:
Monsieur le Président, lorsque j'ai eu l'occasion d'intervenir au sujet du projet de loi , j'ai clairement exprimé mon appui et celui des députés de ce côté-ci de la Chambre envers la plus grande partie du projet de loi. Sauver des vies et s'attaquer aux problèmes de la production, de l'importation et de la consommation de drogues dangereuses et mortelles doivent devenir une priorité.
Le projet de loi autorise l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC, à confisquer les presses à comprimés non enregistrées et à ouvrir les paquets suspects de moins de 30 grammes. Le projet de loi accorde également des pouvoirs accrus au pour assurer rapidement l'ajout temporaire de dangereuses drogues synthétiques à une annexe de la loi. Le projet de loi vise aussi à affaiblir gravement la Loi sur le respect des collectivités, dont on a dit qu'elle imposait aux demandeurs un fardeau ardu et des critères impossibles à satisfaire. Pourtant, pas plus tard que la semaine dernière, l'ouverture de trois centres d'injection à Montréal — je répète, trois centres — a été approuvée sous l'ancienne loi. Je ne suis donc pas certain que les qualificatifs « ardu » et « impossible » soient les bons.
Comme je l'ai dit, j'ai déjà eu l'occasion d'intervenir au sujet du projet de loi, mais je n'ai pas pu m'exprimer sur la façon dont le gouvernement a fait adopter le projet de loi à la Chambre et au comité de la santé. Je sais qu'on me répondra qu'il a fallu procéder ainsi parce que des vies sont en jeu. Je conviens absolument qu'il est primordial de sauver des vies, mais il reste que beaucoup de Canadiens craignent qu'un centre d'injection puisse s'établir dans leur quartier sans l'appui de la collectivité.
En tant que parlementaires, nous avons le devoir d'écouter nos concitoyens et d'assurer leur représentation à la Chambre. C'est pourquoi j'ai proposé de scinder le projet de loi le 1er février 2017, ce qui aurait permis à la majorité des dispositions du projet de loi d'être adoptées à l'unanimité à la Chambre et probablement aussi au Sénat. L'Agence des services frontaliers du Canada aurait obtenu le pouvoir qu'elle réclame afin de lutter contre l'entrée de substances illégales et de saisir les instruments non enregistrés. Cette mesure aurait aussi autorisé la ministre à classer les nouvelles substances.
De plus, la division du projet de loi aurait permis aux députés de débattre plus longuement de l'importance de la participation des collectivités au processus de consultation sur les demandes d'ouverture de centres d'injection et sur l'approbation de ces demandes. Une telle initiative aurait permis de sauver des vies immédiatement, tout en laissant les parlementaires faire leur travail et représenter les Canadiens.
Au lieu d'accepter ma proposition, les libéraux ont imposé la clôture avec l'aide des néo-démocrates, qui s'étaient pourtant plaints dans le passé du recours à l'attribution de temps. Ils ont dit que les Canadiens désiraient des débats vivants, un gouvernement qui est réellement prêt à écouter les gens pouvant avoir des améliorations à proposer au projet de loi, et des représentants à la Chambre qui ont la capacité de s'exprimer. Or, les libéraux se sont servis d'une procédure qui leur a permis de mettre fin au débat sur cette question cruciale, et les néo-démocrates les ont malheureusement appuyés.
Le NPD a accepté de proposer la clôture et de réduire les députés au silence. Cela est surprenant puisque le NPD a accusé à maintes reprises le gouvernement conservateur précédent d'étouffer les débats. Les libéraux et les néo-démocrates ont réduit au silence les députés qui devaient prendre la parole aujourd'hui et parler au nom de leurs collectivités.
Les ministres ne respectent pas les lettres de mandat qui leur ont été confiées. Dans la lettre de mandat de la , il est écrit:
« À titre de ministre, vous avez la responsabilité de respecter notre engagement d’instaurer un nouveau style de leadership au sein du gouvernement. Cela comprend: une collaboration étroite avec vos collègues, un engagement significatif envers les députés de l’opposition, les comités parlementaires et la fonction publique [...] »
On y parle bien d'un « engagement significatif envers les députés de l'opposition » et de la « collaboration étroite avec vos collègues ». En ce qui concerne le projet de loi , la est loin d'avoir dialogué avec les députés de l'opposition et travailler en collaboration avec la Chambre et le comité.
Après avoir clos le débat à la Chambre, les libéraux n'ont pas tardé à étouffer le débat au comité. Ainsi, personne n'a pu comparaître devant le comité pour parler du projet de loi ni proposer d'amendements. Cela veut dire également qu'aucun député de l'opposition n'a eu la chance de poser des questions à la , au , ou à la , au nom de leurs électeurs.
Les libéraux savent que les conservateurs ont des questions et des préoccupations à l'égard de l'affaiblissement du processus de consultation de la collectivité concernant les centres d'injection. Au même titre, les conservateurs savent que le programme des libéraux inclut des stratégies de réduction des méfaits.
Voilà pourquoi nous avons proposé deux amendements raisonnables au comité. Le premier vise à garantir une période de consultation d'au moins 45 jours, ce qui est conforme à tous les autres processus de consultation mis en place par le gouvernement. Le deuxième donnerait au maire et au chef de police le droit de participer au processus de demande en leur permettant d'exprimer leur opposition ou leur appui relativement à l'aménagement d'un centre d'injection dans leur localité. Ces amendements n'empêcheraient pas le ministre d'approuver le centre d'injection; ils feraient simplement en sorte que les responsables de la réussite de ce centre soient adéquatement consultés et informés. Ces amendements étaient raisonnables.
Il est décevant que, contrairement à ce que dit la lettre de mandat de la ministre, nous n'ayons pas eu l'occasion d'avoir un échange constructif avec le gouvernement pour renforcer le projet de loi dans l'intérêt des Canadiens. Voilà pourquoi je demande la suppression de l'article 42 du projet de loi .
En vertu du projet de loi dans sa forme actuelle, une localité qui n'en veut pas ou qui n'en a pas besoin pourrait se voir imposer un centre d'injection. Notre collègue du NPD estime qu'il faut simplifier le processus de demande, et il semble que les libéraux sont d'accord.
Je pose de nouveau la question à la ministre: pourquoi, alors que les consultations sur les pipelines relèvent entièrement du demandeur, faudrait-il simplifier le processus de demande d'établissement des centres d'injection? Lorsqu'il est question de pipelines, les consultations constituent la pierre angulaire de l'approbation. Or, dans le cas des centres d'injection, l'opinion de la population n'importe pas. Le gouvernement préconise un système de deux poids, deux mesures, que je désapprouve. Voilà une autre incohérence dans les politiques gouvernementales.
Je connais déjà la réponse de la . Elle dira aux Canadiens que ces centres sauveront des vies, ce qui est peut-être vrai. Cependant, pour réellement sauver une vie, il faut offrir une solution de rechange à celle de commettre des crimes, de consommer de la drogue et de possiblement faire une surdose. Pour sauver une vie, il faut veiller à ce que toute personne puisse obtenir un traitement convenable lorsqu'elle le demande. Nous savons que le manque de possibilités de cures de désintoxication partout au Canada constitue un immense problème et qu'il décourage énormément les toxicomanes qui cherchent à traiter leur maladie traitable.
En outre, nous savons que les victimes d'une surdose de ces drogues dangereuses ne font pas que se les injecter; elles les inhalent et les ingèrent aussi. De plus, les victimes ne sont pas toutes des toxicomanes; certaines consomment des drogues à des fins récréatives.
Il s'agit d'une question complexe et tous les partis peuvent certainement convenir qu'il faut s'y attaquer immédiatement. Voilà pourquoi, comme je l'ai indiqué plus tôt, j'ai proposé de scinder le projet de loi en deux. Nous aurions pu faire en sorte que l'Agence des services frontaliers du Canada ait le pouvoir qu'elle réclame pendant que nous poursuivions le débat sur l'article 42. Cette proposition est tout à fait raisonnable. Loin de nous l'idée de faire de la petite politique. Nous n'essayons pas non plus de faire preuve d'indifférence. En fait, je crois que tous les députés s'emploient sérieusement à protéger tous les Canadiens.
J'aimerais que la ministre réexamine l'article 42 et qu'elle prenne en considération l'importance de consulter la collectivité et, bien sûr, d'obtenir l'appui de celle-ci, parce que, comme nous le savons, à défaut d'un tel appui, les chances de succès sont presque nulles. Je demande à la ministre de permettre la poursuite du débat sur les centres d'injection avant que le projet ne soit adopté dans sa forme actuelle.
Je sais que j'exprime le point de vue de nombreux Canadiens en affirmant qu'il ne doit pas y avoir un centre d'injection dans chaque collectivité. Nous savons que le processus actuel pour l'approbation des centres d'injection n'est pas impossible à suivre, puisque trois de ces centres ont récemment été approuvés par la .
Par conséquent, je demande à l'ensemble de mes collègues d'accepter la suppression de l'article 42 et de permettre la tenue d'un débat en bonne et due forme sur le processus de consultation préalable à l'approbation d'un centre d'injection supervisée. Les Canadiens souhaitent que nous tenions un débat exhaustif sur ce dossier.
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Monsieur le Président, je prends la parole pour présenter un amendement au projet de loi. Je souligne toutefois qu'il est extrêmement important d'adopter le projet de loi et de s'attaquer rapidement à la crise du fentanyl. La crise des opioïdes est une crise nationale de santé publique. Pour la première fois dans ma vie de parlementaire, j'ai voté comme le gouvernement concernant une motion d'attribution de temps parce qu'il est essentiel que nous adoptions ce projet de loi.
J'ai entendu des commentaires il y a quelques instants et je dois y réagir. Ce que j'ai dit plus tôt n'est pas de la foutaise. Les faits sont là pour le prouver. J'étais ici lors des débats concernant les tentatives des conservateurs d'instaurer des conditions déraisonnables. Ces conditions n'étaient pas dans l'intérêt de la santé et de la sécurité publiques. Il était évident qu'elles faisaient partie des efforts continus du gouvernement Harper pour faire fermer le centre InSite, à Vancouver, éviter qu'il ne devienne un modèle de centre de consommation supervisée visant à sauver des vies et empêcher les gens des autres circonscriptions à accéder aux centres.
J'appuie le projet de loi . J'aurais seulement aimé, comme j'en ai fait la proposition au comité, et comme l'a proposé aussi la députée de , que davantage d'efforts soient déployés afin de simplifier l'approbation des centres de consommation supervisée là où on en a désespérément besoin pour lutter contre la crise des opioïdes.
Je propose un amendement. J'avoue qu'il est difficile de proposer un amendement à l'étape actuelle. Cependant, comme c'est souvent le cas lorsqu'une urgence survient, notre attention est monopolisée par un problème. Il est facile d'accepter le projet de loi qui nous est soumis, compte tenu de la grande nécessité, et d'oublier les autres problèmes.
L'amendement que je propose nous vient de l'Association canadienne des libertés civiles et de l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique, qui s'opposent à l'article 53 du projet de loi. Cet article prévoit l'abrogation de certains paragraphes de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes. Je le répète, lorsqu'on s'efforce de régler un problème, et c'est le cas également du terrorisme, il arrive qu'on oublie les libertés civiles. Or, c'est assurément une tendance qui se manifeste à l'heure actuelle. La Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes accorde aux agents des services frontaliers et aux employés de Postes Canada le droit d'ouvrir des colis d'une manière qui n'aurait pas été autorisée auparavant. Les colis pesant 30 grammes ou plus ne doivent pas être ouverts, mais s'ils sont plus lourds et s'il s'agit bien d'un colis, ils sont systématiquement ouverts à l'heure actuelle.
Il est essentiel que nous nous penchions sur la faisabilité de cette disposition. Il ne serait pas raisonnable qu'une association de défense des libertés civiles nous propose de fermer les yeux et de ne jamais ouvrir les lettres pour y chercher du fentanyl, une substance pouvant être létale même en quantité infinitésimale.
Mais l'association des libertés civiles nous dit plutôt que, si le personnel des services frontaliers ou postaux a des motifs raisonnables de croire qu'une lettre devrait être ouverte, il devrait alors obtenir un mandat. Ce n'est pas trop demander. Nous avons de bonnes raisons de tenir à la primauté du droit, à la protection de la confidentialité et aux libertés civiles. Une fois que les organismes d'application de la loi se seront vu accorder de vastes pouvoirs extrêmes leur permettant d'ouvrir n'importe quelle lettre, il n'est pas difficile d'imaginer des situations où ils pourront abuser de ces pouvoirs et où ils finiront assurément par le faire.
Je veux attirer l'attention de la Chambre sur l'amendement, qui ne vise à supprimer qu'une seule disposition du projet de loi. Il ne ferait pas en sorte que les agents des services frontaliers et les employés de Postes Canada ne soient pas autorisés à ouvrir des envois soupçonnés de contenir du fentanyl. Ce n'est pas l'objet de mon amendement. Mon amendement vise à faire ressortir que, s'ils ouvrent des envois, ils doivent d'abord avoir obtenu un mandat. Il ne fait aucun doute que les pouvoirs vastes et absolus conférés pourront à l'avenir être utilisés à mauvais escient. Des envois seront ouverts par des personnes qui soupçonnent quelque chose qui n'est pas lié à la crise du fentanyl.
Il n'est pas nécessaire que j'utilise tout le temps de parole qui m'est accordé pour parler de l'amendement. J'appuie le projet de loi . Je veux qu'il soit adopté, mais je ne veux pas que nous mettions l'accent uniquement sur la crise des opioïdes. Nous devons veiller à ne pas faire d'erreur. Les agents des services frontaliers et les employés de Postes Canada ne devraient-ils pas être tenus d'obtenir un mandat avant de pouvoir ouvrir de très petits envois?
Je dédie mon travail sur le projet de loi et la crise des opioïdes à une électrice de ma circonscription, Leslie McBain, l'une des fondatrices de Moms Stop the Harm, qui a perdu son fils à cause de cette crise.
Ce n'est pas qu'au centre-ville de Vancouver que l'on constate un nombre extraordinaire de décès liés à la crise des opioïdes. Dans ma propre circonscription et dans la région éloignée des îles Gulf, des personnes sont décédées après avoir consommé du fentanyl. Nous avons besoin de cette mesure législative.
Le député d' et moi nous entendons sur une chose: il faut faire plus. Nous avons besoin des centres de consommation supervisée, mais nous avons également besoin de programmes relatifs à des services de santé mentale. Il faut des programmes de counseling en matière de toxicomanie. Il faut un soutien continu, de sorte que les personnes ayant reçu du counseling en matière de toxicomanie et ne consomment plus obtiennent le soutien dont elles ont besoin pour ne pas sombrer de nouveau dans la toxicomanie. Il s'agit d'un problème très vaste.
J'espère que le financement de ces mesures d'aide sera le point de mire du budget de 2017 et que nous y verrons de l'argent pour les soins de santé mentale, pour le counseling en matière de toxicomanie de même que pour les services aux adolescents. Ceux-ci se trouvent souvent dans des situations difficiles lorsqu'ils reçoivent des services de counseling qui visent les adultes, car les adultes aux prises avec une toxicomanie mènent souvent un style de vie qui peut effrayer un adolescent. Nous devons donc réfléchir à la façon dont nous orientons nos services de santé mentale et de counseling en matière de toxicomanie.
Nous avons besoin du projet de loi ; c'est pourquoi je l'appuie. Cet amendement en particulier permettra de bien répondre à la crise du fentanyl sans porter atteinte aux libertés civiles.
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Monsieur le Président, je suis très heureux d'intervenir à la Chambre, aujourd'hui, pour appuyer le projet de loi . C'est une loi qui est attendue, qui est basée sur les faits et qui peut sauver des vies. Je tiens tout d'abord à remercier le Comité permanent de la santé pour son examen opportun et utile du projet de loi .
Chacun sait que notre gouvernement est profondément préoccupé par la crise des opioïdes qui sévit au Canada. Au cours de la dernière année, on a constaté un nombre sans précédent de décès partout au pays. En Colombie-Britannique et en Alberta, les surdoses liées aux opioïdes devancent les accidents de voiture, en tant que causes de décès. Même si certaines régions du pays n'ont pas été touchées aussi durement que d'autres, aucune région n'est à l'abri, et trop de Canadiens et de Canadiennes ont perdu des amis ou des membres de leur famille, ou encore connaissent quelqu'un qui en a perdu.
Le gouvernement est donc résolu à s'attaquer à cette crise de santé publique complexe et à la toxicomanie en général, et c'est forts d'une approche exhaustive et axée sur la collaboration, la compassion et les données probantes que nous accomplirons cette tâche.
[Traduction]
Voilà pourquoi, le 12 décembre 2016, la , accompagnée du et de la , a annoncé l'adoption de la nouvelle Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances. Cette nouvelle stratégie officialise l'engagement du gouvernement à adopter une approche axée sur la santé dans la lutte contre la toxicomanie en réintégrant la réduction des méfaits comme pilier principal de la politique canadienne en matière de drogues. Elle vise aussi à renforcer le caractère factuel de la politique canadienne sur les drogues.
Par la même occasion, la ministre a présenté à la Chambre des communes un projet de loi complet, le projet de loi , afin d'appuyer la nouvelle stratégie. Ce projet de loi vise à corriger certaines lacunes et faiblesses des lois existantes en fournissant aux responsables de la santé et de l'application de la loi les outils dont ils ont besoin pour protéger la santé publique et maintenir la sécurité du public. Les dispositions du projet de loi C-37 aideraient à remédier à la crise des opioïdes qui sévit actuellement, et c'est pourquoi j'encourage tous les députés à appuyer l'adoption rapide du projet de loi.
La toxicomanie est un problème complexe. Toutes les personnes ne réagiront pas de façon positive au même traitement et toutes les personnes ne sont pas nécessairement disposées à entreprendre un traitement ou ne sont pas en mesure de le faire. Malheureusement, des données probantes démontrent que les personnes qui ne suivent pas de traitement courent un plus grand risque de préjudice social et de problème de santé. Elles courent aussi un plus grand risque de surdose et de décès. C'est pourquoi le gouvernement reconnaît l'importance d'adopter une démarche pragmatique dans la lutte contre la toxicomanie.
À l'heure où les collectivités canadiennes ont peine à gérer la crise des opioïdes, l'établissement de mesures de réduction des méfaits reposant sur des données probantes, y compris la création de centres d'injection supervisée, doivent faire partie de la solution. Les faits montrent clairement que ces centres, lorsqu'ils sont établis et gérés adéquatement, réussissent à sauver des vies et à améliorer la santé.
[Français]
Toutefois, en 2015, l'ancien gouvernement a adopté la Loi sur le respect des collectivités, qui exigeait que les demandeurs souhaitant établir des sites de consommation supervisée respectent 26 critères dans la demande avant que le ou la ministre de la Santé puisse même l'étudier.
De plus, pour renouveler l'exemption d'un site existant, les demandeurs devaient présenter des renseignements tenant compte des 26 critères, en plus de renseignements liés à deux autres critères, avant que l'on puisse étudier la demande.
Il est résulte que cette loi a été longuement et largement considérée par les experts en santé publique comme un obstacle majeur à l'établissement de nouveaux sites de consommation supervisée, ce qui est malheureux.
Comme je l'ai déjà dit, c'est pour ces raisons que les données probantes et les faits démontrent que les sites consommation supervisée sauvent des vies. Alors qu'on cherche à venir à bout de la crise des décès par surdose d'opioïdes, il faut en priorité faciliter l'établissement de ces centres dans les collectivités où ils sont justifiés et nécessaires.
C'est pourquoi le projet de loi propose d'alléger le fardeau administratif des collectivités qui cherchent à établir un centre de consommation supervisée, et ce, sans compromettre la santé et la sécurité de ceux qui exploitent le centre, de ses clients et de la collectivité environnante.
De plus, en ce qui concerne le renouvellement, les centres de consommation supervisée existants n'auront plus à présenter de nouvelles demandes. Le projet de loi fait en sorte qu'une demande de renouvellement se fait en avisant simplement Santé Canada de tout changement aux renseignements présentés dans la dernière demande du centre.
[Traduction]
La semaine dernière, le Comité permanent de la santé a adopté le projet de loi avec un amendement visant à préciser les renseignements qui seront exigés pour présenter une demande d'établissement d'un centre d'injection supervisée. Le gouvernement appuie cet amendement sans réserve.
À l'étape du rapport, le député d' propose de supprimer l'article 42 du projet de loi , ce qui retirerait du projet de loi tous les changements qui ont pour objectif de simplifier le processus de demande pour les centres d'injection supervisée. Le gouvernement ne peut pas appuyer cette motion.
Les centres d'injection supervisée sont une solution clé dans la lutte contre la crise des opioïdes et le gouvernement s'est rendu compte que le cadre législatif actuel nuit à leur mise en oeuvre dans les localités qui en veulent et qui en ont besoin.
La puissance extraordinaire des drogues qui sont consommées, puissance qui, souvent, n'est pas contrôlée, est une composante importante de cette crise. Le fentanyl, un opioïde synthétique très puissant, est une réelle source de préoccupation. Bien qu'il puisse être prescrit en toute légalité pour soulager les douleurs extrêmes, il est consommé à d'autres fins en raison de ses effets similaires à ceux de l'héroïne. Les revendeurs font souvent passer le fentanyl pour autre chose, comme de l'oxycodone ou de l'héroïne, ou l'ajoutent à d'autres drogues.
Un projet pilote de vérification des drogues mené par InSite, un centre de consommation supervisée à Vancouver, a révélé que 91 % des substances qu'on disait être de l'héroïne ou contenir de l'héroïne présentaient également du fentanyl. Le fentanyl dissimulé dans d'autres drogues mène à des surdoses, car les utilisateurs ne connaissent pas la force des substances qu'ils consomment.
Nous savons que les presses à comprimés et les instruments d'encapsulation, qui peuvent être utilisés à des fins légales, sont également importés pour la fabrication de comprimés illicites contenant des opioïdes. Selon la Drug Enforcement Agency des États-Unis, une seule presse à comprimés peut transformer un kilogramme de fentanyl brut, évalué à quelques milliers de dollars, en des centaines de milliers de comprimés qui vaudront alors des millions de dollars sur le marché noir.
À l'heure actuelle, toute personne au Canada peut importer ces machines légalement sans contraintes réglementaires. Le projet de loi obligerait l'enregistrement auprès de Santé Canada de toute presse à comprimés ou de tout instrument d'encapsulation importés au Canada.
Le fentanyl illicite est surtout produit dans d'autres pays puis importé dans de petits colis. Le fentanyl pur est un opioïde extrêmement puissant dont quelques milligrammes suffisent à provoquer une surdose. Un petit colis contenant du fentanyl pur importé au Canada au moyen de la poste internationale peut donc contenir l'équivalent de milliers de doses létales.
À l'heure actuelle, tout le courrier qui entre au Canada peut être examiné par un agent des services frontaliers avant d'être intégré à la filière postale nationale, si l'agent a des motifs raisonnables de le faire. Cependant, les colis qui pèsent 30 grammes ou moins ne peuvent être ouverts qu'avec le consentement de l'expéditeur ou du destinataire. En l'absence de consentement, le courrier suspect est tout simplement retourné à l'expéditeur. On croit que des trafiquants de drogue profitent de cette exemption, ce qui explique la prolifération du trafic de drogue ayant recours au courrier international.
Le projet de loi comblerait cette lacune en permettant aux agents des services frontaliers d'ouvrir tous les colis se trouvant dans la filière postale internationale s'ils ont des motifs raisonnables de croire qu'ils contiennent des produits illicites.
Enfin, nous savons que la crise des opioïdes cause des inquiétudes très concrètes en matière de santé et de sécurité au travail aux agents de première ligne, y compris les agents des services frontaliers, les agents d'application de la loi et les autres agents qui peuvent être exposés à du fentanyl et à du carfentanil dans l'exercice de leurs fonctions.
Ces inquiétudes sont exacerbées par le fait que les règles actuelles régissant la manutention et l'élimination des substances désignées, des précurseurs et des autres biens liés à la drogue qui sont saisis sont lourdes et complexes et qu'elles exigent que les agences entreposent les articles jusqu'à ce qu'elles puissent obtenir une ordonnance du tribunal. Il s'ensuit que la police doit conserver longtemps dans les salles de pièces à conviction de grandes quantités de substances désignées, de produits chimiques potentiellement dangereux et d'autres biens infractionnels. Cette situation fait augmenter le risque d'exposition à ces substances dangereuses et la possibilité qu'elles soient détournées vers le marché illicite.
[Français]
Parmi les nombreuses dispositions qui ont été inscrites à ce projet de loi pour moderniser la Loi réglementant certaines drogues et autres substances afin de suivre le rythme des changements sur le marché des drogues licites et illicites, des dispositions feraient en sorte d'instaurer un nouveau processus accéléré pour l'élimination des substances contrôlées, des précurseurs et des biens infractionnels de nature chimique.
Comme il ne me reste que quelques secondes de temps de parole, je vais conclure.
[Traduction]
En conclusion, je dirai que le projet de loi permettrait de corriger des lacunes et des faiblesses observées dans la loi actuelle afin de mieux répondre à la crise des opioïdes. Le projet de loi à l'étude aujourd'hui est un autre exemple de l'engagement pris par le gouvernement en vue d'adopter une approche globale et axée sur la collaboration, la compassion et des données probantes dans le cadre de la politique antidrogue, afin de réduire les méfaits que cause actuellement la drogue à des personnes et à des collectivités.
Par conséquent, j'encourage fortement les députés de la Chambre à appuyer le projet de loi dans sa version amendée par le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes.
:
Monsieur le Président, je pense que tous les députés abordent ce débat en ayant particulièrement conscience de la crise qui secoue un certain nombre de collectivités de notre pays. Je veux parler de la crise des surdoses d’opioïdes, qui n’est pas le fait d’une seule province ou d’un seul territoire. Cette crise touche en effet maintes collectivités, de la Colombie-Britannique à Terre-Neuve-et-Labrador, et des territoires inuits jusqu’à la frontière canado-américaine, et aucune grande ville canadienne n’est épargnée, de Vancouver à Montréal, en passant par Edmonton, Calgary, Winnipeg et Toronto. J’apprends que même le Cap-Breton est touché par ce fléau. C’est donc un phénomène qui se généralise et qui touche un grand nombre de collectivités et de familles de notre pays.
Nous discutons aujourd’hui du projet de loi parce que les conservateurs ont présenté à l’étape du rapport des amendements qu’ils n’ont pas réussi à faire adopter au comité. Nous examinons également un amendement présenté par la députée de .
Depuis un an, les néo-démocrates s’efforcent d’alerter l’opinion sur la gravité de la crise des surdoses d’opioïdes, qui est aujourd’hui une urgence de santé publique et qui nécessite des mesures immédiates. Nous avons toujours dit que cette crise était différente de la plupart de celles dont la Chambre est saisie, car il s’agit ici de vie et de mort.
Des décisions que nous prendrons et de celles que nous ne prendrons pas, beaucoup de vies vont dépendre. Nous ne pouvons pas en dire autant de toutes les questions dont la Chambre est saisie. C’est la gravité et la triste réalité de cette crise que les néo-démocrates veulent souligner dans le débat d’aujourd’hui, ce qu’ils font depuis le début d’ailleurs.
Le député qui m’a précédé, et qui est intervenu au nom du gouvernement libéral, a dit que son gouvernement ne ménageait pas ses efforts. Ce n’est pas vrai, et les preuves sont là. En effet, le gouvernement a négligé de prendre en compte de nombreux facteurs, il a négligé de prendre les mesures qui s’imposaient, et aujourd’hui, nous nous retrouvons face à cette crise. Il y a littéralement des dizaines de mesures que le gouvernement pourrait prendre pour régler la crise des surdoses, mais il semble réticent à les prendre.
Curieusement, l’intervenant précédent a dit qu’il avait fallu 16 mois pour faire approuver trois centres d’injection supervisée à Montréal, et que c’était la faute du gouvernement conservateur précédent. Il est vrai que la demande en question a été traitée dans le cadre de la loi adoptée par les conservateurs en 2015, mais cela fait aussi à peu près 16 mois que le gouvernement libéral est au pouvoir. Il est donc mal placé pour mettre cette situation sur le dos du gouvernement précédent.
Il y a précisément un an, les néo-démocrates ont demandé au gouvernement, ici même à la Chambre, de présenter sans tarder un projet de loi visant à abroger ou à modifier le projet de loi , lequel rend pratiquement impossible l’ouverture de nouveaux centre de consommation supervisée. Qu’a répondu le gouvernement à ce moment-là ? Que cela ne lui semblait pas nécessaire.
La a déclaré publiquement que la loi en vigueur ne lui posait pas de problème, mais que, le cas échéant, elle prendrait des mesures. Elle a dit que les problèmes suscités par le projet de loi étaient de nature administrative. Elle ne semblait pas comprendre que le problème fondamental de ce projet de loi, ce sont les 26 critères qui y sont énoncés. C’est curieux parce que la députée de , qui était la porte-parole libérale en matière de santé à l’époque où les conservateurs ont fait adopter leur projet de loi en 2015, l’avait pourtant bien démontré, tout comme les néo-démocrates. Elle avait dit clairement que le projet de loi C-2 qui avait été présenté par les conservateurs visait à interdire l’ouverture de nouveaux centres de consommation supervisée. Or, lorsque les libéraux sont arrivés au pouvoir, comme par enchantement, cette loi ne leur posait plus de problème.
Pendant les 12 mois qui se sont écoulés avant qu’on décide de prendre le taureau par les cornes et de présenter le projet de loi , qui simplifie la loi en vigueur, combien de Canadiens ont perdu la vie? Environ 2 000. Certes, tous ces décès n’auraient pas pu être évités, mais quand on sait que les centres de consommation supervisée contribuent à sauver des vies, il est évident qu’il vaut mieux les ouvrir le plus rapidement possible. Nous savons donc — c’est un fait avéré — que des Canadiens sont morts parce que le gouvernement a tardé à prendre les mesures qui s’imposaient.
Le problème que posent les amendements des conservateurs, c'est que ceux-ci, malgré tout le respect que je leur dois, campent sur leur position idéologique et cherchent encore à faire retarder l’ouverture de nouveaux centres de consommation supervisée.
Je sais que la grande majorité des conservateurs sont contre les centres de consommation supervisée. S’ils ont présenté un projet de loi, c’est uniquement parce qu’ils se sont opposés au centre InSite jusqu’à la Cour suprême du Canada, mais que celle-ci a finalement statué, compte tenu de la preuve, que le gouvernement devait prévoir une exemption en vertu de l’article 56. C’est donc à contrecœur que les conservateurs ont présenté un projet de loi à cet effet, mais ils l’ont truffé de pilules empoisonnées, 26 très exactement. De cette façon, ils ont obtenu le résultat qu’ils recherchaient. À partir du moment où le projet de loi a été présenté à la Chambre, aucun nouveau centre de consommation supervisée n’a été autorisé au Canada. Ce n’est donc pas une coïncidence.
Ce que nous faisons ici, et le projet de loi le fait plutôt bien, c’est rétablir le processus et les critères applicables à l’ouverture d’un centre de consommation supervisée, tels qu’ils ont été énoncés par la Cour suprême du Canada.
La Cour suprême du Canada a statué que le ministre devait accorder une exemption à toute personne qui propose l’ouverture d’un centre de consommation supervisée, à condition que la demande réponde à six critères précis. Selon la Cour, il faut que l’auteur de la demande fournisse la preuve que le centre aura des effets bénéfiques sur la santé publique; qu’il répond à un besoin, compte tenu des conditions locales; qu'on dispose des ressources nécessaires pour faire fonctionner le centre; et qu’il est encadré par une structure administrative. Il faut aussi fournir de l'information sur les expressions d’appui ou d’opposition de la part de la population et sur l'incidence du centre sur le taux de criminalité.
Je m'arrête un moment parce que j'entends constamment les conservateurs présenter la question sous un faux jour. Tous les partis à la Chambre estiment que l'opinion de la collectivité, qu'il s'agisse d'appui ou d'opposition, est importante et que le ministre de la Santé doit en tenir compte. C'est d'ailleurs prévu dans la loi.
Certains conservateurs affirment que la loi ne fait pas mention de cette obligation. S'ils avaient lu le projet de loi, ils auraient vu qu'il y est dit que les expressions d’appui ou d’opposition de la communauté sont des facteurs qui doivent être pris en compte. J'imagine que les conservateurs peuvent lire les mesures législatives sur lesquelles ils souhaitent voter.
Puisque je parle des conservateurs, je me permets d'ajouter ceci. La semaine dernière, lors d'une séance du comité de la santé, le député de a fait une des interventions les plus bizarres que j'aie jamais entendues. Pour exprimer son opposition au fait que le NPD appuie le projet de loi visant à faciliter l'ouverture de centres de consommation supervisée au Canada, dans un cadre réglementaire axé sur les six critères établis par la Cour suprême du Canada, il m'a dit ceci:
Je crois que l'intention [du député de Vancouver Kingsway] est de faciliter le processus de demande concernant les sites d'injection sécuritaires.
Est-ce que vous adopteriez une position similaire [...] si nous étions assis autour de la table pour parler des processus de demande concernant les pipelines en Alberta? Il est très exigeant de soumettre une demande de pipeline. Il s'agit d'un processus extrêmement fastidieux et long, qui peut prendre des années.
Nous, les conservateurs, nous avons lutté très fort pour faciliter la construction de pipelines au pays, mais ce n'est pas de pipelines que nous parlons aujourd'hui: nous parlons de sites d'injection sécuritaires.
[...] Je n'appuie pas ce que vous faites ici [...] dans votre motion ou vos amendements. Toutefois, je réitère la comparaison entre les pipelines et les sites d'injection sécuritaires.
[...] Si vous nous facilitez la tâche en Alberta, nous pouvons vous aider à mettre en place des sites d'injection sécuritaires partout au pays.
Ce sont les propos les plus insultants que j’ai jamais entendus dans la bouche d’un député, que ce soit dans cette Chambre ou en comité. Oser faire une comparaison entre le transport de combustibles fossiles par pipelines et l’ouverture de centres qui permettent de sauver des vies est particulièrement insultant et déshonorant de la part d’un député. C’est insultant de laisser entendre qu’on peut faire une comparaison entre le processus réglementaire qui conduit à l’approbation d’un pipeline et le processus réglementaire qui conduit à l’ouverture d’un centre de soins qui permet de sauver des vies. Et c’est encore plus insultant de laisser entendre qu’un compromis serait possible, si un parti appuyait un processus d’approbation plus simple pour les pipelines en échange d’un processus d’approbation plus simple pour les centres de consommation supervisée. Mais cela ne me surprend pas.
En revanche, ce qui me surprend, et c’est avec cela que je vais conclure, c’est que le gouvernement libéral ait refusé d’accepter les deux amendements présentés par les néo-démocrates.
Le premier proposait de modifier le projet de loi afin de mieux répartir le fardeau qui incombe à la personne qui demande l’approbation d’un centre. Autrement dit, nous estimons que les six critères énoncés par la Cour suprême devraient certes être pris en compte par la , mais que le demandeur ne devrait avoir la responsabilité de répondre qu’aux critères concernant les conditions locales, les ressources disponibles, et le besoin auquel le centre répond dans la collectivité. Les autres critères concernant l’incidence sur le taux de criminalité, les expressions d'appui ou d’opposition au centre et la structure réglementaire devraient être laissés à la discrétion de la ministre. On ne devrait pas accabler les demandeurs avec cela.
Notre deuxième amendement permettait aux ministres provinciaux de la Santé de contourner le processus en cas d’urgence afin de demander à la une exemption aux termes de l’article 56 pour ouvrir des centres temporaires d'urgence de prévention des surdoses, comme il en existe déjà à Vancouver aujourd’hui qui fonctionnent dans l’illégalité.
Je suis déçu que le gouvernement libéral ait rejeté ces amendements, mais les néo-démocrates vont continuer de faire avancer la discussion pour que le projet de loi soit rapidement adopté par le Parlement et que nous puissions commencer à intervenir pour sauver des vies le plus vite possible.
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Monsieur le Président, je tiens à féliciter mon collègue de de son excellent discours. Je crois qu'il comprend très bien le problème. Il s'agit d'un problème de santé. Comme la ministre l'a mentionné, et comme nous l'avons reconnu, il s'agit désormais d'une crise nationale de santé publique, et nous prenons des mesures pour travailler dans tout le pays avec des ressources, comme l'a dit la ministre, ainsi qu'avec tous les agents de santé publique dans l'ensemble des provinces afin de régler le problème sur le terrain.
En tant que médecin, la première chose qui m'intéresse dans toute situation d'urgence de santé publique, que ce soit un virus, une bactérie ou, comme c'est le cas actuellement, des décès par surdose en raison d'opioïdes contaminés, ce sont les moyens immédiats de régler le problème et de sauver des vies, d'envisager un certain nombre de politiques et de lois qui nous aideraient à trouver des solutions à long terme au problème.
Je tiens à féliciter le Nouveau Parti démocratique d'avoir contribué à faire avancer le dossier si rapidement à la Chambre. Cela signifie que les députés comprennent que, pour la plupart d'entre nous à la Chambre, sauver des vies est primordial. Pour nous, la priorité est toujours de sauver des vies.
Je félicite la d'avoir abrogé le projet de loi , que je considère comme une mesure terrible, odieuse et cruelle qui empêchait les gens de faire le nécessaire pour sauver des vies. En fait, d'après les propos prononcés plus tôt par le porte-parole conservateur en matière de santé, ce projet de loi était fondé sur l'idée que les centres de consommation supervisée sauvent des vies, certes, mais ils facilitent aussi la consommation de drogues.
Je demande à quiconque doté d'un brin de bon sens ce à quoi il faut accorder la priorité: sauver une vie ou permettre à un toxicomane de consommer la drogue dont il est dépendant? Nous savons qu'il s'agit de comprendre les questions entourant la santé publique et les soins aux patients.
Je tiens à féliciter la d'avoir inclus presque textuellement les cinq critères que la Cour suprême a formulés dans sa décision. J'étais porte-parole en matière de santé lorsque celle-ci a été rendue. Le Parti libéral avait alors vigoureusement insisté pour que soient appliquées les recommandations de la Cour suprême.
À l'époque, je me souviens que la plupart d'entre nous étions vivement préoccupés par le fait que le Parti conservateur avait présenté ce qu'on appelait alors la loi sur les collectivités sûres, ce que personne ne trouvait amusant parce qu'il ne rendait certainement pas les collectivités plus sûres. Mais ce qu’on voit maintenant, c'est que, de 2011, lorsque la Cour suprême a rendu sa décision, à 2015, quatre années ont passé avant que le gouvernement n’examine cette décision.
Je trouve ça dommage et triste parce que ça a empêché de mettre en place des sites d'injection sécuritaire un peu partout au pays. Ça a empêché de réduire les méfaits, c’est-à-dire de faire baisser les taux de mortalité liés aux différentes maladies, aux différentes affections, aux problèmes de santé publique, et de faire baisser les taux de morbidité, pas seulement de sauver des vies, mais faire baisser les taux de morbidité. Nous avons vu les sites d'injection sûrs. Je suis fière de dire que j'étais la ministre responsable de Downtown Eastside au moment de la conclusion de l'entente de Vancouver et de l'approbation des principes de réduction des méfaits énoncés dans l'approche à quatre piliers du maire de Vancouver d’alors, Philip Owen. Nous avions alors le centre d'excellence de l'UBC pour le VIH-sida, qui a réalisé le projet en collaboration avec 24 organismes partenaires dans le monde, des pairs qui ont reconnu la qualité du projet et ont pleinement accepté les résultats.
On disposait, à ce moment-là, de 70 centres d’injection supervisée dans le monde, en Suisse, aux Pays-Bas, dans les pays scandinaves, en Australie, et au Portugal. Il y avait une dynamique. Les gens voyaient ce qu'il en était. Nous étions alors préoccupés par les 234 morts par surdose dans Downtown Eastside. Nous avons vu qu’une fois qu’un centre d’injection sécuritaire avait été mis en place, il n’y avait plus aucune mort par surdose parmi ceux qui le fréquentaient. Nous avions stoppé ces morts. Ce qu’on pouvait également constater, c’est que le taux de criminalité avait baissé dans le secteur, de sorte que l’ordre public était rétabli.
Nous avons vu également ces personnes à très haut risque, qui avaient commencé à utiliser InSite à l'époque, décider tout d’un coup qu'elles voulaient se faire traiter. Il s'agissait de toxicomanes à haut risque. Ces gens pouvaient suivre leur traitement à OnSite, juste au-dessus du site InSite. Il y avait 25 lits pour les gens qui voulaient suivre le traitement. C’était aussi un élément probant d’importance. Cela n’a pas seulement sauvé des vies, cela a également aidé les gens à entrer en traitement. Nous avons vu que cela avait rétabli l'ordre et satisfait à un autre critère; cela redonnait de l’espoir aux gens et l’envie de démarrer une vie nouvelle.
Ce sont des choses importantes quand on parle de réduction des effets nocifs. Lorsque j'ai entendu le porte-parole du Parti conservateur en matière de santé dire à la Chambre ce matin que la preuve est faite que cela peut sauver des vies, mais que cela encourage la dépendance, je me demande pourquoi l'idéologie devrait prendre la vie humaine tellement à la légère. Ce sont des êtres humains, et le simple fait qu'ils se trouvent être accros à une drogue ne signifie pas qu'ils ne valent rien. Qui peut dire quelles sont les vies qui valent la peine et celles qui ne valent rien? C'est de ça que nous parlons ici.
Je suis heureuse de voir la aller de l’avant et parler de cette situation comme d’une crise nationale de santé publique. Je me réjouis de voir les dispositions concernant l’ouverture des envois suspects qui pourraient contenir jusqu’à 30 grammes de fentanyl. Nous savons que 30 grammes de fentanyl peuvent entraîner le décès de 15 000 personnes. Il s’agit là d’un chiffre énorme. On parle de milliers de décès.
L’avènement d’InSite a non seulement fait en sorte que les décès ont cessé, mais aussi que le taux de VIH a diminué. On dénombrait 2 100 nouveaux cas de VIH/sida au moment de l’ouverture d’InSite. Ce chiffre est passé à 31. Ce genre d’endroit est essentiel.
Je suis heureuse que les néo-démocrates appuient le projet de loi. Je suis contente que tous les députés soient déterminés à l’adopter, parce que c'est essentiel pour que des centres d’injection supervisée puissent être établis. En effet, toutes les données démontrent que ces centres permettent de sauver des vies et de réduire la mortalité et la morbidité.
Je comprends que la chef du Parti vert considère l’ouverture de ces enveloppes comme contrevenant aux libertés civiles, mais s’il s’agit de sauver des vies, je crois qu’il est crucial que nous le fassions.
Je suis heureuse que la ait fait mention des précurseurs dans le projet de loi, pour qu’ils disparaissent. Ils jouent un rôle important dans de nombreux cas, mais pour le moment, nous devons décider d’en interrompre la distribution, sans ordonnance ni approbation, ce qui représente une façon de sauver des vies.
En tant que médecin, je peux dire que des vies seront sauvées par suite des mesures adoptées par la dans le cadre de ce projet de loi, et grâce à la distribution plus large de la naloxone. Comme l’a souligné le député du NPD, il est important que les unités mobiles, qui contribuent à sauver des vies à l’heure actuelle dans Vancouver-Centre et qui contreviennent à la loi, puissent être en mesure d’assurer cette distribution. Celle ci ne devrait pas se limiter à une zone tampon, mais devrait être envisagée dans l’ensemble du pays, si nous considérons être en présence d’une crise nationale.
Il y a d’autres choses que nous pouvons faire. On nous a demandé de quoi il s’agissait. La a agi très rapidement pour prendre certaines des mesures qui sont nécessaires, mais nous devons envisager une campagne de sensibilisation publique destinée aux jeunes, aux jeunes professionnels, aux jeunes qui ne sont pas nécessairement toxicomanes, mais qui consomment des drogues à des fins récréatives, afin qu’ils sachent que la consommation de drogues de rue est dangereuse. Lorsque la ministre est entrée en fonction, elle a autorisé le projet SALOME, une initiative qui avait aussi été menée sous le gouvernement Chrétien, afin de démontrer si, oui ou non, l’utilisation d’un substitut d’héroïne de qualité pharmaceutique était importante pour sauver des vies. Il a été démontré que le recours à l’hydromorphone, qui est utilisée avec beaucoup de succès dans le traitement de la toxicomanie à l’aide d’héroïne en Europe et en Scandinavie, contribue à sauver des vies et aide des personnes à contrôler leur toxicomanie, afin de ne plus avoir à acheter de drogues de rue. Ces personnes peuvent se rendre dans une clinique et recevoir à peu de frais une drogue de qualité pharmaceutique susceptible de leur sauver la vie et de les aider à abandonner les drogues de rue. Nous devons mettre fin au trafic illicite. Cela revêt une importance clé.
Si nous persistons à ne tenir compte que du volet demande du problème et à ignorer celui de l’approvisionnement, les substances illicites continueront non seulement à tuer des gens, mais également à endommager des vies pour longtemps.
Une grande part du travail fait à New York nous permet de vraiment envisager des solutions fondées sur des données probantes, d’agir aussi rapidement que possible et de prendre ces décisions en nous basant non pas sur une idéologie, mais bien sur des preuves claires et sur la science.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse d’intervenir à l’étape du rapport pour faire part de mon point de vue sur le projet de loi .
Tous les députés conviennent du caractère critique de la situation à laquelle nous sommes confrontés. La consommation occasionnelle de drogues ou la dépendance aux drogues comportent désormais un risque beaucoup plus élevé de décès. En effet, un grand nombre de personnes comparent la situation dans la rue au jeu de la roulette russe. Tout le monde court un réel danger.
Le projet de loi n’est qu’une partie de la réponse. Nombre de mesures que contient le projet de loi sont importantes et méritent d’être appuyées, mais il reste des éléments qui continuent de nous préoccuper. Malgré les mesures qui méritent d’être appuyées, je pense que nous devons parler un peu du temps qu'il nous a fallu pour en arriver là.
Il y a 10 mois, jour pour jour, le directeur de la santé publique de la Colombie-Britannique a déclaré l’état d’urgence en raison du taux de décès à la hausse constaté tous les jours. Cette hausse était due à la présence de fentanyl dans les drogues. En 2012, elle s’établissait à 5 % des drogues; en 2016, elle atteignait 60 %. On a admis être face à une crise et la Colombie-Britannique a déclaré l’état d’urgence. Dix mois ont passé depuis.
Nous savons depuis que le carfentanil circule aussi dans la rue. Il est très important que nous ayons une campagne de sensibilisation du public, car beaucoup de parents, d’enfants, de jeunes et de jeunes adultes n’ont aucune idée de ce qui se passe dans la rue. Le carfentanil est destiné aux grands animaux comme les éléphants. Il est 100 fois plus puissant que le fentanyl, 4 000 fois plus puissant que l’héroïne, 10 000 fois plus puissant que la morphine. Ce produit est vendu en Chine et on peut se le procurer par la poste.
L’automne dernier, un homme de Calgary a été arrêté. Je crois qu’il avait un kilogramme de carfentanil en sa possession, soit une quantité pouvant tuer 50 millions de personnes.
Nous reconnaissons tous que nos agents de sécurité frontalière doivent avoir des pouvoirs supplémentaires. Combien de temps a-t-il fallu attendre? Un état d’urgence avait été déclaré il y a 10 ans. Un projet de loi à cet égard a finalement été déposé juste avant Noël, alors qu’il ne nous restait plus de temps pour en débattre. Le projet de loi était en quelque sorte bourré de mesures différentes, dont plusieurs que nous appuyons, mais le gouvernement devait savoir qu'un élément en particulier allait susciter un débat.
Tout d’abord, le gouvernement aurait dû déposer ce projet de loi beaucoup plus tôt l’automne dernier. Deuxièmement, entendons-nous pour que la Chambre adopte l’élément du projet de loi qui ne prête pas à controverse, avant de passer un peu de temps à débattre des questions qui nous préoccupent.
Le projet de loi comprend également l’interdiction de dispositifs désignés, comme les presses à comprimés. Au Canada, nous le savons, personne ne devrait posséder une presse à comprimés non enregistrée. Je sais que ce changement aurait pu être fait dans le cadre réglementaire; toutefois, nous avons attendu des mois et des mois avant que cela ne soit inscrit dans le projet de loi. Au lieu de procéder de façon rapide et simple pour répondre adéquatement à une situation d’urgence, la Chambre a suivi un rythme semblable à celui qui s’applique à un grand nombre de projets de loi qui ne sont pas essentiels. Or, ce projet de loi est crucial, et ces mesures-là auraient dû être prises il y a longtemps.
Comme je l’ai dit, nous appuyons en effet bon nombre des mesures prévues dans le projet de loi, mais nous aurions dû en débattre il y a dix mois. Il y a huit mois que nous aurions dû être saisis de cette mesure. J’ai été très déçu que les libéraux ne l’aient pas appuyé à toutes les étapes. Nous avons offert de l’adopter à chacune des étapes, et cette loi aurait pu être en vigueur maintenant. Nos agents des services frontaliers seraient en mesure d’ouvrir des petits colis postaux et saisir certaines substances illicites en ce moment même. Le gouvernement, à mon avis, a fait preuve de négligence.
J'ai trouvé intéressant d'entendre la députée de parler de l'importance du projet de loi. L'été dernier, elle a elle-même reconnu que le gouvernement n'intervenait pas assez rapidement. Je n'ai malheureusement pas pu lui poser une question à ce sujet afin qu'elle précise ses préoccupations à ce moment.
Il est vrai que nous avons certaines réserves quant à une partie du projet de loi. Les libéraux éliminent l'obligation de consulter la collectivité et font preuve d'un manque flagrant de rigueur. Ils affirment vouloir respecter la décision de la Cour suprême, mais ils font l'économie de toute rigueur. Ils avancent des énoncés et des principes extrêmement flous. Aucune définition n'est présentée. Je suis très préoccupée par le fait qu'ils ont supprimé certains de ces éléments.
Le 16 novembre dernier, la témoignait devant le comité des affaires autochtones. Je vais citer quelques-uns de ses commentaires au comité.
Nous avons discuté du manque de données adéquates. Elle a répondu ceci:
Votre question soulève vraiment l’un des principaux problèmes liés à cette crise des opioïdes, soit que nous n’avons pas le genre de données que nous aimerions avoir et nous ne menons pas le genre de surveillance que nous aimerions mener, même en ce qui a trait au nombre total de surdoses et de décès par surdose.
Pour trouver une solution, il faut avoir des données et nous sommes loin d'avoir de bonnes données nous permettant d'élaborer des solutions appropriées pour les diverses communautés.
En réponse à certaines questions que j'ai posées au sujet des options disponibles pour la désintoxication et la réadaptation, elle a dit:
Je crois qu'il convient de dire qu'il y a une pénurie de centres de traitement et de programmes.
Le gouvernement n'a aucun problème à fixer des critères pour les soins à domicile et les soins de santé mentale. Il est très heureux de dire aux provinces que ces soins doivent être assortis de critères, mais il fait disparaître la disposition prévoyant que les centres d'injection supervisée doivent aussi offrir des services de désintoxication et de réadaptation.
Ces services étaient liés puisqu'à vrai dire, il existe beaucoup de priorités quand on pense l'argent à dépenser dans les provinces et au sein des autorités sanitaires, et il y a une pénurie flagrante d'établissements de désintoxication et de réadaptation. La ministre a reconnu l'existence de cette pénurie, mais elle a tout de même décidé d'enlever cette disposition du projet de loi.
Lors de la réunion du 16 novembre, nous avons parlé de l'importance de la consultation communautaire. La ministre a dit:
J’ai clairement dit que si les communautés ont besoin d’un tel centre, qu’un tel centre serait approprié et que la communauté désire offrir ces programmes, nous devons trouver les moyens nécessaires pour que ces projets se réalisent. Évidemment, c’est le genre de projet où la collaboration de la communauté et des autorités provinciales en matière de santé serait nécessaire.
Puis, elle a dit: « La consultation communautaire est absolument essentielle. »
Examinons l'amendement très raisonnable qui a été présenté à la lumière de ces citations. Le gouvernement actuel a dit craindre que le processus soit trop lourd. Mon collègue, le porte-parole en matière de santé, a donc suggéré des amendements que je considère comme fort judicieux. Il a proposé que l'aménagement de tout centre d'injection supervisée soit assujetti à l'approbation du maire et du conseil municipal. Un grand nombre d'entre nous avons déjà travaillé au sein d'une administration locale. Nous conviendrons que le point de vue du maire et des conseillers municipaux sur ce qu'il convient de faire ainsi que sur où et comment cela peut se faire peut être absolument capital.
Il a été question de demander l'avis de la GRC et de tenir une consultation publique dont un avis serait donné aux personnes qui habitent dans un rayon de deux kilomètres de la zone concernée.
La ministre a parlé de consultation communautaire. Dans sa forme actuelle, la mesure législative ne prévoit rien de très précis à ce sujet. Ce qui avait été proposé était très raisonnable, très sensé, mais le gouvernement a choisi de faire fi de l'idée d'encadrer d'une manière ou d'une autre la consultation de la collectivité. Je pense qu'il a commis une grosse erreur.
Notre préoccupation est très grande. Elle est légitime. Nous ne pouvons pas faire disparaître le processus de consultation de la collectivité. Il nous faut un peu de rigueur. Or, les libéraux ont retiré cette rigueur du processus.
Je demande aux députés d'en face de bien réfléchir à cet élément particulier, car quiconque a déjà fait partie d'une administration locale sait à quel point il est important de disposer d'un cadre pour le processus de consultation de la collectivité.
En conclusion, je dirai que nous avons constaté une autre lacune importante, qui ne fait peut-être pas partie de cette mesure législative. Il n'y a eu absolument aucun engagement de la part du gouvernement au sujet d'une campagne nationale d'éducation et de sensibilisation. Voilà une initiative à laquelle le gouvernement devrait sérieusement songer.
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Monsieur le Président, je suis fier de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi . Le Canada vit présentement une crise nationale de santé publique. L'an dernier, en Colombie-Britannique seulement, plus de 900 personnes sont mortes d'une surdose, ce qui représente une hausse de 80 % par rapport à 2015, et la situation empire. On prédit que le nombre de décès dus à des surdoses de drogues comme le fentanyl et le carfentanil dépasseront bientôt le nombre de ceux qui sont dus à des accidents de la route. Des milliers de personnes sont mortes et des milliers d'autres vont mourir si nous, les députés, ne prenons pas de mesures décisives. Justement, le projet de loi C-37 représente une action décisive.
Ce projet de loi permettra de répondre à la crise de santé publique et aidera à sauver les vies de plusieurs façons importantes. Il simplifiera et rationalisera le processus de demande pour les collectivités qui veulent ouvrir des centres d'injection supervisée afin de réduire le nombre de surdoses. Il établira des mesures plus strictes afin d'endiguer le flot de drogues illicites dans le pays.
Le projet de loi représente une étape essentielle dans la lutte contre la toxicomanie, car il délaisse les sanctions et l'application stricte des lois — des mesures pratiquées par le gouvernement précédent — pour un cadre centré sur les soins de santé et fondé sur des données scientifiques.
Je suis fier d'appuyer le projet de loi à l'étude au nom de mes concitoyens de Parkdale—High Park. En raison de leur compassion, de leur esprit d'entraide, de leur engagement politique et de leur connaissance approfondie des enjeux en cause, ils appuient très vigoureusement le virage vers de nouvelles façons de traiter les personnes aux prises avec des problèmes de toxicomanie. Pour les gens de ma circonscription, lorsque survient une crise de santé publique — par exemple le décès tragique de milliers de Canadiens en 2016 en raison de surdoses accidentelles d'opioïdes — le gouvernement fédéral doit intervenir et adopter une stratégie empreinte de compassion et fondée sur des données probantes, au lieu de se contenter de réactions purement idéologiques, comme la politique de tolérance zéro prônée par le gouvernement précédent.
Le conseil municipal de Toronto, où j'habite et où je sers les citoyens de Parkdale—High Park, a approuvé en juillet dernier trois projets concernant l'ouverture de centres de consommation supervisée. Toronto compte déjà 50 centres de ce genre, qui offrent des services de réduction des méfaits ainsi que des seringues et des aiguilles propres. C'est notamment le cas du Centre de santé communautaire Parkdale et de la clinique Satellite de Breakaway, spécialisée en toxicomanie. Ces deux organismes situés dans ma circonscription fournissent un service important à la collectivité. Ils contribuent à sauver des vies dans Parkdale—High Park, car ils traitent les toxicomanes avec compassion et humanité, au lieu de les punir et de les stigmatiser.
Le projet de loi aurait un effet positif puisqu'il viendrait élargir le réseau de réduction des méfaits dans ma collectivité et partout à Toronto.
J'aimerais revenir sur la question de la réduction des méfaits. Essentiellement, le principe de la réduction des méfaits est fondé sur le fait d'adopter une approche réaliste en ce qui concerne la consommation de drogue et la toxicomanie et d'envisager les options de traitement les plus pratiques et respectueuses. Comme nous le savons tous ici, à la Chambre, les toxicomanes ne souhaitent pas et ne choisissent pas de continuer à consommer des substances qui les exposent à des risques. La toxicomanie est un trouble du cerveau; ce n'est pas un choix.
Les toxicomanes réagissent à des stimulus de récompense, malgré le tort causé à leur santé, à leurs relations et à leur vie. Bien que la prévention et le traitement constituent les fondements de toute stratégie antidrogue, nous reconnaissons, de ce côté-ci de la Chambre, que les toxicomanes vont consommer pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'ils reçoivent un traitement.
Les stratégies de réduction des méfaits et les objectifs de traitement ne sont pas incompatibles. Au contraire, ils se renforcent mutuellement. Les stratégies de réduction des méfaits aident à garder les toxicomanes en vie et à les amener à suivre un traitement. De telles stratégies constituent la meilleure solution lorsque la prévention et les sanctions pénales ne sont pas efficaces. Mettre l'accent sur la réduction des méfaits ne signifie pas que nous abandonnons les toxicomanes à leur sort ou que nous les aidons à consommer. C'est tout le contraire. En mettant en place des stratégies de réduction des méfaits, nous démontrons que nous refusons d'abandonner les toxicomanes à leur sort et que nous refusons de les laisser mourir.
Le gouvernement précédent avait adopté une stratégie opposée à celle de réduction des méfaits. Il privilégiait plutôt des politiques de tolérance zéro. Ces politiques, qui visent à criminaliser les toxicomanes, ne fonctionnent pas. Nous avons vu les effets négatifs de ces stratégies sur les groupes marginalisés, plus particulièrement sur ceux qui sont incarcérés de manière disproportionnée, comme les Autochtones et les Noirs. Elles engendrent des préjugés défavorables. Il y a des renseignements erronés qui circulent sur la toxicomanie, et qui se fondent sur des anecdotes plutôt que sur des faits scientifiques. Des gens qui souffrent d'un trouble sur lequel ils n'ont aucune prise sont traités comme des criminels plutôt que comme des patients. Cette approche est fondamentalement mauvaise.
En revanche, la réduction des méfaits aide non seulement les toxicomanes, mais aussi leurs amis, les membres de leur famille et l'ensemble de la société. Nos collectivités sont plus sûres quand nous arrêtons de pousser les toxicomanes dans les rues et les ruelles. Lorsque nous ouvrons des centres de consommation supervisée et que nous embauchons des professionnels de la santé pour y travailler, cela empêche les parents de toxicomanes de devoir enterrer leurs enfants. Lorsque nous décidons de fournir des soins de santé à des Canadiens se trouvant dans des situations médicales difficiles, cela permet à l'ensemble de la société de commencer à guérir.
Dans l'affaire InSite, la Cour suprême a reconnu que la stratégie de réduction des méfaits, sous la forme de centres de consommation supervisée, peut promouvoir la santé et la sécurité publiques.
Je demanderais à mes collègues de la Chambre de bien vouloir me laisser mettre quelques instants mon chapeau d'avocat de droit constitutionnel pour parler du centre d'injection supervisée de Vancouver dont il était question dans l'affaire InSite. Je ne vais pas entrer dans les détails même si j'en ai envie. Il est simplement important de souligner en bref que la Cour suprême du Canada a conclu dans cette affaire que le refus du gouvernement précédent d'accorder une exemption ministérielle aux termes de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances constituait une violation de la Charte, plus précisément de l'article 7, qui traite du droit à la vie et à la sécurité des clients d'InSite. En guise de réparation, la Cour suprême a unilatéralement rétabli l'exemption, permettant au centre InSite de rester ouvert afin de pouvoir continuer de prévenir des décès inutiles dans le quartier Downtown Eastside de Vancouver.
Après avoir réagi de façon négative à cette décision, le gouvernement précédent a augmenté le nombre de conditions auxquelles doivent se soumettre les centres de consommation supervisée s'ils veulent mener leurs activités.
Le gouvernement ne peut faire indirectement ce qu'il n'a pas le droit de faire directement en vertu de la Constitution. L'ancien projet de loi , Loi sur le respect des collectivités — titre donné par les conservateurs, qui aimaient bien donner des titres accrocheurs aux projets de loi —, était en fait une réponse fondée sur une idéologie plutôt que sur des faits. Des observateurs comme le Réseau juridique canadien VIH/sida ont été amenés à souligner que:
[...] le projet de loi C-2, a créé des obstacles quasi insurmontables aux services de consommation supervisée [ou SCS] (comme InSite, à Vancouver) malgré l’ampleur des preuves des bienfaits de ces interventions de santé. Non seulement les [services de consommation supervisée] ont-ils été démontrés comme des mesures qui sauvent des vies, mais ils sont également des interventions rentables, comme le révèle une nouvelle étude réalisée par le St. Michael’s Hospital de Toronto [...]
Si les députés d'en face veulent voir cette étude, je serais heureux de leur en fournir un exemplaire.
Nous avons entendu de telles critiques et avons réagi en tant que gouvernement. Avec le projet de loi , le gouvernement fait passer de 26 à 5 les critères pour ouvrir un centre de consommation supervisée. Selon moi, les critères précédents n'avaient pas été mis en place tant pour faire participer activement la collectivité que pour faire obstacle à l'autorisation de ces centres. Nous n'avons pas choisi les nouveaux critères au hasard. Il s'agit des cinq critères énoncés au paragraphe 153 de la décision unanime de la Cour suprême, au cas où quiconque envisagerait de nous accuser de ne pas prendre la consultation du public au sérieux, comme certains députés d'en face l'ont fait.
Par l'entremise du projet de loi , le gouvernement a répondu aux demandes de modification de la loi formulées par des organismes et des travailleurs de première ligne qui prennent soin et qui s'occupent des toxicomanes. Ces personnes peuvent constater les répercussions négatives d'un déséquilibre entre la sécurité et la santé publiques.
Les critiques formulées à l'endroit du projet de loi suggèrent que la nouvelle approche du gouvernement encouragerait la toxicomanie au lieu de la prévenir. Bien au contraire, nous ne serons pas impassibles devant ce problème: aux Canadiens qui risquent de mourir par surdose parce que nous n'aurons rien fait pour leur venir en aide, nous voulons offrir des endroits sécuritaires où ils peuvent recevoir des soins de santé.
Nous allons sauver plus de vies si nous traitons avec compassion les personnes touchées plutôt que de les criminaliser. Bien que nous modifiions notre approche, nous n'empêchons pas la police et le système de justice pénal de faire leur travail et de faire appliquer la loi. En considérant la dépendance comme une maladie, nous pouvons traiter les toxicomanes au lieu de les punir. Certaines critiques du projet de loi oublient que les modifications proposées à la Loi sur les douanes accroîtront la capacité des forces de l'ordre de prévenir l'arrivée des substances illégales sur le marché noir du Canada.
Le projet de loi renforcera davantage l'engagement du gouvernement à consulter les populations avant de prendre des décisions qui auront des répercussions directes sur elles, notamment la mise en place de sites de consommation supervisée. La police, les premiers intervenants, les propriétaires d'entreprises et les habitants du voisinage auront tous l'occasion d'exprimer leur point de vue avant qu'une décision reposant sur des données probantes soit rendue par le .
Le projet de loi à l'étude n'a rien de révolutionnaire. Nous l'avons entendu dans certains des discours précédents. Il existe déjà plus de 90 centres de consommation supervisée qui fonctionnent très bien partout dans le monde, dont deux ici même, au Canada. Le Centre de toxicomanie et de santé mentale a mené une étude approfondie, en collaboration avec d'autres programmes de prévention, sur l'efficacité de la réduction des méfaits. Les chercheurs parlent d'un continuum de la consommation de drogues « dans lequel ces méfaits peuvent se produire à tous les niveaux ».
La toxicomanie comprend ses zones grises. Ce n'est pas une maladie qu'on peut aborder avec une pensée dichotomique. Si nous maintenons les exigences rigides du projet de loi adopté par le gouvernement précédent, nous continuerons de priver la population et les toxicomanes de l'aide, du soutien et des services qui pourraient leur sauver la vie et dont ils ont tellement besoin et qu'ils méritent. Trouver un juste équilibre entre sécurité publique et santé publique n'est pas chose facile, mais j'ai bon espoir que le projet de loi nous aidera à atteindre cet équilibre. Je suis très fier d'appuyer ce projet de loi qui met la santé et la sécurité des Canadiens à l'avant-plan de notre stratégie et je crois que tous les députés devraient également l'appuyer.
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Monsieur le Président, je me réjouis de prendre la parole aujourd’hui pour parler du projet de loi . Mais auparavant, j’espère que vous aurez l’indulgence de me laisser souhaiter une bonne Saint Valentin à ma femme Lisa. Nous sommes à 3 000 km l’un de l’autre, mais elle a gentiment accepté que je sois ici, au service de l’État, en cette journée de la Saint-Valentin. Je tiens à la remercier du soutien inlassable qu’elle m’apporte dans l’exercice de mes fonctions.
Nous sommes ici pour parler d'une mesure fort importante, le projet de loi , loi modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Tout d’abord, les Canadiens doivent savoir que ce débat fait l'objet d'une motion d’attribution de temps, ce qui signifie que le gouvernement a décidé qu’il ne voulait pas entendre le point de vue d’autres députés sur cette question. Non seulement il ne veut pas entendre des représentants des collectivités qui sont touchées par la question de l’ouverture de centres d’injection supervisée ou centre de consommation supervisée, comme on les appelle maintenant, mais il ne veut même plus entendre le point de vue des députés là-dessus. C’est scandaleux.
Nous sommes ici pour représenter les électeurs de notre circonscription. Nous sommes ici pour être les porte-parole de ceux qui nous ont élus, mais le gouvernement déclare ne plus vouloir entendre les députés. Il a décidé qu’il n’y aurait plus qu’un autre jour de débat. En fait, il a même essayé de ne pas avoir de débat du tout. Il a tenté, avec le NPD, de faire franchir au projet de loi toutes les étapes sans aucun débat. Il est scandaleux qu’une question aussi importante soit traitée de cette façon, et que les libéraux décident de ne plus entendre ni le point de vue des collectivités touchées ni celui des députés. Voilà quel est le véritable problème.
Des députés ont dit aujourd’hui qu’il s’agit d’une crise de santé publique; nous sommes tous d’accord sur ce point. Il y a des aspects du projet de loi qui traite de la crise de santé publique. L’opposition officielle, c’est-à-dire le Parti conservateur, a proposé de diviser le projet de loi et d’adopter certains articles immédiatement. Cette proposition a aussi été rejetée par le gouvernement libéral et par le troisième parti, le NPD, qui cherche manifestement à gagner des voix. C’est scandaleux.
Tous les partis s’entendent sur les dispositions du projet de loi qui visent à donner à l’Agence des services frontaliers du Canada davantage de pouvoirs pour saisir des paquets pesant moins de 30 grammes et qui interdisent l’importation de presses à comprimés. Nous sommes d’accord avec cela. Le Parti conservateur a donné son accord. Notre porte-parole en matière de santé s’est exprimé avec éloquence sur le sujet, comme un grand nombre de députés de ce côté-ci de la Chambre. C’est une mesure qui peut s'appliquer immédiatement, mais là encore, le gouvernement a rejeté notre proposition qui aurait permis d’intervenir rapidement.
Nous approuvons les dispositions qui visent à donner au ministre le pouvoir d’ajouter temporairement à une annexe de nouvelles substances. C’est une bonne idée. Nous aurions pu le faire en un jour, avec un seul vote, si le gouvernement avait accepté de diviser le projet de loi et de poursuivre le débat pour trouver une entente. Mais il aurait fallu que les libéraux veuillent vraiment faire adopter ces dispositions rapidement, il aurait fallu qu’ils y tiennent vraiment. Le gouvernement n’a eu de cesse aujourd’hui de nous dire qu’il fallait agir rapidement, qu’il fallait intervenir immédiatement, car il s’agit d’une crise de santé publique. Nous sommes d’accord là-dessus. Dans ce cas, pourquoi n’a-t-il pas accepté l’amendement proposé par les conservateurs de diviser le projet de loi et d’adopter ces dispositions importantes immédiatement ? On voit bien qu’il y a des manoeuvres politiques en cours.
Ce qui nous préoccupe, c’est le manque de consultation des collectivités. Je trouve franchement choquant que le gouvernement ose parler de consultation. Il n’a pourtant pas hésité à consulter la population pour toutes les autres mesures qu’il a mises en oeuvre. Reste à savoir s’il en a vraiment tenu compte. Quoi qu’il en soit, s’agissant des nouveaux pipelines, par exemple, les libéraux ont attendu un an pour prendre des décisions qui auraient permis de redonner un emploi aux travailleurs du secteur de l’énergie.
Ils ont prétendu que les consultations qui avaient été faites auparavant ne suffisaient pas, qu’il leur fallait mettre en place un nouveau processus et recommencer ces consultations parce qu’ils avaient besoin d’une légitimité sociale, peu importe ce que cela veut dire. Ensuite, ils ont fait traîner les choses avant de prendre des décisions sans tenir compte des consultations qu’ils avaient eux-mêmes organisées. Ils ont suivi exactement le plan mis en place par les conservateurs. Mais dans le cas qui nous occupe, c’est-à-dire cette crise qui frappe un grand nombre de collectivités, il n’y a eu aucune consultation.
C’est toujours le même refrain. La ministre a dit que c’était un obstacle. L’intervenant libéral précédent a dit que la consultation des collectivités était un obstacle à l’ouverture de nouveaux centres d’injection supervisée et qu’il était préférable de s’en passer.
Honnêtement, je trouve qu’il est raisonnable, lorsqu’on envisage l’ouverture d’un centre d’injection supervisée dans une localité, de consulter les chefs de police, de prendre en compte le taux de criminalité, de consulter le maire et le conseil municipal, et de consulter enfin les habitants du quartier dans lequel on envisage d’ouvrir un centre d’injection supervisée. Comme l’a dit le député d’, qui est le porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, un centre d’injection supervisée ne peut fonctionner correctement s’il n’est pas accepté par la collectivité, et on ne peut pas avoir l’appui de la collectivité si on ne consulte pas les gens qui seront directement touchés.
Nous avons souvent entendu parler du centre InSite, dans l’Est de Vancouver. Les membres de cette collectivité avaient donné leur appui, et aujourd’hui le centre est parfaitement intégré. Les collectivités ne sont pas toutes comme celle-là. Certaines vont mettre du temps à accepter ce genre de centre, et peut-être qu’elles ne vont jamais l’accepter.
Quoi qu’il en soit, il est impossible de dégager un consensus si on refuse de consulter les gens qui sont directement concernés. Il est impossible de dégager un consensus si on refuse de discuter avec la population.
Je me réjouis d’avoir eu l’occasion de prendre la parole, car des dizaines d’autres députés n’auront pas la même chance, à cause de l’intransigeance du gouvernement. Cela dit, quand j’ai constaté que le gouvernement renonçait à consulter les collectivités, j’ai pris l’initiative de consulter la mienne. J’ai envoyé un questionnaire à tous les ménages de ma circonscription, avec deux questions. Premièrement, je voulais savoir si, à leur avis, les collectivités devraient être consultées avant l’ouverture d’un centre d’injection supervisée sur leur territoire, si cela leur semblait raisonnable. Deuxièmement, je voulais savoir si, à leur avis, il devrait y avoir un centre d’injection supervisée dans . La réaction a été massive. Près de 1 000 personnes ont pris le temps de répondre, ce qui est un nombre très élevé. C'est plus du double du nombre de réponses que je reçois habituellement.
À la première question, celle où je leur demandais si le gouvernement devrait pouvoir approuver l’ouverture d’un tel centre sans consultation préalable, 76 % des répondants ont dit que non, qu’il ne devrait pas pouvoir le faire. Les répondants ne voyaient pas cela comme un obstacle, mais plutôt comme une condition essentielle et préalable à l’ouverture d’un centre d’injection supervisée.
À la deuxième question, où je leur demandais si un site d’injection supervisée devrait être ouvert dans , 68 % ont dit non et 32 %, oui.
J’ai l’intention de faire connaître ces résultats. J’en fais part aujourd’hui à la Chambre. Une fois que j’aurai compilé tous les résultats, je les transmettrai à la , parce que les gens de ma circonscription ont le droit d’être consultés et d’être entendus. Ce qui est désolant, c’est que nous avions la possibilité de prendre immédiatement les mesures sur lesquelles nous nous entendions, mais que le gouvernement a refusé d’obtempérer.
Ce dont il est question ici, c’est du modèle de centre d’injection supervisée, mais il y a un autre bel exemple que je voudrais citer et qui nous vient de la Colombie-Britannique, encore, car la province est à l’avant-garde dans ce domaine. Cela fait réfléchir quand on entend la députée de déclarer aux médias, comme elle l’a fait le mois dernier, que le gouvernement libéral commencera peut-être à s’intéresser au problème lorsque la crise franchira la frontière Manitoba-Ontario. Pour le moment, c’est un problème qui touche principalement la Colombie Britannique, alors cela ne l’inquiète pas trop. C’est pourtant la doyenne du caucus, si ma mémoire est bonne, car elle est là depuis 1993. Elle a dit que le gouvernement libéral commencera peut-être à s’intéresser au problème lorsque la crise touchera les provinces du centre. C’est triste d’en arriver là.
J’aimerais parler de la clinique de St. Paul, une clinique de désintoxication à accès rapide. Cette clinique a été installée en milieu hospitalier. Lorsque quelqu’un s’y présente et dit vouloir décrocher de son accoutumance, on le conduit immédiatement aux étages supérieurs, et le traitement de désintoxication est entamé sur-le-champ. Voilà ce dont nous n’avons pas suffisamment parlé aujourd’hui. La réduction des méfaits est l’un des quatre seuls piliers de la lutte contre la toxicomanie. Il y a l’application de la loi, il y a le traitement, et pendant trop longtemps, la balance a penché uniquement du côté de la réduction des méfaits. Tant que nous n’ouvrirons pas des lits de traitement et de désintoxication faciles d’accès pour les toxicomanes, nous ne traitons que le symptôme et nous ne nous attaquons pas au problème sous-jacent.
Il est bien regrettable que le gouvernement mette fin au débat sur cette question. Il est malheureux qu’il ne veuille pas consulter les populations touchées. C’est une véritable honte, et ce n’est pas de cette façon que le gouvernement devrait avancer dans ce dossier important.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd’hui pour exprimer mon appui au projet de loi , Loi modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
Comme l’ont dit d’autres députés au cours de ce débat, la production illicite et le trafic de substances désignées demeurent un sérieux problème au Canada. Notre gouvernement est profondément préoccupé par l’actuelle crise des opioïdes, et par le nombre croissant de surdoses d’opioïdes et de tragiques décès signalés à la grandeur du pays.
Aujourd’hui, je veux parler du côté humain de cette crise ainsi que de certaines propositions du projet de loi susceptibles d’atténuer les risques pour la santé et la sécurité associés au détournement de médicaments de la chaîne d’approvisionnement légitime vers le marché illicite, une importante source d’approvisionnement qui exacerbe cette crise de la santé publique au Canada.
Il est primordial de nous assurer que notre législation en matière de drogues, notamment notre Loi réglementant certaines drogues et autres substances, soit moderne et efficace et qu’elle puisse mieux protéger la santé et la sécurité des Canadiens. C’est là une urgente priorité pour moi et pour notre gouvernement.
[Français]
À cet égard, le 12 décembre 2016, la a déposé le projet de loi à la Chambre des communes. Ce projet de loi soutient l'engagement de notre gouvernement à mettre en place une politique sur les drogues exhaustive et axée sur la collaboration, la compassion et les données probantes, en plus d'assurer l'équilibre entre la santé publique et la sécurité publique pour les Canadiens et les Canadiennes.
Comme nous le savons tous, le projet de loi propose d'importants changements qui visent à soutenir l'établissement de centres d'injection supervisée en guise de mesures clés de réduction des méfaits. Il comprend aussi des éléments importants destinés à garantir que les substances contrôlées, utilisées à des fins légitimes, ne sont pas détournées vers le marché des drogues illicites.
[Traduction]
Nous devons travailler sans relâche pour éviter que des substances désignées, utilisées à des fins légitimes, soient détournées vers le marché illicite, où elles sont létales et ont causé des centaines de décès tragiques par surdoses accidentelles, plus précisément 914 au cours de la dernière année dans ma seule province, la Colombie-Britannique. Cela représente une hausse de 80 % par rapport à l’année précédente et le fentanyl est le principal responsable de cette sinistre statistique.
Les 914 décès ne sont pas des statistiques; il s’agit de personnes, il s’agit de nous. L’an dernier, en Colombie Britannique, 914 personnes sont décédées par surdose. Nous parlons d’êtres humains. Chaque vie, chacune à sa façon, est inextricablement liée à des familles et à des collectivités. Ce sont des mères, des pères, des fils, des filles, des frères et des sœurs. Ces personnes aimaient et étaient aimées. Elles appartenaient à une communauté, partageaient leurs aspirations et étaient une source d’inspiration pour leurs amis. À l’instar de chacun d’entre nous, ces personnes aimaient la vie, le travail et les défis, à leur propre manière. Elles étaient fortes, apportaient leur contribution, jouissaient d’une certaine reconnaissance et aspiraient à rendre le monde meilleur. Elles étaient des êtres humains.
Donald Charles Alexander Robertson, mieux connu sous le nom d'Alex par ses amis, a été surpris par cette crise. Il est disparu il y a un peu plus de deux semaines d'une mort accidentelle causée par l'opiacé fentanyl. J'avais discuté avec Alex la veille de sa mort. Il était un ami proche et un collègue de mon fils Erik pendant de nombreuses années. Sa vie était un élément de la nôtre, et sa collectivité était intimement liée à la nôtre. Aux dires de mon fils Erik, Alex était vraiment un jeune homme remarquable, talentueux, astucieux, joyeux, humble, terre à terre, passionné et brillant. Il était un innovateur et un leader émergent qui a beaucoup aimé et a été aimé. Les souvenirs, les enseignements et l’héritage qu’il nous laisse inspireront bon nombre d'entre nous dans les décennies à venir.
Dans tout ce débat, il ne faut pas perdre de vue le caractère humanitaire de cette crise en nous égarant dans les méandres de la statistique. Les victimes de la crise du fentanyl sont parmi nous. Je tiens à exprimer mes sincères condoléances aux parents d'Alex et à ses sœurs, Chrissy et Leslie, à sa famille élargie, à ses amis et à ses collègues. J'espère que l'adoption du projet de loi sera un des piliers de la fondation que nous devons édifier pour éliminer l'exposition involontaire aux opioïdes illicites et mortels, et tout le mal qu'ils pourraient causer dans les années à venir.
J'aimerais maintenant insister plus particulièrement sur la façon dont le projet de loi moderniserait les lois canadiennes de manière à réduire le risque que des substances contrôlées comme le fentanyl soient détournées des producteurs, des importateurs et des distributeurs légitimes et dirigées vers le marché noir. Les mesures proposées pour remédier aux lacunes du cadre canadien réglementant les médicaments sont conçues pour faire face à cette crise des opioïdes en constante évolution.
Premièrement, même si des modifications ciblées ont été apportées à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances depuis son entrée en vigueur en 1997, les dispositions de la Loi n'ont pas suivi l'évolution rapide de l'industrie licite des substances réglementées et du marché des drogues illicites. Bon nombre des modifications législatives proposées dans le projet de loi permettront de moderniser la Loi en vue d’en renforcer l'application. Elles améliorent également la capacité qu’a le gouvernement de surveiller et de favoriser la conformité des parties réglementées qui manipulent, achètent, vendent et transportent tous les jours des substances réglementées en tant que produits légitimes.
Ces améliorations permettront d’harmoniser la Loi réglementant certaines drogues et autres substances avec d'autres lois fédérales modernes conçues pour protéger la santé publique, et ces modifications réduiront les risques que ces drogues soient détournées de la chaîne d'approvisionnement légitime et dirigées vers les marchés illicites qui font des ravages dans la vie des victimes accidentelles. Des outils professionnels sont proposés dans le cadre de la Loi pour améliorer la capacité qu’a le gouvernement d’inciter au respect des procédures et des pratiques sécuritaires exigées en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et de son règlement.
Deuxièmement, le projet de loi établirait le cadre législatif à l’appui de l'élaboration d'un régime de sanctions administratives pécuniaires. Une fois que les nouvelles sanctions pécuniaires auront été mises en place, Santé Canada pourra imposer une amende à une partie réglementée pour violation des dispositions de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances ou de son règlement, telle qu'elle sera définie dans le règlement d'application.
[Français]
Troisièmement, le projet de loi propose des modifications qui permettraient à la police militaire d'être désignée comme un corps policier en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. À l'heure actuelle, la police militaire ne se voit pas accorder les mêmes mécanismes de protection que les autres organismes d'application de la loi en ce qui concerne la manipulation des substances contrôlées en vertu du Règlement sur l'exécution policière.
Selon la modification proposée par le projet de loi , la police militaire pourrait être désignée comme un corps de police dans son domaine de compétence respectif. Ainsi, elle pourrait employer un éventail complet d'outils d'enquête au cours d'une enquête criminelle liée à la drogue.
[Traduction]
Il est important d’utiliser ces types de mécanismes d’application de la loi pour sauver des vies.
Quatrièmement, ce projet de loi vise à améliorer les pouvoirs d’inspection aux termes de la Loi afin qu’ils correspondent aux pouvoirs et aux règlements fédéraux.
À l’heure actuelle, les inspecteurs de Santé Canada ne peuvent inspecter que les centres où l’on mène des activités autorisées liées aux substances désignées et aux précurseurs. Le projet de loi propose d’accorder de nouveaux pouvoirs aux inspecteurs de Santé Canada pour qu’ils puissent entrer là où ils ont des motifs raisonnables de croire que l’on mène des activités non autorisées liées aux substances désignées ou aux précurseurs.
Le projet de loi prévoit aussi un meilleur contrôle de substances comme le fentanyl; ce sont des produits chimiques qui peuvent s’avérer dangereux. Il est urgent de faire adopter ce projet de loi pour la santé et la sécurité publiques. C’est une mesure législative complète qui contient de nombreux autres aspects dont nous discutons depuis plusieurs jours.
Il nous reste encore beaucoup à faire, mais nous faisons ici un grand pas en avant. Ce projet de loi rendra la Loi plus complète et plus compatissante afin qu’elle encourage le respect des règlements. Cette loi aidera ultimement le gouvernement à protéger la santé, la sécurité et la vie des Canadiens, la vie précieuse de personnes comme ce brillant jeune homme de 20 ans que ses amis appelaient Alex.
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Monsieur le Président, je suis ravie d'intervenir au sujet du projet de loi Loi modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et apportant des modifications connexes à d’autres lois. Comme je l'ai indiqué lors de mon intervention du 31 janvier, cette mesure législative constitue la réponse du gouvernement à la crise du fentanyl et des opioïdes à laquelle le Canada est confronté.
Les collectivités canadiennes peinent à lutter contre cette crise. Un député vient de nous dire que son fils a perdu un ami proche qui avait 20 ans. J'ai en main une liste de jeunes gens qui sont disparus à 21, 23 et 25 ans. Une mère de Delta a perdu deux de ses enfants dans la vingtaine, dans un intervalle de 20 minutes l'un de l'autre.
Certains affirment que ce projet de loi est la réaction du gouvernement face à la crise, et qu'il constitue apparemment une politique antidrogue complète. Pour ma part, j'estime qu'il ne s'agit pas d'une politique exhaustive pour lutter contre la drogue parce que rien n'y est prévu pour s'attaquer à la crise des opioïdes.
Les premiers intervenants et le personnel médical sont submergés et ils ont du mal à réagir aux surdoses et aux décès. Il s'agit d'un problème complexe qui mérite une approche multidimensionnelle. Il y a une stratégie pour les personnes dans la rue qui s'injectent des drogues et qui utilisent les centres d'injection supervisée, il y en a une autre pour les consommateurs de comprimés et de médicaments sur ordonnance et une autre pour ceux qui font un usage récréatif des drogues. Des enfants avalent un comprimé sans se rendre compte de ce qu'ils consomment. Par conséquent, il n'y a pas de solution unique.
Dans le projet de loi, il y a des mesures que tous les partis appuient. Nous sommes heureux d'appuyer la partie du projet de loi qui confère des pouvoirs accrus à l'Agence des services frontaliers du Canada pour que ses agents puissent ouvrir des envois provenant de l'étranger et qui interdit l'importation de presses à comprimés non enregistrées.
Le monde entier sait que la Chine tient un rôle prépondérant dans l'aggravation du problème des opioïdes, du fentanyl et du carfentanil au Canada et en Amérique du Nord. Il est primordial que le gouvernement veille à ce que les produits chimiques mortels utilisés dans les laboratoires de fabrication chinois et les drogues illicites qu'on peut commander en ligne et faire expédier outre-mer ne puissent pas entrer au Canada. Je tiens à ce que le comprenne que, dans le cadre de ses négociations commerciales avec la Chine, il devra d'abord et avant tout régler ce problème.
Nous appuyons les dispositions prévoyant l'élargissement des sanctions afin qu'elles s'appliquent maintenant à la production, à la vente, à l'importation et au transport de toute chose destinée à être employée dans la production d'une substance désignée, y compris le fentanyl. De toute évidence, il y a de nombreux aspects du projet de loi qui méritent d'être appuyés.
Je veux parler brièvement de la chronologie du projet de loi .
En avril dernier, le responsable de la santé publique de la Colombie-Britannique, le Dr Perry Kendall, a déclaré une urgence de santé publique. Le 12 décembre, soit deux jours avant l'ajournement pour le congé de Noël, le gouvernement a déposé le projet de loi à la Chambre. Le premier débat s'est tenu le 31 janvier et le deuxième, le 1er février. Ensuite, le gouvernement a imposé l'attribution de temps pour mettre fin au débat. Le 9 février, le comité de la santé n'a entendu aucun témoin et est passé directement à l'étude article par article du projet de loi.
La seule chose que je reproche au projet de loi, c'est qu'il ne prévoit pas de processus ou de critères concernant la consultation du public avant l'ouverture d'un centre d'injection. Nous avons entendu que le processus de consultation publique du gouvernement conservateur était trop fastidieux. Le gouvernement actuel a décidé de régler ce problème en faisant tout le contraire: il n'en établit aucun.
Notre porte-parole en matière de santé a proposé un amendement qui exigeait que les demandes soient accompagnées de lettres d'appui ou d'opposition de la municipalité et du chef du corps de police. L'amendement a été rejeté par les libéraux.
Nous avons proposé un amendement exigeant que tous les ménages situés dans un rayon de deux kilomètres soient avisés qu'ils peuvent exprimer leur appui ou leur opposition. L'amendement a été rejeté par les libéraux.
Nous avons proposé un amendement exigeant que de l'information concernant les écoles, les hôpitaux, les entreprises, y compris les garderies, et les centres de loisirs situés dans ce rayon de deux kilomètres soit fournie avec les demandes. Les libéraux l'ont rejeté. Nous avons proposé un amendement exigeant qu'au moins 45 jours, mais tout au plus 90 jours, soient prévus pour permettre la participation et la consultation de la population. Le gouvernement libéral l'a rejeté.
Pour avoir été mairesse pendant près d'une décennie, je peux dire que nous devons consulter la population. Nous devons tenir compte de l'ensemble de la collectivité et aider les personnes qui en ont besoin tout en veillant à donner la parole aux habitants. Je ne pense pas qu'il soit déraisonnable de demander au moins 45 jours pour que cela puisse se faire. Je ne pense pas qu'il soit déraisonnable de vouloir savoir combien d'écoles et de garderies se trouvent dans le voisinage d'un centre d'injection qui est proposé.
Je ne pense pas qu'il soit déraisonnable de demander une lettre d'appui ou d'opposition du chef de police ou du maire et du conseil municipal. Nous devons adopter une approche multidimensionnelle pour un problème très complexe. Nous devons nous lancer dans une campagne nationale de sensibilisation et d'information, et j'ai été heureuse d'entendre qu'un des députés libéraux appuyait notre initiative à cet égard. Nous devons veiller à ce que la population en général, les jeunes adultes et les étudiants disposent de toute l'information nécessaire.
Il nous faut des données appropriées pour chaque ville. Nous devons savoir si les gens font une surdose à la suite d'une injection ou d'une dose excessive de pilules. Est-ce que ces personnes vivaient dans la rue? S'agissait-il de consommateurs occasionnels? Comme je l'ai souligné plus tôt, la réponse du gouvernement libéral doit être fondée sur les données recueillies. En raison des ressources financières limitées, les libéraux doivent déterminer où cet argent sera affecté et où il aura la plus grande incidence.
En ce qui concerne les toxicomanes qui sont pris dans ce style de vie, nous devons offrir une prise en charge globale de la personne: un soutien en santé mentale, un traitement contre la dépendance physique et la toxicomanie, une approche holistique qui comprend des lits de traitement, des communautés thérapeutiques et des options de désintoxication. Une place pour les personnes qui veulent de l'aide et en ont besoin, parce lorsqu'une porte de sortie s'ouvre pour une personne toxicomane, elle se referme rapidement; la personne doit réagir immédiatement et les ressources doivent être disponibles. Chaque ville est différente.
Des efforts en ce sens ont été déployés au sein de ma ville lorsque j'en étais la mairesse. Nous avons travaillé en collaboration avec la province et le secteur privé. Ensemble, nous avons établi un centre de lutte contre la toxicomanie juste à côté de l'hôpital. La ville compte désormais un centre de désintoxication, deux centres de traitement, un centre de dégrisement servant de point d'entrée et des logements de transition. Elle offre aussi de la formation professionnelle et générale. Je dois dire que nous avons obtenu des résultats assez incroyables.
Nous avons également un programme d'échange de seringues et une unité mobile, mais cela ne veut pas dire que nous n'avons pas encore des questions à régler. L'établissement d'un centre d'injection est-il la bonne solution? Je ne le sais pas, mais ce que je sais, c'est qu'il faut en parler et consulter la population, le maire, le chef de police et des spécialistes en toxicomanie. Ce processus doit être entrepris, mais comme je l'ai dit plus tôt, chaque amendement que nous avons proposé, comme la tenue de consultations, a été rejeté par le gouvernement libéral. Le processus n'est pas ouvert, il n'est pas transparent et il nuit aux personnes qui s'attaquent de front à cette crise de santé.
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Monsieur le Président, je ne souscris pas à certaines affirmations faites par le Parti conservateur dans cette enceinte.
La députée qui vient de parler dit que rien n'est fait concernant les gens qui meurent. Or, rien ne saurait être plus faux. En fin de compte, peu importe les raisonnements alambiqués des conservateurs pour fabriquer une conspiration, s'il y a eu de la négligence dans le dossier, elle provient à l'origine de l'approche du Parti conservateur dans la gestion de ce dossier très important. Selon moi, cette approche montre bien que les conservateurs sont déconnectés des Canadiens dans ce dossier comme dans beaucoup d'autres. Ils ne comprennent pas ce qu'est vraiment une bonne politique publique. Ils nous en donnent la preuve par la teneur de leurs propos sur ce projet de loi, non seulement à l'étape de la troisième lecture, mais aussi lors de la deuxième lecture. C'est assez décevant.
Nous apprécions beaucoup l'attitude favorable des néo-démocrates. Je les félicite pour le geste qu'ils ont posé en décembre, lorsqu'ils ont indiqué que le gouvernement ne pouvait pas tout faire et qu'il avait essayé de lutter contre ce problème sur plusieurs fronts à la fois, y compris en présentant le projet de loi , dont nous débattons aujourd'hui.
En décembre, les néo-démocrates ont proposé que la Chambre adopte le projet de loi à l'unanimité. Quelle a été la réponse des conservateurs? Évidemment, ils s'y sont opposés. C'est très bien et je respecte leur choix. En tant que parlementaire, je comprends pourquoi les conservateurs ont refusé, mais aujourd'hui, ils viennent nous dire que, si le projet de loi ne couvrait pas la question des centres d'injection supervisée, alors il aurait facilement pu être adopté à l'unanimité. Toutefois, certains ici voulaient que cette question fasse partie du projet de loi.
En fait, c'est lors du règne de M. Harper que la question des centres de consommation supervisée est survenue et a largement été débattue. C'est vrai, on peut toujours revenir sur la question, mais le débat a déjà eu lieu. Nous avons d'ailleurs pu constater que les conservateurs agissaient en faisant fi de la science et de l'avis de la Cour suprême du Canada et qu'ils n'avaient qu'une idée en tête: légiférer de manière à empêcher le plus possible l'implantation de centres de consommation supervisée ou du moins, à la décourager.
Les conservateurs veulent maintenant que l'on consulte davantage. Au bout du compte, InSite s'est avéré un grand succès. À ma connaissance, il n'y a pas une seule partie intéressée en Colombie-Britannique — et en particulier, à Vancouver — qui soit contre ce centre, car il a tellement sauvé de vies. InSite a vu le jour parce que le gouvernement fédéral — libéral — de l'époque a travaillé avec la province, la ville, les premiers intervenants et les résidants. Ces gens ont reconnu la valeur d'un centre d'injection supervisée. Il n'y a que les conservateurs qui disent non à la logique et à ce que les différentes parties intéressées veulent mettre en place.
Pour éviter l'ouverture d'autres centres, les conservateurs ont fait adopter une loi rendant le processus très difficile. La seule raison pour laquelle ils ont fait cela, c'est parce que la Cour suprême du Canada, dans une décision rendue à l'unanimité, leur a dit qu'ils avaient tort et que les gens avaient le droit d'avoir accès aux services offerts par ce genre de centre. Les conservateurs étaient donc obligés d'en permettre la création, sauf qu'ils ont dressé cette liste de restrictions pour tenter de les empêcher d'ouvrir leurs portes. Ils ont réussi à banaliser les centres et à éviter qu'on en crée d'autres.
Le gouvernement actuel a adopté une approche différente alors, une fois de plus, les conservateurs se trouvent dans une situation délicate, et ce n'est pas seulement le gouvernement du Canada qui le dit. Le Parti vert, les néo-démocrates et les libéraux veulent avoir recours à l'attribution de temps pour faire adopter le projet de loi aussi vite que possible. Même les néo-démocrates, qui sont traditionnellement contre l'attribution de temps, voient l'importance d'employer cet outil afin d'adopter le projet de loi, car qui sait quand les conservateurs accepteront de lâcher prise.
Selon moi, le Parti conservateur ne comprend pas ce qui se passe au sein de son propre caucus, puisque le Comité permanent de la santé, et donc les députés conservateurs qui en font partie, a voté à l'unanimité en faveur de l'adoption du projet de loi et son renvoi à la Chambre des communes.
Et voilà que le porte-parole prétend avoir été traité cavalièrement, se plaint que le projet de loi ait été adopté si rapidement et se montre très critique envers le comité. Je souligne que certains membres de son propre caucus reconnaissent que l'étude en comité a été une bonne chose.
Dans ce dossier, et je dirais même dans beaucoup d'autres, le Parti conservateur est déconnecté de la réalité et des Canadiens.
J'ose espérer qu'au bout du compte, des vies seront sauvées grâce aux centres de consommation supervisée, lesquels ne représentent qu'une composante du projet de loi, comme l'ont souligné de nombreux députés.
En effet, le projet de loi comprend d'autres éléments, comme des pouvoirs accrus au ministre afin d'empêcher, avec le concours, notamment, des services frontaliers, que des drogues dangereuses n'entrent au pays. Le projet de loi prévoit également une collaboration entre le fédéral et d'autres intervenants et ordres de gouvernement en vue de prévenir les surdoses. Des milliers de Canadiens sont morts d'une surdose accidentelle. Il s'agit d'une crise nationale.
Pendant les débats, certains ont demandé pourquoi on ne déclare pas l'état d'urgence. Il y a trois raisons. Le gouvernement fédéral a répondu à toutes les demandes que les gouvernements provinciaux lui ont soumises, et il continuera de collaborer avec eux. Si on déclarait un sinistre aux termes de la Loi sur les mesures d’urgence, l'administratrice en chef de la santé publique ne se verrait pas accorder de nouveaux pouvoirs spéciaux. C'est un aspect très important à souligner. La Loi sur les mesures d’urgence est considérée comme un dernier recours, et elle n'a jamais été invoquée pour déclarer l'état d'urgence. Le gouvernement du Canada est déterminé à collaborer avec les provinces, les municipalités et les autres intervenants afin de remédier à cette crise nationale.
En plus de proposer un plan d'action en cinq points pour s'attaquer à la crise des opioïdes, le gouvernement a pris des mesures concrètes. J'aimerais présenter brièvement quelques-unes d'entre elles. Nous avons accordé l'exemption prévue à l'article 56 au Dr Peter Centre et prolongé pour quatre ans celle accordée à InSite. Nous avons accru la disponibilité au Canada de la naloxone, un antidote à la surdose qui contribue directement à sauver des vies. L'automne dernier, la a coprésidé un sommet sur les opioïdes pendant lequel 42 organismes ont fait des recommandations concrètes.
C'est ce que je veux dire. Le gouvernement travaille avec d'autres intervenants parce que ce n'est pas lui qui va résoudre ce problème. Nous nous attendons du gouvernement du Canada qu'il montre l'exemple et qu'il rassemble les gens. C'est ce que nous faisons sur plusieurs fronts. Contrairement à ce que certains députés laissent entendre, le gouvernement a répondu à cette crise dès le début.
La et le s'occupent de ce problème. Nous sommes conscients de la peur ressentie dans de nombreuses régions du pays, sinon la totalité d'entre elles. Nous prenons des mesures concrètes afin d'améliorer la situation. Nous travaillons avec divers intervenants, notamment des premiers intervenants, des représentants des différents paliers de gouvernement et des collectivités qui cherchent désespérément des réponses et des solutions au problème pour sauver des vies. Le gouvernement s'est engagé à prendre ces mesures et à continuer d'agir. Nous savons que cela est important.
C'est pourquoi nous sommes si reconnaissants envers le Nouveau Parti démocratique qui a appuyé aujourd'hui la motion d'attribution de temps. Nous espérons que le projet de loi finira par être adopté. Il serait merveilleux que le Parti conservateur se rallie à nous. Il faut arrêter de chercher toutes les raisons pour être en désaccord avec nous. Il faut que nous comprenions réellement ce que veulent les Canadiens par rapport à cet enjeu. Il faut parler avec eux. C'est comme ça que le projet de loi pourra être adopté rapidement.
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Monsieur le Président, je suis très touché de pouvoir me lever en ce Parlement aujourd'hui pour parler de cet important projet de loi. Je suis très touché, et en même temps, je trouve extrêmement dommage que l'on doive encore parler de cela. C'est un débat extrêmement important. Il n'y a probablement pas de discussion parlementaire plus cruciale et ayant davantage de répercussions sur la vie des gens que le débat que nous sommes en train de tenir en ce moment.
Simplement, j'aurais aimé que cette question soit réglée depuis des années, parce que nous faisons face à une situation d'urgence dans nos municipalités, dans nos grandes villes et dans nos rues.
Il y a une crise de décès par surdose à cause de drogues illicites, notamment les opioïdes. Des centaines de personnes perdent littéralement leur vie dans nos communautés et dans nos rues parce que nos installations ne répondent pas de manière adéquate à ce grave problème de toxicomanie, notamment celle qui est reliée à des drogues de plus en plus dangereuses et dures. Par exemple, le fentanyl est une drogue 100 fois plus puissante que l'héroïne qui fait des ravages dans nos villes et communautés.
Il y a même un dérivé du fentanyl qui est tellement puissant qu'on conseille maintenant aux premiers répondants de porter des masques et des gants quand ils interviennent auprès des gens, parce que l'inhalation ou l'absorption par contact cutané de ce produit peut provoquer une crise chez les ambulanciers et les infirmiers en contact avec ces personnes qui ont besoin d'aide.
Des centaines de personnes meurent chaque jour dans nos rues et dans nos ruelles parce que nous n'avons pas réussi à répondre adéquatement à cette situation. C'est un des cas — je le dis avec sévérité et tristesse — où notre gouvernement fédéral a manqué à l'appel et où nous avons collectivement échoué. Nous aurions pu prendre des mesures qui auraient sauvé des vies. Dans cette crise nationale, à cause de lois que nous adoptons ou que nous n'adoptons pas ici, des gens meurent d'injections mortelles d'opioïdes. Ce n'est pas rien.
D'ailleurs, au NPD, nous demandons que le gouvernement libéral décrète qu'il s'agit effectivement d'une situation d'urgence nationale, qu'il donne davantage de pouvoirs et de fonds à l'administrateur en chef de la santé publique du Canada, afin qu'il puisse coordonner les efforts pour venir en aide à ces personnes. Je trouve extrêmement dommage que les conservateurs n'aient pas bien répondu à l'époque au jugement de la Cour suprême en mettant des bâtons dans les roues à tous ces intervenants en santé publique qui voulaient créer des centres d'injection supervisée pour aider ces toxicomanes qui sont en crise.
Comme je le rappelais au secrétaire parlementaire il ya quelques minutes, je trouve aussi dommage que le gouvernement libéral ait traîné les pieds pendant 16 mois avant de déposer un projet de loi qui venait corriger le projet de loi adopté par les conservateurs. J'y reviendrai un peu plus tard.
Je veux donner certaines statistiques. Je parle de gens qui meurent à cause du manque d'installations sanitaires, donc de centres d'injection supervisée, notamment dans nos grandes villes. Ce ne sont pas des blagues. En 2016, en Colombie-Britannique, il y a eu 914 décès par surdose. Il s'agit d'une hausse de 80 % par rapport à l'année précédente. Au Canada, en 2016, environ 2 000 personnes sont décédées. Au mois de décembre dernier seulement, en Colombie-Britannique, 142 personnes sont mortes par surdose. Plus précisément, à Vancouver, il y a eu de 9 à 15 décès par semaine.
En Ontario, il y a deux morts par jour. Ce sont nos jeunes qui crèvent dans nos rues parce que nous n'avons pas ce qu'il faut pour les aider. C'est prouvé que les centres d'injection supervisée sauvent des vies. Quand le site InSite a finalement été autorisé il y a plusieurs années à Vancouver, les responsables de la communauté se sont rendu compte que dans l'environnement immédiat de ce centre, le taux de décès avait baissé de 35 %.
Cela fonctionne! D'ailleurs, cela fonctionne non seulement à Vancouver et en Colombie-Britannique, mais bien partout dans le monde. Cela a été prouvé.
Pourquoi n'avons-nous pas été capables de réagir adéquatement? Énormément de préjugés ont été véhiculés par le gouvernement précédent, ce qui est extrêmement dommage. En 2011, un jugement unanime de la Cour suprême autorisait le centre InSite et encourageait le gouvernement à changer la loi afin d'encadrer ce processus. Nous avions un gouvernement très à droite et très porté sur la répression, et il voulait faire de la politique partisane autour de cet enjeu. Je trouve extrêmement dommage que, lorsqu'on a présenté le projet de loi , ce n'était pas pour faciliter le travail des gens qui oeuvrent en santé publique, mais bien pour multiplier les obstacles à la création de tels centres très importants.
Qu'ont fait les conservateurs, à l'époque? Ils ont ajouté 26 critères d'admissibilité auxquels on devait satisfaire avant d'autoriser un centre d'injection supervisée par Santé Canada. Quelle en a été la conséquence? Combien de sites ont été autorisés? Zéro. Aucun. On a perdu des années à cause de cela.
Pour Santé Canada, il était impossible d'autoriser l'ouverture de tels sites, alors que c'était demandé par les experts, par la communauté scientifique, par les élus municipaux et par les groupes qui viennent en aide tous les jours aux toxicomanes de la rue. Montréal demandait l'ouverture de centres d'injection supervisée depuis mai 2015. Cela commence à faire un bon bout de temps. Chaque année, à Montréal, entre 70 et 100 personnes meurent d'une surdose causée par les opioïdes. Combien de personnes aurait-on pu sauver depuis tout ce temps?
Les communautés approuvent ce genre de mesures. à cet effet, je ferai part à la Chambre de quelques brèves citation. Tout d'abord, voici une citation de Gregor Robertson, le maire de Vancouver: « Chaque mois que nous perdons en raison du projet de loi C-2, un processus coûteux totalement inutile et exagéré, des douzaines de personnes meurent. »
Denis Coderre, le maire de Montréal, a demandé: « Qu'attend-on nous? Des gens meurent ».
Adrienne Smith, avocate de la santé et de la politique des drogues de la Pivot Legal Society a dit craindre que, pendant que nous attendons, pendant que nous assemblons des groupes de travail et donnons au gouvernement libéral le bénéfice du doute, des centaines de personnes puissent mourir.
Sterling Downey, conseiller municipal à Montréal, a demandé: « Comment avez-vous pu annoncer aux médias, il y a un an, que vous alliez ouvrir ces sites, puis faire marche arrière et passer en silence radio? »
Selon une autre citation, les organisations censées accueillir les centres n'osent même plus fixer de date d'ouverture. Elles sont prises dans une zone grise où elles se font dire, chaque année depuis trois, qu'elles ouvriront au printemps, mais cela ne se produit pas.
Des citations telles que celles-là, j'en ai plusieurs pages. Depuis des années, des gens sont impatients d'aider nos jeunes et nos moins jeunes, mais surtout les jeunes dans les rues qui sont victimes de ces opioïdes, de ces drogues dures.
Je trouve dommage que la société ait perdu du temps parce qu'on ait tenté de marquer des points politiques en faisant des activités de financement. Je rappelle que la directrice du Parti conservateur avait envoyé un courriel de financement accusant le NPD puis les libéraux, à l'époque, de vouloir multiplier les seringues et le danger pour nos enfants dans les cours d'écoles et les ruelles en utilisant la politique de la peur. On faisait croire aux gens que les centres d'injection allaient multiplier les risques, alors qu'il est bien connu que cela les diminue. Si une personne entre dans un centre d'injection supervisée et qu'un professionnel en prend soin afin qu'elle suive un processus, elle recevra des drogues, mais elles seront de moins en moins fortes. Elle pourra s'en sortir. Qu'est-ce que cela signifie? Cela signifie que, grâce aux centres d'injection supervisée, il y aura moins de seringues dans les rues, dans les parcs et dans les ruelles. Ce n'est pas l'inverse qui se produira. Pendant des années, on a tenté de nous faire croire que c'était plus dangereux, mais ce n'est pas vrai.
Le NPD a déposé une motion à la Chambre, il y a quelques semaines. Mon collègue de voulait terminer le débat et envoyer le projet de loi au Sénat, afin qu'il soit appliqué le plus vite possible.
C'est dommage que les conservateurs aient refusé et qu'ils aient bloqué cette motion du NPD. C'est pourquoi nous voulons que, de manière diligente et intelligente, ce projet de loi traverse toutes les étapes le plus vite possible. Nous avons déjà perdu assez de temps. Il faut sauver des vies.
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Monsieur le Président, je suis reconnaissant d'avoir l'occasion de participer au débat sur cette importante mesure législative, le projet de loi . Il s'agit d'une réponse à la crise nationale des opioïdes, qui touche durement l'Ouest du Canada, mais qui se répand également dans le reste du pays. Pour être franc, compte tenu des contraintes de temps, ce projet de loi permettra de sauver des vies, et j'espère que tous les députés l'appuieront.
Pendant mon intervention, j'aimerais donner un aperçu de l'ampleur de la crise du fentanyl au Canada, puis j'aborderai certaines des solutions, dont le fait de miner le marché illicite pour cette drogue dévastatrice et de veiller à traiter la toxicomanie comme une maladie mortelle et non comme un crime.
La crise est extrêmement répandue. Des députés des différents partis ont parlé de l'ampleur du fléau, mais j'aimerais attirer tout particulièrement l'attention des députés sur le fait que 947 personnes sont décédées en Colombie-Britannique en 2016. À titre de comparaison, le nombre de décès causés par des accidents de la route est d'un peu plus de 300. En Ontario, je crois qu'en moyenne, deux personnes par jour meurent d'une surdose d'opioïdes. Dans ma province, la Nouvelle-Écosse, une personne meurt tous les cinq ou six jours.
Le fentanyl se déplace actuellement de la côte Ouest vers la côte Est. Cette drogue est importée de certaines régions de l'Asie, où elle est synthétisée, et bien que la Colombie-Britannique ait jusqu'ici été la province la plus durement touchée, nous devons agir maintenant pour enrayer l'épidémie qui frappe actuellement la côte Ouest et l'empêcher de faire autant de ravages dans le reste du pays.
Certaines des mesures prévues dans le projet de loi sont très utiles et aideront à ébranler le marché illicite du fentanyl. L'une des premières choses que l'on peut faire est de s'attaquer à l'importation du matériel pouvant être utilisé pour fabriquer cette drogue localement, comme les presses à comprimés et les instruments d'encapsulation. Le projet de loi C-37 interdirait l'importation de ces appareils, ce qui aiderait à prévenir la production locale de cette drogue.
Nous prévoyons aussi criminaliser la possession de tout type d'équipement pouvant être utilisé pour faire le trafic de substances désignées, comme le fait actuellement la loi sur la méthamphétamine. Cette démarche sensée fera en sorte qu'il sera plus difficile de produire et de distribuer cette drogue dangereuse.
Si le projet de loi est adopté, nous prévoyons faire des changements qui donneront aux agents des services frontaliers plus de latitude pour inspecter les colis suspects, même s'ils sont plus petits que ce que permettent les normes actuelles. Encore une fois, ce changement de politique est une question de gros bon sens. Le fentanyl est beaucoup plus puissant que l'héroïne et les autres drogues que l'on retrouve sur le marché noir actuel. C'est pourquoi nous devons pouvoir détecter même une quantité infime de cette drogue et empêcher son importation au Canada.
De plus, le projet de loi permettra de prendre des mesures importantes pour empêcher le marché noir d'accéder à cette drogue en introduisant un nouveau système d'amendes qui améliorera notre capacité à faire respecter les lois actuelles. Le fait d'encourager le respect des lois et de décourager leur non-respect tout en mettant en place un mécanisme efficace pour faire respecter les règles est une étape clé pour endiguer la production et la distribution de cette drogue au Canada.
Pendant le temps qu'il me reste, je soulignerai l'importance de traiter la toxicomanie comme une maladie chronique potentiellement mortelle plutôt que comme un crime. Cela m'amène à parler de l'élément clé du projet de loi , à savoir la promotion des centres d'injection supervisée. Ces centres donneraient aux toxicomanes un endroit où ils pourraient obtenir les traitements dont ils ont besoin au lieu d'être contraints à consommer de la drogue dans la rue et d'aller se cacher dans des collectivités où ils n'obtiendraient pas le soutien nécessaire, ce qui aurait des conséquences bien plus graves pour eux.
Afin de préparer mon discours d'aujourd'hui, j'ai consulté des professionnels de la santé qui avaient récemment mené des recherches à ce sujet. Ils m'ont expliqué que les résultats des recherches sont clairs. L'approche traditionnelle fondée sur la désintoxication et sur l'abstention ne donne pas de bons résultats, surtout quand une personne fait une rechute après avoir suivi un programme de désintoxication. Le risque de surdose est bien plus élevé parce que le degré de tolérance est réduit.
En revanche, la réduction des méfaits comporte de nombreux avantages logiques et démontrés.
Nous savons, par exemple, que l'utilisation de la méthadone prévient la sensation de besoin impérieux et procure un sentiment d'euphorie différent qui contribue à réduire la dépendance. Nous savons que les personnes se faisant traiter dans des centres d'injection supervisée ont davantage tendance à poursuivre leur traitement. Nous savons que ces centres réduisent l'échange des seringues, ce qui amoindrit les risques. Plus important encore, ils réduisent le nombre de décès attribuables aux surdoses d'opioïdes.