propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je suis très heureux d'ouvrir le débat d'aujourd'hui sur le projet de loi sur la responsabilité en matière de prêts.
Ce projet de loi élargit notre Loi fédérale sur la responsabilité, un texte sans précédent, en annonçant une nouvelle ère de politique propre, une ère où il ne sera plus acceptable que des entités politiques, y compris les candidats et les candidats à la direction, vendent leur âme à des gens riches et puissants. Il s'agit d'un projet de loi moderne, responsable et réaliste qui renforce notre système démocratique.
Pendant la dernière campagne électorale, le nouveau gouvernement du Canada s'est engagé à mettre fin à l'influence des grands donateurs dans le processus politique. Dès le premier jour, nous avons honoré cet engagement en mettant en oeuvre un important programme de réforme de notre régime démocratique.
La Loi fédérale sur la responsabilité a établi de nouvelle règles rigoureuses pour le financement des campagnes électorales. Elle interdit les contributions des syndicats et des entreprises, de même que les contributions anonymes et les fonds en fiducie. Elle établit également une limite stricte de 1 100 $ sur les dons annuels aux partis politiques pour mettre fin à l'influence des grands donateurs.
[Français]
Grâce à ces réformes, nous avons fermé la porte à ceux qui tentaient d'exercer une influence en sortant leurs gros billets.
[Traduction]
Quelqu'un a dit un jour qu'il fallait bien réfléchir au moment de s'endetter, car on se trouvait ainsi à mettre sa liberté entre les mains d'autrui. Malheureusement, l'an dernier, il est devenu évident que les candidats au leadership du Parti libéral n'étaient que trop disposés à abandonner leur liberté en vendant leur âme à une poignée de riches individus.
Lorsque les candidats à la direction du Parti libéral ont commencé à financer leur campagne grâce à des prêts importants provenant de riches individus, les Canadiens ont constaté que l'argent des riches avait réussi à s'infiltrer par la porte arrière, à contourner la Loi fédérale sur la responsabilité. Les riches ont vu les prêts politiques comme une occasion de récupérer l'influence perdue en raison de la réforme du financement des campagnes électorales des conservateurs, et ils en ont profité.
[Français]
Le leader de l'opposition officielle, par exemple, s'est hypothéqué pour près d'un demi-million de dollars auprès de gens riches et influents comme Rod Bryden et Stephen Bronfman.
[Traduction]
Bob Rae a accepté la somme faramineuse de 720 000 $ de son frère, vice-président exécutif et membre du conseil d'administration de Power Corporation. Le député de a emprunté 200 000 $, et le député d' a pour sa part obtenu près de 500 000 $ auprès de riches individus ou garantis par une poignée de puissant intérêts.
En tout, les candidats à la direction du Parti libéral doivent plus de 3 millions de dollars, la presque totalité à de riches individus. Pour mettre ces chiffres en contexte, cette dette est six fois plus importante que le montant total recueilli par l'ensemble du Parti libéral pendant le premier trimestre de 2007.
Les riches ont facilement réussi à contourner la Loi fédérale sur la responsabilité en donnant d'importantes sommes d'argent à leurs candidats favoris et en appelant simplement cela des prêts. Je ne crois pas que ce genre d'entente plaise aux Canadiens. Cela contrevient à l'esprit de la nouvelle Loi fédérale sur la responsabilité, qui souhaite éliminer l'influence indue de l'argent des riches en politique.
[Français]
La démocratie canadienne ne respire pas à son aise lorsque les dirigeants du pays doivent des millions de dollars à une poignée de gens riches et influents.
[Traduction]
Le projet de loi sur la responsabilité en matière de prêts aurait pour effet de tenir les politiciens responsables envers les citoyens qui les élisent, et non envers les gens riches et puissants qui acceptent de les aider financièrement. Nous agissons aujourd'hui de manière décisive afin de mettre fin à ce type de politique d'antichambre désuet. Grâce à cette mesure législative, le gouvernement enfoncera les portes des officines et fera en sorte qu'on puisse y voir clair.
Le projet de loi propose de réglementer tous les prêts consentis à des partis, à des candidats et à des associations politiques au Canada. Il établirait un régime de déclaration uniforme et transparent auquel seraient assujettis tous les prêts consentis à des entités politiques. Il rendrait obligatoire la divulgation des modalités des prêts et l'identité des prêteurs et cautions.
Le montant total des prêts, des garanties de prêt et des contributions provenant de particuliers ne pourrait pas excéder le plafond annuel fixé par la Loi fédérale sur la responsabilité, soit 1 100 $ pour l'année 2007. Seuls les établissements financiers et d'autres entités politiques seraient autorisés à consentir des prêts dépassant le plafond de 1 100 $, à condition que ce soit à un taux d'intérêt commercial, c'est-à-dire au même taux que celui qu'obtiendraient tous les autres Canadiens à la banque ou à la caisse populaire.
Aux termes du projet de loi sur la responsabilité en matière de prêts, les syndicats et les personnes morales ne seraient pas autorisés à consentir des prêts, pas plus qu'ils ne sont autorisés à verser des contributions à l'heure actuelle. Cette mesure législative harmoniserait les règles régissant les prêts consentis pour les campagnes électorales avec celles qui s'appliquent aux contributions politiques.
Enfin, le projet de loi propose de resserrer les règles régissant le traitement des prêts non remboursés afin de contraindre les candidats à rembourser leurs prêts. Les associations de circonscription seraient tenues responsables des prêts non remboursés par leurs candidats.
En somme, le projet de loi sur la responsabilité en matière de prêts est moderne, réaliste et efficace. Il consoliderait notre démocratie et la confiance de la population dans l'intégrité de notre régime politique.
Le projet de loi sur la responsabilité en matière de prêts s'inscrit dans le cadre des mesures prises par notre parti depuis son arrivée au pouvoir en vue de réformer le système démocratique. Le nouveau gouvernement du Canada passe à l'action afin de moderniser le régime politique en présentant des mesures législatives réalistes qui renforcent la responsabilité et la démocratie, et qui améliorent la reddition de comptes à toutes les étapes du processus politique.
[Français]
Nous avons tout d'abord déposé le projet de loi qui instaurait un examen des règles d'enregistrement des partis politiques.
[Traduction]
Comme je l'ai mentionné, la Loi fédérale sur la responsabilité, qui comprenait des dispositions en vue de réduire l'influence de l'argent en politique, a été adoptée avant Noël. Un autre projet de loi, le projet de loi , vient renforcer notre démocratie en améliorant les choses au plan de la responsabilité, de la transparence et de l'équité. Il prévoit des élections tous les quatre ans, le troisième lundi d'octobre.
La tenue d'élections à date fixe évacue les conjectures du processus électoral et met tout le monde sur un pied d'égalité dans l'intérêt du directeur général des élections, des partis politiques et, surtout, des électeurs. Il favorise la participation des Canadiens au processus démocratique de leur pays en leur permettant de planifier cette participation.
Je suis très heureux de signaler que le projet de loi a pu recevoir la sanction royale même si, fidèles à leur habitude, des sénateurs libéraux non élus avaient décidé de faire obstruction à son adoption et de retarder tous les éléments de la réforme démocratique entreprise par le gouvernement.
Comme les députés s'en souviennent, le projet de loi a été adopté par la Chambre des communes sans amendements. Il a fait l'objet d'un débat en profondeur à la Chambre des communes et au sein du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
Après avoir été adopté par la Chambre des communes avec l'appui de tous les partis, le projet de loi sur la tenue des élections à date fixe a été envoyé au Sénat, où il a été examiné en détail par le Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles.
Au bout d'une longue période d'examen minutieux, ce comité dominé par les libéraux s'est prononcé pour l'adoption du projet de loi sans amendements.
Bien que ni les comités de la Chambre, ni ceux du Sénat n'aient jugé nécessaire d'amender le projet de loi limitant la durée des mandats, à la toute dernière minute, un amendement frivole a été adopté par le Sénat libéral dans le but de diluer le projet de loi, qui n'a jamais fait l'objet d'un examen, quel qu'il soit, de manière à ce que le projet de loi doive être renvoyé à la Chambre, ce qui en a retardé encore davantage l'adoption.
[Français]
En fin de compte, les tergiversations et les obstructions ont pris fin au Sénat, et les élections se tiendront maintenant à date fixe.
[Traduction]
Notre gouvernement a également pris des mesures pour moderniser le Sénat, non élu, et pour que les sénateurs rendent davantage de comptes aux personnes qu'ils servent. Nous avons agi pour accroître l'obligation du Sénat de rendre des comptes, au moyen d'une mesure législative qui vise à permettre enfin aux Canadiens d'avoir leur mot à dire sur les personnes par qui ils veulent être représentés au Sénat. La participation des citoyens est fondamentale dans n'importe quelle institution démocratique. Hélas, jusqu'à tout récemment, les Canadiens avaient bien peu à dire dans le choix de leurs sénateurs.
Le projet de loi sur l'élection des sénateurs tient compte du fait que ce sont les citoyens, et non les grands intérêts financiers ou les amis d'un parti, qui sont le mieux placés pour indiquer au qui devraient parler pour eux à Ottawa.
Nous, de ce côté-ci de la Chambre, sommes impatients que cette mesure législative révolutionnaire soit adoptée, ce qui m'amène à parler du projet de loi . Les imbécilités dont a fait l'objet le projet de loi au Sénat ne sont rien par comparaison à ce que nous voyons pour le projet de loi , qui vise à limiter la durée du mandat des sénateurs à huit ans.
[Français]
Le projet de loi a été déposé au Sénat le 30 mai 2006, soit il y a déjà près d'un an.
[Traduction]
Chose étonnante, même si le dit être en faveur de la réduction du mandat des sénateurs, l'adoption du projet de loi est bloquée pour des raisons de procédure, à cause des sénateurs libéraux qui sont déterminés à multiplier les obstacles pour retarder toute réforme appréciable des institutions démocratiques.
[Français]
Le projet de loi est un projet de loi simple, qui compte 66 mots. Selon mes calculs, les sénateurs, qui ne sont pas élus, ont consacré plus de cinq jours à chacun des mots de ce projet de loi.
[Traduction]
Comme je l'ai déjà fait plusieurs fois, je demande aux députés de l'opposition officielle d'exhorter leurs collègues de la Chambre haute à répondre aux désirs des Canadiens et à adopter le projet de loi . Je sais que le chef du Parti libéral a tenté de le faire. Je sais que les sénateurs libéraux ont tendance à le défier et qu'ils refusent tout simplement de l'écouter. J'aimerais bien qu'il puisse faire preuve d'un peu d'autorité et de force, en dépit de sa faiblesse générale, à tout le moins de la force nécessaire pour diriger son propre caucus sur cette question et pour l'amener à adopter le projet de loi.
Notre gouvernement rejette les tactiques employées par certains sénateurs pour retarder la mise en oeuvre d'un programme de réforme du régime démocratique qui reçoit l'appui de la population canadienne, et nous agissons pour répondre aux désirs des Canadiens afin de rendre leurs institutions nationales plus fortes, plus modernes, plus responsables et plus démocratiques.
Le projet de loi concernant la responsabilité en matière de prêts représente la dernière de ces réformes et je suis impatient de présenter, dans les prochains jours, d'autres mesures législatives qui renforceront la responsabilité. Ce projet de loi répond à l'engagement du nouveau gouvernement du Canada de débarrasser le système politique de notre pays de l'influence indue des riches. Il montre aux Canadiens que leur vote est plus fort que les gros comptes en banque de quelques personnes riches et influentes.
Avec l'adoption de ce projet de loi, le nouveau gouvernement du Canada créera un système étanche de financement politique, un système qui éliminera, une fois pour toutes, l'influence des riches et des puissants, de ceux qui ont beaucoup d'argent, sur notre processus politique. Il créera un système auquel les Canadiens pourront faire confiance.
Le projet de loi concernant la responsabilité en matière de prêts ferait en sorte que la course à la direction du Parti libéral, en 2006, représente la dernière fois que l'influence des riches et des amis influents a joué un rôle dans le choix du chef d'un parti politique au Canada. Ce qui est le plus important, c'est que le projet de loi est moderne, responsable et réaliste, et qu'il renforcera notre démocratie et la confiance de la population dans l'intégrité de notre système politique.
[Français]
Pour toutes ces raisons, je demande instamment à tous les députés de cette Chambre d'appuyer le projet de loi sur la responsabilité au chapitre des prêts et cautionnements.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole, au nom de l'opposition libérale, relativement au projet de loi . Je veux d'abord dire que le leader du gouvernement à la Chambre n'a pas été capable de répondre, ou n'a pas voulu répondre, à la question que j'ai posée plus tôt sur la divulgation des noms des bailleurs de fonds du , lors de la course à la direction de son parti, en 2002.
Il n'a pas abordé ce point, mais je pense que la Chambre doit connaître la réponse à cette question, surtout à la lumière des remarques faites par le leader du gouvernement à la Chambre sur la divulgation de tous les prêts, de tous les prêteurs et de tous les montants liés aux candidats à la direction du Parti libéral, l'an dernier. De toute évidence, ces personnes ont fait plus que ce que la Loi électorale du Canada exige. Elles ont agi de bonne foi et elles ont fait des déclarations complètes. Tout le monde est au courant de ce qui se passe, et tout le monde connaît les règles applicables.
Pour ce qui est de la présentation de cette mesure législative par le , on dirait que le leader du gouvernement à la Chambre laisse entendre qu'il est sur le chemin de Damas, qu'il a eu une révélation en ce qui a trait aux prêts et à la façon dont ceux-ci devraient être traités. Peut-être a-t-il été stoppé, trompé, ou peut-être a-t-il fait demi-tour et qu'il est en réalité sur le chemin de la perdition, parce que le projet de loi a évidemment des effets pervers. On devrait plutôt parler de loi sur la non-responsabilité. Encore une fois, cette mesure est orwellienne relativement à un grand nombre de ses répercussions. Je vais prendre un peu de temps pour expliquer précisément pourquoi ce projet de loi va, à bien des égards, affaiblir notre démocratie, s'il est adopté sans amendement.
Il va de soi que le Parti libéral est tout à fait en faveur de la transparence et de la responsabilité, et nous souhaitons voir un projet de loi qui resserre, de façon appropriée et efficace, l'application et l'utilisation de prêts à des fins de financement politique au pays, lorsque c'est nécessaire. Toutefois, nous voulons aussi nous assurer que des amendements appropriés seront apportés au projet de loi, afin que celui-ci ne crée pas, sciemment ou non, une barrière pouvant empêcher de participer au processus politique ceux qui n'ont pas accès à des fonds, qui n'ont pas d'amis ayant accès à des fonds, ou qui n'ont pas accès à des institutions financières prêtes à leur consentir des prêts, parce qu'ils ont déjà de l'argent, ou qu'ils ont des amis prêts à se porter garants d'eux et à les financer avec leur argent. Il faut veiller à faire en sorte que cette situation ne crée pas un obstacle pour ces personnes.
Retournons à janvier 2004, au moment où l'ancien gouvernement libéral a proposé, dans le projet de loi , les changements en matière de financement électoral les plus draconiens qu'on ait vus dans notre pays et peut-être même dans toute démocratie à l'échelle mondiale. Je parle bien sûr des changements qui visaient à limiter à 1 000 $ seulement les dons pouvant être versés par les syndicats et les sociétés. C'est un montant pratiquement insignifiant dans un pays de la taille du nôtre. On ne peut imaginer qu'un don de 1 000 $ versé par une société dans le cadre du processus électoral dans notre pays pourrait aider cette société à obtenir des faveurs. De toute façon, nous avons établi cette limite pour les syndicats et les sociétés et laissé à 5 000 $ la limite permise pour les particuliers, qui sont, bien sûr, le fondement de toute démocratie. Cette limite convient tout à fait. C'était là une mesure extrêmement importante, un jalon important dans l'histoire politique de notre pays.
Le projet de loi contenait certaines autres mesures. Il a introduit dans notre système un aspect de la représentation proportionnelle. Je sais que beaucoup de députés de tous les partis aimeraient que nous étudiions cette question et que nous tenions des consultations à ce sujet. Cependant, lorsque les dons privés ont été limités de façon aussi draconienne, on a prévu, dans le projet de loi C-24, le financement public du processus électoral en versant aux partis 1,75 $ pour chaque vote obtenu lors d'élections générales à l'échelle nationale.
Cela a introduit un élément de proportionnalité qui est venu corriger certaines des difficultés posées par le système majoritaire uninominal, où le nombre de sièges d'un parti à la Chambre a souvent très peu à voir avec le pourcentage des votes obtenu par ce parti. Par exemple, le Parti vert a obtenu 600 000 votes aux dernières élections. En vertu de cette disposition, ce parti a reçu plus de 1 million de dollars, ce qui permet à ses membres d'exprimer les opinions des gens qui ont voté pour eux grâce au financement de leurs activités politiques d'un bout à l'autre du pays, bien qu'ils ne puissent pas encore les représenter. Ce n'est qu'une première tentative, mais c'est un pas important. Cela faisait partie de cette mesure législative novatrice en matière de financement électoral.
Je vais maintenant rectifier les propos du leader du gouvernement à la Chambre, car ils prêtent actuellement à confusion en laissant entendre qu'aucun règlement ne régit les prêts et les déclarations de prêts. En fait, en vertu des dispositions législatives existantes, la divulgation de tous les prêts, de même que des prêteurs et des garants, est obligatoire.
On croit également à tort qu'il n'y a aucune conséquence si tous les prêts sont radiés. En fait, il y a des conséquences. Les prêts doivent être remboursés en moins de 18 mois. Sinon, ils relèvent de la réglementation en matière de contributions politiques et celle-ci est très stricte.
Les prêts ne sont pas un moyen de recueillir des dons. Il s'agit d'argent prêté pour un certain temps, pendant la durée d'un processus électoral, qu'il s'agisse d'une course à la direction, comme ce fut le cas l'année dernière pour le chef libéral, ou encore d'un processus d'investiture, lorsqu'un candidat n'a pas accès aux ressources du parti ou de l'association de circonscription. Si certaines personnes qui n'ont pas les moyens nécessaires étaient incapables de contracter un emprunt, ce serait un obstacle à leur participation au processus politique. Il y a donc des conséquences. Ces prêts doivent être convertis et c'est là un aspect important.
Qui est propriétaire du ? Le leader du gouvernement à la Chambre a soulevé la question des candidats à la direction du Parti libéral et de l'influence des gros capitaux, mais nous ne savons pas encore qui a financé la campagne à la direction du premier ministre en 2002.
Pourquoi voulons-nous savoir? Pour la simple raison que le gouvernement veut faire croire qu'un projet de loi est nécessaire. La Loi électorale du Canada contient déjà des dispositions applicables aux prêts et à leur remboursement, ainsi qu'aux conséquences du non-remboursement. En tout cas, pourquoi voulons-nous savoir? C'est une question de la plus haute importance. Qui donc a contribué à la course à la direction du en 2002? Le lobby américain des armes? Les grandes pétrolières? Nous allons revenir là-dessus tant que nous n'aurons pas obtenu une réponse satisfaisante, tant que les Canadiens n'auront pas obtenu de réponse satisfaisante. Ces questions sont importantes.
Je vais maintenant parler d'un élément du titre du projet de loi, notamment, la responsabilité en matière de prêts. Ce projet de loi pourrait aussi bien être intitulé Loi sur la nouvelle banque conservatrice du Canada. On pourrait croire, compte tenu du libellé actuel du projet de loi, que les gros capitaux pourraient se payer une influence accrue. Nous examinerons les amendements nécessaires pour faire en sorte que le projet de loi ne fasse pas que limiter l'influence que peuvent se payer ceux qui ont de l'argent ou ceux qui ont accès aux gros capitaux. Je vais expliquer pourquoi.
Seuls les établissements financiers peuvent consentir des prêts importants à des particuliers. Si quelqu'un d'un groupe défavorisé ou sous-représenté qui n'a jamais fait de politique sollicite l'investiture dans une circonscription, sans être indépendant de fortune et sans avoir encore d'association de circonscription qui pourrait lui consentir un prêt, comme cela est permis aux termes de ce projet de loi, et sans nécessairement par ailleurs avoir la capacité financière pour être financé par une banque, que peut-il faire? Cette personne est exclue. Les limites prévues dans cette mesure créent donc un obstacle à la participation au processus d'investiture.
Prenons le processus de la course à la direction du Parti libéral, qui a donné lieu à neuf mois de discussions et de débats animés dans l'ensemble du pays, avec la participation de onze candidats qui se présentaient devant le public dans le cadre d'un processus très ouvert et démocratique. Tout cela a coûté cher. Dans un pays aussi vaste que le Canada, personne n'aurait pu le faire sans ressources financières.
Il faut des règles, et il en existe. Il pourrait être utile que le projet de loi les resserre. Cependant, je pense que nous avons tort d'envisager un système où des personnes doivent emprunter de l'argent pour être en mesure d'exercer leur droit de participer au processus électoral démocratique dans le cadre d'une course à la direction ou à l'investiture.
De fait, selon son libellé, le projet de loi, contrairement à ce qui était le cas pour le projet de loi , ne remplace pas l'argent des entreprises par des deniers publics répartis équitablement selon la proportion du vote obtenu par chaque parti ayant présenté des candidats. Ici, on exclut le financement public et on ouvre la porte aux bâilleurs de fonds fortunés.
Qui donc est en mesure d'obtenir un prêt d'une banque ou d'un établissement financier? Les personnes qui ont beaucoup d'argent ou de biens à mettre en garantie, ou qui sont en mesure de se faire appuyer par un cosignataire. Ce sont donc des personnes qui ont de l'influence et de l'argent. On ouvre ainsi la porte au pouvoir de l'argent au lieu de l'exclure. Nous devrons donc nous pencher sur cet aspect. Je suis impatient de travailler avec les députés du Bloc et du NPD, et avec les ministériels, pour déterminer si nous sommes en mesure de formuler des amendements qui permettront d'éviter de créer un obstacle à la participation pour les personnes sans grands moyens qui n'ont pas déjà leurs entrées dans le processus politique. Une telle transparence est d'une énorme importance.
Il existe une organisation qui s'appelle À Voix Égale. Tous les députés de la Chambre sont bien au courant de son existence et de ses activités. L'organisation vise à encourager les femmes à participer au processus politique, de manière à ce que nous puissions combler l'écart disproportionné entre les hommes et les femmes à la Chambre des communes, qui ne compte que 20 p. 100 de femmes.
Le chef de l'opposition officielle, soit le chef du Parti libéral, a promis qu'un tiers des candidats libéraux aux prochaines élections seraient des femmes. Le processus d'investiture est bien enclenché et nous devrions atteindre cet objectif. C'est une décision élémentaire pour obtenir une proportion appropriée de femmes à la Chambre.
Si cette mesure est étudiée en comité, je suis persuadé que l'organisme Equal Voice, dont les membres sont de toutes les allégeances politiques, voudra témoigner et exposer son point de vue. Il en est de même de bon nombre d'autres groupes qui sont les porte-parole des secteurs défavorisés et sous-représentés de la société. Tous ces groupes voudront comparaître et exprimer leur opinion sur la question. J'espère qu'ils nous montreront comment, dans le cas de ceux qui ont à leur disposition des fonds considérables, la conséquence inévitable, mais peut-être non intentionnelle, sera d'exercer davantage de pouvoir, pas moins.
Cette nouvelle loi des conservateurs sur certaines activités bancaires est intéressante. Elle resserrera peut-être un peu les règles. Il n'est pas vrai que, à l'heure actuelle, la Loi électorale du Canada n'exige pas le remboursement des emprunts ou leur conversion en contributions en vertu de règles très restrictives. Il n'est pas vrai que, dans le cas de prêts politiques, le nom des donateurs, des prêteurs ou des co-signataires n'a pas à être dévoilé. C'est le contraire.
J'espère tout autant que mes collègues de la Chambre que ce processus n'entraînera pas d'abus et, s'il est possible de resserrer un peu les règles, j'estime que ce sera encore mieux. Cependant, nous devons nous assurer qu'il n'y aura pas de conséquences imprévues qui créeront des obstacles pour les groupes défavorisés et sous-représentés.
Le leader du gouvernement à la Chambre a consacré une partie de son intervention à la description de bon nombre de projets de loi que le gouvernement conservateur a présentés et qui sont prétendument axés sur la réforme des institutions démocratiques; il vaut la peine de se pencher sur quelques-unes de ces mesures législatives.
L'une d'entre elles est le projet de loi , la Loi fédérale sur la responsabilité. Les députés et le comité de la Chambre, à l'instar du Sénat, ont consacré énormément de temps à l'étude de ce projet de loi. En fait, comme il n'a pas été soumis à une échéance stricte comme le comité de la Chambre, le Sénat a proposé des douzaines d'amendements suite à un examen attentif du projet de loi, en dépit du fait que le gouvernement l'ait ouvertement et à maintes reprises accusé d'entraver le processus.
À propos d'entraves, la Loi fédérale sur la responsabilité a reçu la sanction royale le 15 décembre 2006. Presque cinq mois plus tard, la Commission des nominations publiques, un des éléments centraux du projet de loi, n'a toujours pas été créée. Les amendements proposés par le NPD ont un peu précisé les choses. Nous avions deux choix. L'opposition libérale a proposé des amendements. Les NPD en a aussi proposés. Ceux-ci auraient tous été efficaces, et ils le seront puisque le projet de loi a finalement été adopté. Cependant, plusieurs mois se sont écoulés, des dizaines de personnes ont été nommées et nous n'avons toujours pas de Commission des nominations publiques. Cette dernière était, selon le gouvernement, un des éléments centraux de la Loi fédérale sur la responsabilité. Elle n'existe même pas.
Nous continuons notre chemin sans avoir les outils nécessaires. Nous avons proposé de confier ce rôle à la Commission de la fonction publique, de modifier son mandat afin de l'assujettir aux mêmes règles, au même processus concurrentiel et aux mêmes critères objectifs qui s'appliquent aux nominations par décret au sein de la fonction publique, mais cela n'a rien donné.
J'aimerais beaucoup que le gouvernement me dise quand il mettra en oeuvre cet élément important du projet de loi . On a souvent reproché au Sénat de retarder l'étude du projet de loi alors qu'il a proposé de nombreux amendements réfléchis et utiles qui, de surcroît, ont été adoptés.
Le projet de loi porte sur les élections à date fixe. Notre parti a appuyé la mesure. Il n'y a eu aucun retard. Le Sénat a procédé à un examen attentif de cette mesure et y a apporté un amendement réfléchi. Il a renvoyé le projet de loi à la Chambre avec cet amendement. De ce côté-ci de la Chambre, nous avons proposé au gouvernement, avant le congé de Pâques, d'adopter le projet de loi à la Chambre et de l'envoyer au Sénat afin qu'il puisse recevoir la sanction royale avant l'ajournement. Le gouvernement a refusé. Il nous aurait fallu le consentement unanime de la Chambre, mais le gouvernement s'est opposé à cette idée.
Le leader du gouvernement à la Chambre a mentionné le projet de loi . Il ne propose pas des élections pour le Sénat, mais une consultation, au moment des élections provinciales. Il propose une excellente réforme de notre régime démocratique. Je pense que tous les députés estiment, comme probablement toutes les personnes à l'autre endroit, que le Sénat doit être réformé pour devenir un organe législatif tout à fait démocratique et nous devrions tous tendre vers ce but. Cette façon de procéder est fragmentaire. On nous accuse d'essayer de bloquer la réforme progressive du Sénat, mais le fait est que tous les changements forment un tout et nous devons nous attaquer à tous simultanément.
Trois aspects du Sénat, qui sont d'une importance capitale, doivent être examinés ensemble.
L'un d'eux concerne le processus de sélection, qui pourrait comprendre des élections ou porter sur la durée du mandat. La limitation de la durée du mandat est proposée dans le projet de loi .
Un autre aspect concerne le mandat. À l'avenir, quel sera le lien entre le mandat du Sénat et celui de la Chambre des communes? Le Sénat, sera-t-il un double de l'organe législatif, ayant la même validité conférée par des élections, ce qui mènera à une impasse. Ce qu'il nous faut pour régler cet aspect d'une réforme globale, c'est une formule de règlement des différends, dans les cas où les pouvoirs législatifs seraient les mêmes dans les deux Chambres.
Ensuite, il y a la répartition. Nous ne pouvons pas faire quoi que ce soit d'autre avec le Sénat tant que nous n'aurons pas trouvé une solution au problème de la répartition. Il est étonnant que le et tous les membres du gouvernement envisageraient de prendre des mesures pour donner une plus grande validité, un plus grand pouvoir au Sénat, sans régler la question de la répartition injuste et inéquitable des sièges pour les provinces de l'Ouest, plus particulièrement la Colombie-Britannique et l'Alberta.
Pour nous tous de la Colombie-Britannique et de l'Alberta, il est incroyable que l'on puisse penser donner plus de pouvoir au Sénat, sans remédier à la répartition injuste pour les provinces de l'Ouest.
Le a dit à la Chambre que Bert Brown était un sénateur en puissance, qu'il serait nommé cet été. Il a joué un rôle très important dans la vie politique canadienne. Il n'a pas joué ce rôle en traçant un seul E dans son champ d'orge ou de blé. Il y a tracé trois E. Tenter de progresser petit à petit, un E à la fois, comme dit le premier ministre, ne joue pas en faveur de l'Alberta, d'où vient cet homme. Ce n'est pas non plus une façon responsable et globale de faire entrer le Sénat dans l'ère moderne d'une assemblée législative démocratique. Nous devons travailler ensemble pour y arriver.
On nous parle souvent des fantômes du lac Meech et de Charlottetown. On nous dit aussi qu'il ne faut pas toucher à la Constitution parce que, mon Dieu, cela pourrait nous distraire, nous empêcher de faire quoi que ce soit d'autre dans ce pays et ne mener nulle part. Dieu merci, les Pères de la Fédération n'étaient pas aussi craintifs au sujet de la Constitution. Nous devrions nous charger de cette responsabilité nous-mêmes.
:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'intervenir sur le projet de loi , qui traite particulièrement de la responsabilité en matière de prêts. D'entrée de jeu, le Bloc québécois est favorable à ce projet de loi qui vise à contrer le contournement des règles de financement politique.
On sait que ce projet de loi vise à corriger ou à apporter certaines précisions qu'on ne retrouvait pas dans le projet de loi . On se rappellera que le projet de loi , que le gouvernement a présenté comme étant sa pièce maîtresse, comme étant l'assise de l'assainissement des moeurs en matière de financement politique mais aussi plus particulièrement en matière de gouvernance, comporte certains trous ou certaines failles qui se doivent d'être comblées. Entre autres, on se rappellera que le projet de loi introduisait de nouveaux plafonds pour les contributions politiques en établissant à 1 100 $ le montant de la contribution qu'un particulier peut verser annuellement à un parti enregistré ou à un candidat et aussi en fixant qu'il ne peut y avoir de contribution d'un syndicat ou d'une entreprise.
Or, aussi incroyable que cela puisse paraître, il était encore possible de contourner ces plafonds en ayant recours à des prêts personnels. Ainsi, par exemple, on a vu que plusieurs candidats à la récente course à la chefferie du Parti libéral du Canada ont contracté d'importants prêts auprès d'individus et d'institutions financières. Entre autres, Bob Rae, le candidat défait par l'actuel chef de l'opposition officielle, doit 580 000 $ à John Rae, qui est vice-président de Power Corporation. L'actuel chef de l'opposition aurait des prêts totalisant une valeur de 430 000 $. L'actuel chef-adjoint du Parti libéral aurait des prêts totalisant une valeur de 170 000 $ et, finalement, Gerard Kennedy aurait des prêts d'une valeur totale de 201 000 $. On constate donc que le subterfuge ou la subtilité d'utiliser des prêts permettait aux candidats de toucher des sommes assez faramineuses.
On peut peut-être en doute les montants que j'ai mentionnés, mais je vais dévoiler ma source. C'est un tableau tiré du journal La Presse du 18 novembre 2006.
Ce projet de loi vient également corriger un autre problème du projet de loi sur la responsabilité gouvernementale. On s'était rendu compte, lors de l'étude du projet de loi , que le gouvernement conservateur était beaucoup plus intéressé à faire adopter rapidement son projet de loi que de corriger les problèmes d'éthique qui, souvent, minent ce gouvernement et les gouvernements précédents.
À l'époque, vous vous rappellerez que les partis d'opposition, les médias, le groupe Démocratie en surveillance — Democracy Watch en anglais — avaient soulevé le problème et le gouvernement avait refusé d'agir. Ce projet de loi corrige le problème des prêts qui permettaient de contourner les limites aux contributions politiques. Je n'aurai probablement pas le temps de couvrir en détail ces deux points, mais je soulignerai toutefois que nous restons toujours sur notre appétit en regard des conservateurs en matière de protection des dénonciateurs et au plan de la réforme de la Loi sur l'accès à l'information.
En ce qui a trait à la protection des dénonciateurs, on sait que, lors des dernières élections de janvier 2006, les conservateurs avaient fait de nombreuses promesses électorales en ce qui a trait à cette question.
On n'a pas retrouvé ces éléments dans la Loi sur la responsabilité. Allan Cutler, un des dénonciateurs à l'origine de l'éclatement du scandale des commandites et ancien candidat du Parti conservateur lors des élections, n'a pas été tendre envers le projet de loi . Pourtant, Allan Cutler était un allié des conservateurs. Il a soutenu, au sujet des dispositions sur la protection des dénonciateur, que le projet de loi était loin d'être parfait et contenait des problèmes nécessitant des corrections.
En ce qui a trait à la Loi sur l'accès à l'information, le projet de loi contient une autre faiblesse. Rappelons que le 5 avril 2005, le gouvernement libéral avait présenté un document de discussion relatif à la réforme de l'accès à l'information. Ce document a été décrié par tous les observateurs, incluant le Parti conservateur. En plus de doubler les frais administratifs minimaux que l'on réclamerait aux citoyens, le projet de loi de l'ancien premier ministre — le député de — maintenait toutes les exceptions prévues à la loi. Le Parti libéral n'a pas réussi à accoucher d'une réforme valable de la Loi sur l'accès à l'information et ce, malgré ses 13 ans de pouvoir.
Pour sa part, le Parti conservateur avait promis lors de la campagne électorale — on se rappelle les grandes promesses de virginité de ce gouvernement — de réformer la Loi sur l'accès à l'information. Je ferai référence à ce qu'on disait à ce moment:
Un gouvernement conservateur:
Appliquera les recommandations du commissaire à l'information sur la réforme de la Loi sur l'accès à l'information.
Nous attendons toujours cette réforme. La vérité c'est que — dans ce cas comme dans bien d'autres — une fois au pouvoir, les libéraux et les conservateurs, c'est blanc bonnet et bonnet blanc. Lorsqu'ils forment l'opposition, les conservateurs dénoncent les libéraux et font de grands sparages à cause de l'éthique et de la gouvernance. Les conservateurs, une fois au pouvoir, appliquent le principe de l'assiette au beurre, à deux mains dans le plat de bonbons, comme le disait ma grand-mère.
Le commissaire à l'information notait récemment que ce réflexe est une constante chez tous les gouvernements. Il disait aussi que la raison pour laquelle il faut agir au lieu de mener d'autres études, c'est que les gouvernements continuent à se méfier de la Loi sur l'accès à l'information et de la surveillance du commissaire à l'information, en plus de tenter de s'y soustraire.
Ce projet de loi comporte quatre volets majeurs. Dans un premier temps, il établit un régime de déclaration uniforme et transparent pour tous les prêts consentis à des entités politiques, y compris la divulgation obligatoire de la modalité de ces prêts ainsi que de l'identité des prêteurs et des cautions.
La deuxième modification proposée par ce projet de loi, c'est qu'il serait désormais interdit aux syndicats et aux personnes morales non seulement de verser des contributions conformément à la Loi sur la responsabilité du Canada, mais aussi de prêter de l'argent.
Troisièmement, les prêts garantis d'emprunts et de contributions provenant d'un particulier ne sauraient excéder la limite prescrite dans la Loi sur la responsabilité du Canada, soit 1 100 $ pour 2007.
Finalement, seules les institutions financières ayant un taux d'intérêt commercial et d'autres entités politiques seraient habilitées à consentir un prêt d'un montant supérieur. Les règles applicables aux prêts non remboursés seraient renforcées de façon à ce que les candidats ne puissent se soustraire à leurs obligations. Les associations de circonscription seraient tenues responsables des prêts non remboursés par leurs candidats.
En conclusion, monsieur le Président, je me dois de vous dire que le Parti conservateur n'est pas le parti de la transparence, même si c'est le parti auquel vous appartenez. Vous siégez à ce fauteuil en tant que gardien de la démocratie et responsable du bon déroulement des débats. Je vous regarde dans les yeux, et je sais que vous ne pouvez pas corroborer mes propos et que votre rôle de vice-président vous empêche d'être ouvertement favorable à ces propos. Toutefois, étant donné que vous êtes un député responsable, je suis persuadé que vous seriez d'accord avec moi pour dire que le Parti conservateur n'est pas le parti de la transparence.
En quelques mois, ce parti a accumulé une feuille de route qui témoigne d'une absence de volonté politique de respecter les règles en place et de mettre fin à la culture politique du « tout m'est dû », comme l'appelait le juge Gomery. Obnubilés par le pouvoir, gazés par celui-ci, nous en venons à penser que les sommes d'argent qui nous sont confiées nous appartiennent personnellement. Nous en venons à penser que c'est notre argent. C'est comme si nous gérions notre propre entreprise.
Je regrette, mais cet argent nous est confié en tant que gestionnaires, dépositaires des impôts payés par les citoyens, et il appartient avant tout aux contribuables qui paient des impôts et qui sont tannés d'en payer.
Au Québec, on devait compléter nos déclarations de revenus fédérale et provinciale pour le 1er mai. Je suis persuadé que la plupart des gens qui nous écoutent sont tannés de payer des impôts, et ils trouvent qu'ils en paient beaucoup trop par rapport aux services qu'ils reçoivent.
Cela implique donc qu'on doit faire une gestion ouverte et transparente des biens publics, de l'argent payé par les contribuables. Dénonçant le scandale des commandites qui a eu cours au Parti libéral, le juge Gomery disait qu'il fallait supprimer la mentalité de la culture du « tout m'est dû » et cette croyance qui veut que parce que je suis au gouvernement, j'ai le droit de tout faire et je me fous du peuple. Ce n'est pas comme cela.
Un principe dit que quand on est dans une serre, dans une maison de verre, on ne lance pas de cailloux. Je ferai remarquer que l'actuel , qui dirige le Parti conservateur, a lui-même admis, en décembre 2006, avoir omis de divulguer au directeur des élections la réception de centaines de milliers de dollars parce qu'il considérait qu'il s'agissait de frais d'inscription exigés des délégués conservateurs qui assistaient au congrès de ce parti en mai 2005. Le parti a été obligé de calculer les frais d'inscription au congrès comme des dons. Le rapport nous indique que le parti a alors découvert que trois délégués, incluant même le premier ministre, avaient excédé leur limite annuelle de 5 400 $ en contributions au parti. Par conséquent, le Parti conservateur a été contraint de rembourser 456 $ au premier ministre et à deux autres délégués.
Il y a autre chose. Ce gouvernement dénonçait la culture de lobby qui entourait la gestion du Parti libéral. Certes, c'est en soi une bonne dénonciation. Force nous est de reconnaître que lorsque le Parti conservateur était dans l'opposition avec nous, il dénonçait cette culture visant à enrichir des lobbys et le fait que le Parti libéral était plus sensible aux lobbys qu'aux citoyens et citoyennes. Nous étions d'accord avec nos collègues du Parti conservateur, dans l'opposition.
Cependant, une fois au pouvoir, ils font la même chose. Je donnerai deux petits exemples. En ce qui concerne l'actuel , je ne sais pas ce qui s'est passé, mais à la suite des questions de l'opposition sur l'Afghanistan et sur les prisonniers talibans maltraités et torturés, il est devenu tout d'un coup totalement aphone. On sait qu'une bonne extinction de voix, cela dure quelques jours.
Il y a d'excellents médicaments pour contrer cela et l'extinction de voix finit par disparaître. Le est aphone depuis plus de trois semaines. C'est inquiétant. Qu'arrive-t-il au ministre de la Défense nationale? Pourquoi ne veut-il pas répondre à nos questions? S'il n'est plus capable d'assumer ses responsabilités, le devrait envisager sérieusement de le remplacer. Il est un ministre totalement inutile. Pour s'en convaincre, on peut remettre en question la judicieuse décision du premier ministre de nommer un ancien lobbyiste à la tête du ministère de la Défense nationale.
Rappelons que lorsqu'il était lobbyiste chez Hill and Knowlton, il a oeuvré pendant une décennie auprès des plus grands marchands d'armes, d'armement et d'équipementiers militaires. Ses clients étaient, entre autres, BAE systems, Raytheon Canada et General Dynamics. Il est maintenant responsable d'octroyer des contrats militaires d'une valeur d'environ 20 milliards de dollars. Rappelons-nous la tournée effectuée l'an dernier, lors de l'ajournement de la session parlementaire. Ils se sont rendus à Fredericton et ont annoncé l'achat d'avions. Ils sont allés à Valcartier et ont annoncé l'achat de jeeps. Ils sont allés en Ontario pour faire d'autres annonces. Ils sont allés en Alberta ou au Manitoba, je ne me rappelle plus, et ont fait encore d'autres annonces.
Ils ont fait leurs emplettes sans débat à la Chambre des communes. Comme par hasard, ils ont attendu que la Chambre ait terminé ses travaux pour la pause estivale pour faire une grande tournée qui avait trait à l'équipement militaire. Le lobbyiste en chef est aussi le et a octroyé plus de 20 milliards de dollars en contrats militaires.
Comment peut-on avoir l'assurance que le , muet et aphone, veille à aux intérêts des contribuables plutôt qu'à ceux de ses anciens clients? Je crois que poser la question, c'est y répondre. C'est une bonne question.
De plus, le actuel a fait de la lobbyiste Sandra Buckler sa directrice des communications. Dans toute la saga des services de relogement de Royal Lepage, un rapport dévastateur avait été fait par la vérificatrice générale. Il s'avère qu'en 2005, Mme Buckler, à titre de lobbyiste, rencontrait les membres du Comité permanent des comptes publics, qui avaient de sérieux doutes sur la gestion des deniers publics dans le cas de Royal Lepage. Pour la récompenser, le premier ministre l'a nommée directrice des communications. On pourrait se demander, dans le dossier des services de relogement de Royal Lepage, quels intérêts ont primé, ceux de Mme Buckler ou ceux des contribuables?
On pourrait aussi parler des contrats octroyés aux amis du régime. Le gouvernement conservateur a octroyé un contrat de communications à Marie-Josée Lapointe, qui a travaillé au sein de l'équipe de transition du actuel. On pourrait parler des nominations partisanes, de l'enrôlement idéologique des juges et des commissaires à l'immigration. On aurait beaucoup à dire.
Malheureusement, il ne me reste qu'environ une minute. Je devrai donc conclure, à moins que je n'obtienne le consentement unanime de la Chambre pour parler jusqu'à ce que soit venu le temps de voter. Cela me ferait plaisir, mais je pense que mon collègue du NPD doit s'exprimer devant la Chambre.
En conclusion, je dirai que le Bloc québécois est favorable à ce projet de loi. Je crois que le gouvernement devrait réfléchir sérieusement à certains trous béants que l'on trouve encore, malgré le projet de loi .
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Monsieur le Président, j'aimerais commencer mes observations sur le projet de loi en rendant hommage à l'ancien chef du Nouveau Parti démocratique, qui représentait dernièrement la circonscription d'Ottawa-Centre, parce que c'est lui qui a été le premier à dire que le régime de contributions politiques du pays comportait une échappatoire si évidente qu'il fallait bien qu'on l'exploite et qu'on en abuse un jour.
M. Broadbent a eu l'intelligence de s'apercevoir que, même si le montant maximal des contributions à un parti politique ou à une campagne électorale avait été réduit, la possibilité d'obtenir d'énormes prêts, sans jamais vraiment avoir à les rembourser, constituait une échappatoire dont une personne manquant de sens moral allait nécessairement finir par profiter un jour ou l'autre pour contourner les limites financières. Je tiens à souligner l'apport de M. Broadbent, qui nous a révélé ce problème dans son dossier sur l'éthique.
Je suis content de voir que le projet de loi soumis à la Chambre des communes aujourd'hui nous permettra d'éliminer cette dernière échappatoire, qui est l'une des plus graves de notre législation sur le financement électoral, car nous partons du principe qu'au pays, personne ne devrait pouvoir influer avec de l'argent sur le cours d'une campagne électorale ou encore acheter un politicien. Les sommes d'argent en cause sont si importantes que, comme l'a fait valoir le leader du gouvernement, le parti politique ou le politicien concerné serait très endetté envers le donateur. Cette dette ou cette obligation envers un donateur n'a rien de sain pour la démocratie. Il n'est pas dans l'intérêt général que les politiciens deviennent les marionnettes de généreuses sociétés auxquelles ils seraient redevables. Voilà le principe fondamental dont il est question. Voilà l'orientation qui nous semblait souhaitable.
Ces prêts étaient une échappatoire qu'il fallait tout simplement supprimer. L'exemple le plus frappant, je suppose, et celui qui a vraiment attiré l'attention du public, est survenu durant la course à la direction du Parti libéral. Même si les entreprises et les syndicats n'avaient pas le droit de verser un seul dollar, ils pouvaient prêter des dizaines ou des centaines de milliers de dollars, et les particuliers pouvaient prêter beaucoup plus que ce qu'ils pouvaient donner.
Puis, en vertu des règles très souples quant au remboursement de ces prêts, si le prêt n'était pas remboursé dans un délai de 18 mois, il était considéré comme un don, qui était toutefois illégal. Nous avons laissé cette contradiction dans notre régime des finances électorales. D'aucuns diront que c'est de façon délibérée que le gouvernement précédent a fixé des limites au financement électoral en laissant cette bien commode échappatoire, sachant fort bien que des membres du Parti libéral finiraient par tomber dessus et qu'ils en profiteraient.
L'autre exemple qui a attiré l'attention des gens et qui les a poussés à sonner l'alarme concerne le député de . Même si les entreprises et les syndicats ne peuvent faire de dons, son entreprise a consenti à l'association de circonscription de Mississauga--Streetsville un premier prêt de 176 000 $, si je ne m'abuse, puis un second de 60 000 $.
Comment cela a-t-il pu être possible? C'est une contradiction que nous avons laissée dans la loi, car si ce prêt n'est pas remboursé dans un délai de 18 mois, il sera considéré comme un don, ce qui signifie que nous aurons permis à une entreprise de faire un don, ce qui est formellement interdit, un don d'un quart de million de dollars, ce qui est clairement plus que la limite que nous avons fixée à la contribution des particuliers, soit 1 100 $ par année.
Cela devait être fait. Je reconnais certes que nous avons joué un rôle dans la présentation de cette contradiction. C'est le NPD qui proposé un amendement durant l'étude de la Loi fédérale sur la responsabilité, mais je tiens à souligner que nous ne sommes peut-être pas allés assez loin. Deux choses me préoccupent un peu dans le projet de loi.
Même si nous ne pouvons pas adopter des lois rétroactives pour corriger le gâchis des prêts consentis durant la course à la direction du Parti libéral ou du prêt du député de , nous pouvons adopter une loi qui est de nature rétrospective. Nous pouvons examiner des façons de traiter ces prêts qui ont attiré l'attention du public sur la nécessité de veiller à ce qu'au moins, le régime actuel soit respecté.
La seconde chose que nous reprochons à ce projet de loi, c'est que nous n'arrivons vraiment pas à comprendre pourquoi il n'entrera en vigueur que six mois après avoir reçu la sanction royale. Mon collègue, le , a suggéré que nous pourrions peut-être nous adresser au directeur général des élections en vue d'obtenir son appui pour l'idée d'une date d'entrée en vigueur plus rapprochée. J'exhorte le gouvernement à agir ainsi parce que tel que le projet de loi est actuellement libellé, d'autres élections fédérales pourraient bien être tenues selon les règles actuelles, qui autorisent ces prêts politiques.
Maintenant que tout le monde sait qu'il n'existe aucune loi interdisant de prêter 100 000 $ à quelqu'un, même s'il est interdit de faire un don de plus de 1 100 $, beaucoup plus de gens vont le faire. Il serait inacceptable sur le plan moral et éthique de permettre que d'autres élections fédérales se déroulent en fonction des règles actuelles. Par conséquent, lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité, j'exhorte tous les députés à envisager un amendement — que nous serions heureux de proposer — qui fixerait la date d'entrée en vigueur du projet de loi à celle où il recevra la sanction royale.
Cela ressemble beaucoup à l'esprit dans lequel nous avons étudié la Loi fédérale sur la responsabilité. Nous ne voyions aucune raison de reporter l'entrée en vigueur des règles de financement des élections associées à la Loi fédérale sur la responsabilité, même si le Parti libéral nous exhortait à la retarder toujours plus parce que les libéraux voulaient d'abord que la campagne à la direction de leur parti ait eu lieu. Voilà certainement une des choses que nous aimerions voir.
Le député du Parti libéral a tenté de présenter des arguments contre ce projet de loi. Même si je ne prends pas cette remarque au sérieux, je lui accorde du crédit pour avoir eu au moins le courage d'essayer de faire preuve de créativité pour trouver une raison pour laquelle ce projet de loi est une mauvaise idée.
Je dois contrer un de ses arguments, qui était entièrement fallacieux. Il a dit que, si ces prêts étaient interdits ou sévèrement limités, les gens qui n'ont pas accès à de riches amis ne pourraient pas entrer en politique. C'est comme prétendre que la nuit est le jour, car c'est exactement le contraire de ce que toute lecture rapide du projet de loi nous apprend. En fait, l'idée est de retirer l'argent de la politique et l'avantage concurrentiel injuste dont bénéficient actuellement les gens qui ont de bons contacts. L'idée est de rendre les règles du jeu équitables.
C'était là l'objet du projet de loi que les libéraux ont présenté la première fois qu'ils ont plafonné les dons. L'idée était de retirer l'argent de la politique afin que personne ne puisse acheter de l'influence. C'était certes l'argument que nous avions fait valoir au sujet du projet de loi , lorsque nous avons encore réduit le plafond à 1 100 $.
Il est courageux de prétendre que c'est en fait le contraire qui se produit. Il faut beaucoup de courage pour tenter de faire valoir cet argument, mais nous ne pouvons pas le laisser passer sans le contester. Le projet de loi est une mesure habilitante qui rend les règles du jeu équitables, de sorte que, si nous devons emprunter de l'argent pour lancer notre campagne, nous devons nous rendre à une institution de prêt reconnue. Personne ne pourrait garantir ou cosigner un prêt plus élevé que le montant qu'elle pourrait donner cette année-là. Cela est éminemment raisonnable, car, s'il y a défaut de remboursement du prêt et qu'il est considéré comme un don plus tard, le montant du don ne serait pas supérieur au montant que la personne serait autorisée à donner. Cela me semble logique.
Il y a une autre innovation qui offre également une protection. Nous ne voulons pas que le précédent qui a été créé par Paul Hellyer et le Parti action canadienne donne le ton. Ce dernier avait tout simplement annulé la dette de 800 000 $ du Parti action canadienne. Nous ne voulons pas voir John Rae annuler la dette de Bob Rae. Nous ne voulons par voir M. Mamdouh Stephanos annuler la dette de 200 000 $ du . Cela serait fondamentalement inadmissible, puisque ces gens auraient consenti un prêt de 200 000 $, lequel serait par la suite devenu un don avant d'être oublié. Quelle belle influence sur la campagne électorale. Que dire de la somme de 100 000 $ que Marc Bruyere a prêtée au chef de l'opposition?
Nous avons toutes les raisons de croire que le remboursera probablement ces dettes parce qu'il aura la possibilité de recueillir des fonds, en respectant la limite de 1 000 $ par donateur, et parce qu'il est comme un poisson dans un bocal et que tout le monde surveille ce qu'il fera de ses dettes électorales.
Que dire toutefois des perdants dans cette course? J'ai parlé par exemple de John Rae, un haut dirigeant de Power Corporation, qui est en mesure d'annuler tout simplement une dette de 840 000 $ qui correspond à un prêt consenti à son frère Bob pour l'aider à mener sa campagne. Cela serait tout à fait inadmissible. Ce serait bafouer les lois sur le financement des élections actuellement en vigueur.
Aux termes de ce projet de loi, si le prêt n'est pas remboursé au cours d'une période de temps acceptable, ou de la période qui a été entendue entre le prêteur, une banque et l'emprunteur, ou avant 18 mois, selon la plus courte des deux périodes, c'est à l'association de circonscription et au parti politique qu'il reviendrait d'assumer la dette. C'est logique. En fait, au niveau du droit sur l'actif, une telle mesure serait profitable à l'emprunteur, puisque ce dernier profiterait d'une garantie qui lui serait fournie par son parti politique. L'institution financière aurait également une certaine protection. L'emprunteur ne serait pas obligé de trouver un bailleur de fonds pour cosigner et il ne serait même pas autorisé à le faire.
Si quelqu'un, comme cela m'est arrivé, a besoin d'emprunter 20 000 $ pour lancer sa campagne, il devrait trouver 20 cautions garantissant 1 000 $ chacune. Personne ne pourrait endosser le prêt. C'est ainsi que cela devrait fonctionner. Si la personne ne peut pas trouver 20 personnes pour commanditer son entrée en politique, peut-être que cette personne devrait reconsidérer sa décision, car, de toutes façons, cette personne n'ira pas très loin.
Je pense que c'est extrêmement juste. Les trois conditions que le NPD a énoncées durant le débat sur la Loi fédérale sur la responsabilité sont couvertes. Je m'inscris en faux contre l'argument des libéraux voulant qu'il y ait des conséquences perverses qui limitent l'entrée en politique.
Mon collègue de a brillamment fait valoir que l'organisme À voix égales pourrait être déçu par cette initiative, car celle-ci risquerait d'empêcher un nombre accru de femmes de se lancer en politique. Je dirais que c'est absolument l'inverse. En effet, le projet de loi uniformisera les règles du jeu de sorte que les gens bien branchés qui se font parrainer par des entreprises, comme ce fut le cas durant la course à la direction du Parti libéral, n'auront pas d'avantage concurrentiel par rapport à une femme qui n'a pas ce genre de relations. Le projet de loi offrira des chances égales à tous. Nous n'avons aucune idée de la manière dont réagira l'organisme À voix égales face à ce projet de loi, mais d'après ce que je sais des gens qui en font partie, je pense qu'il sera favorable à l'idée.
Je souhaiterais qu'on ne réforme pas le régime de financement électoral d'une manière si fragmentée. Le NPD demande un certain nombre d'autres choses. Je vais aborder l'une d'elles brièvement. Maintenant que le projet de loi a été adopté sans tambour ni trompette à l'autre endroit, qu'il a force de loi et que nous aurons des élections à date fixe, je crois que nous devrions imposer des plafonds de dépenses à l'année. Maintenant que nous savons que les élections auront lieu tous les quatre ans à date fixe au mois d'octobre, nous devrions adopter une règle concernant le montant que les partis peuvent dépenser en publicité non seulement durant la période électorale, mais en tout temps. C'est une conséquence naturelle nécessaire des élections à date fixe. Je m'attends à ce que le gouvernement agisse à cet égard.
J'aurais aussi aimé qu'on fasse quelque chose au sujet de l'âge des donateurs. Je vois d'un oeil très critique le fait que nous puissions blanchir de l'argent à l'aide des comptes bancaires de nos enfants de manière à dépasser les limites de dons prévues par la loi. Cette pratique semble acceptable, car c'est arrivé durant la course à la direction du Parti libéral. Nous avons déposé des plaintes auprès du commissaire aux élections, mais rien n'est ressorti de tout cela.
Je suppose que si un jeune de 11 ans veut faire un don de 5 000 $ à un candidat politique, on ne voit rien d'inquiétant à cela. Si des jumeaux décident de faire chacun un don de 5 400 $ au même candidat, on ne voit rien d'inquiétant à cela. Aux quatre coins du pays, les Canadiens ont été sidérés d'apprendre ça. J'espère que nous aurons le courage d'aller de l'avant et de dire que la chose est inacceptable.
Il est inacceptable de blanchir de l'argent par le biais du compte bancaire d'une autre personne, que ce soit notre frère ou notre belle-mère, afin de frauder le système et de dépasser les limites légales pour les dons. Il est interdit de faire le don maximal, puis de refiler un chèque sous la table à un copain en lui disant « transmets ça aussi au Parti libéral pour moi ». La conspiration en vue de frauder le système est illégale. On est muet à cet égard, et même lorsque des plaintes sont déposées, le commissaire d'Élections Canada semble rester muet.
Le NPD a tenté de faire adopter un amendement au projet de loi . Selon cet amendement, les citoyens mineurs auraient pu faire des dons, mais ces dons auraient été soustraits du montant que peut donner la personne qui a la garde légale de l'enfant. Autrement dit, si un adolescent de 14 ans s'intéresse de près à la politique et veut donner 100 $ qu'il a gagnés au casse-croûte, soit, mais ses parents ou la personne qui en a la garde légale auraient dû réduire leur don admissible de 100 $ cette année-là. Tant que l'enfant n'a pas l'âge légal, seule la personne qui en a la garde légale peut obtenir un avantage fiscal. L'adoption de cette mesure courageuse aurait assaini une des situations les plus embarrassantes que le système actuel permet.
Permettez-moi d'aborder brièvement la question qui nous inquiète tous, et qui a trait au député de . Il n'est plus libéral, mais il en était un au moment des emprunts. Aujourd'hui, il est conservateur.
Je ne sais trop comment nous devrions aborder cette question, mais il convient de rappeler à tous, et mon discours servira peut-être à cela, qu'une personne ne peut être renflouée tout simplement par un bon samaritain ou un proche. Si quelqu'un emprunte 50 000 $, comme l'ont fait bon nombre de participants à la course à la direction du Parti libéral, et que l'argent n'est pas remboursé rapidement, le candidat ne peut le rembourser puisqu'il dépasserait alors la limite. Le candidat ne peut se faire renflouer par un quelconque ange gardien qui sort de nulle part. L'argent doit être remboursé sans dépassement de la limite applicable aux dons.
L'argent a été réuni dans le respect de la limite applicable aux dons selon la loi, qui est de 1 100 $ par année. Je ne vois pas trop comment certains candidats pourraient faire. Ils ont le fardeau de la preuve pour ce qui est de rembourser en respectant la loi. Certains de ces candidats défaits à la direction sont à amasser de l'argent pour les prochaines élections fédérales et ils continuent de demander de l'argent aux gens pour rembourser leur dette.
Comme je l'ai dit, il n'est pas si difficile pour le vainqueur de rembourser sa dette. Il l'est beaucoup plus cependant pour les perdants. Ils doivent respecter la limite de 1 000 $. Nous les surveillons. Ces personnes sont dans une maison de verre et nous allons déposer des plaintes. Et qu'advient-il si elles ne remboursent pas et si le montant est réputé être un don? Eh bien voici.
Selon les lois électorales actuelles, qui devraient également être corrigées, ces personnes peuvent contracter un autre prêt pour rembourser le premier et ainsi reporter le problème d'un autre 18 mois. On finit alors par perdre de vue la dette et nous devenons les complices d'une personne qui conspire pour frauder le système électoral. Je parle des personnes qui figurent sur la liste que j'ai en main.
Il se peut que certains des participants à la course à la direction du Parti libéral se trouvent dans une telle situation. Ce serait répréhensible, mais il se peut qu'ils tendent à agir de la sorte et notre Loi électorale n'est pas assez sévère pour empêcher cela. J'ai été déçu, et même scandalisé d'apprendre qu'on leur permettrait de contracter un deuxième prêt pour rembourser le premier et de gagner ainsi 18 mois de sursis. Qui donc sera là pour constater le remboursement du deuxième prêt dans trois ou cinq ans? On ne peut pas dire que la situation soit satisfaisante.
Si on veut vraiment que les règles du jeu soient les mêmes pour tous, si on veut mettre fin à l'influence des gros capitaux en politique et si on veut s'assurer que personne ne puisse acheter des élections au Canada, il faut sortir l'artillerie lourde. Il faut élaborer un régime de financement électoral dont nous pourrons nous enorgueillir. Le Canada pourrait devenir un centre international d'excellence. Personnellement, j'en serais fier.
Comme je l'ai dit au début de mon intervention, je suis fier du fait que c'est l'ancien chef de notre parti, Ed Broadbent, qui a mis le problème au jour et qui a dit, en quelque sorte, qu'il ne devrait pas y avoir d'autres élections fédérales tant qu'on n'aura pas mis de l'ordre dans le régime de financement électoral au Canada. Le Nouveau Parti démocratique a tenté de régler le problème durant le débat sur la Loi fédérale sur la responsabilité. Il a fallu un peu plus de temps que nous l'aurions cru pour que le parti au pouvoir nous entende, mais, maintenant, il semble au moins avoir admis la nécessité d'une telle réforme.
Nous critiquons le fait qu'il y aura une attente de six mois une fois que le projet de loi aura reçu la sanction royale. Nous prévoyons que le Parti libéral posera toutes sortes d'objections à cette mesure. Je n'essaie pas de dire ce qui saute aux yeux, mais ceux qui ne peuvent pas recueillir ou emprunter de l'argent, ne seront absolument pas pressés de faire adopter ce projet de loi.
Nous espérons que les libéraux ne retarderont pas inutilement l'adoption de cette mesure législative; je pense que le gouvernement devrait rapidement éliminer cette disposition restrictive concernant le délai de six mois, faire adopter le projet de loi par la Chambre et le mettre en oeuvre aussi tôt que possible, pour que lors des prochaines élections fédérales, tous aient des chances égales et que ceux qui bénéficient du parrainage de certaines entreprises ou de l'aide d'un ange gardien ne jouissent pas d'un avantage concurrentiel injuste.