La Chambre reprend l'étude, interrompue le 26 avril, de la motion portant que le projet de loi, soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole aujourd'hui devant la Chambre pour poursuivre le débat sur l'obligation de rendre compte.
De plus, étant donné que c'est la première occasion que j'ai de prendre la parole à la Chambre depuis les élections, j'aimerais en profiter pour remercier les électeurs de York-Ouest, qui m'ont accordé une majorité écrasante. C'était une campagne intéressante. Loin d'avoir diminué, le nombre des voix qui m'ont été accordées a augmenté, et je voudrais remercier mes électeurs pour avoir été si nombreux à m'appuyer. J'en suis très fière. C'est un grand privilège d'être députée fédérale de la circonscription de York-Ouest. J'ai l'intention de continuer à travailler efficacement et à me faire entendre clairement, à titre de députée, même si je me trouve dans l'opposition. Je collaborerai avec tous mes collègues de la Chambre pour que notre pays continue de se consolider et de progresser.
Mes électeurs et moi approuvons certainement tout effort visant à renforcer les obligations de rendre compte au sein de l'État. En fait, ce nouveau projet de loi, qui porte sur l'obligation de rendre compte, n'est rien de plus qu'une continuation de l'oeuvre innovatrice de mon gouvernement, c'est-à-dire du gouvernement libéral précédent. C'est le gouvernement du député de LaSalle—Émard qui a fait preuve de courage en créant la commission indépendante du juge Gomery, dont l'effet a été décisif pour changer la culture au sein de l'État.
C'est mon gouvernement qui a examiné les responsabilités et les obligations de rendre compte des ministres, des hauts fonctionnaires, des autres fonctionnaires et des employés des sociétés d'État, pour ensuite introduire la vaste gamme de mesures concrètes qui ont été adoptées pour resserrer la surveillance dans les sociétés d'État et pour améliorer les vérifications, qui sont désormais plus rigoureuses dans l'ensemble de l'appareil de l'État.
Dès le jour de son entrée en fonction, notre ancien premier ministre s'est employé à réformer l'État de nombreuses manières, pour que tous les gens qui y travaillent puissent être tenus de rendre compte de leurs actes. C'est le gouvernement libéral qui a rétabli le Bureau du contrôleur général du Canada. C'est le gouvernement libéral qui a resserré les règles d'éthique applicables aux ministres et aux autres titulaires de charge publique, puis qui a créé le poste indépendant de commissaire à l'éthique. C'est le gouvernement libéral qui a créé un nouveau processus public de récusation pouvant être employé dans le cas de n'importe quel membre du Cabinet, y compris le premier ministre. C'est le gouvernement libéral qui a présenté la loi destinée à soutenir les divulgateurs et à leur donner la protection dont ils ont besoin contre les représailles.
En février 2004, le gouvernement libéral a présenté un plan d’action sur la réforme démocratique visant à renforcer le rôle des parlementaires à bien des égards, notamment par un système de vote de trois catégories permettant de tenir davantage de votes libres à la Chambre et le renvoi d’un plus grand nombre de projets de loi aux comités avant la deuxième lecture pour que les comités aient plus d’influence sur l’élaboration des projets de loi du gouvernement. C’était là une initiative très importante qui devait permettre à tous les parlementaires de participer plus à fond à l’élaboration de lois qui reflètent les opinions des Canadiens.
Nous avons également préconisé la mise sur pied d’un comité parlementaire de la sécurité nationale.
C’est le gouvernement libéral qui a renforcé les pratiques en matière de vérification dans le secteur public au moyen d’une vaste initiative qui englobait une politique sur la vérification interne et des mesures de renforcement et de professionnalisation de la fonction de vérification interne dans tout l’appareil gouvernemental: normes professionnelles plus exigeantes, recrutement de spécialistes compétents, formation et évaluation.
Tout au long de cette démarche, il ne faut pas perdre de vue que les fonctionnaires qui sont au service du gouvernement du Canada comptent parmi les meilleurs au monde. Nous devons être très fiers d’eux et de leur dévouement envers nous et l’ensemble des Canadiens.
En 2004, le gouvernement libéral a honoré un engagement en proposant un régime de divulgation proactive. Depuis cette année-là, tous les frais de déplacement et de représentation des ministres, des ministres d’État, des secrétaires parlementaires, de leur personnel politique et d’autres hauts représentants du gouvernement sont affichés en ligne tous les trois mois. On peut assurément parler de responsabilisation puisque toutes ces dépenses sont publiées et que n’importe qui, au Canada ou à l’étranger, peut vérifier quels types de dépenses se font et voir si l’argent des contribuables est dépensé judicieusement. Ce sont là de grands progrès sur le plan de la responsabilisation.
Les marchés de l’État d’une valeur supérieure à 10 000 $ sont maintenant rendus publics et affichés en ligne. Voilà une autre mesure prise par le gouvernement libéral du Canada.
Mon gouvernement a épousé le principe de la transparence dans les nominations clés.
Grâce au plan d’action du gouvernement sur la réforme démocratique, des comités parlementaires ont obtenu le pouvoir d’examiner les nominations de dirigeants de sociétés d’État.
Mon gouvernement a instauré une plus grande transparence dans le choix des juges nommés à la Cour suprême. Il a apporté de nombreux changements dans le sens d’une plus grande transparence.
En mars 2004, lorsque j’étais ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, j’ai présenté avec mes collègues du Cabinet des réformes fondamentales du processus de nomination des membres de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada. Ces réformes ont apporté des améliorations de façon que les décisions de la commission soient de meilleure qualité et plus efficaces et elles ont tenu compte du contexte de plus en plus complexe dans lequel la commission doit travailler. Et mes collègues du Cabinet ont aussi apporté de nombreuses réformes dans leur ministère.
Aux termes du nouveau processus, le président de la commission est pleinement responsable du choix et de la qualité de ses décideurs. Le nouveau processus de sélection, indépendant, transparent et fondé sur le mérite, garantit que seuls les candidats de la plus grande qualité sont envisagés pour les postes à combler dans cet organisme. Les compétences des candidats sont évaluées en fonction de nouvelles normes renforcées de façon que les nominations soient fondées sur les compétences, les aptitudes et les qualités personnelles. J’espère que le nouveau gouvernement conservateur maintiendra ces acquis.
Mon gouvernement s’est aussi engagé à élargir le champ d’application du régime d’accès à l’information. En effet, la portée de la Loi sur l’accès à l’information a été étendue à dix importantes sociétés d’État jusqu’ici exemptes. Le gouvernement a également présenté au Parlement un document de travail qui a proposé, entre autres mesures, que cette loi s’étende à plusieurs institutions fédérales actuellement soustraites à son application.
Le gouvernement dont j'ai fait partie a été le premier à limiter rigoureusement les contributions politiques des particuliers et des sociétés ainsi que les dépenses électorales des tiers. Le projet de loi C-24, promulgué en juin 2003 et entré en vigueur le 1er janvier 2004, est la plus importante réforme des lois sur les élections et le financement des campagnes électorales depuis 1974. Il a apporté des changements dans les domaines suivants : les limites des contributions, les personnes admissibles aux contributions, le financement public des partis politiques, les limites de dépenses pour les candidats aux investitures et la publication des données financières par les associations de circonscriptions, les candidats à l'investiture et les candidats à la direction d'un parti.
Je suis satisfaite de la majeure partie du projet de loi dont nous sommes saisis, puisqu'il s'inscrit dans la foulée des 10 ans de travail du gouvernement libéral visant à améliorer la responsabilisation et la transparence du gouvernement. Par contre, j'ai quelques réserves à propos du projet de loi, notamment sur ce qui lui fait défaut.
Le projet de loi ne renforce pas les dispositions législatives sur l'accès à l'information, comme je l'aurais souhaité, et j'espère que des amendements seront faits à cet égard. Je suis également préoccupée par le fait que le projet de loi limite les contributions des particuliers aux partis politiques, mais ne fait rien pour réduire les dépenses électorales des tiers. C'est une question sur laquelle il reste beaucoup de travail à faire et j'espère que nous pourrons apporter ensemble des amendements pour veiller à ce que ce soit fait.
Ce projet de loi semble solidifier l'influence des tiers sur la démocratie canadienne. Cela ressemble à une exclusion délibérée. J'espère que ce n'est pas le cas. Je crois savoir que le gouvernement proposera des amendements à la partie qui concerne les lobbyistes, car déjà elle suscite de la grogne chez certaines personnes.
Les Canadiens doivent avoir confiance en l'intégrité du gouvernement et des gens chargés de le diriger. Le gouvernement dont j'ai fait partie a travaillé très fort pour être responsable devant les citoyens de notre grands pays. Comme bien des députés, je m'engage à appuyer les mesures qui nous permettront de poursuivre les travaux que nous avons déjà amorcés pour renforcer la responsabilisation, la transparence et la confiance de la population.
J'ai hâte de prendre part aux discussions et aux débats.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi d'intervenir à propos de ce projet de loi.
D'ailleurs, j'aimerais féliciter ma collègue de Papineau, qui se propose de corriger le titre du projet de loi, car le mot « imputabilité », dans le sens qu'on lui prête, n'est pas approprié selon l'Office québécois de la langue française. On doit traiter plutôt d'un projet de loi sur la responsabilité.
Cela étant dit, mon parti et moi avions de grandes attentes vis-à-vis de ce projet de loi sur la responsabilité, surtout au chapitre du prévisionniste indépendant, qu'on appelle « directeur parlementaire du budget » dans le projet de loi, et par rapport à la transparence des fondations. Ce sont les deux points que je vais aborder au cours des prochaines minutes. Je suis très déçu, comme à bien d'autres égards, du libellé du projet de loi, mais particulièrement en ce qui concerne ces deux aspects qui me déçoivent énormément.
En ce qui a trait au directeur parlementaire du budget, on s'attendait à ce que les conservateurs, une fois au pouvoir, nous présentent du solide. Après tout, ils ont prêché pendant des années et ont appuyé le besoin manifeste du Bloc québécois d'avoir des données transparentes, de vrais chiffres au chapitre, par exemple, des prévisions budgétaires et des prévisions des surplus. Or il suffit d'examiner le rôle et les pouvoirs du directeur parlementaire du budget pour s'apercevoir qu'il n'a pas de pouvoirs. Alors on retourne à la case départ.
D'ailleurs permettez-moi de dresser un portrait historique des actions parlementaires depuis 1997-1998 en particulier, au chapitre des prévisions budgétaires.
Les libéraux étant au pouvoir, le premier ministre, ex-ministre des Finances et député dans cette Chambre, nous présentait tous les ans des données qui n'avaient aucune commune mesure avec la réalité. Il prévoyait tous les ans des surplus à zéro, alors que les surplus cumulés de mois en mois nous indiquaient qu'on se dirigeait vers des chiffres nettement supérieurs à zéro. On nous a donc « niaisés » pendant des années et des années, tant et si bien qu'à partir de 1997-1998, lorsqu'on a vu que les libéraux nous présentaient des chiffres tout à fait dénués de sens et contraires à la réalité, nous, du Bloc québécois, avons décidé, avec une petite équipe, de faire nos propres prévisions au chapitre des surplus.
Monsieur le Président, vous êtes en cette Chambre depuis des années, vous étiez témoin: nous arrivions à formuler des prévisions de surplus situées à 3 ou 4 p. 100 près des chiffres réels. Avec une petite équipe et une calculette achetée en solde à 2,98 $, nous parvenions à faire des prévisions justes, qui collaient à la réalité. Or, année après année, ce manège se répétait.
J'écoutais ma collègue libérale, plus tôt. J'ai été absolument estomaqué de l'entendre parler de transparence, alors que les libéraux ont été au pouvoir durant 13 ans, sans aucune transparence.
On sait ce qui s'est passé avec le scandale des commandites, mais même sur le plan des prévisions: lorsque les libéraux en faisaient qui étaient dénuées de sens, ils foulaient aux pieds des principes démocratiques de base. Pour que la population puisse se prononcer sur l'intelligence d'un gouvernement, ou sa capacité à répondre à ses besoins, il faut qu'on lui présente le véritable portrait des finances publiques. Sinon, la population dit que c'est peut-être vrai, que le gouvernement n'a pas les moyens: de répondre aux besoins des personnes les plus démunies de la société; d'investir dans le logement social; et de réformer le régime d'assurance-emploi afin que ce régime, gracieuseté des libéraux, n'exclue pas 60 p. 100 des travailleurs. Or les chiffres étaient tout à fait à l'inverse de la réalité. Il y a eu des erreurs de prévisions de l'ordre de 300 p. 100. Tant et si bien qu'année après année, on accumulait des surplus de 12 à 14 milliards de dollars. On était en fin d'exercice, on n'avait rien prévu en ce qui a trait à la redistribution de ces montants afin d'aider les plus démunis de la société et d'alléger le fardeau fiscal. De plus, on affectait presque essentiellement au remboursement de la dette ces surplus imprévus, c'est-à-dire maquillés, magouillés par les libéraux.
Le Bloc québécois a mené une bataille avec les conservateurs à ses côtés, même avec le concours, au Comité permanent des finances, de M. Penson, un vétéran qui a quitté cette Chambre, et de l'actuel ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, qui était un digne représentant de son parti audit comité. C'était en vue d'obtenir un bureau indépendant des prévisions, montrant des chiffres qui avaient de l'allure, du sens, qui collaient à la réalité.
Ils ont même appuyé deux motions du Bloc québécois visant la création d'un bureau indépendant des prévisions budgétaires. Ils ont même proposé une autre motion afin de préciser le mandat dudit bureau. Ils ont appuyé une seconde motion du Bloc québécois. Celle-ci proposait, en attendant la mise en place de ce bureau, l'embauche de quatre prévisionnistes indépendants, soit un par parti politique, qui pourraient fournir des chiffres ayant du sens, contrairement aux chiffres farfelus fournis par le gouvernement libéral.
Or dans ce projet de loi, le poste de directeur parlementaire du budget constitue une coquille vide. Il relève de la Bibliothèque du Parlement. On ne lui accorde pas le pouvoir d'accéder aux données essentielles. Il n'est pas question ici des données relatives aux particuliers dont dispose l'Agence du revenu du Canada, mais bien de données agrégées. Il n'a pas non plus accès aux données provenant du ministère des Finances. Or c'était précisément le problème que nous avions. Je croyais que les conservateurs feraient en sorte que la situation s'améliore, mais non, ce projet de loi ne l'améliore pas.
Le plus grand obstacle que nous avions quant à l'obtention de prévisions justes, même en engageant des prévisionnistes indépendants du gouvernement, c'était l'accès aux renseignements. Les hauts fonctionnaires du ministère des Finances nous disaient ne pas avoir le temps de s'en occuper, puisqu'ils étaient attelés à d'autres tâches, dont le budget. Ou encore, ils nous disaient tout simplement, cavalièrement, que nous ne pourrions pas obtenir ces données puisque le ministre ne leur permettait pas de les fournir aux prévisionnistes. C'était donc la situation à laquelle nous étions confrontés.
Même en créant le nouveau poste de directeur parlementaire sur le budget, le problème restera entier. Comment le directeur parlementaire sur le budget peut-il arriver à des données justes et sensées s'il n'a pas accès à ces renseignements?
En outre, le directeur doit être redevable au Parlement. Il doit jouir essentiellement, peut-être pas des mêmes budgets, mais au moins des mêmes pouvoirs que la vérificatrice générale, c'est-à-dire le pouvoir d'obtenir toute l'information nécessaire pour fournir les vrais chiffres à la population. Or le directeur n'est pas investi de ce mandat. Il n'aura pas les outils nécessaires pour nous offrir des prévisions. Nous serons obligés de continuer à donner ces prévisions nous-mêmes tous les ans et à les rendre le plus justes possible, comme l'a fait traditionnellement le Bloc québécois.
Je vois parfois une dichotomie entre le discours du gouvernement conservateur et les faits. Nous le constatons par ce projet de loi, où la transparence et le respect des principes élémentaires de la démocratie ne sont pas au rendez-vous. Nous l'avons constaté également lors de la période des questions orales, hier et avant-hier, alors que nous avons simplement demandé au ministre des Finances s'il était vrai qu'au dernier exercice financier, avant le 31 mars, ils avaient créé cinq fondations pour y verser 1,3 milliard de dollars, afin de répondre aux besoins en logement social, en transport et ainsi de suite. Le ministre n'a pas daigné répondre. Est-ce là de la transparence? Il nous a dit d'attendre au budget. Or cela n'a rien à voir avec le prochain budget: il est question de l'ancien budget, de l'argent alloué lors du précédent exercice financier. Il y a donc un écart entre le discours du gouvernement et les faits.
Je citerai un deuxième exemple de manque de transparence du projet de loi. Il s'agit des fondations. Pourquoi a-t-on fait des entourloupettes tentant d'expliquer pourquoi le gouvernement avait décidé d'assujettir à la Loi sur l'accès à l'information uniquement trois fondations sur neuf? Ces trois fondations sont la Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire, la Fondation canadienne pour l'innovation et la Fondation du Canada pour l'appui technologique au développement durable. Pourquoi avoir permis, par l'entremise de la Loi sur l'accès à l'information, un examen public uniquement pour ces trois fondations et pas les six autres?
Les coffres de ces six autres fondations contiennent tout de même 2 milliards de dollars. En vertu de ce projet de loi, ces fondations continueront d'être soustraites au regard public et aux débats en Chambre. Les parlementaires ne pourront pas suivre ce qui se passe dans ces fondations, parce que le gouvernement a décidé de continuer à les soustraire au pouvoir d'examen public.
J'aimerais qu'on m'explique pourquoi ce ne sont pas toutes les fondations qui sont assujetties à ce projet de loi. Pourquoi soustrait-on encore à un examen nécessaire du public 2 milliards de dollars qui appartiennent aux contribuables? J'attends des réponses du gouvernement.
En attendant, je peux assurer cette Chambre que nous déposerons des amendements visant à améliorer ce projet de loi décevant à certains égards.
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Monsieur le Président, ma carrière d'économiste m'a permis de faire des prévisions. On ne peut pas prévoir que la Terre arrêtera de tourner à un certain moment, pas plus qu'on peut prévoir des catastrophes naturelles. Cependant, grâce aux informations dont on dispose à un moment précis, on est en mesure de faire des prévisions comportant une marge d'erreur d'environ 3 ou 4 p. 100. Lorsque des boîtes de prévisions embauchent des prévisionnistes qui font des erreurs de 300 p. 100 — comme l'a fait à l'époque le ministre des Finances — ces derniers sont mis à à la porte. Pourtant, depuis 1997-1998, c'est ce que les libéraux nous ont offert.
En parlant de déficit, je rappelle à mon collègue que le premier déficit d'importance créé ici, dans ce Parlement, est le fruit de l'ex-premier ministre du Canada, Jean Chrétien, qui était à cette époque ministre des Finances. Il n'a donc pas de leçon à donner à qui que ce soit à ce sujet, encore moins à son parti, le Parti libéral du Canada.
Il existe une façon de rationaliser et d'assainir les dépenses publiques. La façon choisie par les libéraux est de s'attaquer aux personnes les plus pauvres de la société, de s'attaquer aux personnes malades, de s'attaquer aux étudiants, de réduire les transferts fondamentaux aux provinces et au gouvernement du Québec. Par conséquent, depuis les 13 années de pouvoir du Parti libéral, la situation s'est considérablement dégradée.
Le fait de ne pas avoir reconnu le déséquilibre fiscal et de nous avoir niaisés sur cette question, en n'osant même pas prononcer le terme, a prolongé des situations catastrophiques, comme la situation qui prévaut dans le secteur de l'éducation postsecondaire. En effet, les collèges et les universités du Québec et du reste Canada croulent sous le poids de ces compressions budgétaires. On est obligé de rattraper le temps perdu.
J'espère que ce gouvernement ne répétera pas la même erreur et que, dans son prochain budget, la priorité sera l'éducation postsecondaire. De fait, on ne peut plus continuer ainsi, c'est-à-dire en faisant des discours prônant que l'avenir est l'éducation, alors que l'argent n'est pas disponible.
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Monsieur le Président, je vous adresse mes félicitations tardives pour votre élection au poste de vice-président de la Chambre. Comme vous êtes le doyen de cette assemblée, c’est un honneur bien mérité.
Comme c’est mon premier discours officiel à la Chambre, je tiens à consacrer une bonne partie de mon temps aux résidents d’Abbotsford, les gens qui m’ont élu et m’ont fait confiance pour défendre leurs intérêts à la Chambre. Je suis honoré qu’ils m’aient choisi pour promouvoir leurs valeurs et leurs aspirations dans cette 39e législature.
J’ai de profondes attaches dans la circonscription d’Abbotsford. Au cours des 24 dernières années, ma femme Annette et moi-même avons élevé une merveilleuse famille, bâti un cabinet d’avocats prospère et noué un grand nombre de liens d’amitié très profonds. Abbotsford est devenu notre foyer. Elle nous a apporté beaucoup plus que nous ne pourrons jamais lui rendre et nous lui en sommes donc très reconnaissants.
Je succède à plusieurs autres personnes qui ont fréquenté ces lieux et qui sont venues de ma circonscription. Il s’agit par exemple d’Alex Patterson, Robert Wenman, Ross Belsher et, bien entendu, mon prédécesseur immédiat, l’irrésistible Randy White. Je nomme particulièrement ces personnes, car chacune d’elles a, à sa façon, énoncé les valeurs conservatrices qui pendant des années ont nourri Abbotsford, des valeurs comme le travail, la famille, le respect de la loi, la reddition de comptes, l’équité et l’altruisme, des valeurs auxquelles mon gouvernement souscrit chaleureusement.
Je voudrais présenter Abbotsford à tous mes collègues et, ce faisant, j’espère leur faire comprendre pourquoi ma circonscription appuie énergiquement la Loi fédérale sur l’imputabilité. Abbotsford est nichée au coeur de la vallée du Fraser en Colombie-Britannique, encadrée d’un côté par le Fraser et de l’autre par le majestueux mont Baker, à proximité de Vancouver. La ville est administrée par notre vieux maire George Ferguson, qui est âgé de 81 ans et qui achève la trente-et-unième année de son mandat. Vous m’avez bien entendu, cela fait 31 ans qu’il est maire de notre ville.
La région d’Abbotsford figure parmi les plus dynamiques du Canada. Avec l’économie qui, l’année dernière, a connu l’expansion la plus rapide au pays et les revenus agricoles les plus importants de la Colombie-Britannique, nous sommes certainement une destination de choix pour de nombreux Canadiens. Abbotsford est également la ville de trois finalistes de Canadian Idol, d’un orchestre symphonique professionnel, de la médaillée d’argent olympique Alana Kraus et de l’athlète para-olympique le plus décoré du Canada, Eugene Reimer.
Ma ville est aussi une communauté de bénévoles qui se distingue par sa générosité. En fait, Statistique Canada a récemment révélé que sur le plan des dons de charité, Abbotsford était, de loin, la ville la plus généreuse du pays. Mes collègues ne s’étonneront donc pas si je parle avec fierté de ma circonscription, Abbotsford.
Néanmoins, Abbotsford a quand même certains défis à relever. Comme je l’ai déjà dit, l’agriculture reste au coeur de la région et demeure notre première industrie. Un bon nombre de nos producteurs agricoles sont confrontés à une pénurie de main-d’oeuvre pendant la saison des récoltes et n’ont pas d’espoir d’amélioration à l’horizon. D’autres agriculteurs d’Abbotsford s’inquiètent des barrières commerciales injustes dressées à l’étranger et des répercussions que les pressions commerciales internationales auront sur leur gagne-pain.
Le meilleur exemple est sans doute la crise de la grippe aviaire qui a dévasté le secteur de la volaille et des oeufs dans ma région. Nous avons subi tout le poids de cette crise. En fait, certains de mes concitoyens risquent de perdre leur exploitation à cause de l’insuffisance de l’indemnisation versée dans le cadre du programme de stabilisation du revenu agricole. Ce sont des problèmes pour lesquels nous avons besoin d’une solution et je sais que le gouvernement va s’y attaquer.
Abbotsford a aussi d’autres défis à relever. Nous sommes également touchés par les problèmes propres aux grandes villes. La criminalité et l’activité des gangs sont en hausse. La culture de la marijuana et la fabrication de métamphétamine sont en progression. L’itinérance, les divorces et la toxicomanie ont fait leur apparition. Et, bien entendu, les personnes âgées et les familles de travailleurs ont de plus en plus de difficulté à supporter le lourd poids des impôts que leur infligent tous les niveaux de gouvernement.
Voilà précisément pourquoi je suis très optimiste en pensant à ce qu’ensemble, en tant que 39e législature, nous pouvons réaliser au cours de cette session. Le plan initial en cinq points de notre gouvernement vise avant tout à renforcer les familles partout au Canada et à corriger bon nombre des graves défauts que comporte notre société.
Notre politique concernant la garde d’enfants profitera à tous les petits, pas seulement aux 16 p. 100 qui fréquentent des garderies. Notre garantie du temps d’attente renforcera notre système de santé public. Nous allons imposer des peines minimales obligatoires aux trafiquants de drogues et aux délinquants violents et récidivistes. Une baisse de 1 p. 100 puis de 2 p. 100 de la TPS avantagera tous les Canadiens, pas seulement quelques privilégiés. Enfin, tout ce que nous voulons réaliser pour les Canadiens repose sur une pierre angulaire, et c’est la loi fédérale sur la responsabilité.
Ce sont là les cinq principaux engagements que nous avons pris au cours de la dernière campagne électorale et, en déposant la loi fédérale sur la responsabilité, nous franchissons un pas vers la réalisation de ces engagements.
Une grande difficulté se pose toutefois à Abbotsford et à toutes les collectivités au Canada et c’est la qualité de notre environnement. Dans ce contexte, je voudrais raconter aux députés un événement qui a changé à tout jamais le caractère de ma ville. Ce faisant, j’espère ouvrir la voie à plus de discussions sur la responsabilité.
En 1997, certains résidants avaient entendu parler d’une proposition de Sumas Energy, une société d’électricité bien établie, qui visait la construction d’une centrale juste à côté de notre collectivité. Pour des raisons pratiques, la centrale devait être construire du côté américain de la frontière. Elle aurait rejeté des millions de tonnes de substances toxiques dans notre bassin atmosphérique chaque année. La production d’électricité et les profits seraient allés à des utilisateurs vivant au sud de la frontière, mais presque toute la pollution, aux Canadiens.
Jamais auparavant ma collectivité ne s’était ralliée à une cause comme elle l’a fait contre la centrale SE2. Des gens de tous milieux, de toutes religions et de toutes allégeances politiques ont mis de côté leurs différences pour parler d’une seule voix. Ensemble, ils ont dénoncé la proposition des deux côtés de la frontière. On nous avait dit que c’était une bataille perdue d’avance dans toutes les circonstances, mais nous n’avons pas abandonné, même si nous avons subi certains revers à l’occasion.
Sous le leadership visionnaire de personnes comme John Vissers, Patricia Ross, Mary Reeves et de milliers d’autres résidants de la collectivité et de la région, nous avons porté l’affaire devant l'Office national de l’énergie et la Cour fédérale du Canada et, chose étonnante, contre toute attente, nous avons gagné. Du coup, nous avons établi des précédents jurisprudentiels en matière de gérance de l’environnement.
Cette lutte et cette victoire monumentale pour ma ville ont marqué ma collectivité, la ville d'Abbotsford.
Pourquoi est-ce que je vous parle de la vie dans ma ville? Pour deux raisons.
C'est d'abord pour souligner le fait que notre victoire contre la centrale SE2 montre que personne, ou presque, ne peut résister au pouvoir que les gens peuvent acquérir lorsqu'ils s'unissent autour d'une cause commune, qu'ils mettent de côté leurs désaccords et qu'ils consacrent leurs énergies à l'édification d'une collectivité meilleure. J'ai l'espoir que d'autres s'inspireront de notre expérience pour faire avancer leurs propres causes chez eux.
En second lieu, je voudrais lancer aux députés le défi de se servir de l'expérience d'Abbotsford avec la centrale SE2 pour non seulement assainir l'environnement, mais encore pour nettoyer le gâchis éthique laissé par le gouvernement précédent.
Les habitants d'Abbotsford ont été vivement déçus par la culture du « tout m'est dû », qui a paralysé le gouvernement fédéral pendant une décennie. La corruption, les scandales et la mauvaise gestion ne sont certes pas des valeurs que chérissent les habitants d'Abbotsford, et ils ne sont évidemment pas des valeurs canadiennes. Sans un cadre éthique clair s'appliquant aux employés du gouvernement et à ceux qui lui fournissent des services, le Canada ne peut pas prétendre être un chef de file dans le monde.
Hélas, depuis dix ans, le Canada s'est illustré non pas comme l'archétype de gouvernement responsable, mais plutôt comme l'exemple d'un grand pays démocratique usurpé par des profiteurs cupides et insensibles. C'est pourquoi je puis dire sans craindre de me tromper que les habitants d'Abbotsford appuient fermement la loi fédérale sur la responsabilité.
Nous devrons faire preuve d'un grand courage. Nous tous à la Chambre devrons prendre des risques politiques, mais ce sont des risques que les Canadiens nous demandent de prendre, et nous n'hésiterons pas à le faire.
Notre projet de loi sur la responsabilité comprend des mesures comme le renforcement du rôle du commissaire à l'éthique, l'interdiction des donations politiques secrètes, des règles plus strictes concernant les lobbyistes, un processus budgétaire plus transparent, la protection des divulgateurs, et j'en passe.
Depuis 1993, Abbotsford a toujours envoyé le même message. Nous voulons de vrais changements. J'ai l'espoir que, comme en témoigne notre lutte contre la centrale SE2, les députés mettront de côté leurs désaccords partisans et répondront à l'appel des Canadiens en appuyant le projet de loi sur la responsabilité fédérale. Ma collectivité l'exige. Les Canadiens l'exigent.
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Monsieur le Président, je souhaite aussi parler du projet de loi sur la responsabilité qui a été déposé à la Chambre. Tous les parlementaires savent qu'il est important que les Canadiens aient confiance dans leurs représentants élus et dans le gouvernement qui les sert.
Le projet de loi a été déposé il y a quelques semaines. Depuis, j'ai eu l'occasion de l'examiner, comme l'ont fait la plupart de mes collègues. Il contient de nombreuses propositions intéressantes que j'accueille ainsi que des dispositions qui ne font qu'illustrer, d'après moi, la profonde fourberie du gouvernement.
D'autres ont parlé de la responsabilité sélective que prévoit le projet de loi et des choses qui ne figurent pas dans ce dernier. Aujourd'hui, je vais me concentrer principalement sur les dispositions relatives à la responsabilité telle qu'elle se rapporte aux Premières nations et aux peuples autochtones.
J'ai de nombreuses préoccupations à propos de l'incidence sur les Premières nations du projet de loi sur la responsabilité. D'abord et avant tout, le projet de loi ne reconnaît pas la relation intergouvernementale qui existe entre le gouvernement du Canada et les Premières nations du Canada. Les gouvernements des Premières nations seront maintenant assujettis aux vérifications du vérificateur général et aux demandes d'accès à l'information du public. Les Premières nations qui jouissent de l'autonomie gouvernementale seront exemptées, mais étant donné que seulement 2 p. 100 de celles-ci ont signé une entente sur l'autonomie gouvernementale, presque toutes seront touchées par ces dispositions.
Le projet de loi ne s'appliquera certainement pas aux gouvernements provinciaux ou étrangers qui reçoivent des fonds du gouvernement fédéral. Les gouvernements des Premières nations méritent d'être traités au même titre. Si le gouvernement va de l'avant, il devrait savoir qu'en appliquant les nouvelles règles aux Premières nations, il s'aventure dans des eaux troubles en ce qui concerne la constitutionnalité de telles actions.
Il importe également de souligner que la Loi fédérale sur l'imputabilité a été préparée sans aucune consultation auprès des dirigeants et des collectivités de Premières nations. Le temps où on pouvait dicter la conduite des membres des Premières nations est révolu depuis longtemps. En introduisant une nouvelle loi de cette façon et en dictant la conduite des Premières nations au lieu de les consulter et de travailler en collaboration avec elles pour en arriver à une solution acceptable pour tous, le gouvernement conservateur a réduit à néant le travail de plusieurs années au niveau de l'édification du pays et des relations intergouvernementales. Les mesures prises par le gouvernement ne pourront engendrer que contestations et résistance, comme ce fut le cas par le passé chaque fois que nous avons imposé des mesures législatives aux Premières nations sans d'abord les consulter.
Si le gouvernement avait fait ses devoirs et consulté les Premières nations, il se serait rendu compte que les Premières nations du Canada ont pris la question de la responsabilisation très au sérieux. Au cours des deux dernières années, les dirigeants de l'Assemblée des Premières nations ont collaboré de façon constructive et consultative avec la vérificatrice générale du Canada pour accroître le niveau de responsabilisation de leur organisme.
Les mesures suivantes ont déjà été prises ou sont prêtes à être mises en oeuvre: la création d'un poste de protecteur indépendant des Premières nations et d'un poste de vérificateur général des Premières nations, ainsi que la mise au point d'un plan d'action relatif à la responsabilisation à l'égard des résultats, projet entrepris par l'APN en collaboration avec le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien et le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada. La mise en oeuvre de ce plan comprendra l'adoption de normes de gestion financière, l'homologation des processus de gestion financière, des investissements au niveau de la capacité de gestion et de la mise en valeur des ressources, l'amélioration de la politique sur les transferts de paiements et bon nombre de mécanismes volontaires de reddition de comptes.
Nous avons appris, dans le rapport de la vérificatrice générale pour l'année 2002, que chacune des Premières nations a dû présenter 168 rapports par année, pour une moyenne de 3 rapports par semaine. La mesure législative proposée ne fait qu'ajouter un niveau de plus à ce processus d'examen.
Le projet de loi est muet sur la question de la responsabilité des gouvernements à l'égard des membres des Premières nations ainsi que sur la responsabilité du gouvernement fédéral à l'égard du manque de résultats en ce qui a trait aux progrès sociaux, économiques et de santé dans les collectivités de Premières nations.
Monsieur le Président, nous venons tous deux du Manitoba. Hier soir, un groupe de Manitobains sont venus me rencontrer dans mon bureau. Ils vivent dans des conditions dignes du tiers monde, dans une collectivités aux prises avec une épidémie de tuberculose. Le nombre de personnes atteintes double chaque semaine, ou même plus vite encore. En guise de réaction, le gouvernement a dit qu'il devait examiner tous les membres de la collectivité pour déterminer leur état de santé. Ce n'est pas faire preuve de responsabilité.
Quand il est question de responsabilité, il faut parler de la responsabilité du gouvernement envers les Premières nations. Il faut parler de l'accord de Kelowna et de ses effets sur le logement, l'éducation et les possibilités économiques des Premières nations. L'accord de Kelowna a été conclu par les 13 autorités provinciales et territoriales et les chefs de toutes les communautés autochtones d'un océan à l'autre.
Au lieu de rationaliser la relation de responsabilité entre le gouvernement du Canada et les peuples autochtones, le projet de loi C-2 n'offre que des solutions simplistes qui donneront peu de résultats aux gouvernements et aux peuples autochtones. Ce qui me préoccupe beaucoup, c'est que ce projet de loi montre que le gouvernement est encore prisonnier d'une mentalité colonialiste, une mentalité révolue voulant qu'un groupe impose sa volonté sans consultation et décide pour les autres sans leur demander.
J'exhorte le gouvernement à revenir en arrière, à examiner, à consulter et à discuter afin que les Premières nations puissent faire preuve de responsabilité envers leurs membres et envers le gouvernement du Canada. Il incombe au gouvernement d'être responsable envers les Premières nations.
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Monsieur le Président, c'est évidemment avec un très grand plaisir que je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi C-2, une loi fédérale sur la responsabilité, car, comme mon collègue le député de Repentigny l'a déjà souligné, nous allons demander au gouvernement qu'il modifie le titre même du projet de loi pour « loi sur la responsabilisation » afin de respecter l'esprit et les règles de la langue française.
D'entrée de jeu, je désire réaffirmer que le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi. Nous croyons que ce projet de loi est une première étape nécessaire afin de rétablir la confiance de la population envers les institutions fédérales et aussi pour instaurer une plus grande transparence dans la gestion des fonds publics.
Si nous discutons aujourd'hui de ce projet de loi, c'est que le précédent gouvernement du Parti libéral a été éclaboussé par de nombreux cas de corruptions, notamment par le scandale des commandites. Celui-ci a exposé au grand jour tout le mépris de l'ancien gouvernement libéral à l'endroit de la nation québécoise et de ses institutions démocratiques.
La population québécoise a décidé de chasser du pouvoir un gouvernement corrompu. Nous l'avons vu lors des dernières élections. Espérons que le nouveau gouvernement minoritaire conservateur ne tentera pas de poser les même gestes.
Comme plusieurs de mes collègues l'ont déjà souligné, je suis heureux de constater que plusieurs propositions du Bloc québécois ont été retenues dans l'élaboration du projet de loi C-2. Une de ces propositions porte sur le financement des partis politiques fédéraux.
Depuis sa fondation, le Bloc québécois s'est toujours fait l'avocat pour que la loi sur le financement des partis politiques à Ottawa soit modifiée pour en arriver à un modèle qui s'inspire de la loi sur le financement des partis politiques adoptée au Québec en 1977 sous l'égide du Parti québécois et du premier ministre René Lévesque.
Lorsque le gouvernement du Parti québécois a fait adopter la loi sur le financement des partis politiques, la nouvelle législation était fondée sur deux principes: l'équité et la transparence. Par « équité », le gouvernement voulait favoriser l'égalité des chances entre les partis par un financement public, alors que le principe de transparence exigeait, pour les partis politiques et les candidats, de rendre compte de leurs activités au chapitre du financement et des dépenses électorales.
La Commission Gomery et le scandale des commandites ont remis à l'avant-plan, dans l'opinion publique québécoise et canadienne, l'importance des processus de contrôle du financement des partis politiques. Nous sommes satisfaits de constater que le nouveau gouvernement fédéral adopte des mesures proposées depuis longtemps par le Bloc québécois et nous appuierons des initiatives en ce sens. Toutefois, il y aura bien sûr certaines recommandations que nous ferons en comité.
Il y a un autre aspect que j'aimerais mentionner. Il s'agit de tout le processus de nomination des directeurs de scrutin. Depuis plusieurs années, le Bloc québécois a dénoncé le fait que le système faisait en sorte que les directeurs de scrutin étaient davantage redevables au parti politique au pouvoir, à qui ils doivent leur nomination, qu'au directeur général des élections. Au Québec, nos directeurs de scrutin étaient très souvent, en majorité, d'allégeance libérale, puisque c'était le parti qui était alors au pouvoir.
C'est pour cela que mon collègue de Montmorency—Charlevoix—Haute-Côte-Nord avait déposé, lors de la 38e législature, le projet de loi C-312 qui faisait en sorte que la nomination des directeurs de scrutin soit faite au mérite et supervisée par Élections Canada.
Malheureusement, le projet de loi sur la responsabilité ne prévoit pas de concours publics afin de choisir les directeurs de scrutin. Nous espérons corriger cette situation en proposant un amendement, car nous croyons que les directeurs de scrutin doivent être nommés au terme d'un processus ouvert et transparent, afin que toute personne qui croit avoir les compétences nécessaires puisse poser sa candidature.
Cela dit, nous devons nous interroger sur certaines mesures avancées par ce projet de loi, des mesures qui, selon nous, présentent d'importantes lacunes qui devront être corrigées. Par exemple, la loi sur la protection des fonctionnaires dénonciateurs d'actes répréhensibles ne devrait pas prévoir des récompenses de 1 000 $ pour les dénonciateurs.
Cette mesure pourrait favoriser une culture malsaine de la dénonciation en proposant des récompenses financières aux dénonciateurs, en plus de créer des climats de travail très malsains au sein des différentes entreprises. Le Bloc québécois a toujours maintenu que la meilleure façon de soutenir les fonctionnaires qui veulent dénoncer des actes répréhensibles au sein de l'appareil public était de les assurer d'une plus grande protection de la part du gouvernement et de la part de la direction de leur ministère ou de leur organisme, afin qu'ils ne soient pas mutés, congédiés ou harcelés.
Dans ce projet de loi, je juge aussi inquiétant tout ce qui concerne les nominations des hauts fonctionnaires et des dirigeants de société d'État. Ce projet de loi propose certes une commission des nominations publiques, mais celle-ci serait contrôlée par le bureau du premier ministre. Elle serait notamment chargée de surveiller le processus de sélection en vue des nominations. Selon moi, ce processus est incohérent et manque de transparence, surtout lorsque l'on sait que la plupart des nominations viennent du Bureau du Conseil privé et du bureau du premier ministre. Nous considérons qu'un processus formel d'examen des nominations doit être établi, que les comités parlementaires doivent être au coeur de ce processus et, surtout, qu'aucune nomination ne devrait être effectuée contre l'avis des comités.
La nomination du nouveau directeur parlementaire du budget crée la même inquiétude. En effet, ce directeur sera notamment chargé d'établir des prévisions quant aux revenus et aux dépenses budgétaires du gouvernement fédéral. Encore là, ce mécanisme manque de transparence et de rigueur car, en vertu du projet de loi C-2, ce poste relèverait de la Bibliothèque du Parlement. La loi prévoit même des exceptions qui pourraient empêcher le directeur d'avoir accès à certains renseignements.
Nous savons comment les libéraux nous ont présenté dans le passé des prévisions budgétaires souvent farfelues avec des erreurs de prévisions considérables. Comme mon collègue le député de Saint-Hyacinthe—Bagot l'a déjà indiqué, il serait préférable de mettre sur pied un organisme indépendant lié au Comité permanent des finances qui pourrait ainsi présenter aux membres du comité des prévisions financières réalistes, complètes, et surtout révisées périodiquement. Les populations québécoise et canadienne ont le droit de savoir comment sont gérés les impôts qu'ils versent au gouvernement.
Je pourrais élaborer sur d'autres aspects du projet de loi qui, selon moi, soulèvent inquiétudes et interrogations. Je pense entre autres au fait que certaines fondations continueront d'échapper au regard du public, au fait que les lobbyistes continueront de profiter de certaines échappatoires — car après un an, ils pourront travailler pour des firmes de lobby et breffer des lobbyistes —, ou encore au fait que le gouvernement décide de retarder les réformes à la Loi sur l'accès à l'information.
D'ailleurs, à ce sujet, le Parti conservateur avait promis de réformer la Loi sur l'accès à l'information à de nombreuses reprises lors de la dernière campagne électorale. Dans leur plateforme électorale, il est clairement indiqué qu'un gouvernement conservateur appliquerait les recommandations du commissaire à l'information sur la réforme de la Loi sur l'accès à l'information. En réalité, comme les libéraux, maintenant que le Parti conservateur est au pouvoir, il est beaucoup moins intéressé à réformer la loi, ce qui permettrait une plus grande transparence. Comme les gouvernements précédents, il préfère limiter, sinon s'en soustraire, la surveillance du commissaire à l'information.
Étant donné la complexité du projet de loi, l'ampleur et l'importance des sujets traités et les lacunes qui doivent être corrigées, notre formation politique croit qu'il est important d'étudier correctement et avec rigueur ce projet de loi. Il n'y a aucune raison d'en précipiter l'étude. Prenons le temps nécessaire, en comité, d'élaborer les amendements qui seront nécessaires afin de corriger les lacunes que l'on trouve à l'intérieur même de ce projet de loi. Nous aurons ainsi une loi qui réduira les risques d'abus et de corruption au sein de l'appareil gouvernemental, et qui rétablira la confiance de la population envers les institutions et la classe politique. Cette dernière a la responsabilité de défendre les intérêts de tous les citoyens et citoyennes et de répondre à leurs besoins.
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Monsieur le Président, c’est un plaisir de prendre part aujourd’hui au débat sur le projet de loi C-2 sur la responsabilité. Je suis très heureux d’avoir la possibilité d’exposer certaines des préoccupations de mes électeurs, dans la circonscription de Burnaby—Douglas, au sujet de cet enjeu important.
Étant donné les inquiétudes que les scandales et la corruption du précédent gouvernement libéral ont suscitées chez les Canadiens, il est fort bien que ce soit le premier projet de loi mis à l’étude aux Communes, mais je vais adopter un ton un peu plus conciliant que certains autres députés. Les scandales n’épargnent aucun gouvernement, aucun parti. Nous commettons tous des erreurs. Nous sommes tous humains, et il nous arrive de faire des erreurs. Ce qui compte, à mon avis, c’est la façon de gérer ces erreurs et les systèmes que nous mettons en place pour le faire. C’est sur ce plan qu’il y a eu des lacunes récemment.
Je me réjouis que le Parlement puisse commencer à prendre note de certains de ces problèmes importants et apporter des profonds changements, en débattre et améliorer le projet de loi à l’étude. La responsabilisation et la transparence sont des mots à la mode, par ici, mais le projet de loi les place carrément au programme de la Chambre et donne à tous l’occasion de progresser vers ces objectifs importants
Je signale en passant que je suis allé ce matin à une conférence de presse qui portait sur une autre question de transparence et de responsabilisation, celle des certificats de sécurité. En ce moment, quatre personnes sont détenues en vertu de certificats de sécurité sans savoir quelles accusations sont retenues contre elles, sans que leurs avocats aient pris connaissance de la preuve. Les procès se déroulent en secret. La détention peut se poursuivre indéfiniment. C’est là, pour notre gouvernement, un véritable enjeu de responsabilisation.
C’est un processus qui mérite un nouvel examen. Les conservateurs, et c’est tout à leur honneur, ont avancé des propositions au cours de la dernière campagne et ils se sont dits prêts à envisager des modifications. Nous devons aller plus loin que leurs propositions, mais il nous faut exiger du gouvernement qu’il apporte ces modifications.
Le processus des certificats de sécurité inquiète plus particulièrement les collectivités arabe et musulmane du Canada. Amnistie internationale a dénoncé très franchement les lacunes et l’injustice de ce processus. J’estime que la Chambre doit s’attaquer à ce problème sans tarder. Je suis fier d’avoir fait inscrire au Feuilleton une motion qui prévoit l’abrogation de cette disposition de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Pour revenir au projet de loi à l’étude, je dirais qu’il comporte quelques importants changements que je voudrais mentionner. Il y a d’importants changements en matière de lobbying -- y compris ce que nous autres, dans ce coin de la Chambre, appelons « la disposition Ed » en hommage à Ed Broadbent et au travail qu’il a fait dans ce domaine -- qui interdiraient les honoraires dépendant des résultats ou du succès des démarches des lobbyistes. Cela signifie que le revenu tiré d’honoraires fondés sur les résultats serait illicite et que le bénéficiaire d’un tel revenu peut être poursuivi. Il devrait également être illégal pour un lobbyiste d’accepter ce mode de paiement. Ceux qui le feraient devraient être passibles de lourdes sanctions. Je suis heureux que ces dispositions figurent dans le projet de loi.
Il y a également des changements touchant l’application des principes éthiques, l’établissement des budgets et les nominations à des charges publiques. J’aurais cependant préféré que ces nominations ne soient plus faites par le cabinet du premier ministre, comme c’est actuellement le cas. Le projet de loi comprend aussi des changements concernant la protection des dénonciateurs. Comme l’a signalé l’orateur précédent, nous nous inquiétons cependant du fait que les dispositions correspondantes prévoient encore une récompense en espèces, même si elle a été sensiblement réduite. Je crois que c'est malavisé.
Je suis sûr que la plupart des fonctionnaires n’ont pas besoin d’une récompense pour faire ce qui, de leur propre avis, fait partie intégrante de leur travail. Nous avons la chance, au Canada, d’être bien servis par nos fonctionnaires. Ils comprennent bien les importantes préoccupations que suscitent la responsabilité, la transparence et l’éthique au gouvernement. Je crois qu’il est déplacé de dire qu’ils méritent une forme de récompense en espèces pour agir lorsque ces importants principes sont en cause.
Le projet de loi comprend de nombreuses dispositions concernant les rouages internes de l’administration publique, mais il ne dit pas grand-chose de la responsabilité démocratique. À mon avis, c’est une lacune importante. J’espère que les néo-démocrates proposeront des modifications pour y remédier. De toute façon, la Chambre sera saisie d’autres projets de loi, d’initiative parlementaire ou gouvernementale, traitant de certaines de ces questions.
Ce sont les points que je veux aborder ce matin.
Le projet de loi contient certaines choses, mais n’en contient pas d’autres. Il interdit les dons des sociétés et des syndicats, ce qui est bon. Il tente de mettre de l’ordre dans l’utilisation des fiducies dans les campagnes électorales, ce qui est également bon. Il fixe des règles et des limites touchant les cadeaux offerts aux candidats. Encore une bonne chose. Toutefois, il y a de nombreux aspects qui manquent dans le projet de loi.
Nous savons tous, je crois, qu’Ed Broadbent, l’ancien député d’Ottawa-Centre, a formulé au cours de la dernière législature quelques recommandations aussi claires qu’importantes pour essayer d'assainir le milieu politique. Comme d’autres députés, j’ai trouvé ces recommandations très instructives.
Je voudrais tout d’abord parler de l’absence, dans le projet de loi, d’une disposition concernant les députés qui changent de parti. C’est une lacune grave, qui représentait le premier grand défi du nouveau gouvernement conservateur en matière de responsabilité. Hélas, je crois que la plupart des Canadiens conviennent que le gouvernement a complètement manqué le bateau face à ce premier défi. La défection du ministre du Commerce international et député de Vancouver-Kingsway, qui a quitté le Parti libéral pour se joindre aux conservateurs et accepter un poste au Cabinet, est extrêmement décevante et a beaucoup irrité, à juste titre, de nombreux habitants de la circonscription de Vancouver-Kingsway.
Un peu plus tôt, ma collègue de Nanaimo–Cowichan a parlé du pouvoir des citoyens, qui s’exprime lorsqu’ils vont voter. Le fait qu’on ait pu, si tôt et si cavalièrement, faire abstraction de leur vote prouve que notre système comporte un grave défaut.
Plus de 80 p. 100 des électeurs de Vancouver Kingsway ont voté pour un parti autre que le Parti conservateur, et ils ont maintenant un député représentant ce parti. Le député en question avait une attitude très partisane au cours de la campagne électorale. En fait, de tous les libéraux en Colombie-Britannique, c'était l'un des plus partisans. Ses attaques contre le Parti conservateur étaient directes, sans relâche et parfois très personnelles. Pourtant, quelques jours seulement après les élections, il a changé ses couleurs et annoncé qu'il se joignait aux conservateurs.
Pas étonnant qu'il y ait actuellement une campagne de destitution dans Vancouver Kingsway. Pas étonnant que les protestataires suivent le ministre partout où il va dans la région de Vancouver pour dénoncer son changement d'allégeance. Je peux comprendre que les gens de Vancouver Kingsway soient si déçus de leur député. J'étais fier d'être aux côtés des partisans de sa destitution, à une de leurs récentes manifestations, quand le premier ministre a visité ma circonscription, Burnaby—Douglas.
Un tel comportement est inexcusable. Nous aurions pu traiter de cette question maintenant, dans le contexte du projet de loi C-2. Nous avons besoin d'une mesure législative sur le changement d'allégeance par un député. Nous avons un bon exemple dont nous pourrions discuter. Mon collègue du NPD, le député de Sackville—Eastern Shore, a présenté durant des années son projet de loi d'initiative parlementaire sur cette question. Ce projet de loi a finalement fait l'objet d'un vote à la Chambre des communes à la dernière législature. Malheureusement, il n'a pas été adopté, mais il y avait des députés du gouvernement actuel qui lui donnaient leur appui, et j'espère qu'ils continueront à soutenir ce genre de texte. Nous aurons une chance de voter de nouveau sur ce texte au cours de la présente législature. Nous allons faire en sorte qu'il soit de nouveau présenté à la Chambre, mais son objet devrait être inclus dans le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Le projet de loi de mon collègue prévoit que tout député désireux de changer d'allégeance doit soit abandonner son siège, être choisi comme candidat par le parti politique dont il veut joindre les rangs et se présenter lors d'une élection partielle, soit siéger comme indépendant. Le député de Vancouver Kingsway aurait pu se prévaloir de ces possibilités. Il aurait pu les envisager et pourrait encore le faire; je l'y invite. Pour l'instant, j'estime qu'il devrait démissionner et se présenter de nouveau, il devrait être choisi comme candidat par son nouveau parti et il devrait soumettre son choix aux citoyens de Vancouver Kingsway, pour que ces derniers aient l'assurance que la personne qui les représente ici exprime clairement leurs souhaits.
La plupart d'entre ont brigué les suffrages à titre de représentants d'un parti politique. Un député indépendant siège à la Chambre et sa situation est différente. Nous évoluons dans le caucus de notre parti et nous devons respecter les décisions de nos électeurs qui s'intéressent au programme du parti et aux propos que nous tenons au nom de ce dernier. Les électeurs tiennent compte de cela lorsqu'ils prennent une décision.
Je souligne encore une fois que l'absence de disposition sur cette question, dans le projet de loi C-2, constitue une grave lacune. Cela me préoccupe énormément et m'amène à me demander si le gouvernement tient vraiment à se pencher sur les questions de responsabilité démocratique.
Nombre d'autres questions ne sont pas abordées dans cette mesure législative, notamment la réforme électorale. Le Nouveau Parti démocratique prône un système de représentation proportionnelle mixte qui maintiendrait la représentation par circonscription, mais qui ferait en sorte que la Chambre représente mieux l'ensemble des voix exprimées par les Canadiens, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Le projet de loi ne prévoit ni limites de dépenses ni exigences de divulgation en ce qui concerne les courses à la direction des partis. Or, au fil des ans, nous avons été témoins de dépenses incroyables lors des courses à la direction des partis politiques. L'idée d'une limite est particulièrement importante quand on sait que la personne choisie dirige son parti, assure la discipline de son caucus et accède souvent au poste de premier ministre. Il faut veiller à ce qu'on impose des limites.
Voilà quelques-unes de mes préoccupations, mais j'en ai de nombreuses autres. J'ai hâte d'entendre les questions des autres députés et de discuter plus à fond de cette importante question avec les électeurs de ma circonscription.
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Monsieur le Président, dans un premier temps, je voudrais vous féliciter pour votre nomination au poste de vice-président de la Chambre. Je n'avais pas encore eu l'occasion de le faire. Il s'agit d'un honneur pour vous, puisqu'il vous a été conféré par vos collègues.
Dans un deuxième temps, je voudrais remercier la population de la circonscription électorale de Terrebonne—Blainville de m'avoir manifesté, le 23 janvier dernier, beaucoup d'affection et de reconnaissance en me reconduisant à titre de députée qui la représentera.
Je suis fière de ce résultat très positif dans ma circonscription: près de 60 p. 100 des électeurs ont affirmé leur confiance en la souveraineté du Québec et ont démontré leur vigilance face à l'opération charme conduite au Québec par l'actuel premier ministre. Les électeurs de ma circonscription ont rapidement compris que cette opération publique et politique ne visait qu'à cacher les véritables intentions d'un premier ministre conservateur, soit d'imposer aux Québécoises et aux Québécois sa vision d'« un Canada fort », pour reprendre ses mots. Si l'on en juge par les premiers mois de sa gestion de l'État, bientôt, le Canada sera encadré de lois et de mesures inspirées de la droite canadienne et américaine.
J'ai lu le contenu de la loi sur la responsabilité — on l'appellera ainsi puisque c'est la traduction exacte de son appellation anglaise. Cette information a été confirmée auprès du premier ministre par le Bureau de la traduction de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Avec l'expérience parlementaire qu'il a acquise au cours des dernières années, le premier ministre devrait, à mon avis, reconnaître l'expertise de ce bureau. Par le passé, les conservateurs ont toujours démontré des signes de timidité, en Chambre et en comité, lorsqu'il était question du statut des langues officielles. Ils démontrent encore leur tiédeur à cet égard.
On peut comprendre que l'utilisation de la langue française soit difficile pour un anglophone, mais le Bureau du premier ministre ne peut pas du tout, compte tenu des moyens qu'il a à sa disposition, se permettre autant de désinvolture lorsque vient le temps d'utiliser les termes français justes.
Le projet de loi C-2 est donc le premier à être débattu à la Chambre des communes depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs. Il était temps d'agir. Ce gouvernement a été élu le 23 janvier dernier, et ce n'est que quatre mois plus tard qu'il dépose un projet de loi omnibus. Il demande à l'opposition de collaborer, afin d'en faciliter l'adoption quelque temps en juin. D'après ce qui se passe ce matin, j'ai l'impression qu'il veut même accélérer le rythme.
Le contenu de ce projet de loi contraste avec le petit discours du Trône qu'on a lu le 4 avril dernier. Le projet de loi qu'on nous présente est une loi complexe qui amendera plusieurs lois existantes. Il faudra donc beaucoup de temps, probablement des mois, pour l'analyser, l'étudier et le modifier.
Même si le gouvernement conservateur déclare qu'il veut à tout prix adopter ce projet de loi avant la relâche parlementaire de l'été, le Bloc québécois et les autres partis d'opposition, ainsi que les acteurs touchés par ce projet de loi, devront avoir leur mot à dire. Nous devrons nous assurer que les députés de cette Chambre voteront sur le projet de loi C-2 uniquement quand le comité chargé de son étude aura fait son travail et que seront complétées toutes les étapes de la consultation auprès des organismes et des individus concernés, qui auront eu le temps de se faire entendre.
Aujourd'hui, je veux aborder une partie seulement de ce projet de loi. Il s'agit de celle concernant les dénonciateurs d'actes répréhensibles. Je laisserai donc à d'autres collègues le soin de s'exprimer à propos des autres éléments du projet de loi C-2.
Des efforts louables avaient été consentis par le gouvernement précédent, dans le cadre du projet de loi C-11. Malheureusement, ce dernier n'a jamais été promulgué, en raison du déclenchement des élections en novembre dernier. Cet élément est une préoccupation majeure de l'Institut professionnel de la fonction publique. On sait que cet institut représente plus de 50 000 fonctionnaires fédéraux.
Il faudra peut-être beaucoup de temps pour mettre en place la loi fédérale sur la responsabilité, ce qui causera un retard important des protections pour lesquelles cet institut s'est battu pendant plus de 15 ans.
Selon ledit institut, la raison qu'avance le gouvernement pour justifier sa stratégie est qu'il ne veut pas mettre en place l'appareil du projet de loi C-11, pour ne pas devoir y effectuer une révision majeure après que le projet de loi C-2 aura été adopté. Pourtant, les employés de la fonction publique ont un besoin urgent des mécanismes de protection et de divulgation énoncés dans le projet de loi C-11.
Rappelons-nous que lors des audiences de la Commission Gomery, le public a été témoin, à maintes reprises, des nombreuses tentatives des gestionnaires et des sous-ministres de transférer sur le dos des fonctionnaires les gestes illégaux commis dans le cadre du fameux scandale des commandites. Les sous-ministres et les gestionnaires auraient dû, au contraire, admettre que ce sont eux qui intervenaient et exerçaient des pressions pour contourner les règles administratives déjà en place.
J'ai sursauté lorsque j'ai lu, à l'article 53.1, que le gouvernement conservateur songeait à verser des primes de dénonciation à des fonctionnaires dénonciateurs. Quel manque de respect à l'endroit de ces femmes et de ces hommes qui consacrent leur vie avec professionnalisme et intégrité au fonctionnement quotidien de l'État fédéral!
Rappelons-nous que l'un des acteurs importants entendus en décembre 2004 devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, soit l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada, avait dit ne pas préconiser un tel genre de récompense. En effet, à la suite d'un sondage mené sur les valeurs et l'éthique, les participants ont affirmé vouloir un environnement de travail où ces valeurs feraient partie de la culture. Plutôt que des récompenses, ils souhaitaient que l'équipe au sein de laquelle ils évoluent reconnaisse immédiatement, et je cite le rapport, que:
[...] seul un leadership ne se contentant pas de simples mots mais allant jusqu'à appuyer visiblement les valeurs et l'éthique, et tenant responsable quiconque est l'auteur d'actes et de comportements contraires à l'éthique, est considéré comme la clé pour créer un environnement frappé du sceau de la confiance et dans le cadre duquel les employés pourraient exprimer leurs préoccupations en matière d'éthique.
Je veux féliciter l'Institut professionnel de la fonction publique pour ce document, un rapport sérieux intitulé Consultation auprès des membres de l'Institut sur les valeurs et l'éthique en milieu de travail. Le rapport final a été déposé le 28 février dernier. Il a été fait avec professionnalisme et il nous a démontré que la question de l'éthique figure au premier rang des préoccupations des fonctionnaires.
On peut y lire que l'« éthique organisationnelle n'est ni une situation ni un état, mais une idée de ce qui est juste et faux dans les politiques, pratiques et autres activités d'une organisation ». Ainsi, selon l'institut qui cite un rapport publié par l'OCDE,
le fait d'encourager un comportement éthique ne se limite pas à la préparation d'une liste de règles, d'un code ou encore d'un niveau de certification à atteindre. Il s'agit plutôt d'un processus de gestion continu qui sous-tend le travail du gouvernement, et qui est fondamental au fonctionnement et à l'évolution [...]
À la question demandant aux membres de l'institut de noter l'environnement éthique de leur milieu de travail, un peu plus de la moitié, soit 51 p. 100, a donné une note élevée ou très élevée, comparativement à 16 p. 100 qui étaient d'avis que l'éthique était faible ou très faible dans leur milieu de travail. Ce sont des statistiques très révélatrices de l'importance de l'éthique.
J'aimerais attirer votre attention sur la question des gestionnaires. Dans le rapport de l'Institut professionnel de la fonction publique, on dit que ce sont les gestionnaires qui ne respectent pas l'éthique. Par contre, aujourd'hui, on est saisi d'un projet de loi qui demande aux fonctionnaires fédéraux d'être des délateurs, de dénoncer. Qui dénonceront-ils? Leurs gestionnaires? Les sous-ministres? Les sous-ministres qui ne sont pas capables de faire appliquer le code d'éthique?
À mon avis, le problème ce ne sont pas les dénonciateurs ni les 1 000 $ qu'on leur donnera, qui ne respectent pas du tout l'intégrité de ces fonctionnaires. Le problème est systémique. C'est un problème de sous-ministres et de gestionnaires. Il incombe au gouvernement de faire appliquer le code d'éthique actuellement en vigueur dans la fonction publique fédérale parce que les fonctionnaires, eux, appliquent le code d'éthique.
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Monsieur le Président, je remercie le collègue de sa question fort pertinente.
Dans mon discours, je voulais démontrer que, finalement, le fardeau de la preuve retombe toujours sur les fonctionnaires et les employés.
Toutefois, l'Institut professionnel de la fonction publique au Canada, dans son rapport, a soulevé un élément extrêmement important, soit que le code d'éthique actuellement en vigueur chez les employés de la fonction publique n'est malheureusement jamais discuté, d'une part.
Les gestionnaires et les sous-ministres mettent de côté l'application de ce code. Il n'y a pas de transparence dans la gestion du code au chapitre des valeurs de l'éthique. Comment veut-on alors qu'un employé qui reçoit un ordre de son gestionnaire ou d'un sous-ministre, qui lui-même a reçu un ordre d'un ministre de faire appliquer telle ou telle norme même si elle est contraire à la loi, puisse dire quelque chose?
À mon avis, le comité qui étudiera ce projet de loi devrait aller plus loin. Le commissaire à l'éthique abordera la question des divulgations. Peut-être pourrait-on demander qu'un grand gestionnaire de l'État, ou le greffier du Conseil privé, établisse une politique autant pour les ministres et sous-ministres que pour les gestionnaires.
Mon collègue sait pertinemment que depuis cinq ans, j'ai beaucoup travaillé sur la question du harcèlement psychologique. Dans tous les cas que j'ai traités à cet égard— l'Institut fait ressortir ce fait dans le cas des dénonciateurs —, il s'agissait toujours d'un petit « boss », d'un gestionnaire ou d'un sous-ministre qui demandait qu'un travail soit effectué.
Je crois que vous devriez effectivement vous pencher sur l'intégrité au niveau des gestionnaires.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je dirai que je crois que c'est un bon projet de loi. C'est un bon moment pour en traiter, pour toutes sortes de raisons que nous connaissons tous et desquelles nous pouvons convenir, au-delà de nos différentes opinions politiques.
Ce serait une illusion de penser qu'un projet de loi de cette ampleur puisse atteindre la perfection dans l'empressement. Nécessairement, cette loi comporte des faiblesses que je voudrais illustrer d'une certaine façon. Je ne veux pas blâmer ceux qui l'ont conçue. Toutefois, le processus législatif, s'il est bien mené, peut bonifier un texte. Ce processus comprend la discussion au Parlement et l'étude en comité. Je crois aussi qu'il devrait y avoir des séances publiques où l'on inviterait des témoins à commenter ce projet de loi et ses dispositions. De plus, si ce projet de loi arrive au bon moment, c'est parce qu'on estime nécessaire aujourd'hui de le faire. Nous voudrions donc faire la meilleure chose possible.
Quand je lis ce projet de loi, je ne peux m'empêcher d'y déceler plusieurs indices d'une certaine partialité, d'un certain désir de vengeance ou de destruction à l'égard d'un parti politique différent. Durant l'étude de ce projet de loi, le gouvernement devrait avoir assez d'ouverture d'esprit pour accepter les critiques faites pour l'améliorer. En tout cas, c'est certainement l'attitude que mon parti et moi-même aurons, soit celle d'améliorer le projet de loi et de voir si, parfois, il ne va pas trop loin.
Je parlerai tout de suite du titre, comme l'ont fait d'autres francophones. Déjà là, il me semble avoir décelé un indice d'un esprit de vengeance. Tout d'abord, lorsque j'ai lu ce titre, je me suis empressé de consulter un dictionnaire. Je me suis effectivement demandé si « imputabilité » était le terme approprié. Il est dangereux de s'en référer uniquement au dictionnaire. Lorsque nous étions jeunes, nous faisions un exercice qui consistait à chercher la définition d'un mot. Plusieurs termes le décrivaient. Nous allions alors chercher la définition de ces autres mots qui à leur tour étaient décrits par plusieurs autres termes. À un moment donné, le tour était fait. Donc, les mots sont définis les uns par les autres. Toutefois, on ne doit pas se référer au dictionnaire pour dire que les mots ont le sens de tel autre mot, mais on s'aperçoit bien qu'il y a une nuance pour chacun d'eux, de l'un à l'autre. Dans le mot « imputabilité », soit imputer quelque chose à quelqu'un, la nuance est généralement péjorative.
Je donne un exemple. La visite de M. Kagame au pays fait partie de l'actualité présente. Ceux qui sont contre cette visite et qui manifestent à cet égard lui « imputent » le rôle d'avoir provoqué l'accident d'avion qui a déclenché ce génocide épouvantable. Il s'en défend, il le nie, il « impute » plutôt cet acte à des extrémistes Hutus. On voit bien la notion d'accusation qu'a le mot « imputer » en français.
De plus, quand on lit la présentation du Plan d'action sur l'imputabilité, on s'aperçoit bien que ce n'est pas l'imputabilité que l'on recherche. Actuellement, il m'apparaît qu'on veuille carrément viser les libéraux qui étaient là auparavant pour leur dire que, maintenant, une loi permettra de condamner des gens qui n'exerceront pas leurs responsabilités de façon adéquate. Le gouvernement nous a remis ce livret d'explications, et c'est très drôle de constater que, dès le début, on y dit ceci:
Dans le cadre de la Loi fédérale sur l'imputabilité et du plan d'action qui s'y rattache, le gouvernement du Canada prévoit des mesures précises qui visent à accroître la responsabilisation, la transparence et la surveillance des activités gouvernementales.
L'introduction du document débute comme suit:
La responsabilisation constitue la pierre d'angle du régime canadien de gouvernement responsable. Un régime rigoureux de responsabilisation est essentiel pour garantir au Parlement et à la population canadienne que le gouvernement du Canada [...]
Plus loin encore, on lit:
Une responsabilisation efficace suppose également que les gestionnaires des ressources publiques [...]
Le texte se poursuit ainsi:
Dans une culture de responsabilisation, les rôles et responsabilités sont clairement définis, de sorte que les gens savent ce que l'on attend d'eux et qu'ils répondent de leur rendement, le bon rendement est dûment récompensé et il existe des conséquences immédiates lorsque les règles sont sciemment contournées.
Voilà des termes qui montrent une ouverture d'esprit que je ne sentais ni dans le titre ni dans certaines autres dispositions du projet de loi.
Transparence et responsabilisation seront suivies; l'imputabilité ira de soi, comme c'est le cas chaque fois qu'on enfreint des règles que l'on devrait suivre.
J'ai trouvé un autre passage intéressant à la page 30 de ce cahier explicatif. On disait justement que le but était de « renforcer la vérification et la responsabilisation des ministères ». Cela s'ajoute aux arguments des autorités en la matière. Les traducteurs disent que le terme est incorrect, tout comme l'Office de la langue française du Québec et certains utilisateurs de la langue et professeurs de français. Qu'on corrige donc ce terme dans le projet de loi pour lui donner le caractère général qu'il doit revêtir.
J'ai aussi remarqué que certaines dispositions ont vraiment besoin d'être améliorées, ou du moins suscitent-elles des questions. À ce sujet, le Bloc se trouve dans une bonne position. Nous n'aspirons pas à former le gouvernement du Canada. Par contre, je rappellerai toujours que le Bloc n'est pas ici pour « bloquer », contrairement au mandat que certains aiment lui attribuer. Comme tous mes collègues, je me plais à répéter que je ne déteste ni le Canada ni les Canadiens. D'ailleurs, j'aime beaucoup plus le Canada que n'importe quel autre pays au monde. Ce que je déteste cependant, c'est la Constitution canadienne dont nous voulons sortir pour en créer une sur la base de la souveraineté des deux grandes nations qui occupent le Canada. Ainsi, nous aurions une meilleure ouverture sur les autres nations qui y cohabitent.
On veut imposer aux dons une limite de 1 000 $. Je ne peux m'empêcher de comparer la façon de se financer du Parti conservateur et celle du Parti libéral. Il est vrai que le Parti libéral recevait des contributions de gens très riches. Le Parti conservateur, comme le Bloc québécois d'ailleurs, obtient son financement de façon populaire. C'était aussi le cas du parti de René Lévesque. Ce dernier avait l'avantage d'être une grande vedette médiatique. C'était donc plus facile pour lui que ce ne l'est pour d'autres personnes moins connues. Toutefois, lui-même imposait une limite de 3 000 $. Cette somme, à cette époque, correspond environ à 5 000 $ en 2006.
Certains donateurs sont prêts à donner davantage. Je dirai humblement que, personnellement, je contribue au financement de partis politiques pour plus de 1 000 $ depuis longtemps. Je le fais par conviction, sans aucun autre intérêt. Je connais des gens qui agissent de la même façon. La limite que propose le projet de loi me semble avoir été spécialement choisie pour embêter les libéraux. C'est là quelque chose qui dénote un esprit vengeur que je n'aime pas.
C'est un peu la même chose dans le cas des récompenses données aux dénonciateurs, même si cela ne vise pas directement le Parti libéral. Nous avons du respect pour les dénonciateurs. Nous croyons qu'ils agissent véritablement dans l'intérêt public et qu'ils n'ont aucun intérêt personnel à dénoncer une chose qu'ils trouvent inacceptable dans la conduite des affaires gouvernementales. J'ai donc beaucoup de respect envers ces personnes. Il est très important de les protéger et de leur procurer un soutien juridique, comme le prévoit la loi. Les dénonciateurs pourront s'adresser au commissaire indépendant, même de façon anonyme je crois. Par contre, l'idée de leur donner des récompenses vicie un peu le respect qu'on pourrait leur porter.
Le gouvernement conservateur aura toujours l'honneur d'avoir été l'instigateur de ce projet de loi. Mais si nous attaquons le problème dans un esprit d'ouverture, il faudra attribuer de tels honneurs à l'ensemble des partis politiques qui siègent en Chambre.
Combien de temps me reste-t-il, monsieur le Président?
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre part au débat aujourd'hui. Chaque fois qu'il est question de responsabilité et d'éthique, comme c'est le cas ici, tandis que nous procédons à l'examen du projet de loi C-2, on ne peut pas aller très loin sans parler des idées et de la contribution de l'ancien député d'Ottawa-Centre, Ed Broadbent.
Je voudrais signaler, pour parler un peu de mon histoire personnelle, que je suis honoré non seulement d'avoir été réélu à la Chambre par mes concitoyens d'Hamilton-Centre, mais aussi d'occuper l'ancien siège d'Ed Broadbent à la Chambre, ainsi que son ancien bureau. Dès lors, j'ai en quelque sorte le sentiment qu'il m'incombe de faire de mon mieux -- mais je crains ne pas être à la hauteur -- pour perpétuer les idées de M. Broadbent. C'est important que nous les prenions en compte dans ce débat.
Monsieur le Président, vous connaissez peut-être le document publié par M. Broadbent et le caucus néo-démocrate avant les dernières élections, qui s'intitule « Nettoyer la politique: exiger des changements dans le domaine de l’éthique et de la responsabilisation ». Sur la première page du document, M. Broadbent déclare:
Lorsqu’ils ont plus que tort, ceux qui ont une vive notion du bien et du mal éprouvent du remords. Par contre, ce qui définit la corruption de façon caractéristique est que la notion de remords n’existe plus et qu’elle a été remplacée par l’impulsion de nier, de perpétuer et de dissimuler. Le Parti libéral a perdu sa notion de remords.
Les libéraux ont certainement perdu beaucoup plus que les dernières élections.
Il faut comprendre que si nous étudions ce projet de loi aujourd'hui, c'est à cause du scandale qui a éclaté au sein du gouvernement précédent, du Parti libéral. Les libéraux ont trahi la confiance que la population canadienne avait placée en eux pour qu'ils gouvernent notre grand pays. Lorsqu'ils se sont fait prendre, ils n'avaient pas seulement la main dans le sac, mais les deux mains, les deux pieds, bref, tout le corps, et un tas d'autres libéraux étaient là avec eux. C'était honteux. Il ne fait aucun doute que c'est l'un des pires scandales que nous ayons connus au Canada depuis le fameux scandale des chemins de fer. C'est tout de même quelque chose.
Aujourd'hui, sous ce gouvernement minoritaire, nous essayons collectivement de faire de notre mieux pour adopter des règles visant à punir les gens malhonnêtes. Les politiciens honnêtes comme les citoyens honnêtes, n'ont pas vraiment besoin qu'on leur impose des lois. Ils connaissent les lois et ils les respectent. Ce sont les gens malhonnêtes qui doivent être soumis à des règles et à une certaine surveillance. Nous y parvenons grâce à la transparence et à la responsabilité. Je dois dire que, dans une certaine mesure, le projet de loi C-2 nous entraîne dans cette voie.
Il y a certes de bonnes choses dans le projet de loi C-2. Au NPD, nous voudrions certains changements. On peut espérer qu'il y aura des améliorations à l'étape du comité et que nous pourrons apporter quelques amendements, mais malgré tout, c'est un bon début que le NPD appuiera à moins de changements majeurs. Ne vous y trompez pas, il reste beaucoup de chemin à faire. Je n'ai que quelques instants et je voudrais parler d'au moins deux questions qui ne figurent pas dans le projet de loi et qui devraient s'y retrouver selon le NPD si nous voulons vraiment nous attaquer aux problèmes découlant du scandale des commandites du Parti libéral.
La question du changement de parti est très importante. En fait, Ed Broadbent en a fait sa principale recommandation. Il l'a fait avant les dernières élections, avant que quiconque sache ce que le député de Vancouver Kingsway s'apprêtait à faire.
Permettez-moi de vous dire une chose qui mérite d'être répétée sans cesse. Comprenons exactement ce qui s'est passé. Les historiens en auront le souffle coupé. Nous oublions un petit peu, parce que la vie continue. Les gens de Vancouver n'ont pas oublié, mais dans le reste du pays, la vie continue. Les gens qui remonteront en arrière verront qu'avant même la fin du décompte officiel, avant même d'avoir fermé son bureau de campagne, le député a décidé de changer de parti et d'accepter un poste au Cabinet et il a même eu l'audace de dire qu'il le faisait par pure bonté, dans l'intérêt de ses électeurs. Personne ne devrait être appelé à faire un tel sacrifice pour les Canadiens, mais nous sommes chanceux que le député ait jugé bon de faire passer ses électeurs avant le processus électoral, un petit détail mineur.
Qu'a dit Ed à ce sujet? Nous savons ce qu'en pensent les gens de Vancouver Kingsway. Si nous écoutons d'autres députés de mon caucus qui viennent de cette région, ces électeurs sont furieux. Nous n'en entendons peut-être pas parler tous les jours à Ottawa, mais croyez-moi, ils sont loin d'accepter ce qui s'est passé.
Une foule de gens ont donné de l'argent, travaillé d'arrache-pied et sacrifié leurs fins de semaine et leurs vacances pour contribuer à faire élire ce député. Pourquoi? Parce qu'ils aimaient le candidat? Peut-être certains, mais il y a fort à parier que bien des gens n'étaient là que parce qu'ils avaient foi dans le programme proposé.
Notre système est très différent du système américain. À bien des égards, le Congrès américain ressemble à un gros conseil municipal. Mon ami, l'ancien maire de Toronto, sait tout le grenouillage que cela implique. Ici, nous ne sommes pas élus en fonction du même type de programme. C'est pourquoi la question du parti auquel nous appartenons est importante, car notre programme est le programme de notre parti. Aux États-Unis, tout est beaucoup plus souple. Il n'est pas rare que des républicains et des démocrates proposent un programme personnel dont le contenu est incompatible avec le programme de leur parti et qu'il s'apparente même davantage à celui du parti adverse. En conséquence, les candidats font leur le programme que veulent leurs électeurs.
Qu'a dit Ed Broadbent au sujet des transfuges, avant même cet épisode où la volonté de 80 p. 100 des électeurs de Vancouver Kingsway a été trahie?
La responsabilité démocratique des députés signifie que les députés ne peuvent faire fi de leurs électeurs et s'impliquer dans des tractations qui servent leurs propres intérêts: aucun député ne peut être autorisé à faire fi de la volonté de ses électeurs, à changer d’allégeance politique pour adhérer à un autre parti sans d’abord donner sa démission et se présenter à des élections complémentaires.
Certains pensent que cette règle n'est pas juste et qu'elle est même un peu trop restrictive. Mais quand on pense que la défection s'est produite seulement deux semaines après l'élection, voyons donc. Si nous adoptions la proposition Ed Broadbent, cela ne voudrait pas dire que les députés deviendront prisonniers de leur caucus. Cela voudrait simplement dire que si, pour une raison quelconque, un député devait ressentir le besoin de quitter son caucus, une procédure appropriée devrait exister. Ainsi, il pourrait siéger comme indépendant et terminer son mandat. Par la suite, il serait libre de faire comme bon lui semble.
Nous ne sommes pas prisonniers de notre caucus. Si le caucus fait ou dit quelque chose ou adopte une position que des députés ne peuvent pas accepter ou qui n'est pas dans l'intérêt supérieur de leurs électeurs, ils peuvent siéger comme indépendants. Mais si des députés veulent faire un énorme sacrifice, comme l'a fait le député de Vancouver Kingsway, et siéger au Cabinet tout en devant accepter un traitement supplémentaire de 60 000 $ ou 70 000 $ par année, si c'est ce qu'ils désirent, ils doivent s'en remettre encore une fois à leurs électeurs et obtenir leur approbation. Cela n'est pas déraisonnable lorsqu'on songe aux conséquences. Nous voyons qu'à la Chambre un seul vote peut faire toute la différence. Il faut examiner sérieusement cette question.
Mon temps de parole s'écoule rapidement, mais je veux également parler d'un autre secteur clé. Cette question est très importante. Le fait est que la surveillance et la transparence qui s'imposent dans les courses à la direction de partis font toujours défaut. Comme Ed Broadbent et le NPD l'ont dit:
Limitation des dépenses et imposition de conditions de transparence pour la course à la chefferie des partis politiques: les partis sont largement financés par la population et les mêmes principes pertinents au bien public devraient s’appliquer aux affaires internes des partis comme au cours de la lutte électorale entre les partis.
Cela est certes vrai lorsque la personne qui gagne la course à la direction de son parti devient premier ministre du Canada; il n'est pas déraisonnable pour la Chambre de dire que le mécanisme permettant à une personne de devenir premier ministre sera surveillé ainsi, que ce soit au moyen d'élections générales ou à l'intérieur du parti. Le fait demeure qu'il doit y avoir une reddition de comptes. L'argent joue encore un bien trop grand rôle dans la politique canadienne. Je suis heureux que nous n'autorisions plus les contributions des syndicats et des entreprises. À mon avis, plus nous tiendrons les politiciens loin de l'argent, mieux la démocratie s'en portera.
Ce ne sont là que quelques-uns des secteurs qui, à notre avis, nécessitent beaucoup plus d'améliorations. Certes, par respect pour le travail que M. Broadbent a accompli à la Chambre et pour l'engagement que notre chef et le caucus du NPD ont pris à l'égard de ces questions, nous allons surveiller de près le projet de loi. Nous allons le suivre très attentivement. Nous allons exercer beaucoup de pression. Nous espérons que les députés des autres caucus seront favorables à quelques-uns des amendements que nous voulons apporter, car nous voulons améliorer ce projet de loi. Nous sommes ici pour changer les choses. Nous sommes ici pour les améliorer. Le projet de loi C-2 constitue un bon début, mais il y a encore beaucoup à faire, et le NPD est prêt à se retrousser les manches et à mener cette tâche à bien.
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Monsieur le Président, je remercie le député de York Sud--Weston et je reconnais cette petite erreur. Je dirais seulement qu’à Hamilton, lorsque nous pensions à Toronto, nous pensions au député. J’ai eu le plaisir d’être sur la scène politique municipale à la même époque que lui.
Mon collègue soulève d’excellentes questions. Je ne cherche aucunement à éviter d’y répondre, mais je dirais que le juge Gomery a formulé un certain nombre de recommandations à la suite de son enquête. Un grand nombre d’entre elles visaient le Comité des comptes publics. J’ai le plaisir de dire que je fais de nouveau partie de ce comité. J’ai hâte d’y travailler.
Je dois toutefois dire au député qu’il y a un certain nombre de choses découlant de l’enquête qui pourraient également figurer dans le projet de loi C-2. En ce qui concerne le Comité des comptes publics proprement dit, le juge Gomery a déclaré qu’il devrait disposer de plus de ressources et d’une plus grande indépendance. Comme le député s’en souviendra, lorsque nous voulions obtenir des avis juridiques, la question qui se posait portait davantage sur les ressources en personnel que des doutes quant à l’objectivité des avis donnés et c’est une chose que je tiens à bien préciser. Autrement dit, il s’agissait d’obtenir qu’un avocat soit affecté au comité, qu’il puisse travailler avec nous, connaître les dossiers et être en mesure de nous conseiller d’un bout à l’autre. Il faut dire que nous avons suivi un processus de nature très juridique en ce sens que des renseignements personnels étaient en cause, ainsi que les droits de la personne, etc.
Il y a une autre chose que le comité aurait eu le pouvoir de faire si le projet de loi C-2 avait inclus ces recommandations. Le comité aurait obtenu le pouvoir de faire en sorte que les sous-ministres soient tenus légalement responsables de leur ministère. Pour le moment, en ce qui concerne la transparence et la reddition de comptes, le ministre peut dire: « Je prends les décisions politiques, mais comme le ministère est géré par le sous-ministre, je ne peux pas vraiment répondre à cette question, car elle concerne l’administration du ministère ». Le ministre nous renvoie au sous-ministre.
Nous faisons alors comparaître le sous-ministre. Ce dernier nous dit qu’il peut parler de certains aspects administratifs des événements, mais qu’il s’agit d’une question de politique et que ce n’est pas lui qui prend ces décisions, mais le ministre. Le sous-ministre nous dit qu’il faut poser la question au ministre. Je n’invente rien. C’est ainsi que cela se passe et tous ceux qui siégeaient au comité en ont été témoins.
Nous en arrivons alors aux bureaucrates de deuxième et troisième rangs pour essayer d’obtenir une réponse et, bien entendu, lorsqu’il s’agit d’une question de politique, ils ne vont pas s’en mêler s’ils n’ont pas à le faire étant donné qu’ils n’ont rien à y gagner. Les sous-ministres ont toutefois des responsabilités légales et le juge Gomery a dit que cela devrait inclure leur comparution devant le Comité des comptes publics pour répondre de toute décision qu’eux-mêmes ou leur personnel ont prises dans tous les domaines de leur champ de responsabilité. Cela mettrait fin à ce cercle vicieux où quelqu’un vient nous dire que la question n’est pas vraiment de son ressort, mais que nous devrions plutôt la poser à Untel. Lorsqu’Untel se présente, il nous dit à son tour que nous devons nous adresser à quelqu’un d’autre. Cela risque de durer longtemps.
Si le projet de loi C-2 avait inclus ces recommandations, nous pourrions...
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de participer à ce débat sur le projet de loi C-2, appelé Loi sur l'imputabilité. Dès le départ, à l'instar de plusieurs de mes collègues, je rappellerai qu'il s'agit d'une traduction inappropriée de l'expression anglaise, et qu'un amendement, qui devrait recevoir l'assentiment unanime de cette Chambre, permettra que le titre français du projet de loi soit la Loi sur la responsabilité.
Notre porte-parole en la matière, le député de Repentigny, a mentionné d'emblée dans son discours que le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi C-2. Évidemment, toute la question de l'éthique et de la bonne gouvernance a été au centre de nos débats au cours des derniers mois, à partir du moment particulier où la vérificatrice générale a déposé son rapport sur ce que nous appelons maintenant communément « le scandale des commandites ». Au cours des derniers mois de session précédant les élections, nous avons donc eu amplement l'occasion de discuter en cette Chambre de tous les aspects de ce scandale.
Je rappelle aux gens qui nous écoutent que le Bloc québécois n'a pas attendu le rapport de la vérificatrice générale. Dans la plateforme électorale de l'élection de 2000, nous avions déjà déterminé les agences de publicité qui ont carrément bénéficié des détournements de fonds qui ont occasionné ce scandale des commandites. Au cours des derniers mois, nous avons donc beaucoup parlé de cette question de l'éthique.
La dernière campagne a été une occasion, particulièrement pour les Québécois et Québécoises, de sanctionner le laxisme dont les libéraux ont fait preuve dans la gestion des fonds publics, et particulièrement le fait qu'une partie de ces fonds publics se soit retrouvée dans les coffres du Parti libéral du Canada. Les Québécois et Québécoises ont donc sanctionné très sévèrement le Parti libéral, qui compte actuellement 13 députés au Québec, alors que M. Trudeau a déjà eu 74 des 75 députés. On peut ainsi mesurer l'ampleur des dégâts qu'a causés ce scandale dans la confiance du public envers le Parti libéral du Canada, mais aussi envers l'ensemble de la classe politique, malheureusement. Il était donc tout à fait normal qu'une des premières lois déposées par le gouvernement minoritaire conservateur porte sur l'éthique. Je pense que nous accueillons tous ce fait avec une grande satisfaction.
Le Bloc québécois a participé à la Commission Gomery, déposant un rapport incluant 72 recommandations, dont quelques-unes sont reprises dans le projet de loi C-2. Nous en sommes très contents. Par contre, il y a des absences, des lacunes que nous chercherons à corriger au cours du processus parlementaire qui nous mènera à l'adoption de cette loi. Je répète que le Bloc québécois est favorable à son principe, pour des raisons tout à fait évidentes que j'ai mentionnées.
Nous sommes très heureux de constater que la nomination des directeurs de scrutin par Élections Canada se fera au mérite, selon le projet de loi C-2. Bien sûr, nous souhaiterions que les directeurs de scrutin, comme c'est le cas au Québec, soient choisis à la suite d'un concours public. Nous aurons l'occasion de revenir avec cette proposition et d'en faire valoir les mérites auprès de l'ensemble des députés en cette Chambre.
Un autre élément que nous sommes contents de retrouver dans le projet de loi C-2 est l'indépendance du registraire des lobbyistes. Il nous semble extrêmement important que la personne responsable d'enregistrer les lobbyistes soit totalement indépendante du gouvernement et ait les moyens de faire ce travail.
On sait que la pratique du lobbying est en croissance. Je pense que tous nos nouveaux collègues qui ont été élus lors de la dernière élection de janvier 2006 ont dû être un peu surpris de voir le nombre de groupes de pression intéressés à rencontrer les députés pour leur communiquer leurs préoccupations et les solutions qu'ils ont à proposer sur les problèmes qu'ils ont identifiés.
Je considère comme tout à fait correct, en démocratie, l'input que les députés ont de la part de groupes de lobbyistes. Il faut cependant éviter les dérapages qu'on a connus avec le dernier gouvernement.
En ce sens, l'indépendance du registraire est importante. Toutefois, il faudra s'assurer, comme c'est le cas pour le commissaire à l'éthique, qu'il ait les moyens de remplir le mandat que lui donne la Chambre.
À propos de la Loi régissant le financement des partis politiques, le Bloc est heureux de constater que la suggestion du Québec et du Bloc québécois a été retenue. Cette suggestion concernait l'interdiction des dons corporatifs. Cela fait partie de la loi québécoise sur le financement des partis politiques depuis ses origines. En ce sens, il s'agit d'un pas en avant pour s'assurer que l'indépendance du jugement et des partis et des députés ne soit pas teintée. Personnellement, je ne crois pas que les dons corporatifs achetaient les consciences de certains de nos collègues, mais cela créait des impressions négatives dans la perception qu'avait le public. Une fois que ces dons n'existeront plus, l'image de la classe politique n'en sera que mieux perçue par la population.
Il y a un dernier élément, dont nous convenons et que nous sommes heureux de retrouver dans le projet de loi C-2. C'est le renforcement des pouvoirs de la vérificatrice générale, plus particulièrement le fait qu'elle aura désormais la responsabilité de superviser l'administration des sociétés d'État. Je rappelle que le Bloc québécois avait déposé un projet de loi en ce sens. Le fait qu'il ait été repris par le gouvernement est une bonne nouvelle.
Par contre, on doit déplorer un certain nombre d'éléments. En conséquence, je prendrai le temps de poursuivre la critique et l'analyse du projet de loi. La réforme de la Loi sur l'accès à l'information est remise à plus tard. On a déposé un avant-projet de loi — si je puis me permettre — et pourtant depuis des décennies — ce n'est donc pas nouveau —, on discute afin de modifier la Loi sur l'accès à l'information, de la rendre plus accessible et d'en élargir l'application.
Il est dommage que les conservateurs, qui avaient pourtant promis — c'est dans leur plateforme électorale — que les recommandations du commissaire à l'information et à la protection de la vie privée concernant la réforme de la Loi sur l'accès à l'information soient mises en pratique, décident de remettre cela à plus tard. Ils l'avaient promis, et le Bloc avait convenu de cette approche. Malgré cela, ils ont décidé de reporter cela à plus tard, alors que le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, lors de la précédente session, avait refusé une proposition du ministre de la Justice de l'époque, qui disait vouloir reporter cela et continuer d'étudier les recommandations du commissaire à l'information et à la protection de la vie privée. Le comité, y compris les conservateurs, avait rejeté cette proposition de ce ministre de la Justice et avait accepté, à l'unanimité de ses membres, le rapport dudit commissaire pour que cela devienne une loi. Le comité avait aussi demandé au gouvernement de légiférer sans plus tarder.
Il est surprenant de constater que le gouvernement conservateur, maintenant au pouvoir, est beaucoup moins pressé, que lorsqu'il était dans l'opposition, de donner au public, aux médias, aux législateurs et à l'ensemble de la population un moyen d'avoir accès à des informations sur l'administration publique. C'est extrêmement étrange.
Comme je l'ai mentionné au départ, le Bloc québécois, dans le cadre du processus d'étude de cette loi, voudra améliorer cette dernière par l'ajout des points mentionnés ci-dessus.
Le Bloc a aussi identifié des lacunes, telles que le fait de proposer une somme d'argent aux fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles. Le Bloc reconnaît que le renforcement de la loi protège les gens qui dénoncent des pratiques douteuses, malhonnêtes ou questionnables. Selon nous, cela est extrêmement important.
En terminant, je rappelle que, dans le projet de loi, en ce qui concerne la Loi sur l'accès à l'information — je mentionnais qu'il était dommage que le gouvernement conservateur n'ait pas tenu sa promesse —, on propose que seulement trois des neuf fondations soient couvertes par ladite loi. C'est étrange! Pourquoi ces trois fondations et non pas les six autres? Il n'y a aucune logique dans cette décision.
Selon moi, en tant que parti politique qui a à coeur la démocratie et son renforcement — c'est vrai pour le Canada et pour le Québec, aussi — nous aurons l'occasion de revenir à la charge avec des amendements. Je suis convaincu que l'ensemble des députés se ralliera aux suggestions du Bloc québécois. Ces suggestions, qui vont dans le sens du projet de loi, visent à le compléter et à l'améliorer, comme nous l'avons toujours fait en étant une opposition constructive et vigilante.
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Monsieur le Président, je remercie le député de sa question.
Je crois que l'on a tous pu constater que les conservateurs au pouvoir n'ont pas tout à fait le sens de l'éthique et de la bonne gouvernance que les conservateurs qui étaient dans l'opposition. Cela est un peu inquiétant, car on se serait attendu à plus de cohérence de la part de ce parti, même si, comme je l'ai mentionné, le projet de loi est un pas dans la bonne direction.
Il y a eu effectivement des agissements de la part du gouvernement qui sont incompatibles avec une bonne éthique et une bonne gouvernance. Le député vient d'en mentionner un. Le fait d'avoir nommé Michael Fortier comme sénateur pour qu'il soit au Cabinet des ministres et représente la région de Montréal en est une autre preuve. Le fait que le ministre du Commerce international, deux semaines après les élections, soit passé du Parti libéral au Parti conservateur est une autre question d'éthique importante.
Le commissaire à l'éthique n'a d'ailleurs pas du tout lavé l'affaire. Il a dit qu'il relevait des parlementaires de resserrer la loi pour éviter ce genre de circonstances. En effet, que s'est-il passé entre l'élection, le 23 janvier 2006, et la décision du ministre du Commerce international de passer des libéraux aux conservateurs? Ce fut probablement un coup de téléphone du premier ministre. Dans ce sens, ce n'est pas l'environnement politique qui a amené le ministre du Commerce international à changer son fusil d'épaule.
Je donne toujours l'exemple suivant. Quand Lucien Bouchard, qui était conservateur, a décidé de devenir indépendant et a fondé le Bloc québécois, il s'était produit quelque chose de fondamental dans l'histoire du Canada, soit le rejet de l'Accord du lac Meech. Cela justifiait le fait de quitter un parti et de créer le Bloc québécois.
Dans le cas du ministre du Commerce international, l'opportunisme et sa carrière politique ont probablement été les seuls critères pour expliquer son choix. En ce sens, je suis tout à fait d'accord avec le député. On ne sent pas de volonté politique de la part du gouvernement de modifier véritablement la vie éthique en ce Parlement et dans ce gouvernement. À mon avis, les prochaines semaines seront très révélatrices.
Je termine en mentionnant que les relations du premier ministre avec la presse sont également inquiétantes. Le fait que la Loi sur l'accès à l'information soit repoussée va dans le même sens que son refus de travailler avec la presse afin de faire mieux connaître l'analyse et les orientations politiques de son gouvernement. Cela suscite extrêmement de questions et est incohérent par rapport au projet de loi C-2.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'avoir l'occasion de prendre la parole au sujet du projet de loi C-2, un projet de loi d'une grande importance.
Tout d'abord, je tiens à remercier le député de Winnipeg-Centre, qui est notre principal porte-parole pour ce projet de loi et pour les questions d'éthique. Il a réussi brillamment à aiguiller le débat sur la question qui nous intéresse.
Nous savons fort bien que le projet de loi est d'une envergure considérable. Le document est volumineux et contient une grande quantité d'éléments. Dans l'optique de l'intérêt public et des questions que se pose le public, il me semble opportun de mettre l'accent sur certains enjeux critiques et de veiller à ce que la mise en oeuvre de la mesure y corresponde.
Tout juste avant les élections, alors que le scandale des commandites battait son plein et faisait l'objet d'interventions quotidiennes à la Chambre, je me souviens d'avoir été abordée par une personne qui souhaitait me parler du scandale, au moment où je prenais le thé dans un café de Vancouver-Est. Cette personne m'a dit tout simplement en me dévisageant que c'était bien ce à quoi on s'attendait et que c'était pratiquement dans l'ordre des choses. Le commentaire m'a sidérée. Il reflétait un cynisme profond dans la population au sujet de la politique, du processus politique et du Parlement. C'est bien malheureux, mais les gens haussent tout simplement les épaules. Ils ne s'attendent pas à autre chose de ceux qui gouvernent à Ottawa, ou ailleurs. Une telle attitude me consterne.
La question de la corruption des libéraux et du scandale des commandites a fait l'objet de débats intenses et quotidiens à la Chambre. Cependant, elle avait une telle ampleur et une telle profondeur qu'elle nous a éclaboussés tous. Elle a engendré un cynisme grandissant au sujet des enjeux électoraux et du processus politique. La question est fort épineuse.
D'un côté, le projet de loi établit des règles très rigoureuses en matière d'éthique, de conduite, de conflits d'intérêts et d'intérêt public. D'un autre côté, il est très difficile de légiférer en matière d'éthique. L'éthique découle d'un environnement. Malheureusement, on nous a habitués ici à un environnement caractérisé par la culture du « tout m'est dû », pour reprendre les mots de M. Gomery. Voilà ce à quoi nous nous butons.
Ce projet de loi est un document important. Le NPD va l'examiner attentivement et formuler des suggestions pour en faire un meilleur instrument. Toutefois, il incombe aussi à tous les députés de réfléchir à leur conduite personnelle.
Cela me rappelle le discours que M. Broadbent a prononcé lorsqu'il a annoncé à la Chambre qu'il quittait la vie parlementaire après de nombreuses décennies passées à servir la population. Il a parlé de la dignité des députés et du respect que nous devons avoir les uns envers les autres, envers cet endroit et envers le travail que nous accomplissons pour les électeurs. Aucune loi ne peut nous y contraindre. C'est une question de comportement et nous en assumons tous la responsabilité.
Je veux soulever un autre point d'ordre général relatif au projet de loi. Lorsque des scandales liés à la corruption font surface et que le public y accorde une grande attention, ce qui est normal, je suis toujours irritée de voir le rôle de la fonction publique et des fonctionnaires associé aux scandales. C'est déshonorant.
Le NPD a un infini respect pour les fonctionnaires. Je pense qu'ils agissent de façon très honorable, mais ils sont témoins de toutes ces choses: les accusations, les actes répréhensibles, les camouflages et les secrets. Des centaines de milliers de personnes travaillent à la fonction publique, que ce soit à Ottawa ou dans nos localités. Ce sont des travailleurs de première ligne. Ils cherchent à bien faire et ils réussissent. Ce sont eux qui fournissent le service, mais ils subissent aussi en grande partie les critiques qui découlent de cette culture du « tout m'est dû » et de ce cynisme.
Nous devons tous manifester notre estime à l'égard du travail de nos fonctionnaires. Nous reconnaissons le rôle qu'ils ont joué, lorsqu'est venu le temps de dévoiler les secrets qui avaient été cachés au sein du gouvernement. C'était un acte très audacieux, et il a fallu beaucoup de courage.
Je voudrais rendre hommage à tous ces fonctionnaires fédéraux qui se dévouent tant pour servir nos électeurs et l'ensemble de la population canadienne. Je les remercie. Ce sont des gens très honorables qui devraient nous servir de modèle à émuler, dans notre rôle de parlementaires.
On a déjà beaucoup parlé de ce projet de loi et il reste encore beaucoup à dire. Il y a des questions plutôt troublantes qui n'y sont pas traitées. Ma circonscription, Vancouver-Est, se trouve juste à côté de la circonscription de Vancouver Kingsway. Le jour où le député de Vancouver Kingsway a décidé de changer de camp pour faire partie du gouvernement, mon téléphone n'a pas dérougi. J'ai reçu instantanément des courriels de la part de personnes de ma circonscription et du reste de la région de Vancouver. Ces gens se sentaient profondément trahis par ce député.
Je pense que ce député ose désormais à peine se montrer en public à Vancouver pour assister à des événements. Essentiellement, la forme la plus fondamentale de responsabilité est celle que l'on a envers ses électeurs. Le projet de loi C-2 n'en parle pas. Nous devons nous demander pourquoi ce projet de loi, s'il porte sur l'éthique et sur les pratiques conformes à l'éthique, évite la question très fondamentale du respect du vote des gens qui nous ont élus comme députés.
Je sais que le député de Vancouver Kingsway a reçu beaucoup de commentaires de la part de ses électeurs. Je voudrais également imputer la faute au premier ministre. C'est lui qui a organisé ce changement de camp quelques jours seulement après avoir parlé de la transparence et du sens des responsabilités sans précédent du nouveau gouvernement, et après avoir affirmé qu'il voulait rétablir la confiance du public. À mes yeux et aux yeux de nombreuses autres personnes, il est assez incroyable que, quelques jours seulement après avoir entendu cette affirmation, nous ayons assisté à ce coup de théâtre. Les électeurs de Vancouver Kingsway ont été trahis par un député qui a changé de camp et par un premier ministre qui a été complice de cet acte.
Nous aurions voulu que le projet de loi inclue d’autres questions, dont celle de la réforme électorale démocratique. Encore une fois, cette question concerne la responsabilité et la bonne conduite puisqu’elle porte sur les pratiques électorales mêmes, la façon dont nous menons les élections et sommes élus. Je suis très fière du fait qu’au NPD, nous avons préconisé la réforme électorale démocratique. Nous allons continuer de le faire.
Nous sommes très inquiets de ne rien voir dans ce projet de loi sur la réforme électorale. Nous allons continuer d’insister auprès du gouvernement et des autres partis, parce que nous croyons que les Canadiens tiennent vraiment à la démocratisation de notre système électoral. Quand ils votent, leur vote devrait compter. Nous voulons que la Chambre des communes reflète la manière dont les Canadiens votent. Nous allons certainement revenir sur cette question.
Nous déplorons aussi que le projet de loi C 2 n’aille pas assez loin pour limiter les pratiques en matière de lobbyisme. Comme le député de Winnipeg- Centre l’a fait remarquer, on voit encore les mêmes pratiques. Il y a toujours une relation entre le gouvernement et des lobbyistes, des nominations et des faveurs. Cela se produit encore.
Même si le projet de loi apporte des améliorations, nous sommes d’avis qu’il ne va pas assez loin pour limiter l'influence des lobbyistes. Les Canadiens peuvent s’attendre à ce que le NPD propose des amendements lors de l’étude au comité.
La même critique s’applique au processus de nomination. M. Broadbent avait réuni un ensemble de propositions excellentes à ce chapitre. Même si le projet de loi en reprend quelques-unes, il reste que c’est encore le cabinet du premier ministre qui décide, qui oppose son veto. Nous sommes d’avis qu’il faudrait revoir cela pour qu’il y ait clairement un processus indépendant.
Enfin, comme plusieurs députés l’ont souligné, on peut se demander pourquoi le gouvernement a décidé de mettre de côté le train de réformes sur l’accès à l’information, qu’il avait promis. Nous savons tous que, lorsqu’il y a un climat de secret, il y a aussi un climat de corruption.
Le train de réformes qui a été promis concernant l’accès à l’information, ou la volonté de rendre l’information facilement disponible pour les Canadiens, est un élément fondamental de l’esprit de ce projet de loi. Son absence est réellement en contradiction avec ce qu’a dit le gouvernement. Nous sommes très préoccupés qu’il n’y soit pas et, je le répète, nous allons insister au comité pour que ces questions soient posées et qu’il y ait un engagement de présenter la réforme en matière d’accès à l’information.
Nous allons étudier soigneusement cette mesure au comité. C’est un projet de loi important. Nous devons voir à ce qu’on y donne suite et qu’on ne le laisse pas traîner ou s’écraser sous son propre poids, que ce soit à la Chambre ou au Sénat. Nous croyons que des éléments de ce projet de loi doivent être adoptés et que nous devons travailler dans l’intérêt des Canadiens pour rétablir la confiance de ces derniers dans ce que nous faisons ici.
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Monsieur le Président, avant de parler du projet de loi sur la responsabilité, je vais commencer par une petite rétrospective. Au cours de mon mandat, qui a commencé en 2004, nous avons entendu de nombreux témoins. Nous avons compris que l'ancien projet de loi, qui avait été proposé mais qui n'avait jamais été présenté à la Chambre des communes était criblé de problèmes. Pendant 17 mois, des gens qui ont été victimisés après avoir dénoncé des actes répréhensibles sont venus des États-Unis et de tout le Canada pour témoigner.
Tout le monde s'entendait sur le fait que, quand un gouvernement est minoritaire, tous les partis ont leur mot à dire, et cela s'appliquait au projet de loi. Plusieurs des députés qui siégeaient au comité sont à la Chambre aujourd'hui. Le dernier jour avant la relâche estivale, en juin 2005, le projet de loi a été adopté à la Chambre.
Puisque nous avons déjà le projet de loi en main, que le processus normal a été suivi, que des témoins ont été convoqués et que nous avons passé beaucoup de temps à écouter ce qu'ils avaient à dire, pourquoi ne l'adopterions-nous pas tout simplement, et si nous jugeons qu'il doit être renforcé, nous pourrons toujours le faire par d'autres moyens? Nous savons que beaucoup de travail a été fait déjà. Il ne faut pas oublier non plus que pendant les audiences en comité, il y avait certainement un plus grand nombre de députés des partis de l'opposition d'alors que du parti au pouvoir, ce qui leur donnait en fait la majorité à ce comité.
Je trouve étrange que le secrétaire parlementaire s'en prenne à d'autres sujets plutôt que de répondre tout simplement à la question. Je ne croyais pas avoir posé une question si controversée. Ma question était très claire et elle était raisonnable.
Le financement par des tiers est un autre élément qu'on s'attendrait bien sûr à trouver dans cette mesure législative, mais qui ne s'y trouve pas. La plupart des gens avec lesquels je me suis entretenu appuient en principe les règles portant sur le financement et l'intention générale de la loi sur la responsabilité. Je ne connais personne de ce côté-ci de la Chambre qui cherche d'une façon ou d'une autre à ralentir ce processus. En fait, nous sommes probablement prêts à transmettre ce dossier au comité pertinent le plus rapidement possible et nous devrions le faire.
Dans le cas présent, on doit tout de même se poser une question. D'autres pays pourraient-ils influencer le déroulement des élections au Canada? Il est très clair qu'il y a une lacune dans la mesure législative proposée. Si nous voulons qu'elle soit efficace et que nous nous posons des questions à cet égard, alors soumettons le projet de loi à l'étude du comité pertinent pour que ces questions soient étudiées et qu'on fasse disparaître les graves lacunes qui s'y trouvent actuellement.
Il est vrai que la mesure législative est nécessaire et opportune, mais dans le cas présent, je crois qu'avec le bon travail du comité, nous pouvons la rendre encore meilleure.
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Monsieur le Président, c'est avec une grande joie que je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi C-2, présenté lors de la 1
ère session de la 39
e législature. Ce projet de loi porte le titre de Loi sur l'imputabilité.
D'entrée de jeu, j'aimerais rappeler à cette Chambre qu'en ce qui concerne le titre du projet de loi, nous aurions préféré que le gouvernement se rende, entre autres, au bon jugement de l'Office de la langue française qui a fait des recommandations et qui a dit clairement qu'il aurait été préférable que ce projet de loi porte le nom de Loi sur la responsabilité. Cela aurait été plus conforme à de meilleurs usages de la langue française et cela nous aurait permis justement de faire en sorte que les recommandations de l'Office de la langue française puissent être pris en considération.
Il y a quatre ou cinq aspects dont je vais parler. J'aimerais rappeler d'abord la pertinence de ce projet de loi. Le projet de loi C-2 est plus pertinent aujourd'hui qu'il ne l'a jamais été dans toute l'histoire du Canada. Pourquoi? Parce que nous avons vu, su et lu pendant la Commission Gomery comment un gouvernement pouvait, de façon totalement détournée, utiliser des fonds publics à des fins partisanes et faire en sorte, au fond, que l'argent du public ne puisse pas être utilisé à bon escient.
Le scandale des commandites — un moment fort dans l'histoire du Canada — fait en sorte que le projet de loi C-2 devient plus que jamais pertinent. Il faut se rappeler que lors de la Commission Gomery, le Bloc québécois a été le seul parti à présenter un rapport avec plus de 72 recommandations pour nous assurer que ce que les Canadiens on vu, su et lu dans les dernières années ne puisse pas se reproduire.
Tout d'abord, le Bloc proposait, dans son rapport d'octobre 2005, de mettre tous les moyens à notre disposition pour recouvrer les sommes d'argent des commandites. De plus, il fallait donner plus de pouvoir et de ressources aux hauts-fonctionnaires du Parlement pour nous assurer d'une plus grande intégrité et d'une plus grande transparence.
Ensuite, nous demandions de modifier la Loi sur l'accès à l'information. On sait que de gouvernement en gouvernement, d'engagements en engagements, tous les gouvernements refusent de prendre acte du fait que la Loi sur l'accès à l'information doit être modifiée au Canada. Nous débattons de cette question depuis 1987. Les gouvernements se lancent la balle. Il est clair que la culture du secret est la politique de l'ensemble des gouvernements au Canada depuis que le débat a été lancé.
Il faudrait que ce gouvernement, comme ceux qui l'ont précédé, se range du côté des arguments du commissaire à l'information et qu'il entame une profonde révision de la Loi sur l'accès à l'information. Cela permettra aux citoyens d'en connaître plus sur l'utilisation des fonds publics, sur les politiques gouvernementales, sur le plans du gouvernement et sur les programmes. Il faudrait que les citoyens qui paient des taxes et des impôts au Canada puissent connaître véritablement l'utilisation de ces sommes.
La Loi sur l'accès à l'information comporte de nombreux trous. Des sociétés d'État et des fiducies ne sont pas couvertes par cette loi. Pourtant, à un moment où les gouvernements utilisent la voie des fondations et des fiducies, il est tout à fait normal que les contribuables québécois et canadiens puissent connaître l'utilisation de ces ressources financières dans des fondations, telles la Fondation du développement durable, la Fondation du millénaire ou une autre fondation.
Nous nous serions donc attendus, dans le projet de loi C-2, que ce gouvernement entame une profonde révision et une profonde réflexion autour de la nécessité de réviser la Loi sur l'accès à l'information.
De plus, dans ces 72 recommandations, le Bloc québécois proposait d'augmenter l'imputabilité des individus nommés par le gouvernement.
La pertinence du projet de loi C-2 nous apparaît donc évidente.
Il y a naturellement un certain nombre de points à améliorer. Des gains importants, obtenus par l'intermédiaire de ce projet de loi, faisaient partie des recommandations et des propositions concrètes que le Bloc avait faites au cours des dernières années.
J'en prends une: la question de la nomination des directeurs du scrutin. Le Bloc québécois avait déposé le projet de loi C-312, selon lequel les directeurs du scrutin auraient dû se conformer à un concours au sens de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique. Ce projet de loi C-312 du Bloc aurait très certainement pu être repris à l'intérieur du projet de loi C-2. Bien sûr, on indique dans le projet de loi C-2 que la nomination des directeurs du scrutin sera faite au mérite par Élections Canada, mais nous croyons qu'il faut aller plus loin. Il faut s'inspirer de la loi électorale québécoise, à propos du directeur général des élections du Québec, qui prévoit d'ailleurs ce processus de concours intrinsèque au processus de nomination des directeurs du scrutin.
J'invite donc le gouvernement à bien prendre connaissance du projet de loi C-312 que le Bloc a déposé, et de s'en inspirer.
Deuxièmement, on parle d'indépendance du registraire des lobbyistes. Nous pensons que c'est un pas dans la bonne direction. Cependant nous aurions souhaité que puisse être étendu le champ d'activité couvert par cette loi, et qu'au fond les pénalités directement assorties à une transgression de la loi puissent être aggravées.
En quelque sorte, il faut d'abord élargir le plus possible le champ d'activité auquel s'applique la loi, puis il faut nous assurer d'étendre la période d'exclusion dans ces activités, et enfin il faut aggraver les pénalités. Cependant, bien qu'il y ait un sens intéressant, un pas dans la bonne direction, indiqué par ce projet de loi, nous souhaiterions que le gouvernement aille plus loin.
Le troisième point à examiner concerne la Loi sur le financement des partis politiques. Il y aura désormais une interdiction des dons d'entreprise. On pense que c'est la bonne voie qu'il fallait privilégier. Le Bloc québécois a joué un rôle majeur, ces dernières années, relativement à la Loi sur le financement des partis politiques et à la réforme apportée dans l'enceinte de la Chambre des communes.
Nous croyons que nous venons ni plus ni moins de boucler la boucle qui, au fond, fera en sorte que le déroulement politique au Canada, sur le plan électoral, est appelé à refléter de plus en plus ce qui se passe au Québec et à imiter les modèles développés au Québec. Je pense notamment à l'interdiction des dons d'entreprise. Il y a de l'espace, et le fait de limiter à 1 000 $ la contribution des particuliers est certainement aussi un pas dans la bonne direction.
Je reviens à la question de la Loi sur l'accès à l'information. Pour nous, parlementaires, pour les journalistes, pour les individus, qui souhaitent que la transparence soit au coeur de l'action gouvernementale, cet espoir que les conservateurs ont porté à la dernière élection aurait dû se retrouver dans la Loi sur l'accès à l'information. Depuis 1987, comme je l'ai dit, des débats se tiennent au Canada; depuis 1987, tous s'entendent pour dire qu'il faut réviser la Loi sur l'accès à l'information, et que la culture du secret à l'intérieur des cabinets ministériels et des ministères n'a plus sa place dans une société qu'on dit démocratique. Il faut donc changer cette Loi sur l'accès à l'information afin de permettre au public d'en savoir un peu plus.
Ce n'est pas le propre de ce gouvernement, mais de l'ensemble des gouvernements.
C'est donc sans réserve que nous appuyons le projet de loi C-2. Cependant, nous avons l'intention de présenter des amendements, entre autres lors de son étude en comité.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de parler du projet de loi C-2, soit le projet de loi sur l'imputabilité. En cette 39
e législature, le projet de loi C-2 pourrait être extrêmement profitable pour les Canadiens et les Canadiennes et pourrait éviter la corruption constante, comme celle des libéraux tant dans le passé que, peut-être, dans le présent.
Plusieurs des propositions de mesures favorables à l'éthique qu'Ed Broadbent a rendues publiques avant les dernières élections se retrouvent dans le projet de loi.
D'abord, je désire soulever un point: je suis déçu que dans un pays comme le nôtre, un pays officiellement bilingue, le premier ministre choisisse volontairement la mauvaise traduction du mot accountability. Je citerai les propos du Journal de Montréal du 25 avril dernier:
[...] Le Journal a appris hier que le cabinet du premier ministre avait volontairement écarté la recommandation du Bureau fédéral de la traduction en intitulant son projet de loi « sur l'imputabilité », une mauvaise traduction du titre original anglais. [...] Mais hier, une source sûre a révélé que le premier ministre était passé outre à la recommandation des experts fédéraux en matière de langues officielles.
En français correct, le projet de loi devrait s'intituler « Loi fédérale sur la responsabilité ». L'affaire est hautement politique. En tant que porte-parole en matière de langues officielles, je déplore cette attitude.
En ce qui a trait à la réforme de la Loi électorale du Canada, le projet de loi limite les dons aux campagnes et interdit toutes les contributions des sociétés et des syndicats. Il fait le ménage dans l'utilisation des fonds détenus en fiducie lors des campagnes électorales et limite et réglemente les cadeaux pouvant être donnés aux candidats. Cependant, il oublie certains éléments clés de la proposition d'Ed Broadbent, ex-député d'Ottawa-Centre, en matière d'éthique. Il n'établit pas de date d'élections fixes; il ne prévoit pas de réforme électorale; il n'impose pas de limites aux dépenses ou de conditions de transparence pour la course à la chefferie des partis; et il n'interdit pas les changements d'allégeance politique, qu'on appelle en anglais floor crossing. Nous sommes convaincus que la question des transfuges doit être étudiée au cours de la 39e législature.
En ce qui concerne ce changement d'allégeance politique, je me rappelle le député de Kings—Hants. Comme l'a mentionné mon collègue de Sackville—Eastern Shore, lorsque le député de Kings—Hants a traversé la Chambre pour se joindre au Parti libéral, le leader de l'opposition, soit l'actuel premier ministre, a dit que quiconque changeait d'allégeance pour 30 pièces d'argent entraînerait la corruption de son gouvernement. Si le député de Vancouver Kingsway était resté libéral, il aurait reçu un salaire de député ordinaire. Cependant, il a traversé la Chambre et il est devenu ministre. Je ne pense pas qu'il aurait changé d'allégeance pour devenir un député d'arrière-ban. C'est quelque chose qui me tient à coeur.
Je donne un exemple concret qui a trait la façon dont les gens perçoivent ceux qui les représente. Ce n'est pas pour rien que la popularité des députés est seulement à 14 p. 100. On est moins considérés que n'importe qui d'autre dans la société. C'est ainsi qu'on nous voit, et on le mérite, à cause des choses qui sont faites en cette Chambre ou au sein des partis politiques. On se rappelle la députée de Beauséjour—Petitcodiac, Angela Vautour, qui avait traversé la Chambre pour passer du NPD au Parti progressiste conservateur — ainsi nommé à l'époque. Je me souviens d'être allé dans sa circonscription et d'avoir rencontré une dame de plus de 75 ans, qui disait avoir été libérale et voté libéral toute sa vie, et n'avoir jamais voté conservateur. Elle n'était pas folle. C'était une personne très intelligente.
Elle savait que la candidate, Angela Vautour, se présentait pour le Nouveau Parti démocratique. Alors, elle a décidé de faire un changement et de voter pour une personne membre d'un parti qu'elle pouvait appuyer. En bon français, elle pouvait « essayer » ce parti pour voir ce qui allait arriver. Toutefois, elle n'allait certainement pas voter pour le Parti conservateur.
De plus, cette dame de la région de Bouctouche a dit qu'elle avait donné 300 $ pour la campagne électorale. Il n'y rien eu de plus insultant pour elle que de voir que la députée ait traversé le parquet de la Chambre pour changer de parti politique, un parti en faveur duquel elle n'aurait jamais voté.
Cela vaut pour n'importe quel parti politique. Je suis certain qu'ici, au Canada, des personnes ont voté conservateur toute leur vie et n'auraient jamais voter libéral. Elles ont cependant décidé de voter pour une personne. Changer de parti, c'est trahir la confiance des Canadiens et des Canadiennes, des Québécois et des Québécoises. Si cela était correct, on n'aurait pas vu ce qui s'est produit à Vancouver, soit des citoyens manifester devant le bureau de circonscription du député de Vancouver Kingsway.
Ce nouveau gouvernement dit qu'il veut nettoyer le Parlement, respecter l'éthique, mais il est d'accord pour qu'un député soit libéral une journée et conservateur le lendemain matin et qu'il reçoive un salaire de ministre. J'ai un problème avec cela.
Il est vrai qu'il semble que changer de libéral à conservateur, cela ne fait pas de différence, c'est la même chose. C'est ce que le député de Vancouver Kingsway avait dit le lendemain aux nouvelles. Je l'appuie sur ce point, il n'y a pas de différence.
Imaginez une personne élue par les citoyens de façon démocratique sous la bannière d'un parti politique et, le lendemain matin, elle accède au pouvoir parce que le premier ministre, ou quelqu'un de son bureau ou du Cabinet lui a téléphoné et lui a dit que si elle le voulait, on pouvait lui offrir un poste de ministre avec une hausse de salaire de 50 ou 60 000 $. Il n'y a pas de problème et elle accepte. Quand le député de Kings—Hants était passé de conservateur à libéral, le même premier ministre, alors chef de l'opposition, disait que le député se laissait acheter pour 30 sous. Pour l'autre, il s'agit de 60 000 $. C'est pour cela que les Canadiens perdent confiance en la politique et en nous, et je ne les en blâme pas.
Le gouvernement présente un projet de loi que nous voulons appuyer. Nous voulons y apporter des améliorations. Le projet de loi a quasiment l'épaisseur d'une brique. Je pourrais bâtir une maison avec. C'est un bon gros projet de loi. Juste avant cela, en vitesse, on a nommé Michael Fortier sénateur. Pourtant, lorsqu'il était dans l'opposition, ce parti politique était contre les nominations au Sénat. Malgré cela, on l'a nommé ministre, alors que ce même parti politique a dit qu'il ne faudrait jamais qu'une personne soit ministre si elle n'a pas été élue par la population. On nous fournit la belle excuse que Montréal avait besoin d'un ministre. Montréal avait choisi de ne pas élire un ministre. C'était son choix, comme c'était le choix de Toronto. Ce n'est pas correct ce que les conservateurs ont fait.
Il est à souhaiter que durant les débats sur le projet de loi, le gouvernement aura la sagesse de changer son attitude et d'agir concrètement pour ce qui est de toutes les choses incorrectes et non conformes à l'éthique.
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Monsieur le Président, comme il s'agit de mon discours inaugural à la Chambre, je tiens à remercier les électeurs de Nanaimo—Cowichan de m'avoir choisie une deuxième fois pour les représenter à la Chambre.
Je suis fière aujourd'hui de parler de la loi sur la responsabilité. Le projet de loi C-2 donne aux parlementaires une excellente occasion de tenir un véritable débat sur l'importance de l'ouverture et de la transparence au sein du gouvernement. Les Canadiens réclament une reddition de comptes étant donné le cafouillage des dernières années. Ils veulent que les parlementaires rendent des comptes à la population.
J'aimerais aborder quelques points bien précis du projet de loi proposé.
Nous avons beaucoup entendu parler de la responsabilité démocratique des députés. Beaucoup de bruit et d'agitation ont entouré la décision du député de Vancouver Kingsway de changer de parti peu de temps après avoir été élu. Que le député ait traversé le parquet concrètement en marchant ou qu'il l'ait traversé virtuellement importe peu. Ce qui importe, c'est que ce député a choisi de faire campagne au nom d'un parti et, une fois élu, de siéger au nom d'un autre. On peut se demander s'il serait juste et raisonnable que ses électeurs, qui travaillent et vivent dans cette circonscription et qui paient des impôts, aient un mot à dire à ce sujet. J'encourage les députés à envisager d'appuyer un amendement qui interdirait les changements d'allégeance politique.
La réforme électorale est le deuxième aspect du projet de loi sur la responsabilisation dont je voudrais dire un mot. Au cours de la précédente législature, Ed Broadbent, l'ancien député d'Ottawa-Centre, avait soumis au gouvernement de l'époque une proposition suggérant un cadre qui aurait permis aux parlementaires et au grand public d'envisager une réforme du système électoral et, notamment, la représentation proportionnelle. Cinq provinces sont déjà rendues à différentes étapes de leur examen de la formule de la représentation proportionnelle. Le moment est venu pour la Chambre de faire preuve de leadership à cet égard en examinant minutieusement et sérieusement une réforme du système électoral. Le discours du Trône y fait brièvement allusion, mais je nous invite tous à agir rapidement et à mettre en oeuvre des mesures permettant au Parlement et au public canadien d'entreprendre un débat sur la réforme du système électoral et de s'y préparer.
Nombreux sont les Canadiens qui ne votent plus. C'est très inquiétant pour le processus démocratique. Il est important que les Canadiens sachent que leur vote compte. Le Canada est l'un des seuls pays démocratiques occidentaux à continuer d'utiliser le système uninominal majoritaire à un tour. Avec environ 35 p. 100 des votes seulement, soit le cas actuel de la Chambre, il est possible pour un parti de former le gouvernement. Bien des Canadiens sont d'avis que c'est là une représentation inadéquate de leur vote. J'invite la Chambre à élaborer une stratégie de réforme électorale.
Nous parlons souvent de responsabilité. Dans cette enceinte, un peu plus tôt aujourd'hui, il a été question de la population de Garden Hill. Le chef et certains membres de son conseil sont ici aujourd'hui pour dire aux parlementaires que leur collectivité a été frappée par une deuxième épidémie de tuberculose en deux ans. Il a fallu huit mois pour diagnostiquer le premier cas. Ils n'ont pas reçu le genre de soutien dont ils avaient besoin pour gérer ce problème. Ils implorent les parlementaires de prêter attention à la situation désespérée de leur collectivité.
On pourrait se demander qu'est-ce que la responsabilité vient faire là-dedans. Il s'agit pourtant bel et bien d'une question de responsabilité, car ce sont la pauvreté et les logements inadéquats qui ont contribué à cette épidémie de tuberculose. De nombreuses études ont été faites au Canada, qui mentionnent l'état lamentable des logements dans beaucoup de réserves autochtones. Pourtant, rien n'a été fait pour y remédier.
Simplement pour rafraîchir la mémoire des députés, je dirai que, à l'annexe A du rapport d'avril 2003 de la vérificatrice générale, on trouve une liste des nombreuses études qui ont été réalisées sur les conditions de vie des Premières nations et des recommandations qui ont été faites pour remédier à la situation. Cela remonte à 1983 au rapport du comité spécial de l'autonomie gouvernementale autochtone, appelé aussi rapport Penner; à 1985 au groupe de travail chargé de l'examen des programmes; à 1990 au Comité permanent des affaires autochtones; à 1991 au rapport du Bureau du vérificateur général; à 1992 au Comité permanent des affaires autochtones; à 1993 au rapport du Bureau du vérificateur général; à 1996 au rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones; et à 1998 au rapport intitulé Rassembler nos forces, le plan d'action du Canada pour les questions autochtones.
Une foule de conservateurs et de libéraux ne sont pas parvenus à régler de façon acceptable le problème du logement dans les réserves. Cette population connaît maintenant une épidémie de tuberculose digne d'un pays du tiers monde, épidémie qui est directement attribuable à la pénurie de logements adéquats. Pour faire bonne mesure, seulement 4 p. 100 de cette communauté de 3 500 âmes a l'eau courante.
Nous devons aller au-delà du débat sur la responsabilisation des parlementaires en matière de dépenses. Nous devons rendre des comptes à la population du Canada pour faire en sorte que les Premières nations et les peuples autochtones aient accès à de l'eau propre, à des logements salubres, sûrs et abordables ainsi qu'aux services de santé auxquels ils ont pleinement droit de nos jours.
Quand nous parlons de responsabilité, je crois fermement que nous devons parler d'autres choses que les parlementaires et la façon dont ils dépensent leur argent.