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Monsieur le Président, j'ai trouvé intéressante l'intervention du député de au sujet de ce qui est devenu une question cruciale à la Chambre. Nous avons entendu des députés des deux côtés de la Chambre parler de l'importance de leur droit de s'exprimer et affirmer qu'ils comprenaient le député et l'appuyaient quand il disait que les dispositions de l'article 31 étaient utilisées comme instrument de sanction par les partis politiques.
C'est l'une des raisons pour lesquelles nous avions prévu pour la journée d'aujourd'hui, qui devait être une journée de l'opposition, la présentation d'une motion du chef du Parti libéral concernant une réforme démocratique dans l'espoir qu'elle serait adoptée, ce qui aurait apaisé, du moins en partie, les préoccupations des députés, dont le député de .
Cela dit, s'il me reste du temps, à la fin de mon allocution, j'aimerais revenir sur cette question, mais pour l'instant, je vais parler très brièvement du projet de loi , la Loi sur la lutte contre le terrorisme.
Juste avant la période des questions, j'ai reçu un courriel qui disait ceci:
CBC News a appris que les services policiers et du renseignement canadiens annonceront aujourd'hui qu'ils ont déjoué un vaste complot terroriste et arrêté des suspects en Ontario et au Québec.
Selon des sources haut placées, les membres présumés du complot ont été surveillés pendant plus d'un an au Québec et dans le Sud de l'Ontario.
L'enquête s'est déroulée dans le cadre d'une opération transfrontalière alliant les forces de l'ordre canadiennes, le FBI et le département de la Sécurité intérieure des États-Unis.
Le courriel se poursuit. Les médias nous fourniront vraisemblablement de plus amples renseignements au cours de la journée.
J'ai essayé de poser des questions sur le sujet, en particulier au Nouveau Parti démocratique. On est de plus en plus sensibilisés, comme on l'a très bien vu au cours de la crise du 11 septembre 2001. Beaucoup d'éléments étaient en jeu à l'époque, mais je crois que, dans l'ensemble, on peut s'y reporter pour comprendre le besoin d'information additionnelle de la population, qui veut sentir que le gouvernement fait de son mieux pour lutter contre le terrorisme.
L'objectif premier du projet de loi concerne les investigations, un élément que les libéraux jugent important. En 2004, la Cour suprême du Canada a reconnu les besoins à ce chapitre et convenu qu'il serait constitutionnel de procéder à des investigations sans mandat préalable et que le gouvernement pourrait donc procéder ainsi. C'était en 2004. Depuis, le gouvernement a tenté d'appliquer cette mesure, mais sans succès. Ce n'est d'ailleurs pas parce que notre parti s'y est opposé, car le Parti libéral a été le seul à avoir toujours voulu faire progresser ce genre de mesure législative.
Nous en sommes maintenant au quatrième projet de loi de cet ordre. Des amendements ont été apportés au fil des ans, et la Chambre est à nouveau saisie de la question. À l'étape de la deuxième lecture et à celle de l'étude en comité, le Parti libéral a exprimé son appui de principe pour le projet de loi. Si les libéraux l'ont fait, c'est parce qu'ils étaient convaincus que des mécanismes garantiraient le respect des droits de la personne. En effet, le Parti libéral accorde depuis toujours beaucoup d'importance aux droits de la personne. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles les libéraux défendent la Charte des droits et libertés, un document juridique que les Canadiens se sont appropriés et qui nous inspire une grande fierté.
En fin de compte, nous pensons que ces droits seront respectés, grâce à la présence de mécanismes de contrôle.
Le projet de loi est-il parfait? Non, il n'est pas parfait. Il serait bien qu'il fasse l'objet de certaines modifications, mais, comme je l'ai souligné tout à l'heure, nous savons fort bien que le gouvernement est allergique aux amendements. Il n'aime pas que des amendements soient proposés à ses projets de loi et, comme il est majoritaire, il ne tolère aucune forme d'amendement, ce qui est malheureux.
Cependant, il faut examiner ce que, d'un bout à l'autre du pays, disent nos agents d'application de la loi au sujet de cette mesure législative. Certaines des agences qui feront une annonce plus tard aujourd'hui sur un complot terroriste déjoué ont présenté des mémoires aux comités et, en fait, ont exercé des pressions sur notre caucus et aussi, sans doute, sur les caucus des autres partis représentés à la Chambre. En définitive, nous reconnaissons que le projet de loi est important et nous sommes prêts à l'appuyer. Notre porte-parole et d'autres députés ont eu l'occasion de s'exprimer sur la mesure législative, et nous souhaitons qu'elle soit adoptée.
Cela dit, au cours des dernières minutes qui me sont allouées, j'aimerais parler des torts considérables que, selon moi, le gouvernement a causés à un enjeu.
Je l'ai dit très clairement plus tôt dans mes commentaires, nous sommes conscients des répercussions profondes qu'ont eues les événements survenus à Boston sur toutes les personnes qui habitent en Amérique du Nord. Nous avons présenté nos condoléances et nos meilleurs voeux aux familles des victimes. Nos prières les accompagnent. Cependant, les députés libéraux sont très déçus du fait que le gouvernement a décidé de se servir de cet attentat terroriste à des fins politiques.
Ce projet de loi aurait pu être présenté il y a plusieurs mois, mais le gouvernement en a décidé autrement. Puis, vendredi dernier, fidèle à lui-même, le leader du gouvernement à la Chambre a déclaré que, étant donné l'attentat terroriste survenu au marathon de Boston, le projet de loi allait faire l'objet d'un débat lundi, remettant ainsi à plus tard la journée d'opposition du Parti libéral, qui avait proposé une motion ayant trait à la réforme démocratique.
Nous estimons que ce n'est pas une coïncidence. Cela a été fait intentionnellement par le bureau du premier ministre, qui aurait pu le mettre à l'étude mercredi, jeudi ou vendredi derniers. En fait, il attend depuis des mois pour le soumettre à la Chambre. Si le gouvernement le ramène à l'étude aujourd'hui, c'est qu'il ne voulait pas que le Parti libéral puisse faire débattre sa motion de l'opposition à la Chambre.
Ce que je trouve plutôt lâche, c'est que le gouvernement, le , se serve des événements du marathon de Boston pour empêcher un débat sur la réforme démocratique à la Chambre et forcer les députés à voir favorablement le projet de loi .
Le Parti libéral l'a toujours appuyé en principe. Nous trouvons donc malheureux que le gouvernement utilise le récent attentat terroriste à Boston comme excuse pour mettre le projet de loi à l'étude aujourd'hui, car, au cours des dernières semaines, nous avons pu constater la réaction des simples députés conservateurs qui n'apprécient pas que le bureau du premier ministre limite leur capacité de s'exprimer.
Il se sert aussi de la tragédie de Boston pour s'en prendre au chef du Parti libéral et j'ose avancer que ce n'est pas une coïncidence. Il se passe quelque chose d'affreux à Boston et tout ce qui préoccupe le , c'est de savoir comment il pourrait attaquer le chef du Parti libéral quand il est censé être à l'étranger pour assister aux funérailles de l'ancienne première ministre Margaret Thatcher.
Nous trouvons cela un peu curieux, mais il n'en demeure pas moins que nous sommes saisis du projet de loi , que cela nous plaise ou non, et que le Parti libéral a dit qu'il appuyait en principe le projet de loi et son éventuelle adoption.
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Monsieur le Président, tout d'abord, je vous informe que je partagerai le temps de parole qui m'est alloué avec mon collègue de .
En cette Journée mondiale de la Terre, il est très approprié de discuter d'un sujet comme le terrorisme. En effet, il n'y a pas seulement les conséquences des gestes insouciants de l'espèce humaine sur l'environnement qui affectent la vie de la planète, mais aussi toutes les actions de ses habitants. Le terrorisme est une activité orientée vers d'innocentes victimes, hommes, femmes et enfants de ce monde, ce qui a pour résultat d'attrister notre mère Nature, Gaïa de son nom.
Je crois fermement que la planète Terre ressent toutes les attaques menées contre elle. Je trouvais donc pertinent de faire ce lien ici, dans l'espoir de sensibiliser mes collègues de toutes allégeances politiques à l'importance de nos décisions et leurs dommages collatéraux.
Ainsi, le projet de loi a principalement quatre objectifs, soit amender le Code criminel pour autoriser les audiences d'investigation et autoriser l'imposition d'un engagement assorti de conditions. Il vise également à amender la Loi sur la preuve au Canada pour permettre aux juges d'ordonner la divulgation publique de renseignements potentiellement sensibles concernant un procès ou un accusé, une fois la période d'appel terminée. Un autre objectif est d'amender le Code criminel pour créer de nouvelles infractions pour les personnes ayant quitté ou essayé de quitter le pays pour commettre un acte terroriste. Enfin, amender la Loi sur la protection de l'information afin d'augmenter les peines maximales encourues pour avoir hébergé une personne ayant commis ou susceptible de commettre un acte terroriste.
Encore une fois, le gouvernement va se perdre en conjectures dans les définitions, et nous devrons avoir recours à des cours de haute instance pour définir certains termes de vocabulaire. En effet, qui est « susceptible de commettre »? Sur quelle base va-t-on juger ces actes ou ces suppositions d'actes?
Nous, néo-démocrates, croyons que ces mesures contreviennent aux libertés civiles et aux droits de la personne les plus fondamentaux. Ces droits, garantis par la Charte canadienne des droits et libertés, de même que par la Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée en 1948 par l'Organisation des Nations Unies, sont les principes reconnus comme étant la base selon laquelle on peut bâtir une nation, un monde où tous seront traités de façon juste et équitable, surtout sur le plan juridique.
En conséquence, nous nous opposons à ce projet de loi parce que c'est un moyen inefficace de combattre le terrorisme et parce qu'il porte atteinte de façon inutile et inopportune à nos libertés civiles. Nous estimons que ce projet de loi viole de ce fait les libertés civiles et les droits de la personne, particulièrement le droit de garder le silence et le droit de ne pas être emprisonné sans avoir d'abord subi un procès équitable.
Selon l'esprit de ces droits, le poids de l'État ne devrait jamais être utilisé contre un individu dans le but de l'obliger à témoigner contre lui-même. Par contre, la Cour suprême a tout de même reconnu la constitutionnalité des audiences d'investigation. Toutefois, il est nécessaire de mentionner que le NPD souhaiterait que, chaque fois que la Chambre se penche sur des projets tels que celui-ci, on soit un petit plus attentif aux droits de la personne que ne le requièrent nécessairement les exigences constitutionnelles, et ce, même si la Cour suprême reconnaît certains états de fait. Nous avons tout de même une autorité, et c'est à nous de faire preuve d'un certain leadership.
De plus, nous croyons que le Code criminel contient les dispositions nécessaires pour enquêter sur les personnes qui se livrent à des activités criminelles et pour détenir quiconque pourrait présenter une menace immédiate envers les Canadiens. Aujourd'hui même, sans même l'application de ce projet de loi, nous avons assisté à l'arrestation de deux individus, au Québec et en Ontario.
En ce qui a trait au terrorisme, il faut rappeler que le Service canadien du renseignement de sécurité, la GRC et les forces policières provinciales collaborent et communiquent constamment puisque c'est une priorité en Amérique du Nord, au Canada et aux États-Unis que de combattre ce fléau qu'est le terrorisme.
Nous n'avons pas eu besoin du projet de loi pour réussir à établir des filières et à en arriver à des arrestations.
Le fait que les dispositions de l'ancien projet de loi, adopté en 2001, n'aient jamais été utilisées entre 2001 et 2007 en est la preuve. Bien qu'il soit politiquement risqué de s'opposer à des mesures qui visent clairement à renforcer la sécurité nationale, notre opposition est ancrée dans la croyance que les mesures sont inefficaces et inutiles. Nous croyons que notre position traduit les valeurs chères aux Canadiens. On sait très bien que tous les gouvernements en Amérique, notamment en Amérique du Nord, prennent beaucoup de mesures pour combattre le terrorisme. À notre avis, ce projet de loi montre une absence d'équilibre entre la sécurité et les droits fondamentaux, nonobstant le fait qu'il y ait plus de protection dans la version de 2001, particulièrement en ce qui concerne le rôle du procureur général et le processus de création de rapports.
L'objectif original de la Loi antiterroriste était de mettre les lois canadiennes à jour afin de répondre aux normes internationales, notamment aux exigences des Nations Unies, et de présenter une réponse législative aux événements du 11 septembre 2001. Toutes les dispositions de la Loi antiterroriste, sauf celles concernant les audiences d'investigation et l'engagement assorti de conditions, demeurent en vigueur aujourd'hui. Or, on l'a vu, des arrestations ont quand même été effectuées aujourd'hui.
Cependant, une disposition de temporisation a été ajoutée au projet de loi original parce que de sérieuses préoccupations ont été émises durant le processus législatif en 2001. Ces mesures étaient en grande partie sans précédent dans l'appareil législatif canadien et auraient facilement pu être utilisées de manière inappropriée.
Le NPD estime aussi que ce projet de loi viole sérieusement les libertés civiles et les droits de la personne les plus fondamentaux, plus particulièrement le droit de garder le silence et le droit de ne pas être emprisonné sans avoir d'abord subi un procès équitable.
Par l'esprit de ces droits, le poids de l'État ne devrait jamais être utilisé contre un individu. Je le répète parce que c'est fondamental dans l'exercice qu'on fait aujourd'hui. N'oublions pas que le projet de loi rendrait une personne passible d'emprisonnement pour une période pouvant aller jusqu'à 12 mois ou imposerait des conditions de libération strictes aux individus n'ayant été accusés d'aucun acte criminel. Rien qu'un soupçon! Nous croyons que cela est contraire aux valeurs fondamentales de notre système judiciaire et de notre société libre et démocratique.
De plus, le simple fait que les dispositions n'aient été invoquées qu'une seule fois, et ce, sans succès, illustre que les corps policiers du Canada possèdent les outils nécessaires pour combattre le terrorisme en utilisant les procédures déjà existantes sans le risque que pose le projet de loi à nos libertés civiles.
Enfin, les dispositions de ce projet de loi pourraient être invoquées pour cibler des individus participant à des activités telles que des manifestations ou des actes de dissidence qui n'ont rien à voir avec une définition raisonnable du terrorisme. Tout à l'heure, je parlais des définitions et c'est extrêmement important.
Le droit de manifester est un droit inscrit dans la Charte, comme le droit d'association et le droit à la liberté d'expression. Le droit de manifester est un contrepoids nécessaire servant parfois à rendre lucides les politiciens. Cela doit demeurer. Si on commence à dire que les manifestations sont des actes de terrorisme, on n'a pas fini d'en parler. C'est pourquoi je disais plus tôt que la définition de ces termes serait essentielle.
En conclusion, comment peut-on parler de sécurité nationale et publique tout en mettant en oeuvre autant de compressions budgétaires dans nos organismes et institutions de protection?
Plus de 700 millions de dollars seront amputés des budgets de la GRC, de l'Agence des services frontaliers et du Service canadien du renseignement de sécurité. On tente de répondre par une loi qui n'aura aucun effet sur les actions sur le terrain. Or c'est sur le terrain qu'on doit combattre le terrorisme; ce n'est pas en coupant 700 millions de dollars dans les budgets de ces institutions et de ces corps policiers qu'on offrira des résultats en matière de sécurité pour nos concitoyens.
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Monsieur le Président, nous tenons un débat intéressant. J'ai écouté une bonne partie des arguments présentés en cette enceinte.
En guise de préambule, je soulignerai qu'une fois de plus, on nous présente un projet de loi dont nous n'avons probablement pas vraiment besoin. À voir ce qui se passe aujourd'hui et depuis quelques années, j'ai l'impression que les moyens et les lois dont nous disposons suffisent pour rendre notre pays sûr.
À l'origine, la Loi antiterroriste avait pour but de mettre à jour les lois canadiennes afin de respecter les normes internationales, notamment respecter les exigences des Nations Unies, en réaction aux événements du 11 septembre 2001. Toutes les dispositions de cette loi sont toujours en vigueur aujourd'hui, hormis celles ayant trait aux investigations et à l'engagement assorti de conditions.
La disposition de caducité a été jointe au projet de loi initial parce que de graves préoccupations avaient été exprimées lors du processus législatif de 2001 à l'égard du fait que ces mesures étaient en grande partie sans précédent dans le droit canadien et pourraient facilement être utilisées de façon inappropriée.
Je trouve intéressant que l'examen de cette loi, adoptée en réaction à un événement précis et dans un état de panique, révèle que celle-ci était en fait inutile.
Pendant toute la période où les dispositions en question étaient en vigueur, un certain nombre d'investigations ont été tenues. En aucun cas l'engagement assorti de conditions a été requis.
Les examens parlementaires obligatoires de la loi ont donné lieu à plusieurs recommandations qui n'ont malheureusement pas été incorporées au projet de loi . Je crois comprendre que le NPD a proposé 18 amendements. Ce n'est pas sans rappeler ce qui nous est arrivé concernant le projet de loi sur la salubrité des aliments. Nous nous sommes proclamés prêts à travailler avec le gouvernement pour améliorer le projet de loi qui nous était présenté — et qui s'avérait nécessaire à l'époque —, mais le gouvernement a rejeté chacun de nos amendements.
[Français]
Comme les collègues le savent probablement, nous avons proposé des amendements qui amélioraient la transparence et haussaient les exigences relatives à la production de rapports, afin de réduire les répercussions négatives de ce projet de loi sur les libertés civiles des citoyens. C'est important de le souligner. Ces amendements sont fondés sur les témoignages reçus. On ne les a donc pas simplement inventés. Si je comprends bien, grâce aux témoignages reçus en comité, nous avons formulé des amendements qui reflètent les valeurs que nous croyons être chères aux Canadiens.
Parmi les sujets abordés dans ces amendements, il y a premièrement l'ajout d'un examen d'un éventuel protocole de coopération entre les agences par le CSARS, afin de s'assurer de l'efficacité et du respect des droits protégés par la loi avant que les infractions liées au fait de quitter le pays ne prennent effet.
Deuxièmement, on veut s'assurer que les témoignages recueillis lors des audiences d'enquête ne peuvent pas être utilisés contre un individu dans les procédures d'extradition ou de déportation, et non seulement lors des procédures pénales.
En troisième lieu, il s'agit d'établir le droit à une aide légale financée par le gouvernement fédéral si la personne doit se présenter à des audiences d'enquête.
Quatrièmement, on veut s'assurer que les rapports annuels comprennent des renseignements détaillés sur tous les changements à la loi, aux politiques ou à la pratique quant aux renseignements de sortie ou quant aux contrôles de sortie.
Cinquièmement, on exige que les examens exhaustifs comprennent la mise en application des quatre nouvelles infractions relatives aux sorties du pays et que la question soit traitée par les députés élus et non seulement par le Sénat.
D'autres amendements ont également été proposés, mais ont tous été rejetés par les conservateurs. C'est ce qu'il faut retenir.
Comme on l'a déjà mentionné à la Chambre, ce projet de loi existe depuis des mois. Il est venu du Sénat et on a tout à coup décidé de le présenter aujourd'hui.
On a eu la réponse à notre question; on sait pourquoi on a présenté ce projet de loi aujourd'hui. Je n'ai pas besoin de continuer sur ce point.
[Traduction]
Je tiens à rappeler qu'en 2010, le député de s'était prononcé contre le projet de loi . Voici ce qu'il a dit:
Devant une crise, les dirigeants politiques que nous sommes jugent que nous devons faire quelque chose même lorsque tout démontre que nos structures, la force de notre société et la force de nos lois sont suffisantes pour y faire face. Au début de 2002, nous avons adopté une loi contre le terrorisme dans un mouvement de panique. Ces huit dernières années, nous avons appris que nous n'avions pas besoin de cette loi.
Mon collègue, le député de , est avocat de formation, une profession qu'il a exercée durant de nombreuses années. Il a été notre porte-parole en matière de justice, et c'est toujours vers lui que nous nous tournons, encore aujourd'hui, pour évaluer les mesures législatives dont nous sommes saisis. Or, si on comprend bien ce qu'il a dit, nous avons toutes les lois dont nous avons besoin pour combattre le terrorisme.
J'ai parlé des événements qui se sont déroulés aujourd'hui, et je tiens à féliciter toutes les forces de l'ordre ainsi que tous les hommes et les femmes qui ont organisé le coup de filet d'aujourd'hui et réussi à pénétrer une cellule terroriste. Je ne connais pas tous les détails, mais le citoyen que je suis tient à les remercier. Nous pouvons compter sur les professionnels qui sont sur le terrain et qui collaborent avec les autres services de police du Canada, bien évidemment, mais aussi avec ceux des autres pays; nous en avons eu une autre preuve aujourd'hui. De notre côté, nous devons leur donner plus de ressources, et non moins comme nous le voyons ces jours-ci. Nous avons besoin de ressources supplémentaires pour renforcer la sécurité à nos frontières et empêcher que des armes illégales ne les franchissent et pour que les gens qui oeuvrent sur le terrain puissent pénétrer d'autres cellules terroristes et continuer de travailler avec leurs homologues étrangers. Bref, ces ressources sont nécessaires pour que le Canada demeure un pays où on se sent en sécurité.
J'ai été troublé par une déclaration de l'ancien directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, Reid Morden. J'ai tiré cette déclaration de l'une des séances que le comité a tenues en 2010:
S'agissant de ces deux dispositions en particulier, j'avoue que je n'ai jamais pensé qu'il convenait de les inclure au départ, mais le fait est qu'elles sont passées dans la loi dans le contexte de l'après-11 septembre où le gouvernement cherchait à prendre rapidement des mesures [...]
Il me semblait qu'on avait en quelque sorte détourné notre système judiciaire de sa véritable finalité. Je regrette donc d'apprendre que le gouvernement a décidé de réintroduire ces mesures.
La police et les services de sécurité disposent « de pouvoirs suffisants pour faire leur travail » et « ils n'ont pas besoin de plus de pouvoirs ». Voilà ce qu'a déclaré l'ancien directeur du SCRS en 2010. J'ai lu cette déclaration pendant que je parcourais mes notes et que je préparais mon intervention, et je dois dire qu'elle m'a troublé.
En conclusion, je crois, tout comme les membres de mon parti, que les mesures législatives nécessaires sont déjà en vigueur. Si nous voulons améliorer les choses, il faut plutôt donner de meilleurs outils aux hommes et aux femmes sur le terrain afin qu'ils disposent des ressources nécessaires pour combattre les menaces terroristes au Canada, et je suis certain qu'ils en sont capables.
[Français]
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je mentionne que je partagerai mon temps de parole.
Nous débattons aujourd'hui du projet de loi . Avant de commencer, j'aimerais souhaiter à tous une belle Journée mondiale de la Terre. Pour souligner l'occasion, j'étais à Montréal, hier, avec 15 000 à 20 000 Montréalais qui marchaient ensemble pour la cause de l'environnement. C'était un très beau moment, et je suis contente d'y avoir participé.
La deuxième annonce que je veux faire est en lien avec le discours que je m'apprête à tenir. Aujourd'hui, il y a eu des arrestations, des crimes ont été prévenus et j'aimerais prendre quelques secondes pour féliciter la GRC et les policiers de leur important travail.
Revenons quand même au projet de loi , qui a bien sûr un lien avec les événements d'aujourd'hui ainsi qu'avec les événements tragiques qui ont eu lieu à Boston la semaine passée, comme les conservateurs se plaisent tant à le dire.
Devant nous se trouve un projet de loi à l'étape de la troisième lecture, et nous avons de bonnes raisons de croire qu'il risque de menacer les droits et libertés fondamentaux des Canadiens. Selon le NPD, c'est fort important d'étudier cela avec sérieux.
Le projet de loi est controversé et les conservateurs n'ont pas présenté d'analyse, de preuve ou d'étude prouvant que les mesures contenues dans ce projet de loi sont nécessaires, utiles ou pertinentes. Beaucoup de mesures en place permettent déjà d'intervenir en matière de terrorisme ou de tout autre acte criminel, et elles ont été utilisées à maintes reprises.
Alors, ce qui est contenu dans le projet de loi est-il nécessaire et pertinent? Va-t-il vraiment apporter les outils supplémentaires requis pour lutter contre le terrorisme? On a de sérieux doutes à ce sujet.
Si le débat ne portait que sur cela, peut-être que la direction du débat serait tout autre. Ce qui est inquiétant, c'est que, non seulement on n'est pas certain que le projet de loi ait un impact et soit utile, mais en plus, on a des raisons sérieuses de penser qu'il met à risque les droits et libertés fondamentaux des Canadiens, et là, ça accroche. Va-t-on vraiment accepter de mettre en péril certains droits et libertés fondamentaux pour un projet de loi qui n'est peut-être pas utile ou efficace?
Selon le NPD, les préoccupations soulevées doivent obtenir des réponses avant d'aller de l'avant, et ce, quel que soit le projet de loi dont il est question. Quelle que soit la bonne cause ou la bonne intention derrière un projet de loi, dès que celui-ci menace les droits et libertés fondamentaux, il faut y mettre le holà et s'assurer que le projet de loi n'est pas une menace pour les droits des Canadiens.
C'est là qu'on intervient, et c'est pourquoi le NPD ne peut malheureusement pas appuyer le projet de loi tel qu'il est devant nous aujourd'hui, avec toutes les lacunes et tous les doutes qui planent encore sur les termes que j'ai mentionnés un peu plus tôt. Si le NPD avait des doutes et des restrictions par rapport à ce projet de loi, il ne s'en est pas tenu là. Le NPD n'a pas seulement dit avoir des doutes.
Des voix: Oh, oh!
Mme Lysane Blanchette-Lamothe: Monsieur le Président, peut-être que mon discours n'intéresse pas tous les députés de la Chambre, mais j'aimerais quand même être en mesure de le terminer. Je remercie le ministre de quitter la Chambre pour que je puisse continuer mon discours.
Comme je le disais, le NPD ne s'est pas simplement arrêté au fait qu'il avait des doutes pour ensuite décider de bloquer le projet de loi. Un travail sérieux a été fait par les députés du NPD qui siègent au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, où près de 18 amendements ont été présentés pour débat, et ce, afin d'essayer d'améliorer le projet de loi et de s'assurer qu'il n'y a pas de menace aux droits et libertés des Canadiens.
Je laisse la Chambre deviner ce qui s'est passé: les 18 amendements ont été rejetés, pour plusieurs raisons différentes, sans que des contre-propositions n'aient été apportées pour essayer d'améliorer ces amendements ou de répondre aux inquiétudes des partis de l'opposition. Pour appuyer ce que j'ai dit un peu plus tôt, j'aimerais donner deux amendements en exemple.
Premièrement, un des amendements proposait l'ajout d'un examen exhaustif sur la mise en oeuvre des recommandations de la commission Arar par le gouvernement au sujet de la reddition de comptes et des mécanismes de surveillance, en portant une attention particulière à la surveillance et aux activités entre les agences.
Le projet de loi propose d'accorder des pouvoirs discrétionnaires. Ainsi, quelqu'un pourrait être emprisonné pendant quelques jours, voire plusieurs mois, sans motif. Cela devient inquiétant.
Avec des amendements comme celui que je viens de mentionner, le NPD voulait s'assurer qu'on respecte les droits et la liberté fondamentale des gens. Cet amendement n'a pas été retenu.
Un autre amendement consistait à inclure l'avis de la Commission canadienne des droits de la personne sur les questions relatives au profilage et à la discrimination raciale entourant le projet de loi S-7.
À ce sujet, j'aimerais parler de la Church of God, une Église de ma circonscription. J'ai rencontré de ses membres récemment, soit des aînés, des parents et des jeunes très dynamiques qui m'ont parlé de plusieurs enjeux. Ils m'ont parlé, entre autres, du profilage et de leurs inquiétudes, ainsi que des expériences vécues par leur amis, leurs proches ou eux-mêmes à cet égard. Le profilage touche, entre autres, la communauté noire de l'Ouest de l'île.
Je veux faire écho à leurs commentaires et leur dire que je les ai entendus. Si dans un projet de loi, on estime que des pouvoirs discrétionnaires pourraient peut-être mener à du profilage et de la discrimination raciale, le NPD est là pour se tenir debout et marquer une halte, afin de s'assurer que tous les projets de loi présentés à la Chambre tiennent compte des inquiétudes des gens de la communauté noire, comme celles des membres de la Church of God.
Je poursuivrai en paraphrasant ce qu'une de mes collègues conservatrices a dit aujourd'hui à la Chambre au sujet du projet de loi S-7. Elle a dit qu'elle déplorait la position du NPD et qu'il fallait bien qu'un jour, le NPD se rende compte de tout le travail qui avait été fait en comité sur le projet de loi S-7. Le NPD devait aussi tenir compte de tous les témoins qui avaient été entendus et qui appuyaient le projet de loi S-7. C'est un peu cela que cela voulait dire.
Je suis désolée de la contredire, mais plusieurs témoins étaient inquiets et n'étaient pas d'accord sur le projet de loi S-7 tel qu'on l'étudie aujourd'hui à la Chambre.
J'aimerais donner deux citations de témoins qui ont comparu au comité. J'aimerais d'abord citer Mme Cheung, avocate à la British Columbia Civil Liberties Association:
[...] nous sommons les membres du comité à ne pas accroître davantage les pouvoirs dont jouissent nos organismes de sécurité nationale tant que nous n'aurons pas établi de mécanismes de reddition de comptes et d'examen adéquats et efficaces.
On n'a pas ici une simple opposition. On a quelqu'un qui nous apporte des suggestions en nous sommant de mettre en place des mécanismes qui assureraient la sécurité des droits et des libertés des Canadiens, si on s'oriente comme cela.
Selon M. Paul Calarco, membre de la Section nationale du droit pénal de l'Association du Barreau canadien:
Il ne fait aucun doute que pour protéger la société, il est essentiel de prévenir les actes terroriste. Pour cela, il faut des lois efficaces, mais aussi des lois qui respectent nos traditions juridiques. Malheureusement, ce projet de loi n'atteint pas ces deux objectifs.
Tout cela pour dire que le NPD n'est pas tout seul dans sa bulle à dire d'attendre, car on devrait peut-être s'inquiéter.
Des experts sont de notre avis. Ils estiment aussi que ce projet de loi, dans sa forme actuelle, représente une certaine menace ou ne constitue pas une mesure qui risque d'être efficace.
Je conclus en réitérant que le NPD et moi-même sommes convaincus qu'il faut apporter une attention particulière et sérieuse à la lutte contre le terrorisme. Nous sommes tous d'accord là-dessus à la Chambre. Toutefois, la question est de savoir comment faire cette lutte.
Selon nous, le projet de loi S-7 ne répond pas aux besoins parce qu'il menace des libertés et droits fondamentaux chers aux Canadiens. On est fiers de nos libertés et de nos droits et il faut s'assurer qu'ils ne sont pas menacés.
Appuie-t-on le terrorisme si on vote contre ce projet de loi? Bien sûr que non. C'est complètement ridicule d'affirmer cela.
Il faut tabler sur le fait qu'on veut tous, à la Chambre, fournir des outils utiles et importants pour la lutte contre le terrorisme. Malheureusement, le projet de loi S-7 n'en fait certainement pas partie.
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Monsieur le Président, toute la journée, j'ai entendu les libéraux pleurer parce qu'on avait supprimé leur journée de l'opposition. Le NPD ne les a jamais arrêtés pour formuler un recours au Règlement. Les pauvres libéraux ont donc perdu toute leur journée de l'opposition, alors qu'elle servait à protéger la démocratie des conservateurs. À mon avis, j'avais le droit d'en parler, sinon il y a longtemps que nous aurions pu les ramener à l'ordre.
Nous faisons face à ce projet de loi aujourd'hui. En même temps, nous voyons ce qui s'est passé à London, en Ontario, il y a un mois. Il est survenu quelque chose dans notre propre pays il y a un mois, et il a fallu attendre jusqu'à aujourd'hui pour étudier le projet de loi . J'ai écouté l'allocution de la secrétaire parlementaire ce matin. Elle disait que si le projet de loi posait problème, nous pourrions en parler et proposer des amendements. À mon avis, la secrétaire parlementaire vit dans un autre monde, car 17 amendements ont déjà été proposés en comité parlementaire et tous ont été complètement refusés par le gouvernement majoritaire.
Aujourd'hui, des députés conservateurs se lèvent à la Chambre et disent ne pas être d'accord. Ils donnent des exemples de Canadiens qui vont dans d'autres pays et qui commettent des actes terroristes. Ils disent qu'on doit ajouter quelque chose dans la loi afin de pouvoir agir dans un tel cas. Toutefois, il n'est pas seulement question d'une chose dans le projet de loi. Il est donc important d'étudier le projet de loi en comité parlementaire, afin d'y proposer des amendements, mais il semble que ce ne soit pas du tout négociable et que seuls les conservateurs ont raison.
Les libéraux disent que les professionnels qui sont venus au comité ont dit aimer certains aspects du projet de loi même s'il n'est pas parfait. Dans un tel cas, on devrait rejeter le projet de loi et en ressortir les bonnes choses. Allons-nous dire que nous n'avons pas le choix de voter en faveur d'un mauvais projet de loi parce qu'il contient une bonne chose? Est-ce ainsi qu'on fait des projets de loi?
Les libéraux sont peureux. Ce n'est pas pour rien qu'ils sont au centre. Ils essaient de faire plaisir à tout le monde, à la gauche et à la droite. Ils votent pour tout. Voyons donc!
Parlons des problèmes relatifs aux compressions. Si le gouvernement est si sérieux dans la lutte qu'il mène contre les terroristes et les criminels, comment peut-il agir de la sorte?
Par exemple, l'Agence des services frontaliers du Canada est victime de compressions de l'ordre de 143 millions de dollars, ce qui touchera 325 emplois. À quoi bon adopter des lois si personne ne s'en occupe et si l'on perd des employés qui étaient chargés de protéger les gens.
D'un côté, le gouvernement veut adopter un projet de loi censé répondre à tous les problèmes, mais de l'autre, il élimine des emplois partout au pays, dont 325 emplois à l'Agence des services frontaliers.
Les policiers dans les municipalités et les communautés disent qu'ils ont besoin d'aide, et même les policiers de la GRC le disent. On coupe les budgets qui leurs sont alloués dans les villes et villages. Pourtant, c'est sur le terrain qu'on peut attraper les personnes susceptibles de commettre des crimes. Il doit y avoir des équipes sur le terrain.
On trouve ça bien beau d'avoir une belle loi. Ça paraît bien politiquement. On peut dire qu'on a arrêté un individu et qu'on l'a mis en prison; qu'on va bâtir des prisons et qu'on y garrochera des individus de temps à autre; que l'histoire passera aux nouvelles nationales. Cela paraîtra bien, car on aura fait la « job ».
Par contre, pendant ce temps, on supprime des postes d'agents des services frontaliers et de policiers partout à la grandeur du pays. Il y a même une rumeur — et on dit qu'il n'y a pas de boucane sans feu — selon laquelle le gouvernement a même sabré dans le financement accordé pour assurer la sécurité des aéroports de niveau 3.
C'est ce dont on parle. Par exemple, dans un aéroport de niveau 3, comme celui de Bathurst, il n'y aurait plus de sécurité. On arriverait à l'aéroport, on prendrait l'avion et on s'en irait. Il n'y aurait plus de problème. En même temps, on essaie d'arrêter les criminels et les terroristes. Plus les conservateurs pensent aller dans cette direction, plus ils réduisent les dépenses chez les policiers et les agents de sécurité. Ils font des coupes partout! Et là, ils annoncent un projet de loi.
Le gouvernement conservateur aime semer la terreur et faire peur à tout le monde en déposant des projets de loi. Il se croit bon à élaborer des projets de loi, à bâtir des prisons et de gros bâtiments. Pour lui, un prisonnier par cellule, ce n'est pas assez; il veut en mettre trois ou quatre. Quel beau Canada!
Au Service canadien du renseignement de sécurité, les réductions seront de 24,5 millions de dollars d'ici à 2015 tandis que des postes d'inspecteur général à l'ASFC ont été supprimés en 2012. Pourtant, c'est crucial pour la reddition de comptes. Ces réductions sont de 24,5 millions de dollars. De plus, la GRC est soumise à des compressions de 195 millions de dollars. Maintenant, les conservateurs veulent faire croire aux Canadiens qu'on changera tout cela lundi, étant donné ce qui est arrivé à Boston. Les Canadiens ne sont pas dupes et ne croient pas les conservateurs.
J'ai passé une fin de semaine dans ma circonscription et les gens m'ont dit que les conservateurs n'étaient pas trop smart. Les conservateurs brandissent un tel projet de loi alors que les libéraux veulent se battre en vue d'obtenir une journée pour parler de la démocratie. Pourtant, ces derniers ont refusé 17 amendements en comité parlementaire concernant le projet de loi . Malgré qu'ils ont tout refusé, ils veulent voter en faveur du projet de loi, parce qu'il contient un seul bon point. Voyons donc!
Je remercie la Chambre de m'avoir donné la chance de prendre la parole. Pour toutes ces raisons — enlever la liberté des gens, mettre des jeunes en prison pour 12 mois sans même avoir des personnes majeures pour les protéger et risquer d'emprisonner des innocents —, le NPD n'appuiera pas de lois qui violent fondamentalement les libertés individuelles. On ne parle pas que des terroristes. Les terroristes, il y a un endroit où les placer. À mon avis, il y a déjà des lois pour nous protéger.
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Monsieur le Président, je partagerai le temps dont je dispose avec le député de .
Je suis heureuse d'avoir l'occasion de me prononcer sur des questions soulevées par le projet de loi . Cependant, j'aimerais d'abord offrir mes condoléances aux familles des victimes du marathon de Boston et afficher tout mon soutien à cette communauté, qui fait preuve d'une résilience hors du commun.
En effet, le terrorisme est horrible et il faut avoir une approche responsable pour le combattre sans perdre ce qui nous définit comme société. Quand Oussama Ben Laden a frappé le World Trade Center en 2001, il a affirmé vouloir que le mode de vie nord-américain disparaisse à jamais.
Depuis ces attaques, tous les pays occidentaux ont perdu un peu de leur candeur, et nous avons dû faire face à nos propres limites. Or, au centre de ce mode de vie que nous partageons avec nos voisins étatsuniens, il y a l'État de droit et les libertés civiles enchâssées dans la Charte des droits et libertés. Ces balises sociales sont au coeur de l'identité des Canadiens, et il faut les protéger comme notre trésor le plus précieux. Car si nous abandonnons nos droits fondamentaux de notre plein gré, à quoi sert-il de combattre le terrorisme?
C'est cette question principale qui me pousse à m'opposer au projet de loi . Selon moi, ce projet de loi est non seulement inefficace et inutile pour combattre le terrorisme, mais il représente également une menace directe à la liberté de mes concitoyennes et concitoyens.
Nous savons tous que le projet de loi a été adopté à la hâte en 2001, à la suite des attentats de New York, qui ont profondément marqué les esprits. Qui ne s'en souvient pas, même 12 ans plus tard? Or peu nombreux sont ceux qui se souviennent du projet de loi , qui permettait de déclarer temporairement un territoire militaire, périmètre dans lequel les libertés fondamentales étaient suspendues. Ce millénaire s'est effectivement ouvert sur une interprétation nouvelle de nos libertés les plus essentielles.
Pourquoi prendre ce détour pour parler du projet de loi ? C'est simplement pour démontrer à la Chambre les risques qu'il y a à adopter de tels projets de loi sous l'effet d'un choc émotif.
Nous sommes tous très marqués par ce qui s'est passé à Boston, mais si le projet de loi était si urgent, pourquoi les conservateurs ont-ils attendu jusqu'à maintenant pour le présenter? Si je n'avais pas confiance en la bonne foi de mes collègues d'en face, je serais tentée de dire qu'ils cherchent à instrumentaliser la tragédie pour clore le débat autour du projet de loi S-7 et ne plus entendre parler de la liberté d'expression au sein de leur propre caucus.
Le projet de loi vise, entre autres chose, à réintégrer des dispositions du projet de loi qui étaient sujettes à une temporarisation et qui ont pris fin en 2011. C'est le cas des engagements assortis de conditions qu'on cherche à ramener sur la table sans raison apparente. Or d'autres dispositions sont inquiétantes, comme les audiences d'investigations.
Le fait que ces dispositions n'aient pas servi entre 2001 et 2007 ne semble pas déranger outre mesure ce gouvernement. Mieux encore, concernant l'engagement assorti de conditions, les conservateurs ont insisté, à l'étape du rapport, pour que cette disposition s'applique à des individus qui ne sont pas soupçonnés d'activités terroristes.
Résumons-nous. Avec le projet de loi , nous avons introduit l'idée de « détentions préventives » et de jugements provisoires basés sur un simple soupçon. Y a-t-il des gens parmi nous qui aimeraient être soupçonnés de cette façon? Le projet de loi va donc encore plus loin. Il réintroduit une disposition sujette à une temporarisation pour une raison évidente et, en plus, il tente désormais de l'appliquer à des gens qui ne sont même pas soupçonnés de terrorisme. Ce n'est pas une erreur: cette application large est intentionnelle.
Alors que sommes-nous en train de faire? Emprisonnons-nous des gens sur la base du soupçon d'un soupçon? Je suis désolée, mais ce n'est pas la démocratie dans laquelle j'ai envie de voir mes petits-enfants grandir. Suspendre la liberté d'une personne sur la base d'un soupçon, c'est déjà très arbitraire. Si, dorénavant, même ce soupçon n'est plus nécessaire, ce sera la folie furieuse. De plus, cette disposition peut conduire à une détention préventive de 12 mois, 12 mois de prison sans condamnation. Où est passé le Canada?
La lecture du projet de loi suscite en moi des questions que je ne peux pas taire. Si l'on veut étendre l'application d'une disposition antiterroriste, non plus aux terroristes mais aussi aux personnes soupçonnées de terrorisme et finalement, à tout le monde en général, où s'en va-t-on?
De telles lois antiterroristes ne sont pas dignes d'un État de droit. D'ailleurs, elles ne sont pas utilisées dans les faits, et notre Code criminel s'est avéré suffisant, jusqu'ici, pour traquer les terroristes. Avec de telles lois, on ouvre la porte à un élargissement d'applications qu'on observe déjà au coeur du projet de loi S-7.
Je parlais plus tôt des projets de loi et . Si ces lois n'ont pas servi à protéger le Canada du terrorisme, souvenons-nous qu'elles ont engendré un drôle de glissement dans le comportement des forces de l'ordre.
Si ma mémoire est bonne, le projet de loi a été appliqué lorsque le gouvernement a déclaré territoire militaire la communauté de Kananaskis, en 2002, pour une rencontre économique du G8. Qui étaient les terroristes? Al-Qaïda ou les altermondialistes? Si le projet de loi n'a pas permis de défendre le pays, il a drôlement inspiré les autorités, lors du tristement célèbre « Torontonamo », en 2010: un centre-ville fermé à clé, 1 milliard de dollars investis en sécurité pour une simple rencontre économique du G8. Le bilan: 1 000 citoyens emprisonnés et condamnés sans preuve; et la levée des libertés civiles, d'abord dans le périmètre de sécurité, puis autour et, finalement, dans l'ensemble de la ville.
Si les autorités se permettent d'agir de la sorte lors d'une simple manifestation économique, qu'en sera-t-il dans d'autres circonstances? Je crois fermement que les lois antiterroristes donnent un bien mauvais signal à nos forces de l'ordre. D'ailleurs, « Torontonamo » a été vertement critiqué par les rapports officiels du gouvernement, mais le mal était fait. Combien d'autres de ces accidents allons-nous devoir affronter pour nous rendre compte que les lois antiterroristes peuvent devenir « anticitoyennes »?
Si le gouvernement conservateur voulait réellement améliorer la sécurité du Canada, pourquoi a-t-il coupé de moitié le budget de notre unité de renseignements à la frontière? Pourquoi a-t-il mis fin à un programme visant à recruter plus de policiers dans nos communautés et pourquoi a-t-il aboli le poste de vérificateur général du Service canadien du renseignement de sécurité?
Par ailleurs, le NPD a proposé plusieurs amendements qui auraient permis au projet de loi d'être, sinon agréable, à tout le moins tolérable. Toutefois, les conservateurs ont refusé chacun de nos amendements. Nous devrons donc accepter de vivre avec les audiences d'investigation, une technique digne de la chasse aux sorcières du Moyen Âge qui risque de pervertir sensiblement notre système judiciaire. Plutôt que d'affronter les menaces potentielles qui planent sur le pays, les conservateurs semblent plutôt intéressés à les utiliser pour modifier considérablement la justice dans ce pays.
Le projet de loi S-7 est, selon moi, mal achevé et il n'ajoute rien de substantiel au Code criminel actuel, sinon des risques d'abus et de dérive que nous regretterons toutes et tous un jour ou l'autre. Le projet de loi S-7, dans ce contexte, devrait subir un examen beaucoup plus vaste avant d'être adopté, car les enjeux que ce projet soulève sont trop importants pour être laissés à l'arbitraire du gouvernement en place.
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Monsieur le Président, aujourd'hui, j'ai l'honneur de me lever à la Chambre pour parler du projet de loi , qui porte sur la lutte contre le terrorisme.
La malhonnêteté intellectuelle du gouvernement conservateur est sans borne, et il l'a fortement démontré aujourd'hui. On assiste à une tentative d'instrumentalisation d'un drame tellement récent que les blessures des victimes saignent encore, c'est-à-dire l'attentat du marathon de Boston.
Nos pensées vont vers les victimes et les nombreux intervenants qui ont risqué leur vie pour sécuriser la région de Boston ces derniers jours. La conséquence de cette façon de faire des conservateurs, c'est que l'agenda de la Chambre des communes est encore viré à l'envers sans préavis convenable. Pourquoi? En bonne partie, c'est à cause de l'absence de vision du gouvernement en place, qui se colle sur l'actualité par pure technique d'instrumentalisation afin d'imposer son programme.
On ne précipite pas les décisions d'une législation du G8 en fonction de l'actualité, et encore moins, si c'est exclusivement dans le but de mettre dans la gorge des gens ses propres objectifs. On doit travailler pour le bien commun, en fonction des observations des spécialistes et des objectifs des partenaires internationaux.
Voici, une démonstration claire qui démontre que c'est avant tout son programme que le gouvernement actuel défend.
Le lendemain de la tuerie de Newtown, au Connecticut, le gouvernement a-t-il lancé un débat sur les tueurs fous pour aider le président américain qui se bat depuis pour faire adopter des lois plus strictes? Non. C'est un dossier qui ne correspondait pas aux objectifs du gouvernement en place.
Une autre démonstration est la suivante: puisque le projet de loi S-7 est de retour à la Chambre depuis décembre, pourquoi cet empressement soudain? Pourquoi ne pas avoir tenu ce débat en février, par exemple? Avec un nombre record de 30 bâillons, on avait du temps pour débattre de ce qui est aujourd'hui soudainement devenu une priorité. C'est un pur opportunisme et une pure instrumentalisation de l'actualité.
Afin de ne pas se plier à ce petit jeu, revenons-en aux faits récents entourant le projet de loi S-7.
Les comités ont entendu les témoignages de plusieurs intervenants du milieu juridique et des groupes de défenses des libertés civiles. Ils ont soutenu que les lois canadiennes actuelles étaient suffisantes.
Demain matin, de meilleures ressources pour les forces de l'ordre et pour les douaniers, dans le cadre d'enquête de terrain, augmenteraient nos chances d'éviter une tragédie. Il ne s'agit pas de normaliser des mesures d'exception qui menacent des droits fondamentaux. Par exemple, dans l'affaire des « 18 de Toronto », on a évité le pire grâce à une enquête réussie, sans recourir à des lois d'exception.
Des coupes de centaines de millions de dollars dans les services de douanes et de la GRC vont à l'encontre du bon sens et démontrent le mépris du gouvernement envers ces gens. Ils aiment tellement ces gens qu'ils procèdent à des coupes. Moi, je ne souhaite à aucun Canadien de recevoir l'affection et l'amour du gouvernement, car ce serait une très mauvaise nouvelle.
Le projet de loi S-7 est inutile et inquiétant, car il ouvre tout grand la porte aux viols des libertés civiles et des droits de la personne.
Prenons l'aspect de la loi qui est possiblement le plus inquiétant, c'est-à-dire l'engagement assorti de conditions ou ce qu'on appelle les arrestations préventives.
Le gouvernement avait rédigé un alinéa de sa loi spécialement pour qu'on puisse imposer des arrestations préventives à des individus qui n'étaient pas soupçonnés d'activités terroristes. Les députés du NPD ont tenté d'amender cette disposition pour faire en sorte que seuls les individus identifié comme ayant un engagement potentiel dans une activité terroriste soient possiblement mis en arrestation préventive. Les membres du comité ont été choqués d'apprendre d'un secrétaire parlementaire que l'amendement ne serait pas accepté, parce que la large portée de la disposition était intentionnelle de la part du gouvernement, afin d'y inclure les individus qui ne sont pas soupçonnés d'activités terroristes futures.
La place est mise pour les abus, et le gouvernement en est le promoteur. Le fait que les dispositions de la loi antiterroriste n'aient jamais été utilisées entre 2001 et 2007 est une formidable démonstration du fait que la précipitation du gouvernement est une pure tactique.
Dans cette lecture des événements, le NPD recueille un très grand nombre d'appuis. M. Paul Copeland, avocat membre de Law Union of Ontario dit:
Tout d'abord, je voudrais faire une observation au sujet du dossier d'Air India, car il s'agit bien de la seule fois où les dispositions de la loi antiterroriste ont été invoquées, alors que les circonstances entourant tout cela sont assez bizarres. On a qualifié [cet] épisode de fiasco, et cette description me semble tout à fait appropriée.
Il a conclu son discours en disant ceci:
[...] les dispositions que vous examinez ici en comité auront pour résultat de modifier le paysage juridique au Canada, et ce d'une manière qui n'est pas utile. Il ne faut pas les adopter, et à mon avis, elles ne sont pas nécessaires. D'autres dispositions du Code prévoient différents mécanismes permettant de traiter de telles personnes.
Selon M. Reid Morden, ancien directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, les policiers et les forces de sécurité ont des pouvoirs tout à fait suffisants pour mener leur travail à bien et ils n'ont pas besoin qu'on leur accorde plus de pouvoirs.
On parle ici de gens compétents qui ont des prises de position très similaires aux nôtres.
D'autres conclusions similaires à celles du NPD ont été formulées ce matin même dans le Globe and Mail. Je tiens à les citer, parce que j'ai constaté que la presse francophone en faisait beaucoup moins état. Ce sont des conclusions très justifiées:
[Traduction]
« Le débat fait de l'attentat à la bombe au marathon de Boston un enjeu politique alors qu'on en sait peu sur ce qui a motivé ou inspiré les auteurs de l'attentat. »
[Français]
Les conservateurs nous poussent donc à prendre des décisions avant même que la blessure soit soignée.
[Traduction]
« Plus inquiétant encore, certaines mesures du projet de loi remettent en question l'équilibre entre le respect des libertés civiles et la nécessité de protéger les citoyens. »
[Français]
Le Globe and Mail, et on ne peut pas dire que c'est une brochure d'information de la gauche, arrive à la même conclusion que nous, soit qu'il y a carrément des inquiétudes à avoir par rapport aux droits fondamentaux.
Voici une autre citation qui m'a fait sourire, mais qui m'a indisposé en même temps:
[Traduction]
La volonté soudaine du gouvernement de débattre du projet de loi S-7 semble davantage attribuable aux commentaires malheureux de M. Trudeau à propos des « causes profondes »...
:
Je m'en excuse, monsieur le Président.
Disons « davantage attribuable aux commentaires » du nouveau chef du Parti libéral formulés « [...] le lendemain de l'attentat à la bombe que par un souci à l'égard de la sécurité publique ».
[Français]
C'est une analyse défendable, mais troublante. Va-t-on lancer des débats à la Chambre en fonction des maladresses du nouveau chef du Parti libéral? À ce compte, on devrait annuler tous les débats des prochains mois. Le jeune chef libéral fournira au gouvernement au moins une maladresse par semaine, c'est certain.
Il faudra des débats sur les millionnaires qui, à plus de 40 ans, découvrent soudainement les besoins de la classe moyenne. Il faudra des débats pour savoir si un striptease pour les campagnes de financement est une bonne ou une mauvaise chose. On pourra ainsi avoir au moins une maladresse par semaine dans les mois à venir.
Cette Chambre ne sert pas à se coller aux visées à court terme et à l'actualité. Au contraire, elle sert à réfléchir aux meilleurs choix pour protéger nos concitoyens à long terme.
Tantôt, le député de avait des réactions très fortes par rapport à la Charte canadienne des droits et libertés. Il disait que les libéraux pensent appuyer ce projet de loi, malgré le fait qu'il y a d'excellentes raisons d'être inquiets.
Un de mes collègues parlait d'un oncle qui pourrait simplement être arrêté sans même savoir que son neveu faisait partie d'un groupe potentiellement terroriste. Ce sont des droits fondamentaux qui pourraient ne pas être respectés. Le député de a hurlé: « La Charte des droits, la Charte des droits! ». Justement, on a un problème.
S'il défend à ce point la Charte des droits et libertés et qu'on présente des projets de loi comme celui qui nous occupe, qui peuvent soudainement ne pas convenir à la Charte, c'est ne pas penser pas aux intervenants sur le terrain, aux douaniers, aux forces de l'ordre et aux policiers qui seront placés dans des positions simplement impossibles à tenir.
Qui sera aux prises avec ces décisions intenables et complètement contradictoires par rapport à certains aspects fondamentaux des règlements et de la loi au Canada? Ce sont les forces de l'ordre.
Vouloir précipiter les décisions et arriver avec un truc écrit derrière une napkin — je reprends les argumentaires des conservateurs — démontre le peu ou l'absence de respect pour l'application de la loi et le travail de ces gens.
En raison des droits et libertés menacés, d'un projet de loi aux dispositions inutiles, voire jamais utilisées, ainsi que de l'instrumentalisation de l'actualité et de la souffrance combien trop récente de certains êtres humains pour servir le programme du gouvernement, je voterai contre le projet de loi .
Je continuerai à m'opposer à toute réduction des ressources accordées aux douaniers et aux enquêteurs. En effet, les compressions des conservateurs dans les moyens qu'on accorde à ces gens dévoués et courageux qui prennent des risques quotidiennement sur le terrain sont le vrai problème et la vraie menace que vivent les Canadiens en 2013.
Ce projet de loi ne répond pas à cette menace. La menace continuera tant que ces gens seront au gouvernement.
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Monsieur le Président, le Parti libéral est le parti de la Charte canadienne des droits et libertés. C'est aussi le parti du multiculturalisme, du pluralisme et du respect de la diversité. La Charte est l'une des réalisations dont le Canada peut être le plus fier. Tous les Canadiens, peu importe leur origine, leur culture, leur religion ou leur allégeance, savent qu'ils sont protégés par la Charte. Ils sont égaux. Lorsque nous, députés du caucus libéral, décidons de voter au sujet d'un projet de loi, quel qu'il soit, nous nous posons cette question essentielle: est-ce que le projet de loi respecte la Charte? Qui plus est, la détermination des libéraux à assurer la sécurité physique de tous les Canadiens est inébranlable.
Pour paraphraser le juge Lamer, être à l'abri de tout danger imminent est au coeur des valeurs que sont la dignité, l'intégrité et l'autonomie. Ces valeurs sont également au coeur de la Charte des droits et libertés. De ce fait, la Charte renvoie tant aux libertés individuelles qu'à la notion de protection de la collectivité et de l'individu.
Comme tous les députés à la Chambre, ceux du Parti libéral vivent dans des collectivités. Nous avons une famille et des voisins. Nous voulons qu'eux et tous nos compatriotes soient à l'abri de la violence. C'est précisément parce que nous croyons à la Charte et à la nécessité d'assurer la sécurité publique que nous allons appuyer le projet de loi à l'étape de la troisième lecture, comme nous l'avons fait tout au long du processus législatif entourant ce projet de loi.
Le projet de loi renferme des dispositions importantes. Tout d'abord, il propose de rétablir deux mesures de sécurité publique, les investigations et les engagements assortis de conditions, que le gouvernement libéral avait présentées en 2001 en les accompagnant de dispositions de caducité devant entrer en vigueur cinq ans plus tard, soit en 2006, les annulant par le fait même.
Avant l'entrée en vigueur de la disposition de caducité, l'article 83.28 du Code criminel, qui visait les investigations, permettait à un agent de la paix de demander à un juge de faire comparaître devant lui un témoin qu'on croyait être en possession d'information concernant un acte de terrorisme passé ou imminent afin de lui poser des questions. Cette mesure était accompagnée d'importantes mesures de protection. Le témoin convoqué à une investigation était notamment protégé contre l’autoincrimination en cas de poursuite future, et il avait le droit d'avoir recours aux services d'un avocat. De plus, le juge présidant pouvait imposer des conditions pendant les audiences afin de protéger le témoin, comme par exemple ordonner que son identité ne soit pas révélée. La Cour suprême a jugé que les investigations étaient constitutionnelles. Autrement dit, elles sont conformes à la Charte.
Le texte de l'article 83.3 du Code criminel, qui autorise les engagements assortis de conditions — ou arrestations préventives — pour éviter la mise à exécution d'une activité terroriste, prévoit aussi une série de balises à respecter. Il faut notamment que le procureur général et un juge d'une cour provinciale donnent leur consentement préalable, à moins que l'agent de la paix ait des motifs raisonnables de croire que la mise sous garde d'un suspect soit nécessaire, auquel cas le suspect doit être conduit devant un juge d'une cour provinciale dans les 24 heures suivantes ou le plus tôt possible.
Le projet de loi modifierait légèrement cet article afin de le rendre conforme à la décision rendue par la Cour suprême dans l'affaire Regina c. Hall, qui portait sur la détention sans cautionnement. La version modifiée qui se trouve dans le projet de loi vise à limiter les motifs pour lesquels une personne peut être mise sous garde.
À ceux qui doutent de la constitutionnalité des méthodes employées par le gouvernement pour combattre le terrorisme, je rappellerai qu'en décembre dernier, la Cour suprême a rejeté à l'unanimité les prétentions voulant que les articles du Code criminel adoptés il y a 10 ans donnaient une définition tellement vaste de ce qui constitue une activité terroriste qu'ils menaçaient la liberté d'expression. Selon la cour, le libellé de la loi antiterroriste « [...] respecte clairement la diversité en ce qu’il permet l’expression pacifique d’opinions de nature politique, religieuse ou idéologique ».
Elle a en outre conclu que les citoyens innocents ne risquaient pas d'être pris dans le filet de la loi parce que la définition qu'on y donne des activités terroriste est trop vaste. Voici ce qu'elle a dit:
Par exemple, le restaurateur qui sert un repas à un terroriste connu n’accroît pas sensiblement la capacité d’un groupe terroriste de se livrer à une activité terroriste ou de la faciliter.
Le restaurateur en question ne se rend donc pas coupable d'une infraction de terrorisme.
Le projet de loi établit également une nouvelle infraction qui, de l'avis des spécialistes de la sécurité qui ont témoigné devant le Comité de la sécurité publique, pourrait s'avérer efficace dans le contexte actuel pour lutter contre le terrorisme. Ainsi, sera dorénavant considéré comme une infraction le fait de quitter ou de tenter de quitter le Canada pour se livrer à des activités terroristes, que ce soit pour se rendre dans un camp d'entraînement terroriste ou prendre part à un quelconque acte lié au terrorisme. Nul besoin de rappeler que des Canadiens sont impliqués dans des attentats terroristes à l'étranger, en Algérie et en Bulgarie pour être exact.
Le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, Richard Fadden, a récemment dit au comité que, s'il est vrai qu'une telle infraction aurait été sans fondement il y a quelques années à peine, la radicalisation de certains Canadiens qui se laissent convaincre par le discours terroriste, que l'on entend particulièrement sur Internet, n'est pas sans l'inquiéter.
Qui plus est, comme le mentionnait le reportage de la CBC à ce sujet:
Ray Boisvert, ancien directeur adjoint du renseignement au SCRS [...] a déclaré que la radicalisation est un « phénomène en pleine croissance » au Canada. Le SCRS a identifié une cinquantaine de personnes qui ont quitté le Canada pour aller combattre à l'étranger.
Ceux qui seraient portés à généraliser au sujet de la source de l'extrémisme au Canada devraient savoir que l'extrémisme violent n'émane pas de communautés particulières. C'est ce que pense le SCRS.
Depuis 2001, certaines communautés ont fait l'objet de soupçons. Cette situation m'attriste, car la méfiance à l'égard des nouveaux arrivants n'est pas un phénomène nouveau. En effet, tout au long de l'histoire et au sein de diverses sociétés, des soupçons ont toujours plané sur des groupes culturels et religieux différents. Ce traitement suscite des torts et des frustrations dans ces communautés. Il est parfois arrivé que des personnes et des biens dans ces communautés subissent des préjudices.
Même lorsque cela n'a pas été le cas, des membres de ces communautés, en particulier des jeunes, enthousiasmés par les possibilités d'épanouissement et de réussite et souvent passionnés à l'idée de contribuer au bien-être de la société, croient que les portes se ferment devant eux parce qu'ils sont identifiés à leur groupe culturel d'origine.
C'est pourquoi j'ai été tellement satisfait de prendre connaissance des conclusions de l'étude sur la radicalisation au Canada réalisée par la Direction de l'évaluation du renseignement du SCRS. Selon cette étude, la voie vers le fanatisme violent relève en fin de compte d'« un processus individuel singulier ».
Permettez-moi de citer certaines des conclusions de cette étude qui ont été signalées dans la chronique de Doug Saunders, du Globe and Mail, qui s'intitulait « Le Canada cherche les terroristes aux mauvais endroits ».
Je vais citer et paraphraser des extraits du rapport:
[Les extrémistes canadiens] sont presque toujours des citoyens canadiens nés au pays. Il s'agit rarement d'immigrants, et jamais de réfugiés.
Ce ne sont pas des immigrants et, qui plus est, on ne les trouve généralement pas dans les enclaves d'immigrants, les « sociétés parallèles ». De plus, ils ne se radicalisent pas en fréquentant une mosquée.
Le MI5 britannique a analysé plusieurs centaines d'extrémistes violents et a constaté qu'ils n'étaient pas issus de l'immigration et que, comme au Canada, ils n'avaient pas d'antécédents religieux. « La plupart sont des novices sur le plan religieux », a conclu le service de sécurité. En fait, « il est prouvé qu'une identité religieuse bien établie protège contre la radicalisation violente. »
Des experts américains en sont venus aux mêmes conclusions. Mark Fallon, qui travaillait pour les services antiterroristes américains, a confirmé que les expériences de l'immigration, les traditions religieuses et la théologie ne sont presque jamais à l'origine du radicalisme.
Voici ce qu'a déclaré Doug Saunders, en guise de conclusion:
Le lien entre la foi religieuse stricte et la violence n'existe tout simplement pas. En fait, les personnes les plus religieuses sont les moins susceptibles de devenir des extrémistes.
[Le terrorisme] est une tendance criminelle; il n'est pas importé ni de nature théologique, et il n'est pas non plus enraciné dans des communautés ou des confessions religieuses.
Cette nouvelle infraction consistant à quitter ou tenter de quitter le Canada pour se livrer à des activités liées au terrorisme, tout comme de nombreuses infractions terroristes prévues dans le Code criminel, permet de procéder à des arrestations et de porter des accusations aux premiers stades de la planification d'attaques terroristes hors du Canada, avant même qu'une personne quitte le Canada pour commettre un acte terroriste.
Comme c'est souvent le cas, l'infraction est assortie de conditions. Permettez-moi de citer Donald Piragoff, sous-ministre adjoint principal, Secteur des politiques, ministère de la Justice Canada:
[Avant de relever les infractions qui consistent à quitter ou tenter de quitter le Canada,] il faut obtenir l’approbation du procureur général avant de porter des accusations. Un policier ne peut pas prendre cette décision; le procureur général doit convenir qu’il est justifié d’appréhender un individu ou de porter des accusations contre lui.
En outre, cette nouvelle infraction n'est pas large au point d'empêcher une personne de participer à un camp de survie au Colorado ou au Moyen-Orient.
Comme l'a souligné M. Piragoff devant le comité:
Ce n’est pas un crime de participer à un camp de survie [...] ou d’apprendre à se servir d'un AK-47. Par contre, un individu qui fait cet apprentissage dans le but précis d’accroître la capacité d'un groupe terroriste est coupable d'un acte criminel.
Enfin, le projet de loi prévoit des garanties législatives visant une plus grande transparence et une meilleure reddition de comptes de la part du gouvernement, en ce qui concerne les questions de sécurité nationale qui sont traitées devant les tribunaux ou par le biais d'une procédure administrative. Le projet de loi prévoit des modifications à la Loi sur la preuve au Canada selon lesquelles il serait plus difficile pour le gouvernement d'invoquer la sécurité nationale comme argument pour justifier la non-divulgation de renseignements qui seraient d'intérêt public dans une démocratie, qui sont souvent essentiels pour qu'un accusé ait droit à un procès équitable.
Certains des changements à la Loi sur la preuve au Canada qui sont prévus dans le projet de loi découlent des décisions de la Cour fédérale, notamment Star Newspaper Limited c. Canada et Ottawa Citizen Group c. Canada. Essentiellement, il ne reviendra plus au procureur général de déterminer, même à l'encontre de l'avis de la cour, si un renseignement relatif à une affaire ou une procédure doit demeurer confidentiel. C'est le juge qui aurait dorénavant cette discrétion, lui qui doit vraisemblablement respecter le principe de l'audience publique et ne permettre que de rares exceptions.
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Monsieur le Président, comme toujours, c'est un honneur de prendre la parole à la Chambre des communes pour représenter la merveilleuse population de Timmins—Baie James, qui se fie sur moi pour débattre des questions à l'étude à la Chambre.
Dehors aujourd'hui, sur la Colline du Parlement, je me suis rappelé pourquoi j'aime tant le Canada. La Colline du Parlement est un grand espace public où les gens se rassemblent pour manifester, jouer des percussions, jouer au disque volant et, oui, fumer de la marijuana pour attirer l'attention sur le 4/20. Aujourd'hui, des centaines, voire des milliers de personnes se sont rassemblées dans ce grand espace public en appui aux gens de Boston. Voilà qui montre que, fondamentalement, nous faisons partie d'une communauté mondiale et nous nous soucions les uns des autres lors d'épreuves semblables. J'ai regardé la foule s'en aller au son de Sweet Caroline, l'une des chansons célèbres que je chantais autrefois à des mariages, mais ça, c'est une autre histoire.
Cela m'a fait penser au stade Fenway Park de Boston, où Neil Diamond a interprété Sweet Caroline pour prouver que Boston a du courage et que les actes violents insensés ne nous empêcheront pas d'être une société civile. Qu'il s'agisse des terribles attentats à la bombe à Boston ou des tireurs fous à Newtown ou au Colorado, un principe fondamental de notre société tient au fait que nous ne laisserons pas les terroristes gagner en grandissant dans la peur et en détruisant les principes à la base même de notre société, notamment le droit des citoyens d'être protégés du terrorisme, mais aussi des arrêts et des détentions arbitraires. Voilà le principe que défend la Chambre des communes.
Il est malheureux que, alors que se manifeste autant de bonne volonté sur la Colline, le présent débat resurgisse à la Chambre. Un éditorial du Globe and Mail dit:
Le débat de deux jours prévu au Parlement sur le projet de loi antiterroriste du gouvernement Harper a des relents d'opportunisme politique et il est regrettable qu'il ait lieu. Ce débat a pour effet de politiser les attentats à la bombe survenus lors du marathon de Boston...
Il poursuit en disant:
Plus inquiétant encore, certains aspects de ce projet de loi remettent en cause l'équilibre entre les libertés civiles et la nécessité de protéger les citoyens. Il serait sage de reporter la dernière lecture du projet de loi, pour éviter que les réactions émotives engendrées par les attaques de Boston influencent ce débat important qui concerne la sécurité publique au Canada.
Quand nous sommes témoins d'un opportunisme politique qui tire parti d'une tragédie comme celle-là, nous avons le devoir de ne pas nous laisser entraîner aveuglément là où les conservateurs voudraient nous mener. Pour leur part, nos collègues du Parti libéral se sont laissé entraîner il y a longtemps déjà. Nous devons mettre en lumière les enjeux fondamentaux qui sont en cause ici. Ce projet de loi priverait des gens de leurs droits fondamentaux: des gens pourraient être détenus sans procès; ils pourraient devoir comparaître devant des juges spéciaux sans avoir droit au silence. Ce sont des principes fondamentaux.
Si le Parlement a vraiment l'intention d'affaiblir les droits fondamentaux qui servent d'assise aux libertés démocratiques, il doit avoir de très, très bonnes raisons de le faire. À l'origine, ces mesures ont été proposées par le gouvernement libéral après les événements du 11 septembre 2001. Dans l'horreur qui a suivi les attaques du 11 septembre, plusieurs personnes ont déclaré que les libertés traditionnelles étaient dépassées et qu'au XXIe siècle, la torture, les extraditions et les détentions sans procès étaient nécessaires pour protéger la société.
Comme nous l'avons constaté, ce sentiment de peur et de panique a causé de nombreuses atteintes aux droits des citoyens dans la sphère publique. Le gouvernement libéral de l'époque a accepté l'analyse de George Bush, et il a proposé les dispositions que l'on voit maintenant réapparaître. Il faut rappeler que même dans le climat de l'époque, ces mesures semblaient tellement inacceptables à la population canadienne que le gouvernement a dû garantir qu'elles ne seraient en vigueur que pour une période limitée. Pendant la période où elles ont été en vigueur, ces dispositions n'ont jamais servi. Pas une seule fois. Pourtant, les libéraux veulent maintenant revenir sur la promesse qu'ils ont faite aux Canadiens, alors qu'ils leur avaient promis que ces dispositions ne seraient que temporaires, puisqu'elles menaçaient les droits juridiques et démocratiques fondamentaux.
Mais maintenant, les libéraux tiennent un tout autre discours: « Adoptons cette mesure. Oublions la disposition de caducité. Oublions le débat de 2007, quand la Chambre des communes a déclaré que des dispositions comme celles-là priveraient les citoyens de droits fondamentaux en matière de protection juridique. » En 2007, la Chambre des communes a rejeté ces dispositions, et les libéraux ont voté avec les néo-démocrates. Mais maintenant, ils reprennent la position qu'ils préfèrent vraiment.
C'est le parti qui se drape toujours dans la Charte. Ce sont eux qui représentaient la Charte. Or, ce sont des questions fondamentales relatives à la Charte.
Ils ont utilisé le mot « terrorisme ». C'est certainement un mot lourd de sens et un problème très dangereux auquel nous sommes confrontés. Or, le hic avec ce projet de loi, c'est que nous devons veiller, en tant que parlementaires, à ce qu'une diligence raisonnable soit exercée de sorte que des gens innocents ne soient pas pris dans ce filet.
Le fait que nous ayons proposé plusieurs amendements et collaboré avec le gouvernement pour essayer d'améliorer le projet de loi, mais que les députés libéraux, eux, n'aient présenté aucun amendement, est très révélateur. Ils se sont contentés d'approuver le projet de loi sans poser de questions. Une des motions que nous avons essayé de présenter concernait les engagements assortis de conditions, qui permettraient de faire une arrestation préventive pour détenir une personne à la demande d'un agent de la paix. On pourrait détenir cette personne sans mandat et sans accusation. On pourrait également détenir une personne qui connaît quelqu'un pouvant constituer un risque.
Nous avons essayé de clarifier le libellé afin que l'intention soit clairement établie et de faire en sorte que les dispositions s'appliquent aux personnes soupçonnées de terrorisme et non aux citoyens ordinaires qui manifestent dans la rue ou sont pris dans un coup de filet. Le gouvernement a refusé cet amendement, car il a dit vouloir ratisser large. Mes collègues libéraux appuient cette idée. Ils disent que cette mesure résisterait à l'épreuve de la conformité à la Charte. Personnellement, j'en doute.
En fait, nous devons examiner l'application de l'arrestation préventive ainsi que les engagements assortis de conditions. Après les événements du 11 septembre 2001, Maher Arar a été arrêté sans preuve réelle, a été extradé et torturé. Cela s'est passé sous le nez du gouvernement libéral de l'époque, qui pensait que c'était le prix que nous devions payer pour notre liberté. Par la suite, nous avons appris que Maher Arar était complètement innocent.
Les libéraux disent qu'il n'y a pas du tout lieu de penser que, si des personnes servent un repas dans un restaurant à un terroriste présumé, elles seront arrêtées sans mandat. C'est un exemple ridicule. Il serait plus utile de considérer l'exemple des attentats horribles qui ont été commis en Angleterre pendant les années 1970 et qui ont touché Londres et Birmingham. À cette époque, le Parlement a décidé qu'il fallait se débarrasser des principes fondamentaux régissant la détention et les procès, notamment le principe de l'habeas corpus. Les autorités ont arrêté beaucoup de gens innocents, y compris Annie Maguire, dont j'ai déjà parlé aujourd'hui. C'était une simple mère de famille.
Annie Maguire et sept membres de sa famille ont été emprisonnés pendant 15 ans sans preuve, tout simplement parce qu'on les soupçonnait d'être associés d'une manière ou d'une autre à des terroristes. Or, les gens avec lesquels on les avait associés, leurs cousins, étaient innocents. Les attentats de Guildford ont donné lieu à de graves erreurs judiciaires. Des gens ont vu leur vie gâchée, mais, à l'époque, on jugea que c'était normal parce qu'on les considérait tous comme une menace. Évidemment, leur crime était d'être des Irlandais habitant en Angleterre.
La vie en société repose sur la primauté du droit, un principe qui doit être respecté pour éviter de telles situations.
Permettez-moi de parler un peu du terme « terroriste ». On m'a déjà qualifié de terroriste. Le gouvernement de Mike Harris m'a qualifié d'écoterroriste parce que j'étais contre l'aménagement d'une énorme décharge publique, auquel de nombreux députés de premier plan étaient favorables. Lorsque j'ai pris la parole en tant que citoyen et que j'ai protesté contre ce projet, on m'a qualifié d'écoterroriste. Nous entendons le gouvernement utiliser ce mot tout le temps. Si une personne est contre un projet d'oléoduc, c'est un écoterroriste.
Que dire des jeunes activistes autochtones qui descendent dans les rues? Que dire des personnes qui sont venues d'un peu partout, à bord d'autocars, pour participer aux manifestations lors du sommet du G20, ce qui est leur droit le plus fondamental? En vertu de cette loi, si un agent de la paix décidait que ces personnes songent à se livrer à des activités terroristes, il pourrait les détenir pendant 24 heures sans qu'aucune accusation ne soit portée contre elles. Puis, l'agent de la paix pourrait décider de les remettre en liberté, s'il le juge opportun.
Nous avons vu ce qui s'est produit au sommet du G20, et cela correspond exactement à ce qu'ils ont fait. Ils ont détenu des gens. Ils ont pris des gens en souricière. Évidemment, ils ont raté tous les voyous qui couraient sur la rue Queen avec des masques noirs. Je ne sais pas comment ils ont fait pour les rater, mais ces types ont sévi de l'intersection de la rue Queen et de l'avenue Spadina jusqu'à la rue Yonge. De nombreuses personnes innocentes ont été détenues.
Il faut être vigilant et mesurer précisément la portée de nos propos.
Si les policiers et les autorités en général peuvent décider qu'une personne ne leur plaît pas et qu'elle constitue une menace, celle-ci pourrait alors se retrouver en prison sans avoir d'abord subi un procès. Aux termes du projet de loi, elle pourrait rester 12 mois derrière les barreaux sans qu'aucun chef d'accusation ne soit porté contre elle.
Le gouvernement dit qu'il a besoin de toutes ces dispositions. Or, durant tout le temps qu'elles ont été en vigueur, elles n'ont pas été invoquées une seule fois. L'article 495 du code prévoit déjà qu'une personne peut être conduite devant un juge et que celui-ci peut déjà en ordonner la détention sans cautionnement s'il estime qu'elle constitue une menace. Ces pouvoirs existent déjà.
Nous parlons ici de nouveaux pouvoirs nettement plus arbitraires et subjectifs en vertu desquels les Canadiens pourront être jetés en prison sans être accusés de quoi que ce soit. Il s'agit d'une menace fondamentale.
J'aimerais maintenant citer les propos de l'avocat Paul Copeland, du Law Union of Ontario. Selon lui, les dispositions étudiées par le comité auront pour résultat de modifier le paysage juridique au Canada, et ce d'une manière qui n'est pas utile. À son avis, elles ne sont pas nécessaires et il ne faut pas les adopter. D'autres dispositions du Code criminel prévoient différents mécanismes permettant de traiter de telles personnes.
C'est dommage que les libéraux, au sein de l'opposition, n'aient pas songé à contester ces dispositions, ou à tout le moins les rendre plus claires. Le gouvernement a d'ailleurs rejeté de nombreux autres amendements qui auraient pourtant eu leur utilité. Je songe notamment au fait que le projet de loi est une loi d'application générale, ce qui veut dire qu'elle a préséance sur les autres, y compris la Loi sur les jeunes contrevenants. Voilà qui me laisse perplexe.
Que va-t-il arriver aux jeunes de moins de 18 ans? Pourront-ils être mis sous garde eux aussi? Pourra-t-on les enfermer? C'est ce qui est arrivé à Annie Maguire, en Irlande. Et ce serait absurde que de prétendre que ça n'arrivera pas. C'est déjà arrivé. Le Canada a l'obligation juridique de protéger les enfants en vertu de la Convention relative aux droits de l'enfant.
La Coalition canadienne pour les droits des enfants a elle aussi proposé des amendements afin que, lorsqu'il est question de jeunes de moins de 18 ans, la loi respecte cette convention internationale et prévoie notamment que la mise sous garde ne se fera qu'en dernier recours. Le gouvernement les a tous rejetés, tout comme le Parti libéral. C'est grave.
Ce qu'on nous dit ici — et ça fait longtemps que je siège à la Chambre —, c'est que nous faisons preuve de mollesse dans ce dossier. Pour ma part, j'estime que c'est à l'égard de la primauté du droit, ce principe fondamental, que le gouvernement fait preuve de mollesse. Supposons que quelqu'un prône l'abolition de la primauté du droit pour accroître l'efficacité. Il va de soi qu'il y aurait des gains en termes d'efficacité. Les États totalitaires sont toujours très efficaces dans certains domaines parce qu'ils ne souscrivent pas à la primauté du droit.
Nous sommes différents parce que nous vivons dans un régime de droit. Prenons comme exemple le projet de loi dont nous avons été saisis au cours de la présente législature. Le gouvernement y proposait de nombreuses dispositions qui lui donneraient un pouvoir légal indéterminé lui permettant de demander des renseignements personnels sur des internautes et des utilisateurs de téléphones cellulaires, et ce, sans mandat. Le gouvernement pensait que c'était tout à fait justifié. Il voulait faire adopter cette mesure, et il a affirmé que ceux qui ne l'appuyaient pas faisaient preuve de mollesse en matière de pédopornographie.
Quelle déclaration révoltante quand on sait qu'elle a été faite par l'architecte de la révolution conservatrice, Tom Flanagan. En effet, Tom Flanagan, s'est montré très indulgent envers les pédopornographes.
Cependant, il s'agissait d'une attaque orchestrée par le gouvernement contre le Canadien moyen qui veut que son droit à la vie privée soit protégé. D'autres dispositions du projet de loi obligeaient les entreprises de télécommunications à installer des logiciels espions afin de surveiller les gens à n'importe quel moment.
Mes collègues du Parti libéral sont restés muets, parce que ces dispositions ont en fait été proposées alors que les libéraux étaient au pouvoir.
Cette mesure avait alors suscité un énorme tollé dans la population. C'était très impressionnant. Les Canadiens tiennent à leur droit à la vie privée. Les Canadiens ne sont pas indulgents à l'égard de la pédopornographie. Les Canadiens ne font pas preuve de mollesse face au terrorisme. Mais ils n'allaient certainement pas rester les bras croisés et permettre au gouvernement de porter atteinte à leurs droits fondamentaux; ils se sont notamment opposés à l'écoute électronique sans mandat.
Le gouvernement est récemment revenu à la charge avec le projet de loi , qui renferme des dispositions sur l'écoute électronique. Le gouvernement a reconnu la nécessité d'exiger l'obtention d'un mandat.
Quoi qu'il en soit, à l'heure actuelle, les tribunaux permettent aux agents qui croient qu'une personne est en danger de mort de prendre les mesures qui s'imposent. Les agents peuvent alors agir sans mandat. Voilà une disposition raisonnable. En cas d'urgence, si la vie d'un enfant est en danger, ils peuvent prendre les mesures nécessaires, mais ils doivent ensuite expliquer à un juge pourquoi ils ont agi de la sorte.
Nous parlons cependant de quelque chose de différent. Nous parlons de quelqu'un qui pense qu'un groupe de jeunes activistes de Montréal qui s'amènent à Toronto pour le G20 pourraient être mal intentionnés quand ils descendent de l'autobus et qu'il est tout à fait légitime de leur mettre la main au collet, de les placer en détention pendant 24 heures et peut-être de décider ensuite de les laisser aller. La manifestation sera peut-être terminée alors.
Le SCRS a eu à l'oeil les jeunes activistes autochtones. Seront-ils visés par cette mesure parce que le SCRS veut ratisser large? Il a dit vouloir que son action ait une large portée.
Je dis aux gens de chez nous de vraiment réfléchir à ce qu'on demande à la Chambre d'adopter. Les dispositions de la loi nous servent depuis des siècles. Elles ne sont pas arbitraires. Nous ne venons pas de les inventer. Elles existent parce que nous avons constaté une violation des droits de la personne. Nous avons constaté que les droits de la personne étaient violés et nous avons besoin d'établir clairement la primauté du droit.
Même dans le cas du terrorisme, le Nouveau Parti démocratique affirme qu'il nous faut des outils. Si le gouvernement veut des outils pour poursuivre les cyberterroristes, qu'il présente un projet de loi à cet effet, mais pas un projet de loi qui lui permet d'obtenir n'importe quels renseignements sur n'importe qui n'importe quand simplement parce que cela lui convient. C'est injustifiable.
Je trouve malheureux que le gouvernement cherche ouvertement à récupérer l'attentat de Boston, cet acte incompréhensible et horrifiant, afin d'imposer l'adoption du projet de loi. Il se drape dans la douleur des Bostonnais pour faire adopter le projet à toute vapeur avec la complicité de ses amis du Parti libéral, minant les droits fondamentaux des Canadiens sans justification valable.
Même si ces dispositions ont existé pendant des années lorsque les libéraux étaient au pouvoir, avant qu'ils n'acceptent de les soumettre à une disposition de caducité, elles n'ont jamais été invoquées. On constate que de nombreux articles du Code criminel confèrent aux policiers les pouvoirs nécessaires afin de pourchasser les méchants.
Notre travail à nous, parlementaires, consiste à ne pas avoir peur. Les conservateurs nous taxent de laxisme lorsque nous ne faisons pas leurs quatre volontés. Non, nous ne sommes pas laxistes et nous ne manquons pas de détermination, contrairement aux députés du troisième parti. Nous défendons la primauté du droit au pays. Par conséquent, si le gouvernement cherche à bouleverser notre paysage politique national, il doit prouver que c'est nécessaire.
Ensuite, le gouvernement doit cesser de politiser le débat. Lorsque des amendements sont soumis au comité afin, par exemple, de mettre les enfants à l'abri de la vaste portée des dispositions proposées, les conservateurs doivent concéder que c'est raisonnable et qu'ils protégeront les enfants.
Nous avons demandé que des amendements viennent préciser la notion de « terroriste » afin que personne en uniforme ne puisse arrêter un jeune dans une foule simplement parce qu'il lui donne l'impression de préparer quelque chose. Cette façon de procéder ne respecte pas la primauté du droit. C'est ainsi que les choses se passent dans les États totalitaires contrairement à chez nous.
Paul Calarco, qui est membre de la Section nationale de droit pénal à l'Association du Barreau canadien, a très bien expliqué la question lorsqu'il a témoigné au comité:
Il ne fait aucun doute que pour protéger la société, il est essentiel de prévenir les actes terroriste[s]. Pour cela, il faut des lois efficaces, mais aussi des lois qui respectent nos traditions juridiques.
Malheureusement, ce projet de loi n'atteint pas ces deux objectifs.
Le problème, ce sont les investigations. Quelqu'un pourrait comparaître devant un juge spécial et se voir privé de son droit de garder le silence — un droit fondamental —, sans la moindre justification, sans qu'on lui explique pourquoi. La décision reposerait sur l'opinion subjective d'une autorité judiciaire.
De plus, les dispositions relatives à l'engagement assorti de conditions et à l'arrestation préventive ne s'appliqueraient pas seulement aux personnes qui sont soupçonnées, mais aussi à celles qui pourraient les connaître, qui pourraient avoir des liens de parenté avec elles. Un agent de la paix pourrait arrêter une personne sans mandat s'il croit que cela est nécessaire et il pourrait la garder en détention pendant 24 heures. Des gens pourraient ensuite se trouver en détention pendant une période maximale d'un an.
À la suite des événements horribles et insensés survenus à Boston, il nous incombe de dire que, dans une société civile, nous ne devons pas céder aux réactions impulsives. Nous ne devons pas céder à la peur. Nous devons nous ranger du côté des victimes, tout en veillant à ce qu'on ne se serve pas d'elles pour porter atteinte aux principes fondamentaux sur lesquels repose une société civile, progressiste et démocratique.