FAIT Rapport du Comité
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La région Asie-Pacifique est vaste et abrite une population nombreuse; elle s’étend de l’Afghanistan, à l’ouest; aux îles du Pacifique Sud, à l’est; vers le Japon et la Mongolie, au nord, et jusqu’à la Nouvelle-Zélande, au sud. En fait, il est pratiquement impossible d’étudier la région Asie-Pacifique comme s’il s’agissait d’une seule entité. La région est caractérisée par sa diversité remarquable au niveau de la géographie, de la culture, de la densité de la population, des systèmes politiques, du développement social et économique et des libertés de la personne. On y observe les contrastes les plus vifs. La région Asie-Pacifique comprend certains des pays les plus densément peuplés de la planète de même que certaines des régions les moins populeuses. Elle englobe certaines des nations les plus riches de même que quelques-uns des États les plus pauvres. Des démocraties modernes et des systèmes économiques axés sur les forces du marché côtoient le communisme, des dictatures et des économies planifiées. La structure politique est très incertaine dans certains pays tandis qu’ailleurs, elle est très stable.
Au total, 3,5 milliards de personnes vivent dans la région Asie-Pacifique principalement en Asie du Sud et de l’Est soit bien plus de la moitié de la population mondiale. La Chine et l’Inde comptent une population supérieure à un milliard d’habitants chacune,. Parmi les autres pays fortement peuplés de la région Asie-Pacifique, on trouve l’Indonésie, le Pakistan, le Bangladesh et le Japon. En tout, 11 pays de la région Asie-Pacifique ont une population supérieure à celle du Canada.
En ce qui concerne les progrès économiques, la plupart des économies en Asie-Pacifique en sont encore aux stades de développement ou d’émergence, à quelques exceptions notables près. Cependant, étant donné la très forte population dans cette région, beaucoup de ces pays comptent déjà parmi les économies les plus importantes et les plus puissantes au monde. Les États-Unis d’Amérique demeurent la plus importante économie nationale à l’échelle planétaire mais, en raison de sa taille et de son développement rapide, la Chine se trouve maintenant au deuxième rang, sur la scène internationale, en terme de parité des pouvoirs d’achat (PPA)1, suivie de près par le Japon. Ces dernières années, l’Inde a connu elle aussi une croissance considérable et, en 2002, ce pays s’est classé quatrième au palmarès économique mondial2.
Par conséquent, il n’est pas surprenant que la région Asie-Pacifique soit la plus importante région économique sur la scène internationale. D’après la PPA, la valeur totale du produit intérieur brut (PIB) de la région en 2002 était d’environ 15,8 billions $US, ce qui équivaut à environ le tiers de l’extrant mondial cette année-là. À titre de comparaison, la valeur de l’extrant en Amérique du Nord la même année était de 11,9 billions $US tandis que, en Europe, il était d’environ 12,5 billions $US3.
La valeur totale de l’extrant économique en Asie-Pacifique est élevée, mais le niveau de développement économique et social dans la région varie largement d’un endroit à l’autre. À une extrémité du spectre se trouvent des pays et des zones économiques comme le Japon, l’Australie, Hong Kong et la Nouvelle-Zélande qui sont tous caractérisés par des niveaux élevés d’extrant économique par personne (PIB par habitant), une infrastructure publique bien développée, une certaine stabilité politique, des environnements juridiques et réglementaires prévisibles de même que par un taux d’alphabétisation et une espérance de vie élevés. À l’autre extrémité du spectre se trouvent certains des pays les plus pauvres de la planète. Des 49 pays en développement (PED) figurant sur la liste dressée par les Nations Unies, 12 se trouvent dans l’Asie-Pacifique l’Afghanistan, le Bangladesh, le Bhoutan, le Laos, le Myanmar, les Maldives, le Cambodge, Kiribati et Tuvalu, le Népal, le Samoa et Vanuatu. Les deux tiers des personnes pauvres dans le monde demeurent dans la région Asie-Pacifique.
A. Pourquoi la région Asie-Pacifique?
Au fil des audiences tenues à Ottawa de même que pendant ses déplacements dans la région, le Sous-comité a entendu des témoignages extrêmement positifs au sujet du potentiel économique de l’Asie-Pacifique. Les témoins ont déclaré à l’unanimité qu’ils croyaient que la région Asie-Pacifique présentait des possibilités économiques remarquables pour le Canada et qu’il fallait faire davantage pour améliorer les relations commerciales et accroître les investissements canadiens dans la région.
1. La taille et le dynamisme économique de la région
La plus simple et peut-être la plus impérieuse raison de cette confiance dans les possibilités qu’offre l’Asie-Pacifique est la taille et le dynamisme économique de cette région. Tel que mentionné ci-dessus, l’Asie-Pacifique abrite plus de la moitié de la population mondiale et déjà, en terme de parité du pouvoir d’achat, cette région contribue plus à l’économie mondiale que l’Amérique du Nord ou que l’Europe.
L’Asie-Pacifique est un leader économique mondial malgré un certain nombre de revers économiques qui ont frappé la région ces dernières années. Bien que les statistiques récentes laisse entendre des signes d’une reprise longuement attendue le Japon, est victime d’un marasme économique qui sévit depuis 10 ans une situation qui a des répercussions sur la demande de produits provenant d’autres pays de la région. La crise asiatique de 1997 et de 1998 a dévasté les marchés financiers et a plongé plusieurs pays dans une grave récession. Le processus de rétablissement a été prématurément stoppé par l’éclatement de la bulle technologique en 2000, lequel a été suivi par les attaques terroristes du 11 septembre l’année suivante. Plus récemment, l’épidémie de SRAS a provoqué une autre interruption du processus de rétablissement économique dans les pays asiatiques. L’industrie touristique en Chine et en Asie du Sud-Est, déjà touchée par la diminution des voyages aériens à la suite des événements du 11 septembre, a été dévastée. Bien que l’épidémie de SRAS soit maintenant derrière nous, il reste à voir quels en seront les effets à long terme sur la croissance économique en Asie de l’Est4.
Malgré ces revers qui ont ralenti dernièrement la croissance économique dans la région, de nombreux pays de l’Asie de l’Est sont en train de devenir des puissances économiques mondiales importantes. Les nouvelles économies industrielles (NEI) ont fait des progrès remarquables au cours des années 1980 et au début des années 1990 et ces pays continuent de connaître une forte croissance aujourd’hui. Actuellement, la Chine, l’Inde et des régions de l’Asie du Sud-Est battent la marche de la croissance économique de la nouvelle Asie. D’après le Fonds monétaire international (FMI), de 1995 à 2002, le taux de croissance estimatif moyen de l’économie mondiale est de 3,6 % par an, après prise en compte de l’inflation. Par ailleurs, mis ensemble, les PNI asiatiques ont connu un taux de croissance moyen de 4,8 % pendant la même période, tandis que la croissance dans les pays asiatiques en développement a été encore plus marquée, soit en moyenne 6,6 % par an.
Comme Brian Hunter, économiste principal à l’Agence canadienne de développement international, l’a mentionné dans ses propos devant le Sous-comité, cette croissance économique a entraîné une réduction sans précédent de la pauvreté dans de nombreuses régions de l’Asie-Pacifique. Tandis que les économies de la région Asie-Pacifique continuent de croître, la richesse augmente, d’où un accroissement de la capacité de dépenser dans la région la plus populeuse du globe. Robert Keyes, vice-président, Division internationale, Chambre de commerce du Canada, a indiqué dans son témoignage que l’augmentation de la richesse de cette vaste population se traduit par des possibilités considérables pour le Canada. Il a insisté pour dire qu’il fallait maintenant trouver des moyens pour faire en sorte que le Canada puisse profiter de ces possibilités.
2. Réformes axées sur le marché en Asie-Pacifique
L’un des facteurs qui contribuent à ces perspectives optimistes au chapitre de la croissance économique dans la région Asie-Pacifique tient au fait qu’un certain nombre de pays dans cette région ont amorcé une série de réformes économiques de marché en vue d’accroître les échanges commerciaux, d’attirer les investissements et de stabiliser les marchés financiers. En fait, le développement économique rapide dans une grande partie de l’Asie de l’Est est largement attribuable à la libéralisation des marchés et à l’attention accrue accordée au commerce international afin de stimuler la croissance.
L’importance des réformes de marché observées en Chine n’a son pareil nulle part ailleurs. Selon John Wiebe, président et directeur général, Fondation Asie Pacifique du Canada, la libéralisation de l’économie en Chine constitue « l’une des transformations économiques les plus profondes de l’ère moderne ». La concurrence interne, qui commence maintenant à poindre en Chine, a pour effet de susciter l’efficience économique et d’alimenter la croissance du PIB sur le territoire chinois. En même temps, l’arrivée de la Chine sur la scène économique internationale, comme le prouve son accession récente à l’OMC, pourrait redéfinir le flux des échanges commerciaux traditionnels et les priorités des marchés. En fait, le développement de la Chine et son impact sur l’économie mondiale sont considérés dans les autres pays d’Asie comme étant à la fois une menace et un avantage. La libéralisation du commerce en Chine offre des occasions sans précédent aux exportateurs mais, en même temps, de nombreux pays notamment les pays voisins de la Chine craignent de ne pas pouvoir faire concurrence aux faibles coûts de la main-d’œuvre chinoise et aux autres avantages économiques offerts dans cette Chine axée sur le marché.
Au Canada, les témoins étaient unanimes à reconnaître les possibilités économiques offertes par la région Asie-Pacifique dans son ensemble, mais ils s’accordaient aussi à dire que c’était la Chine qui occupait le haut du pavé à cet égard. On ne saurait trop insister sur l’ampleur des réformes économiques de marché appliquées en Chine ni sur l’importance accrue accordée au commerce international. Avec l’accession récente de la Chine à l’OMC, le monde fait face à l’arrivée sans précédent d’un marché de 1,3 milliard de personnes dans un pays où la croissance économique oscille entre 8 et 10 % annuellement. Étant donné la l’ampleur colossale des possibilités offertes par un tel événement, Wendy Dobson, professeur en commerce international, Institute for International Business, University of Toronto, a affirmé que le Canada devrait orienter sa stratégie économique sur la Chine, les États-Unis demeurant au premier rang.
Sur la scène internationale, ce sont surtout les réformes de marché appliquées en Chine qui ont suscité de l’intérêt, mais d’autres pays d’Asie-Pacifique réalisent eux aussi activement leurs propres réformes. Notamment, de nombreux pays de l’Asie du Sud-Est et de l’Est demeurent sur la voie des réformes des marchés financiers découlant de la crise asiatique en 1997 et 1998. Le Japon fait actuellement l’objet d’une série de réformes similaires axées non seulement sur le secteur financier mais visant aussi à donner un nouveau souffle à l’économie japonaise. Les pays de l’Asie du Sud l’Inde notamment s’engagent eux aussi dans des réformes économiques, mais à un rythme plus lent qu’en Asie de l’Est. Selon Brian Hunter, à cause de cette approche plus prudente vers la libéralisation des marchés, l’Asie du Sud n’a pas atteint le même niveau de développement économique et de réduction de la pauvreté que l’Asie de l’Est.
Les réformes économiques précises réalisées dans l’Asie de l’Est et dans l’Asie du Sud-Est, en Chine, en Inde et au Japon sont examinées plus en détails à l’annexe I.
3. Intégration économique de l’Asie-Pacifique
Les réformes économiques amènent actuellement bien des pays de l’Asie-Pacifique à s’orienter de plus en plus vers le commerce. En outre, une proportion croissante de ce commerce s’effectue à l’intérieur de l’Asie et du Pacifique. En 1990, environ 42,1 % de toutes les exportations des pays de l’Asie-Pacifique étaient destinées à d’autres pays de la région. Cette proportion avait grimpé à 48,2 % en 2001.
Un certain nombre de facteurs sous-tendent l’augmentation du commerce intérieur de la région Asie-Pacifique. M. John Wiebe a laissé entendre que cette augmentation est en partie attribuable au fait que des fabricants asiatiques de la région ont plus fréquemment recours à des centres de production extraterritoriaux ou offshore. La croissance en découlant des chaînes d’approvisionnement régionales peut avoir pour effet de gonfler les statistiques sur les échanges commerciaux. Le fait que la Chine soit en train de devenir un important pays commerçant est un autre facteur qui sous-tend l’augmentation du commerce intérieur de l’Asie. La Chine continentale, qui exclut Hong Kong, est devenue le deuxième plus important exportateur de tout l’Asie-Pacifique, puisqu’elle représentait en 2001 17,8 % des exportations de la région, n’étant devancée sur ce plan que par le Japon, qui en représentait 26,9 %5.
D’après certains témoins, compte tenu de cette augmentation de l’activité économique en Asie, on est de plus en plus conscient, ainsi que dans l’Asie-Pacifique, des avantages de la coopération régionale dans des domaines comme les échanges commerciaux, les investissements et les affaires financières. On y est en train d’axer de plus en plus l’attention en Asie et dans l’Asie-Pacifique sur le développement de relations économiques à l’intérieur même de la région en faisant la promotion d’accords régionaux d’intégration. Les accords d’intégration économique ne sont rien de nouveau dans la région; des organisations comme l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (l’ANASE)6 fonctionnent depuis plusieurs décennies. L’intégration et les négociations s’y sont cependant accélérées ces dernières années. Ces accords régionaux d’intégration sont examinés plus en détails à l’annexe II.
Bien des témoins craignaient principalement que l’accroissement de l’interdépendance économique et la montée des blocs commerciaux régionaux, dans l’Asie de l’Est en particulier, puissent effectivement priver le Canada de ces marchés. Lorsqu’il existe entre deux pays des obstacles aux échanges commerciaux, cela fait en sorte que les biens produits dans les pays tiers deviennent relativement plus coûteux. Certains économistes soutiennent que même si les accords multilatéraux sont rentables et rapportent réellement des gains, les accords commerciaux bilatéraux ou régionaux faussent, en fait, le marché lorsqu’on le considère d’un point de vue mondial, parce que les pays situés à l’intérieur d’un bloc commercial bénéficient d’un traitement préférentiel comparativement à ceux qui se trouvent à l’extérieur de ce bloc, qu’ils produisent ou qu’ils ne produisent pas plus efficacement.
Certains témoins ont averti le Sous-comité que le Canada risquait de ne plus avoir accès à certains des marchés mondiaux qui pourraient s’avérer les plus lucratifs à mesure que les pays de l’Asie-Pacifique deviendront davantage interdépendants. D’autres témoins n’abondaient cependant pas dans ce sens, soutenant que le Canada pourrait, en fait, tirer avantage de l’intégration économique de l’Asie-Pacifique. M. Robert Bélanger, premier délégué commercial canadien en Thaïlande, a attiré l’attention sur deux de ces avantages éventuels. Le premier de ces avantages est le fait que l’intégration économique entraîne la rationalisation et la spécialisation de la production. Le délégué commercial a utilisé l’exemple du secteur de l’automobile de l’Asie du Sud-Est qui est en train de se consolider rapidement en Thaïlande. Il a soutenu que, grâce à ce processus de rationalisation, il serait plus facile pour le Canada de cibler ses efforts dans la région. Le second avantage majeur de l’intégration économique de l’Asie-Pacifique est le fait que la libéralisation des échanges commerciaux à l’intérieur de la région y entraînera une croissance économique, de la richesse et de la prospérité, ce qui, par ricochet, y accroîtra la demande pour tous les types de biens, y compris ceux produits au Canada.
B. Débouchés commerciaux au niveau sectoriel dans la région
1. Possibilités d’investissement
La croissance économique rapide observée dans bien des pays d’Asie devrait créer d’énormes possibilités pour les entreprises étrangères, sur le plan des investissements en particulier. Le Sous-comité a, en effet, été impressionné par l’ampleur des possibilités d’investissement qu’il a vues durant ses missions exploratoires à l’intérieur de la région de l’Asie-Pacifique, dans les pays en développement particulièrement.
Le Sous-comité a appris qu’un certain nombre de pays à revenu faible et moyen recherchent actuellement des investissements étrangers directs (IED) pour les aider à financer des investissements dans les infrastructures de transport et municipales, ce qui inclut la construction de routes, de voies ferrées et de réseaux de services d’utilité publique, la production d’électricité, les hôpitaux et les aéroports . En outre, bien des pays d’Asie recherchent à l’heure actuelle des spécialistes étrangers des industries de l’environnement comme celles de l’épuration de l’eau et de la gestion des déchets.
En examinant plus attentivement certains pays en particulier, on constate qu’on craint en Inde, notamment, que la capacité insuffisante des infrastructures locales de transport ne soit devenue une entrave à la croissance économique. Les projets d’infrastructure dans ce pays offrent aux entreprises faisant affaire au niveau international d’énormes possibilités. L’adjudication des contrats y est cependant un long processus qui représente pour les investisseurs étrangers potentiels un défi énorme, sans compter les défis que posent les divers obstacles que présentent la législation et la réglementation indiennes. On a déclaré au Sous-comité que les autres secteurs majeurs où il existe en Inde des possibilités d’investissement incluent ceux du pétrole et du gaz, des télécommunications, de la biotechnologie et des produits pharmaceutiques, ainsi que de la technologie de l’information, pour n’en nommer que quelques-uns.
En Thaïlande, le Sous-comité a appris que l’office thaïlandais des investissements recherche activement à l’heure actuelle des investissements étrangers dans cinq secteurs clés : ceux de l’agriculture et de l’agroalimentaire, de l’automobile, des technologies de l’information et des communications (TIC), de la mode (du vêtement, de la bijouterie et du cuir) et des services à valeur élevée. La plupart des pays que le Sous-comité a visités, y compris la Chine, la Malaisie et la Corée du Sud, ont dégagé des priorités d’investissement semblables.
Le Sous-comité est persuadé que l’Asie-Pacifique recèle d’importantes possibilités d’investissements pour les entreprises canadiennes désireuses de tirer profit des occasions d’affaires qu’offre la région. Toutefois, un certain nombre de témoins ayant comparu devant nous outre-mer ont indiqué qu’il ne faudrait pas oublier que l’Asie-Pacifique pourrait être une source d’investissements étrangers au Canada. Même si le Japon et Hong Kong sont les investisseurs les plus importants au pays, la croissance économique rapide des États membres de l’ANASE, la Chine et l’Inde, crée un potentiel énorme d’investissements dans l’économie canadienne.
En plus des occasions d’investir qui s’offrent aux Canadiens en Asie et dans le Pacifique et de la possibilité d’attirer au Canada des investissements de cette région, le Sous-comité a aussi eu écho d’énormes possibilités d’accroître les échanges commerciaux avec cette dernière. Les plus prometteuses se situent, entre autres, dans les secteurs de l’automobile, des produits du bois, de l’information, des télécommunications, de l’aérospatiale, de l’environnement, des nouveaux matériaux, de l’énergie, des sciences de la vie, des services professionnels et du plastique.
M. Robert Greenhill, président et chef de l’exploitation de Bombardier International, par exemple, a parlé des énormes débouchés qui existent pour les aéronefs régionaux et les wagons de chemin de fer, parce que les villes de l’Asie-Pacifique sont aux prises avec une urbanisation massive. D’autres témoins ont parlé des rôles que le Canada pourrait jouer à l’intérieur des industries de l’environnement comme celles du traitement de l’eau et de l’élimination des déchets. Les besoins de services de construction et des services d’experts-conseils et d’ingénierie connexes sont également considérables dans un certain nombre de pays en développement, en Inde particulièrement.
La croissance d’une classe moyenne prospère est en train, également, de créer une nouvelle demande pour les services et les produits de consommation. Cette augmentation de la demande pourrait avoir d’énormes retombées, compte tenu de l’importante population de nombre de ces pays. Par exemple, des chiffres variant de 30 à 50 millions de ménages ont été avancés au Sous-comité pour la classe moyenne en train de voir le jour en Inde. Même si ce nombre ne représente qu’une petite fraction de la population totale de l’Inde, il est supérieur à la population entière du Canada.
Parmi les possibilités particulières qui s’offrent sur le plan des biens de consommation, plusieurs témoins, y compris M. Peter Barnes, président et chef de la direction de l’Association canadienne des télécommunications sans fil, ont parlé d’une énorme croissance de la demande de produits de télécommunication sans fil. Les pays en développement à qui il manquait une infrastructure suffisante pour les téléphones conventionnels sont en train de passer directement aux téléphones cellulaires, aux assistants numériques personnels (PDA) et au service Internet numérique.
Au cours de ses voyages, des témoins ont indiqué au Sous-comité qu’il existait d’autres débouchés pour les services et les produits canadiens de consommation en Asie et dans le Pacifique. Ces débouchés étaient, dans certains cas, remarquablement constants partout à l’intérieur de la région. Il y existe, en général, des débouchés dans des domaines comme les finances et l’assurance, la mode, l’enseignement, l’alimentation, la construction de maisons en bois et les activités culturelles et récréatives.
Les débouchés commerciaux y sont dans d’autres cas, plus particuliers. En Corée du Sud, nous avons appris que les pressions en faveur du passage d’une semaine de travail de six jours à une semaine de travail de cinq jours devraient accroître la consommation de produits culturels et récréatifs. De même, la popularité croissante à l’échelle mondiale de l’industrie indienne du divertissement offre dans ce secteur des débouchés pour les entreprises canadiennes. Finalement, plusieurs témoins ont souligné au Sous-comité que la classe moyenne de plus en plus importante dans la nouvelle Asie représente d’énormes débouchés pour l’industrie canadienne du tourisme. Mentionnons que, même s’il est loin de l’Asie, le Canada y jouit d’une excellente réputation comme destination touristique, en plus du fait que bien des Asiatiques entretiennent des liens avec notre pays par l’entremise d’amis ou de membres de la famille qui y ont émigré.
Un certain nombre de témoins ont déclaré craindre que la présence sur le plan économique du Canada ne soit en train de perdre de son importance en Asie et dans le Pacifique. Malgré les diminutions récentes, les exportations canadiennes dans l’ensemble ont augmenté ces 10 dernières années. Toutefois, les exportations canadiennes à destination de la région n’ont pas suivi le rythme de la croissance des importations de la région de l’Asie-Pacifique. Selon certains témoins, la part de marché du Canada des importations asiatiques ne représente, de ce fait, que 65 % du niveau qu’elle atteignait il y a une décennie. Les relations du Canada avec l’Asie-Pacifique en matière de commerce et d’investissements sont examinées en détails à l’annexe III.
Malgré la forte croissance des importations canadiennes en provenance de l’Asie-Pacifique, l’importance pour le Canada de la région comme partenaire commercial diminue. À la fin des années 1980, l’Asie-Pacifique représentait plus de 13 % du total du commerce bilatéral du Canada à l’échelle mondiale. Depuis, la part du commerce canadien qui s’effectue avec les pays de l’Asie-Pacifique a chuté à moins de 10 % de ce total.
La baisse des exportations canadiennes à destination de la région est encore plus grave. En 1988, un tout petit peu moins de 13 % du total des exportations de marchandises du Canada à l’échelle mondiale était destiné à l’Asie-Pacifique. Comme les exportations canadiennes ont chuté après 1997, cependant, l’importance du marché de l’Asie-Pacifique en a fait tout autant. En 2002, la région représentait seulement 5 % du total des exportations canadiennes de marchandises.
On peut, au moins en partie, expliquer cette perte d’une part de marché en Asie par l’apparition dans la région du partenaire commercial qu’est la Chine. À mesure que le commerce entre cette dernière et le reste de l’Asie-Pacifique augmente, la part de marché d’autres pays situés à l’extérieur de la région doit, par définition, diminuer, même si la valeur totale de leurs échanges commerciaux demeure la même. Comme M. John Wiebe l’a cependant déclaré, ce truisme mathématique n’absout pas le Canada de ses résultats relativement mauvais des dernières années sur le plan de la croissance de ses échanges commerciaux et de ses investissements de la région Asie-Pacifique. Même si peu de pays commerçant dans la région Asie-Pacifique ont accru leur part de marché, des recherches menées par la Fondation Asie Pacifique du Canada ont montré que ce dernier est l’un des États ayant obtenu dans la région les plus mauvais résultats sur ce plan. Les mêmes recherches ont également montré que les exportations du Canada se seraient accrues annuellement d’au moins 6 milliards de dollars par rapport à leurs niveaux actuels s’il avait conservé sa part de marché d’Asie-Pacifique.
Le Sous-comité craint que le Canada puisse perdre une part de marché encore plus grande dans la région. Même si l’intégration économique se poursuit en Asie-Pacifique, un certain nombre de pays situés à l’extérieur de la région continuent à mener activement des négociations en vue d’y échanger librement des produits et des services, afin de ne pas être privés d’éventuelles possibilités économiques. Les États-Unis ont réussi à négocier un accord de libre-échange avec Singapour, sont en train d’en négocier un avec l’Australie et doivent entreprendre des négociations à ce sujet avec la Thaïlande. Le Mexique poursuit également à l’heure actuelle des négociations en vue de la conclusion d’accords commerciaux avec Singapour et le Japon, tandis que la Corée du Sud et la Thaïlande ont l’une et l’autre manifesté leur intérêt à entreprendre des discussions à ce propos avec le Mexique. Le Chili poursuit actuellement aussi activement des négociations en vue de la conclusion d’accords de libre-échange.
Bénéficier de ce que certains témoins ont appelé « l’avantage du premier arrivé » est l’une des principales raisons pour lesquelles le Canada doit agir rapidement et redoubler d’efforts afin d’accroître sa présence sur le plan économique dans la région, en Chine en particulier. Dans le contexte du commerce international, l’avantage du premier arrivé renvoie au fait que ceux qui entrent tardivement sur certains marchés particuliers sont désavantagés, parce qu’ils doivent rivaliser avec des joueurs bien établis, jouissant des avantages qu’offrent l’expérience et un nom qu’on reconnaît. M. Wendy Dobson a avisé le Sous-comité qu’il faut absolument que le Canada, qui est entré tardivement sur beaucoup d’autres marchés asiatiques, agisse rapidement pour concentrer ses efforts sur le nouveau marché chinois, où notre pays bénéficie déjà d’une bonne réputation grâce à l’action du docteur Norman Bethune7.
Sur le plan des investissements, les résultats qu’obtient le Canada en Asie-Pacifique sont un peu plus reluisants. Des estimations préliminaires indiquent que les IED du Canada dans la région ont atteint une valeur record de 36,6 milliards de dollars en 20028. Si les investissements canadiens dans la région de l’Asie-Pacifique ont augmenté considérablement, de 13,9 % annuellement en moyenne depuis 1990, nos investissements en Amérique latine et en Europe de l’Est se sont accrus encore plus rapidement. L’importance de l’Asie-Pacifique en tant que destination des investissements canadiens a donc commencé à diminuer. D’un plafond de 10,8 % en 1994, la part de l’Asie-Pacifique du total à l’échelle mondiale des IED canadiens est tombée à un plancher de 6,8 % en 2000. Ces deux dernières années, cependant, les investissements dans la région ont repris et l’Asie-Pacifique revêt à nouveau de plus en plus d’importance comme destination pour les IED canadiens.
En même temps, les investissements des pays de l’Asie-Pacifique au Canada commencent également à augmenter après une longue période de stagnation. En fait, les investissements au Canada des pays de l’Asie-Pacifique diminuaient constamment depuis la crise qu’ont connue les marchés asiatiques. Cette tendance s’est cependant inversée en 2001 et, un an plus tard, les IED entrants en provenance de la région de l’Asie-Pacifique ont atteint un record de 17,2 milliards de dollars. Malgré tout, l’importance de l’Asie-Pacifique comme source d’investissements au Canada demeure beaucoup plus faible que ce qu’elle était jusqu’à tout récemment. Comme M. John Klassen, directeur exécutif de Partenaires pour l’investissement au Canada, au ministère de l’Industrie, l’a fait observer, les IED de l’Asie-Pacifique ne représentent qu’environ 5 % du total des investissements entrants au Canada, une baisse considérable par rapport au plafond de 8,2 % enregistré sur ce plan en 1993.
D. Faire de l’Asie-Pacifique une priorité
Le Sous-comité est persuadé que le marché de l’Asie-Pacifique offre d’énormes possibilités pour les investisseurs et les exportateurs canadiens. En effet, compte tenu de la taille et du développement économique rapide d’un certain nombre de pays asiatiques, il serait difficile d’exagérer l’ampleur des possibilités qu’offre la région.
Le Sous-comité croit toutefois également que le Canada n’a pas su tirer pleinement avantage de ces possibilités dans le passé. Il note que les échanges commerciaux et les investissements bilatéraux du Canada et de l’Asie sont en train d’augmenter, mais à un rythme beaucoup plus lent que celui auquel un certain nombre d’autres pays exportent et investissent dans la région. La part de marché et la présence du Canada dans la région Asie-Pacifique sont donc en train de diminuer à un moment où, compte tenu du développement de la Chine et de ses effets sur les pays qui entourent cette dernière, les possibilités économiques ne pourront jamais être plus importantes.
Il faut absolument que le Canada renverse cette tendance. Le maintien du niveau de vie des Canadiens dépend des échanges commerciaux, qui sont d’une importance primordiale pour assurer la prospérité à long terme du Canada. Nos exportations représentent plus de 41 % de notre PIB et assurent le maintien d’une proportion importante de nos emplois.
En plus des possibilités économiques que présente directement l’Asie-Pacifique, plusieurs témoins, y compris Mme Patty Townsend, directrice exécutive de l’Alliance canadienne du commerce agro-alimentaire, ont exprimé leur conviction que, compte tenu de l’augmentation du protectionnisme commercial aux États-Unis et d’un certain nombre de différends commerciaux entre le Canada et son voisin immédiat attirant fortement l’attention, notre pays doit réduire sa dépendance par rapport au marché américain d’exportation. Même si les témoins n’ont pas tous préconisé que le gouvernement adopte explicitement comme politique la diversification des échanges commerciaux, ils convenaient dans une énorme proportion que l’Asie-Pacifique devrait être la priorité numéro un du Canada après les États-Unis.
Le Sous-comité est d’accord avec les témoins ayant déclaré que les partenaires du Canada au sein de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) devraient rester la grande priorité numéro un du pays sur le plan des échanges commerciaux et des investissements. Nous sommes toutefois également persuadés qu’aucune autre région au monde aujourd’hui n’est aussi dynamique ou n’est aussi prometteuse sur le plan économique que l’Asie-Pacifique. Le développement des échanges commerciaux est essentiel à la croissance de l’économie canadienne et à l’augmentation du niveau de vie des Canadiens. Le Sous-comité croit qu’il n’existe aucun endroit dans le monde où les possibilités de développement des échanges commerciaux soient plus grandes que dans l’Asie-Pacifique. Nous recommandons, par conséquent :
Recommandation 1 :
Que, compte tenu des énormes possibilités économiques qu’offre l’Asie-Pacifique et de l’importance du développement des échanges commerciaux pour maintenir le niveau de vie des Canadiens, le gouvernement fédéral fasse de l’élargissement des liens économiques avec cette région sa grande priorité numéro un aux fins de l’accroissement du commerce et des investissements avec les pays situés à l’extérieur de la zone de l’ALENA.
Il est important, toutefois, en même temps de rappeler que l’Asie-Pacifique est une vaste zone, composée de dizaines de pays et de régions économiques qui en sont à des stades radicalement différents de développement économique, social et politique. Il s’ensuit, par conséquent, que certains marchés de la région devraient être plus faciles à pénétrer, faire courir moins de risques et donner des rendements plus élevés que d’autres.
Ce qui laisse entendre que, dans une certaine mesure, le moyen le plus efficace pour atteindre son objectif, le développement des échanges commerciaux et des investissements bilatéraux du Canada et de l’ensemble de l’Asie-Pacifique, consiste pour le gouvernement canadien à attacher une importance particulière à certains marchés de la région et à concentrer, par conséquent, ses ressources sur le développement des liens économiques lorsque les avantages stratégiques de ce développement pour le Canada seraient on ne peut plus élevés. Cela permettrait d’établir des stratégies mieux ciblées et, partant, plus efficaces, pour accroître les échanges commerciaux et permettrait également d’utiliser aussi plus efficacement les ressources du gouvernement fédéral.
Cela ne laisse cependant pas entendre qu’il n’existe pas de possibilités de commercer et d’investir dans toute l’Asie-Pacifique. En effet, des entreprises canadiennes connaissent le succès sur le plan des échanges commerciaux et des investissements dans tout l’Asie-Pacifique, ce qui inclut certains des pays les moins développés de la région. Une organisation canadienne établie à Singapour a averti le Sous-comité que ce sont les entreprises qui déterminent en fin de compte où se situent leurs débouchés les plus importants et voulant également que le gouvernement fédéral aurait avantage, lorsqu’il axe ses efforts sur des marchés clés de l’Asie-Pacifique, à prendre garde de ne pas explicitement ou implicitement dissuader nos entreprises de poursuivre la réalisation de possibilités de commercer et d’investir ailleurs dans la région.
Le Sous-comité convient que le rôle du gouvernement fédéral ne consiste pas à influencer indûment les décisions des entreprises. La stratégie consistant à mettre l’accent sur des marchés clés de l’Asie-Pacifique est, plutôt, destinée à indiquer où l’accroissement des ressources et des efforts du gouvernement devrait être le plus efficace, sans présupposer qu’il n’existe pas ailleurs de possibilités, ou qu’il faille redistribuer les ressources à l’intérieur de la région. En d’autres mots, les stratégies destinées à accroître les échanges commerciaux et les investissements dont le chapitre III ci-dessous fournit un aperçu devraient s’étendre à toute l’Asie et à tout le Pacifique et non pas simplement aux principaux marchés du Canada dans la région.
Le gouvernement fédéral a identifié onze pays comme étant des endroits prioritaires où développer les liens sur le plan des échanges commerciaux et des investissements. Sur ces onze pays, trois se trouvent dans la région de l’Asie-Pacifique : la Chine, le Japon et l’Inde9. Il s’agit de choix qui ne sont guère controversés, étant donné que ces trois États représentent les deuxième, troisième et quatrième plus importantes économies dans le monde, si l’on se fonde sur la parité des pouvoirs d’achat. En même temps, cependant, le Sous-comité croit que, compte tenu des énormes possibilités économiques qui s’offrent ailleurs dans la région, le Canada ne devrait pas oublier les autres marchés importants.
Nous croyons, en particulier, qu’il faudrait s’efforcer davantage d’accroître le commerce et les investissements bilatéraux du Canada et de la Corée du Sud et du Canada et de chacun des États membres de l’ANASE, surtout ceux dont les économies sont les plus développées comme Singapour, la Thaïlande et la Malaisie. Nous croyons que la Corée du Sud, notre troisième plus important partenaire commercial dans la région, qui représente la quatrième plus importante économie de l’Asie-Pacifique et qui est la principale source d’étudiants étrangers au Canada, offre d’énormes possibilités qu’il ne faudrait pas négliger. Nous sommes donc surpris que la Corée du Sud n’ait pas été incluse au départ dans notre itinéraire. Quant aux principaux États membres de l’ANASE, leur croissance rapide, combinée à leur processus d’intégration économique, qui s’effectue au moyen d’accords régionaux de libre-échange, crée non seulement directement des possibilités de commercer et d’investir, mais rend également certains pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est attrayants en tant que bases régionales à partir desquelles prendre plus d’expansion sur le marché de l’Asie-Pacifique.
Le Sous-comité recommande, en se fondant sur les avis et les conseils de témoins et sur ses propres observations :
Recommandation 2 :
Que, même s’il a déjà reconnu que la Chine, le Japon et l’Inde étaient ses marchés prioritaires dans l’Asie-Pacifique, le gouvernement canadien s’assure que les possibilités d’améliorer les liens économiques avec d’autres pays de la région ne soient pas négligées. Ces possibilités sont particulièrement évidentes en Corée du Sud et parmi les principaux membres de l’ANASE, notamment la Thaïlande, Singapour et la Malaisie.
Dans une large mesure, lorsque les témoins ont évoqué la nécessité d’améliorer les liens en matière d’échanges commerciaux et d’investissements avec l’Asie-Pacifique, l’accent a été placé sur la circulation vers l’extérieur l’augmentation des exportations canadiennes vers la région et l’encouragement des investissements canadiens à l’étranger. L’avantage pour le Canada d’attirer la cirtulation vers le pays de produits en provenance de l’Asie-Pacifique n’a pas été souvent mentionné.
Tout particulièrement, plusieurs témoins ont indiqué au Sous-comité que le Canada avaient tendance à ne pas considérer que les nouvelles économies de l’Asie-Pacifique étaient des sources potentielles d’investissement étranger direct. En effet, comme il est précisé à l’annexe III, seulement quelques pays de l’Asie-Pacifique sont des investisseurs importants au Canada le Japon, Hong Kong et l’Australie. En outre, comme John Klassen l’a souligné au Sous-comité, le gouvernement canadien, dans ses démarches continues pour attirer le capital étranger, met l’accent sur huit marchés prioritaire à l’échelle de la planète et parmi eux, seul le Japon est situé dans l’Asie-Pacifique10. Toutefois, des témoins nous répètent que la nouvelle Asie est une source d’investissements étrangers excellente, à croissance rapide et, dans une large mesure, non exploitée.
Les arguments de vente du Canada comme destination pour les IED en provenance de l’Asie-Pacifique diffèrent considérablement des avantages que tirent les entreprises canadiennes qui investissent dans cette région. L’investissement canadien dans l’Asie-Pacifique est souvent attribuable aux industries de service, comme les sociétés de finances et d’assurance qui s’établissent à l’étranger la plupart des industries de service ont besoin d’une présence physique dans la région pour vendre leurs produits. En outre, les entreprises manufacturières investissent dans de nombreux pays de l’Asie-Pacifique pour profiter de la main-d’œuvre bon marché. Par exemple, d’après les renseignements que détient le Sous-comité, la plupart des exportations de la Chine dans le monde sont en fait produits par des sociétés multinationales qui ont investi dans des installations de production à faible coût dans ce pays et qui exportent de nouveau ces produits vers des marchés comme les États-Unis, le Canada et l’Europe. Il semblerait que ce modèle d’investissement et de commerce explique l’important excédent commercial de la Chine avec des pays comme les États-Unis et le Canada.
Toutefois, la plupart du secteur manufacturier utilisateur de main-d’œuvre se trouve dans des industries à faible valeur ajoutée. Les entreprises manufacturières du Canada ne peuvent pas faire concurrence à la production à faible coût des pays comme la Chine, mais le Canada a toujours un avantage important dans les industries du savoir à haute valeur ajoutée. En effet, d’après les renseignements recueillis par le Sous-comité en Chine, malgré l’abondance de travailleurs dans ce pays, les salaires de la main-d’œuvre spécialisée sont plus élevés qu’au Canada à cause de la pénurie de travailleurs hautement qualifiés. Autrement dit, le Canada retient un avantage concurrentiel dans la production de haute technologie.
Pour attirer plus d’IED de l’Asie-Pacifique, le Sous-comité est d’avis que le Canada peut également profiter de ses liens au sein de l’ALENA pour se promouvoir comme porte d’entrée dans le marché américain. Des témoins de l’Asie-Pacifique étaient sceptiques quant à cette approche, parce que si la région de l’Asie-Pacifique était intéressée à accéder au marché américain, il serait plus efficace d’y aller directement. D’autres qui n’étaient pas d’accord ont fait remarquer que le caractère multiculturel du Canada et sa réputation comme société sûre et tolérante étaient des facteurs qui ferait du Canada une destination à l’investissement préférable.
L’accroissement du débit des investissements de l’Asie-Pacifique profiterait au Canada de plus d’une façon. L’investissement étranger crée des emplois et peut apporter de nouvelles technologies et techniques permettant d’accroître la productivité dans le pays. En outre, puisque le Canada est un marché de consommation relativement petit, la plupart de la production étrangère est destinée à l’exportation soit aux plus grand marchés comme les États-Unis ou vers le pays d’où provient l’investissement. Dans un cas comme dans l’autre, les exportations plus élevées amélioreraient les balances commerciales du Canada avec les autres nations.
À mesure que d’autres pays comme la Chine et l’Inde continuent de se développer, les entreprises locales s’élargissent et acquièrent des connaissances et de l’expertise dans des domaines comme les logiciels et les applications informatiques, la biotechnologie et d’autres industries de haute technologie. Ces entreprises commencent à se tourner vers l’étranger pour établir des partenariats stratégiques et de nouveaux marchés pour leurs produits. Compte tenu de la main-d’œuvre qualifiée et productive qui s’y trouve, le Canada serait un débouché naturel pour les investisseurs étrangers. Le Sous-comité croit fermement qu’il importe de faire davantage pour promouvoir le Canada comme destination pour les IED en provenance de toute la région de l’Asie-Pacifique. Nous recommandons :
Recommandation 3 :
Que dans ses démarches pour améliorer ses liens en matière d’échanges commerciaux et d’investissements avec l’Asie-Pacifique, le gouvernement fédéral ne cherche pas seulement à encourager les exportations canadiennes et les investissements à l’étranger, mais qu’il songe également à des façons d’attirer plus d’investissements étrangers directs au Canada en provenance de la région. En particulier, il importe de faire plus pour encourager l’investissement en provenance des nouvelles économies.
Établir des relations économiques fructueuses avec un pays asiatique exige de la patience et une vision à long terme. Bon nombre de témoins ont toutefois affirmé au Sous-comité qu’il est souvent arrivé dans le passé que les efforts du Canada destinés à promouvoir les échanges commerciaux et les investissements aient été inconstants. Plusieurs témoins, tant au Canada qu’en Asie-Pacifique, ont cité des exemples de programmes gouvernementaux avantageux qu’on a supprimés en raison d’un financement insuffisant ou d’initiatives qui étaient trop incohérentes pour rapporter des gains à long terme. Comme M. Wendy Dobson l’a déclaré :
À la fin des années 80, j’ai constaté qu’on avait réorienté vers l’Asie le point de mire du Programme Pacifique 2000. Des rivalités à l’intérieur du gouvernement au sujet des ressources ont cependant ensuite entraîné la fin définitive du programme et le détournement des ressources qui y étaient affectées, jusqu’à ce que nous soyons les hôtes de l’Organisation de coopération économique Asie-Pacifique, puis d’autres ressources ont été injectées. Ça ne marchera pas. Ou bien nous devenons sérieux ou bien nous arrêtons tout.
Des engagements financiers incohérents ont des répercussions coûteuses pour le Canada. Un financement ponctuel, sur lequel on ne peut compter mine non seulement l’efficacité de la politique sur les échanges commerciaux et les investissements, mais nuit également à la réputation du Canada. Un témoin à Kuala Lumpur a déclaré qu’un tel comportement inconstant avait valu au Canada la réputation d’être « instable ».
Durant ses voyages dans la région, le Sous-comité a été informé à plusieurs reprises que le Canada doit faire montre d’un intérêt soutenu vis-à-vis de la promotion des échanges commerciaux et des investissements et adopter une approche mieux coordonnée, qui s’accompagne d’une aide financière stable et prévisible, pour réaliser à long terme des gains. On nous a fréquemment rappelé qu’établir des relations d’affaires dans la région est un long processus, ou un processus qui prend du temps. Au Japon, on nous a dit qu’une fois de telles relations établies, les clients alors avaient tendance à se montrer très loyaux et que l’on ne les perdait pas facilement.
Le Sous-comité croit qu’on utilise on ne peut plus efficacement les ressources du Canada pour promouvoir les échanges commerciaux et les investissements lorsqu’elles sont étroitement orientées vers quelques marchés clés et lorsqu’elles ne sont pas largement dispersées. Compte tenu des déclarations que nous avons entendues, nous sommes également d’accord avec les témoins ayant affirmé que le gouvernement fédéral doit être prêt à prendre l’engagement concerté et soutenu qu’exige cette politique s’il veut suivre l’avis ou le conseil du Sous-comité et faire du développement des liens économiques avec l’Asie-Pacifique une grande priorité.
Recommandation 4 :
Puisqu’un effort soutenu est nécessaire pour obtenir des résultats significatifs, le gouvernement fédéral ne devrait pas accorder à l’Asie-Pacifique une attention intermittente comme par le passé, mais il devrait s’engager à suivre une stratégie à long terme pour intensifier les échanges commerciaux et les investissements avec la région.
1 | La parité des pouvoirs d’achat (PPA) établie d’après le PIB tient compte non seulement de la valeur du revenu total (ou extrant) dans une économie, mais aussi de l’écart entre le coût des biens et des services par rapport aux autres pays. En d’autres termes, elle sert à mesurer la valeur de la production par rapport à ce que ce revenu permet d’acheter. |
2 | Source : Banque mondiale, base de données indicateurs du développement mondial. Voir http://www.worldbank.org/data/quickreference/quickref.html. |
3 | Source : Ibid. Il convient de noter que la valeur de la production en Asie-Pacifique est quelque peu sous-évaluée à cause de l’absence de données sur un certain nombre de pays de la région, notamment l’Afghanistan et la Corée du Nord. |
4 | Selon les estimations les plus récentes, les répercussions sur de nombreux pays seront moins grandes que prévu initialement. La plupart des pays touchés par le SRAS révisent actuellement à la hausse leurs prévisions de croissance économique pour 2003 et 2004. |
5 | Les données proviennent de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). |
6 | L’ANASE comprend laThaïlande, la Malaisie, Singapour, l’Indonésie, les Philippines, le Vietnam, le Laos, le Myanmar (la Birmanie), le Brunéi Darussalam et le Cambodge. |
7 | Dr Bethune était un chirurgien thoracique qui a dispensé gratuitement des traitements médicaux aux paysans chinois et aux troupes qui se défendaient contre les envahisseurs japonais dans la région éloignée de la Chine du nord en 1938 et 1939. En plus d’opérer les blessés et les malades, il a établi plus de 20 hôpitaux d’enseignement et de soins dans la région. Dr Bethune est décédé en 1939 d’un empoisonnement sanguin après s’être coupé en opérant un soldat blessé. Mao Zedong a écrit un de ses essais les plus connus à la mémoire du Dr Bethune. Cet ouvrage est devenu une lecture obligatoire en Chine. |
8 | Les données sur les échanges d’IED du Canada et de l’Asie-Pacifique sont un peu exagérées, parce qu’elles incluent les investissements au Moyen-Orient et en provenance de ce dernier. Les échanges en matière d’investissements du Canada avec le Moyen-Orient sont cependant relativement modestes et représentent moins de 5 % du total de ses échanges d’IED. |
9 | Les autres sont les cinq autres membres du G-7 (les É.-U., le RU, la France, l’Allemagne et l’Italie), le Mexique, la Russie et le Brésil. |
10 | Les autres marchés prioritaires mentionnés par M. Klassen sont les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Suède. |