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Monsieur le Président, vous avez lu la motion. Il est très étonnant qu'on soit obligé de venir devant le Parlement pour demander au gouvernement d'assurer une répartition équitable des contrats donnés à même l'argent des contribuables pour toute l'industrie de l'aéronautique.
Je relis la motion:
Que la Chambre dénonce l’attitude de laisser-aller du gouvernement qui a prévalu dans sa négociation avec Boeing, déplore que le Québec n’ait pas eu sa juste part des retombées économiques de ce contrat compte tenu de l’importance de son industrie aéronautique, soit près de 60 pour 100, et demande au gouvernement de prévoir une juste répartition régionale des retombées économiques pour tous les contrats futurs.
Compte tenu de ces investissements dans le secteur aéronautique, le laisser-faire du gouvernement conservateur a pour conséquence que le Québec aura 18 500 emplois de moins par année. En effet, on sait que de la façon dont le gouvernement fonctionne actuellement, au mieux, à peu près 30 p. 100 des retombées économiques iront au Québec, alors que le Québec représente près de 60 p. 100 de l'industrie aéronautique. Si on avait tout simplement dit qu'on allait respecter la répartition géographique existant au Canada, la répartition de l'importance de l'industrie aéronautique en fonction du territoire, le Québec aurait eu entre 55 et 60 p. 100 des retombées économiques.
Le choix du gouvernement conservateur de ne pas imposer ce type de conditions a été fait de façon délibérée. Par contre, le gouvernement a décidé d'imposer, par exemple, le fait que l'entreprise devait assurer 50 p. 100 des retombées dans le secteur aéronautique et 50 p. 100 dans d'autres secteurs. En ce qui concerne les 50 p. 100 du secteur de l'aéronautique, le gouvernement a même dit que ce serait dans neuf secteurs identifiés d'avance.
Par conséquent, rien n'empêchait le gouvernement d'imposer ce type de conditions, surtout qu'il a le gros bout du bâton, qu'il donne un contrat quasiment sans appel d'offres et qu'il peut décider quelle compagnie obtiendra le contrat. Il avait vraiment une bonne prise pour s'assurer que le Québec aurait eu sa part. À cet égard, les ministres conservateurs du Québec ont particulièrement failli à la tâche. C'est pour cela que nous ramenons cette question à la Chambre aujourd'hui. Nous espérons que l'ensemble des députés de cette Chambre appuieront cette motion pour qu'on en arrive à des conclusions satisfaisantes. Il faut que le gouvernement modifie sa position et que le Québec puisse recevoir une proportion équitable des investissements en aéronautique.
Ce que le Québec veut, ce n'est pas la charité. L'industrie aéronautique québécoise représente entre 55 et 60 p. 100 de l'industrie aéronautique canadienne. Il serait normal qu'il reçoive sa part, et c'est cette juste part que l'on réclame. On veut que cette Chambre dise au gouvernement conservateur qu'il n'a pas fait ses devoirs correctement, qu'il aurait dû imposer à Boeing des pourcentages d'investissements dans le territoire en fonction de la répartition existante. Cela aurait été véritablement équitable.
Lorsque le nous dit que c'est un contrat privé et qu'il ne peut pas intervenir, c'est évident qu'il est complètement dans l'erreur. En effet, il est lui-même intervenu. Il a imposé des conditions sur les quantités de retombées, mais il n'a pas fait preuve de courage, ou on lui a simplement dit qu'on n'acceptait pas cette proposition. Publiquement, le est venu dire à la population qu'il n'y aurait pas de répartition géographique. Même si le a prétendu qu'il essayait d'aller en chercher le plus possible pour le Québec, le , lui, a adopté à 100 p. 100 la position du premier ministre. En ce sens, il est particulièrement responsable du gâchis actuel qui va résulter de cette situation.
Il n'y a pas que le Bloc québécois qui est frustré et en colère face à cette situation. Ce matin, dans Le Devoir, dans un article intitulé « L'industrie aérospatiale est en colère », Mme Sue Dabrowski, directrice générale de l'Association québécoise de l'aérospatiale disait:
Le gouvernement fédéral a une responsabilité. Il ne peut pas s'en laver les mains et dire « démerdez-vous »! S'il continue dans cette voie, il faudra mener la bataille.
Parce qu'elle essaie d'avoir une rencontre avec le depuis des mois, en fait depuis l'élection de l'année passée, elle ajoutait ceci:
Je suis très déçue. J'espère encore le rencontrer et lui dire que le processus éprouve des problèmes. Il faut travailler en équipe.
Donc, c'est cette approche des conservateurs, ce laisser-faire, qui vient fausser le jeu.
On prétexte vouloir donner des chances égales à tout le monde, mais ce n'est pas ce qu'on fait. En effet, la compagnie qui a va avoir le contrat Boeing possède déjà des entreprises en Ontario, au Manitoba et dans l'Ouest. Il est tout à fait naturel de la part de la compagnie qu'elle aille vers ses succursales, vers ses sous-traitants habituels. Donc, sciemment, volontairement, le gouvernement conservateur a décidé de déplacer l'industrie aéronautique au Canada. Il fait en sorte que le pourcentage d'investissements faits du côté du Québec sera moindre que celui qu'on souhaitait, qu'on espérait et qu'on méritait en toute équité.
La résultante de cette situation est que cela nuit à l'industrie aérospatiale qui est très mal à l'aise avec cette décision du gouvernement. Il faut absolument qu'on manifeste en cette Chambre que nous sommes en désaccord avec cette position.
Le gouvernement aurait pu imposer toutes les conditions qu'il voulait. Les achats militaires sont exclus des accords commerciaux. Il n'y a donc pas de problème par rapport à l'OMC ou à d'autres organismes internationaux. Les gouvernements peuvent faire leurs achats militaires où ils veulent en posant les conditions qu'ils veulent. Toutefois, dans le cas présent, le gouvernement a prévu que les retombées au Canada seraient équivalentes au montant du contrat, mais n'a pas prévu de retombées pour le Québec. Sciemment, on a fait le choix de sacrifier l'industrie aéronautique québécoise au bénéfice d'autres parties du Canada.
Malheureusement, on sait que l'industrie automobile est concentrée en Ontario. La pratique est la même au Canada en aéronautique parce qu'on a développé une expertise et une compétence, non seulement chez les grandes entreprises, mais aussi chez les PME qui sont dans ce secteur. Elles vont toutes souffrir de cette décision. Ce n'est pas seulement la grande région de Montréal qui en souffrira. Nous avons obtenu le nombre d'entreprises qui ont des contrats dans l'aéronautique un peu partout au Québec et il y en a dans chacune des régions du Québec. Aujourd'hui, ce sont ces entreprises qui sont pénalisées par la position du gouvernement conservateur. Ottawa a affaibli le seul vrai pôle aéronautique au Canada. Dans l'industrie de l'aéronautique, on retrouve quelques grandes entreprises qui fabriquent des avions ou des moteurs, mais on a aussi une foule de fournisseurs qui travaillent en sous contrats et le seul pôle aéronautique est celui du Québec. En ce sens, la position actuellement du gouvernement est très triste.
Le Québec y perd, parce que comme l'industrie québécoise constitue un pôle en soi, elle est moins intégrée à l'industrie américaine que les usines canadiennes qui gravitent déjà autour de l'orbite américaine. On sais que l'industrie aéronautique au Canada s'est beaucoup développée en tenant compte des besoins du secteur privé. Il y a une certaine partie qui est liée à l'armée, à l'aviation, mais c'était beaucoup moins présent.
D'ailleurs, le 31 décembre 2006, les conservateurs ont mis fin au programme Partenariat technologique Canada. On peut aller voir sur le site web du ministère, il n'y a plus de programme Partenariat technologique Canada. Le ministre nous avait annoncé pendant des mois et des mois que le programme faisait l'objet d'une analyse et qu'il y aurait un nouveau programme qui serait annoncé. On n'a pas vu ce nouveau programme. Maintenant, le message qu'on envoie à l'ensemble de la planète, c'est qu'au Canada, si vous voulez investir en aéronautique, vous n'aurez pas le soutien des gouvernements, comme on l'a au Brésil, aux États-Unis ou ailleurs. Ce qui veut dire que pour des investissements qui se décident souvent sur plusieurs années d'avance, il y a présentement un manque flagrant dans l'attitude du gouvernement conservateur. Cela s'ajoute et s'inscrit dans le même esprit de dire qu'on ne veut pas intervenir d'aucune façon dans l'économie.
Avec les trois contrats, on donnera environ 10 milliards de dollars, et c'est une entreprise privée qui décidera des choix de tout le secteur industriel, en sachant dès le départ qu'il n'y a pas une tendance naturelle chez Boeing d'investir dans Bombardier. C'est un compétiteur. Ce n'est donc pas une tendance naturelle qui existe. Il y avait une responsabilité pour le gouvernement de rationaliser le marché de ce côté-là et il a décidé de ne pas saisir cette occasion. C'est ce qu'on lui reproche aujourd'hui.
Les retombées au Canada devraient totaliser autour de 9,2 milliards de dollars. Le gouvernement va être responsable avec son choix actuel de la perte de 18 500 emplois. On affaiblit ainsi l'industrie aéronautique québécoise et le gouvernement s'en prend au fleuron de notre économie. C'est pour cette raison qu'on ne doit pas être étonnés de la colère qui est manifestée au Québec chez tous les représentants industriels du secteur aéronautique.
Non seulement est-il content d'affaiblir l'industrie, le gouvernement assombrit aussi son avenir. Il y a une règle dans l'industrie aéronautique, à savoir que plus on s'intègre tôt dans le développement d'un nouveau produit, plus on travaille sur des projets intéressants sur le plan technologique. Inversement, les fournisseurs qui s'intègrent plus tard travaillent sur les composantes plus mineures et il y aura moins de recherches sur les technologies. Dans le cas présent, c'est ce qu'il y aura comme conséquences. On va se ramasser avec les miettes des projets, plutôt que d'avoir le coeur des projets de recherche, des nouveaux produits et du développement. Il s'agit là encore d'une conséquence très négative de la décision des conservateurs de ne pas intervenir dans ce secteur. C'est à se demander si les conservateurs ne sont pas pathologiquement opposés à l'industrie aéronautique québécoise.
Dans le passé, on a vu des sorties véhémentes du Parti réformiste. Souvenons-nous en. C'est cet esprit qui revient aujourd'hui, comme quoi tout ce qui se faisait au Québec était mauvais et le fait que le gouvernement aide l'industrie aéronautique était un avantage indu qu'on donnait au Québec. Or, partout dans le monde, cette industrie est aidée, appuyée et assistée par les gouvernements.
Au Canada, on fait marche arrière et on va dans le sens contraire. De ce côté, c'est tout à fait mauvais.
Le Bloc québécois propose depuis longtemps d'avoir une véritable politique sur l'aéronautique. Malheureusement, les gestes des conservateurs sont complètement contraires. On a besoin d'un important virage. La politique réclamée est la suivante. D'abord, il doit y avoir un programme clair et prévisible de soutien à la recherche et au développement afin qu'on puisse dire à la face du monde qu'en investissant en aéronautique chez nous, on reçoit de l'aide sous forme d'un programme destiné à la recherche et au développement.
De plus, on a besoin d'un engagement ferme et prévisible de financement des banques, en particulier pour les ventes à l'exportation. De ce côté, des programmes existent, le gouvernement doit fournir un effort additionnel.
Ensuite, on a besoin d'une politique de soutien pour les PME qui oeuvrent dans le domaine de l'aéronautique. Pour assurer le maximum de retombées économiques, il faut que les petites entreprises, celles qui sont moins capables d'intervenir sur les marchés internationaux, puissent avoir les appuis nécessaires pour se regrouper et obtenir les contrats pertinents. Enfin, on doit se doter d'une politique d'achats militaires qui favorise le développement de l'industrie. Pourtant, aujourd'hui, ce qui est devant nous, c'est le contraire.
J'ai trouvé déplorable d'entendre le , lors d'une conférence de presse, annoncer qu'on était incapable de dire quel serait le pourcentage de retombées pour chacune des régions du Canada, et particulièrement pour le Québec. En effet, j'ai trouvé déplorable que le ministre dise que la région sera en fait le Canada. Certaines parties du Canada ont travaillé fort pour développer ce secteur. C'est le Québec qui est le pôle majeur. L'attitude des conservateurs est totalement frustrante et insatisfaisante pour tous les Québécois et les Québécoises.
Le vendredi 2 février 2007, le gouvernement a acheté quatre C-17, des avions de transport de matériel. En échange de ce travail de fabrication à forte valeur ajoutée, le gouvernement fédéral exige que les fournisseurs des trois projets garantissent des retombées économiques maximales. D'aucune façon n'a-t-on voulu dire qu'il fallait assurer la part du Québec dans ces retombées. On ne retrouve pas les éléments qu'on aurait souhaités.
L'industrie aéronautique est principalement concentrée dans la région de Montréal et dans beaucoup de PME. Cette industrie génère des milliers et des milliers d'emplois. Le Québec est le leader dans ce domaine. Au Québec, l'aéronautique représente 250 entreprises, dont 240 PME, qui fournissent des livraisons de plus de 11 milliards de dollars dont 89 p. 100 des livraisons sont destinés à l'exportation. Cela correspond exactement à ce qu'on nous dit depuis 10 ans, 15 ans ou 20 ans. Il faut développer les secteurs des créneaux spécialisés, créneaux qui permettront l'exportation. Le Québec a développé cette expertise, a créé des produits et a pris sa place. Soudainement, à la suite d'une décision du gouvernement conservateur, ce solide château fort sera ébranlé parce qu'on permet à une compagnie américaine de décider du développement de l'industrie aéronautique au Canada.
Les emplois du secteur de l'aéronautique sont des emplois de qualité dont le salaire moyen dépasse 58 000 $ par année. Dans le domaine de l'aéronautique, le Québec est un leader de classe mondiale et se situe au sixième rang derrière les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Japon. La région de Montréal, là où sont concentrées 95 p. 100 des activités, se classe au cinquième rang mondial en matière d'emploi dans le domaine de l'aéronautique. Chaque année, le gouvernement fédéral tire de ce secteur des recettes fiscales équivalant à 2,1 milliards de dollars. C'est un secteur névralgique pour le Québec et pour le Canada.
Lorsqu'on essaie de comprendre pourquoi le gouvernement conservateur a décidé de faire fi de la répartition existante au Québec, on a beaucoup de difficultés à trouver des raisons, si ce n'est que pour déstabiliser l'organisation de l'industrie aéronautique du Québec. On a besoin d'une aide beaucoup plus développée dans ce secteur. On aurait aussi eu besoin d'un geste clair et précis du gouvernement fédéral. Ce dernier aurait dû dire clairement à Boeing qu'il lui accorderait les contrats, et que Boeing pourrait investir en respectant la répartition qui existe au Canada et qu'il devrait accorder au Québec autour des 60 p. 100 qu'il détient déjà en investissements dans ce secteur. De cette façon, on continuerait à aller de l'avant. Le Québec et le Canada pourraient être un pôle de développement important.
Maintenant, on donne à la compagnie Boeing la possibilité de saupoudrer les investissements et de les décider en fonction de ses objectifs. En tant que compagnie privée, on ne peut pas lui en vouloir de le faire de cette façon, en fonction de l'actionnariat. Toutefois, que le gouvernement fédéral ait confié cette responsabilité à une compagnie privée alors qu'il en avait la responsabilité et qu'il l'a toujours, je trouve que c'est une démission inacceptable. Il devra malheureusement répondre des résultats.
Je sais, par contre, que depuis que le Bloc québécois a soulevé cette question ici, en Chambre et en conférence de presse, chaque fois, cela a entraîné un mouvement, soit une recherche effrénée pour décrocher des contrats au Québec pour permettre au gouvernement conservateur de faire bonne figure.
Je ne souhaite que cela: qu'on obtienne au bout du compte la plus grande part possible de retour sur l'investissement pour le Québec. Mais l'attitude actuelle du gouvernement conservateur a fait reculer le Québec à cet égard et l'oblige à adopter une attitude qui ne correspond pas à sa place dans le marché.
Il serait important que la Chambre dise clairement au gouvernement conservateur que nous ne souhaitons pas que sa pratique actuelle continue, qu'il devrait corriger son comportement et qu'il devrait aller de l'avant moyennant des investissements qui respecteront ce qu'est le Québec.
Le Bloc québécois considère que le gouvernement fédéral doit offrir à l'industrie aéronautique un soutien stable, prévisible et élevé en matière de recherche et développement. L'industrie doit compter sur une contribution du gouvernement fédéral se situant dans une fourchette de 20 à 30 p. 100 pour tout projet en recherche et développement. Le gouvernement doit créer un programme spécifiquement conçu pour l'industrie aéronautique et injecter immédiatement les sommes nécessaires.
On est bien loin de tout cela. On favorise cette pratique: on se dit que, puisque c'est un marché privé, on le laisse jouer et qu'au bout du compte, le Québec ira chercher sa part. À mon avis, cette attitude ne correspond pas à la réalité du marché. Malheureusement, si le gouvernement conservateur n'a pas changé d'attitude, on pourra constater dans quelques années qu'il y aura eu un transfert des effectifs, des gens touchés qui travaillent dans le secteur de l'aéronautique. Il y aura moins de personnes dans ce domaine au Québec et plus ailleurs au Canada, non pas nécessairement à cause de la vigueur des industries des autres provinces, mais bien à cause de la décision du gouvernement fédéral de laisser jouer le jeu en laissant une compagnie décider de l'endroit où iront les investissements. C'est une pratique que l'on doit rejeter.
Il est donc important qu'on obtienne l'appui de la Chambre quant à cette motion. Il y va évidemment de l'avenir de très grandes entreprises au Québec. On a développé des fleurons comme Bombardier, mais il y a aussi la PME qui fait sa part et qui réussit à créer des emplois de façon importante.
Pour l'ensemble de ces raisons, il nous apparaît donc que la motion que nous avons déposée aujourd'hui, qui dit que la Chambre dénonce l'attitude de laisser-aller du gouvernement qui a prévalu dans sa négociation avec Boeing est importante. C'est aussi important pour nous que la Chambre appuie cette motion parce que, dans le cas présent et compte tenu de la situation qu'on défend, il faut absolument reverser la vapeur.
On n'avait pas ce genre d'habitude et de comportement de la part des gouvernements ici. Actuellement, il y a un changement et une coupure brutale qui aura pour conséquence une déstabilisation de l'industrie aéronautique au Québec.
Pour toutes ces raisons, j'invite la Chambre à voter en faveur de la motion déposée par le Bloc québécois.
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Monsieur le Président, mon honorable collègue du Bloc québécois parle de l'expertise et de la compétitivité de l'industrie aérospatiale au Québec et au Canada. Je tiens à lui dire que nous en sommes tout à fait conscients.
L'industrie aérospatiale est une industrie de haute technologie et réussit à se positionner parmi les meilleures au monde. J'en ai d'ailleurs fait moi-même le constat, lorsque je suis allé, le printemps dernier, à Farnborough, à Londres, pour rencontrer les gens de l'industrie aérospatiale du Canada et du Québec ainsi que leurs collègues d'autres pays. J'ai rencontré plusieurs intervenants lors de ce séjour là-bas. Même ici, au Canada, j'ai eu la chance de rencontrer les gens de l'industrie et de constater leur ingéniosité et leur expertise. C'est pourquoi nous avons alloué ce contrat à Boeing, puisque c'était le fournisseur qui remplissait et qui remplit toutes les conditions émises par les forces armées pour pouvoir donner des équipements que les forces armées doivent posséder pour faire leur travail.
Les fournisseurs canadiens bénéficieront des retombées économiques à la suite de l'achat des équipements militaires. Nous croyons qu'il est important pour eux de s'installer de façon durable dans la chaîne d'approvisionnement de Boeing. Comme vous le savez, Boeing est une compagnie qui oeuvre tant du côté militaire que du côté civil. Avec leur nouvel avion, le Boeing 787, il y a plusieurs occasions d'affaires pour les entreprises. Nous voulons que ces entreprises profitent des occasions d'affaires qui se présentent à elles, au lieu d'imposer et de diriger des contrats à Boeing. La logique économique étant ce qu'elle est, si on force Boeing à faire affaire avec un joueur non compétitif, l'ensemble des contribuables canadiens devront payer et assumer le coût pour ces décisions et cette ingérence politique. Nous croyons que les Canadiens et les Forces armées canadiennes doivent avoir le meilleur équipement possible au meilleur coût possible, tout en s'assurant d'avoir des retombées économiques pour le Canada. C'est pourquoi nous avons demandé à Boeing que ces retombées économiques soient des retombées de haut niveau dans neuf secteurs technologiques. Nous croyons que l'industrie aérospatiale québécoise se positionnera bien par rapport à ces contrats et sera en mesure de se positionner favorablement dans la chaîne d'approvisionnement de Boeing pour l'ensemble de ces contrats sur la scène mondiale.
Je me réjouis et je me félicite des investissements que nous avons faits au Canada dans le domaine de l'aérospatial et des investissements à venir. Comme je l'ai dit en comité parlementaire, plus de 12,6 milliards de dollars de retombées économiques proviendront de ces achats militaires. Cela servira toutes les régions du Canada. L'industrie aéronautique s'aperçoit très bien que, sous un gouvernement conservateur, elle est bien traitée puisqu'elle profitera de ces retombées économiques.
Aujourd'hui, j'ai eu un témoignage fascinant de la part de mon collègue au sujet des entreprises aérospatiales et de la réussite fascinante de ces entreprises au Canada. Comme je l'ai dit, l'industrie se porte très bien. Le Canada se classe au cinquième rang mondial en ce qui a trait à la production d'aéronefs et d'aéronefs civils. L'industrie canadienne de l'aérospatial occupe une position de chef de file international, notamment — et c'est important de le préciser — dans les secteurs de pointe comme les avions régionaux, les petites turbines à gaz, les simulateurs de vol, les simulateurs visuels, les hélicoptères civils, les trains d'atterrissage pour avions lourds, les systèmes de conditionnement d'air pour les aéronefs et la simulation visuelle en vol. Ce sont des expertises qui appartiennent à l'industrie aérospatiale canadienne et dont nous pouvons être fiers.
Les quatre grandes entreprises canadiennes de l'aérospatial sont Bombardier, Pratt & Whitney Canada, CAE et Bell Helicopter. Toutes ces entreprises ont d'importantes installations au Québec. Environ la moitié des employés de l'industrie aérospatiale au Canada sont au Québec, c'est un fait. Plus de la moitié de toutes les ventes du secteur de l'aérospatial proviennent de la province de Québec. Le Québec est un véritable pilier de l'aérospatial au pays. Bombardier vient d'annoncer, comme on le sait, le lancement de sa série CRJ 1000, son nouvel avion à réaction régionale de 100 places. De son côté, CAE investira 630 millions de dollars dans le recherche et le développement au cours des six prochaines années. L'innovation est essentielle dans le secteur de l'aérospatial. Enfin, CAE poursuit sa fructueuse expansion au Moyen-Orient et en Asie.
Toujours en Asie, elle est en train de mettre sur pied une académie mondiale portant son nom.
Bell Helicopter a célébré le 20e anniversaire de l'ouverture de son usine de Mirabel. L'entreprise met au point de nouvelles gammes de produits technologiques modulaires à prix abordables qui ont déjà fait l'objet de plus de 220 commandes, du jamais vu dans l'industrie. Ces quelques exemples démontrent très bien que l'industrie canadienne et québécoise de l'aérospatiale est une industrie qui est vraiment dynamique et présente sur la scène internationale.
Le nouveau gouvernement du Canada a beaucoup fait en vue d'obtenir des débouchés pour l'industrie canadienne de l'aérospatiale et de la défense, tant au Québec qu'ailleurs au pays. Ce gouvernement s'est engagé à améliorer la place que le Canada occupe sur l'échiquier mondial, et cet engagement consiste, entre autres choses, à honorer nos obligations envers nos partenaires internationaux, comme l'OTAN, en effectuant notamment des achats judicieux d'équipements militaires.
Malheureusement, sous le régime des libéraux, les équipements militaires n'ont jamais été renouvelés. Les libéraux ont mis en danger la vie de nos soldats par leur inaction. Notre gouvernement a corrigé le tir. Nous l'avons fait en procédant aux annonces de programmes d'acquisition d'équipements militaires. Notre gouvernement affirme son engagement indéfectible envers nos braves soldats qui protègent le Canada, son peuple et ses intérêts.
Nos soldats déployés à l'étranger défendent nos valeurs, celles qui nous sont chères, nos valeurs canadiennes d'intégrité, de libre entreprise, de liberté individuelle. Eh oui, nous ne laisserons jamais tomber nos soldats ici même, au Canada, et à l'étranger. D'abord et avant tout, nous voulons nous assurer que nos militaires disposent de modes adéquats de transport militaire pour leurs déplacements militaires.
Que ce soit ici, au Canada, dans le cadre des missions de sauvetage et de secours aux sinistrés, ou ailleurs dans le monde, nous voulons aussi que nos militaires aient l'équipement nécessaire ici même, au Canada, justement pour ces missions de sauvetage ou pour ces opérations à l'étranger. C'est pourquoi nous avons fait l'acquisition de ces appareils de Boeing et avons prévu l'acquisition d'autres appareils.
Sous l'ancien gouvernement libéral, nos soldats devaient compter sur la bonne grâce de nos voisins et de nos alliés pour assurer leurs déplacements à l'étranger. L'ère du laisser-faire est terminée. Nous nous assurons actuellement que nos forces armées canadiennes ont l'équipement nécessaire pour assurer leurs tâches.
Cela dit, le nouveau gouvernement du Canada est aussi résolu à bâtir une économie prospère et concurrentielle qui bénéficiera à tous les Canadiens.
Notre gouvernement s'est engagé sur la bonne voie pour créer un contexte propice et encourager et récompenser le travail acharné, stimuler l'innovation et favoriser l'essor de l'industrie canadienne, et plus particulièrement, de l'industrie aéronautique.
Nous dynamisons l'économie canadienne en offrant aux industries du pays l'occasion de prendre part à la mise au point des technologies de l'avenir et en procurant de nouveaux débouchés de qualité pour cette industrie. Notre façon d'administrer la politique canadienne de retombées industrielles repose sur notre engagement à favoriser la viabilité du secteur de l'aérospatiale et de la défense, et la vitalité de l'économie canadienne.
Les mesures officieuses prises pour veiller à ce que l'industrie canadienne profite des retombées et des achats militaires remontent aux années 1970. Le gouvernement fédéral en a fait une politique officielle il y a à peine 20 ans sous le gouvernement de Brian Mulroney. Cette politique a pour objet de s'assurer que l'industrie canadienne profite des achats effectués, et cela, peu importe l'entreprise choisie pour fournir le matériel dont nos troupes ont besoin.
C'est ce qu'on appelle la participation industrielle, c'est ce qu'on appelle les retombées économiques, c'est ce qu'on appelle les achats compensatoires, une pratique adoptée par de nombreux gouvernements et par ce gouvernement-ci. Cette politique va provoquer des retombées économiques durables pour le Canada.
Chaque fois que le gouvernement fédéral entreprend d'importants programmes d'achats de matériel de défense — et j'aimerais le préciser à l'intention de mes collègues —, trois ministères entrent en jeu.
Comme on le sait, le premier est le qui précise les exigences auxquelles le matériel doit se conformer. Le deuxième ministère est celui des qui s'occupe du processus d'acquisition et de passation de marchés. Mon ministère, , lui, élabore le régime de retombées industrielles pour s'assurer que l'industrie canadienne va retirer des avantages réels, concrets et stratégiques des achats militaires effectués.
Le 2 février 2007, le gouvernement a annoncé l'achat de quatre appareils C-17 Globemaster III, au coût total de 1,8 milliard de dollars.
Ce montant comprend l'aménagement d'infrastructures à la Défense nationale, et la formation et l'administration du programme par le gouvernement du Canada.
La modernisation des infrastructures, la formation et l'administration par le gouvernement du Canada constituent des investissements directs dans notre économie, ici même, au Canada. Donc, la politique de retombées industrielles ne s'applique pas puisque ce sont des investissements faits ici même, au Canada.
N'empêche qu'en raison des équipements que nous allons acquérir pour nos militaires, il y aura des retombées économiques, comme je l'ai dit plus tôt, de plus de un milliard de dollars.
Lorsque les appareils seront achetés, le gouvernement devra aussi adjuger des contrats de soutien en service et entretien pour ces appareils. À cet égard, une entente de soutien de service évaluée à 1,6 milliard de dollars a été signée avec les forces américaines. Cette entente comporte deux volets. Le premier volet, d'une valeur approximative de 900 millions de dollars, sera confié en sous-traitance à la société Boeing. Cette dernière est visée par les exigences de la politique des retombées industrielles, de sorte que nous obtiendrons, ici, au Canada, un rendement d'une valeur équivalente au montant investi. Cela signifie en gros que 900 millions de dollars reviendront ici, au Canada, au titre de retombées économiques canadiennes.
Pour ce qui est du second volet, les services exécutés par les forces armées américaines ne sont pas visées par la politique des retombées industrielles puisque chaque gouvernement et les gouvernements étrangers ne sont pas soumis aux exigences des entreprises étrangères. Donc, notre politique ne s'applique pas à un gouvernement étranger.
Il s'agit là du même genre de retombées qu'engendrera l'achat des avions que nous avons annoncé. Ces retombées économiques pour le Canada seront réparties sur plus d'une vingtaine d'années.
Les fournisseurs qui obtiendront les contrats auprès de Boeing pourront les annoncer à mesure qu'ils les remporteront au cours des prochains mois et des prochaines semaines.
Dans le passé, il a fallu plus de deux à trois ans pour mettre au point d'autres programmes d'achat semblables. Toutefois, dans ce cas-ci, dans le cas de Boeing, j'ai le plaisir de préciser que nous avons réussi à mettre sur pied le plan d'acquisition d'avions de transport stratégique en l'espace de quelques mois.
Notre gouvernement a réussi à obtenir, pour le Canada, des retombées économiques d'environ 869 millions de dollars jusqu'à maintenant — cela représente le coût d'acquisition des avions — et encore plus aux chapitres de l'acquisition et du service. Comme je le disais, ces 900 millions de dollars de plus en retombées économiques sont liées au service et au soutien pour ces avions.
Les honorables députés sont au courant que nous avons également annoncé l'achat d'hélicoptères, de navires, de camions et d'appareils de transport aérien tactique. Chaque programme d'acquisition sera également à l'origine d'importantes retombées pour l'industrie canadienne, je tiens à le préciser.
En vertu de notre politique des retombées industrielles, chaque dollar qu'obtiennent les entreprises à la suite de nos achats de matériel de défense engendre une activité économique d'une valeur équivalente dans le pays. Il s'agit d'un retour d'investissement de 100 p. 100 pour la durée du contrat. Cela signifie un investissement de un dollar pour un dollar, et cette entente n'est absolument pas négociable.
Nous allons nous assurer que cette politique sera respectée et que tous les critères de cette politique seront bien compris par Boeing ou d'autres compagnies qui seront les fournisseurs du gouvernement canadien. Nous allons également nous assurer que l'ensemble des entreprises oeuvrant dans le secteur de l'aérospatiale et de la défense seront au fait de ces opportunités d'affaires, comme nous l'avons fait dans le passé.
Qui plus est, nous exigeons que les entreprises qui obtiennent ces contrats investissent, non seulement au Canada, mais investissent aussi de façon significative, à long terme, dans la technologie de pointe. L'objectif consiste à aider les entreprises canadiennes à s'intégrer aux chaînes d'approvisionnement mondiales et à continuer d'en faire partie. Cela signifie que l'industrie canadienne bénéficie de programmes d'acquisition du gouvernement, quel que soit l'endroit où se situe le siège social de l'entrepreneur retenu.
Les transactions de retombées doivent satisfaire à trois critères pour qu'elles puissent être considérées par mon ministère. Le premier critère est que le travail doit découler d'un programme d'acquisition. Dans le cas de Boeing, c'est l'acquisition des achats militaires, et nous nous sommes assurés d'avoir les retombées économiques pour le Canada.
Le deuxième critère stipule que le travail doit être exécuté pendant la période définie dans le contrat. Donc cela doit être du nouveau travail pour les entreprises canadiennes.
Le troisième critère prévoit que le travail doit respecter le principe de l'accroissement, selon lequel on peut se servir des relations d'affaires existantes, mais seulement le nouveau travail compte aux fins de respecter l'obligation des retombées économiques. Donc, les entreprises québécoises ou canadiennes peuvent se servir de leurs relations d'affaires pour obtenir des retombées économiques, mais seulement le nouveau travail compte aux fins de respecter l'obligation des retombées économiques, donc le nouveau travail fait ici-même, au Canada.
De plus, pour le programme d'achat d'appareils C-17, nous avons précisé que le secteur de l'aérospatiale et de la défense devrait bénéficier de 50 p. 100 des retombées industrielles, et qu'au moins 30 p. 100 de ces retombées ciblent les technologies clés. Les neuf technologies clés sont les suivantes — ce sont des technologies dont nous avons discuté de concert avec l'industrie aérospatiale canadienne et québécoise. Nous avons choisi ces technologies parce qu'elles sont des technologies d'avenir pour l'industrie aérospatiale canadienne et nous voulons que celle-ci se positionne favorablement pour les futurs contrats. Ces neuf technologies sont donc les suivantes: matériaux nouveaux et fabrication de pointe; systèmes d'avionique et de mission; communications et contrôle; gestion de la puissance et de la propulsion; sécurité et protection; capteurs; simulation, formation et environnement synthétique; espace; et systèmes de véhicules sans pilote.
Nous exigeons également que les petites et moyennes entreprises bénéficient de 15 p. 100 des contrats de Boeing assujettis aux retombées économiques industrielles. Ces entreprises sont d'une importance cruciale pour assurer la croissance et la viabilité du secteur de l'aérospatiale et de la défense. En général, elles sont les principaux moteurs de notre économie.
Au bout du compte, la politique des retombées industrielles a pour but de permettre aux entreprises du secteur canadien de l'aérospatiale et de la défense de démontrer leurs compétences et d'établir des relations d'affaires durables et viables avec d'importantes sociétés d'autres pays. Notre gouvernement a obtenu des retombées stratégiques réelles pour l'industrie canadienne.
Pour la première fois, l'Association des industries aérospatiales du Canada et l'Association des industries canadiennes de défense et de sécurité ont collaboré avec le gouvernement, avec mon ministère, pour dresser la liste des neuf technologies clés dont j'ai parlé tout à l'heure. Il s'agit de technologies qui, aux yeux de l'industrie, sont essentielles à l'évolution de l'industrie aéronautique canadienne et à son avenir.
Nous avons aussi souligné très clairement aux soumissionnaires éventuels que nous nous attendons à ce qu'ils travaillent avec des entreprises de partout au Canada.
Par exemple, Boeing a tenu quatre séances auprès de l'industrie à l'échelle régionale, soit une dans chaque région du Canada. Dans la région de l'Atlantique, les 7 et 8 septembre 2006, au cours d'un spectacle aérien à Halifax, Boeing a rencontré les intervenants canadiens pour s'assurer que ceux-ci puissent bien comprendre les occasions d'affaires qui s'offrent à eux. Il y a également eu des séances dans la région de l'Ouest, à Calgary, les 3 et 4 octobre 2006; dans la région du Québec, à Montréal, les 24 et 25 octobre 2006; dans la région de l'Ontario, à Toronto, les 7 et 8 novembre 2006.
Boeing a pu ainsi rencontrer des centaines d'entreprises canadiennes au cours de ces séances. Boeing a pu constater les forces et les capacités des entreprises de partout au pays. L'acquisition de transport aérien stratégique est le premier programme d'acquisition d'une série de cinq, comme je l'ai mentionné plus tôt.
Pour chacun des projets, nous insisterons pour que les entreprises canadiennes entreprennent des activités importantes et puissent bénéficier de ces retombées économiques.
Les retombées canadiennes représentent des obligations contractuelles sérieuses. Mon ministère exige des rapports annuels de vérification et des garanties d'exécution.
J'aimerais rappeler que je suis bien heureux de ce que nous avons fait pour l'industrie aérospatiale. Chaque année, les entreprises qui reçoivent les contrats du gouvernement canadien doivent rendre des comptes à l'égard du suivi de la politique de retombées industrielles canadiennes. Si ces entreprises ne respectent pas leurs obligations contractuelles, il y aura de sérieuses conséquences financières pour la non-exécution.
Je tiens à dire que je serai très vigilant pour m'assurer que les entreprises respectent leurs obligations contractuelles. Cette politique de retombées industrielles s'appliquent à la lettre. Notre façon d'aborder les retombées industrielles s'inspire de la démarche globale de notre gouvernement. Cette démarche est celle d'un gouvernement intègre, transparent, un gouvernement qui a à coeur ses industries et qui a à coeur l'industrie aérospatiale.
Je tiens à dire à mon collègue du Bloc québécois que son parti connaît très bien l'industrie aérospatiale du Québec, tout comme moi. Je suis certain que cette industrie sera capable de bien se positionner dans les contrats futurs avec Boeing et avec les autres soumissionnaires pour les autres contrats d'achats militaires que ce gouvernement a en vue dans les prochains mois.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je vais centrer mon intervention, aujourd'hui, sur les retombées industrielles de ce contrat.
Le Canada occupe la quatrième place au monde pour l'importance de son industrie aérospatiale. Notre industrie donne du travail à 107 000 personnes un peu partout au Canada. Le chiffre d'affaires brut du secteur est de 21,7 milliards de dollars par année, soit 1,85 p. 100 du PIB du Canada. Chaque année, ce secteur investit 1,1 milliard de dollars dans la recherche et le développement et crée des milliers d'emplois au Canada.
Il faut reconnaître l'importance de ces travaux de R-D. Les emplois dans ce domaine sont ceux qui génèrent les plus grandes retombées économiques, qui rendent l'industrie aérospatiale plus vigoureuse et qui contribuent le plus à la capacité du Canada de soutenir la concurrence.
Je suis d'accord pour dire que le gouvernement doit assurer une juste répartition régionale des retombées économiques au Canada. Je trouve aussi qu'il importe que le gouvernement veille à obtenir les plus grandes retombées possibles des contrats dans le domaine de la défense et de l'aérospatiale et des marchés publics en général.
Le Canada possède un complexe industriel de la défense et de l'aérospatiale dynamique. Ses installations sont dispersées d'un bout à l'autre du Canada. Cette industrie est extrêmement vigoureuse au Québec. En Nouvelle-Écosse, nous avons, par exemple, une importante infrastructure composée de petites et moyennes entreprises ayant de l'expertise dans le domaine militaire, en aviation, en systèmes de défense et en montage électronique. Ce sont des entreprises comme I.M.P. Aerospace, xwave et Pratt & Whitney Canada. Celle-ci est établie en Nouvelle-Écosse et emploie plus de 3 500 personnes, générant des revenus annuels de plus de 300 millions de dollars.
Prenons maintenant Terre-Neuve. À Marystown, dans cette province, la société PKS, ou Peter Kiewit Sons Co., est un parfait exemple de société ayant les compétences et l'expertise lui permettant de participer à un contrat d'approvisionnement de 2,1 milliards de dollars avec le ministère de la Défense nationale.
Je suis assez au courant des approvisionnements en matière de défense parce que, quand j'étais ministre des Travaux publics, mon ministère participait aux procédures d'approvisionnement, travaillant en collaboration avec la Défense et avec le ministre de l'Industrie de l'époque, maintenant . Nous tâchions d'obtenir de solides retombées industrielles pour l'industrie canadienne.
Je dois dire que le gouvernement actuel a manqué à son devoir envers les Canadiens en n'obtenant pas les meilleures retombées possibles pour le Canada quand il a négocié cette entente.
Dans leur budget de 2005, les libéraux ont consacré près de 13 milliards de dollars aux Forces armées canadiennes. Il s'agissait du plus gros investissement ponctuel dans une période de 20 ans couvrant le régime libéral et l'ancien gouvernement progressiste-conservateur. J'étais au ministère des Travaux publics quand nous avons procédé à certains de ces investissements.
Pendant cette période, nous avons reconnu l'importance du soutien en service. C'est dans ce domaine où notre industrie aérospatiale et notre industrie de la défense ont probablement le plus contribué au secteur et où nous réussissons probablement le mieux à l'échelle du Canada. C'est également dans ce domaine où le gouvernement a le plus laissé tomber les Canadiens par rapport à l'industrie.
J'aimerais vous dire brièvement en quoi cela est important. Pour les retombées industrielles à long terme et le soutien en service, le gouvernement devait négocier à l'avance avec le constructeur d'origine, Boeing dans le cas présent, pour obtenir la propriété intellectuelle devant permettre à l'industrie canadienne de participer à l'entretien de ces aéronefs durant leur durée de vie. Le gouvernement n'a pas fait cela. C'est une importante rupture par rapport à notre tradition et aux traditions des gouvernements successifs qui exigeaient et achetaient cette propriété intellectuelle afin que l'industrie canadienne puisse participer au soutien à long terme de l'aéronef.
La vigilance dont ont fait preuve les gouvernements précédents en achetant la propriété intellectuelle a permis le développement et l'épanouissement d'une industrie et du soutien en service au Canada.
Dans un article paru en février 2007 dans le magazine FrontLine, son auteur, Ken Rowe, président et chef de la direction de IMP Aerospace, une des plus importantes entreprises de soutien en service au Canada, a commenté en ces termes les décisions du gouvernement en ce qui a trait aux acquisitions de la défense et à leurs retombées sur l'industrie:
Les entreprises canadiennes perdront la capacité de soutenir de façon directe et indépendante le ministère de la Défense nationale dans le cadre de ces programmes.
M. Rowe ajoute, dans le même article:
Les années consacrées à établir cette composante de l'industrie canadienne sont mises en péril par la stratégie actuelle relativement au soutien en service. L'industrie canadienne du soutien en service dans le domaine de l'aérospatiale, qui est de classe mondiale, se retrouve à la merci des entreprises américaines.
Ce nouveau processus n'est pas seulement une menace pour des milliers d'emplois canadiens; il augmente également les risques pour la souveraineté et la sécurité du Canada en réduisant notre capacité d'entretenir de façon indépendante nos propres équipements militaires.
En fait, nous nous attendons à ce que les décisions touchant la défense nationale et la stratégie industrielle soient prises à Ottawa, et non à Washington ou au Pentagone. Le gouvernement a causé l'érosion de la souveraineté économique du Canada en ne faisant pas preuve de la vigilance nécessaire pendant les négociations pour faire en sorte que les entreprises canadiennes jouissent de la propriété intellectuelle pendant les 20 prochaines années en fournissant le genre de soutien qui a forgé la réputation de l'industrie canadienne à l'échelle internationale.
Le gouvernement parle de défendre le Canada. Ce n'est pas le Canada qu'il défend, c'est l'industrie aérospatiale des États-Unis. Il est important de souligner que Boeing a émis une ordonnance d'arrêt de production plus tôt cette année pour les C-17. Selon le communiqué émis par Boeing, cette ordonnance d'arrêt de production découle du faible nombre de commandes de C-17 par le gouvernement américain. Nous achetons la technologie dont les États-Unis ne veulent plus et, par le fait même, nous renforçons les fondements industriels des États-Unis.
Dans ce communiqué, il est également écrit ce qui suit:
Cette mesure touchera éventuellement les 5 500 emplois de Boeing [...] directement liés aux C-17, ainsi que la main-d'oeuvre du fournisseur à l'échelle nationale, ce qui équivaut à plus de 25 000 personnes.
Le gouvernement affirme que le soutien en service crée 25 000 emplois aux États-Unis, alors qu'il aurait pu négocier de façon plus professionnelle pour défendre les emplois canadiens et faire en sorte, comme le gouvernement libéral et ses prédécesseurs l'avaient fait, que la propriété intellectuelle demeure au Canada, tout comme les emplois dans le domaine du soutien en service.
Le gouvernement a failli à la tâche à cause de son laisser-faire. Il estime que ce n'est pas à lui qu'il incombe de créer une stratégie industrielle pour le Canada. Il ne croit pas que l'acquisition de matériel de défense ou les marchés publics peuvent servir à créer de la croissance et des possibilités pour les Canadiens. Le gouvernement ne s'acquitte pas de sa responsabilité de créer des possibilités pour les Canadiens comme les gouvernements précédents ont eu la clairvoyance et la sagesse de le faire.
Par surcroît, cette entente n'est pas conforme à l'ITAR, ce qui signifie que les Canadiens qui ont une double citoyenneté, notamment de l'un des 25 pays qui figurent actuellement sur la liste ITAR établie aux États-Unis, ne seront pas en mesure de travailler dans le cadre de ces contrats. Ainsi, certains députés que les Canadiens ont élus pour les représenter à la Chambre ne seraient pas autorisés à travailler dans le cadre de ces contrats parce que le gouvernement n'a pas fait valoir les intérêts du Canada. Les membres de la famille de ces députés ne pourraient pas non plus participer à ces contrats parce que le gouvernement n'a pas eu le courage d'intervenir pour défendre la souveraineté du Canada lors de la négociation d'un contrat d'une telle envergure.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, le député de prendra la parole dans un moment et il se penchera sur d'autres éléments de la question.
La Défense nationale a pour mission de préserver et de renforcer le rôle du Canada dans le monde et de défendre la souveraineté canadienne. Il est choquant de penser que nous avons un gouvernement conservateur et un qui affaibliraient la souveraineté économique du Canada avec leur approche en matière d'acquisition de matériel de défense.
Il faut reconnaître l'importance de préserver et de renforcer le potentiel industriel du Canada. Le secteur manufacturier canadien fait face à des pertes d'emplois, que ce soit dans le domaine de l'automobile ou de l'alimentation: Hershey a réduit son effectif de 500 employés à Smiths Falls; la société Maple Leaf a fermé son usine; Canard a cessé ses activités et a remercié 300 employés et, sous la direction de l'actuel gouvernement, 2 000 employés ont été licenciés chez Chrysler. Cette situation est attribuable au laisser-faire du gouvernement qui estime ne pas avoir à intervenir pour créer des possibilités économiques à long terme. Le gouvernement a tort et les Canadiens s'en rendent compte; ils comprennent également que cette entente n'était pas judicieuse.
:
Monsieur le Président, je remercie mes collègues du Bloc d'avoir choisi de discuter de ce sujet lors de cette journée d'opposition.
[Traduction]
J'entends le député chahuter. Et bien il n'a qu'à s'en aller comme les autres. Il n'y a personne ici.
[Français]
Aujourd'hui, on aurait pu parler de la politique de franchisés de ce gouvernement. Ce que je trouve drôle et pathétique à la fois, c'est qu'il y a à peine un an, le a dit, lors du Salon international de l'aéronautique de Farnborough, que le Québec a 50 p. 100 et que c'est normal qu'il ait sa part. Il y a, en alternance, le Salon international de l’aéronautique et de l’Espace de Paris- Le Bourget et le Salon international de l'aéronautique de Farnborough. C'était la première chose.
Aujourd'hui, on a « l'employé du mois chez Boeing ». Maintenant, j'appelle le « l'employé du mois chez Boeing ». Je veux lui souhaiter un prompt rétablissement, parce qu'à force de négocier comme il le fait, il a plutôt mal aux genoux. À cause de sa taille, je sais qu'il a présentement mal aux genoux. En effet, il a tellement négocié à genoux que ça lui fait mal. Aussi, je lui souhaite un prompt rétablissement.
Aujourd'hui, on pourrait parler de plusieurs dossiers. On pourrait parler d'une foule de choses. Mon collègue a parlé du ITAR — International Traffic in Arms Regulations — qui regroupe toute la question de règlements de sécurité du gouvernement américain. On a un gouvernement de franchisés et « l'employé du mois » a bien fait son travail. Il a tellement bien fait son travail qu'avant même la signature du contrat, il s'est payé un petit voyage à Washington. Je ne sais pas s'il a utilisé un Challenger, mais je sais que le aime utiliser ce moyen de transport pour aller voir une joute de hockey. Ce ne sont pas les groupes de Boeing et de Lockheed Martin qui sont venus ici. Il s'est rendu à Washington. Pour négocier quoi? On ne le sait pas. Toutefois, il semble que cela ait fonctionné, parce Boeing et Lockheed Martin auront des contrats sans appel d'offres.
Je veux bien me battre pour les régions. Je veux bien m'assurer que le Québec a sa part, que les Maritimes ont leur part, que l'Ouest a sa part. Par contre, le problème, c'est qu'on se bat pour des pinottes, parce qu'ils font oeuvre de diversion. Si on veut s'assurer que notre industrie aéronautique pourra avoir sa part, il faut qu'on ait quelque chose pour cette industrie aéronautique. Cela s'appelle de la propriété intellectuelle. Cela s'appelle des services et du support. Cela s'appelle de la maintenance.
C'est la première fois qu'on achète un équipement militaire qu'on ne possède pas. On l'achète, mais on ne le possède pas. Qu'est-ce que cela veut dire? Dans un équipement, il y a trois lignes de maintenance, soit la troisième ligne de maintenance, c'est-à-dire l'intégration des systèmes informatiques, par exemple. Il y a la deuxième ligne, où on peut parler des moteurs, par exemple. Nous, ce que nous avons, c'est la première ligne de maintenance. Cela veut dire qu'on va mettre du lave-glace, on va vidanger l'huile et on va mettre du gaz dans le réservoir. C'est ce qu'a eu le Canada.
Non seulement notre gouvernement a-t-il abdiqué la souveraineté de notre propre pays, mais notre gouvernement, en tant que franchisé, dit qu'il se fie à nous. ITAR, c'est sérieux. On ne possède pas cet avion, mais on a un grand coeur. Admettons qu'il y ait une catastrophe à Cuba et qu'on ait besoin de cet appareil pour aller porter des vivres et que, par malchance, l'avion ne démarre pas. On tourne la clé et il ne démarre pas. On appellera Boeing pour lui demander d'envoyer la pièce. Savez-vous ce qu'on va nous répondre chez Boeing?
Une voix:Please, you have to say please.
L'hon. Denis Coderre:You have to say please, mais le pire, c'est que Boeing ne pourra pas y aller. Pourquoi? Parce que le gouvernement américain a sa politique étrangère en ce qui a trait à Cuba. Il va nous dire qu'il ne convient pas d'aller à Cuba et qu'il ne nous enverra pas la pièce. C'est le problème numéro un. C'est grave.
Plus tôt, on a parlé du ITAR et de la double citoyenneté. Je suis déçu car, plus tôt, le député d', lorsqu'il a fait référence à un de nos collègues qui a dit avoir la double citoyenneté et qu'il pouvait être député, mais qu'il ne pouvait pas travailler, a dit quelque chose, et j'aimerais qu'on me dise ce que cela signifie, puisque j'apprends l'anglais.
[Traduction]
Il a dit he does not belong here. C'est ce qu'il a dit. Je veux savoir ce que cela veut dire plus tard.
[Français]
On parle de double citoyenneté. Présentement, il existe un problème chez Bell Helicopter. Sur la liste des 25, il y a le Venezuela et Haïti. La diaspora haïtienne est en partie dans mon comté. Les ingénieurs haïtiens n'ont pas le droit de travailler à ces projets. On voudrait travailler avec la Chine, mais ceux qui ont une double citoyenneté chinoise ne peuvent pas y travailler. Cela ne touche pas seulement les ingénieurs. Le concierge qui travaille dans l'entrepôt, près de l'appareil, n'a pas le droit. C'est grave. Cela touche non seulement les ingénieurs et ceux qui occupent des postes importants, mais même les personnes qui travaillent manuellement, près de l'appareil. Cela va bien! Croit-il au multiculturalisme?
Il y a un problème encore plus grave. Cela signifie que, au bout du compte, non seulement on a abdiqué puisqu'il y a maintenant des citoyens de seconde classe, mais on a abdiqué notre souveraineté et notre industrie. Que ce soit au Québec ou ailleurs, peu importe le pourcentage, si on veut que l'industrie pullule, si on veut que cela fonctionne, il faut avoir la propriété intellectuelle.
Sur quoi misent les prochaines générations de moteurs? Sur quoi Kenroad de IMP a-t-il poussé? Il y avait la maintenance. Je veux bien qu'on démarre des entreprises de lave-glace, mais on pourrait peut-être développer de l'huile synthétique. Cependant, on n'aura pas une vraie industrie aéronautique au Canada avec ce gouvernement qui nous donne des pinottes ni avec un ministre de l'Industrie ayant mal aux genoux qui s'en va négocier à Washington. On veut s'assurer que notre gouvernement fait son travail. Ce ministre a dit qu'il ne pouvait intervenir parce que c'était de l'ingérence politique et du favoritisme. À quoi sert ce ministre de l'Industrie s'il ne peut pas travailler pour les intérêts, non seulement de sa province, mais de l'industrie? Cette situation est assez inquiétante.
On pourrait aussi parler de propriété intellectuelle. Je suis heureux aujourd'hui, parce que, avec l'opposition officielle, on a adopté une motion à l'unanimité. J'arrive justement du Comité permanent de la défense nationale. Que ceux qui nous écoutent prennent des notes. On vient d'adopter une résolution à l'unanimité dans laquelle on a recommandé que la vérificatrice générale se penche sur l'ensemble des contrats. Je veux bien me battre pour l'industrie, mais je ne suis pas intéressé par des pinottes de 3,4 milliards de dollars et par un chèque en blanc de 1,3 milliard de dollars parce que les services d'entretien vont se faire aux États-Unis. Quand on donne de l'argent, il faut le donner entièrement aux Canadiens pour qu'ils puissent en bénéficier. Je veux un processus compétitif qui nous permettra d'en avoir pour notre argent. Qu'ils fassent des scénarios qui assureront que chaque région aura ce qu'elle mérite. Mais ce n'est pas ce qui se passe. Je suis très heureux qu'on ait recommandé que la vérificatrice générale se penche sur les contrats des C-17. Nous, on aurait simplement loué ces C-17, quant à ne pas avoir la propriété intellectuelle, quant à ne pas posséder des pièces et quant à ne pas pouvoir aider notre industrie.
Il y avait une alternative, Boeing aurait pu nous les louer. On aurait eu de l'argent pour investir ailleurs. On aurait pu investir dans l'infrastructure de la défense. On aurait pu investir dans des pièces dont on sait qu'on a déjà la propriété intellectuelle. Non seulement le gouvernement a-t-il abdiqué, mais comme on a acheté seulement quatre avions et qu'on n'a pas l'infrastructure, on va laisser les Américains faire notre travail. Ils vont nous faire rêver avec 577 millions de dollars sur un contrat de 3,4 milliards de dollars. C'est ce qu'ils ont établi. Vais-je me battre pour 15 p. 100 de 60 p. 100 au Québec? Je veux m'assurer avant qu'on ne tombera pas dans le panneau de ce gouvernement, que celui-ci nous prouvera qu'on en aura pour notre argent et que les Canadiens et les Québécois, les gens des Maritimes et les gens de l'Ouest auront ce qui leur est dû, c'est-à-dire qu'on aura vraiment ce pourcentage. Présentement, on se bat pour des pinottes.
[Traduction]
Je crois en une répartition équitable des retombées. Je crois en ce pays, et je crois en une véritable souveraineté, parce que nous devons équiper nos forces. En fait, la stratégie de marketing était simple. Le gouvernement n'a eu qu'à ressortir sa peinture bleue et à corriger l'étiquette, car nous avions déjà annoncé 13 milliards de dollars à l'époque.
Néanmoins, je trouve la motion pertinente. Le gouvernement doit nous donner l'heure juste et, s'il ne le fait pas, il y aura toujours la période des questions. Nous avons plusieurs questions, mais je suis heureux de savoir que la vérificatrice générale examinera ces contrats, car il y a anguille sous roche.
:
Je m'excuse, monsieur le Président, je pensais que nous en étions toujours aux questions et observations.
Il y a quelques minutes, nous étions au Comité permanent de la défense nationale. Nous avons entendu le témoignage d'Alan Williams, l'ancien sous-ministre adjoint de la Défense nationale responsable des achats. Nous avons également entendu celui de Douglas Bland, de l'Université Queen's.
Lors de cette réunion, nous avons pu adopter, à l'unanimité, une motion demandant à la vérificatrice générale d'examiner certaines questions relatives aux achats récents. Je pense que la plupart des Canadiens seront satisfaits de constater que tout ce processus est surveillé par des civils. Cependant, une bonne partie de cette surveillance est rétrospective et n'est peut-être pas faite comme elle devrait l'être, par un comité de la défense très dynamique et actif qui s'en chargerait.
Il était très clair dès le départ que, pour ce processus d'acquisition, le gouvernement savait d'avance ce qu'il voulait acheter. Pour le transport aérien stratégique, le gouvernement voulait le C-17. Pour le transport aérien tactique, il voulait le C-130J. Pour ce qui est des hélicoptères, il voulait le Chinook. Il ne voulait pas d'un processus d'appels d'offres ouvert. Il a eu recours aux PAC, les Préavis d'adjudication de contrat, et il s'est prévalu de l'exemption au titre de la sécurité nationale pour se soustraire à l'Accord sur le commerce intérieur. C'est ce dont je parlais il y a quelques minutes.
L'Accord sur le commerce intérieur visait à dépolitiser le processus, à éliminer la possibilité de décisions politiques concernant l'attribution des contrats et à favoriser un processus fondé essentiellement sur les avantages industriels pour le pays dans son ensemble, à l'abri de tout soupçon d'ingérence politique.
Le Canada dispose d'une bonne législation en matière d'appels d'offres pour les marchés de défense. Nous sommes l'un des seuls pays à imposer un système obligatoire d'appels d'offres pour les marchés de défense. Cependant, il est clair que les conservateurs ont entrepris ce programme de dépenses de grande envergure sans réfléchir clairement aux implications pour l'industrie et qu'ils ont agi avec précipitation.
Les Forces canadiennes ont des besoins critiques à l'heure actuelle et je crois que tous les députés le reconnaissent. Elles ont notamment besoin d'aéronefs à voilure fixe pour la recherche et le sauvetage, que l'on fait à l'heure actuelle avec des Buffalo, âgés de 40 ans. Lorsque j'en ai parlé au au Comité de la défense, il a déclaré que le processus à cet égard était au point mort.
Cela fait 25 ans que l'on propose un nouvel aéronef à voilure fixe pour la recherche et le sauvetage, mais ni le gouvernement libéral précédent, ni le gouvernement conservateur actuel, n'ont accédé à cette demande.
Tous les partis à la Chambre devraient appuyer l'achat de nouveaux avions de recherche et de sauvetage. C'est une question très importante pour les Canadiens dans ma circonscription. C'est une question très importante en Colombie-Britannique, ma province. Pourtant, ni le précédent gouvernement, ni le gouvernement conservateur n'ont agi comme il se doit dans ce dossier.
J'ai présenté une motion à la Chambre, la motion no 283, qui permettra aux députés d'appuyer l'acquisition de nouveaux avions de recherche et de sauvetage. Malheureusement, les conservateurs n'ont pas intégré cela au train de mesures qu'ils présentent à la Chambre. Ils n'ont pas fait non plus de la souveraineté dans l'Arctique un but de leur stratégie d'approvisionnement. Cela va à l'encontre des promesses qu'ils ont faites lors de la dernière campagne électorale.
Les conservateurs avaient promis que l'affirmation de la souveraineté du Canada et le maintien de sa souveraineté dans l'Arctique seraient un aspect important de toutes les mesures qu'ils prendraient dans le dossier de la défense. Pourtant, ils ont concentré leurs efforts sur l'achat de C-17 qui, comme des députés l'ont dit aujourd'hui, sont fabriqués aux États-Unis. Par conséquent, une grande partie du marché pour le service et l'entretien de ces avions ira aux États-Unis.
J'ai posé la question suivante au comité, mais le gouvernement ne m'a jamais fourni de réponse satisfaisante. Que fera-t-on le jour où des avions militaires américains feront la queue pour les services d'entretien et que nos avions auront aussi besoin d'entretien? Que fera-t-on le jour où six avions militaires américains et deux avions canadiens feront la queue pour les services d'entretien? Logiquement, quels avions passeraient en premier?
J'aimerais aussi parler de la situation dans le secteur de la fabrication au Canada. Les conservateurs et même les libéraux ont peint le tableau en rose, mais une tendance très sombre se dessine dans l'économie actuelle. Le Canada perd nombre de bons emplois dans des secteurs clés. Au cours du dernier mois seulement, une autre usine a fermé ses portes dans ma collectivité à cause de l'entente sur le bois d'oeuvre. Ce sont des Canadiens de la classe moyenne qui sont touchés par la perte de ces bons emplois qui leur permettent de subvenir aux besoins de leurs familles.
Un rapport du Centre canadien de politiques alternatives publié aujourd'hui révèle que l'écart de prospérité s'élargit au Canada. Bien que les familles canadiennes travaillent davantage, l'écart de revenu au Canada s'agrandit. On apprend qu'un petit nombre de privilégiés au sein de la société canadienne bénéficie de la plus grande partie de la croissance économique. Cette disproportion révèle une tendance troublante. La majorité des familles canadiennes a perdu du terrain ou fait du surplace.
Un quart de million d'emplois dans le secteur de la fabrication ont été perdus au Canada depuis 2002. Plus du dixième ont été perdus en raison de mises à pied, de fermetures d'usines ou parce qu'on n'a pas remplacé des travailleurs partis à la retraite. Les femmes occupaient le tiers de ces emplois. L'Ontario et le Québec comptent parmi les provinces les plus durement touchées. C'est une nouvelle troublante pour les travailleurs canadiens, car les emplois dans le secteur de la fabrication offrent une rémunération dépassant de près de 30 p. 100 le salaire national moyen.
En dépit des promesses occasionnelles des gouvernements libéral et conservateur, le Canada ne dispose d'aucun plan concret pour les secteurs de l'automobile, de l'aérospatiale et de la fabrication. Il n'existe aucune stratégie à long terme en matière de recherche et développement ou de perfectionnement des compétences ni aucun plan pour saisir les vastes possibilités de l'économie verte du XXIe siècle. Voilà pourquoi, selon le Forum économique mondial, le Canada est passé du 11e au 16e rang en matière de compétitivité mondiale.
Le Forum économique mondial et d'autres nous ont avertis que le Canada avait besoin de faire preuve d'innovation et de proposer des produits et des procédés plus originaux. Le concept de la valeur ajoutée aux produits et aux services a inspiré la Colombie-Britannique, qui a voulu l'appliquer à son industrie du bois d'oeuvre et à ses grumes.
Le NPD appuie le principe selon lequel l'achat devrait se faire au Canada, où il peut créer des emplois et renforcer nos industries. L'industrie aérospatiale a besoin du même soutien que les grands secteurs industriels comme celui de l'automobile. Nous avons besoin d'une politique globale qui est axée sur l'avenir et la croissance de l'industrie et qui s'attaque aux difficultés financières et aux difficultés liées aux compétences. L'industrie aérospatiale canadienne n'a pas vu le jour sans plan. Au contraire, nous avons favorisé activement son essor grâce à une stratégie comprenant des investissements publics et privés et de l'innovation.
Il y a des débouchés pour l'industrie aérospatiale en Colombie-Britannique également. Cette province compte environ 10 000 emplois dans cette industrie, et ce sont de bons emplois. C'est le genre d'emplois qui permettent de subvenir aux besoins d'une famille. Ils permettent aux familles de s'acheter une maison et d'avoir une bonne qualité de vie. Mon collègue d'Abbotsford connaît sûrement une des entreprises de cette industrie, Cascade Aerospace.
Il convient de faire remarquer que, en Colombie-Britannique, le salaire industriel moyen est de 35 000 $. Toutefois, dans l'industrie aérospatiale de la province, le salaire moyen s'élève à 50 000 $ par année. La Colombie-Britannique compte d'autres entreprises qui pourraient être des fournisseurs dans le cadre de marchés pour les avions militaires, notamment ACROHELIPRO Global Services Inc., à l'aéroport international de Vancouver, AVCORP Industries Ltd. de Delta, ainsi qu'ASCO Aerospace Canada Ltd.
J'espère que les personnes qui adjugent les contrats auront envisagé des candidats à l'échelle du pays et que toutes les régions du pays auront l'occasion de soumissionner en réponse à ces appels d'offre et peut-être même de décrocher certains de ces contrats.
Étant donné la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée et le fait que, tant sous les libéraux que sous les conservateurs, le Canada est devenu de moins en moins concurrentiel à l'échelle internationale, le moment est venu d'élaborer une stratégie nationale pour l'industrie aéronautique. Il nous est déjà arrivé d'investir de manière stratégique dans certains secteurs clés afin de ne pas laisser certaines industries canadiennes en proie aux lois du marché.
C'est grâce à de telles décisions que nous avons pu renforcer la classe moyenne au Canada et favoriser la prospérité. C'est grâce à elles que les gens ont pu trouver des emplois pour faire vivre leur famille et que les travailleurs canadiens ont pu avoir la sécurité économique nécessaire pour acheter une maison, subvenir aux besoins de leurs enfants et prendre leur retraite en toute dignité. Le contrat d'achat des C-17 ne nous donne pas ces avantages. Il s'agit plutôt d'un achat auprès d'un fournisseur unique qui ne profite qu'à Boeing et aux Forces aériennes des États-Unis.
Cependant, examinons la position du Bloc québécois. Les députés du Bloc demandent depuis des années qu'on élabore une politique d'ensemble pour l'industrie aéronautique, assortie d'un financement prévisible à long terme. Les députés du Bloc devraient se demander comment cette motion accomplira cela.
Le Bloc est représenté ici depuis 1990. Il lui est arrivé d'avoir près de 70 p. 100 de tous les sièges au Québec. Le Bloc a été l'opposition officielle à la Chambre après 1993. Il a aujourd'hui assez de sièges pour maintenir un gouvernement minoritaire au pouvoir. Il s'est prévalu de ce pouvoir l'année dernière pour appuyer le budget des conservateurs, qui ne prévoyait rien pour l'assurance-emploi, rien pour Kyoto, rien pour l'industrie aéronautique et un simple dépliant sur la péréquation.
Si les députés du Bloc voulaient vraiment une politique d'ensemble pour l'industrie aéronautique, pourquoi ne se sont-ils pas prévalus de leur pouvoir dans cette situation de gouvernement minoritaire pour l'inclure dans le budget? Les députés du Bloc auraient pu faire ce que les néo-démocrates ont fait du temps du gouvernement minoritaire libéral pour obtenir des fonds depuis longtemps nécessaires pour les villes, le développement international et l'environnement, mais ils ne l'ont pas fait. Ils devront expliquer pourquoi à leurs électeurs la prochaine fois.
En 2006, le NPD a fait campagne en faveur de l'élaboration de stratégies particulières à divers secteurs industriels comme l'automobile, l'aérospatiale, l'acier, le tourisme, la foresterie et la construction navale. Nous continuerons de poursuivre cette vision économique. Nous espérons que d'autres députés à la Chambre partagent nos préoccupations.
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Monsieur le Président, j'aimerais partager mon temps avec la députée de .
Au départ, le Québec ne veut pas la charité. La seule chose qu'il veut est sa juste part. L'industrie aéronautique québécoise représente, selon les années, entre 55 p. 100 et 60 p. 100 de l'industrie aéronautique canadienne. Il serait tout à fait normal qu'il reçoive sa juste part des retombées en aéronautique des contrats fédéraux. Sa juste part est entre 55 p. 100 et 60 p. 100 des retombées. Le dit n'importe quoi. Il dit que les contrats gouvernementaux ne sont pas des contrats privés. Ignore-t-il qu'un contrat du gouvernement n'est pas un contrat privé? Le ministre a poussé son argument jusqu'au ridicule en allant dire qu'imposer des retombées au Québec reviendrait à faire du patronage. Il faut le croire, il faut le voir aussi et on l'a vu. On ne lui demande qu'une chose: veiller à ce que l'industrie québécoise ait sa juste part. C'est son travail en tant que ministre de l'Industrie.
L'industrie aéronautique québécoise lui demande la même chose, tout comme la Chambre de commerce du Québec et les grandes centrales syndicales, bref, tout le monde, sauf peut-être M. Charest, qui est prêt à se plier et à se mettre à genoux devant le gouvernement conservateur. Nous, nous allons nous tenir debout.
Le gouvernement pouvait imposer toutes les conditions qu'il voulait. Les achats militaires sont exclus des accords commerciaux, donc il peut faire ce qu'il veut. Toutefois, il n'a pas prévu qu'il y ait des retombées au Québec. Ottawa affaiblit le seul vrai pôle aéronautique canadien au Canada. C'est une décision qui revient à désavantager des entreprises québécoises qui, au lieu d'être toutes intégrées à l'industrie américaine, sont assez excellentes — et je dis bien excellentes — pour se mesurer à des concurrents de partout dans le monde et constituées des pôles de développement aéronautique chez nous. Qu'un ministre de l'Industrie venant du Québec cautionne une décision aussi funeste pour le Québec, cela en est une honte et ce n'est pas acceptable.
Il y aura 18 500 emplois par année de moins au Québec à cause des conservateurs. L'achat des avions C-17 de Boeing, des hélicoptères Chinook de Boeing, des avions Hercules et des C130J de l'américaine Lockheed Martin totalise 13 milliards de dollars, incluant les contrats d'entretien. Les retombées au Canada devraient totaliser au moins 9,2 milliards de dollars. Le gouvernement conservateur sera ainsi directement responsable de la perte de 18 500 emplois/année au Québec, soit l'équivalent de 1 850 emplois sur 10 ans.
Du même souffle, je crois que le gouvernement conservateur laisse aller l'industrie de tous bords tous côtés. On n'a seulement qu'à penser à l'industrie du textile, du bois d'oeuvre, du meuble et maintenant, ce sera l'aéronautique. En cautionnant une pareille horreur pour faire plaisir à leurs patrons du Canada anglais, les députés conservateurs du Québec sont tombés bien bas. En affaiblissant l'industrie aéronautique québécoise, le gouvernement s'en prend au fleuron de notre économie. L'aéronautique au Québec, c'est 250 entreprises, dont 240 PME, qui fournissent des livraisons de plus de 11 milliards de dollars, dont 89 p. 100 sont destinées à l'exportation.
Je peux vous dire que chez nous, dans ma circonscription, il y a des industries d'aéronautique. J'ai dans ma circonscription les industries Air-Terre Équipement, Automatech Industrielle, Machine-Outils Henri Liné, Placage Granby, Produits intégrés Avior Inc., à Granby, et SIDO. Ces industries devraient avoir des retombées économique de ces contrats, mais on n'est vraiment pas sûr de ce qui va se passer.
Non content de ne pas soutenir notre industrie aujourd'hui, les conservateurs nuisent en plus à son avenir. Pour une politique de l'aéronautique, le Bloc québécois réclame depuis longtemps une véritable politique aéronautique fédérale. Outre les incitatifs fiscaux normaux, cette politique doit viser les objectifs suivants: un programme clair et prévisible de soutien à la recherche et au développement; un engagement ferme et prévisible au financement des ventes, en particulier des ventes à l'exportation; une politique de soutien aux PME de l'aéronautique; et une politique d'achat de matériel militaire qui favorise le développement de l'industrie.
Le gouvernement conservateur peut bien nous dire que le Bloc québécois ne peut rien faire, mais je peux dire une chose: lorsque vient le temps d'avancer des suggestions et des plans, on est là pour le faire.
C'est alors que les conservateurs prennent nos plans et nos idées pour les mettre en place. Ensuite, ils réalisent qu'effectivement, le Bloc québécois a une certaine influence ici, auprès du gouvernement, parce que ses idées sont les bonnes.
Parlons des achats militaires des conservateurs. En juin 2006, le , ancien lobbyiste des industries militaires, a annoncé l'intention du gouvernement fédéral d'augmenter les acquisitions de matériel de défense de 17,1 milliards de dollars pour mettre en oeuvre son plan de défense nommé « Le Canada d'abord ».
Le volet aérospatial du projet « Le Canada d'abord » annoncé totalise 13 milliards de dollars: 7 milliards de dollars pour l'achat de nouveaux aéronefs, avions et hélicoptères, et 6 milliards de dollars pour leur soutien en service et leur entretien pendant 20 ans.
Les trois programmes d'acquisition dans le domaine aérospatial sont les suivants: 1,2 milliard de dollars pour l'acquisition de quatre nouveaux appareils de transport lourd tactique Boeing C-17, plus 2,2 milliards de dollars pour le service et l'entretien pendant 20 ans. Le total est de 3,4 milliards de dollars. Il y a aussi 3,2 milliards de dollars pour l'achat de nouveaux aéronefs de transport tactique militaire — le gouvernement pourrait en acheter 17 —, plus 1,7 milliard de dollars pour le soutien en service et l'entretien pendant 20 ans. L'appareil préféré pour ce contrat est le Hercule C-130J de l'américaine Lockheed Martin, pour un total de 4,9 milliards de dollars. Il y a 2 milliards de dollars pour l'achat de 15 nouveaux hélicoptères de transport moyen-lourd de marque Boeing Chinook, plus 2,7 milliards de dollars de soutien pendant 20 ans. Tout cela totalise le montant de 13 milliards de dollars.
Aucun de ces aéronefs n'a été ni ne sera construit au Canada. Les appareils de recherche et de sauvetage ont été, du moins en partie, développés au Canada, mais leur achat n'a pas été annoncé.
L'expression « retombées économiques maximums » signifie que l'entrepreneur primaire devra, pour chaque dollar reçu du gouvernement, engager une somme équivalente dans l'économie canadienne, soit par des achats ou des investissements, mais pas nécessairement dans l'industrie aérospatiale.
Le contrat précise que Boeing devrait acheter ou investir 3,4 milliards de dollars, soit l'équivalent de la valeur du contrat en respectant les conditions suivantes: la moitié des retombées devrait être dans le domaine de l'aéronautique et de la défense; 30 p. 100 des retombées devraient être dans le domaine ayant un intérêt technologique et 15 p. 100 des contrats générant des retombées devront être accordés à des PME.
Le contrat ne contient aucune précision concernant la distribution géographique de ces retombées. Boeing achètera ou investira où elle le désire. Les avions seront construits et réparés aux États-Unis. Les retombées directes découlant du contrat seront donc à peu près nulles. Il n'y aura pas de retombées indirectes non plus.
Si, comme il serait normal de le présumer, Boeing se fie à son réseau existant de fournisseurs, le Québec devrait recevoir entre 25 et 30 p. 100 des retombées. En effet, Boeing compte deux filiales dans l'Ouest, au Manitoba et en Colombie-Britannique, et ses principaux fournisseurs sont situés en Ontario, au premier chef, une firme de Mississauga appelée Magellan. Et tout cela, alors que l'industrie aéronautique québécoise représente entre 55 et 60 p. 100 de l'industrie canadienne de l'aéronautique.
En ce qui concerne les 18 500 emplois perdus, si le Québec avait obtenu 60 p. 100 des retombées, les contrats auraient généré 37 000 emplois au Québec. Comme, au contraire, le Québec n'obtiendra probablement qu'une maigre proportion de 30 p. 100 des retombées, les contrats ne généreront que 18 500 emplois par année.
Je voulais vous parler du portrait de l'industrie aéronautique, mais comme vous me faites signe qu'il me reste une minute, je tenterai alors de trouver les points culminants dont je voulais vous faire part.
En ce qui concerne la politique d'achat de matériel militaire, le Bloc québécois réclame l'adoption d'une nouvelle politique qui s'articule autour des éléments suivants: offrir la priorité aux fournisseurs canadiens; lorsqu'un fournisseur canadien n'est pas en mesure d'offrir le bien en question, veiller à ce que le contrat passé à l'étranger génère des retombées intéressantes et structurantes au Canada; veiller à ce que ces retombées soient réparties d'une manière équitable, c'est-à-dire d'une manière qui respecte la répartition géographique de l'industrie.
Pour finir, j'aimerais remercier le député de , et je lirai la motion qu'il nous a présentée:
Que la Chambre dénonce l’attitude de laisser-aller du gouvernement qui a prévalu dans sa négociation avec Boeing, déplore que le Québec n’ait pas eu sa juste part des retombées économiques de ce contrat compte tenu de l’importance de son industrie aéronautique, soit près de 60 pour 100, et demande au gouvernement de prévoir une juste répartition régionale des retombées économiques pour tous les contrats futurs.
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Monsieur le Président, mes collègues ont fait ce matin une démonstration brillante de l'importance de l'industrie aérospatiale au Québec et des retombées qu'on devrait avoir. On a parlé de 55 p. 100 à 60 p. 100. Je vais faire la démonstration à l'honorable député qui posait la question il y a quelques instants, à savoir que c'est vraiment entre 55 p. 100 et 60 p. 100.
On a dit que le secteur aérospatial jouait un rôle prépondérant dans l'économie du Québec. Il en joue également un dans l'économie de la Rive-Sud, où est situé le comté de que je représente en cette Chambre. Le secteur de l'aérospatiale est même, sans doute, l'un des maillons les plus solides de l'économie de la Rive-Sud. D'ailleurs, Développement économique Longueuil a fait une excellente étude, et je vais partager avec vous quelques éléments de leur analyse.
Les infrastructures en place sur la Rive-Sud, la concentration des chefs de file mondiaux et l'encouragement fiscal à la recherche et développement contribuent à attirer chaque année de nouveaux investisseurs sur la Rive-Sud. La Rive-Sud de Montréal constitue aussi une plaque tournante pour l'exportation.
Au chapitre des chefs de file en aérospatiale, il faut mentionner la présence de Pratt & Whitney Canada, Héroux-Devtech et l'Agence spatiale canadienne, qui est à Saint-Hubert. Malheureusement, ce gouvernement fédéral diminue d'année en année sa contribution à la recherche au sein de son agence spatiale, contrairement aux autres pays du G8. Il y a aussi le Groupe Lemex. Ce sont toutes des entreprises qui contribuent à faire de l'industrie aérospatiale une figure de proue de l'industrie dans le Grand Montréal.
La région montréalaise est le seul endroit au monde où, dans un rayon de 30 kilomètres ou 19 milles, les principales composantes d'un avion sont accessibles. La région montréalaise est le deuxième pôle mondial en aérospatial après Seattle et avant Toulouse. On retrouve dans la région montréalaise une concentration unique de leaders mondiaux — j'en ai parlé tantôt avec Pratt & Whitney Canada, Bombardier Aéronautique, l'Agence spatiale, Bell Helicopter — qui sont soutenus par 10 centres de recherche. L'industrie aérospatiale du grand Montréal emploie 37 000 personnes, compte plus de 240 compagnies, génère des revenus annuels de plus de 10 milliards de dollars et représente entre 55 p. 100 et 60 p. 100 du marché canadien. Un emploi sur six dans la région de Montréal est relié secteur aérospatial.
En six ans, les ventes du secteur ont augmenté de plus de 80 p. 100. Plus de 80 p. 100 de la production est exportée et plus de 700 millions de dollars sont investis annuellement dans des activités de recherche et développement au Québec.
Dans mon comté, , qui est presque au coeur de la Rive-Sud, on retrouve de nombreuses entreprises aérospatiales, une dizaine de sous-traitants et d'importantes entreprises. On y retrouve même l'Aéroport de Saint-Hubert, dont je reparlerai, l'Agence canadienne, dont j'ai parlé, et le Collège d'aérotechnique, un collège très important dans le domaine de l'aérospatial.
Les entreprises qu'on retrouve dans mon comté sont les suivantes: Aéro Teknik, Amphenol Air LB North America, Avtech, Beel Technologies, Brechbuhl, Lemex, Marinvent Corporation, Netur Usinage, Tecnar Automation. Ce sont des entreprises et des sous-traitants extrêmement importants qui ont quelque centaines d'employés. Officiellement, ces neuf entreprises totalisent 175 employés, mais on sait aussi que beaucoup de travailleurs et travailleuses de la Rive-Sud travaillent dans les autres grandes entreprises. Des milliers d'autres travaillent chez Pratt & Whitney, chez Héroux-Devtech et aussi à l'Agence spatiale canadienne. Ce sont des milliers de travailleurs et de travailleuses qui ont des emplois de grande qualité — on parle d'un salaire moyen de près de 60 000 $ — et qui s'attendent à les garder dans les années à venir. Parlez-en, entre autres, à Camille Larochelle, le président du Syndicat des travailleurs de l'aéronautique. Il en parlera longtemps.
Non seulement la région de la Rive-Sud, la grande région de Montréal et le Québec ont besoin des retombées des achats de ce gouvernement et des achats de C-17 de Boeing, mais ils ont également d'autres besoins concernant l'aéroport. Ce gouvernement est incapable de gérer les conditions d'un contrat de 3,4 milliards de dollars, mais en plus, il ne répond pas, ni rapidement ni aisément, à une très simple demande des responsables du développement de l'aéroport Saint-Hubert—Longueuil, à savoir DASH-L, qui ont besoin de fonds supplémentaires et de subventions importantes pour réparer la piste actuelle et l'allonger. On sait que cette restauration de la piste, qui coûterait 70 millions de dollars, pourrait permettre à une grande entreprise aérospatiale, à savoir Pratt & Whitney, de poursuivre l'essai de ses moteurs à Saint-Hubert, comme elle le fait depuis 75 ans maintenant.
Pratt & Whitney a à son actif la production de 55 000 moteurs livrés à ses clients dans quelque 190 pays depuis 75 ans.
On sait que la concurrence des autres pays est très forte et très vive. Les grandes entreprises de l'étranger sont soutenues par leurs gouvernements. Ce n'est pas seulement une question de gros sous. Il s'agit de l'avenir de notre industrie, et surtout de l'avenir du capital des travailleurs et des travailleuses.
Le Bloc québécois veut une vraie politique de l'aéronautique. Arrêtons de gérer cela à la petite semaine, un petit coup à droite et un petit coup à gauche, un petit contrat avec Boeing de quelques milliards de dollars où on ne négocie aucune condition. Cela n'a aucun sens. Aucune personne ici présente n'achèterait pour des milliards de dollars sans aucune condition.
À l'automne 2004, Bombardier, Pratt & Whitney et Bell Helicopter ont manifesté leur intention d'investir de fortes sommes en recherche et développement pour lancer des projets d'envergure. Dans les trois cas, l'absence de politique fédérale claire a forcé la tenue de négociations longues et pénibles.
Depuis 2002, le Bloc demande au gouvernement de mettre sur pied une politique de l'aéronautique qui assurerait aux entreprises un soutien fiable et prévisible leur permettant ainsi de planifier à l'avance leurs projets de développement. Face au désintérêt fédéral, le Bloc a même présenté sa propre politique, fort bien reçue par l'industrie.
À l'automne 2005, exaspéré par les pressions répétées du Bloc québécois, le gouvernement libéral a présenté une liste de barèmes dont il tiendrait compte pour l'élaboration d'une éventuelle politique de l'aéronautique. Il faut dire aussi que nous étions à l'aube d'une campagne électorale. La politique n'a jamais suivi et le gouvernement libéral n'a pas été réélu. À force de ténacité, le Bloc a fini par faire admettre aux libéraux qu'une telle politique était nécessaire après qu'ils l'aient niée pendant des années.
Le Bloc continuera de pousser le dossier pour faire fléchir les conservateurs qui nuisent terriblement au Québec par leur déni de la réalité de ce secteur névralgique pour le Québec.
Voici les éléments d'une vraie politique de soutien à l'aéronautique: le soutien à la recherche et au développement, la restauration d'un vrai programme de partenariat technologique, le financement des contrats de vente, le soutien et enfin, une politique d'achat de matériel militaire.
En ce qui a trait au soutien à la recherche et au développement, le gouvernement du Québec a réussi à créer un environnement favorable au développement de l'industrie aéronautique. Au Québec, on retrouve près d'une quarantaine de programmes de formation orientée vers l'industrie aéronautique — formation professionnelle de troisième cycle universitaire —, qui assure à l'industrie une main-d'oeuvre de qualité.
De plus, le gouvernement offre du soutien à l'investissement et des crédits d'impôts élevés qui font diminuer le coût de la recherche et font du Québec un lieu de prédilection pour les entreprises de haute technologie.
Le gouvernement fédéral offre aussi des incitatifs fiscaux à la recherche et au développement. Néanmoins, le financement fédéral de la recherche est nettement insuffisant.
Pour la recherche et développement dans l'industrie aéronautique, le soutien financier du gouvernement fédéral est d'autant plus crucial que les compétiteurs de l'industrie québécoise et canadienne que sont Boeing, Airbus et Embraer peuvent compter sur le soutien de l'État.
Au sein de l'OCDE, les dépenses en recherche et développement atteignent en moyenne 2,3 p. 100 du PIB. Parmi les pays du G7, la moyenne est autour de 2,5 p. 100 du PIB. Au Canada, les dépenses en recherche et développement stagnent à 2 p. 100 du PIB. Le Canada prend du retard.
Le Québec fait bonne figure avec un effort en recherche et développement nettement plus élevé que la moyenne des pays industrialisés malgré le faible soutien d'Ottawa. En effet, le gouvernement fédéral ne contribue qu'à hauteur de 15 p. 100 au financement de la recherche effectuée au Québec, moins que n'importe où au Canada. Les succès du Québec, on les doit aux efforts du Québec et ce, malgré les embûches d'Ottawa.
En conclusion, je résume en une phrase la politique que suggère le Bloc québécois pour le domaine de l'aérospatial: il faut que l'aéronautique soit au Québec ce que l'automobile est à l'Ontario.
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Monsieur le président, je suis heureux d'avoir l'occasion de discuter des nombreuses exigences très rigoureuses que le gouvernement a imposées à Boeing dans le cadre du processus d'acquisition de transport aérien stratégique.
La motion suggère que le gouvernement a été complaisant à l'endroit de Boeing durant les négociations. Rien ne pourrait être plus faux. Les retombées industrielles doivent être de haute qualité et de haute technologie. Par exemple, les types de projets suivants seraient acceptables: la production de systèmes d'avionique de mission pour des hélicoptères, l'installation de radars et d'équipement électronique dans des avions de chasse, la production de pièces composites de haute technologie pour des grands avions commerciaux, la mise en place d'un centre de recherche et de développement ou l'investissement dans les universités canadiennes pour la recherche en génie aérospatial.
Toutefois, si une entreprise proposait d'acheter des matériaux bruts comme de l'acier ou du minerai de fer, de faire le commerce du blé, de la nourriture ou de produits agricoles, ou d'acheter des biens et services à faible contenu technologique, ces demandes seraient rejetées.
Une fois qu'une entreprise a élaboré une proposition de retombées industrielles de haute qualité et de haute technologie, cette proposition est évaluée selon trois critères stricts. Tout d'abord, le travail doit découler du programme d'acquisition. Ensuite, le travail doit être exécuté pendant la période définie dans le contrat. Finalement, le travail doit respecter le principe de l'accroissement selon lequel on peut se servir des relations d'affaires existantes, mais seulement le nouveau travail compte aux fins du respect de l'obligation.
Ensuite, Industrie Canada insiste pour que les retombées soient réellement canadiennes. Pour ce faire, le ministère examine précisément la valeur du contenu canadien des transactions entre les fournisseurs principaux et les fournisseurs canadiens. Autrement dit, les fonctionnaires examinent précisément la quantité de matériel ou de travail de source canadienne que comporte une transaction et lui accordent des points.
Par conséquent, si un entrepreneur achète un produit d'une société canadienne et que le produit est entièrement fabriqué au Canada, il reçoit tous les points attribués à cet élément. Cependant, si 60 p. 100 du produit et fabriqué au Canada, il ne se verra accorder que 60 p. 100 des points attribués à cet élément. Cela signifie également que la valeur totale des contrats avec les entreprises canadiennes dépassent souvent le montant que le gouvernement verse au fournisseur principal. Les entreprises canadiennes profitent de ces revenus et, par le fait même, l'économie canadienne en bénéficie.
De plus, la moitié des transactions de Boeing relatives aux retombées industrielles doivent relever du secteur de l'aérospatiale et de la défense. Boeing oeuvre principalement dans l'indutrie de l'aérospatiale et de la défense. Ainsi, la majorité de ses activités au Canada devraient être dans ce domaine. Cependant, en imposant ce minimum, le gouvernement a laissé la porte ouverte à d'autres secteurs de la haute technologie. Boeing doit également affecter 30 p. 100 de ses contrats de retombées industrielles aux technologies clés, telles qu'elles apparaissent dans la liste à cet effet.
La liste des technologies clés a été dressée en collaboration avec l'industrie. Elle indique les neuf principales priorités en matière de technologies qui aideront à maintenir et à développer le secteur de l'aérospatiale et de la défense, tout en assurant sa durabilité à long terme. La liste comprend les technologies suivantes: matériaux nouveaux et fabrication de pointe; systèmes d'avionique et de mission; communications et contrôle; gestion de la puissance et de la propulsion; sécurité et protection; capteurs; simulation, formation et environnement synthétique; espace; et systèmes de véhicule sans pilote. Boeing a déjà repéré un certain nombre de transactions qui répondraient aux exigences de la liste des technologies clés. L'entreprise entreprendra de grands projets faisant appel aux technologies en matière de matériaux composites, de simulation et de formation, de communication et de contrôle, et d'espace.
Enfin, 15 p. 100 des contrats de retombées industrielles de Boeing doivent être accordés à des petites et moyennes entreprises. Celles-ci sont vitales pour assurer la croissance et la viabilité du secteur de l'aérospatiale et de la défense ainsi que celles de l'ensemble de l'économie. Ces entreprises ont su démontrer qu'elles étaient des chefs de file dans les modèles de croissance économique. Boeing est une grande entreprise composée de nombreuses divisions et il est souvent difficile pour les petites entreprises de se tailler une place dans la chaîne d'approvisionnement de Boeing. Il est donc important de veiller à ce que ces entreprises aient aussi la possibilité de saisir cette occasion.
Jusqu'à présent, les retombées industrielles liées au projet de transport aérien stratégique sont solides dans tous ces secteurs et promettent d'avoir un impact durable à long terme sur l'économie canadienne. Le nouveau gouvernement du Canada, par l'entremise d'Industrie Canada, met fortement l'accent sur l'importance d'une participation transcanadienne et met en évidence les compétences des entreprises canadiennes. Notre gouvernement déploie tous les efforts voulus pour que les sociétés internationales prennent conscience de l'étendue de l'industrie canadienne et de la vaste gamme de ses atouts.
Les fonctionnaires d'Industrie Canada travailleront en étroite collaboration avec les organismes de développement régional, à savoir l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, Diversification de l'économie de l'Ouest Canada et l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec. Ensemble, ils repéreront les entreprises canadiennes qui pourraient s'intéresser aux débouchés existants.
En outre, les fonctionnaires travailleront directement avec les entreprises canadiennes de tout le pays pour mettre en lumière les possibilités existantes, aider les entreprises qui cherchent à obtenir des contrats afin de souligner l'importance d'une participation transcanadienne et mettre en évidence les compétences de ces entreprises.
Nous soulignons aussi très clairement aux soumissionnaires éventuels que nous nous attendons à ce qu'ils travaillent avec des entreprises partout au Canada. Boeing, par exemple, a tenu quatre séances auprès de l'industrie à l'échelle régionale, soit une dans chaque région du Canada: dans la région de l'Atlantique, les 7 et 8 septembre 2006 au cours du spectacle aérien d'Halifax; dans la région de l'Ouest, à Calgary, les 3 et 4 octobre 2006; dans la région du Québec, à Montréal, les 24 et 25 octobre 2006; et dans la région de l'Ontario, à Toronto, les 7 et 8 novembre 2006. Boeing a pu rencontrer des centaines d'entreprises canadiennes au cours de ces séances où elle a pu constater les forces et capacités des entreprises de tout le pays. Boeing a entrepris de travailler avec des entreprises canadiennes en vue d'obtenir des retombées industrielles à 100 p. 100. Il s'agira de relations logiques sur le plan commercial, qui présentent de réels débouchés et qui mènent à la formation de partenariats durables et viables.
Les retombées canadiennes représentent des obligations contractuelles sérieuses. Industrie Canada exige des rapports annuels, des vérifications et des garanties d'exécution. Chaque année, les entrepreneurs doivent rendre compte de ce qu'ils ont accompli à cet égard. Il peut même y avoir des conséquences financières pour non exécution, mais on n'a jamais dû y recourir jusqu'à maintenant.
Qu'on me permette de résumer les exigences strictes que je viens de décrire. Boeing doit fournir des retombées de haute qualité de haute technologie équivalant à 100 p. 100 de la valeur du contrat éventuel. Elle doit travailler avec des entreprises de partout au Canada, y compris le Québec. Elle doit consacrer au moins 50 p. 100 des retombées à l'industrie de l'aérospatiale et de la défense, au moins 30 p. 100 aux neuf technologies clés retenues par l'industrie de l'aérospatiale et de la défense, au moins 15 p. 100 à des petites et moyennes entreprises et elle doit fournir une valeur pour le Canada équivalant à 100 p. 100 de la valeur du contrat.
Le travail doit découler du programme d'acquisitions. Le travail doit être exécuté pendant la période définie dans le contrat. Le travail doit respecter le principe de l'accroissement selon lequel on peut se servir des relations d'affaires existantes, mais seulement le niveau de travail compte aux fins du respect de l'obligation. Ce sont des critères rigoureux. Lorsqu'un ensemble de retombées industrielles répond à ces critères, il devient une obligation contractuelle sérieuse.
Le gouvernement prend très au sérieux sa responsabilité de négocier fermement avec les fournisseurs potentiels et d'obtenir des retombées industrielles optimales pour l'ensemble du Canada. Le gouvernement a respecté ses obligations.
Je m'arrête ici parce que j'entends partager mon temps avec ma collègue de .
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Monsieur le Président, je suis heureuse de m'adresser à vous aujourd'hui afin de discuter de cette motion qui a été présentée par nos honorables collègues.
La motion dont nous discutons demande au gouvernement d'effectuer une répartition régionale équitable des retombées économiques pour tous les contrats futurs.
C'est avec plaisir que je tiens à assurer cette Chambre que le gouvernement a l'intention de fournir des retombées industrielles équitables pour tout le pays en ce qui a trait aux contrats futurs, comme cela a été le cas pour les contrats jusqu'à maintenant. J'énonce cela avec confiance, à cause du processus rigoureux avec lequel les ensembles de retombées industrielles canadiennes sont élaborés et approuvés.
Comme vous le savez, le gouvernement s'est fermement engagé à établir la place du Canada dans la communauté internationale. Cet engagement comprend d'importantes acquisitions en matière de défense. Au cours des prochaines années, nous dépenserons des milliards de dollars pour acheter des hélicoptères, des navires, des camions ainsi que des aéronefs de transport stratégique et tactique.
Les acquisitions sont assujetties à un processus bien précis. D'abord, le définit ses besoins militaires en matière d'équipement. Une fois qu'ils ont été établis, il informe et qu'il a l'intention de se procurer de nouveaux équipements.
Le rôle d' est alors de définir les exigences nécessaires pour que le Canada puisse profiter de retombées industrielles en vertu de la politique des retombées industrielles et régionales.
La politique établit la façon dont le gouvernement influence les achats importants en matière de défense afin d'assurer une activité économique intérieure solide. Nous exigeons que, pour chaque dollar versé par le gouvernement du Canada dans les acquisitions en matière de défense, un dollar soit investi dans l'activité économique du pays. Nous collaborons avec des fournisseurs potentiels de telle sorte que les Canadiens bénéficient des retombées industrielles durables, fondées sur la technologie de qualité supérieure.
L'investissement n'a pas à être fait spécifiquement dans le matériel acheté, mais nous nous attendons à ce que l'investissement soit consacré à une ligne de produits de haute technologie semblable ou à la recherche-développement qui viendra accroître la capacité en matière d'innovation du Canada. Le rôle du gouvernement est de faire en sorte que toutes les régions du Canada soient en mesure de profiter de ces acquisitions.
travaille notamment avec les organismes de développement régional afin d'obtenir leur avis sur l'expertise et la participation démontrées lors d'activités de rayonnement réalisées dans les régions avec l'industrie. Nous encourageons les entrepreneurs principaux à mener de telles activités dans l'ensemble du Canada, en voyageant par exemple partout au pays pour rencontrer des partenaires et des fournisseurs canadiens potentiels.
Les documents d'acquisition finaux que rendra publics comprennent des directives à l'intention des soumissionnaires éventuels sur les exigences en matière de retombées industrielles.
Une fois les soumissions reçues, le gouvernement procède à une évaluation comportant trois parties: une évaluation technique effectuée par le ; une évaluation financière réalisée par ; une évaluation des retombées industrielles faite par en collaboration avec les organismes de développement régional.
Lorsque l'évaluation est terminée, le gouvernement annonce le soumissionnaire retenu et commence les négociations en vue de définir les conditions générales définitives du marché. participe aux négociations et met l'accent sur le plan de l'entrepreneur principal en matière de retombées industrielles.
En outre, comme je l'ai indiqué auparavant, les fonctionnaires d' travaillent en étroite collaboration avec les organismes de développement régional. Les fonctionnaires travaillent directement avec les entreprises canadiennes de tout le pays pour mettre en lumière les possibilités existantes et aider les entreprises qui cherchent à obtenir des contrats, afin de souligner l'importance d'une participation transcanadienne et de mettre en évidence les compétences de ces entreprises.
Le gouvernement encourage les entrepreneurs à établir des partenariats logiques sur le plan commercial, car c'est ainsi que l'on stimule la création de relations d'affaires qui dureront longtemps après que les exigences en matière de retombées auront été respectées. Nous évaluons aussi soigneusement les transactions appropriées à titre de retombées. Ces transactions doivent satisfaire à trois critères pour qu' les juge acceptables.
Premièrement, le travail doit découler du programme d'acquisition. Deuxièmement, le travail doit être exécuté pendant la période définie dans le contrat. Troisièmement, le travail peut reposer sur des relations d'affaires existantes, mais seulement le nouveau travail compte aux fins du respect de l'obligation.
Notre gouvernement s'est efforcé d'améliorer le processus des retombées pour qu'il s'intègre plus harmonieusement dans l'ensemble des programmes d'acquisition. Dans le cas des projets liés à l'aérospatiale, nous insistons maintenant pour que les retombées canadiennes aient non seulement une grande valeur et soient hautement technologiques, mais nous demandons aussi qu'au moins 30 p. 100 d'entre elles soient axées sur les neuf technologies clés. Ainsi, notre industrie obtiendra le plus grand nombre possible de retombées, maintenant et dans l'avenir, à la suite de ces acquisitions.
Les retombées canadiennes représentent des obligations contractuelles sérieuses et Industrie Canada exige des rapports annuels, des vérifications et des garanties d'exécution. Chaque année, les entrepreneurs doivent rendre compte de ce qu'ils ont accompli à cet égard. Il peut même y avoir des conséquences financière pour non-exécution, mais on n'a jamais dû y recourir jusqu'à maintenant.
Dans l'ensemble, le processus d'acquisition est le résultat d'un effort collectif qui fait intervenir un certain nombre de ministères. Industrie Canada participe activement à ce processus afin que l'industrie aérospatiale et de la défense puisse retirer les meilleurs avantages possibles des acquisitions.
Nous avons été clairs quant à notre position sur les acquisitions de défense. Toutes les régions du Canada pourront profiter de leurs retombées. Toutes les entreprises canadiennes de l'aérospatiale et de la défense possèdent les compétences, l'expertise et la capacité nécessaires pour passer à l'action.
Nous avons collaboré avec des entrepreneurs de l'industrie aérospatiale afin de profiter au mieux des possibilités dans ce domaine. Et nous continuerons de le faire.
Cette approche stratégique intelligente nous permettra d'établir à long terme des partenariats commerciaux durables qui profiteront à la fois aux entreprises canadiennes et aux entrepreneurs avec qui elles travaillent.
Comme on le constate, l'approche de notre gouvernement quant aux retombées industrielles canadiennes est fondée sur la confiance ferme que nous avons envers les forces et la capacité de notre secteur de l'aérospatiale et de la défense. Cette approche est équitable pour toutes les régions du pays. Nous utiliserons la même approche lors des futures acquisitions.
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Monsieur le Président, j'ai écouté avec attention les propos de ma collègue . J'aurai le plaisir de lui expliquer en long et en large les mystères de la vie en ce qui concerne les contrats qui dont nous parlons aujourd'hui.
D'abord, je suis très heureux que le Bloc québécois ait proposé cette motion, parce que je m'intéressais personnellement à ce dossier depuis environ huit mois. Je suis également heureux que le Bloc québécois ait proposé une motion au Comité de la défense nationale pour faire une étude du processus d'acquisition, et aussi heureux qu'il défende son territoire, c'est-à-dire le Québec.
À cet égard, je veux rappeler à mes collègues — et je l'ai dit en comité —, que seul le Bloc québécois ici, aujourd'hui, défendra le Québec.
La secrétaire parlementaire a parlé uniquement du Canada. Tel est le problème du Canada, tel est le problème des partis politiques fédéraux, fédéralistes: ils sont obligés de défendre l'ensemble du territoire.
Les libéraux affirment qu'il s'agit d'une injustice pour l'industrie canadienne, mais pourquoi le disent-ils? Parce qu'ils ont des députés, des parlementaires originaires d'autres régions, comme Winnipeg et la Colombie-Britannique où Boeing a des installations, et qu'ils sont incapables de dire qu'ils doivent défendre le Québec, car 60 p. 100 des retombées devraient leur être destinées. On se dit que ce n'est pas grave s'il ne l'a pas! On use de tous les arguments canadiens: il faut des retombées canadiennes.
Je tenais donc à préciser que seul le Bloc québécois défend l'industrie aérospatiale québécoise. Je n'ai entendu personne d'autre à ce sujet. Tout le monde parle des retombées canadiennes. On n'a rien contre ces dernières, à la condition qu'on tienne compte de la part du marché canadien qui revient au Québec, c'est-à-dire 60 p. 100.
Je tiens à vous expliquer également l'aspect secret de toute cette affaire. Je m'en allais en vacances au mois de juillet lorsque j'ai ouvert mon ordinateur. Les employés étaient tous partis en vacances. C'est alors que j'ai aperçu sur le site de la soumission de l'offre pour Boeing, pour les avions stratégiques, pour les Chinook, c'est-à-dire les hélicoptères qui proviennent aussi de Boeing, et pour les avions tactiques qui viennent de Lockheed Martin. Cela représente beaucoup d'argent. On a affiché cela sur le site MERX pendant les vacances, du 5 juillet au 4 août.
J'ai alors téléphoné aux grandes entreprises du Québec. Lorsqu'on dit qu'il y a 60 p. 100 de l'industrie aérospatiale au Québec, il ne s'agit pas de petits joueurs: Bell Helicopter, L3 Communications, Pratt & Whitney Canada, Bombardier, CMC électronique, Rolls-Royce Canada, sans compter les petites et moyennes entreprises reliées à l'aérospatiale. Ce sont de gros joueurs, dont 60 p. 100 sont au Québec.
Je les ai donc appelés pour leur demander s'ils avaient vu ce qui se passait sur le site MERX? Ils me répondent qu'ils n'ont rien vu. Non seulement cela se passait pendant les vacances, mais aussi pendant le Salon de l'aéronautique de Farnborough en Grande-Bretagne, un salon de l'aérospatiale du même type que le Salon du Bourget où toute l'industrie aérospatiale est présente.
On voulait nous en passer une vite. Cela se terminait le 4 août. J'ai donc invité les joueurs et je les ai rencontrés le 31 juillet. Ils m'ont alors dit que quelque chose n'allait pas parce qu'ils n'avaient pas été avisés que cela s'en venait, qu'ils n'étaient pas au courant et que leurs présidents étaient tous en Grande-Bretagne, au salon. Ils m'ont dit qu'il fallait absolument que je défende l'industrie. En plein été, j'ai émis des communiqués de presse pour indiquer que l'industrie était très inquiète.
Actuellement, nos craintes se confirment. Justement, on est en train de nous dire qu'on répartira les retombées partout au Canada et qu'on ne tiendra pas compte du Québec.
Pourtant, je me demande ce que l'Ontario dirait si un contrat incroyable était offert par le gouvernement fédéral au secteur de l'automobile, et que ce dernier voulait en installer une bonne partie au Québec.
Tous les gens ici présents monteraient aux barricades pour dire que, puisque l'industrie automobile — la masse critique, la concentration de l'industrie automobile, 70 p. 100 du marché automobile canadien —, est en Ontario, on doit avoir 70 p. 100 des contrats. C'est bizarre que, pour le domaine de l'automobile, cette mesure s'applique toujours, mais que pour le Québec, une autre série de règles s'applique.
En plus, on commence à nous parler des répartitions canadiennes. D'ailleurs, le terme en anglais est regional investment benefits. Or, depuis quelque temps, on parle de Canadian investment benefits.
Ce ne sont plus des régions, c'est soudainement le Canada, et on se permet de faire n'importe quoi.
Regardons maintenant de quelle façon ces contrats se développent. Je m'y suis attardé. D'abord, c'est la Défense nationale qui, supposément à cause d'une politique de la défense, dit ce dont elle a besoin comme matériel pour remplir la politique de la défense. Normalement, avant de se lancer dans les contrats, elle est censée mettre en place ce qu'on appelle un Plan de capacités de défense. Si le gouvernement a décidé que telle politique de la défense s'applique, on va acheter le matériel en conséquence de la politique qu'on vient d'établir.
Or ce n'est pas à cela qu'on a assisté. On a assisté à une politique de la défense, dévoilée par les libéraux en 2005 et reconduite par les conservateurs. Soudainement, sans qu'il n'y ait aucun Plan de capacités de défense, on se lance dans des dépenses incroyables totalisant 20 milliards de dollars. Il faut quand même reconnaître que les parlementaires sont les véritables défenseurs des contribuables et on nous tient à l'écart de cela. Je vais y revenir plus tard.
Donc, à la Défense nationale, lorsqu'on fait la liste des spécifications ou des exigences, on peut aller chercher l'avion qu'on veut. Il suffit de dire, par exemple, qu'on veut un avion capable de soulever un cargo de 100 000 kg, tout en sachant qu'il n'y en a qu'un seul qui peut le faire. On vient d'éliminer tous les autres avions.
Le contribuable en a-t-il pour son argent quand la Défense nationale établit ses exigences en conséquence de l'avion qu'elle veut avoir? Un premier filtre se fait là, et il a été appliqué. On voit que c'est le C-17 et les Chinook de Boeing que la Défense veut avoir. D'ailleurs, le premier contrat a déjà été signé.
Ensuite, un autre ministère entre en jeu: Travaux publics Canada. Il a ses propres façons d'octroyer les contrats. Comme je l'ai vu cet été, et cela se confirme, il émet un projet d'avis d'adjudication. Cela veut dire qu'il ne veut qu'un avion, qu'une compagnie avec qui négocier, qu'une compagnie qui va faire le service, qu'une compagnie de qui faire l'acquisition. Cette compagnie est nommément inscrite au contrat. Cela ferme la porte à tous les autres.
Ce matin, la vérificatrice générale comparaissait devant le comité. Elle nous a dit qu'elle a déjà dénoncé cette façon de faire du gouvernement qui agit par des Préavis d'adjudication de contrat. En anglais cela s'appelle ACAN, Advanced Contract Award Notification. Le contribuable n'en a pas pour son argent avec cela.
Soudainement, on choisit un seul avion. Je vais raconter l'histoire que j'ai citée en comité, lorsque j'ai acheté ma première voiture. La première voiture que je voulais, c'était une Camaro. J'avais dit à mon père que je la voulais. Il a dit que c'était correct et qu'il allait m'accompagner pour voir comment je négociais. Quand je suis arrivé au garage, j'ai dit au vendeur que je voulais l'auto qui était dans la salle de démonstration, uniquement cette voiture-là, juste cette voiture-là.
C'est d'ailleurs ce qui est écrit dans le Préavis d'adjudication de contrat dont je viens de vous parler.
Le vendeur a acquiescé et m'a demandé si je voulais connaître le prix. Bien sûr, je voulais le savoir. Il m'a donc indiqué le prix et je lui ai dit que j'étais prêt à prendre la voiture. Alors mon père m'a dit que cela ne fonctionnait pas ainsi et qu'il allait me montrer comment faire dès notre sortie du garage.
Une voix: Une Firebird.
M. Claude Bachand: Cela va finir avec une Firebird. Le député connaît l'histoire. Nous sortons donc du garage. Mon père me dit que cela ne fonctionnait pas ainsi. Quand on a une auto en vue, il ne faut surtout pas dire qu'on la veut parce que là on ne pourra pas conclure une bonne affaire. Il faut faire le tour des garages, voir les autos comparables, revenir à ce garage, s'intéresser à une autre voiture, et après cela s'intéresser à celle-là. Là, on est en position de négocier. C'est ce que j'ai fait. Je n'ai pas acheté la Camaro, j'ai acheté une Firebird. Elle était aussi belle et j'en ai eu pour mon argent. J'ai payé beaucoup moins cher parce que j'ai dit au vendeur que s'il ne me donnait pas un certain prix, son voisin pouvait m'en vendre une.
C'est la même chose pour les avions. C'est la même chose dans les dispositions du contrat devant nous. On parle d'un avion. À partir du moment où on dit à une compagnie comme Boeing qu'on ne veut qu'elle, uniquement elle et seulement elle, et que l'entretien ultérieur ne sera fait que par elle, on n'a plus aucun pouvoir de négociation. C'est ce que je prétends.
D'ailleurs, cela avait fait l'objet d'un article que j'ai écrit dernièrement dans Frontline Magazine. À mon avis, la façon dont cela se passe n'est pas correcte. Les contribuables canadiens n'en ont pas pour leur argent quand on agit de la sorte.
J'ai expliqué la première étape de sélection, le premier tamis, à savoir que le ministère de la Défense stipule ses spécifications. Ensuite, c'est le tour du ministère des Travaux publics, qui accorde les contrats de la façon dont je viens de mentionner. Finalement, le comble, c'est l'entrée en scène du avec sa décevante approche pour le Québec.
Tout le monde s'est dit: « Notre ministre de l'Industrie vient du Québec. Notre ministre des Travaux publics vient aussi du Québec ». Il siège ailleurs — je ne peux mentionner le lieu — donc dans l'autre Chambre. On s'est dit: « Ils vont bien défendre notre cause ». Mais soudainement, on apprend que même si on a 60 p. 100 de l'industrie aérospatiale, cela ne se passe pas de cette façon. C'est le libre marché. Depuis quand est-ce le libre marché alors que c'est soi-même qui signe le chèque? Depuis quand le vendeur de mon automobile peut-il me dire: « Ce n'est pas celle-là que je veux te vendre, c'est une autre ». Je lui répondrais: « C'est moi qui signe le chèque, alors je décide de ce que je veux acheter ».
On est tombé complètement dans l'illogisme. On a dit à Boeing: « Vous allez faire cela là où vous voudrez, quand vous le voudrez et de la façon dont vous le voudrez ». J'expliquerai plus tard de quelle façon je vois cela.
C'est quand même incroyable que des ministres du Québec aillent signer un contrat à Trenton en plantant ainsi le Québec, qui est leur terre d'origine. Cela nous fait dire à nous, les souverainistes, que le système ne fonctionne pas. C'est ce qui me fait dire aussi que c'est le Bloc québécois qui défend l'industrie québécoise. Ce n'est pas le Parti libéral ou le Parti conservateur qui sont pris avec la vision pancanadienne et qui sont obligés de satisfaire les gens de la Colombie-Britannique et de l'Alberta.
On est en train de se faire passer un sapin. En parlant de sapin, l'industrie me l'a dit aussi, le 31 juillet dernier. On fait un achat à 100 p. 100 aérospatial, mais on veut juste un contenu de 60 p.100 aérospatial. Pourquoi? Que veut-on dans le reste du 100 p. 100, c'est-à-dire les 40 p. 100 manquants? Veut-on leur vendre des épinettes du Grand Nord et des saumons de l'Atlantique pour des avions de haute technologie? On aurait dû avoir 100 p. 100 des retombées en matière aérospatiale, comme me l'a dit l'industrie. Non seulement aurait-on dû avoir 100 p. 100 de l'aérospatial pour le Québec, mais il aurait fallu tenir compte de la répartition territoriale au Canada et la concentration de cette industrie au Québec.
Je me suis présenté au Ritz-Carlton lorsque Boeing a décidé de faire une tournée pancanadienne pour décider avec qui elle ferait affaire. Naturellement, le président de Boeing Canada m'amène à la suite royale du Ritz-Carlton pour me présenter les gens de Seattle qui sont en charge des retombées économiques. Je lui ai dit: « On n'est pas satisfaits que ce soit uniquement 60 p. 100 en matière aérospatiale en termes d'obligation. Il y a 60 p. 100 de l'industrie qui est au Québec ». Alors, selon mon calcul, 60 p. 100 de 60 p. 100 devrait nous donner au moins 36 p. 100 des contrats au Québec. Mais ce n'était pas tout à fait cela.
En regardant un peu plus loin dans ma recherche, j'apprends qu'ils ont des installations à Winnipeg et en Colombie-Britannique, tout près de Seattle où se trouve la compagnie Boeing. Alors, ils se sont dit probablement: « Cela ne sert à rien de faire des affaires au Québec, c'est trop loin pour nous ». Les intérêts de la compagnie ont passé bien avant la répartition territoriale, avec l'accord du gouvernement, ce qui est encore pire.
Le gouvernement aurait pu dire: « C'est nous qui signons le chèque, alors on va vous dire exactement avec qui vous ferez affaire. Vous allez tenir compte du Québec où il y a 60 p. 100 de l'industrie. Vous allez leur donner la proportion qui leur revient ». Mais cela ne s'est pas passé de cette façon et il semble qu'il en sera de même pour le reste des contrats.
Nos deux ministres du Québec sont allés signer ce contrat à Trenton. Un montant de 3,4 milliards de dollars s'est envolé en fumée. Un montant de 3,4 milliards de dollars de taxes des contribuables québécois et canadiens qui s'en va aux États-Unis, sans que nous ayons de garantie sur les retombées au Canada et au Québec.
Il y a d'autres contrats en vue pour les hélicoptères Chinook, également de Boeing, accordés aussi par contrats d'adjudication. Il y a donc une perte du levier de négociations. Il s'agit d'un contrat de 4,7 milliards de dollars. Il y a un autre contrat de 4,9 milliards de dollars pour des avions tactiques de la compagnie Lockheed Martin, des États-Unis.
Il y a également un autre contrat de 3 milliards de dollars pour les avions de recherche et de sauvetage. Tout cela s'en vient. Le ministre s'en va alors dans un point de presse à l'extérieur de la porte de cette Chambre dire que ça va marcher, comme ce fut le cas pour le premier contrat. On dit à Boeing: « faites ce que vous voulez, où vous voulez et quand vous voulez. » Je veux également expliquer cela. Pourquoi dis-je « où, quand et comme vous voulez »?
En ce qui a trait à l'expression « comme vous voulez », il existe un programme aux États-Unis qui s'appelle le programme ITAR, International Traffic in Arms Regulation. Les États-Unis disent à des compagnies au Canada qu'elles n'ont pas le droit de mettre sur la ligne de production, de soutien ou de service, des gens originaires de pays sur une liste de 25 pays nommés, et ces personnes n'ont pas le droit de s'approcher de ces appareils.
On répond à ces compagnies américaines qu'on va dire à nos compagnies que si elles emploient des gens du Pakistan ou de l'Afghanistan, elles devront les changer de département parce qu'ils ne peuvent pas s'approcher de cet avion et ce, même si ce sont des citoyens canadiens acceptés.
Ainsi, l'expression « comme vous voulez », c'est exactement ce que Boeing est en train de faire. Maintenant, en ce qui a trait à l'expression « quand vous voulez », il y a des pénalités prévues lorsqu'on est en retard dans la livraison. Il y a quelques semaines, la compagnie Sikorski, qui est chargée de faire l'hélicoptère maritime qui remplacera le Sea King, a dit qu'en raison de la grève dans ses locaux aux États-Unis, elle sera en retard de cinq semaines et demi. Or la pénalité est de 100 000 $ par jour si la compagnie est en retard. Qu'a répondu le gouvernement? Il a répondu que ce n'était pas grave et qu'il allait fermer les yeux.
Quel signe cela envoie-t-il à Boeing? « Quand vous voulez. » Cela signifie que s'ils sont en retard et que des dispositions contractuelles prévoient des amendes pour les retards, Boeing dira que ce n'est pas grave puisque Sikorski a été en retard et n'a pas payé d'amende. On ne paiera donc pas plus les amendes. Finalement, on a dit à Boeing « où vous voulez ». C'est l'équivalent de faire un chèque de 3,4 milliards de dollars à Boeing en lui disant qu'elle pourra faire tout ce qu'elle veut. Pour ma part, je ne comprends pas. Je suis un souverainiste. Je l'ai dit et j'ai expliqué pourquoi plus tôt. Ce type de dossier vient me conforter dans ma position politique. La souveraineté, ce n'est pas seulement au Québec. Il y a également la souveraineté canadienne.
Comment peut-on donner notre avenir de l'aérospatiale aux Américains en leur disant de faire tout ce qu'ils veulent, où ils le veulent, quand ils le veulent et comme ils le veulent? Comment peut-on dire que cette pratique est correcte? C'est ce qui nous fait croire qu'il y a probablement eu de l'ingérence politique. Il y a probablement eu des ententes à un haut niveau et on ne veut naturellement pas nous le dire. On a peut-être réglé certains dossiers en échange d'achat d'avions, de bateaux ou de camions.
Il y en a pour 20 milliards de dollars. Ce dossier est donc tout à l'envers. Non seulement le processus n'est-il pas respecté, mais les contribuables canadien et québécois se font avoir, l'industrie québécoise se fait avoir et, pour une raison qu'on a du mal à expliquer, tout le monde est perdant dans ce dossier.
Le Comité permanent de la défense nationale travaille actuellement à percer le processus. Il y a un cercle fermé. Un groupe d'individus de la Défense nationale et d'autres ministères s'entendent entre eux, et les parlementaires sont exclus de ce groupe qui ne veut pas d'eux. Au Comité permanent de la défense nationale, on travaille actuellement à cette question et on continuera, parce que de telles injustices sont inadmissibles pour les contribuables canadiens et, à notre avis, les injustices pour l'industrie québécoise sont encore plus inadmissibles. Je le répète et je concluerai là-dessus, il n'y a que le Bloc québécois qui défende actuellement l'industrie québécoise et il est fier de le faire. Cela nous conforte dans notre position souverainiste.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui pour intervenir au sujet de cette importante motion du Bloc québécois. J'ai toujours accordé beaucoup d'importance à l'industrie aéronautique et j'estime être au Manitoba le député qui représente le mieux les intérêts de ce secteur.
Tout d'abord, les collègues de mon parti et, vraisemblablement, tous les collègues du Québec de tous les partis, sont tous très fiers de l'industrie aéronautique du Québec et du reste du Canada. Il n'y a pas un seul d'entre nous, ici au Parlement, parmi ceux qui ont voyagé en Asie et ailleurs dans le monde, qui n'y a pas entendu parler de la réputation de Bombardier, de Bristol Aerospace ou de Standard Aero. Nous sommes tous très fiers de ces entreprises. Je tiens à dire que je vais parler plus particulièrement de ces entreprises, dans le contexte du Manitoba, mais également que je suis très fier de cette industrie, dont nous allons souligner l'importance pour l'économie du Manitoba.
Je suis également très fier des investissements consentis par le gouvernement précédent dans cette industrie et du soutien que nous lui avons accordé. Il ne s'agit pas d'une coïncidence. Je suis convaincu que cet appui a joué un rôle critique pour faire de notre industrie aéronautique la quatrième en importance dans le monde.
Avant de parler de l'industrie aéronautique du Manitoba, je tiens à exprimer ma frustration concernant toute la question de l'achat du C-17 et à dénoncer le gouvernement qui, dans cette entente, a essentiellement trahi les Canadiens. Il importe que les Canadiens sachent exactement ce qui s'est passé en coulisse.
Ce parti prétend constamment être le parti de la responsabilité, mais je ne pense pas que c'est ce que constatent les Canadiens. Ils constatent tout à fait le contraire: le prend l'avion pour Washington et conclut des ententes particulières avec l'administration Bush. Ce genre de comportement n'a rien à voir avec la transparence. Ces tractations à Washington n'ont certainement pas donné des résultats à l'avantage du contribuable canadien.
Par exemple, les conservateurs n'ont pas garanti que l'industrie canadienne recevrait l'équivalent de 100 p. 100 de la valeur d'achat et de maintenance, ce qui est devenu la norme partout dans le monde. Selon ce que j'ai compris, le prix d'achat de ces avions sera d'environ 1,8 milliards de dollars. Le contrat de maintenance, qui s'étale sur 20 ans, vaut environ 1,6 milliards de dollars. Pourtant, en réalité, nous allons recevoir 1,1 milliard de dollars, alors que ce devrait être 3,7 ou 3,8 millions de dollars. Il est donc extrêmement frustrant que, une fois de plus, pour bâcler une affaire, nous renoncions à beaucoup d'argent au profit des États-Unis, une somme importante dont pourraient bénéficier les entreprises canadiennes.
Les conservateurs ont aussi négligé un léger détail, notre souveraineté, ce qui est très frustrant. Les Canadiens qui viennent de certains pays ne pourront pas travailler ici, au Canada, aux termes de certains de ces contrats. Comme on l'a répété souvent à la Chambre, un de mes collègues, qui peut être député, ne pourrait pas travailler aux termes d'un de ces contrats à cause du contrat que le gouvernement a signé avec Boeing. C'est totalement inacceptable.
Le gouvernement conservateur a aussi acheté des aéronefs de transport stratégique, en dépit des avis éclairés du général Hillier. Ce dernier voulait des aéronefs de transport tactique. J'imagine que le gouvernement se considérait mieux avisé. Toutes ces décisions que les conservateurs prennent successivement, contre tout bon sens, font mal aux contribuables canadiens.
Après avoir fait fi des conseils du général Hillier, les conservateurs ont manipulé les exigences du processus d'acquisition. Ils ont fini par avoir recours à un fournisseur unique pour les aéronefs. Quand on connaît le moindrement le processus d'appel d'offres, on sait que le recours à un fournisseur unique n'assure pas les meilleurs prix. Il en découle normalement des prix plus élevés. Tous les députés seront d'accord sur ce point. Nous avons eu droit à tout ceci de la part d'un parti qui s'est vanté de sa loi rigoureuse sur la responsabilité et qui a répété que les achats seraient effectués de façon plus concurrentielle à l'avenir. C'est une vraie farce.
Le gouvernement conservateur a également annoncé ses dépenses militaires sans plan de capacités de défense et sans l'apport du Parlement. Quand on dépense 3,7 milliards de dollars, quand on fait ce genre d'investissement, il me semble que le Parlement devrait pouvoir donner son avis.
Les conservateurs n'ont pas garanti de retombées économiques pour les régions et c'est probablement ce qu'ils ont fait de plus inacceptable. Les gouvernements ont la responsabilité d'établir leur politique industrielle et de ne pas laisser des entreprises du secteur privé dicter cette politique. Comme certains collègues et certains intervenant de l'industrie à qui j'ai parlé l'ont signalé, il y a d'autres pays qui s'occupent de leurs entreprises. Ces pays ont des politiques qui visent à protéger et à appuyer leurs industries. Le Canada ne devrait pas faire exception. Ces pays veillent aussi à ce qu'il y ait un juste équilibre quant au travail fait sur leur territoire.
Tout ce que le gouvernement fait a des motivations politiques. Les conservateurs ne se soucient pas du bien-être des Canadiens. Ce qui les intéresse, c'est que ces avions leur soient livrés le plus tôt possible, car ils l'ont promis pendant la campagne électorale. Gouverner, ce n'est pas cela.
Je voudrais parler brièvement du Manitoba. On a beaucoup parlé du secteur aérospatial du Québec, mais j'aimerais souligner que le Manitoba a un secteur aérospatial très considérable, dont je suis très fier. Je sais que nos collègues du Québec, de tous les partis, sont fiers de ce secteur, mais j'ai oeuvré en liaison très étroite avec les gens de cette industrie et la grappe d'entreprises aérospatiales du Manitoba est la troisième en importance au Canada. J'ai eu le plaisir de travailler avec des représentants de ces entreprises. Ils sont novateurs et très pragmatiques. Ce sont des gens progressistes. Leur secteur d'activité est devenu indispensable à l'économie de notre province.
Ce secteur d'activité est en croissance au Manitoba. Nous ne voulons pas en rester là. Nous voulons qu'il prospère. Pour que cela se produise, nous devons pouvoir obtenir notre juste part des contrats. C'est ce que nous disons tous. Veillons à ce que les contrats d'approvisionnement soient répartis équitablement. Ne laissons pas Boeing ou toute autre entreprise étrangère prendre ces décisions à notre place.
J'aimerais parler à la Chambre de quatre entreprises de niveau mondial dans ce domaine; elles ont changé le paysage technologique du Manitoba. Elles ont réellement apporté un plus à notre économie.
La première est Standard Aero. Aux gens qui ne connaissent pas cette entreprise, je dirai qu'elle est la plus importante société indépendante de réparation et de révision de petits moteurs à turbine. C'est une énorme entreprise. J'ai visité l'usine à maintes occasions. Ses installations comptent parmi les plus modernes au monde. Les gens de l'usine de Winnipeg ont aidé d'autres industriels à concevoir leur propre usine en raison de la qualité phénoménale de ce qui a été fait à Winnipeg. L'entreprise a son siège à Winnipeg et elle exploite d'autres installations aux États-Unis, en Europe et en Asie.
Bristol Aerospace est la plus grande entreprise du groupe Magellan Aerospace Corporation et la seule entreprise canadienne de fabrication de systèmes spatiaux implantée dans l'Ouest. La société Magellan a un satellite qui était censé mourir il y a quelques années, mais qui est toujours en orbite. Elle espère qu'il le restera pendant plusieurs années encore. La société Magellan travaille à la mise au point de satellites de deuxième et de troisième générations. Je crois d'ailleurs qu'elle est la seule société dans ce domaine dans l'Ouest du Canada. Nous sommes fiers de ces réussites.
La société Magellan nous répète souvent à quel point il est important que le gouvernement appuie l'industrie et qu'il soit présent. Lorsqu'elle affronte des concurrents de l'Allemagne ou de la France, par exemple, deux pays qui protègent leur industrie, leur secteur de la mise au point de satellites, la société Magellan a besoin de notre aide.
Boeing Canada possède une usine parmi les plus modernes au Canada et elle fournit des pièces pour le nouveau Boeing Dreamliner 787, pour le 777 et pour le 747. Cette usine est exceptionnelle. Nous sommes très fiers de la société Boeing. Elle est imbattable au chapitre des partenariats avec la province, le secteur privé et nos établissements d'enseignement.
Boeing possède également les plus grandes usines de fabrication de composites au Canada. Ceux qui savent ce que sont les composites savent également que ces matériaux représentent l'avenir de l'industrie aéronautique. Les composites se caractérisent par une grande légèreté et une grande résistance. Ils permettront par conséquent de réaliser des économies de carburant. Les activités de Boeing Canada à Winnipeg sont donc très importantes.
Services techniques Air Canada (ACTS) est une entreprise énorme, qui est située à Winnipeg. Elle emploie une foule de travailleurs qui assurent l'entretien des aéronefs d'Air Canada, mais aussi celui de nombreuses autres compagnies aériennes qui lui confient leurs aéronefs en vertu d'un contrat d'entretien. Encore une fois, nous sommes très fiers de cette entreprise.
Il s'agit donc là de gros joueurs au Manitoba. Il est toutefois important de noter qu'il y a 20 entreprises régionales et nationales à Winnipeg. Elles ont déjà atteint une taille appréciable et elles continuent de croître. Il y a également un centre de formation incroyable à Portage la Prairie, auquel nous avons versé des subventions il y a quelques années. Je pense qu'il s'agit du plus gros centre du genre au Canada. On y fait un travail étonnant.
L'industrie aérospatiale de notre province ne fait que commencer à se développer. Nous ne pouvons l'abandonner. Au contraire, nous devons la soutenir.
L'une de ces plus petites entreprises est Cormer Group Industries. Il est important de noter que bon nombre de ces petites entreprises ont beaucoup de difficulté à se mettre sur les rangs pour l'obtention de ces énormes contrats. Généralement, le gouvernement refusera par exemple de fractionner un contrat de 3,7 milliards de dollars en tranches de 5 à 10 millions de dollars. Cormer est maintenant en mesure de gérer des contrats de 100 à 200 millions de dollars, ce qui est absolument renversant.
Nous sommes très fiers de notre industrie. En terminant, je dirai qu'elle est un stimulant extraordinaire pour notre économie, du point de vue notamment de l'éducation et de la formation. C'est même à Winnipeg qu'ont été formés 90 p. 100 des travailleurs de cette industrie dont je suis très fier.
Je pense que le gouvernement a fait preuve de beaucoup de laxisme en n'appuyant pas cette industrie. Cette entente est mauvaise. Je pense que, pour une fois, tous les députés sont d'accord pour le dire. Le gouvernement a fait une grave erreur en acquérant ces aéronefs.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole sur cette motion. Je concentrerai mon intervention sur le coeur de la question, soit la nécessité de s'assurer que le gouvernement utilise l'argent des contribuables pour soutenir l'industrie canadienne.
Cela semble très simple comme concept, et la plupart des pays le considèrent déjà comme allant de soi. Pourtant, au Canada, nous ratons toujours la cible sur ce plan. Il s'agit d'appliquer une politique d'achat canadienne. Le principe de base est simple. Quand des fonds publics servent à l'achat de biens, le gouvernement devrait appliquer une politique qui garantisse que les entreprises et la main-d'oeuvre canadiennes auront la préférence dans l'attribution du marché.
La plupart des autres pays ont des politiques qui encouragent l'achat local lors de l'attribution d'un marché gouvernemental. Ces pays ont des politiques exigeant un certain niveau de contenu local pour tout projet réalisé grâce à des fonds publics. Ces politiques favorisent le recours aux fournisseurs nationaux, ce qui en retour crée de l'emploi, suscite des recettes fiscales et génère d'autres retombées économiques dans les collectivités touchées.
L'objectif de ces politiques est d'assurer que les entreprises et les collectivités du pays retirent des bénéfices de la réalisation de projets d'infrastructure au moyen des fonds publics. Les politiques de cet ordre donnent souvent aux fournisseurs nationaux un avantage concurrentiel par rapport aux fournisseurs étrangers du même domaine.
Le gouvernement du Canada n'a pas mis en oeuvre des politiques similaires pour soutenir les manufacturiers canadiens. Dans les projets financés à même les deniers publics, il n'y a pas d'exigences minimales en matière de contenu canadien. Cela signifie que les manufacturiers canadiens sont clairement désavantagés lorsqu'il s'agit d'obtenir des contrats à l'étranger et qu'ils n'ont pas non plus d'avantages particuliers ici même au Canada.
En réalité, très peu de choses empêchent les fournisseurs étrangers de se voir attribuer des marchés publics du gouvernement du Canada et de faire ensuite effectuer le travail à l'étranger, favorisant ainsi la main-d'oeuvre, les entreprises et les régions d'autres pays. Les fournisseurs et les manufacturiers canadiens méritent de bénéficier des même règles du jeu que les autres pays quand il s'agit de soutenir la concurrence mondiale. Nos entreprises, nos collectivités et nos concitoyens méritent de bénéficier de certains avantages économiques découlant des projets financés à même leurs impôts.
De nombreux pays dans le monde recourent à des politiques gouvernementales pour favoriser ou imposer le contenu local. C'est particulièrement le cas pour les projets dans le secteur des transports. Par exemple, aux États-Unis qui représentent 90 p. 100 du marché ferroviaire voyageur nord-américain, la loi favorisant les achats de produits américains, la Buy American Act, impose des règlements stricts en matière de contenu local. Dans le secteur du matériel roulant ferroviaire, entre autres, 60 p. 100 des pièces entrant dans la fabrication des véhicules doivent venir des États-Unis. L'assemblage final doit également être effectué aux États-Unis. En outre, les administrations des États peuvent aussi imposer leurs exigences en ce qui a trait au contenu local.
L'État de New York, un des plus grands marchés ferroviaires au monde, impose des exigences strictes au chapitre du contenu local. Or, de telles exigences limitent la capacité des fournisseurs canadiens d'accéder au plus grand marché ferroviaire d'Amérique du Nord. De plus, elles empêchent les fournisseurs qui obtiennent des contrats de recourir à des sous-traitants canadiens. Chez nous, cependant, aucune politique gouvernementale ne précise les exigences de contenu local que les entreprises américaines devraient respecter lorsqu'elles présentent une soumission pour obtenir un contrat au Canada.
La plupart des autres pays ont recours à des politiques similaires. En général, ces politiques prévoient des règlements concernant le contenu local ainsi que des incitatifs et des exigences réglementaires. À l'heure actuelle, le gouvernement du Canada, n'offre aucun incitatif pour favoriser le contenu local. C'est pourquoi, j'ai présenté à la Chambre une motion d'initiative parlementaire. Voici la motion:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait mettre en oeuvre, dans le respect des dispositions et lignes directrices de l'Accord de libre-échange nord-américain et de l'Organisation mondiale du commerce, une politique visant à imposer un niveau de participation canadienne dans des projets portant sur les transports en commun, et visant à ce que les fonds publics servent à soutenir les marchés intérieurs et à favoriser les fournisseurs nationaux, de la manière la plus avantageuse pour les Canadiens.
J'ai hâte d'examiner cette question de plus près lorsque la Chambre sera saisie de ma motion d'initiative parlementaire.
Je suis ravi de participer au débat sur la motion dont la Chambre est saisie aujourd'hui, car elle porte sur l'industrie aéronautique.
Dans la circonscription que je représente, , nous avons le privilège d'avoir le Centre d'excellence en aéronautique du Confederation College. Très bien situé, à l'aéroport international de Thunder Bay, le bâtiment de 50 000 pieds carrés qui abrite le Centre d'excellence en aéronautique rassemble sous le même toit tous les programmes de l'école d'aéronautique du Confederation College. Le Centre d'excellence en aéronautique offre un programme de techniques de génie en fabrication des aéronefs, un programme d'entretien des aéronefs et un programme de gestion de vol. Il lancera bientôt un programme en avionique.
Ce centre d'excellence fait de Thunder Bay un endroit potentiellement idéal pour tirer parti des retombées économiques des marchés de la défense attribués pour la fabrication d'aéronefs et les services d'entretien. L'autorité de l'aéroport international de Thunder Bay cherche à obtenir divers marchés liés à la fabrication d'aéronefs, marchés qui contribueraient à diversifier l'économie du Nord-Ouest de l'Ontario.
Selon les statistiques pour janvier 2007, le Nord-Ouest de l'Ontario a un des taux de chômage les plus élevés de la province. L'annonce récente de la perte de 500 autres emplois dans le secteur forestier fera encore augmenter le nombre de chômeurs.
Dans la mesure du possible, il faudrait faire en sorte que Thunder Bay et la région bénéficient des retombées industrielles découlant des marchés importants qui seront attribués dans l'avenir de manière à ce que notre main-d'oeuvre hautement qualifiée continue d'obtenir des emplois bien rémunérés au sein de la collectivité. Ma région, comme d'autres qui lui ressemblent, peut difficilement accepter qu'un plus grand nombre de ses résidants partent vers l'Ouest en quête d'emplois bien rémunérés.
Ce qui est regrettable, c'est que non seulement des gens dans la quarantaine perdent leur emploi dans le secteur forestier, mais encore que le gouvernement, qui a un excédent de 13 milliards de dollars, supprime des emplois et sabre dans le financement d'emplois aux quatre coins du Canada. Il ferme des bureaux fédéraux. Il vient de fermer le bureau de Condition féminine Canada à Thunder Bay. Le gouvernement a sabré dans le financement de programmes de développement économique tels que le programme d'économie sociale et dans le financement d'organismes tels que la FedNor, puis tout récemment l'APECA. Il a supprimé le programme de remboursement de la TPS aux visiteurs, mettant ainsi à mal l'industrie touristique non seulement dans le Nord-Ouest de l'Ontario mais aussi aux quatre coins du Canada. D'autres pertes d'emplois en découleront. Il a amputé de 55 millions de dollars la Stratégie emploi jeunesse, ce qui annonce un été difficile pour les jeunes qui vivent dans de petites collectivités au sein de régions où le taux de chômage est élevé.
Toutes ces réductions inutiles font un tort considérables à nos régions et coûtent des emplois à nos concitoyens. La tirelire est pleine, mais le gouvernement Harper continue de se montrer chiche et sans coeur.
Une voix: Vous ne pouvez dire « Harper ».
M. Ken Boshcoff: J'ai dit cela? Qu'on veuille bien m'en excuser.