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Monsieur le Président, je saisis l'occasion qui m'est offerte de lancer le débat de troisième lecture du projet de loi . Le projet de loi modifierait le cadre législatif régissant les institutions financières qui exercent des activités au Canada et il s'inscrit dans le cadre de l'examen parlementaire de la Loi sur la banques qui a lieu tous les cinq ans.
Le secteur des services financiers est la clé du succès d'une économie industrielle moderne. Cela va sans dire. Le secteur joue un rôle unique pour ce qui est d'alimenter la croissance essentielle à la prospérité de l'économie canadienne, mais la portée du projet de loi dont nous sommes saisis transcende nos frontières. Sur la scène internationale, le secteur des services financiers canadien est reconnu comme étant solide et sûr. Le projet de loi aiderait le Canada à demeurer un chef de file mondial dans ce secteur.
Le nouveau gouvernement du Canada s'emploie à améliorer la qualité de vie des Canadiens et de faire du Canada un leader mondial aujourd'hui et pour les générations à venir. Comment y arriverons-nous? Lorsqu'il a présenté la mise à jour économique et financière en novembre, le a aussi présenté Avantage Canada. Il s'agit d'un plan économique à long terme qui mettra en place les conditions qui assureront aux Canadiens un niveau de vie plus élevé et une qualité de vie meilleure au rythme de l'évolution de l'économie mondiale.
Je vais parler brièvement de ce plan et expliquer comment le projet de loi s'y intègre.
Avantage Canada vise à composer avec les réalités de la concurrence mondiale en tenant compte des forces actuelles du Canada et des défis à relever sur le plan économique. Comme perspective à long terme, ce plan servira de cadre pour la prise de décision du gouvernement au cours des années à venir. La concurrence incite les entreprises à devenir plus efficaces, à investir dans de nouvelles technologies et à introduire de nouveaux produits et de nouveaux services avantageux pour les consommateurs. Une économie nationale très concurrentielle et ouverte permet également à nos entreprises et à nos organisations de mieux affronter la concurrence sur les marchés étrangers et ainsi assurer au Canada des emplois meilleurs et plus nombreux.
Le gouvernement a un rôle à jouer dans l'élaboration des règles de base de la concurrence au Canada. En conformité du but et des principes du plan Avantage Canada, le cadre de compétitivité du Canada créera des marchés concurrentiels qui offriront aux consommateurs comme aux entreprises des prix avantageux, du choix, de la qualité et du service. L'investissement sera également le moteur de l'innovation et de l'efficacité, et donc de la croissance, de la productivité et de la compétitivité, ce qui rendra l'économie plus résiliente et adaptable.
Avantage Canada vise à faire du Canada un leader mondial et, à cette fin, il est tout à fait nécessaire que notre système financier soit sûr et efficace.
Le système financier du Canada est vigoureux et sain; il sert bien les Canadiens. Il constitue un atout en lui-même, du fait qu'il assure aux Canadiens des emplois très rémunérateurs liés à l'économie du savoir. Évidemment, tout système financier solide doit pouvoir s'adapter à l'évolution des besoins des ménages et des entreprises.
Il est nécessaire que les institutions financières et les marchés du Canada restent innovateurs et concurrentiels dans le cadre d'une réglementation souple fondée sur des principes garantissant qu'ils vont continuer à répondre aux besoins de notre économie en croissance mais aussi à ceux des Canadiens. C'est à cet égard que le projet de loi prend toute son importance.
Tout comme le plan Avantage Canada vise à faire du Canada un chef de file dans le monde, ainsi le projet de loi C-37 vise à faire que le système financier du Canada continue d'être un chef de file mondial. Pour ce faire, il faut que le Canada dispose d'un cadre de réglementation permettant aux participants du secteur financier de fonctionner de façon aussi efficiente et efficace que possible.
Le gouvernement du Canada a la responsabilité d'assurer la sécurité et la solidité du secteur des institutions financières. Il a également la responsabilité de veiller à ce que les consommateurs et les entreprises soient bien servis et protégés. L'examen quinquennal du cadre du secteur financier est l'un des instruments importants qui permettent au gouvernement d'assumer ses responsabilités à cet égard et cet examen comportait un processus de consultation.
L'examen de la législation du secteur financier a bénéficié de l'apport d'un groupe important et représentatif d'intervenants du secteur. Ils ont soumis plus de 50 mémoires, qui provenaient d'associations industrielles et d'établissements financiers, de groupes de consommateurs et de particuliers. Ces mémoires ont débouché sur un livre blanc, publié par le en juin dernier. Le projet de loi a été élaboré à partir des propositions contenues dans le livre blanc.
Les intervenants s'entendaient à dire qu'aucune réforme majeure n'était nécessaire, mais il a été reconnu que quelques mesures pourraient être prises pour stimuler l'intérêt des consommateurs, améliorer l'efficacité du cadre législatif et réglementaire et adapter le système aux progrès survenus. Le projet de loi est construit autour de ces trois objectifs.
Je veux maintenant illustrer comment le projet de loi permet d'atteindre ces objectifs.
Premièrement, le nouveau gouvernement du Canada veut faire en sorte que les consommateurs soient bien servis. Comme peuvent le concevoir les députés, la concurrence suscitée dans le secteur par les innovations technologiques aboutit parfois à la création de toute une gamme de produits et de services où le consommateur ne se retrouve plus. Il est donc important que les consommateurs aient accès à l'information qui les aidera à faire des choix éclairés.
C'est pourquoi il est proposé, dans le projet de loi , d'améliorer la divulgation de l'information aux consommateurs. Un des meilleurs exemples de cela nous est donné par la croissance des services en ligne. Actuellement, les institutions financières réglementées par le gouvernement fédéral doivent divulguer dans leurs succursales l'information sur les frais exigés pour les services normalement fournis à leurs consommateurs et à la population.
Cependant, les consommateurs s'occupent de plus en plus de leurs finances personnelles par Internet, et les exigences de divulgation ne s'étendent pas au cyberespace. Afin que les consommateurs aient suffisamment d'information, il est proposé dans le projet de loi d'harmoniser les exigences de divulgation sur Internet à celles qui touchent les succursales. Ainsi, les consommateurs pourront comparer les produits et les services plus facilement en ligne.
Les procédures de traitement des plaintes constituent une autre mesure importante pour protéger les intérêts des consommateurs. Les institutions financières réglementées par le gouvernement fédéral sont tenues d'avoir du personnel et des procédures pour traiter les plaintes des consommateurs. Ces procédures doivent être soumises à l'Agence de la consommation en matière financière du Canada et communiquées aux consommateurs lorsqu'ils ouvrent un compte de dépôt.
Cependant, rien n'oblige actuellement à donner aux consommateurs accès à l'information sur ces procédures en tout temps. En outre, les consommateurs qui n'ouvrent pas de compte, mais obtiennent d'autres produits et services, comme un prêt hypothécaire, ne reçoivent pas l'information sur les procédures de traitement des plaintes.
Des groupes de consommateurs ont dit craindre que les consommateurs soient incapables d'obtenir facilement la bonne information sur les procédures de traitement des plaintes lorsqu'ils ont un grief à formuler contre une institution financière. Le projet de loi réglerait le problème en modifiant la loi pour exiger que les institutions financières rendent leurs procédures de traitement des plaintes accessibles en tout temps à tous les consommateurs.
La réalisation d'un examen régulier de notre secteur financier, comme nous le faisons au Canada, a notamment pour avantage de nous permettre d'en modifier le cadre seulement, à mesure que ce secteur évolue. Par exemple, la concurrence des banques étrangères augmente au Canada. Le cadre législatif encourage la concurrence par l'arrivée de banques étrangères sur le marché canadien. Cependant, même si les banques étrangères ont une assez grande marge de manoeuvre au Canada, certaines facettes des mécanismes de réglementation actuels ont été critiquées à cause de leur complexité et de leur lourdeur administrative.
La lourdeur de la réglementation régissant ce qu'on appelle les quasi-banques est une question particulièrement préoccupante. Ces organisations étrangères ne sont pas réglementées comme des banques dans leur pays d'origine, même si elles offrent des services de type bancaire comme des prêts aux consommateurs. Un élément préoccupant est l'approbation ministérielle qu'elles doivent obtenir pour exercer des activités non réglementées au Canada. Cette exigence est considérée comme coûteuse et inutile. Elle retarde les transactions et a peu d'avantages.
Pour simplifier le cadre législatif applicable aux banques étrangères et réduire le fardeau administratif, le projet de loi propose de restreindre l'application de la loi pour qu'elle s'applique seulement aux véritables banques étrangères. Ainsi les quasi-banques offrant des services financiers non réglementés ne seraient plus assujetties au cadre régissant les banques étrangères et n'auraient plus à obtenir l'approbation du ministre.
Le secteur des services financiers a changé radicalement dans les dernières années. La mondialisation y est certainement pour beaucoup, mais la convergence et la consolidation de l'industrie y sont aussi pour quelque chose de même que, bien sûr, les progrès de la technologie, qui ont changé la façon de faire des opérations bancaires. Il suffit de voir comment le traitement des chèques a changé dans les dernières années.
Autrefois, le traitement d'un chèque exigeait l'envoi du chèque à l'institution financière émettrice avant que le paiement puisse être fait. Maintenant, grâce au scannage informatique, les chèques peuvent être envoyés électroniquement à l'institution voulue.
Ce traitement plus rapide permet aux institutions financières d'honorer les chèques plus rapidement. Consommateurs et entreprises ont donc accès plus rapidement à leur argent. Pour tenir compte de ces changements, le projet de loi propose de faciliter la prise de règlements concernant la période de retenue des chèques.
Toutefois, au lieu de recourir à ce pouvoir réglementaire, le gouvernement a entrepris de négocier avec les banques une entente, qui est sur le point d'être conclue, afin que ces dernières acceptent de réduire de dix à sept jours la période maximale de retenue des chèques. Une fois que l'imagerie des chèques par voie électronique sera disponible à la grandeur du Canada, cette période sera de nouveau réduite, cette fois de sept à quatre jours. Il s'agit bien entendu d'un avantage considérable pour les particuliers comme pour les entreprises.
Encore une fois, ces changements illustrent l'importance de maintenir notre cadre législatif à jour si l'on veut permettre aux établissements financiers d'évoluer et de prospérer, tout en répondant aux besoins des consommateurs.
Le projet de loi propose aussi un changement qui attirerait de nouveaux experts dans le secteur. Plus précisément, le projet de loi propose de réduire la proportion requise de résidants canadiens au sein des conseils d'administration des établissements financiers canadiens en la faisant passer des deux tiers à la majorité seulement. Ainsi, les établissements financiers canadiens pourraient nommer un plus grand nombre d'experts étrangers à leur conseil d'administration. Cette mesure favoriserait une plus grande latitude et permettrait aux établissements financiers d'exploiter de nouvelles occasions d'affaires à l'échelle mondiale tout en garantissant une forte représentation canadienne au sein des conseils d'administration.
En somme, le projet de loi contribuerait à moderniser les règles qui régissent nos établissements financiers. Ce projet de loi est important pour le Canada, et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement il réduirait les tracasseries administratives et il serait avantageux pour les consommateurs. Deuxièmement, il modifierait le cadre législatif afin de rendre les établissements financiers canadiens plus concurrentiels sur le marché international. Troisièmement, il consoliderait le rôle du Canada comme chef de file mondial dans le secteur des service financiers.
En conséquence, je demande à tous les députés d'examiner attentivement ce projet de loi et de faire en sorte qu'il puisse être adopté sans délai.
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Monsieur le Président, c’est avec plaisir que je prends part au débat sur le projet de loi , Loi modifiant la législation régissant les institutions financières.
J’ai été heureux de constater que tous les membres du Comité permanent des finances étaient disposés à renvoyer le projet de loi à la Chambre aussi rapidement. Ce sera un plaisir de poursuivre le débat ici même.
Au XXIe, une économie dynamique ne se conçoit pas sans les assises solides d’un secteur financier bien réglementé, qui n’est pas empêtré dans des formalités administratives inutiles, mais qui protège tout de même les intérêts des citoyens.
À bien des égards, le secteur des services financiers du Canada fait l’envie du reste du monde. Nos amis de l’étranger font souvent appel aux compétences de nos services financiers. Ce secteur a également aidé les banques canadiennes qui veulent prendre de l’expansion à l’étranger à réaliser de vrais progrès.
S’il est vrai que nos banques emploient actuellement environ un quart de million de Canadiens chez nous, elles ont aussi à leur service quelque 40 000 employés dans le monde entier. On peut même dire que cet aspect de l’activité de nos banques – au moins autant que c’est le cas pour nos sociétés d’assurance –, qui affrontent le marché étranger en Chine, en Inde et dans bien d’autres pays, est excellent pour notre propre pays. Le Canada dans son ensemble doit se mesurer au reste du monde. Nous devons livrer concurrence à la Chine, à l’Inde et à d’autres géants de l’économie qui s’éveillent. Ce devrait donc être un élément central de la politique gouvernementale que de nous préparer pour l’économie nouvelle du XXIe, où la concurrence est acharnée.
Certes, nos banques se débrouillent bien, mais depuis un an, le gouvernement dort aux commandes. Que fait-il pour préparer le Canada à l’économie du XXIe siècle? Je soutiens que, tout comme il a gaspillé une année complète en matière d’environnement, sabrant les programmes environnementaux jusqu’à ce qu’il prenne conscience des sondages, le gouvernement n’a absolument rien fait et a gâché toute une année alors qu’il aurait dû s’efforcer de bâtir une économie solide pour le XXIe siècle.
Que faut-il faire? Ce n’est pas un grand mystère. Le Canada devra concurrencer la Chine et l’Inde non grâce à une main-d'oeuvre bon marché – c’est la dernière chose à faire –, mais en créant des idées nouvelles, en préparant une population active très instruite, en favorisant la recherche et la formation. Or, ce sont autant d’éléments auxquels le gouvernement s’est attaqué.
Nous devons aussi livrer concurrence en ayant un impôt sur le revenu plus faible et une fiscalité compétitive, mais le gouvernement a augmenté l’impôt sur le revenu.
À un moment où le gouvernement nage littéralement dans l’argent et profite des énormes excédents que le gouvernement précédent lui a légués, il a jugé bon de sabrer le financement de la recherche, d’annuler des programmes de formation et de relever l’impôt sur le revenu. Voilà autant de mesures qui sont tout à l’opposé de ce qu’il faut faire pour préparer le Canada à bien se tirer d’affaires dans l’économie du XXIe siècle.
Pour leur part, les pays qui sont nos concurrents ne se sont pas tourné les pouces. Considérons ce que l’Australie a fait. Alors que notre gouvernement insulte la Chine, l’Australie négocie des accords avec elle. Alors que l’Australie a réduit son impôt sur le revenu, accru les crédits pour les Australiens à faible revenu et rendu la fiscalité des entreprises plus compétitive, qu’a fait notre gouvernement? Il a augmenté l’impôt sur le revenu. Il est vrai qu’il a réduit la TPS, mais cela ne fait rien pour rendre notre pays plus compétitif. Alors que l’Australie va de l’avant, le Canada reste là sans rien faire.
Le Royaume-Uni est un autre exemple. Il s’est donné pour la prochaine décennie d’ambitieux objectifs en recherche et développement, et l’État soutiendra les efforts pour atteindre ces objectifs. L’Union européenne a fixé des objectifs encore plus ambitieux en matière de recherche. Que faisons-nous chez nous? Nous réduisons le financement de la recherche.
Je crois que c’est une attitude absolument irresponsable de la part du gouvernement. Lui qui nage dans l’argent, rien ne le justifie de hausser les impôts sur le revenu, ni de sabrer le financement de la recherche, ni de faire des coupes dans les budgets de la formation, car ce n’est qu’en ayant des gens bien formés, instruits et innovateurs que nous pourrons affronter la concurrence sur les marchés mondiaux, mais le gouvernement a fait exactement le contraire.
Je félicite nos institutions financières de s’implanter dans le monde et de réussir en Asie, mais le gouvernement doit aller au-delà des succès auxquels nous assistons aujourd’hui. Le gouvernement doit faire en sorte que nous ayons une économie forte. Il doit mettre en place des politiques créatrices d’emplois pour l’avenir. Le gouvernement, c’est triste à dire, a fait précisément le contraire.
Pour en revenir à la Loi sur les banques, l'examen quinquennal de la loi n’est pas quelque chose qui se bâcle en une nuit. En fait, il a débuté il y a deux ans, lorsque le précédent gouvernement libéral a amorcé un processus de consultation et exposé à grands traits ce qu’il espérait voir examiné. Bien qu’il soit agréable de voir de bonnes politiques libérales proposées à la Chambre…
M. Brian Jean: Existe-t-il de telles choses?
L’hon. John McCallum: ...cela me laisse un peu perplexe à propos du plan d’action général du gouvernement.
Par ailleurs, je suis heureux de constater que les conservateurs ont décidé de s’inspirer de très près des propositions libérales pour rédiger leur projet de loi. Cette mesure législative reprend en tous points les propositions du précédent gouvernement libéral. Naturellement, nous n’hésiterons donc pas trop à l’appuyer, bien que j’aie de sérieux doutes à propos de la capacité du gouvernement de concevoir des mesures législatives vraiment nouvelles.
Le soi-disant nouveau gouvernement du Canada commence en réalité à ressembler terriblement à un gouvernement usé. Mis à part la Loi sur les banques, en y regardant de près, sur les quelques mesures législatives que le gouvernement actuel a proposées, nous aurions du mal à en trouver que les conservateurs ont eux-mêmes conçues. Ils ont peut-être promis un nouveau gouvernement, mais tout ce qu’ils ont eu à offrir dans les faits, c’est un gouvernement emprunté.
Par exemple, le programme de rénovation des maisons ÉnerGuide a déjà été qualifié de gaspillage par les conservateurs jusqu’à ce qu’ils constatent les résultats des sondages sur l’environnement. Souvenons-nous qu’il y a à peine trois mois les conservateurs estimaient que de l’argent dépensé pour assainir l’environnement était du gaspillage. Or, voilà que maintenant ils reprennent l’ancien programme libéral.
Cependant, au lieu de reprendre le programme dans son intégralité, ils en ont supprimé des volets, notamment celui qui prévoyait des fonds pour la vérification du rendement énergétique. Qu’en résultera-t-il? En réalité, cela contribuera à faire en sorte que les Canadiens à faible revenu n’auront probablement pas les moyens de profiter du programme, mais, vu que les Canadiens à faible revenu ne constituent pas la base de l’électorat du Parti conservateur, cette question laisse les conservateurs tout à fait indifférents.
Ce que le gouvernement a fait est vraiment honteux. Je me souviens parfaitement d’avoir constaté, lorsque j’étais ministre des Ressources naturelles, que les gens à faible revenu étaient durement atteints par la hausse des prix de l’énergie. Les gens à faible revenu consacrent 25 p. 100 de leurs gains à l’énergie. Alors, comment le gouvernement conservateur a-t-il modifié notre programme ÉnerGuide? Il a supprimé le volet de la vérification du rendement énergétique, qui est essentiel pour permettre aux Canadiens à faible revenu d’accéder au programme.
Les conservateurs ont donc choisi de punir les gens les plus susceptibles de souffrir de la hausse des prix de l’énergie. Ils les ont en pratique exclus du programme. Ce comportement est tout à fait caractéristique des conservateurs parce qu’ils ne soucient vraiment pas des Canadiens à faible revenu. S’ils sont exclus, tant pis pour eux.
Si seulement le gouvernement pouvait ravaler son orgueil et rétablir intégralement le programme ÉnerGuide, qui est tellement utile! Je ne suis pas du tout persuadé que les conservateurs le trouvent utile, mais c’est ce que j’ai dans mon discours. Quoi qu’il en soit, ils ont au moins rétabli une partie du programme, mais en ont exclu un élément essentiel pour aider les Canadiens à faible revenu.
On trouve un autre exemple dans le projet de loi , que nous avons adopté l’automne dernier. Comme le projet de loi sur les banques dont nous sommes saisis aujourd’hui, la quasi-totalité du projet de loi C-25 était tirée de propositions du gouvernement libéral précédent. C’était un bon projet de loi, mais, à cause de l’inaction des conservateurs, il a fallu le faire adopter à la hâte à la Chambre et au Sénat afin qu’il reçoive la sanction royale à temps pour que nous puissions honorer les engagements pris envers nos partenaires internationaux.
Nous avons encore une fois la même chose aujourd’hui. Une fois de plus, on presse les deux Chambres d’adopter le projet de loi . La législation sur les institutions financières arrivait à expiration en octobre dernier. C’est la raison pour laquelle le gouvernement libéral précédent avait engagé un processus de consultation il y a plus de deux ans, mais les conservateurs ont pris leur temps. Ils ont atermoyé. Ils ont différé la publication du livre blanc pendant qu’ils se regardaient le nombril, puis ont dû demander à la Chambre de prolonger de six mois l’application de la loi, ce que nous avons évidemment fait. Ils veulent maintenant obliger les deux Chambres à adopter ce projet de loi dans les 50 prochains jours pour respecter l’échéance du 24 avril.
Par conséquent, je suis d’une part impressionné que les conservateurs se soient montrés disposés, pour ainsi dire, à mettre en œuvre la majorité des politiques libérales qui les attendaient depuis leur arrivée au pouvoir l’année dernière. Par ailleurs, je suis un peu inquiet de les voir appliquer ces politiques d’une manière aussi fragmentaire et aussi précipitée et de constater à quel point ils manquent d’idées originales sur le plan législatif.
Pis encore, et c’est peut-être le point le plus important, lorsque les conservateurs réussissent à accoucher eux-mêmes d’une idée dans leur propre caucus, elle est presque invariablement descendue en flammes par tous les autres. Je ne crois pas exagérer en disant que leur prétendue loi sur la qualité de l’air est un échec total et que leur mesure législative sur le renversement du fardeau de la preuve a été jugée inconstitutionnelle par la communauté juridique.
Heureusement pour nos institutions financières et les millions de Canadiens qui comptent sur elles, ce gouvernement conservateur d’occasion a décidé de s’en tenir à la politique libérale dans le projet de loi .
Il est à espérer qu'au moment du prochain budget, le mois prochain, les conservateurs se rappelleront des autres programmes libéraux qu'ils ont sabré sans merci. Je pense notamment aux programmes d'alphabétisation, au financement des musées canadiens en difficulté, ainsi qu'au programme de remboursement de la TPS aux visiteurs, sans lequel notre industrie touristique sera désavantagée par rapport au reste du monde.
Il est vraiment étonnant que les conservateurs aient aboli ce programme, faisant ainsi du Canada le seul pays de l'OCDE à en être dépourvu. Cette mesure aura pour effet de priver le Canada des conventions d'affaires et des touristes étrangers que le programme attirait dans le pays. Les experts ont conclu que le gouvernement perdra davantage de recettes fiscales en mettant fin à ce programme qu'il n'en a économisé en l'abolissant. Comme nous nagions littéralement dans l'argent, il n'était absolument pas nécessaire d'abolir ce programme, pas plus qu'il n'était nécessaire de sabrer les programmes d'alphabétisation, les programmes de Condition féminine ou le financement des musées.
Même s'il nage dans l'argent, le gouvernement est passé à l'attaque et il a sabré des programmes qui avaient pour but d'aider les Canadiens les plus vulnérables. Le gouvernement conservateur a également eu la bêtise de sabrer le programme de remboursement aux visiteurs, ce qui n'a aucun sens. Je me souviens que, pendant l'examen des dépenses du gouvernement précédent, les bureaucrates nous ont suggéré d'abolir ce programme. Je sais donc d'où vient cette recommandation. Le gouvernement libéral a eu le bon sens de dire non aux bureaucrates. Le gouvernement conservateur s'est simplement plié à leurs recommandations. Cette décision est particulièrement irréfléchie et improductive.
Pour revenir au livre blanc commandé par les libéraux en préparation de l'examen quinquennal de la Loi sur les banques, une des initiatives les plus intéressantes que les libéraux avaient envisagées dans ce document était de prévoir dans la loi l'imagerie des chèques par voie électronique. Le projet de loi stipule que les banques auront l'obligation d'utiliser les nouvelles technologies pour répondre aux besoins des Canadiens.
À l'heure actuelle, la période maximale de retenue d'un chèque est de dix jours ouvrables suivant la date du dépôt. Pour certains, ce délai est très long, surtout pour les Canadiens à faible revenu qui ont besoin d'accéder à leur argent le plus rapidement possible pour payer leurs comptes et assurer leurs besoins essentiels. Le projet de loi réduira immédiatement la période de retenue à sept jours. Les Canadiens pourront ainsi avoir accès plus rapidement à leur propre argent.
Cela peut se faire encore plus rapidement. En effet, on peut accélérer le processus à l'aide du système d'imagerie des chèques, que les banques canadiennes ont déjà commencé à mettre en oeuvre. En adoptant ce système, les banques n'ont plus à s'échanger des copies des chèques encaissés. Il leur suffit maintenant de créer une image électronique des chèques et de l'envoyer instantanément à l'autre institution.
Qui plus est, lorsque, d'ici quelques années, toutes les institutions financières du Canada disposeront de l'équipement d'imagerie des chèques, la période maximale de retenue des chèques passera de sept à seulement quatre jours. J'espère de plus qu'à mesure que progressera la technologie, nous pourrons réduire encore la période de retenue.
Un deuxième élément de ce projet de loi que j'approuve, c'est une de ses dispositions qui prévoit un régime de divulgation accru qui fournira aux entreprises et aux consommateurs canadiens l'information dont ils ont besoin pour prendre les décisions les plus éclairées possibles en matière d'investissement. Le projet de loi veillera à ce que le régime de divulgation relatif aux produits d'épargne soit aussi efficace pour les millions de clients en ligne que pour les clients des succursales. Une forte concurrence et un solide régime de divulgation de l'information constituent deux des principaux outils garantissant que les institutions financières répondent correctement aux besoins des consommateurs.
Comme je l'ai déjà dit, l'opposition officielle appuiera ce projet de loi. Mon collègue en dira un peu plus sur d'autres dispositions du projet de loi. Mais j'espère que le soi-disant nouveau gouvernement du Canada continuera d'utiliser pleinement nos idées et qu'il ne deviendra pas dangereusement incompétent comme le précédent gouvernement conservateur qui a tellement nui au bien-être économique du Canada.
Je pourrais peut-être utiliser le temps qu'il me reste pour expliciter ma pensée à cet égard. En quoi le dernier gouvernement conservateur a-t-il nui au bien-être du Canada? C'est en accusant des déficits et en les léguant aux libéraux pour qu'ils les épongent. L'exemple le plus frappant de l'histoire économique récente est le gouvernement Mulroney, qui a légué au gouvernement libéral un déficit de 42 milliards de dollars. Il nous a fallu plusieurs années pour éponger ce déficit.
Notre cote de crédit a effectivement baissé en 1992 sous le gouvernement Mulroney. Depuis 1951, le Canada avait une cote AAA. Après une série de déficits qui nous destinait, selon le FMI, à un statut de pays du tiers monde, notre cote de crédit a été révisée à la baisse en 1992. Il a fallu 10 ans aux libéraux pour nettoyer le gâchis conservateur et rétablir notre cote au niveau AAA.
Il ne faut pas penser que c'est un cas isolé. Chez nos voisins du Sud, nous avons vu Bill Clinton réaliser des excédents. Qui est responsable des énormes déficits? George W. Bush et, avant lui, Ronald Reagan. Nous pouvons aussi examiner le cas de l'Ontario. C'est la même chose. Le gouvernement de Mike Harris-Ernie Eves avait promis un budget équilibré, mais quand le gouvernement est tombé, qu'ont trouvé les vérificateurs? Un déficit de 5,8 milliards de dollars. Cet exemple est très pertinent pour nous, parce que trois de nos ministres de premier plan étaient également des ministres importants de ce gouvernement.
Par le passé, les conservateurs, qu'il s'agisse de Ronald Reagan ou George Bush aux États-Unis, ou Brian Mulroney et Mike Harris au Canada, ont accumulé d'énormes déficits. Ils ont légué ces déficits aux gouvernements libéraux qui leur ont succédé pour qu'ils les épongent.
Qu'en est-il de l'actuel gouvernement conservateur? Il a hérité des excédents les plus importants de l'histoire canadienne. Voilà pourquoi il est aussi important qu'il utilise cet argent avec sagesse, mais ce n'est pas ce qu'il fait.
Comme je l'ai dit, les conservateurs ont fait le contraire de ce qui s'imposait pour que le Canada dispose d'une économie solide pour tailler sa place au XXIe siècle. Ils ont haussé les impôts sur le revenu. Ils ont fait des compressions dans la recherche et dans l'éducation. Ils ont sabré dans les programmes destinés aux Canadiens les plus vulnérables, dans les programmes d'alphabétisation, dans les programmes pour les femmes et dans les programmes des musées. Ils ont pris toutes ces mesures alors qu'ils se noyaient littéralement dans l'argent durement gagné des Canadiens.
Je terminerai ici mon discours en disant que j'espère que le nouveau gouvernement continuera d'appliquer nos idées le plus possible et qu'il saura éviter de reproduire l'incompétence dangereuse de l'ancien gouvernement conservateur qui a tant miné le bien-être du Canada.
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Monsieur le Président, avant d'entrer dans le vif du sujet et de parler du projet de loi , je voudrais ajouter quelques commentaires sur la question des finances publiques.
Le porte-parole libéral en matière de finances qui vient d'intervenir avant moi a rappelé effectivement que les années Mulroney ont été des années extrêmement désastreuses au plan des finances publiques canadiennes avec des déficits importants, le dernier étant de 42 milliards de dollars.
Toutefois, il faut rappeler certains faits pour l'information du public et pour que tout le monde ait l'ensemble des éléments. Le premier déficit enregistré en 1975 l'a été par un ministre des Finances libéral, John Turner. Ensuite, la valse des déficits s'est poursuivie jusqu'en 1993-1994. La solution des libéraux a été de pelleter le problème dans les provinces, le Québec en particulier, en créant le problème du déséquilibre fiscal. Si on fait alors le portrait exact des 20 ou 30 dernières années au plan des finances publiques, il n'y a pas de leçons à donner ni d'un coté ni de l'autre.
Revenons au projet de loi , Loi modifiant la législation régissant les institutions financières et comportant des mesures connexes et corrélatives. Le Bloc québécois sera évidemment en faveur de ce projet de loi essentiellement technique et en ce sens, on n'aura pas de problème à l'appuyer.
Étant donné que c'est justement un projet de loi technique, il n'aborde pas les questions de fond sur lesquelles on se serait attendus que le gouvernement conservateur nous apporte des réponses, des pistes de solution ou même qu'il soulève des questions. Je pense, par exemple, à toute la question des transactions électroniques. Il n'en est absolument pas question, hormis la question de l'imagerie des chèques, sur laquelle je reviendrai.
On sait que c'est un enjeu majeur du développement économique du Canada et du Québec et de l'ensemble de nos économies. Ne pas avoir abordé cette question, ne pas avoir apporté de pistes de solution, au moins en termes de réglementation, fait en sorte qu'on risque de rencontrer au cours des prochaines années un plafonnement au plan des transactions électroniques. En effet, le cadre règlementaire n'est pas adéquat. En ce sens, on se serait attendus à ce qu'on aborde cette question dans le projet de loi .
La question des frais bancaires est du même ordre. Il est peut-être pertinent qu'il y ait des frais pour certaines transactions. Toutefois, toutes les transactions nécessitent-elles d'être tarifées? Certaines tarifications sont quand même assez questionnables. On peut penser, entre autres, au fait de retirer de l'argent d'un guichet automatique d'une autre banque que celle avec laquelle on fait affaire habituellement. Cette transaction comporte des frais relativement élevés. On aurait pu au moins se questionner à ce sujet.
D'ailleurs, le rencontrera les banques dans les prochains jours pour discuter de ces questions. Il aurait été intéressant, qu'avant d'en discuter avec les banques, on puisse avoir une discussion de fond au Comité permanent des finances sur la base d'un certain nombre d'informations qu'auraient pu nous transmettre et le ministère des Finances et le . Mais non, il a fallu que cette question soit soulevée par un des membres du Comité permanent des finances et que le comité prenne sur lui d'entreprendre des travaux concernant les frais bancaires.
Encore une fois, sur des questions de ce type, il ne faut pas avoir une approche idéologique, que ce soit de droite ou de gauche. Il faut d'abord essayer de comprendre pourquoi les banques imposent ces frais, quelle en est la pertinence et de fixer des règles ou des limites, d'encadrer cette pratique sur la base d'informations et de faits et non pas sur la base d'idées préconçues.
En ce sens, le travail se fera du coté du Comité permanent des finances. Toutefois, on se serait attendus que, dans une loi qui vient réviser la loi sur les banques — ce qui se fait seulement tous les cinq ans —, on ait abordé ces sujets qui sont débattus dans l'ensemble de la société canadienne et québécoise.
Il y a un autre élément qui aurait dû être inclus dans ce projet de loi. Il s'agit de toute la question du réinvestissement communautaire. On sait qu'il existe parfois des pratiques discriminatoires de la part de nos institutions bancaires. Je dirais qu'elles ne sont même faite pas de façon délibérée. C'est tout simplement une certaine pratique qu'on appelle de la discrimination systémique.
Je donne un exemple. Chaque année, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, qui est loin d'être une institution gauchiste, comme on le sait, dénonce la discrimination faite envers les femmes entrepreneures, particulièrement de petites et moyennes entreprises. Le 8 mars sera la Journée internationale de la femme et cela sera probablement dénoncé encore cette année.
Il s'agit d'un fait avéré que même le milieu des affaires reconnaît, et il faut donc chercher des moyens de contrer cette discrimination systémique.
Aux États-Unis, le réinvestissement communautaire est une pratique qui oblige les institutions bancaires à faire le portrait des demandeurs de prêts et de crédit, et de l'acceptation par les banques de ces demandes. Lorsqu'on s'aperçoit que certains groupes sont sous-représentés malgré les demandes, un fonds spécial met alors de l'argent à la disposition de ces investisseurs qui font l'objet de discrimination sur la base de leur profil par les banques. Tant mieux s'il n'y a pas de discrimination et que les institutions bancaires font le profil et le portrait de ce rapport entre les demandes de prêts et les prêts autorisés.
Cependant, je le répète, c'est une pratique courante aux États-Unis, et ça oblige les institutions bancaires à réinvestir dans la communauté auprès des groupes qui ont le plus de difficultés à obtenir du crédit, en particulier, pour démarrer des entreprises.
Une autre question aurait dû être abordée lors de cette étude du projet de loi . Il s'agit de la question des paradis fiscaux. Comment se fait-il que les banques canadiennes soient des utilisatrices frénétiques de paradis fiscaux? Je pense entre autres à la Banque de Nouvelle-Écosse — Bank of Nova Scotia —, car j'ai pu constater qu'elle est présente dans à peu près tous les paradis fiscaux des Antilles: les Bermudes, les Bahamas et autres. Pourquoi? Est-ce tout simplement parce qu'elle n'a pas le choix étant donné le contexte international? On voudrait le savoir. La question n'a même pas été posée. Est-ce que c'est parce que les lois et les règlements canadiens ne sont pas assez exigeants? À ce sujet, le Comité permanent des finances avait commencé à étudier une piste, et il devra le faire au cours des prochaines semaines.
Vous vous rappelez qu'on a eu en cette Chambre des débats assez intéressants concernant l'utilisation, par des compagnies comme la Canada Steamship Lines Inc., de paradis fiscaux pour échapper à leurs responsabilités de citoyens corporatifs. Comme je vous le mentionnais, ce débat aurait au moins dû être esquissé, mais ce sera à faire. D'ailleurs, le Bloc québécois à l'intention, au cours des prochaines semaines, de proposer une motion pour que le comité poursuive son travail concernant les paradis fiscaux.
Un autre élément concerne les vols d'identité. On sait maintenant que certains malfaiteurs peuvent avoir accès à l'ensemble de notre profil grâce aux cartes d'assurance sociale. D'ailleurs, comme vous le savez, il y en a quelque 5 millions de trop en circulation.
Avec un certain nombre d'informations en matière de crédit, ces personnes se présentent à une institution financière, hypothèquent votre maison et disparaissent avec l'argent. Malheureusement, ce sont des choses qui arrivent quotidiennement. Rien n'encadre ce délit qui n'est pas encore reconnu comme tel. Il arrive que des citoyens se retrouvent du jour au lendemain endettés envers les banques.
Qui est responsable dans ce contexte? Les banques n'auraient-elles pas la responsabilité de s'assurer que la personne qui se présente devant eux avec un certain nombre d'informations est bien la bonne personne?
À mon avis, on pourrait faire un débat intéressant à ce sujet. D'ailleurs, on l'a esquissé lors de l'étude du projet de loi . Et les fonctionnaires du ministère nous disaient qu'il faudrait d'abord inscrire cet acte dans le Code criminel comme un crime pour ensuite s'assurer de l'encadrer sur le plan de la Loi sur les banques.
Nous aurions dû soumettre un certain nombre de pistes. Évidemment, les partis d'opposition, le Bloc québécois et le NPD, ont tenté de corriger un certain nombre de choses. Toutefois, la plupart de ces amendements ont été jugés hors d'ordre parce qu'ils dépassaient le cadre du projet de loi qui nous était soumis.
Comme je le mentionne, c'est un projet de loi qui a limité énormément la possibilité des parlementaires de faire leur travail dans le cadre de cette révision de la Loi sur les banques. Et, malheureusement, c'est une occasion qui nous est offerte seulement tous les cinq ans. J'espère qu'on n'attendra pas cinq ans, du côté du ministère, du ministre et du gouvernement conservateur, pour entreprendre des travaux sur ces questions qui touchent la population.
Il y a aussi un certain nombre de choses qui mériteraient d'être poussées un peu plus loin, comme la question de l'ombudsman des banques, par exemple.
J'ai aimé le débat qui s'est esquissé et où des représentants d'institutions bancaires ont expliqué en quoi ce système consistait et pourquoi les institutions le finançait. Ces représentants ont aussi expliqué l'indépendance relative de l'ombudsman et le fait que les décisions prises par cet ombudsman étaient respectées à 100 p. 100 depuis la création de ce poste.
Il n'en demeure pas moins que des associations de consommateurs et des consommateurs eux-mêmes se sont présentés devant le comité. Ils considéraient ne pas avoir la protection nécessaire et suffisante pour faire face à certains litiges qui existent entre les consommateurs et les banques.
De mon côté, je ne préjuge pas de la réponse. Pourtant, il me semble qu'on aurait dû pousser plus loin cette question. Il n'en demeure pas moins qu'après l'étude du projet de loi , les associations de consommateurs continueront à considérer, à tort ou à raison, que la Loi sur les banques ne protège pas suffisamment les consommateurs. Je leur donne raison quant au fait qu'on n'a pas étudié suffisamment cette question et qu'on n'a pas pu l'approfondir. En ce sens, leurs interrogations demeurent sans réponse.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, le projet de loi est très technique et a limité le débat sur un certain nombre de questions. De plus, ce projet de loi a été étudié très rapidement, je dois l'avouer. Le comité a fait ce travail en trois séances. Je ne pense pas que les membres du comité avaient besoin d'énormément plus de séances étant donné le cadre technique du projet de loi. Toutefois, selon moi, à l'avenir, il faudrait que lorsqu'on étudie un projet de loi de cette nature, on devrait tenir des débats beaucoup plus substantiels et soutenus, surtout que la Loi sur les banques n'est révisée que tous les cinq ans.
Comme je l'ai déjà mentionné, le Bloc québécois votera en faveur de ce projet de loi. Bien que ce dernier ne touche pas les grands débats de société entourant les institutions bancaires et l'ensemble du système bancaire canadien, le projet de loi instaurera tout de même un certain nombre de mesures avec lesquelles le Bloc est d'accord. Par exemple, il instaurera des mécanismes de transmission de l'information aux consommateurs, ce qui leur permettra d'obtenir plus d'information afin d'effectuer des choix éclairées en ce qui a trait à leur consommation de services bancaires. C'est un pas dans la bonne direction. Cela demeure à parfaire, mais on va dans la bonne direction.
De plus, un cadre réglementaire permettant l'utilisation des données numériques dans le traitement des chèques a été instauré, ce qui permettra de réduire les délais de retenue des chèques par les institutions bancaires.
Là encore, je pense que personne ne se plaindra du fait qu'au lieu que son chèque soit gelé pendant une période de dix jours ou de sept jours — comme le prévoit l'entente volontaire entre les institutions bancaires et le ministère des Finances —, les fonds ne seront gelés que pendant quatre jours, si ma mémoire est bonne. J'aurai l'occasion d'y revenir. Par contre, il n'en demeure pas moins que les membres du comité se sont questionnés à savoir pourquoi on continuait à geler les fonds des chèques déposés pendant plus que 24 heures, malgré l'ensemble des moyens électroniques que nous possédons.
Il faudra attendre que l'imagerie numérique soit mise en place. On n'a pas eu de réponse à ce sujet.
Il faut réduire au plus court le délai pendant lequel ces fonds sont gelés. Cela crée énormément de problèmes, en particulier pour les petits épargnants et les petites et moyennes entreprises. Tout de même, la possibilité de l'imagerie sera là. Espérons que les banques l'utiliseront pour réduire au maximum les délais d'attente pour débloquer les fonds.
De plus, il y a un élément qui porte sur la réduction du fardeau réglementaire auquel les banques étrangères, les coopératives de crédit et les compagnies d'assurances sont soumises afin de rendre plus efficace le mécanisme d'application de la réglementation. Évidemment, personne ne veut une réglementation sous prétexte d'avoir une réglementation. Tout le monde a convenu qu'il s'agissait d'un pas intéressant, particulièrement pour les coopératives.
Le fait de pouvoir faciliter la venue de banques étrangères sur les marchés canadien et québécois ne peut qu'être bénéfique pour les consommateurs. On le sait, notre marché bancaire est extrêmement concentré au Canada, avec seulement cinq grands joueurs. Malgré les efforts qui ont été faits pour créer une concurrence, en particulier par l'adoption du projet de loi C-8 il y a quelques années, il faut reconnaître qu'il n'y a pas beaucoup de concurrence, particulièrement dans les régions.
Dans le cas du Québec, par exemple, on pourrait dire que, en région, le mouvement Desjardins a pratiquement un monopole puisque les grandes institutions bancaires ont décidé de déserter ce marché, ne le trouvant peut-être pas assez lucratif.
Nous sommes donc dans une situation où la concurrence ne donne pas tous les effets auxquels on pourrait s'attendre, et la venue de banques étrangères et de coopératives de crédit offre la possibilité d'une réelle concurrence dans le secteur financier, ce qui est tout à fait souhaitable.
La réglementation en matière de prêts hypothécaires est aussi revue: il s'agit de réduire la partie assurable. Actuellement, jusqu'à 75 p. 100 des parties peuvent être non assurées; le reste doit être assuré. Évidemment, cela représente des frais pour les consommateurs qui veulent s'acheter une maison. On augmente ce ratio à 80 p. 100. Donc, en réduisant de 5 p. 100 la part qui doit être assurée, on permettra à un certain nombre de personnes d'avoir plus facilement accès à la propriété, à moindre coût. On ne peut pas être contre cela non plus, évidemment.
Un certain nombre de choses ont aussi été revues. Elles concernent la proportion de capitaux propres qui permettent la détention d'une banque par un seul actionnaire ou des groupes d'actionnaires. Aussi, cela devrait faciliter l'entrée de plus petites banques dans le marché. Il faut le souhaiter. En effet, comme je le mentionnais, les dernières législations adoptées n'ont pas encore créé la concurrence sur le marché financier, comme on doit le souhaiter.
Donc, nous serons en faveur de ce projet de loi. Pendant le temps qui m'est imparti, je vais me permettre d'aller un peu plus en détail sur certains aspects qu'on retrouve dans ce projet de loi .
Tout d'abord, je vais structurer ma présentation selon un certain nombre d'axes.
Le premier axe concerne tout ce qui touche les intérêts des consommateurs. Un certain nombre de mesures allant dans ce sens ont été prises dans le projet de loi . Comme je l'ai mentionné, on ne va pas assez loin, mais, au moins, un certain nombre de mesures vont dans le bon sens.
Le deuxième axe concerne l'amélioration de l'efficience législative. À cet égard, on retrouve un certain nombre de mesures dans le projet de loi .
Finalement, le dernier axe concerne un ensemble de mesures de diverses natures figurant dans le projet de loi .
Dans le premier axe, en ce qui concerne la promotion des intérêts des consommateurs, on trouve d'abord un premier thème, soit l'amélioration du régime de divulgation des informations aux consommateurs. J'en ai parlé tout à l'heure dans mon introduction. Cela permettra aux consommateurs de faire des choix plus éclairés quant aux véhicules de placement qu'ils choisiront.
On a décidé de hausser les normes concernant la divulgation des charges et des obligations. Il y a aussi des pénalités plus importantes liées aux différents comptes et véhicules de placement. De plus, lorsqu'elle sera adoptée, la loi obligera les institutions à divulguer clairement ces renseignements dans toutes leurs succursales par l'entremise d'Internet et aussi par écrit à toute personne qui en fera la demande.
On me dira que cela va de soi, bien évidemment, mais ce n'était pas encore dans la Loi sur les banques. Ne pouvant nous opposer à la vertu, comme vous le savez, nous appuierons donc cette mesure.
Il y a un deuxième élément qu'on retrouve toujours dans l'axe concernant les consommateurs. Il s'agit de la modification du cadre réglementaire pour permettre l'instauration de l'imagerie numérique dans le traitement des chèques, comme je le mentionnais. Cela permettra de réduire le temps de retenue des chèques par les institutions bancaires. Cela va aussi dans le sens de ce qui a été demandé.
En ce qui concerne l'efficience législative, j'ai déjà parlé de l'allègement du fardeau réglementaire pour les banques étrangères et les coopératives. Il faudra aussi rationaliser le régime d'approbation réglementaire et assouplir le cadre pour les coopératives.
Finalement, pour ce qui est des autres mesures, comme je l'ai mentionné, la plus importante est de relever de 75 à 80 p.100 le ratio prêt-valeur auquel une assurance est obligatoire pour les prêts hypothécaires résidentiels.
Donc, comme je le mentionnais dès le départ, le Bloc québécois appuiera le projet de loi .
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Monsieur le Président, c’est pour moi un plaisir de prendre part au débat sur la dernière lecture du projet de loi , qui modifie les textes législatifs pour tenir compte de l’examen de la Loi sur les banques.
D’emblée, je dois dire que, comme le comité l’a entendu à maintes reprises, tout le processus et le projet de loi déçoivent profondément les Canadiens d’un peu partout. Il se pose une question fondamentale pour les villes et localités canadiennes: le droit à des services financiers locaux.
Il y a là une obligation fondamentale pour les banques à charte. Les Canadiens se sentent de plus en plus écrasés par les règlements et les frais des banques, sans pourtant avoir accès à l’information voulue pour prendre des décisions éclairées.
Partout, il y a des collectivités, surtout dans le cœur des villes, en zone rurale et dans le Nord, où les succursales ferment les unes après les autres. Dans ces localités, les consommateurs en sont réduits à traiter régulièrement avec des prêteurs sur salaire et des établissements financiers marginaux, quitte à payer des frais d’intérêt astronomiques. Des consommateurs, dans ces collectivités, doivent aller chercher dans des guichets automatiques l’argent qu’ils ont durement gagné, et là encore, les frais sont exorbitants.
Sur tous les plans, dans le domaine des banques et des institutions financières, le travail législatif qui s’achève n’a pas bien servi les intérêts des Canadiens. Tous les cinq ans, nous avons l’occasion d’examiner la Loi sur les banques et d’apporter les modifications nécessaires pour répondre aux préoccupations des Canadiens et nous adapter à la nouvelle technologie.
Ce n’est pas ce que nous avons fait dans le projet de loi à l’étude. Nous avons laissé tomber les Canadiens lamentablement. Pourquoi? Comment en est-on arrivé là? Commençons par rappeler un fait : dans l’ensemble, les grands acteurs, dans tout ce travail d’examen de la Loi sur les banques, ce sont les grandes banques, les institutions financières, les gens et les organisations qui ont un énorme pouvoir et beaucoup d’argent.
En pareil contexte, il est très difficile pour les simples citoyens, pour les familles ordinaires de travailleurs, et pour les organisations sans but lucratif, de faire valoir leur point de vue. Le gouvernement ne leur accorde ni argent ni soutien pour équilibrer les forces en présence. Les gouvernements — ni celui-ci, ni le gouvernement libéral qui l’a précédé — n’ont fait aucun effort pour que les règles soient équitables pour tous, pour garantir que les groupes de consommateurs et les simples citoyens puissent dire leur mot au cours de l’examen de la Loi sur les banques et être à armes égales devant les grandes banques, les grandes sociétés d’assurance, les intérêts financiers au Canada.
En conséquence, la mesure législative qui nous a été soumise a une portée très limitée. Elle ne fait que rafistoler le système, en y apportant certains changements nécessaires il est vrai, mais elle ne fait rien pour régler les problèmes les plus urgents au niveau des banques et des institutions financières.
S'il y a une lueur d'espoir dans tout cela et un aspect positif dans ce processus, c'est qu'en raison de la situation politique trouble dans laquelle nous nous trouvons, le gouvernement actuel et l'ancien gouvernement ont décidé de mettre une sourdine à leur projet de répondre aux désirs de fusion des banques, tant au niveau des institutions bancaires que des fusions croisées.
La situation minoritaire dans laquelle se trouve le gouvernement depuis quelques années a fort heureusement ralenti les activités des grandes banques et de leurs porte-parole ici au Parlement. Il est heureux que la présente mesure législative ne comprenne aucune disposition permettant les fusions bancaires ou les fusions croisées, lesquelles prévoient le partage et la fusion de responsabilités relatives aux assurances.
Plusieurs d'entre nous avaient des craintes à cet égard. Bon nombre de petits courtiers d'assurance au pays pensaient que les banques obtiendraient gain de cause et prendraient le contrôle du secteur des assurances en plus de tous les autres secteurs financiers, faisant ainsi disparaître un grand nombre de courtiers indépendants et donnant lieu à des ventes liées et à un affaiblissement de la concurrence. Ce qui est le plus positif dans ce projet de loi, c'est ce qui ne s'y trouve pas. C'est à peu près tout ce que je peux dire de positif à cet égard pour le moment.
Ce que je trouve le plus triste dans ce projet de loi, c'est qu'on n'y trouve rien au niveau des opérations courantes. Il n'y a aucune mesure dans ce projet de loi qui force les banques à rendre des comptes aux Canadiens et à justifier les profits de 19 milliards de dollars que les banques enregistreront cette année. Il suffit de regarder les statistiques pour comprendre que les banques se trouvent dans une situation très stable et très lucrative et qu'elles enregistrent des profits plus faramineux que jamais. Non seulement les banques réalisent d'énormes profits, mais les PDG des grandes banques touchent des salaires exorbitants.
Une étude menée récemment par le Centre canadien de politiques alternatives a documenté le fait que les salaires des PDG des grandes banques et des grandes pétrolières étaient si élevés et si exagérés que ces PDG gagnaient en quelques heures ce qu'un grand nombre de Canadiens gagnent en une année entière.
Cela nous a certes été révélé lors d'une récente décision de la Banque Royale du Canada. Soit dit en passant, les bénéfices de la banque ont augmenté de 40 p. 100 l'année dernière. Elle a réalisé des bénéfices de 4,7 milliards de dollars. La Banque Royale a accordé à son PDG, Gordon Nixon, une augmentation de 25 p. 100 l'année dernière pour une rémunération totale de 11,9 millions de dollars, y compris une prime salariale de 5 millions de dollars. M. Nixon reçoit un salaire de 1,4 million de dollars, une prime de 5 millions de dollars, ainsi que des actions à dividende différé et des options d'action évaluées à 5,5 millions de dollars. Au cours de l'exercice 2005, il avait reçu 9,5 millions de dollars. La banque a également versé des cotisations d'environ 766 000 $ dans le régime de retraite de M. Nixon, comparativement à 620 000 $ l'année précédente.
Non seulement les PDG gagnent en quelques heures ce que les Canadiens gagnent en une année, mais je crois qu'ils gagnent en une année ce que les Canadiens ne pourraient jamais gagner au cours de toute une vie.
Cela ne serait pas si mal si nous pouvions exiger que les banques rendent des comptes. C'est là l'objectif d'un gouvernement et des lois. C'est la raison pour laquelle nous sommes ici: pour examiner attentivement les mesures législatives afin de veiller à ce que les règles du jeu soient équitables et à ce que les Canadiens bénéficient de certaines mesures de protection. Je crains que nous ne trouvions pas cela dans ce projet de loi.
Avant de formuler quelques critiques à cet égard, permettez-moi également de dire que, lorsqu'il est question des grandes banques, nous savons aussi que bon nombre de ces institutions transfèrent leur argent à l'étranger pour éviter de payer des impôts. N'oublions pas les études. Je me reporte à une étude qui remonte à quelques années, mais je suis certaine que ses conclusions sont toujours d'actualité. On a rapporté clairement que les cinq grandes banques du Canada ont privé les coffres de l'État de 10 milliards de dollars depuis 1991 en se servant de refuges fiscaux à l'étranger. Non seulement les banques réalisent des bénéfices énormes, mais elles transfèrent l'argent à l'étranger pour éviter de payer des impôts sur cet argent.
Et, bien évidemment, elles souhaitaient vivement s'assurer que nous suivions les conseils des libéraux, que nous préservions les fiducies de revenu, que celles-ci demeurent en bonne place sur la liste de nos priorités, de manière à pouvoir disposer de ces entités intermédiaires et évitent ainsi de payer des impôts. N'oublions pas, au moment où nous entendons l'ancien ministre libéral des Finances critiquer le Nouveau Parti démocratique, qui a manifesté la fermeté ses convictions, a refusé de changer de position et a déclaré dès le départ qu'il fallait éliminer progressivement les fiducies de revenu, que nous devions tout mettre en oeuvre pour colmater cette brèche fiscale et pour bloquer toutes les échappatoires à l'impôt sur les sociétés. Lui est ses collègues ne l'ont pas fait lorsqu'ils en avaient l'occasion du temps où ils formaient le gouvernement. En dépit de tous les propos creux d'aujourd'hui, nous savons à quel râtelier ils mangent et quel camp ils choisissent aux moments cruciaux.
Disons clairement aussi que les banques ont englouti une grande partie de leur argent dans des activités spéculatives sur la scène internationale. N'oublions pas certaines des activités de la CIBC et ses liens avec Enron. N'oublions pas les scandales dans lesquels nos banques ont été impliquées. Une partie de leurs bénéfices a été gaspillée parce qu'elles ont spéculé sur la scène internationale.
Je rappelle tout cela pour souligner qu'en réalité, nous devons agir, et exercer notre rôle de parlementaires, pour reprendre la maîtrise de la situation et pour obliger les banques à rendre des comptes. La réputation est une chose importante et les banques le savent. Je pense que la réponse de certaines des grandes banques à notre plaidoyer pour qu'elles annulent les frais qu'elles imposent aux gens pour l'utilisation des guichets automatiques indique qu'elles se rendent compte qu'elles ont un problème de relations publiques et qu'elles doivent s'y attaquer.
S'agissant de la nécessité que les Canadiens fassent confiance aux banques, j'aimerais rappeler certaines déclarations du Bureau du surintendant des institutions financières et citer en particulier une déclaration assez récente de Nicholas Le Pan:
Dans le secteur des services financiers, tout repose sur la confiance! D’où l’importance de la réputation d’une institution et la nécessité d’adopter une attitude « tolérance zéro » à l’égard du risque d’atteinte à la réputation.
Voilà le message que notre Parlement doit faire entendre aux banques. Il faut leur dire qu'elles ont dépassé de loin la tolérance zéro pour le risque d'atteinte à leur réputation. Les banques ne jouissent pas de la confiance des Canadiens. La position très avantageuse qu'occupent les banques aujourd'hui ne leur mérite pas la loyauté absolue. C'est ce qui doit changer. C'est la raison pour laquelle nous sommes ici. Nous devons dire aux banques qu'elles doivent rendre des comptes aux Canadiens, qu'elles doivent être ouvertes et transparentes. Or, rien dans la Loi sur les banques, ni dans la mesure que nous étudions n'exige une telle chose des banques.
Constatation intéressante, l'Agence de la consommation en matière financière du Canada, autorisée aux termes de la Loi sur les banques, signale des centaines de violations. Mais connaissons-nous les noms des banques qui ont violé la Loi sur les banques et les lois de notre pays? Non. Les banques n'ont pas l'obligation de se faire connaître. Le gouvernement n'a aucune obligation de les nommer.
Les consommateurs qui souhaitent comparer les services bancaires pour trouver les meilleurs ne peuvent obtenir l'information de base nécessaire pour le faire. Nous pourrions l'obtenir pour acheter un grille-pain, prendre des vacances ou acheter une maison. Cependant, lorsque vient le moment de choisir une banque, nous ne pouvons obtenir l'information de base. Les Canadiens ne peuvent obtenir l'information qui leur est nécessaire pour prendre une décision en toute sagesse...
M. John Cannis: Pourquoi?
Mme Judy Wasylycia-Leis: ...la raison en est que le libellé de la Loi sur les banques n'assure pas la transparence des banques ni leur obligation de rendre des comptes aux Canadiens.
Je vois que j'ai piqué la curiosité de certains de mes collègues d'en face. Permettez-moi de leur dire ce que nous avons tenté de faire durant l'étude du projet de loi par le comité. Pour obliger les banques à rendre des comptes, nous avons proposé une motion portant que soient publiés les noms des banques ayant violé les dispositions de la Loi sur les banques visant la protection du consommateur. On ne nous a pas autorisés à le faire parce que, supposément, cela dépassait la portée du projet de loi.
Je dois dire qu'à part un amendement du Bloc à propos du réinvestissement équitable dans la collectivité et quelques amendements d'ordre administratif de la part des conservateurs, tous les autres amendements ont été proposés par le Nouveau Parti démocratique. Les deux heures que nous avons passées à débattre du projet de loi et à y proposer des amendements ont principalement porté sur les 30 et quelques amendements que j'ai moi-même présentés. Les libéraux n'ont proposé absolument aucun amendement, pas une seule recommandation pour modifier la Loi sur les banques. Rien du tout. Que dalle.
Pourtant, l'ancien ministre du Revenu national, qui est aujourd'hui porte-parole des libéraux en matière de finances, a éreinté le NPD à la Chambre. Pourquoi donc? Parce que nous faisons notre travail. Parce que nous investissons du temps et de l'énergie dans l'étude d'un projet de loi.
Par hasard, est-ce que la question des fiducies de revenu et le fait que nous avons fait notre travail quand les libéraux étaient au gouvernement sont toujours des sujets délicats? Quand le gouvernement libéral a refusé d'expliquer les transactions boursières suspectes survenues le 23 novembre 2005, nous lui avons demandé de faire quelque chose. Nous avons demandé au gouvernement de faire enquête. Il a refusé.
Vous avez fait appel à la GRC.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Excusez-moi, monsieur le Président, mais un libéral vient de m'interrompre pour dire que nous avons fait appel à la GRC. C'est vrai, mais seulement après avoir demandé au gouvernement libéral de prendre la question au sérieux. Quand les libéraux ont refusé, nous avons fait la chose logique, la seule chose qui nous restait à faire, quelque chose que les libéraux feraient aujourd'hui, c'est-à-dire demander la tenue d'une enquête.
Il n'y avait pas de gouvernement.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Monsieur le Président, c'est vrai, j'imagine qu'on pourrait dire qu'il n'y avait pas de gouvernement. Les libéraux agissaient comme s'il n'y avait pas de gouvernement à l'époque.
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Monsieur le Président, au nom des électeurs de Don Valley-Est, je suis ravie d'intervenir au sujet du projet de loi .
Le Canada a ceci de particulier que toutes les lois fédérales relatives aux institutions financières comportent une disposition de caducité et doivent conséquemment faire l'objet d'un examen tous les cinq ans. Cela rend les institutions financières canadiennes plus efficaces, car on peut ainsi suivre le rythme rapide des changements technologiques et s'adapter aux services qui en découlent.
Comme le député de l'a indiqué à la Chambre, le contenu du projet de loi repose largement sur le livre blanc commandé par le gouvernement libéral précédent en vue de l'examen législatif de la Loi sur les banques.
Le projet de loi contient une disposition visant à accroître la communication de renseignements et j'approuve cet élément. Les entreprises et les consommateurs canadiens pourront obtenir l'information dont ils ont besoin pour prendre les décisions d'investissement les plus éclairées possible. En vertu du projet de loi , la communication de l'information sur les produits d'épargne serait aussi efficace pour les millions de clients qui effectuent des transactions en ligne que pour les clients qui se rendent dans les succursales.
Une forte concurrence et la communication de l'information représentent deux des meilleurs outils disponibles pour faire en sorte que les institutions financières répondent bien aux besoins des consommateurs canadiens. Au chapitre de la communication de l'information, toutefois, je suis déçue que les conservateurs n'aient pas tenu compte d'une suggestion importante du livre blanc portant sur le processus de traitement des plaintes relatives aux institutions financières.
J'imagine que beaucoup de Canadiens connaissent mal le processus de traitement des plaintes qui est en vigueur à leur banque. Il aurait été bon d'inscrire dans la loi l'obligation de fournir des renseignements sur le processus.
Je suis prête à parier que bon nombre de Canadiens ignorent qu'il existe un ombudsman des services bancaires qu'ils peuvent consulter s'ils ont épuisé toutes les ressources disponibles. L'ombudsman des services bancaires et son personnel accomplissent du très bon travail et j'aurais aimé qu'on exige de renseigner les gens à ce propos.
Le projet de loi modifierait aussi le seuil de l'assurance-prêt hypothécaire au Canada. À l'heure actuelle, l'acheteur qui fournit un dépôt inférieur à 25 p. 100 est tenu par la loi de contracter une assurance auprès de la Société canadienne d'hypothèques et de logement ou d'un fournisseur privé semblable.
Le projet de loi ferait passer cette exigence minimale de 25 p. 100 à 20 p. 100, ce qui permettrait à davantage de Canadiens d'obtenir un prêt hypothécaire sans devoir payer les frais supplémentaires de l'assurance hypothécaire. Il semble raisonnable d'établir dans la loi un seuil en-dessous duquel l'assurance hypothécaire est obligatoire. Pendant les années d'inflation sans limite sous le gouvernement Mulroney, cela était bien plus que raisonnable; c'était une question de prudence et de nécessité.
Après des décennies de solide leadership libéral, le Canada profite aujourd'hui de faibles taux d'inflation et de chômage. Par conséquent, il est plus important que raisonnable de réduire le montant minimum que les Canadiens doivent déposer afin d'obtenir un prêt hypothécaire sans assurance.
J'aimerais ajouter que les Canadiens doivent être confiants que leur gouvernement protège les consommateurs de façon adéquate. Par contre, l'an dernier, le gouvernement conservateur a causé une onde de choc d'un bout à l'autre du pays lorsqu'il a fait une annonce dévastatrice qui allait à l'encontre d'une de ses promesses électorales clés.
Le 31 octobre, le gouvernement conservateur a largué une bombe sur les Canadiens en assujettissant à un nouveau régime fiscal les fiducies de revenu cotées en bourse. Les conséquences sur les marchés canadiens ont été désastreuses, provoquant la perte permanente de plus de 20 milliards de dollars, la majeure partie au détriment de Canadiens âgés qui comptaient sur les fiducies de revenu pour payer leurs dépenses quotidiennes.
Le pire, c'est que les investisseurs canadiens ont été attirés dans cette fraude massive par une promesse électorale qu'avait faite l'actuel . Au milieu de la dernière campagne électorale, le 9 décembre 2005, le premier ministre a dit: « Un gouvernement conservateur ne fera jamais de razzia dans les économies des aînés en imposant les fiducies de revenu. »
Les investisseurs canadiens ont cru les conservateurs sur parole et ont déposé de plus en plus de leurs économies de toute une vie dans des fiducies de revenu, faisant de ce secteur celui qui croissait le plus rapidement, jusqu'à ce que le manque à la promesse qu'il avait faite aux Canadiens. Malheureusement, les Canadiens apprennent à leurs dépens que les conservateurs sont tout à fait disposés à trahir des promesses électorales, sans aucun égard pour les torts causés à des milliers d'aînés qui ont travaillé fort toute leur vie pour faire des économies et qui les ont perdues en un trait de plume.
J'ai ici un échantillon qui fait partie du grand nombre de lettres et de courriels que j'ai reçus de mes électeurs de :
Les torts causés à la valeur des mes investissements dans des fiducies de revenu sont catastrophiques. J'ai subi une baisse de 20 p. 100 de la valeur de mon portefeuille. J'espère sincèrement que les élections seront déclenchées dans un avenir très proche et que la majorité des Canadiens ne rééliront pas votre parti. C'est vraiment déplorable et j'aurais souhaité ne pas devoir écrire cela. Cependant, j'ai certes perdu confiance dans l'approche de votre parti à l'égard d'un traitement équitable des citoyens, surtout des aînés dont je fais partie.
Le actuel savait à quel point les aînés dépendaient des fiducies de revenu, et pourtant il était déterminé à revenir sur sa promesse. D'une main, le gouvernement a arraché des milliards de dollars aux aînés par l'intermédiaire des fiducies de revenu, tandis que de l'autre, il leur a offert bien peu sous la forme de partage des revenus de pension. En fait, certains ont vu en ce partage des revenus de pension un partage des revenus tout court. Ce n'est pas le cas.
Le partage des revenus de pension fera peu pour freiner la pauvreté parmi les aînés, et encore moins pour alléger les immenses pertes encourues à la suite des promesses électorales non tenues des conservateurs. Des centaines de milliers d'aînés vivant seuls, en majorité des femmes, ne toucheront pas un sou grâce à cette politique.
Je suis heureuse d'appuyer le projet de loi à cette étape. Je suis contente de voir que les conservateurs ont repris la feuille de route libérale sur tant de fronts. Après tout, il s'agit de la même feuille de route libérale qui avait vu le Canada prendre un virage économique à 180 degrés après des années de mauvaise gestion financière conservatrice. Il n'y a pas si longtemps, le Wall Street Journal parlait du Canada comme d'un cas désespéré sur le plan économique en raison des dommages causés par le gouvernement conservateur précédent.
Dieu merci, le Parti libéral a été élu et est parvenu à éliminer le déficit de 42 milliards de dollars accumulé par le gouvernement Mulroney et à maintenir un budget équilibré pendant huit années consécutives tout en offrant aux Canadiens l'allègement fiscal le plus important de l'histoire du pays.
J'espère sincèrement que le soi-disant nouveau gouvernement du Canada continuera de mettre pleinement en pratique nos idées et qu'il sera capable de s'abstenir de retomber dans les dangereuses incompétences du gouvernement conservateur précédent, qui a tant nui à la santé de l'économie canadienne.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui sur le projet de loi . Ce projet de loi est la révision obligatoire qui est prévue au plan des mécanismes de fonctionnement du système bancaire. Tous les cinq ans, nous devons réviser cette loi pour essayer de la rendre la plus fonctionnelle possible et l'adapter à la réalité des nouvelles technologies. En ce sens, le Bloc québécois votera en faveur du projet de loi parce que, même s'il n'est pas parfait, des améliorations significatives s'y retrouvent.
Premièrement, le projet de loi instaure des mécanismes de transmission de l'information aux consommateurs, ce qui leur permettra d'effectuer des choix éclairés dans leur consommation de services bancaires. Nous savons tous historiquement que les services bancaires n'ont pas toujours été des modèles de transmission d'informations aux consommateurs. Les gens ne s'y retrouvaient pas facilement et il était très difficile de comparer d'une banque à l'autre. Dans la loi, des améliorations permettront d'obtenir ce type d'informations, ce qui est un avantage pour les consommateurs.
Deuxièmement, le projet de loi mettra en place le cadre réglementaire permettant l'utilisation de données numériques dans le traitement des chèques, ce qui permettra de réduire les délais de retenue des chèques par les institutions. Une nouvelle technologie a été mise en place et celle-ci permet de faire en sorte que le chèque soit gelé moins longtemps dans une institution bancaire. Cette mesure est un avantage pour le consommateur ainsi qu'un avantage important pour les petites et moyennes entreprises qui, souvent, attendent que le chèque soit libéré avant qu'il ne devienne disponible et puisse être échangé. Cela facilitera autant le fonctionnement des entreprises que la gestion courante des budgets familial et individuel. À cet égard, il s'agit de l'application pratique d'une technologie.
Troisièmement, le projet de loi diminuera le fardeau réglementaire pour les banques étrangères, les coopératives de crédit et les compagnies d'assurances afin de rendre plus efficients les mécanismes d'application de la réglementation. Par exemple, il pourra y avoir une reconnaissance au niveau des coopératives de crédit avec un moins grand nombre de personnes qui sollicitent de le faire. Au niveau des banques étrangères, on veut que la concurrence soit accrue parce que le manque de concurrence est un problème dans le système canadien. Particulièrement pour les régions comme celle que je représente, on a vu disparaître une après l'autre, au cours des dernières décennies, des succursales bancaires.
À l'heure actuelle, on peut dire que le mouvement Desjardins est présent ainsi que la Banque Nationale du Canada et quelques autres banques, mais ces institutions couvrent des territoires immenses. L'application des règles, par exemple, sur les prêts aux entreprises ou aux individus tient de moins en moins compte de la réalité locale et est de plus en plus un calcul arithmétique financier pur et simple. De ce point de vue, même la disparition des banques a une influence sur la façon dont les coopératives fonctionnent parce que le souci de rentabilité à tout prix des banques a amené le mouvement Desjardins, par exemple, à devoir revoir ses structures en tenant compte de cette réalité.
Il faut trouver des solutions à ce manque de compétition, des solutions qui peuvent résider dans le fait que des banques étrangères puissent avoir des conditions d'entrée sur le marché qui leur permettent de venir offrir des services et que le consommateur, en bout de ligne, soit gagnant. Ceci doit s'effectuer pour autant qu'on respecte des règles de fonctionnement adéquates et qu'on s'assure également qu'en termes de retombées d'emplois, on ne fait pas tout simplement exporter des emplois à l'étranger. À cet effet, les modifications au projet de loi sont acceptables, voire intéressantes.
Quatrièmement, on veut modifier la règle en matière des prêts hypothécaires afin de permettre à un plus grand nombre d'individus d'avoir accès à ce type de véhicule financier. Il y a déjà eu une modification dans le passé dans la mesure où on a augmenté le pourcentage qui pouvait être obtenu sans garantie d'assurances. Dans ce projet de loi, on veut l'amener jusqu'à 80 p. 100.
Finalement, le gouvernement hausse de 1 à 2 milliards de dollars le seuil des capitaux propres qui permettraient la détention d'une banque par un seul actionnaire, ce qui favorisera l'entrée de nouveaux concurrents sur le marché. J'y faisais référence il y a quelques minutes. On a besoin de s'assurer qu'il y ait une plus grande compétition. Cette mesure vise à aller de l'avant en ce sens.
Cependant, le Bloc québécois veut s'assurer que les modifications en ce qui a trait à la réglementation ne permettront pas la reprise des fusions et acquisitions sauvages dans le secteur bancaire. Je suis député depuis une douzaine d'années et on a eu à faire face à toutes sortes de situations par rapport aux fusions bancaires. Sous l'ancien gouvernement libéral, dans les premières années où je siégeais, il y avait une volonté de permettre cela. Il a fallu une opposition systématique du Bloc québécois, d'autres partis en cette Chambre et de la société civile pour s'assurer qu'il n'y ait pas de fusions sauvages et que, en bout de ligne, on n'ait encore moins d'intervenants.
Il y a présentement cinq grandes banques au Canada. S'il avait fallu qu'il n'en demeure que deux, il est évident qu'il y aurait eu moins de compétition. Si on n'ouvre pas le marché à l'extérieur en même temps, il y aurait création d'un duopole et on n'a pas intérêt à ce que cela se produise.
Lors de l'étude du projet de loi en comité, on a voulu s'assurer que l'étude de cette question se poursuivrait pour éviter les fusions sauvages.
Dans le même sens, on réclame que toute modification au moratoire sur les fusions bancaires se fasse dans l'intérêt des citoyens, et pas seulement pour satisfaire les marchés financiers. Dans ce secteur, on a malheureusement tendance à voir l'activité comme étant la seule responsabilité des joueurs économiques, alors que les clients, les consommateurs, les citoyens et les citoyennes ont le droit de savoir comment fonctionnent les choses. Il faut s'assurer que le mécanisme donne une chance égale à tous, et qu'un système solide et structuré permet une concurrence réelle. À cet égard, le Bloc québécois s'assurera que les comités entendront tous les témoins pertinents pour avoir ensuite des recommandations adéquates.
Voilà, en résumé, l'analyse que le Bloc québécois a faite de ce projet de loi.
Parlons de la promotion des intérêts des consommateurs pour améliorer le régime de divulgation des informations aux consommateurs. Il y avait vraiment un progrès important à faire de ce côté. Par exemple, on obligera les institutions à divulguer clairement leurs renseignements par l'entremise d'Internet, dans toutes les succursales et par écrit, à toute personne qui en fera la demande. C'est un changement important dans la culture des banques, changement auquel on applaudit. On souhaite que cela se concrétise et qu'il y aura effectivement une plus grande démocratisation du fonctionnement du système bancaire.
On veut aussi modifier le cadre réglementaire pour permettre l'instauration de l'imagerie numérique. Il faut donc que le cadre législatif permette le recours à l'imagerie électronique afin de faciliter et de diminuer le temps de retenue des chèques des institutions bancaires, comme j'en ai parlé plus tôt.
Il faut aussi diminuer le temps de retenue des chèques par les institutions bancaires directement, parce qu'à la suite de la publication de l'Examen de 2006 de la législation régissant les institutions financières, le gouvernement s'était engagé à diminuer le temps de retenue des chèques afin de faciliter la vie aux PME et aux autres citoyens. Le projet de loi confère au surintendant le pouvoir de fixer les temps de retenue des chèques. On verra dans la pratique de quelle façon cela fonctionnera.
Le livre blanc proposait de ramener sur le champs la période maximale de retenue à sept jours, et à cinq jours une fois le système de traitement numérique des chèques mis en place. On verra de quelle façon cela s'appliquera.
Cette retenue des chèques touche non seulement les consommateurs qui ont besoin d'accéder à des fonds pour payer leurs factures, mais aussi les petites et moyennes entreprises qui doivent payer leurs employés et qui continuent à faire fonctionner l'entreprise à même les fonds qu'elles déposent.
Il y a actuellement des mouvements de caisses à cause de la rapidité d'action du fonctionnement des entreprises et la mise en place du juste-à-temps. Il faut une vitesse de réaction identique du côté des mouvements financiers. À cet égard, l'amélioration du projet de loi devrait aider les entreprises en conséquence.
Le gouvernement aimerait que les gains d'efficience réalisés dans le cadre d'initiatives de l'Association canadienne des paiements, consistant à modifier le système de paiements afin de faciliter l'imagerie des chèques par voie électronique, profitent à tous les utilisateurs du système de paiement, y compris les consommateurs. En effet, il ne faudrait pas que ces changements aient pour seule conséquence d'améliorer les profits. Il faut s'assurer que les services sont adéquats. Il faut aussi que le consommateur bénéficie au bout du compte des économies qui en résultent.
Le deuxième axe consiste à accroître l'efficience législative. Il s'agit d'alléger le fardeau réglementaire des banques étrangères afin de faciliter leur accès au marché canadien et de stimuler la concurrence.
La concurrence existe. Cependant, certains problèmes ont été soulevés en ce qui a trait à la réglementation qui entourait les banques étrangères. Le projet de loi vise à clarifier les mesures s'appliquant à ces banques étrangères oeuvrant en territoire canadien, en recentrant le cadre réglementaire sur les banques à part entière, excluant du même coup les quasi-banques.
Les quasi-banques sont des entreprises qui offrent des services financiers bancaires. À la différence des banques à charte, les quasi-banques ne peuvent modifier leur masse monétaire de base, c'est-à-dire qu'elle ne peuvent emprunter ou prêter de l'argent à la Banque du Canada pour effectuer de nouveaux dépôts ou prêts.
Il y a un deuxième élément dans ce deuxième axe qui vise à accroître l'efficacité législative. Il faut permettre de rationaliser le régime d'approbation réglementaire. On mentionne que dans le projet de loi, il faut s'assurer que les décisions n'ayant pas d'impact sur les politiques publiques sont remises entre les mains du surintendant.
Selon le Bloc québécois, on ne doit d'aucune façon laisser le ministre dépolitiser les opérations qui auront des impacts sur les politiques publiques. Il faut s'assurer que le ministre continue d'assumer ses responsabilités. Compte tenu de l'actuelle pratique du gouvernement conservateur de ne vouloir faire aucune intervention sur le plan économique, c'est une mise en garde très justifiée.
Le projet de loi permet également d'assouplir le cadre fédéral régissant les coopératives de crédit. Par exemple, pour faciliter l'entrée en scène de nouvelles coopératives de crédit, le gouvernement abaissera à deux le nombre d'établissements requis pour se constituer en coopérative de crédit. Cela devient donc beaucoup plus facile. En effet, à l'heure actuelle, au moins 10 coopératives de crédit sont nécessaires pour former une association en vertu de la Loi sur les associations coopératives de crédit.
Cependant, à la lumière des nouvelles possibilités commerciales offertes par les associations de détail et de la consultation continue dans le système des coopératives de crédit, l'exigence actuellement impose un seuil d'accès trop élevé. C'est pour cette raison que la modification tend à correspondre à la réalité du marché, ce qui semble constituer un avantage. Cela accroîtrait la capacité de ce secteur de s'adapter aux nouveaux développements et permettrait de mieux servir les consommateurs et les PME.
Le troisième axe du projet de loi veut augmenter de 75 p. 100 à 80 p. 100 le ratio prêt-valeur auquel une assurance est obligatoire pour les prêts hypothécaires résidentiels, dont le ratio a été instauré il y a plus de 30 ans. C'est une mesure de prudence afin d'assurer la protection des prêteurs contre les fluctuations de la valeur des propriétés et les défauts de paiement de la part des emprunteurs.
Ce seuil a été modifié pour la dernière fois lorsqu'il fut porté de 66 p. 100 à 75 p. 100 en 1965. Or le marché a évolué depuis. Les pratiques des prêteurs en matière de gestion de risques se sont améliorées, les exigences réglementaires de fonds propres fondées sur les risques ont été mises en oeuvre et les marchés financiers ont changé et se sont stabilisés.
Finalement, le cadre de surveillance des institutions financières sous réglementation fédérale a été renforcé. Il paraît ainsi que la restriction ne joue plus le même rôle en matière de prudence. En conséquence, un exigence légale suivant laquelle les emprunteurs devraient souscrire à une assurance hypothécaire à un ratio prêt-valeur fixé à 75 p. 100 pourrait vouloir dire que certains consommateurs paient plus pour leur hypothèque que nécessaire sur le plan des mesures de prudence.
La deuxième partie de cet axe consiste à réajuster les seuils des capitaux propres qui permettraient la participation unique ou qui forceraient la participation partagée. On veut aussi augmenter d'un tiers la limite minoritaire du nombre de membres étrangers siégeant aux conseils d'administration des banques canadiennes. On voit donc qu'il s'agit d'un ensemble de mesures qui visent à rendre le système bancaire plus opérationnel.
Comme je le disais au début, il y a des préoccupations très importantes chez mes concitoyens et mes concitoyennes, chez les gens de ma circonscription, mes électeurs, au regard de l'offre de services des réseaux bancaires. Au cours des années passées, des offensives majeures ont été mises en avant par les banques pour envahir, par exemple, le marché des assurances. Il a fallu une opération solide des courtiers en assurance pour nous démontrer que cela aurait un effet négatif sur le développement des régions.
Le Bloc québécois considère que ce qu'il y a dans ce projet de loi, de façon générale et globale, améliore le mode de fonctionnement du réseau bancaire.
Évidemment, il reste des questions de fond à poser. Toutefois, étant donné l'obligation de réviser la loi à l'intérieur d'un délai de cinq ans, puisqu'on sait que le gouvernement a déjà offert un délai additionnel de six mois qui prend fin le 24 avril, il est tout à fait pertinent de procéder à l'adoption de ce projet de loi en souhaitant qu'au bout du compte, le gouvernement soit sensible aux arguments du Bloc québécois. Nous continuons à faire un travail de suivi au regard de ces mesures.
Je vais conclure sur la question des fusions bancaires. Tel est le secteur où l'action du gouvernement fédéral a manqué de transparence au cours des dernières années. On a eu des mouvements d'aller-retour, et on a caché pendant plusieurs mois un document sous prétexte que, puisque le gouvernement est minoritaire, cela pourrait lui nuire de le rendre public. Or, pendant ce temps, la vie continue.
À mon avis, dans un tel secteur, c'est intéressant qu'il y ait un débat public très ouvert. De plus, il faut maintenant regarder, selon une perspective planétaire, les mesures qu'on met en place et les corrections qu'on veut apporter pour qu'il y ait une véritable concurrence, pour s'assurer aussi qu'on n'en vienne pas à créer des duopoles.
Des banques provenant de l'extérieur du pays peuvent venir faire concurrence, tout comme les banques canadiennes peuvent procéder à des achats à l'extérieur. La mondialisation comme telle n'est pas une mauvaise chose, mais il faut s'assurer qu'elle se fait selon un cadre dans lequel nous sommes gagnants.
Le gouvernement fédéral a souvent oublié d'utiliser tous les outils qui sont à sa disposition, dont les mesures de sauvegarde, pour permettre à des secteurs industriels tels les secteurs du textile et du vêtement de se protéger, d'avoir une période de transition. On ne l'a pas fait dans ces secteurs.
En ce qui a trait au système bancaire du Canada, qui a été développé depuis la création du Canada, il est tout de même solide, mais il faut l'ajuster aux nouvelles réalités mondiales. Il faut lui donner les chances nécessaires pour qu'il puisse rendre adéquatement service aux consommateurs. De ce côté, il y a encore des gains possibles en ce qui a trait à la transparence de l'information disponible.
J'ai bien hâte de voir si les articles du projet de loi, qui permettraient de transmettre l'information aux consommateurs, seront utilisés correctement et si les banque permettront le maximum d'informations. Au bout du compte, le Bloc québécois pourra voir si les résultats sont atteints.
De toute façon, il s'agit d'un processus continu. En effet, on devra reprendre l'étude de cette loi pour permettre qu'elle soit toujours ajustée à la réalité du marché. Toutefois, le Bloc québécois constate qu'actuellement, il est positif de voter en faveur de ce projet de loi qui amène un certain nombre d'améliorations à notre réseau bancaire. Souhaitons que ce réseau bancaire profite à l'ensemble de notre économie et qu'il corrige particulièrement les lacunes rencontrées dans les services offerts dans les régions hors des grands centres, dans les régions rurales du Québec et du Canada. De ce côté, on a besoin d'une plus grande attention du réseau bancaire envers les besoins de la population.