement a d'ailleurs récemment bloqué trois projets d'investissements miniers en appliquant cette directive.
Ce faisant, le projet de loi et la nouvelle Stratégie canadienne sur les minéraux critiques devraient mettre un frein à l'accaparement de la ressource par des entreprises chinoises. Ils devraient mettre fin à une certaine dépendance de nos industries et des ressources provenant de l'étranger.
Parlons de l'aspect de la sécurité. Alors que nous discutons actuellement des dangers que les entreprises chinoises représentent pour notre sécurité et nos choix technologiques dans les télécommunications, il est tout aussi important d'évaluer le danger que représente pour nos industries l'accaparement de nos ressources par des investisseurs étrangers. En veillant à évaluer de manière approfondie et précise les composantes économiques et sécuritaires de chaque investissement, nous pouvons tirer parti de ceux qui nous apporteraient la prospérité et éviter ceux qui nous mettraient en danger.
Cela nous permet également de rester à jour avec nos alliés, en particulier les États‑Unis. Cela garantit que nous sommes considérés comme un partenaire fiable et préférable dans le commerce et le développement des chaînes d'approvisionnement en minéraux essentiels et que nous pouvons continuer de faire partie de l'avenir vert.
Les modifications à la Loi rendent le processus d'examen relatif à la sécurité nationale plus efficace en donnant au ministère de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, en consultation avec le ministère de la Sécurité publique, le pouvoir de prendre un décret prolongeant l'examen relatif à la sécurité nationale visé par l'article 25.3.
Auparavant, un décret du gouverneur en conseil était nécessaire à cette étape du processus. En éliminant l'étape du décret devant être accomplie par le gouverneur en conseil, les partenaires chargés de la sécurité du renseignement auront plus de temps pour compléter les analyses de renseignements, qui sont par ailleurs de plus en plus complexes.
La protection de notre propriété intellectuelle est un autre enjeu important. Les modifications à la Loi instaurent une exigence de dépôt préalable à la réalisation de certains investissements dans des secteurs désignés. Cela permettra au gouvernement de disposer d'une vue sur les investissements effectués dans des secteurs d'activité où l'investisseur pourrait obtenir des biens et des renseignements de nature délicate, de la propriété intellectuelle ou des secrets commerciaux, par exemple, immédiatement après la réalisation d'un investissement.
Le gouvernement pourra dès lors prévenir ce type de dommage irréparable. Les investisseurs œuvrant dans les secteurs désignés devront donc déposer un avis selon les délais prévus par le règlement. Une amélioration de l'échange des renseignements avec les homologues internationaux est aussi prévue dans la loi. Les modifications de la Loi facilitent la coopération et l'échange de renseignements à l'échelle internationale, permettant au ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie de divulguer des renseignements sur un investisseur auprès de pays alliés afin d'appuyer leurs analyses de renseignements et leurs examens relatifs à la sécurité nationale suivant des conditions jugées adéquates par le ministre.
Auparavant, l'information sur un investisseur particulier était considérée comme un privilège et ne pouvait être divulguée. La présente modification permettra au Canada de mieux se défendre dans une situation où un investisseur pourrait être actif dans plusieurs pays en quête de la même technologie ou lorsqu'il existe un intérêt commun en matière de sécurité nationale. Cela dit, le Canada ne communiquerait pas ces renseignements pour des raisons de confidentialité ou autres, évidemment.
L'angle mort du gouvernement, c'est la préservation de nos leviers économiques. Tous ces développements sont positifs, mais ils sont très partiels. Le Bloc québécois demande au gouvernement d'aller beaucoup plus loin. L'an dernier, selon les données du rapport annuel de la direction des investissements du ministère déposé au Parlement en octobre dernier, des étrangers ont déposé 1 255 projets d'investissements totalisant 87 milliards de dollars.
Sur ces 1 255 projets d'investissement, seulement 24, soit 2 %, étaient considérés comme ayant une incidence sur la sécurité nationale et auraient été couverts par les nouvelles règles contenues dans le projet de loi . Les 1 221 autres investissements étrangers restent assujettis aux vieilles règles laxistes et ont presque tous été automatiquement approuvés sans examen. Seulement 8, soit moins de 1 %, ont fait l'objet d'un examen pour déterminer s'ils apportaient vraiment un avantage économique net.
Au fil des ans, la Loi a été affaiblie. Le seuil en-deçà duquel le gouvernement n'examine même pas l'investissement ne cesse d'augmenter. La quasi-totalité des investissements passe comme une lettre à la poste sans que la Loi sur Investissement Canada ne donne au gouvernement le pouvoir d'évaluer s'il est avantageux.
La Loi actuelle, adoptée au milieu des années 1980, part du principe que la libéralisation absolue des investissements est bonne, qu'à peu près tout investissement étranger est bon, peu importe la perte des leviers de décisions et des sièges sociaux qu'il entraîne, l'affaiblissement de la place financière montréalaise qui en découle, la dépendance totale de nos entreprises envers des fournisseurs étrangers, le possible accaparement des terres, la perte de contrôle sur nos ressources naturelles.
En se concentrant uniquement sur la sécurité nationale, le projet de loi ne s'attaque pas à la perte graduelle de contrôle que les Québécois et les Canadiens ont sur leur propre économie. Pour cette raison, nous invitons le gouvernement à déposer un autre projet de loi pour moderniser l'ensemble de la Loi sur Investissement Canada, et non seulement la section sur la sécurité nationale. La sécurité nationale, c'est bien, mais la sécurité économique l'est aussi. En particulier, le gouvernement doit abaisser considérablement le seuil en deçà duquel il autorise sans examen les investissements étrangers.
Il faut être ouvert à l'investissement étranger, car c'est un vecteur de croissance et de développement que nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer. La compétition mondiale est féroce. Or, nous avons un avantage concurrentiel non négligeable: nous sommes fiables et notre empreinte carbone est de loin la plus efficace grâce à notre hydroélectricité.
D'autre part, nous aspirons tous à soutenir les entreprises d'ici pour les aider à croître et apporter de la richesse dans nos foyers. Nous cherchons à préserver nos entreprises et les importants leviers de décisions que sont nos sièges sociaux.
Je réitère que le Québec est et demeurera une économie ouverte sur le monde. L'ouverture à l'investissement étranger est essentielle à l'intégration du Québec dans les grands circuits commerciaux, laquelle est indispensable à la prospérité d'une économie ayant une taille relativement petite.
Toutefois, nous devons faire preuve de circonspection en ouvrant nos portes aux investisseurs. Jusqu'à présent, la Loi sur Investissement Canada n'aide pas. Nous nous sommes encombrés d'une loi sur les investissements qui a été affaiblie sur plusieurs fronts depuis les années 1980.
La mode de la libéralisation absolue qui a affligé les années 1980 a eu des conséquences négatives sur la qualité de nos économies locales et a entraîné l'affaiblissement des centres financiers comme Montréal, le retrait du pouvoir et des outils décisionnels des sièges sociaux locaux, l'accaparement des terres, la perte de détermination de nos propres ressources.
Comme l'écrivait déjà Jacques Parizeau en 2001, avant même l'entrée de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce: « On ne condamne pas les marées. On construit des digues, des jetées. On se protège, en somme. [...] »
Depuis la Révolution tranquille, le gouvernement du Québec s'est doté d'importants leviers économiques et financiers. Ces outils lui permettent de poursuivre, avec plus ou moins d'énergie selon les gouvernements, une politique de nationalisme économique visant à donner aux Québécois un meilleur contrôle sur leur économie.
Malheureusement, avec l'affaiblissement de la Loi sur Investissement Canada pendant tout ce temps, cette digue est tombée. Il faut convaincre le gouvernement de la nécessité d'inscrire dans la loi des articles pour colmater la brèche.
C'est donc un virage bienvenu, mais incomplet. L'arrivée d'importants investissements en provenance d'entreprises liées au gouvernement chinois est venue changer la donne. Le Canada commence à réaliser qu'il est nécessaire de mieux contrôler les investissements étrangers et de s'assurer qu'ils sont avantageux avant de les autoriser. Le présent projet de loi est le reflet de cette prise de conscience tardive, et le Bloc Québécois s'en réjouit.
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Monsieur le Président, je vais dévier de mon plan initial pour poursuivre sur la lancée du député d'. Il soulève un aspect intéressant du débat à partir de l'expérience de Rona. C'est important pour certains éléments dont je veux parler, parce que c'était une entreprise canadienne emblématique basée au Québec. Il en reste encore des vestiges aujourd'hui, mais c'était une très bonne entreprise non seulement au Québec, mais aussi dans certaines régions de l'Ontario et d'autres parties du Canada. Le député a fait preuve d'une grande perspicacité en évoquant l'information et le soutien insuffisants offerts pour assurer la prise de décision au moment de la prise de contrôle de l'entreprise par Lowe's.
Quand on parle de sécurité nationale, on pense parfois aux armes, aux activités relatives au renseignement et à toutes ces questions. Cependant, il nous arrive d'oublier que la sécurité nationale comprend également la concurrence sur le marché et l'accès aux biens et aux services, que nous minons en autorisant des prises de contrôle étrangères comme celle-là. Aujourd'hui, une société financière privée américaine est essentiellement propriétaire de Lowe's. Cela donne une représentation fausse et déformée, alors que nous avions une entreprise canadienne emblématique qui a été rachetée. Comme le député l'a fait remarquer, le processus décisionnel n'a jamais été limpide pour l'ensemble du Canada.
En plus de cela, nous avons vécu la pandémie, ce qui a poussé les gens à rester chez eux et à faire des rénovations. Nous connaissons des pénuries de bois d'œuvre et nous constatons un manque de concurrence dans certains secteurs. C'est quelque chose que l'on observe dans l'industrie des téléphones cellulaires, par exemple, mais aussi dans l'industrie pétrolière et gazière, qui souffre d'une capacité de raffinage insuffisante. Nous devons nous pencher sur l'acquisition de Rona et nous assurer de ne pas simplement l'envisager comme une simple transaction.
Habituellement, au Canada, c'est le genre de choses que nous pouvons observer par le biais des travailleurs et de ceux qui en subissent directement les conséquences, mais nous devons aussi adopter une approche plus complexe, car nous avons affaire à un certain nombre d'oligopoles qui contrôlent certains marchés. Prenons par exemple le secteur des chaînes d'épiceries, où la concurrence est limitée et où on a mis en œuvre des pratiques de collusion et un stratagème de fixation du prix du pain. Le comité de l'industrie a aussi entendu des témoignages selon lesquels les chaînes d'épiceries se sont concertées pour mettre fin à leurs programmes de « rémunération des héros » le même jour.
La raison pour laquelle je soulève ces questions est que notre économie est plus fragile, car le Canada est plus exposé que les États‑Unis et l'Europe à un manque de concurrence. Nous avons une loi sur la concurrence qui est largement désuète. Par conséquent, les néo-démocrates présenteront des amendements au projet de loi au comité sur certaines de ces questions, et nous espérons que les autres partis appuieront ces amendements. Je tiens à souligner que le comité est animé d'un esprit bipartisan et que nous avons fait du très bon travail. C'est pourquoi j'ai mentionné plus tôt le travail que nous avons accompli au cours d'une législature précédente et j'y reviendrai un peu plus tard. Malheureusement, nos efforts ont été interrompus à cause des élections.
Par ailleurs, le ministre en poste présente un grand nombre de lois qui ont été adoptées et il est très occupé. Je lui en reconnais le mérite, mais il n'a pas encore abordé le sujet de manière exhaustive. J'espère que, lorsqu'il témoignera devant le comité pour présenter le projet de loi, il sera prêt à répondre à certaines de ces questions, et je pense qu'il le sera. Il n'en a pas été question aujourd'hui, mais ce n'est pas grave. Quoi qu'il en soit, le travail du comité sera très rigoureux et je m'en réjouis. J'aborderai quelques-unes de ces recommandations un peu plus tard, et je tiens à souligner que ce n'est pas parce qu'elles ont été formulées au cours de la dernière législature qu'elles ne sont plus pertinentes. En fait, il nous a fallu rapatrier un certain nombre de rapports des archives.
Le projet de loi , officiellement appelé Loi sur la modernisation de l’examen des investissements relativement à la sécurité nationale, a pour objet de modifier la Loi sur Investissement Canada, qui date des années 1980. L'objectif de cette loi était d'encadrer l'achat d'entreprises canadiennes — devenu fréquent — par des sociétés et des investisseurs américains, par crainte que le Canada se vide de ses entreprises. On a parlé des examens et, sous le régime actuel, environ 99 % des transactions ne sont pas examinées, ce qui signifie que le régime ne fonctionne pas du tout. D'ailleurs, les efforts de modernisation de la loi ont mené à quelques modifications.
J'ai été élu la première fois en 2002. En 2003, il y a eu un examen au sujet de China Minmetals et nous avions soulevé le fait que des gouvernements non démocratiques — la Chine dans ce cas-ci — et des entreprises d'État achetaient les ressources naturelles canadiennes. Ce qui est paradoxal c'est que, à cette époque, le Canada, sous la gouverne des libéraux de Paul Martin, avait choisi de se départir de Petro-Canada.
Certains se souviendront peut-être que le gouvernement avait une stratégie à cet égard et avait un investissement plutôt important dans la société Petro‑Canada, mais, à notre grande stupéfaction, il s'en est départi. Il n'est probablement pas nécessaire que j'entre dans les détails, mais en procédant à cette vente, M. Martin nous a fait perdre, en l'espace de six mois, 4 milliards de dollars supplémentaires. Nous aurions pu obtenir plus pour les actifs, puisque leur valeur sur le marché a augmenté par la suite. Mais c'est une autre histoire.
Cela a également mené à certains des problèmes que nous avons maintenant en raison de l'absence de concurrence dans le domaine du raffinage, car on a autorisé Petro‑Canada à fermer des raffineries, la plus importante étant celle de la région de Burlington‑Oakville. Il y a un manque de concurrence parce que les raffineries produisent maintenant pour tout le monde, et c'est l'un des problèmes que nous avons dans le secteur pétrolier et gazier.
Je voulais le souligner parce que China Minmetals et d'autres sociétés parrainées par l'État faisaient l'acquisition d'entreprises canadiennes. Paradoxalement, notre pays se départissait d'actifs qui se trouvaient au Canada, ce qui était fort malheureux et qui l'est encore aujourd'hui.
Quoi qu'il en soit, cela nous a poussés à demander un examen des transactions dans l'optique de la sécurité nationale, et pas seulement pour celles faisant intervenir la Chine. Je tiens à ce que ce soit bien clair. Nous parlons de l'ensemble des gouvernements non démocratiques. Ce sont les transactions faisant intervenir des acteurs de tous ces pays pour lesquelles j'estime que nous devrions effectuer un examen supplémentaire.
Par ailleurs, il y a un problème qui n'a pas été abordé, et j'espère qu'un amendement sera proposé au projet de loi pour le corriger. Je parle du fait que certaines entreprises emblématiques du Canada ont été achetées par des sociétés de capitaux privés dont nous ne connaissons pas toutes les véritables propriétaires. Encore une fois, cela pourrait affaiblir la concurrence et avoir d'autres répercussions fâcheuses. J'espère donc qu'on envisagera d'apporter un amendement au projet de loi pour régler aussi certains de ces problèmes. Les règles sur la propriété nous posent bien des problèmes et, comme je l'ai dit, 99 % des transactions ne sont même pas examinées parce qu'elles sont au‑dessous du seuil fixé actuellement.
Par ailleurs, je tiens à féliciter le d'avoir présenté ce projet de loi au Parlement. Des modifications avaient déjà été apportées à la Loi sur Investissement Canada, notamment en 2009, dans le cadre de projets de loi d'exécution du budget. Pour être juste envers le gouvernement et le ministre, je veux souligner que lorsqu'une mesure est incluse dans un budget, elle n'obtient pas la même attention que lorsqu'elle fait l'objet d'un projet de loi distinct.
Je sais que nous sommes un vendredi après-midi, et je sais à quel point le processus parlementaire doit être captivant, mais je précise aux mordus de politiques qui nous écoutent que lorsque de telles mesures sont proposées dans le cadre d'un projet de loi d'exécution du budget, elles ne font pas nécessairement l'objet d'une étude approfondie en comité. Je pense qu'il est important de le souligner et de reconnaître au gouvernement et au le mérite qui leur revient, car, maintenant, ces mesures législatives seront renvoyées au comité de l'industrie, qui a fait de l'excellent travail par le passé.
Le projet de loi fera l'objet d'une étude approfondie à la Chambre des communes et au Sénat. Ces mesures seront soumises à une étude en bonne et due forme, ce qui est nécessaire. Cependant, le défi intéressant sera de déterminer quels amendements pourront être apportés et ce qui sera visé ou non par le projet de loi. Nous pourrons commencer à nous pencher sur ces points de procédure.
Encore une fois, c'est la façon de procéder. Nous avions fait des mises en garde au sujet de certaines des faiblesses que nous constatons aujourd'hui lors de l'étude du projet de loi d'exécution du budget. Lorsque nous parlons et débattons des projets de loi budgétaires et de ces éléments, nous les passons en revue très rapidement. Ce ne sera pas le cas avec ce projet de loi. Il sera examiné à la Chambre en bonne et due forme.
Comme je l'ai déjà dit, il sera examiné à l'autre endroit, au Sénat, et, si les sénateurs y apportent des changements, ils devront être approuvés par la Chambre au bout du compte. Ainsi, pour ce qui est des éléments de procédure, je pense que nous partirons sur une base bien meilleure, meilleure que jamais auparavant.
Voilà pourquoi je continue de défendre énergiquement le rapport précédent du comité sur la Loi sur Investissement Canada. Il comptait plus de 70 pages. Nous avons entendu beaucoup de témoins. Le député du Bloc a fait un excellent travail sur les minéraux essentiels, surtout du point de vue du Québec, qui possède des actifs très stratégiques, mais aussi en envisageant le reste du pays. Nous participerons à une stratégie pour la modernisation des batteries d'automobile, et aussi d'autres types de batteries. C'est essentiel.
Dans ce dossier, il y a beaucoup de problèmes à gérer et de points à éclaircir. Je le répète, l’un des éléments de ce projet de loi qui retient notre attention est le seuil. Le projet de loi met l’accent sur deux secteurs en particulier. Si l’acquisition se concrétise, l’avantage net pourrait être l’amélioration de l’économie canadienne et du marché de l’emploi. Toutefois, le projet de loi est très flou à ce sujet. Cela a été passé sous silence plus d’une fois par le passé.
Au risque de dévoiler un peu trop mon âge, j’aimerais aborder un autre exemple: la comparaison entre Future Shop et Best Buy. En fait, les consommateurs de notre pays avaient accès à deux grosses bannières de produits électroniques. Best Buy a éventuellement avalé Future Shop, une entreprise emblématique au Canada. Aujourd’hui, les consommateurs se retrouvent avec moins de concurrence, moins d’innovation et moins d’accès à certains services essentiels.
Je sais que la mode est aux achats en ligne de nos jours. Toutefois, nous avons encore besoin de certains services quand vient le temps d'entretenir et de réparer des appareils électroniques. Future Shop n’existe plus, ce qui affaiblit la concurrence. Je pense que le seul concurrent de Best Buy est véritablement le commerce en ligne. Peut-être que Bureau en gros et quelques autres petits commerces alimentent un peu la concurrence pour les consommateurs. Malheureusement, cette acquisition avait été approuvée et nous avons perdu Future Shop.
L'autre cas dont je veux parler en lien avec les considérations stratégiques est celui de Zellers, qui est une source de frustration pour moi. On se souviendra que Zellers était, lui aussi, une chaîne emblématique de magasins canadiens. À l'époque, j'avais souligné que les employés de cette chaîne recevaient de meilleurs salaires qu'ailleurs, qu'ils étaient syndiqués et qu'ils bénéficiaient d'avantages sociaux. Pourtant, la chaîne parvenait à faire des profits alors que le secteur de la vente au détail perdait de l'argent. Puis, on a permis à la chaîne étasunienne Target d'acheter Zellers. Elle s'est mise à exploiter certains magasins et a fermé les autres. En fin de compte, elle a quitté le marché canadien. Cette opération a essentiellement a été exécutée pour éliminer la concurrence, et elle a également éliminé des emplois.
Je ne sais pas ce qui se passait dans les autres magasins, mais à Windsor, l'arrivée de Target a eu des conséquences ridicules. J'étais gardien de but au hockey, mais j'ai pris ma retraite à cause de mon genou et pour d'autres raisons aussi. Des députés m'ont déjà rappelé ma moyenne de buts accordés par match. Quoi qu'il en soit, on trouvait chez Target des rangées entières de bâtons de hockey d'un seul et unique modèle, alors l'achat de Zellers par Target a été une fausse acquisition. Le problème est sérieux parce qu'en plus de perdre des emplois, nous avons vu la concurrence diminuer sur le marché de la vente au détail, où le nombre de joueurs diminue. Les magasins Zellers ou Target n'étaient pas tout seuls dans leur coin du temps où ils avaient pignon sur rue. Ils servaient de point d'ancrage dans les mails et les centres commerciaux où ils se trouvaient. Ce que j'essaie de dire, c'est que la question dont nous débattons peut être envisagée sous plusieurs angles.
Lorsque cet examen se tiendra au Parlement, il sera intéressant de voir ce que nous obtiendrons concernant la capacité d'élargir la portée actuelle du projet de loi. Je ne suis pas sûr de ce qui sera jugé recevable ou irrecevable pour certains des amendements que j'aurai à proposer. Cependant, ce sera intéressant, et je suis sûr que mes collègues auront certains amendements.
Un point important du projet de loi, et je veux parler de deux ou trois éléments qui me semblent importants, est qu'un processus de notification serait utilisé. Par conséquent, le ministre serait averti plus longtemps d'avance des prises de contrôle. En ce qui me concerne, et je pense qu'il est également assez sûr de dire que ce sera le cas aussi pour certains de mes collègues conservateurs, bloquistes et peut-être libéraux, nous voudrons probablement davantage d'examens ou un meilleur accès aux examens. À mon avis, cela améliorerait le processus. Cela aura aussi son importance au moment d'examiner certaines grandes innovations et certaines entreprises.
Une des choses qui me hérisse, c'est de voir les contribuables canadiens donner de l'argent à des sociétés, puis, parce qu'il n'y a pas de règles, de voir ces sociétés déplacer l'innovation hors du pays.
Je vais donner un bref exemple. L'ancien ministre Bains, avec qui j'aimais travailler à la Chambre, a donné de l'argent à Nemak, un fabricant automobile mexicain établi à Windsor. Nemak avait acheté une usine de montage de Ford. L'entreprise avait reçu de l'argent pour innover dans les boîtes de transmission. Il s'agissait de sa seule usine canadienne. Lorsque cet investissement a été annoncé, j'ai demandé quelles garanties le gouvernement avait obtenues de l'entreprise pour qu'elle garde les emplois au Canada. Le gouvernement a répondu qu'il n'y avait pas de problème et que tout était réglé. J'ai demandé comment il s'y était pris. Le gouvernement a répondu que l'affaire était réglée et qu'il ne fallait pas s'inquiéter, puis il en est resté là. En fin de compte, Nemak était un très mauvais employeur. De surcroît, il a développé l'innovation à Windsor, il l'a transférée au Mexique, puis il a fermé l'usine de Windsor. Nous avons dû nous battre, notamment devant les tribunaux, pour protéger les pensions des travailleurs et l'argent qui leur était dû. Je ne féliciterai pas le gouvernement pour cette affaire-là, parce que c'était horrible. Nous avons dû le traîner lui aussi devant les tribunaux.
J'ai vu cela assez souvent dans ma collectivité, dans le secteur de l'automobile. Je parle d'expérience. Mon frère a travaillé pour Windsor Plastic Products. Une société étrangère en est devenue la propriétaire et s'est emparée non seulement de tous les actifs, mais aussi de l'argent destiné à Centraide et à l'assurance-emploi. Essentiellement, elle a fait sortir tout ce qu'elle pouvait du Canada. Nous avons vu cela se produire nombre de fois. Nemak a obtenu de l'argent des contribuables et a fait de l'innovation. Maintenant, nous offrons des soutiens à d'autres entreprises du secteur de l'automobile pour qu'elles puissent faire concurrence à un produit qui a été conçu à nos frais et qui est maintenant fabriqué au Mexique. Cela n'a aucun sens.
Cette loi doit comprendre des dispositions qui nous permettront de résoudre les problèmes de ce genre. Elle pourrait exiger davantage de transparence dans ce que le a le droit de faire. Il aurait à fournir plus de détails chaque fois.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, certaines entreprises de plus petite taille peuvent avoir une importance cruciale. Nous accordons des sommes considérables sous forme de crédits d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental. Or, ces sommes doivent toutes devenir publiques si une entreprise canadienne est sur le point d'être achetée par une société étrangère, peu importe que celle-ci soit une société d'État, une entreprise privée ou un fonds de capital-investissement. Je pense que nous avons le droit de savoir si l'argent des contribuables canadiens a été utilisé par cette entreprise, que ce soit par l'entremise des allègements fiscaux ou de l'aide à l'innovation, c'est-à-dire d'excellentes mesures que j'approuve largement. Nous ne devrions pas être gênés de demander des comptes lorsque l'argent des contribuables a servi à aider une entreprise. Il faut que l'information soit dévoilée subséquemment. Un examen complet devrait avoir lieu. C'est l'une des choses qui devraient être examinées publiquement.
Cette mesure législative crée aussi un autre processus de contrôle judiciaire qui aura lieu derrière des portes closes, certains renseignements étant délicats autant pour le gouvernement que l'entreprise sur le plan de la sécurité.
Lorsque je parle de sécurité, je tiens à souligner la transition qui s'opère actuellement dans certaines PME. J'aimerais qu'elles fassent l'objet de davantage de contrôles, car elles traitent des renseignements personnels et de la propriété intellectuelle. Nous nous lançons dans l'intelligence artificielle, et nous subventionnons beaucoup d'initiatives innovatrices dans ce domaine. Je crois qu'il devrait y avoir une divulgation totale dans ce domaine, au moins pour qu'on sache où l'argent a été investi. Peut-être qu'on ne connaît pas tous les types de produits et de services dans ce domaine ou s'il y a des renseignements de nature délicate, mais au moins on pourrait savoir que ces entreprises ont reçu de l'argent des contribuables. Je crois que cela nous donnerait davantage confiance lorsqu'il s'agit de ce domaine.
Lorsqu'on songe à ces services sur Internet et à tout ce qui se passe en ce moment, certaines demandes ont été stoppées. Il y a eu MacDonald Dettwiler, et je tiens à remercier Peggy Nash, ancienne députée de Parkdale—High Park, qui a fait un travail extraordinaire à la Chambre pour stopper cette prise de contrôle. Il y a aussi eu cette lutte que nous avons remportée, Dieu merci, au sujet de la potasse, cette ressource naturelle très importante pour le Canada, et de cette entreprise très subventionnée par l'État. Il ne faut pas non plus oublier les minéraux critiques pour le secteur automobile, au cours des prochaines années.
Des députés conservateurs et bloquistes ont fait référence aux micropuces lors de discussions antérieures. Autrefois, la région de Mississauga était la principale productrice mondiale de micropuces. Puis, nous avons commencé à laisser souvent cette tâche être confiée en sous-traitance à Taïwan et, maintenant, les États‑Unis commencent à subventionner massivement ce secteur. Nous effectuons nous aussi quelques investissements dans ce domaine. Nous devons nous assurer de mettre en place un plan à long terme.
Certaines industries obtiennent des fonds du public. Quand ces sommes sont importantes, nous devrions envisager d'adopter des règles concernant les délais. Les seuils devraient être revus et modifiés.
D'autres pays se sont eux aussi penchés sur cette question. Le Japon a promulgué de nouvelles lois, de même que l'Australie. Même l'Inde a modifié sa législation concernant ses frontières terrestres avec d'autres pays et les investissements. Tout comme l'Union européenne, ces pays ont instauré de nouvelles règles.
Je me réjouis que le sujet soit traité au moyen d'une mesure législative présentée à la Chambre cette fois-ci. À maintes reprises pendant les débats sur le budget, j'ai eu la responsabilité pour le caucus néo-démocrate de dénoncer le fait que le gouvernement se serve du processus budgétaire à cette fin, en donnant son approbation sans discussion. Ce n'est pas un hasard si nous nous trouvons dans cette situation. C'est parce que nous n'avons pas fait le travail nécessaire.
Ce projet de loi est un premier pas dans la bonne direction. Lorsqu'il sera renvoyé au comité, j'espère qu'il sera étudié de façon collaborative et que nous pourrons faire une réforme globale.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole.
Je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur Investissement Canada.
Le Canada est depuis longtemps réputé pour accueillir les investissements étrangers et il dispose d'un cadre solide pour promouvoir le commerce tout en défendant ses intérêts. En fait, le Canada dispose de l'un des processus de contrôle des investissements étrangers les plus anciens et les plus rigoureux au monde.
La Loi sur Investissement Canada a été adoptée il y a 38 ans, en 1985, pour favoriser les investissements au Canada qui contribuent à la croissance économique et aux possibilités d'emploi. La Loi permettait au gouvernement d'examiner les investissements étrangers importants pour s'assurer de l'existence de ces avantages. La Loi a été mise à jour en 2009 pour inclure un cadre relatif aux examens liés à la sécurité nationale des investissements directs étrangers.
Le projet de loi mettrait en œuvre une série de modifications visant à améliorer le processus d'examen lié à la sécurité nationale des investissements étrangers et à moderniser la Loi sur Investissement Canada. Ensemble, ces modifications représentent la plus importante mise à jour législative de la Loi depuis 2009. Ces modifications permettraient également de s'assurer que le processus d'examen du Canada concorde avec celui de nos alliés.
Cependant, à mon avis, une autre question relative aux investissements directs étrangers devrait être examinée, et elle porte sur la sécurité économique. Je crois que nous avons non seulement l'occasion, mais aussi l'obligation de régler le problème des investissements directs étrangers qui entraînent la stagnation économique de n'importe quel secteur de notre économie, ce qui nuit à notre sécurité économique à long terme.
Je m'explique. Tout d'abord, je vais citer deux phrases du document d'information qui a été publié et qui indique que « [la] LIC est conçue pour favoriser l'investissement, la croissance économique et l'emploi ». Le document d'information dit aussi ceci: « Le gouvernement du Canada s'est engagé à promouvoir la sécurité économique et à lutter contre l'ingérence étrangère en modernisant la LIC afin de renforcer le processus d'examen relatif à la sécurité nationale et de mieux atténuer les menaces à la sécurité économique découlant des investissements étrangers. » À mon avis, les mots-clés sont « sécurité économique ». Il n'y a aucune mention des mots « sécurité économique » dans le projet de loi présenté par le gouvernement dont nous débattons aujourd'hui. L'idée est probablement que la « sécurité économique » et la « sécurité nationale » sont considérées comme des synonymes.
Je vais maintenant expliquer l'importance de la sécurité économique. Le Canada est en pleine croissance. Notre population est en pleine croissance. Notre économie et notre PIB sont en pleine croissance, et il faut que nos secteurs économiques se développent et contribuent à la croissance économique et à l'emploi. Si un secteur économique ou industriel ne se développe pas et ne contribue pas à la croissance économique en raison des investissements directs étrangers, cela représente, selon moi, une menace à la sécurité économique. Toute stagnation ou absence totale de croissance économique dans une économie en pleine croissance aura une incidence directe sur notre sécurité économique à moyen et à long terme.
Je vais donner deux exemples où les investissements directs étrangers au Canada ont entraîné une stagnation de la croissance économique, ce qui constitue une menace à la sécurité économique.
Les deux secteurs industriels qui en sont les meilleurs exemples sont les secteurs de l'acier et de l'aluminium au Canada. Toutes les entreprises des secteurs de l'acier et de l'aluminium au Canada sont de propriété étrangère. En raison de notre encouragement à l'investissement étranger direct, aujourd'hui, ces deux secteurs, de propriété étrangère à 100 %, ont été réduits à des filiales de sociétés multinationales qui dominent l'industrie de l'aluminium et de l'acier dans le monde entier. En raison de cette propriété étrangère à 100 %, il n'y a eu aucune augmentation de la capacité de production dans ces deux secteurs au Canada ces 20 dernières années.
Au cours des 20 dernières années, la production d'aluminium a essentiellement stagné à environ trois millions de tonnes. Alors que de nombreuses nouvelles alumineries sont mises en place en Chine et dans d'autres pays, la capacité installée du secteur de l'aluminium au Canada a stagné. Il en va de même pour l'industrie de l'acier. Ces 20 dernières années, la capacité installée a essentiellement stagné à environ 15 millions de tonnes. Non seulement il n'y a pas de croissance de la capacité de production de l'acier et de l'aluminium, mais, puisque les industries appartiennent en totalité à des intérêts étrangers, les exportations canadiennes d'acier et d'aluminium se limitent uniquement aux États‑Unis et au Mexique. Il n'y a pratiquement pas d'exportation d'acier et d'aluminium canadiens vers l'Europe ou les marchés en croissance de l'Asie.
Le Canada a conclu de nombreux accords de libre-échange avec des pays de partout dans le monde. Nous avons conclu des accords de libre-échange avec des pays d'Europe et de l'Asie-Pacifique. Au total, nous avons conclu des accords de libre-échange avec plus de 50 pays, mais les secteurs de l'aluminium et de l'acier en ont-ils profité pour accroître les exportations canadiennes? La réponse est non, pas du tout.
Ma question est donc la suivante: si le fait d'accueillir des investissements directs de l'étranger mène à une situation où tout un secteur est entre les mains d'intérêts étrangers et ne connaît aucune croissance, n'est-ce pas une menace à notre sécurité économique à long terme? Si le contrôle exclusif par des intérêts étrangers empêche l'industrie canadienne de tirer profit de nos ressources naturelles et de notre expertise dans l'exportation de marchandises canadiennes partout dans le monde, alors n'est-ce pas là une menace à notre sécurité économique à long terme?
Nous avons besoin que tous les secteurs de notre industrie augmentent leur capacité de production pour ajouter de la valeur à nos ressources naturelles et contribuer à la croissance économique du Canada. Nous avons besoin que tous les secteurs économiques s'appuient sur nos nombreuses décennies de connaissances et d'expertise afin de contribuer à la croissance économique du Canada en augmentant les exportations canadiennes dans le monde. Je réaffirme que si un secteur économique ou industriel ne croît pas et ne contribue pas à la croissance économique en raison d'investissements étrangers directs, ces investissements constituent à mon avis une menace pour la sécurité économique du pays. Aussi, toute stagnation ou absence totale de croissance économique dans une économie en croissance nuira directement à notre sécurité économique à moyen et à long terme.
J'invite la Chambre à profiter de l'occasion pour corriger cette lacune dans la Loi sur Investissement Canada. Autrement, je suis tout à fait d'accord avec tout le reste de ce qui est proposé dans le projet de loi. Il était nécessaire de mettre à jour et de rationaliser le processus administratif à la lumière d'un environnement géopolitique changeant, d'harmoniser le processus avec celui des alliés internationaux et de mieux coordonner le travail avec les alliés.
Le monde a bien changé depuis les dernières modifications apportées à la Loi en 2009. Le marché mondial s'est rapidement transformé sous les menaces géopolitiques changeantes. Les interactions du Canada avec le reste du monde sont en train de changer. Le gouvernement a vu un nombre croissant de menaces parrainées par des acteurs étatiques et non étatiques hostiles. Ces derniers sont attirés par l'économie ouverte et technologiquement avancée ainsi que par les chercheurs de classe mondiale du Canada.
Le niveau de complexité de ces menaces est aussi à la hausse. Les acteurs étatiques et non étatiques hostiles ont délibérément recours à des stratégies pour acquérir des biens, des technologies et des actifs de propriété intellectuelle par l'entremise d'investissements étrangers afin de nuire à l'économie du Canada et de miner la sécurité nationale, tout en contrôlant la chaîne d'approvisionnement des produits essentiels. En fait, le Canada a l'un des processus de contrôle les plus précoces et les plus robustes du monde pour les investissements étrangers.
La pandémie de COVID‑19 a accentué ces menaces en créant des vulnérabilités qui ouvrent la porte à des comportements nuisibles et opportunistes de la part d'investisseurs étrangers. Ils cherchent à acheter des entreprises canadiennes vulnérables. En réponse, le gouvernement a rapidement pris des mesures concrètes pour renforcer l'examen des investissements étrangers liés à la santé publique et aux produits et services essentiels.
Récemment, le gouvernement est de nouveau intervenu en améliorant l'examen des investissements concernant des produits et des technologies sensibles, tels que les minéraux critiques, les infrastructures essentielles et les données personnelles sensibles. Par la voie de ces modifications, le gouvernement est de nouveau prêt à intervenir pour renforcer l'examen des risques pour la sécurité nationale tout en continuant d'autoriser les investissements étrangers favorables. Les menaces économiques à la sécurité nationale représentent une préoccupation croissante non seulement pour le Canada, mais également pour nos alliés.