propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de pouvoir entamer le débat sur le projet de loi , qui est le fruit du militantisme, des efforts et du leadership de tant de gens, surtout les Canadiens qui ont été profondément touchés par la violence liée aux armes à feu.
C'est avec une extrême humilité que j'interviens à la Chambre pour leur exprimer ma reconnaissance, à eux et à tous ceux qui ont contribué à cette loi qui, selon les ministériels, constitue un énorme progrès et une étape importante. C'est probablement la mesure la plus importante que nous ayons prise depuis une génération en matière de réforme des politiques et des lois sur les armes à feu.
Je désire attirer l'attention de la Chambre sur plusieurs personnes que j'ai eu le privilège d'apprendre à connaître lors du parcours menant à ce débat.
Ce sont de bonnes personnes comme Ken Price et Claire Smith, dont la fille Samantha a été blessée dans la fusillade tragique survenue sur l'avenue Danforth, dans ma ville, et des gens comme Nick Beaton, qui a perdu sa femme enceinte dans la fusillade de Portapique et Truro, en Nouvelle‑Écosse.
[Français]
J'ai rencontré des personnes du Québec, comme l'imam Boufeldja Benabdallah, de la mosquée de Québec, et Nathalie Provost, une survivante si inspirante de la fusillade à l'École polytechnique de Montréal.
[Traduction]
Plus récemment, j’ai rencontré Eileen Mohan, qui a perdu son fils il y a une quinzaine d'années. Il n’était qu’un jeune garçon. C’était un être innocent, pris entre deux feux en Colombie‑Britannique. Il fait partie des victimes du sextuple meurtre commis à Surrey.
Lorsque j’ai rencontré Eileen, il y a environ une semaine, elle m’a dit — et je n’oublierai jamais son regard — qu’elle était fière. Cela faisait 15 ans qu’elle attendait que le gouvernement présente un projet de loi comme celui que nous proposons, pour qu’aucune autre mère, aucun autre parent et aucune autre personne n’ait à perdre un être cher comme elle l’a fait.
Il est vraiment difficile de mettre des mots sur le sentiment de perte et de détresse qui transparaît dans mes conversations avec ces personnes. C’est ineffable. Ma plus grande motivation, et j’espère sincèrement que c’est aussi celle de tous les députés, c’est de faire en sorte d’améliorer le sort de ces personnes en adoptant ce projet de loi.
Je dois dire que cela a été extrêmement difficile. Je vois la patience dont ces survivants ont fait preuve. C’est comme si, depuis le moment où ils ont perdu un être cher ou depuis le moment où ils ont été directement touchés par la violence liée aux armes à feu, ils escaladent une montagne aussi haute que l’on puisse se l’imaginer, et les éléments se déchaînent contre eux: la neige, la pluie, le vent, les éboulements et les avalanches. Malgré tous ces obstacles, ils ont persévéré et ils se sont battus de toutes leurs forces.
Je veux simplement faire comprendre à tous les députés et à tous les Canadiens que c'est pour cette raison que nous sommes ici. Nous sommes ici pour eux. Nous ne devons jamais l'oublier.
Au cours des dernières années, il est devenu de plus en plus impératif que nous prenions des mesures supplémentaires pour revoir non seulement nos lois sur les armes à feu, mais aussi toute notre stratégie de lutte contre la violence liée aux armes à feu. Un rapport de Statistique Canada qui a été publié il y a un peu moins de deux semaines a vraiment mis en lumière l'ampleur du problème. La violence liée aux armes à feu a augmenté de 81 % depuis 2009. Le nombre d'homicides par arme à feu est en hausse. La violence liée aux armes de poing, en particulier, est en hausse et c'est le type d'arme à feu le plus employé pour commettre un homicide. Il est alarmant de constater que la violence familiale, la violence entre partenaires intimes et la violence fondée sur le sexe sont toutes en hausse en raison de la présence d'armes à feu et de la violence liée aux armes à feu. Peu importe notre position dans ce débat ou notre point de vue, c'est la preuve qu'il y a une chose qui nous unit tous, à savoir la nécessité d'en faire plus.
Le projet de loi est le fruit des conseils que nous avons reçus de nombreuses circonscriptions, notamment de la part des survivants et de bien d'autres personnes, ce dont je parlerai dans un instant, pour prendre des mesures supplémentaires afin de faire mieux. Nous avons eu l'occasion de commencer à expliquer les dispositions du projet de loi et je vais profiter des prochaines minutes pour donner des détails supplémentaires sur la façon dont ces dispositions s'attaqueraient, très spécifiquement, aux problèmes si pernicieux et si répandus dans les collectivités canadiennes.
En premier lieu, le projet de loi introduirait pour la première fois un gel national sur les armes de poing. En termes très clairs, cela signifie qu’éventuellement, personne ne pourrait acheter, vendre, transférer ou importer une arme de poing au Canada. Des exemptions seraient prévues pour les forces de l’ordre et les travailleurs de l’industrie de la sécurité, et certaines exceptions pour les athlètes prenant part à des compétitions internationales pour représenter le Canada et autres activités de ce genre. À l’avenir, le marché serait restreint par un seuil et l’on mettrait un terme à la tendance de la croissance astronomique des diverses catégories d’armes à feu et d’armes de poing, avec une augmentation moyenne de 45 000 à 55 000 nouveaux enregistrements chaque année. Les députés peuvent s’imaginer à quelle vitesse et dans quelle proportion le marché des armes de poing prend de l’ampleur dans notre pays.
À mon avis, ce n’est pas une coïncidence si la croissance astronomique de l’univers des armes de poing est proportionnelle à la prévalence de l’utilisation des armes de poing pour commettre des crimes violents graves, jusqu’au meurtre: les homicides. Par conséquent, nous mettons un terme à cette tendance. C’est l’un des principaux éléments du projet de loi.
La dernière chose que je dirai sur la priorité et l'urgence qui sous-tendent ce moment en particulier est que depuis que le gouvernement a annoncé son intention d'adopter le projet de loi , il y a eu une augmentation des ventes d'armes de poing au Canada. Le gouvernement s'y attendait et il s'y était préparé. Voilà pourquoi, en plus de présenter le projet de loi , nous avons en même temps présenté à la Chambre des communes des règlements qui modifieraient la Loi sur les armes à feu pour nous permettre de mettre rapidement en œuvre un gel national des armes de poing pour freiner la croissance du nombre d'armes de ce type. Encore une fois, ces armes sont de plus en plus employées pour commettre des infractions criminelles qui aboutissent à l'homicide.
Plus tôt aujourd'hui, plusieurs députés qui font partie du caucus du gouvernement au sein du Comité permanent de la sécurité publique et nationale ont proposé une motion demandant l'accord unanime pour apporter rapidement des modifications à la réglementation associée à la Loi sur les armes à feu, de manière à mettre en œuvre rapidement le gel national sur les armes de poing et ses conséquences. Nous n'avons pas obtenu de consensus au comité, malheureusement; fidèle à son habitude, le Parti conservateur du Canada a encore une fois fait obstruction au débat.
En fait, le débat actuel était censé commencer vendredi dernier. J'étais ici même, à mon siège, après la période des questions. Alors que j'espérais lancer la deuxième lecture, la Chambre a plutôt été inondée de motions d'adoption présentées, de toute évidence, pour retarder le débat sur le projet de loi . Je suis heureux que nous commencions enfin ce débat. Il est temps de laisser de côté toutes ces manœuvres et de passer aux choses sérieuses. Nous devons lire le projet de loi et en débattre.
La mise en place d’un gel national des armes de poing est la première mesure. La deuxième, c’est que le projet de loi s’attaquera de façon très directe et intentionnelle au crime organisé. Pour accomplir cela, tout d’abord, il augmentera les peines maximales de 10 à 15 ans pour les passeurs et les trafiquants d’armes à feu illégales à la frontière. Quel est l’objet de cette déclaration d’intention? C’est d’envoyer un message très clair et très puissant à tous ceux qui participent au trafic d’armes à feu illégales, pour leur dire qu’ils risquent des peines plus sévères. C’est tout à fait approprié compte tenu des tendances alarmantes auxquelles j’ai déjà fait allusion et compte tenu du rapport inquiétant de Statistique Canada montrant que la violence par arme à feu est à la hausse dans différentes catégories, et ce, depuis un certain temps.
De plus, en consultation avec nos partenaires des forces de l’ordre et des provinces et des territoires, nous accordons aussi de nouveaux pouvoirs d’enquête à la police en ajoutant aux infractions admissibles en vertu du Code criminel, sous la catégorie qui concerne précisément les armes à feu…
Une voix: Oh, oh!
:
Madame la Présidente, comme je le disais, le projet de loi donnera aux policiers de nouveaux pouvoirs d'enquête en ajoutant des infractions à la liste des infractions commises avec une arme à feu permettant aux policiers d'obtenir des mandats d'écoute électronique. Comme j'ai travaillé dans le système de justice pénale à titre de procureur fédéral, je peux confirmer que l'écoute électronique permet aux forces de l'ordre d'empêcher la perpétration de crimes. L'ajout de ces pouvoirs envoie un message clair aux personnes qui font du trafic d'armes à feu: elles s'exposeront à des peines plus sévères et nous allons donner aux policiers des pouvoirs supplémentaires pour les arrêter.
C'est la deuxième chose que je voulais souligner. La troisième, c'est que nous devons mettre fin une fois pour toutes à une autre tendance parallèle. Il s'agit de la violence fondée sur le sexe qui survient dans les milieux de travail, dans les collectivités, dans les résidences et en ligne. Il y a un lien entre la violence fondée sur le sexe et les armes à feu. De 2013 à 2019, le nombre d'incidents de violence fondée sur le sexe impliquant une arme à feu a augmenté de plus de 30 % et la tendance se maintient.
Une des choses que ferait le projet de loi , c'est de créer des dispositions de signalement. Ce genre de disposition permet à toute personne de demander à un juge d'ordonner la saisie d'une arme à feu ou de suspendre le permis d'une personne qui possède une arme à feu si cette dernière représente une menace pour quiconque ou pour elle-même.
[Français]
C'est un outil pratique et efficace qui peut renverser la tendance négative en offrant un autre mécanisme de protection. C'est sur les conseils des organismes qui représentent les femmes et les survivants que nous avons ajouté une modification aux lois « drapeau rouge » afin de protéger l'identité de la personne qui demande au tribunal d'appliquer ce mécanisme. C'est donc un exemple du travail que nous faisons avec les communautés touchées par la violence causée par les armes à feu.
[Traduction]
Le projet de loi propose aussi des mesures préventives, qui limiteraient le pouvoir discrétionnaire des autorités en exigeant la révocation automatique du permis de port d'armes de toute personne sous le coup d'une ordonnance d'interdiction ou sujette à le devenir. Encore là, nous avons écouté très attentivement les groupes que nous avons consultés pour l'élaboration du projet de loi .
Ce projet de loi prévoit également beaucoup d'autres choses. Des dispositions très précises visent l'utilisation de répliques d'armes à feu, qui présentent un danger important, surtout pour les forces de l'ordre qui, au moment de répondre à un appel pour un incident lié à une arme à feu, arrivent très difficilement à faire la distinction entre une véritable arme à feu et une réplique.
Des dispositions visent l'apologie de la violence armée. Je suis convaincu que tous les députés se préoccupent de l'effort extrêmement concerté et ciblé cherchant à présenter les armes comme étant inoffensives ou pouvant être utilisées avec insouciance par les enfants et les jeunes. Personne ne devrait faire l'apologie de la violence. Des dispositions du projet de loi s'attaquent à cette question aussi.
Nous avons mené de vastes consultations afin de déterminer les diverses mesures à inclure dans le projet de loi . Comme je l'ai dit, nous avons consulté des groupes de survivants ainsi que des groupes de femmes et des militants qui défendent les intérêts des femmes. Ce sont des intervenants qui font valoir les droits des victimes. Nous avons écouté leur avis très attentivement. Je crois sincèrement que, grâce à ces conversations, ces intervenants constateraient aujourd'hui que leur avis a été pris en considération dans le texte de ce projet de loi.
Nous avons écouté très attentivement l'avis des forces de l'ordre, surtout en ce qui a trait aux dispositions visant à lutter contre la contrebande d'armes à feu illégales, à dissuader les gens de commettre des crimes avec des armes à feu et à fournir aux autorités des ressources supplémentaires pour qu'elles puissent faire leur travail. L'Association canadienne des chefs de police a dit que le projet de loi serait un pas dans la bonne direction pour protéger les collectivités.
C'est ce qui m'amène à croire que le projet de loi est largement appuyé par bon nombre de Canadiens. Je parle non seulement des groupes que j'ai mentionnés, mais aussi des maires de grandes villes et de collectivités rurales que j'ai rencontrés la semaine dernière, en Saskatchewan, et qui se sont dits favorables au projet de loi .
J'espère que nous étudierons le projet de loi avec l'urgence et le sérieux qui s'impose. Il importe également de souligner que le projet de loi doit être considéré dans le contexte plus large de tout ce que le gouvernement fait, par exemple interdire partout au pays les AR‑15, des fusils d'assaut qui n'ont pas leur place dans nos collectivités; prendre les arrangements nécessaires pour introduire un programme de rachat obligatoire, afin de retirer pour de bon ces armes de la circulation; donner suite au projet de loi pour assurer la vérification appropriée des antécédents, afin que les armes ne tombent pas entre les mains des mauvaises personnes; et distribuer plus rapidement les 250 millions de dollars du Fonds pour bâtir des communautés plus sécuritaires, afin de nous attaquer aux causes profondes et aux déterminants sociaux des crimes commis avec des armes à feu.
Nous devons le faire le plus rapidement possible pour les survivants dont j'ai parlé au début de mon allocution ce soir. Ils sont toujours en train de gravir cette montagne. Ils continueront de se battre pour atteindre le sommet. C'est un long voyage, mais le gouvernement sera là avec eux à chaque étape du chemin. Le projet de loi est un pas très important dans cette direction. J'espère que tous les députés, après mûre réflexion, appuieront ce projet de loi. C'est ce qu'il convient de faire. C'est ainsi que nous pourrons éradiquer la violence liée aux armes à feu et protéger tous les Canadiens.
:
Madame la Présidente, je suis très honorée de prendre la parole au sujet du projet de loi .
Nous sommes aux prises avec un très grave problème de violence liée aux armes à feu au pays, un problème qui inquiète grandement les conservateurs des quatre coins du Canada. Je dois dire qu'à la suite des rumeurs au sujet de l'annonce des libéraux qui devait se faire en grande pompe au Château Laurier ici, au centre-ville d'Ottawa, j'avais hâte d'entendre des mesures qui pourraient avoir de véritables effets sur ce problème dévastateur qui a déchiré des familles et fauché la vie d'innocents. Cependant, j'ai été très, très déçue. Les libéraux ont laissé passer une occasion d'offrir un véritable espoir aux Canadiens que la violence liée aux armes à feu diminuerait.
Ce qui est intéressant, c'est que depuis l'arrivée au pouvoir du il y a sept ans, la violence liée aux armes à feu et les crimes violents au Canada n'ont cessé d'augmenter. De toute ma vie, la situation n'a jamais été aussi mauvaise en ce qui concerne les statistiques sur les armes à feu dans le pays et les meurtres commis avec une arme à feu à Toronto, à Montréal, à Winnipeg, à Saskatoon, à Edmonton et à Vancouver. Le problème est très grave. C'est pourquoi j'ai été déçue par l'annonce du gouvernement. En effet, elle n'aura aucun effet significatif sur la violence liée aux armes à feu, et nous avions désespérément besoin d'une annonce de mesures efficaces.
Je vais donner quelques statistiques en matière de criminalité, parce qu'elles sont alarmantes. Le taux d'homicides a augmenté de 7 % par rapport à l'année dernière. Cette hausse est constante depuis des années, ce qui fait que, aujourd'hui, 2 Canadiens sur 100 000 sont victimes d'homicide. Encore une fois, les crimes violents ont augmenté de 5 % au cours des six dernières années. Les crimes liés aux armes à feu ont augmenté pour une sixième année d'affilée. Ce sont les statistiques de l'année dernière, alors nous verrons où elles en seront cette année, mais d'après les rapports de police, on dirait bien que cette année sera l'une des pires de l'histoire. Les homicides sont à leur plus haut en 30 ans et au moins le tiers sont commis au moyen d'une arme à feu.
Ma circonscription se trouve à Winnipeg. Année après année, on la déclare la capitale canadienne des crimes violents, alors je peux constater moi-même la dévastation causée par les crimes violents et la criminalité armée dans les collectivités, en particulier dans les collectivités vulnérables.
D'ailleurs, en 2014 à Toronto, avant que le arrive au pouvoir, il y avait eu 177 incidents d'utilisation illégale d'arme à feu. Aujourd'hui, ce nombre est de 462. Nous sommes passés de 177 incidents à 462 à Toronto. À l'évidence, l'approche préconisée par les libéraux est un échec lamentable pour ce qui est d'assurer la sécurité des collectivités. C'est un fait, les collectivités canadiennes sont moins sûres qu'avant. La sécurité des Canadiens se détériore depuis que le premier ministre est au pouvoir. Encore une fois, les libéraux avaient l'occasion de corriger la situation lors de leur annonce, mais ils ne l'ont pas saisie.
À Winnipeg, cela nous préoccupe gravement. Le secteur nord de Winnipeg accueille une communauté principalement autochtone où les dépendances, les homicides, les crimes violents, la violence familiale, la violence conjugale et les mauvais traitements infligés aux enfants constituent un problème considérable. En fait, au Manitoba, les services à l'enfance et à la famille prennent en charge plus d'enfants par habitant que n'importe où ailleurs dans le monde, et au moins 90 % à 97 % d'entre eux sont autochtones. Nos prisons, à tous les niveaux, sont remplies de jeunes Autochtones. C'est un grave problème au pays.
Nous avons également des femmes autochtones disparues ou assassinées. Les femmes autochtones du Manitoba sont les plus touchées par ces statistiques horribles. Pourtant, le gouvernement présente le projet de loi . D'une part, le a déclaré dans son discours qu'il augmente la peine minimale obligatoire associée à certaines infractions liées aux armes à feu pour dissuader les criminels, d'autre part, son collègue élimine la peine d'emprisonnement minimale obligatoire associée à de graves infractions commises à l'aide d'une arme à feu.
On parle de crimes tels qu'un vol qualifié commis avec une arme à feu. Dorénavant, si une personne en vole une autre sous la menace d'une arme à feu, rien ne garantit qu'elle ira en prison. Elle pourrait en fait purger une peine de détention à domicile dans la collectivité même où elle a commis un crime violent. L'extorsion perpétrée avec une arme à feu et la décharge d'une arme à feu dans l'intention de blesser quelqu'un, c'est-à-dire tirer vers quelqu'un en espérant que la balle le frappe, n'entraîneront plus une peine d'emprisonnement minimale obligatoire sous le gouvernement libéral. Il en va de même pour l'utilisation d'une arme à feu pour commettre une infraction et bien d'autres crimes encore. En fait, grâce au projet de loi , les trafiquants de drogue ne seront plus passibles d'une peine d'emprisonnement minimale obligatoire.
D'un côté, les libéraux disent sévir contre les criminels, mais de l'autre, ils les laissent s'en sortir à bon compte, voire avec une peine de détention à domicile, qu'ils pourront purger dans la collectivité qu'ils ont terrorisée.
Parlons de la suppression des peines d'emprisonnement pour le trafic de drogue, ce qui est profondément lié — comme mon collègue du NPD l'a exposé dans sa question — à la violence liée aux armes à feu au Canada. Pas plus tard que l'an dernier, plus de 7 000 Canadiens sont morts d'une surdose de drogue, surtout des opioïdes, c'est-à-dire du fentanyl ou du carfentanil. Les jeunes risquaient plus de mourir d'une surdose de drogue que de la COVID. Cela montre bien la gravité de l'épidémie de drogue dans notre pays.
Nous préconisons tous des approches différentes pour essayer de résoudre cette crise. Cependant, je dirais que la suppression des peines d'emprisonnement obligatoire pour les personnes qui vendent de la drogue aux Canadiens vulnérables et qui font du trafic de drogue dans notre pays n'est pas la bonne approche.
Ces gens sont responsables du meurtre de milliers de Canadiens, en particulier en Colombie‑Britannique. C'est un problème qui touche particulièrement les jeunes. En conséquence, l'approche du gouvernement à l'égard des armes à feu et des crimes violents, malgré la hausse des chiffres, n'a aucun sens.
Puis, le gouvernement propose ce gel des armes de poing. Le a beau affirmer constamment vouloir mettre fin à cette tendance avec le gel des armes de poing, nous savons que les armes de poing utilisées par les gangs pour commettre des crimes à Toronto ne proviennent pas de propriétaires légitimes d'armes à feu. Elles sont importées illégalement des États‑Unis, et j'y reviendrai.
Je trouve particulièrement intéressant qu'un grand nombre d'intervenants, notamment des policiers, aient pris la parole pour dire que les interdictions et les programmes de rachats d'armes de poing ne fonctionneront pas. Ils ne permettront pas de contrer la hausse de la violence liée aux armes à feu au pays.
En fait, je vais commencer par une citation intéressante: « Le registre des armes d'épaule a été un échec [...] Il existe de meilleurs moyens d'assurer notre sécurité que ce registre, qui a été éliminé. » Bien qu'il ne soit pas question du registre aujourd'hui, il s'agit d'un mécanisme de contrôle des armes à feu qui avait été mis en place par un ancien gouvernement libéral. Je pense donc que cette citation est pertinente.
Cette même personne a dit: « J'ai grandi avec des armes d'épaule, des fusils et des carabines [...] la GRC m'a surveillé avec des armes de poing et j'ai eu l'occasion, ici et là, de jouer avec elles », bien que les agents de la GRC étaient « très responsables » en sa présence. Il a ajouté: « J'ai été élevé en comprenant à quel point dans les régions rurales et partout au pays, la possession des armes fait partie de la culture du Canada. » C'est une personne très importante qui a dit cela. Il a poursuivi ainsi: « Je ne pense pas qu'il y a une énorme contradiction entre maintenir nos villes à l'abri de la violence armée et des gangs et permettre cet aspect important de l'identité canadienne, qui est d'avoir une arme à feu. »
C'est ce qu'a dit le du Canada en 2012 ou 2013. Wow, comme les temps ont changé.
En ce qui concerne l'interdiction des armes de poing, voici une citation d'une autre personne qui remplit une charge importante dans le gouvernement libéral: « Je crois qu'une telle proposition risquerait de coûter très cher. Cela dit, et c'est tout aussi important, je doute que ce soit la solution la plus efficace pour restreindre l'accès des criminels à de telles armes, puisque cela ne réglerait pas le problème des armes introduites illégalement au pays. » C'est ce qu'a dit le , l'ancien ministre de la Sécurité publique. Ce sont ses mots.
Puis, il y a Myron Demkiw, le chef adjoint du Service de police de Toronto, qui lutte contre les criminels munis d'armes à feu, sur la ligne de front, au centre-ville de Toronto. Lui et ses coéquipiers mettent leur vie en danger pour protéger les collectivités contre la violence armée. À propos des armes à feu, il a déclaré ceci: « Elles ne proviennent pas de notre pays. Elles proviennent de l’extérieur de nos frontières. Ce qui pose problème à Toronto, ce sont les armes de poing en provenance des États‑Unis. » Quand je lui ai demandé son opinion à propos de l’interdiction des armes de poing et de leur rachat, comme propose de le faire le gouvernement à l’avenir, il a dit ceci: « Investir dans ce que vous décrivez ne réglera certainement pas le problème à Toronto, car ce sont les armes de poing illégales et leur utilisation à des fins criminelles dont il est question. » Quand je lui ai demandé si nous devrions investir davantage dans les services de police ou interdire les armes à feu, il m’a répondu: « Un investissement pour régler le problème à la source serait une manière plus judicieuse d’utiliser les ressources. » Il ne fait aucun doute qu’à son avis, les mesures envisagées ne seront pas efficaces, et il parle en sa qualité d’intervenant au cœur de la lutte contre la violence armée au Canada.
En fait, j’ai des pages et des pages de citations d’intervenants de première ligne qui sont confrontés à ce phénomène plus que quiconque. Ils disent tous que l’interdiction des armes de poing ne donnera pas les résultats escomptés parce que cela ne s’attaque pas à la source du problème.
Le comité de la sécurité publique et nationale, dont je suis vice-présidente, a étudié récemment la question des armes à feu et des gangs. Nous avons eu des débats très vigoureux. Nous avons entendu des experts de la police, des experts de la criminalité et des intervenants communautaires. Aucune des recommandations de notre rapport ne portait sur l'interdiction des armes de poing, parce qu'aucun des experts, des experts de la police et des experts communautaires de la lutte contre les gangs n'a dit que ce serait une solution. Ils ont tous dit, au contraire, qu'une telle mesure ne fonctionnerait pas, puisqu'on sait grâce à la police de Toronto que plus de 85 % des armes de poing utilisées pour commettre des crimes violents à Toronto arrivent des États-Unis par contrebande. C'est un problème grave, qui va en s'aggravant et auquel le gouvernement ne s'est pas attaqué.
Je suis une députée de Winnipeg. Récemment, j'ai visité le quartier général de la police de Winnipeg, où on m'a montré les produits confisqués lors d'une saisie de drogue d'une valeur de 500 000 $. Il y avait plein d'opioïdes mortels, des tas d'argent comptant et une table très longue remplie d'armes à feu qu'on avait saisies des gangsters. On fait mensuellement de telles saisies. J'ai bien regardé toutes les armes. On m'a dit que, premièrement, sans exception, toutes les armes sur la table étaient déjà prohibées — non seulement à autorisation restreinte, mais prohibées. Personne n'aurait pu importer ces armes au Canada légalement, peu importe le permis qu'elle possède. La deuxième chose qu'on m'a dite était que toutes les armes provenaient de la contrebande en provenance des États-Unis. On m'a montré une carte des voies ferrées qui sillonnent l'Amérique du Nord du Mexique au centre des États-Unis, jusqu'à Winnipeg.
D'après les policiers, une quantité importante de drogue et d'armes à feu qui servent à tuer des Canadiens arrivent des États‑Unis par le chemin de fer. Au comité, j'ai donc demandé aux agents des services frontaliers pourquoi ils ne pouvaient empêcher cette contrebande. Ils m'ont répondu qu'ils n'avaient pas les moyens de vérifier plus d'un millionième des wagons, soit pratiquement aucun des wagons qui entrent au Canada. La capacité de vérification dans les ports d'entrée maritimes est également infime. Il y a de graves problèmes de roulement de personnel à la frontière. Nous avons besoin de plus d'agents frontaliers et de meilleurs moyens technologiques pour endiguer la contrebande d'armes à feu. Tous les experts s'entendent pour dire que c'est là que se situe le problème.
Le gouvernement actuel dépense plus que tout autre gouvernement de l'histoire, même plus que tous les gouvernements antérieurs combinés si on prend en compte les déficits. S'il voulait réellement régler le problème de la violence armée, il accorderait des milliards de dollars aux services frontaliers pour renforcer la sécurité, car, nous le savons, le Canada possède la plus longue frontière non gardée de la planète et c'est avec un pays où il y a plus d'armes à feu que de personnes. Il faut donc être sérieux quant à l'effort herculéen que nous devons entreprendre pour régler ce problème, que tous les députés, je crois, souhaitent régler.
Je vais parler de la police. J'en ai déjà parlé. Nous savons que dans les régions rurales en particulier, mais aussi dans les villes, les policiers ont de la difficulté à répondre aux appels. S'il y a une entrée par effraction à Winnipeg, il peut s'écouler un mois avant que des policiers ne viennent enquêter, parce qu'ils sont débordés par les actes de violence armée et les crimes violents. Voilà où nous en sommes. Je ne parlerai même pas des appels d'urgence dans les régions rurales du Canada. La situation est insupportable pour les habitants de ces régions.
Pour répondre à la demande, nous avons besoin de beaucoup plus de policiers et d'investir considérablement dans les groupes d’intervention contre les gangs criminalisées et les armes à feu dans ce pays. Si on parle à des policiers sur le terrain, ils diront qu'ils manquent de ressources et qu'ils ne peuvent pas répondre à la demande. Les décès causés par la toxicomanie et les armes à feu ne cessent d'augmenter et ils ont besoin d'aide. Par conséquent, il faut investir dans la sécurité à la frontière, dans la police et dans les groupes d’intervention contre les gangs criminalisées et les armes à feu. Ces investissements considérables représentent la seule solution qui nous permettrait de réduire nettement la violence liée aux armes à feu.
Par ailleurs, au comité, nous avons reçu plusieurs membres remarquables de groupes communautaires de Toronto. L'un d'entre eux, Marcell Wilson, est un ancien criminel endurci qui a été réadapté. Il s'est repris en main, et il a lancé le One by One Movement. Ce mouvement sauve des jeunes à risque dans des collectivités vulnérables et les empêche de se joindre à des gangs et de tomber dans la criminalité. Cet homme et son organisation sauvent des jeunes en les détournant de la criminalité. Il y a une organisation semblable dans ma localité, qui s'appelle la Bear Clan Patrol. Cette dernière exerce ses activités essentiellement dans le Nord de Winnipeg, où beaucoup de gens souffrent de traumatismes. Il y a des organisations communautaires semblables partout au pays. Elles ont besoin de soutien et d'investissements considérables de tous les ordres de gouvernement. Voilà une solution à long terme pour la violence liée aux armes à feu que nous observons.
Je crois que nous pouvons nous entendre sur bien des éléments dans ce dossier. Le ministre a parlé de lois permettant aux forces de l'ordre de confisquer rapidement des armes à feu en cas de signalement de comportement alarmant. Il a également parlé d'accroître les pénalités pour les contrebandiers qui font entrer des armes au Canada ainsi que de quelques autres mesures mineures qui, je crois, feront l'unanimité à la Chambre. Donc, aujourd'hui, en toute bonne foi, nous avons consulté les autres partis et proposé une motion. En fait, je n'ai pas pu la lire. On m'a interrompue. Alors, je vais donc la lire maintenant, aux fins du compte rendu. Cette motion visait à dépolitiser ce dossier. Comme pratiquement tous les propriétaires d'arme à feu au pays, les conservateurs croient fermement que le gouvernement actuel ne souhaite aucunement régler la violence armée et souhaite plutôt stigmatiser et diviser les Canadiens à l'égard de cette question. Par conséquent, nous voulions aborder la question sans esprit de parti et reconnaître qu'il y a des portions du projet de loi qui nous plaisent énormément au sujet desquelles nous pourrions collaborer afin de les envoyer au comité, de les étudier et de les adopter rapidement. Accélérons le processus et, espérons-le, sauvons des vies grâce à ces mesures, dont l'étude en comité nous permettra de confirmer l'efficacité. Réservons le débat à la Chambre pour les questions plus controversées. Il n'y a rien d'inhabituel à scinder un projet de loi. C'est possible. Il s'agit d'un outil démocratique à notre disposition.
Avant d'être interrompue par les députés libéraux, j'allais dire que, afin de dépolitiser le débat sur la lutte contre la violence armée et de l'axer sur les droits des victimes et la sécurité des collectivités, la Chambre devrait demander au gouvernement de scinder le projet de loi en deux. Ainsi, les mesures qui jouissent d'un large appui dans tous les partis, notamment celles qui visent à freiner la violence commise au moyen d'une arme à feu et le flux d'armes à feu qui traverse en contrebande la frontière canado-américaine, pourraient avancer dans le processus parlementaire, séparément des aspects du projet de loi sur lesquels les deux côtés de la Chambre ne sont pas d'accord. À mon avis, ce serait une façon de collaborer.
Je dois dire que les députés libéraux, conservateurs, bloquistes et néo-démocrates du comité de la sécurité publique ont très bien collaboré. Nous avons vraiment essayé de mettre de côté nos considérations sectaires et nous avons produit une excellente étude sur les armes à feu et les gangs que nous avons tous appuyée. Les députés peuvent-ils croire que tous les partis ont signé un rapport d'étude sur les armes à feu et les gangs? C'est du jamais vu.
Voilà comment nous pouvons travailler ensemble. J'ai montré que je suis capable travailler avec d'autres députés sur la question pour arriver à de véritables solutions. Lorsque j'ai tenté de le faire à la Chambre aujourd'hui, les libéraux ont rejeté mes suggestions. Je n'ai donc aucune leçon à recevoir d'eux pour ce qui est de faire de se livrer à des jeux politiques dans ce dossier. Nous avons fait un effort de bonne foi aujourd'hui et ils l'ont rejeté.
Je veux aussi parler de certaines des personnes qui sont touchées par l'interdiction. Le a fait une déclaration très étrange récemment aux nouvelles. Il a dit que le projet de loi n'a pas d'incidence sur les citoyens et les propriétaires d'armes à feu respectueux des lois. Je ne suis pas certaine qu'il ait lu son propre projet de loi, car celui-ci, qui propose le gel des armes de poing, n'affecte que les propriétaires légitimes. Il ne touche que les personnes qui respectent la loi.
Je rappelle à la Chambre que les gens qui détiennent un permis de possession et d'acquisition d'armes à feu à autorisation restreinte sont soumis à une vérification des antécédents et doivent recevoir une formation et une approbation. Ils sont soumis à l'une des vérifications d'antécédents les plus rigoureuses du pays, et avec raison. Les conservateurs sont en faveur de lois très rigoureuses pour encadrer les armes à feu au Canada. Seuls les citoyens les plus responsables et les plus respectueux des lois devraient avoir accès à des armes à feu.
Nous nous trouvons toutefois dans une situation où ce sont ces citoyens responsables qui sont ciblés par le projet de loi à l'étude. Les criminels de Toronto ne sont pas ciblés. Ils se fichent de ces règles; ils pouffent de rire à l'idée d'un gel sur les armes de poing, puisqu'ils s'en sont déjà procuré illégalement. Ils se promènent avec des armes illégales et tirent sur des gens de leur communauté. Les députés croient-ils qu'ils se soucient du gel des armes de poing? Ils en rient. C'est ridicule.
Il m'apparaît important de parler de quelques personnes qui seront touchées par le projet de loi. Certaines font partie de la vaste communauté des tireurs sportifs. Je comprends que, si les gens qui écoutent le débat d'aujourd'hui n'ont pas d'armes à feu et n'ont jamais eu d'armes dans leur entourage, tout cela peut sembler très étrange. Je comprends. Personnellement, je ne suis pas une adepte du tir sportif. Les dispositions prévues n'ont donc pas nécessairement d'incidence sur moi.
Cependant, cela a certainement une incidence sur la communauté de tir sportif olympique, qui compte des milliers et des milliers de tireurs sportifs, réunis dans des associations, des compétitions provinciales, des compétitions nationales, des compétitions internationales. Ce projet de loi mettrait fin à ce sport au Canada, un sport que pratiquent des Canadiens au niveau olympique depuis bien plus de 100 ans. Les libéraux disent qu'ils ont mené des consultations, mais des membres de la très grande communauté des tireurs sportifs respectueux des lois m'ont dit qu'ils n'ont pas reçu d'appel du . Les libéraux n'ont aucune considération pour ces personnes; ils effacent une partie importante de leur héritage culturel au pays sans même avoir discuté avec eux.
Les libéraux tentent de faire adopter cette mesure au comité sans débat, au moyen d'une motion sournoise de consentement unanime au comité. Ils ne veulent même pas en débattre. Ils veulent aller de l'avant aujourd'hui et priver complètement de toute dignité une grande partie du pays qui valorise le tir sportif et qui en est fier. Ces gens transmettent leurs armes à feu à leurs filles et à leurs fils. Tout cela est disparu. Je ne comprends tout simplement pas comment les libéraux peuvent présenter une telle mesure sans consulter la communauté la plus touchée. Car il faut savoir que cela ne touche pas la communauté des détenteurs d'armes illégales. Cela n'a pas d'incidence sur les individus qui tuent des gens dans nos villes.
En examinant les statistiques sur la criminalité et les tendances depuis l'arrivée au pouvoir du , nous pourrions penser que les libéraux allaient présenter un projet de loi qui s'attaquerait au problème, mais non, ils ont choisi de favoriser la politique. Ils ont choisi de s'attaquer aux personnes qui sont les moins susceptibles de commettre des crimes. Les propriétaires légitimes d'armes à feu sont en fait trois fois moins susceptibles de commettre des crimes, parce qu'ils font l'objet d'un contrôle et d'une vérification des antécédents en bonne et due forme.
C'est exaspérant. J'ai reçu un nombre incalculable d'appels de partout au pays — de femmes, de personnes instruites, de professionnels, de médecins, de pilotes et d'universitaires qui pratiquent le tir sportif. Ils me demandent pourquoi le gouvernement s'en prend de nouveau à eux et pourquoi il ne s'attaque pas au problème. Il dépense des milliards de dollars. Il n'y a pas de limite. Pourquoi n'affecte-t-il pas cet argent dans les villes, pour sauver des gens?
C'est incroyable. Je suis intarissable sur ce sujet, qui me passionne énormément. Nous défendons tous notre propre point de vue avec ferveur, j'en suis sûre. Toutefois, je suis prête à travailler et à collaborer sur les éléments du projet de loi sur lesquels nous sommes d'accord. Cela a été rejeté aujourd'hui, mais peut-être que les libéraux seront d'accord un autre jour.
J'aimerais présenter un amendement. Je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit: « le projet de loi C‑21, Loi modifiant certaines lois et d’autres textes en conséquence (armes à feu), ne soit pas maintenant lu une deuxième fois mais que l’ordre soit révoqué, le projet de loi retiré et l’objet renvoyé au Comité permanent de la sécurité publique et nationale. »
Le but de ma motion, c’est de dire qu’il faut tout reprendre depuis le début. Ce projet de loi ne fonctionnera pas. Il ne réglera pas la violence liée aux armes à feu. Les conservateurs travailleront avec les autres membres du comité afin de résoudre la violence liée aux armes à feu dans ce pays. Nous collaborerons et nous proposerons de vraies solutions pour lutter contre ce problème qui nuit aux collectivités au Canada, c’est-à-dire la contrebande d’armes à feu provenant des États-Unis par des gangs et des criminels.
Je tiens à rassurer les Canadiens sur ce point.
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Madame la Présidente, je suis très heureuse de prendre enfin la parole sur le projet de loi .
Nous avions un peu perdu espoir de parler d'un projet de loi sur le contrôle des armes à feu avant la fin de la session parlementaire. Coup de théâtre: le gouvernement a finalement déposé un projet de loi la semaine passée, peut-être un peu en réaction. C'est symptomatique du gouvernement libéral d'agir toujours en réaction aux événements. Malheureusement, il y a quelques jours, il y a eu la tuerie au Texas. Il y a quelques jours également, des coups de feu ont été tirés près d'une garderie à Rivière-des-Prairies, dans le Grand Montréal. J'ai l'impression que c'est ce genre d'événements qui a finalement poussé le gouvernement à agir. C'est très bien, mais c'est déplorable qu’il faille toujours attendre des événements violents comme ceux-là avant de proposer une mesure législative que nous demandons depuis tellement longtemps.
Mon collègue de et moi, nous nous faisons un devoir, pratiquement à chaque période des questions orales, de rappeler au l'importance de contrôler les armes à feu et d'agir sur cette question. Comme on aura eu l'occasion d'en discuter ce soir, ce n'est pas seulement les armes légales qui sont le problème, il y a aussi les armes illégales et le trafic des armes, particulièrement au Québec, mais partout au Canada également. Je pense qu'il était plus que temps qu'on propose une mesure législative. Le Bloc québécois a dit par d'autres canaux, notamment dans les médias, qu'il trouvait que le projet de loi C-21 était un pas en avant.
La dernière mouture du projet de loi qui avait été présenté à la dernière législature, honnêtement, ne plaisait à personne, tant aux groupes qui étaient en faveur du contrôle des armes qu'aux groupes qui étaient pour les armes à feu. Il était mal ficelé. Je vais accorder au gouvernement qu'il a vraiment eu une grande écoute pour les groupes de femmes et les lobbys de victimes qui ont vécu des fusillades. Ils sont venus discuter avec le gouvernement pour lui dire les points importants qui, pour eux, devaient se retrouver dans le projet de loi. On peut vraiment voir les changements qui ont été faits par rapport à la première mouture. Il faut quand même le saluer.
Par contre, il faut souligner quelques éléments qui sont peut-être plus négatifs. Comme je le disais, malheureusement, le projet de loi C‑21 ne vient pas régler tous les problèmes. L'un des plus grands problèmes qu'on voit aujourd'hui, dans le Grand Montréal, c'est les fusillades qui sont perpétrées par les groupes criminalisés. Ces derniers se procurent des armes de façon illégale. Dans le passé, c'est arrivé qu'il y ait des fusillades avec des armes qui étaient 100 % légales, qui appartenaient à des personnes qui avaient un permis, lesquelles n'avaient pas de problèmes de santé mentale ou d'antécédents criminels. C'est arrivé, peut-être de façon minime. J'ai l'impression que la majorité des fusillades qu'on voit de nos jours sont surtout perpétrées avec des armes illégales. Il faudra certainement trouver une façon de se pencher sur ce problème.
Un peu plus tôt on parlait du fait que Québec a été proactif à ce chapitre et a fait pratiquement ce que nous demandons au fédéral de faire depuis des mois. Ce matin, au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, le était justement avec nous, et la nouvelle est tombée: Québec va investir 6,2 millions de dollars pour la police mohawk d'Akwesasne. Il s'agit d'un service de police qu'on a reçu au Comité permanent de la sécurité publique et nationale et qui est venu nous parler de la spécificité du territoire. C'est quand même particulier, il y a une communauté autochtone qui chevauche le territoire du Québec, de l'Ontario et même des États-Unis. Alors, on a vraiment besoin d'avoir une collaboration entre les différents corps policiers. Il y a un trafic qui se fait là. Il y a des contrebandiers qui connaissent le chemin par cœur. En été, c'est par bateau et, en hiver, c'est par motoneige que les armes entrent par centaines chaque semaine sur le territoire. On demandait vraiment à ce que le fédéral intervienne parce que c'est le fédéral qui s'occupe des frontières.
Or, ce matin, Québec a annoncé 6,2 millions de dollars pour la police. Cette somme va servir à l'embauche de cinq policiers supplémentaires et à l'achat d'un nouveau bateau de patrouille, d'un véhicule tout-terrain et de motoneiges pour renforcer la lutte contre l'approvisionnement illégal des armes à feu au Québec. C'est une très bonne nouvelle. Par le truchement de cette annonce, la ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault, disait qu'elle attendait toujours l'argent de son entente avec le fédéral. Le fédéral a promis des investissements pour aider le Québec et les provinces dans la lutte contre les armes à feu et on attend apparemment toujours cet argent. On a bien hâte de le recevoir pour continuer cette lutte si importante.
Revenons au projet de loi . Il s'agit d'une meilleure mouture que ce qu'on a vu par le passé, mais il y a quand même des failles. Quelques éléments sont peut-être mal ficelés. Je trouve cela déplorable de vouloir aller rapidement et de ne pas nous laisser le temps de faire notre travail de parlementaires. J'imagine que c'est ce qu'on a l'intention de faire, puisque c'est ce que nous vivons à la Chambre des communes depuis quelques jours. À coups de bâillon, on essaie de mettre de côté quelques heures de débat pour avancer plus vite. Or, c'est vraiment notre travail de parlementaires de prendre le temps d'étudier les projets de loi, de les débattre ici à la Chambre, d'apporter des amendements et de les améliorer. C'est ce que j'entends faire avec le projet de loi C‑21.
Je veux essayer de travailler de façon constructive avec le gouvernement et d'apporter des améliorations au projet de loi. Je veux revenir sur la motion que ma collègue conservatrice voulait apporter aujourd'hui au Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Je lui accorde, c'était de bonne foi de dire qu'il y a certains éléments du projet de loi sur lesquels nous nous entendons tous unanimement. Allons de l'avant rapidement avec ces mesures-là. Pour le reste qui a besoin d'être étudié davantage, prenons le temps de le faire.
Les libéraux n'ont pas voulu, évidemment, pour des raisons de politique partisane. D'un autre côté, quand les libéraux essaient d'aller plus vite, les conservateurs s'y opposent. Essayons d'être plus constructifs ensemble et de travailler à l'image du travail que nous faisons au Comité permanent de la sécurité publique et nationale. Ma collègue le mentionnait tout à l'heure, la manière dont nous nous entendons très bien sur les armes à feu est peut-être historique. Nous réussissons à travailler ensemble et il faut le souligner.
Je vais traiter du projet de loi étape par étape en commençant par la mesure sur les armes de poing. C'est vraiment la mesure phare du gouvernement, qui propose un gel sur les armes de poing pour ce qui est de l'acquisition, de la vente et de la cession pour les particuliers. C'est quand même inattendu. Moi-même, j'étais surprise d'entendre cela. Je n'aurais pas cru que le gouvernement serait allé aussi loin.
C'est la manière dont il a procédé qui m'a un peu surprise. De la façon dont cela a été annoncé à la conférence de presse, on comprenait que le gel faisait partie du projet de loi C‑21. Un peu plus tard, on a compris qu'on pouvait procéder par réglementation, ce qui est une tout autre procédure. Il y a quelque 30 jours ouvrables avant que cela entre en vigueur. Ces 30 jours ouvrables ont laissé le temps et la chance aux gens qui ont déjà un permis d'aller s'acheter davantage d'armes à feu. Il y a eu une explosion des ventes au pays. J'ai vu un vendeur d'armes sur CTV News en Colombie‑Britannique qui disait que le premier ministre est devenu le meilleur vendeur d'armes. Vraiment, c'est le message qu'il a envoyé aux gens.
Alors que l'intention du gouvernement était de réduire le nombre d'armes de poing en circulation, il fait exactement le contraire. C'est un peu déplorable, parce que je pense qu'il y aurait eu une autre façon de procéder. Prenons l'exemple de l'interdiction du 1er mai 2020 pour les armes d'assaut. Le gouvernement a dressé une liste de 1 500 armes interdites, et c'était en vigueur immédiatement. Les gens n'avaient pas le temps d'aller s'acheter une arme avant qu'elle soit interdite.
Je me demande pourquoi avoir procédé avec un gel plutôt qu'avec 'une interdiction et pourquoi l'avoir fait par réglementation, alors qu'on nous a fait croire que ce serait dans le projet de loi au départ. Il y a plusieurs questions comme cela en suspend.
Je trouve surtout déplorable que le gouvernement n'ait pas prévu que les gens allaient se précipiter au magasin pour s'acheter plus d'armes. Peut-être qu'on aurait dû prendre plus de temps pour ficeler les éléments avant de les proposer.
On comprend qu'une fois que le gel sera en vigueur, les armes de poing vont finir par disparaître parce qu'on ne pourra plus les céder à quelqu'un. Les gens qui ont un permis d'utilisation en ce moment pourront continuer d'utiliser leur arme. Évidemment, il y a quelques exceptions pour les policiers et les gardes du corps qui ont un permis de port d'arme. Pour les tireurs sportifs, c'est encore nébuleux. On nous dit que le gouvernement va définir par règlement ce que cela signifie, mais il y a des questions qui se posent déjà.
Au Québec, en ce moment, la façon de fonctionner est assez stricte. J'ai l'impression que ce que la réglementation amène ne va pas nécessairement changer grand-chose au Québec. Je vais y revenir
Je tiens à dire que je n'ai pas le profil d'une spécialiste des armes à feu. C'est assez facile d'arriver sur les réseaux sociaux, de me démoniser et de dire que je ne connais rien à cela.
Récemment, on m'a demandé si je connaissais la procédure pour acheter une arme. Elle est effectivement assez complexe. Je le concède aux gens qui m'ont interpellée: cela ne se fait pas du jour au lendemain, comme cela peut être le cas aux États-Unis, par exemple.
On parle de la culture des armes à feu aux États‑Unis, laquelle est plutôt intense. On a peur que cela se transpose au Canada. En ce qui concerne l'acquisition d'une arme à feu, c'est toutefois très différent. Après la tuerie au Texas, il y a quelques jours, Le Journal de Montréal s'y est rendu pour faire un test, pour voir de quelle façon on pouvait se procurer une arme à feu. Ce qu'on a compris, c'est qu'il suffisait d'un permis de conduire et de 15 minutes pour sortir d'un magasin avec une arme et des munitions. Au Texas, acheter une voiture est plus long qu'acheter une arme. C'est assez incroyable.
Au Canada, les règles sont tout de même plus strictes, et je salue cela. Quand on choisit d'avoir une passion pour les armes à feu ou qu'on en fait notre passe-temps, on doit comprendre qu'une arme, c'est dangereux. Il est donc normal que ce soit réglementé, que tout cela soit encadré par de la réglementation. Je pense qu'il faut en être conscient.
Au Québec, en ce moment, pour obtenir une arme de poing, il faut compléter plusieurs formations. Il y a d'abord le Cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu, mais également le Cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu à autorisation restreinte et le test d'aptitude de la loi 9. Ensuite, on doit obtenir le permis de possession et d'acquisition d'armes à feu. Cela peut prendre environ six mois. Finalement, il faut s'inscrire à un club de tir. C'est un prérequis, au Québec.
Je concède aux gens que ce n'est pas un simple processus, que cela ne se fait pas du jour au lendemain. J'entends parfois la rhétorique selon laquelle ce n'est pas l'arme qui est dangereuse, mais bien plutôt la personne qui appuie sur la gâchette. On me permettra d'être en désaccord avec cette affirmation. L'arme est dangereuse.
Comme je le disais, quand on utilise cet instrument ou cet outil — je ne sais trop comment l'appeler —, il faut être conscient du fait que c'est dangereux. Quand on décide d'utiliser une arme à feu dans la vie, il faut être conscient que des gens mal intentionnés peuvent l'utiliser et qu'il est normal d'encadrer son utilisation.
Ce qu'on comprend, avec le gel sur les armes de poing, c'est que cela va finir par disparaître. On comprend aussi que, pour les gens qui s'entraînent avec les armes dans un but de compétition, il y aurait peut-être une façon de contourner le règlement. Lire une loi ou des règlements, c'est assez compliqué. Toutefois, quand on est en mesure de lire entre les lignes, on peut déceler certains détails qui sont, dans certains cas, discutables. Dans ce cas-ci, ce l'est, et il faudra certainement étudier en comité ce que cela signifie.
Ce qu'on comprend également, c'est que le gel pourrait ne rien faire de plus que ce que le Québec fait déjà présentement, c'est-à-dire imposer à une personne d'être membre d'un club de tir pour pouvoir acquérir une arme de poing. Si on est déjà membre d'un club de tir, il n'y aurait donc pas de réel changement. On aurait ce droit acquis qui nous permettrait de continuer à utiliser l'arme de poing. Ce sont des questions que j'aurai à poser lors de l'étude du projet de loi.
Je reviens sur le fait que les gens se sont rués dans les boutiques pour se procurer une arme de poing, car ils savent que la réglementation n'est toujours pas en vigueur. Cela montre que, à court terme, le projet de loi ne vient pas régler le problème. L'objectif n'est pas atteint. Des armes continuent d'être en circulation dans nos rues et dans nos municipalités, et c'est là où les gens sont de plus en plus inquiets. Des événements nous le rappellent chaque jour.
Dans le Grand Montréal, hier, il y a eu encore une fois une poursuite de voitures en plein jour dans un quartier résidentiel. Des dizaines de coups de feu ont été tirés. Les gens mangeaient sur leur balcon ou se promenaient dans la rue et ils ont été témoins de cela. Il n'y a heureusement eu aucune victime, mais il aurait pu y avoir des blessés, et même des morts. C'est pratiquement devenu la norme à Montréal, au Québec. C'est effrayant, quand on y pense. C'est également effrayant pour les parents d'envoyer leurs enfants à l'école, d'aller travailler ou même d'aller n'importe où, parce que, au cours des derniers mois, on a vu des coups de feu tirés près d'une garderie, près des écoles, et même dans une bibliothèque. Les vitres d'une bibliothèque ont été cassées à cause des coups de feu. C'est assez incroyable.
Cette fameuse culture des armes à feu, dont je parlais et qui est présente aux États‑Unis, semble donc s'installer tranquillement au Canada, et c'est ce qu'on ne veut pas. Malheureusement, le projet de loi C‑21 ne nous dit pas qu'il va régler ce problème. On vient peut-être régler certaines choses, et c'est peut-être un pas en avant, mais il y a encore cet horrible problème du trafic d'armes qui continue d'être assez présent. Le projet de loi C‑21 ne répond pas à cela.
Je reviens sur quelques statistiques. Selon le Service de police de la Ville de Montréal, 95 % des armes de poing qui sont utilisées dans des crimes violents proviennent du marché noir. On répète souvent à la période des questions orales que c'est le crime organisé qui utilise des armes illégales et que ce sont ses membres qui causent des crimes la majorité de temps.
J'entends souvent ce commentaire voulant qu'on s'attaque aux honnêtes propriétaires d'armes qui ne commettent pas de crimes. Dans certains cas, c'est vrai, mais dans d'autres, ce l'est moins. Comme je l'ai dit un peu plus tôt, les fusillades de masse commises avec des armes légales sont plutôt rares, mais il y en a eu.
Nous avons fait beaucoup de propositions autres que celles contenues dans le projet de loi , afin d'essayer de multiples mesures qui pourraient mieux fonctionner ensemble. Mon collègue de a notamment déposé le projet de loi visant à créer un registre des organisations criminelles.
À notre sens, donner les outils et les moyens d'agir aux corps policiers, c'est aussi une façon de contrôler les armes à feu. Pourquoi est-ce que faire partie d'un groupe terroriste est illégal, mais que faire partie d'un groupe criminel ne l'est pas? La question se pose, puisque ce sont les groupes criminels qui causent la violence dans les grandes villes en ce moment. Je pense que ce projet de loi pourrait être un outil intéressant et facile à mettre en œuvre et j'invite le ministre et ses collègues à le lire.
On a tellement parlé des investissements à la frontière et je viens d'évoquer les investissements faits par Québec. N'oublions pas que les frontières relèvent du gouvernement fédéral et qu'il y a du travail à faire là. Des témoins sont venus nous parler de la réalité aux frontières. Même les agents des services frontaliers nous ont dit qu'ils étaient prêts à ce que leur mandat soit élargi et qu'ils aimeraient patrouiller entre les postes-frontières, ce qu'ils ne peuvent pas faire à l'heure actuelle. Il est vrai que la frontière entre les États‑Unis et le Canada est tellement longue qu'il est à peu près impossible d'avoir un agent en poste à tous les kilomètres. On pourrait cependant élargir le mandat de ces agents pour qu'ils puissent patrouiller.
Ma collègue a aussi rappelé tout à l'heure que les armes de contrebande et la drogue arrivent au pays par bateau et par train. Or, on n'a pas les outils nécessaires pour aller fouiller ces installations. De telles mesures pourraient certainement aider à lutter contre les armes à feu, particulièrement celles qui sont illégales.
Grâce à une motion que j'avais déposée il y a quelques mois à la Chambre, le Comité permanent de la sécurité publique et nationale a pu étudier cette problématique, qui a fait l'objet de son premier rapport, déposé récemment à la Chambre. Il contient plusieurs recommandations visant plus de ressources et de collaboration. À ce sujet, le Comité a entendu la commissaire de la GRC admettre que les corps policiers pourraient se parler davantage et échanger plus d'informations.
Les spécialistes des agences de sécurité publique nous ont donné raison sur tous les éléments ou les arguments que nous avons apportés et nous ont dit qu'il fallait effectivement fournir plus de moyens et plus de ressources humaines. C'est un problème qu'on pourra régler difficilement dans le court terme, mais commençons à y travailler dès maintenant.
La Fédération de la police nationale me disait que les corps policiers manquent d'agents, mais qu'ils ne peuvent pas en inventer du jour au lendemain. J'ai notamment appris que des dizaines d'agents sont déployés chaque semaine au chemin Roxham pour accueillir les migrants irréguliers. Or, Québec et le Bloc québécois réclament la fermeture de ce chemin afin de pouvoir accueillir les migrants de façon régulière dans le cadre d'un processus normal et sécuritaire. Cela permettrait de réaffecter ces agents à la lutte contre les armes à feu.
Madame la Présidente, comme vous me signalez que mon temps est terminé, je vais maintenant répondre aux questions de mes collègues avec grand plaisir.
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Madame la Présidente, je suis heureux de participer, avec mes collègues de tous les partis, au débat de ce soir sur le projet de loi .
Je tiens à souligner que j'ai énormément apprécié mon rôle en tant que porte-parole du NPD en matière de sécurité publique. C'est une grande responsabilité. Il faut suivre l'évolution des dossiers dans de nombreux ministères. Je tiens également à dire, par respect pour les intervenants précédents, que j'ai beaucoup aimé travailler avec le ministre sur un certain nombre de questions, mais aussi avec mes collègues conservateurs et bloquistes. Je ferai écho aux observations précédentes en disant ce soir que nous entretenons de bonnes relations de travail. Cela peut sembler étrange si l'on observe ce qui s'est passé pendant les législatures précédentes au comité de la sécurité publique, car nous avons eu à traiter certains dossiers assez explosifs sur lesquels les avis divergeaient grandement.
J'interviens ce soir dans ce débat en tant que représentant d'une circonscription rurale. Ma circonscription, Cowichan—Malahat—Langford, s'étend sur 4 700 kilomètres carrés. Bon nombre des citoyens que je représente sont des propriétaires d'armes à feu responsables. Ils aiment aller au champ de tir. Ils aiment utiliser des armes à feu pour la chasse et d'autres activités récréatives.
Toutefois, je dois dire — et c'est là une différence clé entre le Canada et nos voisins du Sud — que la possession d'une arme à feu est considérée comme un privilège dans notre pays. La très vaste majorité des propriétaires d'armes à feu au Canada respecte ce privilège. Ils utilisent leurs armes à feu de manière très sécuritaire et respectueuse. La sécurité des armes à feu ainsi que l'utilisation et l'entreposage prudents des armes à feu ont toujours été d'une importance primordiale pour les électeurs auxquels j'ai parlé.
J'ai beaucoup d'amis qui sont propriétaires d'armes à feu. J'ai grandi avec des armes. Mon père en possédait plusieurs qui lui venaient de son enfance. Par ailleurs, j'ai aimé passer du temps à divers champs de tir dans ma circonscription. Il y a quelques années, j'avais été invité au club Victoria Fish and Game. Sous la supervision attentive d'une personne détenant un permis de possession et d'acquisition d'armes à feu à autorisation restreinte, j'ai appris comment utiliser une arme de poing sécuritairement sur un champ de tir. Il y a bien des gens qui aiment pouvoir tirer sur des cibles.
J'ai été témoin de nombreux débats au sujet des armes à feu, tant avant que pendant ma carrière de député, et c'est un dossier plutôt explosif qui peut très souvent servir à semer la discorde au sein de notre régime politique. J'espère réussir à parler du projet de loi à l'étude d'une manière respectueuse qui calmera le jeu et qui permettra de concilier les camps opposés tout en cherchant, peut-être, à améliorer certaines parties du projet de loi au comité.
J'essaie de trouver un juste milieu entre la position des libéraux et celle des conservateurs. Les libéraux ont tendance à présenter un projet de loi, à le brandir tel un trophée reluisant, et à le vanter comme si c'était la panacée. Pour leur part, les conservateurs ont tendance à réagir impulsivement aux projets de loi relatifs aux armes à feu et à s'y opposer par défaut. Je crois qu'il faut trouver un juste milieu et reconnaître l'importance de légiférer en ce qui concerne les armes à feu. On ne peut s'opposer simplement pour s'opposer. Toutefois, il faut reconnaître qu'un projet de loi ne réglera pas, à lui seul, un problème aussi complexe que la violence liée aux armes à feu. Il doit s'inscrire dans une série d'autres mesures.
Le projet de loi présenté au cours de la présente législature porte le même numéro que sa version antérieure qui a été présentée lors de la 43e législature. C'était aussi un projet de loi . Or ce projet de loi n'a jamais franchi l'étape de la deuxième lecture. Le gouvernement l'a malheureusement laissé mourir au Feuilleton lorsqu'il a déclenché les élections inutiles, selon moi, de 2021. La présentation de ce projet de loi a semé tout un émoi, mais le gouvernement n'a pas déployé beaucoup d'efforts pour le faire avancer de manière significative.
Nous y voilà encore une fois. Nous sommes dans la 44e législature. Nous sommes en juin. Nous discutons de cette question depuis un certain temps et nous n'en sommes qu'à la première série d'interventions du débat en deuxième lecture du projet de loi.
Ce débat a une dimension humaine importante. De nombreuses vies ont été perdues au Canada en raison de la hausse des crimes commis avec des armes à feu et nous devons reconnaître que de nombreuses collectivités ne se sentent pas en sécurité.
Les Canadiens veulent que le gouvernement empêche que des tragédies surviennent, pas seulement qu'il y réagisse. C'est une question de proactivité plutôt que de simple réactivité aux mauvaises nouvelles que nous observons souvent. Nous devons faire preuve de détermination et passer à l'acte pour lutter contre la violence armée. C'est ici qu'intervient le projet de loi , à mon avis. Il n'y a pas que la contrebande d'armes à feu qui soit un grave problème au Canada, il y a également un réel problème du détournement, à l'intérieur du pays, d'armes à feu qui finissent par se retrouver dans les mains des criminels.
Je suis fier d'être membre d'un parti qui a appuyé les efforts pour retirer les armes d'assaut de type militaire de la circulation. Je suis pour le plan de rachat obligatoire. Il est bien meilleur que le programme de rachat volontaire qui avait été proposé lors de la législature précédente, parce qu'il faut un moyen de nous assurer que ces armes disparaissent de la circulation pour toujours et cessent d'être une menace. En 2008, Jack Layton, notre chef de l'époque, avait été le premier dirigeant politique au Canada à proposer qu'on donne aux municipalités le pouvoir d'interdire les armes de poing sur leur territoire.
Je pense que, quelle que soit notre position par rapport à ce débat, nous pouvons tous convenir qu'il est temps que le gouvernement s'attaque sérieusement aux crimes commis avec des armes à feu. Nous avons des idées différentes sur la manière d'y parvenir, mais je pense que nous sommes d'accord sur le principe de base.
Je veux saluer le travail du comité de la sécurité publique. L'excellent rapport que nous avons déposé plus tôt cette année a été mentionné dans quelques interventions ce soir. Ce rapport s'appuie sur 50 témoignages recueillis au cours de 7 réunions. Nous avons entendu de nombreux représentants de différents services de police du Canada, des avocats criminalistes, des organismes communautaires et aussi d'importants organismes gouvernementaux comme Statistique Canada. Je tiens à remercier le Bloc québécois d'avoir soumis la motion proposant cette étude, qui a donné lieu à 34 recommandations. Nous attendons une réponse du gouvernement. Je sais que cela prend du temps, mais j'ai hâte de lire la réponse du gouvernement à ces solides recommandations.
Nous avions un certain nombre de recommandations. Nous nous sommes rendu compte que Statistique Canada a besoin de ressources supplémentaires. Cet organisme a signalé que ses rapports comprennent des lacunes. Ses connaissances sur les armes à feu qui sont utilisées dans les crimes sont limitées. Nous avons besoin de plus de renseignements sur les armes à feu en particulier, leur type exact, leur propriétaire, leur entreposage, si leurs propriétaires ont un permis ou non, etc.
Par ailleurs, selon l'une des recommandations, il faudrait augmenter le financement du Service de renseignement criminel du Canada afin de permettre un véritable échange de renseignements entre les services de police du Canada pour qu'ils dépistent plus efficacement les armes à feu. Il était aussi question de reconnaître que la contrebande est un facteur important de la violence liée aux armes à feu et aux gangs au Canada et qu'il faut consacrer plus de ressources à la combattre. De plus, le gouvernement du Canada devrait, dans le cadre de l'interdiction de certaines armes à feu, mettre en œuvre un programme de rachat obligatoire. Cette recommandation figure dans le rapport et avait l'appui des membres du comité.
Le rapport a mis en lumière le contexte dans lequel nous évoluons, qui me porte à croire qu'on ne pourra pas régler ce problème seulement avec des lois, du financement ou des changements de politiques. Il s'agit d'un problème qui comporte de multiples facettes. Il nécessitera de la réflexion et une gamme complète de solutions axées notamment sur la recherche et la collecte de données, la prévention et l'intervention, ainsi qu'une coordination et une collaboration entre tous les ordres de gouvernement, les forces de l'ordre et les acteurs de la société civile.
Les statistiques ne sont pas réjouissantes, comme on le sait. Quelques-uns de mes collègues en ont déjà parlé. Nous savons que le taux de crimes violents commis à l'aide d'une arme à feu a commencé à grimper en 2014 et que l'augmentation la plus marquée s'est produite de 2014 à 2015. Il y a eu des augmentations notables de 2019 à 2020, notamment dans les régions rurales du Sud de la Colombie‑Britannique, dans le Nord de l'Ontario, dans les zones rurales de l'Alberta, dans les Territoires du Nord‑Ouest et en Nouvelle‑Écosse. Il est aussi important de souligner que, dans la plupart des crimes violents commis à l'aide d'une arme à feu, les armes de poing étaient l'arme la plus dangereuse présente sur les lieux de l'affaire de 2009 à 2014 et de 2015 à 2020.
J’aimerais maintenant me concentrer sur la contrebande qui, comme nous le savons, est un grave problème. C’est une conséquence de la frontière que nous partageons avec les États‑Unis. Le problème, et cela revient à la collecte de données, c’est que nous n’avons pas de chiffre exact. Il pourrait même être impossible d’obtenir un chiffre exact parce que, pour chaque arme saisie, tant d’autres réussissent à passer. Il est tout simplement impossible d’avoir une vision d’ensemble du problème.
Dans cette conversation sur les armes à feu et sur les causes profondes de la violence liée aux armes à feu et aux gangs, il faut savoir qu’il y a de nombreux facteurs en jeu. Tout n’est pas noir ou blanc, loin de là. Dans le cadre de l’étude au comité, nous avons entendu d’excellents témoignages selon lesquels la pauvreté, les inégalités, le racisme, la maladie mentale, l’isolement social, la toxicomanie, les idéologies extrémistes, l’éducation et la santé sont tous des facteurs qui contribuent d’une façon ou d’une autre au phénomène de la violence liée aux armes à feu. Nous avons aussi compris à quel point le problème est grave dans certaines communautés.
Il y a par ailleurs une très forte corrélation entre le commerce de la drogue et la violence armée au Canada. Je pense qu'il faut en tenir compte. La Chambre a récemment été amenée à se pencher sur le cadre législatif du pays à l'égard des drogues. Nous avons vu un autre projet de loi portant sur la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, le projet de loi , qui comprend une déclaration de principes.
Le député d' a réussi à le faire amender pour que les dossiers relatifs à toute condamnation pour possession simple soient classés à part des autres dossiers relatifs à des condamnations après deux ans. C'est un amendement important. Le député de , mon collègue et voisin plus au nord, a présenté le très important projet de loi d'initiative parlementaire .
Pratiquement tous les services de police qui ont témoigné devant notre comité ont parlé de la relation étroite entre le commerce de la drogue et le commerce des armes à feu. La simple réalité, c'est que le commerce de la drogue permet de réaliser des profits monstres. L'arrivée du fentanyl et du carfentanil a complètement changé la donne sur le plan de la rentabilité. Tous les témoins qui en ont parlé ont dit que les membres de gangs impliqués dans le commerce de la drogue se sentent obligés de posséder une arme à feu pour protéger leur territoire et leur commerce à cause de la compétition.
Un des moyens les plus efficaces de s'attaquer aux problèmes liés aux armes au Canada consiste à mettre en place des politiques vigoureuses et progressistes visant la demande et la toxicomanie, et à faire en sorte de ne pas nuire aux personnes qui se font pincer par la police pour possession simple de drogue. Nous devrions plutôt tenter d'éliminer les préjugés sur la nature criminelle de la toxicomanie. Nous devrions tarir la demande pour que les gangs n'aient pas à lutter pour le contrôle du territoire. C'est un véritable fléau pour beaucoup de grandes villes canadiennes, et, à moins de mettre en place une politique vigoureuse pour nous attaquer à ce problème, je crains que dans bien des années nous parlions encore de la violence armée au Canada.
Voyons maintenant certains des principaux éléments du projet de loi . Celui qui a le plus attiré l'attention, et de loin, c'est le gel lié aux armes de poing. Essentiellement, elle empêchera le contrôleur des armes à feu d'autoriser le transfert d'armes de poing à des individus. Elle interdira l'achat, la vente, le transfert et l'importation d'armes de poing, sauf pour certaines entreprises et pour les personnes exemptées.
Soyons clairs, en fonction de la lecture technique que j'ai faite du projet de loi , si celui-ci recevait la sanction royale demain, toutes les personnes qui sont actuellement titulaires d'un permis de possession et d'acquisition d'une arme à feu à utilisation restreinte et qui sont propriétaires d'une arme de poing pourront toujours légalement utiliser cette arme, comme elles l'ont fait aujourd'hui et hier. Cela ne changera pas.
Les personnes qui seront touchées sont celles qui cherchent à acheter une nouvelle arme de poing, mais, encore une fois, il y aura des exceptions, par exemple, pour les personnes qui peuvent prouver qu'elles ont besoin d'une arme de poing pour leur travail. Je connais des travailleurs forestiers qui ne se rendront pas dans les bois au pays des grizzlis à moins d'avoir une arme de poing. Ce serait un exemple d'une personne exemptée.
Si une personne exerce la profession de tireur sur cibles et fait partie d'une organisation olympique certifiée, nous pourrions envisager de modifier le projet de loi et d'en élargir la portée. La personne aurait toujours le droit d'utiliser une arme de poing, et ainsi de suite.
Je reconnais que la contrebande est un énorme problème, mais nous avons également entendu des témoins parler du problème du détournement des armes détenues légalement au Canada et des personnes qui utilisent leur permis pour l’achat par prête-nom. Je pense qu'en mettant cette question de côté, nous ne rendrons pas service aux Canadiens, notamment pour ce qui est de la sécurité publique.
L'autre aspect important du projet de loi , c'est l'instauration d'un régime de type drapeau rouge et drapeau jaune, qui vise essentiellement à permettre à quiconque de demander directement à un juge de la cour provinciale — sans avoir à passer par la police — d'ordonner la confiscation immédiate des armes d'une personne qui, selon eux, représente un danger pour elle-même ou pour autrui. Je souligne que la formulation à ce sujet a été améliorée par rapport à la version précédente de la loi, car le projet de loi C‑21 permettrait à un juge de protéger l'anonymat des personnes demandant cette interdiction d'urgence. Le juge aurait aussi la possibilité de tenir des auditions à huis clos et de mettre des documents judiciaires sous scellés. C'est une amélioration importante par rapport à la version précédente du projet de loi.
Toutefois, nous savons que des organisations comme PolySeSouvient ont encore des réserves sur le libellé de cette partie du projet de loi. Je crois que, au comité, nous devrons davantage nous pencher là-dessus pour déterminer s'il est possible de l'améliorer.
Nous savons aussi que des membres de l'Association canadienne des médecins d'urgence n'aimaient pas la version précédente de la loi permettant aux forces de l'ordre de confisquer rapidement des armes à feu en cas de signalement de comportement alarmant. Voici ce qu'ils en ont dit:
[…] le fait d'imposer à un membre de la famille d'une personne dépressive, d'un parent dément ou de l'auteur de la violence conjugale le fardeau de passer par le système judiciaire constitue un obstacle quasiment impossible à surmonter et malvenu pour retirer temporairement les armes à feu du domicile des personnes en crise.
D'autres ont dit que la version actuelle du projet de loi est « une étape importante, fondée sur des données probantes, vers la réduction des blessures et des décès par arme à feu au Canada ». Je félicite donc le gouvernement d'avoir obtenu ce genre de rétroaction de la part de médecins qui traitent des blessures par balle régulièrement. Ils veulent quand même voir les détails de la nouvelle loi qui permet une intervention rapide en cas de comportement alarmant, et ils souhaitent savoir comment elle fonctionnera. Bien sûr, il y a aussi une loi qui permettrait au contrôleur des armes à feu de suspendre temporairement et d'examiner un permis d'arme à feu pendant qu'on détermine l'admissibilité de son détenteur.
Je veux conclure en parlant des armes à air comprimé, qu'on appelle aussi des armes de type airsoft. Dans ma circonscription, Cowichan—Malahat—Langford, il y a une énorme communauté d'amateurs d'armes à air comprimé, et les gens adorent ce sport. Je n'ai encore joué qu'à la version avec des armes de balles de peinture, mais je sais à quel point de tels jeux peuvent être amusants et sources de sensations fortes. Les joueurs d'airsoft adorent ce passe-temps. C'est un excellent sport de plein air, et les personnes qui le pratiquent s'inquiètent des dispositions du projet de loi sur les répliques.
Nous devons trouver une façon d'inviter des membres de la communauté d'amateurs d'armes à air comprimé à témoigner devant le comité. Je pense que nous devons discuter avec le gouvernement pour trouver une solution pratique afin d'éviter que des gens soient injustement ciblés parce qu'ils pratiquent un sport qui leur plaît. Il est possible de trouver un compromis. Je comprends que les forces de l'ordre aient des inquiétudes à propos des répliques de fusil à air comprimé. De loin, il est difficile de distinguer une réplique d'une arme véritable. De plus, nous avons entendu au comité que certaines personnes sont parvenues à convertir des armes à air comprimé en armes à feu pleinement fonctionnelles. C'est donc une source de préoccupation bien réelle.
Je sais qu'il ne reste qu'une minute à mon temps de parole, alors je conclurai en disant ceci: le débat sur les armes à feu n’est pas tout noir ou tout blanc et je sais que les opinions sont nombreuses sur ce sujet. Cependant, j’aimerais proposer un compromis. À cette étape-ci du débat, je tiens à faire savoir que j’appuie le renvoi au comité de ce projet de loi, car je ne veux pas jeter l'éponge après tout le travail qui a été accompli. Je crois fermement que ce projet de loi mérite un examen approfondi. De plus, je crois que tous les députés, y compris les conservateurs, méritent de se pencher attentivement sur chacune des sections du projet de loi, de convoquer leurs témoins et de discuter entre adultes pour déterminer quel chemin nous voulons prendre en tant que nation et quels sont les résultats souhaités.
Voilà, j’ai terminé. Je suis reconnaissant d’avoir eu la possibilité de m’exprimer et j’ai très hâte de répondre aux questions de mes collègues.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
C’est un véritable honneur de pouvoir participer, ce soir, à ce débat sur le projet de loi . Cette mesure législative historique s’appuie sur le travail précédent du gouvernement en vue de mettre fin à la violence liée aux armes à feu et de veiller à la sécurité des collectivités canadiennes.
Mes amis d’en face parlent souvent de la nécessité de s’attaquer à la contrebande et au trafic d’armes à feu, qui contribuent à la violence armée. C’est ce que ferait ce projet de loi, en renforçant les mesures de contrôle à la frontière, en augmentant les peines pour les infractions liées au trafic, et en fournissant aux forces de l’ordre de meilleurs outils pour enquêter sur les crimes impliquant des armes à feu. De plus, ce projet de loi imposerait un gel national sur les armes de poing, et il répondrait à de nombreuses préoccupations soulevées par des survivants de la violence armée, des experts, des militants et des chefs de police.
Ce soir par contre, je voudrais surtout parler de la violence contre un partenaire intime et des personnes qui s'en sont sorties, qui demandent ce genre de loi depuis des décennies. Avant d'être élue députée de Thunder Bay—Supérieur‑Nord, je dirigeais un grand refuge pour itinérants et j'y ai entendu un nombre incalculable de femmes raconter qu'elles avaient fui la violence que leur faisait subir leur partenaire intime. J'ai également travaillé auprès de nombreux jeunes qui voulaient fuir un foyer violent ou des situations violentes.
Puis, en tant que ministre de la Condition féminine, ma première nomination au Cabinet, que j'ai eu l'honneur d'accepter après mon élection en 2015, de nombreux membres de la communauté 2SLGBTQ+ m'ont parlé de situations terrifiantes et touchantes où un partenaire intime s'était servi de la violence pour les contrôler et les intimider. Je garde ces histoires en tête, car elles me motivent à en faire plus. Je pense également à la détermination de ces personnes et à leurs demandes de changement.
La violence contre un partenaire intime n'implique pas que la violence physique. Les agresseurs se servent du contrôle pour dominer leur partenaire et se servent souvent d'une arme à feu enregistrée acquise légalement pour appuyer leurs tentatives de contrôle. Les victimes de violence armée, les groupes de femmes et les défenseurs des femmes qui travaillent fort pour protéger la vie et la sécurité des femmes et des personnes bispirituelles réclament depuis des années un meilleur contrôle de l'accès aux armes létales qui peuvent être utilisées contre les femmes et qui mènent parfois à leur mort.
Après le massacre de 14 étudiantes à l'École polytechnique, le groupe PolySeSouvient a plaidé pour renforcer le contrôle des armes à feu, afin que les familles et les collectivités n'aient plus jamais à vivre une telle souffrance. J'ai rencontré certaines de ces familles. Je suis impressionné par leur détermination à modifier nos lois et à mieux protéger les femmes. Leur engagement signifie qu'elles revivent sans cesse la perte d'un être cher — leur fille, leur sœur ou leur amie — dans le cadre de leur lutte. En 1989, j'avais 23 ans. Je me souviens très bien de la fusillade de polytechnique, et d'avoir imaginé que j'aurais pu être une cible uniquement en raison de mon sexe.
Je n'oublierai jamais. Pourtant, ce n'est qu'il y a deux ans, sous le gouvernement libéral, que 1 500 armes d'assaut comme les AR-15 ont été interdites. Les militants des droits des femmes demandaient cette interdiction depuis 31 ans. Depuis que cette loi est passée, on a interdit la mise sur le marché de plus de 300 autres types de fusils d'assaut, et les conservateurs se sont battus contre cette mesure. En dépit de leur position sévère face aux crimes, ils ont fermement défendu les lobbyistes des armes à feu au lieu de défendre les survivants et leurs familles. Heureusement, nous savions que nous pouvions aller plus loin.
Les groupes de défense des droits des femmes insistent depuis des années pour qu'on apporte des changements qui autoriseraient la confiscation d'armes lorsqu'il y a des signes avant-coureurs de violence, y compris l'existence d'accusations dans les bases de données policières. Pendant bien trop longtemps, leurs voix n'ont pas été entendues. Malgré les innombrables appels à l'action, ainsi que le grand nombre de rapports et d'études, les survivants de violence entre partenaires intimes ont été ignorés et les femmes dans des relations de violence n'ont pas été protégées.
Des études ont montré que la présence d'une arme à feu dans un domicile, même si elle a été acquise légalement, accroît le risque de suicide et quintuple le risque, pour les victimes de violence entre partenaires intimes, d'être tuées. C'est pourquoi ces mesures, telles que le gel sur les armes de poing et les mesures législatives permettant aux forces de l'ordre de confisquer les armes à feu, sont si importantes.
Le projet de loi propose la création de dispositions permettant d'intervenir en fonction de la gravité de la situation. Ces dispositions aideraient toute personne se sentant menacée par la présence d'une arme à feu dans son domicile ou par un propriétaire d'arme à feu à se protéger, ainsi qu'à protéger autrui.
Le régime « drapeau rouge » permettrait à n'importe qui, pas seulement la police, de signaler un comportement alarmant à un tribunal afin de faire confisquer immédiatement l'arme à feu d'une personne qui pose un danger. Le régime « drapeau jaune » permettrait à n'importe qui de demander à un contrôleur des armes à feu de suspendre et de vérifier le permis d'une personne si des soupçons raisonnables portent à croire que la personne n'est plus admissible à détenir un permis.
Il y a également d'autres situations où ces lois sauveront des vies, notamment lorsqu'une personne est suicidaire ou incite ouvertement à la haine ou à la violence contre quelqu'un. Au Canada, détenir une arme à feu est un privilège et non un droit. Les Canadiens gagnent le privilège de devenir propriétaire d'une arme à feu lorsqu'ils respectent les lois, les règlements et les exigences strictes concernant la délivrance de permis, la formation, l'entreposage et l'utilisation d'une arme à feu.
Ce principe différencie le Canada de nombreux autres pays et fait en sorte qu'il y a moins de violence armée ici qu'ailleurs, notamment aux États‑Unis. Je suis de tout cœur avec les nombreuses familles qui ont perdu un enfant, un être cher ou un partenaire en raison de la violence armée répandue qui déchire les collectivités partout dans le pays situé au sud du nôtre.
Cela dit, ce n'est pas le moment de baisser la garde dans notre pays. Nous devons écouter la voix des familles des victimes et des survivants. Nous devons mieux nous protéger les uns les autres et mieux protéger nos collectivités du contrôle coercitif exercé à l'aide d'une arme à feu et de la violence qui pourrait s'ensuivre.
Dans ma circonscription, Thunder Bay—Supérieur-Nord, beaucoup de gens possèdent des armes à feu pour la chasse et le tir sportif. La mesure législative présentée la semaine dernière ne restreindrait pas les armes à feu utilisées à ces fins.
Les Canadiennes ont demandé qu'on passe à l'action, et le a pris les devants en tant qu'allié. Nous devons tous faire de notre mieux pour adopter ce projet de loi et sauver des vies.
Comme le l'a dit, les pensées et les prières ne suffisent pas. Nous avons besoin de mesures concrètes. C'est exactement ce que le projet de loi fait: il prévoit des mesures concrètes pour protéger les femmes et les autres personnes d'une violence dévastatrice.
Je suis très fière d'appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture et j'espère que mes collègues en feront autant.
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Madame la Présidente, c'est un véritable honneur pour moi de prendre la parole ce soir au nom des habitants de ma circonscription, Davenport. C'est une circonscription que je suis très fière de représenter.
L'objectif du projet de loi , dont nous débattons ce soir, est de modifier le Code criminel et la Loi sur les armes à feu afin d'accomplir quatre choses essentielles: établir un gel national des armes de poing; établir des lois qui donnent aux autorités le pouvoir d’intervenir rapidement lorsque le comportement d'un propriétaire d’arme à feu soulève des préoccupations et prolonger la révocation des permis d'arme à feu; lutter contre la contrebande et le trafic d'armes à feu, notamment en augmentant la peine d'emprisonnement maximale pour les actes criminels liés aux armes à feu; et interdire les répliques d'armes à air comprimé à vitesse moyenne.
Bref, il s'agit d'une mesure concrète du gouvernement fédéral pour lutter contre la violence liée aux armes à feu, qui est en hausse au Canada et qui constitue une menace sérieuse et importante pour le bien-être des collectivités canadiennes. Depuis 2009, les crimes violents commis avec des armes à feu ont augmenté de 81 %, et 47 % des Canadiens ont déclaré qu'ils estiment que la violence liée aux armes à feu constitue une menace sérieuse pour leur collectivité.
Je suis née et j'ai grandi au centre-ville de Toronto et, même si j'ai été relativement en sécurité dans la plus grande ville du Canada pendant la majeure partie de ma vie, la violence liée aux armes à feu a été remarquée et, comme je l'ai dit, elle est en hausse. C'est un sujet qui nous inquiète parce que nous en entendons parler dans nos collectivités et il nous donne un sentiment d'insécurité.
Je participais à un appel avec mes employés ce matin. Dans le cadre de leurs fonctions, ils épluchent les médias sociaux et les nouvelles qui touchent ma circonscription. Hier, un incident avec une arme à feu est survenu à l’intersection des rues Gladstone et Bloor. Je ne connais pas tous les détails, mais voici ce que j’ai appris dans les nouvelles:
Un homme a été transporté à l’hôpital avec de sérieuses blessures après avoir été atteint par balle vendredi soir.
L’incident s’est produit à l’angle de la rue Bloor et de l’avenue Gladstone, peu après 19 h 30.
Les circonstances entourant la fusillade demeurent inconnues. Un rapport préliminaire indique que deux coups de feu ont été tirés, selon la police.
La victime [...] a eu des blessures sérieuses, mais qui ne mettent pas sa vie en danger [...]
Chaque incident de cette nature fait en sorte que les habitants de nos collectivités ne se sentent pas en sécurité. Il y a des répercussions sur notre qualité de vie et notre bien-être.
J’ai écouté le débat ce soir, et je suis d’accord que la lutte contre la violence armée n’est pas simple. C’est un problème extrêmement complexe. Aucune mesure ne réussira à elle seule à libérer nos rues des armes à feu, et ce projet de loi n'est certainement pas une panacée.
Toutefois, nous n’en sommes pas à notre première mesure. Je suis très fière de toutes les mesures qui ont été prises au cours des six ou sept dernières années pour s’attaquer au problème de la violence armée.
Je suis très fière du projet de loi qui a été présenté pendant la 42e législature. Il visait à mettre en place des mesures sur l'enregistrement des armes à feu, de nouvelles pratiques en matière de diligence raisonnable, de meilleurs outils de suivi pour les forces de l'ordre et d'autres mesures pour garder les armes à feu hors de la portée des criminels. Nous avons aussi fait des investissements considérables dans nos services frontaliers pour empêcher les armes à feu de traverser la frontière, et nous avons énormément investi dans les mesures de lutte contre les causes profondes de la violence.
Nous avons aussi pris d'autres mesures. En mai dernier, nous avons interdit plus de 1 500 modèles d'armes d'assaut et leurs variantes. La grande majorité des propriétaires d'arme à feu sont des gens responsables, mais ces armes à feu puissantes et dangereuses ne sont pas conçues pour des activités légitimes comme la chasse et le tir sportif. Ces armes ont été conçues pour le combat et elles n'ont pas du tout leur place dans nos villes. En prenant ces mesures, nous avons suivi l'exemple d'autres chefs de file mondiaux en matière de contrôle des armes à feu.
Cela dit, comme je l'ai indiqué, la violence armée, sous toutes ses formes, demeure un problème majeur dans les collectivités et les villes. Qu'il s'agisse des événements que nous commémorons publiquement ou de ceux qui touchent les gens chez eux, les situations tragiques liées aux armes à feu créent des souffrances incommensurables et sont souvent évitables. Nous pensons à tous ceux qui ont souffert de la perte tragique d'un être cher et qui ne se sentent plus en sécurité dans leur collectivité.
La violence armée demeure une réalité tragique qui touche les villes et les régions du Canada. Il suffit de penser à la tragédie de Polytechnique ou à celle, plus récente, de la mosquée de Québec, où un meurtrier est entré, a tué six personnes et en a blessé de nombreuses autres. Nous nous souvenons aussi du massacre survenu en Nouvelle‑Écosse.
Personne ne devrait voir sa vie fauchée ainsi. Personne ne devrait avoir à vivre avec la douleur d'avoir perdu un être cher à cause de la violence liée aux armes à feu. Voilà pourquoi le contrôle des armes à feu, notamment par voie réglementaire et législative, est une de nos grandes priorités. Voilà pourquoi nous sommes solidaires de ceux qui luttent sans relâche pour améliorer la sécurité de leurs collectivités. Leurs voix ont renforcé notre volonté et nous ont aidé à réagir au moyen de ce nouveau projet de loi.
Comme je l'ai dit, depuis 2015, nous avons fait des progrès concrets pour assurer la sécurité des Canadiens. Nous avons présenté des lois sensées sur les armes à feu. Nous avons investi dans les forces de l'ordre. Comme le l'a dit, nous avons aussi investi dans les enfants et les collectivités parce que nous savons qu'une telle approche a de véritables effets et qu'elle cible les déterminants de la criminalité et de la violence. Cependant, nous pouvons toujours en faire plus. Nous devons continuer de nous attaquer aux causes fondamentales de la violence liée aux armes à feu afin de cibler les conditions dans les collectivités qui mènent à la violence. Nous devons nous concentrer sur les façons dont les armes se retrouvent dans les mains des personnes qui veulent causer du tort.
Par exemple, les criminels peuvent accéder à des armes à feu de différentes façons. Certaines passent en contrebande à la frontière depuis les États‑Unis. D'autres sont volées de propriétaires légitimes d'armes à feu. D'autres encore sont achetées légalement par des gens qui ont le permis nécessaire, puis sont ensuite vendues illégalement par des stratagèmes d'achat par personne interposée. Le projet de loi cible tous ces problèmes.
Nous savons également que, dans certains cas, une arme à feu peut être détenue légalement, mais que les circonstances ont changé. Il peut s'agir d'un foyer où il y a maintenant des actes de violence faite aux femmes et de violence familiale. Une arme à feu peut être accessible à une personne qui est aux prises avec des idées suicidaires ou à une autre personne qui s'est radicalisée et qui est impliquée dans l'extrémisme violent. Dans ces circonstances, il nous faut les outils pour pouvoir retirer les armes à feu qui rendent mortelle une situation dangereuse. C'est un autre aspect important du projet de loi . Il permet aux Canadiens de passer à l'action.
La pandémie a aggravé les situations de violence familiale et de violence entre partenaires intimes. La violence familiale n'est pas le seul danger. Il se pourrait aussi qu'une personne soit suicidaire ou qu'elle ait ouvertement incité à la haine ou à la violence contre une autre personne.
Pour répondre à ces situations, le projet de loi propose la création de dispositions en vue de la confiscation des armes à feu ou de la suspension des permis de possession. Ces dispositions aideraient toute personne se sentant menacée par la présence d'une arme à feu dans son domicile ou par un propriétaire d'arme à feu à se protéger, ainsi qu'à protéger autrui. Plus particulièrement, le régime de type drapeau rouge permettrait à toute personne, et non seulement aux policiers, de présenter une demande devant les tribunaux pour retirer immédiatement les armes à une personne lorsque cette dernière représente un danger. De même, le régime de type drapeau jaune permettrait à toute personne de demander au contrôleur des armes à feu de suspendre et d'examiner le permis d'une personne, s'il existe des soupçons raisonnables de croire que cette personne n'est plus admissible à un permis.
Comme les députés le savent, la possession d'armes à feu au Canada n'est pas un droit, mais un privilège. Les Canadiens peuvent obtenir ce privilège s'ils respectent nos lois strictes, notre réglementation et nos exigences en matière de permis, de formation, d'entreposage et d'utilisation d'une arme à feu. Au Canada, les armes sont destinées uniquement à la chasse et au tir sportif.
À l'instar du , je reconnais que la vaste majorité des propriétaires d'armes à feu au pays sont des citoyens respectueux des lois. Ce sont des personnes responsables qui se procurent leurs armes à feu de manière légale, qui les entreposent de façon sécuritaire et qui les utilisent de manière responsable. Ils méritent le privilège de posséder une arme à feu, et nous leur sommes reconnaissants de respecter ces lois.
Je connais beaucoup de ces personnes, non seulement dans ma collectivité, mais aussi dans la communauté des propriétaires d'armes à feu partout au pays, et je peux affirmer qu'elles souhaitent que les armes à feu soient utilisées de façon sécuritaire et que l'on empêche les criminels et les personnes ayant l'intention de commettre un crime violent d'y avoir accès. Je crois qu'elles comprendront l'importance de ce que nous proposons aujourd'hui pour assurer la sécurité de nos collectivités.
Tous les Canadiens méritent de vivre dans un endroit où ils peuvent être en sécurité. C'est l'objectif du projet de loi . Comme le l'a dit: « Les pensées et les prières ne suffisent plus [...] il est temps de prendre des mesures concrètes ». C'est exactement ce que le projet de loi C‑21 propose: des mesures concrètes pour endiguer la vague de violence liée aux armes à feu au Canada.
Je suis très fière d'appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture et j'espère que mes collègues en feront autant.
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Madame la Présidente, je suis honoré d'être ici ce soir pour participer au débat sur le projet de loi , que le gouvernement a récemment présenté dans l'espoir de protéger les citoyens.
Je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Dans ses observations liminaires, le a dit souhaiter que nous trouvions un terrain d'entente sur cette importante question, et j'étais content d'entendre la députée de , l'intervenante précédente, exprimer le même souhait. Nous nous entendons tous pour dire qu'il faut rendre nos collectivités plus sûres et mieux protéger les citoyens. C'est notre devoir, en tant que parlementaires, de trouver des moyens de faire de cela une réalité, car les crimes à main armée sont un problème au Canada, malgré les lois qui prévoient un contrôle strict des armes à feu depuis des décennies.
Malheureusement, la criminalité commise à l'aide d'une arme à feu a beaucoup augmenté depuis 2014, mais aussi depuis le début de la pandémie. La criminalité liée aux drogues illicites et la contrebande ont également augmenté, tout comme le nombre de décès à la suite d'une surdose de drogues toxiques. Toutes ces menaces sont réelles. Heureusement, le comité de la sécurité publique a réalisé une étude sur les armes à feu, les gangs et la contrebande de drogues illicites. Je crois que cette étude révèle des renseignements très intéressants qui nous seront utiles pour l'élaboration de lois et de politiques.
Les drogues illicites sont un vrai problème au Canada. C'est certainement le cas dans ma ville, Langley, et dans la région métropolitaine de Vancouver. Je partage le deuil d'un ami de la famille, qui pleure son fils adulte décédé à la suite d'une surdose de drogues toxique, il y a environ un an. Les membres de sa famille ne savaient pas qu'il était toxicomane. Ils ne savent pas où il s'est procuré les drogues. C'était un citoyen responsable. Il avait un bon emploi. Il avait une famille. Il avait des gens qui l'aimaient. Il semble que ce soit le type de personnes qui sont aux prises avec une dépendance.
Les armes à feu sont aussi un vrai problème. Comme je l'ai dit dans un discours précédent, il y a environ un an, il y a eu une série de fusillades perpétrées par des gangs dans la région métropolitaine de Vancouver, y compris dans ma circonscription, Langley. Il y a eu une fusillade en plein jour, où quelqu'un a été assassiné devant le complexe sportif où mes petits-fils jouent au hockey. Tout cela nous touche de très près.
En réaction à cette fusillade, et il y en a eu toute une série dans la région métropolitaine de Vancouver, il y a environ un an, j'ai posé une question à l'ancien ministre de la Sécurité publique — c'était le poste qu'il occupait à l'époque — pendant la période des questions. C'était au cours de la législature précédente. Je lui ai demandé ce que le gouvernement faisait pour protéger les gens dans nos rues contre les crimes commis avec une arme à feu. Il m'a répondu qu'il cherchait à déterminer d'où provenaient les armes à feu utilisées pour commettre des crimes.
La dernière intervenante a dit exactement la même chose: les armes à feu utilisées pour commettre des crimes sont soit volées à des propriétaires légitimes d'armes à feu, soit achetées illégalement, ce qui signifie qu'elles sont achetées légalement par une personne qui a un permis pour acheter une arme à feu, mais pour le compte d'autres personnes, probablement pour des activités liées à des gangs. Elles peuvent aussi être introduites clandestinement depuis les États-Unis.
Je n'avais pas de question de suivi avec le ministre à ce moment-là, mais il n'y a qu'une quantité limitée de renseignements que nous pouvons échanger au cours de la période de questions et réponses de 60 secondes.
J'ai pensé faire mes propres recherches. Je pensais que la réponse serait relativement facile à trouver. Je voulais savoir combien d'armes à feu utilisées pour commettre un crime avaient été volées à des propriétaires légitimes d'armes à feu, combien avaient été achetées illégalement, en pourcentage, et combien avaient été introduites clandestinement dans le pays.
Je me suis adressé à Statistique Canada et j'ai découvert que la réponse n'existe pas. Les données sont manquantes. Je suis allé à la Bibliothèque du Parlement et j'ai demandé aux employés s'ils pouvaient faire des recherches pour moi. Ils ont fait de leur mieux, mais ils sont revenus en disant qu'ils ne savaient pas vraiment, parce qu'il y a beaucoup de lacunes dans les données.
Je suis allé voir mon service de police local, qui m'a confirmé la même chose. On m'a dit que nulle part au pays les services de police n'étaient tenus de déterminer la provenance des armes à feu utilisées pour commettre un crime — dans les cas, bien sûr, où ils arrivent à trouver l'arme en question.
J'ai découvert une autre chose: il n'existe aucune définition standard d'une arme à feu utilisée à des fins criminelles. S'agit-il de l'arme dont on s'est servi pour blesser intentionnellement quelqu'un, ou la définition est-elle beaucoup plus générale que cela? Englobe-t-elle même les armes détenues par des personnes qui, par accident ou inadvertance, ont laissé leur permis de port d'arme expirer?
Au comité de la sécurité publique, nous avons étudié la question et obtenu des réponses très diverses. Une personne a dit que 80 % des armes à feu utilisées pour commettre des crimes étaient importées illégalement des États-Unis. Un autre témoin très crédible lui aussi a affirmé que 80 % des armes provenaient de chez nous. Lorsque nous avons approfondi la question, nous avons constaté que ces personnes se fondaient sur des définitions complètement différentes.
Nous avons posé la question à des représentants de Statistique Canada qui ont comparu devant notre comité. Voici ce qu'ils ont répondu: « en ce moment, nous n'avons pas de données nationales » et « je ne peux pas vous fournir des informations précises ». Statistique Canada reconnaît qu'il existe un écart important.
C'est une question très importante. En effet, en tant que parlementaires, nous avons besoin de données fiables pour élaborer des lois qui atteindront leurs objectifs et assureront la sécurité des gens. Je me suis demandé si nous avions adopté d'autres lois sans avoir de données. Nous en avons adopté qui visent à tenter de gérer l'inflation, l'abordabilité du logement et la crise du coût de la vie, mais nous avions alors beaucoup de données. Statistique Canada a des données sur ces sujets. En ce qui concerne la gestion de la pandémie, nous avons aussi des données, bien sûr. Il faut savoir comment le virus se propage d'une personne à une autre. Nous nous fondons sur des données.
Par contraste, nous étudions maintenant une mesure législative qui est censée mettre fin à la violence armée, le projet de loi , mais nous n'avons pas de données. Nous ne savons pas d'où viennent les armes. C'est un point qui me laisse vraiment perplexe. C'est le principal problème, à mon avis. Le gouvernement présente ce projet de loi aux gens en disant qu'il nous protégera, mais nous savons que ce n'est pas le cas.
Pendant notre étude, nous avons découvert que 80 % des armes à feu utilisées pour commettre un crime sont probablement arrivées des États-Unis par contrebande. Plusieurs témoins nous ont expliqué ce qui est l'évidence même, c'est-à-dire que la frontière entre le Canada et les États-Unis est la plus longue frontière non protégée entre deux pays. Les États-Unis sont le plus grand producteur d'armes à feu; ils comptent d'ailleurs plus d'armes à feu que de citoyens. Nous savons que les États-Unis sont la principale source des armes à feu utilisées pour commettre un crime au Canada. Ces armes arrivent par contrebande, que ce soit en passant par le fleuve, par les Grands Lacs ou par des postes frontaliers comme ceux de Peace Arch et d'Aldergrove, dans ma circonscription.
C'est ce que nous devons faire. Nous devons obtenir de meilleures données. Nous devons collaborer avec les États‑Unis. Ce n'est pas un problème que nous pourrons résoudre tous seuls. Nous devons travailler avec le département américain de la Sécurité intérieure afin qu'il coopère avec nous pour essayer de stopper le flux d'armes illégales qui aboutissent entre les mains des criminels et des gangsters. Surtout, nous devons nous attaquer aux causes profondes de la criminalité. Nous devons comprendre pourquoi les jeunes s'associent à des gangs. Nous devons les attirer vers d'autres solutions. Nous devons comprendre comment les drogues toxiques se retrouvent dans nos rues. Nous devons pouvoir empêcher cela. Nous devons encourager les gens à aller chercher les soins dont ils ont besoin en matière de santé mentale et de toxicomanie.
Les armes et les drogues sont tellement intimement liées que nous ne pouvons pas régler un problème sans nous attaquer à l'autre.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole ce soir pour parler du projet de loi .
Ce projet de loi contient quelques bonnes mesures, et en ce qui a trait aux armes à feu, les conservateurs appuieront toujours les mesures législatives sensées qui visent les criminels et les gangs. Notre parti est celui qui cherche avant tout à protéger les victimes d'acte criminel.
Plus tôt aujourd'hui, les députés de ce côté-ci de la Chambre ont présenté une motion pour que certains éléments du projet de loi soient renvoyés immédiatement à un comité, soit les éléments visant à protéger les personnes pouvant être victimes de crimes commis avec des armes à feu et à resserrer les mesures législatives à l'égard de la contrebande d'armes à feu.
Les modifications prévues dans ce projet de loi comprennent des dispositions d'urgence qui permettraient aux forces de l'ordre de confisquer des armes à feu plus rapidement dans une situation familiale dangereuse. J'y suis favorable. Mon parti appuie cette mesure et serait favorable à ce qu'elle soit renvoyée directement à un comité pour qu'elle soit adoptée plus rapidement.
La violence familiale ne doit pas être prise à la légère. De ce côté-ci de la Chambre, nous sommes d'avis que si nous renvoyons ces éléments au comité, nous sommes beaucoup plus près de les faire adopter et de sauver des vies innocentes. Cependant, l'autre côté de la Chambre l'a empêché. Je ne sais pas trop pourquoi ce côté de la Chambre veut politiser la vie d'enfants, de femmes et d'hommes innocents qui sont plongés dans des situations de violence familiale. Pourquoi?
Notre motion appuyait également des peines plus sévères pour les trafiquants d'armes à feu. Dans le cadre des délibérations à propos du massacre en Nouvelle‑Écosse, nous avons entendu des témoignages selon lesquels l'homme responsable des fusillades avait des armes à feu provenant de l'autre côté de la frontière. Nous avons aussi entendu que le fait que l'homme possédait une vaste sélection d'armes était bien connu.
S'il y avait eu des peines plus sévères pour ces armes illégales, les choses se seraient-elles déroulées autrement? Nous ne le saurons jamais. Je n'arrive absolument pas à comprendre pourquoi le gouvernement bloquerait des mesures aussi importantes. Pourquoi ne voudrait-il pas saisir toutes les occasions pour prévenir tout crime violent aussi rapidement que possible?
Les conservateurs appuient les éléments du projet de loi qui sont axés sur la protection des victimes de crimes commis avec une arme à feu et sur le resserrement de lois ciblant la contrebande d'armes à feu.
Nous savons que les crimes commis avec des armes à feu ne le sont pas avec des armes légales ou par des propriétaires d'armes généralement respectueux des lois et qu'ils représentent une proportion beaucoup plus faible des crimes violents que ceux commis avec des couteaux ou d'autres armes. Nous savons également que le gouvernement dispose de moyens et de méthodes pour empêcher les armes illégales d'entrer au pays.
La question est de savoir pourquoi il ne met pas fin au commerce illégal des armes à feu. Si le gouvernement était aussi déterminé à empêcher les armes à feu illégales de se trouver dans les mains de criminels qu'il l'est à maintenir en place les restrictions de voyage inutiles, les rues des villes seraient beaucoup plus sûres.
Il est honteux que le gouvernement libéral choisisse la politique plutôt que la protection des victimes et qu'il ait rejeté notre motion visant à renvoyer immédiatement certains éléments du projet de loi au comité aujourd'hui.
Les agissements des députés d'en face aujourd'hui envoient un message fort: les libéraux ne sont pas sérieux lorsqu'il s'agit d'empêcher les criminels dangereux de mettre la main sur des armes illégales. Leurs actions me disent qu'ils ne sont pas sérieux lorsqu'il s'agit de rendre nos rues plus sûres. C'est une honte, car la vie de tant de personnes dépend de l'action collective et avisée des députés.
Les députés d'en face ne sont tout simplement pas prêts à renoncer à leur programme politique et à retirer les parties inefficaces et controversées du projet de loi, lesquelles ne font rien pour mettre fin à la violence liée aux armes à feu et n'offrent aucun avantage aux Canadiens vulnérables. Je suis perplexe.
Bien sûr, lorsqu'il s'agit de priorités, les libéraux parlent de la criminalité liée aux armes à feu, mais, en réalité, les libéraux font preuve de laxisme à l'égard des vrais criminels armés et affaiblissent les lois là où cela compte. Par exemple, les libéraux veulent interdire les fusils à plomb. Je ne comprends pas l'état d'esprit du gouvernement. Les libéraux croient-ils vraiment qu'un jeune qui possède un fusil à plomb est un criminel?
Par contre, en vertu du projet de loi , un membre de gang reconnu coupable d'un crime violent serait autorisé à purger sa peine dans la collectivité qu'il a terrorisée. Le projet de loi ne prévoit aucune peine d'emprisonnement minimale obligatoire pour ce genre de criminel. Pensons-y un instant. Un délinquant violent terrorise une personne ou une communauté et, au lieu de le mettre en prison, on lui permet de purger sa peine dans la collectivité même où il a commis son crime. La mentalité des libéraux rend nos collectivités moins sûres et risque d'augmenter la criminalité armée.
Depuis l'élection des libéraux en 2015, le nombre de crimes armés augmente d'année en année. Dans des villes telles que Toronto, Montréal, Vancouver et Winnipeg, la violence armée est devenue monnaie courante. Les libéraux ne font rien pour améliorer la sécurité liée aux armes à feu et font passer la politique en premier à tout coup, au détriment des Canadiens, qui deviennent, dans leur propre collectivité, des victimes de la violence armée croissante perpétrée par les gangs et les criminels dangereux. Chaque jour, des êtres humains innocents perdent la vie en raison des armes à feu légales qu'utilisent les criminels.
Les Canadiens en ont marre des fausses promesses. Le gouvernement libéral se préoccupe davantage des manchettes et de la rédaction de projets de loi qui sèment la discorde que de la sécurité des Canadiens. Tandis que le plan des libéraux continue de rater l'objectif et que la violence armée continue d'augmenter, les conservateurs continuent d'avoir une approche sensée par rapport à la sécurité liée aux armes à feu, à la réduction de la criminalité armée et à l'amélioration de la sûreté des collectivités.
J’ai grandi dans une petite localité. Les fusils à plombs n’étaient pas considérés comme des armes dangereuses, et je ne crois pas que les députés d’en face considèrent les fusils à plombs ou à air comprimé comme des armes dangereuses.
Il y a tellement de choses dans cette mesure législative que je ne peux pas accepter. Il y a tant de propriétaires d’armes à feu respectueux des lois dans ma circonscription qui se sentent menacés par ce projet de loi. Par conséquent, je propose:
Que l’amendement soit modifié par adjonction de ce qui suit: « ; que le Comité présente son rapport au plus tard 10 jours de séance après l’adoption de la présente motion. »
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
C'est un plaisir de prendre la parole au sujet du fort louable projet de loi , Loi modifiant certaines lois et d’autres textes en conséquence concernant les armes à feu. Le gouvernement a adopté une approche multidimensionnelle pour lutter contre la violence armée au Canada. L'interdiction des armes à feu de style arme d’assaut, qui est entrée en vigueur le 1er mai 2020, fut un grand pas en avant pour la mise en œuvre d'un certain nombre d'engagements en matière de politiques sur les armes à feu qui ont été annoncés dans les discours du Trône de 2019 et de 2020. Le projet de loi donne suite à ces engagements et d'autres initiatives en s'attaquant à une multitude de facteurs qui contribuent à la violence liée aux armes à feu.
J'aimerais commencer par parler d'un problème qui a été soulevé à maintes reprises aujourd'hui, soit les armes à feu légales par rapport aux armes à feu illégales. Je tiens à préciser que le gouvernement ne remet pas en question la possession légale d'une arme à feu. Il ne souhaite que renforcer la sécurité dans nos collectivités, pour tous les Canadiens.
Comme beaucoup d'entre nous l'ont reconnu ici — et comme l'a dit le comité de la sécurité publique qui a étudié la question —, les armes à feu légales peuvent devenir illégales. Depuis 2009, le nombre de vols d'armes à feu détenues légalement par leur propriétaire a été multiplié par trois. Ces armes à feu volées se retrouvent ensuite entre les mains des criminels.
En outre, les chiffres montrent que, plus il y a de propriétaires d'armes à feu, plus il y a de tirs et de décès accidentels et d'autres accidents non létaux. Les données indiquent que c'est en Saskatchewan que le taux de tirs accidentels est le plus élevé, suivie de l'Alberta, de la Colombie‑Britannique et de l'Ontario. Je crois que c'est au Québec que ce taux est le plus bas comparativement à la moyenne nationale. Il est possible de réduire ce taux grâce à ce projet de loi.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, d'autres pays se sont attaqués à la violence armée au moyen de mesures législatives et de réformes similaires. Par exemple, nous avons vu qu'en Australie, le taux de décès liés aux armes à feu a chuté d'environ 50 % pour ensuite se stabiliser. C'est remarquable. Le Royaume‑Uni et la Nouvelle‑Zélande ont obtenu des résultats comparables. Il convient de le souligner.
Aujourd'hui, nous avons parlé de la provenance de ces armes à feu et j'apprécie les recherches menées par le député de l'opposition concernant ce projet de loi, mais j'ai également discuté de cette question avec de nombreux chefs de police et j'ai déjà été membre du comité de la sécurité publique. Ce qu'on comprend, c'est que plus de la moitié des armes utilisées pour commettre des crimes en 2020 avaient été obtenues à l'intérieur des frontières canadiennes. Soit il s'agissait d'armes acquises légalement, soit il s'agissait d'armes volées ou achetées par l'entremise d'un prête-nom. Par exemple, la fusillade de l'avenue Danforth, un incident fort malheureux, a été commise au moyen d'une arme à feu légale volée en Saskatchewan et qui a ensuite servi à commettre cette tuerie.
La réduction du nombre d'armes de poing achetées au Canada et détournées vers le marché illégal fait partie du plan global du gouvernement visant à atténuer la menace mortelle que représente la violence liée aux armes à feu. C'est une étape très importante.
Le prochain aspect que je voudrais aborder, et je sais que c'est une grande préoccupation pour de nombreux députés, c'est la contrebande d'armes à feu. La réduction de la contrebande est un élément clé de la lutte que mène le gouvernement pour réduire l'accès aux armes à feu illégales. La contrebande et le trafic d'armes à feu sont très souvent associés aux activités du crime organisé et mettent en péril la sécurité publique. L'accès aux armes à feu illégales permet la perpétration d'autres crimes, notamment le trafic de drogues. Nous devons continuer à prendre des mesures pour remédier à cette situation, et c'est ce que nous ferons, notamment en faisant passer les peines maximales d'emprisonnement de 10 à 14 ans pour la contrebande et le trafic d'armes à feu.
Selon un rapport de 2018 de l'unité d'application des lois sur les armes à feu de la police de Toronto, 70 % des armes à feu utilisées pour commettre des crimes à Toronto dont l'origine a pu être déterminée provenaient de l'autre côté de la frontière, contre une moyenne de 50 % entre 2014 et 2017. C'est pourquoi cette étape est essentielle. La police de Toronto a attribué l'augmentation de l'approvisionnement à l'étranger en 2018 à deux importantes saisies effectuées par son unité des gangs et des armes à feu. Cela a eu un impact majeur sur les collectivités et les provinces, qui ont demandé au gouvernement fédéral de lutter contre le trafic et la contrebande.
Signaler la gravité de ces infractions aux criminels est d'une importance capitale pour les dissuader de commettre des crimes. La proposition d'augmenter la peine maximale enverra également un message clair aux tribunaux, selon lequel le Parlement dénonce ces crimes.
J'aimerais maintenant aborder les dispositions de signalement d'urgence que propose d'intégrer le projet de loi au Code criminel. Ces dispositions cherchent à prévenir les actes de violence grave.
Nous voulons éviter que ces actes soient commis, à l'aide d'un nouvel outil qui permettrait de retirer les armes à feu des situations susceptibles de devenir violentes. Le nouveau régime permettrait à quiconque de demander aux tribunaux une ordonnance de protection d'urgence contre des armes, qui interdirait ou limiterait l'accès d'un individu à une arme pour un maximum de 30 jours. Au besoin, l'ordonnance pourrait être prolongée jusqu'à 5 ans. Ce régime permettrait aussi aux juges de tenir des audiences d'urgence à huis clos, ou de supprimer ou de sceller un casier judiciaire pour protéger l'identité de la partie demanderesse ou des victimes potentielles; il s'agit d'un autre enjeu soulevé aujourd'hui à la Chambre. Nous voulons faire en sorte que les gens se sentent dorénavant en sécurité.
La personne qui présente la demande devant les tribunaux devra avoir des motifs raisonnables de croire que l’individu en question ne doit pas avoir accès à une arme à feu, car il représente un risque pour sa propre sécurité ou celle des autres. Si le juge est satisfait des motifs invoqués, il pourra ordonner une interdiction temporaire d’utiliser une arme à feu pouvant aller jusqu’à 30 jours. Le fait de retirer une arme à feu à un individu qui représente un risque pour lui-même ou les autres donnerait suffisamment de temps aux forces de l’ordre de mener une enquête approfondie, suivi d’une audience. Par la suite, la décision serait prise de prolonger l’interdiction, si nécessaire.
Ce projet de loi donnerait aussi la possibilité à une personne de présenter une demande devant les tribunaux pour des motifs similaires afin d’empêcher un individu visé par une interdiction d’utiliser une arme à feu d’avoir accès à l’arme à feu d’une tierce partie pendant une période pouvant aller jusqu’à 30 jours. L’ordonnance de la cour viserait la tierce partie, qui pourrait autant être une connaissance qu’un colocataire.
Le projet de loi propose aussi de remédier à des lacunes dans la loi à propos des imitations d’armes à feu. Comme ces changements attirent beaucoup l’attention depuis le dépôt du projet de loi, j’aimerais prendre le temps d’expliquer ce qui est proposé exactement.
La définition actuelle des répliques d'armes à feu, qui figure dans le Code criminel depuis 1998, comporte deux exigences: d'une part, l'objet n’est pas une arme à feu, et d'autre part, il est conçu de façon à en avoir l’apparence exacte ou à la reproduire le plus fidèlement possible. Les répliques d'armes à feu sont des objets prohibés au Canada. Elles sont également considérées comme de fausses armes à feu et le Code criminel érige en infraction le fait d'utiliser une fausse arme à feu pour commettre une autre infraction.
Les répliques d'armes à feu sont traitées de cette manière dans le Code criminel parce que le public et la police sont incapables de les distinguer des armes à feu conventionnelles, surtout dans les situations d'urgence où le temps presse. Malheureusement, nous en avons été témoins récemment à Scarborough. C'est un aspect très important du problème que le projet de loi essaie de régler.
De nombreux Canadiens comprennent parfaitement le vide juridique à combler: l'objet doit tirer des projectiles à une vitesse d'environ 500 pieds par seconde. Cet élément figure dans le projet de loi.
Je termine en disant que, grâce aux dispositions du projet de loi, le nombre d'armes à feu au Canada diminuera énormément. Je conviens que nous devons aborder la question sous divers angles, mais la réduction que nous observerons après l'adoption du projet de loi aura à elle seule des répercussions importantes, comme nous l'avons vu dans de nombreux autres pays.
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Madame la Présidente, c'était un compliment à la Chambre. Je ne suis pas sûr de comprendre d'où vient cette réaction. Je m'entends toujours très bien avec mon collègue au comité.
Enfin, le fait est qu'il est presque minuit et que nous débattons d'une question d'une importance cruciale. Pour moi, le point de départ est une vérité fondamentale: le rôle et la responsabilité de tout gouvernement élu démocratiquement sont d'assurer la sécurité de la population.
Le projet de loi s'appuie sur cette vérité. Il vise à s'attaquer à la violence liée aux armes à feu au Canada en mettant en œuvre des mesures préventives qui limitent les cas futurs de violence. Dans le temps de parole dont je dispose ce soir, je veux me concentrer sur deux aspects principaux du projet de loi, puis parler de leurs liens avec des mesures qui ont déjà été prises par le gouvernement et qui, selon moi, complètent parfaitement ce que le projet de loi C‑21 propose.
Commençons par un fait très clair sur les crimes violents. Nous savons que les armes de poing sont l'arme de choix pour les criminels. Par exemple, en 2020, les armes de poing ont été utilisées dans 75 % des vols à main armée et dans 54 % des infractions sexuelles. Ce ne sont là que deux exemples. Si j'avais plus de temps, je pourrais en dire davantage à ce sujet.
C'est pourquoi le projet de loi — s'il est adopté — rendra illégal le fait d'acheter, de vendre, de transférer ou d'importer des armes de poing. C'est un progrès pour notre société, un progrès important pour de nombreuses générations.
Il y a quelques jours, le et le ont pris la parole lors d'une conférence de presse. Derrière eux se tenaient des militants, dont bon nombre ont été touchés par ce problème d'une façon très personnelle. Leurs familles ont été entièrement déchirées par la violence liée aux armes à feu, et leurs opinions ont permis de rédiger ce projet de loi, car le gouvernement a pris le temps de discuter avec eux afin que leur point de vue soit représenté. Ce que je viens de lire, à propos du gel de la vente, du transfert, de l'achat et de l'importation des armes de poing, est le reflet des conseils qu'ils ont donnés au gouvernement à la suite des consultations qui ont eu lieu. Cela signifie qu'au bout du compte, le marché des armes de poing sera limité.
Cette mesure permettrait de diminuer le nombre d'armes de poing en circulation au Canada. Comme vient de le dire notre collègue de , en réalité, moins il y a d'armes de poing en circulation, plus la société est en sécurité. Il en résultera une diminution des suicides, des homicides et des blessures causées par des armes à feu, en particulier par les armes de poing.
Qu'en est-il des propriétaires légitimes d'arme à feu? Je crois que c'est une question très pertinente. Je sais que mes collègues conservateurs l'ont soulevée. Quelles sont les conséquences de ce projet de loi pour les propriétaires légitimes d'arme à feu?
Les Canadiens qui possèdent une arme de poing enregistrée, par exemple, pour le tir à la cible, pourront continuer de l'utiliser. J'insiste là-dessus. Je souligne également que le projet de loi ne cible pas les chasseurs. La chasse est une tradition canadienne. Les gens s'y adonnent, en particulier dans les collectivités rurales, mais même dans ma circonscription urbaine, à London, des gens pratiquent la chasse. Ce projet de loi ne s'appliquerait pas à ces personnes ni aux tireurs sportifs.
Au cas où il y aurait de la confusion, et je sais que s'il y en a, c'est du côté des conservateurs, j'aimerais rassurer mes collègues. Le projet de loi ne vise ni les chasseurs ni les tireurs sportifs. Il ne vise pas les personnes qui possèdent actuellement une arme de poing et qui pratiquent, par exemple, le tir sportif.
Plutôt, le projet de loi vise les criminels...
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Madame la Présidente, j'allais justement le suggérer à mon collègue. S'il le souhaite, nous pouvons en discuter, mais il est clair, à mon avis, que le tir sportif n'est pas touché.
Un autre aspect clé du projet de loi est le fait que la peine d'emprisonnement maximale pour des infractions comme la contrebande et le trafic passerait de 10 à 14 ans. Il s'agit d'un progrès très important. C'est quelque chose que nous n'avons jamais vu auparavant et je sais que de nombreux membres des forces de l'ordre et défenseurs l'ont réclamé. Du point de vue de la dissuasion, c'est important. Si l'on ajoute ce que je viens de dire au sujet du gel des armes de poing, cela complète très bien ce que le gouvernement a déjà fait.
Je rappelle à la Chambre ces mesures fondamentales, dont l'interdiction de pas moins de 1 500 modèles d'armes d'assaut, dont l'AR‑15. Ce sont des armes conçues pour tuer. Personne n'a besoin d'un AR‑15, par exemple, pour la chasse au chevreuil.
La chasse, comme je l’ai mentionné, est une tradition bien ancrée au Canada. Je ne remets pas ce fait en question. J’ai déjà chassé. En réalité, quand des armes d’assaut sont en circulation dans notre société, notre société est moins en sécurité. Les seules personnes qui défendent le droit aux armes d’assaut dans la société canadienne sont les membres du lobby des armes à feu, qui semblent avoir trouvé le moyen de faire valoir leur point de vue parmi les conservateurs. Nous avons vu ce qui s’est passé lors des plus récentes élections générales où une grande confusion semblait régner à propos de la place de ces arguments dans la plateforme des conservateurs, mais revenons à nos moutons.
Le gouvernement actuel a augmenté le financement des forces de l’ordre pour combattre les criminels et le trafic des armes à feu, en plus de rétablir le financement qui avait été réduit sous l’ancien gouvernement. Ainsi, la GRC et l’Agence des services frontaliers du Canada pourront exécuter leur travail essentiel à notre frontière. Je ne remets pas du tout en question le fait que ce qui se passe à la frontière, comme certains députés l’ont expliqué ce soir, a une grande incidence sur la problématique de la violence commise au moyen d'une arme à feu dans notre pays. Il n’y a aucun doute sur ce lien.
Nous avons besoin que les forces de l'ordre poursuivent leur travail. Nous avons besoin qu'elles en fassent plus et nous devons fournir à leurs membres les ressources nécessaires pour qu'ils puissent assumer toutes leurs responsabilités. C'est ce qu'a fait le gouvernement en leur fournissant davantage de ressources. Bien sûr, nous pouvons toujours faire plus.
Je vois également dans ce projet de loi que la mise en place des écoutes électroniques qui seraient utilisées dans les enquêtes relatives au trafic d'armes serait facilitée. C'est quelque chose qui mérite également d'être souligné.
Enfin, avec le temps qui me reste, je me permets d'aborder un autre aspect de grande importance, à savoir le fonds de 250 millions de dollars annoncé par le gouvernement pour s'attaquer à la violence liée aux gangs et à ses causes profondes. Je comprends qu'en vertu du projet de loi, l'accès à ce financement par les organismes sans but lucratif locaux serait accéléré. Ainsi, chez moi à London, en Ontario, par exemple, les organismes locaux qui se concentrent sur les causes profondes de la violence et, plus précisément, la violence menant à la criminalité y compris la violence liée aux gangs, seraient en mesure de présenter une demande par l'entremise de leur municipalité et, en fin de compte, au gouvernement fédéral, afin obtenir des fonds destinés à des programmes d'intervention auprès des jeunes.
Comme nous le savons, l'intervention précoce est essentielle pour garantir aux jeunes l'égalité des chances et leur tracer une voie vers un avenir plus prometteur. Il serait également possible de s'attaquer aux causes de la pauvreté intergénérationnelle. Nous savons qu'il existe un lien entre la violence armée, l'appartenance à des gangs et la pauvreté intergénérationnelle.
Heureusement, London n'a pas été frappée par une grande activité des gangs, mais je sais qu'il y a d'autres collectivités à travers le pays où cette activité est un véritable défi. Le fonds est important, de même que le fait d'assurer que les organismes y ont accès en temps opportun. Je crois savoir qu'un effort sera fait pour faire avancer le financement dans les mois à venir, pour que les organismes puissent faire une demande et y avoir accès. Cela témoigne de l'importance de la jeunesse.
Les perspectives du projet de loi mettent les jeunes à l'avant-plan et les placent au centre des préoccupations. Je félicite le gouvernement d'avoir présenté un projet de loi qui n'ignore pas les jeunes, car je crois impossible de présenter un projet de loi important sur les armes à feu sans tenir compte des jeunes. D'un point de vue préventif, c'est tout à fait essentiel.