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Bonjour, mesdames et messieurs. Le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie tient aujourd'hui sa 21
e réunion pour étudier, conformément à l'article 108(2) du Règlement, les instructions au CRTC en matière de politique.
Aujourd'hui, nous accueillons trois groupes, et notre séance durera environ deux heures et quinze minutes. Nous n'avons donc pas de temps à perdre. Nous allons essayer de respecter le plus possible notre horaire. J'encourage tous nos témoins et mes collègues à être aussi brefs que possible, tant pour les déclarations, que pour les questions et les réponses. La séance pourra ainsi mieux se dérouler.
Notre premier groupe de témoins réunit les représentants de toutes les entreprises de services locaux titulaires. Je crois savoir que ces quatre témoins se sont déjà entendus sur l'ordre des exposés, que je vais donc suivre.
Nous entendrons d'abord M. Lawson Hunter, vice-président exécutif et chef des Services corporatifs chez Bell Canada. Nous passerons ensuite à M. Michael Roberts, vice-président, Affaires gouvernementales et réglementaires pour Bell Aliant Communications régionales. Puis viendra M. John Meldrum, vice-président de SaskTel, Conseiller juridique et affaires réglementaires. Finalement, nous accueillerons la représentante de TELUS, Mme Janet Yale, vice-présidente exécutive, Affaires corporatives.
Je crois qu'on vous a expliqué que vous aviez chacun trois minutes pour faire vos déclarations préliminaires, puis que nous passerions directement aux questions des membres du comité.
Monsieur Hunter, s'il vous plaît, allez-y.
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Merci, monsieur le président. Madame et messieurs les membres du comité, bonjour.
Je suis heureux d'être ici pour vous dire que Bell Canada appuie la directive de politique proposée à l'intention du CRTC. Le besoin urgent de réaménager le cadre réglementaire des télécommunications canadiennes a été bien établi dans le rapport marquant qu'a produit le groupe d'étude sur la politique des télécommunications, le printemps dernier. Ce groupe de spécialistes a mis en lumière le paradoxe suivant, et je cite : « Malgré que le Canada dispose de l'un des marchés de télécommunications les plus concurrentiels au monde, il affiche encore l'un des cadres de réglementation les plus détaillés, prescriptifs et coûteux. »
Le fait que le groupe d'étude estime que le marché canadien des télécommunications accuse un retard par rapport au marché international confirme l'urgence de sa recommandation concernant la mise en place d'une réforme au moyen d'une directive de politique fondée sur trois principes.
Premièrement, il faut compter davantage sur les forces du marché pour atteindre les objectifs de politique du CRTC et permettre ainsi aux Canadiens de profiter enfin de tous les avantages des marchés concurrentiels car, comme l'a noté le groupe d'étude, « dans un marché concurrentiel, les fournisseurs de services sont incités à diminuer leurs coûts et leurs prix et à innover en matière de prestation de services afin d'accroître leur profitabilité ou de tout simplement demeurer en affaires. »
Deuxièmement, dans les domaines où la réglementation demeure nécessaire ou lorsque les forces du marché ne permettent pas d'atteindre les objectifs de politique et qu'elles ne peuvent pas être rationalisées et efficaces, il faut réduire le nombre d'instances réglementaires et adopter une réglementation minimale qui s'appuie sur l'application de règles simples, comme le recommande le groupe d'étude, pour intervenir « après le fait » plutôt qu'au moyen d'approbations préalables. Cela permettrait aux fournisseurs de services de mieux répondre aux besoins de leurs clients.
Troisièmement, il faut réformer le régime actuel du CRTC qui régit le marché de gros et qui, selon le groupe d'étude, est contraire à l'objectif du CRTC visant à favoriser une concurrence fondée sur les installations dans ce secteur.
Ce sont là d'excellents principes; ils s'appuient sur une analyse approfondie menée par le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications et ils sont largement acceptés dans d'autres compétences.
La Loi sur les télécommunications date de 1993. À cette époque, peu d'entre nous avions entendu parler de l'Internet, et ceux qui étaient équipés d'un téléphone sans fil devaient le transporter dans une serviette. De nos jours, des entreprises comme la société canadienne RIM vendent le Blackberry — un terme qui nous faisait plutôt penser à un petit fruit autrefois — qui ne pèse que quelques grammes mais qui utilise l'Internet pour véhiculer la voix, transmettre le courrier électronique et donner accès au Web et à la télévision, tout en permettant d'enregistrer des vidéos et de prendre des photographies numériques. C'est devenu la norme.
Cette révolution technologique a ouvert la porte à une concurrence vigoureuse fondée sur les installations, qu'il s'agisse d'entreprises de câblodistribution comme Rogers, Shaw, Vidéotron, Cogeco et EastLink, qui ont une capitalisation boursière se chiffrant en milliards de dollars, des offres de services multiples et des millions d'abonnés, ou de géants internationaux comme le Skype d'eBay, qui a une capitalisation boursière de plus de 40 milliards de dollars US et un bassin de plus de 200 millions d'utilisateurs inscrits à ses services de transmission de la voix sur Internet. Les résultats de ces entreprises ont dépassé la plupart des attentes, et leur croissance ne s'arrêtera pas simplement parce que nous sommes libres de recourir à des pratiques de marketing normales. Au contraire, ces entreprises feront tout ce qu'elles peuvent pour innover encore plus rapidement afin d'offrir de plus en plus de services de qualité.
La directive de politique est une première étape nécessaire pour que la politique régissant les entreprises de télécommunications au Canada redevienne un modèle et nous permette de reprendre notre place de leader mondial dans ce secteur. D'autres pays éliminent les contrôles préalables des prix et d'autres restrictions en matière de marketing — la marque du CRTC — afin de laisser libre cours aux forces du marché. De fait, en juillet dernier, le Royaume-Uni a mis fin au contrôle des prix de vente au détail, c'est-à-dire au plafonnement des prix, et ce, dans une industrie où les services de câblodistribution ne rejoignent que 25 p. 100 des foyers, alors qu'au Canada cette proportion s'élève à 98 p. 100. En revanche, le CRTC a terminé cette semaine des audiences publiques consacrées au prochain régime de plafonnement des prix qui sera en vigueur pendant plusieurs années.
Je voudrais laisser le dernier mot aux Canadiens eux-mêmes. Selon une étude menée par Decima pour le compte de Bell, TELUS et PIAC et dont les résultats ont été remis au Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications, la très grande majorité des consommateurs — en fait 89 p. 100 — croit qu'en matière de service téléphonique local, la même réglementation devrait s'appliquer aux compagnies de téléphone et aux entreprises de câblodistribution. Voilà pourquoi nous pressons le gouvernement d'aller de l'avant et d'instaurer la directive de politique, comme l'a recommandé le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications.
Merci.
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Merci, monsieur le président, madame et messieurs les membres du comité.
Je représente Bell Aliant Communications régionales. Bell Aliant est l'entreprise qui remplace aujourd'hui les sociétés qui ont assuré le service téléphonique dans les quatre provinces de l'Atlantique pendant de nombreuses années. Depuis juillet dernier, nous sommes également le fournisseur de services dans de vastes régions de l'Ontario et du Québec. Le territoire que nous desservons comprend certaines des régions les plus rurales et les plus éloignées du Canada, dont le Labrador, les territoires ruraux de Terre-Neuve-et-Labrador et le nord du Québec et de l'Ontario. Bell Aliant a été créée pour cibler les marchés régionaux. Nous avons accompli de grandes choses en offrant des services de communications à la fine pointe de la technologie à nos clients de la région de l'Atlantique. Nous avons la ferme attention de continuer à faire de même pour les clients des nouveaux territoires du Québec et de l'Ontario.
Je désire vous exposer les raisons pour lesquelles nous croyons que les instructions proposées pour le CRTC sont importantes pour nous, nos clients et tous les Canadiens. Nous croyons que la concurrence apporte un certain nombre d'avantages aux clients et que le fait de la restreindre empêche ceux-ci de profiter de ces avantages et met en veilleuse les projets d'investissement et d'innovation. Nous avons décidé de venir témoigner par crainte que quelqu'un vienne s'opposer aux instructions en alléguant que l'approche de réglementation actuelle favorise la concurrence; notre expérience nous indique le contraire. Selon nous, le CRTC doit changer son approche et laisser jouer la concurrence au lieu de la restreindre.
Laissez-moi vous parler un peu de notre expérience. Vous serez sans doute surpris d'apprendre que notre territoire comprend certains des marchés de télécommunications les plus concurrentiels au Canada. Le dernier rapport de surveillance du CRTC montre qu'à la fin de 2005, sur 86 marchés canadiens, trois des six marchés de service résidentiels les plus concurrentiels étaient dans notre territoire, au Canada atlantique. Le marché de Halifax était de loin celui qui avait le plut fort niveau de concurrence, la part des concurrents étant à peine inférieure à 35 p. 100.
Il faut se rappeler que les marchés définis par le CRTC sont de grandes régions qui englobent des secteurs où les nouveaux joueurs choisissent de ne pas offrir leurs services. La part de marché de nos concurrents dans ces régions, dont la région métropolitaine de Halifax où ils sont actuellement implantés, était encore plus élevée.
Selon toute évaluation raisonnable, ces marchés, et particulièrement celui de la région métropolitaine de Halifax, sont hautement concurrentiels, et ce depuis nombre d'années. Néanmoins, il a fallu deux années au CRTC pour traiter la demande d'abstention ou de déréglementation d'Aliant, qu'il a finalement rejetée parce qu'il avait créé de nouveaux règlements qui compliquent encore plus la déréglementation.
La concurrence continue de croître, mais les clients ne profitent pas des avantages inhérents à la libre concurrence des différents intervenants. Nous sommes assujettis à des restrictions qui nous empêchent de regrouper nos services et d'offrir des promotions mais qui ne s'appliquent pas à nos concurrents. Les clients ne profitent donc pas des avantages que notre réponse à la concurrence leur procurerait si les exigences réglementaires étaient réduites en faveur des forces du marché. C'est pour cette raison que nous appuyons vigoureusement le travail du Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications et les instructions proposées pour le CRTC.
Merci.
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Merci de me donner l'occasion d'exposer au comité le point de vue de SaskTel sur la signification que revêt pour nous la directive de politique.
Premièrement, pour ceux qui l'ignoreraient, SaskTel est la compagnie de téléphone titulaire de la province de la Saskatchewan. Par la taille, elle fait un peu moins que la moitié de Shaw Cable, le huitième de TELUS et le quinzième de Bell.
À notre avis, les instructions sur la politique sont un pas en avant pour le secteur canadien des télécommunications et en particulier pour les clients canadiens. Nous accordons une importance primordiale à l'orientation suivant laquelle le CRTC doit laisser jouer au maximum les forces du marché.
Aujourd'hui, les décisions du CRTC visent souvent à limiter les forces du marché, pour faire perdre artificiellement des parts de marché à SaskTel et à d'autres compagnies de téléphone titulaires. Dans ce but, on a instauré des règles du jeu inéquitables dans le secteur des télécommunications. J'utiliserai un exemple pour illustrer ce concept de l'iniquité des règles du jeu.
SaskTel et Shaw se font concurrence dans les services Internet et les services de câblodistribution et elles s'affronteront aussi bientôt pour le service téléphonique local. En tant que concurrentes, les deux entreprises tentent de reconquérir les clients perdus, mais elles doivent suivre des règles totalement différentes.
Quand SaskTel perd un abonné du téléphone au profit de Shaw, elle doit attendre trois mois avant de communiquer avec lui pour tenter de le récupérer. Même quand nous communiquons avec lui pour essayer de regagner sa clientèle, nous n'avons à peu près aucune souplesse dans les prix ni aucune possibilité de lui offrir une promotion, de renoncer aux frais d'installation ou de regrouper son service local avec d'autres services de SaskTel. Ce sont les règles imposées par le CRTC.
Par contre, quand Shaw perd un client de la télévision par câble au profit de SaskTel, dans 75 p. 100 des cas, elle peut communiquer avec lui immédiatement, souvent avant même que nous ayons terminé notre installation. Elle peut offrir à ce client — et elle le fait — diverses mesures incitatives pour le regagner, par exemple des frais mensuels réduits et des mois de service gratuits. Elle peut également regrouper son service de télévision avec l'Internet haute vitesse ou d'autres services qu'elle offre sur le marché.
Pour les clients, la restriction des forces du marché freine la concurrence et l'innovation et, au bout du compte, se traduit par des prix plus élevés que ce qu'ils auraient pu être. De nos jours, les combats les plus acharnés sur le plan de la concurrence se livrent non pas sur le marché mais devant le CRTC. Le temps est venu d'éliminer cette culture de la réglementation.
Notre expérience nous montre qu'on n'a pas besoin de l'aide d'un organisme de réglementation pour être concurrentiel. Avec ses partenaires, SaskTel a construit et exploité avec succès des entreprises de téléphonie locale et de câblodistribution à Leicester, en Angleterre, et à Wellington, en Nouvelle-Zélande, dans les années 1980 et 1990. En Nouvelle-Zélande, il n'y avait même pas d'organisme de réglementation officiel quand nous avons affronté New Zealand Tel. Pourtant, nous avons réussi, et les clients ont profité de la vive concurrence ainsi créée.
Pour terminer, rappelons que le rapport du Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications recommande une vaste réforme de la réglementation au Canada; il faut laisser jouer les forces du marché, laisser les consommateurs choisir, assurer l'équité entre les concurrents. Nous croyons que les instructions de politique proposées correspondent à ces principes fondamentaux et nous les appuyons entièrement.
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Merci, monsieur le président, madame et messieurs les membres du comité.
Lorsque le Parlement a adopté l'article 8 de la Loi sur les télécommunications, il voulait permettre au ministre de l'Industrie et au Cabinet de se charger d'une question qui devrait en effet relever clairement de leur responsabilité, la politique fondamentale du gouvernement dans le secteur critique des télécommunications.
[Français]
Les instructions proposées en matière de politique constituent un moyen de permettre au ministre et au Cabinet d'assurer leur leadership en matière de politique. Par l'entremise de ces instructions, le gouvernement pourra guider le CRTC quant à la façon d'exercer son mandat courant à titre d'organisme réglementaire.
[Traduction]
TELUS appuie les instructions proposées en matière de politique et enjoint au gouvernement de mettre la dernière main à ces instructions et de les publier officiellement. Selon nous, ces instructions sont à la fois nécessaires et opportunes. Elles sont nécessaires parce que les agissements du CRTC, ces dernières années, ont clairement montré qu'en l'absence de telles instructions, le CRTC n'adopterait pas d'approches axées davantage sur le marché pour mettre en oeuvre la Loi sur les télécommunications.
Deuxièmement, les instructions sont opportunes car elles constituent une étape importante dans la réforme du cadre réglementaire des télécommunications canadiennes tel que défini dans le rapport final du Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications.
[Français]
Comme je l'ai mentionné, le CRTC a clairement démontré au cours des dernières années qu'il préférerait continuer à réglementer plutôt que de procéder aux réformes adoptées dans la plupart des économies industrialisées.
[Traduction]
Je vous donne quelques exemples récents. Au printemps dernier, le Canada a demandé au CRTC de revoir sa décision de réglementer les services de téléphonie Internet comme s'il s'agissait du service téléphonique local filaire traditionnel. Le Cabinet a repris les recommandations adoptées dans le rapport final du Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications, qui proposait de s'abstenir de réglementer ces services Internet. Étonnamment, le 1er septembre dernier, le CRTC a répondu au Cabinet qu'il ne changerait pas sa politique en matière de réglementation des services de téléphonie Internet. Même s'il y était invité par le gouvernement, le CRTC a refusé d'adopter une approche plus moderne, davantage axée sur le marché.
La réticence du CRTC à reconnaître et à accepter le changement s'exprime aussi dans sa politique sur le sans fil, les services téléphoniques mobiles. Comme vous le savez les services sans fil ont un énorme succès au Canada et ailleurs, et ils comptent maintenant environ 17 millions d'abonnés au Canada.
Bien des gens considèrent le sans fil comme leur service téléphonique primaire, et de plus en plus d'abonnés se détournent complètement du service filaire pour faire du sans fil leur seul service téléphonique. Dans la zone de desserte de TELUS, sur notre principal marché urbain, la région métropolitaine de Vancouver, selon Statistique Canada, 10 p. 100 des ménages n'ont plus maintenant qu'un service sans fil, et cette proportion croît d'année en année. Malgré tout, ce n'est qu'au cours des derniers mois que le CRTC a consenti à reconnaître que les services sans fil pouvaient remplacer et concurrencer les services filaires traditionnels.
Ces exemples, selon nous, illustrent clairement la nécessité pour le gouvernement de donner au CRTC des instructions en matière de politique. Les instructions proposées sont bien conûes; leur validité juridique et leur conformité avec l'intention qu'avait le Parlement lorsqu'il a adopté l'article 8 de la Loi sur les télécommunications sont indéniables.
Pour terminer, j'aimerais attirer votre attention sur ce que le ministre lui-même a dit le jour où il a publié les instructions proposées :
Nous voulons nous assurer que l'industrie canadienne des télécommunications peut soutenir la concurrence internationale et réussir sur le marché mondial et qu'elle est structurée de manière à répondre le mieux possible à nos besoins en évolution rapide et constante en matière de télécommunications.
Une étape critique de la réalisation de cet objectif consiste à mettre la dernière main à ces instructions en matière de politique, et nous pressons le gouvernement d'agir le plus rapidement possible.
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie d'avoir invité Telus à vous faire part de ses commentaires sur ce sujet très important.
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J'aimerais faire un commentaire rapide sur le marché des services d'affaires. Le marché d'affaires, selon nous, est le plus compétitif.
Monsieur McTeague, si vous le souhaitez je pourrais vous transmettre certains renseignements sur l'évolution des prix dans ces marchés.
Bien sûr, dans certains régimes d'accès de gros, la chose est possible. Rogers vient d'annoncer... D'après un article publié le 10 octobre dans le Globe and Mail, cette entreprise veut s'attaquer énergiquement au marché des services d'affaires. Nous ne parlons pas seulement des compagnies de téléphone; les câblodistributeurs eux-mêmes se lancent carrément sur ces marchés. Vidéotron a fait une annonce similaire.
Le marché est très concurrentiel et, comme je l'ai dit, on peut soutenir qu'il est le plus concurrentiel au pays. Nous devons tous lutter, je crois, pour tirer un rendement raisonnable de notre investissement.
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Premièrement, il me semble inutile de tenir d'autres consultations. Le groupe d'étude sur la politique des télécommunications avait pour mandat de voyager et de consulter les consommateurs et les parties intéressées, de s'appuyer sur leurs connaissances pour formuler une recommandation à l'intention du gouvernement, et cela a été fait. Il a fallu un an, et je crois que cela a été très bien fait.
Pour ce qui est de l'accès au service à large bande — et de fait, M. Sabia, notre PDG, a plus d'une fois abordé la question —, si vous lisez le mémoire que nous avons présenté au Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications, vous verrez que nous avons traité à fond de la question de l'accès au service à large bande. Nous avons même recommandé au gouvernement, et il l'a mentionné dans son discours il y a un an, de se fixer comme objectif l'accès universel au service à large bande.
Vous le savez sans doute, nous avons récemment soumis au CRTC une proposition concernant l'affectation de 455 millions de dollars au déploiement de notre service à large bande — notamment dans votre circonscription, je le précise. Il est vrai que dans les régions moins densément peuplées du pays le coût du service à large bande est plus élevé, mais nous sommes très près du but, au Canada. Déjà 92 p. 100 des ménages ont accès au service filaire. Nous avons lancé, en collaboration avec Rogers, une coentreprise appelée Inukshuk afin d'offrir le service sans fil et l'accès de type WiMAX dans une très grande partie du pays. Télésat, qui est aujourd'hui une filiale en propriété exclusive de Bell Canada, offre un service Internet haute vitesse par satellite, le premier au monde.
Je crois que nous n'avons rien à envier aux autres pays pour ce qui est des progrès réalisés en matière de service à large bande. Par contre, je suis plutôt d'accord avec vous quant à la nécessité d'assurer aux Canadiens l'accès au service à large bande. Nous avons d'ailleurs le sentiment d'avoir nous-mêmes beaucoup fait à cet égard. Il nous reste encore beaucoup à faire, je le reconnais, mais nous avons toujours proclamé, tout au long de ce processus, qu'il s'agissait d'un aspect fondamental.
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J'aimerais simplement dire que l'industrie évolue très rapidement. Je crois que nous discutons essentiellement du rôle qui convient au gouvernement.
Comme je l'ai souligné dans mes commentaires, si nous y pensons bien, nombre des dispositifs qui assurent aujourd'hui aux consommateurs la liberté, le choix et un meilleur service n'existaient pas autrefois. Tout évolue si rapidement qu'il est selon moi impensable qu'un organisme gouvernemental puisse prédire ce que le marché produira. C'est une mission impossible — et, franchement, sans espoir.
Nous devons vraiment nous tourner vers le marché; le marché produira des avantages. S'il y a des abus de pouvoir du marché, alors évidemment, il nous faut pouvoir les corriger, mais le régime que nous avons aujourd'hui limite la compétition et ne produit pas de bons résultats pour les consommateurs à court terme, moins encore à long terme.
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Vous me laissez commencer, Janet?
Ce document, en passant, c'est une annexe au mémoire que nous avons présenté au groupe d'étude de la politique des télécommunications. Elle fait 98 pages et dresse la liste de tous les règlements auxquels nous sommes assujettis aujourd'hui. L'index a plus de dix pages. Nous vivons donc dans un univers extraordinairement compliqué, microgéré.
Nous évoluons si rapidement qu'il est impossible pour le consommateur de profiter de la concurrence dans cet univers qui, essentiellement, s'appuie sur l'hypothèse que tout est réglementé jusqu'à ce que le gouvernement en décide autrement.
D'autres compétences ont renversé l'hypothèse, et c'est ce que recommande le groupe d'étude. Selon lui, vous devriez modifier l'hypothèse de la réglementation; ne supposons pas qu'il nous faut réglementer dans un contexte de commandement et de contrôle préalables, mais plutôt qu'il faut vérifier s'il y a des problèmes. C'est l'un des changements qui, selon nous, doit absolument se produire. Cela n'arrivera pas simplement grâce à ces instructions, évidemment; il faudrait modifier la loi.
Mais tout le mécanisme de la loi, comme le groupe d'étude l'a si bien exposé, doit être revu. Si vous en voulez un exemplaire, je vous le laisserai, mais il illustre bien le caractère interventionniste du système actuel et, comme l'a mentionné le groupe d'étude, le fait que ce système est maintenant dépassé dans le reste du monde.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être venus aujourd'hui.
La question est très importante. Je considère qu'il s'agit d'une infrastructure nationale. Nous avons beaucoup de données sur les consommateurs tributaires de ces services, mais il faut aussi nous intéresser à ce qui se passe du côté commercial dans le pays, et la question touche aussi la sécurité pour le monde qui nous entoure.
Je m'inquiète notamment que la déréglementation soit perçue comme la solution à tous les maux. Pourquoi dans le cas du sans fil, par exemple, les prix sont-ils plus élevés, la couverture du service à large bande plus réduite et le service, inférieur, en comparaison d'autres pays industrialisés? Ces services ne sont pas réglementés. Comment pouvez-vous expliquer les différences entre le service au Canada et le service dans les autres pays?
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Je ne suis pas convaincu que les prix du sans fil soient très différents ici et dans les pays de l'OCDE. Il est indéniable que, pour une minute moyenne d'utilisation par mois, nos prix sont très compétitifs relativement à ceux des États-Unis, le pays avec lequel il importe le plus de nous comparer.
Comme vous le savez, en Europe et dans d'autres pays les réseaux sans fil sont moins bons et les modalités de facturation... Le contexte est différent. Mais si l'on compare les prix aux États-Unis et au Canada, nous sommes plutôt concurrentiels.
Le problème est aussi lié à la réglementation. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les États-Unis ont évolué. Ils ont déréglementé le secteur parce qu'ils craignaient que leur cadre de réglementation, en particulier, pour l'accès en gros, ne décourage l'indispensable investissement dans l'infrastructure, dont vous avez parlé.
Vous avez tout à fait raison. Il nous faut une infrastructure de pointe, mais si notre cadre réglementaire nuit au rendement de l'investissement, les gens n'investiront pas. C'est ce qui s'est passé aux États-Unis. C'est la raison pour laquelle le système a été modifié là-bas.
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Au fond, personne ne propose de déréglementer là où les forces du marché ne sont pas concurrentielles. Faisons une distinction nette entre les endroits où il y a de la concurrence et ceux où il n'y en a pas. Et de un.
Deuxièmement, lorsqu'on autorise l'accès bon marché à l'infrastructure d'une tierce partie, rien ne vous encourage à construire votre propre infrastructure.
Je peux parler du point de vue de TELUS. Lorsque nous avons commencé à nous implanter en Ontario et au Québec, nous avions des plans d'investissement dans l'infrastructure antérieurs à la décision du CRTC sur le dégroupage et l'accès obligatoire à l'infrastructure des compagnies de téléphone. Je peux vous dire que ces plans ont été mis de côté quand le CRTC a décidé d'imposer l'accès bon marché à l'infrastructure. Rien ne nous encourageait à investir en Ontario et au Québec — il y a de cela quelques années —, parce que le CRTC permettait d'utiliser à bon marché une autre infrastructure.
Au bout du compte, ces règles ont du poids. Si vous voulez encourager l'investissement dans l'infrastructure, le mieux est de ne pas créer d'accès obligatoire à l'infrastructure d'une autre entreprise sauf pour les services essentiels. Cela est parfaitement conforme aux instructions.
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Merci d'être venus. Nous avons déjà un peu de retard, nous voulons donc que les réponses et les déclarations préliminaires soient très brèves.
Je demande à notre deuxième groupe, les entreprises de câblodistribution, de prendre immédiatement place à la table.
Nous accueillons M. Kenneth Engelhart, vice-président, Réglementation, chez Rogers Communications Inc. Nous entendrons aussi M. Yves Mayrand, vice-président des affaires corporatives de COGECO. Shaw Communications nous envoie M. Jim Shaw, son chef de la direction. Et Vidéotron est représentée par M. Luc Lavoie, vice-président exécutif, Affaires corporatives, chez Quebecor Inc. Nous vous écouterons dans cet ordre.
Messieurs, je vous demande de vous en tenir à trois minutes. Merci beaucoup.
Commençons par M. Engelhart.
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Merci, monsieur le président.
La concurrence au Canada a bénéficié aux consommateurs. Elle a stimulé l'innovation, et nous l'appuyons sans réserve. L'essentiel du débat d'aujourd'hui portera sur la façon d'accroître la concurrence et de produire le plus rapidement possible des avantages pour les consommateurs.
Nous avons déjà fait beaucoup au Canada. Il y a 20 ans, un monopole régnait dans presque tous les domaines du secteur des télécommunications. Aujourd'hui, la concurrence s'exerce dans 70 p. 100 du marché des télécommunications. Le dernier domaine réglementé est celui des services téléphoniques locaux, et c'est dans une large mesure l'objet du débat.
Aujourd'hui, je veux surtout dire qu'en téléphonie locale, la concurrence varie selon qu'il s'agit du marché des consommateurs ou de celui des affaires. Sur le marché résidentiel, ou des consommateurs, on vous l'a dit, les entreprises de câblodistribution ont implanté leurs propres réseaux et offrent des services. La plupart des réseaux de câblodistribution n'englobent toutefois pas le marché des services commerciaux. La plupart des édifices commerciaux n'ont pas d'infrastructure de câble. La concurrence sur le marché commercial n'est pas liée aux entreprises propriétaires d'installations. Comment nos entreprises peuvent-elles intervenir sur ce marché? En règle générale, c'est en utilisant l'accès aux installations approuvées par le CRTC — le réseau d'accès et les autres réseaux. Ces éléments sont très importants.
L'an dernier, Rogers a acquis Call-Net, un très important fournisseur des services de télécommunications concurrentiels pour les entreprises canadiennes. L'ancien Call-Net et nos groupes de marketing et de ventes de services sans fil et de câblodistribution auprès des entreprises ont été regroupés dans le cadre de Solutions d'affaires Rogers, une division qui produit des revenus annuels de 600 millions de dollars. Nous sommes toutefois presque entièrement tributaires de l'accès aux installations approuvées par le CRTC, et moins de cinq pour cent de ces installations sont auto-approvisionnées. Nous commençons à établir des réseaux d'affaires, mais il nous faudra du temps. Le marché des services d'affaires et le marché des services résidentiels sont très différents.
Nous nous inquiétons de la teneur des instructions. Ces instructions imposent spécifiquement au CRTC l'obligation de tenir une audience et d'examiner la question. Je crains que le CRTC ne voit dans ces instructions une demande de réduire le nombre d'installations pour stimuler la concurrence sur le marché des services d'affaires. Si les instructions sont ainsi interprétées, je crois qu'elles nuiront à la concurrence sur ce marché. Toute réduction sensible des services et installations de gros tarifés pourrait fortement limiter la concurrence sur le marché des services de télécommunications d'affaires au Canada.
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Merci, monsieur le président. Je remercie les membres du comité de donner à COGECO Cable l'occasion de commenter les instructions transmises au CRTC en matière de politique des télécommunications.
Outre les éléments exposés par nos collègues de l'industrie de la câblodistribution aujourd'hui, permettez-moi de vous exposer quelques réflexions fondamentales, en espérant que vous et le gouvernement en tiendrez compte.
Premièrement, ces instructions sur la politique des télécommunications ne peuvent ni supplanter les dispositions actuelles de la Loi sur les télécommunications, ni éliminer la nécessité d'une refonte de la loi canadienne sur les télécommunications, comme le propose le rapport du groupe d'étude. Puisqu'un nouveau projet de loi sur les télécommunications doit être déposé prochainement, ces instructions devraient préciser les divers aspects de la loi telle qu'elle existe présentement, et uniquement jusqu'à ce que cette loi soit effectivement modifiée par le Parlement. Aux plans juridique et pratique, et jusqu'à ce que la loi soit modifiée, nous demeurons tous assujettis au régime d'abstention de réglementation établi par l'article 34 de la Loi sur les télécommunications, et cela inclut le gouvernement.
La version des instructions proposées par le groupe d'étude contenait d'ailleurs une référence explicite à cette disposition de la loi actuelle relativement à la réglementation économique des services de télécommunications. Les instructions sur la politique devraient faire la même chose.
[Français]
Deuxièmement, la notion fondamentale de position fortement dominante, significant market power en anglais, sous-tend le rapport du Groupe d’étude sur le cadre réglementaire des télécommunications, ou GECRT, en ce qui a trait à la réglementation et à la déréglementation économique des services de télécommunications. C'est une notion fondamentale en droit de la concurrence à travers le monde, qu'il s'agisse du secteur des télécommunications ou d'autres secteurs industriels. Lorsque la position fortement dominante s'avère présente dans un marché pertinent, il peut être nécessaire de poursuivre ou même de réintroduire la réglementation économique. La version des instructions sur la politique des télécommunications qui était proposée par le GECRT contenait une référence explicite à cette notion relativement à la réglementation économique des services de télécommunications. Les instructions finales sur la politique des télécommunications devraient faire de même.
Troisièmement, l'établissement d'un régime de réglementation, a posteriori, comme nouveau cadre de réglementation préférentiel exige un système de sanctions sérieuses et efficaces dans les cas de comportement anticoncurrentiel. Le rapport du GECRT contient un chapitre complet sur cette exigence essentielle. Je suggère d'ailleurs la création d'un organisme habilité à y voir. Dans l'état actuel des choses, pour les marchés où il s'avère que des entreprises de téléphone ont une position fortement dominante — et je vous dirais que c'est encore clairement le cas dans plusieurs marchés locaux au moment où on se parle —, la réglementation économique a priori constitue la seule parade sérieuse et efficace contre le comportement anticoncurrentiel, et il n'y a présentement aucune solution de rechange sérieuse qui soit disponible à cet égard.
[Traduction]
Enfin, quatrièmement, bien que le rapport du groupe d'étude recommande au gouvernement de donner des instructions au CRTC sur la politique des télécommunications, il recommande aussi très clairement d'abolir le pouvoir du Cabinet de revoir les décisions individuelles du CRTC. Le rapport souligne que nous sommes le seul pays occidental dont la loi nationale sur les télécommunications prévoit ces deux pouvoirs et leur utilisation cumulative. Il est essentiel qu'un tribunal spécialisé et indépendant, et non pas des politiciens, statue sur les dossiers individuels, en fonction d'une preuve détaillée et de garanties procédurales adéquates. En formulant des instructions sur la politique aux termes de l'article 8 de la loi, le gouvernement devrait s'engager à s'abstenir d'intervenir dans les décisions individuelles du CRTC ou de ses successeurs.
Merci beaucoup.
:
Madame et messieurs les membres du comité, bonjour.
J'espère que personne ne me posera de question au sujet de la politique 8.2.630, car je suis probablement le seul témoin sans diplôme en droit aujourd'hui. Je constate aussi avec plaisir que je ne suis pas — merci — le seul Shaw dans la salle.
Nous sommes un important fournisseur de services de câblodistribution, avec environ trois millions de clients, y compris la clientèle du service par satellite. Nous oeuvrons dans les domaines de la radiodiffusion directe, de la câblodistribution et de la téléphonie Internet. Nous sommes actuellement le principal fournisseur de services Internet dans l'ouest du Canada. La semaine dernière, nous avons offert la concurrence de la téléphonie Internet pour la première fois dans une ville appelée Medicine Hat. Aujourd'hui, nous lançons notre service à Lethbridge. La semaine prochaine, nous le lancerons à Red Deer. Ces trois villes n'ont jamais connu la concurrence depuis les débuts des télécommunications au Canada. Pourtant, elles ont été témoin d'une forte concurrence en radiodiffusion en général.
Nous avons deux ou trois idées sur ce qu'il serait bon de faire. Ce sont des suggestions que le comité pourrait envisager.
Actuellement, seulement deux millions de nos clients ont la possibilité d'utiliser la téléphonie Internet, la téléphonie numérique, comme nous l'appelons. Nous avons beaucoup à faire et nous nous attaquons à ce secteur. Nous avons encore des concurrents — TELUS, SaskTel, Manitoba Tel — qui ont quatre millions de lignes, et il est uniquement question des foyers, et nous avons recruté 170 000 clients jusqu'ici.
Nous croyons qu'il ne nous faudra pas beaucoup de temps pour établir la concurrence, mais il nous en faut un peu. Nous prévoyons que dans un an notre concurrence sera sensible — je vous laisse le choix de la date — et que les petites villes du Canada pourront bénéficier de la concurrence. Seules les grandes villes y ont droit actuellement.
Pour l'instant, les compagnies de téléphone monopolistes gèrent entièrement le système. Il est difficile d'assurer la portabilité du numéro. Il est difficile, comme Ken Engelhart l'a fait remarquer, d'avoir accès aux structures de soutien et aux droits de passage. On nous dit constamment que la capacité est entièrement utilisée, ou qu'elle le sera dans le cas des futures installations prévues. Il nous faut vraiment être clairs quant à notre priorité, qui est d'offrir un accès aux Canadiens...
Shaw est une entreprise qui dessert de nombreuses petites villes, en Colombie-Britannique ou au Manitoba par exemple. Je pense à Prince Albert, à Moose Jaw et à Swift Current — que j'appelle « Speedy Creek » — et à d'autres localités semblables. Nous avons besoin d'accès, et si nous ne pouvons pas garantir que nous apporterons la concurrence, notre situation sera vraiment complexe. C'est tout. Si c'est là l'ensemble de votre mandat, c'est vraiment ce que nous vous demandons d'examiner.
Nous pensons aussi que des changements s'imposent dans le domaine de la radiodiffusion. Nous savons que ce n'est pas votre mandat aujourd'hui, mais je crois que si vous, le comité, pouviez formuler des instructions quelconques pour aider les Canadiens à élargir leur choix au Canada, cela serait certainement accepté par tous les électeurs des députés ici présents.
Alors qu'aujourd'hui nous avons le iPod et la télévision numérique, tout s'accélère — il faut mettre la main là-dessus —, les Canadiens doivent accepter des restrictions auxquelles ils ne sont pas habitués. Les habitants de l'ouest du Canada vont en Californie ou à Hawaï et regardent des émissions. Une fois rentrés, ils ne peuvent pas trouver ces émissions. Ils me téléphonent et me demandent : « Jim, pourquoi est-ce que je ne peux pas voir telle émission? » Je réponds : « Est-ce que vous avez vu le livre sur la radiodiffusion? Il est épais comme ça et il contient plus de règles que vous ne pouvez l'imaginer. » Je ne peux même pas leur expliquer. Cela fait partie du problème.
Je pense que les principes utilisés pour les télécommunications s'appliquent. Nous devons simplifier, produire un système de radiodiffusion sain qui répondra aux voeux des Canadiens. C'est la même chose du côté des télécommunications. Il y aura toujours de la concurrence...
Encore un instant, monsieur le président. Je suis désolé, mais cela est important.
Si nous mettons les Canadiens de notre côté, nous ne pouvons que gagner, et ces grandes entreprises survivront.
Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, membres du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, mesdames et messieurs, je m'appelle Luc Lavoie et je suis le vice-président exécutif de Quebecor Inc.
Comme vous le savez, Vidéotron, le plus grand câblodistributeur au Québec et le troisième au Canada, est l'une de nos filiales à part entière.
Le concept de la concurrence est inscrit dans le code génétique de Quebecor depuis sa création par Pierre Péladeau il y a plus de 50 ans. Quebecor a toujours été active dans un environnement extrêmement concurrentiel, que ce soit pour les journaux, les magazines, l'imprimerie ou la télévision. Il va de soi que nous appuyons le ministre quand il exprime le souhait de voir les règles naturelles du marché régir davantage l'industrie des télécommunications.
La concurrence, partout où elle s'instaure, est bénéfique d'abord et avant tout pour les consommateurs, les citoyens.
Nous venons de le vivre avec la concrétisation d'une décision prise par le Parlement canadien il y a plus de 10 ans, celle d'ouvrir à la concurrence le marché de la téléphonie résidentielle. Pour la première fois de l'histoire, le prix du téléphone a baissé de façon substantielle. Du jamais vu! S'il a fallu plus de 10 ans pour que la décision du Parlement canadien se concrétise, c'est que nos anciens monopoles et principalement le plus grand d'entre eux — je parle évidemment de Bell Canada — ont tout fait pour demeurer des monopoles.
Bell Canada a tout fait pour empêcher les câblodistributeurs d'offrir des services de téléphonie résidentielle. Il a fallu la volonté d'un homme, appuyé par son équipe — je veux parler de Charles Dalfen, l'actuel président du CRTC — pour qu'enfin la concurrence devienne réalité. Cela explique sans doute les attaques publiques vicieuses de Bell contre le CRTC. Le monopole a enfin été démantelé, et Bell a de la difficulté à s'en remettre.
Je profite donc de mon passage devant vous pour rendre hommage au courage de Charles Dalfen, dont le mandat à la présidence du CRTC tire à sa fin. Il laisse un bel héritage aux Canadiens : la concurrence dans la téléphonie et tous les avantages qui en découlent.
Mesdames et messieurs les parlementaires, je vous mets en garde contre le discours enjôleur que vous tiennent les anciens monopoles et la campagne massive de lobbying qu'ils déploient présentement à Ottawa, autant auprès de la fonction publique qu'auprès de vous, nos élus. Le discours qu'ils tiennent n'est rien d'autre que du sophisme et de la distraction. Face à un monopole vieux de plus d'un siècle, il est impossible de voir s'installer la concurrence si les conditions appropriées ne sont pas mises en place. C'est ce qui a été fait par le CRTC dans le cas de la téléphonie résidentielle, et cela a fonctionné.
Tôt ou tard, les règles pures du marché devront s'appliquer, et nous l'acceptons, mais il ne faudrait pas précipiter les choses et retomber dans les pièges tendus par les anciens monopoles.
[Traduction]
Certains de nos concurrents ont été jusqu'ici plutôt sévères, voire méprisants, et ils ont nié la capacité du CRTC de gérer cette transition. Il y a lieu de se demander pourquoi.
En téléphonie locale, ce n'est qu'après une décennie de faux départs et d'échecs malheureux qu'on note enfin l'émergence d'une concurrence stable et significative. À cet égard, le CRTC a édicté les conditions permettant la déréglementation, tant et si bien que ces conditions seront vraisemblablement remplies dans les grands secteurs urbains du pays, et ce au cours de 2007. Mais Bell et TELUS ne sont pas capables d'attendre si longtemps. Elles réclament une déréglementation totale et immédiate, pendant qu'elles détiennent encore plus de 90 p. 100 des parts du marché.
Le CRTC a élaboré un plan pour la concurrence et la déréglementation en téléphonie locale, et ce plan est en train de porter fruit. Des compagnies comme Vidéotron offrent des services innovateurs aux consommateurs à des prix réduits, et les consommateurs répondent à l'appel.
De fait, si nous cherchons des moyens pour venir en aide aux consommateurs canadiens, je pense, malgré tout le respect que je vous dois, que nous regardons au mauvais endroit. Bien que la directive dont il est question aujourd'hui ne concerne pas spécifiquement le cas de la téléphonie mobile, je profite de ma présence ici pour souligner à votre intention, vous, les parlementaires, que vous devriez commencer à vous inquiéter très sérieusement de la situation qui prévaut dans ce secteur au Canada.
La téléphonie mobile est présentement concentrée entre les mains d'un oligopole et, alors que la technologie de troisième génération a fait une percée majeure aux États-Unis ainsi qu'en Europe et en Asie, ici, au Canada, nous sommes en train d'accumuler un retard considérable. En plus d'avoir une technologie d'arrière-garde, le Canada, selon l'OCDE, vient au 29e rang parmi les 30 membres de l'organisation, juste devant le Mexique et derrière la Turquie, pour ce qui est du taux de pénétration de la téléphonie mobile. Pendant ce temps, les Canadiens paient 60 p. 100 de plus que nos voisins du sud pour des services inférieurs de téléphonie mobile.
Cela est très inquiétant à plus d'un égard, et particulièrement parce que la troisième génération de mobilité est bien plus que la téléphonie, c'est le véhicule de l'avenir pour la culture, que ce soit la musique, le cinéma, la télévision ou l'information.
[Français]
Il faut, dans les plus brefs délais, briser cet oligopole. Sinon, les Canadiens seront traités comme des citoyens de seconde zone.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président. Je n'aurai probablement pas besoin de tout ce temps, cela vous aidera.
Je représente une circonscription rurale, et je vais poser ma question au nom de tous les députés, qu'ils soient ici ou pas, qui viennent de circonscriptions rurales. J'essayerai de rester objectif, mais lorsque je me suis installé dans mon bureau de comté, situé dans une ville de 6 000 habitants, je n'ai pas pu obtenir de service haute vitesse du titulaire. J'ai dû m'adresser à une entreprise de câblodistribution. Cela m'a semblé intéressant. Je n'avais pas de choix, c'était ainsi.
Si je voulais tenter de convaincre un groupe d'agriculteurs dans un secteur rural d'une quelconque circonscription canadienne, non pas dans un village, mais à l'extérieur, le long des routes cantonales, là où la télévision ne peut généralement venir que par satellite, et si je voulais les convaincre, disons au nom des nouveaux venus de l'industrie, de l'intérêt de ce type de services de détail de première ligne, sur quelles instructions du gouvernement pourrais-je m'appuyer pour leur expliquer que les choses ne vont qu'empirer pour eux, que leurs perspectives d'obtenir le service haute vitesse à large bande ou tout autre service nouveau ou émergent...? Quels arguments pouvez-vous me donner pour m'aider à les convaincre que nous devons ouvrir la porte aux nouveaux venus, les laisser tenter leur chance et acquérir un certain élan avant de faire face à la pleine concurrence des titulaires?
Je m'en tiendrai à cela, monsieur le président. J'aimerais entendre deux ou trois commentaires.
:
Je crois que je vais commencer, et je suis certain que mes collègues vont me suivre.
Vous avez entendu les déclarations des témoins. Personne ne propose de déréglementer les marchés ruraux, mais je crois que ces instructions le font. Ces instructions s'inspirent des directives proposées dans le rapport du groupe d'étude sur la politique des télécommunications. Dans cette ébauche d'instructions, dans le rapport, il est question de déréglementer sauf si une entreprise domine fortement le marché. Ces mots ont été éliminés de la nouvelle version, qui ne donne donc pas d'orientation au CRTC quant à la nécessité de maintenir la réglementation dans les régions rurales où il n'y a pas de concurrence.
On peut supposer que le CRTC va regarder tout cela avec logique, mais c'est ainsi qu'il fonctionne aujourd'hui. Ces instructions lui enjoignent de modifier son approche de réglementation. Ces instructions éliminent les mots « position fortement dominante » et, comme M. Mayrand l'a expliqué dans sa déclaration préliminaire, dans ce contexte, à mon avis, l'incertitude croîtra et la situation se compliquera.
:
C'est une question très vaste et, à la fois, assez fondamentale. Je vais essayer d'y répondre en 30 secondes, ou presque.
Le processus est essentiellement celui qu'a suivi le CRTC dans le cadre de la loi actuelle. Cette loi prévoit un processus avant d'abolir la réglementation. Le CRTC, d'après nous, a fait ce qu'il devait faire, c'est-à-dire qu'il a tenu une audience compliquée où on a présenté des tonnes de mémoires, où on a présenté des preuves importantes sur la façon dont on passe d'un environnement réglementé à un environnement non réglementé sur le plan des services de télécommunication locaux.
Essentiellement, ce travail est fait. On est en train de voir le déploiement accéléré de la concurrence au sein de plusieurs marchés. On devrait s'en tenir au plan de match et permettre à ce processus de suivre son cours. On est pratiquement au terme de ce processus.
Quelle est l'utilité de réinventer la roue et d'essayer de remettre en question la façon d'arriver au résultat final? Les autorités de réglementation à dans le monde se sont posé les mêmes questions, se sont heurtées aux mêmes problèmes et, étrangement, ont tiré les mêmes conclusions. Il existe un concept qui s'appelle position de marché dominant. Il faut s'assurer, marché par marché, que la dominance n'est plus un problème, avant de procéder à la déréglementation. C'est le principe général.
En pratique, cela veut dire que quelqu'un doit vérifier, preuves à l'appui, ce qui se passe dans chaque marché pertinent, que ce soit à Saint-Georges-de-Beauce, à Sept-Îles ou à Roberval. C'est le noeud de la question.
:
Merci, monsieur le président. J'ai vous ai écouté très attentivement et je suis fasciné par les études sur les répercussions de la déréglementation pour les compagnies qui se sont transformées en fiducies de revenu. Ce sera amusant à surveiller.
J'allais poser une question au sujet de la propriété étrangère, mais on y a déjà répondu. Voici une autre question.
[Français]
Ma question fait suite à des commentaires de M. Shaw et aussi, en partie, de M. Lavoie.
Je suis d'accord avec M. Arthur lorsqu'il dit que durant une période de 10 ans, la concurrence a été quasi inexistante, un an selon M. Shaw. Vous, monsieur Lavoie, vous dites qu'il a fallu une décennie dans le secteur de la téléphonie. Peut-être que cela prendra une décennie pour la téléphonie sans fil.
:
Chers membres, veuillez prendre vos places.
Nous accueillons les membres du troisième groupe, le plus important. Par conséquent, ce sera le groupe le plus difficile à intégrer à notre horaire très serré.
Il s'agit d'un groupe de nouveaux venus et de représentants de l'intérêt public. Nous accueillons six représentants aujourd'hui. Il s'agit de M. Michael Janigan, directeur exécutif et avocat-conseil du Centre pour la défense de l'intérêt public; de Mme Sophie Léger, porte-parole de la Coalition québécoise de fournisseurs d'accès Internet, présidente de Inter.net et chef de l'exploitation de Universel Communications Corporation; de M. John Piercy de Canadian Cable Systems Alliance, président du comité télécom et président de Mountain Cablevision; de Mme Geneviève Duchesne, de l'Union des consommateurs, analyste des Politiques et réglementation en matière de télécommunications, radiodiffusion et inforoute; et de M. Ted Chislett, président et chef des opérations de Primus Telecommunications Canada Inc.
Je vous souhaite à tous la bienvenue.
C'est l'ordre dans lequel vous êtes inscrits sur ma feuille et c'est l'ordre dans lequel nous vous entendrons. Je vous prie de vous en tenir à trois minutes pour vos observations afin de donner tout le temps nécessaire aux membres de notre comité pour vous poser des questions et entendre vos réponses.
Nous commençons avec M. Janigan, et vous avez trois minutes.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Il semble que l'on vous ait remis le texte de mon allocution qui énonce les objections importantes et techniques concernant les instructions en matière de politique. Je n'ai pas l'intention de les lire. Elles sont trop longues pour le temps qui nous est alloué. Je tenterai plutôt de d'en résumer les points principaux.
En règle générale, nous estimons que les instructions sont inutiles, qu'elles pourraient déborder les pouvoirs du ministre et qu'elles constituent un obstacle au bon fonctionnement de l'organisme de réglementation. Pour le meilleur et pour le pire, le Conseil a établi un programme de transition vers des marchés concurrentiels, dans la mesure du possible, et il se retire de la réglementation de la plupart des services de télécommunications. Il y a suffisamment de concurrence pour protéger les consommateurs.
En vertu de son mandat législatif et des pratiques courantes, le CRTC doit abandonner la réglementation. Le problème, c'est que les grosses compagnies de téléphone estiment qu'elles devraient être déréglementées plutôt que ne le pense le Conseil. La déréglementation leur permettra de faire ce qu'elles appellent du marketing individuel, c'est-à-dire établir des tarifs et offrir des services à un client, un peu à la manière des banques. Si vos électeurs aiment ce type de traitement, c'est-à-dire que plus le client est important, plus il est dans un milieu urbain, meilleur sont le prix et le service. Par conséquent, ils seront ravis des plans des grandes compagnies de téléphone. Si vous ne voulez pas que le CRTC s'inquiète de savoir s'il y a de la concurrence pour protéger les consommateurs, cette orientation pourrait être très attrayante. Par contre, si vos électeurs vivent dans une petite localité, vous voudrez peut-être vous demander s'ils seront heureux des augmentations à payer pour que des clients des zones urbaines plus densément peuplées obtiennent des réductions, particulièrement s'il n'y a pas suffisamment de concurrence pour discipliner le fournisseur d'accès.
J'ajouterais que la plupart des Canadiens n'aiment pas l'idée de donner carte blanche aux compagnies de téléphone. Notre enquête montre que seulement 20 p. 100 des répondants appuient les plans des grosses compagnies de téléphone et qu'une majorité de répondants ne pensent pas qu'il suffit que le CRTC mette à l'essai l'idée d'un seul gros fournisseur de câblodistribution.
L'instruction en matière de politique est supposément modelée sur le rapport récemment publié par le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications. D'ailleurs, elle ne reflète que certains aspects de ce rapport. Elle laisse d'importants aspects de l'amélioration de la protection des consommateurs à un organisme nouvellement créé, prévoit un examen spécial des questions concurrentielles et accorde plus de ressources au Conseil.
De même, nous estimons que la formulation de l'instruction est trop forte et qu'elle est potentiellement biaisée. Dans sa forme actuelle, l'instruction ressemble un peu à une version libre entreprise du petit livre rouge de Mao Tse-tung. Arrêtez-vous un instant à certaines expressions : « Il faut laisser jouer le plus possible les forces du marché », « Assurer l'efficacité maximale », « Chaque mesure de réglementation démontrera la conformité à l'instruction en matière de politique », etc. Tout ce qui manque, c'est un slogan du genre « Que fleurissent 100 fleurs » ou « Le collectif doit atteindre son quota ». Il s'agit ici d'idéologies et non d'économies, et par expérience, cela fonctionne très rarement.
Sans juridiction appropriée, il est rarement de bon aloi de s'arrêter à un aspect du mandat et des objectifs du Conseil et de chercher à tout mettre en oeuvre pour ne voir que cet aspect.
Je comprends pourquoi les grandes compagnies de téléphone veulent le faire, mais à mon sens, il s'agit d'une approche à courte vue. Il ne faudrait pas corrompre les pouvoirs ni les objectifs qu'accorde la législation à un organisme indépendant en insistant pour qu'il adopte la saveur du mois. Que se passe-t-il si l'indignation du public au sujet d'une décision de l'industrie pousse le ministre à émettre une instruction selon laquelle les besoins du consommateur moyen devraient avoir préséance sur les entreprises de télécommunications? Est-ce le fruit d'une bonne réglementation? Comment peut-on appliquer une chose pareille aux pouvoirs qui sont énoncés dans la loi?
Pour en revenir à notre dossier, pourquoi est-il raisonnable d'assujettir tout le reste de la loi, par exemple, l'accès pour les consommateurs, l'abordabilité, le développement économique régional et la culture, aux décisions de déréglementation dans la loi? Les gros problèmes de l'industrie ne viennent pas de ce qui est réglementé, mais plutôt d'aspects qui ne l'ont jamais été.
:
Bon après-midi. Mon nom est John MacDonald et je suis président de la division Solutions d'entreprise, MTS Allstream.
En passant, le texte de mon allocution de même que l'ensemble de notre mémoire et certaines observations intéressantes concernant la situation concurrentielle aux États-Unis, et pouvant être utiles à votre examen, font partie de ce document. Afin de respecter le temps qui m'est imparti pour les observations, j'irai droit au but.
Premièrement, MTS Allstream est à la fois l'ancienne compagnie de téléphone titulaire monopolistique dans la province du Manitoba et, dans le reste du pays, un soi-disant nouveau venu livrant concurrence dans le secteur de la clientèle d'affaires ou, comme nous l'appelons, le secteur des entreprises. De fait, nous avons été le premier concurrent à offrir des services interurbains, sous le nom d'Unitel, et parmi les premiers à offrir des services locaux, sous le nom d'AT&T Canada. Nous sommes aujourd'hui le principal concurrent à l'échelle nationale des compagnies titulaires Bell et TELUS dans chacun de leurs territoires, où nous fournissons des solutions de communications aux petites, moyennes et grandes entreprises.
Les compagnies titulaires et les concurrents ont habituellement des vues opposées sur les questions de politique et de réglementation. Certains prétendent que notre double statut nous rend schizophrène, mais nous croyons plutôt qu'il nous permet d'envisager les choses de façon impartiale. En prônant une politique et une réglementation qui favorisent nettement la concurrence, nous savons qu'il peut y avoir des conséquences à court terme pour notre compagnie titulaire au Manitoba, qui fait actuellement face à la concurrence d'entreprises comme Shaw. Nous savons aussi pertinemment que si la politique ou la réglementation adoptée permet aux anciennes compagnies titulaires monopolistiques comme Bell ou TELUS de profiter de la position dominante que leur assure le contrôle de leur infrastructure respective de réseau local, les concurrents et le principe même de la concurrence seront menacés.
En ce qui a trait aux instructions en matière de politique, nous adhérons sans réserve aux objectifs du gouvernement, qui souhaite moderniser le cadre réglementaire des télécommunications et en accroître la souplesse et l'efficacité et qui souhaite que notre industrie soutienne la concurrence internationale et réussisse sur le marché mondial afin que tous les consommateurs canadiens bénéficient d'un environnement plus compétitif qui leur fournira plus de choix, ainsi que des prix plus bas et de meilleurs services.
Nous approuvons en majeure partie l'énoncé des instructions en matière de politique. Cependant, MTS Allstream estime que le sous-alinéa 1c)(ii) des instructions en matière de politique sur l'accès des concurrents aux réseaux locaux contrôlés par des compagnies qui en ont toujours eu le monopole, dans son libellé actuel, compromet grandement l'atteinte de ces objectifs louables, et pourrait mettre en péril la concurrence en particulier dans le marché essentiel des services aux entreprises.
En clair, nous demandons au comité d'analyser attentivement la formulation de cet énoncé, qui pourrait avoir pour effet d'éliminer le choix pour des milliers de chefs de petites et moyennes entreprises du pays, et d'entraîner des coûts pour les consommateurs canadiens.
Cet article, dont une copie est jointe à mes commentaires, part de l'hypothèse qu'en permettant aux anciennes compagnies monopolistiques d'imposer aux concurrents des tarifs élevés pour accéder au réseau local qu'elles contrôlent, souvent avec des majorations atteignant au moins 50 p. 100 à 300 p. 100, les concurrents seront poussés à construire leurs propres réseaux locaux. Cette hypothèse est fausse, car il a été maintes fois démontré au Canada, aux États-Unis et en Europe que les marchés ne sont pas en mesure de produire les fonds nécessaires à l'établissement d'un réseau parallèle aussi vaste que celui des compagnies titulaires. C'est contraire à l'économie et la concurrence ne résultera pas d'une politique qui vise à imposer la construction d'un second réseau d'une ampleur comparable.
Les réseaux locaux des compagnies de téléphone et de câblodistribution ont été construits et maintenus au Canada parce que ces compagnies bénéficiaient dans les faits d'un taux de rendement garanti. De plus, et en particulier dans le marché des entreprises, il n'existe pas de réseau local de grande étendue mis à part celui que les anciennes compagnies monopolistiques contrôlent. Un accès équitable à ce réseau local, vendu en gros, est donc essentiel pour assurer la concurrence.
MTS Allstream a investi plus que toute autre entreprise — huit milliards de dollars — dans des réseaux concurrentiels pancanadiens, et malgré tout, elle doit quand même avoir un accès équitable au réseau local pour offrir plus de choix à ses clients. Nous avons proposé pour l'article en question un autre libellé, que vous avez aussi devant vous. Le libellé que nous proposons adhère en tout point aux objectifs énoncés par le gouvernement, mais contrairement au libellé actuel, il reconnaît que lorsqu'une ancienne compagnie monopolistique exerce sur le réseau une importante emprise qui gêne les forces du marché, les concurrents doivent avoir un accès équitable à ce réseau.
Je vous remercie d'examiner cette question d'une extrême importance.
Je serai ravi de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Sophie Léger. Je suis ici aujourd'hui au nom de la Coalition québécoise des fournisseurs d'accès Internet. Nous représentons 14 compagnies, qui desservent un peu plus de 200 000 clients aux quatre coins du Canada.
[Traduction]
Je veux parler de la directive au CRTC et de la stratégie qui la sous-tend. Nous sommes en désaccord avec une partie seulement de la formulation et nous estimons que les parties moins intéressantes devraient être revues.
Nous faisons référence à ce qu'il est convenu d'appeler l'accès mandaté à des installations de gros. Des ententes d'accès nous permettent de louer une partie du réseau aux compagnies de téléphone et aux compagnies de câblodistribution, ce qui permet à nos clients d'accéder à l'Internet. Le but de l'instruction est d'inciter le CRTC à se défaire de l'accès réglementé pour les tierces parties.
Pourquoi? Il semble que le gouvernement soit acquis à l'idée que la seule concurrence réelle est celle qui est associée à la propriété d'installations. Si vous n'avez pas d'installations valant des milliards de dollars, des fils, des poteaux, des modules de commutation à distance, et ainsi de suite, vous n'êtes pas concurrentiel. Dans les faits, cela signifie que vous perdrez une option valide pour accéder à l'Internet. Ceux qui sont propriétaires des installations vous diront et vous ont dit directement que dès que l'instruction sera adoptée, qu'il ne sera plus nécessaire de louer des installations pour accéder à l'Internet avec l'équipement d'autres entreprises.
Le gouvernement pourrait penser qu'il accroît ainsi la concurrence. De fait, il choisit une forme de concurrence en particulier et choisit d'en éliminer une autre. La forme de concurrence qu'il choisit est axée sur les installations. Il faut qu'une compagnie soit directement propriétaire des installations pour avoir accès à votre domicile ou à votre bureau. Seules les plus grandes compagnies de services publics peuvent y parvenir.
La concurrence que le gouvernement choisit d'éliminer est celle des services qui se sont développés à l'aide d'équipement loué. L'industrie des FIS n'a accès qu'à la ligne d'accès numérique à haute vitesse et aux installations des propriétaires de câblodistribution à des prix non réglementés et, bien entendu, ils aimeraient nous éliminer.
À la suite d'une évolution curieuse de la réglementation, les installations à grande vitesse qui sont les plus recherchées pour atteindre les clients sont des services dits non essentiels. Toute cette terminologie, comme essentielle et non essentielle, vient de l'époque de la téléphonie vocale.
Le service téléphonique vocal ne sera bientôt plus qu'une autre application comme Word ou PowerPoint. Il pourrait même être accordé gratuitement. La concurrence réelle sera l'accès à l'Internet. À ce chapitre, le gouvernement pense à réduire la concurrence alors qu'il croit l'étendre.
L'argument de base des compagnies titulaires est qu'elles investiront davantage si elles touchent des profits plus considérables et si la réglementation est moindre. Toutefois, les concurrents, en payant un prix équitable pour l'utilisation de cette infrastructure, contribuent à la capacité du titulaire d'investir. Nous, les fournisseurs d'accès Internet, offrons une solution de rechange beaucoup plus nécessaire aux consommateurs.
Les compagnies titulaires ont connu du succès dans leur lobbying auprès du gouvernement, ici et aux États-Unis, en vue de faire fermer les fournisseurs d'accès indépendants et pour accroître leurs revenus de l'Internet dans toute la mesure du possible, afin de compenser le manque à gagner résultant du déclin des services téléphoniques. Le fait de se débarrasser de l'accès aux installations à haute vitesse pour les concurrents entraînera un moindre choix pour les consommateurs et moins de concurrence. Dans ce cas particulier, le gouvernement exécute à merveille les intentions des titulaires.
Que faut-il faire? Premièrement, il faut un accès réglementé aux installations, à prix raisonnables et équitables. Deuxièmement, les services auxquels nous avons accès doivent évoluer avec le temps et en fonction des progrès technologiques. Troisièmement, il faut limiter l'emprise des titulaires sur le marché. Cela signifie que le Canada a besoin d'une réglementation efficace dans l'intérêt du public tant et aussi longtemps que les titulaires exerceront une emprise sur le marché.
:
Merci. Bon après-midi à vous tous.
Je m'appelle John Piercy et je représente l'Alliance canadienne des systèmes de câble (CCSA). Je suis membre du conseil d'administration de l'organisme et président du comité de réglementation des télécommunications. Je suis également président de Mountain Cablevision, société membre du CCSA.
Le CCSA représente plus de 90 petits câblodistributeurs indépendants dans toutes les régions du Canada. Les compagnies membres sont généralement de petites entreprises familiales desservant les petits centres et les collectivités rurales. Toutes ces compagnies favorisent la concurrence. Nous faisons concurrence à de grandes compagnies nationales pour la fourniture de services vidéo et d'Internet à haute vitesse.
Nous avons pris le risque de faire les investissements nécessaires pour fournir des services numériques et à large bande avancés à nos clients. Nous sommes préparés à livrer concurrence pour offrir des services téléphoniques locaux, le dernier bastion du monopole des services de télécommunications à l'extérieur des grandes régions urbaines.
Une des différences importantes dans les services téléphoniques locaux est que nos concurrents ont déjà 100 p. 100 des clients que nous cherchons à attirer. Quand nous abonnons un client à notre service téléphonique local, nous devons travailler avec notre concurrent pour transférer ce client à notre service. Nous devons également communiquer avec les concurrents et compter sur eux pour fournir d'autres services. Tel n'est pas la structure habituelle d'un marché concurrentiel.
Le CRTC, par le biais de la décision d'abstention de la réglementation des services locaux, a mis en place un cadre conforme à la Loi sur les télécommunications. Ce cadre favorisera la concurrence et permettra de déréglementer les titulaires lorsque la concurrence atteindra un certain niveau. Il régit également la relation entre les compagnies existantes et les nouveaux fournisseurs et prévoit un recours en cas de différends.
Ce cadre a été mis en place il y a six mois seulement. Les câblodistributeurs, même les plus petits, ont commencé à faire les investissements requis pour offrir les services téléphoniques locaux concurrentiels à leurs clients. L'instruction en matière de politique mettrait les investissements des câblodistributeurs à risque et découragerait probablement d'autres compagnies d'offrir des services téléphoniques. La transition du monopole à la concurrence libre des marchés locaux serait vouée à l'échec avant même qu'elle ne soit entamée.
Le passage à une réglementation plus légère doit s'appuyer sur des outils d'application comme le recommande le groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications. Malheureusement, il ne suffira pas de demander au Bureau de la concurrence de faire une analyse critique de ce qui n'a pas fonctionné. Nos efforts pour offrir un service téléphonique local concurrentiel seraient vains.
Le mandat semble favoriser le rendement réglementaire au détriment de l'efficacité. Le besoin de réglementation n'est pas reconnu où il y a une emprise importante sur le marché. Le renforcement d'applications d'exécution n'est pas prévu et le besoin d'une période de transition n'est pas reconnu. Pourtant, ce furent les recommandations majeures du GECRT. Nous estimons que l'instruction en matière de politique devrait être modifiée pour refléter ces recommandations.
Nos concurrents ont une grande emprise sur le marché, contrairement à nos compagnies membres. Le fait de favoriser une concurrence durable limiterait l'emprise de nos concurrents sur le marché, mais pour en arriver à ce point, quelqu'un devra intervenir, imposer des sanctions et le faire de manière opportune afin que les nouveaux arrivants ne soient pas exclus du marché.
Nos clients des petites villes du Canada méritent d'avoir le choix de leur service téléphonique local tout autant que ceux des grands centres urbains. Puisque nous sommes les seuls compétiteurs qui possèdent des réseaux, nous sommes biens placés pour concurrencer les grandes compagnies de téléphone. Nous voulons simplement la chance de faire concurrence et nous garantissons que nos compagnies membres seront à la hauteur de la situation, comme par le passé.
Merci.
:
Bonjour, je m'appelle Geneviève Duchesne et je suis de l'Union des consommateurs.
L'Union des consommateurs, relativement au projet d'instructions, est d'avis que le gouverneur en conseil ne dispose pas, en vertu de l'article 8 de la Loi sur les télécommunications, du pouvoir d'adopter des instructions de la nature de celles qui sont prévues dans le décret. En effet, les instructions telles que proposées outrepassent les limites qu'impose l'article 8 au pouvoir conféré au gouverneur en conseil, parce qu'elles ne sont pas toutes d'application générale, qu'elles ne portent pas uniquement sur la politique canadienne des télécommunications et qu'elles affectent d'autres dispositions de la loi.
Les instructions, telles que proposées, semblent faire abstraction du fait que le CRTC est tenu d'appliquer la Loi sur les télécommunications qui est actuellement en vigueur, que le conseil dispose des pouvoirs qui lui ont été attribués en vertu de cette loi et qu'il est tenu de n'exercer que ces pouvoirs. En effet, les instructions proposées sont inconciliables avec la partie III de la loi qui exige que le CRTC réglemente un service de télécommunications donné, à moins que certaines conditions établies à l'article 34 ne soient observées.
À titre d'exemple, à l'article 34, le législateur n'a prévu qu'un seul cas où le CRTC est dans l'obligation de se fier au libre jeu du marché, et c'est lorsque la concurrence est suffisante pour protéger les intérêts des consommateurs. Les exigences prévues à l'article 34 de la loi ne peuvent être modifiées par le biais du pouvoir attribué au gouverneur en conseil à l'article 8 de la Loi sur les télécommunications. Il revient au Parlement de modifier ces exigences de la loi qui établissent les conditions que devra observer le CRTC avant que celui-ci ne puisse se fier au libre jeu du marché.
Le gouvernement tenterait-il d'échapper au processus législatif et aux délais qui y sont associés en procédant par voie d'instructions? C'est ce qu'il appert clairement du résumé de l'étude d'impact de la réglementation qui accompagne le projet d'instructions. Cette étude révèle que les instructions sont une mesure transitoire qui vise à ne pas retarder les changements au cadre réglementaire, changements qui portent sur des questions — on a pu l'observer aujourd'hui — qui sont complexes, qui nécessiteront une analyse approfondie ainsi que des consultations. Peu importe les prétendus avantages et bienfaits associés à une démarche obligeant le CRTC à se fier, dans la plus grande mesure possible, au libre jeu du marché, et à l'égard desquels notre expérience nous permet d'entretenir de sérieuses réserves. Ces avantages et bienfaits ne sauraient justifier en aucun cas que le processus démocratique qui caractérise l'exercice du pouvoir législatif soit écarté par le pouvoir exécutif.
L'Union des consommateurs, je vous le disais, entretient de nombreuses réserves en ce qui concerne les prétendus avantages et bienfaits que procurerait un nouveau cadre réglementaire axé davantage sur le marché, ainsi que sur la pertinence de mettre en oeuvre un tel cadre. Elle tient à rappeler que le CRTC et les cadres réglementaires qu'il est actuellement tenu d'appliquer ont fait du Canada un chef de file en matière de télécommunications. Nous tenons également à rappeler que, en vertu de la Loi sur les télécommunications, il est déjà prévu que le CRTC peut s'abstenir de réglementer un service de télécommunications. Il a même l'obligation de le faire lorsque la concurrence est suffisante pour protéger les intérêts des usagers. Nous tenons également à rappeler que le CRTC s'est déjà abstenu d'appliquer une réglementation économique à près de 70 p. 100 du marché des télécommunications actuelles touchant surtout les clients ayant un petit nombre de services offerts par les anciens monopoles assujettis à une réglementation économique. C'est le cas des services locaux de téléphonie dans lesquels les anciens monopoles exercent encore une position fortement dominante.
Tel que le révèle le rapport du groupe d'étude, le secteur de la téléphonie locale, qui est un secteur réglementé, performe mieux à l'échelle internationale — notamment en ce qui a trait aux prix — que les secteurs des services à large bande et des services sans fil, secteurs largement déréglementés. Le secteur des services sans fil, je le répète, secteur largement déréglementé, génère de nombreuses plaintes et frustrations de la part des consommateurs. Je tiens à rappeler également que, selon le rapport du groupe d'étude, le retard qu'accuse le Canada en ce qui a trait à l'innovation dans les services sans fil ainsi que le faible taux de pénétration et la tarification élevée — 60 p. 100 plus élevée qu'aux États-Unis et 19 p. 100 plus chère qu'en Europe — sont attribuables à une concurrence insuffisante dans le marché canadien des services sans fil, qui, je le rappelle, est quasi totalement déréglementé.
Pour conclure, je tiens à souligner que le projet d'instructions est d'ailleurs en rupture totale avec l'opinion des citoyens canadiens. En effet, selon un récent sondage, 70 p. 100 des Canadiens rejettent l'idée que les compagnies de téléphone devraient établir leurs prix sans l'approbation du conseil.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président. Vous devriez tous avoir un exemplaire de mes observations et de notre mémoire.
Avant d'entrer dans les détails qui justifient ma présence auprès de vous aujourd'hui, je profite de l'occasion pour vous tracer un portrait de notre société qui, je le crains, n'est pas aussi connue que certaines des sociétés qui se sont présentées ici au cours des deux séances précédentes.
Primus Canada est une entreprise autonome composée d'une équipe de direction entièrement canadienne. Nous sommes le plus important fournisseur de services de remplacement et une des dernières entreprises de services locaux concurrentiels au Canada, indépendantes d'une entreprise titulaire ou d'un câblodistributeur. Primus Canada dessert environ un million de Canadiens dans toutes les régions du pays. Primus Canada offre une vaste gamme de services de télécommunications innovateurs et de haute qualité à prix concurrentiel. Dans notre esprit, nous représentons ce que ce gouvernement attend de nous, la concurrence.
Monsieur le président, Primus appuie l'objectif d'offrir aux Canadiens un environnement concurrentiel sain qui favorise l'innovation, un plus grand choix et des prix plus bas. Toutefois, nous nous sentons la responsabilité de vous dire que l'instruction de politique telle qu'elle est rédigée peut avoir l'effet contraire: une diminution de la concurrence. Tout ça parce que l'accès aux réseaux, c'est-à-dire le dernier mille de câble desservant les foyers canadiens, est toujours un monopole naturel comme le sont l'eau, le gaz naturel et l'électricité.
Tous les fournisseurs de service comme Primus ont besoin des réseaux d'accès qui leurs permettent d'offrir des services concurrentiels aux Canadiens. Pour des sociétés comme Primus, entrer dans l'industrie des télécommunications apparaît comme un obstacle énorme et insurmontable. Le coût de reproduire une infrastructure-réseau pour un fournisseur de services concurrentiels est prohibitif (des milliards de dollars) et économiquement non rentable, alors qu'une infrastructure existe déjà. Construire un nouveau réseau n'a simplement pas de sens.
Pour qu'une véritable concurrence prenne racine dans l'industrie des télécommunications, nous avons besoin, pour la vente en gros, d'un plan d'accès aux installations qui sont actuellement encombrées. Ce réseau, je le rappelle, a été construit grâce à des droits de passage publics octroyés durant des décennies, sous un régime de taux de rendement garanti au monopole.
Autrement, et dans le meilleur des cas, il ne restera plus bientôt que deux concurrents dans le marché: l'ancien monopole des compagnies de téléphone et l'ancien monopole des câblodistributeurs et, dans bien des cas, un seul réseau accessible: dans les régions éloignées, dans les zones où le câble n'est pas bidirectionnel et dans la plupart des secteurs de marché où seul le réseau téléphonique existe.
Pour que les Canadiens bénéficient d'un environnement concurrentiel sain, nous avons besoin de sociétés capables d'innover et de livrer bataille, et non d'un monopole ou d'un duopole. Nous saisissons bien qu'il en coûtera quelque chose pour bâtir ces accès au réseau et nous comprenons aussi qu'il faudra payer pour y accéder.
Avec un accès à la vente en gros coûtant, avec majoration raisonnable, nous sommes assurés, premièrement, qu'un monopole ou un duopole ne pourra durer; deuxièmement, qu'il n'y aura pas d'entrée non économique et, troisièmement, qu'une situation de saine concurrence pourra prévaloir et permettre d'offrir aux consommateurs canadiens un vrai choix.
Nous appuyons la déréglementation de la tarification au détail. Nous sommes confiants de pouvoir suivre les tendances du marché de détail parce qu'il s'agira alors de vraie concurrence. Mais le régime de ventes en gros ne peut être laissé aux seules forces du marché car il n'est pas équitable.
Il est également nécessaire d'adopter des règles de base pour prévenir les pratiques déloyales par d'anciens monopoles. Tout comme il serait déloyal pour Air Canada, sachant par exemple qui détient des réservations sur WestJet pour la semaine suivante, de contacter individuellement les voyageurs de WestJet pour leur offrir une tarification spéciale non accessible au grand public, il serait nécessaire d'avoir des règles dans le secteur des télécommunications — là où les clients des fournisseurs de service sont aisément identifiables — afin de s'assurer que les anciennes sociétés monopolistiques qui détiennent un certain pouvoir dans le marché n'adoptent des pratiques anticoncurrentielles.
Nous estimons que quelques modifications mineures à l'énoncé de l'instruction de politique pourraient résoudre ces problèmes — les modifications suggérées se trouvent dans un document à l'intérieur de votre pochette. Nous croyons fermement que ces changements mineurs représentent des conditions de succès pour les fournisseurs de service comme Primus Canada et qu'alors, nous aurons ce qu'il faut pour fournir des services concurrentiels aux Canadiens. Ainsi, nous éviterons les conséquences fâcheuses pouvant mener à un affaiblissement de la concurrence dans l'industrie des télécommunications.
Merci de m'avoir invité aujourd'hui. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président, et merci à nos témoins d'être venus ici aujourd'hui malgré un préavis très court. J'ai eu l'impression quand j'ai demandé au comité d'être indulgent à mon endroit et d'examiner cette question, même pendant quelques minutes, que cela piquerait l'intérêt de plusieurs des membres et qu'ils se retrouveraient, sans voter contribution, engagés dans un domaine qu'ils ne connaissent pas vraiment. Et je vous en remercie. Nous apprécions grandement vos observations.
Compte tenu des observations qui ont été formulées, il me semble que la question de l'instruction de politique et les observations du ministre pourraient constituer une interférence de taille relativement à l'indépendance du CRTC, malgré le fait qu'un règlement permette au ministre de le faire. Je crois aussi que les préoccupations soulevées par certains d'entre vous illustrent bien la difficulté qu'il y aura de répondre aux exigences prévues dans la Loi sur les télécommunications.
J'apprécie vos observations, particulièrement en ce qui a trait à certains articles de la Loi qui pourraient d'abord être violés par les premier, deuxième et troisième articles de l'instruction en matière de politique.
M. MacDonald, vous avez fait référence un peu plus tôt à l'expérience chez nos voisins du Sud. Est-ce vous qui l'avez souligné?
Je crois comprendre que l'annulation de la fusion de MCI et de AT&T a sans aucun doute ramené les Américains au point où ils se trouvaient en 1984, quand tout a commencé avec le processus de déréglementation, alors même que ce n'était pas le choix du FCC. Je crois qu'un autre témoin a laissé entendre que tout cela était attribuable à une décision du FCC, mais c'est plutôt à cause d'une décision d'un tribunal.
Je me demande si vous pouvez nous donner un aperçu de ce qui, selon vous, pourrait se produire si l'adoption de cette instruction allait de l'avant et que le Parlement n'avait pas l'opportunité de débattre de la question de manière appropriée.
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Nous avons annexé un rapport qui contient une analyse assez détaillée, en rétrospective, de ce qui s'est produit aux États-Unis, en particulier à l'égard d'une modification assez importante du régime de réglementation concernant l'accès des compagnies aux services de gros.
Ce qui importe vraiment, c'est de démêler les nobles objectifs à très long terme si vous voulez avoir accès à certains de ces clients. En l'occurrence, pourquoi ne pas construire? Pourquoi ne pas investir? Pourquoi ne pas réunir les capitaux nécessaires et ainsi de suite?
De plus, la prémisse voulant que toutes les entreprises pourraient investir dans des installations, du fait que certaines de ces compagnies investissent réellement dans des installations, a donné un contexte qui, selon moi, contribuera à long terme à minimiser — et je dis bien minimiser — la concurrence et l'arrivée de nouveaux concurrents, particulièrement pour le secteur des entreprises aux États-Unis.
Le contexte est un peu différent quand vous parlez de clients, parce qu'il y a maintenant des joueurs qui disposent d'installations pour pénétrer le marché de la câblodistribution et qui sont en mesure d'offrir d'autres choix. À tout le moins, nous avons deux fournisseurs de base dans ce domaine.
Bien entendu, les autres intervenants comme Ted et son entreprise continuent de mener une campagne juste en offrant aux clients un accès qui n'est pas basé sur des installations.
En bout de ligne, des arguments assez simples et, en apparence assez logiques, ont entraîné une baisse de la concurrence aux États-Unis. Je serais très préoccupé si vous décidiez d'accélérer le processus au Canada pour que le CRTC mette en oeuvre certaines des propositions ou adoptent une partie du cadre de politique, car tout cela entraînerait le même résultat. Je ne crois pas que ce soit bon pour la concurrence des entreprises canadiennes que d'avoir moins d'options concurrentielles, sans parler des participants qui offrent ces services concurrentiels aux clients.
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Nous, de la coalition, croyons que la recommandation générale qui suggère d'avoir accès au libre marché est valable pour toute entreprise existante, parce que nous croyons que la compétition finit toujours par protéger les consommateurs.
Par contre, les documents que nous avons soumis au comité contiennent trois recommandations.
Les fournisseurs d'installations de base — comme nous — doivent avoir accès aux infrastructures à un tarif juste et raisonnable, et ce, tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas de compétition. Un duopole n'est pas de la compétition, à nos yeux.
Nous devons aussi avoir accès aux services en fonction de leur évolution et de l'avancement technologique. Aujourd'hui, nous sommes limités et nous n'avons pas accès à tous les nouveaux services à très haute vitesse ou même à très basse vitesse.
Enfin, tant et aussi longtemps que le pouvoir et les parts de marché des titulaires — nous incluons les câblodistributeurs et les compagnies de téléphone — seront aussi forts, une réglementation sera nécessaire.
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C'est la partie qui porte sur « le CRTC doit ». L'obligation de se fier au libre jeu du marché que devra respecter le CRTC est déjà prévue par le législateur. Le gouverneur en conseil nous dit que le CRTC doit : « 1a)(i) se fier, dans la plus grande mesure du possible, au libre jeu du marché... ».
Par contre, il y a l'alinéa 1b)(ii) — et je ne veux pas que cela me lie quant à la portée de l'article 8 qui permet d'énoncer ces dispositions —, qui porte sur l'obligation du CRTC de préciser l'objectif de la politique : « 1b)(ii) la réglementation économique, lorsque celle-ci est nécessaire, ne devrait ni empêcher l'entrée d'une concurrence réelle... »
Ce sont des éléments avec lesquels nous sommes capables de vivre.
Nous trouvons aussi très intéressant l'aspect qui porte sur l'application symétrique de la réglementation non économique, donc une application symétrique et neutre sur le plan de la concurrence. Par contre, en ce qui a trait à la partie qui permet de préciser l'objectif, ce n'est pas une obligation pour le CRTC, mais il le fait déjà. Il respecte déjà, dans certains cas, ces éléments qui ne sont pas une obligation. Mais pourquoi ne pas le préciser? Il faudrait étudier la possibilité de le faire par le biais du projet d'instructions, mais certains éléments de son contenu sont déjà mis en application par le CRTC.
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Il y a trois aspects différents que nous aimerions...
Premièrement, nous estimons que l'alinéa 1a) de la suggestion devrait être modifié conformément au texte de l'article 34 de la Loi sur les télécommunications, qui le modifie dans la mesure où son adoption n'aurait pas pour effet « de compromettre indûment la création ou le maintien d'un marché concurrentiel pour leur fourniture ».
Nous estimons aussi que la formulation de l'alinéa 1c) devrait être modifié, là où il est question de l'élimination progressive de la vente en gros, pour faire en sorte que la vente en gros offre des intrants clés aux concurrents.
Enfin, nous estimons qu'il faudrait ajouter à l'alinéa 1b) une note à l'effet qu'elle ne devrait pas empêcher le comportement concurrentiel.
Des suggestions similaires sont incluses dans le document qui vous a été remis.
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Merci beaucoup, monsieur Masse, je l'apprécie.
Merci beaucoup d'être venus nous rencontrer, et j'apprécie que vous ayez accepté de dépasser le temps prévu. Je sais que tout était en accéléré, mais j'apprécie votre collaboration. Merci de vos observations.
Si vous avez d'autres observations à faire, vous pouvez les soumettre au greffier et nous nous assurerons que les membres de notre comité en prennent connaissance.
Je crois comprendre qu'il y a quelques questions, une motion et une question à l'adresse du président. Je tiens donc à vous remercier pour votre temps, et je pense que nous poursuivrons notre rencontre bien que je sache que les députés doivent retourner à la Chambre.
J'ai dépassé le temps dont disposaient les députés et j'espère que nous pourrons abréger la réunion.
M. Crête m'a donné un avis.