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Monsieur le Président, je propose que le cinquième rapport du Comité permanent de l'industrie et de la technologie, présenté le jeudi 16 juin 2022, soit agréé.
C'est un honneur pour moi de me lever à la Chambre afin de promouvoir et de défendre l'industrie aéronautique, particulièrement celle du Québec. Il s'agit d'un fleuron important, comme on le sait. C'est un moment que j'attends depuis plusieurs années déjà, le débat ayant déjà eu lieu lors d'une étude faite par le Comité permanent de l'industrie et de la technologie au cours d'une autre législature. Je remercie particulièrement mes collègues de l'époque, qui ont contribué à la tenue de ce débat.
Je saisis donc aujourd'hui l'occasion d'avoir une discussion franche avec mes collègues de la Chambre concernant l'appui au secteur aéronautique. Je partagerai cette tribune avec mon collègue le député bloquiste de , dont je salue le leadership et l'initiative quant à la promotion du développement de l'industrie aéronautique.
Les transporteurs aériens ont connu des temps difficiles à cause de la pandémie et s'en remettent tranquillement. Cependant, les défis sont nombreux et le traitement du gouvernement fédéral est injuste. Cela doit cesser. J'ai consacré plusieurs heures à cette étude. De nombreux témoignages en provenance de partout au pays ont permis de dégager les défis et la vision nécessaire pour soutenir le développement de cette industrie. Je souligne la contribution de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs et des travailleuses de l'aérospatiale, ou AIMTA, notamment celle de David Chartrand et d'Éric Rancourt.
Qu'est-ce qu'une politique nationale aérospatiale?
C'est une table où tous les acteurs sont rassemblés — travailleurs, entreprises, gouvernement du Québec — pour faire connaître leur réalité et leurs besoins, comme Ottawa le fait pour le secteur de l'automobile. Ce sont des programmes spécifiques adaptés à la réalité du secteur. C'est du soutien prévisible, à long terme, qui permet aux acteurs de prévoir et de s'engager dans des projets de plus longue haleine. J'insiste d'ailleurs sur le mot « prévisible ». C'est une vision d'ensemble qui inclut tous les maillons de la chaîne, une politique d'achat militaire qui tient compte des retombées pour l'industrie, un engagement à long terme qui permet de renforcer toute la grappe. Le partage des risques est un élément fondamental au sein de l'industrie, surtout ceux associés aux plus grands projets. C'est une revue des programmes de soutien à la recherche-développement afin qu'ils soient mieux adaptés. C'est également du crédit pour les acheteurs qui se procurent des aéronefs de chez nous.
Il y a actuellement un déficit d'environ 6 000 aéronefs dans le monde. Les différentes lignes aériennes sont en train de renouveler leur flotte et il y a d'autres marchés qui sont en pleine croissance. Le Québec peut y jouer un rôle de premier ordre. Que fait le gouvernement fédéral en ce moment? Il vient de faire un peu le contraire de ce que l'industrie a maintes fois répété. On a besoin d'un signal fort. On pourrait faire encore mieux, et le gouvernement le sait. Il le sait parce que le Bloc québécois lui a rappelé sans cesse les besoins exprimés par l'industrie aéronautique. Le rapport du Comité permanent de l'industrie et de la technologie est clair et précis.
Qu'est-ce que l'industrie aéronautique au Québec?
C'est une industrie qui, grâce au gouvernement du Québec, bénéficie de l'existence d'une grappe industrielle dynamique qui rassemble des entreprises, des centres de recherche et des établissements d'enseignement supérieur. Cette concentration d'expertise et de ressources favorise l'innovation et la compétitivité de l'industrie. C'est une industrie qui joue un rôle central et qui génère environ 16 milliards de dollars de revenus annuellement. L'industrie de l'aéronautique au Québec emploie directement plus de 40 000 personnes, et indirectement plus de 20 000 personnes. Cela représente environ 45 % de l'ensemble de l'industrie aérospatiale canadienne. Ce n'est pas banal.
Parmi les principaux acteurs de l'industrie aéronautique au Québec, on peut mentionner des entreprises comme Bombardier, Pratt & Whitney Canada, CAE, Bell Textron Canada, Héroux‑Devtek, et bien d'autres. D'ailleurs, plusieurs d'entre elles ont participé à cette étude. Ces entreprises sont engagées dans la fabrication d'avions, d'hélicoptères, de moteurs, de systèmes de formation de pilotes, de systèmes de simulation et de maintenance d'aéronefs, ainsi que dans le recyclage d'aéronefs. Le Québec est en mesure de jouer un rôle important dans l'économie circulaire en recyclant justement les aéronefs mis hors service.
Le Québec possède plusieurs établissements d'enseignement supérieur qui offrent des programmes de formation en aérospatiale, ce qui contribue à former une main-d'œuvre hautement qualifiée. Les zones d'innovation de calibre international appuient un écosystème industriel de pointe dans les hautes technologies et une capacité de travailler sur des projets à long terme. Le Québec est un centre important de recherche-développement pour l'industrie aéronautique, avec des programmes de recherche soutenus par des universités et des centres de recherche comme le Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale au Québec, ou CRIAQ, et l'Institut du véhicule innovant, ou IVI.
En somme, l'industrie aéronautique au Québec est un pilier important de l'économie de la province. Elle contribue à la création d'emplois et à la croissance économique, tout en offrant des solutions innovantes pour répondre aux défis du secteur aérien.
La stratégie de l'aéronautique du Québec met en valeur les avancées technologiques et les nouvelles tendances dans l'industrie de l'aéronautique telles que la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la sécurité accrue, la numérisation et la connectivité. Il est fondamental d'améliorer l'efficacité et l'adaptabilité de la chaîne d'approvisionnement aérospatiale, qui est complexe et qui compte de nombreux acteurs tels que les fournisseurs de pièces, les fabricants d'aéronefs, les compagnies aériennes et les sociétés de maintenance.
Pour assurer une gestion optimale de la chaîne, nous parlons des mérites pour l'avenir de toutes les industries telles que l'intelligence artificielle, l'apprentissage automatique et l'automatisation connectée. Elles peuvent jouer un rôle crucial et soutenir la prévisibilité de sa production, améliorer les performances de livraison et réagir rapidement pour minimiser les interruptions de production. L'automatisation connectée permet de mettre en œuvre la transparence volontaire entre les entreprises et la chaîne d'approvisionnement et peut être utilisée pour connecter les différents acteurs de la chaîne d'approvisionnement, ce qui permet une collaboration en temps réel et une visibilité pour l'ensemble de la chaîne.
Les capteurs IoT peuvent aussi être utilisés pour suivre la position et l'état des produits, ce qui permet une meilleure planification de la production et de la livraison. De plus, l'automatisation peut être utilisée pour automatiser les processus de traitement des commandes, ce qui réduit les erreurs et les délais de livraison.
On voit ainsi tout le potentiel de ce qu'on peut développer, mais cela prendrait une stratégie fédérale en aéronautique au Canada. Il est juste de dire que le s'est engagé formellement à financer le Fonds stratégique pour l'innovation dans le cadre de sa mission gouvernementale pour stimuler l'innovation et la recherche-développement du Canada.
Toutefois, comme je l'illustre ce matin, les besoins de l'industrie sont beaucoup plus importants. Il faudra réellement que le gouvernement s'active dans le dossier de l'aéronautique si on veut réellement renforcer la compétitivité de cette industrie. Certaines parties prenantes de l'industrie aérospatiale ont critiqué le manque de financement et de soutien gouvernemental pour mettre en œuvre les initiatives de la stratégie. Elles soulignent également que la stratégie ne traite pas des questions importantes telles que la concurrence étrangère, la réglementation et les questions de développement durable. Il semble évident que la mise en œuvre et l'efficacité à long terme des initiatives fédérales à ce jour restent des préoccupations.
En ce qui concerne l'innovation réalisée au Québec dans le secteur de l'aérospatiale, l'une des innovations les plus remarquées est celle de l'entreprise Héroux-Devtek, qui a développé un nouveau système de train d'atterrissage électrique pour les avions.
Pour revenir à l'esprit de ce qui a été présenté par le Comité permanent de l'industrie et de la technologie, nous avons reçu une réponse du gouvernement et je pense qu'il est important d'en aborder certains aspects. Une des recommandations les plus importantes faites par le Comité et appuyées par les gens de l'industrie eux-mêmes, c'est toute la question d'une politique nationale aérospatiale. Un des besoins fondamentaux, c'est d'avoir de la prévisibilité et de voir à long terme. Investir dans un avion, c'est investir 10 ans, 20 ans et peut-être davantage en recherche et en technologie. Ce sont de gros investissements en capital de risque.
Ces entreprises fondamentales du Québec sont des fleurons de l'économie québécoise. On sait que le soutien du gouvernement fédéral est jusqu'à maintenant peu satisfaisant. Quand le fédéral s'est retiré de l'industrie pharmaceutique, on a perdu ces fleurons au Québec. C'est pourquoi une politique canadienne de l'aérospatial est un enjeu fondamental. Je salue le leadership du ministre qui pourrait mettre en place cette vision qui donnerait à nos industries cette prévisibilité réclamée pour l'innovation. Si on veut voir ces avions verts voir le jour, il faudra donner de la prévisibilité et du capital de risque important.
Dans la réponse du ministre à cette recommandation, on reconnaît que c'est un besoin. Voici ce qu'on dit: « Sans être exhaustives, ces mesures constituent les piliers de la réponse du gouvernement canadien à la pandémie et de son plan stratégique pour la relance du secteur aérospatial canadien. » C'est une belle phrase. En même temps, la reconnaissance permettrait aussi d'accorder du financement pour protéger ces investissements à long terme.
Le Comité a fait des recommandations dans le contexte de la COVID‑19. Maintenant que c'est derrière nous, il faut être capable de mettre en œuvre des stratégies.
Je veux juste nommer aussi un problème qui touche le transport aérien régional, qui est un besoin absolument fondamental et qui ne fonctionne pas en ce moment. On voit la compagnie Air Canada annuler pratiquement un vol sur cinq constamment et sans avertissement pour les consommateurs. C'est problématique partout en Abitibi-Témiscamingue et dans toutes les régions.
Comment pourrait-on soutenir davantage les compagnies de l'industrie aérospatiale? Air Canada n'est peut-être plus le joueur clé et on doit peut-être miser sur des compagnies aériennes régionales. Je peux penser à Propair ou à Air Creebec, des compagnies de chez nous.
Il y a notamment le Programme de services aériens en région éloignée, dirigé par Transports Canada, qui avait été mis en place et qui pourrait être renforcé pour assurer une meilleure vision.
Le dernier élément que je veux mentionner, c'est que le gouvernement a réagi par une promesse électorale le 15 juillet 2021. Ce sont des investissements d'environ 400 millions de dollars. C'est important, mais cela ne répond pas aux besoins de l'industrie par rapport à tout ce qu'on peut développer pour maintenir la compétitivité du Québec sur la question de l'aérospatiale.
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Monsieur le Président, c’est avec un plaisir réellement sincère que je m’adresse à la Chambre aujourd’hui alors qu’est déposé ce rapport sur l’aérospatiale du Comité permanent de l’industrie et de la technologie. Il est enfin déposé, devrais-je dire, car nous réclamons bien sûr depuis longtemps que l’on se penche sur ce secteur névralgique. Nous le réclamons depuis plusieurs années.
D'ailleurs, il m'est arrivé souvent d'intervenir ici, à la Chambre, depuis mon élection, il y a trois ans et demi environ, pour que le Canada développe une stratégie porteuse et cohérente pour permettre à notre industrie de rayonner à son plein potentiel.
Mieux vaut tard que jamais, dira-t-on. Il n’y a pas si longtemps, lorsque j'interpellais mes collègues d’en face à ce sujet, on me répondait qu'on avait lancé des programmes de soutien pour les compagnies de transport aérien. C'est ce qu'on me répondait souvent pendant la pandémie. On voit donc que du chemin a été fait, et je ne peux que m’en réjouir. Au moins, on sait ce que c'est, l'aérospatiale. On a sorti un dictionnaire et on a lu la définition d'« aérospatiale ». C'est le début de quelque chose, il faut quand même s'en réjouir.
Je me souviens d'ailleurs d'une fois où je remplaçais mon collègue de au Comité permanent des finances, qui entendait des témoins du secteur de l'aérospatiale. Les officiels du gouvernement qui posaient des questions disaient qu'ils avaient voulu aider Air Canada. Le seul hic, léger me dira-t-on, c'est qu'Air Canada ne fait pas partie du secteur de l'aérospatiale. C'est une autre grappe, c'est un autre secteur. Au moins, on a ouvert Le Petit Robert ou le Larousse, je ne sais pas lequel, mais on comprend maintenant ce que c'est.
Aujourd’hui, grâce au travail du Bloc et notamment grâce à notre représentant au Comité permanent de l'industrie et de la technologie, le député d', on s'est penché sur le sujet dans le cadre d'une étude. Enfin, le milieu a pu se faire entendre. Enfin, un rapport officiel prône une politique en matière d'aérospatiale. J’invite le gouvernement à en respecter les recommandations pour qu’enfin le Canada ne soit plus le seul de tous les pays ayant une industrie aéronautique importante à ne pas avoir de politique pour en soutenir le développement. Je dirais même que je supplie le gouvernement de le faire.
Nos efforts portent fruit ici. D'ailleurs, ils sont probablement derrière l’annonce qui a été faite en 2021 dont parlait le il y a quelques minutes. C'est effectivement une très bonne annonce que nous avons saluée. Nous ne sommes pas contre la vertu. Cependant, sans nos revendications constantes, le se serait-il rendu au Québec pour annoncer qu'Ottawa allait investir jusqu’à 440 millions de dollars pour soutenir des projets novateurs dans l’industrie aérospatiale? Je me permets d’en douter. Il faut dire qu'il savait qu'il allait déclencher des élections quelques mois après, mais c'est une autre histoire.
Soit dit en passant, le Québec a une politique de l’aérospatiale depuis 20 ans. Ces investissements qui ont été annoncés sont importants, et nous étions en faveur de ces derniers, mais ce n'est pas une politique stratégique, ce n'est pas une vision d'ensemble. Malgré ces avancées, pour le moment, le Canada est malheureusement toujours un cancre. Pourtant, un pôle important se trouve au Canada. Il s'agit du troisième centre de l’aérospatiale en importance au monde, après Seattle et Toulouse. Le Grand Montréal, en effet, est l’un des rares endroits capables de concevoir et de fournir toutes les composantes d’un avion, de A à Z, en plus de le faire voler et de le certifier.
Lors de son passage comme ministre fédéral de l’industrie, Jean Lapierre avait dit « l’aéronautique est au Québec ce que l’automobile est à l’Ontario », et c’est vrai. C’est même ancré dans notre histoire. Le premier planeur à voler au Canada et été conçu et piloté à Montréal par un adolescent de 14 ans, Lawrence Lesh.
En 1907, il avait réussi ce qui constituait alors le plus long vol plané de l'histoire de l'aviation. En 1911, il y a 112 ans, un premier avion a été conçu au Québec par Percival Reid dans un garage de la rue Sainte‑Catherine, à Montréal.
Aujourd’hui, chez nous, l’aérospatiale, c’est plus de 18 milliards de dollars de ventes. C'est 12 % de nos exportations manufacturières. Le secteur représente 40 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects. Il comprend 220 entreprises, dont 200 PME. Ma collègue de a posé une question plus tôt et elle disait qu'il ne s'agissait pas seulement de grandes entreprises. Effectivement, il s'agit aussi de PME. Quand on regarde cela strictement sur le plan numérique, et non du poids, sur les 220 entreprises du Québec, 200 sont des PME.
Ces entreprises sont source d’une grande fierté, ce sont des fleurons novateurs à l’avant-garde de la recherche. En tout, 70 % de la recherche-développement du secteur au Canada se fait au Québec. Dois-je rappeler que le modèle d’avion commercial le plus vert au monde, l’Airbus A220, est un avion qui a été créé au Québec? Malheureusement, il a été vendu, mais c'est un avion qui a été créé au Québec.
Comme je le soulignais, le succès de ce secteur n'est certainement pas attribuable à la vision d'Ottawa et des gouvernements qui se sont succédé.
D'ailleurs, depuis que ce rapport a été concocté et l'annonce faite ensuite, nous avons pu voir plusieurs occasions manquées par le gouvernement de démontrer le sérieux de son soutien. Au-delà de son annonce préélectorale, il ne s'est rien passé. Il y a eu depuis des occasions manquées à n'en plus finir.
D'abord, rappelons que nous attendons toujours de voir Ottawa agir pour positionner le Québec comme un leader dans le recyclage d'avions. Nous en avons fait la demande. Le syndicat des machinistes avait envoyé un communiqué de presse là-dessus à l'automne 2021. Les élections étaient passées, et c'est tombé resté lettre morte. Au Bloc québécois, nous avons relayé la demande, nous y étions favorables.
Il faut que nos tentatives et les fois où les différents groupes de l'aérospatiale ont interpelé le gouvernement ne soient pas vains. L'Amérique du Nord, avec les plus grands cimetières d'avions du globe, offre un marché à exploiter. Selon la firme spécialisée Cirium, plus de 21 600 avions commerciaux seraient définitivement retirés de la circulation d'ici 2039. C'est une opportunité exceptionnelle à la fois économique et environnementale qu'on se doit de saisir.
Le Québec a l'expertise pour devenir l'un des principaux pôles nord-américains d'entreposage et de recyclage d'aéronefs. C'est ici que sont installées les deux seules entreprises spécialisées dans ce domaine dans tout le Canada. Le développement de tels centres au Québec s'inscrirait parfaitement dans la nécessaire transition vers une économie verte non seulement par la réutilisation des pièces d'occasion — c'est un volet très important —, mais également en évitant la contamination des sols par les fluides et les métaux toxiques des appareils. Les bottines doivent suivre les babines.
Le gouvernement est resté sourd aux appels de l'industrie lui demandant de modifier sa taxe de luxe. On l'a vu dans le budget sur lequel nous avons voté hier. C'est une décision qui coûtera 2 000 bons emplois au Québec, qui a des impacts majeurs et névralgiques alors que nos constructeurs relèvent déjà des annulations de commandes puisque nos concurrents n'ont pas à gérer ce genre de taxe. C'est même pire. Il y a plusieurs États qui offrent même des incitatifs alors que, de notre côté, nous imposons des mesures punitives en lien avec nos avions. En s'entêtant, le gouvernement incite les acheteurs à acheter des aéronefs auprès de vendeurs non canadiens et non québécois, de même qu'à immatriculer et à faire entretenir les aéronefs hors du Canada tout en poursuivant les vols dans l'espace aérien canadien.
Quiconque a lu La Presse aujourd'hui a vu ce scandale: le Canada envisage en ce moment même d'acheter une flotte d'avions de surveillance militaire, plus précisément 16 avions P‑8 Poseidon et de l'équipement connexe du géant américain Boeing, sans passer par un appel d'offres. Un contrat d'au moins 5 milliards de dollars est en jeu. Bombardier avait pourtant exprimé son intérêt à offrir son propre avion en remplacement potentiel des Aurora et a fait plusieurs représentations auprès des ministres, en vain.
Parlons d'ailleurs de ce Poseidon P‑8A de Boeing que le Canada envisage d'acheter. Un rapport du gouvernement américain a révélé que l'appareil a connu des ratés ces dernières années en demeurant trop longtemps à l'atelier. Le taux de disponibilité du Poseidon, c'est-à-dire le pourcentage des appareils de la flotte aptes à effectuer des missions, oscillerait entre 53 et 70 % d'octobre 2018 à mars 2020, soit bien loin de la norme de performance américaine de 80 %.
Un tel scénario serait une haute trahison de l'aérospatiale au Québec. Aller offrir un tel contrat sans appel d'offres à une entreprise américaine pour des avions qui ne répondraient pas aux critères d'entretien alors qu'une entreprise de chez nous ne demande qu'une chance de promouvoir ses avions construits au pays en participant à un appel d'offres ouvert, c'est scandaleux.
Je me réjouis donc du dépôt de ce rapport en espérant que cela en réveille quelques-uns.
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Monsieur le Président, c'est avec un extrême plaisir que je me lève à la Chambre pour parler de cet important rapport du Comité permanent de l'industrie et de la technologie au sujet du secteur névralgique de l'aérospatiale et de l'aéronautique.
On sait à quel point c'est important pour l'ensemble du Canada, pour l'Ouest et le Manitoba entre autres, et évidemment pour le Québec. Ce secteur crée et maintient au Québec des milliers d'emplois: 40 000 emplois directs et peut-être 100 000 emplois indirects, avec toute une chaîne d'approvisionnement composée de centaines de PME. J'y reviendrai.
C'est un secteur économique majeur qui fait vivre des milliers de familles avec de bons emplois. Comme le rapport en fait mention, ces emplois sont payés en moyenne 10 % de plus que la moyenne des salaires au pays. Ce sont donc de bons emplois, qui sont souvent syndiqués et représentés entre autres par le syndicat des machinistes, Unifor, la CSN et la FTQ.
Je veux profiter de cette occasion pour parler de l'importance des bons emplois syndiqués et pour appuyer en général le mouvement syndical. Il y a présentement une grève qui touche la fonction publique fédérale. Ce sont des bons emplois, mais pas autant qu'auparavant, ce qui cause un problème d'attractivité et de rétention de la main-d'œuvre au sein de la fonction publique fédérale. C'est entre autres pour cette raison que 155 000 travailleuses et travailleurs sont présentement en grève depuis hier. On doit continuer d'être compétitif sur le marché du travail et offrir des conditions de travail qui permettront aux travailleurs d'assumer les hausses du coût de la vie causée par l'inflation qui nous a touchés dans les deux dernières années. Je veux leur offrir toute notre solidarité.
Depuis ses origines, le NPD a toujours été un parti qui a appuyé la cause des travailleurs et des travailleuses et qui a reconnu leur droit d'exercer un rapport de force et des moyens de pression. C'est dans les racines et l'ADN du parti. Les travailleurs et les travailleuses peuvent compter sur nous. Nous allons toujours être là pour eux. Je pense que leurs revendications sont légitimes et raisonnables.
Je demande encore une fois au Conseil du Trésor d'accélérer les négociations et les pourparlers afin d'avoir de bons emplois bien payés dans la fonction publique fédérale qui permettront de donner de bons services aux citoyens et aux citoyennes, aux Québécois et aux Canadiens.
Revenons au secteur de l'aérospatiale et de l'aéronautique. Cela tombe bien que je puisse me lever à la Chambre aujourd'hui pour parler de ce secteur puisqu’il y a quelques minutes à peine, j'ai déposé un projet de loi émanant d'un député qui touche des travailleurs dans les aéroports.
Comme j'ai un peu plus de temps, maintenant, je vais en profiter pour parler de l'importance de ce projet de loi qui corrige une lacune et une échappatoire du Code canadien du travail à l'article 47.3. Malheureusement, cet article fait qu'il n'y a pas de continuité dans l'existence de la convention collective et du contrat de travail pour les sous-traitants des aéroports.
En anglais, on appelle cela contract flipping. Chaque fois qu'un appel d'offres est fait, le plus bas soumissionnaire obtient un nouveau contrat de fournisseur de services qui sont assez divers. Cela peut être de l'entretien, de la maintenance, des gens qui vont apporter de la nourriture dans les avions pour les passagers, des travailleurs qui mettent de l'essence dans les avions avant le départ et autres différentes tâches.
Chaque fois qu'il y a un appel d'offres et qu'une nouvelle compagnie obtient un contrat en soumissionnant très bas, le contrat de travail préexistant disparaît. Il y a donc toute une nouvelle tentative qui est faite pour renégocier le contrat. Ce que cela engendre comme conséquence réelle pour ces travailleurs, c'est que,contrairement à presque tous les autres secteurs d'activité dans la société, ils voient leur salaire, leurs conditions de travail, leurs assurances, leurs avantages sociaux diminuer chaque fois qu'il y a un appel d'offres.
En ce moment, à l'aéroport de Montréal, 600 travailleurs et travailleuses sont touchés par cela. Il y a deux contrats qui ont été mis en appel d'offres, dont un par Swissport, si ma mémoire est bonne. Il y a 600 personnes qui sont touchées en ce moment à Montréal par ce renversement de contrat, qui est la traduction française de contract flipping.
Cela a un impact très réel. L'anomalie, soit cette échappatoire, est unique pratiquement dans le Code canadien du travail. Il n'y a aucun autre travailleur syndiqué sous réglementation fédérale qui a à subir cela.
C'est pour cela que je soumets au gouvernement ce projet de loi émanant d'un député. C'est quelque chose qu'il peut reprendre et qu'il peut utiliser pour essayer de mettre fin à cette situation inacceptable et pas respectueuse du tout. J'en ai déjà parlé à des ministres du Travail précédents. J'espère que le actuel va être sensible à cette réalité. Je lui en ai déjà parlé et j'espère qu'il va faire preuve d'ouverture et qu'il va être à l'écoute de ces gens-là.
En ce qui concerne le secteur aéronautique, j'ai posé une question à mon collègue il y a quelques minutes à ce sujet. Cela a l'air juste d'un point dans l'actualité, mais je veux aussi insister sur la volonté affichée par le gouvernement libéral de donner un contrat de gré à gré à Boeing pour l'achat d'avions de surveillance, les P‑8 Poseidon, alors que des compagnies canadiennes et québécoises, c'est-à-dire Bombardier, mais d'autres également, pourraient être intéressées à offrir leurs services pour la construction et la vente d'avions de surveillance pour la Défense nationale. Pourquoi favoriser une entreprise américaine, alors qu'on a les capacités de le faire au Canada? Pourquoi, au lieu d'avoir une compétition libre et transparente, fait-on un cadeau à une compagnie étrangère, alors qu'il n'y aura pas d'impact ou de répercussion économique favorable pour le Canada?
Ces compagnies sont capables de construire l'avion et de le vendre. En outre, le P‑8 Poseidon est un avion d'une ancienne génération qui est en train de disparaître. Plus personne n'achète cela, alors qu'il y a de nouveaux modèles d'une nouvelle génération, avec de nouvelles technologies, qui sont plus performantes et qui peuvent être considérées par la Défense nationale et le gouvernement libéral.
On a l'impression qu'il y a une espèce d'entente faite sous la table, parce qu'on vient de donner un très gros contrat à Lockheed Martin avec l'achat d'un nombre important de F‑35. C'est comme si on disait à Boeing qu'on s'excuse, mais, qu'en contrepartie, on lui garantit l'achat de P‑8 Poseidon. Pourtant, ce n'est pas un bon avion, cela n'a pas de retombée économique pour le Canada et on a des entreprises canadiennes qui sont capables de faire de meilleurs avions avec de meilleures retombées économiques au Canada.
Je ne veux pas avoir une politique Buy Canada à tout cran, mais, quand même, pourrait-on un peu favoriser nos entreprises, nos emplois et notre technologie au Canada et avoir un meilleur avion qui correspond aussi aux besoins du futur?
Au sujet du futur, il n'y a pas de vision de la part du gouvernement libéral depuis des années concernant le secteur aérospatial. Comme cela a été dit à quelques reprises ce matin, le Canada est l'un des rares pays dans le monde qui a la capacité de construire un avion de A à Z. Nous avons une pleine autonomie. C'est quand même fascinant.
Ce sont 235 000 emplois directs et indirects, des centaines d'entreprises, parfois très grandes, jusqu'à de toutes petites qui ont des capacités. Je me rappelle avoir visité, dans le parc industriel de Drummondville, des entreprises qui sont capables de faire l'ingénierie de pièces pour des avions qui sont uniques au monde et qui ont des capacités, avec des machines dont je serais incapable d'expliquer le fonctionnement. On leur donne un plan d'une pièce qui n'a jamais été faite en leur disant ce dont on a besoin et ils sont capables de la numériser et de la modéliser, de mettre cela dans l'ordinateur et ensuite de la produire et de la reproduire en plusieurs exemplaires. Ils sont parmi les meilleurs dans le monde pour faire cela. C'est Drummondville et c'est quand même la haute qualité. Je vois mon collègue de qui est d'accord et j'ai l'impression qu'il est d'accord sur mes propos. J'avais été vraiment fasciné et très impressionné par les capacités. Ce n'est qu'un seul exemple d'entreprises qui sont capables de faire ces pièces pour les sièges et les moteurs.
Je pense également à Longueuil. Ces gens sont capables de construire des pièces extrêmement précises de haute technologie, de haute valeur ajoutée. Ce sont de très bons emplois. Ces gens sont capables de faire en sorte que les avions fabriqués chez nous soient parmi les meilleurs au monde.
Revenons au manque de vision du gouvernement libéral. Le Canada est dans le « bas de gamme » des pays en matière de stratégie, parce qu'on n'en a pas. Cela n'existe pas. On n'a pas de stratégie. On n'a pas de vision d'ensemble concernant un des secteurs d'activité économique où on est le plus performant. C'est ahurissant.
La France, le Brésil, les États‑Unis prennent soin de leurs secteurs aérospatial et aéronautique. Ils ont une vision d'ensemble qui allie l'aviation civile, la défense, l'espace, la recherche-développement, la formation de la main-d'œuvre, tout cela en rassemblant tous les partenaires autour de la table.
Chez nous, cela se fait au contraire à la pièce, au petit hasard, à la chance. On a des programmes ponctuels répondant à un petit besoin d'aide par ci, à un peu d'innovation par là. On va peut-être mettre un peu d'argent dans un projet ou consentir un prêt s'il y a une construction, mais il n'y a pas de régularité, de prévisibilité ou de vison d'ensemble.
Le NPD, comme le font plusieurs autres partis, exhorte le gouvernement libéral à s'asseoir et à finalement mettre au point une stratégie nationale en matière d'aérospatiale et d'aéronautique, car on en manque. On manque également d'investissements en recherche-développement pour être capable d'avoir les meilleures technologies et d'être à l'avant-garde. Comme on le sait, plusieurs autres pays au monde, comme la Chine et l'Inde, investissent massivement en recherche-développement. Si nous ne le faisons pas, si le secteur n'est pas là pour accompagner les industries pour qu'elles puissent être les meilleures au monde, nous allons prendre du retard. Nous ne serons plus parmi les meilleurs, nous ne serons plus le fer de lance international en matière d'aéronautique et d'aérospatiale.
Il y a un effort considérable à faire, notamment en ce qui concerne la transition énergétique. On sait que l'aviation civile, le transport aérien, est un secteur important d'émissions de gaz à effet de serre. C'est l'une des préoccupations du NPD. Nous voulons une amélioration du bilan carbone de cette industrie. Je pense que tout le monde comprendra qu'il est important de le faire, même si ce n'est pas aussi important que pour le secteur du transport routier, par exemple, ou pour le secteur énergétique, comme le secteur gazier et pétrolier. On s'entend là-dessus.
J'ai récemment lu dans le Courrier international que, en matière de gaz à effet de serre, le secteur aérien civil était l'équivalent des dépotoirs, de la gestion des déchets, qui représentent à peu près 3 % à 4 % des émissions totales. Ce n'est pas négligeable, mais ce n'est pas le pire problème non plus. Il y a toutefois un effort à faire. Des choses intéressantes peuvent être faites pour l'avenir.
On parle beaucoup de l'électrification des transports privés et collectifs, mais il y a aussi tout un pan, dans le futur, pour l'avenir du transport aérien grâce à l'électrification qui peut se faire au moyen de plusieurs modèles. Je ne suis pas ingénieur, mais on n'est pas encore rendu au point d'avoir un avion électrique alors qu'on a déjà des autobus, des trains et des voitures électriques. Je suis d'ailleurs très content d'avoir une voiture électrique à 100 %. Cela me permet de participer à l'effort, quoique c'est mieux de prendre son vélo si on le peut.
On n'est pas encore à la veille d'avoir un avion électrique pour un paquet de raisons, notamment parce que cela exige une puissance énorme et que, à un moment donné, le poids de la batterie fait en sorte que l'avion ne décolle pas parce que celle-ci est trop grosse pour donner la puissance requise. On n'est pas encore rendu là. Peut-être qu'avec l'hydrogène vert, on pourrait avoir de l'énergie qui constituerait une option intéressante. Encore faut-il que l'hydrogène qui est stocké soit produit par de l'énergie renouvelable. Utiliser dans un avion de l'hydrogène qui viendrait du gaz naturel ne serait pas nécessairement la meilleure option. On n'y gagnerait pas tellement au change. Toutefois, en ce qui concerne l'électrification des transports, il y a un effort à faire de la part du gouvernement fédéral pour que l'industrie soit capable de proposer des innovations porteuses et structurantes pour l'avenir.
Encore une fois, ne nous laissons pas damer le pion par des compétiteurs étrangers. Si nous dormons un peu ici, il y en a d'autres qui vont prendre de l'avance, et ce serait extrêmement dommage pour notre industrie et pour l'avenir de ce secteur.
Parlant d'avenir, j'ai glissé un mot plus tôt sur l'importance de la formation professionnelle. Les syndicats, dont le syndicat des machinistes, nous parlent de la relève. Il faut avoir le temps de former ces gens, car ce sont des emplois qui sont souvent spécialisés et qui demandent des connaissances et qui nécessitent un processus d'apprentissage. C'est un peu comme ce qu'on faisait avec les apprentis au Moyen Âge; on accompagne quelqu'un et on lui apprend les règles du métier. En ce moment, peu de choses sont faites dans nos écoles secondaires et dans nos écoles de métier pour amener nos jeunes vers l'industrie aérospatiale alors que c'est une industrie qui est là pour durer et qui a de l'avenir.
C'est une industrie qui offre de bons emplois souvent syndiqués qui sont assortis de plusieurs avantages. Comme on le disait tantôt, l'industrie paie ses employés en moyenne 10 % de plus que les travailleurs québécois ou canadiens. Je pense qu'il y a un partenariat intéressant à faire avec les gouvernements provinciaux pour attirer des jeunes vers des formations et des emplois en aérospatiale et en aéronautique. Il n'y a pas de partenariat actuellement. Les choses se font presque par hasard et le système actuel, c'est pratiquement du bouche-à-oreille. C'est préoccupant en ce qui concerne la rétention de nos capacités, surtout dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre et de haute compétition.
J'aimerais aussi aborder la question de la création d'un programme de recyclage des avions. Il n'y a rien de prévu pour les avions en fin de vie qui n'ont plus la capacité de voler et qui doivent être remplacés. C'est comme si on avait d'immenses cours de ferraille remplies d'avions qui traînent un peu partout en Amérique du Nord alors qu'il y a des matériaux intéressants là-dedans. Il y a des pièces qui peuvent être réutilisées. Il y a des choses qui peuvent être fondues et recyclées par la suite. Il n'y a rien de prévu quant au recyclage des aéronefs. C'est un peu dommage, parce qu'on perd beaucoup de ressources naturelles et de pièces qui pourraient servir à autre chose.
Nous avons des systèmes de recyclage pour plein de choses dans nos vies, dans la vie courante, dans nos municipalités et dans nos ministères, mais c'est comme si, pour le secteur de l'aviation avec ses aéronefs, rien du tout n'avait été prévu. C'est une préoccupation que nous avons. Je pense qu'il y a beaucoup de travail à faire de la part du gouvernement fédéral sur un paquet de questions qui touchent l'industrie aérospatiale. Je suis content de voir que ce rapport contient quatre recommandations, qui sont de bonnes recommandations.
Je pense que nous pourrions aller plus loin que ces recommandations, mais, au moins, commençons par cela. Faisons en sorte que le Canada et le Québec continuent d'être des endroits d'excellence dans la construction d'aéronefs. Ensemble, continuons de faire en sorte que des dizaines de milliers de familles puissent compter sur un bon emploi et un bon revenu afin de favoriser notre prospérité commune. Maintenons de bons emplois partout au Québec et dans toutes les régions du pays.
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Monsieur le Président, je tiens d'emblée à préciser que je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de . Il m'a dit que c'était la plus belle circonscription du Canada. J'ai malheureusement le devoir de lui dire que c'est la mienne. Je suis désolé pour lui, mais il représente toutefois la deuxième plus belle circonscription.
J'ai ce matin le plaisir de prendre la parole au sujet du rapport du Comité permanent de l'industrie et de la technologie qui a été déposé le 16 juin 2022. Ce rapport, intitulé « Développement et soutien de l'industrie aérospatiale », comprend trois volets.
Le premier volet rappelle que l'aérospatiale a été l'un des secteurs les plus durement touchés par la pandémie de la COVID‑19. Le deuxième volet se veut un survol des différents points de vue sur la mise en place de mesures d'aide à l'industrie aérospatiale. Le troisième volet présente les recommandations du Comité concernant la relance de l'industrie aérospatiale.
On sait tous que cette industrie a eu de sérieux problèmes lors de la pandémie. Tout le monde a été touché. L'industrie au complet l'a été; non seulement au Québec, mais partout au Canada. Il est important de le souligner. Il est également important de mentionner que le Québec est un véritable chef de file dans le domaine de l'aérospatiale. On parle même d'élite mondiale.
On sait qu'un groupe de grandes entreprises québécoises s'est développé au fil des années. On retrouve donc au Québec de grandes entreprises internationales telles que Bell Helicopter, Bombardier Aéronautique, Textron, CAE, Pratt & Whitney Canada, en plus de nombreux équipementiers et un réseau de sous-traitants extrêmement solide. Certains sous-traitants se trouvent dans ma circonscription, Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière‑du‑Loup, et j'en suis très fier.
On sait que, lorsqu'on construit un avion, la sécurité est évidemment la chose la plus importante et que l'ensemble des pièces composant ce même avion se doivent d'être faites de façon extrêmement diligente et très précise. Je suis très heureux de savoir que plusieurs entreprises de ma circonscription contribuent à ce domaine d'activité au Canada et au Québec.
La majorité des entreprises de cette industrie sont situées dans la grande région de Montréal, mais on compte au Québec plus de 200 entreprises liées à l'aérospatiale et une vingtaine de centres de recherche qui font la renommée du Québec. La renommée vient de tout le réseau entourant l'aérospatiale: le réseau universitaire, les centres de recherche, les centres collégiaux de transfert de technologie, ou CCTT. Il y a d'ailleurs trois CCTT dans ma ville natale, La Pocatière. Ce sont toutes des organisations qui, de près ou de loin, contribuent à la qualité de cette industrie. Les revenus générés par l'industrie dépassent les 34 milliards de dollars, ce qui représente un apport de 20 milliards à 28 milliards de dollars au PIB. Plus de 700 millions de dollars sont investis chaque année en recherche-développement. Cela représente beaucoup d'argent.
La métropole est l'une des trois capitales mondiales de l'aéronautique avec Seattle, aux États‑Unis, et Toulouse, en France. Au Canada, c'est 50 % de la production aérospatiale qui provient du Québec. Il s'agit d'une industrie pancanadienne, mais l'aérospatiale est au Québec ce que l'automobile est à l'Ontario, tout comme la Colombie‑Britannique a les plus belles vignes au Canada. Chacune de ces provinces canadiennes se fait donc un point d'honneur de mettre en avant l'ensemble de leur industrie respective, ce qui explique d'ailleurs pourquoi on a un Canada aussi diversifié quant à la production de tous ces éléments. Nos universités et nos collèges techniques, dont l'École polytechnique à Montréal, forment chaque année plus de 4 500 étudiants qui viennent grossir les rangs d'une main-d'œuvre hautement qualifiée. Précisons que ce sont 200 000 personnes qui travaillent dans le domaine de l'aérospatiale au pays.
Le Comité permanent de l'industrie et de la technologie a fait cette étude. Avant la présentation du rapport final et des recommandations, 33 témoins avaient comparu. Le 2 novembre 2020, le Comité a entrepris une étude sur les questions liées au développement et au soutien de l'industrie aérospatiale. Ce sont quatre réunions qui ont été tenues et, comme je l'ai dit, 33 témoins qui ont été entendus.
Les témoignages ont mis en lumière que, avant même que la pandémie de la COVID‑19 frappe, l'industrie éprouvait déjà des difficultés. Il faut mettre cela en contexte: il existait, comme dans bien d'autres secteurs au Canada et au Québec actuellement, des difficultés importantes de main-d'œuvre. C'était déjà, de facto, une réalité dans l'industrie. Le Canada avait commencé à perdre des travailleurs hautement qualifiés au profit d'autres pays, et les centres de formation peinaient à fournir de la relève. Cet élément a été extrêmement important dans l'ensemble des discours qui ont été faits devant le Comité. Des témoins sont venus nous en parler.
Nous sommes en compétition avec le reste du monde, et, évidemment, nous nous devons d'avoir les meilleurs centres de formation et d'être capables d'intégrer les gens qui arrivent au Canada le plus rapidement possible en fonction des formations qu'ils ou elles ont déjà. C'est la même chose en médecine et dans le domaine de la santé, entre autres. Dans l'industrie, nous nous devons d'avoir les meilleurs employés au monde et il faut être prêts à les recevoir.
La pandémie a durement touché l'industrie et les compagnies aériennes ont pratiquement cessé de fonctionner. C'est toute la chaîne de production d'appareils commerciaux qui a été brisée. Les entreprises canadiennes du secteur ont collectivement perdu 40 % de leurs revenus et plus de la moitié d'entre elles ont dû mettre des travailleurs à pied. Des vols commerciaux ont repris depuis, mais l'aérospatiale souffre toujours.
Le soutien à l'industrie est un des éléments qui ont été soulevés dans le cadre de l'étude qui a mené au rapport. La plupart des témoins que nous avons entendus se disaient en faveur de l'idée d'offrir un soutien fédéral à l'industrie de l'aérospatiale. Plusieurs organisations ont indiqué que le secteur réalisait des volumes importants de recherche-développement qui profitent à d'autres industries et à la croissance économique du Canada. Bien sûr, la recherche qui se fait au sein de ce secteur d'activité est très importante et a des retombées dans d'autres secteurs de l'industrie canadienne.
Les témoins ont recommandé des mesures fondées sur quatre grands axes: le financement direct; la recherche-développement et la formation; l'approvisionnement ainsi que les stratégies et la réglementation. Après avoir entendu tous les témoins, le Comité a formulé certaines recommandations dont voici les plus importantes.
On sait que ce gouvernement est extrêmement dépensier. Ce n'est pas nouveau, on a vu des déficits énormes durant les huit dernières années. En tant que conservateur, ce serait plutôt mal avisé de ma part de demander au gouvernement de dépenser encore plus et d'ouvrir encore plus le porte-monnaie. En même temps, il existe des solutions concrètes, des incitatifs et des mesures que le gouvernement pourrait mettre en place pour aider l'industrie aérospatiale tout en demeurant prudent fiscalement.
Voici la première recommandation:
Que le gouvernement du Canada veille à ce qu’un Centre d’excellence sur l’aéronautique 4.0 puisse voir le jour et qu’il puisse regrouper les expertises de niveau universitaire et collégial dans ce domaine, et que ce Centre augmente les capacités en recherche et développement dans ce secteur.
J'ai parlé tout à l'heure des centres collégiaux de transfert de technologie, du réseau universitaire et des centres de recherche du gouvernement du Canada. Tantôt, j'entendais mes collègues qui parlaient des avions qui pourraient devenir électriques. Si on mettait tout ce monde à la même table, on travaillerait dans le même sens. Pas plus tard qu'hier, j'ai vu un reportage dans lequel on parlait d'un premier avion à moteur électrique, un petit aéronef, qui est maintenant autorisé à voler au Canada. Il faut continuer de faire de la recherche à ce sujet.
Voici la deuxième recommandation:
Que le gouvernement du Canada veille à mettre en place des incitatifs financiers importants pour la recherche fondamentale, y compris pour soutenir le développement d’un aéronef plus écologique […]
C'est ce que je viens de mentionner.
Dans cette même recommandation, on demande ceci:
Que le gouvernement du Canada favorise l’approche de l’économie circulaire afin d’établir une politique dans le secteur du recyclage des aéronefs qui sont mis hors circuits.
Actuellement, nous sommes en train de mener une autre étude sur le recyclage des plastiques et des batteries. Tous ces éléments doivent être intégrés les uns avec les autres. Bien évidemment, on n'y a pas réfléchi autant quand on a commencé à parler des véhicules électriques. D'ailleurs, ce sera un élément de pollution très important. Rassembler l'ensemble des matières premières pour faire des batteries, c'est une chose, mais c'en est une autre que d'en disposer après leur utilisation afin de les recycler pour en faire d'autres batteries pouvant servir dans d'autres domaines, ou même dans l'automobile. Ce sera la même chose avec les avions, et il faut y penser dès maintenant.
Je vais lire une autre des recommandations, qui, je pense, est l'une des plus importantes:
Que le gouvernement du Canada […] élabore une stratégie nationale pour l’industrie aérospatiale.
Cette stratégie nationale permettrait de rassembler essentiellement tous les acteurs non seulement au Québec, mais dans l'ensemble du Canada, pour faire en sorte d'aller encore plus loin dans ce qu'on est capable de réaliser dans cette industrie. Évidemment, on parle des avions, mais, l'aérospatiale, c'est beaucoup plus large que cela. Cela comprend tout un secteur d'activité, tout ce qui touche le ciel essentiellement.
Je pense qu'on doit faire encore mieux et encore plus pour l'aérospatiale et plus pour le Québec. On sait que l'aérospatiale est particulièrement importante au Québec, tout comme l'industrie de l'automobile est importante en Ontario, comme je l'ai dit tantôt, et tout comme les vignes sont importantes en Colombie-Britannique. Mon collègue va sûrement en parler. Nous avons tout à gagner, en tant que pays, à faire en sorte de développer cette industrie encore mieux et de l'encadrer encore mieux.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui pour dire quelques mots sur le rapport intitulé
Développement et soutien de l'industrie aérospatiale, déposé par le Comité permanent de l'industrie et de la technologie dont je fais partie. Je précise toutefois que je n'ai pas participé activement à cette étude. Cela dit, je ne saurais trop insister sur l'importance de l'industrie aérospatiale pour la vallée du Fraser, pour ma circonscription, Mission-Matsqui-Fraser Canyon, pour la circonscription voisine d'Abbotsford et pour toutes les autres régions de la Colombie-Britannique.
Le contexte mondial évolue et les besoins de l'armée canadienne s'accroissent, tant pour assurer la sécurité nationale que pour intervenir lors de catastrophes naturelles. Dans la vallée du Fraser, lors des grandes inondations de ces dernières années, nous avons dû faire appel à l'aviation royale canadienne pour aider nos concitoyens et acheminer du matériel. Des hélicoptères de l'île de Vancouver basés à Esquimalt sont venus secourir des habitants de ma circonscription. Par ailleurs, les menaces que fait peser la Russie sur le Canada dans le Grand Nord ne cessent de croître. Tout récemment, deux ballons-espions en provenance de Chine sont entrés dans l'espace aérien canadien. Il est donc essentiel, à ce stade, que le gouvernement agisse et fasse davantage.
Je voudrais souligner trois recommandations spécifiques issues de ce rapport, qui méritent d'être mentionnées aujourd'hui.
La première est la recommandation no 3: « Que le gouvernement du Canada accueille les besoins des différentes flottes aériennes, notamment en matière d’entretien de leurs aéronefs, et soutienne le développement des entreprises spécialisées dans l’entretien de ces aéronefs. »
La deuxième est la recommandation no 5: « Que le gouvernement du Canada, à la suite de consultations auprès des partenaires de l’industrie et des représentants syndicaux, élabore une stratégie nationale pour l’industrie aérospatiale. »
La troisième est la recommandation no 7: « Que le gouvernement du Canada collabore avec les provinces et les territoires afin de financer la formation postsecondaire dans tous les secteurs de l’industrie aérospatiale, et que cette formation soit adéquatement accessible dans l’ensemble du Canada. »
La Colombie‑Britannique compte un certain nombre de grandes entreprises qui ont une incidence nationale et mondiale. Nous pourrions parler de KF Aerospace à Kelowna, de Conair à Abbotsford, et de Cascade Aerospace, qui emploie des centaines de personnes dans ma circonscription. Il s'agit d'une unité opérationnelle d'IMP Aerospace & Defence, qui a été classée au premier rang des entreprises de défense du Canada en 2017.
Le groupe IMP est l'une des sociétés les mieux gérées du Canada, et son siège social est situé à Halifax. Ses activités dans les secteurs de l'aérospatiale, de la défense et de l'aviation consistent à fournir des services complets de soutien en service, de réparation et d'ingénierie. Elle emploie plus de 3 500 personnes dans tout le Canada. À l'heure actuelle, environ 550 de ces emplois se trouvent à Abbotsford.
La division IMP de Cascade Aerospace est approuvée par Transports Canada pour la maintenance, la fabrication, la formation et la conception. Elle est approuvée par la FAA et accréditée auprès du ministère de la Défense nationale pour la maintenance, le soutien matériel et les organismes techniques. Elle est l’un des deux seuls centres de révision majeure du C‑130J approuvés par Lockheed Martin et l’un des 13 centres de service C‑130 approuvés. Dire que cette entreprise possède de nombreuses spécialités est un euphémisme.
À l’heure actuelle, Cascade fournit un soutien militaire non seulement à l’Aviation royale canadienne et à l'U.S. Air Force, mais aussi au Mexique, à la Tunisie, à la Thaïlande, à Taïwan, au Bangladesh, à l’Indonésie, à UPS, à WestJet, à Alaska Airlines, à Southwest Airlines et à Longview Aviation. Cascade s’est spécialisée dans la maintenance, la réparation et la révision d’aéronefs en tant qu’installation de fabrication accréditée pour divers types d’aéronefs. À dire franchement, comme je l’ai mentionné plus tôt, dans le paysage mondial changeant que nous connaissons aujourd’hui, des installations comme Cascade Aerospace ne sont pas seulement bonnes pour notre économie, elles sont essentielles à l’intérêt national du Canada pour maintenir un secteur aéronautique robuste, tant à des fins commerciales que de défense.
Cela dit, lors de conversations avec les employés et l’équipe de direction de Cascade Aerospace, nous avons trouvé des moyens d’améliorer sa capacité à faire des affaires, à servir les armées canadienne et américaine, en particulier, et à fournir les types d’emplois que les Canadiens recherchent, c’est-à-dire des emplois hautement qualifiés dans des métiers très techniques et spécialisés.
Au cours des conversations, les représentants de Cascade ont mentionné que Transports Canada pourrait mieux répondre aux demandes de délégation de pouvoirs d’approbation de conception. Ce ministère pourrait également faire mieux en matière de certification pour garantir une approche plus cohérente. Ils ont indiqué qu’il existe des lacunes réglementaires relativement à l’autorité de certification pour les exportations militaires. Selon eux, les audits de conception sont parfois inefficaces, et les règlements, dans certains cas, sont obsolètes. Par exemple, le manuel de formation pour les nouveaux techniciens comprend encore une section sur les avions en tissu. Nous travaillons avec une entreprise qui s’occupe des technologies les plus modernes du XXIe siècle, mais nous formons encore de jeunes techniciens à la réparation d’avions en tissu.
L’une des principales lacunes réglementaires soulignées par Cascade Aerospace est la nécessité de reconnaître les titres de compétence étrangers. Comme je l’ai déjà mentionné, Cascade Aerospace travaille pour les forces aériennes des États‑Unis, du Mexique et du Bangladesh. Parfois, des techniciens de ces pays peuvent même immigrer au Canada, mais la réglementation de Transports Canada interdirait à un technicien aéronautique formé au Mexique de travailler immédiatement dans les mêmes fonctions qu’un technicien formé au Canada, même s’il travaillait sur le même aéronef dans son pays d’origine.
J’encourage Transports Canada à continuer de travailler en étroite collaboration avec Cascade Aerospace et avec tout le secteur aérospatial, dans tout le Canada, pour faire en sorte que notre réglementation soit à jour. À l’heure actuelle, comme me l’a dit l’association nationale, le Canada accuse un retard sur la réglementation de la FAA. S’il est un pays avec lequel une harmonisation s’impose, tant pour les entreprises qu'à des fins de stratégie militaire, ce sont les États‑Unis d’Amérique. J’exhorte aujourd’hui le gouvernement à mettre cette réglementation à jour dès que possible.
Par ailleurs, le deuxième aspect important dont nous devons nous occuper, dont il est question dans les trois grands points que j'ai soulevés au début de mon discours, ce sont les défis auxquels nous faisons face sur le marché du travail. Cascade Aerospace innove dans son approche non seulement pour maintenir en poste, mais aussi pour former les meilleurs travailleurs canadiens possibles. Elle souhaite embaucher dans le secteur des métiers plus d’Autochtones des Premières Nations locales et plus de femmes. L'entreprise a beaucoup investi et pris quantité de mesures pour avoir un programme de formation interne qui lui permet d’avoir les techniciens les plus compétents afin qu'ils soient capables de soutenir la concurrence mondiale pour les contrats de défense et autres.
À l’heure actuelle, cependant, la Colombie‑Britannique doit travailler en plus étroite collaboration avec des entreprises telles que Cascade Aerospace pour s’assurer que leurs programmes de formation pratique axés sur les compétences tiennent compte des besoins du secteur et respectent la réglementation du marché du travail et les programmes d’accréditation, par le programme du Sceau rouge et par les programmes du travail provinciaux et fédéraux.
Je conclurai en disant que nous avons beaucoup de travail à faire dans le secteur aérospatial. Je suis très fier de vivre dans une collectivité où des centaines de personnes occupent des emplois bien rémunérés dans le secteur aérospatial. Nous devons travailler avec ces entreprises non seulement pour relever les défis mondiaux actuels, mais aussi pour régler les problèmes de main‑d’œuvre que nous connaissons dans les collectivités de tout le pays.
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Monsieur le Président, je peux assurer au député que les propos véritablement honteux vont venir du Parti conservateur, mais le Bloc s'en approche un peu trop. Je me demandais simplement si le député voulait s’en écarter un peu plus. Je suis d’accord. C’est ce que je ferais aussi.
Le Parti conservateur commence à avoir une mauvaise influence sur le Bloc. Aujourd’hui, nous étions censés débattre du projet de loi , et nous savons l'importance que revêt la protection des renseignements personnels sur Internet pour nos concitoyens. Nous reconnaissons tous l’importance de ce dossier. Le Bloc ne veut pas discuter de ce projet de loi aujourd’hui, même si nous avons tenté de le faire adopter par la Chambre. Si je comprends bien, il appuie cette mesure législative, ce qui est une bonne chose. Cependant, il veut parler de l’industrie aérospatiale en proposant l’adoption d’un rapport afin de faire perdre du temps au gouvernement. Ce n’est pas la première fois que cela se produit. Nous sommes habitués à ce que le Parti conservateur agisse de la sorte.
Cela dit, je suis heureux de parler de l’industrie aérospatiale. Quand j'y pense, je pense à John Diefenbaker. Les députés se souviennent-ils de lui? Il a été premier ministre du Canada.
À l’époque, le Canada était pour ainsi dire le chef de file mondial dans le développement d’un intercepteur remarquable, un avion de chasse extrêmement rapide. Il faut se rappeler que c’était après la guerre mondiale, et qu’il fallait développer et améliorer notre industrie aérospatiale. Le premier ministre de l’époque, John Diefenbaker, a détruit l’industrie aérospatiale canadienne en annulant le projet Avro Arrow.
C'était un avion conçu pour voler à haute altitude. Il était en avance sur son temps. J’aimerais que les députés imaginent que le programme de cet avion n’ait pas été annulé. Avro employait des centaines de personnes à l’époque, peut-être plus de 1 000, mais je dirai des centaines pour l’instant. Toutes ces personnes travaillaient en Ontario.
Je pense à la technologie qui a été développée et aux travaux de recherche qui ont été menés. Un des avions d'Avro est sorti de l’usine. Il a été reconnu dans le monde entier comme le principal candidat au développement d’un avion semblable à une fusée, pouvant atteindre une altitude de plus de 40 000 pieds.
John Diefenbaker a annulé le programme. C'était à la fin des années 1950. C’est la vérité. En conséquence, Avro a fait faillite et cessé ses activités. Tout l’équipement et, surtout, tous les cerveaux et toutes les compétences ont été dispersés. Bon nombre des personnes qui avaient mis au point l’Avro ont fini par quitter le Canada pour pouvoir se lancer dans cette industrie et la développer. Le Canada a été un grand perdant, et c’est une chose à laquelle nous réfléchissons encore aujourd’hui, 70 ans plus tard. À quoi ressemblerait notre industrie aujourd’hui si le programme n'avait pas été annulé?
Plus tôt dans la journée, j’ai posé des questions aux députés du Bloc. Je suis heureux de dire que c’est le Québec qui est à la tête de notre industrie aérospatiale. J’ai souligné, dans la question que j’ai posée plus tôt, qu'on peut construire un avion en entier au Québec, de la fabrication des boulons jusqu’au polissage du produit fini. C’est assez rare.
Quand on pense à l’industrie aérospatiale au Canada, on parle de dizaines de milliers d’emplois, bien au-delà de 100 000 emplois. Les députés connaissent-ils le salaire moyen d’un employé du secteur aérospatial au Manitoba? Il est estimé, je crois, à plus de 60 000 $ par an. Ce sont de bons emplois pour la classe moyenne, qui exigent des compétences incroyables. Aujourd’hui, au Canada, c’est le Québec qui est la figure de proue du secteur.
En ce qui concerne les emplois, je pense que l’Ontario a perdu l’occasion de jouer ce rôle de chef de file en raison de la décision du gouvernement fédéral de ne pas investir dans l’industrie aérospatiale.
Avançons de quelques décennies. Aujourd’hui, nous avons un gouvernement national qui soutient notre industrie aérospatiale de manière claire et tangible, et ce, depuis le premier jour. Nous avons parlé du projet de loi et de l’importance de garantir les contrats futurs. Nous avons parlé de la manière dont nous pouvions soutenir l’industrie même si, parfois, cela signifiait qu’il y aurait des concessions à faire. Il est important de reconnaître ces concessions. Le monde a changé.
J’ai visité l'entreprise Magellan chez moi, à Winnipeg. J’ai ressenti une grande fierté lorsque j’ai fait le tour de l’usine et que j’ai vu une aile de F‑35 en cours de fabrication. Nous avons une industrie aérospatiale absolument incroyable à Winnipeg, qui contribue au secteur non seulement au Canada, mais dans le monde entier.
L'amour et la passion des travailleurs de cette usine pour la construction de composants très importants du F‑35 sont évidents. Imaginez un travailleur de Magellan qui voit un F‑35 dans un bulletin de nouvelles. Il pourrait se demander si cette aile a été fabriquée à Winnipeg. Même pour la mise en caisse de l’aile, il faut une formation en génie pour construire la caisse qui contient l’aile avant son expédition.
Le député qui m’a précédé a parlé de l’importance des écoles. Magellan dispose d’une salle de classe où le Red River College donne des cours. Il est très important de reconnaître que ce n’est pas seulement Ottawa qui a la responsabilité de soutenir ces industries, même si nous avons parfois l’impression d’être les seuls à le faire. De nombreuses parties prenantes ont un rôle à jouer pour que le Canada reste à la tête d’une industrie qui revêt une importance vitale pour le monde. La meilleure façon d’y parvenir est de travailler avec nos partenaires et les parties intéressées.
Lorsque j’étais député provincial il y a plusieurs années, et j’espère que le hansard de l'Assemblée législative du Manitoba le montrera, j’ai parlé de l’industrie aérospatiale dans cette province. J’ai dit que la province devait s’engager et soutenir l’industrie. Si les entités locales et les gouvernements provinciaux ne participent pas aux discussions, cela nuit à l’industrie. Il en va de même si l’industrie elle-même ne participe pas aux discussions.
Même si j’aimerais beaucoup parler du Québec, je pense que les similitudes entre le Manitoba et le Québec sont frappantes. Les organismes-cadres l’industrie aérospatiale sont là pour veiller à la santé et le bien-être de cette industrie.
Voici ce que dit l’organisme de coordination de l’industrie aérospatiale de Winnipeg. Je vais citer un extrait de son site Web pour que les gens comprennent à quoi je fais référence lorsque je parle de l’industrie aérospatiale du Manitoba. Voici ce qu’on peut lire:
Le Canada est un chef de file mondial de l'aérospatiale et le Manitoba arrive au troisième rang de l'industrie aérospatiale au pays. Notre secteur aérospatial hautement concurrentiel fabrique des produits de classe mondiale pour des clients répartis sur six continents.
Après des débuts modestes dans la réparation de petits avions de brousse dans les années 1930, l'industrie aérospatiale du Manitoba s'est développée et a acquis des capacités sophistiquées dans la conception, la fabrication, l'entretien, les essais, la certification et la recherche et développement. C'est ici qu'on trouve le plus grand centre de fabrication de composites destinés à l'industrie aérospatiale du Canada, ainsi que la plus grande entreprise indépendante de réparation et de révision de turbines à gaz au monde. C'est aussi au Manitoba que sont établis le Composites Innovation Centre, de renommée internationale, et deux des centres d'essais de certification de moteurs d'avion les plus avancés au monde, mis au point par Rolls Royce, Pratt & Whitney et GE Aviation. Outre ces chefs de file mondiaux de l'aérospatiale, le Manitoba dispose d'un réseau de PME qui soutiennent la concurrence et livrent leurs produits sur le marché mondial. Cette grappe en pleine croissance est renforcée par l'initiative Competitive Edge Strategic Development Services, un programme reconnu à l'échelle internationale et voué au développement de fournisseurs et de chaînes d'approvisionnement qui s'adresse aux entreprises novices désireuses de devenir des chefs de file mondiaux.
Cela nous donne une idée de l'impact de l'industrie aérospatiale du Manitoba dans le monde. Nous pourrions en dire encore davantage par rapport à ce qui se fait au Québec.
Je me souviens d’une autre occasion, lorsque j’étais aux Philippines. J’ai discuté avec des représentants militaires qui m’ont parlé de l’hélicoptère Bell. Ils trouvaient que la province de Québec avait un produit formidable, l’hélicoptère Bell, et que le Québec était un endroit à considérer. J’ai demandé à un représentant pourquoi il s’intéressait à la province de Québec en particulier et ce qu’il pensait de l’hélicoptère fabriqué. Je ne m’attendais pas à ce qu’il dise — et le député l’a commenté — que c’était parce que les politiciens du Québec étaient très impressionnés par la composition de la main-d’œuvre dans la construction de l’hélicoptère, faisant référence au fait que des personnes d’origine philippine travaillaient dans cette industrie.
En ce qui concerne notre industrie aérospatiale, l’une des choses les plus agréables est la diversité que nous voyons lorsque nous visitons ces usines, qu’elles se trouvent au Québec, au Manitoba, en Ontario ou en Colombie‑Britannique, les « quatre grandes », comme j’aime les nommer. J’espère que le Manitoba deviendra même plus important et plus proéminent, mais c’est un préjugé personnel. Il s’agit de la diversification de la main-d’œuvre et des compétences qu’elle possède.
C’est pourquoi il est si important qu’Ottawa continue à soutenir l’industrie aérospatiale, comme il l’a fait avant la pandémie, pendant la pandémie et aujourd’hui, mais aussi qu’il veille, dans la mesure du possible, à ce que les parties prenantes soient également présentes à la table des négociations. Nous voulons que le Red River College et l’Université du Manitoba soient présents. Nous voulons que les établissements d’enseignement supérieur, qu’ils soient situés au Manitoba, au Québec, en Ontario, en Colombie-Britannique ou dans toute autre région, soient présents pour veiller à ce que nous continuions à investir dans la recherche et la technologie.
Lorsque nous pensons à l’industrie manufacturière au Canada, nombreux sont ceux qui affirment, en particulier beaucoup de mes collègues de l’Ontario, que nous sommes les chefs de file dans le secteur de l’automobile. Après tout, il suffit de regarder les hybrides, les usines annoncées, les milliers d’emplois, l’énergie propre, etc. En grande partie, cela vient de l’Ontario, mais lorsque nous regardons le tableau général de l’industrie manufacturière, l’industrie aérospatiale du Canada est reconnue, dans l'ensemble de notre industrie manufacturière, comme l’une des meilleures, si ce n’est la meilleure, pour les investissements dans la recherche, la technologie et l’avancement. Nous le constatons dans les types de demandes qui s’adressent au Canada.
Ottawa devrait continuer d'appuyer cette industrie. Comme le l'a mentionné en réponse à une question concernant une annonce qu'il a faite récemment au Québec, je pourrais mentionner des choses qui ont été annoncées dernièrement au Manitoba. Qu'on pense aux possibilités liées à l'approvisionnement, à la façon dont le gouvernement fédéral appuie l'industrie, aux investissements directs qui y sont consacrés ou à des actions indirectes axées, par exemple, sur les métiers et les compétences, j'aimerais qu'on regarde ce que d'autres intervenants et d'autres administrations pourraient faire pour venir compléter les initiatives qu'entreprend le gouvernement fédéral pour l'avancement de cette importante industrie.
Il s'agit d'une industrie qui fournit à des milliers de personnes des emplois bien rémunérés. Elle contribue chaque année pour des milliards de dollars à notre PIB et améliore donc notre mode de vie. Nous pouvons tous être fiers de la façon dont l'industrie aérospatiale canadienne a réussi à s'en tirer relativement bien malgré la pandémie. Alors que nous sortons de la pandémie et que nous pensons au potentiel d'augmentation de la demande pour les prochaines années, il est essentiel de continuer à trouver des façons de soutenir l'industrie aérospatiale.
Bien que j'adore parler de l'industrie aérospatiale, j'espère que le Bloc et les conservateurs se rallieront à nous pour appuyer le projet de loi quand nous en débattrons aujourd'hui. Ce serait fantastique que ce projet de loi soit adopté; le débat s'en trouverait amélioré.
:
Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet du rapport « Développement et soutien de l'industrie aérospatiale » qui a été présenté à la Chambre des communes le 16 juin 2022.
[Traduction]
D'entrée de jeu, je dois dire que j'accorde une grande importance à l'industrie aérospatiale qui est cruciale pour le Canada.
Avant de poursuivre, je précise que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Comme je le disais, je reconnais la valeur de l'industrie aérospatiale parce qu'elle est essentielle pour le Canada. Elle est également cruciale pour ma province, la Nouvelle-Écosse, où est établie la société IMP Aerospace & Defence. Il s'agit d'une fière entreprise canadienne qui emploie plus de 2 400 personnes d'un bout à l'autre du Canada dans tous les secteurs de l'industrie aérospatiale et de l'aviation. Elle emploie plus de mille personnes en Nouvelle-Écosse et près de cent dans ma circonscription, Halifax–Ouest. Force est de constater l'importance de cette industrie directement dans mon coin de pays.
[Français]
Je tiens à souligner l'importance du secteur aérospatial. C'est un secteur qui apporte des emplois et du talent et qui contribue fortement à l'économie québécoise, canadienne et néo-écossaise.
[Traduction]
Le secteur aérospatial fournit des emplois, mobilise des talents et contribue de façon substantielle à notre économie.
[Français]
Parlons du secteur aérospatial et du soutien que ce gouvernement fédéral a apporté au secteur et à ces travailleurs depuis son arrivée au pouvoir en 2015.
Le gouvernement du Canada apprécie le travail du Comité et accueille favorablement les témoignages et les recommandations qu'il a reçus de l'industrie aérospatiale en mars 2021, comme en témoigne le rapport du Comité intitulé « Développement et soutien de l'industrie aérospatiale ».
Le secteur aérospatial au Québec et en Nouvelle‑Écosse est un élément vital de l'économie et le gouvernement reconnaît les contributions extraordinaires de ce secteur. Nous reconnaissons bien évidemment que ce secteur est l'une des industries les plus novatrices et les plus axées sur les exportations au Canada.
La pandémie de la COVID‑19 et le déclin subséquent des voyages aériens mondiaux ont eu des conséquences importantes et durables sur l'industrie. En effet, le déclin mondial des voyages aériens commerciaux et d'affaires a entraîné une réduction importante.
[Traduction]
Il y a eu une réduction de la demande d'aéronefs ainsi que de l'entretien et des pièces pour ces appareils.
En fait, en 2021, l'industrie aérospatiale canadienne, qui comprend les secteurs de la fabrication et de l'entretien, de la réparation et de la révision, a contribué à hauteur de 24 milliards de dollars au produit intérieur brut du Canada et a donné du travail à près de 200 000 personnes. Il s'agit d'une baisse de 0,9 milliard de dollars du PIB et de 7 300 emplois depuis 2020, et d'une baisse totale de 9,4 milliards de dollars du PIB et de 35 200 emplois depuis les niveaux prépandémiques de 2019.
[Français]
Le secteur mondial se remet progressivement de la pandémie depuis un an et les revenus de la fabrication aérospatiale du Canada ont diminué à un rythme beaucoup plus lent en 2020‑2021, comparativement à 2019‑2020, et encore plus lentement en 2021‑2022.
[Traduction]
Par surcroît, en dépit des défis, en 2021, l'industrie aérospatiale canadienne a continué à se classer au premier rang en recherche et développement parmi toutes les industries manufacturières canadiennes, avec des investissements totalisant 934 millions de dollars et a maintenu sa position de chef de file mondial. Au chapitre de la production des simulateurs de vol civils, le Canada s'est classé au premier rang mondial. Le Canada est arrivé au troisième rang mondial pour ce qui est de moteurs civils et au quatrième rang pour les aéronefs civils.
On prévoit que l'industrie aérospatiale canadienne sera bien positionnée pour la reprise grâce à son portefeuille de produits diversifié, qui met notamment l'accent sur l'aviation d'affaires régionale.
[Français]
La réponse du gouvernement déposée à la Chambre l'année dernière souligne les mesures gouvernementales visant à répondre aux recommandations du Comité. Elles sont organisées en quatre catégories.
[Traduction]
Je suis impatiente de parler de ces quatre catégories à la période de questions et réponses.
[Français]
La première catégorie est le soutien financier, à la fois direct et pour la recherche-développement. La deuxième catégorie est le soutien au développement des compétences et à la formation. La troisième catégorie est le soutien par l'approvisionnement. La quatrième catégorie est le soutien par le renforcement de la réglementation.
Dans chaque catégorie, la réponse du gouvernement souligne la recommandation du Comité à laquelle il donnera suite et donne des exemples de programmes et d'initiatives visant à soutenir le secteur aérospatial canadien.
[Traduction]
Je voudrais profiter du peu de temps qu'il me reste pour remercier l'industrie aérospatiale et souligner les retombées qu'elle a eues sur ma province, la Nouvelle‑Écosse. Au début de mon intervention, j'ai parlé d'IMP Aerospace & Defence, une fière organisation canadienne bien ancrée dans ma région, en Nouvelle‑Écosse.
L'année dernière, plusieurs de mes collègues néo-écossais et moi avons eu l'occasion de visiter le hangar de l'aéroport international Stanfield de Halifax. Nous avons rencontré des employés qui étaient en train de travailler: ils s'occupaient de l'entretien et de la mise à niveau des avions et des hélicoptères utilisés dans les opérations de recherche et de sauvetage pour prolonger leur durée de vie. Nous nous sommes adressés directement à eux, ainsi qu'à une personne de la haute direction se trouvant là-bas. L'industrie offre des emplois locaux très bien rémunérés aux gens de la classe moyenne.
L'une des personnes que j'ai rencontrées lors de la visite se nommait Keith Moon. Je le mentionne parce que son nom est resté gravé dans ma mémoire. Je crois que je ne l'avais jamais rencontré avant, mais il connaissait mon nom grâce à l'une de mes filles, qui joue au soccer. Elle a commencé à jouer alors qu'elle n'avait pas encore 5 ans. M. Moon a été un entraîneur de soccer pendant des années. Ma fille est devenue une joueuse d'un très bon niveau et elle a joué au soccer à l'université. Elle fait maintenant partie de l'équipe féminine de soccer.
Ce que je veux dire, c'est que cette histoire illustre l'importance de ces employés et des autres personnes qui occupent les bons emplois de ce genre dans nos circonscriptions. Ce sont des gens qui, en retour, rendent service à la population locale par leur excellent travail de bénévoles. L'industrie aérospatiale est effectivement très importante pour ma province et pour le Canada.
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Madame la Présidente, c'est un plaisir pour moi d'avoir de me pencher sur la question de l'industrie aéronautique et aérospatiale. J'ai grandi à Montréal, et ma famille et moi étions toujours conscients de l'existence de cette industrie, surtout lorsque nous passions sur le boulevard Laurentien, à Cartierville, comme cela s'appelait à l'époque. Il y avait même un aéroport rattaché à l'usine de Canadair.
Maintenant, c'est devenu un secteur résidentiel, mais il était très impressionnant de passer devant cette usine. D'ailleurs, je crois que c'est aujourd'hui la plus grosse usine manufacturière à Montréal, et de loin. D'ailleurs, mon père a travaillé pour Canadair dans les années 1950, les années d'après guerre, lorsque Canadair était spécialisé dans la production d'avions pour combattre les feux de forêt. L'industrie aérospatiale et aéronautique a toujours été une évidence dans mon esprit à moi.
Par contre, je suis un peu perplexe qu'on décide de discuter de ce rapport à ce moment-ci. C'est un rapport qui, si je ne m'abuse, date d'environ un an. À moins que je ne me trompe, c'est un rapport auquel le gouvernement a émis une réponse comme il doit le faire lorsqu'un rapport de comité est déposé. Si j'ai bien compris, nous devions débattre du projet de loi , qui traite de questions très importantes par les temps qui courent.
Ce projet de loi a comme objectif de moderniser nos lois qui protègent notre vie privée dans un contexte où on constate de plus en plus les dangers de la diffusion de la désinformation. C'est un défi grandissant et d'actualité qui menace les fondements mêmes de la démocratie. Le projet de loi C‑ 27 est un sujet d'actualité. À mon avis, il aborde des questions assez cruciales pour notre société.
Cela étant dit, j'aimerais me tourner vers le sujet de l'heure, qui est l'industrie aéronautique et aérospatiale.
À Montréal, cette industrie a une histoire de longue date extraordinaire. Cela remonte à presque un centenaire. Montréal en particulier a joué un rôle clé durant la Seconde Guerre mondiale. J'ai devant moi un article du Hamilton Spectator qui date du 7 septembre 1939. Je vais me permettre de lire quelques paragraphes de cet article. On constatera en m'écoutant que le Canada et le Québec, mais surtout Montréal, ont joué un rôle charnière dans l'effort de guerre en Europe. Cet article vient de New York.
[Traduction]
Selon l'édition d'aujourd'hui du New York Herald-Tribune, on s'attend à une nette expansion de la construction d'avions au Canada à la suite de la proclamation, par le président Roosevelt, de la loi sur la neutralité des États‑Unis [...]
La proclamation de la neutralité a interrompu, pour le moment du moins, la livraison de près de la moitié des 600 avions de guerre commandés aux États‑Unis par la France, la Grande‑Bretagne et l'Australie.
« Cependant, la proclamation de l'embargo ne perturbe pas la construction d'avions comparables au Canada en vertu de permis déjà obtenus par les constructeurs du Dominion auprès d'entreprises américaines », explique la dépêche.
Essentiellement, les États‑Unis ne pouvaient plus exporter d'avions entièrement construits en Europe pour contribuer à l'effort de guerre, mais le pays pouvait envoyer des pièces au Canada, faire construire les avions par des usines canadiennes et les envoyer en Europe.
Il y avait deux entreprises importantes à Montréal qui construisaient des avions pour les marchés étrangers. L'une était Vickers, qui est devenu Canadair par la suite, si je ne m'abuse, et l'autre était Fairchild Aircraft, laquelle était située sur la rive sud, dans la circonscription de je crois. Fairchild est devenue United Aircraft, puis Pratt & Whitney.
Une autre entreprise de Montréal a participé à cette production en temps de guerre, soit la Canadian Car and Foundry. Fondée en 1909, cette entreprise s'est vue confier un contrat en vue de produire l'avion Hurricane. En 1943, l'entreprise comptait 4 500 ouvriers, dont la moitié étaient des femmes, soit dit en passant, et avait construit 1 400 avions, donc environ 10 % de tous les appareils Hurricane construits à l'échelle mondiale.
J’aimerais profiter de l’occasion pour faire remarquer à mes collègues que l’ingénieur en chef de l’entreprise était à l’époque une certaine Elsie McGill, qu’on avait surnommée « la reine des ouragans ». Elle a été la première femme au monde à obtenir un diplôme en génie aéronautique et la première femme au Canada à obtenir un diplôme en génie électrique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a exercé son métier d’ingénieur en aéronautique chez la Canadian Car and Foundry et a grandement contribué à faire du Canada un centre important de la construction aéronautique.
On voit donc bien que Montréal, le Québec et le Canada ont joué un rôle extrêmement important dans le développement de l’industrie aérospatiale et aéronautique. Montréal est le siège de l’IATA, l’Association internationale du transport aérien, qui élabore les procédures et les règlements applicables au transport commercial par avion dans le monde entier. C’est une organisation internationale.
J’aimerais également ajouter que l’aéroport de Dorval a été construit au moment où, dans le cadre de l’effort de guerre, le gouvernement a décidé de construire des avions à Montréal et ailleurs au Canada pour approvisionner l’Europe. L’aéroport de Dorval, qui s’appelle aujourd’hui l’aéroport international Pierre Elliott Trudeau, ce dont je suis très fier, occupe l’ancien emplacement du Ferry Command. Le Ferry Command avait été spécialement créé pour prendre livraison des avions de guerre à Dorval avant de les envoyer en Angleterre, aux forces armées britanniques.
Montréal a une histoire extrêmement riche, qui lui a permis de développer un pôle industriel, voire un écosystème industriel.
Étant donné que la semaine prochaine, c’est la semaine du tourisme, j’aimerais mentionner, en passant, que le Musée de l’aviation de Montréal se trouve dans ma circonscription, Lac-Saint-Louis. J'invite tous les députés à venir le visiter s’ils veulent en savoir davantage sur l’histoire de Montréal et de l’industrie aéronautique au Canada.
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Madame la Présidente, l'aérospatiale vit une période passionnante. Ce matin, nous avons pu regarder le lancement de la fusée Starship, le nouveau projet de SpaceX, en direct dans notre bureau. La fusée Starship est deux fois plus grosse que les fusées Saturn V, avec 35 moteurs-fusées. Elle a décollé ce matin de Boca Chica, au Texas. Elle s’est élancée dans l’espace, mais elle a malheureusement été prise dans une spirale et a continué à tourner sur elle-même avant qu'on ne doive appuyer sur le bouton d'autodestruction. Cela me rappelle un peu le gouvernement libéral, mais c’est un sujet que nous aborderons une autre fois. C'est très excitant, parce que nous voyons des sociétés spatiales privées aux États‑Unis, qui représentent bien sûr le monde entier, participer aux voyages spatiaux.
Par ailleurs, l'équipage d'Artemis II a été annoncé il y a quelques semaines. Il comprend l'astronaute de l'Agence spatiale canadienne et capitaine de l'Aviation royale canadienne Jeremy Hansen. Il est très excitant de voir un astronaute canadien se joindre aux Américains pour les missions Artemis, au moment où nous retournons sur la Lune. Nous pouvons en être très fiers.
Du domaine de l’ingénierie qui traite de la conception, du développement, de la production et de l’exploitation de véhicules et de systèmes qui fonctionnent dans l’atmosphère terrestre ou dans l’espace, le Canada a une industrie dynamique avec des aéronefs, des engins spatiaux, des satellites et des systèmes de missiles, et c’est ce que nous appelons bien sûr le secteur aérospatial. Je sais que bon nombre de nos collègues ont parlé d’excellentes entreprises qui exercent leurs activités ici, au Canada, y compris à Montréal et dans d’autres régions du pays, et qui travaillent toutes à différents systèmes dans le secteur de l’aérospatiale.
Soyons clairs à ce sujet, et ce rapport l’exprime très nettement: il faut revenir à l’essentiel. Le secteur aérospatial canadien n’est pas brisé, mais le rôle du gouvernement est à repenser. Pour terminer, je vais parler de ce dont il est vraiment question dans ce rapport et de ce que nous devons faire.
Premièrement, nous devons faire de l’aérospatiale un autre pilier de la politique industrielle canadienne. Nous avons constaté que cette industrie n’est pas bien exploitée. Nous entendons constamment des experts et des témoins parler du spectre de la politique industrielle. Nous avons malheureusement trop éparpillé nos efforts. Au Canada, nous semblons penser que nous allons tout donner à tout le monde et qu’au bout du compte, ce sera peut-être une très bonne stratégie avec laquelle le Canada évoluera, mais ce n’est pas le cas. Nous semblons trop vouloir faire flèche de tout bois. L’aérospatiale est l’une des industries canadiennes dans lesquelles nous pouvons nous permettre d’investir davantage, et nous allons en tirer davantage. C’est ce dont j’aimerais parler plus précisément.
Avant de le faire, je tiens à dire que je suis heureux de partager mon temps de parole avec le député de .
La deuxième partie est très importante. Lorsque nous parlons d’aérospatiale, cela veut dire que nous mettons l’accent sur la recherche et le développement, soit les premières étapes de l’innovation. Lorsque nous parlons d’autres secteurs au Canada où nous devons réussir, il s’agit de mettre l’accent sur les premières étapes de l’innovation, c'est-à-dire la recherche et le développement, parce que lorsque nous mettons l’accent sur la recherche et le développement, nous en tirons toujours quelque chose.
En ce moment, au comité des sciences et de la recherche, nous étudions également la question de la propriété de ce que nous créons ou la commercialisation de notre propriété intellectuelle. Nous examinons beaucoup de stratégies et constatons qu’il ne faut pas se limiter à une seule, mais qu’il faut vraiment mettre en œuvre toutes ces activités complexes en même temps. Toutefois, nous devons vraiment commercialiser la propriété intellectuelle et investir plus d'argent dans la recherche, et bien sûr nous concentrer notamment sur l'aérospatiale. Cela passe en partie par la déréglementation de l'industrie. Par ailleurs, le plus important est probablement la mise en place d'une stratégie nationale d'approvisionnement pour soutenir le secteur de la défense et de l'aérospatiale. Je voudrais vraiment me concentrer d’abord sur ce dernier point, parce que c'est le plus important.
Le Washington Post a publié hier un article très préoccupant, car on y mentionne que le a déclaré à l'OTAN que le Canada n'atteindra jamais son objectif de dépenses. C'est très inquiétant. Les lacunes militaires généralisées du Canada nuisent aux liens avec ses partenaires et ses alliés en matière de sécurité. Ces lacunes empêchent les forces armées canadiennes d’intervenir pleinement sur la scène internationale. Nous avons été incapables de respecter nos engagements auprès de l'OTAN et nos autres engagements dans le monde entier et cela a causé de très gros problèmes.
Les Américains s'inquiètent de notre capacité à protéger l'Arctique contre les agressions russes et chinoises. Les Allemands se demandent si le Canada continuera à aider l'Ukraine. La Turquie est déçue que l'armée canadienne ne soit pas suffisamment financée pour aider au transport de l'aide humanitaire requise à la suite du tremblement de terre qui l'a frappée au début du mois dernier. Haïti est frustré par la réticence d'Ottawa à diriger une mission multinationale de sécurité.
Cependant, le pire, ce sont les occasions économiques ratées. D'autres pays, comme l'Allemagne, le Royaume‑Uni, l'Australie et les États‑Unis, ont compris comment faire de la politique de défense une politique industrielle, et l'ont mise à profit pour créer des emplois rémunérateurs destinés à leurs citoyens et de fières entreprises privées qui fournissent des revenus à leurs pays. Voilà ce que le Canada doit faire, et voilà ce qu'il doit faire concernant la défense en lien avec l'aérospatiale.
La principale différence entre notre politique de défense et celle du Royaume‑Uni tient à ce que, là-bas, l'industrie est incluse dans la définition de la politique de défense dès le départ. Une fois la politique de défense et de sécurité britannique établie, la plupart des entreprises sélectionnées pour fournir les produits et services ont déjà été identifiées dans le cadre d'une stratégie de défense, puis d'une stratégie d'approvisionnement.
En 2017, 56 % des marchés publics britanniques ont été attribués à des fournisseurs uniques, dont une grande majorité à l'industrie britannique, ce qui représente des milliards de dollars pour le PIB du pays. Qu’en est-il pour le Canada et l'industrie aérospatiale? Eh bien, regardons notre voisin du sud et, bien sûr, le lancement de la fusée de ce matin.
Là où les chiffres sont vraiment imposants c'est à la NASA, qui dispose d’un plus grand budget que le budget de défense du Canada dans son ensemble. Pensons à SpaceX, une industrie privée: 85 % de son budget provient de la NASA. Pour ce qui est de la fusée qui a explosé ce matin, c’est probablement de mauvaises nouvelles pour Elon Musk, mais de bonnes nouvelles en ce qui concerne les ingénieurs et une partie du produit, parce qu’ils vont construire une nouvelle fusée et réessayer. Cela fait partie de la première étape de l’innovation pour les entreprises. Ils vont injecter davantage de cet argent dans ces industries. Les milliers d’ingénieurs, de concepteurs de produits et de travailleurs, comme je l’ai mentionné plus tôt, qui font partie de ce processus sont tout aussi stupéfiants que le PIB qui en découle.
En passant, SpaceX est associé avec Starlink, et cette entreprise américaine, financée, bien sûr, par la politique de défense et la NASA, fournit en fait un accès Internet à des Canadiens. Des centaines de milliers de Canadiens ont comme fournisseur d'accès à Internet non pas une entreprise canadienne, mais la société américaine Starlink, propriété d’Elon Musk, qui fait aussi partie de la politique d’approvisionnement qui a été lancée par la NASA. La NASA finance 85 % de SpaceX et financera sans aucun doute tous les nouveaux projets spatiaux à l’avenir.
Nous pouvons voir comment les dépenses de défense peuvent s'inscrire dans un plan de prospérité canadien bon pour les Canadiens qui se traduit par des emplois bien rémunérés et qui peut aussi constituer, bien sûr, une excellente politique industrielle.
Je veux revenir à la R et D et à ce que nous avions auparavant.
Avant le gouvernement libéral, nous avions quelques programmes sous le gouvernement conservateur, comme l’Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense, ou ISAD, et l’Association des industries aérospatiales du Canada, qui étaient spécifiquement consacrées au secteur de l’aérospatiale. Encore une fois, ces programmes spécifiques ont servi à la recherche et au développement dans le secteur pour certaines entreprises.
Lors de son témoignage devant le comité, M. Gilles Labbé, de l'entreprise Héroux-Devtek Inc., a parlé de l'exécution d’une commande de trains d’atterrissage. Il s’agit d’une entreprise basée au Québec qui avait un projet de trains d’atterrissage, et en parlant du projet, il a indiqué que le coût de la conception et du développement se situe habituellement entre 50 et 70 millions de dollars américains et que le processus peut durer jusqu’à cinq ans. Grâce aux programmes de l’ISAD que le gouvernement offrait auparavant, cela a été presque entièrement financé par le gouvernement et a aidé l'entreprise à gagner cinq ans et à évoluer. Elle est passée de 200 employés à plus de 2 000 employés actuellement. Ce qui est arrivé à ce programme de R et D, c’est que l’ISAD a été absorbée par le programme du Fonds stratégique pour l'innovation, ou FSI. Cependant, comme du beurre d’arachides étalé sur une tranche de pain bien trop grande, le FSI couvre de nombreux secteurs. Il ne se concentre pas sur l’aérospatiale en particulier. Ce qui se passe, c’est que les entreprises découvrent maintenant qu’elles passent à côté de l'innovation à la première étape et de la R et D.
Quand il est question de R et D en tant qu’objectif particulier de la politique industrielle, nous devrions nous inspirer d’exemples comme les activités de fabrication de pointe de la Defense Advanced Research Procurement Agency des États‑Unis et, bien sûr, nous pencher sur des secteurs précis. Encore une fois, j’insiste sur le fait que nous devons consacrer de la R et D au secteur particulier de l’aérospatiale et que nous devrions, lorsque nous examinons les politiques d’approvisionnement, y voir un avenir prometteur et l’occasion d’instaurer une politique industrielle canadienne, ce qui serait le seul moyen d’aider cette industrie à prospérer.
Il nous faudra nous pencher sur de nombreuses questions au chapitre de la défense, et l’aérospatiale fera certainement partie de la réponse. Nous, les Canadiens, devons viser haut en recommençant à voir l’aérospatiale non pas comme une simple filière, mais comme une industrie majeure sur le plan de la politique industrielle, de la recherche-développement et des politiques d’approvisionnement, ainsi qu'en cherchant à investir dans la défense et à faire le pont avec l’industrie aérospatiale afin de garantir la réussite du Canada, ds travailleurs et des entreprises.
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Madame la Présidente, je suis ravi de prendre la parole après une intervention aussi brillante de mon collègue de .
J’aimerais rappeler à ceux qui nous regardent et aux gens de ma circonscription que nous discutons aujourd’hui d’un rapport préparé par le Comité permanent de l’industrie et de la technologie de la Chambre des communes intitulé « Développement et soutien de l’industrie aérospatiale ». Ce rapport a été présenté au Parlement en juin 2022, mais l'étude s’est déroulée sur deux législatures puisqu’elle a commencé pendant la législature précédente, avant les dernières élections, alors que le chef conservateur actuel était vice-président de ce comité, et qu’elle s'est poursuivie dans cette législature-ci après la pandémie. L'étude s'est donc déroulée sur une longue période, et c’est ce qui explique le ton du rapport et la position de l’industrie.
J’observe que tous les intervenants ont mentionné des exemples d’entreprises du secteur aérospatial implantées dans leur région ou leur circonscription. Dans la mienne, à Lunenburg, une ville classée au patrimoine mondial par l’UNESCO, il y a une entreprise que beaucoup connaissent, Stelia North America, qui fabrique des pièces détachées pour l’Airbus 737 Max et les chasseurs F‑35. Malheureusement, le gouvernement a tellement tergiversé en disant d’abord qu’il n’allait pas acheter l’appareil pour finalement changer d’avis, qu’en attendant, beaucoup d’emplois ont disparu à Lunenburg. Il va falloir les récupérer, étant donné que le gouvernement a maintenant décidé d’acheter l’appareil qu’il avait dit qu’il n’achèterait pas.
Il faut bien comprendre ce qui s’est passé dans cette industrie. À la page six du rapport, il y a un paragraphe intéressant qui dit que « du cinquième rang occupé sur la scène internationale dans les années 1980, [l’industrie aérospatiale] était tombée au neuvième », et que « [j]adis le quatrième fabricant mondial d’aéronefs, le Canada n’était plus que le douzième ». On a déjà parlé de la Recommandation 5 du rapport, où il est question d’une stratégie pour l'industrie aérospatiale. Nous avons déjà eu des stratégies pour cette industrie, sous d’autres gouvernements, qui nous ont permis de jouer un rôle beaucoup plus important qu’aujourd’hui sur la scène internationale, mais depuis huit ans que les libéraux sont au pouvoir, nous n’avons plus de stratégie, et c’est ce que fait remarquer la Recommandation 5 du rapport qui a été adopté à l’unanimité. Je fais remarquer que les libéraux membres du comité l’ont approuvé aussi.
Depuis huit ans, quelle a été la stratégie des libéraux? Imposer une taxe de luxe sur les avions. C’était cela leur stratégie; pour les libéraux, une nouvelle taxe est toujours la bienvenue. En fait, la a déclaré l’an dernier, lorsqu’elle a instauré cette taxe, que c’était une façon de faire payer aux riches leur juste part. Or, dans la réalité, quand on regarde l’évolution des chiffres et de la performance de l’industrie, on voit que le coût de cette taxe est en fait assumé par les travailleurs de l’industrie aérospatiale, et pas par les entreprises. Je reviendrai là-dessus dans quelques instants.
Un rapport a été préparé par un économiste de Montréal, Jacques Roy, qui travaille pour HEC, un groupe de réflexion sur l'économie de Montréal. Il analyse l’impact de cette taxe mise en place le 1er septembre 2022 par les libéraux. Selon lui, les recettes fiscales générées par cette nouvelle taxe sont négligeables. Un rapport de mai 2022 du directeur parlementaire du budget estimait que la taxe de luxe, qui allait s’appliquer aux voitures, aux avions et aux bateaux de luxe, permettrait de générer 163 millions de dollars en 2023-2024, mais que la taxe sur les avions ne représenterait que 9 millions de dollars de cette somme. Le directeur parlementaire du budget prévoyait également que l’imposition de la taxe se traduirait par une réduction annuelle des ventes d’avions de 30 millions de dollars. Il est donc clair que cette taxe a eu beaucoup plus d’impact sur les emplois et sur l’économie que sur les rentrées fiscales du gouvernement.
Cette taxe a eu aussi un impact sur la réputation de notre industrie. Dans son rapport, le directeur parlementaire du budget mettait aussi en garde contre des réactions imprévues à l’imposition de cette taxe. L’imposition d’une nouvelle taxe donne toujours lieu à des réactions imprévues. L’économiste a fait une analyse approfondie des impacts de cette taxe, et je vais vous faire part de ses conclusions.
Un avion doit être utilisé à 90 % à des fins professionnelles pour être exonéré de la taxe. Cette condition s’est révélée inapplicable, car les avions que des entreprises comme Bombardier vendent ne sont pas utilisés en tout temps par l’entreprise. En raison de la manière dont ces avions sont utilisés, la qualification ne s’applique pas aux entreprises. Les commentateurs ont fait remarquer que le seuil de 90 % est sévère par rapport à la norme d’utilisation principale; dans les autres pays qui ont adopté cette norme, le seuil n’est généralement que de 50 %. Ce critère est couramment utilisé aux États-Unis et en Europe comme autre moyen de déterminer si la taxe s’applique aux jets.
Les recherches du directeur parlementaire du budget ont fait ressortir une préoccupation quant à l’étroitesse de l’exception. Bien que la taxe vise les avions vendus à des particuliers pour un usage non professionnel, elle s’applique également dans la pratique à des situations d’usage mixte, c’est à dire pour un usage professionnel et un usage personnel, lorsqu’il n’est pas possible de déterminer avec certitude que le critère des 90 % a été respecté. À cet égard, il est important de comprendre les pratiques uniques du secteur aérospatial. Les acheteurs d’avions et d’hélicoptères d’affaires confient généralement la gestion, l’entretien et la maintenance de ces appareils à des sociétés de gestion et de location. Même les propriétaires qui acquièrent un jet principalement à des fins professionnelles et qui n’ont pas l’intention de l’utiliser à des fins personnelles auront beaucoup de difficulté à déterminer si le critère des 90 % s’applique. Ils demanderont aux sociétés de crédit-bail de louer l’avion à d’autres clients lorsqu’ils ne l’utilisent pas.
C’est là que le problème se pose. Les sociétés de crédit-bail au Canada peuvent louer ces avions à des courtiers d’affrètement aux États-Unis. Ceux-ci peuvent à leur tour affréter l’avion pour leurs propres clients. La personne qui sous-loue ou loue l’appareil peut l’utiliser à des fins professionnelles ou personnelles. Le propriétaire ne dispose que de très peu d’information, voire aucune, concernant les autres usages de l’aéronef dans ces circonstances, notamment en raison des lois sur la protection de la vie privée. Il peut donc être très difficile, voire impossible, de déterminer si l’objectif des voyages effectués dans ces cas est professionnel ou personnel. Il est donc particulièrement difficile d’établir si le critère des 90 % a été respecté.
D’après les entretiens menés par le directeur parlementaire du budget dans le cadre de cette recherche, la taxe de luxe a déjà eu une incidence considérable. La réaction négative des clients s’est traduite par la perte de ventes pour les fabricants canadiens de produits aérospatiaux et leur chaîne d’approvisionnement. On estime que le segment des avions d’affaires a connu une baisse de 8 % de ses ventes en 2022 à cause de la taxe. Cela représente environ 480 millions de dollars de ventes perdues. Ce chiffre est nettement plus élevé que les 30 millions de dollars projetés par le directeur parlementaire du budget. Ce dernier a estimé que cette baisse des ventes entraînerait la perte d’environ 750 emplois directs au Canada. Cette estimation est fondée sur le nombre d’emplois directs nécessaires à la production des avions dont les ventes ont été perdues. L’impôt sur le revenu payé par ces seules personnes dépasse les recettes annuelles attendues par le gouvernement au titre de la taxe de luxe.
Dans le cas des hélicoptères, la recherche indique que les particuliers sont susceptibles de reporter ou d’abandonner l’achat d’environ cinq nouveaux hélicoptères par année ou d’acheter un modèle d’occasion. Cela se traduira par la perte de 15 emplois à temps plein et d’environ 1,3 million de dollars en salaires annuels.
Les pertes de ventes se répercutent également sur l’industrie aérospatiale et sur la chaîne d’approvisionnement. Pour les avions d’affaires seulement, on estime que la perte de 750 emplois directs entraînera l’élimination de 1 200 emplois supplémentaires dans la chaîne d’approvisionnement canadienne de l’industrie. Le directeur parlementaire du budget estime que l’impôt sur le revenu de ces travailleurs à l'échelon fédéral seulement s’élève à environ 14,3 millions de dollars.
À mon avis, ces chiffres sont assez prudents. Ils seraient beaucoup plus élevés si nous ajoutions les chiffres pour toutes les pertes d’emplois indirectes et induites dans l’industrie. Ils sous-estiment également l’incidence des activités d’entretien, de réparation et de révision sur d’autres petites et moyennes entreprises dont les représentants n’ont pas été interrogés dans le cadre de la recherche.
Comme je risque de manquer de temps, je dirai simplement que la stratégie préconisée dans ce rapport est une stratégie fiscale. C’est la seule que nous ayons vue après huit ans de gouvernement libéral. C’est là où le gouvernement veut en venir, et il en résultera des pertes d’emplois et des pertes économiques massives pour notre pays.