NDVA Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 3e SESSION
Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le jeudi 22 avril 2004
¹ | 1535 |
Le vice-président (M. Janko Peric (Cambridge, Lib.)) |
Major-général Edward Fitch (administrateur de projet, Restructuration de la Réserve de la Force terrestre, ministère de la Défense nationale) |
¹ | 1540 |
¹ | 1545 |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
Mme Cheryl Gallant (Renfrew—Nipissing—Pembroke, PCC) |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
¹ | 1550 |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
¹ | 1555 |
Mgén Edward Fitch |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ) |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
º | 1600 |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
M. John O'Reilly (Haliburton—Victoria—Brock, Lib.) |
º | 1605 |
Mgén Edward Fitch |
M. John O'Reilly |
Mgén Edward Fitch |
M. John O'Reilly |
Mgén Edward Fitch |
M. John O'Reilly |
Mgén Edward Fitch |
º | 1610 |
M. John O'Reilly |
Mgén Edward Fitch |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
º | 1615 |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
MGen Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
º | 1620 |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.) |
º | 1625 |
Mgén Edward Fitch |
M. Murray Calder |
Mgén Edward Fitch |
M. Murray Calder |
Mgén Edward Fitch |
M. Murray Calder |
Mgén Edward Fitch |
M. Murray Calder |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
Mme Cheryl Gallant |
º | 1630 |
Mgén Edward Fitch |
Mme Cheryl Gallant |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
M. John O'Reilly |
Mgén Edward Fitch |
M. John O'Reilly |
Mgén Edward Fitch |
º | 1635 |
M. John O'Reilly |
Mgén Edward Fitch |
M. John O'Reilly |
Mgén Edward Fitch |
M. John O'Reilly |
Mgén Edward Fitch |
M. John O'Reilly |
Mgén Edward Fitch |
M. John O'Reilly |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
Mme Cheryl Gallant |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
Mgén Edward Fitch |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
Mgén Edward Fitch |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
M. Claude Bachand |
Mgén Edward Fitch |
º | 1640 |
M. Claude Bachand |
Le vice-président (M. Janko Peric) |
CANADA
Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants |
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TÉMOIGNAGES
Le jeudi 22 avril 2004
[Enregistrement électronique]
¹ (1535)
[Traduction]
Le vice-président (M. Janko Peric (Cambridge, Lib.)): Bonjour, chers collègues.
C'est notre neuvième séance. Nous sommes le jeudi 22 avril.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous sommes réunis pour une séance d'information sur la Restructuration de la Réserve de la Force terrestre.
Nous avons aujourd'hui deux témoins du ministère de la Défense nationale : le major-général Edward Fitch, administrateur de projet, Restructuration de la Réserve de la Force terrestre, et le colonel Eric Meisner, directeur de projet par intérim, Restructuration de la Réserve de la Force terrestre.
Après votre exposé, nous passerons à la période des questions selon la formule suivante : sept minutes pour un parti d'opposition, sept minutes pour les libéraux, puis des tours de cinq minutes en alternance.
Messieurs, vous avez la parole.
Major-général Edward Fitch (administrateur de projet, Restructuration de la Réserve de la Force terrestre, ministère de la Défense nationale): Merci, Monsieur le président.
Je commencerai par un bref tableau historique de la Réserve des Forces terrestres, suivi d'un petit rappel de la mission et de l'ampleur du projet de Restructuration de la Réserve des Forces terrestres; d'un aperçu de certaines initiatives excitantes que nous avons entreprises pour transformer la Réserve de l'Armée de terre, de concert avec le reste de l'Armée de terre; d'une explication de mon rôle dans cette entreprise; d'une énumération de certains problèmes de financement et de gestion des risques; et je finirai sur l'énoncé d'un concept passionnant, fruit de notre dernière conférence sur le rôle des réserves dans la défense du territoire, dans la sécurité du territoire, parrainée par le Centre des études militaires et stratégiques de l'Université de Calgary. Bien évidemment, si vous voulez des détails supplémentaires, je me ferai un plaisir de vous les donner.
Du point de vue historique, nous faisons remonter le début de l'histoire de la Réserve de l'Armée ou la Milice, comme elle était appelée à l'époque, en 1673, pendant le régime français. Pendant les 300 années suivantes, la Milice du Canada a servi le pays en temps de paix et en temps de guerre. Les changements fréquents et irréguliers ont été la caractéristique de la Milice pendant ces 300 ans. Tout cela a cessé en 1964.
En 1964, il y a eu la Commission Suttie. D'après les historiens, le commissaire Suttie portait plus d'intérêt au passé qu'à l'avenir. Il était là pour faire le ménage après la Deuxième Guerre mondiale. Les effectifs de la Milice ont été réduits à 22 000. Dans le contexte de la guerre froide, alors que le monde envisageait une guerre éclair en Europe de 30 jours, avec holocauste nucléaire, le concept de la réserve pouvant nécessiter 30 jours simplement pour être mobilisée a perdu presque toute importance. Nous sommes alors entrés dans une période de près de 30 années de stagnation, si l'on veut, pour la Milice.
Par la suite, en 1994 et 1995, il y a eu deux autres commissions, la Commission Gollner et la Commission Dickson. Je continue encore à penser aujourd'hui que c'est un vrai miracle que cet élément moribond, négligé et stagnant des Forces canadiennes soit tout d'un coup revenu à l'ordre du jour politique. Nous avons toutes sortes de preuves qui le démontrent, mais j'ai encore du mal à comprendre pourquoi. Quoi qu'il en soit, il est devenu très clair pour l'Armée de terre, pour les Forces armées canadiennes, qu'il était devenu nécessaire de revitaliser la Milice. Deux tentatives ont eu lieu dans ce sens entre 1995 et 1999. Elles ont toutes les deux échoué. Cependant, nous en avons tiré des enseignements importants.
Le premier était qu'aucun changement ne pourrait avoir lieu sans large consultation des réservistes eux-mêmes—des anciens réservistes retraités et bien entendu les 30 millions de réservistes potentiels au sein de la population canadienne. Le deuxième était qu'un changement ne pouvait reposer que sur un consensus, que la Milice réagirait mal à une simple décision arbitraire du gouvernement ou du Quartier général de la Défense nationale.
Nous en sommes aujourd'hui à la troisième tentative de RRFT, dirigée par le Lieutenant-général Mike Jeffery qui, à l'époque, était sur le point de devenir le commandant en chef de l'Armée de terre, et en étroite collaboration avec l'honorable John Fraser, qui est connu par tous ici présents, je suis sûr. Ils sont parvenus à un consensus suffisant pour que le 6 octobre 2000, le plan de Restructuration de la Réserve de la Force terrestre soit rendu public. Il était accompagné d'un énoncé de politique du gouvernement—j'y reviendrai tout à l'heure—et nous vivons depuis la mise en place de ce plan stratégique. La première phase de ce plan qui comporte deux phases a été terminée à la fin de mars 2000, et nous sommes aujourd'hui dans la deuxième phase.
C'est avec le général Jeffery que j'ai déjà comparu devant votre comité. Certaines des questions dont nous avions alors discuté restent encore aujourd'hui très actuelles : le rythme opérationnel élevé vécu par l'Armée de terre—l'Armée de terre est très populaire; et l'insuffisance de ses ressources pour les missions qui lui sont demandées. Le général Jeffery vous avait dit alors : « Nous vivons au-dessus de nos moyens ».
¹ (1540)
À l'époque, le financement de la deuxième phase de la RRFT restait un très gros point d'interrogation et ce n'est qu'à peu près un an plus tard, le 2 avril 2003, que le financement d'une partie de la phase deux a été annoncé.
Déjà lors de notre dernière rencontre, l'intérêt pour la défense du territoire contre des attaques chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires, qui ne dépend pas exclusivement de la Réserve mais où la Réserve joue un rôle spécial, était considérable. Il était aussi question de faire suivre une instruction militaire aux réservistes beaucoup plus analogue à celle de la Force régulière.
[Français]
Monsieur Bachand, c'est un des points que vous avez soulevés, et je vais en parler plus longuement bientôt.
[Traduction]
Puisque je parle de la Réserve de l'Armée de terre, voici une carte du bas du Canada où pratiquement toute l'Armée de terre est stationnée. Vous pouvez voir les centres de population et les cinq sites où vivent les militaires de la Force régulière. Si vous ajoutez les points rouges, cela vous donne les 130 unités de la Réserve de l'Armée de terre réparties dans 110 communautés à l'échelle du pays.
Un petit rappel; c'est un extrait de l'énoncé de la politique du gouvernement de 2000. Ça va?
Si nous passons au cliché suivant, nous arrivons à l'énoncé de la mission tiré du plan stratégique. Il m'a été donné comme la mission personnelle de ma vie. Les mots en relief à la fin de cette phrase me rappellent que nous pouvons inventer les plans les plus glorieux du monde, si en fin de compte ils ne sont pas adaptés aux besoins du pays—et dans cela il nous faut inclure l'économie—nous avons alors perdu notre temps. C'est la pierre de touche vers laquelle nous revenons sans cesse.
La phase un du projet visait la stabilisation de la Réserve. Ses effectifs étaient en chute libre comme on disait à l'époque. Nous avons réussi à faire passer les effectifs de 14 000 à 15 500. En plus, il fallait le faire dans la limite des ressources de la Défense. Aucun budget n'était prévu pour financer la phase un.
Le 3 avril 2003, le ministre a félicité l'Armée de terre à la Chambre pour avoir mené à bien la phase un du projet et il nous a accordé un budget supplémentaire pour ajouter, comme vous pouvez le voir ici, 750 nouveaux postes pour les exercices 2003-2004 et 2004-2005. L'objectif global reste le même—atteindre un effectif de 18 500 comme prévu dans le plan stratégique.
Voici maintenant quelques changements concernant la phase deux. Certains correspondent à des augmentations de capacité, mais il y a beaucoup d'éléments transformationnels et novateurs. Je n'entrerai pas dans les détails, mais je répondrai avec plaisir à vos questions tout à l'heure, si vous en avez.
Passons au cliché suivant. Pour vous donner une idée de ce que je fais, j'ai la responsabilité de concevoir et de définir la Réserve de l'Armée de terre de demain et d'après-demain. Pour ce qui est d'aujourd'hui, c'est un autre officier, le brigadier-général Dennis Tabbernor, le directeur général des réserves des Forces terrestres qui a cette responsabilité.
Ce cliché vous montre comment nous construisons ce consensus. Il y a beaucoup de sigles. Il était tout simplement impossible d'écrire tous ces noms en entier, il n'y aurait pas eu assez de place dans la page. Ignorez tous ces termes, laissez-moi simplement vous dire qu'il y a de très nombreuses agences, internes et externes au ministère, qui alimentent les racines qui permettent à cet arbre de grandir et de prendre de la vigueur, et ce sont les mêmes agences qui alimentent la chaîne de commandement. La chaîne de commandement, bien entendu, prend les décisions. C'est elle qui assume la responsabilité.
Le cliché suivant vous montre comment nous avons utilisé cette croissance. Encore une fois, ne faites pas attention aux détails. C'est simplement pour vous montrer—et je répondrai à vos questions si vous en avez—comment nous avons utilisé ces 750 postes attribués pendant ces deux exercices financiers ainsi que certains de nos plans pour l'avenir.
¹ (1545)
[Français]
Monsieur le président, mes dix minutes sont terminées. Je suis prêt à répondre à vos questions.
[Traduction]
Le vice-président (M. Janko Peric): Merci, major-général.
Nous passons aux questions.
Madame Gallant, vous avez huit minutes.
Mme Cheryl Gallant (Renfrew—Nipissing—Pembroke, PCC): Merci beaucoup.
Par votre entremise, monsieur le président, je demande au témoin combien de nos militaires à plein temps lorsqu'ils prennent leur retraite poursuivent quand même une carrière militaire en s'engageant dans les réserves? Y a-t-il beaucoup de militaires de la Force régulière qui continuent dans la Réserve?
Mgén Edward Fitch: Je n'ai pas ces chiffres. Ils concernent l'Armée de terre d'aujourd'hui. Nous pouvons prendre note de votre question, si vous voulez, et la transmettre. Je vous ferai parvenir une réponse par le général Tabbernor.
Personnellement, j'en suis un exemple vivant. Le 3 mai, dans 10 jours à peu près, je prendrai ma retraite de la Force régulière et on m'a demandé de continuer comme réserviste pendant deux ans pour mener ce projet à sa conclusion.
Mme Cheryl Gallant: Demande-t-on à tous les militaires de la Force régulière de rester disponibles comme réservistes potentiels quand ils quittent les Forces armées en bons termes?
Mgén Edward Fitch: Je vous remercie de cette précision. Dans ces conditions, on leur offre la possibilité d'ajouter leur nom à la liste dite de réserve supplémentaire disponible. S'ils sont sur cette liste, ils ne reçoivent aucun salaire ni ne participent à des entraînements, mais ils peuvent être contactés si nous avons besoin de quelqu'un possédant leur spécialisation particulière.
Mme Cheryl Gallant: Et dans les réserves actuelles, pourriez-vous nous donner une idée du pourcentage de ceux qui auparavant étaient membres de la Force régulière?
Mgén Edward Fitch: Encore une fois, ce sont des données que je ne possède pas; je vous ferai parvenir le plus rapidement possible une réponse.
Mme Cheryl Gallant: Selon votre expérience personnelle, qu'est-ce qui vous semble représenter le plus gros obstacle à l'augmentation des effectifs des réserves?
¹ (1550)
Mgén Edward Fitch: Un seul mot, l'argent. Nous ne manquons pas de jeunes Canadiens qui veulent servir leur pays, surtout si c'est à temps partiel. C'est une simple question de ressources financières.
Mme Cheryl Gallant: Donc vous ne manquez pas de candidats, mais vous n'avez tout simplement pas les ressources pour les entraîner et les payer.
Mgén Edward Fitch: Exactement.
Mme Cheryl Gallant: Quels dangers ou quelles menaces pourrait-il y avoir pour la sécurité du Canada, compte tenu des effectifs actuels des Forces armées, si un des scénarios sur lesquels vous travaillez et pour lesquels vous vous entraînez, devenait une réalité? Notre pays est-il prêt à faire face à une catastrophe ou à une attaque terroriste à grande échelle?
Mgén Edward Fitch: C'est une question très importante, mais aussi difficile. Je m'excuse d'être direct, mais dites-moi quelle catastrophe et je vous dirai si nous pouvons y faire face. Il y a des descriptions et il y a des informations disponibles sur les risques contre notre sécurité, notre sûreté. Ce sont des événements difficiles à mesurer, à quantifier.
Mon travail se fonde sur la politique de défense, nous avons donc étudié la politique de défense. À partir de là, nous avons calculé le nombre de réservistes qu'il nous faudrait pour épauler la Force régulière pour remplir la mission fixée par la politique de défense. C'est une approche fondée sur les moyens, par opposition à une approche fondée sur les menaces.
Mme Cheryl Gallant: Je crois qu'au printemps dernier ou au printemps précédent, le Canada a participé à des manoeuvres avec les États-Unis. Sauf erreur, le scénario portait sur une bombe sale dans un des États du nord-ouest des États-Unis. Les réserves canadiennes ont-elles participé à cette manoeuvre?
Mgén Edward Fitch: Si je ne m'abuse, c'était TOPOFF 3.
Mme Cheryl Gallant: Exact.
Mgén Edward Fitch: TOPOFF signifie hauts fonctionnaires. Très peu de soldats ont participé à cet exercice, s'il y en a eu. Il s'agissait d'une simulation à laquelle ont participé des dirigeants politiques et des décisionnaires. Je n'ai pas beaucoup de détails à ce sujet. Cela est en dehors de mon domaine de travail.
Mme Cheryl Gallant: J'allais utiliser cet exemple pour illustrer le genre de catastrophe auquel nous pourrions faire face, et si vous aviez participé à cet exercice, je vous aurais demandé s'il y avait suffisamment de réservistes.
Mgén Edward Fitch: Je comprends ce que vous aimeriez savoir. Nous pourrions donc peut-être examiner certaines catastrophes réelles comme l'inondation de Winnipeg, l'inondation du Saguenay, la tempête de verglas ou, tout récemment l'an dernier, les incendies de forêt dans la région de Kelowna et l'ouragan Juan dans la région de Halifax. Les réservistes se sont présentés en nombres considérables. Ils étaient prêts à participer, et leur contribution a été vitale.
Lors de ces catastrophes, en fait, nous avions suffisamment de réservistes.
Mme Cheryl Gallant: Nos réservistes ont-ils l'occasion de s'exercer conjointement avec les réservistes américains?
Mgén Edward Fitch: Assez fréquemment, habituellement, en petits nombres. Je suis membre d'un comité d'officiers généraux, de dirigeants des réserves au Canada et aux États-Unis, qui se rencontre depuis un certain nombre d'années pour promouvoir cette activité en particulier. Bon nombre d'unités de Réserve ont des partenariats avec des homologues américains et ils s'entraînent de part et d'autre de la frontière assez fréquemment.
Encore une fois, si vous le souhaitez, nous pouvons vous obtenir plus de détails à ce sujet, le nombre d'unités, à quel moment, etc.
Mme Cheryl Gallant: Nos réservistes ont-ils un rôle à jouer pour ce qui est de l'instruction de l'armée en Afghanistan?
Mgén Edward Fitch: Absolument. À l'heure actuelle, le contingent canadien en Afghanistan compte un certain nombre de réservistes, entre 70 et 80, je pense. Encore une fois, si vous voulez connaître le nombre précis, je peux vous l'obtenir.
Essentiellement, les réservistes ont leur place dans tout ce que l'armée fait, et leur contribution est considérable à bien des égards.
Mme Cheryl Gallant: Y a-t-il certains rôles que nos réservistes pourraient jouer mais que, pour une raison ou une autre, ils ne jouent pas parce que nous ne profitons pas de leurs capacités?
¹ (1555)
Mgén Edward Fitch: Les réservistes ont un potentiel énorme que nous ne connaissons même pas très bien. Nous tentons de déterminer la façon la plus économique ou peut-être la moins difficile de cataloguer les connaissances et les compétences de nos réservistes.
Nous connaissons assez bien les compétences et les connaissances de nos soldats réguliers, ceux qui sont à plein temps et qui sont avec nous depuis qu'ils sont très jeunes. Les réservistes travaillent pour nous à temps partiel et nous ne leur avons pas demandé spécifiquement ce qu'ils font dans la vie civile, quelles études ils ont faites, quelle expérience ils ont. Nous savons que ces réservistes ont des compétences considérables et nous cherchons à les cataloguer afin d'être en mesure d'y faire appel au besoin.
Le vice-président (M. Janko Peric): Merci.
Monsieur Bachand.
[Français]
M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ): Merci, monsieur le président.
Merci pour votre présentation, général.
Je voudrais reprendre des éléments que vous avez soulevés plus tôt, parce que je veux voir le cheminement pour la deuxième étape. Je pense qu'on veut finalement, au bout de la deuxième étape, avoir 18 500 réservistes.
En avril 2003, je pense qu'on a annoncé que la première étape était terminée et qu'on était rendu à 15 500 réservistes. Est-ce exact?
Mgén Edward Fitch: Nous avions atteint le nombre de 15 500, ce qui était le but de la première étape. Nous l'avions atteint au mois de septembre 2002. Rendu au mois d'avril, nous avions déjà perdu des effectifs parce qu'aucune annonce de ressources n'avait été faite. Cela nous a forcés à réduire leur équipement, le taux d'entraînement, etc.
Donc, avec l'annonce du mois d'avril, nous avons remis la machine en marche et nous faisons de nouveau du recrutement en bon nombre depuis le mois de septembre. Nous observons un accroissement qui n'est pas tout à fait aussi rapide que ce que nous voudrions. Nous croyons tout de même qu'après les deux premières années de la deuxième étape, nous aurons de nouveau atteint l'objectif.
M. Claude Bachand: De 15 500?
Mgén Edward Fitch: De 17 000, monsieur.
M. Claude Bachand: D'accord. Mais vous venez de dire que vous aviez atteint le nombre de 15 500 en septembre 2002.
Mgén Edward Fitch: C'est exact.
M. Claude Bachand: En avril 2003, est-ce qu'on était toujours à 15 500, ou si on avait diminué?
Mgén Edward Fitch: Nous avions diminué, nous avions perdu des effectifs.
M. Claude Bachand: Combien y en avait-il?
Mgén Edward Fitch: Si je me rappelle bien, nous en avions entre 14 500 et 15 000.
M. Claude Bachand: Entre 14 500 et 15 000. Et maintenant, avec l'annonce de l'étape 2, si je comprends bien, on voudrait recruter 750 personnes en 2003-2004 et encore 750 personnes en 2004-2005.
Mgén Edward Fitch: Oui, monsieur.
M. Claude Bachand: Selon mes chiffres, on atteindra alors 17 000.
Mgén Edward Fitch: Justement.
M. Claude Bachand: Alors, on partirait de 14 500 pour se rendre jusqu'à 17 000 au cours des deux prochaines années. C'est ça?
Mgén Edward Fitch: Non, au cours de l'année fiscale actuelle.
M. Claude Bachand: Au cours de l'année fiscale actuelle.
Mgén Edward Fitch: Nous avions effectivement eu six mois dans la dernière année, soit le temps qu'il a fallu pour mettre en vigueur l'annonce faite au mois d'avril par le ministre. Nous n'avons pas tout gagné les 750 que nous aurions voulu gagner dans les six mois de l'année dernière, mais nous avons maintenant une année complète pour atteindre les 750 de la deuxième année, ainsi que ce que nous n'avons pas atteint la première année de la phase 2.
M. Claude Bachand: D'accord. Si j'additionne tout ça pour les années 2003-2004 et 2004-2005, j'arrive à 17 000, mais on veut se rendre à 18 500 réservistes. Il en manque toujours 1 500.
Est-ce qu'on planifie en fonction des années subséquentes pour combler à coup de 750, jusqu'à ce qu'on atteigne l'objectif?
Mgén Edward Fitch: On devrait atteindre le chiffre de 17 000, comme vous le voyez là, au mois de mars 2005. Donc, on est parti de 15 500, plus ou moins, en mars 2003. La première partie de la ligne verte, c'est pour vous montrer l'accroissement planifié jusqu'à mars 2005.
M. Claude Bachand: D'accord, je comprends.
Mgén Edward Fitch: Nous n'avons pas de nouvelles quant ce qui va nous arriver après mars 2005. L'objectif est toujours là: 18 500 personne en mars 2006. Ce serait difficile de l'atteindre à cette date.
Vous voyez l'option A. Cette option suggère de redoubler le taux d'accroissement que nous aurions eu dans ces deux années. Il faudrait accroître le taux à 1 500 dans une année. C'est quand même beaucoup de boulot.
M. Claude Bachand: Est-ce que cela va de pair avec le budget?
Mgén Edward Fitch: Pardon?
M. Claude Bachand: Est-ce que cela va de pair avec le budget que vous allez avoir?
Mgén Edward Fitch: Le budget?
M. Claude Bachand: Meilleur sera votre budget, plus vous atteindrez l'objectif rapidement.
Mgén Edward Fitch: La rapidité est en partie une question de budget.
º (1600)
M. Claude Bachand: Oui.
Mgén Edward Fitch: Mais il y a aussi des limites à la machine que nous avons actuellement. Est-ce qu'on peut la faire fonctionner deux fois plus vite qu'on la fait fonctionner à l'heure actuelle?
M. Claude Bachand: Je vois.
Mgén Edward Fitch: Je me demande si c'est vraiment efficace.
M. Claude Bachand: Oui, mais est-ce que c'est ça qui a amené John Fraser, en mars 2004, à dire que vous surestimiez... Je ne sais pas si vous étiez en service en mars 2004.
Est-ce que vous vous êtes senti offusqué quand M. Fraser a dit que vous surestimiez la taille de la réserve? Il a été plus dur que ça à votre égard: il a dit que le quartier général ne faisait pas tous les efforts pour qu'on puisse y arriver rapidement.
Mgén Edward Fitch: Je travaille de près avec M. Fraser. Je connais très bien ses opinions. Je les respecte aussi. C'est une chose que d'annoncer une politique; c'est une autre chose que de fournir les ressources ou de mettre des priorités en place pour que la politique puisse se concrétiser.
M. Claude Bachand: Vous ne m'en dites pas beaucoup. Ça ne vous a pas fait un peu de peine que M. Fraser dise cela.
Mgén Edward Fitch: Que ça m'ait fait de la peine ou non, l'important, c'est d'atteindre les objectifs. Je peux vous assurer que l'armée fait tout en son possible avec les ressources qu'elle a en main. Mais pour le moment, les annonces de ressources finissent en mars 2005. Nous ignorons les intentions après.
M. Claude Bachand: D'accord. Maintenant, par contre, pour atteindre ces objectifs, c'est dans un contexte où les définitions de tâches de la réserve sont actualisées, c'est-à-dire venir en soutien à l'armée régulière, etc.
Vous avez introduit une nouvelle notion qui me semble intéressante, et j'aimerais qu'on s'en parle un peu plus. Cela concerne un groupe d'intervenants possibles en cas d'attaque biologique, chimique ou nucléaire.
Donc, si on ajoute des tâches à la réserve, on la surcharge un peu plus. Est-ce qu'on vise à avoir plus de 18 500 personnes, si on ajoute ces tâches? Ce sont des tâches intéressantes, de mon point de vue, qui mériteraient qu'on les étudie de près. Donc, si on a de la difficulté à atteindre l'objectif avec une définition de tâches de la réserve qui est un peu limitée actuellement et que vous y ajoutez une définition de tâches supplémentaires, on aura encore plus de difficulté à y arriver, même si je partage avec vous l'importance de ces tâches-là.
Mgén Edward Fitch: À moins qu'on change les priorités qui nous sont données pour la réserve. Donc, il y a certaines ressources qui existent. On ne peut pas tout faire avec elles, évidemment: soit on fait ceci, soit on fait cela. C'est une décision autant politique que militaire.
M. Claude Bachand: Et vous, vous avez eu cette idée-là...
[Traduction]
Le vice-président (M. Janko Peric): Excusez-moi, mais votre temps est écoulé. Nous allons donner la parole à M. O'Reilly pour sept minutes.
M. John O'Reilly (Haliburton—Victoria—Brock, Lib.): Merci beaucoup d'être ici. Ce n'est pas la première fois que nous nous rencontrons ou encore que nous parlons des réservistes.
J'imagine qu'il était plus facile de recruter lorsque le programme des cadets était offert dans les écoles secondaires. À la fin de leurs études secondaires, les jeunes qui avaient participé au programme des cadets, lorsqu'ils cherchaient autre chose à faire, considéraient parfois devenir réservistes. C'est ainsi que je suis devenu réserviste—après avoir participé au programme des cadets. Je me suis retrouvé dans une équipe de pièces, ensuite lorsqu'ils ont aboli l'équipe de pièces, ils nous ont donné des radios émetteur-récepteur pour nous amuser, et je suis parti. Ensuite, les manèges ont fermé, et si on voulait rester dans la Réserve, il fallait faire un trajet de 50 milles, ce qui n'était pas très intéressant.
Je sais que vous avez de la difficulté à recruter dans certaines régions, notamment dans ma région, car le manège le plus près est peut-être à Oshawa ou à Peterborough, et les jeunes ne veulent pas ou, en fait, ne sont peut-être pas en mesure de faire un si long trajet pour se joindre à la Réserve. Pour une bonne partie de la population, il n'est possible de se joindre à la Réserve que s'il y a un manège militaire à proximité. Ces problèmes de logistiques constituent donc à mon avis un obstacle pour les réservistes.
Or, là où vous reconstruisez et restructurez les manèges militaires, notamment à Simcoe, en Ontario, où vous avez inauguré un nouveau manège militaire, et à Oshawa, où vous avez rénové le manège militaire, avec des salles de tir et du matériel électronique, il y a beaucoup de gens qui sont très heureux de faire partie de la Réserve et il y a une liste d'attente. Il y a cependant beaucoup de gens dans les quartiers éloignés qui n'ont pas accès à la Réserve, mais qui feraient de bons réservistes.
Je ne vous demande pas de résoudre ce problème, car je ne pense pas que vous puissiez le régler, de toute évidence, mais je pense qu'il serait très facile d'atteindre vos objectifs s'il y avait moyen de faire en sorte que les gens dans d'autres régions puissent envisager devenir réservistes. On ne peut pas venir recruter dans une région qui se trouve à 50 ou 60 milles d'un manège militaire, et si on réussit à trouver quelques recrues, on a beaucoup de chance si on réussit à les garder.
Est-ce une bonne ou une mauvaise évaluation de la situation?
º (1605)
Mgén Edward Fitch: Je ne suis pas certain qu'il y avait là une question, monsieur.
Des voix: Oh, oh!
M. John O'Reilly: Et bien, c'était plutôt une observation...
Mgén Edward Fitch: Je ne suis pas d'accord avec ce que vous avez dit. Nous pourrions débattre de la question.
M. John O'Reilly: Est-ce que ce serait peut-être plus facile si vous étiez en mesure de payer le kilométrage des gens pour qu'ils se rendent à un manège militaire? Si vous aviez un budget pour payer le millage de cinq ou six personnes qui font entre 50 et 60 milles pour se rendre au manège militaire en co-voiturage, arriveriez-vous alors à intéresser davantage de gens à se joindre à la Réserve?
Mgén Edward Fitch: Il serait intéressant de savoir quelle distance un jeune Canadien est prêt à parcourir pour aller travailler à temps partiel pendant une soirée. Cela varie énormément partout au pays. Dans une grande ville, 20 ou 30 minutes en autobus, c'est la limite. Ils ne veulent pas aller plus loin. En Saskatchewan, les jeunes qui demeurent sur une ferme font facilement deux heures de voiture pour aller au cinéma. Pour se rendre au manège militaire de Lakehead et de Kenora, il est étonnant de voir la distance que certains sont prêts à faire. Cela varie et nous y sommes sensibles.
Il serait peut-être utile de comprendre comment nous avons pris notre décision concernant le développement et comment nous avons obtenu l'approbation du ministre. Nous l'avons fait en tenant compte du rôle à trois volets de la Réserve des forces terrestres : fournir une structure de mobilisation, maintenir le lien de l'armée avec les Canadiens et grossir les rangs des Forces canadiennes. Cela a fait en sorte que nous avons voulu étendre notre présence dans les régions à forte densité de population au pays, non pas dans les régions à faible densité. Nous pouvons recruter dans les régions à faible densité, mais cela va nous coûter plus cher parce que nous avons moins de chance de trouver des jeunes qui sont prêts à venir chez nous.
Donc, nous créons une présence—je ne dis pas que nous le faisons en construisant des manèges militaires, car ces jolis châteaux de pierre sont une chose du passé. Nous ne construisons plus ce genre de chose. Nous déplaçons des unités dans des régions à forte densité, particulièrement dans les banlieues. Il y a 50 ans cependant, la dernière fois que nous avons déplacé des unités, cela ne représentait pas beaucoup de gens. Il y en a maintenant énormément. Nous en avons des exemples à Ottawa—Kanata, Orléans; à Toronto—Mississauga, Scarborough; à Montréal—où on a déplacé une unité sur la rive sud; et à Québec—dans les banlieues à l'ouest de la ville. Nous avons environ 130 unités. Nous pensons que cela représente une structure suffisante. Nous ne voulons pas vraiment créer davantage de structure. Nous allons dans les régions où la concentration est la plus élevée. Il est vrai que pour certains jeunes Canadiens, il sera beaucoup plus difficile de se rendre à une unité de Réserve que pour d'autres.
M. John O'Reilly: Une autre question sur laquelle je voudrais avoir votre avis est celle de l'approvisionnement extérieur pour les aliments, l'entretien, la menuiserie et les services de buanderie, auprès de diverses entreprises qui ne sont pas militaires. La théorie consiste à garder la pointe de l'épée chez les militaires et à faire faire le reste du travail par d'autres. Les gens qui veulent devenir cuisinier, menuisier ou faire du travail d'entretien ne seraient-ils pas plus intéressés à se joindre à la Réserve si ces emplois étaient disponibles et non pas donnés en sous-traitance?
Mgén Edward Fitch: Ce que je trouve assez remarquable, c'est qu'on est en train de revenir à ce qu'on faisait par le passé. Lorsque l'armée britannique est arrivée au Canada en 1759, les services de logistique étaient presque exclusivement fournis par des civils. Nous avons connu diverses périodes pour en arriver à un point où presque 100 p. 100 de notre logistique était assurée par des militaires en uniforme. Aujourd'hui, lorsque cela est logique et avantageux sur le plan économique, certains services de logistique sont impartis et ce, avec beaucoup de succès. Nous ne sommes certainement pas les seuls à faire cela. Tous nos principaux alliés font la même chose. Nous gardons un minimum de personnel au sein de l'Armée pour faire ce travail de logistique que l'on ne peut donner en sous-traitance pour des questions de temps, d'endroit ou de fonction. Je pense que nous arriverons à trouver un meilleur équilibre entre les deux. Il n'y a rien à craindre à cet égard. Je pense que c'est une bonne chose.
º (1610)
M. John O'Reilly: Lorsque vous recrutez, parlez-vous de discipline, de respect et des avantages du service militaire?
Je sais que cela n'a pas fonctionné pour moi, Cheryl, mais cela fonctionne pour d'autres.
On enseigne une excellente discipline et le respect à l'extérieur du rôle normal des jeunes aujourd'hui, et je pense que cela pourrait attirer les jeunes.
Mgén Edward Fitch: Nous voulons nous assurer qu'ils comprennent ce message très tôt. En fait, j'irai même un peu plus loin. Une large gamme de gens—ils ne sont peut-être pas tous aussi jeunes—se joignent à la Réserve des Forces terrestres pour différentes raisons, mais le désir de servir leur pays est une bonne raison, tout comme le fait que cela leur assure un bon emploi à temps partiel. Très bien. Nous voulons cependant changer la culture de façon à ce que les jeunes Canadiens qui se joignent à la Réserve le font avec l'intention d'être déployés. Lorsque nous leur disons que le moment est venu pour eux d'être déployés ou qu'il y a une urgence et que c'est à leur tour d'être déployés, nous ne voulons pas qu'ils nous disent, comme nous en avons entendu parler dans certains bulletins de nouvelles aux États-Unis : « L'Iraq—Je ne me suis pas joins à la Réserve pour aller là-bas. » Nous voulons donc nous assurer que l'on insiste dès le départ sur ces objectifs, sur la discipline et sur l'occasion de servir son pays.
Le vice-président (M. Janko Peric): Merci.
Nous allons maintenant faire un tour de table de cinq minutes par intervenant. Madame Gallant, monsieur Bachand et monsieur Calder, cinq minutes chacun.
Mme Cheryl Gallant: En ce qui concerne votre manque de ressources, nous savons qu'il y a des gens qui attendent. Dans d'autres secteurs de la société, dans le secteur privé, il faut également former des gens. Ils n'ont pas toujours les moyens, par exemple dans le cas d'une petite entreprise, d'avoir un employé qui participe à un programme d'apprentissage.
Or, DRHC a un énorme surplus. A-t-on vraiment tenté de tenir compte des besoins du secteur privé en plus de ceux de la Réserve, d'utiliser cet argent pour répondre ainsi aux besoins des uns et des autres sur le plan des ressources?
Mgén Edward Fitch: Un investissement dans la Réserve offre plusieurs avantages, notamment, en faisant des dépenses pour les jeunes; en faisant des dépenses pour créer de l'emploi à temps partiel de très grande qualité; en investissant dans la construction d'une nation. Cela encourage les diverses collectivités à participer aux valeurs traditionnelles canadiennes.
Cela contribue à la défense de la nation, naturellement—c'est le principal produit—et cela a l'avantage d'être non partisan, puisque la Réserve se trouve pratiquement dans toutes les circonscriptions du pays. Nous ne faisons pas comme vous l'avez suggéré, pas tellement. Nous savons qu'il y a des retombées pour la société canadienne lorsque nous investissons dans la Réserve, mais nous construisons pour répondre aux besoins de l'Armée.
Il y a certains programmes qui sont peut-être prometteurs, mais nous devons mettre l'accent sur ce que nous devons produire, notre principal produit. Nous n'avons pas les ressources pour ajouter des choses supplémentaires. Quoi qu'il en soit, ce que nous faisons a des retombées pour tout le pays.
Mme Cheryl Gallant: Il n'y a donc pas d'autres ministères qui auraient des ressources et avec qui vous pourriez travailler en symbiose.
Mgén Edward Fitch: Si vous connaissez un ministère qui aimerait donner de l'argent à la Réserve de la force terrestre, je vais leur passer un coup de fil demain.
º (1615)
Mme Cheryl Gallant: DRHC cherche des emplois pour les gens. Il y a des gens qui attendent un emploi.
Mgén Edward Fitch: Nous avons de bons emplois. Je vais communiquer avec eux. Songez-vous à quelqu'un en particulier?
Mme Cheryl Gallant: De qui s'agit-il à l'heure actuelle? Il faudra peut-être attendre après les élections pour le savoir. Peut-être des médecins? Y a-t-il à l'heure actuelle des professionnels, des médecins, qui seraient toujours intéressés à faire partie de la Réserve?
Mgén Edward Fitch: Oui. La Réserve médicale compte un peu plus de 1 000 réservistes à l'heure actuelle. Encore une fois, ce n'est pas dans mon domaine. La Réserve médicale a été séparée de la Réserve des forces terrestres. Elle compte de nombreux professionnels. J'en ai rencontré un certain nombre moi-même.
Encore une fois, ce sont des gens très occupés qui ont une vie bien remplie, et très souvent qui gagnent beaucoup d'argent. Au civil, ils gagnent beaucoup plus que nous pouvons leur offrir, mais ils veulent servir leur pays. Ils prendront le temps de le faire.
M. Claude Bachand: C'est l'aventure.
MGen Edward Fitch: Le sens de l'aventure, comme vous l'avez expérimenté vous-même, monsieur. Cela est certain. C'est un grand attrait.
Mme Cheryl Gallant: Merci.
Le vice-président (M. Janko Peric): Monsieur Bachand.
[Français]
M. Claude Bachand: J'aimerais qu'on revienne à la tâche supplémentaire dont vous avez parlé. S'agit-il, à l'intérieur de la réserve, d'un corps spécialisé en défense nucléaire, biologique et chimique, ou si vous souhaitez préparer l'ensemble des réservistes, créer une nouvelle définition de tâches et ajouter à leurs tâches actuelles?
Mgén Edward Fitch: C'est un très bon exemple, peut-être le meilleur, d'une capacité à double utilité. Nous envisageons de créer dans la réserve un groupe de spécialistes en défense nucléaire, biologique et chimique, ou DNBC. L'expression équivalente, dans le monde civil, est plutôt chimique, biologique, radiologique ou nucléaire, mais peu importe, il s'agit à peu près des mêmes capacités. Nous en avons besoin pour l'armée, pour les opérations expéditionnaires, pour protéger nos troupes outre-mer. Ces mêmes capacités, lorsqu'elles se trouvent au pays, sont disponibles pour effectuer des opérations domestiques. Elles pourraient appuyer les premiers intervenants au niveau municipal au sein des unités de la milice auxquelles ces équipes seraient rattachées. Ces gens s'entraînent pour les opérations expéditionnaires, mais ils peuvent aussi s'entraîner avec les ressources municipales et les appuyer en cas d'urgence.
M. Claude Bachand: Il est donc question d'un corps spécialisé, et non pas d'une nouvelle formation pour l'ensemble des réservistes.
Mgén Edward Fitch: Nous voulons un corps spécialisé, en effet.
M. Claude Bachand: Maintenant, c'est venu à mes oreilles que le secteur centre et le secteur du Québec préparaient des plans pour le cas où il y aurait une attaque comme celle-là.
Êtes-vous au courant qu'il y a des plans en préparation?
Mgén Edward Fitch: C'est un essai pour prouver notre notion. La question demeure: est-ce qu'un réserviste, est-ce qu'un soldat à temps partiel peut acquérir et maintenir les capacités nécessaires? Donc, nous sommes en train de mettre sur pied une démonstration. On espère la faire ici, dans la région d'Ottawa, à l'automne. Il y a une trentaine d'individus du secteur du Québec, dont certains du Régiment de Hull, une trentaine du secteur du centre, dont certains des Governor General's Foot Guards, qu'on veut former et équiper pour démontrer leur capacité à apprendre et à maintenir, comme je l'ai dit, certaines capacités.
Si l'essai a du succès, peut-être que quelqu'un va dire que c'est une bonne chose, qu'on voudra en avoir d'autres et qu'on donnera de l'argent pour créer 20 ou 30 équipes, au lieu de cette seule équipe, par exemple.
M. Claude Bachand: J'apprécierais, d'ailleurs, lorsqu'il y aura la démonstration, que vous invitiez le Comité de la défense nationale. Je pense que c'est le genre de chose, surtout si ça se passe à Ottawa, qui est facilement organisable. Pour ma part, en tout cas, je suis intéressé à regarder cette démonstration-là.
Mgén Edward Fitch: J'en ai pris note, monsieur. Cela me fera plaisir.
M. Claude Bachand: D'accord.
Vous l'avez dit vous-même, j'ai connu eu peu l'aventure avec le Royal 22e Régiment lors de mon entraînement et de mon déploiement en Bosnie. J'ai remarqué une chose, cependant. Il y avait des réservistes déployés avec des gens de l'armée régulière, ceux qu'on appelle les réguliers, et ces derniers ont toujours une certaine attitude envers les réservistes: ils considèrent que c'est une armée de seconde zone.
Avez-vous des plans pour faire en sorte qu'on puisse avoir un véritable esprit de corps quand on se rend dans des théâtres opérationnels, de sorte qu'il n'y aurait pas de différence entre les réservistes et l'armée régulière? Je n'ai pas fréquenté beaucoup les camps d'entraînement etc., mais durant le peu de temps où j'ai été là, j'ai constaté qu'ils considéraient les réservistes comme des gens de moins bonne qualité qu'eux.
Mgén Edward Fitch: Je ne peux pas vous dire que l'attitude dont vous parlez n'existe plus chez aucun militaire régulier, mais cela s'est beaucoup amélioré depuis 10 ans. Ce qui nous est arrivé depuis ces 10 ans, c'est que l'armée a un taux d'opération beaucoup supérieur à ce qu'on a eu depuis la guerre de Corée. Or, au cours de ces 10 ans d'opérations en Croatie, en Bosnie, en Somalie et où vous voudrez, nous avons eu recours à des milliers de réservistes et à des dizaines de milliers de militaires de la force régulière, qui ont servi ensemble dans ces endroits-là, et aussitôt qu'on leur met la casquette et qu'on leur met le blindage au corps, c'est extrêmement difficile de différencier le réserviste du régulier. Cela a été constaté par les commandants des unités qui ont commandé ces gens-là lors d'opérations. Ils sont très satisfaits des réservistes, et on a de plus en plus de réguliers qui ont vu de leurs propres yeux que les réservistes, une fois que leur formation est complétée pour la mission, sont aussi capables que leurs confrères de la force régulière, ce qui a eu pour conséquence que certaines attitudes, comme celle de les considérer comme des militaires de seconde zone, sont en train de disparaître.
M. Claude Bachand: Me reste-t-il du temps?
º (1620)
[Traduction]
Le vice-président (M. Janko Peric): Oui, allez-y.
[Français]
M. Claude Bachand: Je me rappelle qu'il y a des bataillons, des sections et il y a un autre terme aussi, que j'oublie. Aidez-moi, il y a des...
Mgén Edward Fitch: Il y a des compagnies, des sections, des pelotons, des bataillons.
M. Claude Bachand: Est-ce que, dans un peloton, il y a trois sections?
Mgén Edward Fitch: En anglais, oui.
M. Claude Bachand: D'accord.
Mgén Edward Fitch: La confusion vient du fait que dans l'armée de terre en France, ce que nous appelons des pelotons, soit un groupe de 30 à 34 personnes, eux appellent cela des sections.
M. Claude Bachand: Ah bon.
Mgén Edward Fitch: C'est fait pour confondre.
M. Claude Bachand: D'accord. Mais nous, ici, mettons qu'un peloton, c'est 30 personnes et qu'une section, c'est 10 personnes.
Mgén Edward Fitch: C'est exact.
M. Claude Bachand: Quand vous faites l'entraînement avec l'armée régulière, est-ce que je me trompe, ou si j'ai vu des sections de réservistes?
Mgén Edward Fitch: Cela se peut fort bien.
M. Claude Bachand: C'est peut-être là qu'il faudrait changer les choses. Il faudrait peut-être intégrer les réservistes dans chacune des sections, plutôt que d'en faire une section à part.
Je ne veux pas parler contre eux ni contre vous, mais j'ai vu la différence entre l'armée régulière et les réservistes dans les tirs sur les cibles lors des pratiques. Vraiment, les gens de la force régulière m'apparaissaient tirer beaucoup mieux que les réservistes. Je ne veux pas blâmer les réservistes. Probablement qu'ils tirent moins souvent que les gens de la force régulière.
Mais à partir du moment où il y a une discrimination, qu'on envoie deux sections tirer--souvent, nous, les notables, assistons à cela--et qu'on voit arriver la section des réservistes, on se rend compte qu'il y a une différence.
Est-ce qu'on ne pourrait pas tous les intégrer pour essayer, justement, de créer cet esprit de corps?
Mgén Edward Fitch: C'est l'expérience que vous avez eue; je ne peux pas le nier, mais j'ai vécu des expériences contraires également.
Ce que vous suggérez, c'est ce que nous faisions auparavant. Nous prenions les réservistes un par un et nous les placions dans les pelotons de la force régulière. Ce qui arrive, toutefois, c'est que les réservistes étaient toujours les « petits soldats ». Ils n'ont jamais acquis de l'expérience au niveau de la section ou du peloton pour apprendre à commander.
Dernièrement, nous avons inséré des sections complètes, puis des pelotons, puis des compagnies. Jusqu'à trois ou quatre fois maintenant, nous avons envoyé des compagnies composées entièrement de réservistes. Là, le réserviste revient et il est fier, il a fait partie de sa propre sous-unité, avec son propre officier de la réserve comme chef. Cela lui donne énormément confiance.
[Traduction]
Le vice-président (M. Janko Peric): Monsieur Calder.
M. Murray Calder (Dufferin—Peel—Wellington—Grey, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.
En fait, M. Bachand a abordé certaines des questions dont je voulais parler, de sorte que je vais changer de vitesse et prendre une autre direction.
Depuis deux ans, je tente d'informer davantage les employeurs au sujet de la Réserve. Lorsque les réservistes demandent congé pour de la formation, en fait, ils ont une bonne idée de ce qu'ils leur demandent. Ils savent qu'ils ne leur demandent pas congé pour aller faire la fête quelque part.
Pouvez-vous nous faire une mise à jour sur le fonctionnement du programme? Pouvez-vous faire des suggestions à notre comité quant à la façon dont nous pourrions améliorer le programme?
º (1625)
Mgén Edward Fitch: Je voudrais mentionner pour la gouverne du comité que vous voulez parler du travail du Conseil de liaison des Forces canadiennes qui est dirigé par M. Eaton.
M. Murray Calder: C'est exact.
Mgén Edward Fitch: Nous avons beaucoup de chance. Il s'agit d'un groupe merveilleux d'employeurs qui ont beaucoup d'influence et qui se sont regroupés pour transmettre le message, exactement comme vous l'avez dit, et persuader les entreprises d'appuyer les réservistes au sein de leur organisation. C'est une façon pour une entreprise de contribuer à la défense de la nation, mais cela leur permet également d'avoir des employés plus mûrs, mieux organisés et qui ont une meilleure discipline. Il y a de nombreux avantages pour l'organisation. Le CLFC fait un travail merveilleux.
Je trouve cela très excitant que l'on soit maintenant en train d'étendre le programme non seulement aux employeurs mais aussi aux établissements d'enseignement postsecondaires, aux collèges et aux universités où, de toute évidence, on retrouve un potentiel très concentré de recrues de très grande qualité. Les mêmes avantages sont là pour eux. Les universités ne rémunèrent pas leurs étudiants, mais je pense qu'elles peuvent être considérées comme leur employeur puisqu'elles occupent leurs journées, et nous voulons qu'ils travaillent pour nous les soirées et les week-ends.
Nous venons de signer un partenariat entre la région de l'Atlantique et l'Université Mont Allison à Sackville au Nouveau-Brunswick, particulièrement avec la 8e Canadian Hussars et le 1er Bataillon, Nova Scotia Highlanders.
C'est le modèle. Nous voulons le répéter partout au pays. En fait, c'est notre ancien ministre de la Défense, John McCallum, qui en a eu l'idée. En fait, il semblerait être très prometteur d'étendre en fait la formule du de façon beaucoup plus générale partout au pays.
M. Murray Calder: Cela semble être une très bonne idée, car moi aussi je suis le produit du programme des cadets dans les années 60.
Avez-vous envisagé de demander par exemple la participation de la chambre de commerce? Dans ma propre circonscription, il y a deux chambres de commerce. Nous leur avons fait une présentation à la base Borden pour leur expliquer l'aspect du maintien de l'ordre. Lorsqu'une des frégates est venue à Toronto, nous les avons invités à bord pour leur faire une présentation.
Mgén Edward Fitch: Nous le faisons. J'ai participé. J'ai parlé à la chambre de commerce de Toronto—je pense qu'elle s'appelle le board of trade—et à quelques-unes d'autres. Cela m'échappe pour le moment. Cela fait partie de notre programme de rayonnement et de notre approche pour atteindre davantage de Canadiens.
Oui, je vois ce que vous voulez dire. Il y a un groupe d'employeurs. S'adresser à un groupe, plutôt qu'aux employeurs individuellement, je transmettrai le message au CLFC.
M. Murray Calder: Ce que je constate—et je pense que cela pourrait concerner également la Force régulière—c'est qu'on a l'impression au pays que les Forces armées canadiennes sont à bout, ce qui à mon avis n'est pas le cas. Depuis que j'ai commencé à parler aux différentes entreprises et à leur montrer le type et la catégorie de matériel que nous avons au sein des Forces armées, on me répond : « Un instant. Ce n'est pas ce que je pensais que j'allais voir. Ce matériel est à la fine pointe de la technologie. »
À votre avis, comment notre comité pourrait-il aider à accroître cette interaction—afin que l'on ait un contact plus étroit avec les Forces armées et une meilleure idée de la façon dont les Forces armées fonctionnement?
Mgén Edward Fitch: Personnellement, j'estime que le simple fait que votre comité s'intéresse à ce point aux Forces armées est une forme de leadership qui est très importante pour nous. Vous venez tous de circonscriptions où vous pouvez influencer des centaines de milliers de Canadiens, et nous vous serions reconnaissants de votre appui.
M. Murray Calder: Très bien.
Merci, monsieur le président.
Le vice-président (M. Janko Peric): Nous allons faire un autre tour de table de cinq minutes.
Madame Gallant.
Mme Cheryl Gallant: Monsieur le président, je voudrais demander au témoin s'il sait si les entreprises américaines reçoivent des avantages de leur gouvernement lorsqu'elles ont à leur emploi des membres du personnel militaire? Par exemple, lorsqu'ils sont appelés soudainement, dans le cas d'une grande entreprise, il pourrait y avoir de nombreux postes à combler. Est-ce que ces entreprises américaines reçoivent un genre d'indemnisation, fiscale ou autre, pour embaucher un remplaçant, ce que les entreprises canadiennes ne reçoivent pas?
º (1630)
Mgén Edward Fitch: Je suis désolé, je ne suis pas un expert en matière de législation américaine. Ils ont des lois visant les réservistes et les employeurs, mais je ne sais pas si les employeurs reçoivent une indemnisation. Il y a une législation analogue au Royaume-Uni, et dans certains cas les entreprises peuvent être indemnisées, mais tant au Royaume-Uni qu'aux États-Unis, les réservistes sont obligés de servir, tandis qu'au Canada, ce n'est pas le cas. En fait, nous ne les avons obligés que deux fois au cours de notre histoire. Je suppose qu'anciennement, lorsque la cloche sonnait, on attrapait son fusil et on se présentait, et j'imagine qu'on se sentait obligé.
Je suis désolé, mais je ne connais pas bien les lois américaines.
Mme Cheryl Gallant: Merci.
Le vice-président (M. Janko Peric): Monsieur Bachand.
[Français]
M. Claude Bachand: Dans la même veine, si je vous disais que le gouvernement s'apprêtait à légiférer pour obliger les employeurs à libérer les réservistes.
Est-ce que vous pensez que ça pourrait être d'une certaine utilité?
Mgén Edward Fitch: En temps de paix, je dirais que non parce que par la simple persuasion, on réussit à avoir un bon nombre de réservistes. Peut-être qu'il y en a qui voudraient faire des stages à l'extérieur, comme vous avez fait en Bosnie, mais qui ne peuvent pas se le permettre à cause de leur emploi. Mais on ne va pas les chercher parce qu'on a suffisamment d'autres personnes qui se portent volontaires.
Mais on peut s'imaginer que si on vivait une crise quelconque qui fasse en sorte que le besoin de réservistes dépasse le nombre de ceux qui se présenteraient comme volontaires, à ce moment-là, pour les obliger à se présenter, peut-être qu'il faudrait bien une compensation. Nous commençons à étudier cela.
M. Claude Bachand: Donc, pour vous, en temps de paix, c'est moins important. Si une guerre mondiale était déclenchée ou qu'un événement majeur se produisait, les employeurs seraient sans doute obligés de libérer les réservistes. Mais il y a aussi le problème que parfois, ils ne veulent pas les réembaucher à leur retour.
C'est pour cela que j'ai toujours pensé que le Parlement devrait adopter une mesure législative pour qu'un réserviste qui travaille dans une entreprise et qui reçoit un appel afin d'être déployé puisse être libéré par son employeur et ensuite réembauché, sans qu'il y ait de perte d'ancienneté.
Je comprends que cela représente un coût pour les entreprises. C'est plus difficile.
Mgén Edward Fitch: On peut peut-être extrapoler à partir d'un cas réel que je connais. Lors des inondations autour de Winnipeg, les réservistes se sont présentés en très grand nombre sans être appelés ni forcés à se présenter. Mais imaginez-vous un employeur qui aurait refusé à son employé réserviste d'aller remplir des poches de sable sur les digues! Je ne crois pas à cela. Le moindre employeur qui aurait refusé de réembaucher ce réserviste, qui a carrément contribué à sauver la ville, n'aurait pas fait beaucoup d'affaires après cela.
Donc, à l'interne, c'est rarement un problème.
M. Claude Bachand: Je n'ai pas d'autres questions, monsieur le président.
[Traduction]
Le vice-président (M. Janko Peric): Merci.
Monsieur O'Reilly.
M. John O'Reilly: Je n'en étais pas certain, mais si un réserviste est appelé au Canada, la protection d'emploi prévue aux termes du projet de loi C-7—maintenant le projet de loi C-17—ne s'applique-t-elle pas au Canada? Elle ne s'applique que...
Mgén Edward Fitch: Nous avons examiné de près le projet de loi C-17, et le libellé est très clair. Permettez-moi d'utiliser une expression courante, mais cela s'appliquerait lors d'une urgence dans le cas d'un conflit armé, mais s'il s'agit d'un désastre naturel, le projet de loi C-17 ne prévoit pas de protection d'emploi pour les réservistes. Aux dernières nouvelles, le projet de loi était toujours au Sénat et n'avait pas été promulgué. Nous aimerions certainement que la définition du terme urgence soit élargie.
M. John O'Reilly: J'étais coprésident du comité qui a examiné ce projet de loi lorsqu'il était à la Chambre. Ce n'était pas un comité permanent de la Chambre des communes, mais un comité législatif. Je croyais qu'il prévoyait un rappel en cas de catastrophe radioactive, chimique et biologique au Canada. Je vais vérifier...
Mgén Edward Fitch: Par exemple, s'il s'agissait d'un déversement de produit chimique... Je suis certain qu'il faudrait alors rappeler des soldats armés, car on parle d'«insurrection» et de ce genre de chose.
À notre avis, cela ne s'applique pas aux catastrophes naturelles.
º (1635)
M. John O'Reilly: Ce n'est pas l'information que j'avais, mais je vais vérifier.
Mgén Edward Fitch: Monsieur, si vous pouviez changer cela, nous serions ravis.
M. John O'Reilly: Nous n'allons pas le changer, mais je me renseignerai, car j'étais certain qu'on nous avait dit lors des audiences que s'il s'agissait en fait d'une attaque chimique ou biologique, ou d'une attaque contre une institution au Canada—il y avait un rappel...
Mgén Edward Fitch: S'il y a une attaque...
M. John O'Reilly: Mais il peut s'agir d'une attaque chimique ou biologique. Le sens que vous et moi donnons au terme attaque a peut-être changé.
Mgén Edward Fitch: Il nous faudrait consulter quelques avocats, je pense, pour tirer cette question au clair.
M. John O'Reilly: Cela pourrait être dangereux.
L'autre question est celle du système de primes dont Mme Gallant a parlé. Il existe un système de primes aux États-Unis, mais il varie d'une entreprise à l'autre. Je pense que c'est à la fois une bonne et une mauvaise chose, car pour recevoir la prime, il faut être rappelé. Lorsqu'on est rappelé, on est habituellement envoyé à l'étranger, mais certaines entreprises offrent des primes aux réservistes qui font partie de la garde nationale ou de l'unité territoriale.
Mgén Edward Fitch: C'est donc l'entreprise elle-même qui prend cette initiative?
M. John O'Reilly: Oui.
J'en ai moi-même fait l'expérience. J'ai déjà travaillé en Californie, jusqu'à ce que je m'aperçoive que je pouvais être envoyé au Vietnam. L'avantage, c'est qu'on recevait une prime pour y aller; le désavantage, c'est qu'on risquait de se retrouver au Vietnam, de sorte que je n'y suis pas allé. Voilà donc le genre de chose qui se fait.
Merci, monsieur le président.
Le vice-président (M. Janko Peric): Merci.
Y a-t-il d'autres questions?
Mme Cheryl Gallant: J'ai trouvé intéressant que mon collègue du Bloc laisse entendre qu'il y aurait peut-être lieu de conscrire nos réservistes en temps de besoin.
Le vice-président (M. Janko Peric): Ne nous lançons pas dans un tel débat.
J'aurais une petite question à vous poser, major-général. Vous avez mentionné dans vos observations liminaires que vous auriez besoin davantage d'argent. Pourriez-vous être un peu plus...
Mgén Edward Fitch: Je suis désolé, que disiez-vous au sujet de l'argent, monsieur?
Le vice-président (M. Janko Peric): Vous avez dit que vous aviez besoin de plus d'argent. Pourriez-vous être un peu plus précis? Auriez-vous besoin d'argent pour le matériel ou pour l'instruction?
Mgén Edward Fitch: En fait, pour les deux.
Vous savez, ce qu'on a est toujours en fonction de ce que l'on a payé. Si le Canada veut augmenter la Réserve de la Force terrestre—et c'est là la question—ça ne se fera pas tout seul. Je n'ai pas apporté les chiffres avec moi, mais nous pouvons vous dire combien les soldats sont rémunérés, ce que coûte leur matériel, ce qu'il en coûte pour mettre de l'essence dans les camions. Ce sont des coûts réels.
Nous serions heureux de vous obtenir ces chiffres. Si vous voulez davantage, je vous en prie allez-y—nous savons ce qu'il faut faire. Quelqu'un doit cependant payer la facture.
Le vice-président (M. Janko Peric): Et c'est habituellement les contribuables.
Mgén Edward Fitch: Absolument, et j'en suis un aussi, monsieur.
[Français]
M. Claude Bachand: Il y a un dénommé Drapeau, que tout le monde connaît, et je pense que vous devez le connaître aussi.
Mgén Edward Fitch: Jean Drapeau, l'ancien maire...?
M. Claude Bachand: Non, pas le maire.
Mgén Edward Fitch: Je n'en connais pas d'autre.
M. Claude Bachand: M. Drapeau, le colonel à la retraite qui prétend que sur les quelque 60 000 personnes qui font partie de l'armée actuellement, il y en a seulement 7 000 qui seraient prêts pour se rendre sur des théâtres d'opérations. Et il qualifie le reste de l'armée de bureaucratie très, très lourde.
Selon vous, est-ce que, parmi ceux qui ne sont pas appelés à aller sur les théâtres d'opérations, il serait possible de recycler certaines personnes pour justement en affecter davantage aux théâtres opérationnels?
Mgén Edward Fitch: Si on coupe la tête pour que les bras soient plus forts, est-ce que ça aide? Il faut quand même que la tête fonctionne.
M. Claude Bachand: Oui, mais disons que pour la tête, on peut s'étendre longtemps. Les Américains ont un général par 8 000 soldats; nous, on en a un par 800.
Est-ce qu'il y a moyen peut-être de... ? Je ne veux pas vous enlever vos galons, mais les statistiques sont quand même là.
Mgén Edward Fitch: Les statistiques sont très discutables, surtout si ce sont celles du même M. Drapeau que je connais. Il choisit bien ses statistiques. Il est parti insatisfait, mais cela ne me concerne pas.
Est-ce qu'on peut trouver d'autres moyens d'être plus efficaces? Peut-être. On en cherche tout le temps. Mais le fardeau de l'administration est lourd, le fardeau auquel nous sommes assujettis par les demandes entre le gouvernement et le Conseil du Trésor. On le fait au meilleur de notre capacité, mais encore là, cela prend des ressources.
º (1640)
M. Claude Bachand: D'accord.
[Traduction]
Le vice-président (M. Janko Peric): Merci.
S'il n'y a pas d'autres questions, colonel Meisner et major-général, puno hvala—merci beaucoup.
La séance est levée.