La Chambre reprend l'étude de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Madame la Présidente, c'est un privilège que d'intervenir à propos du projet de loi , qui vise à intégrer à la loi qui régit le Régime de pensions du Canada l'accord conclu dernièrement entre les provinces afin de bonifier les prestations du RPC.
On aurait pu mieux faire, et il faudra attendre 49 ans pour que les changements soient pleinement en vigueur, c'est vrai, mais cette bonification du Régime de pensions du Canada marque néanmoins un premier pas majeur dans l'amélioration de la sécurité des jeunes Canadiens d'aujourd'hui au moment de leur retraite. Nous félicitons tout le monde, en particulier les syndicats, de n'avoir ménagé aucun effort pour jeter les bases de l'accord.
Il faut maintenant passer à l'action sans attendre pour aider les personnes âgées et les préretraités canadiens qui ne profiteront pas des changements proposés. L'État doit profiter de l'élan qu'a insufflé l'accord et faire le nécessaire pour améliorer durablement la sécurité de la retraite des travailleurs d'aujourd'hui.
L'insécurité de la retraite atteint un niveau critique au Canada, car l'épargne de nombreux Canadiens ne leur suffira pas à maintenir leur train de vie à la retraite. Le problème découle en grande partie de l'effritement des régimes de pension offerts par les employeurs: pas moins de six travailleurs canadiens sur dix n'ont accès à aucun régime de retraite privé.
Au cours de la campagne de 2015, les libéraux ont promis de bonifier le Régime de pensions du Canada. Après son élection, le s'est vu confier le mandat de:
Rencontrer vos collègues provinciaux et territoriaux dès que possible afin d’entamer un processus vers la bonification du Régime de pensions du Canada dans le but d’offrir une plus grande sécurité financière aux Canadiens au moment de leur retraite.
Le a rencontré ses homologues provinciaux et territoriaux en juin 2016 et, le 20 juin, il a annoncé la conclusion d'une entente de principe sur la bonification du RPC.
Le 4 octobre 2016, la Colombie-Britannique a été la dernière province, mis à part le Québec, à souscrire officiellement à cette entente. Le projet de loi a été présenté le 6 octobre. Le Québec n'a pas signé l'entente, mais il a promis d'en appliquer certains des changements au Régime de rentes du Québec, similaire au RPC, mais géré indépendamment de ce dernier.
Le NPD appuiera le projet de loi, bien qu'il estime que cette mesure ne répond pas entièrement aux attentes des Canadiens pour ce qui est de la réforme du RPC.
La bonification du RPC se fait attendre depuis longtemps. La dernière réforme du régime remonte à 1997, mais il s'agissait alors surtout de modifications de nature administrative. La modification la plus importante apportée en 1997 a fait passer le RPC d'un financement par répartition à un financement par capitalisation intégrale. Ce changement visait à assurer la viabilité financière du régime. D'ailleurs, un récent rapport de l'actuaire en chef du Canada révèle que le régime est sain et qu'il sera solvable pendant au moins 75 ans.
Toutefois, à un moment où les Canadiens sont de moins en moins nombreux à participer à un régime d'employeur, où ils peinent de plus en plus à mettre de l'argent de côté en vue de la retraite et où le pourcentage de personnes âgées vivant dans la pauvreté ne cesse d'augmenter, les prestations du Régime de pensions du Canada n'augmentent pas.
Beaucoup de Canadiens avaient espoir que le gouvernement modifierait le RPC en profondeur. Malheureusement, comme pour bien des promesses des libéraux, nous devons nous contenter de moins que ce qu'ils avaient promis.
Ken Neumann, directeur national du Syndicat canadien des métallurgistes, l'a très bien résumé lorsqu'il a dit que le plan du gouvernement libéral pour bonifier légèrement le RPC est bien en deçà de ce que préconisaient le Syndicat des métallos et le mouvement syndical canadien, qui estiment qu'on devrait doubler les prestations du RPC. Les Métallos sont néanmoins satisfaits que les provinces et le gouvernement fédéral se soient entendus sur une bonification générale du RPC qui aidera tous les travailleurs, et ils continueront de réclamer qu'on double les prestations du RPC.
Les néo-démocrates, tout comme un grand nombre d'intervenants du mouvement syndical et de groupes de défense des droits des personnes âgées et des retraités, demandent depuis longtemps que les prestations, au lieu d'équivaloir à 25 % du revenu avant la retraite, représentent plutôt 50 %, mais non, la présente mesure législative prévoit une modeste augmentation, soit de 25 % à 33 % du revenu avant la retraite.
Bien que nous appréciions qu'il y ait une augmentation, nous estimons qu'elle est tout bonnement insuffisante, surtout si nous voulons nous assurer que les personnes âgées ne vivent pas dans la pauvreté et qu'elles puissent prendre leur retraite dans la dignité et avoir la qualité de vie qu'elles méritent.
Même si beaucoup se réjouiront de voir enfin des modifications au régime et une augmentation des prestations, il y aura aussi bien des mécontents. Ce sont les personnes qui ne trouveront pas grand avantage, si tant est qu'ils en trouvent, aux modifications présentées dans le projet de loi.
Je constate de plus en plus qu'une grande confusion entoure le projet de loi, les gens ne comprenant pas à qui les modifications proposées profiteront. Selon un récent sondage Ipsos, plus de 25 % des personnes déjà à la retraite croient que leurs prestations du Régime de pensions du Canada augmenteront par suite de la mise en oeuvre de la mesure législative, et plus de 70 % des Canadiens ne se rendent pas compte que les personnes déjà à la retraite n'obtiendront rien de la bonification du Régime de pensions du Canada. Ces conclusions concordent parfaitement avec ce que j'ai entendu. De nombreux retraités de ma circonscription m'ont demandé quand ils allaient toucher leurs prestations plus élevées. Je dois malheureusement leur annoncer que la nouvelle mesure législative ne fera rien pour les retraités actuels et les travailleurs au seuil de la retraite.
Le Régime de pensions du Canada bonifié profitera à une nouvelle génération de travailleurs arrivant sur le marché du travail, mais il ne fait pas grand-chose pour remédier à la crise du revenu de retraite pour les personnes au seuil de la retraite. Les premiers qui bénéficieront de la pleine augmentation prévue dans le projet de loi ont 16 ans à l'heure actuelle. Le régime bonifié ne sera entièrement en vigueur que dans 49 ans. Quand la hausse des cotisations sera intégralement appliquée, en 2025, il faudra payer les cotisations accrues pendant 40 années de plus pour être pleinement admissible aux nouvelles prestations maximales. Les prestations accrues seront calculées en fonction des 40 années où les cotisations accrues ont été payées, mais les retraités ne verront pas d'augmentation substantielle de leurs prestations avant des années.
Je me permets de prendre quelques instants pour parler des modalités du régime. À l'heure actuelle, le maximum des gains ouvrant droit à pension est de 54 900 $. Pour les gains supérieurs à ce plafond, le régime vise à remplacer environ 25 % du montant. La pension maximale est d'à peu près 1 092 $ par mois, ou 13 100 $ par année. Le taux de cotisation est de 4,9 % pour l'employeur et l'employé, et le plafond est le même pour les deux.
Le RPC élargi constitue une nouvelle catégorie distincte, qui s'ajoute au RPC existant. Cette nouvelle catégorie de RPC a deux fonctions, dont l'entrée en vigueur se fera graduellement sur neuf ans, jusqu'en 2025. D'abord, elle porte le taux de remplacement actuel de 25 % à 33,3 %. Ensuite, elle porte le maximum des gains ouvrant droit à pension de 54 900 $ à 82 700 $.
Une fois l'entrée en vigueur totalement terminée, en 2065, un employé qui gagne 54 900 $ recevra une pension annuelle maximale d'environ 18 117 $ lorsqu'il prendra sa retraite. Pour un employé dont le revenu serait de 82 700$, les prestations du RPC atteindraient un maximum de 20 352 $ par année. Une fois la période de transition atteinte, en 2025, il faudra attendre 40 ans avant de pouvoir bénéficier d'une prestation totalement améliorée. Par conséquent, le premier travailleur qui sera admissible aux prestations complètes a actuellement 16 ans. Une personne qui sera âgée de 59 ans en 2019, qui paiera six ans de cotisations accrues et qui prendra sa retraite en 2025 à l'âge de 65 ans ne recevra aucune pension supplémentaire, sauf peut-être un dollar ou deux.
Il est important de noter que le débat sur les prestations de retraite porte surtout sur les prestations maximales, alors que seulement 11,4 % des travailleurs vont bénéficier des prestations maximales. Les prestations moyennes annoncées en juillet 2016 s'élevaient à 550 $. Les cotisations des employés et des employeurs vont augmenter afin de payer pour la hausse des prestations. Cette hausse des cotisations entrera graduellement en vigueur entre 2019 et 2025, en deux étapes en fait. Entre 2019 et 2025, ceux dont les gains ouvrant droit à pension sont inférieurs au maximum admissible, soit 54 900 $ pour l'instant, verront leurs cotisations augmenter graduellement de 1 %, passant ainsi de 4,9 % à 5,9 %. En chiffres réels, cela signifie qu'au taux maximum, une personne cotisera 43 $ de plus par mois, tout comme son employeur.
La deuxième augmentation se fera graduellement sur deux ans à compter de 2024. Pour tous ceux qui gagnent plus que le maximum annuel de gains ouvrant droit à pension, leurs cotisations et celles de leur employeur augmenteront de 4 % par rapport au taux actuel.
Je sais que tout cela est un peu mêlant et qu'il faudra du temps aux Canadiens pour bien comprendre toutes les subtilités des changements.
Le projet de loi modifie également la Loi de l'impôt sur le revenu afin de minimiser l'incidence de la hausse des cotisations sur les Canadiens. Actuellement, les cotisations au RPC versées par les travailleurs sont traitées comme un crédit d'impôt. Les cotisants peuvent réclamer un pourcentage des cotisations versées à titre de crédit d'impôt non remboursable, et ce crédit est ensuite déduit du montant total de l'impôt fédéral à payer. Cela ne changera pas. Ces cotisations seront dorénavant considérées comme des cotisations de base, mais continueront d'être traitées de la même façon aux fins de l'impôt.
Les cotisations supplémentaires que les travailleurs vont payer à partir de 2019 seront considérées différemment aux fins de l'impôt. Les travailleurs pourront déduire le montant des contributions supplémentaires directement de leur revenu imposable au lieu de faire une demande de crédit.
Dans le projet de loi, le gouvernement modifie également la Loi de l'impôt sur le revenu afin d'augmenter de 14 % la prestation fiscale pour le revenu gagné. L'objectif de cette mesure est de minimiser les effets de la hausse des cotisations au RPC sur les travailleurs à faible revenu. Les employeurs pourront déduire les hausses des cotisations au RPC en tant que dépenses d'entreprise, comme ils peuvent déjà le faire pour les cotisations de base.
J'aimerais maintenant aborder brièvement le système canadien de revenu de retraite, qui repose sur trois piliers. Ces piliers sont censés interagir ou s'appuyer les uns sur les autres pour permettre aux aînés de garder un niveau de vie raisonnable pendant leur retraite. Le premier pilier est celui des prestations publiques uniformes et universelles, comme la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti.
Le deuxième pilier est celui des régimes de pensions des travailleurs à participation obligatoire, soit le Régime de pensions du Canada et le Régime de rentes du Québec. Presque tous les travailleurs canadiens âgés de plus de 18 ans qui gagnent plus que le minimum de 3 500 $ par année doivent y cotiser. Les employés et les employeurs sont tenus par la loi de participer à ces régimes. Les cotisations sont séparées également entre employeurs et employés; dans le cas des travailleurs autonomes, ceux-ci paient la totalité des cotisations. Le montant des cotisations dépend du salaire du cotisant.
Le troisième pilier est celui des régimes de pensions des employeurs et des syndicats, qu'on appelle les régimes de pensions agréés. Ces régimes sont enregistrés auprès de l'Agence canadienne du revenu et de l'une des autorités de réglementation des régimes, parce que ceux-ci peuvent bénéficier d'une aide gouvernementale prenant la forme de mesures fiscales spéciales ou faire l'objet d'une surveillance réglementaire. Ce pilier inclut également les régimes enregistrés d'épargne-retraite et les autres épargnes personnelles.
Le problème pour les aînés d'aujourd'hui, c'est que ces piliers ne suffisent plus à leur assurer un niveau de vie adéquat. Les hausses marquées des coûts, notamment de l'électricité et du logement, sont difficiles à absorber pour les aînés à revenu fixe. Ne pas agir maintenant aura de graves conséquences sur le plan social et plongera de nombreux aînés dans la pauvreté. Le nombre de personnes âgées qui seront forcées d'avoir recours aux banques alimentaires va beaucoup augmenter.
Des études laissent entrevoir une crise de la sécurité du revenu de retraite des Canadiens. Une étude menée récemment par Richard Shillington pour le compte de l'Institut Broadbent montre qu'un pourcentage élevé de travailleurs canadiens âgés vont prendre leur retraite sans avoir suffisamment d'économies pour échapper à la pauvreté. Le rapport indique également que la moitié des couples canadiens dont les membres sont âgés de 55 à 64 ans n'ont pas de régime de retraite de l'employeur — c'est-à-dire qu'aucun des deux membres du couple n'en a un. Dans cette catégorie, moins de 20 % des familles à revenu moyen ont mis suffisamment d'argent de côté pour leur assurer un revenu adéquat avec les prestations du gouvernement et le RPC ou le RRQ. Les tendances du revenu donnent à penser que le pourcentage d'aînés canadiens vivant dans la pauvreté va augmenter au cours des prochaines années, surtout dans la catégorie des femmes vivant seules, dont le taux de pauvreté est déjà supérieur à la moyenne. L'augmentation du taux de pauvreté des aînés coïncidera avec une vague de départs à la retraite au Canada au cours des 20 prochaines années. Plus de 20 % de la population aura plus de 65 ans d'ici 10 ans.
Lors de la publication du rapport de l'Institut Broadbent, le directeur exécutif, Rick Smith, a déclaré: « Ces nouvelles données sur les économies de retraite et sur le fossé causé par le manque de soutien nous disent le plus clairement du monde que nous avons sur les bras une crise des revenus à la retraite, une crise qui exige dès maintenant une action gouvernementale urgente. »
La bonification du Supplément de revenu garanti et les augmentations des prestations du RPC vont certainement aider, mais il faut en faire encore bien davantage pour aider les personnes âgées à vivre dans la dignité, comme elles le méritent.
Le coût élevé du logement et des médicaments, la récupération du Supplément de revenu garanti et l'indexation des pensions ne sont que quelques-uns des problèmes qu'il faut régler immédiatement. Le gouvernement doit tenir sa promesse d'instaurer un nouvel indice des prix à la consommation pour les aînés afin que la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti suivent les hausses des coûts.
Le NPD réclamera d'autres bonifications du Supplément de revenu garanti et de la Sécurité de la vieillesse, un programme national d'assurance-médicaments ainsi que des programmes d'amélioration des soins à domicile et des soins palliatifs. Il y a encore beaucoup à faire pour que les travailleurs aient un revenu suffisant à la retraite et accès aux services dont ils ont besoin pour avoir une bonne qualité de vie.
Le NPD continuera de collaborer avec ses alliés du milieu du travail et d'autres intervenants pour améliorer la qualité de vie des retraités et des aînés du Canada.
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Madame la Présidente, c'est pour moi un privilège d'intervenir au sujet de l'un des enjeux fondamentaux auquel, selon moi, l'ensemble des Canadiens accorde un appui très solide. Jetons un coup d'oeil sur l'objet du projet de loi . J'encourage tous les députés de tous les partis politiques à reconnaître l'accord historique auquel sont parvenus le et le gouvernement et à voter en faveur du projet de loi C-26.
La députée conservatrice qui vient d'intervenir a posé une question à propos du en soutenant qu'il a écrit un livre où il affirme que bonifier le Régime de pensions du Canada n'enrayera pas la pauvreté chez les personnes âgées. Ce qu'elle n'a pas dit, toutefois, c'est que le même ministre des Finances a proposé d'augmenter de 10 % le revenu des Canadiens âgés les plus pauvres en haussant le Supplément de revenu garanti, ce qui aura des retombées aussi positives que profondes pour eux.
D'ailleurs, je mets au défi les conservateurs qui interviendront après moi dans ce débat de me donner un exemple de politique adoptée par leur parti qui aura permis d'améliorer autant le sort des Canadiens âgés les plus pauvres. Ils auront du mal à y arriver. Voilà l'une des raisons pour lesquelles, lorsqu'une politique de cette nature est annoncée, très officiellement, à la Chambre des communes, il faut toujours y voir un maillon d'une stratégie plus vaste d'aide aux personnes âgées.
Permettez-moi de dire quelque chose qui doit être dit. Nous avons fait campagne au sujet de vrais changements, principalement parce que nous avions réalisé que le gouvernement Harper avait perdu contact avec les Canadiens. Les conservateurs ne comprenaient pas ce que les Canadiens voulaient et ce qu'ils attendaient du gouvernement. Nous pourrions parler de bien des choses. Je pourrais parler de la remarquable performance de la , qui lutte pour les soins de santé ici, au Canada, chose que ne faisait pas le gouvernement précédent. Les Canadiens voient cela d'un oeil positif. Les conservateurs n'ont pas compris cela. Ils n'ont pas compris ce que voulaient les Canadiens.
Le même principe s'applique dans le cas présent. Je peux clairement démontrer la même chose au sujet du Parti conservateur passé et actuel. Je vais attendre jusqu'au moment du vote, mais si les conservateurs veulent prouver qu'ils sont à l'écoute des Canadiens je leur suggère vraiment d'appuyer ce projet de loi.
Le projet de loi revêt en quelque sorte un caractère historique. Il n'est pas facile de rassembler toutes les parties intéressées et d'en arriver à une entente de cette nature, qui permettra aux aînés de recevoir plus d'argent lorsqu'ils prendront leur retraite. Une fois en vigueur, cela représentera une belle somme.
Il faut beaucoup de temps pour prendre de telles décisions. J'ai aimé que mon collègue néo-démocrate mentionne ceux qui ont contribué aux résultats que nous voyons maintenant. Ce n'est pas une initiative exclusivement libérale. Nous savons que différents intervenants, non seulement des milieux syndicaux, mais aussi du milieu des affaires, ont fait des présentations sur l'importance que le Canada ait un régime de pensions. Cette initiative touche les personnes, les entreprises, les syndicats, les entités politiques et bien d'autres intéressés.
J'ai déjà dit à quel point j'apprécie l'excellent travail que font nombre de syndicats en dehors de leur sphère immédiate de responsabilités. Ils pensent à l'avenir, non seulement pour les personnes qu'ils représentent, mais souvent aussi pour les personnes en dehors de leur mouvement, lorsqu'ils parlent de l'importance de bonifier le RPC. J'entends des présentations de cadres syndicaux à ce sujet depuis de nombreuses années. C'est la raison pour laquelle, lorsque je prends la parole aujourd'hui, je dis que c'est vraiment une bonne initiative.
Le a donné aux députés de notre parti le mandat de représenter les gens de leur circonscription à Ottawa. C'était également le cas lorsqu'il était chef du troisième parti, dans l'opposition, et c'était un changement. C'était une partie du vrai changement parce que la plupart du temps, lorsque le gouvernement Harper était au pouvoir, les députés ministériels s'occupaient plutôt de représenter Ottawa dans leur circonscription. Nous souhaitons que les députés défendent les intérêts et les idées des gens de leur circonscription dans cette enceinte, dans les travaux des comités et des sous-comités, lors des réunions de caucus, et ainsi de suite. Le projet de loi incarne cette vision.
Essentiellement, le projet de loi dit que, selon nous, la population active du Canada a besoin que son régime de pensions soit mieux financé aujourd'hui pour les départs à la retraite de demain. Personnellement, je n'en suis pas surpris et j'ai l'impression que la vaste majorité des députés n'en seront pas surpris, eux non plus.
Je me souviens d'avoir soutenu, depuis les banquettes de l'opposition, l'idée que nous devions consacrer plus d'argent aux personnes âgées du pays. J'ai présenté, sur cette question, de nombreuses pétitions où les Canadiens disaient s'attendre à ce que nous en fassions davantage sur ce plan. Parmi les pétitions portant sur le RPC, le Supplément de revenu garanti et la Sécurité de la vieillesse, beaucoup venaient de personnes que je représente, dans Winnipeg-Nord, voire la plupart ou la totalité de ces pétitions. Ces gens voulaient que le gouvernement prenne des mesures pour renforcer et, dans la mesure du possible, pour améliorer les programmes destinés aux personnes âgées.
Le a indiqué clairement au que nous voulions conclure une entente sur la bonification du RPC. Je suis infiniment reconnaissant au ministre des Finances d'en être arrivé à une entente parce que ce n'est pas quelque chose que le gouvernement aurait pu faire tout seul. Nous avions besoin de la coopération et de la compréhension des provinces pour y parvenir.
Je me rappelle que, lorsque je siégeais dans l'opposition, j'étais un peu frustré parce que j'entendais, par exemple, l'Ontario dire qu'elle voulait une bonification du RPC, mais que le gouvernement fédéral n'en désirait pas. Le gouvernement fédéral de l'époque, dirigé par le premier ministre Stephen Harper, avait affirmé qu'il n'était pas intéressé à une telle mesure. Le premier ministre précédent ne tenait pas à bonifier le RPC. En réalité, il était tout à fait disposé à laisser les provinces faire cavalier seul dans ce dossier.
Les députés se souviendront que j'ai dit que l'ancien premier ministre Stephen Harper avait perdu contact avec les Canadiens. S'il avait écouté ce que les Canadiens avaient à dire sur le RPC, il aurait constaté qu'ils craignaient de ne pas pouvoir prendre leur retraite, qu'ils s'inquiétaient au sujet de leurs revenus de retraite, et que la vaste majorité d'entre eux reconnaissait la nécessité de cette bonification. Or, l'ancien premier ministre n'a pas reconnu ce besoin.
C'est essentiellement pour cela que j'ai parlé du vrai changement au début de mon discours. C'est parce que c'est ce que vise le projet de loi dont nous sommes saisis, et les députés ont l'occasion de participer à ce vrai changement.
Le gouvernement conservateur précédent avait une attitude différente à l'égard du RPC. Nous avons adopté une tout autre approche. Le gouvernement du Canada veut maintenant bonifier le RPC, et c'est pour cela qu'il a présenté le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Dans mon intervention, j'ai donné un aperçu du nombre de consultations que le ministère des Finances a tenues à lui seul. Cependant, il y a aussi de simples députés qui ont consulté de nombreux intervenants de divers milieux, y compris des syndicats, des entreprises et des Autochtones. Certains ont pris le temps de nous écrire ou de communiquer avec nous par Internet, ou encore de discuter avec nous en personne lors de réunions accessibles à tous que nous avons organisées dans l'ensemble du pays afin d'échanger des idées sur des questions importantes liées à la fiscalité et aux politiques. Je crois que les députés constateront que bon nombre de ces discussions portaient sur le RPC, et je sais que j'ai participé à un grand nombre d'entre elles.
Les résultats de ces discussions ont ensuite été présentés aux provinces le 20 juin, à Vancouver, où l'accord a été conclu. C'est cet accord qui a donné lieu au projet de loi .
Selon le sommaire, le projet de loi permettrait:
a) d’augmenter le montant des pensions de retraite, de survivant et d’invalidité et de la prestation d’après-retraite, sous réserve du montant des cotisations supplémentaires ayant été versées et du nombre d’années au cours desquelles celles-ci l’ont été;
b) d’augmenter le maximum des gains ouvrant droit à pension de 14 pour cent dès 2025;
C'est une hausse considérable.
c) de prévoir, à compter de 2019, le versement de cotisations supplémentaires;
Cette mesure a été acceptée essentiellement parce qu'il faut prévoir une période d'adaptation pour les entreprises et d'autres intervenants.
d) de prévoir la création du compte supplémentaire du régime de pensions du Canada et une comptabilité pour les fonds s’y rapportant;
e) d’inclure les cotisations supplémentaires et les prestations bonifiées dans les dispositions de cette loi qui portent sur la révision financière et d’autoriser le gouverneur en conseil à prendre des règlements relativement à ces dispositions.
Pourquoi s'agit-il d'un dossier si important à régler? J'aimerais revenir sur certaines difficultés mentionnées par des habitants de ma circonscription. Je crois que l'on retrouve les mêmes difficultés un peu partout au Canada.
Ma circonscription compte un nombre assez important d'aînés. L'âge auquel on devient un aîné pourrait faire l'objet d'un débat. On m'a signalé que, comme j'aurai 55 ans en janvier, je pourrais être admissible à des rabais pour aînés.
J'ai eu l'occasion de frapper à des milliers de portes. J'ai rencontré une dame âgée de 94 ans qui avait l'air d'avoir dans la soixantaine. Elle est très alerte et active. Dans une grande mesure, ce n'est pas l'âge, mais la façon dont on se sent qui importe. Il y a de nombreux aînés à Winnipeg-Nord qui se sentent en pleine forme et qui veulent avoir un niveau de vie décent.
Ce qui m'attriste le plus, c'est de rencontrer des aînés qui me disent avoir de la difficulté à joindre les deux bouts. Ils me disent souvent qu'ils doivent choisir entre acheter leurs médicaments et acheter de la nourriture. Leur budget ne leur permet pas de se procurer les deux. Ce n'est pas un commentaire que j'ai entendu une ou deux fois seulement. Je l'ai entendu à maintes reprises. Les aînés se heurtent souvent à des difficultés et sont tenus de prendre des décisions difficiles parce qu'ils n'ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins fondamentaux.
Il y a beaucoup trop d'aînés qui choisissent d'acheter leurs médicaments et qui souffrent de la faim, ce qui nuit à leur santé, ou qui n'ont d'autre choix que de s'adresser à des banques alimentaires. Heureusement qu'il y a des banques alimentaires, un grand nombre de bénévoles pour les faire fonctionner et des personnes pour y contribuer. Ils viennent en aide à de nombreux aînés qui vivent dans la pauvreté. C'est un problème qui est malheureusement beaucoup trop fréquent.
Je me rappelle, une fois, je faisais du porte-à-porte avec ma fille, Cindy, quand une dame en larmes nous a répondu. Elle venait de recevoir une facture de plus de 500 $ des services ambulanciers. Elle se demandait éperdument comment elle allait faire pour l'acquitter.
Je suis content que ma fille ait été élue à l'Assemblée législative du Manitoba, et qu'elle ait soulevé la question auprès de ses collègues.
Quand une personne doit aller à l'hôpital parce qu'elle vient de faire une crise cardiaque chez elle, elle n'a pas trop le choix. Voilà pourquoi nous devons prendre soin de nos aînés. Les situations comme celle-là arrivent tous les jours, d'un bout à l'autre du pays.
Quand on nous donne l'occasion de réfléchir à l'avenir des pensions, on devrait être positif. Les électeurs nous disent qu'ils veulent absolument que nous soutenions les trois régimes de pension. Ils estiment de plus que nous devrions en élargir la portée, dans les limites du possible. Une augmentation du Supplément de revenu garanti leur donnerait tout un coup de pouce. Certains aînés vivant seuls recevront 900 $ de plus par mois que ce qu'ils recevaient l'an dernier. Une telle somme devrait aider considérablement les aînés vivant dans la pauvreté à se procurer certaines des choses dont ils ont besoin.
Nous parlons aujourd'hui du projet de loi , mais au fond il est aussi question du filet social si cher aux Canadiens. Si nous demandions aux électeurs ce qui leur plaît le plus dans le fait de vivre au Canada, beaucoup nous répondraient « le filet social ». En quoi consiste-t-il, ce filet social? Il y a d'abord le Régime de pensions du Canada, sur lequel nous sommes appelés à nous prononcer aujourd'hui même. Viennent ensuite la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti, le réseau de la santé et le régime d'assurance-emploi. Collectivement, ces programmes permettent aux Canadiens de vivre confortablement et l'esprit tranquille. Nous devrions en parler plus souvent, et pas seulement ici, mais dans nos caucus et nos comités aussi.
Nous avons des comités permanents fantastiques, capables d'inclure dans leurs travaux une étude portant sur des programmes sociaux progressistes et constructifs. Nous pourrions exploiter davantage le potentiel de ces comités. J’ai déjà fait valoir que ces comités sont la colonne vertébrale du processus parlementaire.
Il ne me reste pas beaucoup de temps, mais je veux souligner l’importance du projet de loi , qui est une mesure législative digne d’être appuyée par tous les députés. Si l’on songe aux débats que l’on a déjà eus à la Chambre sur cet enjeu important, on se rappellera que ceux qui estimaient qu’il fallait bonifier le Régime de pensions du Canada ont été déçus. Toutefois, grâce au changement de gouvernement et à l’engagement qu’a pris le actuel, l’attitude a changé et le Régime sera bonifié. Ainsi, bien des aînés n’auront pas à prendre de décisions difficiles dans l’avenir et le nouveau régime évitera même à certains d’entre eux de tomber dans la pauvreté.
J'exhorte vivement tous les députés à appuyer ce projet de loi.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'intervenir à propos du projet de loi . Une tendance plus que troublante se dégage: le gouvernement libéral impose des mesures fiscales punitives sans la moindre consultation, presque sans rétroaction des parties intéressées et avec une notion extrêmement limitée des répercussions économiques de ses décisions et de ses politiques sur les familles canadiennes et, surtout, les petites entreprises canadiennes.
Tout a commencé par la taxe sur le carbone, qui fera grimper le coût d'à peu près tout. Le gouvernement a aussi revu les règles qui régissent les prêts hypothécaires, ce qui compliquera encore plus les choses pour les jeunes Canadiens désireux d'accéder à la propriété. Cette fois, il veut hausser les cotisations au Régime de pensions du Canada, ce qui plombera nettement la croissance dans le secteur de la petite entreprise. Ce sont là autant de décisions stratégiques que le gouvernement libéral impose sans la moindre consultation ni la moindre étude sur leurs ramifications pour les familles canadiennes, les petites entreprises ou les provinces.
Je suis le vice-président du Comité permanent des ressources naturelles. Ce comité a entendu des intervenants au cours des dernières semaines, après l'annonce de la taxe sur le carbone. Tous ont dit que personne ne les a consultés, que cette mesure pourrait les inciter à abandonner carrément certains projets. Quelles seront les conséquences pour l'industrie de l'énergie, qui connaît déjà des difficultés, si on leur impose une taxe punitive sur le carbone sans avoir de données pour justifier les effets économiques de cette décision?
Hier, une motion a été présentée au comité des ressources naturelles afin que le comité mène une étude d'urgence sur les effets économiques d'une taxe sur le carbone sur le secteur des ressources naturelles. Si les libéraux étaient si convaincus que la taxe sur le carbone et la hausse des cotisations au RPC allaient avoir des effets bénéfiques et positifs pour les Canadiens dans l'ensemble du pays, alors j'estime qu'ils auraient dû convenir de lancer cette étude, mais ils ne l'ont pas fait. Ils ont voté à l'unanimité contre cette motion parce qu'ils ignorent quels seraient les effets de ce genre de politiques sur les familles des travailleurs canadiens.
Ils persistent à prendre des décisions de ce genre parce qu'ils croient qu'elles font d'excellentes politiques pour la très vocale minorité des dirigeants syndicaux et des grandes sociétés. Ce sont eux qui aiguillent ces décisions. Ils ne parlent pas aux Canadiens de la classe moyenne, ceux dont les finances vont subir les contrecoups de ces décisions. C'est ce qui rend ces décisions aussi frustrantes.
Il y a quelques semaines, j'ai eu l'occasion de faire une déclaration lors d'un sommet à Calgary, qui portait le titre malheureux de « La crise de l'emploi pour les professionnels de l'énergie au Canada: une occasion perdue pour le Canada ». Plus de 200 professionnels étaient présents. Il ne s'agissait pas d'ouvriers foreurs ou de soudeurs, ceux qui devraient généralement être les plus touchés par le ralentissement du secteur de l'énergie. Il s'agissait plutôt d'ingénieurs pétroliers, de géophysiciens et de géologues. Bon nombre d'entre eux étaient sans emploi depuis plus de deux ans.
Je leur ai demandé si eux ou leurs associations avaient été consultés au sujet de la taxe sur le carbone ou des hausses associées au Régime de pensions du Canada. Je leur ai demandé si le gouvernement libéral avait approché leurs associations, qui représentent des milliers de professionnels canadiens d'un bout à l'autre du pays. Ils m'ont tous répondu non, que tout cela avait été un choc pour eux. Je leur ai dit que le secteur de l'énergie connaissait des hauts et des bas depuis des décennies, et ils étaient bien d'accord, mais il s'agit selon eux de la pire période à ce jour.
Nous avons entendu à la période des questions d'aujourd'hui, comme à bien d'autres occasions cette semaine, que l'Alberta avait été durement touchée par la chute du prix du pétrole. Un baril de pétrole coûte maintenant plus de 50 $. Mais le prix du pétrole n'explique pas à lui seul la mauvaise passe actuelle de l'Alberta. Il y a aussi les mauvaises politiques, l'inaction, les hausses des impôts des entreprises et des employeurs. Les professionnels ont dit qu'ils ne voient pas la lumière au bout du tunnel à cause des politiques mises en oeuvre, comme cette taxe sur le carbone qui ajoute à l'incertitude au sein de l'industrie et qui fait fuir les investisseurs, qui emportent les emplois avec eux.
Ils ont dit que ces décisions allaient entraîner une perte de capital intellectuel et qu'ils ne seraient plus concurrentiels à l'échelle internationale dans les domaines de l'énergie, de la fabrication et de l'agriculture à cause de la taxe sur le carbone du gouvernement, et maintenant de cette hausse des cotisations au RPC, sans parler des changements aux règles hypothécaires qui font en sorte que les jeunes familles auront plus de difficulté à acheter leur première maison.
Le député de a dit que, lorsqu'il a fait du porte-à-porte dans sa circonscription, un nombre incalculable de Canadiens lui ont réclamé ces changements. Moi, il n'y en a pas eu un seul. Il ne m'est absolument jamais arrivé de frapper chez quelqu'un et de me faire dire: « Oh là là, j'ai vraiment hâte de payer une taxe sur le carbone. J'ai vraiment hâte que mes cotisations au Régime de pensions du Canada augmentent. En plus, savez-vous quoi? J'espère sincèrement que vous allez me compliquer la vie lorsque j'essaierai d'acheter ma première maison. »
Qui sait, peut-être bien que les Albertains du Sud sont beaucoup plus futés que les Winnipegois? Rien de tout cela n'a été mentionné au cours de la campagne électorale, alors je trouve que les libéraux sont malhonnêtes de soutenir qu'ils ont un mandat exceptionnel en raison de ce qui s'est passé l'an dernier. Je pense qu'ils prennent des décisions qui plaisent à une minorité de Canadiens qui parle fort, mais qui ne servent pas les intérêts des vaillantes familles canadiennes.
Je veux parler de certains des points qui ont été soulevés jusqu'ici aujourd'hui, du fait que cette mesure est censée aider les Canadiens au moment de la retraite. Augmenter les cotisations au Régime de pensions du Canada, c'est bien beau lorsque l'on a un emploi, sauf que, actuellement, plus de 200 000 Canadiens sont au chômage. Je n'ai pas entendu le gouvernement prendre la moindre décision ni proposer la moindre politique qui contribuerait à améliorer leur sort.
Il existe des véhicules d'épargne qui peuvent aider les Canadiens à épargner. Les Canadiens veulent le faire, mais à leur manière. Avec le compte d'épargne libre d'impôt, dont le gouvernement a baissé le plafond, c'est l'une des choses les plus importantes qu'on m'a communiquées lorsque j'ai fait du porte-à-porte, contrairement à ce qu'affirme le député. C'est leur argent. Ils veulent prendre les décisions concernant la façon dont ils dépensent et épargnent leur propre argent.
Considérer le gouvernement comme la réponse à tout, c'est assurément un pas en arrière. Comme si les gens ne savaient pas épargner et que le gouvernement devait s'en charger pour eux. Les Canadiens sont pas mal plus dégourdis que les libéraux le pensent.
Lorsque les libéraux ont pris la décision d'abaisser le plafond des cotisations au compte d'épargne libre d'impôt, ils ont affirmé qu'il s'agit d'un véhicule d'épargne pour les riches, car ces derniers sont les seuls à avoir la capacité d'y investir leur argent. Or, 60 % de ceux qui ont versé le maximum autorisé de cotisations au compte d'épargne libre d'impôt gagnent 60 000 $ ou moins par an. Ces Canadiens sont loin d'être riches. Ce sont des gens qui travaillent dur et qui font des choix difficiles pour assurer leur avenir.
Ils mettent de l'argent de côté pour acheter leur première maison, qu'ils auront maintenant encore plus de difficulté à acheter. Je me demande d'où le gouvernement a pris l'idée qu'il s'agit d'une bonne décision. C'est peut-être le cas pour Vancouver ou Toronto, mais ce ne l'est sûrement pas pour Calgary ou les régions rurales de l'Alberta. Personne n'est venu me voir pour me dire que c'est une bonne décision, bien au contraire. Des courtiers en immeubles, des débiteurs hypothécaires, des coopératives de crédit et des jeunes familles viennent me voir pour me dire qu'il s'agit d'une décision catastrophique. Ils disent cela parce que, à cause d'elle, ils devront attendre encore une décennie afin d'épargner assez d'argent pour acheter leur première maison, ce qui, nous le savons, est l'un des plus importants investissements qu'ils feront dans leur vie.
Quand je faisais du porte-à-porte en octobre dernier, un très grand nombre de Canadiens et d'habitants de ma circonscription, , m'ont parlé de l'importance du compte d'épargne libre d'impôt et du fait qu'ils se réjouissaient de la possibilité d'investir davantage dans un tel compte. Comme je l'ai dit, il s'agissait de Canadiens faisant des choix très difficiles pour leur famille, que ce soit à propos de l'achat d'une première maison, de l'éducation de leurs enfants ou de leur épargne-retraite.
L'élément clé à retenir, c'est que les Canadiens pouvaient prendre leurs propres décisions quant à ce qu'ils jugeaient être le mieux pour eux, pour leur famille et leurs enfants. Une fois de plus, le gouvernement impose sa volonté aux Canadiens, alors que ceux-ci n'ont jamais dit vouloir d'une taxe sur le carbone, de nouvelles règles hypothécaires, d'un compte d'épargne libre d'impôt ou d'une réforme électorale.
Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement ressent le besoin de diriger avec une main de fer et d'imposer sa volonté aux provinces et aux Canadiens. Ce n'est certainement pas ce dont m'ont fait part les familles canadiennes laborieuses et les habitants de ma circonscription dans le cadre de la campagne électorale, et même avant cela.
Ce qui n'a pas du tout été pris en considération, c'est l'incidence sur les petites entreprises. Il est paradoxal que nous ayons cette discussion pendant la Semaine de la PME au Canada. Chaque jour, des propriétaires de petites entreprises dans ma circonscription, dans le Sud de l'Alberta et partout dans la province, me disent qu'elles éprouvent des difficultés financières. Il n'y a là rien de mystérieux. Le gouvernement libéral refuse de faire quoi que ce soit. Il se contente de dire qu'il éprouve de la compassion et de la sympathie pour les habitants de l'Alberta. Je n'ai qu'une chose à lui dire: qu'il prenne des mesures pour nous aider!
Imposer une taxe sur le carbone et augmenter les cotisations au RPC des propriétaires de petites entreprises, ce n'est certainement pas la façon d'y parvenir. L'économie de l'Alberta est très fragile en ce moment. Imposer ce genre de décisions alors que nous éprouvons des difficultés n'a aucun sens. Pendant des décennies, l'Alberta a été le moteur économique de ce pays. Malheureusement, ce moteur est au point mort. Plutôt que de nous tirer du marasme, les libéraux préfèrent augmenter notre fardeau. Ces mesures pousseront les propriétaires de petites entreprises dans le gouffre.
À l'heure actuelle, à Calgary, le taux de chômage est dans les deux chiffres. Le taux d'inoccupation au centre-ville est de 30 %. Je trouve incroyable qu'au centre-ville de Calgary, la ville où j'ai élevé ma famille et où j'ai travaillé, la 8e Avenue est déserte et des étages d'édifices à bureaux, et même des édifices complets, sont vides. Il n'y a que des bureaux inoccupés et des locaux vides. Pourtant, notre priorité est d'imposer une hausse des cotisations au RPC, ce qui coûterait aux employeurs plus de 1 000 $ par employé par année.
Dan Kelly, président et chef de la direction de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, signale que les deux tiers des PME disent qu’elles seront forcées de geler ou de réduire les salaires et plus d’un tiers d’entre elles affirment qu’elles devront réduire le nombre d’heures travaillées ou même couper des postes si la hausse des cotisations au RPC/RRQ se concrétise.
Quand on voit que le taux de chômage en Alberta est presque dans les deux chiffres — et bien plus que cela à certains endroits — et que 200 000 emplois directs et indirects dans le secteur de l'énergie sont disparus, on en conclut que de telles décisions viendraient exacerber une situation de l'emploi déjà précaire. Il serait plus difficile pour un propriétaire de petite entreprise d'embaucher du personnel en raison des coûts supplémentaires qu'entraînerait une hausse des cotisations au RPC que personne ne réclamait.
Voici ce qu'a déclaré Hendrik Brakel, qui est directeur principal à la Chambre de commerce du Canada:
[…] Nous craignons que cette importante augmentation d’impôt frappe la classe moyenne comme un coup de coude dans le ventre […]
Elle arrive au pire moment. On aura bien de la chance si, encore ébranlée par la faiblesse des cours des matières premières et par le ralentissement des dépenses de consommation, l’économie arrive à croître de 1,5 % l’an prochain. Il est difficile de stimuler l’économie en réduisant le revenu disponible des contribuables.
La Chambre de commerce représente toutes les entreprises du pays, tout comme la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Ces instances tirent la sonnette d’alarme sur les répercussions qu’aura, au pire moment, la hausse des cotisations au Régime de pensions du Canada.
On parle beaucoup de l’Alberta, mais la crise qui frappe le secteur énergétique a touché tout le pays. Il y a deux semaines, en Nouvelle-Écosse, j’ai été surpris du nombre de gens qui me disaient: « Je travaillais dans le secteur des sables bitumineux en Alberta et j’ai évidemment dû rentrer chez moi parce qu’il n’y avait plus de travail — mais ici non plus, il n’y en a pas. » Nous avons besoin du projet Énergie Est. Nous avons besoin de politiques qui font repartir le secteur énergétique. Au lieu de cela, quand tout va mal, on empire la situation avec une taxe sur le carbone et maintenant une hausse des cotisations au Régime de pensions du Canada. Où est la logique?
Je vais conclure sur la question que je n’arrête pas de poser: si les libéraux sont si sûrs que ces types de politiques vont apporter un grand changement positif dans l’économie, avec tous les magnifiques emplois dont ils parlent, peuvent-ils le prouver? Ont-ils des données à communiquer en ce sens? Ont-ils une étude d’impact économique sur laquelle ils se sont basés avant d’annoncer la taxe sur le carbone et la hausse des cotisations au Régime de pensions? Je ne les ai pas vues. S’ils sont si sûrs que c’est ce qui est mieux pour les Canadiens, je leur demande de me le prouver.