:
M. le Président du Sénat, M. le Président
de la Chambre, mesdames et messieurs. C'est un grand privilège pour moi
d'accueillir au Parlement le président du Mexique, M. Vicente Fox et Madame
Marta de Fox.
Je tiens tout d'abord à féliciter le
gouvernement du président Fox, qui a donné suite à son engagement en faveur de
la démocratie, de la prospérité, et de la construction des solides relations
qui existent dans toute l'Amérique du Nord.
Sous la
direction du président Fox, le Mexique fait de grands progrès dans le cadre du
processus fondamental visant à promouvoir des réformes politiques et
économiques, à assurer un gouvernement ouvert, responsable et transparent, et à
améliorer la confiance du peuple mexicain à l'égard de ses institutions.
Plus que jamais, le Mexique constitue un modèle de
développement pacifique et démocratique.
[Français]
En effet, l'héritage
le plus important du président Fox comprendra peut-être des fondements
démocratiques solides, des élections libres et justes, une croissance
macro-économique et la stabilité ainsi qu'une confiance accrue dans le
gouvernement et les institutions publiques.
Collègues, nous
accueillons au Canada le président Fox et sa délégation de ministres, de
parlementaires et de chefs d'entreprises à un moment propice dans notre
relation bilatérale. Cette année, nous soulignons conjointement plusieurs
anniversaires significatifs.
Premièrement, soixante ans se
sont écoulés depuis l'établissement de relations diplomatiques entre nos deux
pays. C'est en janvier 1944 que le premier ministre Mackenzie King et le
président Manuel Avila Camacho ont noué des liens officiels et échangé des
ambassadeurs.
[Traduction]
C'était une époque
où le ciel de nos deux pays était assombri par la guerre. Nos gouvernements et
nos populations étaient préoccupés par les hostilités en Europe. C'était
également une époque où le Mexique connaissait une période de changement et de
transition en profondeur. Malgré ces circonstances, les dirigeants de nos deux
pays ont eu la prévoyance et la sagesse de valoriser la collaboration entre
voisins d'Amérique du Nord.
[Français]
Deuxièmement, nous
célébrons la réussite, après 10 ans, de l'Accord de libre-échange
nord-américain conclu avec nos partenaires du Mexique et des États-Unis. Grâce
à l'ALENA, les trois pays de l'Amérique du Nord ont bénéficié de la création de
nouveaux emplois et d'une prospérité accrue.
Au cours des
10 dernières années, toujours grâce à l'ALENA, la valeur de nos relations
commerciales avec le Mexique a triplé, pour s'établir à près de 15 milliards de
dollars annuellement. Aujourd'hui, en effet, le Mexique exporte autant de biens
au Canada que vers l'ensemble de l'Union européenne et du Japon. Nous sommes
aujourd'hui le deuxième marché d'exportation du Mexique, tandis que le Mexique
est notre sixième marché extérieur.
Troisièmement, nous
marquons le 30e anniversaire de la réussite du Programme des
travailleurs agricoles saisonniers mis sur pied en collaboration avec le
Mexique, un programme qui fournit aux travailleurs mexicains des possibilités
d'emplois saisonniers au Canada, tout en répondant à nos besoins en
main-d'oeuvre.
[Traduction]
L'an prochain, nous
allons commémorer une autre étape importante, à savoir le centième anniversaire
du Service des délégués commerciaux du Canada à Mexico.
Le
président Fox et sa délégation nous visitent aujourd'hui à titre de véritables
amis, de bons voisins et de partenaires stratégiques du Canada. Alors que les
trois gouvernements du continent envisagent l'avenir, nous définissons les
enjeux et les solutions qui permettront de prendre appui sur la prospérité
nord-américaine pour l'accroître encore davantage et porter vers de nouveaux
sommets la compétitivité et la réussite de notre région dans l'économie
mondiale.
Notre gouvernement espère également que la
réussite du Canada, du Mexique et des États-Unis dans le cadre de l'ALENA
servira de base à l'établissement d'une zone commerciale plus vaste à l'échelle
de l'hémisphère, source d'une plus grande prospérité et d'un rapprochement
entre tous les peuples des Amériques.
Le Canada et le
Mexique annoncent aujourd'hui une nouvelle initiative visant à approfondir
aussi bien qu'à élargir notre coopération bilatérale, déjà très remarquable. Le
nouveau partenariat Canada-Mexique ne sera pas uniquement fondé sur nos
rapports de gouvernement à gouvernement mais, ce qui importe encore davantage,
il fera appel à la participation engagée des milieux d'affaires et
universitaires ainsi que des architectes de la politique sociale de nos deux
pays pour accroître notre prospérité commune.
[Français]
Collègues, notre
relation avec le Mexique ne peut être jugée uniquement d'après son succès
commercial. Elle renferme aujourd'hui des rapports et des actions conjointes
dans des secteurs tout à fait nouveaux. Le Canada a été au premier rang de ceux
qui appuyaient les réformes entreprises au Mexique par le président Fox. Il a
en effet travaillé avec le Mexique à la mise en oeuvre des six points du
programme de réforme du gouvernement mexicain.
Dans un
domaine comme la gouvernance, par exemple, les deux pays ont partagé leur
expertise et leurs meilleures pratiques de planification budgétaire,
d'amélioration de la fonction publique, d'accès à l'information, de protection
des renseignements personnels et de fédéralisme.
[Traduction]
Monsieur le
président Fox, je viens de remarquer que j'ai parlé du fait que nous échangeons
de l'information sur les meilleurs moyens d'élaborer des prévisions
financières. Je ferai simplement remarquer au président Fox que lui et moi
avons une grande confiance dans le travail qu'effectue le ministre Goodale à
cet égard, mais je ne suis pas convaincu que tout le monde dans cette enceinte
partage cette opinion.
Dans des secteurs tels que la
coopération électorale, Élections Canada et l'institution électorale du Mexique
échangent de l'information depuis bon nombre d'années. Il est très
impressionnant aujourd'hui de constater que d'autres pays envoient des
observateurs des élections au Mexique pour apprendre comment tenir des
élections transparentes, libres et efficaces.
Nous devrions
tous être fiers du fait que divers aspects de la loi adoptée récemment par le
Mexique en matière d'accès à l'information s'inspirent de l'expérience
canadienne passée et du dialogue avec le Canada, et de l'échange d'information
que nous sommes sur le point d'amorcer avec le Mexique au chapitre des lois
relatives à la protection des renseignements personnels.
Je
souligne également le potentiel de renforcer la coopération dans des secteurs
tels que les affaires autochtones qui constituent une importante priorité pour
nos gouvernements respectifs et un sujet sur lequel nous avons beaucoup à
mettre en commun.
[Français]
À l'échelle
internationale, notre gouvernement est heureux de constater que nos deux pays
ont commencé à collaborer étroitement à la résolution des défis mondiaux, comme
le programme international des droits de la personne et la promotion de la
saine gestion publique, notamment dans un contexte multilatéral, la question de
la surpêche dans un contexte global, et la création d'un organisme comme le
G-20 à l'échelle des chefs d'État.
Nous applaudissons le
Mexique pour le rôle de leader qu'il a adopté vis-à-vis d'enjeux complexes,
telle la réforme de l'ONU. À cet égard, le Canada a travaillé avec le Mexique
pour explorer de quelle façon la communauté internationale peut changer les
institutions onusiennes et ainsi les rendre plus efficaces et plus
représentatives.
En fait, dans nombre de domaines, nos
perspectives et nos priorités internationales se ressemblent de plus en plus.
Comme le Canada, le Mexique reconnaît que certains enjeux, par exemple la
dégradation mondiale de l'environnement, la pauvreté et la menace terroriste
doivent être traitées par la communauté internationale comme les incubateurs
d'une grande partie de l'instabilité, des conflits et de la faim auxquels le
monde fait face aujourd'hui.
Dans leurs relations avec les
États-Unis, nos deux pays cherchent aussi à augmenter la coopération
trilatérale de la frontière afin de renforcer la sécurité de nos peuples, tout
en veillant à la bonne circulation des biens, qui est si vitale pour l'économie
nord-américaine.
[Traduction]
Chers collègues
parlementaires, je m'en voudrais de ne pas parler brièvement du remarquable
renforcement des liens qui unissent nos deux pays. Qui aurait pu imaginer, il y
a seulement quelques années, qu'un visiteur sur vingt au Mexique viendrait du
Canada? De plus en plus, les Canadiens visitent le Mexique, pas seulement pour
ses plages en hiver, mais encore pour ses villes et ses lieux historiques, afin
d'en apprendre plus au sujet de son expérience, de son histoire palpitante, de
sa culture et de sa langue.
Qui aurait pu croire que près
de 200 000 Mexicains visiteraient maintenant le Canada tous les ans pour
profiter de sa beauté naturelle et de ses villes multiculturelles trépidantes,
que le Mexique deviendrait l'une des principales sources d'étudiants étrangers
au Canada et que nous serions témoins d'une impressionnante augmentation des
programmes d'études canadiennes au Mexique, aux termes de plus de 400 ententes
bilatérales signées par nos deux pays?
Aujourd'hui, le
président Fox et moi avons assisté à la signature d'un certain nombre
d'ententes semblables, lesquelles se traduiront par une collaboration et des
échanges accrus.
[Français]
Qui aurait pu
s'imaginer qu'avec le déplacement vers le Canada de gens du Mexique et d'autres
pays de notre hémisphère, l'espagnol prendrait une place de plus en plus
importante dans le portrait linguistique du Canada et que dans certaines
provinces comme le Québec, l'espagnol serait déjà la troisième langue
parlée.
Nous sommes aussi très heureux de constater la
présence croissante au Canada d'artistes mexicains en arts visuels et en arts
de la scène, ainsi que la demande croissante de culture canadienne au
Mexique.
Hier soir, nous avons été nombreux à assister avec
ravissement à la magnifique représentation du ballet Folklórico d'Amalia
Hernández. Parallèlement, la compagnie de ballet de Marie Chouinard, de
Montréal, et la troupe du Boca del Lupo Theater, de Vancouver, ont représenté
le Canada au festival culturel mexicain Cervantino, qui est connu dans le monde
entier et qui se tient dans l'État où est né le président
Fox.
[Traduction]
En ma qualité de
parlementaire, je voudrais souligner l'importance de notre dialogue et de nos
échanges parlementaires avec nos collègues du Congrès mexicain, dont certains
font aujourd'hui partie de la délégation du président Fox. Le Canada est
favorable à un élargissement du dialogue
interparlementaire.
Je crois savoir que, dans quelques
mois, le Mexique accueillera une délégation du Canada. Nous ne manquerons pas
d'assister à la 13e assemblée interparlementaire Canada-Mexique. Je
ne doute pas, monsieur le président Fox, que les représentants canadiens
proposeront Cancun comme lieu de l'assemblée, peut-être au mois de janvier
prochain.
Chers collègues parlementaires, j'ai l'honneur de
vous présenter le président du Mexique, M. Vicente
Fox.
:
[Le président Fox s'exprime en espagnol
et la traduction se lit
ainsi:] [Traduction]
Je vous
remercie. Votre message de bienvenue est révélateur de l'amitié et de
l'association intenses et vigoureuses existant entre votre pays et le Mexique.
Je vous remercie chaleureusement au nom du peuple
mexicain.
Très honorable Monsieur Paul Martin, premier
ministre du Canada, Madame Beverley McLachlin, juge en chef de la Cour suprême
du Canada, Monsieur Dan Hays, Président du Sénat, Monsieur Peter Milliken,
Président de la Chambre des Communes, Mesdames et Messieurs les membres de cet
honorable Parlement, je tiens à remercier cet honorable Parlement pour
l'honneur qu'il me fait en me recevant aujourd'hui.
Je
tiens ici, dans la Chambre du Canada, à souligner que cette visite témoigne des
excellentes relations de coopération et de collaboration qu'entretiennent les
gouvernements du Canada et du Mexique ainsi que du désir partagé de resserrer
encore ces relations et, plus particulièrement, de l'affection et de la
profonde amitié qui unissent nos pays.
Cette amitié a
présidé à six décennies de relations diplomatiques harmonieuses, mûres et
mutuellement bénéfiques. Elle explique le fonctionnement exemplaire, depuis
trente années, de notre programme d'ouvriers agricoles ainsi que le succès du
partenariat économique amorcé en 1994, dans le cadre de l'Accord de
libre-échange nord-américain. L'indissoluble amitié entre le Mexique et le
Canada est le pilier de l'alliance que nous avons forgée, sur lequel les deux
pays construisent leur prospérité commune actuelle et à
venir.
Je tiens à saisir l'occasion que vous m'offrez
aujourd'hui pour traiter de trois questions qui me semblent tout
particulièrement intéressantes J'aborderai d'abord les profonds changements que
vit le Mexique, je parlerai ensuite de l'empreinte de ces changements sur la
politique extérieure mexicaine et enfin, de la manière dont tout cela a
renforcé l'amitié et les liens entre nos pays.
Quel est le
changement qui caractérise le Mexique d'aujourd'hui? Son entrée dans une
véritable démocratie, un régime dans lequel la voix du peuple s'exprime dans
les urnes et est respectée, un régime de libertés civiles et de respect des
droits de la personne, un régime dans lequel le respect des lois est la norme
de notre coexistence.
Les Mexicains et les Mexicaines ont
ouvert la porte à la démocratie, aux libertés des citoyens, au respect des
décisions prises par la majorité, au respect des droits des minorités et à
l'État de droit. Ce sont là les principaux traits de la démocratie
mexicaine.
Aujourd'hui, mon gouvernement reconnaît,
valorise et respecte la richesse du pluralisme politique de la nation, que l'on
retrouve dans la composition de notre Congrès et dans les autorités locales
appartenant à différents partis politiques. Fait sans précédent dans notre
histoire politique, le pouvoir de l'exécutif se limite à ce qu'indique notre
Constitution, dans le respect des attributions des autres pouvoirs fédéraux, de
façon à permettre que s'exerce et fonctionne pleinement le système de
l'équilibre des poids et contrepoids.
Le dialogue franc
avec les différentes forces politiques représentées au Congrès en est la
preuve. Il donne lieu à un débat intense, pas toujours aisé, mais toujours
démocratique et fécond. C'est cela, la démocratie; c'est ainsi que l'on vit,
avec intensité, dans un effort politique soutenu, avec une passion créatrice et
dans l'enthousiasme, la nouvelle ère démocratique mexicaine.
Les parlements font que la diversité qui les caractérise
permette de faire mûrir des engagements mutuels, que le débat s'installe entre
les différents points de vue, que chacun explore et découvre des terrains
d'entente, pour créer un tout à la recherche du bien commun. Loin de craindre
le débat politique, mon gouvernement l'a encouragé et guidé dans le plein
respect des travaux du Congrès, organe démocratique par
excellence.
Nous sommes loin de l'époque où l'ordre reçu ou
la crainte faisait que l'on se rangeait à la volonté présidentielle. La
démocratie nous a éloignés d'un temps où l'appartenance au gouvernement était
gage d'impunité. Aujourd'hui, être au gouvernement est synonyme de travail,
d'engagement et de respect du citoyen et de la loi.
À
l'initiative de mon administration, le Congrès a adopté de nouvelles lois
importantes qui viennent consolider et enraciner le changement démocratique et
l'État de droit dans lequel vivent les Mexicains. Les lois sur la transparence
et la fonction publique, par exemple, visent à garantir que les fonctionnaires
se conduisent selon un code de déontologie qui préconise l'honnêteté, la
transparence et le bien commun.
Ces lois, comme bien
d'autres qui ont été adoptées ces dernières années, favorisent la participation
de la société dans son ensemble. La démocratie mexicaine est aussi à l'origine
de la participation active des citoyens dans tous les domaines d'intérêt
public.
La démocratie nous a permis de prendre des
initiatives en vue de garantir la modernisation non seulement des structures
politiques du Mexique, mais aussi de ses institutions économiques, financières
et sociales. Après avoir réformé les structures politiques, nous nous sommes
lancés avec la même détermination dans les réformes financières, nous avons
cherché à faire des réformes économiques et avons apporté de profonds
changements et modernisé d'importantes institutions
sociales.
Il
s'agit bien d'une véritable réforme de l'État que nous avons menée peu à peu et
que nous nous devrons de consolider dans ce même cadre
démocratique.
C'est grâce à cette réforme ainsi qu'au grand
sens des responsabilités du gouvernement fédéral que le Mexique a atteint une
stabilité économique qu'il n'avait pas connue depuis des décennies, avec des
taux d'inflation et d'intérêt plus faibles que jamais et des niveaux croissants
d'investissement.
En neuf ans, la taille de l'économie
mexicaine a doublé. En neuf ans, l'économie mexicaine est devenue la plus
importante de l'Amérique latine. Pendant la même période, le revenu par
habitant a doublé et le nombre de familles qui vivent dans une pauvreté extrême
a diminué de plus de 30 p. 100, et la répartition du revenu s'est
améliorée.
Dans le domaine social, notre démocratie nous a
permis de nous attaquer de front aux conditions difficiles auxquelles se
heurtent un grand nombre de nos frères et soeurs, par exemple au sein des
peuples autochtones. Nous avons aujourd'hui des lois contre la discrimination
et surtout des règles qui protègent les droits des peuples autochtones et
d'autres groupes minoritaires ou socialement
vulnérables.
Nous appliquons également une nouvelle
stratégie sociale qui vise, au moyen d'investissements en éducation, en santé,
dans les infrastructures et dans le logement, à donner à chacun de nos
concitoyens la possibilité de développer ses dons et ses
capacités.
Par un effort sans précédent, nous nous assurons
qu'aucun étudiant mexicain n'abandonne ses études. Nous créons les conditions
pour que les familles exercent leur droit à un logement digne et nous élaborons
des programmes visant à garantir, pour tous, le droit à la
santé.
La démocratie nous permet aujourd'hui d'oeuvrer avec
succès pour un développement fondé sur une croissance économique soutenue et
durable, un développement humain qui offre un meilleur niveau de vie pour tous
les Mexicains, de l'enfance à l'âge adulte. Notre objectif est de donner à
chacun les outils nécessaires à l'épanouissement et au
bonheur.
Telle est la démocratie que les Mexicains
construisent ensemble: une démocratie intégrale totale dans le domaine
politique et une démocratie en développement pour ce qui est du domaine
économique et social. La démocratie est un processus qui ne connaît pas
d'interruption; c'est un travail continu qui débute par l'exercice et la
jouissance des droits politiques et civils du citoyen et qui se doit de
garantir aussi la jouissance des droits économiques et sociaux. Y parvenir
exige un travail constant et décidé, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Les
progrès sont évidents mais nombreux sont encore les défis à
relever.
C'est ce qui m'amène au thème de la politique
extérieure de la démocratie mexicaine. Le Mexique n'est pas seulement une des
économies les plus ouvertes du monde, ayant des accords de libre-échange avec
42 pays, c'est aussi une nation qui, comme le Canada, s'exprime sur les
questions essentielles à l'ordre du jour international, comme la défense des
droits de la personne, le respect du droit international, le bien-fondé du
multilatéralisme, la promotion de la coopération en vue du développement, de la
paix et de la sécurité sur la scène internationale.
Les Mexicains croient à
l'importance du dialogue et du débat, et à l'établissement d'ententes à
l'échelle nationale; de même, ils croient à l'importance du dialogue et du
débat démocratiques à l'échelle internationale, afin que les pays s'entendent
pour résoudre, ensemble, les graves problèmes internationaux qui nous touchent
tous.
En ce qui concerne les droits de la personne, le
Mexique a élaboré des programmes de coopération avec le haut-commissaire des
Nations-Unies chargé de la question, et appuie les initiatives visant à
garantir le respect des droits de l'homme dans le cadre de la lutte contre le
terrorisme, ainsi que le respect des droits fondamentaux des peuples
autochtones, des travailleurs migrants et des personnes handicapées. Il a
défendu la cause des Mexicains vivant à l'étranger devant les plus influentes
tribunes internationales. Nous croyons au droit et à la justice, et le droit et
la justice nous ont donné raison.
Le Mexique préconise le
développement durable et soutenu partagé par tous les peuples, comme nous
l'avons indiqué à la conférence de Monterrey sur le financement du
développement. Dans un monde globalisé, le développement ne peut se faire en
autarcie. Il est essentiel d'entretenir un environnement international
favorable aux efforts réalisés par chaque pays en vue de progresser. Nous
devons nous élever contre la tendance internationale à diminuer l'aide publique
au développement.
Comme le Canada, nous sommes convaincus
que le multilatéralisme est le meilleur moyen de tirer parti du potentiel que
le monde d'aujourd'hui a à offrir et de relever les défis qu'il nous
lance.
L'élimination de la pauvreté, la lutte
contre les grandes épidémies, la lutte contre le terrorisme international, la
détérioration de l'environnement et la prolifération des armes de destruction
massive, entre autres, font partie des plus importants défis que nous ayons à
relever.
Toutes les nations doivent aujourd'hui s'attacher
à réfléchir, plus que jamais à la façon de résoudre, ensemble, les problèmes
qui les affligent. C'est pourquoi nous nous sommes prononcés en faveur d'une
réforme intégrale des Nations Unies, afin que l'Organisation soit en mesure
d'atteindre les objectifs élevés que nous lui avons
fixés.
Avec quatorze autres pays, le Mexique a amorcé une
réflexion approfondie sur la manière de parvenir à cette réforme intégrale de
l'ONU, avec l'aide de tous les États membres. Nous remercions le Canada pour sa
participation à ce Groupe d'amis autour de la réforme de l'ONU. Nous sommes
convaincus que nos points de vue coïncident et que nos efforts conjoints en vue
de la construction d'un monde de paix, de sécurité et de développement nous
permettront de parvenir à des conclusions utiles pour donner aux Nations Unies
un nouvel élan.
Le Mexique reconnaît l'engagement
inébranlable du Canada dans ces dossiers cruciaux, et dans d'autres dossiers
qui sont à l'ordre du jour sur la scène internationale. Il se félicite de la
similitude des points de vue et des positions de nos deux nations. C'est sur
cette base que nous continuerons à encourager les efforts conjoints dans la
sphère multilatérale, convaincus que l'union donnera force et prestige à notre
tâche.
Tout au long de six décennies de relations
harmonieuses, les gouvernements mexicain et canadien ont su, grâce à l'amitié
qui unit leurs peuples, non seulement partager largement leurs positions sur
les thèmes multilatéraux, mais aussi et surtout se retrouver dans les domaines
bilatéral et régional. Au cours des dix dernières années, nos liens se sont
progressivement resserrés en matière politique, économique et sociale.
L'entrée du Mexique dans la démocratie n'a fait que
renforcer et intensifier considérablement cette tendance. Ceci est dû au fait
que nous sommes deux démocraties dont les préoccupations fondamentales
coïncident, à l'échelon tant national qu'international.
À
l'heure actuelle, la consolidation de la démocratie, le fédéralisme et le bon
gouvernement, la protection des droits de la personne, la conservation de
l'environnement, la sécurité régionale, le développement de la culture et la
promotion des liens éducatifs et technologiques sont des domaines de
coopération et d'intérêt partagé.
En matière économique,
les échanges commerciaux se sont accrus de plus de 150 p. 100 au cours des dix
dernières années. Le Mexique est devenu le principal partenaire commercial du
Canada en Amérique latine. Les possibilités de multiplier et de développer les
échanges sont encore nombreuses, et nous devons en tirer parti.
La croissance des investissements, l'élargissement de la
coopération ainsi que le renforcement des échanges culturels et sociaux entre
nos deux pays, au cours de ces dernières années, nous poussent à explorer de
nouveaux espaces en vue d'approfondir nos relations.
Nous
devons renforcer la complémentarité de nos économies et en faire une plus
grande force de la région que nous partageons et, surtout, en tirer de plus
grands avantages pour nos peuples.
Au moyen de nouveaux modes de coopération
et d'intégration, nous devons veiller à ce que l'amitié canado-mexicaine se
transforme en puissant moteur de l'économie nord-américaine et à ce que les
retombées de cette croissance touchent tous les secteurs de nos populations. De
nos jours, le seul développement possible est un développement
partagé.
Nous devons également renforcer les échanges et
liens croissants entre divers secteurs sociaux des deux pays : étudiants et
enseignants, gens d'affaires et investisseurs, travailleurs et touristes, parmi
beaucoup d'autres.
La réalité actuelle du Mexique fait du
Congrès un intervenant de plus en plus actif dans la politique étrangère de
notre pays. Je formule donc sincèrement le voeu que l'interaction de nos
parlements s'accroisse.
Aujourd'hui, nous avons fait un pas
historique dans nos relations bilatérales avec la création de l'Alliance
Mexique-Canada. Cette alliance vise à établir une structure de coopération
bilatérale avec la participation des gouvernements et des secteurs privés, dans
le but de promouvoir l'investissement, le commerce, le développement et la
prospérité de nos pays.
Comme vous le savez, à l'occasion
de ma dernière visite officielle, j'ai fait ressortir, en guise d'engagement
personnel, la nécessité d'analyser l'avenir de l'Amérique du Nord comme région
de coopération et d'intégration. Mon administration a suivi attentivement
l'évolution de cette question au cours de ces trois dernières
années.
En particulier, nous saluons les efforts faits par
les Comités des affaires étrangères à la fois à la Chambre des communes et du
Sénat, qui font ressortir la nécessité d'inclure le Mexique dans les
discussions portant sur le renforcement des relations interrégionales en
Amérique du Nord.
Nos pays ont des objectifs communs. Nous
voulons renforcer la sécurité dans notre région, garantir la libre circulation
des personnes et des biens, et obtenir accès à de nouveaux niveaux de
développement, plus élevés, dans l'intérêt de nos
populations.
Mesdames et messieurs les membres de cet
honorable Parlement, je suis convaincu que le moment est venu de réfléchir à la
meilleure manière de construire une nouvelle communauté de l'Amérique du Nord.
Je suis également convaincu que le Canada et le Mexique ont beaucoup à apporter
à l'élaboration et au fonctionnement de ce projet de coopération et
d'intégration régionale, ainsi qu'à la nouvelle architecture qu'exige un monde
de paix et de prospérité, et aussi beaucoup à apporter à la réorganisation des
Nations Unies.
Lester Pearson, un éminent Canadien et prix
Nobel de la paix, disait, il y a des années, et je
cite:
Nous abordons une ère
dans laquelle différentes civilisations vont devoir apprendre à vivre côte à
côte dans la paix, en apprenant les unes des autres, en découvrant l'histoire
et les idéaux, l'art et la culture de chacune d'entre elles, enrichissant ainsi
les expériences vécues par tous.
Ces paroles, d'une grande sagesse,
conservent aujourd'hui la même valeur. Je suis convaincu qu'avec votre aide
précieuse, mesdames et messieurs les parlementaires, les peuples du Canada et
du Mexique seront en mesure de forger, dans notre région et dans le monde, un
avenir de liberté, de paix, de prospérité et de justice.
Je
vous remercie.