HUMA Rapport du Comité
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c) Outils de
responsabilisation
Nous croyons que nos sous-comités respectifs doivent
examiner de près la nature du cadre de responsabilisation. À l’évidence, nous
considérons le mandat et les activités des sous-comités eux‑mêmes comme
un élément de responsabilisation. Nous en avons parlé dans nos rapports
antérieurs et encore une fois dans la partie précédente du présent rapport.
Mais, il est tout aussi évident que les travaux des sous-comités n’apportent
qu’un élément de solution.
À l’heure actuelle, la collectivité débat de certaines
options pour les enfants et pour les personnes handicapées. Dans les deux cas,
elle envisage un mélange de mesures de responsabilisation à adopter par les
institutions ou à prévoir par loi et elle voit le besoin de fixer des résultats
sur lesquels on s’entend et les indicateurs pour en mesurer l’obtention. Dans
les deux cas, il nous faut trouver réponse à des questions comme :
- Comment ces aspects sont-ils
intégrés dans la façon dont les gouvernements « fonctionnent »,
c’est-à-dire la façon dont ils planifient et mettent en œuvre leurs
politiques et leurs programmes, en rendent compte et les évaluent?
- Comment pouvons-nous mieux équilibrer
les résultats des politiques et programmes gouvernementaux?
- Qui décide quels sont les
résultats souhaitables?
- Quelles mesures sont établies
pour déterminer si les résultats sont obtenus?
Sans préjuger des conclusions à venir, il semble
manifeste qu’aucun mécanisme ne réussira, seul, à instiguer un changement
important et permanent. Dans le cas des enfants, le Canada a été l’un des
premiers signataires de la Convention des
Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Il existe un secrétaire d’État
à l’enfance et à la jeunesse, la Prestation nationale pour enfants a été
bonifiée sensiblement depuis sa création en 1999, les premiers ministres ont
signé l’Entente sur le développement de la petite enfance en
septembre 2000 et le gouvernement fédéral et les provinces et les
territoires discutent pour définir les indicateurs.
À première vue, il semble que les enfants aient l’aide
dont ils ont besoin. Et pourtant, le taux de pauvreté chez les enfants - l’indicateur le plus simple et le meilleur prédicteur
de la pauvreté - demeure nettement trop élevé; il serait à 18 %
selon un rapport récent7. Au
Canada, le taux de suicide chez les adolescents est un des plus élevés au
monde. La situation des enfants autochtones est une honte nationale et demande
une action urgente. Manifestement, il y a toujours des lacunes dans les
mécanismes tant de soutien des enfants que de reddition de comptes. Il est urgent de réduire la pauvreté chez
les enfants.
Dans le cas des enfants, plusieurs pistes se
présentent pour explorer les moyens de répondre à ces besoins :
- un commissaire à l’ enfance;
- l’adoption d’un ensemble
cohérent d’indicateurs comparables pour mesurer les résultats des éléments
de l’IDPE;
- le suivi de l’application de
l’IDPE et de la PNE;
- un financement et des services
accrus pour les enfants et les familles autochtones, notamment pour les
enfants handicapés;
- des cibles précises pour la
réduction de la pauvreté.
En matière de handicaps, l’évolution de la politique a
été différente, de sorte qu’il faut examiner plusieurs pistes semblables, mais
à la fois différentes. Les progrès n’ayant pas été aussi sûrs, il faudra
effectuer une étude plus complète des mécanismes institutionnels de reddition
de comptes, et notamment les possibilités suivantes :
- une loi sur les personnes
handicapées comme celle proposée dans Donner
un sens à notre citoyenneté : la volonté d’intégrer les personnes
handicapées (rapport du Groupe de travail Scott);
- un commissaire chargé des
questions de handicap;
- un rôle de contrôle et
d’application de la loi confié à la Commission canadienne des droits de la
personne (un peu comme son rôle actuel pour l’équité en emploi);
- un ministre responsable, ou un
organisme consultatif comme un secrétaire d’État aux personnes handicapées
ou un conseil consultatif auprès du premier ministre.
Il y aurait également lieu de songer à l'élaboration
et à l’adoption d’une grille des questions de handicap qui permettrait la prise
en compte de ces questions dans les politiques et programmes.
Toutes ces idées pour faire progresser le dossier
nécessitent un examen en profondeur des avantages et des inconvénients avant
que l’un ou l’autre sous-comité ne se sente prêt à recommander une ou plusieurs
de ces mesures pour améliorer la situation en matière de reddition de comptes.
Il faudrait voir comment diverses formules ont fonctionné au Canada et dans
d’autres pays. En matière de handicap, par exemple, on pourrait croire à
première vue que l’Americans with
Disabilities Act pourrait servir de modèle pour le Canada. Mais, avant de
conclure trop vite, il faudrait voir dans quelle mesure cette loi est une
mesure de droits civils dont l’application permet de recouvrir aux tribunaux.
Cela convient-il au contexte canadien où les droits des citoyens sont protégés
par l’article 15 de la Charte canadienne
des droits et libertés, ainsi que par la Loi canadienne des droits de la personne ?
d)Transparence
et rôle pour le Parlement
Quel que soit le mécanisme fédéral que l’un ou l’autre
sous-comité pourra choisir de mettre de l'avant, certains membres croient que
l’élément commun le plus important est certes le Cadre visant à améliorer
l’union sociale pour les Canadiens (CUSC). Signé en 1999, le CUSC doit faire
l’objet d’une évaluation d'ici février 2002.8
[…] les gouvernements entreprendront
conjointement une évaluation complète de l’entente et de sa mise en œuvre et
ils feront, s’il y a lieu, les ajustements nécessaires à l’entente-cadre. Cette
évaluation […] permettra à la population et à toutes les parties intéressées,
notamment les spécialistes de la politique sociale, les entreprises et les
organismes bénévoles, de se faire entendre et de faire valoir leur point de vue9.
Les grands principes de l’entente définissent le cadre
dans lequel sont et seront définis les paramètres concernant à la fois les
enfants et les personnes handicapées :
- assurer l’accès à des
programmes et des services essentiels qui soient de qualité sensiblement
comparable;
- fournir de l’aide à ceux qui
sont dans le besoin;
- travailler en partenariat avec
les divers acteurs et assurer à la population canadienne la possibilité de
contribuer au développement des politiques et programmes sociaux;
- assurer un financement durable
aux programmes sociaux;
- assurer l’imputabilité publique
et la transparence.
Comme cette entente-cadre est un document politique,
elle devrait faire l’objet d’une évaluation parlementaire. Cette évaluation devrait être réalisée par
des comités qui peuvent prendre appui sur l’engagement de transparence énoncé
dans l’entente, en ne se contentant pas de l’apport des ministères fédéraux
concernés par la mise en application de l’entente, mais en donnant la chance
aux citoyens de se faire entendre comme en a convenu la ministre du
Développement des ressouces humaines. 10
L’entente-cadre sur l’union sociale a en partie pour
but de répondre aux besoins des enfants et des personnes handicapées.
Jusqu’ici, il y a eu quelques progrès sur la question du développement de la
petite enfance, mais il y en a eu peu pour ce qui est des personnes ou enfants
handicapés. Il est prévu que
l’entente-cadre sera évaluée en février 2002, pour être modifiée ou reconduite
selon le cas.
10. Le Sous-comité sur les enfants et jeunes à
risque et le Sous-comité de la condition des personnes handicapées recommendent
conjointement que le gouvernement indique clairement au Comité permanent des
ressources humaines et de la condition des personnes handicapées comment il
entend mener cette évaluation, quel calendrier il se propose de suivre et
quelle forme prendra l’évaluation.
11. Le Sous-comité
sur les enfants et jeunes à risque et le Sous-comité de la condition des
personnes handicapées recommandent conjointement que le gouvernement donne son
appui à une évaluation de l’entente-cadre sur l’union sociale par le Comité
permanent du développement des ressources humaines et de la condition des
personnes handicapées et de ses deux sous-comités.
7 Ministres
fédéral, provinciaux et territoriaux resposnables des services sociaux,
La Prestation nationale pour
enfants: rapport d'étape, 2000, p.35
8 Il faut rappeler que le Québec n’a pas signé
cette entente. L’accord de principe à
étudier cette question au Sous-comité des enfants est conditionnel à
l’engagement du fédéral à respecter intégralement les compétences
constitutionnelles du Québec et des provinces.
Dans le cadre de l’union sociale, le Québec réclame le droit des
provinces de se retirer des programmes fédéraux avec pleine compensation
financière compte tenu que celui-ci n’a pas signé cette entente.
9 Un cadre visant à améliorer l’union sociale
pour les Canadiens : Entente entre le gouvernement du Canada et les
gouvernements provinciaux et territoriaux, 4 février 1999, p. 7
10 Comité permanent du développement des
ressources humaines et de la condition des personnes handicapées, témoignages,
10 mai 2001, 12h.