propose que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
-- Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole à l'étape de la troisième lecture du projet de loi . Je me réjouis particulièrement de la vitesse à laquelle le projet de loi a franchi les étapes à Chambre des communes. Je veux remercier tous les députés et tous les partis, qui ont été très obligeants en consentant à l'attribution de temps et en acceptant d'accélérer l'étude en comité, et du merveilleux travail effectué au comité pour faire avancer le projet de loi. Cela démontre la nature grave de ce dernier et tient compte de la crise des opioïdes et de l'urgence d'agir.
Le projet de loi est l'une des nombreuses mesures exhaustives visant à relever ce défi de taille. Nous sommes impatients de le faire adopter au Parlement afin d'aider à protéger la santé et la sécurité des Canadiens et des collectivités.
On a déjà dit à la Chambre que la toxicomanie est un fléau qui frappe les Canadiens de tous âges et groupes socio-économiques. Il faut toutefois souligner que certains groupes sont excessivement susceptibles aux risques associés à la toxicomanie, c'est-à-dire les gens qui vivent dans la pauvreté, les personnes qui ont subi des traumatismes et les Autochtones du Canada.
Le Canada est actuellement aux prises avec la pire crise de la drogue de son histoire. Il s'agit en fait d'un crise de santé publique nationale liée aux opioïdes. On peut par exemple souligner le fait que, l'an dernier en Colombie-Britannique, plus de 900 personnes sont mortes de surdose, ce qui représente une augmentation de 80 % par rapport à 2015. La majorité de ces décès étaient liés à la propagation rapide du fentanyl.
Ailleurs au Canada, les autorités d'application de la loi rapportent une augmentation du nombre de saisies de fentanyl et de carfentanil.
La semaine dernière, nous avons été mis au fait du nombre effarant de décès liés aux opioïdes survenus en Alberta. Je signale que, en 2016, 343 personnes sont décédées à cause d'une surdose de fentanyl en Alberta. Il s'agit d'une hausse par rapport aux 257 décès de même nature l'année précédente.
Il est impératif que le gouvernement du Canada utilise tous les moyens à sa disposition pour endiguer cette crise. Nous devons adopter une politique exhaustive axée sur la collaboration, la compassion et des faits probants.
Le projet de loi aiderait le gouvernement à lutter plus efficacement contre la crise des opioïdes.
Au cas où il y aurait encore des gens qui pensent que nous ne faisons pas tout en notre pouvoir pour régler cette crise, voici la liste de ce que nous avons fait cette année. Grâce aux efforts déployés, la naloxone, qui est l'antidote en cas de surdose, est disponible en vente libre partout au pays. J'ai aussi fait le nécessaire pour que la naloxone en vaporisateur nasal devienne accessible aux Canadiens sous forme d'ordonnance d'urgence et pour que son homologation se fasse rapidement.
Nous avons également mis en oeuvre le plan d'action sur les opioïdes de Santé Canada. Ce plan vise à mieux sensibiliser la population, qu'il s'agisse du grand public ou des personnes qui font les prescriptions. De cette façon, nous pourrons contribuer à de meilleures options de traitement, limiter l'accès aux opioïdes inutiles, et recueillir plus de données probantes.
En ce qui concerne la collecte d'un plus grand nombre de données probantes et de données plus fiables, nous avons apporté une aide financière à l'Université McMaster pour l'élaboration de lignes directrices relatives aux doses prescrites d'opioïdes pour le traitement de la douleur chronique. Ces nouvelles lignes directrices peuvent désormais être consultées.
Nous avons annulé l'interdiction touchant l'héroïne d'ordonnance afin que les médecins puissent y avoir recours, dans le cadre du Programme d'accès spécial de Santé Canada, pour traiter les cas d'accoutumance les plus graves.
Nous avons appuyé la Loi sur les bons samaritains secourant les victimes de surdose. Cette loi prévoit qu'une personne qui compose le 911 parce qu'elle est témoin d'une surdose et qui demeure sur les lieux pour apporter son aide ne pourra pas être poursuivie pour possession simple.
Nous avons également adopté un certain nombre de règlements pour inclure les précurseurs du fentanyl dans les substances désignées, rendant ainsi plus difficile la fabrication de substances illicites au Canada.
J'ai présidé, conjointement avec le ministre de la Santé de l'Ontario, une conférence et un sommet sur les opioïdes. Neuf ministres de la Santé provinciaux et territoriaux ainsi qu'une trentaine d'organismes ont participé au sommet. Nous avons publié une déclaration d'action commune qui comprend 128 engagements.
De plus, en collaboration avec les provinces et les territoires, nous avons mis sur pied un comité consultatif spécial auquel siège notamment le Conseil des médecins hygiénistes en chef. Le comité s'emploie activement à faire en sorte qu'il soit plus facile d'avoir des données à jour sur l'état de la situation.
Nous avons aussi constitué un groupe de travail à l'intérieur du portefeuille fédéral de la santé qui a comme mission de travailler avec tous les ministères fédéraux afin de lutter par tous les moyens contre cette crise.
Nous avons financé l'Initiative canadienne de recherche sur l'abus de substances, qui fournit des lignes directrices fondées sur des données probantes en matière de traitement assisté par des médicaments.
En décembre, je me suis jointe au pour présenter la nouvelle Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances. Nous avons alors annoncé notre décision de réintégrer la réduction des méfaits parmi les principaux piliers de la politique sur les drogues.
Je tiens maintenant à parler un peu de ce que nous avons fait pour soutenir l'établissement de centres de consommation supervisée. Dès le départ, nous avons accordé une exemption au Dr Peter Centre de Vancouver pour qu'il poursuive ses activités et nous avons accordé à InSite une exemption sans précédent de quatre ans pour que le centre continue son bon travail.
Nous désirons créer un environnement qui encouragera les demandeurs à se manifester pour les collectivités qui ont besoin d'un tel centre et qui souhaitent en obtenir un. C'est pourquoi, en attendant l'adoption du projet de loi, nous avons ajusté les procédures opérationnelles dans le but de supprimer les obstacles inutiles à l'examen et à l'approbation des demandes concernant les centres de consommation supervisée.
La semaine dernière, je me suis réjouie que nous ayons pu accorder des exemptions pour trois nouveaux centres de consommation supervisée à Montréal. Le délai pour approuver ces établissements était inacceptable. Il a fallu un an et demi et ce en raison des 26 critères stricts dans l'ancienne mesure législative, mais, nous avons pu obtenir une exemption pour ces centres. Ces nouveaux centres, situés dans les quartiers Hochelaga-Maisonneuve et Ville-Marie et qui seront tenus par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Ile-de-Montréal, pourront fournir des services aux gens dans ces secteurs.
Santé Canada a accéléré l'examen de 10 demandes en attente d'une approbation dans d'autres villes. Il y a un autre centre à Montréal et trois centres à Toronto, deux à Vancouver, deux à Surrey, un à Ottawa et un à Victoria.
Même en procédant ainsi, nous avons maintenu les principaux critères essentiels pour nous assurer de protéger la santé et la sécurité du personnel, des consommateurs de drogue et de ceux qui habitent dans le voisinage des centres proposés. Nous aidons les demandeurs à s'assurer que leur demande est complète et que le ministère a reçu l'information nécessaire.
L'adoption du projet de loi sera très utile pour simplifier le processus de demande et constituera un grand pas en avant pour les collectivités concernées.
Certains se demandent pourquoi nous n'avons pas déclaré une urgence de santé publique. Or, depuis des mois, je répète que le nombre croissant de décès par surdose d'opioïde constitue nettement une crise nationale de santé publique aux proportions sans précédent. Toutefois, la Loi sur les mesures d'urgence, qui s'appelait auparavant la Loi sur les mesures de guerre, est un instrument de dernier recours. Elle est conçue pour assurer la sécurité publique dans les cas où les autres lois ne suffisent pas pour résoudre une urgence nationale. Elle n'a pas été utilisée dans le cas du syndrome respiratoire aigu sévère, du virus H1N1 ou du virus Ebola. Ce n'est pas l'instrument adéquat dans les circonstances, mais, comme je l'ai déjà indiqué, nous aurons recours à tous les outils dont nous disposons. Nous avons déjà pris des mesures extraordinaires à l'échelle fédérale, et le projet de loi est une autre mesure essentielle.
Le projet de loi doit être adopté sans tarder. Il ne doit être considéré ni comme un enjeu politique ni comme un enjeu idéologique, car il s'agit de sauver des vies.
La hausse actuelle des taux de surdose et de décès causés par les opioïdes nous amène à constater les lacunes et les faiblesses dans le cadre législatif fédéral actuel concernant les substances désignées. Ainsi, le projet de loi vise à donner au gouvernement la marge de manoeuvre nécessaire pour permettre plus aisément l'établissement de centres de consommation supervisée, ce qui est une mesure clé pour la réduction des méfaits.
Nous nous attaquerons aussi à l'offre, à la production et à la distribution illégales de produits pharmaceutiques. Nous offrirons de meilleurs outils d'exécution de la loi et de vérification d'application qui réduiront le risque que des substances désignées servant à des fins légitimes soient détournées vers les marchés illicites.
Le projet de loi simplifiera et allégera le processus de demande des villes ayant besoin de centres de consommation supervisée. Il remplacera les 26 critères d'admissibilité par les 5 facteurs que la Cour suprême a énoncés dans sa décision de 2011 au sujet d'InSite.
Il est important que tous les députés comprennent que le projet de loi exige toujours de mener des consultations publiques et qu'il augmente les exigences en matière de transparence. En effet, la devra rendre publique ses décisions et, en cas de refus d'une demande, fournir les motifs justifiant sa décision.
Pour la bonne mise en oeuvre des changements proposés, Santé Canada publiera des renseignements en ligne sur ce que doivent contenir les demandes, sur le processus en général et sur l'état des demandes.
Les centres de consommation supervisée sont un volet essentiel des mesures de réduction des méfaits. De nombreuses études canadiennes et étrangères confirment que, lorsqu'ils sont bien établis et gérés, ces centres sauvent des vies, améliorent la santé des gens sans accroître la consommation de drogues ni la criminalité dans les environs, préviennent les maladies et, surtout, permettent aux toxicomanes d'obtenir des soins de santé en toute sécurité, sans être jugés ni ostracisés.
Les mesures de réduction des méfaits que prévoit le projet de loi complètent les autres mesures que prend le gouvernement pour protéger la population. À titre d'exemple, la GRC lutte contre l'entrée au Canada de fentanyl illégal et d'autres opiacés, en collaboration avec le ministère chinois de la sécurité publique.
Le projet de loi interdit l'importation non autorisée de presses à comprimés et d'instruments d'encapsulation. Il sera ainsi plus difficile de produire des substances illicites, ce qui réduira par le fait même l'offre, au Canada, de substances produites illégalement. Le projet de loi C-37 donnera aux agents des services frontaliers plus de pouvoir pour inspecter les lettres et les colis suspects provenant de l'étranger. Comme on l'a déjà dit, une enveloppe de format standard peut contenir suffisamment de fentanyl pour causer des milliers de surdoses.
Avant de conclure, je tiens à aborder la question des traitements. Il faut comprendre que la réduction des méfaits ne suffira pas à résorber la crise. Les personnes touchées doivent avoir accès à une vaste gamme de traitements. La prestation des services de santé, dont le traitement des problèmes de dépendance, relève surtout des provinces et territoires. Je suis donc ravie de souligner que, pendant l'exercice financier en cours, le gouvernement fédéral transfère aux provinces et territoire 36 milliards de dollars pour soutenir la prestation de soins. Avec l'aide du , nous avons défini un nouveau financement à l'intention des provinces et territoires. Ainsi, une somme de 5 milliards de dollars sera consacrée à la santé mentale pendant les 10 prochaines années. Elle viendra en aide aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de toxicomanie.
Nous devons nous attaquer aux facteurs sociaux à l'origine de la crise des opioïdes, parmi lesquels la pauvreté, l'isolement, les traumatismes non résolus, les sévices sexuels et les problèmes de santé mentale. Il est généralement admis que les dépendances sont souvent causées par des problèmes de santé mentale non traités, et qu'il est essentiel d'intervenir tôt pour les résoudre.
Je tiens à souligner à la Chambre que nous devons inclure tous les quatre piliers de notre politique de lutte antidrogue au Canada, soit la prévention, le traitement, la réduction des méfaits et l'application de la loi. La prévention est vraiment essentielle, car on comprend bien toute l'importance d'enjeux tels que l'équité sociale, la continuité culturelle, la possibilité de vivre une enfance saine et sûre, ainsi que la capacité de guérir d'un traumatisme ou d'une peine non résolus, sans quoi on pourrait être poussé vers la toxicomanie.
Aucune mesure prise de façon isolée ne va mettre fin en un clin d'oeil à la crise des opioïdes, mais le projet de loi constitue une étape absolument essentielle du processus qui nous permettra d'atteindre cet objectif. Il faut une approche équilibrée. Il faut travailler en collaboration avec tous les autres ordres de gouvernement ainsi que les organismes de la société civile. Tous les Canadiens doivent travailler ensemble. Il faut établir des partenariats partout au pays, y compris, comme je l'ai dit, avec les provinces, les territoires et les municipalités, qui sont déjà très engagés dans ce dossier. Il ne faut évidemment pas oublier les leaders autochtones. Nous devons protéger les Canadiens afin de sauver des vies, afin de nous attaquer aux causes fondamentales de cette crise, afin de donner de l'espoir aux gens, et afin de veiller à ce que tous les éléments soient pris en compte. C'est ainsi que nous parviendrons à vaincre cette crise de surdoses d'opioïdes.
J'encourage tous les députés à admettre l'importance de ce projet de loi et à appuyer son adoption rapide à la Chambre. J'ai hâte de collaborer avec tous les députés à cette fin.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi . Il s'agit d'un débat important sur la crise causée par la consommation de drogues au Canada. Nous avons toutefois constaté une tendance curieuse chez les députés ministériels. Ils attirent notre attention sur un problème d'envergure, mais ils refusent de collaborer de façon non partisane afin de faire avancer les choses. C'est très évident dans le compte rendu. Les députés peuvent bien se moquer, mais ce dossier n'a rien d'amusant, et il n'y a rien de comique au fait que nous ayons tenté de faire avancer les choses rapidement et que les libéraux aient cherché à nous mettre des bâtons dans les roues.
Passons en revue ce qui s'est passé. Le projet de loi contient des dispositions essentielles qui permettraient de régler les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Toutefois, il contient également une disposition qui aurait pour effet d'éliminer la possibilité d'une consultation locale efficace au sujet des centres d'injection supervisée. Cela trouble profondément le Parti conservateur, et je vais revenir là-dessus plus tard pendant mon allocution.
Il importe que la population comprenne ce que le gouvernement a cherché à faire au moyen du projet de loi. Reconnaissant l'importance de procéder rapidement quant à certaines dispositions, mais également de tenir un débat exhaustif sur la disposition relative à la consultation locale, notre vaillant député d', en l'occurrence le porte-parole conservateur en matière de santé, a demandé le consentement unanime pour scinder le projet de loi.
La mesure qu'il proposait était très raisonnable et elle aurait permis de s'attaquer efficacement au problème. Cette mesure visait à scinder le projet de loi en deux. Les articles qui, de l'avis de tous, nécessitent une action urgente auraient été immédiatement adoptés à l'unanimité à l'étape de la troisième lecture, puis renvoyés au Sénat. Il est très probable que le Sénat aurait également agi rapidement sur cette question. Les dispositions en question pourraient déjà être en vigueur et permettraient de remédier au problème à l'heure où on se parle. Voilà la proposition qui a été présentée par le député d'.
Le gouvernement a cependant refusé cette proposition. Pourquoi? Il tenait mordicus à ce que l'étude de la partie du projet de loi retirant son droit de regard à la population se fasse en même temps que celle contenant les mesures permettant de sauver des vies. Ce sont les libéraux qui ont décidé de ralentir le processus lorsqu'ils ont refusé de scinder le projet de loi. En fait, ce que nous proposions dans notre demande de consentement unanime n'était pas seulement d'accélérer la mise en oeuvre des dispositions sur lesquelles nous nous entendions. Nous voulions aussi que les dispositions sur lesquelles nous divergions d'opinion soient immédiatement réputées renvoyées au Comité permanent de la santé. Nous étions même prêts à les renvoyer toute de suite au comité pour examen, tout en adoptant les dispositions qui faisaient l'unanimité. C'est de cette façon que nous voulons travailler de manière non partisane pour accélérer la mise en oeuvre des dispositions qui pouvaient l'être rapidement et pour faire avancer les choses.
Le gouvernement prétend qu'il est urgent d'agir pour endiguer cette crise, mais il a refusé notre proposition qui aurait permis l'adoption rapide de ces dispositions. Compte tenu des termes extrêmement forts employés par la et d'autres députés du gouvernement, il est vraiment scandaleux que le gouvernement ait refusé notre proposition.
J'aimerais préciser quelles dispositions du projet de loi nous appuyons et lesquelles pourraient déjà avoir été adoptées si le gouvernement n'avait pas agi de façon partisane. Ces dispositions auront un jour force de loi, mais il est malheureux que nous n'ayons pas suivi l'échéancier que nous avions proposé.
Le projet de loi propose de réglementer l'importation des presses à comprimés. À l'heure actuelle, les presses à comprimés, utilisées pour fabriquer de la drogue, peuvent être importées sans restriction. Le projet de loi comprend des dispositions importantes qui forceraient l'enregistrement auprès de Santé Canada de toute presse à comprimés importée et qui permettraient aux agents des services frontaliers de retenir à la frontière les presses qui n'auraient pas été enregistrées. Cette mesure est très importante et nous l'avons vigoureusement appuyée. Elle aurait déjà force de loi si le gouvernement n'avait pas fait preuve de partisanerie et avait voulu en accélérer l'adoption.
Le projet de loi comprend une autre disposition judicieuse, qui renforce les interdictions visant certaines activités liées à des substances désignées. En l'occurrence, la disposition accroîtrait le pouvoir du gouvernement de bloquer le transport de substances illicites en vertu des lois pertinentes. Je le répète, il s'agit d'une très bonne disposition. Elle améliorerait la situation si elle était mise en application aujourd'hui. Nous aurions pu agir plus tôt sur ce plan.
Le projet de loi accorde à l'Agence des services frontaliers du Canada des pouvoirs accrus pour l'ouverture des paquets entrant au pays, si elle soupçonne qu'ils contiennent des marchandises de contrebande comme de la drogue, ce qui, je le répète, est important. Il n'y a aucune raison de s'opposer à cela. Voilà pourquoi cette mesure aurait dû être adoptée promptement et depuis longtemps. Cela aurait été le cas si le gouvernement avait accepté notre proposition de scinder le projet de loi.
En ce qui concerne les dispositions à propos desquelles nous étions d'accord, le projet de loi propose de donner au ministre le pouvoir d'inscrire temporairement de nouvelles drogues et substances illicites à l'annexe de la Loi. C'est très important parce que nous savons que de nouvelles drogues font leur entrée sur le marché sur une base régulière. Ces pouvoirs sont importants.
Si le gouvernement avait voulu collaborer avec nous, quatre des cinq changements qui avaient fait l'unanimité de ce côté-ci de la Chambre seraient déjà adoptés.
Pourquoi voulions-nous à tout prix faire état de certaines préoccupations en lien avec la disposition à laquelle nous ne nous souscrivons pas et en débattre davantage? Parce que le gouvernement propose de modifier le processus de consultation de la collectivité au sujet des centres d'injection supervisée. J'ai déjà parlé des grands enjeux entourant ces centres, et je sais que de nombreux Canadiens s'opposent à la mise en oeuvre d'endroits où les gens peuvent consommer de la drogue en toute légalité. Si nous voulons envoyer le message le plus clair possible à la population sur les dangers de la consommation de drogues, notre compassion doit être guidée par l'optimisme et non par le pessimisme. De nombreux Canadiens en ont contre les centres d'injection supervisée en général.
Soyons bien clairs. Il ne s'agit pas ici de l'enjeu de ce projet de loi. L'enjeu est la mesure dans laquelle les collectivités participeront à la conversation sur les centres d'injection supervisée et la façon dont on leur permettra de le faire.
Les dispositions originales, mises en place par le gouvernement précédent, établissaient certaines exigences clés concernant la façon dont on devait consulter les collectivités. Il fallait notamment collaborer étroitement avec elles pour maximiser les chances de réussite des centres de ce type. L'ancienne loi a mis en place un processus raisonnable pour assurer cette collaboration.
Avec ce projet de loi, le gouvernement propose de réduire de façon importante toute sorte de consultation. Auparavant, la période de consultation devait durer au moins 90 jours. Les nouvelles dispositions permettraient une période de consultation pouvant durer jusqu'à 90 jours. En fait, il n'y aurait pas de durée minimale. On pourrait réaliser les consultations en seulement deux jours. Les exigences établies dans le projet de loi présenté par le gouvernement ont été réduites. On peut lire:
La demande d'exemption est accompagnée des renseignements, présentés selon les modalités fixées par le ministre, concernant les effets bénéfiques attendus du site sur la santé publique, et, le cas échéant, de renseignements concernant: a) l'incidence d'un tel site sur le taux de criminalité; b) les conditions locales indiquant qu'un tel site répond à un besoin; c) la structure administrative en place permettant d'encadrer le site; d) les ressources disponibles pour voir à l’'entretien du site; e) les expressions d'appui ou d'opposition de la communauté.
Il suffit de fournir une partie de ces renseignements de base.
Pour que les futurs centres respectent les dispositions du nouveau projet de loi, il suffit que les demandeurs disent qu'ils ont demandé l'avis de quelques personnes de la ville concernant l'ouverture d'un centre d'injection supervisée; même s'il s'avérait qu'aucune d'elles n'était chaude à l'idée, au moins, les demandeurs auraient parlé à des gens. Cela suffirait pour répondre aux exigences du projet de loi proposé.
Parlons de ce que les libéraux ont enlevé. Nous les entendons beaucoup parler de l'importance des données scientifiques. Les exigences actuelles, que nous avons mises en place pour les demandes, requièrent « des preuves scientifiques des effets bénéfiques sur la santé individuelle ou sur la santé publique de l'accès aux activités dans les sites de consommation supervisée ». L'ancien projet de loi exigeait, entre autres, que les demandes contiennent des preuves scientifiques quant aux conséquences potentielles. Cette exigence ne se retrouverait pas parmi les nouvelles exigences du gouvernement.
Nous avons mis en place des exigences rendant obligatoire la consultation des autorités et des services de police locaux parce que ce sont eux qui doivent réagir aux difficultés et aux situations qui peuvent survenir. Ces exigences existaient avant, mais elles ont été retirées dans le projet de loi du gouvernement.
Souvent, l'une des réponses du gouvernement et du NPD lorsqu'il est question des centres d'injection supervisée est que ceux-ci offrent des services de traitement de la toxicomanie. Je sais que ce n'est pas suffisant pour apaiser les craintes de bien des gens, mais aux termes du processus de consultation actuel, que nous avons mis en place, les demandeurs doivent accompagner leur demande d'une description des services de traitement de la toxicomanie qui seraient offerts au centre. Si des gens présentent une demande pour ouvrir un centre d'injection supervisée, ils doivent donc fournir au gouvernement des renseignements au sujet des types de services de traitement de la toxicomanie qu'ils y offriraient.
Si cela constitue l'un des principaux arguments pour permettre l'ouverture de centres d'injection supervisée, ce que je suis porté à croire après avoir entendu les observations formulées, la personne qui demande à ouvrir un centre d'injection supervisée devrait être tenue de fournir des renseignements au gouvernement sur le type de traitement de la toxicomanie que le centre offrira, et cette obligation devrait être mise en évidence. Cette exigence devrait être incluse dans le projet de loi.
Aux termes de la loi actuelle, il faut vérifier le casier judiciaire des personnes qui travailleront dans les centres. Ce n'est qu'une des nombreuses exigences importantes et fondamentales qui sont prévues dans la loi actuelle, comme la consultation et l'engagement communautaires et la prestation de renseignements sur les mesures de soutien qui seront en place pour les toxicomanes qui essaient de s'en sortir.
Toutes ces exigences devraient être comprises dans le projet de loi, mais nous nous retrouvons plutôt avec une proposition très édulcorée quant à ce qui sera réellement exigé dans la demande. Il sera beaucoup plus facile pour les gens de demander à ouvrir des centres d'injection supervisée et il n'y a rien qui garantit qu'ils feront preuve de diligence raisonnable.
Je l'ai déjà dit, les députés peuvent débattre de la valeur des centres d'injection supervisée, mais au moins, la loi actuelle garantit que ces centres se limitent aux activités permises. Le projet de loi du gouvernement annulerait cette garantie en ne demandant plus l'avis de la population et en n'exigeant plus la diligence raisonnable que nous avions incluse dans la loi.
Je terminerai en répétant que nous avions l'occasion de faire adopter rapidement les dispositions qui font consensus. Elles auraient aujourd'hui force de loi, alors que nous en sommes encore aujourd'hui à débattre de l'ensemble du projet de loi, parce que le gouvernement a refusé de le scinder. Le gouvernement libéral a sonné le glas des importantes mesures de consultation de la population.
Je pense qu'il faut aller de l'avant quant aux mesures qui permettront de sauver des vies, mais que nous devrions poursuivre notre importante discussion sur la décision de permettre ou non à la population de donner son avis au sujet de l'ouverture de ces centres d'injection.
Je crois qu'il est important que la population puisse donner son avis. Je pense que les Canadiens ont de la compassion et que ce type de questions leur tient à coeur. La compassion n'est pas l'apanage du gouvernement fédéral. En demandant l'avis de la population, et celui des forces de l'ordre locales, nous obtiendrons de meilleures solutions mieux adaptées aux besoins de la région, et nous aurons plus de chances de résoudre le problème.
Le gouvernement doit réaliser qu'il ne réglera pas ce problème tout seul. Il doit collaborer avec l'opposition; il doit collaborer avec tous les ordres de gouvernement; il doit collaborer avec la population. Si nous voulons régler ce problème, il faut davantage de voix présentes à la table et davantage de collaboration. C'est ce que l'opposition défend et c'est pourquoi il m'est impossible d'approuver le projet de loi dans sa forme actuelle.
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Madame la Présidente, je suis heureux que tous les Canadiens à l'écoute présentement puissent constater que le Parti libéral, le Nouveau Parti démocratique, le Parti vert et peut-être le Bloc québécois ne veulent pas retarder le processus et sont prêts à agir rapidement pour adopter ce projet de loi. Ils savent que des Canadiens meurent chaque jour dans l'attente d'un changement.
Il est déjà bien établi que le Canada est actuellement aux prises avec une urgence nationale de santé publique sans précédent. Je me réjouis d'entendre mes collègues libéraux et conservateurs utiliser ce terme de plus en plus souvent pour parler de la crise des opioïdes. Le Nouveau Parti démocratique utilise ce terme depuis novembre, parce qu'on a affaire à une urgence nationale de santé publique et que nos concitoyens en souffrent et en meurent chaque jour.
Les surdoses d'opioïdes causent la mort de 50 Canadiens chaque semaine. C'est vraiment une crise nationale. Il vaut également la peine de répéter qu'elle a beaucoup empiré au cours des derniers mois.
En 2016, dans ma province, la Colombie-Britannique, 914 personnes sont mortes d'une surdose. Il s'agit d'une augmentation de 80 % par rapport à l'année précédente. Il y a quelques mois seulement, en décembre, la Colombie-Britannique a enregistré le nombre de morts par surdose le plus élevé de son histoire, lequel s'élève à 142. C'est plus que le double de la moyenne mensuelle depuis 2015 et une hausse marquée par rapport à septembre — 57 décès —, à octobre — 67 — et à novembre — 128. Tout me porte à croire que ce chiffre sera encore plus élevé pour le mois de janvier. Alors que les conservateurs veulent débattre et mener des consultations, les néo-démocrates veulent agir et sauver des vies.
En décembre, le Bureau des coroners de la Colombie-Britannique a annoncé que les morgues de Vancouver sont souvent pleines en raison des quantités faramineuses de morts par surdoses, et que les autorités responsables de la santé devaient se tourner vers les salons funéraires pour entreposer les corps.
La crise actuelle est en grande partie due à l'ancienne stratégie antidrogue du Canada. Pendant des décennies, cette politique pénale erronée en matière de drogue s'est révélée contre-productive et a favorisé l'essor du marché illicite de la drogue non réglementé au Canada. Elle a aussi laissé peu de place aux services de santé fondés sur des données probantes, notamment les programmes de réduction des méfaits et de traitement pour les personnes souffrant de troubles liés à la toxicomanie.
Dans la dernière année de leur mandat, les conservateurs ont sabré de 15 % le budget des services de toxicomanie. Les recherches partout dans le monde montrent que la criminalisation de la drogue fait croître sa production, sa consommation et sa disponibilité, ainsi que les effets néfastes sur la santé qui sont liés à la drogue. C'est ce que la science nous apprend. Or, au cours des 10 dernières années, ce n'est pas la science qui dictait la politique en matière de drogue du Canada, mais plutôt l'idéologie.
Comme il a fallu de nombreuses années pour engendrer la crise actuelle, elle ne pourra être enrayée par une seule mesure ou un seul projet de loi. Je crois que nous le réalisons tous. L'adoption du projet de loi doit être la première étape d'un processus d'examen beaucoup plus approfondi de notre compréhension de la consommation de drogue et de la toxicomanie au Canada et de notre façon d'y réagir.
Depuis de nombreuses années, les néo-démocrates préconisent une approche en matière de consommation de drogue et de toxicomanie qui soit fondée sur les données probantes et axée sur la santé. Notre parti comprend que la consommation de drogue n'est pas attribuable à une faiblesse morale. Nous comprenons également que les approches pénales qui ne visent qu'à punir ou isoler les toxicomanes ne font qu'accroître la souffrance de gens qui souffrent déjà beaucoup.
Le Dr Gabor Maté, un médecin canadien spécialisé dans les dépendances, a déclaré ce qui suit:
Les dépendances ne résultent pas toutes d’un abus ou d’un traumatisme, mais je crois qu'elles peuvent toutes être reliées à une expérience douloureuse. Une blessure est au centre de tous les comportements de dépendance. Elle est présente chez le joueur, l'accro à Internet, l'acheteur compulsif et le bourreau de travail. La blessure peut être moins profonde et la souffrance moins insupportable, et elle peut même être entièrement masquée — mais elle est là.
C'est pourquoi les néo-démocrates exhortent le gouvernement à réinscrire la réduction des méfaits parmi les quatre piliers de la politique canadienne antidrogue depuis que Stephen Harper l'a retirée de cette liste. C'est pourquoi les néo-démocrates ont mené la lutte contre le projet de loi des conservateurs dès qu'il a été présenté. C'est pourquoi nous pressons le gouvernement libéral d'abroger ou d'amender le projet de loi C-2 depuis février 2016, il y a un an, alors que la crise des surdoses d'opioïdes ne faisait que commencer.
L'automne dernier, le NPD a proposé avec succès une motion au Comité permanent de la santé pour qu'il se penche sur la crise des surdoses d'opioïdes. Le Comité a publié un rapport contenant 38 recommandations à l'intention du gouvernement fédéral. Je souligne que la plupart de ces recommandations n'ont pas encore été mises en oeuvre.
Nous avons été les premiers à demander qu'on déclare une urgence nationale de santé publique. Une telle déclaration donnerait à l'administratrice en chef de la santé publique du Canada le pouvoir de prendre des mesures extraordinaires pour coordonner une réponse nationale à la crise. Encore aujourd'hui, c'est une mesure que le gouvernement libéral refuse de prendre.
En décembre dernier, nous avons essayé d'accélérer l'étude du projet de loi parce qu'il y avait un besoin criant de remédier à la crise aussi rapidement que possible, mais notre tentative a de nouveau été bloquée par les conservateurs.
En effet, le projet de loi continue d'être retardé parce que les conservateurs refusent de reconnaître l'importance cruciale de la réduction des méfaits et les données qui prouvent que les centres de consommation supervisée sauvent actuellement des vies.
Aujourd'hui, je suis attristé de voir que les conservateurs n'ont toujours pas appris de leurs erreurs, et je suis profondément troublé de constater qu'ils continuent de comparer les centres de consommation supervisée et leur approbation aux processus d'approbation des pipelines.
Après cette offre bizarre de remplacer le processus d'approbation des centres de consommation supervisée par celui des pipelines lors de la réunion du comité de la santé, la députée conservatrice de a prétendu que ces établissements de santé devraient obtenir la même approbation sociale que les projets énergétiques avant d'être autorisés à sauver des vies. La députée a soutenu que nous devions maintenir en place les barrières inutiles prévues dans le projet de loi parce que l'emplacement d'un centre a une incidence sur la collectivité dans laquelle il est situé.
Pour une fois, je suis d'accord avec la députée de . Il est tout à fait vrai que ces centres ont une incidence sur les collectivités: ils sauvent des vies, ils réduisent la criminalité et ils offrent une chance de rétablissement aux gens atteints d'une maladie.
Le Parti conservateur s'imagine que le gouvernement fédéral pourrait imposer aux collectivités l'établissement de centres de consommation supervisée. Or, c'est tout le contraire. Si les centres de consommation supervisée existent au Canada, ce n'est que grâce aux efforts inlassables d'activistes et de membres de la collectivité qui font don de leur temps et de leurs compétences pour fournir des services de santé vitaux fondés sur des données probantes. Parfois, ils l'ont même fait au risque de perdre leur propre liberté.
Pendant plus de dix ans, depuis 2002, le Dr Peter Centre de Vancouver a fourni des services de consommation supervisée, enfreignant ainsi les lois fédérales jusqu'à ce que le gouvernement fédéral lui accorde enfin une exemption légale.
Pour rester ouvert, le centre InSite de Vancouver a dû porter sa cause contre le gouvernement fédéral devant la Cour suprême du Canada. Soulignons que, au lieu de se conformer à l'esprit de la décision de la Cour, le gouvernement conservateur de Stephen Harper a adopté le projet de loi dans le but à peine voilé d'empêcher l'ouverture de tout nouveau centre d'injection supervisée au Canada.
À l'heure actuelle, au moins trois centres de prévention des surdoses sont illégalement en activité au grand jour à Vancouver, sans exemption légale, et les employés qui y travaillent risquent des sanctions criminelles pour avoir répondu au besoin urgent de sauver des vies. Voilà pourquoi ils le font.
En fait, les centres de consommation supervisée ne nuisent pas à la société; au contraire, ils l'aident. C'est ce qui ressort clairement des données d'InSite.
Les conservateurs disent que les centres de consommation supervisée nuisent aux quartiers dans lesquels ils se trouvent, mais, pour étayer leurs affirmations, ils ne citent jamais de documents provenant de l'un ou l'autre des deux seuls centres de consommation supervisée que compte le Canada. Ces deux centres ont fait l'objet d'études et d'articles publiés dans des périodiques aussi prestigieux que The Lancet. Or, les conclusions sont sans équivoque: ces centres sauvent des vies, réduisent la criminalité dans les environs, mettent fin à la consommation de drogues dans les rues et réduisent la propagation des maladies. De plus, grâce à ces centres, on ne trouve plus, sur le sol, de seringues usagées qui pourraient causer du tort aux enfants et aux autres personnes. Voilà ce qui ressort des études.
Les conservateurs ont tout à fait raison de dire que ces centres ont des effets sur la société. C'est tout à fait vrai: ils l'améliorent! Absolument rien ne prouve le contraire.
Les conservateurs devraient peut-être écouter le maire d'Edmonton, Don Iveson, qui a dit récemment ceci: « Le problème ne se limite pas aux sans-abri et aux toxicomanes. Pratiquement tous les quartiers sont touchés. »
La crise des opioïdes nous frappe de plein fouet. La population canadienne est déjà touchée. Chaque jour, la crise fait des victimes parmi nos amis, nos proches et nos voisins.
L'argument du Parti conservateur selon lequel les centres de consommation supervisée créeront des dépendances aux opioïdes dans des collectivités où il n'y en avait pas n'est qu'une campagne de peur sans fondement qui stigmatise profondément les Canadiens atteints de toxicomanie.
En réalité, des villes de tout le Canada demandent de pouvoir ouvrir des centres de consommation supervisée depuis des années. C'est en refusant d'accorder les exemptions prévues à l'article 56 que le gouvernement fédéral rejetait les demandes répétées de ma province et de ma ville, Vancouver. En effet, comme l'a dit le maire de Vancouver, Gregor Robertson: « Certains facteurs, comme les répercussions du centre sur la criminalité et le soutien ou l'opposition exprimés par la collectivité, ne devraient pas entrer en ligne de compte dans le processus d'approbation du gouvernement fédéral. Ce sont des questions locales, et ceux qui sont le mieux placés pour les traiter sont les responsables locaux, comme les municipalités, les autorités sanitaires et les services de police locaux, qui comprennent l'enjeu. »
Je laisse le Parti conservateur nous expliquer pourquoi il ne fait pas confiance aux autorités locales pour prendre ces décisions.
Ce sont des héros locaux, et non le gouvernement fédéral, qui oeuvrent en première ligne et qui prennent l'initiative de lutter contre la crise actuelle, depuis le début. Les efforts désintéressés de ces personnes ont indubitablement sauvé des vies et, bien que je ne puisse pas les nommer toutes maintenant, je voudrais souligner le travail herculéen de quelques personnes.
Ces personnes sont les suivantes: Ann Livingston et Sarah Blyth, fondatrices de la Société de prévention des surdoses de la Colombie-Britannique; Hugh Lampkin, membre de longue date du réseau des consommateurs de drogue de la région de Vancouver; Daniel Benson, de la Société de l'hôtel Portland; Gregor Robertson, maire de Vancouver; Kerry Jang, conseiller municipal de Vancouver; Maxine Davis, directrice générale de la Fondation contre le sida du Dr Peter, à Vancouver; Katrina Pacey, directrice générale de la Société juridique Pivot, de Vancouver; le Dr Perry Kendall, médecin-chef de la Colombie-Britannique et seule autorité médicale au pays à avoir déclaré une urgence de santé publique en Colombie-Britannique, après avoir constaté l'ampleur de la crise qui y sévit; et le Dr Gabor Maté, expert en toxicomanie de réputation internationale.
Après avoir réclamé à maintes reprises que l'on déclare une urgence nationale de santé publique, un appel auquel l'actuel gouvernement fédéral libéral n'a pas donné suite, ces organismes de première ligne et le gouvernement de la Colombie-Britannique ont dû prendre la décision exceptionnelle de ne pas tenir compte de la loi fédérale en ouvrant des centres de consommation supervisée temporaires sans obtenir l'exemption nécessaire. Ces centres sont en activité en ce moment même. Ils offrent leurs services depuis des mois même si leur personnel et ceux qui y travaillent bénévolement s'exposent tous les jours à des poursuites.
Voici ce que l'ordre des infirmières et infirmiers de la Colombie-Britannique avait à dire à ses membres le mois dernier:
Cette crise pourrait se prolonger et s'aggraver. Pendant que ces centres de prévention des surdoses sont établis partout où les services sont requis dans notre province, des infirmiers nous demandent s'ils risquent de perdre leur droit de pratique en offrant des soins dans ces centres où les conditions sont loin d'être idéales.
Les courageux travailleurs de la santé de première ligne ne devraient jamais avoir à se poser cette question.
C'est pourquoi le NPD a proposé au comité de la santé un amendement qui aurait permis aux ministres provinciaux de la santé de demander à la de leur fournir par écrit une autorisation d'urgence afin qu'ils puissent établir un centre de consommation supervisée pour répondre à une crise locale.
Une telle exemption permettrait de contourner le processus de demande habituel et serait accordée immédiatement pour une période allant jusqu'à un an avec possibilité de renouvellement. La ministre fédérale serait tenue de publier la demande provinciale et la réponse du fédéral dans un délai de cinq jours.
Cet amendement visait à atténuer l'influence des lointaines considérations politiques alimentées à Ottawa, dont beaucoup de députés ont parlé aujourd'hui, qui pourraient faire entrave à des interventions fondées sur des données probantes visant à répondre promptement à une situation d'urgence dans une province.
Ainsi, dans les rares cas où une province déclarerait une situation d'urgence en matière de santé publique, le pourra rapidement accorder une approbation temporaire et épargner à la province le processus de traitement de la demande, qui prend du temps. On sait qu'en situation de crise, les retards peuvent causer des pertes de vie.
Le gouvernement libéral a soutenu à maintes reprises que le projet de loi à l'étude représente tout ce qu'il peut faire en cas de crise, ce qui est manifestement faux. Il existe de nombreuses mesures que le gouvernement a choisi de ne pas prendre. Des dizaines d'entre elles pourraient être lancées pour répondre à la crise, mais le gouvernement hésite à le faire.
Récemment, la Ville de Vancouver a envoyé une liste de neuf recommandations au gouvernement fédéral pour résoudre la crise. Elle réclamait notamment une structure centrale de commandement, des réunions quotidiennes avec Santé Canada et de meilleurs services de traitement.
En Colombie-Britannique, un jury du coroner a publié récemment une liste de 21 mesures recommandées, et, en décembre, le Comité permanent de la santé a publié un rapport contenant, rien que pour le gouvernement, 38 recommandations, dont la plupart n'ont toujours pas été mises en oeuvre. Le gouvernement libéral ne fait pas tout en son pouvoir pour résoudre la crise des opioïdes. Il prend certaines mesures, certes, mais pas toutes celles qui sont nécessaires.
La première recommandation formulée à la suite de l'étude d'urgence menée l'automne dernier par le comité de la santé a été appuyée par tous les partis et consistait à déclarer que la crise des surdoses d'opioïdes constitue une urgence nationale en matière de santé publique. Cette demande a été reprise par le Dr David Juurlink, conférencier principal du sommet sur les opioïdes de la l'automne dernier, et maintenant par l'actuel ministre libéral de la Santé de la Colombie-Britannique, Terry Lake, ainsi que par des intervenants de partout au Canada. Devant le nombre croissant de décès, déclarer une urgence nationale de santé publique s'avère nécessaire pour commencer à sauver des vies dès maintenant.
De plus, au cours de son étude, le comité de la santé a appris que l'accès au traitement pour la dépendance aux opioïdes est quasi inexistant dans les communautés autochtones et que, là où il existe, il ne s'agit que d'un accès à court terme. En effet, le personnel infirmier employé par Santé Canada ne peut pas aider les Autochtones aux prises avec une dépendance aux opioïdes dans leur propre collectivité durant plus de 30 jours. Or, le gouvernement libéral n'a absolument rien prévu pour assurer, dans les communautés autochtones, un accès complet à des traitements de dépendance adaptés à la culture et offerts à long terme.
Enfin, dans son rapport récent sur la crise, le comité de la santé a formulé trois recommandations distinctes et spécifiques qui demandaient d'importants nouveaux fonds fédéraux pour des programmes publics de désintoxication et de traitement de la toxicomanie au niveau communautaire. Cependant, jusqu'à maintenant, le gouvernement fédéral refuse de dire qu'il consacrera des fonds à la désintoxication et aux traitements dans le budget de 2017.
Au contraire, la continue à recycler les fonds destinés à la santé mentale et à prétendre que cet argent peut être utilisé pour le traitement de la toxicomanie. Nous voulons voir de nouveaux fonds qui ciblent spécifiquement le traitement de la toxicomanie. La santé mentale est un domaine très vaste et les besoins sont nombreux au Canada; nous le savons tous. Nous avons demandé au gouvernement des fonds ciblés, mais jusqu'à maintenant celui-ci a refusé de s'engager en ce sens.
Il incombe à la Chambre de se montrer honnête envers elle-même. Le gouvernement fédéral adopterait-il une approche aussi tiède, aussi prudente si ces décès étaient causés par un autre problème de santé? Dans une perspective d'avenir, nous devons délaisser nos préjugés pour pouvoir sauver nos êtres chers. Donna May, fondatrice et animatrice du groupe mumsDU, un regroupement de mères qui s'emploient à sauver des toxicomanes, a vu sa fille toxicomane, Jac, mourir à 35 ans. Je la cite:
La plupart de gens croient que la pire épreuve que j'ai eue à traverser a été sa mort, la mort d'un enfant, la mort de ma fille unique. Ils se trompent complètement.
La pire épreuve de toute ma vie a été de me rendre compte que ma méconnaissance du problème de toxicomanie de ma fille m'avait empêchée de profiter de plusieurs années avec elle, des années qui ne reviendront jamais. On ne peut plus se rattraper une fois que son enfant est mort! Tout ce que je peux faire maintenant, c'est parler de mon expérience et de ce que j'ai appris depuis, dans l'espoir d'aider d'autres parents.
La toxicomanie demeure l'un des rares problèmes pour lesquels la discrimination en matière de soins de santé est encore acceptable. Toutes les données dont nous disposons nous montrent pourtant que cela ne tient pas la route. Si nous voulons que la toxicomanie soit enfin traitée comme une maladie, ce qu'elle est, il faut reconnaître que nous avons souvent tendance à craindre les personnes souffrant de toxicomanie, à les stigmatiser et à les méconnaître, ce qui influence grandement notre façon d'aborder la crise actuelle.
C'est pourquoi je considère que les changements législatifs proposés, attendus depuis trop longtemps, ne vont pas assez loin et pas assez rapidement. Nous avons besoin d'un financement et d'une coordination du fédéral pour lutter contre cette crise dès maintenant et à long terme. Le Dr Evan Wood, de l'Université de la Colombie-Britannique, a parlé au comité de la santé du fait qu'aucun des gouvernements fédéraux qui se sont succédé ne s'était décidé à traiter la toxicomanie comme un problème de santé.
Il a dit ceci:
Imaginez qu'une personne souffre d'un problème médical grave, par exemple une crise cardiaque. Cette personne sera amenée dans un environnement de soins intensifs et confiée aux soins d'une équipe médicale dont les membres sont spécialisés en cardiologie. Ensuite, les membres de l'équipe cardiovasculaire suivront des lignes directrices et des normes établies pour diagnostiquer le problème de santé et proposer un traitement efficace. Malheureusement, au Canada, puisque nous n'offrons aucune formation en toxicomanie à nos fournisseurs de soins de santé, ces derniers ne savent pas quoi faire et ils finissent souvent par mettre les patients à risque.
En plus du manque de formation chez les fournisseurs de soins de santé, le manque général d'investissement dans ce domaine signifie qu'il n'y a pas de normes et de lignes directrices [ou de lits] liées au traitement de la toxicomanie.
Voici ce qu'a affirmé le Dr Mark Ujjainwalla, directeur médical de Recovery Ottawa:
Le problème auquel nous sommes confrontés ici, c'est que les opioïdes ne représentent pas la cause réelle des problèmes de dépendance. Le véritable problème, c'est l'incapacité du système de soins de santé actuel de traiter les dépendances. La dépendance est une maladie biopsychosociale qui touche 10 % des membres de la société, probablement davantage si vous comptez les familles, et c'est le problème médical qui reçoit le moins de financement dans notre société.
De plus, c'est un problème de santé qu'on peut facilement prévenir et traiter. C'est dommage que les gens ne s'en rendent pas compte. Lorsque ce problème touche votre famille ou vous-même, vous pouvez ressentir la douleur et la souffrance et vous assistez en direct au déroulement de cette tragédie.
En terminant, j'implore la Chambre de tirer une leçon de ce qu'a fait l'Estonie, un pays qui a récemment surmonté une crise des opioïdes très similaire à celle que connait le Canada. Le chef du service de prévention de la toxicomanie de l'Estonie a dit: « Je crois que le plus important est de ne pas perdre de temps. Si vous voulez vraiment apprendre de notre expérience, sachez que c'est l'erreur que nous avons faite. Vous avez déjà les solutions, n'en cherchez pas de nouvelles. »
On peut dire que l'histoire dresse un portrait peu reluisant de ceux qui hésitent en temps de crise. Bien franchement, ce ne sont pas les livres d'histoire qui devraient nous garder éveillés la nuit; ce sont les vies que nous continuons de perdre chaque jour de causes entièrement évitables.
Les Canadiens comptent sur nous pour montrer la voie à suivre en temps de crise. Il est temps pour nous d'être à la hauteur.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Le projet de loi dont nous sommes saisis est extrêmement important. Nous sommes aux prises avec une crise de santé. Nous devons y répondre rapidement. C'est exactement ce que fait le gouvernement avec l'appui de nombreux députés à la Chambre.
J'aimerais tout d'abord offrir mes condoléances à tous ceux et celles qui ont perdu un ami, un voisin, un membre de leur famille ou un collègue en raison de cette crise.
Au cours des huit dernières années, il y a eu 800 surdoses en Nouvelle-Écosse seulement, dont la moitié ont été causées par des opioïdes. La situation est bien plus grave dans d'autres provinces qu'en Nouvelle-Écosse, où elle est déjà grave. Par exemple, en Colombie-Britannique, durant la dernière année, les surdoses d'opioïdes ont coûté la vie à 900 personnes; c'est une augmentation de 80 % de ce type de décès par rapport à 2015. À l'échelle nationale, le nombre de décès causés par des surdoses dépasse maintenant le nombre de décès causés par des accidents de voiture. C'est une comparaison évocatrice qui nous permet de voir combien la situation est triste.
La crise ne connaît pas de frontières. L'âge, le sexe et le revenu ne sont pas des facteurs déterminants. Il s'agit d'une dépendance. Il s'agit d'une maladie. Tous les gouvernements doivent répondre à cette crise. Nous devons en trouver les causes profondes, puis trouver des solutions et adopter les plus récentes politiques fondées sur des données probantes afin de mettre en oeuvre ces solutions. Une personne qui tente de soulager une douleur affective ou physique peut facilement développer une dépendance.
[Français]
En fait, ce qui est tragique dans le cas du fentanyl, c'est que cette drogue est tellement puissante qu'une quantité minuscule peut avoir un effet majeur et causer la mort. Une petite quantité, comme 30 grammes, qui remplirait une enveloppe standard peut tuer jusqu'à 15 000 personnes par surdose.
C'est pourquoi notre gouvernement et tous les députés de la Chambre doivent adopter une loi rapidement. En effet, le temps est précieux.
[Traduction]
Le projet de loi permettrait d'annuler les modifications apportées par le gouvernement précédent au moyen de la présumée Loi sur le respect des collectivités. Celle-ci a imposé un fardeau inutile aux provinces, aux administrations locales et aux collectivités en les obligeant à demander une exemption en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, afin de pouvoir établir un centre de consommation supervisée. Le projet de loi simplifierait le processus antérieur et les 26 critères imposés aux demandeurs. C'est la raison pour laquelle seulement trois centres ont été autorisés au cours des deux dernières années en vertu de ces critères.
Le gouvernement s'est inspiré de la sagesse de la Cour suprême du Canada, qui a énoncé cinq facteurs importants: premièrement, l'analyse des données probantes sur l'incidence de ces centres sur le taux de criminalité; deuxièmement, le fait que des collectivités locales indiquent que les centres de ce genre répondent à un besoin; troisièmement, la mise en place de structures de réglementation qui viennent encadrer les centres; quatrièmement, l'affectation des ressources nécessaires; et, cinquièmement, l'appui ou l'opposition des collectivités à l'égard de ces centres. C'est ce qui est important et c'est ce que le projet de loi permettra de faire. En outre, que les demandes soient rejetées ou approuvées, les décisions seront rendues publiques. Il est important qu'elles soient rendues publiques.
[Français]
En réalité, ces centres de consommation supervisée sauvent des vies. C'est ce qui est important: ils sauvent des vies. Les centres de Vancouver aident les gens touchés par des problèmes de dépendance à entrer dans le système de santé dans un environnement libre de jugement et de stigmatisation.
Nous savons cependant que la réduction des méfaits n'est pas la seule stratégie de notre gouvernement. Notre gouvernement a déjà démontré clairement que nous allions investir 5 milliards de dollars en santé mentale dans l'entente sur la santé.
[Traduction]
Avant 2006, le gouvernement du Canada avait une stratégie antidrogue fédérale qui adoptait une approche équilibrée entre la santé publique et la sécurité publique et qui comptait quatre principaux piliers: la prévention, le traitement, l'application de la loi et la réduction des méfaits. Le gouvernement précédent a éliminé le pilier de la réduction des méfaits dans la Stratégie nationale antidrogue. Cette décision était regrettable parce qu'il a été démontré à maintes reprises que des stratégies de réduction des méfaits sont nécessaires pour obtenir de bons résultats en matière de santé publique.
Dans le cadre de l'engagement du gouvernement à élaborer des politiques fondées sur des faits, la a rétabli la réduction des méfaits comme l'un des piliers de la stratégie.
De plus, le gouvernement a facilité l'accès à la naloxone, un traitement pour les surdoses qui peut sauver des vies. Les Canadiens peuvent maintenant obtenir cet antidote à la surdose sans ordonnance et nous avons veillé à ce que des fournitures d'urgence soient accessibles à tous les Canadiens.
Sur le plan de l'application de la loi, la GRC oeuvre diligemment à mettre fin à l'entrée du fentanyl au Canada. Un accord a récemment été conclu avec la Chine à cet égard. En outre, le projet de loi donnerait aux agents de l'Agence des services frontaliers du Canada plus de souplesse pour inspecter les envois suspects qu'ils soupçonnent de contenir des marchandises interdites. Cette mesure s'appliquerait uniquement aux envois provenant de pays étrangers où les drogues illicites sont très présentes.
En terminant, je souhaite féliciter la de son travail acharné dans le traitement de la crise et la recherche d'une solution, ainsi que de son leadership dans la présentation du projet de loi. Je veux aussi remercier les députés de tous les partis de leur contribution au débat, ainsi que le NPD, le Bloc et le Parti vert de leur appui direct au projet de loi.
:
Madame la Présidente, je suis reconnaissante de pouvoir parler en faveur du projet de loi , Loi modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et apportant des modifications connexes à d'autres lois.
Bien que j'appuie cette mesure positive, je dois dire que je suis encore très préoccupée par la crise qui continue de sévir dans les collectivités. Sur une note personnelle, j'ai été profondément touchée par ce que j'ai entendu des personnes frappées par cette crise. En qualité de membre du Comité permanent de la santé, je me suis penchée sur cette crise, en collaboration avec mes collègues de tous les partis. Nous avons même choisi d'adopter une motion demandant qu'une étude sur cette crise soit entreprise de toute urgence.
De concert avec la ministre, nous avons tenté d''infléchir positivement la situation et de faire des choix qui sauveraient des vies. Cette motivation nous a menés à travailler fort et à travailler ensemble. Nous avons travaillé collectivement et ouvertement. C'est une chose dont je suis assez fière et que j'apprécie comme députée de Brampton-Sud et comme collègue de tous les parlementaires qui siègent en cette enceinte.
Le comité a entendu une grande diversité de points de vue présentés par des intervenants de première ligne, des experts et la elle-même. Je tiens à mentionner particulièrement le témoignage présenté par des peuples autochtones le 25 octobre. Leur témoignage honnête et convainquant a fait retentir un signal d'alarme clair à propos des mesures à prendre pour répondre aux besoins des collectivités autochtones. Les témoins ont souligné qu'il fallait, avant toute chose, améliorer l'accès au naloxone, ce médicament qui peut sauver des vies en cas de surdose d'opioïdes, particulièrement dans les régions rurales et les collectivités autochtones éloignées. C'était l'un des principaux éléments du plan d'action de la ministre à la suite du sommet, ce qui montre qu'on gagne à consulter toutes les collectivités.
Par ailleurs, le projet de loi tient compte du témoignage de l'Agence des services frontaliers du Canada, qui a proposé des changements pratiques visant à réduire l'entrée, sur notre territoire, de matériel servant à fabriquer des drogues. Je suis ravie que la ministre ait proposé de vérifier également les colis postaux internationaux de 30 grammes ou moins, qui peuvent servir à faire entrer des substances nocives au pays. Cette précaution aura des effets positifs pour les Canadiens.
Je veux rappeler à mes collègues que le projet de loi est le résultat de la collaboration de centaines de personnes. Les membres de notre comité ont été gracieusement invités à participer au sommet organisé par la ministre de la Santé sur cette crise. Après le sommet, des gestes concrets ont été posés. La déclaration commune des 42 organismes sur les mesures visant à remédier à la crise des opioïdes définit une approche en des termes généraux mais concrets qui incluent toutes les personnes concernées, des fournisseurs de services de santé aux premiers intervenants, en passant par les enseignants, les chercheurs et les familles. Je tiens à féliciter la du Canada ainsi que le ministre de la Santé de l'Ontario pour avoir organisé cette conférence, qui a mis l'accent sur les mesures concrètes à prendre et sur l'obtention de résultats clairs.
Le gouvernement a pris, dès le premier jour, des mesures découlant de son plan d'action en cinq points pour lutter contre l'usage abusif des opioïdes. Nous avons mis en oeuvre des mesures concrètes, comme accorder une exemption en vertu de l'article 56 au Centre du Dr Peter et en prolonger de quatre années l'exemption accordée à InSite. Nous avons rendu la naloxone, un antidote contre les surdoses, plus largement disponible au Canada. Le gouvernement a récemment autorisé la création de trois centres de consommation supervisée à Montréal, comme la population réclamait.
Par ailleurs, des mesures ont déjà été prises à l'échelon local. Le maire de Toronto a rencontré le maire de Vancouver et d'autres responsables pour planifier une intervention préventive en Ontario plutôt que de devoir réagir au déplacement de la crise vers l'est. Le maire d'Hamilton a tenu une discussion à ce sujet également, et d'autres municipalités ont emboîté le pas, elles aussi. J'espère qu'un nombre encore plus grand de municipalités se joindra à elles, qu'elles apprendront les unes des autres et qu'elles adopteront des mesures préventives.
Les chiffres et les experts appuient cette mesure. C'est la bonne façon de veiller à la santé publique, et la mesure permettra également de réaliser des économies. Je constate que divers éléments du projet de loi permettent de dissiper de nombreuses préoccupations soulevées au comité et au sommet sur les opioïdes. Bien que de nombreux députés aient mis l'accent sur l'importance d'adopter le projet de loi dans les plus brefs délais, je crois que la majorité des députés ont démontré à maintes reprises au cours des dernières semaines qu'ils sont disposés à collaborer afin que l'on puisse agir rapidement dans ce dossier.
Je tiens à préciser aux députés que j'estime qu'il s'agit d'un projet de loi très réfléchi, de nature très collaborative et qui répond aux exigences des experts sur le terrain ainsi qu'aux besoins de première ligne. Je suis rassurée de savoir que le projet de loi pourra faire une différence.
Comme d'autres l'ont déjà affirmé, et je suis d'accord avec eux, nous sommes aux prises avec une crise nationale de santé publique au Canada. En 2016, des milliers de Canadiens sont décédés tragiquement en raison de surdoses accidentelles d'opioïdes, et d'autres encore mourront cette année. Le gouvernement et ses partenaires doivent travailler en étroite collaboration afin de sauver des vies.
Si les gens ont des amis ou des voisins qui entendent l'argument des conservateurs selon lequel des centres comme InSite ne constituent pas une bonne solution, je les encourage à communiquer avec moi ou avec d'autres députés siégeant au comité de la santé. Nous serons heureux de fournir des renseignements non partisans et fondés sur des données probantes qui démontrent que cet argument ne s'applique pas au modèle du centre d'injection supervisée, qui donne déjà de bons résultats au Canada. Tous les députés de la Chambre s'entendent pour dire que nous sommes de tout coeur avec les familles et les amis qui sont touchés personnellement lorsqu'une personne qui leur est chère décède, alors qu'elle aurait pu avoir une autre chance. L'an dernier, en Colombie-Britannique seulement, plus de 900 personnes sont décédées d'une surdose de drogue. Il s'agit d'une augmentation de 80 % par rapport à 2015.
Ce projet de loi propose tout simplement d'alléger le fardeau des collectivités qui souhaitent ouvrir un centre de consommation supervisée tout en mettant en place des mesures plus efficaces pour freiner le trafic de drogues illicites et renforcer le système en place pour les centres de consommation de substances désignées autorisés. Les spécialistes et les intervenants ont dit au gouvernement précédent, puis au gouvernement actuel que le projet de loi tel qu'il était proposé n'aidait pas à résoudre cette crise. C'est pourquoi nous avons entrepris de lever les obstacles pour les collectivités qui demandaient depuis longtemps de pouvoir sauver la vie de leurs concitoyens.
Nous savons qu'il reste beaucoup à faire. Nous savons, hélas, que la situation s'aggrave. Les morts par surdose seront maintenant plus nombreuses que les morts par accident de voiture. Cette crise tragique continue de s'étendre vers l'Est du pays, et on compte de plus en plus de saisies de drogues comme le fentanyl et le carfentanil partout au pays. Nous allons continuer de collaborer avec nos partenaires partout au pays afin de proposer des solutions fondées sur les données probantes qui sauvent des vies et de voir à ce que l'on amorce en 2017 un tournant dans cette crise nationale de santé publique.
Un grand nombre de personnes de Brampton-Sud m'ont posé des questions sur mon travail au sein du comité de la santé. J'ai répondu, à maintes reprises, que tous les membres s'entendaient sur le fait que nous devions nous concentrer de toute urgence sur l'étude de la crise actuelle. Ces mêmes personnes ont voulu savoir pourquoi; elles sont toujours intéressées de découvrir comment le travail en comité peut s'attaquer aux vrais problèmes vécus par des Canadiens. Je le répète, la collaboration entre les membres du comité est l'un de mes meilleurs souvenirs à titre de députée. J'espère que j'aurai la chance de revivre de tels moments de coopération. La crise nous a obligés — à titre de leaders dans nos collectivités et de parlementaires — à agir.
En octobre 2016, j'ai présenté une motion afin que le comité de la santé demande à la de passer le plus rapidement possible à l'examen des lois et des règlements actuels en ce qui concerne les centres d'injection supervisée. J'ai proposé que l'examen vise à améliorer la santé et la sécurité des Canadiens en s'appuyant sur des données probantes. Avec le projet de loi , je crois que la ministre et le gouvernement ont répondu pleinement à la motion que le comité de la santé a adoptée en octobre dernier.
Je suis fière d'appuyer ce projet de loi qui sauverait la vie de Canadiens qui ont besoin de notre aide.