Que la Chambre déplore l’attitude du premier ministre du Canada lors de la conférence des premiers ministres du 26 octobre 2004 et qu’elle enjoigne le gouvernement fédéral à reconnaître l’existence d’un déséquilibre fiscal au Canada et qu’à cet effet, la Chambre demande au Comité permanent des finances de créer un sous-comité spécial ayant pour mandat de proposer des solutions concrètes pour remédier au déséquilibre fiscal et que son rapport soit déposé au plus tard le 2 juin 2005.
Madame la Présidente, il me fait plaisir de présenter cette motion du Bloc québécois qui concerne l'attitude du premier ministre lors de la dernière conférence des premiers ministres. Cette conférence devait porter non seulement sur la péréquation, mais également sur les autres pressions financières telles qu'appelées par le premier ministre.
Cette motion s'attaque aussi au gouvernement surtout sur son inertie, face à ses engagements politiques, à régler de façon durable, avec des mesures concrètes, la question du déséquilibre fiscal entre le gouvernement fédéral et les gouvernements du Québec et des provinces canadiennes.
Cela vaut la peine de relire la motion afin que cela soit assez clair pour les députés de l'autre côté de la Chambre parce qu'on s'aperçoit qu'il faut répéter pendant plusieurs années le même message pour qu'enfin, un message crédible et bien documenté puisse être compris par nos collègues libéraux.
La motion se lit comme suit:
Que la Chambre déplore l’attitude du premier ministre du Canada lors de la conférence des premiers ministres du 26 octobre 2004 et qu’elle enjoigne le gouvernement fédéral à reconnaître l’existence d’un déséquilibre fiscal au Canada et qu’à cet effet, la Chambre demande au Comité permanent des finances de créer un sous-comité spécial ayant pour mandat de proposer des solutions concrètes pour remédier au déséquilibre fiscal et que son rapport soit déposé au plus tard le 2 juin 2005.
Outre l'attitude du premier ministre que nous déplorons lors de cette conférence, il y a aussi dans cette motion le désir de mes collègues du Bloc québécois, et probablement de collègues d'autres partis aussi, que le gouvernement pose des gestes concerts.
Nous désirons que le gouvernement ne reconnaisse pas seulement du bout des lèvres le déséquilibre fiscal, même si le Bloc québécois a réussi à introduire ce concept de déséquilibre fiscal dans le discours du Trône, avec certaines nuances. Nous voulons que, maintenant, cela soit clair. Nous voulons que le gouvernement reconnaisse qu'il y a un déséquilibre fiscal et que la Chambre se prononce sur cette question si le gouvernement n'est pas capable de le faire seul, et qu'on se mette au travail. Il y a un échéancier fixe qui est le mois de juin 2005.
Cela peut paraître rapide, mais cela fait des années que nous travaillons là-dessus. Nous y avons travaillé avant même que M. Séguin, par exemple, à Québec, préside la commission qu'on appelle maintenant la Commission Séguin, il y a trois ans.
Même avant le début de ces travaux, dès 1997, le Bloc québécois voyait qu'il y avait un problème de dysfonctionnement du régime, de sorte qu'on avait plusieurs ressources à Ottawa, mais trop de ressources par rapport au mandat confié par le gouvernement fédéral et reconnu dans la Constitution. Par ailleurs, les provinces et le gouvernement du Québec en particulier, ne disposaient pas d'assez de ressources pour remplir leurs missions fondamentales, en particulier en santé et en éducation. On en a parlé dès 1997.
Dès 1997, l'année des premiers surplus, on proposait une solution. On proposait que le gouvernement fédéral sorte du champ occupé au niveau du transfert social canadien—comme on l'appelait à ce moment-là—et redonne les recettes de TPS aux gouvernements du Québec et des provinces, pour qu'elles puissent assumer seules, avec toute l'autonomie possible, des mandats comme ceux de la santé, de l'éducation et du soutien du revenu. C'était déjà dans l'air en 1997.
Nous sommes sensibilisés et nous avons tenté, depuis toutes ces années, de sensibiliser nos collègues, avec plus ou moins de succès. Toutefois je pense qu'aujourd'hui, nous pouvons avoir confiance que d'autres collègues ont enfin compris qu'il ne fallait pas continuer de cette façon.
Maintenant, le débat est rendu, non seulement ici et au Québec, mais dans tout le Canada. Les deux conférences que nous venons de vivre, celle de la santé et celle de la péréquation, qui devait aussi porter sur les pressions financières, ont prouvé hors de tout doute qu'il y a un problème au niveau des disparités de moyens fiscaux à la disposition des gouvernements fédéral et provinciaux.
Le premier ministre, en campagne électorale, lorsqu'il était dans les câbles justement, lorsqu'il voyait le tapis glisser sous ses pieds, a pris l'engagement de régler ce qu'il appelait les pressions financières et que certains appellent le déséquilibre fiscal. Je lui rappellerai que ces « certains » c'est tout le Québec, ce sont tous les députés du Bloc québécois, c'est maintenant tout le Canada qui reconnaît qu'il y a un déséquilibre fiscal.
On aurait dû dire plutôt, dans le sous-amendement du Bloc québécois au discours de Trône, « que certains appellent pression financière et que la très grande majorité appelle le déséquilibre fiscal ». « Certains », il y a juste les libéraux qui parlent seulement de pressions financières des provinces. Tout le monde est convaincu qu'il y a un déséquilibre fiscal et qu'il faut changer les choses.
Ce ne sera pas la première fois que nous constatons cela. En 1964, sous M. Pearson et M. Lesage à Québec, il y avait déjà un problème de disparité au niveau des moyens financiers.
Il y avait déjà un problème, compte tenu des mandats que le gouvernement du Québec devait assumer en éducation, en particulier. En 1964, à la Conférence de Québec, il était principalement question d'éducation. On a reconnu qu'il y avait un problème de disparité. On l'a tellement reconnu qu'à cette époque, il y a exactement 40 ans de cela , M. Pearson, qui dirigeait alors lui aussi un gouvernement minoritaire, a transféré des points d'impôt qui ont encore cours à l'heure actuelle pour financer la santé, l'éducation et le soutien au revenu.
On se retrouve devant la même situation 40 ans plus tard. C'est sûr qu'on n'a pas un premier ministre qui a la finesse de M. Pearson. Je pense que tout le monde reconnaît cela. Je pense que lui-même finira par le reconnaître. Il faut reconnaître la réalité aussi.
Malgré les promesses sur les pressions financières, le premier ministre nous disait qu'il allait ouvrir une nouvelle ère de collaboration avec les provinces. Il nous répète cela toujours et toujours. Quelle nouvelle ère nous présente-t-il aujourd'hui? Exactement la vieille ère, justement celle où c'est la confrontation. Il n'avait pas le choix, à la conférence des premiers ministres sur la santé, en septembre, puisqu'il était dans les cordes. D'une part il dirigeait un gouvernement minoritaire, d'autre part il y avait un front commun uni des provinces pour réclamer plus de fonds pour la santé.
Maintenant, il revient aux vieux travers des libéraux. C'est la confrontation, c'est Ottawa qui détient la vérité ultime. On dit qu'Ottawa n'a pas de surplus faramineux pour les prochaines années et qu'il faut donc faire attention et faire preuve de prudence budgétaire. Cela dure depuis sept ans. Depuis sept ans, le gouvernement libéral berne la population quant à sa capacité financière lui permettant de répondre aux besoins fondamentaux comme la santé et l'éducation. Depuis sept ans, on nous dit qu'il n'y a pas de marge financière. Par contre, tous les ans, comme par surprise, le lapin sort du chapeau, ou le chat sort du sac, dépendant du point de vue où l'on se place, et il y a toujours de gros surplus qui augmentent année après année.
L'actuel premier ministre a déjà été ministre des Finances et il a commis les pires erreurs de prévision au chapitre des surplus, avoisinant les 500 p. 100. Une marge de 3 ou 4 p. 100 peut être acceptable, tout comme une de 10 p. 100 à la limite pour de mauvais prévisionnistes, mais une marge de 500 p. 100, cela ne se peut pas. Le premier ministre et l'actuel ministre des Finances font ombrage aux spécialistes du ministère des Finances. Les spécialistes en prévisions budgétaires du ministère des Finances ont une formation solide. Pensez-vous qu'ils sont à l'aise avec la supercherie qu'on nous présente depuis sept ans? Ils savent bien que les politiciens de l'autre côté de la Chambre racontent des histoires à la population. Ce faisant, on travestit la démocratie.
Je viens justement de sortir d'une séance du Comité permanent des finances où le ministre des Finances était présent. Il nous a parlé de consultations prébudgétaires et du fait qu'il était important d'aller chercher des idées nouvelles et des moyens de mieux gérer les finances publiques et de mieux prévoir la prochaine année au niveau des dépenses du gouvernement fédéral. Mais sur quelle base peut-on aller consulter la population? C'est ce que nous lui demanderons. Il faut savoir sur quoi on consultera les gens. Il faut avoir l'heure juste au niveau de la marge de manoeuvre. Il faut savoir quels seront les surplus au cours des prochaines années, et non pas avoir des surplus tout à fait dénaturés par rapport à la réalité.
C'est toutefois ce qu'on nous présente depuis sept ans. La démocratie est mal servie de cette façon. Comment peut-on évaluer, par exemple, la performance du gouvernement fédéral à répondre aux besoins de la population si, en partant, le portrait réel, le vrai visage des finances publiques est tout à fait faussé? On raconte n'importe quoi à la population en lui disant que le Canada n'est pas si riche que cela et qu'il ne générera pas de grands surplus. On parlait d'un surplus de 1,9 milliard de dollars pour l'exercice financier se terminant le 31 mars dernier. On a juste inversé les chiffres: c'est 9,1 milliards de dollars qu'on a obtenu comme résultat. Cette année, on parle de 2 ou 3 milliards de dollars du côté du gouvernement. C'est le chiffre qui ressort, sous prétexte que la croissance économique telle que présentée par le gouverneur de la Banque du Canada est peut-être un peu trop élevée. Le gouvernement dit qu'il est plus prudent et qu'il pense qu'il en sera autrement. On se dirige allègrement vers un surplus, au cours du présent exercice, de 11 à 12 milliards de dollars.
Qu'on arrête de nous raconter des blagues. Qu'on arrête de tromper la population et de lui mentir effrontément sur le véritable état des finances publiques. Cela n'a plus aucun sens.
J'ai remarqué aujourd'hui une chose symptomatique. Le ministre des Finances se présente tellement rarement au Comité permanent des finances, qu'habituellement, il y a des caméras et des journalistes pour l'interviewer.
Ce matin, il n'y en avait pas un. Il n'y avait pas un journaliste. Il n'y avait pas une caméra. Savez-vous pourquoi? Parce que le gouvernement, le ministre des Finances en particulier, a perdu toute crédibilité. Il dit n'importe quoi. Les journalistes ne sont plus intéressés à couvrir ses sorties au Comité permanent des finances où il va faire des prévisions. Ce n'est plus crédible. C'est devenu une vraie risée.
Que sait-on justement de ces surplus? Pour la prochaine année, on prévoit entre 11 et 12 milliards de dollars. Moi, j'y crois. Telles sont les prévisions du Bloc québécois, soit entre 11 et 12 milliards de dollars pour l'exercice qui se terminera le 31 mars prochain. Cependant, il y a quelques semaines, le ministre des Finances a commandé au Conference Board une révision des prévisions qui avaient déjà été faites pour la Commission Séguin il y a quelques mois, soit des prévisions sur les surplus du gouvernement fédéral au cours des 11 prochaines années et sur les déficits des gouvernements provinciaux au cours des prochaines années.
On a imposé au Conference Board un cadre vraiment conservateur. Il faut être prudent. La prudence devient un mensonge à un moment donné lorsqu'elle est exagérée. À force de crier au loup, personne ne croit plus que le loup est là. Même avec des paramètres très conservateurs, le Conference Board est arrivé à la conclusion qu'au cours des 11 prochaines années, le gouvernement fédéral disposera de 164 milliards de dollars de surplus. Ce ne sont pas des pinottes! C'est un surplus de 164 milliards de dollars. A contrario, les provinces disposeront, elles, d'un déficit de plus de 60 milliards de dollars, et ce chiffre est conservateur.
Je parie que les surplus du gouvernement fédéral au cours des dix prochaines années avoisineront les 200 milliards de dollars. Seulement pour l'an passé, le Conference Board partait avec la prévision du gouvernement fédéral, soit autour de 2 milliards de dollars. En partant d'une prévision qui était anormalement fausse, avec une erreur de prévision de 500 p. 100, si on s'est basé sur cela comme point de départ pour évaluer ce qui se passerait au cours des 11 prochaines années et que la réalité a été plus de quatre fois plus importante que celle-là, c'est évident qu'on va dépasser les prévisions du Conference Board.
Tel est le portrait. C'est ce qui nous fait dire que depuis sept ans, on a berné la population. Le gouvernement fédéral nage dans les surplus, continue de le faire et dispose de beaucoup trop d'argent par rapport à ses responsabilités, alors que le gouvernement du Québec et les gouvernements des autres provinces canadiennes ne disposent pas assez de fonds stables et prévisibles pour pouvoir financer les besoins fondamentaux de la population, et c'est ce qu'on leur demande.
Lorsqu'on met en place un gouvernement au Québec, comme dans les provinces canadiennes, la population demande que ce gouvernement la serve dans les champs de compétence des gouvernements du Québec et des provinces. C'est donc la santé; c'est l'éducation; c'est le soutien au revenu; ce sont les services publics, comme l'entretien des routes et autres. On leur confie un mandat. Toutefois, s'ils n'ont pas les ressources suffisantes pour rencontrer ces mandats, parce que le gouvernement fédéral les prive de moyens que normalement elles devraient avoir pour réaliser lesdits mandats, est-ce qu'on n'appelle pas cela un dysfonctionnement? Est-ce que c'est normal d'avoir 9 milliards de dollars de surplus ici, alors que la plupart des provinces, sauf l'Alberta bien entendu qui nage dans le pétrole—ici, on nage dans les surplus, eux nagent dans le pétrole—, subissent le déséquilibre fiscal? Est-ce que c'est normal de se retrouver devant une situation comme celle-là? Non.
Il y a trois autres conséquences au surplus, à part la situation de déséquilibre fiscal qu'on subit depuis plusieurs années et qu'on subira encore au cours des prochaines années.
Premièrement, les besoins de la population ne sont pas comblés.
Deuxièmement, avec ces surplus, le gouvernement fédéral en profite pour faire des intrusions dans des champs de compétence provinciale. Seulement au cours des quatre dernières années, il y a eu des intrusions totalisant 16 milliards de dollars. C'est-à-dire que le gouvernement fédéral a pris l'argent des contribuables, a réalisé des surplus et en a profité pour envahir les champs de compétence qui, en vertu de la Constitution, sont dévolus aux provinces. C'est 16 milliards de dollars pour brouiller les cartes. Lorsqu'il y a un bateau, cela prend un capitaine; cela n'en prend pas deux. D'ailleurs, le premier ministre devrait le savoir puisque cela fait longtemps qu'il est dans les bateaux. Il devrait savoir qu'on ne peut pas avoir deux capitaines pour un même bateau. C'est ce que le fédéral fait. En effet, il fait de l'intrusion dans le secteur de l'éducation et dans le domaine de la santé. Il profite justement des surplus pour faire cela.
Je peux vous donner des exemples d'intrusion. On parle de 16 milliards de dollars depuis les dernières années. D'ailleurs, le chef du Bloc québécois a mis en place un comité dont j'ai eu l'honneur de faire partie, de même que mon collègue de Joliette et l'ancien président du Conseil du Trésor du Québec, M. Léonard. On constatait que depuis 1994-1995, et en particulier au cours des cinq dernières années, il y a eu, de la part du gouvernement fédéral, plus de dépenses dans les champs de juridiction du gouvernement du Québec et des provinces que dans ses propres champs de juridiction.
Pour les cinq dernières années, on parle de 16 milliards de dollars, ce qui n'est pas peu dire.
On peut donner plusieurs exemples: la Stratégie emploi jeunesse, le Fonds pour l'adaptation des services de santé, le Programme d'action communautaire pour les enfants, le Programme canadien de nutrition prénatale, le Système canadien d'information sur la santé, la Fondation canadienne des bourses du millénaire, le renforcement des collectivités du secteur bénévole, l'Institut canadien de recherche en santé.
Parlons-en, des fondations, dont la Fondation canadienne pour l'innovation. Chaque fois que des fonds sont versés dans ces fondations, le Parlement perd tout le contrôle. Encore dans des champs de compétence du gouvernement du Québec, on retrouve le Fonds de recherche et d'évaluation des services pour le personnel infirmier. Qu'est-ce qu'ils connaissent là-dedans? Ils gèrent deux sites d'hôpitaux: un pour les autochtones et un pour les anciens combattants, et c'est un cafouillis monumental, une catastrophe. Qu'ils ne viennent pas nous dire comment fonctionner dans le secteur de la santé. On peut parler aussi de l'Initiative de partenariat en action communautaire et de l'aide aux sans-abri. Toutes ces choses relèvent des champs de juridiction du Québec et des provinces.
Quand l'argent vous sort par les oreilles, c'est ce qui arrive. On investit dans des champs de compétence des provinces. On impose des conditions lorsqu'il y a des programmes à frais partagés. Ainsi, on se retrouve dans une situation comme celle où l'on se retrouve à l'heure actuelle. Pour les besoins essentiels, primaires et fondamentaux, les provinces manquent d'argent. Par contre, ici, le gouvernement fédéral en a trop.
À quoi d'autre conduit une situation de surplus, en plus de ces intrusions? Cela conduit à des gaspillages et à de la corruption. S'agissant de gaspillage, depuis 1998, il y a eu une augmentation sans précédent des dépenses de fonctionnement du gouvernement fédéral. Cela se produisait pendant que le premier ministre était ministre des Finances. Il s'agissait du bon gestionnaire qui disait gérer les fonds publics avec responsabilité et être prudent. De 1998 à 2003, on a noté une augmentation de 39 p. 100 des dépenses de fonctionnement, alors que l'inflation au cours de cette période était autour de 10 p. 100. Est-ce de la responsabilité que d'augmenter les dépenses de fonctionnement trois fois, même presque quatre fois plus que l'inflation? On repassera.
C'est un bon gestionnaire? C'est facile. De quelle façon pensez-vous qu'on a accumulé les surplus? Les surplus à l'assurance-emploi et les coupures dans le Transfert social canadien sont des mesures qui ne touchaient pas les dépenses de fonctionnement du gouvernement fédéral, mais plutôt les services aux citoyens et concernaient leur bien-être.
Je pense que tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a eu corruption. Le dossier des commandites représente peut-être juste la pointe de l'iceberg. Quand il y a trop d'argent, c'est ce qui arrive. La corruption est accélérée ou même encouragée lorsqu'on a trop d'argent à dépenser et qu'on ne sait plus où le dépenser.
Cette motion a pour but de remettre le gouvernement dans le droit chemin et d'enclencher immédiatement le travail au Comité permanent des finances pour faire en sorte qu'on trouve une solution pour régler le déséquilibre fiscal.
On nous parle des deux conférences. On dit que c'est merveilleux, qu'on a réglé une bonne partie du problème. Laissez-moi vous indiquer qu'avec la conférence sur la santé et celle qui vient de se terminer avant-hier, le Québec recevra 800 millions de dollars de plus cette année. Savez-vous ce que cela prend comme transfert de ressources fiscales, entre autres par le transfert du champ de la TPS au gouvernement du Québec? Cela prend un montant supplémentaire de 2,4 milliards de dollars. Pour régler le déséquilibre fiscal, en partant, on parlait de 3,3 milliards de dollars uniquement cette année pour le gouvernement du Québec. Avec les 800 millions de dollars, il y a un manque à gagner de 2,4 milliards de dollars. On nous donne 800 millions de dollars et on oublie de dire qu'on est allé chercher, en surplus, 2 milliards de dollars en impôts dans les poches des Québécois et des Québécoises. Notre part du surplus correspond à 2 milliards de dollars sur les 9 milliards. Les Québécois ont payé 2 milliards de dollars de trop en impôts au gouvernement fédéral. Maintenant, on nous redonne 800 millions de dollars et il faudrait crier bravo.
Il est temps que cette supercherie, cette attitude clownesque, cette bouffonnerie cesse. À l'heure actuelle, ce sont les contribuables, les personnes malades, les étudiants, les personnes à faible revenu qui paient pour l'incurie gouvernementale et pour le mensonge.
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Madame la Présidente, je m'aperçois d'une chose. Nous avons l'ancien ministre des Finances qui ne savait pas compter. Maintenant, il est premier ministre et, d'après moi, il ne sait pas plus compter. Nous avons un ministre des Finances qui ne sait pas compter lui non plus. Nous en avons eu un autre avant, M. Manley, qui ne savait pas compter non plus. Le secrétaire parlementaire est dans la même situation.
Doit-on conclure que dans ce gouvernement, personne ne sait compter? Il y a toujours une limite. Ils sont censés représenter la population. Dans une distribution normale de la population, une très grande majorité de gens savent compter. Je ne peux pas croire que chez les libéraux, ce ne soit pas représentatif.
La situation est la suivante. À propos de tout ce que mon collègue a énuméré tout à l'heure comme responsabilités, comme dépenses du gouvernement fédéral, a-t-il réalisé une chose? Je pense que non et je vais la lui faire réaliser.
Au 31 mars dernier, après que le gouvernement fédéral ait tout payé, soit ses responsabilités décrites dans la Constitution, ses intrusions qu'il a déjà faites dans les champs de juridiction des provinces, ses petites affaires à lui, comme faire paraître le drapeau canadien un peu partout sur toutes les chaumières, malgré tout cela et après avoir payé une partie de la dette, il s'est retrouvé avec un surplus de 9,1 milliards de dollars. Est-ce assez clair? Un surplus, c'est ce qui reste quand on a tout payé. Il me semble que c'est un principe simple. On n'a pas besoin d'une formation en comptabilité pour comprendre cela. C'est comme cela tous les ans.
Est-ce qu'on va arrêter de nous rebattre les oreilles avec les fichus points d'impôts. Ces points ont été octroyés en 1964 lors de la conférence de Québec et un peu en 1971. L'essentiel, c'était en 1964. La redéfinition des champs fiscaux de 1964, cela devient maintenant un déboursé du gouvernement fédéral actuel. Ce n'est pas vrai. C'est donné, c'est cédé.
Lorsque vous vendez votre maison et qu'elle vous est payée cash, ce n'est plus votre propriété. Si vous la vendez, elle devient la propriété de l'acheteur. En 1964, on a cédé des points d'impôts; ils ne sont plus la propriété du gouvernement fédéral.
Si on a quelque chose à retenir de la conférence de 1964, c'est qu'il faudrait la reproduire. Nous sommes rendus à un point où cela est devenu indécent.
Une voix: Oh, oh!
M. Yvan Loubier: J'écoute le député d'Outremont. Il devrait lui aussi commencer à apprendre à compter parce que je pense qu'il a des problèmes avec cela. Vous allez me dire que ce n'est pas son seul problème et je suis d'accord avec vous.
Il faudrait reproduire l'exercice de 1964 justement. Nous en sommes rendus là parce que c'est disproportionné et cela devient indécent que le gouvernement fédéral, tous les ans, avec son sourire niais, nous présente les surplus réels en disant: « Nous nous sommes trompés et la conjoncture... »
Madame la Présidente, savez-vous ce que c'est que cela? C'est une calculatrice qui vaut à peu près 50 $. Avec cela, on est capables d'arriver à un calcul des surplus à 3 p. 100 près.
Une voix: Non, elle vaut 10 $.
M. Yvan Loubier: La calculatrice vaut 10 $, c'est encore pire. On va leur en offrir chacun une s'il le faut pour qu'ils apprennent à compter. Avec une simple calculette comme celle-là, on est capables d'arriver à 3 p. 100 près sur l'évaluation du surplus, un an à l'avance.
C'est pour cela que je vous disais tantôt que le gouvernement, le premier ministre, le ministre des Finances, le secrétaire parlementaire et le député d'Outremont à travers cela ternissent la réputation des économistes du ministère des Finances. Ceux-ci ne sont pas à l'aise avec les prévisions tout à fait dénaturées qu'on nous présente depuis sept ans. J'en suis persuadé. J'en connais quelques uns personnellement. Je suis allé à l'université avec eux. Ils savent compter autant que moi. Ils réussissaient aussi bien que moi à l'université. Si moi, avec une petite équipe du Bloc québécois, je suis capable de prévoir les surplus à 3 p. 100 près, je ne peux pas croire qu'au ministère des Finances ils n'en sont pas capables. On ternit la réputation de ces gens-là.
Pour ce qui est de la dette, parlons-en. C'est un peu une question fleuve que le député avait. J'ai aussi une réponse fleuve. Si on est de bons gestionnaires, on comprend une chose. Quand vous avez deux dettes et un contribuable, vous commencez par rembourser la dette qui est la plus coûteuse à gérer. Là, on fait le contraire.
On rembourse de façon accélérée la dette qui coûte le moins cher à gérer—celle du gouvernement fédéral, parce qu'il a une meilleure cote au niveau des taux d'intérêts—et on laisse aller les dettes provinciales, entre autres celle du Québec, avec des taux d'intérêts qui sont moins avantageux. On laisse grossir cette dette-là.
Où est la saine gestion? Il y a toujours un contribuable, mais celui-ci gaspille une partie de son argent parce qu'on rembourse les dettes qui coûtent moins cher à gérer et on laisse s'accumuler les autres qui augmentent.
À question fleuve, réponse fleuve. Troisièmement, au Conference Board, le ministre des Finances lui-même a demandé la révision des surplus au cours des prochaines années. C'est une révision très conservatrice qui donne 164 milliards de dollars de surplus du gouvernement fédéral au cours des 11 prochaines années. Ce n'est pas moi qui l'ai commandée, c'est son ministre des Finances.
Il devrait peut-être s'enquérir des gestes et des actions de son ministre des Finances, parce qu'il ne semble pas savoir ce qu'il a fait pour nous présenter des analyses qui sont tordues comme celle-là.
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Madame la Présidente, je suis très heureux de pouvoir participer à ce débat aujourd'hui dans le cadre de cette journée d'opposition. En effet, cela nous donne l'occasion de faire un peu un bilan des mesures qui ont été prises par ce gouvernement depuis sa récente élection. On doit dire que dans les quelques mois qui ont suivi l'élection, ce gouvernement a livré la marchandise quant à des engagements majeurs.
On sait que le thème principal de l'élection était la santé. On sait que c'est la préoccupation majeure des Canadiens. Notre premier ministre, en collaboration avec les premiers ministres provinciaux, a réussi à négocier une entente historique. Ce fut une entente historique par sa magnitude mais aussi une entente historique par sa flexibilité. Le premier ministre avait promis, pendant la campagne électorale, de livrer des montants supplémentaires pour permettre de réduire les listes d'attente et pour permettre aux provinces d'injecter plus d'argent dans les frais de fonctionnement de la santé.
C'est tellement agréable de se lever aujourd'hui et de dire: mission accomplie! Au cours des prochaines années, les provinces recevront 41,3 milliards de dollars de plus. C'est de l'argent! Cela a permis à toutes les provinces de signer cet accord. C'est un élément important, parce que beaucoup d'ententes ont été conclues par le passé et il y en avait toujours qui hésitaient ou quelqu'un qui partait plus tôt. Dans ce cas-ci, toutes les provinces, y compris le premier ministre du Québec, ont signé un accord et sont sorties de là avec une entente où tous étaient gagnants.
Toutefois, les vrais gagnants de cette entente sur la santé sont les gens les plus faibles de notre société, ceux qui souffrent de maladies et qui aujourd'hui peuvent espérer avoir des soins de qualité, et ce, en temps opportun. En effet, on sait qu'en santé, il ne s'agit pas seulement d'avoir un accès éventuel. Souvent, il s'agit d'avoir les soins le plus rapidement possible. Cela réduit ainsi le problème de la maladie et souvent, la prévention aide également.
En ce sens, maintenant, les provinces ont suffisamment d'argent et de prévisibilité pour pouvoir mettre en place un système de santé efficace et bien financé.
Une voix: Dites-le sans rire!
L'hon. Jean Lapierre: Je le dis sans rire, parce que le ministre de la Santé du Québec, un spécialiste très respecté, était très heureux: il a applaudi cette entente. Il a en effet applaudi cette entente, parce qu'il sait qu'il aura maintenant la marge de manoeuvre pour moderniser des installations, pour acheter de nouveaux équipements et pour embaucher le personnel nécessaire. En ce sens, je suis surpris de ne pas avoir entendu les députés du Bloc québécois féliciter le gouvernement, applaudir le gouvernement d'avoir réussi à signer cette entente historique. Imaginez la sensibilité de ce gouvernement aux besoins des provinces!
Quelques semaines plus tard, à la demande des provinces, on a une réunion sur la péréquation avec une entente préétablie. En effet, au moment de la conférence sur la santé, les provinces avaient fait un consensus. Elles avaient demandé 10,9 milliards de dollars en péréquation. Le premier ministre, attentif aux demandes des provinces, a dit: « Parfait, c'est réglé! » Les provinces disent: « Pourrait-on avoir une réunion, parce qu'il faut se parler de la distribution de ce montant. Donc, pourrait-on se voir un peu plus tard? » Encore une fois, le premier ministre, sensible et attentif, a dit: « Parfait, on aura une réunion au mois d'octobre. »
Cette réunion a effectivement eu lieu. Les 10,9 milliards de dollars étaient sur la table. Le premier ministre avait encore une fois respecté sa parole. Bien sûr, les provinces se sont dit que, peut-être, si elles avaient une autre réunion, elles pourraient essayer d'en avoir un peu plus. Telle est la nature humaine. On sait bien qu'entre l'entente sur la santé et celle sur la péréquation, il y a eu des nouvelles selon lesquelles nous avions un surplus substantiel, mais pas un surplus pour nous permettre de gaspiller. Non. C'est un surplus que nous avons de manière responsable affecté à la dette du pays. On n'a pas décidé de prendre cet argent en se disant qu'on avait un surplus et que l'économie allait très bien. Non, pas du tout. C'est quand cela va bien qu'il faut payer nos dettes, non pas quand cela va mal.
En raison de nos succès économiques, l'économie canadienne a finalement provoqué plus de revenus pour l'État canadien, ce qu'on jumelle à une bonne administration. Tous les jours, quand j'entends dire qu'on a un surplus, je me réjouis, puisque je me dis que ce gouvernement administre bien et qu'il n'est pas dépensier. On sait ce que veut dire pour le contribuable, le jeudi, de se faire enlever un montant sur sa paye. On se dit que quand l'économie va bien, pour l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants, essayons de réduire la dette. Laissons-leur un héritage respectable.
C'est exactement ce qui s'est passé. Un montant de 9,1 milliards de dollars a été appliqué à la dette. Toutefois, on ne peut certainement pas dire que c'est mission accomplie. Quand on nous demande de dépenser à qui mieux mieux, il faut se rappeler que nous devons encore 500 milliards de dollars. C'est beaucoup d'argent. Nous n'avons pas le droit de laisser cela en héritage à nos enfants et à nos petits-enfants. À ce moment-ci, parce que les taux d'intérêts sont bas, on peut se créer une illusion d'optique, mais nous ne savons pas ce qui nous attend ni ce que l'avenir nous réserve. Nous avons été responsables. Nous avons appliqué ce montant à la dette.
Bien sûr, il y a cette entente sur la péréquation. Encore une fois, nos collègues diront certainement que ce n'est jamais assez. Or, 33 milliards de dollars de plus au cours des 10 prochaines années seront versés aux provinces. Ce n'est pas des pinottes! Quand on regarde cela, je sais que mes collègues du Bloc québécois n'aiment pas voir que le Québec bénéficiera cette année de 477 millions de dollars de plus en termes de péréquation. Cela veut dire qu'Ottawa doit avoir fait son travail pour avoir reconnu les pressions financières. Bien sûr, l'an prochain, 1,121 milliard de dollars de plus seront versés. Cela aussi aide une province à réduire ses pressions financières.
Quand on regarde cela, le gouvernement du Québec, M. Séguin en tête, a demandé d'avoir de la stabilité, pour s'assurer que cela ne va pas en dents de scie. Mission accomplie, encore une fois. La marchandise fut livrée, puisque, à l'avenir, nous garantirons un plancher en péréquation et nous garantirons une croissance de 3,5 p. 100. Comment peut-on être plus stable et plus sécurisé comme revenu? C'est d'une manière extrêmement responsable que le premier ministre a répondu à cette demande légitime des provinces qui voulaient une certaine prévisibilité. Nous avons reconnu la faiblesse, et c'est pour cela que nous avons finalement rénové le système pour qu'il soit plus fiable et plus prévisible.
En termes de pourcentage, le Québec sort de cette conférence avec 43 p. 100 du budget. Ce n'est pas une mince somme. Bien sûr, nous espérons tous, du moins moi, comme Québécois, j'espère qu'un jour on n'aura plus recours du tout à la péréquation parce que l'économie du Québec sera rendue à un niveau tel qu'on n'en aura pas besoin. Je l'espère. C'est à cela qu'on s'attarde. C'est pour cela qu'on est à développer une politique sur l'aéronautique pour s'assurer que le secteur vital de notre économie se porte encore mieux.
Pour le moment, le programme est extrêmement généreux. On ne pourra jamais viser à atteindre la lune. Toutefois, une chose est certaine: je pense que les montants sont substantiels, mais ce n'est rien comparativement à ce qui s'en vient.
Si nous avons livré la marchandise en matière de santé, si nous avons tenu nos engagements en matière de péréquation, surveillez-nous dans notre entente avec les villes et avec les provinces. En campagne électorale, le premier ministre a dit que nous allions nous rendre jusqu'à un remboursement de 5 ¢ du litre d'essence sur une période de cinq ans.
Ce sera le plus grand programme d'infrastructures, le plus grand chantier qu'il y ait jamais eu au Canada. En effet, année après année, jusqu'à 2 milliards de dollars seront investis pour aider les municipalités. À cela il faut ajouter le transfert de la TPS.
On peut regarder l'esprit avec lequel nos collègues—entre autres mon collègue responsable des infrastructures—sont allés rencontrer les représentants des provinces pour s'assurer qu'on ait la flexibilité nécessaire, dans le respect de la Constitution, reconnaissant bien sûr que les municipalités sont les créatures des provinces. Encore une fois, on va pouvoir livrer la marchandise dans l'harmonie et dans la bonne entente. Cet engagement, pris devant la Fédération canadienne des municipalités, va être livré.
On parle de réduire les pressions financières sur le gouvernement du Québec et je sais qu'ils attendent avec impatience la signature de cette entente. Nous espérons pouvoir le faire dans les prochains mois pour être en mesure de livrer, encore une fois, des montants substantiels dès le prochain budget du ministre des Finances.
Partout à travers le pays, les maires et les conseils municipaux peuvent se dire que la parole du premier ministre, encore une fois, va être respectée. Donc, la santé, la péréquation, les villes, ce sont trois engagements formels qui ont été pris et pour lesquels ce sera « mission accomplie » dans quelques mois.
Maintenant, voici un autre engagement qui va encore réduire les pressions financières du gouvernement du Québec. Le gouvernement du Québec a un programme de garderies exemplaire mais qui coûte très cher, beaucoup plus cher que le gouvernement ne l'avait prévu à l'époque où il avait été mis en place. Une chose est certaine, ce programme mérite d'être imité ailleurs au pays, pour le bien des enfants.
Il est clair que nous nous sommes engagés à donner jusqu'à 5 milliards de dollars sur cinq ans dans ce programme. Le gouvernement du Québec a déjà fait ses devoirs. Il est clair que cela va se traduire en transfert financier. Encore une fois, ce sera un transfert qui va permettre d'abaisser les pressions financières.
Chaque programme, chaque entente, qui est signée, négociée et livrée. est une bonne nouvelle pour le ministre des Finances du Québec. Chaque entente l'amène vers des finances moins serrées. Nous ne pouvons pas prendre la responsabilité des finances du Québec. Le ministre a ses responsabilités constitutionnelles. Que nous fassions un effort, d'accord, on le fait. On s'est engagé, on livre. Cependant, nous avons aussi des besoins à notre niveau de juridiction.
On pense qu'on peut tout simplement passer notre temps à envoyer de l'argent, mais il faut qu'il y ait des raisons légitimes. Par exemple, dans nos propres domaines de juridiction, je peux vous dire que tous les jours je résiste à des pressions en matière de transport. J'ai ici des collègues qui aimeraient bien que j'aide les petits aéroports. D'autres voudraient qu'on améliore le système de transport ferroviaire. D'autres ont certains besoins au niveau portuaire. Chaque jour, nous devons faire preuve d'une discipline de fer. J'ai des collègues qui aimeraient qu'on dépense dans des études de toutes sortes en matière de transport. Cela arrive chaque jour. Je suis obligé de me restreindre car nous sommes fiscalement responsables.
Quand on regarde cela, mon collègue, le ministre de la Défense nationale, reçoit des demandes tous les jours pour ce qui est de sa responsabilité. Ma collègue du Patrimoine canadien reçoit aussi, tous les jours, des demandes, notamment pour des évènements spéciaux. Tous les grands évènements aimeraient trouver un appui financier. On résiste.
Des voix: Oh, oh!
Une voix: Ou on accepte!
Une voix: On résiste quand on ne peut pas acheter le monde!
L'hon. Jean Lapierre: Mon collègue, le ministre de l'Environnement a énormément de pressions. Dans les parcs, partout à travers le pays, on aimerait qu'il dépense plus. Encore une fois, il dit non parce que nous devons répondre à nos priorités actuelles pour lesquelles nous nous sommes engagés.
On s'est engagés dans le domaine de la santé. On s'est aussi engagés dans le domaine des garderies. On s'est engagés en matière de péréquation. On s'est engagés dans les municipalités, et on livre la marchandise.
Toutefois, c'est certain que chaque fois qu'on livre dans ces domaines—et des montants substantiels—, cela nous donne moins de marge de manoeuvre dans nos propres ministères. On est tellement disciplinés qu'on est actuellement à faire une révision des dépenses pour les réduire de 5 p. 100 dans nos propres ministères pour justement mieux accommoder les provinces. Imaginez-vous que moi, chaque jour, je dois regarder toutes les dépenses du ministère, en disant: « Est-ce que je peux comprimer ceci ou cela »! En effet, on veut aider le Québec, l'Ontario, les Maritimes, l'Ouest. Tous les jours, on doit faire cela. C'est cela de la discipline financière.
Si, à la fin de l'année, après avoir vraiment administré de manière impeccable, on arrive avec des surplus, eh bien bravo, tant mieux pour nos enfants, tant mieux pour nos petits-enfants! On ne s'excusera pas de faire des surplus dans ce Parlement, au contraire. On ne s'excusera pas de bien administrer. On ne s'excusera pas de payer la dette. Je ne serai jamais gêné devant mes enfants et mes petits-enfants pour dire que sous cette administration, plus de 60 milliards de dollars ont déjà été appliqués à la dette. Ce n'est pas un péché de payer nos dettes; c'est une qualité.
Quand on regarde ce qui se passe actuellement dans nos relations avec les provinces, dans l'ensemble, en dehors de la rhétorique, quand on regarde les faits objectivement, on doit dire qu'on fait une saprée bonne job. On doit dire que jamais un gouvernement n'a été aussi attentif et aussi généreux envers les besoins des provinces. Ce gouvernement est en train de se donner une marque de commerce. C'est un gouvernement attentif, mais surtout un gouvernement qui remplit ses engagements, et c'est ce qui fatigue l'opposition.
En effet, on sait que les gens connaissent ce à quoi on s'est engagés et ce qu'on va livrer. On livre actuellement. C'est vrai. Ce faisant, je sais que l'opposition va manquer de prise contre le gouvernement. En effet, l'opposition va regarder le programme électoral, le bilan des réalisations et à ce moment-là, les Canadiens et les Québécois diront: « Quel bon gouvernement à Ottawa! » Lorsqu'ils en auront l'occasion, dans les prochains mois, les prochaines années ou peut-être dans les prochaines semaines, les gens pourront regarder nos engagements et notre bilan, et on ne sera pas gênés. On ne sera pas gênés de retourner devant le peuple à n'importe quel moment, parce qu'on est en train de se donner un bilan extraordinaire.
Je sais que cela fatigue l'opposition. Même dans un contexte minoritaire, où c'est encore plus difficile, on livre quand même. Quand on regarde cela, quand on regarde les ententes à venir—pas dans la semaine des quatre jeudis—dans les prochains mois, les gouvernements provinciaux s'apercevront qu'ils ont ici un allié en la personne du premier ministre. Les gouvernements provinciaux réaliseront que chaque engagement qui a été pris pendant la campagne électorale sera réalisé.
De plus, je peux citer une source plus neutre et objective que moi. Ce matin, j'ai lu André Pratte, dans La Presse. Ce dernier dit:
Toutefois, les améliorations substantielles apportées aux montants et au fonctionnement des transferts fédéraux rendent beaucoup moins convaincante la thèse du déséquilibre fiscal.
Il ajoute de plus, en parlant d'ententes diverses qu'on a signées:
Pour le gouvernement du Québec, cela représente une augmentation d'environ 3 milliards par année.
Cela vient d'une source crédible, soit M. Pratte, qui a bien examiné tout cela. Il regarde cela d'une manière complètement détachée. Il dit en outre:
Plus important, le fédéral a entrepris de corriger le plus grave défaut du système de péréquation, la variabilité des paiements qui rendaient fous les ministres provinciaux des Finances. Dorénavant, le programme sera tout simplement indexé de 3,5 p. 100.
Il est évident que les observateurs extérieurs regardent cela et applaudissent. Les seuls qui n'ont pas félicité le premier ministre pour l'entente sur la santé, les seuls qui ne se réjouissent pas à l'idée qu'on ait une entente avec les municipalités, les seuls qui ne sont pas contents de voir qu'on aura un programme national de garderies avec toute la flexibilité et le respect de la Constitution, ce sont les députés de l'opposition, parce qu'ils savent que le succès de la population et le succès de ce gouvernement sont intimement liés, et qu'ils auront l'air de vrais fous.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de St. John's-Est. Comme le député de Saint-Hyacinthe—Bagot et tous les autres députés de la Chambre le savent, le Parti conservateur croit que le déséquilibre fiscal est une réalité, et nous appuyons la motion. Nous savons également que le gouvernement libéral est responsable de ce déséquilibre. Le fait que l'existence même du déséquilibre fiscal soit matière à discussion démontre l'arrogance du gouvernement.
Je commencerai mon intervention en suggérant que le gouvernement devrait tout d'abord admettre qu'il y a un problème. Il devrait reconnaître que le déséquilibre fiscal existe et qu'on doit se pencher sur la situation et la régler.
[Français]
En termes simples, le déséquilibre fiscal provient du fait que le gouvernement fédéral prélève plus d'impôts qu'il n'en a besoin pour remplir ses obligations. Il en résulte des excédents budgétaires récurrents au niveau fédéral et des déficits au niveau provincial.
Alors que le gouvernement fédéral engrange des surplus toujours plus importants que prévu, les provinces peinent à fournir les services de santé et les services sociaux essentiels.
Ce fossé grandissant entre le budget fédéral et les budgets provinciaux empêche les provinces de faire de la planification à long terme et les oblige à dépendre perpétuellement des transferts fédéraux pour leurs programmes.
C'est trop peu, trop tard. Et cette aide est souvent liée à des conditions comme l'atteinte d'objectifs fédéraux. Si les provinces n'atteignent pas ces objectifs ou souhaitent poursuivre d'autres objectifs importants, elles n'obtiennent pas les fonds promis.
Les provinces se trouvent ainsi dans une situation où elles ne peuvent pas refuser de contribuer financièrement à de nouvelles initiatives de politique fédérale. Elles sont alors obligées de mettre en oeuvre des programmes qui ne répondent pas à leurs priorités locales.
Alors qu'il croule sous les excédents, le gouvernement fédéral offre pour toute solution d'augmenter l'impôt provincial pour payer les programmes sociaux. Toutefois, le prélèvement de nouveaux impôts et l'accumulation de déficits ne sont pas la solution.
Il est clair que la structure fiscale actuelle ne répond plus aux besoins des provinces et des territoires.
[Traduction]
Dans la motion, on fait allusion à l'attitude arrogante du premier ministre lors de la rencontre de mardi sur la péréquation et je voudrais aborder brièvement cette question.
À l'issue de la rencontre du 26 octobre, une nouvelle entente en matière de péréquation devait avoir été conclue. Lors de la réunion des premiers ministres sur la santé en septembre dernier, les provinces ont demandé la tenue d'une autre réunion visant expressément à aborder les questions du déséquilibre fiscal et de la péréquation. Le premier ministre a indiqué aux premiers ministres du Québec et des autres provinces que cette réunion aurait lieu avant le dépôt du prochain budget et qu'on y aborderait la question du déséquilibre fiscal.
Le premier ministre a manqué à sa parole. Il a continué à nier l'existence du déséquilibre fiscal et a refusé de discuter spécifiquement du déséquilibre fiscal à la réunion du 26 octobre.
Lors de la rencontre, il est devenu évident que ni les provinces, ni le gouvernement fédéral ne feraient de compromis. La réunion se résumait à une proposition qui était à prendre ou à laisser et les problèmes de péréquation soulevés par les provinces n'ont pas fait l'objet de discussion. La question du déséquilibre fiscal n'a également pas été abordée. On n'a pas discuté du contexte financier général entourant les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces et territoires. Le premier ministre n'a fait preuve d'aucune souplesse. En fait, il était tellement intraitable qu'il a renié un engagement pris avec le premier ministre Danny Williams, soit de laisser au gouvernement et aux habitants de Terre-Neuve-et-Labrador l'intégralité des recettes tirées des ressources extracôtières de la province, sans récupération aux termes du programme de la péréquation.
Ce sont là de belles paroles et de belles promesses à faire pendant une campagne électorale, mais il est moins facile de les respecter, particulièrement lorsqu'on s'est bâti une carrière à titre de ministre des Finances en disant non aux aspirations de Terre-Neuve-et-Labrador et d'autres provinces.
Comme l'a demandé le chef de l'opposition mardi dernier, pourquoi ne pas permettre aux provinces de disposer pleinement des recettes de l'exploitation de leurs ressources et pour quelle raison le premier ministre empêche-t-il Terre-Neuve-et-Labrador d'avancer?
Il y a d'autres problèmes parce que le gouvernement sait qu'un accord avec la province de Terre-Neuve-et-Labrador ne serait qu'un début. Si les recettes provenant des ressources naturelles de cette province bénéficiaient d'une exemption, le gouvernement devrait accorder le même traitement à la Nouvelle-Écosse et à la Saskatchewan, qui partagent les mêmes préoccupations. Les territoires du Nord demanderaient alors un traitement semblable, comme toutes les autres provinces dont l'économie repose sur les ressources naturelles. Au lieu de se servir du programme de péréquation pour récupérer auprès des provinces une partie des recettes provenant des ressources, le gouvernement fédéral devrait laisser les provinces prospérer.
Que ferait donc le gouvernement s'il cessait de s'immiscer dans les champs de compétence provinciale? Les Canadiens s'intéresseraient peut-être alors à des questions relevant véritablement de la compétence fédérale? Parlerait-on plus du manque de respect que le gouvernement a témoigné envers nos forces armées? Se pourrait-il que notre bilan catastrophique en matière commerciale et que les politiques libérales préjudiciables à la croissance deviennent alors une préoccupation plus pressante?
Le gouvernement bloque l'essor des provinces de deux façons. L'exemple le plus flagrant, c'est la façon dont il a, cette semaine, récupéré des provinces les recettes provenant des ressources. Sa deuxième façon de faire, c'est de persister à nier l'existence d'un déséquilibre fiscal. Le problème fondamental du gouvernement libéral, c'est qu'il ne respecte pas les compétences des provinces par son attitude en ce qui concerne la péréquation, les recettes provenant des ressources et le déséquilibre fiscal.
Le gouvernement va laisser entendre qu'il a corrigé le problème du déséquilibre fiscal en haussant les plafonds liés à la péréquation et en conférant plus de stabilité au programme de péréquation. Il prétendra aussi que c'est par le biais des paiements de transfert et de la péréquation qu'on règle le déséquilibre fiscal.
Or, la péréquation et les paiements de transfert ne règlent pas le problème du déséquilibre fiscal. En réalité, ces paiements de transfert font partie des recettes que le gouvernement fédéral utilise pour exercer de la coercition envers les provinces et pour imposer les priorités fédérales dans les champs de compétence provinciale.
C'est là le problème fondamental. Au lieu de laisser les provinces répondre à leurs priorités locales, le gouvernement fédéral vient modifier leurs priorités en leur faisant miroiter plus d'argent. Évidemment, comme le gouvernement fédéral s'est montré très radin avec les provinces, celles-ci n'ont d'autres choix que d'accepter les conditions du gouvernement fédéral. J'insiste sur le fait que ces conditions coïncident rarement avec les priorités locales.
De plus, le gouvernement fédéral a un blocage par rapport au déséquilibre fiscal parce qu'il a l'habitude d'enregistrer d'importants excédents. Il ne veut pas renoncer à ces excédents parce qu'il en a besoin pour embellir son bilan. Le gouvernement se sert constamment de l'excédent comme d'une carotte qu'il brandit devant les provinces pour les questions touchant les soins de santé, la péréquation et, maintenant, les municipalités et les services de garde.
Le déséquilibre fiscal est plus qu'une simple distorsion entraînée par la comptabilité financière. Il est le fondement du mode opératoire du gouvernement. Ce dernier sait qu'en maintenant les provinces dans une situation économique précaire, il peut mieux les manier, s'immiscer dans leur budget et fausser leurs priorités.
Les raisons pour lesquelles le gouvernement fédéral ne permet pas à Terre-Neuve-et-Labrador de prospérer grâce aux recettes provenant de l'exploitation de ses ressources extracôtières sont assez claires. Les raisons pour lesquelles le premier ministre refuse de tenir des réunions sur le déséquilibre fiscal et d'y mettre finalement fin sont encore plus claires. S'il décidait de remplir les promesses qu'il a faites aux provinces pour rehausser sa cote de popularité, il serait alors incapable de tenir ces dernières en otage lors des réunions sur la santé ou sur la péréquation.
Lors de ma première intervention à la Chambre, au début du mois, j'ai dit que le gouvernement aurait beaucoup de mal à s'attaquer au déséquilibre fiscal et à y mettre fin. Il n'a confiance ni dans les autres gouvernements, ni dans les Canadiens. Ce manque de confiance est devenu encore plus apparent hier et depuis l'histoire du surplus dyslexique d'il y a quelques semaines. Le gouvernement n'a aucune confiance dans les gouvernements et dans les services provinciaux, et les Canadiens en payent les conséquences. Le gouvernement n'a aucunement foi dans les Canadiens et ressent le besoin de contrôler tous les aspects de leur vie, même ceux qui ne relèvent pas de la compétence que lui reconnaît la Constitution.
Les Canadiens méritent mieux que cela; ils méritent d'avoir deux ordres de gouvernement qui travaillent en harmonie et s'acquittent efficacement de leurs responsabilités respectives. Ils n'ont pas besoin d'un gouvernement fédéral qui fait parfois double emploi avec les provinces, et ils n'ont pas besoin d'un gouvernement fédéral qui s'obstine à les surveiller de près.
Il est temps de rectifier le déséquilibre fiscal.
:
Madame la Présidente, j'ai aussi quelques commentaires à faire à propos de la motion du Bloc québécois sur le déséquilibre fiscal, motion que j'appuie, d'ailleurs. J'ai entendu dire que Terre-Neuve-et-Labrador était victime d'un excès d'argent, un excès d'argent à Ottawa, mais pas assez dans la province.
Je pense qu'au cours des quelques derniers jours, nous avons tous eu amplement le temps de saisir l'ampleur du déséquilibre fiscal, notamment en ce qui concerne Terre-Neuve-et-Labrador. Récemment, nous avons entendu le premier ministre de notre pays faire à Terre-Neuve-et-Labrador une offre à prendre ou à laisser selon laquelle la province ne recevrait pas 100 p. 100 des recettes provenant de l'exploitation de ses ressources. En présentant cette offre, le premier ministre a rompu la promesse qu'il avait faite aux habitants de Terre-Neuve-et-Labrador lors de la campagne électorale.
Comme tous les députés le savent bien, on a offert aux habitants de Terre-Neuve-et-Labrador une entente de 1,4 milliard de dollars sur une période de huit ans. Si nous déclinions cette offre, nous aurions droit à 100 p. 100 des recettes, jusqu'à un seuil de 234 millions de dollars. En passant, ni l'un ni l'autre de ces montants n'équivaut vraiment à 100 p. 100.
Compte tenu du prix actuel du pétrole, qui se situe à plus de 50 $ le baril, le ministre des Finances de Terre-Neuve-et-Labrador a dit à la population de sa province qu'accepter ce genre d'entente, ce serait renoncer chaque année à des milliards de dollars. Je crois savoir que la population de la Nouvelle-Écosse a aussi rejeté cette entente, en faisant valoir qu'elle est loin de ce que le gouvernement fédéral avait promis à la population de l'Atlantique.
On me permettra d'illustrer à la Chambre à quel point l'entente est bien en-deçà de ce qu'a promis le premier ministre à la population de Terre-Neuve-et-Labrador. Par exemple, si la province encaisse, au cours d'une année donnée, 500 millions de dollars en recettes pétrolières, elle conserverait 234 millions, c'est-à-dire moins de 50 p. 100. C'est loin des 100 p. 100 promis.
À l'heure actuelle, Terre-Neuve-et-Labrador, qui extrait du pétrole depuis 10 ans au large de ses côtes, ne reçoit que 14 p. 100 des recettes, alors que le gouvernement canadien et les pétrolières encaissent 84 p. 100, ce qui est énorme.
L'offre qui a été faite représente effectivement une amélioration par rapport au régime actuel, qui permet à Ottawa de récupérer la majeure partie des recettes de l'exploitation pétrolière en mer en réduisant les paiements de péréquation, mais cette offre ne nous assurerait tout de même pas la totalité des recettes. Ne nous y trompons pas, le premier ministre nous avait bel et bien promis la totalité des recettes pendant la campagne électorale.
Que s'est-il donc passé entre le moment où le premier ministre a faite cette promesse électorale et celui où il a fait une offre écrite bien différente le 14 octobre? C'est que les cours du pétrole ont augmenté, et le fédéral refuse de voir des recettes s'accumuler dans l'économie de Terre-Neuve-et-Labrador.
Le gouvernement fédéral semble penser que s'il perpétue la dépendance du Canada atlantique à son égard, il pourra s'en servir comme d'un moyen de pression au moment des élections. Il pourra en quelque sorte exploiter cette situation et s'assurer les sièges du Canada atlantique en gardant la population de cette région dépendante du fédéral.
Dans les déclarations publiques qu'il a faites pendant la campagne électorale, le premier ministre a bien dit que Terre-Neuve-et-Labrador recevrait la totalité des recettes de l'exploitation pétrolière en mer, mais maintenant que le prix du pétrole est à plus de 50 $ US le baril, il a jugé bon d'ajouter quelques restrictions à sa promesse électorale.
Il s'agit d'une question fort complexe. Je suis convaincu que le ministre qui représente Terre-Neuve-et-Labrador ne comprend pas vraiment l'offre du gouvernement fédéral. Si le ministre comprenait les visées du gouvernement fédéral à l'égard de Terre-Neuve-et-Labrador, il ne serait pas considéré dans sa province d'origine comme le Benedict Arnold de la politique dans cette province.
Si le ministre est à l'écoute, j'aimerais lui expliquer en 60 secondes la teneur du projet fédéral. Le premier ministre a déclaré que nous pouvons obtenir 100 p. 100 seulement jusqu'à ce que notre capacité fiscale soit égale à celle de l'Ontario. Or, la capacité fiscale de l'Ontario est fondée entièrement sur le rendement de son économie. Si celle de Terre-Neuve et du Labrador était fondée uniquement sur le rendement de notre économie, nous obtiendrions 100 p. 100 de nos revenus pétroliers extracôtiers à tout jamais. La condition ne s'appliquerait jamais.
Cependant, dans son offre, le premier ministre a augmenté artificiellement la capacité fiscale terre-neuvienne en ajoutant les paiements de péréquation et les revenus extracôtiers minimes que nous obtenons à l'heure actuelle. Il a ajouté tout cela à notre capacité fiscale pour qu'elle se rapproche de celle de l'Ontario. Cette mesure nous rapproche artificiellement de l'Ontario. Il suffirait d'une faible augmentation de nos revenus extracôtiers pour que notre capacité fiscale atteigne le seuil à partir duquel les dispositions de récupération de la loi sur la péréquation entreraient à nouveau en vigueur de sorte que tous nos revenus retourneraient au gouvernement fédéral.
La capacité fiscale de l'Ontario est fondée sur ses revenus réels. Cependant, lorsque le premier ministre gonfle artificiellement la nôtre en ajoutant nos paiements de péréquation et le peu de revenus que nous procure présentement le pétrole extracôtier, notre capacité fiscale se rapproche de très près de la capacité fiscale actuelle de l'Ontario.
Le premier ministre a formulé sa promesse concernant les revenus pétroliers extracôtiers à un moment de la campagne électorale où les perspectives des libéraux étaient plutôt sombres et où les quelque sept sièges de Terre-Neuve-et-Labrador pesaient assez lourd dans la balance pour le premier ministre du Canada.
Aujourd'hui, je demande aux cinq députés libéraux de Terre-Neuve-et-Labrador de suivre l'exemple du Parti libéral et du NPD de Terre-Neuve-et-Labrador, qui se sont tous les deux rangés derrière le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador dans sa recherche d'un accord équitable pour notre province.
J'accorde une note parfaite au Parti libéral terre-neuvien, mais je donne un gros zéro aux députés fédéraux de la province, qui n'ont pas le courage de leurs convictions et qui n'osent pas défendre les intérêts de Terre-Neuve-et-Labrador.
Nous n'avons jamais été dans une meilleure position. Le gouvernement qui dirige le pays est minoritaire. Auparavant, nos sept sièges ne voulaient rien dire pour le gouvernement fédéral, qui en avait de 170 à 180. Aujourd'hui, les cinq circonscriptions de Terre-Neuve-et-Labrador pèsent lourd pour le gouvernement fédéral. Les cinq députés libéraux qui représentent Terre-Neuve-et-Labrador peuvent décider du sort du gouvernement. Ils ont ainsi une influence qu'ils pourraient mettre à profit.
Je demande aux cinq députés libéraux de prendre leurs responsabilités à l'égard des gens de Terre-Neuve-et-Labrador. Nous avons été victimes du gouvernement beaucoup trop longtemps. Il a mis le secteur de la pêche dans un état lamentable et il n'a pas tenu son engagement à gérer la ressource en mettant l'accent sur la conservation. Dix pour cent des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador ont quitté la province au cours des six dernières années.
Voilà notre seule chance d'obtenir une part équitable dans le cadre du pacte confédératif. Comment le premier ministre du pays ose-t-il promettre aux gens de Terre-Neuve-et-Labrador 100 pour cent des recettes issues de l'exploitation pétrolière en mer, puis changer subitement son fusil d'épaule? Ce n'est pas juste pour les gens de Terre-Neuve-et-Labrador. Les cinq députés paieront cher leur inaction si rien n'est fait pour qu'un accord équitable soit conclu.
:
Madame la Présidente, nous, du Parti néo-démocrate, sommes ici pour appuyer la motion présentée par le Bloc québécois. Il s'agit d'une excellente initiative et nous voulons féliciter nos collègues du Bloc d'avoir présenté une telle motion.
Les libéraux disent qu'il n'y a pas de déséquilibre fiscal, mais le commun des mortels reconnaît bien qu'il existe, parce qu'il peut le voir dans sa vie quotidienne. C'est évident, notamment pour les sans-abri dans les rues ou, encore pire, qui sont morts dans nos communautés à cause du fait que le gouvernement fédéral a mis fin à la construction de logements sociaux. Pensons aux listes d'attente dans les hôpitaux. C'est la vie quotidienne de nos citoyens et citoyennes qui souffrent à cause de ce déséquilibre fiscal. Ce n'est pas un débat pour les professionnels; c'est un débat qui concerne M. et Mme Tout-le-Monde.
De vouloir former un comité spécial pour examiner cette situation est une bonne initiative. Nous serons là pour aider le au travail que nous devons accomplir pour trouver la vérité et pour présenter des solutions viables et spécifiques dont on a besoin maintenant.
[Traduction]
Ce n'est pas la première fois qu'un tel comité est mis sur pied. J'ai ici le rapport du comité sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces qui a été mis sur pied au début des années 80 et dont le rapport a été déposé en 1983. J'ai ici toute la documentation. Notre collègue d'Elmwood—Transcona représentait notre parti au sein de ce comité à l'époque. L'enquête du comité en était arrivée à de très importantes conclusions, dont la première était que les arrangements fiscaux entre les gouvernements fédéral et provinciaux de l'époque devaient être rajustés mais fonctionnaient relativement bien. La conclusion du comité était que le groupe d'étude ne considérait pas que les problèmes du système nécessitaient une refonte fondamentale des arrangements en vigueur ni qu'il était nécessaire ou approprié d'apporter des modifications majeures à ce moment-là.
Environ dix ans plus tard, les libéraux prennent le pouvoir et font fi des recommandations de l'étude. Pendant les années 90, ils ont élaboré la transformation du financement des services aux Canadiens la plus fondamentale depuis des décennies. Les libéraux ont fait preuve de ce que j'appellerai du génie cruel.
Sous le prétexte de réduire un déficit croissant et de s'attaquer à la dette, le gouvernement fédéral a délégué certaines responsabilités aux provinces et aux municipalités dans une proportion jamais vue depuis la Confédération. En fait, les conséquences se font encore sentir dans nos communautés à ce jour. Voilà pourquoi nous tenons ce débat et pourquoi nous nous retrouvons dans une situation critique.
Les libéraux ont réussi, en transformant unilatéralement la structure entière des relations de financement fédérales-provinciales, à laisser les provinces avec, d'une part, plus de responsabilités et, d'autre part, moins de ressources pour s'en acquitter.
Certaines provinces, dans le but d'appliquer exactement le même raisonnement que le gouvernement fédéral—et en particulier le ministre des Finances—de l'époque avait adopté, ont simplement imposé les mêmes changements fiscaux aux municipalités.
Le résultat est que, au cours de la dernière décennie, les dettes des municipalités se sont alourdies partout au pays. Les provinces tentent tant bien que mal de gérer les responsabilités que le gouvernement fédéral leur a léguées sans soutien adéquat. Mais surtout, les Canadiens ont vu leur qualité de vie se détériorer à cause de ces décisions. Il faut se pencher sur certains exemples, j'y viendrai dans un instant.
Les libéraux au pouvoir ont pris le concept économique du ruissellement et l'ont transformé en concept du gavage forcé. Les provinces de cette fédération et les municipalités de notre pays n'ont jamais demandé à se charger des responsabilités que le gouvernement fédéral leur a léguées. Voilà pourquoi la crise frappe de plus en plus les provinces et les municipalités.
Je félicite les Québécois d'avoir soulevé cette question de façon aussi directe. Je salue les gens de Terre-Neuve-et-Labrador qui défendent maintenant avec fermeté leurs droits et qui réclament qu'on s'occupe de la crise qui les oppose au gouvernement fédéral.
Avant d'aller plus loin sur la question du déséquilibre fiscal et des répercussions qu'il a sur la vie quotidienne des gens, je veux attirer l'attention de la Chambre sur des observations concernant la crise à Terre-Neuve-et-Labrador. J'ai été consterné de lire la déclaration suivante au sujet du premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador dans les journaux d'aujourd'hui:
Il réalisera peut-être des gains à court terme, mais en paiera le prix à long terme.
On ajoutait:
Le problème que le premier ministre provincial aura en fin de compte, c'est que la vérité finira par sortir. En outre, 1,4 milliard de dollars, ou peut-être deux fois cette somme, n'aboutira pas dans les poches des Terre-Neuviens à cause de sa vanité et de sa manoeuvre politique.
Quelle déclaration scandaleuse de la part d'un porte-parole du cabinet du premier ministre au sujet d'un premier ministre provincial. C'est de l'intimidation politique. C'est de l'arrogance à l'extrême. C'est une insulte à l'égard de toute une population qui essaie de faire face au fait qu'il y a des ressources extracôtières qui pourraient aider les collectivités de Terre-neuve-et-Labrador à se sortir de la terrible situation dans laquelle elles se trouvent depuis tant d'années. Elles souffrent à cause d'une mauvaise distribution économique qui laisse leurs citoyens dans une situation difficile.
Cela s'applique en grande partie aux autres provinces de l'Atlantique. À l'heure actuelle, nous nous penchons seulement sur la situation à Terre-Neuve-et-Labrador. Nous constatons des situations semblables dans des provinces comme la Nouvelle-Écosse ou le Nouveau-Brunswick, où un cinquième de la population vit maintenant au-dessous du seuil de pauvreté. Pourquoi? Comme notre collègue d'Acadie—Bathurst l'a mentionné, cela s'explique par le fait que le gouvernement fédéral a sabré dans son soutien et ses transferts pour les programmes sociaux, l'infrastructure sociale qui nous a donné une grande qualité de vie par rapport à d'autres pays.
Revenons sur les conséquences de ces compressions. Tout d'abord, parlons d'éducation et de finances.
De façon unilatérale, sans l'accord des provinces, le gouvernement fédéral a réduit les fonds consacrés à l'enseignement postsecondaire à un rythme incroyable. On a réduit les crédits à cet égard d'environ 7 milliards de dollars. Ce sont en fin de compte nos étudiants, nos plus jeunes et nos plus brillants, qui paient la note. Ce sont les gens que nous essayons de faire avancer dans notre économie, dans nos collectivités, dans notre société, avec un certain sentiment d'optimisme et d'espoir et avec la capacité d'utiliser l'instruction qu'ils viennent de recevoir. Au lieu de cela, à cause des actions unilatérales du gouvernement fédéral, les étudiants arrivent sur le marché du travail avec une dette qui les écrase littéralement.
Le premier ministre et son équipe sont peut-être fiers du fait qu'ils ont rejeté la dette de l'ensemble du pays, qui repose sur les épaules de tous les Canadiens et sur nos actifs considérables, sur le dos et les épaules des jeunes et des étudiants les plus brillants. Cela est un boulet que ces derniers devront traîner après leurs études alors qu'ils tentent de commencer à contribuer pleinement à la société.
Le gouvernement fédéral est peut-être fier de cela. Il peut vouloir déclarer triomphalement jour après jour, particulièrement durant les campagnes électorales, qu'il a maté le déficit. Cependant, il fait porter aux jeunes le coût de cet effort. Nous nous retrouvons dans une société où nous devons de plus en plus chercher des travailleurs formés et qualifiés, car nos jeunes sont de moins en moins capables de répondre aux besoins de l'économie moderne. C'est un manque de vision flagrant.
Lorsque nous nous penchons sur l'éducation, nous voyons que les conséquences du déséquilibre fiscal touchent nos jeunes, nos éléments les plus brillants, ceux à qui nous devrions donner le plus d'espoir, d'enthousiasme et d'appui possible. Mais nous faisons tout le contraire à cause de cette situation.
Regardons maintenant les services de garderie. On a fait miroiter de grands espoirs aux Canadiens d'un océan à l'autre durant la campagne électorale de 1993, quand le Parti libéral a enfin promis aux Canadiens qu'il lancerait un programme. Les néo-démocrates avaient été, pendant des années, les seuls à réellement proposer des services de garderie à l'échelle du pays. En fait, le candidat au poste de premier ministre à l'époque avait beaucoup insisté sur cette promesse durant la campagne électorale. Les Canadiens étaient loin de se douter qu'il changerait de discours, ferait fi de cette promesse pendant 11 ans et leur ferait faux bond.
Comme je l'ai dit dans d'autres interventions, c'est un jeune homme qui m'a répondu, lorsque j'ai téléphoné pour demander un taxi. Il m'a expliqué que sa femme et lui étaient emballés par la promesse d'un programme national de garderies, faite en 1993. Sa femme a décidé de suivre des cours en éducation de la première enfance. Le couple avait décidé d'avoir des enfants en croyant qu'il aurait accès à une garderie.
Onze ans plus tard, ce jeune homme m'a dit que je devrais faire tout ce qui était possible pour que les libéraux tiennent leur promesse, parce qu'ils ont laissé tomber sa famille. Sa femme n'a pu trouver de travail comme éducatrice en petite enfance, son domaine de formation, et a dû finalement demeurer au foyer pour élever leurs enfants. Le couple ne pouvait pas se permettre de payer une gardienne.
C'est ainsi que des milliers de vies ont été touchées par des promesses mal tenues ou rompues, ou encore par le transfert de responsabilités aux provinces et aux municipalités ou par le fait de laisser à celles-ci le soin de se charger de certaines responsabilités sans leur donner le financement additionnel dont elles avaient besoin. Ce n'est pas là une question théorique. Ce n'est pas un sujet à débattre uniquement entre économistes, trop ésotérique pour que le commun des mortels le comprenne. Celui-ci en comprend sur-le-champ la portée concrète.
J'aborde maintenant un autre exemple, l'investissement dans les collectivités et leur infrastructure, notamment le transport en commun.
Le livre rouge de 1993 faisait grand état des programmes d'investissement et du développement de l'infrastructure qui allait s'ensuivre. Il y a bien eu un certain nombre de programmes. Ils allaient être annoncés à l'occasion d'élections et allaient être mis en oeuvre juste avant les élections suivantes, pour permettre aux députés de couper des rubans lorsqu'ils voulaient en retirer un avantage politique.
Au fil des années, nous avons assisté, au niveau municipal, à une réduction constante de l'ampleur de ces programmes d'infrastructure. Cependant, vu la croissance des villes, les besoins dans ce domaine ont augmenté rapidement dans l'ensemble du pays. Résultat, les impôts fonciers des citoyens ne pouvaient que suivre la même courbe. Le gouvernement fédéral a pu se targuer d'avoir terrassé le déficit et a pu annoncer fièrement aux grandes entreprises bien nanties qu'il avait effectué les réductions d'impôt les plus importantes dans l'histoire du pays. Ce faisant, par contre, il a progressivement imposé aux Canadiens ordinaires des impôts fonciers trop lourds pour leur capacité de payer.
Par ailleurs, les collectivités ont commencé à voir leurs infrastructures se détériorer, notamment leurs égouts, leur eau potable, leurs transports en commun, leurs rues, leurs habitations, au point où nos villes, une à une, n'ont plus figuré en tête de la liste des meilleures villes où investir, où tenir des congrès internationaux et de la liste des meilleures villes du monde. Elles en ont été progressivement déclassées.
Le gouvernement fédéral a-t-il prêté attention? A-t-il renversé la tendance? Pas du tout. Ce que nous avons vu encore une fois, c'est du trompe l'oeil, une promesse électorale, 5¢ de la taxe sur le litre d'essence. J'en sais long à ce sujet. J'étais président de la Fédération canadienne des municipalités au moment où cette promesse a été formulée pour la première fois. Nous en avions fait une exigence. Depuis le jour du scrutin, nous assistons à une érosion graduelle de la promesse de verser 5¢ de la taxe sur le litre d'essence. On nous dit maintenant que seulement une infime partie de la taxe sur l'essence pourrait être versée un jour après que les discussions seront terminées et les ententes conclues.
Bonté divine, ces propos semblent fort différents de ceux que tenait le premier ministre pendant la campagne électorale. Il a donné aux Canadiens sa parole d'honneur qu'ils toucheraient 5¢ de la taxe sur le litre d'essence. Ce n'est que la moitié de la taxe d'accise. Il faut se rappeler que la TPS vient s'ajouter à l'argent que le gouvernement fédéral empoche et utilise pour accorder des réductions d'impôt à ses amis ou pour faire du gaspillage, comme l'a fait ce gouvernement de tant de façons. Il ne faut pas s'étonner que les Canadiens s'en rendent compte et qu'ils disent: « Quelque chose doit changer ».
Il faut transformer la façon d'investir dans les villes, et on peut y arriver en collaboration avec les provinces. L'argent doit être affecté à des postes comme le logement, l'approvisionnement en eau, la lutte contre diverses formes de pollution pour réduire l'incidence du smog, les transports en commun, etc.
Dans le cadre de l'enquête que mène le comité, nous veillerons à ce que les communautés et les provinces soient entendues. C'est absolument essentiel. Cela peut se faire sans difficulté dans le contexte des responsabilités des provinces. C'est précisément ce qui s'est produit dans le cas du logement quand nous avons pu, enfin, soutirer quelques sous au gouvernement fédéral après un effort prolongé aux échelons municipal et provincial. Nous avons réussi à établir une relation efficace qui a débouché notamment sur une approche très créatrice au Québec, province qui est devenue le chef de file en matière de construction de logements sociaux à l'aide de fonds du gouvernement fédéral.
Quiconque affirme que le fédéralisme entrave la réalisation de tels objectifs reposant sur l'asymétrie, où l'on peut reconnaître et saluer les réalisations et les possibilités du Québec, et que de telles résultats ne sont pas à notre portée ne tient pas compte de nos réalisations les plus exemplaires.
J'espère également que l'on se penchera sur les moyens pris par le gouvernement fédéral pour voler, année après année, l'excédent de la caisse de l'assurance-emploi, à savoir des milliards de dollars qui devaient servir à protéger les travailleurs en difficulté ou en perte d'emploi. Pour ce qui est du déséquilibre fiscal, il est largement attribuable au fait que ces sommes, au lieu d'être rendues disponibles aux travailleurs en difficulté et à leurs familles au moment où ils en avaient besoin, ont été volées par le premier ministre. Au sens figuré, elles ont effectivement été volées par le gouvernement et appliquées au déficit, ce qui a eu de graves conséquences.
Tout d'abord, les gens sont passés beaucoup plus rapidement en-deçà du seuil de la pauvreté. Ils n'ont plus été en mesure d'assurer la subsistance de leurs enfants. En deuxième lieu, les provinces ont dû intervenir par des programmes d'aide sociale pour remplacer les sommes indisponibles à cause du non-versement de l'assurance-emploi. Les coûts des provinces ont ainsi augmenté.
Je m'en souviens bien parce que, à l'époque, je faisais partie du conseil de la communauté urbaine de Toronto, qui était responsable de l'aide sociale. Les paiements d'aide sociale ont beaucoup augmenté et des gens ont souffert à cause des mesures appliquées par le gouvernement fédéral au régime d'assurance-emploi, qui ont eu pour conséquence de réduire les prestations auxquelles les travailleurs avaient droit et de produire un excédent aussitôt affecté aux réductions d'impôt pour les riches amis du régime. Pour payer l'aide sociale, nous avons dû puiser dans l'argent que nous avions mis de côté pour un nouveau site d'enfouissement et pour de nouvelles installations de traitement des déchets. Voilà le genre de conséquences qu'entraînent les méthodes de gestion financière du gouvernement, qui consistent à pelleter le déficit dans la cour des autres et à imposer des solutions aux provinces.
Je pourrais mentionner nombre d'autres domaines, mais je tiens à parler du domaine de la santé, où le gouvernement a adopté une approche particulièrement cynique. Il a réduit le financement de la santé au point où la population en a ressenti les effets au quotidien. Puis, lorsque le tollé a atteint son paroxysme, lorsque les gens se sont mis à exiger qu'on répare les pots cassés, il a offert de l'argent pour arranger un peu les choses. Il s'agit de la manipulation la plus cynique de l'opinion publique de toute l'histoire du Canada: réduire le financement des services essentiels, provoquer l'allongement des listes d'attente, être soi-même la source des pressions financières et des problèmes, uniquement pour pouvoir se présenter plus tard comme le sauveur. Nous préconisons autre chose que cette approche qui consiste à créer une crise de toutes pièces pour ensuite s'arroger le mérite de l'avoir résolue.
Le Nouveau Parti démocratique du Canada prendra une part active aux travaux du comité. J'espère que la Chambre décidera de suivre la recommandation du Bloc québécois. Nous avons certainement l'intention de faire notre part en parlant de ces problèmes et d'autres problèmes, pour que les réformes nécessaires soient mises en chantier.
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Monsieur le Président, ce matin, au Comité permanent des finances, nous recevions le ministre des Finances. J'entendais nos amis libéraux se réjouir, naturellement, des surplus au budget. Ils se réjouissaient particulièrement des surplus non prévus.
J'ai l'intention, bientôt, d'aller faire un petit tour à l'Université Laval pour rencontrer certains de mes anciens professeurs. En effet, je pense que je pourrais demander une révision de certaines notes car certaines de mes erreurs étaient du côté positif et non pas du côté négatif. Je ne sais pas par contre si cela sera accepté.
Le déséquilibre fiscal a des impacts très importants, à la fois sur la démocratie et sur l'imputabilité. Quels sont les effets du déséquilibre fiscal? Cela a comme effet, entre autres, de nous placer dans une situation où le gouvernement fédéral ne sait plus quoi faire de son argent. On parle de 60 milliards de dollars de surplus depuis 1997-1998. Ce sont des chiffres que l'on répète souvent en cette Chambre, mais je pense qu'il est important de les répéter. J'espère qu'un jour nos collègues du gouvernement vont finir par les comprendre.
Le Conference Board parle de 166 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années. Ces chiffres, s'ils devaient être révisés aujourd'hui, seraient encore à la hausse à la lumière des surplus non prévus que nous avons eus dans le dernier exercice budgétaire.
Je parlais de démocratie et d'imputabilité. Face à cette somme d'argent monumentale que possède le gouvernement fédéral, celui-ci ne sait plus quoi en faire. Plutôt que de s'occuper des champs de juridiction et des domaines qui lui appartiennent et de s'occuper entièrement de ces domaines-là, il en profite pour investir les champs de compétence du Québec et des provinces.
Qu'est-ce que cela a comme résultats? Si on remonte aux années 1995-1996, alors que le gouvernement fédéral coupait à qui mieux mieux dans des programmes conjoints, on s'est retrouvés dans des situations où l'ensemble des gouvernements des provinces, et le Québec particulièrement, ont été blâmés par leur population parce que ces gouvernements manquaient d'argent pour la santé, pour les villes et pour les infrastructures.
Les problèmes, en grande partie, n'étaient pas créés par la gestion des gouvernements du Québec et des provinces, mais étaient créés par les coupures draconiennes du gouvernement fédéral. C'est vraiment un manque de démocratie. On a exprimé ce fait tout à l'heure, à savoir que c'est le même payeur de taxes partout. Le citoyen doit savoir à qui il doit adresser les félicitations et sur qui il doit faire porter le blâme. C'est important.
Le déséquilibre fiscal a des impacts majeurs sur le manque à gagner des provinces, et du Québec particulièrement. La plus récente évaluation du manque à gagner qui découle du déséquilibre fiscal ainsi que les plus récentes demandes de Québec sont énoncées et chiffrées dans le document intitulé « Corriger le déséquilibre fiscal ». Ce document a été publié lors du dernier budget du Québec en mars 2004.
Les demandes quant à la péréquation ou aux transferts sociaux sont sensiblement les mêmes que celles de la Commission Séguin. Cependant, tout en préconisant le transfert de champs de taxation comme solution de fond au déséquilibre fiscal, le ministère des Finances du Québec proposait, à titre intérimaire, de relever considérablement les paiements de transferts pour la santé et l'éducation, de même que la péréquation. Au total, le ministère des Finances du Québec proposait un relèvement des transferts fédéraux de l'ordre de 7,2 milliards de dollars à l'échelle canadienne.
Au titre de la péréquation seulement, le gouvernement fédéral devrait investir plus de 5 milliards de dollars. Cela, c'est compte tenu du rétablissement de la règle des 10 provinces et d'un certain nombre d'autres modifications à la formule qui viseraient à rétablir une certaine équité fiscale entre le Québec et les provinces.
Pour le Québec, ces propositions équivalent à un ajout de 3,3 milliards de dollars seulement pour 2004-2005. Il s'agirait donc, en quelque sorte, de l'évaluation par le gouvernement du Québec de son manque à gagner à cause du déséquilibre fiscal.
Ce que nous proposons est relativement simple; nous n'avons pas réinventé la roue. Dans un premier temps, comme le gouvernement du Québec le demande, il doit y avoir une hausse significative des transferts dans le cadre, entre autres, du TCSPS. C'est une option, effectivement, mais c'est une option à court terme et c'est loin d'être parfait.
La solution qu'il faudrait privilégier, c'est la cessation de points d'impôts vers le gouvernement du Québec. Nous aurions, à ce moment-là, un bien meilleur choix. Une telle solution offrirait une plus grande prévisibilité dans l'exercice budgétaire du gouvernement du Québec puisque celui-ci bénéficierait alors de revenus autonomes. Cette formule faciliterait un rééquilibrage dans la capacité de générer des revenus pour les deux niveaux de gouvernements.
Ces propositions résulteraient en un retour total de 26,7 points d'impôt sur le revenu des particuliers. On aurait donc une occupation effective du champ de taxation de l'impôt sur le revenu des particuliers à la faveur du Québec. Le gouvernement du Québec contrôlerait 57,5 p. 100 de l'impôt sur le revenu des particuliers plutôt que les 42 p. 100 actuels. C'est une très belle solution, mais des mesures complémentaires viennent se joindre à cela.
Nous maintenons qu'il serait important d'ajuster les calculs à la péréquation, une simple cessation de points d'impôt ne serait pas bénéfique pour certaines provinces, surtout celles de l'Atlantique. C'est pourquoi on suggère que la hausse de la capacité à générer des recettes entraînée par un retour de points d'impôt ne pénalise pas les provinces en diminuant les paiements de péréquation. Ces provinces doivent également avoir accès à des revenus supplémentaires afin de faire face aux défis de la croissance et des dépenses publiques.
Beaucoup de mythes sont créés en rapport à la péréquation. Malheureusement, on entend souvent que le Québec est le grand gagnant dans ce domaine. Si effectivement le Québec reçoit 31,5 p. 100 des transferts du gouvernement fédéral aux provinces, 43,7 p. 100 de la péréquation et 24 p. 100 des transferts de la santé, l'éducation supérieure et l'aide sociale, lorsqu'on y va quant au per capita pour la péréquation, le Québec reçoit l'équivalent de 500 $ par habitant, ce qui est effectivement, comme l'a mentionné Michel Vastel ce matin, beaucoup moins que les citoyens de l'Atlantique, ceux du Manitoba et ceux de la Saskatchewan.
Certes, Ottawa effectue au Québec 24 p. 100 de ses dépenses totales, soit la part du Québec de la population canadienne. Toutefois, quand on regarde la nature de ces dépenses, on se réjouit un peu moins desdites dépenses. Le Québec ne reçoit pas sa part des dépenses créatrices d'emplois et de richesse. Par exemple, il ne reçoit pas sa part en matière de subventions aux entreprises. Il est très loin de recevoir sa part des achats de biens et services du gouvernement fédéral. Les dépenses en recherche et développement sont des dépenses génératrices d'emplois et de savoir. Elles créent des emplois de qualité et amènent de la richesse à une collectivité. Je passerai même sous silence les emplois de fonctionnaires fédéraux qui sont naturellement concentrés dans la région d'Ottawa et en Ontario.
Une des conséquences de ces politiques, c'est que le Québec se retrouve appauvri et reçoit plus de péréquation. Je vous soumettrai que si différentes politiques avaient lieu au sein du gouvernement fédéral, le Québec retirerait beaucoup moins de péréquation et, personnellement, j'en serais beaucoup plus heureux.
Par exemple, si le Québec avait une proportion de fonctionnaires conforme à son poids démographique, ce seraient 812 millions de dollars de plus qui seraient versés en salaire au Québec à environ 15 500 fonctionnaires. Ce sont des emplois de qualité. Ce n'est pas de la péréquation qu'on donne du bout des lèvres lors d'une conférence où l'on impose ces chiffres, malgré le fait qu'il y ait des consensus importants au Québec à cet égard.
Pour ce qui de la recherche et du développement effectués par le gouvernement fédéral 57,7 p. 100 des centres de recherche sont situés en Ontario, contre un maigre 19,6 p. 100 au Québec. Cela veut dire un écart de 800 millions de dollars. Il faut modifier ces politiques si le gouvernement veut effectivement être plus équitable envers le Québec et les provinces.
Les entreprises québécoises, quant à elles, reçoivent 18,5 p. 100 de l'aide fédérale aux entreprises. C'est 3 milliards de moins que les entreprises ontariennes. On ne parle pas de pinottes—excusez-moi l'expression, car je ne sais pas si c'est parlementaire—, mais ce ne sont pas des pinottes, c'est 3 milliards de dollars. C'est donc un manque à gagner de 200 millions de dollars pour le Québec aussi.
Il faut donc modifier ces politiques. Il faut que le Québec puisse avoir le contrôle de l'ensemble de ses politiques économiques, budgétaires, d'aide aux entreprises, d'aide aux citoyens.
On parlait plus tôt de transferts de points d'impôt, et je mentionnais qu'on n'avait pas inventé la roue. Le Canada s'est retrouvé dans une situation similaire à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. À ce moment-là, la question d'un déséquilibre fiscal entre Ottawa et les provinces nous a amenés au rapport de la Commission Tremblay en 1956. Cela ne date pas d'hier.
Cette commission proposait aux autorités fédérales et provinciales de convenir d'un nouveau partage des champs fiscaux qui correspondait mieux aux besoins actuels de la population et de l'administration publique, et respectueux de l'esprit du fédéralisme et de la Constitution. C'était il y a 48 ans.
Malheureusement, déjà à cette époque, le gouvernement n'écoutait pas toujours les recommandations des différentes commissions. Durant un certain nombre d'années, plutôt que de s'orienter vers cette optique, le gouvernement a commencé à mettre sur pied un certain nombre de programmes à frais partagés. Assez rapidement, on s'est aperçu que la solution n'était pas dans l'injection de fonds au niveau des frais partagés.
Cela nous amène à la conférence fédérale-provinciale de 1964; devant l'insistance du Québec, qui s'est tenu debout, une fois de plus—il faut saluer ce qu'a fait Jean Lesage à ce moment-là—, pour réclamer un plus grand accès à l'impôt sur le revenu, il y a eu, effectivement, transfert de points d'impôt, ce qui a réglé le problème pour une trentaine d'années. Cela nous amène tout de même à aujourd'hui.
Je vous soumettrai qu'une des grandes causes du déséquilibre fiscal est le pouvoir fédéral de dépenser. Par l'entremise de ce pouvoir, depuis plusieurs décennies, le gouvernement utilise cela pour s'ingérer dans les champs de juridiction du Québec et des provinces. À ce titre, on n'a qu'à regarder le discours du Trône.
Quelles sont les priorités des représentants de ce gouvernement? Ils le disent souvent et ils sont très heureux de le dire. Moi, cela me déçoit, mais eux en sont très heureux. On parle de municipalités, de services à la petite enfance, de la santé, d'éducation; ce sont tous des champs de juridiction québécoise. Même si nous ne l'avons pas signée, il me semble que dans la Constitution, s'il y a un champ de juridiction qui est clairement de juridiction provinciale et québécoise, c'est bel et bien l'éducation.
Il faut absolument que le gouvernement fédéral libéral agisse au niveau du déséquilibre fiscal, qu'il procède à des transferts de points d'impôt afin que le Québec et les provinces puissent gérer adéquatement les services qui sont les leurs, qu'ils puissent être redevables envers leurs citoyens et qu'à cet effet, on ait un système qui soit à la fois plus transparent et plus démocratique, où les gens sauront qui féliciter et qui blâmer. Malheureusement, ce n'est pas le cas.
Étant peu habitué à parler 20 minutes en Chambre, je vais vous avouer que j'ai un peu perdu la notion du temps et je ne sais plus combien il m'en reste. Il faut croire que j'ai beaucoup de temps devant moi.
Une voix: C'est de la qualité.
M. Guy Côté: C'est de la qualité, effectivement, je vous remercie.
L'essentiel de mon discours est à l'effet que nous avons besoin d'un système qui soit plus transparent et plus démocratique. C'était incroyable d'entendre le ministre des Finances, ce matin, nous mentionner que: « Oui, effectivement, les prévisions budgétaires, ce n'est pas une science exacte et il peut y avoir des erreurs. Une petite erreur de 2 p. 100 peut avoir un effet de 300 millions de dollars. »
Puisque je vois qu'il me reste six minutes, je pense que je vais commencer à parler beaucoup plus lentement. On a souvent dit que l'expérience est la somme de nos erreurs. Je vais vous avouer que je prends beaucoup d'expérience en ce moment.
Effectivement, si les prévisions budgétaires ne sont pas une science exacte, nous assistons tout de même à une sous-évaluation systématique des revenus de la part de ce gouvernement. Si durant les années 1970 et 1980, on a assisté à des prévisions des plus optimistes qui amenaient des déficits répétitifs, année après année, ce gouvernement a pris exactement la voie inverse à la fois en sous-évaluant continuellement ses revenus et en surestimant ses dépenses.
Il y a un seul payeur de taxes. Ce payeur de taxes doit connaître quelle sera sa contribution aux différents services que l'État lui fournira. Par exemple, on a parlé de l'assurance-emploi. C'est incroyable. L'assurance-emploi est devenue une taxe déguisée, une taxe à l'emploi.
La caisse de l'assurance-emploi fait des surplus faramineux année après année, alors que ces surplus devraient aller au bénéfice des travailleurs, des gens qui cotisent à cette caisse et qui en ont besoin lorsqu'ils vivent des moments beaucoup plus difficiles.
Par une gymnastique comptable, le gouvernement libéral réussit à soutirer ces surplus et à les appliquer entre autres à la dette. Cela est scandaleux. On s'attaque à ce moment-là à des gens qui sont démunis et qui sont dans des situations de crise, qui ont des familles et des enfants, qui ont des hypothèques, et on leur dit: « Ah! non, il y a un certain nombre d'années que vous n'avez pas demandé d'assurance-emploi, car cela allait plutôt bien. Vous avez eu un emploi, vous ne vous conformez pas aux 910 heures requises, ce faisant, vous n'aurez pas de revenus. » Le gouvernement nage dans les surplus. Il ne sait plus quoi faire de ces surplus.
Le gouvernement fédéral doit s'occuper des champs de juridiction qui lui sont propres, pas des champs de juridiction du Québec et des provinces. On le voit encore dans cette Chambre. Au cours des derniers jours, on a beaucoup parlé des forces armées canadiennes au sujet desquelles bon nombre de parlementaires ont déploré le financement qu'on leur accorde. Je vous soumets que si le gouvernement s'occupait uniquement de ses champs de juridiction et n'empiétait pas sur les champs du Québec et des provinces, l'armée serait probablement beaucoup mieux équipée et le gouvernement libéral concentrerait ses efforts à régler les problèmes qui sont vraiment canadiens et ne s'ingérerait pas dans des structures qui relèvent du Québec et des provinces.
On a assisté hier à une conférence fédérale-provinciale sur la péréquation, et je dois vous dire que l'attitude du premier ministre à cette conférence a été très décevante. Sous le couvert d'un discours d'ouverture et de coopération, on a assisté à un spectacle où le premier ministre n'accorde pas un sou de plus à la péréquation, par rapport à la dernière conférence qui a eu lieu en septembre dernier concernant la santé. On n'assiste à aucun changement de la méthode de calcul, laquelle pénalise le Québec et l'empêche de faire des prévisions stables, de savoir exactement quel sera son budget dans un, deux ou trois ans. Elle oblige le gouvernement du Québec à être un quémandeur auprès du gouvernement libéral, et cela n'est pas sain.
Le Québec, comme l'ensemble des provinces, doit être capable de gérer ses champs de juridiction et de dire à ses citoyens: « Voici ce que nous vous offrons dans les domaines de la santé, de l'éducation, de l'aide sociale et des services à la petite enfance.»
On parle d'un service national de garde à la petite enfance. Pendant sept ans, dont deux ans à titre de président, j'ai été membre d'un conseil d'administration d'un centre de la petite enfance au Québec. Cela a été une expérience extraordinaire. C'est un modèle extraordinaire. Je ne vous dirai jamais assez à quel point j'ai peur que le gouvernement libéral, de l'autre côté, arrive avec un programme mur à mur qui vienne défaire tous les efforts qui ont été faits depuis 1995 au Québec, si ma mémoire est bonne.
Non seulement il se prépare à faire un programme mur à mur dans le domaine des services à la petite enfance, mais si on remonte un petit peu en arrière, lors de l'instauration de ce programme au Québec, soit les garderies à 5 $, les familles québécoises ont perdu la déduction fiscale dont elles profitaient au fédéral. Depuis longtemps—le gouvernement libéral le sait—, c'est un milliard depuis 1995, qui a été enlevé des poches des contribuables québécois. Le gouvernement n'a toujours rien fait pour corriger cette situation. Pourtant, il me semble que ce serait simple à corriger. Si le gouvernement avait effectivement ce grand esprit de coopération, d'entraide et d'aide, il viendrait aider ces gens à récupérer les sommes qui leur sont dues.
Je comprends qu'il me reste environ une minute. Vous me permettrez de conclure en rappelant à cette Chambre que le déséquilibre fiscal, en plus d'être une question monétaire, est une question de démocratie et d'imputabilité. Les gens doivent savoir où va leur argent.
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Monsieur le Président, à l'heure actuelle on parle beaucoup à la Chambre et dans les médias des pressions budgétaires des provinces et des transferts fédéraux. Il ne fait pas de doute que ces questions sont très importantes pour les gouvernements de nos dix provinces et pour tous les Canadiens.
C'est pour cette raison que nous devons être très clairs lorsque nous nous servons de l'expression « déséquilibre fiscal ». Je crois que l'on confond cette notion avec l'ensemble du déséquilibre fiscal horizontal, qui est une réalité entre les provinces. Le gouvernement a agi très énergiquement sur cette question en faisant en sorte que tous les Canadiens aient un accès équitable aux services essentiels. Pour ce faire, le gouvernement fédéral verse des contributions importantes aux provinces, notamment au Québec, pour leur permettre de mieux financer leurs responsabilités provinciales.
Cependant, il y a une différence importante avec ce qui est proposé dans la motion. La motion laisse entendre qu'il y a un déséquilibre vertical entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial. Disons le tout net: ce n'est pas le cas, et ce ne peut être le cas en vertu de notre Constitution actuelle.
Lorsque notre pays a été formé en 1867, certaines compétences ont été attribuées au gouvernement fédéral, comme la défense, les pêches et les océans, et certaines compétences et responsabilités ont été attribuées aux provinces, comme la santé et l'éducation. Je reconnais que, ces dernières années, un bon nombre des compétences dont l'importance a crû le plus rapidement sont des compétences provinciales.
Cependant, le point important que l'on perd de vue dans tous ces débats est le suivant: aux termes de notre Constitution, les provinces et le gouvernement central ont fondamentalement les mêmes pouvoirs fiscaux. Si les provinces veulent imposer les revenus des sociétés commerciales, elles peuvent le faire. Il en va de même pour le gouvernement fédéral. Les deux ordres de gouvernement peuvent imposer les revenus des particuliers, imposer les gains en capital, et imposer la consommation. En fait, on constate que les pouvoirs fiscaux des provinces sont plus étendus. Elles ont les recettes des loteries et les impôts fonciers, mais là encore, ceux-ci n'ont pas grand-chose à voir avec le présent débat.
Au Canada, les gouvernements fédéral et provinciaux ont accès à toutes les principales sources de recettes. S'ils ont tous accès aux mêmes assiettes fiscales, il est donc impossible de voir comment pourrait exister un déséquilibre fiscal vertical.
L'exemple que j'ai donné en posant une question à l'intervenant précédent concernait le fait que le gouvernement fédéral, à tort ou à raison, a réduit les impôts des sociétés et des personnes au cours des cinq dernières années. Si l'une ou l'autre des dix provinces souhaite, dans sa sagesse, augmenter les impôts, elle peut le faire. On peut dans ce cas faire valoir que les impôts en général sont trop élevés, que les impôts fédéraux sont trop élevés ou que les impôts provinciaux sont trop élevés, mais il s'agit alors d'une question de politique, qui n'a rien à voir avec la notion de déséquilibre fiscal. Il n'y a aucune limite aux pouvoirs de taxation des provinces.
Pourtant, d'une province à l'autre, il y a de grands écarts entre les recettes que chacune a le potentiel de générer. Voilà où il y a déséquilibre, mais il s'agit d'un déséquilibre horizontal qui, selon moi, devrait être réglé par le biais de l'amélioration des programmes fédéraux. La nouvelle entente sur la santé est le meilleur exemple de cela. En effet, des milliards de dollars fédéraux seront versés aux provinces pour qu'elles améliorent le système de santé dans l'ensemble du pays. De même, le gouvernement vient d'annoncer un nouveau cadre qui bonifiera de 33 milliards de dollars au cours de 10 prochaines années l'appui fourni aux provinces par le biais des programmes de péréquation.
Le nouveau cadre de péréquation apportera en plus la prévisibilité, la stabilité et des ressources accrues, mesures ayant pour but de corriger le déséquilibre fiscal horizontal qui existe entre les provinces.
Il y a de nouveaux programmes qui visent d'autres domaines d'inégalité tels que les garderies, l'éducation de la petite enfance, les ressources financières pour l'éducation postsecondaire, les villes et l'infrastructure. Ces plans ont été élaborés dans le cadre de la responsabilité financière...
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de contribuer au débat d'aujourd'hui. Nous étudions la question du prétendu déséquilibre fiscal et permettez-moi alors de commencer par vous dire que nous devrions tous mettre de côté les discours creux et réfléchir à notre réalité économique et à notre responsabilité nationale.
Comme on le souligne dans le récent discours du Trône et la réponse du premier ministre, le Canada a un bilan extraordinaire sur le plan économique. Notre fédération et son gouvernement fédéral font beaucoup de choses bien.
Au cours des 10 dernières années, nous avons créé plus de trois millions de nouveaux emplois. Depuis 1997, nous avons eu, parmi les pays du G-7, la plus forte croissance du niveau de vie. La faiblesse des taux d'intérêt a rendu l'accès à la propriété plus facile qu'elle n'a été depuis des décennies.
Ce n'est pas le fruit d'un accident. C'est le reflet du cercle vertueux auquel nous sommes parvenus grâce à nos efforts, alors que la discipline financière et des budgets équilibrés conduisent à un accroissement de la confiance, à une baisse des taux d'intérêt et à une réduction de la dette. Nos résultats financiers meilleurs ont permis au gouvernement de réduire les impôts et d'améliorer l'équité du régime fiscal ainsi que de faire de nouveaux investissements sur le plan social et économique.
C'est l'élément essentiel que nous devons reconnaître dans le débat d'aujourd'hui. Notre gouvernement a procédé à des réductions d'impôt essentielles et à des investissements socio-économiques primordiaux. Ces dépenses soulignent les obligations que la Chambre et le gouvernement fédéral doivent respecter et les possibilités qu'ils doivent continuer d'exploiter dans l'intérêt de tous les Canadiens, pour assurer leur prospérité à l'avenir.
Contrairement à ce que les défenseurs de la thèse du déséquilibre prétendent, il est tout à fait faux de dire que les besoins sont dans les provinces et les ressources à Ottawa. Il est clair que nous sommes confrontés à des besoins nationaux. Les Canadiens veulent un gouvernement fédéral qui joue un rôle actif et responsable pour ce qui est de répondre à ces besoins.
Permettez-mois de rappeler à mes collègues le programme d'action et les facteurs de dépenses dont on doit tenir compte dans n'importe quelle analyse des recettes fédérales disponibles et de l'équilibre entre les ressources fédérales et provinciales.
Pour commencer, nous ne devons pas tenir pour acquis notre réussite économique actuelle. Face à l'évolution de la technologie et à l'accroissement de la concurrence mondiale, le Canada doit maintenant investir pour faire passer notre rendement à un niveau supérieur.
C'est pourquoi le discours du Trône met en lumière une stratégie en cinq points tendant à bâtir une économie encore plus compétitive, viable et prospère.
D'abord, nous devons investir dans les gens, notre plus grande source de créativité et de force économique. Cela veut dire investir dans les travailleurs, les aider continuellement à améliorer leurs compétences pour suivre l'évolution constante des exigences sur le marché du travail.
Ensuite, nous devons renforcer la capacité du Canada de développer et d'appliquer de nouvelles idées. Nous devons continuer d'appuyer la recherche universitaire et industrielle et offrir des bourses d'études. Nous ne devons jamais oublier que l'éducation et la recherche et développement ne sont que des points de départ de la réussite économique.
Il est tout aussi important de transformer davantage de nos bonnes idées en entreprises dynamiques, en emplois de qualité et en recettes d'exportation croissantes. C'est la raison pour laquelle notre gouvernement veut garantir la disponibilité de capital de risque, tout particulièrement pour les entreprises en démarrage oeuvrant dans des secteurs technologiques habilitants critiques comme la biotechnologie, l'information et les communications, et les matériaux de pointe, qui seront les moteurs de l'innovation et de la productivité de l'économie du XXIe siècle.
En troisième lieu, nous devons investir dans l'efficacité des systèmes gouvernementaux pour faciliter les activités d'affaires des entreprises au Canada et ce, notamment, en assurant la transparence et la prévisibilité du régime réglementaire, de manière à ce qu'il serve efficacement les objectifs de la politique d'intérêt public sans avoir de répercussions néfastes.
En quatrième lieu, la stratégie économique d'ensemble du gouvernement continue d'épauler le développement régional et sectoriel. En effet, les économies régionales du Canada jouent un rôle essentiel à la stabilité et à la vigueur de l'économie. Les mesures de soutien au développement économique rural et régional cibleront les composantes de base que sont, par exemple, l'amélioration des compétences, le soutien à la recherche-développement, le développement communautaire et la modernisation des infrastructures, en matière de communications à haut débit, par exemple, et on fera appel pour leur mise en oeuvre à des agences et véhicules régionaux comme le Fonds d'innovation de l'Atlantique.
Les objectifs régionaux du gouvernement sont favorisés à l'heure actuelle par la réforme la plus fondamentale du programme de péréquation depuis sa création il y a 47 ans. Dans le nouveau contexte, les transferts aux provinces et territoires vont augmenter de quelque 33 milliards de dollars en dix ans, assurant aux intéressés la stabilité et la prévisibilité accrues qu'ils souhaitaient pour mieux planifier et gérer leurs budgets.
Cinquièmement et en dernier lieu, notre stratégie doit englober la promotion du commerce et de l'investissement. Le Canada a toujours été un pays commerçant, mais jamais autant qu'aujourd'hui. Il nous est donc indispensable de nous ménager des accès aux débouchés et d'accroître nos parts de marchés tant en Amérique du Nord que partout dans le monde.
À cette fin, le gouvernement s'appuiera sur l'initiative sur la Frontière intelligente et sur d'autres mesures visant à établir des rapports plus poussé et plus informés avec la participation d'entreprises et de fonctionnaires des États-Unis.
Il s'agit d'un programme d'action essentiel qui doit être financé adéquatement puisque seule une économie en croissance est en mesure d'engendrer les revenus gouvernementaux nécessaires pour nous permettre de relever les défis qui sont les nôtres aujourd'hui et à l'avenir sur le plan social, sans nous replonger dans l'engrenage destructeur de la dépense au prix du déficit budgétaire.
Pour cela, tous les parties intéressées doivent admettre que chaque palier de gouvernement est tenu de composer avec les contraintes financières qui lui sont propres et accepter de collaborer de façon constructive avec tous les paliers de gouvernement pour assurer le meilleur service possible aux Canadiens.
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Monsieur le Président, permettez-moi de signaler d'entrée de jeu que je partagerai mon temps avec la députée de Trois-Rivières.
Je me permets également, compte tenu du fait que c'est la première fois que j'ai beaucoup plus de temps pour m'exprimer en cette Chambre, de remercier mes concitoyennes et concitoyens de la circonscription de Saint-Lambert, qui m'ont élu pour venir défendre les intérêts du Québec en leur nom sur la Colline parlementaire.
Le déséquilibre fiscal, les pressions financières, voire la rétention d'argent orchestrée par les libéraux fédéraux depuis plus d'une dizaine d'années—cela a été dit, redit et cela sera répété et répété encore en raison de son ampleur—affectent profondément. Les coûts et les méfaits du déséquilibre fiscal sur le plan humain, ainsi que le dramatique effet de ruine qu'il engendre sur tout le corps social du Québec et des provinces sont connus.
Toutefois, les libéraux fédéraux, dans leur approche nihiliste, leur attitude de négation de l'existence du déséquilibre fiscal, inspirent à plusieurs d'entre nous l'impression d'un trouble du comportement assimilable à de l'autisme politique. Tout le monde ici, l'ensemble des partis politiques ici réunis, reconnaît l'existence du déséquilibre fiscal, sauf eux. Tout le monde à Québec, l'ensemble des partis politiques à l'Assemblée nationale du Québec, reconnaît l'existence du déséquilibre fiscal, sauf eux. Si ce n'est pas de l'autisme politique, que cela peut-il être?
À l'instar de plusieurs domaines affectés par le déséquilibre fiscal au Québec et dans les provinces, il y a le feu dans le domaine culturel. Il y a urgence, car la précarité et le désarroi dominent le champ culturel à cause de ce déséquilibre fiscal.
Par cette rétention financière, on prive les gouvernements du Québec et des provinces de leur capacité à mettre en oeuvre leurs choix, leurs visions particulières à court, moyen, voire à long terme dans la sérénité, avec un souci de justice et d'équité, et leurs orientations.
Le gouvernement fédéral se sert de ces rétentions financières pour multiplier ses intrusions dans des domaines qui ne sont pas les siens et qu'il ne maîtrise pas, affaiblissant au passage ainsi l'État québécois et imposant à celui-ci des choix désincarnés faits à Ottawa. Il ne peut y avoir de véritable démocratie dans ces conditions. Certains se questionneront probablement sur la pertinence de parler « culture » dans le chapitre des crimes du déséquilibre fiscal, au même titre que des vecteurs récurrents comme la santé, l'éducation, le logement social, et le reste, qui sont au centre des préoccupations des populations.
Je dirai que c'est pertinent, car loin de nous détourner des autres dossiers, la culture peut nous aider à les poser dans toute leur étendue et à les affronter avec toutes les ressources de l'âme et de l'esprit. La qualité de la vie débouche nécessairement sur la culture, qui est la dignité de la vie. Faute de moyens, cette culture est absente dans la vie du plus grand nombre de nos concitoyennes et concitoyens, alors qu'elle pourrait y trouver sa juste place.
Je prends la peine de rappeler ici, devant cette assemblée, qu'il est absurde d'imaginer la culture sans les arts et les lettres, sans le théâtre, la musique, la danse, la littérature, les métiers d'arts, les arts visuels et médiatiques. La culture, les arts et les lettres sont l'âme, la psyché des nations, le coeur de chaque peuple.
Pour votre information, au Québec, le Mouvement pour les arts et les lettres, autrement appelé le MAL, qui représente 15 000 artistes professionnels, milite depuis toujours pour un meilleur soutien aux artistes. Il attend; il attend depuis longtemps. Il a beaucoup d'espoirs, lui aussi, à l'effet que la sagesse et la clairvoyance dictent le comportement du gouvernement libéral dans le dossier de la rétention financière. En effet, au moment où on se parle, la majorité de ces 15 000 artistes professionnels vit en-dessous du seuil de la pauvreté. Les moyens sont ici, les besoins sont là-bas.
Il est possible que la culture ne soit qu'un instrument, une arme de propagande pour le gouvernement libéral, une conception digne de celle des dictatures les moins éclairées que nous connaissons. Ce n'est pas la conception québécoise de la question culturelle. La vie nous l'enseigne: cultiver c'est naître, c'est travailler un sol dans l'espérance d'une récolte, c'est durer en transmettant, c'est protéger pour recevoir.
Les sociétés ne s'inscrivent dans l'histoire et dans les coeurs des vivants que par la culture. Or, au Québec et dans les provinces, la culture est fragilisée par le déséquilibre fiscal.
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Monsieur le Président, depuis le début de cet avant-midi, nous savons que le déséquilibre fiscal est reconnu par l'ensemble de la société. On pense à l'actuel ministre des Finances, M. Yves Séguin, qui présidait en 2002 la commission sur le déséquilibre fiscal au Québec,—le rapport a été rendu public le 7 mars 2002—, tous les partis politiques du Québec et toutes les provinces du Canada. Le déséquilibre est aussi reconnu par l'ensemble des partis d'opposition de la Chambre des communes.
Depuis quelques années, le déséquilibre fiscal a pris une telle ampleur qu'il étouffe littéralement le Québec et les provinces. Or, le gouvernement fédéral continue de nier l'existence de quelque problème que ce soit. Le Bloc québécois doit donc continuer à exiger que le gouvernement fédéral reconnaisse ce déséquilibre, mais surtout qu'il le règle. Le gouvernement fédéral perçoit des revenus qui dépassent largement ses responsabilités en matière de programmes. Il accumule des excédents considérables en dépit de la diminution du poids de la dette par rapport au produit intérieur brut. Les provinces, quant à elles, administrent les programmes de santé et d'autres programmes sociaux dont les coûts sont en forte hausse et font face à une demande croissante de services. En d'autres mots, comme l'ont dit le député de Saint-Lambert et beaucoup d'autres, c'est Ottawa qui a l'argent et les provinces qui ont les besoins, et l'écart entre les deux s'accentue.
Les conséquences sont importantes. Ce déséquilibre met en péril les systèmes de santé et d'éducation. Les prestations de services ne sont pas aussi efficaces qu'elles devraient l'être, faute de fonds. L'autonomie décisionnelle et budgétaire du Québec et des provinces est compromise.
Chaque année, les Québécoises et les Québécois envoient des dizaines de milliards de dollars en impôts et taxes à Ottawa. Ils sont donc en droit d'exiger que cet argent soit géré avec rigueur. Or, comme l'a clairement démontré le premier volet du rapport du comité Léonard, cela n'a pas été le cas au cours des cinq dernières années. Cela est le symptôme d'un mal plus profond. Le gouvernement fédéral, nous le redisons, a trop d'argent par rapport à ses responsabilités.
Dans toute cette question du déséquilibre fiscal, j'aimerais qu'on parle beaucoup des enfants, de l'incidence sur les enfants, les parents et les aînés.
Nous savons que le développement social passe, entre autres, par une situation financière stable et des enveloppes budgétaires récurrentes, afin que tous les intervenants sociaux puissent travailler dans un climat de sérénité, pour que les efforts puissent être canalisés vers les véritables besoins des jeunes familles, des personnes fragilisées et des aînés. Dans une situation d'instabilité budgétaire, les inquiétudes risquent de l'emporter sur les objectifs premiers.
Je vais mentionner trois mesures sociales qui connaissent soit une grande popularité ou une grande demande auprès des Québécoises et des Québécois, parce qu'elles répondent à un souhait évident d'une grande partie de la population.
Le réseau québécois de garderies abordables, qui vient justement d'être reconnu dans un rapport de l'OCDE, représente quelque 40 p. 100 des places en garderies réglementées. Son expérience sera très utile lorsque le Canada élaborera un système de la petite enfance universel et géré publiquement.
Pour continuer ce beau travail, il est essentiel que les ressources gouvernementales du Québec soient adéquates. Le fédéral doit offrir au Québec un droit de retrait inconditionnel avec pleine compensation financière. Une telle compensation serait d'autant plus appréciée que le gouvernement fédéral a économisé près d'un milliard de dollars en crédits d'impôt qui n'ont pas été versés aux familles qui bénéficient de la générosité du programme québécois.
Il faut comprendre qu'au-delà des chiffres, un programme de garderies a des incidences énormes sur la qualité du développement de nos enfants. Nous éviterons, à moyen et à long terme, des coûts sociaux futurs très importants. Pensons aux difficultés d'apprentissage que ces enfants évitent en étant mieux encadrés en garderies, et aux problèmes de délinquance. Il faut donc voir dans tout ce réseau de garderies abordables une solution à beaucoup de problèmes sociaux de nos jeunes familles.
Parlons maintenant des soins à domicile pour les personnes âgées. Ils sont reconnus comme étant une mesure efficace pour les aînés, car cela réduit les dépenses hospitalières et contribue davantage au bien-être de nombreuses personnes qui préfèrent récupérer chez elles après une période de maladie.
Là aussi, si la répartition des finances du fédéral et des provinces était plus juste, il pourrait se faire des progrès fort attendus des citoyennes et des citoyens. Les soins à domicile représentent un meilleur choix, tant pour les aînés eux-mêmes que pour les intervenants, souvent surmenés ainsi que pour les aidantes et les aidants naturels, qui ont besoin de répit. On sait à quel point il est de toute façon beaucoup plus économique de maintenir des aînés à leur domicile plutôt que dans les hôpitaux.
Que dire maintenant des besoins en éducation, qui se font de plus en plus sentir. On ne peut plus les faire passer après la santé. Oui, il faut améliorer les services de santé, mais il est impératif d'aider les jeunes à recevoir une instruction optimale, qui leur permettra de relever les défis de notre époque. Il en va de l'avenir de notre société.
Les besoins sont criants pour des enseignants spécialisés, des livres et du matériel informatique. Il est indécent que des surplus exagérés s'accumulent à Ottawa pendant que les commissions scolaires tentent de dégraisser des enveloppes budgétaires déjà épurées de tout excédent. Il est inadmissible que des surplus soient ici à Ottawa pendant qu'on manque de livres dans nos écoles. Les besoins en santé, en éducation, en organisations communautaires sont dans les provinces. C'est là que doivent se trouver les instances décisionnelles qui sont les plus proches des besoins des citoyens.
On doit retrouver les budgets qui permettent d'exécuter les priorités établies. Il y a un déséquilibre entre les possibilités de financement du Québec et les aspirations légitimes. Cela doit cesser.
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Monsieur le Président, je remercie le Bloc d'avoir présenté cette motion à la Chambre; elle arrive à point nommé, car la péréquation est un sujet brûlant au pays, en particulier dans la région Atlantique.
Pour que le public comprenne en quoi consiste la péréquation, il s'agit d'un programme élaboré au pays il y a de nombreuses années et dont le but est d'assurer le partage de la richesse entre toutes les provinces, riches et pauvres. Il assure une plus grande égalité, notamment dans la prestation des programmes gouvernementaux et en ce qui concerne la qualité de vie. Voilà, en bref, ce qu'est la péréquation.
Nous dépendons de la générosité des provinces mieux nanties, et nous leur en sommes reconnaissants. Nous vivons dans un pays généreux. C'est ce qui nous différencie des États-Unis d'Amérique. Par exemple, une personne pauvre qui habite au Mississippi, un État pauvre, vivra toujours dans la pauvreté. On n'observe pas, aux États-Unis, la même générosité qu'au Canada.
Nous reconnaissons l'importance du programme de péréquation. Nous tenons à ce qu'il continue, comme l'a d'ailleurs dit le chef de mon parti. C'est aux dernières élections que le premier ministre s'est mis dans le pétrin. Selon nous, les recettes provenant de l'exploitation pétrolière et gazière en mer devraient rester à Terre-Neuve-et-Labrador et en Nouvelle-Écosse. Le gouvernement canadien ne devrait pas les récupérer par le biais de la péréquation. Autrement dit, nous ne voulons pas voir les provinces pauvres le rester.
Selon un document préparé par le chef de mon parti, l'une des conditions exigées par le premier ministre est que Terre-Neuve-et-Labrador accepte un plafond. Autrement dit, elle ne toucherait l'argent qu'à condition de rester une province pauvre. Le chef de mon parti a posé une question légitime, qui va au coeur du débat: « Pourquoi le gouvernement veut-il que les provinces atlantiques soient partenaires dans la pauvreté, mais jamais dans la prospérité? »
C'est précisément le fond du débat actuel. Les libéraux refusent complètement de voir la réalité. Nous savons qu'ils sont en difficulté politique, car ils l'ont eux-mêmes reconnu.
J'aimerais parler des propos de certains députés de Terre-Neuve-et-Labrador ainsi que de certains éditoriaux qui nous arrivent de la région de l'Atlantique. Voici comment commence un article du Western Star de Corner Brook, à Terre-Neuve:
On commence à penser, ces jours-ci, que les députés libéraux pourront dire adieu à leur siège de député lors des prochaines élections si les négociations pour modifier l'accord de l'Atlantique se soldent par un échec.
Mais nous sommes déjà en présence d'un échec. Avant les dernières élections, le premier ministre savait très bien que sa campagne électorale était en train de s'écrouler et que les libéraux éprouvaient de grosses difficultés politiquement. Alors qu'il franchissait péniblement les derniers mètres de sa course électorale, le premier ministre est allé promettre à la population de Terre-Neuve-et-Labrador la totalité des recettes issues de l'exploitation de ses ressources extracôtières.
Aujourd'hui, alors que les élections sont chose du passée, nous découvrons que le premier ministre a fait une autre promesse libérale en l'air , comme il a l'habitude de le faire. Son objectif est atteint. Il est toujours le premier ministre du Canada et demeure encore au 24, promenade Sussex. Il a eu exactement ce qu'il voulait. Il a agi ainsi en connaissance de cause, sachant pertinemment que, de retour à la Chambre et devant les premiers ministres des provinces, il renierait sa promesse. C'est là le coeur de la question.
Hier, à la Chambre, nous avons entendu le député de St. John's East dire de son collègue de Terre-Neuve, qui est du reste ministre du Revenu national, qu'il est le Benedict Arnold de Terre-Neuve.