Que la Chambre a) reconnaisse que le Groupe armé État islamique se rend coupable de génocide à l’endroit du peuple yézidi; b) constate que beaucoup de femmes et de jeunes filles yézidies sont toujours maintenues en captivité par le Groupe armé État islamique comme esclaves sexuelles; c) reconnaisse que le gouvernement a omis de présenter à cette Chambre un plan adéquat et les mesures correspondantes requises pour intervenir face à cette crise humanitaire; d) appuie les recommandations formulées dans le rapport du 15 juin 2016 publié par la Commission d’enquête des Nations Unies sur la Syrie intitulé « They came to destroy: ISIS Crimes Against the Yazidis »; e) demande au gouvernement (i) de donner suite immédiatement à l’ensemble des recommandations énoncées aux paragraphes 210, 212 et 213 dudit rapport, (ii) emploie sa pleine autorité pour offrir l’asile aux femmes et aux jeunes filles yézidies dans les 30 jours.
— Monsieur le Président, l'histoire de l'humanité est parsemée d'exemples de notre capacité à infliger de grandes souffrances à autrui. Mais il y a aussi des moments où le genre humain a démontré qu'il pouvait éprouver beaucoup de compassion et d'amour.
Les plus grands échecs de l'humanité se sont produits lorsque nous avions l'occasion de démontrer que nous pouvions faire preuve de compassion, mais que nous avons plutôt choisi de nous détourner. C'est généralement dans de tels cas que nous nous justifions en disant que c'est trop difficile, que ce n'est pas notre rôle, que nous en faisons déjà assez, que c'est trop risqué, ou qu'il est impossible de faire quoi que ce soit. Autrement dit, les plus grands échecs de l'humanité se produisent lorsque nous nous justifions à nous-mêmes notre incapacité à prévenir les souffrances infligées à autrui alors que nous savons qu'elles se produisent.
Malheureusement, alors que le 150e anniversaire du Canada approche, notre pays doit vivre avec de nombreux exemples de ces grands échecs. Nous avons laissé l'affaire du Komagata Maru se produire. Nous avons autorisé la taxe d'entrée imposée aux immigrants chinois. Nous avons interné des Canadiens d'origine japonaise pendant la Deuxième Guerre mondiale. Nous avons permis la création des pensionnats indiens. La chose la plus honteuse qu'un pays peut faire est d'oublier les leçons de tels événements, de les balayer du revers de la main en disant qu'ils appartiennent au passé, de croire qu'il est impossible que de telles choses se reproduisent, puis de les reproduire. Aujourd'hui, je crains que ce soit exactement ce que nous sommes sur le point de faire.
En 1939, le MS St. Louis, qui transportait plus de 900 réfugiés fuyant la persécution nazie, a mis le cap sur le Canada après s'être fait refuser l'entrée aux États-Unis. Un groupe d'intellectuels et de membres du clergé canadiens ont cherché à convaincre Mackenzie King de donner asile aux passagers du navire, mais un fonctionnaire de l'immigration, un bureaucrate, a persuadé le premier ministre de ne pas intervenir. Les réfugiés ont été refoulés en Europe, où planait la menace d'un génocide.
J'aimerais croire que j'ignore les excuses fournies par ce bureaucrate pour justifier le manque de compassion et d'amour du Canada. Je crains cependant que ces excuses ressemblent énormément à celles qu'invoquent aujourd'hui les fonctionnaires fédéraux de l'immigration quand de nombreux députés de tous les partis cherchent des moyens d'aider le peuple yézidi victime de génocide. Frederick Blair est le nom du fonctionnaire de l'immigration qui a persuadé le premier ministre de refouler le MS St. Louis. En 2000, son neveu a présenté des excuses aux Canadiens pour son bilan honteux.
J'ai deux accusations à formuler aujourd'hui, l'une à l'endroit de mes collègues élus et l'autre à l'endroit des bureaucrates du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.
La première accusation vise les bureaucrates de l'immigration qui sont dans l'antichambre du gouvernement à écouter mon allocution, tournant nerveusement autour des ministériels et leur remettant des discours rédigés par le ministère dans le but de cacher le fait que le Canada n'a rien fait pour aider le peuple yézidi.
Cette accusation vise les jeunes fonctionnaires qui rédigent des notes d'information à l'intention du ministre au nom de leurs patrons, dans lesquelles ils lui disent qu'il est trop difficile d'aider ces gens, que les politiques des gouvernements turc et grec sont trop difficiles à déchiffrer et qu'il n'est pas possible pour le Canada d'apporter son aide.
Elle vise également le fonctionnaire du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté à qui on a demandé d'écouter le débat d'aujourd'hui et d'en résumer les principaux points à l'intention de ses patrons afin qu'on puisse rédiger des réponses aux médias, au lieu de chercher à aider le peuple yézidi.
Elle vise aussi les sous-ministres adjoints ainsi que la sous-ministre du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté qui, au cours des deux dernières années, sous deux gouvernements différents, ont passé plus de temps à dresser la liste des raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas aider le peuple yézidi qu'à trouver des façons novatrices de lui apporter notre aide.
Donc, au cours des prochaines décennies, les membres de la famille de ces fonctionnaires devront-ils s'excuser en leur nom et dire qu'ils étaient beaucoup trop enlisés dans la bureaucratie pour être en mesure d'aider les personnes victimes de génocide ou de démontrer leur volonté de les aider? Ou alors, ces fonctionnaires décideront-ils plutôt d'aller de l'avant et de trouver des façons novatrices d'aider ce peuple?
Ma deuxième accusation vise mes collègues élus. Nous sommes élus pour prendre des décisions au nom des Canadiens que nous représentons; ce ne sont pas ces fonctionnaires qui doivent prendre les décisions. Ils font ce que nous leur demandons et, par ricochet, ce que les Canadiens demandent. Depuis deux ans, nous assistons à des réunions de comités, à des séances d'information et à des réunions du caucus, dans le cadre desquelles on nous récite les raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas aider le peuple yézidi.
Entretemps, des milliers de femmes yézidies ont été violées des dizaines de fois par des dizaines d'hommes. À l'heure actuelle, des enfants yézidis sont arrachés à leur famille et formés pour devenir des kamikazes. À l'heure actuelle, des dizaines de milliers de yézidis sont enterrés dans des fosses communes. À l'heure actuelle, les yézidis qui se trouvent dans les camps de réfugiés de la Grèce et de la Turquie savent qu'ils ne pourront jamais rentrer chez eux, car s'ils le font, ils mourront. À l'heure actuelle, ces réfugiés sont persécutés et battus dans ces camps.
Comme l'a déclaré l'une des directrices adjointes pour les recherches d'Amnistie internationale: « La communauté internationale doit traduire en actions concrètes le choc et l’horreur que lui inspirent les crimes de l’EI. » Malgré cela, nous écoutons plutôt les conseils des fonctionnaires, qui nous disent que le Canada ne peut rien faire.
Des groupes qui ont recueilli des fonds pour faire venir des familles précises au Canada se font dire par des fonctionnaires que nous ne pouvons rien faire pour les aider, que c'est trop difficile, que ce n'est pas vraiment le rôle du Canada et que nous en faisons déjà assez. C'est tout faux. Il faut que ça cesse, dès aujourd'hui.
Voici ce que je reproche à mes collègues élus. Nous avons été élus pour apporter de l'espoir et du changement au Canada. Nous vivons actuellement un des moments au cours de nos carrières parlementaires où nous avons la possibilité d'apporter du changement et de l'espoir. Je ne prendrai pas la parole ici, à l'approche du 150e anniversaire du Canada, pour permettre que nous répétions une grande erreur du passé. J'implore mes collègues, ne serait-ce que pour l'honneur du Canada, d'en faire autant.
Je vais maintenant parler de la motion à l'étude. Cette motion demande au gouvernement de prendre immédiatement des mesures pour aider les yézidis qui sont victimes d'un génocide. Je demande que nous reconnaissions d'abord que le groupe État islamique se livre actuellement à un génocide contre le peuple yézidi. C'est un fait bien établi qui devrait être reconnu par un vote à la Chambre, ce qui n'a pas encore été fait. Cette motion nous donne l'occasion de le faire.
Puis, elle nous demande de constater que beaucoup de femmes et de jeunes filles yézidies sont toujours maintenues en captivité par le groupe armé État islamique comme esclaves sexuelles. Une fois de plus, il s'agit d'un fait. En appuyant la motion, nous le reconnaîtrions et signifierions à la communauté internationale qu'il s'agit d'une grande atrocité à laquelle nous devons mettre fin.
La motion nous demande aussi de reconnaître que le gouvernement a omis de présenter à cette Chambre un plan adéquat et les mesures correspondantes requises pour intervenir face à cette crise humanitaire. Je ne souhaite pas que cela devienne un débat sur qui en a fait le moins pour les yézidis: le gouvernement précédent ou actuel. Malheureusement, je crois que c'est ce qui est en train de se produire, et nous devons passer à autre chose.
Cet élément de la motion a été inclus parce que si nous ne reconnaissons pas nos échecs communs, nous ne pourrons jamais aider ces personnes. Cette partie de la motion a été incluse parce que le gouvernement précédent s'est heurté à un mur lorsqu'il a demandé aux fonctionnaires d'IRCC de mettre sur pied des mécanismes pour permettre au Canada d'accorder la priorité aux minorités ethniques et religieuses persécutées dans notre système de détermination du statut de réfugié.
En réalité, c'est l'ONU qui donne au Canada les noms des réfugiés qui viendront dans notre pays, et elle ne nous a pas fourni le nom de personnes yézidies. Nous devons faire preuve d'innovation si nous voulons finalement nous rendre utiles.
Je ne suis pas d'accord avec mes collègues libéraux, qui estiment que le Canada devrait, dans chaque cas, faire abstraction de la religion et du groupe ethnique au moment d'établir la priorité à accorder aux réfugiés. Ces facteurs sont parfois les raisons clés pour lesquelles des personnes sont des réfugiés. Mettons cela de côté pour aujourd'hui, toutefois, et tenons uniquement compte du fait que, dans le cas des yézidis, ce sont des gens qui sont menacés de génocide. Il s'agit d'une catégorie distincte de persécution qui entraîne un niveau de responsabilité différent en matière de protection. La survie de ce groupe distinct de personnes est menacée. Dans leur rapport, les Nations unies ont même demandé de façon explicite au Canada d'accorder la priorité aux yézidis.
Cet élément figure dans la motion puisque, jusqu'à présent, le gouvernement a omis de reconnaître qu'il faut accorder la priorité aux yézidis dans le cadre du système canadien d'octroi de l'asile et n'a pas non plus mis en place un plan pour leur venir en aide.
On pourrait faire valoir que le retrait par le gouvernement des CF-18 dans la lutte pour réprimer le groupe État islamique n'a pas aidé la cause des yézidis, puisqu'il est largement reconnu que les frappes aériennes de la coalition ont beaucoup aidé les forces terrestres irakiennes à reprendre certains bastions clés du groupe État islamique. Cela dit, je vais donner à la Chambre trois exemples de cas bien précis où le gouvernement a eu l'occasion de mettre en place un plan d'action concret pour venir en aide aux yézidis, mais ne l'a pas fait.
Premièrement, j'ai posé au de nombreuses questions à la Chambre à savoir ce qu'il fait pour accélérer le traitement des demandes de statut de réfugié des yézidis. Lors de l'un de ces échanges, il a récemment dit « nous ne savons pas combien de réfugiés yézidis sont arrivés au Canada [...] Ce que je sais, c'est que nous avons accueilli plus de 30 000 réfugiés syriens. »
Dans sa réponse, il ne reconnaît aucunement la nécessité d'accorder la priorité aux yézidis qui sont victimes de génocide dans notre système de détermination du statut de réfugié. Certes, le gouvernement a admis plus de 30 000 réfugiés syriens. Toutefois, la réalité c'est que les fonctionnaires du ministère ont dit à un comité parlementaire que seulement neuf cas de réfugiés yézidis ont été traités. De plus, de nombreux yézidis ne sont pas des réfugiés syriens. La plupart viennent d'Irak.
Déjà que le ministre a tardé à reconnaître le génocide du peuple yézidi, sa réponse a eu l'effet d'une gifle au visage pour de nombreux organismes canadiens qui travaillent dur pour faire venir des yézidis au Canada.
Le gouvernement n'a pas présenté de plan pour aider les yézidis. Depuis plus d'un an, Opération Ezra, un groupe multiconfessionnel qui a recueilli plus de 250 000 $ pour faire venir des familles yézidies au Canada, n'obtient du ministre et des fonctionnaires que ce que j'appellerai, pour rester polie, des réponses évasives. L'organisme a identifié des réfugiés yézidis se trouvant dans des camps à l'extérieur de l'Irak qui sont accessibles tant par l'ONU que par les représentants canadiens.
L'un des organisateurs de ce groupe, une femme elle-même yézidie, a approché le ministre lors d'une cérémonie de citoyenneté à Winnipeg, la semaine dernière. La cérémonie avait lieu au Musée canadien pour les droits de la personne, rien de moins. La femme a parlé au ministre des familles recensées par son groupe. Le ministre a répondu que le dossier était entre les mains des fonctionnaires et qu'il ne pouvait rien faire. Pour l'amour de Dieu, il est . S'il n'est pas capable de faire quoi que ce soit pour aider les yézidis, c'est peut-être qu'il nous faut un nouveau ministre de l'Immigration, car ce genre de dossiers fait partie de son travail.
La troisième occasion de présenter un plan que le gouvernement a ratée s'est produite lorsque le Comité permanent de l'immigration et de la citoyenneté a présenté son sixième rapport au Parlement, il y a un peu plus de deux semaines. Notre comité a tenu des réunions d'urgence pendant l'été au sujet du génocide des yézidis, et Nadia Murad, qui est ambassadrice aux Nations unies et qui a survécu à l'esclavage sexuel sous l'emprise du groupe État islamique, est venue témoigner. D'autres yézidis et d'autres organismes qui s'efforcent d'aider les yézidis sont venus témoigner aussi. Nous avons entendu des heures de témoignage accablant au sujet de l'inaptitude de la communauté internationale à aider les yézidis.
Nous avons en outre reçu des recommandations judicieuses que le Canada pourrait examiner afin d'élaborer un plan pour aider les yézidis. Or, le rapport présenté après tout ce travail ne contenait absolument aucune recommandation visant à aider les yézidis. Le gouvernement a plutôt choisi d'écrire une lettre d'opinion qui a été publiée dans le Toronto Star et dans laquelle il énumère les raisons pour lesquelles il affirme ne pas pouvoir aider les yézidis. Voici ce que dit la lettre:
La société yézidie est structurée en castes [...]
Bien que cette tradition ait été remise en question ces dernières années, elle demeure bien suivie. Il en résulte que les membres de la caste des mourides peuvent très bien être négligés, même s'ils sont plus à plaindre que les cheiks et les membres des élites soufis et leurs proches. Ce n'est pas une certitude, mais c'est très certainement une possibilité, et cela devrait suffire à nous faire réfléchir.
Au lieu d'aider les yézidis, un des députés libéraux a publié une lettre d'opinion dans laquelle il explique en quoi leur structure religieuse devrait leur retirer le droit d'obtenir l'asile au Canada. Je doute fort que le député ait déjà discuté de religion avec une famille yézidie ou ait cherché à en comprendre les tenants et les aboutissants. Il a pris pour des certitudes ses suppositions sur la religion de ces gens et en a fait un prétexte pour leur refuser l'aide du Canada. Cet article constitue sans doute la cochonnerie la plus gênante qu'il m'a été donné de lire de toute ma vie et ternit la réputation du gouvernement, qui a pourtant accueilli de nombreux réfugiés. Si c'est vraiment la raison pour laquelle le gouvernement refuse d'aider les yézidis, il doit le dire.
Cela étant dit, je suis tout à fait disposée à amender ma motion et à en retirer ce passage si le gouvernement s'engage à aider sans tarder les yézidis. À mon sens, il est plus important de sauver des vies que de se chicaner pour savoir qui en a fait plus ou moins que l'autre.
Un plan d'action assorti d'un délai rapproché: voilà ce dont nous avons besoin maintenant. Ce plan devrait donner suite aux alinéas d) et e) de la motion, c'est-à-dire appuyer les recommandations formulées dans le rapport publié le 15 juin par la Commission d’enquête des Nations unies sur la Syrie, intitulé « They came to destroy: ISIS Crimes Against the Yazidis » et demander au gouvernement de donner suite immédiatement à l’ensemble des recommandations énoncées aux paragraphes 210, 212 et 213 dudit rapport et d'employer sa pleine autorité pour offrir l’asile aux femmes et aux jeunes filles yézidies dans les 30 jours.
Les recommandations contenues dans le rapport des Nations unies proposent à la communauté internationale des mesures précises, non partisanes et concrètes pour protéger le peuple yézidi. Ces recommandations, qui devraient se retrouver dans le plan d’action du Canada, portent sur les points suivants: encourager fortement l'élaboration de plans de sauvetage pour les captifs yézidis; encourager la coordination entre les forces armées locales et internationales dans les régions où des yézidis sont détenus par le groupe État islamique; utiliser tous les moyens disponibles pour faire en sorte que les yézidis détenus par le groupe État islamique et la Syrie soient libérés pendant les opérations militaires; mettre en place un protocole de soins et de traitement des yézidis libérés dans les zones reprises au groupe État islamique; reconnaître le crime de génocide commis par le groupe État islamique contre les yézidis de Sinjar. Aux États qui sont parties contractantes à la Convention sur le génocide, il est recommandé d’invoquer l’article VIII de la Convention et de demander aux organes compétents des Nations unies, y compris le Conseil de sécurité, de prendre les mesures nécessaires en vertu de la Charte des Nations unies pour prévenir et réprimer les actes de génocide.
Les recommandations prévoient également les mesures suivantes: fournir sur demande de l’expertise visant à préserver et à documenter les sites de fosses communes; offrir un financement supplémentaire pour les programmes d’aide psychologique en mettant l’accent sur le traitement des traumatismes chez les enfants, en tenant compte du fait que les mauvais traitements infligés aux enfants yézidis varient en fonction de leur sexe; fournir un soutien financier et de l’expertise pour appuyer la formation des psychologues et des travailleurs sociaux en Irak et en Syrie; offrir du financement pour la reconstruction de Sinjar et de l’expertise pour un déminage plus efficace; accélérer les demandes d’asile des yézidis victimes de génocide et adopter les mesures législatives nationales nécessaires pour assurer l'application des dispositions de la Convention sur le génocide, conformément à l'obligation que les États contractants ont prise en vertu de l’article V de la Convention.
Le rapport contient beaucoup d'autres recommandations. Elles sont bonnes et c'est pourquoi elles sont incluses dans la motion à l'étude. Elles viennent de l'Organisation des Nations unies, qui espère que le monde donnera suite à ses recommandations non partisanes.
Puisque le gouvernement souhaite obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies, il devrait appuyer la motion à l'étude et soutenir les directives des Nations unies; il ferait preuve ainsi de leadership sur la scène internationale en plus de sauver la vie de yézidis.
Lorsque le a pris la pose pour une photo avec Nadia Murad à New York, j'espère qu'il était conscient du pacte qu'avait pris le Canada, celui de défendre les recommandations des Nations unies pour rendre justice à Nadia et à son peuple.
La motion fait aussi expressément référence aux femmes et aux filles yézidies. Il ne s'agit pas d'exclure les hommes, mais de souligner que de nombreuses victimes de violence sexuelle ont besoin d'aide au pays. L'Allemagne a récemment accueilli plus de 1 000 survivantes yézidies de l'esclavage sexuel et leur famille. Rien n'empêche le Canada de faire de même.
Il faut aussi établir une échéance pour l'élaboration d'un plan d'action. Presque deux ans se sont écoulés depuis les massacres de Sinjar, et pas une journée ne se passe sans qu'un yézidi ne meure. Durant la campagne électorale de 2015, les libéraux ont promis de faire venir 25 000 réfugiés syriens au Canada avant la fin de 2015, affirmant que ce n'était qu'une question de volonté politique. Le gouvernement a été assermenté le 4 novembre 2015, et il n'a pas dérogé à son engagement.
Nous sommes le 20 octobre 2016. Si le gouvernement a pu s'engager à accueillir 25 000 réfugiés au Canada dans un délai semblable, alors il peut certainement prendre l'engagement proposé dans la motion, c'est-à-dire d'aider les yézidis dans un délai de 30 jours, après avoir déjà eu un an pour le faire.
Par ailleurs, le gouvernement a l'avantage de pouvoir s'appuyer sur des heures de témoignages et consulter les recommandations des rapports dissidents en réponse au sixième rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration.
L'heure n'est plus aux comités et aux rapports; il faut agir dès maintenant. Le gouvernement doit agir dès aujourd'hui. À vrai dire, même un délai de 30 jours est trop long.
À mes collègues qui ont aujourd'hui des discours préparés par des fonctionnaires qui disent qu'on ne peut pas aider les yézidis parce qu'il est trop dangereux de se rendre en Irak, je rappelle que nous pouvons nous pencher sur la façon dont le Canada peut apporter du soutien aux yézidis qui ont été déplacés à l'intérieur de leur propre pays tout en aidant ceux qui ont réussi à se rendre jusqu'aux camps situés en Grèce et en Turquie. Dans ces régions, les yézidis continuent d'être victimes de persécution, ce qui les empêche souvent de trouver un emploi et de rester longtemps dans un camp, et ils ne peuvent pas non plus retourner chez eux, car ils risquent alors de se faire tuer par la population qui appartient à la majorité religieuse de la région. D'ailleurs, de nombreux villages yézidis ont tout simplement été rayés de la carte parce qu'ils ont été rasés.
Des témoins qui ont comparu devant le comité ont également corroboré le fait que les réfugiés yézidis sont victimes de discrimination de la part des agents de sélection des Nations unies et qu'ils ne sont pas inscrits sur les listes de candidats potentiels qui sont proposées au gouvernement du Canada en vue d'un parrainage public. Compte tenu de cette situation, il faudrait absolument accorder la priorité aux réfugiés yézidis qui se trouvent dans ces camps; ils devraient être les premiers à bénéficier de l'aide du Canada.
Les fonctionnaires du ministère qui font état de la difficulté de procéder de cette façon ne sont pas suffisamment appuyés par les élus. Aujourd'hui, de nombreux yézidis écouteront les discours prononcés dans cette enceinte pour voir si les élus canadiens sont courageux ou s'ils plient l'échine devant les bureaucrates.
J'implore les députés d'appuyer la motion. Voici un extrait des propos tenus par l'auteur Ken Harbaugh à la suite de sa récente visite d'un camp de réfugiés yézidis en Grèce:
Dans tous les autres camps que j'ai visités, les réfugiés envisagent de rentrer chez eux un jour. Ce n'est jamais le cas des yézidis. La brutalité qui les a chassés de leurs terres était inouïe: leurs maisons ont été brûlées, leurs lieux de culte profanés et leur foi bafouée. Lorsque l'EIIS a ciblé les terres ancestrales des yézidis dans le Nord de l'Irak, les montagnes de la région de Sinjar sont devenues le dernier retranchement du peuple yézidi. Le monde a vu l'EIIS fondre sur le territoire avec l'intention de terminer le massacre commencé dans les villages [...]
À l'heure actuelle, la culture yézidie est en péril. La survie du peuple yézidi dépend d'une vieille femme qui ne peut ni voir ni marcher, mais qui se rappelle très bien tout ce qui s'est passé. Elle dépend d'une sainte comme Nadia Murad, qui ne voulait rien de plus que devenir enseignante au pied du mont Sinjar et qui porte aujourd'hui la douleur de son peuple. Enfin, elle dépend de nous et du monde, à condition que celui-ci prenne conscience de la souffrance des yézidis, ou qu'il en fasse abstraction.
Faisons en sorte que nos décisions d'aujourd'hui pèsent dans la balance. Appuyons la motion, appuyons le peuple yézidi et montrons que le Canada est capable de lutter pour la justice devant un grand fléau.
:
Monsieur le Président, je suis ravi de pouvoir participer à cet important débat.
J’aimerais d’abord féliciter la députée de pour sa prise de position à cet égard. Elle a présenté à la Chambre une très importante motion sur la persécution de groupes minoritaires d’Irak et de Syrie. Je peux dire sans trop m’avancer que tous les députés de cette Chambre, tous partis confondus, sont outrés par les attaques ignobles que des groupes minoritaires subissent sous la coupe de Daech.
En tant que membre de cette Chambre qui, par l’intermédiaire du Tribunal pénal international des Nations Unies pour le Rwanda, a eu l’occasion de contribuer à traduire en justice les auteurs présumés d’actes de génocide et de crimes de guerre, je suis horrifié par tout acte génocidaire. Il s’agit effectivement d’une question que tous les députés prennent au sérieux, mais jamais autant que moi, qui ai participé à la prise de mesures de lutte contre le type de génocide dont nous parlons aujourd’hui.
Le génocide est clairement le crime le plus condamnable par le droit international; c’est un crime à l'égard duquel la communauté internationale se doit d’intervenir. La population canadienne en général a exprimé l’horreur ressentie devant les actes meurtriers perpétrés par Daech contre des groupes comme les yézidis, les chrétiens, les chiites, les femmes et les membres de la communauté LGBTQ.
Depuis 2014, nous savons que les combattants de Daech ont causé la mort de milliers de civils et persécuté un nombre encore plus grand de personnes innocentes. Ces actes atroces ont consterné les gouvernements et les populations du monde entier par leur cruauté, certes, mais aussi par la façon dont ces actes ont contribué à créer la pire crise de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Outre l’afflux massif de réfugiés vers d’autres pays, on compte plus de trois millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, l’Irak. Le gouvernement du Canada reconnaît la nécessité de protéger les yézidis dans cette région. Nous sommes fiers de notre tradition de longue date qui consiste à offrir une protection à ceux qui en ont le plus besoin. Le Canada est un contributeur clé aux efforts internationaux entrepris pour répondre aux problèmes de protection dans la région. Ce qui caractérise notre gouvernement, c’est que nous croyons en la collaboration avec la communauté internationale, et non dans l’isolement. C’est à cela que les Canadiens s’attendent de leur gouvernement, et c’est exactement ce qu’il fait dans la première année de son mandat.
Le Canada a toujours accordé l’asile aux personnes les plus vulnérables de la planète. Nous avons accueilli des générations de nouveaux arrivants qui ont contribué à rebâtir notre société et notre économie. Des années d’expérience nous ont appris que lorsque les Canadiens font front commun pour accueillir et intégrer de nouveaux arrivants, nos collectivités et la prospérité de notre pays s’en trouvent renforcées.
C’est ce que nous constatons maintenant à mesure que nous accueillons les quelque 32 000 réfugiés syriens qui ont commencé à arriver le 4 novembre 2015, en plus des milliers d’autres réfugiés venant d’autres pays. Pour ce qui est de l’Irak, le gouvernement canadien a respecté son engagement à réinstaller 23 000 réfugiés irakiens. Cet objectif a été réalisé dans le cadre du Programme de réfugiés pris en charge par le gouvernement et du programme de parrainage privé de réfugiés.
Pour faire suite aux observations formulées un peu plus tôt par le , je suis à même de confirmer à la Chambre que des responsables du ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada se sont récemment rendus dans le nord de l’Irak. En plus d’y avoir reçu un très grand nombre de réfugiés syriens en entrevue, les responsables ont également rencontré des partenaires clés afin de recueillir le plus d’information possible sur la situation sur le terrain.
Étant donné les conditions de sécurité en Irak, nous devons envisager les prochaines étapes avec beaucoup de prudence. L’instabilité persistante dans la région fait en sorte qu'il est extrêmement difficile d’accéder aux personnes persécutées par Daech, de les identifier, les sélectionner et les interviewer. Et je ne parle pas des défis que représentent les tentatives pour sortir ces personnes de l’Irak sans compromettre la sécurité de nos agents de l’immigration, eux-mêmes membres de la communauté yézidie, et celle d’autres groupes vulnérables. De plus, en raison des récentes opérations militaires dans le nord de l’Irak, la sécurité du personnel canadien, des organismes d’aide humanitaire et des autres organismes partenaires en poste dans la région est encore davantage mise à risque.
En outre, dans la foulée des déplacements massifs attendus à la suite des opérations en cours en ce moment même autour de Mossoul, près d’un million de personnes déplacées à l’intérieur du pays chercheront à s’échapper et à trouver refuge contre la violence. Certains de nos partenaires essentiels dans la région seront dépassés par ces déplacements massifs de populations, ce qui rendra les discussions et les efforts de coordination avec les gouvernements et les organismes locaux encore plus difficiles.
Permettez-moi de souligner que la réinstallation des réfugiés que nous entreprenons n’est pas le seul fait du Canada. Ces actions sont réalisées de concert avec nos partenaires, notamment le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et l’Organisation internationale pour les migrations. Sans leur coopération et leur capacité d’agir en notre nom, des activités telles que la réinstallation actuelle de réfugiés ou les futures activités relatives aux yézidis ne pourraient tout simplement pas avoir lieu.
La faisabilité de tout programme d'aide aux groupes vulnérables dans le Nord de l’Irak sera évaluée à la lumière des difficultés que je viens de mentionner.
Nous savons également qu’il y a une population irakienne vulnérable en Turquie, qui inclut les yézidis. Nous aimerions explorer la possibilité de travailler avec le gouvernement turc et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, afin d’étudier les meilleures options de réinstallation possible pour ce groupe.
Pour choisir les réfugiés que nous accueillons, nous nous fions à nos partenaires, comme le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, précédemment mentionné, qui nous aide à trouver les personnes les plus vulnérables. Le HCR détermine de façon autonome quels réfugiés sont les plus vulnérables et nous les réfère pour leur réinstallation. Il y a des gens ayant des besoins médicaux pressants, des gens ayant survécu à la torture ou à la violence, des enfants et des adolescents à risque, de même que des femmes et des filles à risque.
Dans tous ses programmes humanitaires, incluant la réinstallation, le HCR priorise les plus vulnérables, sans égard à leur nationalité, à leur race, à leur genre, à leurs croyances religieuses, à leur classe ou à leurs opinions politiques. C’est un mandat important et nous croyons qu’il devrait se poursuivre afin de faciliter la réinstallation responsable de réfugiés au pays et ailleurs dans le monde.
Une telle priorisation suppose naturellement des programmes répondant aux besoins de protection et d’assistance des victimes d’attaques et d’abus, notamment celles qui ont subi des attaques pour des motifs d'ethnicité ou de religion. Il est important de souligner que la persécution religieuse est un facteur déjà évalué par un agent des visas, mais le gouvernement n'assure pas le suivi des cas selon la race, la religion, l’orientation sexuelle ou l’ethnie.
Cependant, les cas qui nous ont été confiés par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, d’autres organisations de recommandation et des partenaires privés montrent que le Canada est bien placé pour offrir sa protection aux réfugiés les plus vulnérables identifiés par nos partenaires, notamment les minorités religieuses comme les yézidis. Nous savons de source non officielle que des yézidis se sont réinstallés au Canada avec succès. Nous en sommes heureux. Cependant, nous ne pouvons pas citer le nombre spécifique de yézidis réinstallés, car nous ne gardons pas la trace des réfugiés selon leur ethnie ou leur affiliation religieuse.
Je dois également mentionner qu’il y a des limites à ce que nos agents des visas, si dévoués soient-ils, peuvent accomplir dans des endroits comme l’Irak et la Syrie, où la sécurité des gens sur place continue d’être menacée. En effet, notre récent voyage s’est fait dans le plus grand secret, et j’ai dû attendre à ce jour pour en annoncer la conclusion. L’instabilité de la région est telle qu’il est extrêmement difficile d’atteindre ces yézidis vulnérables afin de les identifier et de les interviewer pour tenter de les sortir d’Irak. Nous devons nous assurer que nous ne les mettons pas en danger, ni eux, ni d’autres groupes vulnérables, ni nos agents d’immigration travaillant sur place.
En ce qui a trait à notre engagement dans la région, j’aimerais souligner ce que nous avons réalisé avec la population syrienne, qui a su capter l’attention du monde. Il en a déjà été question ce matin.
Les Canadiens et les résidents permanents de notre pays se sont engagés sur le plan international avec compassion, tolérance et ouverture, en parrainant et en accueillant des réfugiés syriens par l’entremise de différents programmes, incluant le programme de parrainage privé. Nous avons été témoins d’un effort véritablement national à cet égard, avec la collaboration d’acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, de fournisseurs de services et des parrains privés eux-mêmes, des secteurs public et privé, soit des gens d’un océan à l’autre. Ces efforts ont attiré l’attention de nombreux autres pays, une attention qui s’inscrit dans la longue tradition de générosité et d’humanitarisme de notre pays et qui lui vaut une réputation internationale respectée.
Dans le respect de cette tradition, les députés s’entendent pour dire que cet enjeu est un enjeu important dont il faut s’occuper. Nous aimerions beaucoup avoir l’occasion de travailler de concert avec les partis d’en face pour trouver une façon non partisane d’aider le peuple yézidi, et nous aimerions vraiment explorer cette possibilité. Il s’agit d’accueillir des groupes persécutés et vulnérables, qu’ils soient du Moyen-Orient, d’Irak ou d’ailleurs, incluant ceux qui fuient les zones de guerre et ceux qui ont besoin de protection légale ou physique.
Le Canada accepte de réinstaller des réfugiés pour sauver des vies et conférer une stabilité à ceux qui fuient la persécution.
Cette dernière année a constitué notre année la plus ambitieuse de toutes en fait de réinstallation de réfugiés. La compassion et le sens de l’équité dont nous avons été témoins sont source de grande fierté pour les Canadiens, pour le gouvernement canadien et pour tous les parlementaires, et à juste titre. Ces valeurs sont au coeur de notre programme des réfugiés et de notre Programme d’aide à la réinstallation, dont le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a fait l’éloge lors de son sommet de septembre à New York.
Nous allons continuer à offrir notre protection à des groupes particuliers en grand besoin de protection dans le monde. Une fois de plus, je crois que nous pouvons tous être d’accord pour dire que les gestes de Daech, tels qu’ils ont été vus et documentés par les Nations unies et par d’autres acteurs, sont brutaux et injustifiés, et qu’ils devraient être vivement condamnés.
La députée de a fait référence aux gestes posés par le Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration de la Chambre des communes relativement à une étude sur les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et sur les groupes vulnérables, incluant les yézidis, entre autres groupes.
Le fait que l’étude ait été entreprise sous la direction du président du comité et par les membres de trois partis siégeant à ce comité, et le fait qu’il y ait eu une décision unanime quant à la poursuite de ce genre d’étude, illustrent exactement le genre de coopération non partisane et collégiale qu’il faut encourager à la Chambre lorsqu’on aborde ce genre d’enjeu. Quand on traite de génocide, la partisanerie n’a pas sa place dans la discussion. Je le crois fermement et je pense que mes collègues d’en face le croient fermement aussi.
Nous avons entendu de nombreux témoins ce jour-là, dont Mme Murad au nom du peuple yézidi. Elle a témoigné devant le comité. Elle a fait le tour de monde pour parler du peuple yézidi. Elle a témoigné aux Nations unies en septembre. Son témoignage était fascinant. Il était émouvant. C’était un appel à l’action.
Ce genre d’appel à l’action a fait réagir ce gouvernement par le passé, qu’il s’agisse de la Hongrie, du Vietnam ou de l’Ouganda. En passant, je suis un produit de ce genre d’appel à l’action, puisque je suis venu ici comme réfugié ougandais d’origine asiatique en 1972. Nous avons entendu l’appel à l’action du Kosovo. Nous avons entendu les appels à l’action de la Syrie. Nous avons donné suite à ces appels. Si nous collaborons, j’ai confiance que nous pourrons répondre à ce nouvel appel à l’action.
Comme je l'ai souligné, les défis sont de taille pour ce qui est d'offrir notre protection aux personnes en danger dans un pays en crise. Je peux cependant assurer à la Chambre que le ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté cherche activement des moyens de relever ces défis. Le voyage récemment effectué en Irak montre qu'on fait quelque chose.
Nous tâchons de répondre aux besoins fondamentaux des personnes les plus touchées par les conflits en Irak et en Syrie, de soutenir la stabilisation des régions libérées de Daech depuis peu et de favoriser les processus d'enquête et de poursuite afin que les auteurs des atrocités soient reconnus coupables. Nous avons également pris des mesures en matière de développement international. Comme l'a déclaré la :
L’aide fournie par le Canada contribuera à répondre aux besoins urgents en matière de santé, d’abris, de protection, d’éducation et d’alimentation de centaines de milliers de civils touchés par le conflit. Elle permettra également de soutenir les organisations qui interviennent dans des cas de violence sexuelle et sexiste, en particulier ceux commis contre les femmes et les filles, lesquelles sont touchées de manière disproportionnée dans la crise actuelle.
Au cours des trois prochaines années, le Canada affectera 840 millions de dollars à l'aide humanitaire et 270 millions de dollars à l'aide au développement, en plus des 145 millions de dollars déjà consacrés à la lutte contre le terrorisme, à la stabilisation et aux programmes de sécurité dans la région. Voilà pour le volet financier. Sur le plan diplomatique, notre intervention est également importante. Nous collaborons énormément avec nos alliés des Nations unies et des États-nations, avec lesquels nous dialoguons. Nous continuerons d'assurer une protection aux personnes de partout dans le monde qui en ont impérieusement besoin.
Je me réjouis de pouvoir m'exprimer sur cette importante question, à laquelle je suis particulièrement sensible, ayant été procureur en matière de crimes de guerre. C'est une question à laquelle tout le monde à la Chambre est fondamentalement sensible, car quand il s'agit de génocide et d'appel à l'action, la collaboration s'impose, et les Canadiens et les parlementaires doivent faire front commun.
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Monsieur le Président, je voudrais d'abord vous signaler que je partagerai le temps dont je dispose avec la députée de .
Les yézidis sont un peuple très ancien. C'est aussi un peuple fier. Il faut souligner que ce qui leur est arrivé, et ce qui leur arrive encore, est absolument terrible. Ils sont tués et ils sont torturés. Ils sont victimes d'esclavage et d'esclavage sexuel. Les femmes sont séparées des hommes. Les enfants sont arrachés à leur famille, souvent pour être entraînés au combat. Bref, c'est un génocide, et nous ne sommes pas les seuls à le dire: les Nations unies elles-mêmes le disent.
Il faut agir. C'est urgent et c'est important. Cela fait appel à notre humanité. Ces gens-là ont besoin d'aide. C'est pourquoi nous allons appuyer la motion qui est devant nous aujourd'hui. C'est une motion très importante, et je remercie ma collègue de nous l'avoir présentée.
Au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, nous avons entendu des témoignages vraiment très troublants sur la situation des yézidis. Je sais que le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration a aussi entendu des témoignages très émouvants. Ce qui se passe ici aujourd'hui est en partie — j'espère que ce n'est pas seulement cela — le résultat du travail extraordinaire que le comité a accompli à ce sujet. D'ailleurs, à la suite de cette étude, au NPD, nous avons émis une série de recommandations très concrètes. En effet, dans un cas comme celui-là, il faut être concret pour voir quelles mesures peuvent être prises.
Nos recommandations sont donc très concrètes, par exemple, sur le plan de la réinstallation. Nous pensons que le gouvernement canadien, par l'entremise du , devrait exercer les pouvoirs discrétionnaires que lui confère l'article 25 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, et prendre des mesures immédiates afin d'emmener au Canada les yézidis qui fuient le génocide. À cette fin, des organismes crédibles sur le terrain identifieraient et sélectionneraient les victimes de génocide en vue de leur réinstallation au Canada. Ces mesures devraient s'ajouter aux initiatives ou aux politiques déjà en place.
Pour ce qui est de l'aide humanitaire, le devrait veiller, de concert avec le , à augmenter les niveaux de l'aide humanitaire et travailler de plus près avec des groupes crédibles, encore là établis sur le terrain, pour s'assurer que l'aide humanitaire parvient aux populations ciblées.
Les délais de traitement, quant à eux, représentent un gros enjeu. Le contrôle supplémentaire exercé par le Canada, c'est-à-dire les entrevues additionnelles menées par des agents canadiens, engendre des retards inexcusables et inadmissibles dans le contexte actuel. Nous exhortons le gouvernement à renoncer au contrôle supplémentaire et à emmener au Canada les yézidis sélectionnés par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Si le gouvernement exclut cette possibilité et décide qu'un contrôle supplémentaire est nécessaire, ce qui n'est pas toujours évident, certains mécanismes peuvent être employés à cette fin. Par exemple, on pourrait utiliser un processus comparable à celui qu'on emploie pour la réunification des familles et selon lequel un contrôle supplémentaire peut être effectué essentiellement lorsqu'un cas soulève vraiment des questions. Autrement, on peut procéder comme pour la réunification des familles.
Les réfugiés sélectionnés par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés pourraient obtenir un visa temporaire pour entrer au Canada, puis acquérir la résidence permanente une fois le contrôle secondaire effectué ici. On sait que c'est une population qui, en règle générale, ne présente pas de grands risques.
Il faut donc faire preuve d'un peu d'imagination pour accélérer le processus, étant donné la situation épouvantable dans laquelle se retrouvent ces personnes.
Il faut leur offrir un asile, mais il faut aussi leur offrir la justice. C'est important. Ces gens ont droit à la justice, et au-delà du droit à la justice et de l'importance que cela peut avoir pour eux, il faut que justice soit faite parce que cela sert de prévention. Si on laisse passer des crimes de génocide, on ouvre la porte à leurs répétitions, encore et encore. Il faut les prévenir sur le terrain, mais aussi les prévenir en s'assurant que justice est faite lorsqu'un cas se présente, comme celui-là.
Or la justice n'arrive pas seule. On ne se retrouve pas tout à coup devant le Tribunal pénal international ou quelque chose du genre, où des décisions sont prises. Cela prend des preuves et des analyses détaillées sur le terrain.
Je fais maintenant appel au gouvernement actuel parce qu'à la suite de nos pressions, en bonne partie, le gouvernement conservateur avait approuvé, en 2015, l'octroi d'un peu d'argent, à peine plus de 1 million de dollars, pour ce qu'on appelle la justice transitoire en Irak et en Syrie. Pour ma part, je crois qu'il faudrait faire beaucoup plus que cela, mais c'était au moins un départ. Cela s'est passé en mai 2015, et depuis ce temps, on n'a pas entendu grand-chose. J'aimerais savoir si le programme existe encore; j'aimerais aussi encourager fortement le gouvernement à y investir et, évidemment, à travailler avec nos partenaires pour que ce dossier soit présenté à la Cour pénale internationale ou à tout autre organisme similaire.
Finalement, il faut combattre tous ceux qui commettent des crimes contre l'humanité. Les yézidis vivent une tragédie dans un contexte où il y a un abus général des droits de la personne, et pas seulement de la part du groupe armé État islamique. Il faut le souligner tout le temps, le régime de Bachar al-Assad lui-même s'attaque de façon éhontée à ses propres citoyens et commet des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Malheureusement, on en voit trop.
Il semblerait qu'au Yémen aussi, la coalition saoudienne — rappelons que nous vendons des armes à l'Arabie saoudite — est en train de commettre des crimes contre l'humanité.
Il me reste trop peu de temps pour discuter de tous ces dossiers, mais c'est sûr qu'il faut agir, notamment au moyen de l'aide humanitaire. Il faut empêcher l'afflux d'armes dans ces régions. Il faut couper les vivres au point de vue financier, et il faut le faire pour l'ensemble de la région, mais surtout avec une urgence particulière dans le cas des yézidis, qui font face à un génocide.
Enfin, il ne faut pas oublier que, bientôt on l'espère, il faudra non seulement rebâtir des villes et des routes, mais il faudra aussi rebâtir des communautés, et cela sera essentiel si on veut assurer la paix à long terme.
J'aimerais terminer en citant le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui dit, avec justesse selon moi, que, à long terme, la plus grande menace pour les terroristes ne se trouve pas dans la puissance des missiles, mais dans une politique d'inclusion.
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Monsieur le Président, je me dois d'intervenir à la Chambre aujourd'hui afin d'appuyer la motion proposée par la députée de .
Cet été, les membres du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration ont approuvé la tenue d'une réunion d'urgence pour étudier des façons de protéger des groupes vulnérables.
Ce qui a sans doute poussé le Comité à mener cette étude, c'est la déclaration faite par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies dans son rapport publié en juin dernier et intitulé « They came to destroy: ISIS Crimes Against the Yazidis ». Dans cette déclaration, le Conseil affirmait clairement qu'un crime de génocide était en train d'être commis.
Le Comité a été sensibilisé au sort de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays et de groupes vulnérables dans un certain nombre de pays et de régions du monde, mais le témoignage sur la situation à laquelle le peuple yézidi doit toujours faire face a été absolument poignant.
Les yézidis, qui sont adeptes d'une religion ancienne dont les origines remonteraient au XIe siècle, forment un groupe qui a toujours été mal compris. Tawsi Melek, l'ange-paon, est l'une des principales raisons expliquant cette situation. C'est en raison de la vénération qu'ils vouent à l'ange-paon, un ange déchu, mais pardonné, que, au fil de l'histoire, les yézidis ont été qualifiés à tort de « suppôts de Satan ». À cause de cette malheureuse mécompréhension, les yézidis ont fait l'objet de plus de 70 massacres génocidaires depuis le XVIIIe siècle.
Nous sommes témoins aujourd'hui de la plus récente tentative d'extermination des yézidis.
Le rapport du Conseil des droits de l'homme des Nations unies et les témoins qui ont comparu devant le comité de la citoyenneté ont fourni des détails bouleversants sur les crimes contre l'humanité qui sont perpétrés contre ces innocents. Voici un extrait du rapport de l'ONU:
Le groupe État islamique cherche à éliminer les yézidis par l'assassinat, l'esclavage sexuel, l'esclavage, la torture, des traitements inhumains et dégradants, ainsi que des déplacements forcés entraînant de graves blessures physiques et mentales. Il leur impose des conditions de vie qui provoquent une lente agonie. Il impose des mesures visant à empêcher la naissance d'enfants yézidis, dont la conversion forcée des adultes, la séparation des hommes et des femmes yézidis, ainsi que des traumatismes mentaux. Il enlève les enfants yézidis à leur famille pour les remettre à des combattants du groupe, les coupant ainsi de leurs croyances et des pratiques de leur communauté religieuse afin d'effacer leur identité yézidie.
Après la publication de ce rapport, le a fait une déclaration à la Chambre faisant état d'un génocide contre le peuple yézidi. Malheureusement, malgré cette reconnaissance et le rôle clé historique du Canada dans la création de la doctrine internationale portant sur la « responsabilité de protéger », le gouvernement n'a jusqu'à présent pris aucune mesure concrète et directe pour fournir une aide humanitaire au peuple yézidi.
Ce rapport a par contre été à l'origine d'une étude urgente et intensive de la part du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration qui s'est déroulée du 18 au 20 juillet et qui a porté sur les mesures d'immigration pour la protection des groupes vulnérables.
Le Comité a eu l'occasion d'entendre les témoignages de personnes ayant survécu à des traumatismes et de personnes qui travaillent sur le terrain à arracher les gens vulnérables à la souffrance.
Nous avons entendu un grand nombre de recommandations judicieuses de personnes et d'organismes sur la façon dont le Canada peut se positionner comme chef de file mondial pour soulager les souffrances extrêmes que vivent les personnes vulnérables dans le monde aujourd'hui.
Dans le cadre de l'étude qu'a faite notre comité, j'ai eu le privilège de rencontrer Mme Nadia Murad, lorsqu'elle a comparu devant le comité et lors d'une autre réunion.
Mme Murad est une rescapée du génocide des yézidis. Sa force, sa résilience et son dévouement envers son peuple, après avoir vécu des atrocités indescriptibles alors qu'on a tenté de lui enlever son humanité, sont tout simplement renversants.
Mme Murad, qui était étudiante, profitait des vacances d'été, lorsque le groupe État islamique a lancé une attaque dans son village paisible près de Sinjar. Elle s'apprêtait à entrer en sixième année et s'employait à obtenir de bonnes notes. Elle n'oubliera jamais la journée où elle s'est retrouvée à l'école. Voici comment elle a décrit ce qui s'est passé au Comité:
J'étais au village, avec plus de 1 700 autres personnes, et nous sommes restés sous l'emprise de l'État islamique pendant deux semaines. Nous avons demandé de l'aide à tout le monde, parce que nous savions ce qui nous attendait: les hommes allaient être tués, et les femmes et les enfants, pris en otages. Nous avons appelé à l'aide, mais, malheureusement, en vain. Le 15 août, les combattants nous ont rassemblés à l'école du village et ont séparé les hommes des femmes. Ils ont tué nos hommes. Plus de 700 hommes sont morts en deux heures dans le village de Kocho. Nous avons vu nos pères, nos frères et nos fils se faire tuer aux abords du village.
Les atrocités ne se sont pas arrêtées là. Mme Murad a décrit en détail ce qu'elle ainsi que des milliers d'autres yézidies ont subi. Voici ce qu'elle a dit:
Lorsqu'ils se sont emparés de nous — les filles et les enfants —, ce n'était pas seulement pour nous faire prisonniers; des crimes ont été commis contre nous. Ils nous ont forcés de changer de religion. Ils nous ont violées. Ils nous ont vendues. Ils nous ont louées. Cette situation perdure aujourd'hui pour plus de 3 000 femmes et enfants en Irak et en Syrie.
Grâce à son incroyable résilience, Mme Murad a fini par échapper à l'emprise du groupe État islamique, qui l'avait réduite à l'esclavage. Au cours de l'étude réalisée par notre comité, j'ai déclaré que nos travaux étaient parmi les plus importants qu'il nous serait jamais donné de réaliser et que, par conséquent, nous devions nous concentrer sur la recherche de solutions.
Bien que les témoignages que nous avons entendus aient porté en bonne partie sur les atrocités commises, le catalogage des charniers et la discrimination que les yézidis peuvent encore subir, même une fois hébergés dans un camp de réfugiés, on nous a également parlé de l'aide que le Canada pouvait apporter et des moyens que prenaient déjà certains pays dans cette optique.
M. Murad Ismael, le directeur général de Yazda, a parlé au comité de la décision prise par le gouvernement allemand, qui est intervenu rapidement. Il a formé un comité, l'a envoyé en Irak et a entrepris de faire venir rapidement 1 100 femmes et enfants yézidis en Allemagne. Ils y sont arrivés en quelques mois. M. Murad nous a en outre informés d'un projet dans le cadre duquel Yazda collabore avec le gouvernement de l'Australie pour faciliter la réinstallation de yézidis dans ce pays. Environ 200 personnes ont été inscrites sur la liste préparée dans ce but, et il croit qu'au total environ 300 personnes seront accueillies en Australie. Compte tenu de la gravité de la situation, le gouvernement de l'Australie a contourné le système des Nations unies et a accordé directement l'asile à ces gens pour qu'ils viennent en Australie.
M. Murad a déclaré que son organisme avait à lui seul une base de données détaillée de 900 femmes et enfants yézidis ayant subi des atrocités et des traumatismes comme Mme Murad. Parmi ces personnes, 600 se trouvent encore en Irak. De plus, M. Mirza Ismail, de la Yezidi Human Rights Organization International, nous dit qu'en tout, « on dénombre environ 3 363 réfugiés yézidis en Grèce ». Il y en a aussi des milliers dans les camps en Turquie.
On a perdu du temps précieux depuis l'été, lorsque le comité a tenu une réunion d'urgence. Des mesures doivent être prises maintenant. J'implore tous les députés de reconnaître ce dont parle la motion. C'est de génocide dont il est question, et les Canadiens ont le devoir d'agir. Protéger des vies humaines dans le contexte d'un génocide n'est pas simplement quelque chose à faire si cela cadre avec notre plan des niveaux d'immigration. Il s'agit d'une situation exceptionnelle qui nécessite la prise de mesures exceptionnelles.
J'ai exposé dans ma lettre au ministre, ainsi que dans mon rapport complémentaire faisant suite à l'étude en comité de cet été, une série de recommandations quant aux mesures immédiates pouvant être prises. L'une de ces recommandations figure dans la motion, c'est-à-dire de donner suite immédiatement à l’ensemble des recommandations énoncées aux paragraphes 210, 212 et 213 du rapport des Nations unies.
Voici un extrait du témoignage de Mme Murad devant le comité:
Pendant le siège, j'ai entendu dire que des milliers de filles avaient été prises en otages. Je me suis dit: « Eh bien, ils me prendront peut-être aussi en otage et je vais peut-être essayer de les raisonner, de les convaincre que je suis un être humain et que je n'ai rien fait pour mériter d'être violée et d'être vendue sans raison. » Je croyais que j'allais pouvoir raisonner les membres de l'État islamique parce que ce sont des êtres humains, mais lorsqu'ils m'ont enlevée, ils ne m'ont pas donné l'occasion de dire quoi que ce soit, de leur dire que j'étais une jeune fille et que j'avais le droit de vivre. Lorsque les membres de l'État islamique ne m'ont pas donné l'occasion de parler, qu'ils n'ont pas voulu entendre ce que j'avais à dire, je me suis dit que j'allais parler au monde et que le monde allait me comprendre. Pendant plus de six mois, je me suis rendue dans plus de 17 pays. J'ai parlé à des présidents, à des parlementaires et à d'autres personnes, et j'ai dit: « Écoutez! Des filles se font violer dans les prisons de l'État islamique, des gens meurent de faim dans les camps, des milliers d'enfants sont privés d'éducation. » Et ils sont restés silencieux et n'ont rien dit, ils ont fermé les yeux sur les droits des yézidis.
Si le Canada est bel et bien de retour, il ne peut rester simplement silencieux. Le Canada doit joindre le geste à la parole. J'implore tous les députés d'appuyer la motion.
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Monsieur le Président, je partagerai le temps qui m’est imparti avec mon collègue de .
C’est rempli de colère et d’impatience que j’appuie la motion déposée par l’opposition officielle. Je suis rempli de colère parce que le gouvernement libéral a sciemment refusé de voir le génocide des yézidis et d’intervenir. Dans un premier temps, il a longtemps refusé de voir ce qui était apparu comme une évidence par d’autres démocraties ailleurs dans le monde, à savoir que Daech, ce soi-disant État islamique, perpétrait un crime de génocide, sans parler des autres crimes contre l’humanité et des crimes de guerre dont il se rendait coupable à l’endroit des yézidis.
Puis, lorsque les libéraux ont enfin reconnu cette horreur, pendant quatre mois ils ont refusé de respecter les obligations minimales du Canada imposées par la convention des Nations unies sur le génocide. Deux de ces obligations sont mentionnées dans la motion faisant l’objet du débat d’aujourd’hui: donner suite immédiatement à l’ensemble des recommandations énoncées aux paragraphes 210, 212, et 213 du rapport des Nations unies et offrir l'asile aux femmes et aux jeunes filles yézidies.
Je suis impatient parce que les libéraux, y compris le lui-même, ont fait fi de ces recommandations en se glorifiant presque du fait que le Canada n’essaie pas de distinguer les réfugiés en fonction de leur religion ou de leur origine ethnique et parce que les Libéraux, y compris encore le ministre de l’Immigration, ont excusé l’inaction du gouvernement en disant qu’ils n’acceptent que les réfugiés recommandés et approuvés par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. C’est pourquoi la motion est présentée à la Chambre aujourd’hui. C’est pourquoi nous, l’opposition officielle, exhortons le gouvernement libéral à réévaluer et à recentrer de toute urgence, même s’il est un peu tard, le programme des réfugiés du Canada.
On m’a demandé hier, lorsque l'avis de motion a été donné, combien de yézidis vivent au Canada exactement. Je crois que le fond tendancieux de la question saute malheureusement aux yeux. Je répondrai qu’ils sont peu nombreux, peut-être 4 000 ou 5 000 citoyens naturalisés canadiens ou résidents permanents, ce qui, du point de vue du gouvernement, ne pèse pas nécessairement lourd sur le plan politique. Cependant, dans ma circonscription, Thornhill, et partout au pays, des survivants et des descendants de victimes de l’Holocauste et d’autres génocides partagent ma colère et mon exaspération face à l’inaction délibérée du gouvernement devant cette tragédie.
Je me dois bien sûr de souligner ici le magnifique travail accompli par la communauté juive de Winnipeg avec l’opération Ezra, qui consiste à parrainer à titre privé, à sauver et à réinstaller au Canada des réfugiés yézidis. Un grand nombre de mes concitoyens de Thornhill sont prêts à agir, une fois de plus disposés à parrainer des réfugiés, mais le gouvernement ne fait rien pour qu'ils puissent le faire.
Les Canadiens sont essentiellement tenus dans l’ignorance depuis que le gouvernement a reconnu le génocide malgré, comme je l’ai déjà dit, une longue liste d’obligations qui auraient dû amener le Canada à intervenir en tant que signataire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de l'ONU. Alors que le gouvernement s’en remet actuellement au haut-commissariat pour identifier les réfugiés à réinstaller et qu'il vante carrément le fait que le Canada ne distingue pas les réfugiés par religion ou par origine ethnique, nous croyons que la reconnaissance du génocide et des atrocités connexes qui ont été commises et qui continuent de l’être aurait dû entraîner un changement immédiat dans le processus de sélection pour prioriser l’admission des yézidis, surtout les femmes, les veuves et les jeunes filles, ainsi que des autres minorités persécutées. Bref, pour toutes les raisons offertes ici aujourd’hui, les conservateurs croient que le Canada, lorsqu’il est question des yézidis, devrait délibérément passer outre au processus du haut-commissariat.
La commission internationale indépendante a recommandé que toutes les parties luttant contre Daech envisagent fortement des plans de sauvetage pour les milliers de yézidis toujours captifs dans les zones occupées par Daech. Nous savons que le Canada n’est pas en position d’envisager une telle intervention. Surtout, nous devons espérer que l’opération Inherent Resolve de la coalition des alliés, qui se concentre maintenant sur la libération de Mossoul, permettra le sauvetage efficace de nombreux prisonniers yézidis. Toutefois, la dimension de sauvetage peut et doit également s’appliquer aux milliers de yézidis déplacés à l’intérieur de leur propre pays, qui se trouvent dans la région autonome kurde de l’Irak.
Nous savons que plus de 500 000 yézidis irakiens ont été chassés de Sinjar et d’autres villes, et qu’ils ont été nombreux à trouver refuge, en quelque sorte, dans la région kurde autonome de l’Irak. Mais le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ne reconnaît et ne certifie pas comme étant des réfugiés ces personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.
Nous avons entendu, lors d’une séance spéciale du Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration de la Chambre en juillet, le témoignage bouleversant et éloquent de Nadia Murad, une jeune femme forte, qui a survécu au génocide et qui a elle-même été brutalisée. Elle nous a parlé du sort de ces yézidis déplacés et de celui d’autres minorités persécutées de l’Irak, qui se retrouvent dans une terrible incertitude. Ils sont souvent victimes de discrimination, moins meurtrière que celle de Daech, mais tout de même de la discrimination, quand ils s’inscrivent dans les camps des Nations unies, où ils sont séparés des autres pour leur propre protection.
À l’extérieur des camps, le gouvernement infranational kurde essaie de fournir des services humanitaires en matière de santé et d'alimentation, mais l’aide financière pour ces personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays est maigre de la part du gouvernement de l’Irak, qui devrait en faire beaucoup plus. La situation est un peu mieux, mais tout juste, pour les milliers de yézidis qui ont réussi à trouver une sécurité relative en Turquie. Toutefois, nous avons été attristés et fâchés d’apprendre qu’alors que le HCR nous indique qu’il a recommandé la réinstallation de yézidies irakiennes actuellement en Turquie, il appartient au Canada d’indiquer si le gouvernement envisage d’accueillir des yézidies irakiennes venant de Turquie dans le cadre de son programme de réinstallation. Malheureusement, le gouvernement libéral n’a rien fait.
Bien sûr, nous avons tout lieu d’être encouragés par les succès importants et continus sur le champ de bataille de la coalition des alliés contre les forces sombres et meurtrières de Daech, mais le coût de la libération des villes et des villages où vivaient auparavant des millions de civils irakiens de régions, de religions et d’ethnies diverses est terrible. Ces villes sont, à divers degré, en état de ruine et de désolation, sans services de base, et truffées de tonnes de munitions non explosées et de pièges. Il a été estimé qu’il faudra des milliards de dollars pour les rendre sûres, et encore beaucoup d’autres milliards de dollars et qui sait combien d’années pour les reconstruire.
Nous savons que malgré toute la générosité de l’accueil du Canada et des autres pays développés durant cette grave crise des réfugiés, la plupart des millions de déplacés rescapés des guerres en Syrie et en Irak, et du génocide, espèrent seulement pouvoir retourner chez eux un jour pour essayer de reconstruire leurs foyers, leurs communautés et leurs vies. S’il s’agit au mieux d’un faible espoir pour les musulmans victimes de ces guerres, c’est un espoir encore plus ténu pour les minorités persécutées qui survivent au conflit, en particulier les victimes du génocide de Daech, les yézidis.
Nous avons suggéré au gouvernement plusieurs mesures que le Canada pourrait prendre pour aider dans cette tragédie. Nous avons suggéré d’éliminer la limite de parrainages privés des citoyens irakiens. Le gouvernement conservateur précédent n’a pas imposé de limite de parrainage des citoyens irakiens ou syriens. Les libéraux n’ont pas encore expliqué pourquoi ils ont choisi de fixer une limite. Nous exhortons aussi le gouvernement libéral à recadrer la politique du Canada à l’égard des réfugiés pour remédier à la tragédie particulière des yézidis, pour accorder la priorité aux plus vulnérables et pour s’employer à identifier les survivants du génocide et à entreprendre leur processus de réinstallation.
Le nous a dit il y a un an qu’accueillir 25 000 réfugiés au Canada n’était qu’une question de volonté politique. De ce côté-ci de la Chambre, nous espérons qu’en dépit du retard, du déni et de l’inaction du gouvernement à ce jour, il manifestera finalement la même volonté politique et agira pour donner asile en particulier aux femmes, aux veuves et aux enfants yézidis et pour les réinstaller convenablement.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de participer à cette importante discussion. J'espère que tous les députés sont familiers avec la situation tragique à laquelle sont confrontés le peuple yézidi et les chrétiens en Irak et en Syrie.
Il y a un génocide en cours. Des représentants de la communauté yézidie sont ici, au Parlement. Ils demandent que nous donnions à leur peuple la possibilité de vivre en liberté et de continuer leur mode de vie. Nous devons répondre à la situation spécifique et unique à laquelle sont confrontés les yézidis et les chrétiens.
Nous comprenons que la situation en Irak et en Syrie est très difficile pour toutes les communautés, mais il est évident que la situation à laquelle sont confrontés les yézidis et les chrétiens est unique. L'impact de la violence générale est énorme, mais l'impact de ce génocide est d'une échelle complètement différente.
[Traduction]
Qu'est-ce qu'un réfugié? La question peut paraître simple, mais à entendre certains des propos du , on dirait qu'il ignore la définition officielle de ce mot.
Si le ministre voulait bien se rendre sur le site Web du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, il y trouverait la définition suivante, sous la rubrique « Qu'est-ce qu'un réfugié? »:
[Un réfugié est] une personne qui se trouve hors du pays dont elle a la nationalité ou dans lequel elle a sa résidence habituelle, et qui du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social déterminé ou de ses opinions politiques craint avec raison d’être persécutée et ne peut se réclamer de la protection de ce pays ou en raison de ladite crainte ne peut y retourner.
Cette définition est inspirée de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, dont le Canada est un des signataires.
Voici ce qu'en dit l'article premier:
Aux fins de la présente Convention, le terme « réfugié » s'appliquera à toute personne: [...] Qui, [...] craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays; ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner.
La Convention a été modifiée en 1967 au moyen d'un protocole, auquel le Canada est également partie et qui supprime certaines restrictions temporelles et géographiques. Or, abstraction faite de cette mise à jour, le texte d'origine de la Convention est toujours en vigueur, et le Canada est censé continuer d'y adhérer. Je me permets donc de signaler au ministre et au gouvernement que le mot « réfugié » est clairement défini dans le texte législatif international auquel le Canada a souscrit. Le ministre devrait connaître cette définition et la mettre en application; il en a l'obligation morale et légale.
Comme je le disais, au coeur de cette définition se trouve la crainte que peut avoir une personne d'être persécutée du fait de certaines caractéristiques identifiables. Or, le ministre a dit à la Chambre que le gouvernement ne prend même pas la peine de vérifier si les demandeurs d'asile font partie de ces groupes identifiables, auquel cas ils seraient alors susceptibles d'être persécutés.
Le 5 octobre, le ministre a déclaré ceci:
Monsieur le Président, nous ne savons pas combien de réfugiés yézidis sont arrivés au Canada, car lorsque les réfugiés arrivent ici, nous ne leur demandons pas leur origine ethnique ou leur religion. Nous ne faisons pas de discrimination en fonction de l'origine ethnique ou de la religion.
Même si le secrétaire parlementaire semble avoir changé quelque peu de discours aujourd'hui, c'est ce que le ministre a dit à la Chambre pendant la période des questions du 5 octobre. Je ne peux qu'en conclure que le ministre n'est pas au courant de la définition de ce qui constitue un réfugié selon l'ONU ou qu'il refuse de l'adopter. Comme je l'ai dit, cette définition précise clairement qu'il faut déterminer si la personne qui demande le statut de réfugié craint d'être persécutée dans son pays d'origine du fait de sa religion, de son origine ethnique ou d'autres caractéristiques. Nous ne pouvons pas avoir un système de protection des réfugiés sérieux sans demander aux gens s'ils craignent d'être persécutés dans leur pays d'origine et, le cas échéant, sur quel motif s'appuie cette crainte. Même si on fait abstraction de la situation particulière des yézidis, cela semble démontrer qu'il y a de graves lacunes dans la façon dont le ministre détermine l'admissibilité au statut de réfugié.
Dans son intervention, le ministre a dit que le Canada ne devrait pas faire de discrimination en posant des questions sur la religion ou l'origine ethnique. Or, il ne semble pas comprendre la différence fondamentale entre la discrimination ordinaire et la discrimination méliorative, soit le processus qui vise à prendre des mesures pour indemniser des minorités traditionnellement désavantagées qui ont besoin de protection.
La discrimination méliorative est explicitement protégée par deux dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés, en particulier par le paragraphe 15(2), qui dit ceci:
Le paragraphe (1) n’a pas pour effet d’interdire les lois, programmes ou activités destinés à améliorer la situation d’individus ou de groupes défavorisés, notamment du fait de leur race, de leur origine nationale ou ethnique, de leur couleur, de leur religion, de leur sexe, de leur âge ou de leurs déficiences mentales ou physiques.
Nos lois font une distinction claire entre, d’un côté, la discrimination traditionnelle, qui a pour but d’affaiblir davantage les groupes défavorisés et, d’un autre côté, la discrimination méliorative, qui vise à rehausser la position relative des groupes défavorisés. Cette distinction est clairement comprise dans notre jurisprudence nationale sur les droits de la personne, et dans le droit international et les pratiques internationales liées aux réfugiés.
Au-delà des définitions et de la question de notre obligation légale, il y a une raison pratique évidente pour laquelle la définition de « réfugié » mentionne les personnes qui ont une crainte légitime de discrimination sur la base de caractéristiques personnelles: les Canadiens s’attendent à ce que quand nous décidons d’aider les gens, nous aidions ceux qui en ont le plus besoin, les personnes vulnérables.
Il y a beaucoup d’autres endroits dans le monde où les gens s'exposent à la mort, à l’emprisonnement, au viol et à d’autres formes de violence à cause de ces caractéristiques identifiables. La Syrie et l’Irak sont évidemment des endroits dangereux pour n’importe qui en ce moment, mais on y trouve des groupes et des individus qui font l’objet d’une violence ciblée et qui courent un risque de génocide.
La convention des Nations unies sur les réfugiés nous invite à les traiter d’une façon particulière — en tant que réfugiés. Cependant, l’approche des libéraux jusqu’ici a été de tirer une fierté de leur ignorance, de faire l’autruche et de dire qu’ils n’y adhèrent pas. Ils le font sans comprendre le fondement de chaque demande légitime de statut de réfugié qui, selon la définition de l’ONU, est une crainte fondée de persécution, et sans comprendre que le fait d’accueillir les personnes qui correspondent à la définition de réfugié de l’ONU et qui sont véritablement vulnérables nous oblige à remarquer et à poser des questions sur ces caractéristiques identifiables. Évidemment, notre système d’accueil devrait demander pourquoi les gens craignent la persécution afin d’évaluer la crédibilité de leur demande et leur vulnérabilité relative. Encore une fois, si le gouvernement se soucie des réfugiés, il devrait se familiariser avec la définition légale de « réfugié » et l’appliquer.
Par le passé, certains ont laissé entendre que l’application de la définition de « réfugié » de l’ONU signifie que nous n’accueillerons peut-être pas des personnes appartenant à certains groupes, que nous n’accueillerons peut-être pas de musulmans, mais ce n’est absolument pas le cas et une telle insinuation, dans certains cas, dénote une profonde incompréhension des défis actuels en matière de droits de la personne.
De toute évidence, un musulman chiite d’Arabie saoudite aurait une crainte bien fondée de discrimination pour des motifs religieux, mais un musulman chiite en Iran n’en aurait pas. Un musulman sunnite de Crimée ou du Turkestan oriental aurait une crainte bien fondée de discrimination pour des motifs religieux, mais un musulman sunnite d’Égypte n’en aurait pas. Un chrétien orthodoxe d’Irak aurait une crainte bien fondée de discrimination pour des motifs religieux, mais un chrétien orthodoxe de Russie n’en aurait probablement pas. Un fervent bouddhiste de la Chine aurait une crainte bien fondée de persécution pour des motifs religieux, mais un bouddhiste du Sri Lanka n’en aurait pas. Qui plus est, un hindou au Sri Lanka peut avoir une crainte bien fondée de discrimination pour des motifs religieux, mais un hindou de l’Inde n’en aurait pas. Je pourrais donner de nombreux autres exemples.
C’est une question de vulnérabilité. La définition de l’ONU ne se résume pas, fondamentalement, à un test de religion. Il s’agit plutôt d’un système de discrimination méliorative, la contre-discrimination qui existe dans le monde réel. Cela suppose d’examiner la situation d’après les caractéristiques du demandeur et le bien-fondé des craintes de discrimination sur cette base. Encore une fois, nous devons poser la question.
Aux termes de la motion que nous présentons aujourd’hui, nous demandons au gouvernement de prendre acte de la discrimination dont sont victimes les yézidis, les chrétiens syriens et autres minorités que Daech et ses comparses itinérants ont décidé de massacrer. Nous prions également le gouvernement de réagir. Nous devons nous occuper des victimes de génocide, des esclaves sexuelles qui ont réussi à s’échapper et de tous ceux et celles qui ont un besoin d’aide urgent.
Les observations de députés ministériels laissent présager un certain consensus et je suis optimiste quant à la direction que nous prenons. Je dois dire au gouvernement que nous adopterons une approche neutre seulement dans la mesure où il fait ce qui s’impose. Il est peut-être trop tard, mais j’espère que le gouvernement changera d’avis. Il doit comprendre et reconnaître les principes fondamentaux à partir desquels on détermine le statut de réfugié. Il est légitime de poser des questions et vital d’accueillir ceux qui sont les plus vulnérables.
Faute de pouvoir convaincre le gouvernement, qu'on me permette de reformuler notre position. Ce que nous disons dans la motion présentée aujourd’hui, c’est que la vie des yézidis compte. La réponse du gouvernement revient à dire en quelque sorte que toutes les vies comptent et certes, toutes les vies comptent, mais ce n’est pas la réponse adéquate dans le contexte de ce que vivent les yézidis. Nous devons dire que la vie des yézidis compte, parce que c’est leur vie qui est menacée dans les circonstances.
Les députés se rangeraient en principe à l'idée que si la discrimination religieuse ou raciale nous pose problème, il n’y a pas de mérite à faire l’autruche et à prétendre que nous ne voyons pas de différence entre les religions et les ethnies. Dans les cas de discrimination systématique, il est critique de faire un constat des problèmes et d’admettre la nécessité d’apporter des correctifs.
En principe, personne ne met en doute le fait que toutes les vies sont importantes; cela dit, il est nécessaire de s'occuper des personnes dont la vie n'est ni reconnue, ni respectée. C'est pour cette raison qu'en ce qui concerne les réfugiés, nous devons adopter une approche qui tient compte des différences et peut s'y adapter. Le gouvernement ne devrait pas avoir trop de difficulté à remarquer ces différences et à les suivre de près. Lorsque nous avons posé des questions bien précises à ce sujet aux fonctionnaires lors de la séance d'information technique qui a eu lieu à la fin de l'an dernier, ils ont répondu qu'il n'existait pas de champs de données permettant de consigner ces renseignements. Je tiens donc à signaler respectueusement au ministre et au gouvernement qu'il est temps d'ajouter des champs de données, car des gens meurent.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de Markham—Unionville.
[Français]
Je tiens à remercier la députée d'avoir remis cette question pressante à l'ordre du jour en vue d'un débat plus approfondi. Cette motion arrive à un tournant important dans la lutte contre Daech. Les forces de sécurité irakiennes, soutenues par la coalition mondiale contre Daech, s'approchent actuellement de Mossoul, la capitale autoproclamée de Daech en Irak, et son dernier bastion dans le pays.
Depuis 2014, le Canada soutient l'Irak en tant que membre de la coalition. La formation et l'expertise que nous fournissons aux forces irakiennes et à leurs partenaires s'avéreront inestimables au cours des prochaines semaines et des prochains mois, alors que la lutte contre cette organisation terroriste se poursuit.
[Traduction]
Toutefois, le rôle du Canada en Irak ne se limite pas au soutien militaire. Le Canada investit plus de 1,6 milliard de dollars répartis sur trois ans pour contrer Daech et réagir aux crises en Irak et en Syrie, ainsi que pour remédier aux conséquences tragiques et considérables sur la région élargie. Cela comprend 840 millions en aide humanitaire, versée directement à des partenaires de confiance pour des interventions immédiates.
La députée de l'opposition demande à la Chambre d'appuyer les recommandations formulées par la Commission d’enquête des Nations unies sur la Syrie. Le gouvernement peut dire avec certitude qu'il est d'accord avec la députée et il peut prouver qu'il travaille déjà à mettre en oeuvre ces recommandations.
Le gouvernement a été le premier à demander officiellement au Conseil de sécurité des Nations unies d'intervenir de toute urgence à l'égard du génocide perpétré contre les yézidis.
Daech et ses adeptes s'en prennent à des civils innocents partout dans le monde. Son message de haine ignoble ne connaît aucune frontière, mais ses pires violations se concentrent en Irak et en Syrie. La majorité des victimes sont des musulmans, quoique Daech a également commis des crimes contre des groupes minoritaires, notamment les chrétiens, les shabaks, les Turkmènes et les yézidis.
Les yézidis du Nord de l'Irak ont souffert la perte de non moins de 5 000 membres de leur communauté; 7 000 ont été capturés, principalement en Syrie. Les femmes et les filles sont soumises à l'esclavage sexuel; les garçons sont endoctrinés et utilisés comme enfants soldats.
Face au génocide des yézidis, il va de soi que tous les partis de la Chambre appuyer d'une seule voix la motion de la députée de l’opposition. Le gouvernement du Canada a reconnu les crimes de Daech à l’endroit des yézidis. Nous avons lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu’il prenne des mesures et nous avons participé et continuons de participer à la collecte et à la documentation de preuves pour que les auteurs de ces crimes répondent de leurs actes.
En ce qui concerne les mesures immédiates, notre gouvernement appuie la prestation de services psychosociaux essentiels aux victimes. De plus, l’aide humanitaire que nous fournissons contribue à combler certains besoins fondamentaux des yézidis et à améliorer leurs conditions de vie dans les camps et les collectivités qui les accueillent. La plupart de ces endroits se trouvent en Irak et sont très difficiles d’accès. Pour donner aux yézidis la possibilité de retourner chez eux, nous collaborons également au désamorçage d’engins explosifs improvisés dans les régions de l’Irak récemment libérées de l’emprise de Daech.
Le mois dernier, le a assisté à l’Assemblée générale des Nations unies dont la priorité était le rapport de la commission d’enquête sur les atrocités perpétrées par Daech et la réaction de la communauté internationale face à ces crimes inqualifiables. La commission documente dans ce rapport de graves violations du droit humanitaire et du droit pénal international.
Le ministre concentre son attention sur les éléments de preuve et les mesures à prendre pour forcer Daech à répondre de ses actes génocidaires contre le peuple yézidi. Le Canada est horrifié par les agressions généralisées et les violences sexuelles et sexistes dont sont victimes les membres de groupes religieux et ethniques.
Les entretiens qui se sont récemment déroulés à New York entre des représentants de la communauté yézidie et de hauts fonctionnaires du gouvernement nous ont permis de mieux comprendre quelles mesures la communauté internationale peut et doit prendre.
Comme nous comptons parmi les chefs de file de la communauté internationale sur cette question, j’aimerais informer la Chambre des nombreux efforts déployés par le dans la lutte contre Daech.
En mai et en juin de cette année, le a adressé deux lettres au président du Conseil de sécurité des Nations unies afin de l’exhorter à prendre des mesures pour sur la question des crimes perpétrés par Daech. Le 16 juin, le ministre des Affaires étrangères a pris la parole à la Chambre pour dénoncer les atrocités commises par Daech contre les yézidis de Sinjar et pour déclarer, sans équivoque, que ces crimes constituent un génocide. Le ministre des Affaires étrangères continue d’exhorter le Conseil de sécurité des Nations unies à prendre des mesures pour s’assurer que les responsables de ces atrocités perpétrées par Daech en Irak et en Syrie seront traduits en justice.
En juillet, mon collègue, le a rencontré Nadia Murad, qui est membre de la communauté yézidie d’Irak et survivante de la violence sexuelle perpétrée par Daech, pour discuter du sort de sa famille, de ses amis et de sa communauté.
Notre mission à Bagdad a déployé des efforts pour établir des contacts avec les organisations yézidies et les autorités irakiennes.
En septembre, à New York, le a participé à une séance de l'Assemblée générale des Nations unies portant expressément sur la nécessité d'obliger Daech à rendre des comptes. Lors de cette réunion de haut niveau, le ministre des Affaires étrangères a demandé aux Nations unies de créer une commission spéciale qui serait chargée d'enquêter sur les activités de Daech. Il a aussi réclamé des mesures supplémentaires de la part de la communauté internationale et, plus spécifiquement, du Conseil de sécurité.
Pour ce qui est de nos partenaires internationaux, nous allons travailler en étroite collaboration avec le Royaume-Uni et d'autres pays au cours des prochains mois afin de mobiliser un groupe d'acteurs principaux. Nous allons également assurer la coordination des efforts déployés par des gouvernements et des organisations compétentes en vue de dégager un consensus international sur les mécanismes les plus efficaces pour obliger Daech à rendre compte des atrocités qu'il commet.
Je tiens aussi à souligner que, pour documenter les crimes commis par Daech et l'obliger à rendre des comptes à ce sujet, il importe d'établir des partenariats aux échelons régional et national. Plus particulièrement, il est essentiel de pouvoir compter sur la participation de l'Irak. C'est pourquoi le Canada appuie les efforts déployés par le gouvernement irakien en vue d'améliorer la gouvernance dans ce pays, de renforcer ses institutions et de mettre fin aux divisions ethniques et religieuses.
Le gouvernement adopte une approche intégrée pour faire face à la crise en Syrie.
Pour veiller à ce que les combattants de Daech comparaissent en justice et à ce que les victimes obtiennent des services de soutien, le gouvernement s'est engagé à recueillir des éléments de preuve qui pourront être utilisés par les tribunaux et par les personnes qui prendront soin des victimes.
Pour obtenir justice et tenir Daech responsable de ses actes, il faut dans un premier temps recueillir les preuves nécessaires. Le Canada finance les activités de certaines organisations de la société civile, en Irak et en Syrie, pour préserver des preuves essentielles, notamment les charniers qui continuent d'être découverts dans les territoires repris des mains de Daech.
Certaines organisations que nous appuyons, notamment la Commission internationale pour la justice et la responsabilité, ont préparé des dossiers judiciaires sur les crimes commis par Daech, notamment l'esclavage sexuel, en Irak et en Syrie.
Les gouvernements locaux et la communauté internationale devront décider devant quel système judiciaire porter leur cause pour obtenir justice contre Daech. Parmi les diverses options possibles, mentionnons la Cour pénale internationale, les tribunaux pénaux internationaux spéciaux ou des tribunaux hybrides, les poursuites criminelles au niveau des États et les poursuites civiles.
Quel que soit le mécanisme judiciaire retenu, il est essentiel que le gouvernement de l'Irak et que la communauté internationale en général soient appuyés et engagés. Les tribunaux internationaux ne peuvent fonctionner que s'ils jouissent d'un niveau suffisant de coopération internationale. De plus, les instances judiciaires nationales doivent avoir la capacité de tenir des procès justes et indépendants. Le Canada cherche activement des moyens de renforcer les capacités pour soutenir les importants éléments du système judiciaire irakien.
Au moment où la communauté internationale réclame justice pour les crimes de Daech, il importe que les survivants de ces exactions reçoivent les soins dont ils ont besoin. Je songe en particulier aux victimes de violence et d'esclavage sexuels qui nécessitent de toute urgence un soutien psychosocial et des soins médicaux.
Depuis 2014, le Canada soutient des partenaires humanitaires d'expérience en Irak, notamment le Fonds des Nations unies pour la population.
Le est fermement déterminé à faire pression auprès de la communauté internationale pour qu'elle travaille à atténuer les terribles souffrances des victimes yézidies de Daech et à jeter les bases d'un processus de transition dans les sociétés touchées.
Le gouvernement peut affirmer avec certitude qu'il travaille activement au règlement des questions exposées dans les recommandations de la commission. Nous avons participé à l'intervention militaire contre Daech et nous avons pris l'initiative de demander au Conseil de sécurité des Nations unies de déclarer que les crimes commis contre les yézidis constituent un génocide. Nous avons poussé nos partenaires nationaux et étrangers à être le plus efficaces possible.
Dès le début, nous avons insisté sur la collecte de preuves afin que, avec nos partenaires, nous puissions accuser Daech du crime de génocide. Nous participons à l'évaluation d'un système judiciaire approprié à cette fin. Nous assurons constamment un soutien essentiel aux victimes, qui sont au centre de tous nos efforts.
[Français]
En conclusion, nous avons reconnu que les crimes commis par Daech à Sinjar constituent un génocide et avons demandé au Conseil de sécurité d'intervenir. Au nom de toute la Chambre, nous sommes vivement reconnaissants envers les hommes et les femmes canadiens qui travaillent sur le terrain en fournissant des renseignements militaires, de la formation et du soutien dans la lutte contre Daech, de même que de la sûreté et de la sécurité aux victimes en Syrie.
:
Monsieur le Président, je suis enchanté de parler de cette question. Les crimes, et même les génocides, dont nous parlons sont si horribles qu’il faut dépasser la partisanerie; nous devrions donc être capables de trouver un terrain d’entente entre tous les partis à la Chambre.
Je prends la parole un peu tard dans le débat parce que nous avons eu des discussions avec des représentants du Parti conservateur pour déterminer si nous ne pourrions pas convenir d’une motion que nous pourrions tous appuyer. En fait, ces discussions se poursuivent. Nous n’en sommes pas encore venus à une entente, mais je crois que tout le monde estime qu’il vaut la peine d’essayer. Nous avons certaines divergences de points de vue avec les conservateurs et peut-être aussi les néo-démocrates, mais ces divergences sont bien minimes en regard de l’importance et de l’urgence de la question dont nous débattons aujourd’hui à la Chambre.
J’espère que les discussions actuelles permettront d’en venir à un accord entre les partis pour que nous puissions tous nous entendre sur cette motion. Que les discussions aboutissent ou non, j’aimerais souligner le sérieux avec lequel la porte-parole du Parti conservateur, la députée de , s’attaque à cette question et la volonté qu’elle manifeste d’en venir à conclure un accord entre tous les partis.
Je voudrais également souligner le travail de mon secrétaire parlementaire, le député de , et tout particulièrement celui du président du comité de l’immigration, le député d', pour la passion avec laquelle il a traité de la question des yézidis. Au risque d’oublier quelqu’un, j’aimerais également porter à l'attention de la Chambre d’autres collègues du Parti libéral et de mon caucus qui ont travaillé activement au dossier des yézidis. Il s’agit des députés de , de , de , de et de . Je suis sûr qu’il y en a d’autres, comme la députée néo-démocrate de .
Je sais que des députés de tous les partis ont travaillé très activement sur cette question parce que nous sommes scandalisés et horrifiés par les atrocités dont les yézidis sont victimes, comme beaucoup d’autres également, aux mains de Daech dans le contexte de la guerre civile qui a cours en Syrie.
C’est évidemment pour cela que nous nous sommes engagés sans tarder au début de notre mandat à accueillir 25 000 réfugiés sur une période de quatre mois, un engagement que nous avons honoré, et j’en suis fier.
Nous voulons travailler avec les conservateurs, mais je rappellerais qu’en termes de réfugiés réinstallés, nous en faisons venir trois à quatre fois plus en 2016 que c’était le cas en 2015. Je suis fier que les Canadiens de tous les horizons aient répondu si fort à l’appel pour l’intégration des réfugiés syriens, et je suis également reconnaissant envers tous les partis de l’opposition, qui ont manifesté leur appui envers cette initiative depuis le début.
[Français]
Il est vrai aussi, à l'échelle internationale, que les autres pays du monde ont exprimé un grand appui ou une grande admiration pour ce que nous avons fait, à tel point que nous avons lancé une initiative aux Nations unies afin, essentiellement, d'exporter notre modèle concernant les réfugiés parrainés par le secteur privé. Treize pays ont déjà exprimé un intérêt, y compris le Royaume-Uni et les États-Unis. Par conséquent, les Canadiens peuvent être fiers de nos efforts par rapport aux réfugiés.
[Traduction]
Toutefois, nous parlons plus particulièrement des yézidis aujourd’hui, alors je voudrais annoncer, comme le secrétaire parlementaire l’a déjà dit, qu’un groupe de responsables de mon ministère vient de revenir de l’Irak. Nous ne pouvions pas en parler avant qu’ils ne reviennent, parce que les conditions sur le terrain sont très dangereuses là-bas, et que c’est justement l’une des difficultés qui nous empêchent d’agir rapidement dans cette partie du monde. Non seulement est-ce dangereux, mais la guerre fait rage en ce moment à Mossoul, pas très loin de l’endroit où nos responsables se trouvaient il y a très peu de temps.
C’est l’une des raisons pour lesquelles il n’est pas facile de régler rapidement cette question. Je n’ai pas encore reçu un compte rendu complet de mes responsables. Ils viennent de revenir, mais je sais qu’ils avaient une mission à deux volets. Ils devaient d’une part interviewer les réfugiés syriens en Irak et d’autre part s’entretenir avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et l’Organisation internationale pour les migrations, ou le HCR et l’OIM, au sujet d’options pour aider les yézidis et la possibilité d’en faire venir plus au Canada.
Je pourrais dire que l’OIM et le HCR sont absolument essentiels à nos efforts dans cette région. Quand nous avons amené tous les réfugiés de la Syrie, c’est le HCR qui nous a fourni les noms des personnes vulnérables, et l’OIM nous a été d’une aide indispensable en matière de logistique.
En ce qui concerne l’enjeu des yézidis, c’est le Canada en collaboration avec ces parties internationales qui essaiera de faire venir au Canada un grand nombre de personnes victimes de Daech, y compris les yézidis, qui ont été victimes d’agressions déraisonnables sous la forme de génocide.
Je peux déclarer à la Chambre que mon ministère déploie tous les efforts avec grande assiduité pour trouver une solution à cet enjeu le plus rapidement possible.
En conclusion, je dirai que, en général, le Canada a assumé ses responsabilités en ce qui concerne la crise mondiale des réfugiés. Je crois que nous pouvons être fiers de nos efforts. Quant au nombre de réfugiés que nous avons accueillis, il est peut-être trois fois plus élevé qu'en 2015, mais ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan par rapport aux millions de réfugiés partout dans le monde, et la crise s'envenime. C'est une crise qui déchire diverses régions dans le monde, y compris l'Union européenne. C'est aussi devenu un enjeu aux États-Unis. Je crois que nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait, mais il s'agit manifestement d'une crise planétaire.
Je crois que la solution à tout cela a trois volets.
Premièrement, il faut une intervention militaire afin de mettre fin à la guerre en Syrie et défaire le groupe État islamique, ou Daech. Les députés savent que le Canada joue un rôle important dans cette intervention. L'opération visant à libérer Mossoul a lieu en ce moment même. C'est une partie importante de la solution globale.
Deuxièmement, il y a l'aide humanitaire. Ma collègue la a annoncé une aide de plusieurs centaines de millions de dollars dans la région.
Je me suis rendu dans des pays qui sont en première ligne, comme la Jordanie et le Liban. Je sais qu'ils en ont beaucoup sur les épaules, car entre le quart et le tiers de leur population est constituée de réfugiés. C'est comme si le Canada comptait entre neuf et dix millions de réfugiés. Le fardeau qu'ils doivent supporter est énorme, et l'aide humanitaire à ces pays constituerait donc le deuxième volet.
Le dernier volet, mais non le moindre, consiste à accueillir des réfugiés, et nous avons fait notre part. Il serait toutefois souhaitable d'élargir le nombre de pays qui accueillent des réfugiés au-delà des participants habituels, soit l'Australie, le Canada et les États-Unis. Il serait peut-être possible d'inciter d'autres pays à en faire plus en matière d'accueil de réfugiés.
[Français]
Cette question n'est pas simple. Elle est très compliquée, mais je pense que la solution comporte trois éléments essentiels: premièrement, il y a la situation militaire; deuxièmement, il y a l'aide financière à divers pays; et troisièmement, il y a l'accueil des réfugiés, non seulement ici au Canada, mais aussi dans d'autres pays du monde.
[Traduction]
Enfin, j'espère que les discussions entre les partis seront fructueuses et que nous pourrons voter à l'unanimité pour cette motion. Toutefois, que ce soit le cas ou non, je suis certain que, abstraction faite de certaines nuances qui peuvent légèrement nous distinguer, nous voulons tous faire un très grand effort pour aider les yézidis à un moment où ils en ont grandement besoin.
:
Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer la motion présentée par la députée de , qui défend sans relâche les droits des femmes et des filles, et plus particulièrement ceux des filles yézidies en Syrie et en Irak.
Je tiens aussi à souligner que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
La motion dont la Chambre est saisie aujourd'hui porte sur les exactions odieuses et constantes qui visent les femmes et les filles yézidies, et elle indique que ces actes représentent un génocide. J'aimerais prendre quelques instants pour parler du peuple yézidi, qui est visé par ces violations des droits de la personne.
La Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide indique que le génocide s'entend de tout acte « commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ».
Les yézidis forment un groupe ethnoreligieux. Ils s'identifient à une culture religieuse et à un patrimoine ancestral communs. Du point de vue ethnique, les yézidis sont des Kurdes et ils pratiquent le yézidisme, une religion qui combine divers aspects du zoroastrisme, de l'islam, du christianisme et du judaïsme. On croit que ce groupe s'est formé au XIIe siècle. Aujourd'hui, la majorité des membres de ce groupe ethnoreligieux se retrouvent dans la région de Ninive, en Irak, mais on retrouve aussi de plus petites communautés partout en Syrie, en Turquie, en Arménie, en Géorgie et en Russie.
Il ne fait aucun doute que le peuple yézidi fait partie des groupes ethniques ou religieux dont il est fait mention dans la Convention de l'ONU pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Je crois que nous devons aussi nous demander pourquoi les yézidis, comme les chrétiens et les musulmans chiites, sont pris pour cibles par le groupe État islamique. Chacun de ces groupes religieux a été victime d'injustices terribles aux mains du groupe État islamique, mais les yézidis sont persécutés de manière particulièrement féroce depuis que le groupe État islamique les a taxés de suppôts de Satan. La propagande du groupe État islamique insiste tout particulièrement sur le fait qu'ils seraient moins que des humains.
Voici ce qu'une des victimes du groupe État islamique a dit au sujet de son ravisseur: « Il nous a dit que Taus Malik — qui est l'un des sept anges vénérés par les yézidis — n'est pas Dieu. Il nous a dit: “Taus Malik est le diable et parce que vous vénérez le diable, vous nous appartenez. Nous pouvons vous vendre et faire tout ce que nous voulons de vous.” » En fait, les règles officielles du groupe État islamique encouragent les hommes à agresser sexuellement les femmes et les jeunes filles yézidies et à en faire leurs esclaves parce que ce sont des infidèles, donc moins que des humains.
Les mauvais traitements subis par les yézidies qui se font capturer sont d'une brutalité et d'une horreur difficile à imaginer ou à décrire. Qu'on me permette de répéter ici les mots de Noor, 22 ans, qui a été réduite en esclavage avec d'autres yézidies durant plusieurs mois par le groupe État islamique:
Imaginez un instant que vous vous réveillez un matin et que tous les hommes de votre famille sont emmenés sous vos yeux. Quelques heures plus tard, vous entendez le bruit de mitrailleuses et des hurlements.
Imaginez ensuite la terreur que vous ressentez lorsque vous, votre grand-mère, votre mère, vos soeurs et vos tantes êtes entassées dans des autobus, puis emmenées par les mêmes personnes qui ont emmené les hommes.
Imaginez que vous et votre petite soeur êtes vendues quelques jours plus tard dans un marché d'esclaves à un homme qui est assez vieux pour être votre grand-père et qui est gros, laid et sent mauvais.
Imaginez enfin que vous êtes violée chaque jour par cet homme, jusqu'à ce qu'il se lasse de vous, puis qu'il vous cède à ses six gardes, qui vous utilisent ensuite à leur guise et vous violent l'un à la suite de l'autre après avoir visionné des DVD pornographiques.
Cela ressemble au pire cauchemar qu'une fille pourrait avoir, mais, pour cette fille en particulier, c'était la réalité. C'est ce qu'elle a vécu pendant quelques mois, et c'est aussi ce qu'ont vécu d'innombrables femmes et filles yézidies. Nombre d'entre elles sont toujours en captivité.
En juin dernier, la Chambre a eu l'occasion de dénoncer les actes commis par le groupe État islamique au moyen d'une motion portant que la Chambre condamne sans réserve ces atrocités et déclare que ces crimes constituent un génocide.
En tant que nouveau député, j'avais bon espoir que la motion serait appuyée par tous les partis. Elle aurait démontré clairement au monde entier l'engagement du Canada contre le groupe État islamique et le génocide. Ce qui est encore plus important, c'est qu'un appui unanime à l'égard de la motion aurait envoyé un message d'espoir aux yézidis victimes du groupe État islamique, à savoir que le Canada reconnaît la gravité des injustices commises à leur égard. Cependant, quelle ne fut pas ma honte lorsque le gouvernement libéral, alors que nous avions l'occasion de nous montrer unis contre le mal, a refusé de reconnaître comme un génocide les actes commis par le groupe État islamique.
Précisons que la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide définit le génocide comme la perpétration d'actes interdits dans l'intention de détruire un groupe. Ces actes comprennent le meurtre de membres du groupe; l'atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; les mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe et le transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.
D'après le rapport des Nations unies sur les crimes commis contre les yézidis, le groupe État islamique a commis chacun des actes interdits par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Malgré les preuves irréfutables de l'existence d'un génocide, en juin dernier, les libéraux ont voté contre une motion visant à qualifier de génocide les actions du groupe État islamique. Pour leur part, les conservateurs n'hésitent pas à nommer ces crimes pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire un génocide.
La motion à l'étude donne au gouvernement l'occasion de remédier à son immobilisme et de faire ce qui s'impose. Les conservateurs réclament que le gouvernement élabore un plan adéquat assorti des mesures requises afin de répondre à la crise humanitaire dont il est question.
Ayant été technicien de l'automobile, je suis bien placé pour savoir que si nous ne pouvons pas prendre la mesure d'une situation, nous ne pourrons pas la gérer et l'améliorer. Le gouvernement libéral n'a aucun plan pour aider les femmes et les jeunes filles yézidies, même si les conservateurs ont proposé de nombreuses recommandations visant à mettre l'accent sur trois secteurs clés, soit l'aide humanitaire, l'intervention militaire et la réinstallation. Par exemple, nous avons demandé au gouvernement de donner suite à la recommandation formulée par les Nations unies le 16 juin d'accélérer le traitement des demandes d'asile des yézidis, qui sont victimes d'un génocide, ainsi que d'examiner le processus de sélection employé par les Nations unies afin de déterminer les réfugiés qui seront parrainés par le gouvernement et d'encourager des changements, au besoin.
Bien que de nombreux hommes, femmes et enfants yézidis aient échappé au groupe État islamique et vivent maintenant dans des camps de réfugiés, ils continuent d'être victimes de violence et de persécution de la part d'autres réfugiés, à cause de leur origine ethnique et de leur religion. Le gouvernement conservateur précédent a tenté d'accorder la priorité à la réinstallation au Canada des minorités religieuses, ethniques et sexuelles persécutées.
Le groupe État islamique continue de commettre un génocide à l'égard des yézidis. Des milliers de femmes et de jeunes filles yézidies continuent d'être violées, torturées, vendues et réduites en esclavage par ce groupe. En refusant d'intervenir, le gouvernement a laissé tomber ces victimes yézidies. Nous devons agir immédiatement, et j'exhorte tous les députés à appuyer la motion. C'est la première étape. Nous pouvons partir de là pour aller de l'avant.
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Monsieur le Président, je suis heureux de me joindre au débat d’aujourd’hui, à la fois comme porte-parole des affaires étrangères pour le Parti conservateur et comme président des parlementaires amis des Kurdes. C’est un groupe que j’ai formé sur la Colline du Parlement dès que je suis arrivé ici. C’était une promesse que j’avais faite pendant la campagne électorale à des gens de l’extérieur de ma circonscription que j’avais rencontrés. Ces gens m’avaient raconté ce qu’ils avaient vécu et ce que vivaient leurs voisins, leurs amis et des membres de leurs familles dans le Nord de l’Irak, dans le sud du Kurdistan.
J’ai également présenté la motion M-72 à la Chambre, demandant de reconnaître le génocide des Kurdes perpétré dans les années 1980. Le génocide est tout simplement une façon de vivre là-bas. De nombreux groupes s’en sont pris à d’autres. C’est une région du monde où les gouvernements exercent très peu de contrôle et où les frontières sont très floues.
La semaine prochaine, je recevrai le pasteur Ray Baythoon, de l’Alliance chrétienne et missionnaire de la région. Le pasteur est également le directeur général des affaires chrétiennes du gouvernement régional kurde. La situation des Kurdes me tient vraiment à cœur. Je me garde informé de l’évolution de leur situation et j’en informe à mon tour les autres députés membres des parlementaires amis des Kurdes.
Nous savons que le Canada a accueilli jusqu’à maintenant 25 000 réfugiés syriens. Neuf de ces réfugiés pourraient, semble-t-il, être identifiés comme des yézidis. Si la question est très importante pour le gouvernement, selon ce que certains ministériels des premiers rangs et d'arrière-ban nous en ont dit, on s’attendrait à ce que le Canada en accueille plus que 9 sur 25 000.
Comme le député de l’a dit, le groupe contre lequel un génocide a été et continue d’être perpétré est identifiable. On s’attendrait à ce que ces gens soient traités en priorité parmi ceux qu'on fait entrer au Canada. C’est l’objet de la motion. Nous voulons que la priorité leur soit accordée.
Selon les médias, 25 000 yézidis vivent dans des camps de réfugiés de l’ONU en Turquie, un pays allié de l’OTAN. Avons-nous fait des démarches auprès de la Turquie? Avons-nous seulement demandé à prendre ces yézidis pour aider un pays allié membre de l’OTAN et réduire ainsi son fardeau? La Turquie accueille sur son territoire de nombreuses personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières ou encore provenant de la Syrie et de l’Irak. Ces gens ont traversé la frontière turque pour demander asile et le gouvernement turc leur vient en aide.
Je veux parler d’un point de vue différent de celui que les autres députés ont pris jusqu’à maintenant. Je veux parler du bon travail accompli par un organisme canado-américain, Samaritan's Purse. Les gens de cet organisme effectuent un travail extraordinaire pour venir en aide aux yézidis directement dans la région. Je sais qu’ils ont trois camps de réfugiés à l’est de la ville de Mossoul et qu’ils viennent en aide aux gens qui fuient les combats menés actuellement pour reprendre la ville; nos courageux alliés, les Kurdes du gouvernement régional kurde, joueront un rôle de premier plan dans la libération de la ville. L’organisme a également des camps un peu partout dans le Nord-Ouest de l’Irak où ils aident directement des groupes yézidis. Beaucoup de ces Canadiens ont des informations de premier plan sur l'aide apportée aux yézidis.
Samaritan's Purse s'occupe d'un centre communautaire dans le Nord de l'Irak. Ce centre offre des services à des familles traumatisées par le groupe État islamique, aussi connu sous le nom de Daech. Depuis octobre 2015, il met en oeuvre divers programmes d'enseignement, dont un en menuiserie. Ces programmes permettent à des yézidis d'acquérir des compétences monnayables et leur donnent l'occasion de se bâtir une vie meilleure. Les prochains programmes qui seront offerts dans ce centre porteront sur la photographie, les arts, la cuisine et l'alimentation ainsi que l'alphabétisation. Comme le l'a dit, le centre permet à ses usagers d'obtenir les moyens nécessaires pour connaître du succès. Samaritan's Purse offre aussi des cours de couture pour que, ensemble, des femmes puissent apprendre à confectionner des vêtements. Elles peuvent ainsi gagner de l'argent. À la fin du programme, les participantes reçoivent en cadeau une machine à coudre, ce qui leur donne l'occasion de devenir des entrepreneures et de refaire leur vie dans la région, si c'est ce qu'elles désirent.
D'autres programmes répondent aux besoins psychologiques de bon nombre de ces personnes qui ont été déplacées à l'intérieur de leur pays. Elles souffrent de traumatismes graves causés par des combattants de Daech, ainsi que de problèmes de santé qui existaient déjà, mais qui ont été aggravés par le conflit et leur déplacement.
Par ailleurs, Samaritan's Purse a ouvert une nouvelle clinique médicale en 2016. Il s'y trouve des médecins, des obstétriciens, des gynécologues, un dentiste et une pharmacie. La clinique comprend même un espace pour les enfants. Ces derniers sont traumatisés par la guerre, certains membres de leur famille ayant été assassinés par des combattants de Daech. Les enfants peuvent ainsi jouer ensemble et être en sécurité, entourés de personnes en qui ils ont confiance.
Nous connaissons les effets bénéfiques de ce programme. On me dit que, en 2016 seulement, 13 800 yézidis ont reçu des services. Doté d'un budget de 2,5 millions de dollars américains, ce projet vient en aide à des gens directement sur le terrain.
Les Canadiens sont sur le terrain dans ces pays et font énormément pour aider les yézidis et d'autres déplacés à survivre. Ils font plus que ce que le gouvernement n'a fait jusqu'ici, si on tient compte du fait qu'il n'a priorisé que 9 cas de yézidis sur un total de 25 000 réfugiés.
J'ai eu l'occasion de visiter le siège social de Samaritan's Purse à Calgary, qui se trouve dans le nord de ma circonscription. Cette formidable organisation compte des centaines d'employés qui fournissent de l'aide et participent aux secours en cas de catastrophe partout dans le monde. Samaritan's Purse dispose d'une équipe en disponibilité permanente qui peut être déployée n'importe où dans le monde à 24 heures d'avis. Elle possède ses propres avions et son propre équipement. Elle fournit de l'aide directe à ceux qui en ont besoin n'importe où sur la planète. Elle fait un travail incroyable pour défendre les plus vulnérables en Irak, particulièrement dans le Sud du Kurdistan.
Dans le passé, j'ai eu l'occasion de rencontrer des missionnaires et des travailleurs humanitaires qui étaient rentrés au Canada après un séjour sur le terrain dans le Nord de l'Irak. Ces gens m'ont raconté des histoires incroyables au sujet des survivants, qui n'auraient jamais pu imaginer que les horreurs qui se sont produites au mont Sinjar puissent continuer au vu et au su du monde entier.
Pour reprendre certains termes utilisés dans les journaux, je souligne que l'Occident a été accusé de négligence et d'avoir gardé le silence devant les exactions que l'EIIS a continué de commettre contre les yézidis, notamment le viol, la torture, la réduction à l'esclavage et des tueries.
Depuis bien plus d'un siècle, le Canada sert de refuge à de nombreux groupes ethniques de tous les coins de la planète. Qu'on pense aux Ukrainiens et aux Polonais, aux réfugiés de la mer sud-vietnamiens, aux 7 000 réfugiés du Kosovo transportés par avion en 1999, à la réinstallation, dans les années 1980, de 2 800 réfugiés baha'is de l'Iran et aux 37 500 Hongrois qui, en 1956 et 1957, ont fui la persécution sous un régime communiste contrôlé par l'Union soviétique.
C'est l'ex-premier ministre Joe Clark qui a accueilli les 60 000 réfugiés de la mer vietnamiens — et c'est tout à son honneur. Ces personnes ont apporté depuis une contribution précieuse au Canada. Je vais souligner l'apport de l'un de ces Vietnamiens du Sud, qui est d'abord arrivé aux États-Unis lors de la dernière opération aérienne de l'évacuation de Saigon.
Cet homme est Wayne Cao, ex-député provincial de Calgary-Fort. En tant que réfugié, il est arrivé en Californie à bord d'un hélicoptère américain, puis s'est établi en 1976 à Calgary, où il a représenté la population de Calgary-Fort dans le Nord de ma circonscription. En 2008, il est devenu vice-président, gagnant la confiance de ses collègues. S'il nous regarde en ce moment, je le remercie de son dévouement au service de l'Alberta et du Canada. En passant, j'ai pris son bureau de circonscription à la dernière campagne électorale. C'est un beau bureau, qui sert vraiment bien les résidants du Nord de la circonscription. Wayne a énormément apporté au Canada.
Sachant les bonnes perspectives offertes par le Canada aux Vietnamiens du Sud, je sais que les yézidis pourraient, eux aussi, apporter leur contribution au Canada si nous leur ouvrons prioritairement nos portes. Ils en ont besoin. Ils ont besoin de cette aide tout comme en avaient besoin les Vietnamiens du Sud, les baha'is iraniens et les Polonais qui, entre 1981 et 1986, fuyaient le régime tyrannique dont les travailleurs des chantiers navals souffraient particulièrement. Mon père est arrivé au Canada pendant ces années et s'y est vu accorder l'asile. Il est resté au Canada et a pu nous parrainer pour que nous le rejoignions ici.
Avant de terminer, je voudrais proposer:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant les mots « esclaves sexuelles », de ce qui suit:
« c) appuie les recommandations formulées dans le rapport du 15 juin 2016 publié par la Commission d’enquête des Nations Unies sur la Syrie intitulé “They came to destroy: ISIS Crimes Against the Yazidis”; d) exhorte le gouvernement à (i) donner immédiatement suite à l’ensemble des recommandations énoncées aux paragraphes 210, 212 et 213 dudit rapport, (ii) offre l’asile aux femmes et filles yézidies dans les 120 jours. »
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Dans mon bureau se trouvent deux grandes photos que je vois tous les jours. L'une d'elles est de l'ancien premier ministre Lester B. Pearson, un ancien habitant de ma circonscription et récipiendaire du prix Nobel de la paix. L'autre est du général Roméo Dallaire, un héros canadien et l'un de nos plus éminents porte-parole en matière de droits de la personne. Ces deux personnalités canadiennes incarnent le leadership dont le Canada devrait toujours faire preuve aux yeux du monde dans les domaines des droits de la personne, de la sécurité humaine, de la primauté du droit et du multilatéralisme. C'est animé de cet esprit que j'interviens au sujet de la motion de l'opposition.
Au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, nous avons entrepris cet été une étude spéciale sur le sort des réfugiés yézidis et d'autres populations vulnérables. Je suis tout à fait conscient de l'urgence et de l'horreur de la crise en cours. Chacun d'entre nous est profondément touché par la situation, de même que tous les Canadiens, y compris les habitants de ma circonscription. Nous sommes conscients de la lutte horrible que doit mener le peuple yézidi et de la nécessité de mesures efficaces de la part de la communauté internationale. Nous sommes également conscients du rôle que le Canada, fidèle à ses traditions, doit jouer pour contribuer à la sécurité du monde et des êtres humains. Néanmoins, nous savons que le Canada doit toujours collaborer étroitement avec ses alliés et les institutions internationales s'il veut contribuer véritablement à la promotion de la sécurité et des droits de la personne.
Dans les 12 mois qui se sont écoulés depuis que les Canadiens ont décidé que notre politique étrangère devait prendre un autre ton et une nouvelle direction, le gouvernement a beaucoup fait pour restaurer la réputation du Canada à l'international. Il a réaffirmé l'engagement de notre pays envers le multilatéralisme et la primauté du droit international. Le Canada a servi d'exemple au reste du monde en ce qui concerne l'accueil des réfugiés syriens et il a nettement augmenté sa contribution à la coalition pour vaincre Daech. Notre réaction au génocide des yézidis s'inscrit dans la même veine, c'est-à-dire qu'elle est en constante évolution et qu'elle témoigne d'un engagement semblable à fournir des solutions responsables, actives, solides et multidimensionnelles.
Je tiens à être clair. Le gouvernement est résolument solidaire des yézidis. Comme mon collègue d'en face, j'ai eu l'occasion d'entendre les témoignages horrifiants de certains réfugiés yézidis au cours de l'été et je sais qu'il est urgent d'agir. Dans cet ordre d'idées, même si je respecte entièrement la motion dont la Chambre est saisie aujourd'hui, je pense qu'elle brûle les étapes.
En effet, pour élaborer un plan responsable, il est essentiel de s'entretenir avec les partenaires appropriés et d'évaluer la situation dans les régions où se trouvent des yézidis ainsi que d'autres victimes de Daech. Or, il ne sera pas possible de le faire dans le délai indiqué dans la motion. Celle-ci exige que les dossiers des yézidis en particulier soient traités rapidement. Même s'il s'agit d'un objectif louable, il est irréaliste sur le plan opérationnel et dangereux étant donné la complexité des conditions de sécurité sur le terrain.
Comme le député d'en face le sait, de nombreux yézidis extrêmement vulnérables vivent dans des régions très dangereuses et inaccessibles. Par conséquent, pour pouvoir aider pleinement ces populations vulnérables, il faut une mesure législative minutieusement réfléchie et non une motion incomplète et élaborée à la hâte, comme celle dont nous sommes saisis aujourd'hui. Il est essentiel de permettre au ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté de terminer son analyse de la situation en étroite collaboration avec nos alliés et nos partenaires afin d'établir un plan d'action réellement efficace pour la suite des choses.
En outre, la motion ne fait nullement mention d'autres populations vulnérables ciblées par Daech, notamment les chrétiens, les musulmans chiites, les mandéens, les druzes, les kakaïs, les shabaks ainsi que de nombreuses autres minorités en Irak. Je le répète, il faut une analyse plus exhaustive de la situation fondée sur des connaissances sur le terrain et des pratiques exemplaires.
Le gouvernement est loin d'être inactif ou passif en ce qui concerne la crise des yézidis. Il a pris des mesures concrètes pour intervenir dans ce dossier de première importance. La situation des yézidis est multidimensionnelle et nécessite une approche pangouvernementale, avec la participation d'Affaires mondiales Canada, du ministère de la Défense nationale, de Développement Canada et du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.
En fait, le Canada s'est montré très actif tant sur la scène tant nationale qu'internationale pour ce qui est de réagir à la situation dont nous débattons aujourd'hui.
Sur la scène internationale, par exemple, le gouvernement du Canada a pris diverses mesures concrètes pour venir en aide aux yézidis. En voici quelques exemples. En juin, le a déclaré dans cette enceinte même que Daech était coupable de génocide à l'endroit des yézidis. De plus, le ministre a défendu de façon continue et avec vigueur la cause des yézidis devant les Nations unies, y compris dans une lettre officielle envoyée au Conseil de sécurité où il préconisait une intervention accrue en réaction à la crise des yézidis. Le gouvernement s'est également engagé à accroître le financement versé au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés afin de consigner les violations des droits de la personne, de recueillir des éléments de preuve et de mener des enquêtes sur les crimes internationaux graves.
Nous avons également contribué à la coalition mondiale contre Daech en augmentant le nombre de missions militaires de conseils et d'assistance et en augmentant l'aide humanitaire destinée aux populations vulnérables de la Syrie et du Nord de l'Irak, dont les yézidis. Le gouvernement a également triplé la formation militaire, doublé les efforts liés au renseignement et accru considérablement son aide étrangère, toujours dans le but de protéger les personnes les plus susceptibles de devenir les victimes de Daech.
Par l'entremise du Programme pour la stabilisation et les opérations de paix, le Canada verse en outre 3,3 millions de dollars à la Commission internationale pour la justice et la responsabilité afin qu'elle fasse enquête sur les violations du droit humanitaire et criminel international qui ont eu lieu en Syrie et en Irak, y compris sur ce qui est arrivé aux milliers de femmes et d'enfants yézidis ayant été réduits en esclavage par Daech, qui ont été victimes de crimes sexuels et fondés sur le sexe, qui ont été mariés de force et qui ont été contraints de se convertir. Enfin, l'aide au développement du Canada en Syrie et dans le Nord de l'Irak permet déjà de fournir des abris, de la nourriture, de l'eau et des soins médicaux aux familles qui fuient Mossoul ainsi que des services spécialisés aux femmes et aux jeunes filles — y compris les yézidies — qui sont tombées dans les griffes de Daech.
Par ailleurs, le gouvernement a pris des mesures importantes pour veiller à ce que nos politiques d'immigration et de réinstallation répondent adéquatement à la crise. Par exemple, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC, continue de suivre la situation des personnes vulnérables. En réponse au génocide des yézidis, IRCC a envoyé ce mois-ci une équipe d'observateurs dans le Nord de l'Irak, dans le cadre d'une mission d'information. Nous en avons entendu parler et, comme nous le savons tous, les membres de la mission sont revenus au Canada hier. IRCC examine aussi le rapport mentionné plus tôt, qui a été publié le 5 octobre par le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration et fait suite à son étude des meilleures mesures d'immigration que le Canada peut adopter pour aider les groupes vulnérables. Finalement, les fonctionnaires d'IRCC se livrent à des discussions avec des partenaires clés sur le terrain, comme le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, l’Organisation internationale pour les migrations et les autorités locales, en vue de déterminer la meilleure façon d'aider les victimes des atrocités perpétrées par Daech.
Je crois que tous les députés peuvent convenir que les atrocités commises par Daech contre les yézidis et d'autres populations vulnérables sont inadmissibles et nécessitent une intervention rapide et décisive de la communauté internationale. Dans une situation comme celle-ci, il est crucial que le Canada fasse preuve de leadership et passe à l'action. Je crois que la réaction du gouvernement à cette crise a été conforme à la tradition canadienne de leadership et, à mesure que la situation évolue, je m'attends à ce que le gouvernement continue à faire preuve d'un engagement solide à cet égard, du moins c'est ce que j'espère.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer à ce débat, qui est similaire à celui que nous avons eu en juin, lorsque nous avons discuté de ce fléau qu’est le groupe État islamique. Tous avaient alors condamné les atrocités commises par le groupe État islamique, qu'on appelle aussi Daech.
À ce moment-là, j’ai indiqué que le gouvernement et les citoyens canadiens étaient tous solidaires des victimes de Daech. Je parlais alors de toutes les victimes, les yézidis, les syriaques, les chaldéens, les chrétiens, les sunnites, les chiites et divers autres qui viennent de cette partie du monde.
Le Canada est vraiment solidaire. Nous nous efforçons de les libérer de ce fléau.
J’ai également souligné le fait que le et le sont tous deux déterminés à éradiquer cette menace. Notre gouvernement a pris des mesures substantielles et concrètes pour affaiblir Daech et aider les forces de sécurité irakienne à enrayer ce fléau infâme elles-mêmes.
Je ne surprendrai personne en donnant un éclairage un peu militaire à ce débat.
Toutefois, tous les députés croient que le carnage et les massacres perpétrés par Daech contre ces groupes et collectivités minoritaires sont le fruit d’intentions incontestablement malveillantes. Il n’y a pas de mot assez fort pour décrire notre opposition aux gestes posés par Daech.
Il y a moins d’un an, la campagne de la coalition internationale de lutte contre Daech visait à affaiblir cette organisation. Il est maintenant question de la démanteler et de l’anéantir. Ce changement de ton démontre que les efforts déployés par le Canada en collaboration avec ses alliés contribuent à la stabilisation du Moyen-Orient et produit des résultats.
Comme mes collègues le savent, le s’est rendu dans la région et a rencontré ses homologues. Il est revenu convaincu que seuls une présence accrue sur le terrain et un engagement plus affirmé avec nos partenaires locaux et internationaux permettraient de résoudre cette crise et de rétablir la stabilité au Moyen-Orient. C’est exactement ce qu’a fait le Canada.
En février dernier, tous les députés ont débattu de la réponse que devait donner le Canada à la crise en Irak et en Syrie. En effet, plus de 98 députés ont pris la parole lors d’un débat qui a duré cinq jours. Je considère cet exercice comme une démonstration éloquente de mobilisation parlementaire et de démocratie. Nous avons tenu ce débat à la suite d’un examen approfondi et détaillé des solutions à notre portée.
Le 8 mars, nous avons adopté une motion. D’un commun accord, nous avons déterminé sans équivoque qu’il fallait arrêter et détruire Daech.
Sur le terrain, la situation a évolué. Il est maintenant évident que nos efforts pour contrer la menace que représente Daech seront couronnés de succès seulement par un bon dosage de sécurité, de diplomatie, d’aide humanitaire et d’aide au développement.
Nos forces aériennes sont demeurées actives; elles ont effectué plus de 2 507 sorties depuis le début de l’opération en 2014. Parmi ces sorties, 583 ont été effectuées par nos avions de ravitaillement Polaris et 600 autres ont été effectuées par nos appareils Aurora.
Les Canadiens ont également constaté que notre gouvernement a recentré la mission à la suite du débat parlementaire, en mettant plus d’accent sur la formation, la fourniture de conseils et l’assistance aux forces irakiennes dans leurs efforts pour affaiblir et détruire Daech. Par la suite, nous avons multiplié par trois nos efforts de formation, d’aide et de conseil et doublé nos missions de collecte de renseignements de sécurité. De plus, nous avons fourni à la coalition plus d’agents de renseignements de sécurité et de personnel au quartier général.
L’objectif consistait à permettre aux forces irakiennes de mener leurs propres offensives de reconquête de leur territoire.
Les députés se souviendront qu’il y a tout juste deux ans, lorsque Daech a entrepris d’envahir le territoire de l’Irak, des combattants irakiens ont défilé en sous-vêtements alors qu’ils étaient menés à leur exécution. Non seulement ceci était contraire à toutes les lois de la guerre, mais en plus, ces spectacles insoutenables ont été diffusés dans le monde entier. Ces soldats étaient loin de manquer de bravoure, ils avaient tout simplement été mal entraînés. Le Canada, en collaboration avec ses partenaires, est parvenu à redresser la situation et aujourd’hui, les forces irakiennes partent à l’assaut de Mossoul beaucoup mieux entraînées.
Depuis un mois, Daech a perdu plus ou moins la moitié du territoire qu’il a déjà occupé en Irak. Alors qu’il a déjà contrôlé 40 % du pays, il n’en conserve que 10 % aujourd’hui. Ce 10 % s’étend en grande partie autour de Mossoul. Les membres de cette assemblée ont déjà pris connaissance des journaux de ce matin et de l’assaut contre Mossoul. Cet assaut est mené par des forces militaires disciplinées et bien organisées. Avec l’aide de nos partenaires, nous avons amélioré la qualité des forces irakiennes de sécurité...
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Monsieur le Président, je partagerai le temps qui m’est alloué avec ma collègue de Sarnia—Lambton. C’est un honneur pour moi de discuter de la motion proposée par la députée de Calgary Nose Hill et amendée par mon collègue de Calgary Shepard.
Il est malheureux que nous ayons à tenir ce débat aujourd’hui, connaissant le nombre de Canadiens qui sont au courant de toutes les atrocités qui ont été commises contre les yézidis. Si nous revenons sur ce qui s’est passé il y a deux ans à Sinjar et dans le reste de l’Irak, nous constatons que le groupe État islamique a ciblé les yézidis et perpétré l’un des génocides les plus brutaux de l’histoire récente.
Nous avons été témoins de l’exécution d’hommes à la pointe du fusil. Nous avons été témoins de la crucifixion d’enfants par le groupe État islamique. Nous avons vu des foules de yézidis bloquées sur le mont Sinjar mourir de soif. Les plus vieux se sont effondrés et sont morts. Après avoir massacré les hommes et les garçons de plus de 10 ans, le groupe État islamique a reprogrammé les plus jeunes garçons et les a soumis à une formation de terroristes. Il leur a lavé le cerveau pour les transformer en bombes humaines et en terroristes. Les femmes et les filles pour leur part ont été vendues comme esclaves sexuelles. Les filles et les femmes qui ont refusé de se convertir et de servir d’esclaves sexuelles ont été brûlées vives. Ces atrocités étaient tellement abjectes qu’elles ont été qualifiées de génocide par le monde entier.
J'aimerais rappeler à la Chambre que ce n'est qu'en juin que nous avons débattu à la Chambre une motion de l'opposition officielle demandant que les atrocités commises par le groupe État islamique envers les yézidis soient considérées comme un génocide. Le gouvernement, le Parti libéral, a voté contre. Quelques jours plus tard seulement, l'ONU déclarait que c'était un génocide et c'est seulement là que les libéraux ont décidé d'emboîter le pas aux Nations unies pendant que le reste du monde, la Chambre des communes britannique, le secrétaire d'État John Kerry aux États-Unis, avaient déjà déclaré haut et fort que c'était un génocide, comme l'a fait le précédent gouvernement conservateur.
Ce qui est triste dans tout cela, c'est que nous débattons aujourd'hui une motion pour faire entrer plus de réfugiés yézidis au Canada. Nous avons un gouvernement qui est très fier d'avoir fait entrer 25 000 réfugiés de la Syrie et de l'Irak. Ce qui est triste, c'est que, sur les milliers de réfugiés qui ont trouvé asile au Canada, seuls neuf sont yézidis.
Je trouve cela ignoble et je suis certain que le gouvernement en est gêné. Je dois vraiment soulever cette question: pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas laissé entrer plus de ces malheureuses femmes et filles qui sont dans les camps de réfugiés érigés dans la région et qui ont été repérés par l'organisme des Nations unies voué aux réfugiés? Est-ce de la discrimination contre les yézidis de la part du gouvernement? La question mérite d'être posée.
Ces gens ont été soumis à des traitements pires que ceux réservés au bétail par le groupe État islamique et ils ont été en majeure partie laissés à eux-mêmes par certains dans le Nord de l'Irak.
Ils méritent l’asile. Ils méritent d’être chez eux quelque part. Je sais pertinemment que des organismes au Canada sont prêts à les parrainer à titre privé. Je sais que la Jewish Foundation of Manitoba veut parrainer ces pauvres filles et femmes yézidies et les faire venir pour qu’elles bénéficient de la sûreté et de la sécurité que nous offrons au Canada.
Dans l’amendement, nous donnons au gouvernement 120 jours pour donner suite au rapport de la Commission d’enquête des Nations unies sur la Syrie intitulé « They Came to Destroy: ISIS Crimes Against the Yazidis » et pour mettre en oeuvre les mesures énoncées aux paragraphes 210, 212 et 213 du rapport.
Comme ma collègue de , qui est porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration, l’a déjà dit dans une lettre au , celui-ci pourrait accélérer les procédures des demandeurs d’asile de la communauté yézidie qui sont actuellement sur la liste d’attente pour venir ici en se fondant sur l’article 25 de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.
Comme on l’a déjà dit, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Australie et d’autres pays ont pu faire venir des centaines de ces filles et femmes qui ont pu échapper à l’esclavage sexuel, échapper au groupe armé État islamique, car les djihadistes et les militants les retiennent pour faire d’elles des épouses de réconfort. On n’a plus vu cela depuis la Seconde Guerre mondiale, où c’était une pratique des Japonais.
Je suis heureux que nous ayons au moins l’occasion d’aborder ce problème à la Chambre aujourd’hui. Je ne pense pas que la plupart des Canadiens se rendent compte que le gouvernement n’a pas inclus les yézidis dans ses efforts pour faire venir tous les réfugiés qui ont été déplacés et pris pour cible par le groupe armé État islamique. Je sais que, quand nous étions au gouvernement, notre intention était de porter assistance aux minorités ethniques et religieuses qui étaient les principales cibles des atrocités commises par le groupe armé État islamique lui-même.
En fin de compte, si nous allons protéger les gens, si le gouvernement croit en sa responsabilité de protection, d’une part, nous devons avoir cette force militaire sur place et, d’autre part, nous devons fournir l’aide humanitaire et l’assistance dont nous allons avoir besoin maintenant avec la bataille pour Mossoul, qui menace 1,5 million de civils dans la ville et qui voit 30 000 militaires de la coalition donner l’assaut pour chasser et détruire le groupe armé État islamique et ses quelque 5 000 combattants dans la ville.
Nous devons soutenir les nations environnantes qui ont des camps de réfugiés et qui fournissent de l’aide humanitaire, des écoles, de l’eau, des services hospitaliers, des médicaments. Mais qu’en est-il de la responsabilité de protéger ceux qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes? Qu’en est-il de la responsabilité de faire venir ceux qui ont été la cible d’un génocide?
J’ai parlé plusieurs fois à la Chambre du génocide et de Raphaël Lemkin, un génie des mots, auteur de la Convention sur le génocide de l’ONU de 1948. Il a élaboré la Convention. Il a parlé de la façon dont différents États et différents organismes et groupes peuvent viser des minorités pour les faire disparaître. Pas plus tard qu’en juin, l’ONU a convenu que ce qui est arrivé aux yézidis, tout particulièrement, est un génocide.
S’il y a un moment où le gouvernement devrait faire montre de compassion et se servir des pouvoirs que lui confère la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés pour écarter au plus vite ces pauvres petites filles et ces pauvres femmes du danger et les accueillir dans notre pays où règnent la paix et la sécurité, c’est bien maintenant.
Nous demandons au gouvernement de donner suite d’ici 120 jours au rapport et aux recommandations de l’ONU et d’appuyer la motion dont nous débattons aujourd’hui.
:
Monsieur le Président, je me prononce aujourd’hui à la Chambre sur l’importante question du génocide contre les yézidis et les mesures que nous devons prendre dès maintenant pour intervenir.
Le Canada prétend défendre beaucoup de causes sur la scène mondiale. Nous affirmons être un lieu de refuge pour les personnes qui sont persécutées dans le monde. Nous affirmons être résolus à éliminer la violence contre les femmes et les enfants. Nous condamnons les agressions sexuelles et les viols et nous assurons que nous nous y opposerons. Par conséquent, je suis ici aujourd’hui pour implorer la Chambre au nom de ceux qui ne peuvent pas s’exprimer en leur propre nom, pour demander au gouvernement actuel de faire preuve de compassion et de prendre des mesures dès maintenant pour secourir les yézidis.
[Français]
Les yézidis sont une minorité religieuse originaire du Nord de l'Irak. Cette religion est une des plus anciennes du Moyen-Orient et se compose d'une religion, d'une langue et d'une culture.
Les yézidis ne détiennent pas le statut de personnes protégées dans leur pays et les membres de cette religion peuvent donc être assassinés, violés et asservis en toute impunité. Les yézidis n'ont aucun espoir dans les camps de réfugiés, parce que ces camps sont remplis de musulmans férocement contre la culture et la religion des yézidis, à un point tel que les yézidis ont peur d'être tués.
Ce sont les mêmes circonstances que celles auxquelles font face les nombreux chrétiens qui ne peuvent pas trouver refuge dans ces camps, parce qu'ils craignent d'être persécutés. Les yézidis dans les camps de réfugiés ne sont pas en sécurité, et ils sont souvent ségrégués pour des raisons de sécurité ou de persécution.
On peut constater que ce problème est encore amplifié par le fait que certains yézidis sont considérés comme des déplacés à l'intérieur de leur territoire, tandis que d'autres sont considérés comme des réfugiés. Cette différence de statut crée une différence significative sur le plan de l'aide offerte à ces individus. Cela peut affecter leur accès à la nourriture, à l'eau potable, au logement et à l'aide médicale.
[Traduction]
La région entourant Mossoul est peuplée de civils pris au piège et terrorisés, mais, pendant que les forces irakiennes et leurs alliés avancent dans leur combat pour libérer la ville, un groupe se trouve dans une situation particulièrement désespérée et périlleuse. En effet, beaucoup, voire des centaines, de femmes et de jeunes filles yézidies réduites en esclavage par le groupe armé État islamique il y a plus de deux ans seraient gardées en captivité à Mossoul, qui vient au deuxième rang des plus grandes villes d’Irak, pendant que l’offensive appuyée par les États-Unis progresse sérieusement. Les défenseurs des droits de cette collectivité craignent pour la vie de ces femmes et de ces enfants, tout en espérant que la ville échappe à l’emprise du groupe extrémiste.
Lorsque le groupe armé État islamique a pris possession de leur territoire ancestral en août 2015, des milliers de femmes et d’enfants yézidis ont été capturés tandis que les hommes et les garçons ont été tués ou enrôlés de force dans l’armée. Selon une évaluation de l’ONU effectuée plus tôt cette année, 3 200 femmes et enfants sont toujours retenus en captivité dans les dédales d’un vaste réseau d’esclavage réparti dans tout le soi-disant califat, en plein déclin, qui recouvre des parties de la Syrie et de l’Irak.
Des groupes de défense des droits de la personne estiment que la plupart des femmes et des jeunes filles yézidies en captivité ont été vendues comme esclaves ou données en cadeau à des combattants dans les régions de la Syrie aux mains du groupe État islamique. Toutefois, certaines sont soit demeurées tout le temps de leur captivité à Mossoul, soit été obligées de retourner dans cette ville après des séjours forcés dans des bastions du groupe État islamique, passant de l’un à l’autre, comme du bétail, lorsque leurs maris se faisaient tuer ou lorsqu’elles se faisaient vendre ou offrir en cadeau à des parents ou à d’autres combattants.
Celles qui se sont échappées ou qui ont pu être libérées moyennant une rançon ont décrit les conditions dans lesquelles elles ont vécu, qui étaient inexorablement semblables à celles qui ont cours dans les autres régions tombées aux mains du groupe État islamique. Elles ont subi tous les jours des traitements cruels, dignes du Moyen-Âge, en plus d’avoir été réduites à un esclavage sexuel et domestique éprouvant dans les maisons des combattants. Les femmes réduites en esclavage sont régulièrement violées et battues.
Un peu partout dans le monde, on prend des mesures pour leur venir en aide. Nous avons entendu parler de quelques-unes aujourd’hui.
Amal Clooney, une avocate de Doughty Street Chambers, spécialisée en droit international et dans les droits de la personne, a confirmé qu’elle représentera une femme yézidie qui a survécu au groupe État islamique, Nadia Murad, et d’autres victimes du génocide yézidi. Amal agira comme conseil dans les efforts qu’elles déploieront pour obliger ce groupe à rendre compte du génocide, de l’esclavage sexuel et du trafic de femmes et de jeunes filles yézidies en Irak. Il s’agira, entre autres mesures, d’obtenir une enquête du Tribunal pénal international et de mener des procédures judiciaires pour les crimes commis à l’encontre de Nadia Murad et des yézidis.
Nadia Murad est une jeune femme de 21 ans qui a été victime de crimes commis par le groupe État islamique en Irak et une des milliers de femmes yézidies qui ont été capturées et asservies par ce groupe. Elle a été sauvagement violée par douze membres du groupe État islamique sur une période de trois mois. Après s’être évadée, Nadia a parlé de ses expériences afin d’attirer l’attention du monde sur le génocide qui est en train de se produire.
Le génocide a débuté par les attaques du groupe État islamique, qui ont entraîné la mort d’environ 5 000 civils, l’esclavage d’au moins 2 000 femmes et filles, et le déplacement de 400 000 yézidis de leurs terres natales à Sinjar, des plaines de Ninive et de Syrie.
Quand on lui a demandé pourquoi elle a décidé de se charger de ce cas, Amal Clooney a indiqué que le Parlement européen, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, le gouvernement américain et la Chambre des communes du Royaume-Uni ont tous reconnu que le groupe État islamique était en train de perpétrer un génocide contre les yézidis.
Comment se fait-il que les crimes les plus odieux soient en train d’être commis sous nos yeux, sans que leurs auteurs ne fassent l’objet d’aucune poursuite? Nous savons que des milliers de femmes yézidies ont été réduites en esclavage par une organisation terroriste qui a publiquement clamé ses intentions génocidaires. Nous savons que des viols systémiques se sont produits et continuent de se produire, et pourtant, personne n’en est tenu responsable.
[Français]
La situation des yézidis a également été reconnue internationalement. En juin de cette année, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a publié un rapport déclarant les yézidis comme étant victimes de génocide. Ce rapport a également décrit des remèdes possibles à la situation.
Peu après, le gouvernement canadien a formellement pris la même position sur le peuple yézidi, mais aucune action concrète n'a été prise jusqu'à présent.
[Traduction]
D’autres ont reconnu cette situation terrible et ont commencé à fournir une aide. Le Canada devrait imiter leur exemple, mais à ce que nous sachions, il n’y a que neuf familles yézidies parmi les plus de 50 000 réfugiés qui sont arrivés au Canada jusqu’ici. C’est une véritable honte. La plupart des yézidis qui font actuellement l’objet de persécutions viennent de Ninive. Vous vous rappelez Ninive dans vos cours d’histoire? C’est l’endroit où —