FEWO Rapport du Comité
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Le chapitre 6 présente d’autres suggestions formulées par les témoins au sujet de la sécurité économique des femmes. Ces suggestions visent dans une large mesure à faire en sorte que les femmes, jeunes et âgées, acquièrent un niveau plus élevé de connaissances financières et entrepreneuriales et soient au courant des conséquences des décisions prises aux différentes étapes de la vie afin d’être capables de prendre des décisions éclairées en matière de finances et d’affaires. Les témoignages ont soulevé une autre série de questions axées sur la nécessité de combler les lacunes sur le plan des connaissances et de surveiller certaines évolutions et tendances. Une troisième série de questions comportait des suggestions relatives à des initiatives et des stratégies nationales.
6.1 Savoir-faire financier et entrepreneurial
Plusieurs témoins ont mentionné le savoir-faire financier comme une dimension importante de la sécurité économique des femmes. Deborah Tunis, du ministère du Développement social, a signalé que les jeunes mères ne connaissent pas toujours les incidences de la maternité sur leur revenu futur.
[L]es femmes n’ont pas toujours toutes l’information nécessaire pour prendre des décisions au sujet de l’idée d’avoir des enfants — certaines retardent ces décisions à tel point que la situation devient difficile sur le plan de la fécondité — ainsi que les décisions au sujet de la façon dont la situation familiale se répercutera plus tard sur leurs revenus. Il est donc important de faire connaître l’information pour que les femmes soient au courant des conséquences des choix qu’elles font quand elles sont encore jeunes. Ce serait très bien qu’on puisse faire ça[151].
Mitch Bloom, du ministère du Développement social, a parlé de l’importance de faire comprendre aux jeunes garçons et filles ce que seront leurs responsabilités « tout au long de leur vie, et plus particulièrement à l’âge adulte[152] ».
Daniel Braniff de l’Association canadienne des plus de 50 ans a insisté sur la nécessité de renforcer le savoir-faire des femmes âgées en matière financière.
C’est une question d’éducation en matière financière, car les veuves, plus particulièrement, les veuves âgées, sont très vulnérables. Elles deviennent dépendantes de leurs contacts sociaux, des soins qu’elles reçoivent, et il se peut qu’elles cèdent des biens qu’elles devraient conserver[153].
Il a également fait remarquer que les femmes devraient avoir accès à des conseils financiers professionnels plutôt que de compter sur leur conjoint ou sur des membres de la famille pour prendre les décisions financières à leur place.
Selon moi, peu importe à quel niveau se situent les gains, très bas ou près du sommet, il faut pouvoir compter sur des conseils. Trop souvent, c’est un membre de la famille qui donne ces conseils. Et trop souvent, c’est l’homme de la famille qui le fait. Je dirais que, au moins une fois ou deux dans sa vie, il faut se faire établir un plan financier, peu importe l’âge, et il devrait être établi par un comptable autorisé[154].
Carole Presseault de l’Association des comptables généraux accrédités du Canada a mentionné qu’il serait utile pour les femmes d’avoir accès à des réseaux d’apprentissage offrant du soutien afin de développer leur savoir-faire et leurs connaissances en matière d’entrepreneuriat.
Il nous faut orienter l’apprentissage, et je crois que nous devons l’orienter vers les réseaux et les réseaux de femmes; à cet égard, le gouvernement fédéral a fait ses preuves en créant des centres d’excellence. Une des propositions que nous voulons vous présenter aujourd’hui est justement la création de centres d’excellence en entrepreneuriat féminin[155].
Ces centres d’excellence, qui ont été établis en Europe et aux États-Unis, permettraient d’offrir aux femmes un point d’accès à l’information et au mentorat[156].
6.2 Suivi des progrès réalisés afin de combler les lacunes sur le plan des connaissances
Des témoins ont mentionné diverses lacunes sur le plan des connaissances et recommandé la surveillance de domaines précis se rattachant à la sécurité économique des femmes. Lucya Spencer, de l’Ontario Council of Agencies Serving Immigrants, a attiré l’attention sur ces lacunes chez les aînées immigrantes.
[…] de nombreuses immigrantes qui sont au Canada depuis 25 ou 30 ans sont incapables de parler français ou anglais. Pourtant, elles ont besoin d’aide; elles ont besoin d’assistance, elles ont besoin de services. Ce dont nous avons besoin c’est d’une étude plus approfondie de cette situation afin que vous les décideurs, puissiez mettre en place des systèmes et des structures qui permettent de leur fournir les fonds nécessaires pour pouvoir vieillir dans notre pays et s’y sentir à l’aise[157].
Mme Anuradha Bose, de l’Organisation nationale des femmes immigrantes et des femmes appartenant à une minorité visible au Canada, a affirmé qu’il faudrait procéder à un examen plus approfondi de la sécurité économique des nouveaux arrivants. Une étude à cet égard porterait sur « les coûts sociaux de l’insécurité du revenu chez les femmes immigrantes et leur familles[158] ».
Le Comité a appris que Statistique Canada n’a pas effectué d’études ciblant les femmes des régions rurales.
Je sais que certains rapports importants ont été préparés sur les régions rurales du Canada, mais nous n’avons pas étudié la situation de certains groupes cibles. Nous avons insisté sur l’importance que revêtirait un tel rapport. Nous avons préparé une foule de publications — sur les Autochtones, les immigrants et les groupes de ce genre. Je ne crois pas que nous ayons fait beaucoup de travail important sur cet aspect, et c’est probablement un aspect qui devrait être étudié[159].
Les témoins ont mentionné des lacunes sur le plan des connaissances relatives aux responsabilités de mère et d’aidante.
Nous savons fort peu de choses sur la situation des gens qui s’occupent de leurs enfants adultes ou d’autres parents qui ont des problèmes de santé mentale, par exemple. Il y a donc des lacunes énormes dans nos connaissances et, partant, dans nos politiques[160].
Les témoins ont également fait remarquer qu’il était nécessaire de continuer à surveiller les tendances parce que l’avenir réserve une sécurité économique moindre pour les femmes qui occupent un emploi aujourd’hui.
Women Elders in Action ne partage pas l’opinion de ceux qui croient que la sécurité du revenu pour les femmes âgées n’est plus un problème. Bien que certains progrès aient été réalisés, nous croyons que la situation des femmes âgées seules exige d’autres améliorations. Le plus important c’est que les tendances actuelles compromettent les chances d’un avenir sûr pour les femmes salariées d’aujourd’hui[161].
6.3 Initiatives et stratégies nationales
Des témoins ont encouragé le gouvernement fédéral à entreprendre plusieurs initiatives nationales et à jouer un rôle de chef de file. Ils ont déclaré qu’il devrait instaurer un programme national de services de garde et une initiative nationale de services de soutien communautaire. Ils ont parlé de la nécessité d’appliquer une stratégie globale concernant la sécurité économique des femmes. Certains ont recommandé que le gouvernement fédéral mette en œuvre une stratégie antipauvreté.
Plusieurs témoins ont signalé la nécessité de mettre en place un programme national de services de garde à l’enfance. Monica Lysack, de l’Association canadienne pour la promotion des services de garde à l’enfance, a recommandé l’instauration d’un programme de services de garde d’accès universel qui remplacerait « l’ensemble d’éléments disparates » qui existe actuellement[162].
La mise en place, à l’échelle nationale, d’un système universel de garde d’enfants à but non lucratif bénéficiant d’un financement public est absolument essentielle si nous voulons parvenir à l’égalité des femmes. Depuis la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme, c’est à dire il y a 35 ans, l’instauration d’un tel système constitue une des exigences essentielles du mouvement de défense des droits de la femme[163].
Mary McGowan, de Neighbourhood Link/Senior Link, a fait remarquer qu’il faudrait « lancer une initiative nationale pour appuyer les personnes âgées et en particulier les femmes[164] ».
Je crois sincèrement qu’il devrait y avoir des services de soutien communautaires universels dans tout le pays. Cela permettrait d’éliminer certains des cloisonnements actuels[165].
Elle a mentionné les incidences financières favorables d’un programme de ce genre.
Si l’on investissait dans le soutien communautaire, moins de personnes devraient se tourner vers les établissements de santé et de soins de longue durée, plus coûteux[166].
Ken Wilson, du Regroupement des Canadiens pour le partage des pensions, a fait remarquer qu’il doit y avoir une volonté politique pour qu’une stratégie globale relative à la sécurité économique soit mise en œuvre.
Il nous faut établir des objectifs. Nous devons savoir quels sont les problèmes. Nous devons prévoir comment, à notre avis, la société évoluera. Alors bien sûr, je suis tout à fait d’accord pour qu’on se tourne vers l’avenir et qu’on élabore une stratégie. Je laisse aux hommes et femmes politiques le choix des modalités[167].
Le Conseil national du bien-être a signalé qu’il était nécessaire d’établir un plan antipauvreté qui comporte une analyse comparative entre les sexes.
Ce qu’il faut vraiment d’après le conseil, c’est un plan antipauvreté avec des objectifs clairs qui ait pour but de réduire les facteurs de pauvreté, d’augmenter le niveau de vie de ceux qui vivent dans la pauvreté la plus profonde et la plus persistante et de faire en sorte que ces personnes soient désormais traitées avec dignité. Il faut associer à ce plan des cibles, des indicateurs pour mesurer les résultats, répartir les responsabilités et y affecter les ressources nécessaires[168].
Le Conseil a recommandé que le gouvernement fédéral joue un rôle de coordination auprès des provinces qui ont entrepris la mise en œuvre de leur stratégie de réduction de la pauvreté[169]. Selon le Conseil national du bien-être social, il ne faudrait pas qu’un tel plan antipauvreté « soit influencé par des questions partisanes. Tous les partis devraient comprendre qu’il est dans leur intérêt de supprimer la pauvreté[170]. »
Recommandation 21 :
Le Comité recommande qu’en collaboration avec les provinces et les territoires, le gouvernement fédéral élabore une stratégie nationale de réduction de la pauvreté qui prend en compte la situation propre aux femmes et définit des cibles et des buts concrets dans la lutte contre la pauvreté au Canada, y compris chez les Autochtones.
[151] Deborah Tunis, sous-ministre adjointe intérimaire, Politique sociale, ministère du Développement social, 8 juin 2006.
[152] Mitch Bloom, directeur général, Secrétariat des politiques sur les aînés et les pensions, ministère du Développement social, 8 juin 2006.
[153] Daniel Braniff, président, Section de la Baie Georgienne, Association canadienne des plus de 50 ans, Témoignages, 27 mars 2007.
[154] Ibid.
[155] Carole Presseault, vice-présidente, Affaires gouvernementales et réglementaires, Association des comptables généraux accrédités du Canada, Témoignages, 17 mai 2007.
[156] Louise Nesterenko, fellow comptable générale accréditée, Association des comptables généraux accrédités du Canada, Témoignages, 17 mai 2007.
[157] Lucya Spencer, ancienne présidente, Ontario Council of Agencies Serving Immigrants, Témoignages, 29 mars 2007.
[158] Anuradha Bose, directrice exécutive et directrice de projet, Organisation nationale des femmes immigrantes et des femmes appartenant à une minorité visible au Canada, Témoignages, 29 mars 2007.
[159] Colin Lindsay (analyste principal, Division de la statistique sociale et autochtone, Statistique Canada, Témoignages, 15 février 2007.
[160] Janet Fast, codirectrice, Programme de recherche sur le vieillissement, les politiques et les pratiques, Département d’écologie humaine, Université de l’Alberta, à titre personnel, Témoignages, 19 avril 2007.
[161] Alice West, présidente, Women Elders in Action, Témoignages, 22 février 2007.
[162] Monica Lysack, directrice générale, Association canadienne pour la promotion des services de garde à l’enfance, Témoignages, 24 avril 2007.
[163] Ibid.
[164] Mary McGowan, directrice générale, Neighbourhood Link/Senior Link, Témoignages, 22 mars 2007.
[165] Ibid.
[166] Ibid.
[167] Ken Wilson, vice-président, Regroupement des Canadiens pour le partage des pensions, Témoignages, 27 mars 2007.
[168] Sheila Regehr, directrice, Conseil national du bien-être social, Témoignages, 13 juin 2006.
[169] John Anderson, recherchiste principal et conseiller en politiques, Conseil national du bien-être social, Témoignages, 13 juin 2006.
[170] Ibid.