Que la Chambre s'excuse auprès des survivants des pensionnats indiens du traumatisme qu'ils ont souffert en raison des politiques visant l'assimilation des enfants des Premières nations, des Inuits et des Métis, ce qui a entraîné la perte de la culture, du patrimoine et des langues autochtones, tout en laissant chez les victimes les tristes séquelles des agressions sexuelles et des mauvais traitements physiques et émotifs subis par elles dans les pensionnats.
-- Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui pour présenter une motion afin que des excuses soient présentées aux survivants des pensionnats indiens. J'espère sincèrement que cette motion demandant au Parlement de s'excuser auprès de ces personnes facilitera leur processus de guérison, qui a beaucoup trop tardé.
Dans son ouvrage intitulé Long Shadows: Truth, Lies and History, l'auteure canadienne Erna Paris se penche sur la manipulation de l'histoire, puisant des exemples partout dans le monde, et sur la façon dont les pays façonnent la mémoire historique après des événements tragiques. Elle soutient que les décisions prises par les personnes au pouvoir jettent une ombre sur l'avenir pendant longtemps et que les pays doivent affronter ces douloureux épisodes historiques pour les comprendre et s'en sortir, collectivement.
Le processus de réconciliation et de justice est nécessaire pour s'en sortir, mais il peut être difficile pour un pays de faire face à ces douloureux épisodes du passé. Il est souvent plus facile d'oublier délibérément ce qui est pénible ou dérange, de balayer le tout sous le tapis, pour ainsi dire, et de passer à autre chose.
Que cette douleur soit celle d'un groupe ou d'une nation, une amnésie collective nationale est souvent perçue comme la solution la plus simple, mais cela ne fonctionne pas. Maintes et maintes fois, l'histoire nous a donné des exemples de nations tentant de se réinventer après d'aussi sombres et tragiques périodes de leur histoire.
Le Canada est à même de tirer cet enseignement de première main. Les injustices passées assombrissent pendant très longtemps l’histoire d’un pays et trouvent toujours une façon de l’humilier.
J’applaudis et respecte profondément les survivants qui ont persisté à raconter leur histoire et à rappeler au Canada cette tache historique.
Ces dernières années, le gouvernement du Canada a pris de nombreuses mesures positives visant à reconnaître les erreurs qui ont été commises dans le passé en ce qui concerne les pensionnats. Les excuses complètes restent toutefois à venir.
Pour faciliter le processus de guérison, il est essentiel qu’il y ait reconnaissance du tort qui a été causé et que des excuses soient faites. Sans ces excuses, la guérison ne sera jamais complète.
J’interviens ici au nom de mon peuple, qui a subi d’innommables mauvais traitements parce que le gouvernement fédéral a cautionné ces pensionnats.
J’interviens au nom de ma localité, Pelican Narrows, en Saskatchewan, et de toutes les collectivités de Premières nations au Canada.
J’interviens ici au nom des Métis et des Inuits, des nations fières de leur culture, de leur patrimoine et de leur langue, des nations dont les souffrances que leur ont values les pensionnats ont souvent été oubliées ou méconnues.
J’interviens ici au nom des innombrables parents qui, impuissants, ont vu un jour s’amener un étranger qui, se prévalant d’une loi injuste, leur a enlevé leurs enfants, s’en est allé en apportant avec lui leur coeur et leur âme, et qui leur a fait perdre tout espoir en l’avenir.
Une fois emportés au loin par des étrangers, séparés de leurs propres frères et soeurs, ces enfants devenaient eux-mêmes des étrangers, des étrangers face à leurs parents, à leur culture, à leur langue. Dans de nombreux cas, ils finissaient par devenir étrangers à leur propre identité.
J’interviens ici au nom des nombreuses victimes dont on ne connaîtra jamais l’histoire, des victimes dont les restes sont éparpillés aux quatre coins de notre pays dans des tombes sans épitaphe, comme des cicatrices qui ont laissé leur marque sur notre terre, une marque indélébile dans l’âme de notre nation.
Bon nombre d'enfants sont morts dans ces écoles, victimes de maladies et de mauvais traitements. De nombreux survivants ont vu une multitude de leurs contemporains ne jamais revenir de ces institutions. La vie des survivants a été marquée par le souvenir tragique et pénible non seulement des sévices qu’ils ont eux-mêmes subis, mais également des images d’enfants comme eux qui n’ont pas survécu. D’après certains témoignages, il est souvent arrivé, entre le début et le milieu du siècle dernier, que des écoliers aient été forcés d’ensevelir leurs camarades de classe, leurs amis et leurs proches.
Oui, monsieur le Président, des enfants ont été contraints d’enterrer d’autres enfants.
Par-dessus tout, j’interviens au nom des enfants, aujourd’hui nos aînés, qui se sont vus dépossédés de leur culture, de leurs parents et de leur innocence d’enfant, des enfants qui ont été amenés à se sentir inférieurs aux niveaux mental, émotionnel, physique et spirituel, des enfants qui ont été littéralement humiliés et forcés de vivre dans des conditions insalubres qu’on a dénoncées même à l’époque.
Cette motion, que je suis très fier de présenter aujourd’hui, touche également une corde sensible au plus profond de moi-même. Je la propose en songeant aux gens de mon peuple qui se battent encore pour faire entendre leur voix et célébrer un héritage et une culture qui a résisté à de terribles attaques, mais je suis également profondément fier de la vigueur qu’ont toujours les gens des Premières nations, les Métis et les Inuits. Ils ont une force et une capacité de résilience qui leur assurera une longue prospérité.
Ce ne sont pas uniquement les liens avec ma culture qui rendent cette motion si importante. C'est également que ma famille a subi cette attaque, une attaque contre notre unité, nos valeurs et notre identité en tant que famille.
Les gens sont au coeur de cette question: les gens ordinaires, de classe moyenne, ceux qu'on rencontre tous les jours. Peu importe comment on les appelle. Certains parents ont été forcés de se séparer de leurs enfants et ceux-ci ont été forcés de fréquenter ces écoles. Certains parents n'étaient informés ni du sort, ni de la situation de leurs enfants pendant des semaines, voire des mois.
Cette motion s'adresse à eux; elle contient les mots les plus forts que je puisse exprimer. Nous offrons ces paroles pour les consoler de leur incroyable perte, mais nous leur offrons également de l'espoir dans un avenir axé sur la divulgation des faits et la réconciliation, au moment où nous tentons de tourner la page sur le passé.
Nous espérons que ces excuses constitueront une autre étape nécessaire pour la guérison de ce traumatisme collectif intergénérationnel qui a perduré jusqu'à aujourd'hui. Voilà l'héritage de la période des pensionnats indiens, mais les Canadiens comprennent-ils vraiment? Je pense que les Canadiens souhaitent comprendre.
Il faut nous demander si, en tant que pays, nous avons dit la vérité aux Canadiens. C'est une tragédie. La vérité est désagréable et difficile à entendre, mais il faut l'entendre et cela doit commencer par le gouvernement. Il faut reconnaître ces épisodes douloureux du passé dans le respect et l'honneur.
Dans un article de John Ibbitson, publié dans le Globe and Mail en juillet dernier, on apprend que le a prononcé un discours au Royaume-Uni dans lequel il a louangé l'héritage que nous a laissé l'empire britannique, notamment la common law, la démocratie parlementaire et une économie ouverte. Il a entre autres déclaré: « Mais sérieusement, une grande partie de ce que le Canada est aujourd’hui s’explique par le fait que nous avons été une colonie de l’empire britannique. »
Il est inadmissible, de l'aveu même du , de présenter l'héritage colonial autrement que comme une forme d'oppression. Il a dit: « Mais dans le contexte canadien, les actions de l’empire britannique ont été en grande partie bienveillantes et, occasionnellement, brillantes. » Le premier ministre a déclaré que la magnanimité britannique avait permis la survie de la culture française et, au sujet des traités visant la population autochtone, il a ajouté que « s’ils étaient loin d’être parfaits, [ces traités] ont compté parmi les plus justes et les plus généreux de l’époque ».
Je ne sais pas exactement comment la collectivité francophone réagit à la déclaration selon laquelle les politiques britanniques ont protégé la culture française, mais je sais fort bien que les Autochtones ne seraient pas très impressionnés par son évaluation des pratiques coloniales qu'il présente comme justes et généreuses.
Le gouvernement fédéral avait à l'époque une politique d'assimilation pour débarrasser le Canada du problème des Indiens. En 1914, un fonctionnaire, qui par la suite est devenu responsable de la politique canadienne sur les Indiens et qui s'appelait Duncan Campbell Scott, a indiqué dans un rapport qu'on pouvait dire sans trop se tromper que 50 p. 100 des enfants ne vivaient pas assez vieux pour bénéficier de leur éducation. Énormément d'élèves mouraient, principalement de la tuberculose. Je ne crois pas que les Autochtones et les Canadiens aient pu trouver cela juste ou généreux à l'époque, pas plus qu'aujourd'hui.
Il me semble y avoir divergence entre deux versions de l'histoire. Selon celle que le a présentée à un auditoire étranger, les Britanniques avaient une approche des plus équitables et des plus généreuses à l'endroit des populations autochtones pour la période. Cela ne concorde pas du tout avec la version présentée dans les témoignages des survivants et des fonctionnaires fédéraux de l'époque et dans les travaux approfondis de la Commission royale sur les peuples autochtones, entre autres.
C'est précisément sur ces versions divergentes que porte le travail d'Erna Paris. Comment les gens au pouvoir gèrent le passé pour répondre aux besoins d'aujourd'hui. Je me demande à quelle perception et à quels besoins correspondent les déclarations du . Je peux dire que ces déclarations ne correspondent pas à la vérité.
Dans certains milieux et à certains endroits, on se bat encore pour la vérité, on se bat pour déterminer qui pourra trancher à savoir ce qui s'est véritablement passé et qui décidera comment raconter ces événements. Les médias ont fait état récemment de l'absence de dossiers sur les enfants qui sont morts dans les pensionnats autochtones et des innombrables victimes enterrées dans des tombes non marquées. Ces histoires personnelles oubliées sont une perte pour notre histoire collective et entrave notre capacité de redresser ces injustices passées.
Le gouvernement fédéral a concocté une version des événements passés à l'image de la perception qu'il veut donner aux Canadiens et au monde. Le gouvernement veut, comme l'a dit Erna Paris, façonner la mémoire historique de cette période pour minimiser ce qui s'est réellement passé.
C'est dans ce contexte que le gouvernement a déclaré sans équivoque que des excuses n'étaient pas nécessaires, laissant entendre que le règlement était suffisant. Pourquoi ces deux poids deux mesures?
« Les Autochtones devraient oublier le passé. » « Que veulent-ils de plus? » C'est le genre de choses que l'on entend. Ces déclarations sont une autre forme de dénigrement. J'espère que de telles déclarations découlent d'une mauvaise compréhension et non de sentiments plus sombres.
Certains survivants qui ont reçu des paiements anticipés les remettent tout simplement à leurs enfants, aujourd'hui adultes, en disant qu'ils sont désolés d'avoir détruit leur vie, qu'ils auraient dû être plus forts lorsqu'ils étaient dans les pensionnats et qu'ils auraient dû être de meilleurs parents. Ils se font des reproches, mais ils n'étaient que des enfants.
Qu'y a-t-il de si difficile à comprendre? De simples excuses représenteraient une volonté d'écoute et d'acceptation de la vérité et de compréhension du tort causé. Des excuses signifieraient que le Canada compatit, que les Canadiens compatissent et que nous sommes désolés.
Pourtant, il semble y avoir des obstacles qui empêchent que de telles excuses soient faites. Permettez-moi d'aborder certaines des préoccupations dont on m'a fait part en ce qui a trait à la nécessité de présenter des excuses aux survivants des pensionnats indiens.
Premièrement, on pourrait dire que tout cela est la faute des Églises et que le gouvernement était un simple observateur, une entité qui versait des fonds, sans plus.
Il est vrai que les Églises ont leur part de culpabilité, mais le gouvernement du Canada ne peut nier qu'il a joué un rôle dans le dossier des pensionnats indiens. Le gouvernement du Canada a financé le système et a élaboré les politiques générales visant l'éducation et la colonisation forcées d'un peuple.
Encore pire, les inspecteurs et les fonctionnaires du gouvernement étaient au courant depuis des dizaines d'années des conditions inhumaines dans ces pensionnats: maladie, surpeuplement, malnutrition, délabrement. Or, le gouvernement a fait très peu pour corriger la situation et, pour bon nombre de pensionnaires, c'était trop tard.
Deuxièmement, j'ai entendu dire que certaines personnes croient que des excuses ont déjà été formulées. Ce n'est pas le cas.
Il est vrai que l'ancien gouvernement libéral a fait une déclaration de réconciliation en 1998. C'était une étape importante, une reconnaissance des mauvais traitements qui avaient été infligés et le début du processus qui a mené à la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens. Cependant, ce n'était pas des excuses.
La troisième raison de ne pas présenter d'excuses, que l'on m'a donnée lorsque j'ai posé la question, était qu'il s'agissait d'une question d'ordre juridique. Par contre, le ministre a déclaré que son refus de présenter des excuses ne découlait pas d'une quelconque question juridique.
Enfin, j'ai entendu dire qu'il ne faudrait pas présenter d'excuses, puisque cela ne faisait pas partie de l'accord sur les pensionnats indiens. Cet argument est absurde à bien des égards.
Premièrement, il est reconnu qu'en 2005, le gouvernement fédéral et l'Assemblée des Premières Nations ont convenu qu'il fallait présenter des excuses. La vice-première ministre de l'époque a affirmé qu'il y avait une:
[...] nécessité de présenter des excuses qui offriront une reconnaissance étendue des séquelles des pensionnats indiens et leurs effets sur les communautés des Premières nations [quand la convention sera conclue].
Lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir, c'est à eux qu'est revenue la responsabilité de respecter l'engagement du gouvernement du Canada de présenter des excuses officielles.
Depuis ce temps, les Autochtones, les Métis et les Inuits ont, collectivement et individuellement, revendiqué ces excuses. Les conservateurs ont refusé de s'acquitter de ce devoir et ont même nié la nécessité de présenter des excuses. Le est même allé jusqu'à dire que, puisque l'objectif des écoles était d'éduquer les enfants autochtones, il n'était pas nécessaire de s'excuser.
Nous avons ici un autre exemple de la façon dont ce gouvernement tente de changer l'histoire pour répondre aux besoins des personnes au pouvoir, au détriment de tous. Cette remarque démontre une ignorance des réalités de l'époque des pensionnats indiens, ainsi qu'un manque de respect à l'égard des personnes qui ont survécu et de celles qui n'ont pas survécu.
J'espère que le ministre regrette ses commentaires, car ils sont complètement faux. J'espère qu'il retirera respectueusement ses paroles, et qu'il réévaluera la nécessité de présenter des excuses.
Conclure la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens était la chose à faire. Le ministre et le gouvernement peuvent s'en attribuer tout le mérite, cela ne me dérange pas. C'était la chose à faire.
Les Premières nations, les Métis et les Inuits ont beaucoup sacrifié pour établir ce pays dont nous sommes tous très fiers et que nous considérons nôtre. Le Canada s'efforce d'être le pays le plus humain et le plus généreux. Des gens viennent d'ailleurs vers ce pays compatissant qu'est le Canada et ils sont fiers de devenir de nouveaux Canadiens. Ironiquement, la compassion qui fait la réputation du Canada et dont ses premiers habitants ont su faire preuve à l'époque ne leur sera pas offerte en retour par le gouvernement actuel.
Voici de quoi il s'agit: que l'on offre des excuses aux survivants des pensionnats pour cette politique gouvernementale calculée et intentionnelle de l'époque, qui visait précisément les enfants pour saper à tout jamais les Premières nations, les Métis et les Inuits dans leurs langues, leurs traditions, leurs croyances, leur spiritualité, leurs rapports familiaux et communautaires et ce avec l'idée bien arrêtée, comme l'a dit un haut fonctionnaire de l'époque, de débarrasser le Canada de son problème indien.
Je sais que bon nombre des exemples que j'ai cités et des mots que j'ai utilisés paraissent durs et certains diraient même peut-être que j'ai dépassé les bornes. C'est possible. Cependant, cet aspect de l'histoire du Canada n'a pas été documenté de façon très exacte. Également, je suis outré à l'idée que le gouvernement fédéral souhaiterait refaçonner la mémoire historique en minimisant les répercussions de l'époque des pensionnats.
Si les survivants n'avaient pas exigé d'être entendus, si nous n'avions pas bénéficié des travaux innovateurs de la Commission royale sur les peuples autochtones, si nous ne pouvions bénéficier du travail exceptionnel de la Fondation autochtone de guérison, ces dures vérités seraient dans une large mesure passées sous silence.
Les raisons pour lesquelles des excuses s'imposent sont claires. Le gouvernement du Canada ne peut nier son rôle dans la création et l'approbation des pensionnats. Tant que des excuses ne seront pas formulées, cette période sombre continuera de nous hanter.
J'invite humblement tous les députés à appuyer ma motion demandant d'offrir des excuses aux survivants et demandant aux gouvernements de prendre les mesures nécessaires pour offrir des excuses à tous les survivants des pensionnats d'hier et d'aujourd'hui. Mettons un terme à l'injustice qui nous hante.
J'espère que le gouvernement se joindra à moi pour offrir ces excuses. J'en fait la proposition aux conservateurs dans un esprit de collaboration et comme marque de respect. Il y a une phrase que je voudrais prononcer en langue crie.
[Le député s'exprime en cri:]
[Traduction]
Essentiellement, ce que je viens de dire dans ma langue a trait au respect entre les peuples, au respect de nos passés et de nos histoires, au respect pris dans un sens plus profond que nous ne comprenons probablement même pas à l'heure actuelle. Ce que demandent les survivants, en somme, c'est que l'on respecte l'expérience qu'ils ont vécue et qu'on leur présente des excuses.
:
Monsieur le Président, d'emblée, je voudrais consacrer le début de mon exposé à un texte qui a été écrit par l'une de mes auteures canadiennes préférées, Aritha van Herk. Dans son livre
Mavericks, elle a écrit ce qui suit:
Affaiblies par les maladies comme la petite vérole et la tuberculose, empêtrées dans des règles complexes et ridicules, luttant pour leur survie, les Premières nations de l'Alberta ont accompli un exploit en refusant de s'éteindre. Pour toutes les tentatives, délibérées ou accidentelles, de les faire disparaître...
Je remercie le député d'avoir saisi la Chambre de cette question aujourd'hui. J'espère que mes propos permettront d'élever le débat et, par le fait même, celui de l'ensemble du pays, au-dessus de la partisanerie et des accusations. Dans l'intérêt de tous les députés, dans l'intérêt du Canada, j'espère que nous pourrons relever le niveau du débat. J'espère que nous pourrons tous éviter de dépasser les bornes. Pour mettre le point final à ce triste chapitre de l'histoire canadienne, il le faut. Les Canadiens, autochtones ou non, l'exigeront de nous. Finalement, la Commission de divulgation des faits et de réconciliation, essentielle au processus dans lequel nous sommes maintenant engagés, exigera de tous les parlementaires qu'ils s'élèvent à ce niveau.
À l'instar de l'archevêque Desmond Tutu dans un autre contexte, je suis d'avis que ni un vrai repentir ou une vraie réparation, d'une part, ni un vrai pardon, d'autre part, ne sont possibles sous l'empire de l'esprit de parti.
Je commencerai donc par dire que le gouvernement appuiera la motion du député de . La Chambre devrait présenter des excuses, et je ne doute pas qu'elle le fera.
D'autre part, les obligations de l'organe exécutif du gouvernement, qui sont inextricablement liées au libellé de l'accord sur les pensionnats indiens et à ce que la Commission de divulgation des faits et de réconciliation finira par découvrir, requièrent un débat à la Chambre. Dans mes observations, je propose que nous tenions ce débat.
Il importe que le compte rendu historique reflète correctement la situation. Je n'ai pas été à la Chambre pour la plus grande partie de ma vie; je n'y suis en fait que depuis trois ans. Je suis quelque peu étonné de constater avec quelle rapidité le révisionnisme a fait son oeuvre relativement à la question des pensionnats indiens. Si l'on peut excuser tous les députés de faire preuve d'esprit de parti de temps à autre, on ne peut certes pas en faire autant pour la révision de l'histoire canadienne, une pratique que je ne n'approuve absolument pas à la Chambre.
Il est temps que le gouvernement mette fin à ces dénis du passé. C'est le gouvernement actuel qui, le 8 mai 2006, a conclu l'accord sur les pensionnats indiens, après d'intenses négociations avec les avocats de l'Assemblée des Premières nations, les demandeurs des recours collectifs représentant quelque 12 000 personnes au Canada, l'Assemblée des Premières nations et les Églises du Canada.
Des excuses de la part de la Chambre des communes sont nécessaires et la Commission de divulgation des faits et de réconciliation, dont je parlerai, traitera de cette question en détail. Toutefois, pour commencer, j'ai lu un livre de John Milloy intitulé A National Crime. Pour expliquer pourquoi la Chambre des communes devrait s'excuser, je citerai simplement l'introduction de ce livre, qui était aussi en partie sa conclusion. M. Milloy pose la question suivante:
Comment cela a-t-il pu se produire? Comment la responsabilité et le christianisme ont-ils pu être ainsi pervertis?
Et il conclut en ces termes:
--une conclusion s'impose d'elle-même. Malgré toutes les justifications invoquant les obligations civiles et spirituelles qui encadraient le système scolaire, on n'a jamais investi dans ce projet les ressources financières ou humaines nécessaires pour permettre au système d'atteindre ses objectifs de « civilisation » ou pour que les enfants soient traités convenablement. On n'a jamais non plus fait intervenir les ressources morales nécessaires pour remédier à la négligence systémique ou aux nombreux cas d'actes de violence physique graves qui étaient connus. De plus, il est clair que pendant toute la période où ce système a eu cours, l'Église et l'État qui étaient partenaires dans cette entreprise étaient au courant de ces difficiles circonstances et que, de plus, ils en étaient venus à comprendre les effets néfastes que l'expérience des pensionnats autochtones avait sur tous les enfants autochtones.
Cela résume les éléments qui seront probablement évoqués plus tard par la Commission de divulgation des faits et de réconciliation.
Tout cela a commencé au Canada il y a bien des années. Ce système scolaire a été conçu au cours de la période précédant l'année 1892. Il est devenu fonctionnel dans les années qui ont suivi et n'a pas été complètement démantelé avant la fin des années 1970.
Pour ce qui est de la répartition des blâmes, disons que bon nombre de gouvernements canadiens ont eu leur part de responsabilité dans cette affaire. Ce système a été conçu et appliqué par plusieurs gouvernements successifs pendant près de 100 ans et il fait donc partie de notre histoire collective. Nous devrons collectivement faire face un jour à ce triste chapitre de notre pays, et pour en revenir à ce que je disais, c'est une chose que nous ne pourrons faire que de manière équitable, sans porter d'accusations, sans faire de récriminations et sans pointer du doigt qui que soit. La Commission de divulgation des faits et de réconciliation, dont je voudrais parler maintenant, aura un rôle essentiel à jouer dans tout cela.
L'histoire nous apprend, dans cette affaire, qu'il y avait environ 130 pensionnats au pays dirigés par quatre églises: les anglicans, les presbytériens, l'Église Unie et l'Église catholique. Plus de 150 000 Canadiens autochtones ont fait leurs études dans ces écoles. De ce nombre, 80 000 sont encore vivants aujourd'hui. Les descendants des pensionnaires sont au nombre de 250 000 à 350 000 au sein de la population canadienne.
C'est en 1990 que les premières poursuites ont été intentées contre le gouvernement fédéral, dans cette affaire. En 1998, comme mon collègue l'a indiqué, dans une déclaration de réconciliation, le Canada a reconnu son rôle dans le système de pensionnats autochtones. En 1998, des progrès importants ont eu lieu et on a assisté à la création de la Fondation autochtone de guérison, qui s'est vu doter de la somme de 350 millions de dollars et qui a reçu par la suite 40 millions de dollars de plus. Cette fondation a administré au-delà de 1 300 projets communautaires distincts pour que l'on vienne à bout de ce chapitre de l'histoire du Canada.
En 2003, un cadre national de règlement a été établi pour faciliter la réconciliation, pendant que l'affaire continuait de cheminer sur la voie judiciaire au pays, les demandeurs des Premières nations ayant intenté un recours collectif contre le gouvernement du Canada. Une démarche de règlement extrajudiciaire du différend a été entreprise.
Au cours de la 38e législature, alors que le Parti conservateur formait l'opposition, un courant révisionniste inquiétant s'est manifesté au Parlement du Canada. J'aimerais souligner au passage, à l'intention de la postérité, si je puis me permettre, que le Parti conservateur a agi en chef de file dans cette affaire non seulement en concluant l'accord définitif le 8 mai 2006, mais aussi en oeuvrant auparavant, de concert avec les autres partis de l'opposition à la Chambre des communes, pour que l'on chemine vers cet accord.
On n'a qu'à regarder le rapport du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord terminé le 7 avril 2005 avec la coopération des partis de l'opposition à la Chambre des communes, qui étaient à l'époque le Bloc, le NPD et le Parti conservateur. En fin de compte, le gouvernement libéral s'est opposé à ce rapport au sein du comité et lors du vote à la Chambre des communes, où le rapport a été adopté par une majorité d'une voix. Les faits historiques ne sont nulle part aussi éloquents que dans ce rapport produit le 7 avril 2005 par le Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord.
À l'époque, l'efficacité du processus de règlement extrajudiciaire des différends était remis en cause de façon constante et revenait constamment sur le tapis à la période des questions, car on avait appris que pour chaque dollar dépensé pour le règlement des revendications des victimes des pensionnats, 80 ¢ avaient été engloutis dans les frais administratifs, les honoraires d'avocats, de spécialistes et d'arbitres, alors que seulement 20 ¢ étaient allés aux victimes de ce triste chapitre de l'histoire du Canada.
Les faits ont été révélés lors d'une affaire devenue célèbre. Le système était tellement paralysé par les règles qu'une vieille dame, une octogénaire, a eu recours à la procédure de règlement extrajudiciaire des différends, alléguant avoir fait l'objet de cruauté physique et avoir été enfermée dans une penderie avec sa soeur pendant trois jours. Cette vieille dame n'a pas obtenu gain de cause au motif qu'elle n'avait pas été placée en isolement. Voilà une situation qui s'est bel et bien produite au Canada il y a trois ans seulement, avant que le gouvernement actuel ne conclue cet accord.
Le rapport que le comité permanent a présenté le 7 avril 2005 ne laisse rien à l'imagination. Il fait état des échecs du processus, indiquant qu'il n'offre pas une procédure équitable et uniforme; qu'il offre une indemnisation très inadéquate; qu'il « est trop lent, permettant à trop d’anciens pensionnaires de rendre l’âme sans avoir été indemnisés », et qu'il recourt à un modèle de règlement des différends irrespectueux, humiliant et insensible qui fait à nouveau des victimes des survivants.
J'étais présent au comité lorsque des députés du Parti conservateur ont signalé au gouvernement que, depuis leur élection à titre de députés, ils n'avaient jamais entendu de témoignages aussi bouleversants que ceux qu'il leur avait été donné d'entendre lors des audiences qui ont précédé l'élaboration du rapport en question.
À l'époque, on avait souligné l'existence de coûts structurels élevés et d'un fardeau de preuve inacceptable, ainsi que le fait que les anciens pensionnaires ne faisaient pas confiance au processus. Au bout du compte, le comité a, dans un rapport de trois pages très clair, exprimé son regret quant à la façon dont le gouvernement avait administré le mode alternatif de règlement des conflits, et il a proposé huit recommandations très précises.
La première était que le gouvernement agisse de façon urgente. La deuxième était qu'il mette fin au mode alternatif de règlement des conflits. J'en arrive maintenant à la troisième recommandation. Si quelqu'un veut connaître la source de l'accord relatif aux pensionnats indiens qui, aujourd'hui, suscite un certain espoir dans notre pays et pourrait favoriser la réconciliation, cette source se trouve dans la troisième recommandation du rapport, qui se lit comme suit:
Que le gouvernement entame avec les anciens pensionnaires des négociations sous surveillance judiciaire et conclue avec eux un règlement approuvé par un tribunal et exécuté sous surveillance judiciaire qui le dégage de toute responsabilité envers les anciens pensionnaires qui sont en mesure d’établir une cause d’action et leur droit légitime à une indemnisation.
Pour la première fois, une recommandation de la Chambre des communes, qui a été adoptée, proposait des négociations sous surveillance judiciaire avec les anciens pensionnaires pour en arriver à un règlement approuvé par un tribunal et exécuté sous surveillance judiciaire. C'est précisément ce que le gouvernement a fait, le 8 mai 2006.
Les recommandations formulées traitaient aussi des frais de justice. Une recommandation prévoyait que le gouvernement accélère le règlement des plaintes impliquant des circonstances aggravantes, telles que des violences sexuelles et des sévices corporels graves. Là encore, le gouvernement a suivi cette recommandation à la lettre.
Toutefois, je veux insister en particulier sur la recommandation no 6, qui dit:
Que, afin de permettre aux anciens pensionnaires de raconter leur histoire à l’ensemble des Canadiens dans la dignité et le respect, le gouvernement du Canada veille à ce qu’une initiative nationale de redressement et de diffusion de la vérité soit menée au sein d’un forum qui souligne la valeur des anciens pensionnaires et honore la mémoire de tous les enfants qui ont fréquenté les pensionnats indiens.
C'est là qu'a pris naissance le concept visant à aller de l'avant dans notre pays. C'est un concept qui m'est très cher. Peu de députés savent que j'ai passé un certain temps en Afrique du Sud, dans les jours qui ont suivi l'apartheid, alors que ce pays faisait la transition entre l'apartheid et sa politique actuelle. J'étais conseiller constitutionnel auprès d'un organisme qui s'occupait du démantèlement de la structure d'apartheid.
J'ai suivi les travaux de la Commission sur la vérité et la réconciliation qui a été créée en Afrique du Sud. J'ai vu comment elle avait aidé ce pays à surmonter un très triste chapitre de son histoire. J'ai été convaincu de la grande utilité du même genre d'approche pour permettre au Canada de clore un triste chapitre de son histoire lui aussi, car il s'agissait d'un forum qui permettait à tous les Canadiens, et particulièrement aux citoyens des Premières nations qui ont été victimes du processus, de se raconter afin que leur expérience soient enregistrée dans l'histoire du Canada et afin que nous puissions tous, au bout du compte, surmonter un chapitre de l'histoire du Canada qui ne met pas en cause un seul parti ni un seul gouvernement, mais qui nous met tous en cause, en tant que Canadiens, pendant 100 ans d'histoire.
Par la suite, M. Frank Iacobucci, un ancien juge de la Cour suprême du Canada, a été nommé comme représentant du gouvernement et la recherche d'un règlement supervisé par un tribunal a été lancée, puis un accord provisoire a été annoncé, si je me souviens bien, le 23 novembre 2005, après avoir été conclu le 20 novembre.
Évidemment, cela a été un peu occulté par la période électorale de décembre 2005. Pendant la campagne électorale, le Parti conservateur avait déclaré qu'il appuierait un tel accord à la condition que deux conditions soient réunies. La première était qu'un accord final soit conclu et la deuxième était que l'on puisse s'assurer qu'il serait approuvé par un tribunal. Ni l'une ni l'autre mesure n'avait été prise en février 2006, lorsque le gouvernement conservateur a été formé.
Je peux assurer à la Chambre que, même si le dossier des pensionnats n'était pas strictement parlant la responsabilité du ministre des Affaires indiennes, dans les jours qui ont suivi la formation du gouvernement, la responsabilité s'est retrouvée ailleurs au sein du gouvernement. J'ai pris très au sérieux la conclusion d'un accord final et je peux assurer à la Chambre que j'ai eu de nombreuses réunions dans mon bureau avec le juge Iacobucci et M. Phil Fontaine, de l'Assemblée des Premières Nations, et que nous avons déployé de grands efforts pour parvenir à un accord final. Nous avons fait des pieds et des mains pour finaliser les dispositions de l'accord de sorte qu'il puisse être soumis à un tribunal pour approbation.
Il y a eu des négociations exhaustives sur plusieurs questions délicates qu'il restait à régler à ce moment-là: comment parvenir à une entente finale, comment s'assurer que les dispositions financières nécessaires soient prises pour permettre le respect de l'entente et comment arriver à une entente qui sera dans l'intérêt supérieur de tous les Canadiens. Je précise que la était grandement engagée dans ces négociations.
Au bout du compte, l'entente qui a été conclue a exigé beaucoup de travail au cours de la dernière année. Il a fallu obtenir l'approbation des tribunaux dans neuf territoires de compétence. Ce processus n'est pas entièrement terminé. Les neuf juridictions ont approuvé l'entente, mais un délai d'exclusion a été prévu. De cette façon, si un nombre suffisant de Premières nations décident de s'exclure, le gouvernement est libre d'annuler l'entente. C'est pourquoi le processus juridique n'est pas encore terminé, mais il suit son cours.
Comme tout le monde le sait, cette convention est juste et généreuse. J'éprouve une immense satisfaction en tant que Canadien à voir une telle entente se concrétiser. Le gouvernement aussi a de quoi être fier. La convention prévoit entre autres éléments importants l'établissement d'une Commission de divulgation des faits et de réconciliation qui sera établie de concert avec un centre de recherches doté d'un budget de 60 millions de dollars dont le mandat sera de cinq ans. Le gouvernement est actuellement en train de choisir les trois commissaires, dont l'un doit être un Canadien autochtone.
J'espère sincèrement que cette question se réglera, comme cela s'est produit en Afrique du Sud. J'espère que la Commission de divulgation des faits et de réconciliation pourra régler la question des excuses et trouver la meilleure manière, pour notre pays, de continuer à progresser. J'espère que ce sera réglé d'une manière qui soit à la hauteur de la dignité et de l'intégrité des Canadiens, qui veulent en finir avec ce chapitre de notre histoire. L'exécutif du gouvernement devra accorder toute l'importance due à ce document parce que nous ne comprendrons pas toute la portée de ce chapitre de notre histoire, de l'histoire des pensionnats indiens, tant que la commission n'aura pas terminé ses travaux.
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Monsieur le Président, j'aimerais spécifier que je vais partager mon temps avec ma collègue de .
C'est un plaisir pour moi de vous entretenir de pensionnats. Car cela me permet de faire bouger des choses pour les principaux intéressés qui, en ce moment, sont les Autochtones, les Inuits et les Métis, ceux, il n'y a pas si longtemps, que nous nommions les Indiens, et qui alors n'étaient pas tout à fait comme nous, pensions-nous.
Les pensionnats, cela me connaît, mais pas comme ces personnes dont j'ai l'intention de vous parler aujourd'hui, ni la manière dont elles ont vécu la situation. Je crois connaître ces établissements pour les avoir fréquentés tout au long de ma jeunesse parce que j'étais orphelin. La famille qui s'était chargée de m'élever ne trouvait pas les moyens de me fournir, seule, une éducation qu'elle considérait raisonnable. Elle est donc passée par l'évêque du diocèse pour obtenir de l'aide. À l'époque, c'était le seul moyen d'en obtenir.
Je me souviens encore qu'à chaque mois de septembre, je faisais mon entrée dans un pensionnat des environs de Québec pour toute la durée de l'année scolaire, c'est-à-dire de septembre d'une année jusqu'à la fin de juin de l'année suivante. Je suis originaire du Bas-du-Fleuve, plus exactement de la vallée de la Matapédia. Le retour chez moi aurait été trop coûteux pour mes parents, ceux qui m'ont élevé, bien sûr. Je me suis juré à cette époque que mes enfants n'iraient jamais dans pareil endroit parce qu'à chaque retour à la maison, j'avais l'impression d'avoir de nouveaux parents et de nouveaux frères et soeurs que je devais réapprendre à connaître dans mes trop courtes vacances d'été. Je considère que c'est ce qu'on peut qualifier d'« apprendre à la dure ».
Après être allé travailler en Abitibi à 13 ans — j'ai eu 14 ans deux mois plus tard —, je n'ai revu mes parents que 10 ans plus tard. Le premier travail que j'ai obtenu consistait à charger des wagons de chemin de fer du bois qui sortait d'une planeuse, avec, pour partenaire, un Indien, comme on les nommait dans le temps. C'était une pièce d'homme qui ne disait jamais un mot plus haut que l'autre. Vers 4 heures du matin, dans un quart de travail qui avait débuté à 18 heures, lorsqu'il voyait des pièces de 8 x 8 x 16 qui me rejoignaient, il prenait un bout de ma pièce pour m'aider et il plaçait la sienne par la suite, et ce, jusqu'à 6 heures du matin. J'ai fait ce travail durant cinq mois et je n'ai jamais entendu mot. Lui, il le faisait depuis huit ans. Il avait été au pensionnat jusqu'à 15 ans. Il ne demeurait pas avec les autres employés, il avait son petit camp le long de la rivière, et ce n'est que lorsque je lui rendais visite que j'apprenais quelques bribes de son histoire.
Lorsque j'ai déménagé à Val-d'Or, je conduisais souvent une voiture taxi. Le soir ou les fins de semaine, il m'arrivait très souvent de conduire une ou deux familles d'Autochtones qui allaient reconduire leurs enfants au pensionnat, tout près d'Amos. Ils parlaient français lorsqu'ils s'adressaient à moi, mais lorsqu'ils étaient entre eux, ils parlaient indien, et pour moi, le cri ou l'algonquin, c'était le même language. Cependant, lorsqu'ils pleuraient en laissant leurs enfants, ils n'avaient pas besoin de traduction. Le pensionnat n'était pas tellement loin de leur réserve. Le voyage durait entre 1 h 30 et 2 heures, mais ils avaient d'autres enfants et ils ne pouvaient se permettre sur le plan monétaire de faire le voyage, si ce n'est pour retourner les chercher l'été suivant.
Ce que je croyais évident à cette époque, et qui ressassait mes souvenirs — permettez-moi vous dire que c'était frappant —, c'est que ce que je ne réussissais pas à comprendre lorsqu'ils parlaient pendant l'aller, je le comprenais très bien au retour parce qu'ils parlaient français. Comprenez-moi bien, ce n'était pas de l'égoïsme à ce moment d'être heureux de les entendre parler français. Pour moi, les Anglais, eux, nous avaient obligés à parler anglais. Je considérais donc normal alors qu'eux aussi apprennent à parler français, et c'était absolument sans malice aucune.
Cependant, lorsqu'ils arrivaient dans leur réserve, c'était frappant de voir les parents traduire ce que disaient leurs enfants aux grands-parents. À ce moment-là, notre première idée était que les pauvres vieux n'avaient pas eu la chance des jeunes d'apprendre le français. Peut-être étions-nous, nous aussi, un peuple opprimé à ce moment-là.
Ce n'est que plusieurs années plus tard que j'ai réellement compris toute la portée de ce que j'avais vécu, et ce, malgré le voisinage composé de quelques amis autochtones.
Dans les années 1980, je jouais au hockey avec un de ces amis, qui avait fait le camp d'entraînement du Canadien junior et que j'aimais taquiner parce qu'il ne voulait pas aller prendre une bière avec les autres. Très souvent, j'allais boire une boisson gazeuse avec lui. Un soir, il m'a dit que je devrais l'aider à obtenir des cours d'anishnabe et de cri. Devant mon regard incrédule, il m'a dit qu'il avait reçu toute sa formation dans un pensionnat indien et qu'on lui avait volé sa langue, sa culture et sa famille. Il ne pouvait ni lire ni écrire en cri ou en anishnabe. Il ne pouvait donc pas avoir recours à son histoire et à sa culture.
C'est à ce moment que je crois avoir saisi toute la portée du geste, sans même connaître les autres sévices subis. C'est un peu gênant d'avouer ce genre de chose. J'ai compris, depuis que je suis élu, que je ne savais pas encore tout. Aujourd'hui, je suis même certain que s'il n'avait pas été autochtone, il aurait fait partie de l'équipe du Canadien junior, parce qu'il était vraiment bon.
Je le revois encore aujourd'hui, et je l'ai aussi revu il n'y a pas si longtemps, lorsque nous avons obtenu le Pavillon universitaire des Premières Nations au campus de Val-d’Or. C'était impressionnant de voir son regard. C'était un signe des plus manifestes de satisfaction et d'espoir. Il sait que l'université formera des enseignants des Premières nations dans leur langue et dans leur culture. Je sais qu'il tentera d'être là, peut-être pas pour enseigner — quoique on ne sait jamais —, mais plutôt pour apprendre à lire et à écrire dans sa langue maternelle, soit le cri, et dans sa langue paternelle, soit l'anishnabe.
Ont-ils souffert? Je le crois. En sont-ils guéris? Je ne crois pas que la plupart d'entre eux le soient. Je ne suis pas un expert, mais à les écouter se raconter, s'ils peuvent apprendre à gérer leurs mots, ce sera déjà beaucoup mieux.
Le Bloc appuiera cette motion afin que la Chambre s'excuse auprès des survivants des pensionnats indiens du traumatisme dont ils ont souffert en raison des politiques visant l'assimilation des enfants des Premières nations, des Inuits et des Métis. Cela a entraîné la perte de la culture, du patrimoine et des langues autochtones, tout en laissant chez les victimes les tristes séquelles des agressions sexuelles et des mauvais traitements physiques et émotifs infligés dans les pensionnats.
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Monsieur le Président, tout d'abord j'aimerais remercier mon collègue d' de partager son temps de parole avec moi, afin que je puisse avoir le privilège de prendre la parole au sujet de la motion dont nous débattons aujourd'hui, et qui m'apparaît d'une importance fondamentale pour un pays comme le Canada qui prétend être parmi les pays les plus évolués au monde en matière de moeurs.
Les députés du Bloc québécois appuient la motion visant la présentation d'excuses attendues depuis si longtemps par les victimes des pensionnats autochtones et leur famille.
Ainsi, le Bloc québécois appuie la motion de mon collègue libéral de .
Ne nous leurrons pas, l'accord définitif pour les pensionnats autochtones n'était qu'un baume sur des vies brisées. C'était un grand jour pour les victimes des pensionnats autochtones et ce l'était aussi pour tous ceux qui ont à coeur la justice, le respect et la compassion. Toutefois, il ne compensera pas les ravages dont bon nombre d'Autochtones ne se remettront jamais. Cependant, nous, du Bloc québécois, avions la ferme conviction que l'accord constituait la pierre angulaire du rétablissement d'une justice sociale qui favorisera la réconciliation et la guérison.
Cette motion donne aujourd'hui l'occasion au premier ministre de présenter, au nom du gouvernement canadien, des excuses à l'endroit des victimes et de leurs familles.
Il est important de se rappeler que les pensionnats indiens avaient été conçus pour régler le « problème indien », en arrachant les jeunes autochtones à leur foyer et à leur famille de manière à les empêcher d'apprendre leur culture, leur langue et leur lien fondamental à la terre. Beaucoup ont vécu dans des conditions inhumaines et ont subi des violences physiques et sexuelles.
Au cours de cette période, de 1870 au milieu des années 1980, le gouvernement canadien avait aussi retiré aux femmes autochtones qui épousaient un homme non autochtone, ou issu d'une autre communauté, le statut de personne autochtone, tel qu'il est reconnu par la Loi sur les Indiens, les privant du même coup du droit de vivre dans leur communauté d'origine.
Cette politique a abouti au déracinement de dizaines de milliers de femmes autochtones, altérant leurs liens avec leur famille et augmentant leur dépendance vis-à-vis de leurs époux.
Même quand le système des pensionnats a commencé à être progressivement supprimé dans les années 1960, des enfants autochtones ont continué d'être retirés de leur famille par les services de protection de l'enfance, dont les programmes privilégiaient la solution de confier les enfants à l'Assistance publique plutôt que de s'attaquer aux situations de pauvreté et de violence familiale qui mettaient ces enfants en danger, problème qui reste encore d'actualité.
Toutes ces politiques ont eu pour conséquences une érosion de la culture autochtone, le déracinement de générations de femmes autochtones, la séparation des enfants de leurs parents et un engrenage de pauvreté, de désespoir et de manque de respect de soi qui continue de frapper de nombreuses familles autochtones.
En 1996, année de la fermeture du dernier pensionnat en Saskatchewan, la Commission royale du gouvernement fédéral sur les peuples autochtones a conclu:
Les assauts répétés qui ont été lancés contre la culture et l'identité collective des Autochtones [...] ont sapé les bases de la société autochtone et contribué au sentiment d'aliénation qui est souvent à l'origine des comportements autodestructeurs et antisociaux. Chez les Autochtones, les problèmes sociaux sont dans une grande mesure l'héritage de l'histoire.
En tant que femme, porte-parole du Bloc québécois en matière de condition féminine et membre du Comité permanent de la condition féminine, la situation des femmes autochtones me préoccupe beaucoup.
Plusieurs femmes représentant les groupes autochtones sont venues devant le comité témoigner des conditions dans lesquelles elles vivent. Elles font face à des taux de pauvreté et de violence supérieurs à ceux auxquels se heurtent les hommes autochtones et les femmes non autochtones. Elles ont donc un double handicap, car elles subissent toutes les iniquités infligées à toutes les femmes, mais elles doivent, en plus, supporter les désavantages communs aux peuples autochtones partout au Canada.
Voici quelques éléments qui démontrent bien la gravité de leur situation à l'heure actuelle:
Elles sont deux fois plus nombreuses que les femmes non autochtones à vivre dans la pauvreté et sont donc particulièrement touchées par les politiques d'aide sociale des gouvernements provinciaux et territoriaux; un nombre disproportionné d'entre elles sont chefs de famille monoparentale, soit le double du nombre de familles non autochtones; dans les réserves, 32 p. 100 des enfants vivent avec un seul parent, alors que c'est 46 p. 100 dans les familles autochtones hors réserve; les femmes autochtones courent cinq fois plus de risques d'être victimes de violence au cours de leur vie que n'importe quelle autre femme au Canada.
Elles sont également surreprésentées dans les emplois mal rémunérés. Les femmes autochtones qui ont moins d'une neuvième année ont des revenus inférieurs à ceux des hommes autochtones et des femmes non autochtones. À 12 300 $, le revenu annuel médian des femmes autochtones est le plus faible de tous les groupes sociaux au Canada.
Cependant, il est difficile — voire impossible — de quantifier correctement ces données, puisque les études et les analyses à ce sujet ne sont pas nombreuses en raison du manque de financement accordé par le gouvernement canadien.
Voilà donc la preuve que le gouvernement du Canada agit de façon complètement irresponsable envers les communautés autochtones du pays, et plus particulièrement envers les femmes autochtones. Il est inconcevable qu'encore aujourd'hui, en 2007, le Canada refuse de jouer le rôle qui lui incombe dans la protection des droits des femmes autochtones du Canada. Il est encore plus invraisemblable que le Canada continue de maintenir les communautés autochtones du pays dans un statut qui ressemble beaucoup plus à la situation humanitaire des pays en développement qu'à celle d'un pays supposément riche et développé comme le Canada.
Les solutions existent pourtant. Les communautés autochtones du Québec, bien qu'il y ait encore loin de la coupe aux lèvres, détonnent dans l'ensemble canadien par le progrès qui les caractérise. La signature de la Paix des braves en 2002 par le gouvernement de Bernard Landry, ainsi que la signature de la Convention de la Baie James, 25 années auparavant par le gouvernement de René Lévesque, démontrent bien la considération du gouvernement du Québec pour les peuples autochtones qui habitent son territoire.
Les réussites que sont Wendake dans la région de Québec, Essipit sur la Côte-Nord et Mashteuiatsh au Lac-Saint-Jean démontrent que lorsque les gouvernements donnent des moyens aux communautés autochtones pour qu'elles se développent, le succès est possible.
Cependant, il demeure des communautés comme Kitcisakik en Abitibi-Témiscamingue où la situation correspond beaucoup plus à celle du reste du Canada, c'est-à-dire qu'il y a un manque flagrant d'infrastructures sanitaires, d'hébergement et d'emplois. Bien sûr, les décisions de ce gouvernement conservateur n'aident en rien les communautés autochtones, et les femmes en particulier, à se prendre en main. L'annulation par le gouvernement de l'accord de Kelowna a été le premier geste de mépris des conservateurs envers les Premières nations. Bien que cet accord n'ait été qu'une mesure provisoire, il demeurait un baume sur les plaies causées par l'écart grandissant entre la qualité de vie des Autochtones et celle du reste des Canadiens.
Ajoutons à cela les coupes de 5 millions de dollars infligées à Condition féminine Canada qui ont eu pour effet la fermeture de 12 des 16 bureaux de Condition féminine Canada ainsi que les modifications aux critères d'admissibilité au Programme de promotion de la femme. Cela a fait en sorte d'exclure les groupes de défense des droits des femmes et de lobbying.
Notons que ce programme était le principal bailleur de fonds des recherches menées par les groupes de défense des droits des femmes autochtones du Canada. Ces recherches visaient, entre autres, à évaluer l'étendue de la violence contre les femmes autochtones. Pour ces groupes, il sera désormais très difficile — voire impossible — de faire la recherche et la production de telles études. L'élimination du Programme de contestation judiciaire est un autre bel exemple de l'aveuglement idéologique de ce gouvernement et de son incapacité à bien comprendre les enjeux qui touchent les plus démunis et les groupes minoritaires.
En abolissant ce programme, les conservateurs souhaitent faire taire tous ceux qui ne partagent pas leur vision néolibérale. Jeudi prochain marquera le troisième anniversaire du rapport du Groupe de travail sur l'équité salariale du gouvernement fédéral intitulé L’équité salariale: une nouvelle approche à un droit fondamental. Les conclusions de ce rapport, déposé en mai 2004, n'ont toujours pas été adoptées par le gouvernement fédéral. L'équité salariale n'est évidemment pas une priorité pour le gouvernement conservateur qui a délibérément choisi d'ignorer les recommandations du rapport, notamment la mise en place d'une loi proactive à ce sujet.
En conclusion, le Bloc québécois a endossé l'essentiel des recommandations de la Commission royale sur les peuples autochtones et du rapport Erasmus-Dussault. Celui-ci énonçait une approche du concept d'autonomie gouvernementale basée sur la reconnaissance des gouvernements autochtones comme un ordre de gouvernement ayant compétence sur les questions concernant le bon gouvernement et le bien-être de leur peuple. De plus, l'ensemble du rapport était basé sur la reconnaissance des peuples autochtones comme nations autonomes occupant une place unique au Canada.
Nous reconnaissons les peuples autochtones comme des peuples distincts ayant droit à leur culture, à leur langue, à leurs coutumes et traditions ainsi qu'à leur droit d'orienter eux-mêmes le développement de cette identité propre.
Je terminerai en réclamant de ce gouvernement un plus grand respect envers les peuples autochtones du Canada. Il les a dédommagés financièrement pour les mauvais traitements dont ils ont été victimes dans les pensionnats, soit, mais le temps des excuses est venu. La dignité humaine n'est pas quelque chose qui s'achète avec des dollars.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
J'aimerais commencer par féliciter le député de pour avoir présenté cette importante motion à la Chambre. Compte tenu de l'histoire triste et tragique des pensionnats indiens et des conséquences inimaginables pour les survivants, leurs familles et les collectivités, il est grand temps que la Chambre et le gouvernement présentent des excuses aux survivants.
J'aimerais également remercier le député de pour son travail inlassable dans ce dossier. Il a travaillé sans relâche pour mettre en place une entente adéquate et opportune sur les pensionnats indiens.
S'il y a une chose que nous savons, c'est que les pensionnats n'ont pas eu d'effets que sur les survivants. Ils ont également touché les familles et les collectivités. Dans un livre intitulé Journeying forward: Dreaming First Nations' independence, l'auteure Patricia Monture-Angus parle du quotidien des pensionnats indiens d'une façon respectueuse, selon les gens qui ont vécu la situation. En voici un extrait:
Si vous étiez un enfant et que l'on vous arrachait aux bras de vos parents, que feriez-vous? Hurleriez-vous: « Maman, au secours?! Maman, au secours! »? Et si vos parents restaient là, impuissants, que feriez-vous? Vous diriez-vous qu'ils auraient dû empêcher ces hommes de vous emmener? Si on vous emmenait dans un grand édifice où les gens parlent une langue étrange et vous frappent lorsque vous parlez la langue que vous connaissez en vous ordonnant de parler cette langue étrange, que ressentiriez-vous? Et si dans votre culture vos cheveux faisaient partie de votre esprit et que ces gens étranges vous coupaient les cheveux?
L'auteure poursuit en disant que le retour dans leurs collectivités des enfants qui ont subi d'innombrables sévices dans les pensionnats a eu un effet profond et durable sur leurs familles. Voici un autre extrait:
À mon avis, on a suffisamment écrit sur les sévices spécifiques infligés aux enfants des Premières nations. On a même dressé des listes des gestes criminels commis. Ce point de vue très restreint occulte les conséquences et les séquelles laissées par ces pensionnats sur nos familles et nos collectivités. Je ne veux pas minimiser les sévices subis par les pensionnaires, seulement exprimer clairement le fait que ces crimes ne sont qu'une infime partie des conséquences globales. Il ne faut pas oublier le simple fait que nous avons survécu à la pédagogie génocidaire des autorités canadiennes.
Ce sont des mots très forts, mais il faut parler de ce qui est arrivé aux enfants dans ces pensionnats. Le rapport de la CRPA décrit de manière éloquente les problèmes auxquels ont dû faire face les Métis, les Inuits et les membres des Premières nations du pays pendant de nombreuses décennies. Dans le volume 1 du rapport de la CRPA, sous la rubrique « Un passé, un avenir, chapitre 10 -- Les pensionnats », on décrit non seulement la négligence physique, mais la négligence émotive et spirituelle également.
Selon le rapport de la CRPA:
Bien que cet état de choses soit attribuable à des problèmes inhérents au système, en particulier au manque de ressources financières, la persistance de ces problèmes et la négligence chronique des enfants ne peuvent s'expliquer que par un autre manque: l'absence de ressources morales, la déresponsabilisation du tuteur. Les innombrables rapports dénonçant les conditions dans lesquelles vivaient les enfants — affamés, mal nourris, mal habillés, mourant de tuberculose, surmenés — ne parvinrent pas à amener les Églises ni les gouvernements successifs à dépasser le stade du vœu pieux et à adopter des mesures de redressement concertées et efficaces.
Les mesures de redressement ne consistaient pas seulement à remédier aux torts causés et à veiller à prendre bien soin des enfants et à les retourner à leurs parents pour que leur culture et leur langue puissent survivre; il s'agissait également de se pencher sur les violences sexuelles et physiques que bon nombre de ces enfants ont subies. Des excuses doivent faire partie des mesures de redressement.
Dans la section du rapport qui est intitulée « Discipline et mauvais traitements », on peut lire ceci:
La prémisse fondamentale de la resocialisation, de la grande transformation de l'état sauvage à l'état civilisé reposait sur la violence. Afin de « tuer l'Indien au sein de l'enfant », le Ministère s'efforçait de trancher l'artère grâce à laquelle la culture se communiquait d'une génération à l'autre et qui était, entre parents et enfants, le lien profond sondant la famille et la communauté.
Enfin, une partie de ce dont il est question aujourd'hui à la Chambre, c'est la nécessité que les députés et le gouvernement présentent des excuses senties.
Le rapport se termine ainsi:
Plutôt que d'essayer de tourner définitivement la page et de se concentrer uniquement sur l'avenir des collectivités autochtones, il faut examiner sous un nouvel éclairage ces faits tragiques en essayant de comprendre ce qu'a été le Canada par le passé et ce qu'il continuera d'être tant qu'on n'aura pas officiellement reconnu et condamné les actes répréhensibles qui ont été commis. Seule une telle démarche permettra d'envisager différemment l'avenir. Les Canadiens devront prendre conscience de la nécessité de modifier leur société s'ils veulent vivre en harmonie avec ceux qui ont été les premiers à peupler ce pays.
Je dirais que tant que nous n'aurons pas obtenu d'excuses sincères venant du fond du coeur, les Premières nations, les Métis et les Inuits ne pourront réclamer la place qui leur revient à titre de premiers habitants de cette terre.
De même, nous parlons souvent des Premières nations, mais il est également très important que nous parlions des Métis et des Inuits parce qu'ils ont aussi été touchés par le système des pensionnats indiens. Selon le rapport de la CRPA, ce qui s'est passé dans le Sud du pays s'est aussi produit dans les régions du Nord. Le rapport de la CRPA précise ce qui suit:
Comme ce fut le cas dans le Sud avant l'intégration, le gouvernement et ses partenaires des Églises prétendaient se substituer aux parents autochtones du Nord en leur retirant leurs enfants pour les placer dans des pensionnats où ils pourraient «faire face à l'avenir de manière réaliste» en devenant «de véritables citoyens canadiens». Malheureusement, lorsqu'on dresse le bilan de cette prétention nationale, que ce soit dans le Nord ou dans le Sud, il demeure impossible d'en obtenir un «cercle de vie civilisée».
Je dirais même qu'il n'y a pas un seul député de cette Chambre qui serait prêt à laisser ses enfants vivre dans les conditions dans lesquelles les enfants des Premières nations, des Métis et des Inuits ont dû vivre.
De longues discussions ont eu lieu en ce qui a trait à l'inclusion des Métis. En fait, le actuel avait promis de prendre des mesures dans le dossier du pensionnat de l'Île-à-la-Crosse. J'ai en main un certain nombre de lettres à ce sujet, que je ne lirai bien sûr pas toutes parce que j'aurais besoin de beaucoup plus que 10 minutes, mais j'aimerais en lire une. La voici:
Monsieur le premier ministre,
Au cours de la campagne électorale, j'écoutais une émission sur la chaîne de radio MBC et j'ai entendu la publicité du Parti conservateur qui disait que si votre parti était élu à la tête du gouvernement, vous incluriez le pensionnat de l'Île-à-la-Crosse dans l'entente d'indemnisation à l'intention des survivants des pensionnats indiens.
Je viens du village de Buffalo Narrows, en Saskatchewan, et j'ai fréquenté le pensionnat de l'Île-à-la-Crosse pendant 10 ans [...]
Il est bien certain que nous avons absolument besoin de ces excuses, mais nous avons également besoin que des mesures soient prises sur d'autres questions auxquelles les Métis, les Inuits et les Premières nations doivent faire face actuellement afin de tenter de redresser certaines de ces injustices. L'une de ces injustices vise tout particulièrement les pensionnats de l'Île-à-la-Crosse et de Timber Bay, qui ont accueilli des Métis.
J'ai entendu le ministre dire, alors qu'il était question des pensionnats, que le gouvernement serait d'accord pour que la Chambre présente des excuses. Nous croyons cependant qu'il serait aussi important que le s'excuse en sa qualité de représentant du gouvernement en place. Je ne suis toutefois pas optimiste étant donné les propos du ministre rapportés dans le Globe and Mail du 27 mars. Il a dit:
J'ai dit très clairement que les pensionnats autochtones constituaient un chapitre difficile de notre histoire. Il faut en finir avec bien des choses qui se sont produites dans l'histoire du Canada, mais essentiellement, on avait tenté de fournir une éducation aux enfants autochtones et je crois que les circonstances dans ce cas n'ont rien à avoir avec celles de l'affaire Maher Arar ou de la taxe d'entrée imposée aux immigrants chinois.
Qu'il se soit agi d'une tentative d'assimilation, d'une tentative de génocide ou d'une tentative malavisée d'éduquer des enfants d'une manière que les gens de l'époque n'auraient jamais imaginé éduquer les leurs, à mon avis, les Canadiens doivent des excuses aux Premières nations, aux Métis et aux Inuits du pays.
En plus d'examiner la nécessité de présenter des excuses, nous devons nous pencher sur l'aide additionnelle dont les Premières nations, les Métis et les Inuits ont besoin pour vraiment tourner la page. Nous devons nous assurer que des fonds sont affectés à des organisations comme la Fondation autochtone de guérison, qui favorise le processus de guérison dans les collectivités. Nous savons que de nombreuses collectivités ont tourné la page et ont des programmes de guérison qui les aident vraiment à se remettre. Toutefois, nous devons continuer de collaborer avec les Premières nations, les Métis et les Inuits pour concevoir et mettre au point des programmes qui répondent aux besoins des collectivités pour qu'il y ait vraiment guérison.
Pour conclure, j'encourage tous les députés à appuyer cette motion et à demander à la Chambre de présenter rapidement des excuses.
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Monsieur le Président, je me réjouis de pouvoir prendre la parole à la Chambre sur cette très importante question.
Je tiens tout d'abord à remercier le député de d'avoir présenté cette motion qui nous interpelle tous en cet endroit pour que nous présentions des excuses collectives aux membres de nos Premières nations relativement à la question des pensionnats indiens à laquelle notre pays cherche encore une solution.
Je tiens également à remercier ma collègue, la députée de , pour son excellent travail quand il s'agit de faire avancer ce dossier pour que justice soit rendue à tous les intéressés, qui sont des personnes vraiment importantes.
Dans ma circonscription, Sault Ste. Marie, il y a un vieil homme qui, peu importe la saison, se promène en marchant à côté de sa bicyclette. On peut voir Fred déambuler dans Sault Ste. Marie avec sa bicyclette et ses effets personnels. Fred est un des survivants des pensionnats indiens. Il est devenu une véritable institution dans notre ville, et tout le monde l'aime beaucoup.
Le jour où l'accord sur les pensionnats autochtones a été signé, il n'y a pas si longtemps, je m'en allais prendre le dîner avec les survivants du pensionnat autochtone de Shingwauk, dans ma ville, survivants qui se réunissent depuis plusieurs années pour maintenir les liens qui les unissent ainsi que pour s'entraider et former un partenariat avec les autres survivants du pays, dans le cadre des pourparlers avec le gouvernement visant à régler la question. Donc, ils se réunissaient ce midi-là autour d'un repas, auquel ils s'étaient donné rendez-vous plusieurs mois auparavant. Leurs réunions ont lieu régulièrement, mais ce jour-là, ils se rassemblaient pour célébrer l'accord.
Alors que j'étais dans ma voiture sur la rue Queen, en route pour le dîner, j'ai été témoin d'une scène que je n'avais jamais vue auparavant. Fred roulait sur sa bicyclette. C'est dire à quel point cet accord était important à ses yeux et aux yeux des gens auxquels il allait se joindre pour dîner ce jour-là. Tous ces gens nobles et merveilleux, y compris Fred, m'ont dit qu'ils n'auraient de repos que le jour où le gouvernement leur aurait présenté des excuses pour les torts qu'on leur avait fait subir.
Par conséquent, je pense qu'il est aujourd'hui très important que les députés qui participent au débat et ceux qui voteront peu de temps après disent aux gens des Premières nations que nous regrettons les préjudices subis et que nous voulons d'ores et déjà parler de croissance, de développement et de partenariat dans le respect de la culture, de l'histoire et des traditions des Premières nations.
Dans ma circonscription, le pensionnat de Shingwauk fut un cas typique de pensionnat autochtone. Chose intéressante, ce pensionnat est aujourd'hui l'illustration de l'histoire, de la tradition et du passé merveilleux des Premières nations, qui veulent bâtir l'avenir et qui réalisent leur vision de leur engagement et de leur participation sur leur terre et au sein de leur pays. Cette vision comprend un partenariat qui s'incarne de bien des manières, notamment au contact des nouveaux venus, auxquels ils ont déjà tendu la main dans une perspective d'inclusion et dans le but de protéger un mode de vie qu'ils savaient vital et inestimable et qu'ils voulaient transmettre aux générations futures.
Le chef Shingwauk était le chef des Ojibwas. Il était loyal envers le roi George et il avait combattu aux côtés de l'armée britannique à plusieurs reprises. Il avait combattu aux côtés du grand chef Tecumseh dans la guerre contre les Américains en 1812. Il était le représentant des Ojibwas lors de la signature du Traité Robinson-Huron en 1850. C'est ce traité qui a mis de côté la réserve de Garden River pour les Ojibwas dans ma circonscription. L'école en question a fermé ses portes en 1970.
Selon d'anciens élèves représentant la Shingwauk Alumni Association, quelque 2 000 survivants dans Algoma—Manitoulin attendent qu'on leur présente ces excuses aujourd'hui. En fait, ils attendent que le gouvernement leur présente des excuses officielles avant longtemps.
La Shingwauk Alumni Association souligne qu'il est essentiel d'élaborer et de mettre en oeuvre une stratégie complète dont tous les éléments sont importants. Elle réclame des excuses complètes et officielles, un règlement pour tous les anciens élèves, une révision du processus de règlement extrajudiciaire des différends pour les sévices graves, des programmes de guérison communautaires à long terme, des ressources pour appuyer les organismes communautaires d'aide aux survivants, un processus de réconciliation et d'établissement de la vérité prévoyant la participation de tous les Canadiens, un programme de sensibilisation pancanadien ainsi que d'autres programmes tels qu'un programme de commémoration. Ce qu'elle estime le plus important, cependant, c'est la présentation d'excuses complètes et officielles.
D'autres exigent aussi des excuses. Des organismes confessionnels, qui ont été impliqués dans cette période difficile et honteuse de notre histoire, exigent aussi des excuses. À l'heure actuelle, à Winnipeg, des chefs tiennent une réunion où ils discutent précisément de cette question.
Trois églises protestantes ont réclamé des excuses complètes de la part du gouvernement canadien. Il s'agit de l'Église anglicane, de l'Église presbytérienne et de l'Église Unie. Le révérend James Scott, le responsable de la question pour le Conseil général de l'Église Unie, a dit ceci:
La douleur est encore vivante, elle est actuelle. Des excuses peuvent contribuer de façon importante à réparer nos relations brisées.
Puis ceci:
Il est inacceptable que le gouvernement se dérobe en indiquant que la Convention de règlement ne prévoit pas d'excuses [...] Après tout, le Paiement d'expérience commune, un élément fondamental de la convention, reconnaît les préjudices systémiques inhérents au système d'éducation et à la gestion des pensionnats indiens.
Dans une lettre au ministre datée d'août 2006, le très révérend Peter Short, le modérateur de l'Église Unie, écrit ceci:
Nous craignons que l'accord, qui vise à redresser les torts causés aux anciens élèves, sonnera faux si des excuses nationales n'accompagnent pas sa mise en oeuvre. En fait, nous sommes conscients que, du point de vue des personnes les plus touchées, soit celles auxquelles nous voulons offrir réparation, la présentation d'excuses est au coeur d'un véritable esprit de réconciliation.
L'Église Unie a ajouté:
Nous estimons que des excuses nationales, accompagnant l'accord sur les pensionnats indiens, constitueront une étape historique vers la conclusion de ce tragique chapitre de notre histoire et favoriseront un nouvel esprit positif dans les efforts que nous déploierons avec tous les peuples autochtones afin de leur assurer un avenir juste et prometteur.
Depuis un an environ, j'ai parcouru le pays et parlé de la question de la pauvreté avec une foule de gens. Presque partout, le visage de la pauvreté était surtout autochtone, ce qui ne devrait pas exister dans un pays aussi riche que le nôtre. Compte tenu de nos ressources et de notre savoir-faire, pareille situation ne devrait pas exister.
J'ai découvert aussi, en parcourant le pays et en regardant en face la terrible réalité de la pauvreté dans tellement de collectivités, y compris chez les Autochtones, que tous espéraient que le gouvernement présente une vision. Ils m'ont dit qu'ils voulaient que le gouvernement présente une vision du pays qui soit conforme à notre histoire et à nos efforts visant à composer avec notre géographie, notre climat et les distances qui séparent souvent nos collectivités. Ils veulent une vision qui traite de partage, de compassion et de sens communautaire.
J'affirme aujourd'hui que nous n'aurons pas cette vision d'un pays compatissant et merveilleux empreint de l'esprit communautaire tant que nous n'aurons pas réparé nos relations avec nos Premières nations. À mon avis, la réparation des torts commence par des excuses, qui doivent être faites par la Chambre des communes et le gouvernement.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
J'aimerais tout d'abord féliciter le député de d'avoir présenté cette très importante motion à la Chambre.
J'aimerais aussi féliciter la direction du Parti libéral. Comme le savent les députés, c'est aujourd'hui une journée d'opposition. Nous aurions pu présenter une motion sur beaucoup d'autres sujets, c'est pourquoi il est admirable que nous ayons choisi de parler des membres les plus lésés et opprimés de la société. Cela contraste avec ce qu'a dit, hier, un député conservateur comme quoi nous ne devrions pas financer le Programme de contestation judiciaire pour permettre aux désavantagés de se battre pour leurs droits.
L'enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Je suis sûr que certaines personnes pensaient que les pensionnats aideraient les Indiens et les Inuits à avoir une éducation et à apprendre l'anglais, la langue du monde, afin qu'ils puissent le rejoindre et prospérer. Cependant, dans ce cas-là, la fin ne justifiait pas les moyens. Les horreurs que ces gens ont connues, le tort et les blessures qu'ils ont subis, étaient indécents.
Tout le monde aime ses enfants, je n'en ai aucun doute. Le et le secrétaire parlementaire ont des enfants. Beaucoup de députés en ont aussi. Je leur demanderais, ainsi qu'aux milliers de gens qui nous regardent à la télé, de penser un instant à leurs enfants. Je leur demande de penser à ce qu'ils sont en train de faire et à combien ils tiennent à les avoir à la maison. Je leur demande de penser à leur relation avec leurs enfants, à leur interaction avec eux et au bonheur que cela leur procure. J'aimerais maintenant qu'ils imaginent que quelqu'un frappe à la porte, enlève leurs enfants et les emmènent très loin, pendant très longtemps.
Certains se plaignent quand l'école de leurs enfants est à un kilomètre de chez eux. Mais si elle était à 100 milles et qu'ils ne les voyaient pas pendant la plupart de leurs années formatrices?
Pendant que les enfants étaient là, ils n'avaient pas le droit de parler anglais ou français. Ils ont été privés de leur langue. Lorsqu'ils sont finalement revenus à la maison, ils parlaient une langue différente. Quelle sorte de compétences parentales faut-il avoir dans de telles circonstances? Comment les parents pouvaient-ils même s'occuper de leurs enfants? Les personnes qui s'occupent d'enfants qui parlent une langue différente savent combien il est difficile d'essayer de les former, même si elles n'ont pas eu toutes ces années pour acquérir des compétences parentales. Quelles compétences parentales ces enfants vont-ils avoir, compte tenu qu'ils n'ont jamais vu leurs parents, qu'ils ont passé leurs années de formation dans une institution? Lorsque viendra le temps pour eux d'élever leurs propres enfants, à quelles histoires d'horreur assisterons-nous, tout cela à cause du triste héritage qui a été légué à ces personnes non pas par une quelconque institution, mais bien par leur gouvernement, le gouvernement du Canada?
Encore une fois, je demande à tous de songer à leurs enfants, qu'ils aiment tant. Imaginez si ceux-ci revenaient à la maison avec une maladie terrible comme la tuberculose. C'est pourtant ce qui est arrivé à un grand nombre de ces enfants. Imaginez s'ils revenaient à la maison après avoir subi des abus. N'est-ce pas là le pire préjudice qui puisse être causé par les mesures d'un gouvernement qui aurait dû être là pour protéger ces victimes? Pire encore, songez aux enfants qui ne sont jamais revenus, songez aux nombreux enfants qui sont morts de la tuberculose ou d'autres maladies dans les pensionnats.
Parlons-nous ici de quelques personnes, d'un petit groupe vivant dans une rue ou dans un quartier précis? Non. Nous parlons de quelque 80 000 Canadiens qui sont vivants et qui sont présents dans toutes les provinces et territoires, à l'exception de Terre-Neuve, du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard. Même chose pour les pensionnats. Parlons-nous de trois ou quatre pensionnats? Non. Nous parlons de 130 institutions.
Un préjudice personnel énorme a été causé aux membres de nos Premières nations.
Les Canadiens font de l'excellent travail à l'étranger et nous devrions même investir davantage dans ces efforts, mais, pour moi, il est inconcevable qu'un Parlement qui accorde autant d'importance à cela puisse fermer les yeux sur une telle blessure infligée au Premières nations de ce grand pays qu'est le nôtre et ne pas régler la question comme elles l'ont demandé.
Je veux prendre un instant pour parler des accords avec la Couronne. Je ne suis pas certain que le nouveau gouvernement comprenne bien ce concept. Lorsque la Couronne du Canada conclu un accord, il ne s'agit pas d'un accord avec un parti politique en particulier ou avec le gouvernement du moment, mais bien d'un accord avec le Canada, et le Canada devrait respecter ces accords pendant longtemps.
L'accord de Kelowna, par exemple, était un accord conclu entre les dirigeants autochtones de notre pays, les premiers ministres des provinces et le gouvernement du moment, un accord dans lequel le Canada a engagé son honneur. On ne peut pas, même des années plus tard, décider de ne pas respecter un tel accord. Il en va de même pour les excuses que le Canada a promises dans le cadre de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens.
D'aucuns penseront qu'il n'y a que l'argent qui compte et que les excuses sont sans importance. J'ai été témoin des expériences vécues par beaucoup d'Autochtones de ma circonscription et je parle au nom du Nord tout entier. En tant que porte-parole pour le Yukon, les Territoires-du-Nord-Ouest et le Nunavut, j'ai reçu à mon bureau beaucoup de membres des Premières nations, de Métis et d'Inuits qui ont connu les pensionnats et qui ont dit à quel point de telles excuses étaient importantes.
Je veux rendre hommage à une grande canadienne, l'honorable Jane Stewart, ancienne ministre libérale des Affaires indiennes. Elle a fait une déclaration de réconciliation en 1998. J'ai vu les larmes couler et j'ai pu constater l'importance de cette déclaration pour les Autochtones de ce pays. Ce geste n'a pas été pris à la légère. C'était un important pas en avant. Cependant, cette déclaration ne venait pas du premier ministre.
Pour montrer l'importance de cette déclaration, des années plus tard, je participais à un événement où l'ancienne ministre était présente. Elle ne faisait plus partie du gouvernement, mais assistait quand même à cette activité sociale avec des Autochtones. Elle a reçu une ovation monstre parce que ces gens appréciaient encore, des années plus tard, ce qu'elle avait fait pour eux. Arrive-t-il souvent qu'un ancien ministre des Affaires indiennes reçoive une telle ovation des années après avoir quitté ce poste?
Je veux parler brièvement de la Fondation de guérison. Dans le règlement que le gouvernement libéral a négocié, d'autres fonds étaient affectés à la Fondation de guérison, car le règlement ne guérissait pas tout. Cela entrera en vigueur en novembre ou en décembre peut-être, mais j'implore le gouvernement d'assurer d'ici là un financement transitoire, afin que certaines des merveilleuses organisations de guérison puissent poursuivre leurs activités.
Comme je l'ai dit, j'ai rencontré un bon nombre de ces personnes dans mon bureau, et je me suis entretenu le week-end dernier avec un avocat qui s'occupe de ces cas. Il a dit que tout député qui envisage de voter contre la présentation de ces excuses devrait entendre les récits de douleur et de souffrance que lui ont racontés un grand nombre de personnes qu'il a accueillies dans son cabinet.
Une entente a été conclue. Comme tout le monde le sait, le gouvernement libéral l'a conclue le 21 novembre 2005. Elle ne découlait pas d'une initiative du gouvernement. Elle reposait sur la demande de l'Assemblée des Premières nations, et c'est pourquoi j'estime qu'elle a connu un si grand succès. Elle renfermait bon nombre des propositions de l'assemblée, dont, bien sûr, les excuses présentées dans une lettre adressée par la vice-première ministre.
J'ai assisté à une magnifique célébration et, encore une fois, j'ai pu voir les larmes dans les yeux des participants, car une grande étape vers la réconciliation avait été franchie pour les Premières nations du Canada. Lorsqu'il est question des grands chefs qui ont marqué l'histoire de l'Amérique du Nord, le chef national Phil Fontaine figure en tête de liste. J'ai vu cet homme pleurer. Je dois féliciter le député de et les ministériels de l'époque qui ont contribué à la conclusion de cette merveilleuse entente. Maintenant, le chef Fontaine demande des excuses. À mon avis, cela n'est pas trop demander au Parlement.
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Monsieur le Président, je remercie le député de d'avoir présenté cette motion aujourd'hui et j'estime que c'est un honneur particulier de pouvoir en débattre ici.
Je représente une circonscription où des milliers de survivants ont vécu et sont morts. Étant moi-même membre des Premières nations et fille de survivants, je crois que c'est un réel privilège de discuter de cette motion.
Je dirai d'abord et avant tout que nous avons l'occasion de rendre hommage à la force, à la résilience et, je dirais, à la force spirituelle des survivants qui ont rendu cette journée possible. Ils ont fait en sorte que nous n'oubliions pas leur expérience et que nous, députés à la Chambre des communes, qui représentons des Autochtones et des non-Autochtones, en fait, tous les Canadiens, aux yeux du monde, je dirais, n'oubliions pas ce chapitre tragique et dévastateur de l'histoire de notre pays.
Je dis cela avec une conviction absolue parce que j'estime que c'est la force et le courage des survivants qui a permis que l'entente d'indemnisation se concrétise. C'est également grâce à leur courage et à leur conviction que cette injustice a été dénoncée et que nous envisageons aujourd'hui à la Chambre la possibilité d'excuses officielles.
J'estime que les excuses doivent être présentées par le gouvernement en place qui doit suivre l'exemple des parlementaires; c'est une étape incontournable du processus de guérison et de réconciliation. Ces excuses sont nécessaires pour que nous respections l'engagement pris à l'égard de la défense des droits de la personne, non seulement en tant que Canadiens, mais aussi, comme nous le soutenons souvent, en tant que chefs de file en matière de droits de la personne sur la scène internationale.
J'aimerais particulièrement souligner la contribution de certaines personnes. Je suis entre autres très fière de dire que l'actuel chef national, Phil Fontaine, qui a joué un rôle central dans le processus, vient de ma circonscription. M. Fontaine défend cette cause depuis près de 20 ans. En 1990, il s'est présenté comme l'un des survivants des pensionnats indiens et a fait part de son expérience, d'abord aux Manitobains, puis aux Canadiens. Je crois que c'est le courage de notre chef national, Phil Fontaine, qui a fait en sorte que ce dossier avance au niveau politique.
Je salue également certains aînés de ma circonscription, notamment Elmer Courchesne et Kenneth Young, qui ont vigoureusement appuyé les efforts des Premières nations pour que cette question soit traitée au niveau politique et que l'entente d'indemnisation demeure une priorité.
J'aimerais souligner le rôle que les membres des Premières nations de tous le pays ont joué dans la mise au point du processus d'indemnisation. Le gouvernement actuel s'en attribue volontiers tout le mérite. Je félicite donc les conservateurs. Ils sont allés de l'avant dans le dossier du processus d’indemnisation des survivants des pensionnats indiens, sans aucune partisanerie. C'était la chose à faire, la chose que nous nous devions de faire en tant que pays.
Le processus d'indemnisation des survivants des pensionnats a pu aboutir en raison de l'engagement de certains Autochtones. Le député nous a fait partager l'expérience extrêmement douloureuse qu'ont vécue les Premières nations, les Métis et les Inuits, non seulement ceux qui ont survécu à l'expérience dévastatrice que représentait l'obligation de quitter leurs collectivités et leurs familles. Ils n'étaient que des enfants. Ils se sont retrouvés dans des établissements qui leur étaient totalement étrangers. Souvent, ils ont été la cible d'initiatives visant à éradiquer leur culture de même que victimes de traitements horrifiants. Malheureusement, de telles expériences étaient loin d'être l'exception.
Le processus de règlement des différends a été mis en branle par le gouvernement libéral précédent. Celui-ci avait compris, comme les Premières nations, les Métis et les Inuits l'avaient exprimé clairement, qu'il ne s'agissait pas d'un processus de réconciliation. Il ne s'agissait pas d'un processus qui allait permettre aux victimes et au pays de réaliser des progrès en matière de divulgation des faits et de réconciliation. Il n'est pas exagéré de dire que les revendications individuelles avançaient à pas de tortue. Bien que des milliers de réclamations avaient été faites, moins d'une centaine ont été réglées, même après plusieurs années.
C'est en raison de l'injustice inhérente au processus que le gouvernement libéral précédent s'est engagé avec l'Assemblée des Premières Nations à faire en sorte qu'un processus juste et équitable soit mis en place et qu'une indemnisation équitable soit versée. C'est grâce à cette collaboration que, en mai 2005, l'ancienne vice-première ministre, l'honorable Anne McLellan, a pu annoncer au chef national Phil Fontaine qu'une entente politique serait conclue pour la mise en oeuvre d'un nouveau processus d'indemnisation des survivants des pensionnats indiens. L'entente devait inclure un paiement d'expérience commune, un mode alternatif de paiement et le processus de divulgation des faits et de réconciliation dont il a été question aujourd'hui.
En outre, l'ancien gouvernement libéral s'était engagé à présenter des excuses. Je félicite la Chambre, de même que le député de ...
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Monsieur le Président, j’interviens aujourd’hui pour appuyer la motion du député de .
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Sous le nouveau gouvernement du Canada, l’Accord de règlement relatif aux pensionnats indiens a finalement été approuvé par les tribunaux le 21 mars dernier. Cet accord historique favorisera la réconciliation entre les Autochtones qui ont été placés en résidence dans ces écoles ainsi que leurs familles et collectivités et tous les Canadiens.
C’est l’actuel qui a exigé de l’ancien gouvernement libéral qu’il prenne des mesures concrètes pour en arriver à un règlement concernant ce triste chapitre de l’histoire canadienne. C’est ce ministre qui a mené cet accord jusqu’au stade où il en est aujourd’hui.
Je crois qu’il est d’une importance primordiale qu’on prenne maintenant toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte que l’accord soit mis en oeuvre le plus tôt possible afin que les anciens élèves concernés de même que leur famille qui décident de demeurer dans leur collectivité puissent en bénéficier. C’est ce qui nous amène à ne ménager aucun effort en vue de favoriser la mise en oeuvre de cet accord de règlement, qui prévoit d’importantes mesures, comme la création d’une commission de divulgation des faits et de réconciliation, l’instauration d’un paiement d’expérience commune et l’allocation d’un fonds de dotation pour la Fondation autochtone de guérison.
Cette mesure mérite, j’en conviens, une attention immédiate et soutenue, mais je crois également qu’il est essentiel d’aller au-delà de cette question pour nous pencher sur l’éventail encore plus large des problèmes auxquels doivent faire face les peuples et collectivités autochtones du Canada. C’est avec fierté que je constate que le nouveau gouvernement du Canada a réalisé d’importants progrès en travaillant en partenariat avec les groupes autochtones et qu’il continue d’oeuvrer en ce sens pour s’attaquer à un certain nombre de problèmes que connaissent les populations autochtones.
Permettez-moi de mentionner, par exemple, le projet de loi , qui vise à abroger l’article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne. Ce projet de loi a été présenté à la Chambre le 13 décembre dernier et est actuellement à l’étude au Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord, dont je suis très honoré de faire partie. Le projet de loi abolirait une exemption qui avait été prévue dans la loi originale à l’époque de son entrée en vigueur il y a 30 ans, une mesure qui était censée être temporaire. Or, 30 ans plus tard, cette mesure temporaire est toujours en vigueur. Cela doit changer.
Pour permettre la tenue d’enquêtes et le prononcé de jugements sur de présumés actes de discrimination, la Loi canadienne sur les droits de la personne a créé deux organismes: la Commission canadienne des droits de la personne et le Tribunal canadien des droits de la personne. Depuis trois décennies, la Loi canadienne sur les droits de la personne sert à renforcer la démocratie dans notre pays. Malheureusement, ce ne sont pas tous les Canadiens qui jouissent de l’accès aux instruments juridiques prévus par la Loi canadienne sur les droits de la personne.
L'article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne stipule ce qui suit:
La présente loi est sans effet sur la Loi sur les Indiens et sur les dispositions prises en vertu de cette loi.
Cette simple phrase prive certains Canadiens de la protection offerte par la Loi canadienne sur les droits de la personne. L'article 67 soustrait la Loi sur les indiens et toutes les décisions et mesures prises en vertu de cette loi à l'application de la Loi canadienne sur les droits de la personne.
Il s'ensuit que les décisions potentiellement discriminatoires prises par des organismes relevant de la Loi sur les indiens, comme les conseils de bande, les commissions scolaires et le gouvernement fédéral lui-même sont soustraits aux dispositions de la Loi canadienne sur les droits de la personne. Ces décisions portent souvent sur des aspects essentiels de la vie quotidienne, comme l'éducation, le logement, l'enregistrement et l'utilisation et l'occupation des terres de réserve. En fait, l'article 67 remet en question ce que nous prétendons être, soit une société juste et égalitaire.
En raison de cette exemption, la Loi canadienne sur les droits de la personne laisse peu de recours aux personnes, principalement des membres des Premières nations, qui estiment que leurs droits ont été violés. Cette injustice fondamentale est une tare de la démocratie canadienne. L'article 67 permet que certains groupes de citoyens fassent l'objet de discrimination.
Cette exemption est plutôt paradoxale: une loi visant à promouvoir l'égalité sanctionne la discrimination. À cause de l'article 67, des milliers de Canadiens ne peuvent profiter de tous les instruments juridiques visant à lutter contre la discrimination. Mais le plus troublant, c'est que l'article 67 affecte des Canadiens parmi les plus vulnérables, soit les membres des Premières nations.
De nombreux groupes militent en faveur de l'abrogation de l'article 67, y compris le Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord, qui a demandé l'abrogation de l'article 67 dans son rapport de 2005 intitulé Pour résoudre ensemble la question du partage des biens immobiliers matrimoniaux dans les réserves.
À l'époque, la position du comité reposait largement sur les témoignages des représentants de plusieurs groupes clés, y compris l'Association des femmes autochtones du Canada. Au fil des ans, plusieurs autres groupes ont exigé que l'article 67 soit abrogé, y compris l'Assemblée des Premières Nations, le Congrès des peuples autochtones et la Commission canadienne des droits de la personne.
C'est une question de droits fondamentaux. Le Canada ne doit pas perpétuer la discrimination inhérente à l'article 67, mais rien ne changera tant que nous ne prendrons pas de mesures. Le temps est venu de faire en sorte que tous les Canadiens soient traités sur le même pied devant la loi. Le projet de loi propose une approche équitable et réaliste pour mettre fin à près de trois décennies de discrimination légalisée. Nous devons profiter de l'occasion qui nous est offerte de faire en sorte que les droits de la personne s'appliquent également à tous les Canadiens.
Le moment est venu de passer à l'action pour mettre fin à l'injustice créée par une mesure soi-disant temporaire adoptée il y a 30 ans. L'abrogation de l'article 67 n'est qu'un des nombreux exemples de l'engagement du nouveau gouvernement du Canada à aplanir les difficultés auxquelles les Autochtones sont confrontés au Canada et à améliorer la qualité de vie dans leurs collectivités.
Le député de a abordé un sujet d'égale importance aujourd'hui: l'application juste et rapide de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens. C'est cette convention qui mènera à la guérison et à la réconciliation nécessaires.
Tout comme j'appuie la motion du député, je demande instamment à son parti de défendre les droits de tous les Autochtones et le respect des droits de la personne dans les réserves. Je demande instamment au parti d'en face d'appuyer le projet de loi . Les Autochtones comptent sur nous pour prendre les mesures qui s'imposent. Ils attendent depuis bien trop longtemps que cette injustice soit réparée. Il est temps d'agir.
Nous avons le choix. Nous pouvons laisser traîner les choses, étudier cette mesure et en retarder encore l'adoption, mais 30 ans ont déjà passé. Dernièrement, le Congrès des Peuples Autochtones a comparu devant le Comité permanent des Affaires autochtones et du développement du Grand Nord et a signifié son soutien absolu et sans réserve à l'abrogation de l'article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne. Il a dit:
Le fait que la Loi sur les Indiens a en grande partie échappé à un examen sous l'angle des droits de la personne pendant trois décennies est inacceptable dans un pays qui est perçu dans le monde entier comme un exemple de pays démocratique prospère.
Par conséquent, bien que j'approuve la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui, nous ne pouvons pas nous permettre de tergiverser plus longtemps. Le moment est venu de prendre des mesures concrètes et notre ministre a démontré maintes fois que nous faisons le nécessaire pour les Autochtones.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour appuyer la motion du député libéral.
Le nouveau gouvernement du Canada a toujours voulu qu'il y ait une résolution juste et durable de la question des pensionnats indiens. Nous sommes toujours déterminés à aller de l'avant avec ce partenariat avec les communautés autochtones d'un bout à l'autre du pays pour leur assurer une meilleure qualité de vie et un avenir meilleur.
Un moyen vital pour atteindre ces objectifs consiste à créer davantage de possibilités de développement économique dans les collectivités autochtones. Le gouvernement conservateur a toujours dit qu'il n'y a pas de solution unique aux problèmes des collectivités autochtones, et la question du développement économique ne fait pas exception. Chacune des collectivités doit suivre sa propre voie vers un bien-être social et économique amélioré, en collaborant avec les partenaires capables de l'aider à atteindre ses objectifs.
Afin de mieux aider les collectivités à assurer leur propre avenir économique, le gouvernement a demandé à Entreprise autochtone Canada, mieux connue sous l'acronyme EAC, et au service responsable des programmes de développement économique à Affaires indiennes et Nord canadien de former une nouvelle équipe. Celle-ci améliorera la coordination des programmes dans l'ensemble du pays afin de mieux soutenir le développement d'entreprises autochtones.
Cette convergence est opportune. Les programmes d'Entreprise autochtone Canada et du MAINC sont déjà complémentaires. La première entité fournit l'aide financière et d'autres mesures de soutien aux particuliers qui participent à des entreprises à l'échelle locale, ainsi qu'aux organisations de développement des affaires et aux organisations financières autochtones, alors que les programmes du MAINC visent la collectivité d'une façon plus générale à l'échelle locale en finançant les plans d'entreprises et les études de faisabilité qui sont nécessaires pour réussir le lancement de projets.
Cette réunion des forces arrive au bon moment. Les entrepreneurs autochtones exploitent un nombre grandissant d'entreprises dans toute la gamme des secteurs économiques. Ils sont mieux disposés et mieux préparés que jamais à lancer de nouveaux partenariats pour les projets et les programmes qu'ils souhaitent réaliser.
Nous nous voyons à l'heure actuelle à la croisée des chemins. Le dynamisme de l'économie et la jeunesse de la population autochtone offrent des occasions sans précédent aux peuples autochtones. Il revient aux gouvernements fédéral et provinciaux, ainsi qu'aux entrepreneurs et aux entreprises autochtones, de veiller à ce que les collectivités autochtones en profitent au maximum.
La génération des baby-boomers approche de la retraite et le Canada fait face à une période de pénurie de main-d'oeuvre qui pourrait être assez longue, tout particulièrement pour les métiers spécialisés. Cette pénurie éventuelle et le fait que de nombreuses collectivités autochtones sont situées à proximité de grands projets de mise en valeur de ressources constituent les conditions préalables à un développement économique vigoureux pour les collectivités et les personnes concernées.
Nous sommes convaincus qu'il faut miser très concrètement sur ces possibilités. C'est la raison pour laquelle le budget de 2007, présenté à la Chambre le 19 mars, affecte 105 millions de dollars sur cinq ans au Partenariat pour les compétences et l'emploi des Autochtones. De ce montant, 35 millions de dollars sont prévus pour les deux premières années. Grâce à cet investissement, 9 000 Autochtones de plus seront formés et 6 500 Autochtones de plus obtiendront un emploi spécialisé viable.
Nous savons que, sous la direction du Conseil national de développement économique des Autochtones, nous serons en mesure d'apporter des innovations et des améliorations importantes au développement économique des Autochtones au cours des années qui viennent. De fait, vendredi dernier, le a nommé le chef Clarence Louie à la présidence du conseil. Aucun autre dirigeant autochtone au Canada n'est mieux connu à l'heure actuelle pour sa volonté d'assurer le développement économique des Autochtones.
La nomination d'une personne d'une compétence exceptionnelle à la présidence et de cinq autres nouveaux membres éminents redynamisera le conseil national. Notre gouvernement est impatient de collaborer avec ces personnes à des mesures de développement économique qui seront avantageuses pour l'ensemble des Autochtones du Canada.
Comme nous le savons également, nous pouvons réaliser des progrès. D'ailleurs, nous en remarquons déjà. Dans les Territoires du Nord-Ouest, l'Aboriginal Pipeline Group détient une part importante du projet de gazoduc de la vallée du Mackenzie, le plus gros projet de développement jamais proposé dans le Nord. Des Nisga'as à l'ouest jusqu'à la bande de Membertou à l'est, les collectivités se bâtissent un avenir prospère en tirant parti des possibilités de développement économique. Ce mouvement profite à tous les Canadiens, autochtones ou non.
Les projets de développement économique des collectivités autochtones que le gouvernement fédéral a appuyés récemment sont nombreux. Qu'il s'agisse d'investir pour renforcer l'industrie touristique du Yukon ou de conclure des contrats de travail avec les Autochtones et des groupes privés de premier plan comme Siemens, Capital Health, la ville d'Edmonton, le syndicat des infirmières de la Nouvelle-Écosse et le conseil sectoriel des ressources humaines dans le domaine du camionnage, nous travaillons avec nos partenaires des provinces, des territoires, des Premières nations et du milieu des affaires afin de remplir notre promesse de favoriser l'entrepreneuriat et la croissance économique dans les collectivités autochtones.
De fortes possibilités économiques fournissent des bases solides sur lesquelles bâtir des collectivités dynamiques. Ces possibilités représentent le fondement du développement des entreprises, donnent l'élan aux initiatives de formation professionnelle et de perfectionnement des compétences et mènent vers une population autosuffisante où il y a des emplois sûrs. Les Autochtones du pays sont désireux et plus que capables de saisir ces occasions. Et ils sont prêts. Je suis fier des progrès que le gouvernement a accomplis jusqu'à maintenant en travaillant en partenariat avec ces personnes pour qu'elles décrochent ces emplois.
Nous nous réjouissons de l'établissement de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens. Elle a reçu l'approbation finale des tribunaux le 21 mars 2007. Cette convention vise à régler un chapitre malheureux de l'histoire, mais nous reconnaissons aussi la nécessité de nous tourner vers l'avenir et de collaborer avec les Autochtones pour bâtir des collectivités fortes et prospères.
Le développement économique est un élément clé. Le chef national de l'APN, Phil Fontaine, a récemment fait remarquer que la population des Premières nations constituait une « immense ressource inexploitée ». Le gouvernement est d'accord. C'est pourquoi nous sommes heureux que notre budget de 2007 prévoie un investissement de 105 millions de dollars sur cinq ans, somme qui fera plus que doubler l'envergure du programme Partenariat pour les compétences et l'emploi des Autochtones.
Comme tout le monde à la Chambre peut s'en rendre compte, le nouveau gouvernement du Canada et ses partenaires réalisent des progrès, car ils collaborent pour créer des conditions propices à la réussite économique. Nous nous attendons à encore plus de réalisations.
J'encouragerais les députés d'en face à appuyer ces initiatives, comme ils ont appuyé le budget dans lequel le gouvernement a annoncé 2,2 milliards de dollars pour régler les problèmes découlant des pensionnats.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
J'aimerais en profiter pour remercier la porte-parole en la matière, la députée de Winnipeg-Centre-Sud, ainsi que nos collègues de Churchill et Desnethé—Missinippi—Rivière Churchill de l'excellent travail qu'ils font dans ce très important dossier.
C'est un plaisir pour moi de prendre la parole au sujet de la motion sur les pensionnats au Canada. C'est de toute évidence une question très importante au Manitoba. Le Manitoba est probablement l'une des provinces à avoir été le plus touchée par tout cela.
Il est important de comprendre l'histoire des pensionnats et la raison pour laquelle le nouveau gouvernement du Canada devrait présenter des excuses.
Le gouvernement du Canada a joué un rôle de premier plan dans l'élaboration et l'administration des pensionnats depuis 1874 en les finançant aux termes de la Loi sur les Indiens. Beaucoup d'églises ont joué un rôle important dans l'exploitation de ces établissements. Celles-ci ont commencé à faire face à leurs responsabilités et ont présenté des excuses pour le rôle qu'elles ont joué, et elles ont toutes reproché au gouvernement de ne pas avoir fait de même.
En 1920, le Canada a modifié la Loi sur les Indiens afin d'obliger tous les enfants de 7 à 15 ans à aller en pensionnat, souvent pendant dix mois à la fois. Les conditions dans ces pensionnats étaient bien souvent épouvantables et il incombait au gouvernement de les améliorer. Cependant, ce dernier n'a apporté aucune amélioration en 1909, malgré le rapport du docteur Peter Bryce faisant état d'un taux de mortalité élevé chez les enfants.
D'ailleurs, le docteur Bryce, surintendant médical général auprès du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien à l'époque, dont les rapports n'ont pas été publiés jusqu'en 1922, a affirmé que, dans l'Ouest du Canada seulement, de 1894 à 1908, de 35 p. 100 à 60 p. 100 des élèves ont péri dans les pensionnats. C'est révoltant. Ces morts étaient, pour la plupart, attribuables aux piètres conditions de vie et aux sévices physiques et psychologiques qui, entre autres conséquences, ont poussé certains élèves au suicide.
Dans les années 1990, on a commencé à entendre les témoignages de nombreux survivants, des histoires d'horreur impensables qui ont contribué à la disparition de la culture autochtone.
J'aimerais raconter brièvement à la Chambre l'expérience d'une survivante, mais j'aimerais préciser que j'ai choisi l'histoire la moins dérangeante et la moins traumatisante. Il s'agit de celle de Flora Merrick, qui a passé 11 ans dans le pensionnat de Portage la Prairie. Elle a dit:
Nous étions traités plus mal que des animaux et nous vivions dans une peur continuelle. [...] Un de ces souvenirs m'est particulièrement pénible. Cela s'est passé en 1932. J'avais alors 15 ans. Mon père était venu au pensionnat de pour nous dire, à ma petite soeur et à moi, que notre mère venait de mourir et pour nous emmener à ses funérailles, mais le directeur ne nous a pas permis d'y aller.
Ma soeur et moi avons tellement pleuré qu'on nous a enfermées dans une pièce noire pendant environ deux semaines. Cette expérience profondément humiliante nous a laissées confuses et brisées.
De telles expériences ont des séquelles incroyables sur les victimes et leurs descendants. Elles sont à l'origine d'un cercle vicieux qui constitue l'héritage des pensionnats autochtones. Le traumatisme se perpétue sur plusieurs générations et engendre des mauvais traitements tant qu'on ne résout pas le problème. On dit qu'il s'agit de répercussions intergénérationnelles, qui sont transmises des parents aux enfants.
Si les survivants demandent des excuses officielles et s'ils en ont besoin pour poursuivre leur guérison, pourquoi ne pas les leur fournir? Comme on le répétera encore et encore, les indemnisations ne pourront pas, à elles seules, permettre aux plaies de se refermer. En outre, c'est une question de principes et d'honneur, mais le gouvernement n'y comprend pas grand-chose.
On entend beaucoup parler des sévices physiques et sexuels qu'ont endurés les survivants des pensionnats, mais qu'en est-il de la négligence et des conditions de vie insalubres qui sont à l'origine de la propagation de maladies comme la tuberculose ayant causé des milliers de morts passées sous silence, les corps ayant été enfouis dans des tombes anonymes? Le souvenir de tous ces disparus est insupportable. Nombre d'anciens pensionnaires gardent en eux une douleur indélébile. Ils portent au fil de leur existence le fardeau de leurs cicatrices émotives et physiques, ce qui est inacceptable. De nombreux survivants sont habités par la honte et la culpabilité, ce qui est également inacceptable.
Je suis convaincu que les dédommagements en argent ne calmeront pas la douleur et la colère, mais que des excuses de la part du gouvernement feraient beaucoup pour qu'on puisse en partie tourner la page sur cette sombre période de notre histoire. Le gouvernement conservateur devrait présenter des excuses officielles et donner suite à l'engagement pris par les gouvernements précédents dans l'optique d'une réconciliation avec les peuples autochtones et de la reconnaissance des erreurs des gouvernements du passé.
Le gouvernement libéral précédent n'a pas ignoré les problèmes dont il vient d'être question. En 2005, nous avons signé un accord avec l'Assemblée des Premières nations dans lequel on reconnaissait la nécessité de la réconciliation et de la guérison. Six mois plus tard, nous avons fait un pas de plus vers un règlement et vers l'indemnisation des victimes. Le a décidé de mettre en oeuvre ce nouvel accord à la différence près qu'il ne veut pas présenter d'excuses.
À notre avis, le refus du gouvernement de présenter des excuses prouve une fois de plus qu'il manque de respect envers les membres des Premières nations, les Métis et les Inuits et qu'il les abandonne, tendance injuste et dangereuse que les conservateurs exhibent depuis l'annulation de l'accord de Kelowna.
On se souviendra que toutes les provinces et tous les territoires avaient approuvé l'accord de Kelowna, accord que les libéraux avaient clairement formulé et défini avec l'aide des collectivités autochtones, mais que les conservateurs n'ont pas mis en oeuvre. L'accord de Kelowna aurait permis de rétrécir le fossé qui sépare les Autochtones des autres Canadiens dans des domaines comme les soins de santé, l'éducation, le logement, l'eau potable et les possibilités économiques.
Ce même gouvernement conservateur refuse maintenant de présenter des excuses. Il me semble que ce manque de courtoisie, cette inaction et cet entêtement de la part du gouvernement sont la preuve incontestable de son manque d'égard envers les peuples autochtones.
Le soutient que l'accord que le gouvernement précédent a négocié ne prévoyait pas la présentation d'excuses, mais force est de reconnaître que le gouvernement libéral y avait consenti en principe. Cela ne devrait cependant pas importer. Les conservateurs devraient simplement faire ce que doit à la lumière de tous les faits. Ils doivent sûrement se rendre compte à quel point il est important de présenter des excuses officielles aux peuples autochtones au nom de tous les Canadiens. Il faut qu'ils fassent preuve de respect et de compassion. Le doit cesser de s'obstiner.
Il est vraiment très contradictoire que les conservateurs acceptent d'effectuer les versements prévus dans le cadre de l'initiative libérale d'indemnisation, mais ne soient pas prêts à présenter des excuses officielles.
Nous savons tous que le mot indemnisation désigne une somme versée pour compenser des pertes ou des souffrances. Le gouvernement libéral avait négocié un accord d'indemnisation s'inscrivant dans son plan d'action pour les questions autochtones et il avait proposé une déclaration de réconciliation dans laquelle le gouvernement du Canada reconnaissait ses torts et exprimait ses regrets aux personnes qui ont souffert dans les pensionnats.
L'étape suivante consiste à présenter des excuses officielles pour les injustices systémiques et les dommages permanents subis par nos peuples autochtones. Le gouvernement du Canada est l'un des responsables de cet état de fait. Nous avons revendiqué la responsabilité à l'égard d'une politique qui a porté préjudice; le temps est maintenant venu de franchir l'étape suivante, soit présenter des excuses. Comment pouvons-nous accepter la responsabilité d'un acte sans dire en même temps que nous regrettons profondément ce que nous avons fait?
Le actuel aurait en outre déclaré ceci:
[...] l'objectif de fond est d'essayer d'offrir une éducation aux enfants autochtones et, selon moi, les circonstances sont complètement différentes de celles entourant l'affaire Maher Arar et la taxe d'entrée imposée aux immigrants chinois.
J'aimerais souligner au ministre que le fait de retirer des enfants de force de leurs familles et de leurs foyers ne semble pas très favorable à leur épanouissement et à leur éducation. Les écoles auraient dû être situées beaucoup plus près de chez eux. Les enfants auraient dû pouvoir rentrer à la maison plus souvent. On aurait dû envoyer les frères et les soeurs au même endroit. On aurait dû donner le droit aux enfants de parler leur langue maternelle à l'extérieur des cours et , à tout le moins, leur permettre d'exprimer leur culture sans risque de représailles.
Ce ne sont là que quelques exemples de ce qui aurait dû être fait.
Il semble également un peu bizarre que l'on ait obligé ces enfants à faire plus de corvées que de travaux scolaires. Ils ne passaient, en fait, qu'une demi-journée dans leur classe. Ils étaient également responsables de l'entretien de l'école, de la cuisine, du ménage, de la lessive, de l'entretien des terrains et des travaux agricoles de l'école pendant le reste de la journée. C'était tout particulièrement le cas au cours des années 1950, alors que les pensionnats autochtones disposaient d'encore moins de fonds et devaient compter sur le travail des élèves qu'ils étaient censés éduquer. Les élèves auraient pu apprendre ces tâches à la maison.
Et que dire de la fierté, des capacités sociales et du sens d'appartenance? Ces éléments faisaient -ils également partie du programme?
Les conservateurs doivent arrêter de se conter des histoires et reconnaître que si les pensionnats autochtones ont été créés, c'était pour assimiler ces jeunes et non pour les éduquer, et ce seul fait mérite des excuses.
Aux termes de la Gradual Civilization Act adoptée en 1857, qui est à la base de la mise en oeuvre de tout ce système, l'objectif de l'école était d'extirper la culture indienne des peaux-rouges, enfants de la reine. À mon avis, cette mission était grandement lacunaire et raciste. Si cela ne justifie pas des excuses, je ne sais pas ce qu'il faudra.
Pour ce qui est de l'incapacité du ministre de saisir les comparaisons entre cette affaire et celle de Maher Arar ou de la taxe d'entrée imposée aux Chinois, il devrait à tout le moins savoir que, dans tous ces cas, l'État a reconnu son rôle dans ces tragédies et pris des mesures responsables pour corriger la situation et se réconcilier avec les victimes.
Si cela est tout de même trop difficile à comprendre pour lui et les membres de son équipe, ils devraient nous croire sur parole et présenter des excuses, ou mieux encore, ils devraient écouter ce que les autochtones qu'ils représentent ont à dire. Ces gens demandent à leur de présenter des excuses.
Le chef national des Premières nations, Phil Fontaine, exige aussi que l'on présente des excuses aux survivants des pensionnats indiens.
Je suggère à nos vis-à-vis conservateurs de réviser leur position. Disons plutôt que, comme c'est le qui réfléchit pour eux, je demanderais au de revoir les cas de violence et de mauvais traitements dont nos peuples autochtones ont été victimes et de présenter des excuses officielles.
J'ai confiance que la Chambre acceptera dès ce soir de prendre ses responsabilités et de présenter des excuses et que le , qui est en situation minoritaire, suivra l'exemple du Parlement mis en place par les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir intervenir sur cette motion.
J’aimerais d’abord remercier le député de de son initiative et de sa persistance à demander au gouvernement conservateur de donner suite à l’engagement que nous avions pris de présenter des excuses aux survivants des pensionnats.
En novembre 2005, le gouvernement libéral a conclu un accord historique qui était censé amorcer un processus de guérison pour les survivants. Cet accord était exhaustif. Ses piliers étaient l’octroi d’un dédommagement aux survivants, la création d’un processus de reconnaissance de la vérité et de réconciliation et l’allocation d’un fonds de dotation pour la Fondation autochtone de guérison, mais, plus important encore pour les survivants -- que j’ai d’ailleurs eu le bonheur de rencontrer --, l’accord prévoyait la formulation d’excuses.
Il faudrait que quelqu’un au sein de ce gouvernement insensible et froid prenne le temps d’écouter les aînés lorsqu’ils racontent ce qu’ils ont douloureusement vécu. Ils croient possible de recommencer à zéro. Ils veulent entreprendre leur guérison et aller de l’avant. Ils méritent d’obtenir ce qu’on leur a promis, de simples excuses humaines de la part du gouvernement, la reconnaissance de leur douleur et de leur souffrance, mais le gouvernement conservateur a pris ses distances par rapport à cet important volet de l’accord. Il a refusé de présenter des excuses.
J’aimerais faire part aux députés de l’expérience que certains de mes électeurs m’ont dit avoir vécue. Il m’a été donné de m’entretenir avec un bon nombre des survivants, qui m’ont raconté comment ils ont été retirés de leur famille et de leur collectivité et privés de leur culture et du seul mode de vie qu’ils connaissaient pour être amenés dans ces pensionnats sans trop comprendre ce qui leur arrivait. Dans certains cas, ces enfants ont été forcés de quitter leur réserve éloignée, alors qu’ils n’avaient pratiquement jamais été exposés à autre chose qu’à leur propre collectivité, ce qui n’a fait qu’ajouter à leur traumatisme.
Le Nord de ma circonscription, Kenora, qui n’est accessible que par avion, compte plusieurs importantes collectivités autochtones. Permettez-moi d’abord d’en énumérer quelques-unes, et je vous expliquerai plus tard pourquoi je l’ai fait. Il y a Sandy Lake, qui a pour chef Pardemus Anishnabie; Bearskin Lake, qui a pour chef Rodney McKay; Big Trout Lake, qui a pour chef Donnie Morris; et Pikangikum, qui a pour chef Charlie Pascal. Bon nombre de ces gens savent en quoi consiste cette douleur pour l’avoir vécue.
La plupart des réserves de ma circonscription sont situées à une bonne distance du village le plus proche dans le Sud. Les réserves éloignées ne sont accessibles que par la voie des airs. Or, alors que, dans le cas des parents habitant dans le Sud, il était relativement possible de se rendre à l’école pour visiter leurs enfants -- pour autant que les autorités de l’école le leur permettaient -- il était pratiquement impossible pour les parents des réserves éloignées d’aller voir leurs enfants, ce qui ne pouvait qu’ajouter au sentiment d’anxiété que provoquait une telle situation.
J'ai de la difficulté à imaginer que je pourrais ne pas vivre avec mes enfants, mais de penser qu'ils pourraient m'être enlevés de force et emmenés loin de ma collectivité est impensable. Ce serait extrêmement pénible de ne rien avoir à dire quant à leur éducation et à leur bien-être et de ne pas pouvoir aller les visiter. Si nous reconnaissons qu'une telle politique serait inadmissible aujourd'hui, pourquoi est-il impossible pour le gouvernement d'admettre que c'était inadmissible dans le passé?
Le gouvernement voudrait nous faire croire qu'il n'est pas nécessaire de présenter des excuses, parce que les enfants ont profité de l'éducation qu'offraient ces institutions. Ce n'est qu'un autre exemple de l'incompréhension et du mépris flagrants que le gouvernement affiche vis-à-vis des Autochtones.
Le premier exemple de cette attitude est l'annulation de l'historique accord de Kelowna. Cet accord donnait aux Autochtones l'espoir de devenir des éléments à part entière de la société canadienne et de voir un jour diminuer l'écart que nous constatons entre les Canadiens des Premières nations et les autres. Les gens des Premières nations espéraient pour leurs enfants un avenir très différent de ce qu'ils avaient connu.
Les survivants des pensionnats ont vécu dans des institutions qui favorisaient la maladie. Le gouvernement offrait rarement des ressources suffisantes. Les enfants n'avaient que le strict minimum, et il n'était pas rare qu'ils aient faim. Non seulement ils étaient enlevés à leur famille, mais ils étaient placés dans des institutions malsaines et surpeuplées.
Comment le gouvernement peut-il ne pas reconnaître l'existence de ces conditions bien documentées? Car c'est bien ce qu'il fait en refusant de présenter des excuses. Il dit aux survivants que leur expérience n'a pas d'importance, et c'est honteux.
Je dis au gouvernement que ces pensionnats n'étaient pas seulement des écoles où les élèves étaient logés. C'étaient des lieux où le gouvernement pouvait réaliser sa politique d'assimilation et de destruction de la culture autochtone, une culture qui a existé et survécu longtemps avant l'arrivée des Européens sur notre continent. Le gouvernement du Canada a cherché à la détruire en un court laps de temps.
J'ai toujours trouvé paradoxal que le gouvernement du Canada juge nécessaire d'éduquer les Canadiens autochtones, alors que ceux-ci ont tellement à nous apprendre. Prenons par exemple l'environnement. La durabilité est un mot que nous entendons beaucoup depuis quelques années. La dégradation de l'environnement mondial atteint des niveaux alarmants. Pourtant, la durabilité est un concept de base dans la culture autochtone. Le respect pour la terre est plus important que tout. Les cultures non autochtones commencent à peine à prendre conscience de cette nécessité, alors qu'il est presque trop tard pour nous.
La situation aurait pu être bien différente si nous avions écouté ce que les Premières nations nous disaient, mais le gouvernement est incapable de les écouter, et c'est là le problème. Si le gouvernement avait simplement écouté les survivants, il ne nierait pas que des excuses s'imposent pour que le processus de guérison puisse commencer.
Le gouvernement a décidé de poursuivre le cycle de la méfiance, ce qui a eu un effet dévastateur sur ces collectivités.
Il s'agit d'une tache noire dans l'histoire du Canada, un héritage de souffrance et de désespoir pour les Canadiens autochtones. Nous avons besoin d'un gouvernement qui est prêt à agir, qui comprend qu'il est nécessaire de faire le premier pas et de s'excuser pour reconnaître les erreurs du passé.
Pensons un peu à ce que ces collectivités ont dû endurer. Des familles ont été séparées par des centaines, voire des milliers de kilomètres. Des parents ne savaient pas comment se portaient leurs enfants. Les communications étaient presque impossibles à l'époque, et elles le sont encore aujourd'hui pour les habitants de nombreuses localités éloignées.
Les familles qui ont été séparées méritent des excuses. C'est véritablement cela qui a semé les graines de la méfiance entre les collectivités du Sud et celles, éloignées, du Nord, et de la méfiance envers le monde extérieur et les autres religions. Ces gens ne savaient pas que tout ce qui allait leur arriver serait problématique. Des collectivités se sont divisées, certaines pour des motifs religieux.
Aujourd'hui, quand je me rends dans le Nord de l'Ontario, je peux encore constater les divisions causées par les pensionnats indiens. Nibinamik, Neskantaga et North Spirit sont des collectivités qui se sont séparées des six grandes collectivités originales du Nord. Cette séparation s'est surtout faite sur le plan religieux en raison des difficultés qu'elles essayaient de surmonter.
Dans de nombreux cas, non seulement des familles, mais des collectivités entières ont été séparées pendant qu'elles tentaient de résoudre la situation. Ces collectivités avaient été unies pendant des siècles. Pendant des siècles, elles avaient coexisté, collaboré et vécu en harmonie. À cause des pensionnats, elles sont à jamais divisées.
La méfiance envers les collectivités extérieures et certaines religions est très apparente dans ma circonscription. Il y a des collectivités qui n'ont qu'une seule religion et qui se sont séparées des autres collectivités, simplement en raison de la souffrance et de la douleur causées par les pensionnats. Ces collectivités sont prêtes à tout recommencer. Elles ont besoin d'un processus qui leur permettra de laisser le passé derrière et d'entamer le processus de guérison. Tout ce dont elles ont besoin pour lancer ce processus, c'est que nous leur présentions nos excuses.
Qu'en est-il des problèmes d'aujourd'hui? Nous savons que certaines collectivités sont confrontées à des défis posés par les distances, la géographie et les barrières linguistiques. À cela s'ajoute maintenant le défi que doivent relever les générations qui ont grandi dans les pensionnats et dont les familles ont subi des torts.
Des enfants ont été sortis de leurs foyers ou de collectivités aux liens très serrés. Maintenant, ils doivent eux-mêmes élever leur propre famille. Il ne s'agit pas uniquement d'un groupe et d'une génération, mais de bien plus que cela. Nous perpétuons le problème chaque jour pendant que les anciens pensionnaires élèvent leur propre famille. Tant d'entre eux ont subi un tort qui les handicapera toute leur vie et ce tort se poursuit. Il faut que cela cesse. Il faut commencer le processus de guérison dont nous parlons tous. Il faut vraiment que le gouvernement présente des excuses afin de pouvoir aller de l'avant.
Les pensionnaires ont été renvoyés dans leurs collectivités. Ils ont été éparpillés pour mettre plus de distance entre eux. Poplar Hill, North Caribou et Fort Hope sont des collectivités qui se sont divisées parce que les enfants qui y sont retournés, qui y ont grandi et y ont élevé des familles, ont été marqués par les pensionnats. Tous, dans toutes les collectivités, ne peuvent pas comprendre pourquoi le gouvernement ne peut pas présenter d'excuses.
L'ancien gouvernement libéral avait conclu un accord. Nous voulions faire ce qui doit être fait. Nous voulions nous assurer que le processus serait suivi, que les trois piliers seraient respectés. Nous voulions que le présente des excuses afin que les anciens pensionnaires sachent que le processus était lancé.
Où en sommes-nous? Il n'y a pas d'excuses. Le processus n'est qu'à moitié achevé et des familles, des collectivités, des anciens, des grands-parents et des dirigeants de collectivités le constatent. Ils veulent entendre dire que le gouvernement du Canada est de leur bord. Ils veulent savoir que le présentera des excuses qui permettra au processus d'aboutir. Nous ne voulons plus de problèmes. Nous voulons que les familles touchées puissent avoir un avenir meilleur et qu'elles soient plus fortes.
Afin que la solution des libéraux à la période sombre des pensionnats puisse être bien mise en oeuvre, nous demandons au de poser un geste tout simple, et c'est de présenter des excuses. Des Canadiens autochtones ont été sortis de leur foyer et de leur collectivité. Ils ont été contraints d'aller où ils ne voulaient pas aller et de faire quelque chose qu'ils ne voulaient pas faire à l'époque. Ils posent tous la même question: que pouvons-nous faire maintenant? Nous pouvons présenter des excuses.
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Monsieur le Président, aujourd'hui, j'aimerais commencer mon allocution en cette Chambre en racontant une histoire, mais je vais la faire précéder par ce qui s'est passé dans les années 1960.
En 1960, je demeurais à Amos d'où je suis natif. C'est une petite municipalité qui, à ce moment-là, était le pôle d'attraction régional sur le plan de l'éducation. En Abitibi—Témiscamingue, c'était à cet endroit que l'on formait les étudiants qui allaient pratiquer des professions libérales; ils allaient être avocats, prêtres, notaires et ainsi de suite.
Près d'Amos, il y avait un tout petit village qui s'appelait — et qui s'appelle encore — Saint-Marc-de-Figuery. On ne connaît pas la date exacte, mais on sait qu'autour des années 1950, le gouvernement fédéral a décidé de bâtir à cet endroit, au bord d'un lac, ce que nous appelions, quand nous étions jeunes, le pensionnat indien.
Nous sommes tous jeunes en cette enceinte. Rappelons-nous qu'à la fin des années 1950 et au début des années 1960, nous jouions avec les petits Indiens, et c'était correct. Près d'Amos, il y avait un village autochtone, un village algonquin qui s'appelait Pikogan. Nous nous demandions pourquoi les petits Indiens étaient amenés au pensionnat indien de Saint-Marc-de-Figuery au lieu d'être amenés à Pikogan, qui se trouve près d'Amos, où il y avait aussi des écoles. Nous ne le savions pas. Je ne le savais pas.
Cependant, ne pas avoir su n'est pas une excuse pour ne pas se rendre compte aujourd'hui de ce qu'on faisait dans ce petit pensionnat indien. Voici ce qu'on y faisait.
Au pensionnat indien de Saint-Marc-de-Figuery, il y avait des Indiens. On les appelait ainsi. On les appelait même les Peaux-Rouges. On les prenait à Obidjuan, un village autochtone se trouvant plus près du Lac-Saint-Jean. En ce temps-là, il y avait une ligne de chemin de fer, qu'on appelait le Grand Tronc, qui reliait Cochrane en Ontario à Québec et Montréal. Cette ligne de chemin de fer passait dans le réservoir Gouin, là où les Algonquins allaient à la pêche et à la chasse.
Que faisait-on dans les années 1950-1960? À la fin de l'été, quelqu'un du ministère des Affaires indiennes voyageait par train, arrivait dans les villages, prenait les petits Indiens, garçons ou filles, et les emmenait au pensionnat indien de Saint-Marc-de-Figuery.
On prenait même les petits Indiens et les petites Indiennes de Pikogan, un village algonquin situé à 5 kilomètres d'Amos, et on les emmenait au pensionnat indien, afin que tous les Indiens soient soignés et éduqués au même endroit et de la même façon.
Que faisait-on aux petits Indiens lorsqu'on les emmenait au pensionnat indien à Saint-Marc-de-Figuery? Je peux en témoigner, car je l'ai vu. Nous étions jeunes, nous. En ce temps-là, dans les années 1960, j'étais chez les scouts. Nous allions au pensionnat indien pour les voir et pour leur parler des scouts. Quand nous arrivions, nous voyions que c'était tous des petits Indiens. Ils avaient tous les cheveux noirs et les cheveux coupés. La première chose qu'on faisait lorsqu'on les emmenait au pensionnat indien de Saint-Marc-de-Figuery, était de leur couper les cheveux sous prétexte qu'ils avaient des poux.
On leur rasait complètement la tête et on s'assurait que les cheveux ne repoussent pas durant toute l'année scolaire. On prenait les petits Indiens au mois d'août ou septembre et on les amenait au pensionnat indien de Saint-Marc-de-Figuery, et ce, jusqu'à la fin de l'année scolaire. Là, on les éduquait.
Voici ce qu'on faisait. On commençait par leur couper les cheveux. On leur enlevait leur costume de Peaux-Rouges — parce que selon les autorités de l'époque il fallait le leur enlever — et on leur donnait des vêtements de Blancs. Que faisait-on également? On leur interdisait de parler algonquin. Je parle du pensionnat indien que j'ai bien connu, celui de Saint-Marc-de-Figuery, près d'Amos. On leur enlevait leur costume d'Indiens et on leur interdisait formellement de parler indien, comme on appelait cela à l'époque. Il fallait qu'ils parlent français. Tous les cours étaient en français. On les prenait à l'âge de cinq ou six ans de la communauté d'Obidjuan ou de toutes les communautés qui étaient sur la ligne de chemin de fer. Il y avait des Indiens à Senneterre, à Amos et un peu partout. On amenait les Algonquins à ces pensionnats et on les éduquait. On leur coupait les cheveux, on leur interdisait de parler leur langue et surtout, on leur interdisait de penser en Indiens. À partir de l'âge de cinq ans, ils devaient penser en Blancs parce que nous étions apparemment supérieurs, supérieurement intelligents et il fallait que nous, les Blancs, les éduquions.
J'espère qu'en cette Chambre ce que je viens d'évoquer, et qui est vrai, va rappeler certaines choses qui se sont passées il n'y a pas tant de décennies que cela en Europe. Je ferai attention de ne pas utiliser le mot « génocide ». Je ne l'utiliserai pas, mais vous me permettrez d'y penser. En effet, les Kistabish, les Mohawks, les McDougall que je connais maintenant ont perdu leur langue et leur culture. On leur a fait subir des choses que je ne décrirai pas en cette Chambre, des choses odieuses comme de leur taper sur les doigts parce qu'ils mangeaient avec leurs doigts.
Quand ils étaient dans leur communauté, durant tout l'été, avec leur père, leur mère et les aînés, ils apprenaient à chasser et à pêcher. Ils apprenaient comment éviscérer un poisson, trapper un lapin, un lièvre, un chevreuil, un original ou comment donner à manger aux loups, parce que c'est grâce aux loups qu'on savait où était le chevreuil. Or, ils perdaient tout cela dès l'instant qu'ils entraient au pensionnat.
Je vous demande d'imaginer ce qui se passait. On a cinq ans, six ans, sept ans ou huit ans et on sait que cela reviendra tous les ans. Qu'est-ce qui se passe? On vivait des choses odieuses dans ce pensionnat indien. Je ne parlerai pas en cette Chambre des agressions sexuelles dont ont été victimes les Kistabich, les Mohawks, les McDougall et je pourrais en nommer d'autres. Ils ont eu des difficultés énormes à passer au travers et ils l'ont surtout caché. Ils ne pouvaient pas en parler à leurs parents.
Qu'est-ce que Jackie Kistabish disait quand elle revenait à Pikogan? Elle disait que cela se passait bien, que ce n'était pas si terrible. Sa mère et sa grand-mère étaient surprises de voir arriver Jackie ou mon ami Kistabish avec les cheveux coupés aux oreilles. Ce n'est pas dans la nature des Autochtones. À ce moment-là, ils avaient de longs cheveux, cheveux qu'ils perdaient en septembre. On les leur coupait, on les rasait. Lorsqu'ils revenaient chez eux en juin, ils ne comprenaient même plus leurs parents et, surtout, leurs parents ne les comprenaient pas. C'est le pire de tout ce qu'on a fait.
Je parle ici des enfants de cinq ou six ans, mais cela durait jusqu'à l'âge de quinze ou seize ans, donc pendant près de dix ans. Ils ont tout perdu de leur culture, nous disent les Algonquins d'Anishnabe qui sont allés à Pikogan et qui étaient à Winneway, ou qui sont allés à Lac-Simon, ou qui étaient à Obidjuan.
Je pourrais tous les nommer et je vais dire pourquoi. Après mon cours, je suis devenu avocat en droit criminel. C'est bizarre, mais j'ai retrouvé des Kistabish, des McDougall, des Mohawks et combien d'autres parmi mes clients. Ils se retrouvaient en cour et on ne comprenait pas pourquoi ils étaient devenus alcooliques et violents. Ils n'étaient pas capables de retourner dans leur communauté, telles Pikogan, Obidjuan ou Pointe-Bleue. Ils n'en étaient pas capables.
Il y a quelque temps déjà, j'ai posé une question au Comité permanent de la justice et des droits de la personne. J'ai reçu la réponse aujourd'hui. Je parle d'années récentes. L'admission des Autochtones au pénitencier — on parle de sentences supérieures à deux ans — se chiffrait ainsi: en 2001-2002, il y en avait 738; en 2002-2003, il y en avait 775; en 2003-2004, il y en avait 752; en 2004-2005, il y en avait 802; en 2005-2006, il y en avait 891. Ces Autochtones sont généralement dans la trentaine et ils vivent une première sentence de détention. Pourquoi? Peut-être parce qu'ils n'ont pas été capables de vivre dans leur communauté. Imaginez les parents de ces Autochtones. On parle là des années 1950-1960. Ils ont été privés de leurs droits et de leur culture. Ils n'étaient plus capables de communiquer avec leurs parents parce qu'il était interdit de parler leur langue.
Depuis 1876, 150 000 Autochtones ont vécu ce que je viens de raconter et ont subi l'enfer des pensionnats. Aujourd'hui, il ne reste plus que 87 000 survivants de ces pensionnats. Malheureusement, il en disparaît une moyenne de 30 à 50 par semaine. Il faut savoir que ces personnes sont aujourd'hui âgées de 70 ans ou 75 ans. Certains, mais très peu, sont un peu plus jeunes, ils ont 55 ans ou 60 ans. La plupart d'entre eux sont âgés de 65 ans à 85 ans et ils se rappellent.
J'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs de ces aînés — parce que ce sont maintenant des aînés — qui ont félicité cette Chambre d'avoir pris des dispositions pour régler la question des pensionnats indiens en versant des sommes d'argent aux communautés, et plus spécifiquement aux Autochtones qui ont vécu cet enfer. Cependant, je pense qu'il faut aller plus loin. Je fais appel à cette Chambre aujourd'hui. Je demande que l'on arrête de penser en termes de partis politiques. Oui, je suis du Bloc et oui, il y a des libéraux, des amis néo-démocrates et des conservateurs. Toutefois, devant ce terrible événement qu'ont vécu les Autochtones, je pense qu'on pourrait adopter la motion d'aujourd'hui.
Ce que demande la motion du député libéral de , c'est que la Chambre s'excuse auprès des survivants des pensionnats indiens du traumatisme dont ils ont souffert en raison des politiques visant l'assimilation des enfants des Premières nations, et ainsi de suite.
Dans mon discours, je ne veux pas blâmer le gouvernement de son inaction ni blâmer le gouvernement précédent qui n'a peut-être rien fait pendant 13 ans. Tel n'est pas le débat. Aujourd'hui, il est question des nations autochtones qui ont vécu des choses horribles sur notre territoire. Nous devons non seulement le reconnaître et les indemniser, mais je crois que nous devons également nous en excuser. Nous ne le savions pas. Nous ne pensions pas que c'était ainsi. Nous n'avons jamais cru que cela pouvait aller aussi loin.
Malheureusement c'est allé aussi loin que l'assimilation complète d'un peuple et aussi loin que des agressions sexuelles outrageantes à l'égard de jeunes âgés de 5 ans à 10 ans. Un de ceux-là me disait qu'au pensionnat indien, il a vu un jeune — que je ne nommerai pas et que je connais personnellement —, sortir de la chambre du frère supérieur et qu'il saignait d'un endroit que la décence m'interdit de nommer en cette Chambre. Mais nous sommes assez grands et grandes pour comprendre que ce qu'il vivait était odieux et que cela se déroulait soir après soir, pendant des jours et des mois.
Comment pensons-nous que ces personnes ont vécu pendant toutes ces années? En effet, ce sont des personnes, n'en déplaise à certains qui ont cru pendant de nombreuses années, dans les années 1950, que les Indiens n'étaient pas des personnes.
C'est assez! Le Bloc québécois pense, et je le pense personnellement, que le Chambre devrait également dire que c'est assez!
Offrir des excuses n'effacera pas ce qui s'est passé et ne fera pas oublier à ces communautés ce qu'elles ont vécu, parce qu'il y a un taux de suicide important. Quelqu'un m'a dit que son père s'était suicidé et qu'il ne comprenait pas pourquoi, jusqu'à ce que sa mère lui raconte ce que son père lui avait dit, jusqu'à ce que sa mère lui raconte ce que son père avait vécu au pensionnat indien de Saint-Marc-de-Figuery.
Cela s'est passé partout au Canada. Il faut finir par le reconnaître, et je crois que le jour viendra où le Canada admettra avoir fait une erreur. Il doit s'excuser de ce qu'il a commis à l'égard des Premières nations et je crois qu'il est temps qu'il le fasse.
Je pense que les Premières nations, avec tout le respect que nous leur devons, ont maintenant tout ce qu'il faut pour se prendre en main et pour se développer. Le Comité permanent des affaires indiennes, auquel je siège, étudie des projets de loi. Il y a le projet de loi . Il n'est pas parfait, mais nous verrons à le bonifier.
Il y a la reconnaissances des droits qu'ils ont obtenus et nous devons leur rendre justice. Ils les ont obtenus envers et contre le gouvernement.
Je terminerai en disant que dans l'ensemble, le rapport déposé au comité était basé sur la reconnaissance des peuples autochtones comme nations autonomes occupant une place unique au Canada. Toutefois, avant d'en arriver à cette reconnaissance, il est primordial que la Chambre offre avec sincérité ses excuses aux survivants des pensionnats du traumatisme dont ils ont souffert.