propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi C-29 qui vise à introduire des modifications législatives à la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada.
Ce gouvernement est fermement engagé à appuyer la dualité linguistique de notre pays.
Ce projet de loi constitue une partie importante des efforts de notre gouvernement en vue de promouvoir et de protéger les droits linguistiques de tous les Canadiens. Le respect du fait français est l'essence même du fédéralisme d'ouverture.
Les modifications proposées à cette loi sont en accord avec la réponse déposée par le gouvernement au rapport du Comité permanent des langues officielles intitulé « Assujettissement de Gestion ACE Aviation Inc. à la Loi sur les langues officielles, suite à la restructuration d'Air Canada ».
Le 10 avril 1937, bien avant que nous ne soyons au monde, le Parlement créait une compagnie aérienne nationale pour assurer des services essentiels de transport aérien des passagers, du fret et du courrier d'un bout à l'autre du pays. Cette compagnie devait un jour être connue sous le nom d'Air Canada.
À titre de société d'État, la compagnie aérienne s'est trouvée assujettie à la Loi sur les langues officielles lorsque celle-ci est entrée en vigueur en 1969.
Au moment de la privatisation d'Air Canada en 1988, diverses obligations d'intérêt public, notamment l'obligation de se conformer à la Loi sur les langues officielles, ont été imposées à la compagnie aérienne en sa qualité d'ancienne société d'État fédérale.
Le gouvernement estimait alors que les divers droits accordés par la loi, notamment la langue de travail et l'obligation de servir le public dans les deux langues officielles, devaient être préservés pour les employés d'Air Canada et tous les Canadiens.
C'est aussi l'une des raisons déterminantes pour lesquelles le gouvernement a décidé aujourd'hui de veiller à ce que la compagnie aérienne conserve ses obligations linguistiques.
Le gouvernement du Canada a à coeur de préserver la valeur et l'esprit de la dualité linguistique du Canada si chère aux Canadiens.
[Traduction]
Pas plus tard qu'en 2000, les obligations en matière linguistique ont encore été accrues quand Air Canada a fait l'acquisition des Lignes aériennes Canadien International. Parallèlement à d'autres modifications, la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada a été modifiée pour exiger qu'Air Canada fasse en sorte que ses filiales aériennes, en l'occurrence les transporteurs qui forment aujourd'hui Air Canada Jazz, offrent un service bilingue à leurs clients, conformément à la Loi sur les langues officielles.
Comme nous le savons, le 1er avril 2003, Air Canada s'est mise sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Au cours des 18 mois qui ont suivi, la compagnie a subi une restructuration considérable. En 2004, Air Canada n'a plus eu besoin de la protection de cette loi, mais la nouvelle entreprise qui a émergé de la restructuration ne ressemblait pas à l'ancienne. Par conséquent, certaines dispositions de la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada concernant les langues officielles ont cessé de s'appliquer.
Par exemple, la restructuration à donné lieu à la création d'entreprises distinctes à partir de certaines divisions internes d'Air Canada, et la protection de la langue de travail et les obligations liées au service au public ne s'appliquent plus aux nouvelles entités, notamment Air Canada Cargo, Services techniques Air Canada et Services au sol Air Canada.
Cependant, les obligations prévues dans la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada, notamment en ce qui a trait au respect des dispositions de la Loi sur les langues officielles, continuent de s'appliquer à Air Canada, le principal transporteur aérien.
[Français]
L'exploitation principale d'Air Canada demeure tenue de conserver son siège social à Montréal, de même que ses centres de maintenance à Montréal, Winnipeg et Mississauga. Toutefois, en raison de la restructuration, l'exploitation principale d'Air Canada a été réduite en taille et en effectif.
À l'heure actuelle, la loi ne s'applique plus aux sociétés en commandite qui relèvent maintenant de la société de portefeuille créée en 2004, c'est-à-dire Gestion ACE Aviation Inc., et celle-ci n'est pas assujettie à des obligations linguistiques. En plus, il n'existe plus d'obligation pour Gestion ACE, qui fait maintenant office de société mère pour tout le groupe de compagnies d'Air Canada, de conserver un siège social à Montréal.
L'exploitation principale d'Air Canada n'est plus tenue d'assurer qu'Air Canada Jazz, qui agit à titre de transporteur régional pour Air Canada, n'est pas tenu non plus d'assurer un service au public dans les deux langues officielles, car elle n'est plus une filiale aérienne du transporteur Air Canada, mais plutôt une compagnie de son groupe.
En mai 2005, l'ancien gouvernement a déposé le projet de loi qui proposait un certain nombre de modifications à la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada. Ce projet de loi aurait eu pour effet de rétablir la plupart des obligations linguistiques qui s'appliquaient à la famille des compagnies d'Air Canada au niveau d'avant la restructuration.
[Traduction]
Comme les députés s'en rappelleront peut-être, tous les partis à la Chambre ont massivement appuyé les modification proposées dans le projet de loi , mais cette mesure législative est morte au Feuilleton, laissant un vide législatif dans l'application de la Loi sur les langues officielles à la société Air Canada après sa restructuration.
[Français]
Le 15 juin 2006, le Comité permanent des langues officielles a déposé un rapport concernant l'assujettissement de Gestion ACE Aviation Inc. à la Loi sur les langues officielles. Dans son rapport, le comité réclame que le gouvernement dépose un nouveau projet de loi dont l'envergure et l'effet seraient semblables à ceux du projet de loi , afin de rétablir les obligations linguistiques des compagnies du groupe d'Air Canada.
Le 16 octobre, notre gouvernement a déposé une réponse au Comité permanent des langues officielles. Permettez-moi d'ailleurs de citer un passage de cette réponse:
Le gouvernement estime que les droits linguistiques qui ont été acquis par Air Canada devraient être sauvegardés.
En tant que symbole du Canada dans le monde entier, le transporteur devrait encore être tenu de respecter les obligations linguistiques qu'il a convenu de respecter lorsqu'il a été privatisé vers la fins des années 1980 et qui ont été modifiées par la suite.
Aujourd'hui, le gouvernement demande l'appui pour le projet de loi , un projet de loi qui répond aux recommandations du Comité permanent des langues officielles.
Le projet de loi proposé prévoit qu'Air Canada Jazz et toute future société affiliée aérienne du groupe de Gestion ACE Aviation Inc. seront assujetties à la partie IV, c'est-à-dire aux obligations de la Loi sur les langues officielles concernant la prestation des services au public.
En outre, Gestion ACE Aviation Inc. serait tenue d'assurer des communications avec le public dans les deux langues officielles et de conserver son siège social à Montréal. Cette disposition ferait en sorte que des obligations cohérentes avec celles auxquelles était assujettie la compagnie Air Canada, en tant qu'organisme dirigeant du groupe de compagnies avant la restructuration, soient étendues à la nouvelle société mère de toutes les compagnies de son groupe dans cette structure.
[Traduction]
En vertu de la nouvelle loi, les anciennes divisions d'Air Canada qui sont devenues des sociétés en commandite, soit les services techniques, le service cargo et les services au sol, qui sont des entreprises fédérales, seront soumises à la Loi sur les langues officielles dans son intégralité.
[Français]
Je suis d'avis que ce projet de loi proclame hautement et clairement l'engagement de notre gouvernement envers les langues officielles de ce pays. Il prend acte des recommandations du Comité permanent des langues officielles et du commissaire aux langues officielles, et assure le rétablissement des droits linguistiques des Canadiens qui travaillent pour Air Canada ou qui voyagent à bord de ses appareils selon les normes qui existaient avant la restructuration.
:
Monsieur le Président, c'est au nom du Parti libéral et en ma qualité de porte-parole en matière de francophonie et de langues officielles que je me lève aujourd'hui pour prendre part au débat de deuxième lecture sur projet de loi .
Cette loi aurait dû être adoptée il y a longtemps. Il est ironique que l'intention même de ce projet de loi soit de s'assurer que les Canadiens et autres qui voyagent sur les ailes d'Air Canada soient servis dans la langue officielle de leur choix, alors que dans les dernières semaines, le pays a été témoin d'un mouvement de débâcle, de désinformation et de tentatives délibérées de la part par du gouvernement conservateur de saboter le travail des parlementaires du Comité permanent des langues officielles, qui s'apprêtaient justement à entendre les préoccupations des groupes de langue à propos de ces mêmes services garantis en vertu de la Charte des droits et libertés. C'est l'une des forces de la démocratie canadienne, que les gouvernements libéraux cultivent depuis la Confédération.
Notre ligne aérienne nationale doit être le symbole de la dualité de nos langues. Elle doit être le symbole de la société pluraliste dans laquelle nous vivons, de même qu'une partie intégrante de nos bonnes pratiques d'affaires.
Monsieur le Président, avant d'aller plus loin, permettez-moi de préciser que les libéraux appuient le principe établi dans le projet de loi . Il reste beaucoup à faire avant que ce projet devienne loi. Nous, de ce côté de la Chambre, tenons donc à aviser le gouvernement conservateur-allianciste-réformiste que nous ferons tout pour que le projet de loi soit amendé de façon à inclure les recommandations de Mme Dyane Adam, dans son dernier rapport de commissaire aux langues officielles, où elle recommandait d'assujettir à la Loi sur les langues officielles toutes les nouvelles entités sociales appartenant à la société Gestion ACE Aviation Inc. et toute autre société achetée dans l'avenir par Air Canada.
Puis-je rappeler à cette Chambre qu'Air Canada a fait l'objet du plus grand nombre de plaintes parmi les dix institutions les plus fréquemment réprimandées par le commissariat entre le 1er avril 2006 et le 31 mars 2007, et parmi celles abordées dans le premier rapport au Parlement du commissaire Fraser?
Des 162 plaintes déposées au commissariat, 126 ont été jugées fondées. Le commissaire cite particulièrement en exemple l'affaire Thibodeau, où la Cour fédérale a accepté les arguments du commissariat selon lesquelles « les filiales d'Air Canada avaient une obligation de résultat et non de moyens à l'égard du public voyageur et du plaignant ».
Autrement dit, le fait qu'Air Canada soit une société privée à 100 p. 100, appartenant à la société Gestion ACE Aviation Inc. depuis 1988 ne l'absout pas, ni elle ni ses filiales, de ses obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles. Air Canada a toujours été assujettie à la Loi sur les langues officielles et doit servir ses clients dans les deux langues officielles. Cela s'inscrit également très bien dans les projets de la société d'étendre ses activités dans le monde. Tout comme des organismes tels qu'Affaires étrangères et Commerce international Canada, l'Agence des services frontaliers du Canada, Passeport Canada et Citoyenneté et Immigration Canada, par exemple, mettent la table en fonction du rapport du commissaire sur la dualité linguistique du Canada à l'étranger, Air Canada se doit de le faire comme un de nos symboles canadiens.
L'image du Canada à l'étranger et son prestige comme pays résident dans notre dualité linguistique. Le provient d'une province où 31 p. 100 de la population parle français.
Même si, de son propre aveu, le raconte que ses parents l'ont probablement envoyé suivre un cours d'immersion de base plus pour avoir la paix que pour lui permettre d'apprendre et de façonner une nouvelle théologie fédérale — j'ai cité le —, c'est ce même cours d'immersion qui lui permet aujourd'hui de choisir de s'adresser à la population, ici et sur la scène nationale, d'abord en français puis en anglais, même si, après 40 ans, le conservateur croit que « la religion du bilinguisme est celle d'un dieu qui a échoué, the god that failed » — j'ignorais que le bilinguisme était une religion —, et même si les conservateurs-alliancistes-réformistes, dans l'incarnation de leur chef, ne croient pas, semble-t-il, qu'il y ait une bonne raison économique, sociale ou culturelle de maîtriser et de protéger la langue française.
Ironie pour notre premier ministre, qui prend la parole devant des fonctionnaires canadiens, lors des cérémonies entourant le monument à Vimy, en France, lors du dîner des parlementaires canadiens du Conseil canadien pour la défense et la promotion des droits des Juifs et d'Israël, à Ottawa, devant les chefs de l'APEC ou encore au dernier sommet de l'OTAN, la langue française n'aurait aucune valeur pour ce parti.
Car ce n'est qu'à cause de la vision de ses parents qui croyaient en un Canada bilingue que ce bilinguisme peut bien servir notre premier ministre aujourd'hui. Le bilinguisme a valeur de symbole à l'échelle économique, sociale et culturelle.
[Traduction]
Par conséquent, je demande, dès le début du débat et en dépit de l'information que vient de nous donner le , que le projet de loi soit renvoyé au Comité permanent des langues officielles où des amendements pourront y être apportés.
[Français]
Nous sommes au courant que le travail de ce comité a été complètement arrêté à cause refus du gouvernement conservateur de nommer un nouveau président après que l'ancien ait été obligé de démissionner. De cette façon, le gouvernement continue de bloquer un aspect important du débat parlementaire.
[Traduction]
Toutefois, si ces amendements et d'autres ne sont pas intégrés au projet de loi, qu'il soit bien entendu que, à titre de porte-parole de mon parti, je recommanderai à mes collègues de l'opposition officielle de voter contre ce projet de loi lorsqu'il reviendra à la Chambre pour l'étape du rapport et la troisième lecture.
J'aimerais ajouter un argument au fait que ce projet de loi devrait être renvoyé au Comité permanent des langues officielles, étant donné que nous sommes en train de discuter des langues officielles et de leur rôle dans une entreprise emblématique du Canada.
[Français]
Le mythe des deux solitudes n'existe plus au Canada. Bien peu de personnes sans doute se rendent compte que, bien avant l'entrée en vigueur du bilinguisme officiel il y a 40 ans, le français jouissait, dès 1877, d'un statut officiel dans les Territoires du Nord-Ouest. En fait, le premier discours du Trône, prononcé à l'époque par le lieutenant-gouverneur Joseph Royal, a été prononcé en français et en anglais.
Malgré une lutte acharnée au fil des ans pour l'abolition de la dualité linguistique du Canada, nous avons vu notre identité renforcée non seulement au Québec, mais aussi en Ontario, au Manitoba, au Nouveau-Brunswick, en Colombie-Britannique et dans toutes les petites localités de ces provinces. Oui, cela comporte des coûts pour les contribuables canadiens. Pour nous, de l'ancien gouvernement libéral, ces coûts en valaient largement la peine. En 2003, nous y avons consacré 751 millions de dollars dans le cadre du Plan d'action pour les langues officielles. Au moment où les conservateurs sont arrivés au pouvoir, nous avions dépensé 123 millions de dollars. Pour l'instant, rien ne nous permet de croire que ce gouvernement ait l'intention de renouveler cet engagement au-delà de 2008. Le commissaire aux langues officielles a demandé au gouvernement de prendre un engagement et d'adopter un plan stratégique non seulement pour préserver les principes de notre dualité linguistique, mais surtout pour les dépasser. Où sont les plans du gouvernement conservateur?
Pierre Elliot Trudeau s'est consacré à défendre le droit d'apprendre et le droit d'utiliser les deux langues officielles, non seulement chez soi, mais aussi au travail, dans les services au public, dans les communications avec celui-ci, et dans les méthodes d'embauche des entreprises canadiennes, tant privées que publiques.
Selon un article paru dans le Globe and Mail le 22 mai 2006, lequel citait des parents dont les enfants reçoivent un enseignement en français à Régina, les personnes qui parlent les deux langues officielles du Canada ont des possibilités qui ne sont pas accessibles à la majorité des Canadiens unilingues. Si l'occasion est là, pourquoi ne pas donner à nos enfants tout ce qui est en notre pouvoir de faire?
À Vancouver, des parents ont fait des pieds et des mains pour inscrire leurs enfants à un programme de cours d'immersion en français parce que, dans le monde dans lequel vivent nos enfants aujourd'hui, ce village planétaire en plein expansion, la société l'exige. Les parents du premier ministre l'ont reconnu en lui donnant cette occasion, parce qu'elle existait.
En février 2002, le Comité mixte permanent des langues officielles a présenté un rapport au Parlement intitulé « Les bonnes intentions ne suffisent pas », joignant à ce rapport un rapport dissident des alliancistes siégeant au comité. Certaines de ces personnes sont maintenant membres, je crois, du parti ministériel au pouvoir. Ils avaient alors déclaré que la préservation du statut d'entreprise bilingue d'Air Canada ralentirait sa compétitivité.
Les témoins ne sont pas du tout de cet avis. Trois représentants syndicaux des employés d'Air Canada, dont M. Serge Beaulieu, président du Conseil régional de Montréal de l'Association des pilotes d'Air Canada et M. Edmond Udvarhelyi, représentant syndical de la section 4001 du SCFP, ont déclaré lors de leur comparution devant le comité en octobre 2001 qu'Air Canada comptait moins de 300 pilotes francophones, ce qui représentait un peu moins de 8 p. 100 de ses effectifs totaux de 3 500 pilotes. Avant la fusion avec les Lignes aériennes Canadien International, ce chiffre était de 16 p. 100. La politique de recrutement de l'entreprise passe constamment outre à ses obligations. De plus, Air Canada n'a jamais fait le moindre effort pour annoncer ses offres d'emploi dans les journaux de langue minoritaire, prétextant qu'il n'y avait pas de pilotes francophones qualifiés. Or le Centre québécois de formation aéronautique du cégep de Chicoutimi au Québec forme en moyenne 25 pilotes potentiels chaque année dans le cadre de son programme de formation de trois ans. Selon les témoins, ce programme est équivalent à ceux qui sont offerts en Ontario et en Alberta. Cela signifie que même si le bassin de pilotes à recruter était en expansion, Air Canada a continué de faire fi de la presse minoritaire.
Selon le rapport publié à l'époque par le comité permanent, le commissaire Fortier a logé 11 plaintes en 1990 auprès de la Cour fédérale, relativement au refus d'Air Canada d'annoncer dans les journaux francophones des régions de Winnipeg et de Moncton. Par la suite, l'entreprise a conclu un protocole d'entente selon lequel elle annoncerait dans les journaux francophones.
Puis, lorsque Air Canada a acquis d'autres transporteurs, ses responsabilités en matière de publicité ont été automatiquement transférées aux filiales qui, elles, n'étaient pas assujetties à l'article 30 de la loi, c'est-à-dire la communication avec les membres du public dans les deux langues officielles.
La page 70 du rapport du commissaire Fraser nous apprend que des enquêtes sur plus d'une centaine de plaintes ont révélé que de nombreuses administrations aéroportuaires ne se considèrent pas obligées de communiquer avec le grand public dans les deux langues officielles. Quelles mesures le gouvernement conservateur compte-t-il appliquer pour qu'on accorde aux services publics le même statut dans les deux langues officielles? Récemment, le commissaire a déploré: « l'absence de règles ou de politique claire. »
Si Air Canada désire véritablement être plus concurrentielle sur les marchés internationaux, ses nouvelles filiales, qu'elle en soit propriétaire à 50 p. 100 ou moins, doivent être assujetties, et je répète, doivent être assujetties aux obligations linguistiques selon la loi du Canada.
Il y a sûrement eu du bon au cours des 40 dernières années, malgré la réticence des députés du gouvernement à l'avouer. Par exemple, un sondage effectué par le Centre de recherches Décima en septembre 2006, dont le rapport du commissaire fait mention, nous apprend que 7 Canadiens sur 10 se disent personnellement en faveur du bilinguisme au Canada; que chez les jeunes de 18 à 34 ans, l'appui au bilinguisme canadien s'élève à 80 p. 100; que selon 9 Canadiens sur 10, le bilinguisme est un facteur de réussite dans le monde.
Le bilinguisme n'est pas un simple fil de notre trame sociale; il nous définit absolument en tant que pays. Les enfants d'immigrants, qu'ils viennent de foyers où l'on parle une tierce langue, et même les autres, ont embrassé notre dualité linguistique non seulement pour les formidables perspectives économiques qu'elle leur offre, mais aussi pour la sensibilité culturelle qu'ils développent en apprenant et en vivant les réalités qu'impliquent l'immersion dans un nouveau milieu.
Quand une langue s'incarne dans la réalité, elle contribue à harmoniser la société. Voilà les mesures positives que doivent appliquer les entreprises qui représentent notre intérêt ici et à l'étranger.
Je suis très consciente qu'il y a des compétences provinciales à respecter. Nous devons toutefois prévoir, dans nos ententes avec les provinces, des mesures qui rendraient obligatoire l'enseignement du français et de l'anglais à l'école primaire. Tout comme la lecture, l'écriture et les mathématiques, le français doit devenir une matière obligatoire. C'est peut-être le seul moyen pour que le bilinguisme devienne une composante naturelle de la structure de notre société. En Europe, ces matières sont obligatoires dès le niveau primaire.
Monsieur le Président, je ne suis pas certaine du temps qu'il me reste, mais j'aimerais parler de nos différends commerciaux relativement à l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce. Au cours de la dernière série de pourparlers et des consultations précédentes entreprises par d'autres gouvernements fédéraux avec le public, il est ressorti qu'il y a beaucoup de pays dans le monde dont la langue première n'est pas le français ou l'anglais. Pensons à certains pays asiatiques, latino-américains ou africains. Pour la plupart de ces pays, le français ou l'anglais constitue une deuxième langue parlée à la maison, à l'école ou dans le milieu de travail. Cela devrait donc encourager des entreprises comme Air Canada à offrir des services dans ces deux langues et ainsi plaire à un marché en expansion.
Une étude de J. Carr dit que l'argent et la langue partagent les mêmes caractéristiques: il suggère que l'argent permet plus que des négociations, de même une langue commune permet des transactions et des coûts moins élevés. À la fin, tous y gagnent grâce à une meilleure compréhension.
Je conclus donc en déclarant que le gouvernement conservateur est dans l'erreur lorsqu'il dit que notre dualité linguistique n'a aucune valeur économique. C'est le contraire qui est vrai. Notre habilité à communiquer dans les deux langues officielles contribue à une meilleure compréhension de l'autre, nous ouvre sur le monde et nous permet de faire plus facilement des affaires dans tous les pays.
:
Monsieur le Président, au risque de me répéter, je veux souligner que je vais prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada. Nous savons que le gouvernement veut que le projet de loi adapte la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada afin de tenir compte de la restructuration de cette compagnie à la suite de sa sortie de la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.
Je veux souligner à la Chambre des communes que le Bloc québécois est favorable au principe de ce projet de loi. Le Bloc québécois considère qu'Air Canada, quelque soit sa structure juridique, doit être assujettie à trois conditions: premièrement, le maintien d'un centre de maintenance à Montréal; deuxièmement, le maintien de son siège social à Montréal et, troisièmement, l'application de la Loi sur les langues officielles à ses activités liées au transport aérien. Pour être bien entendu, je vais énoncer un peu plus lentement ce troisième point, pour m'assurer que le gouvernement et l'ensemble des députés de la Chambre des communes comprennent bien. Nous demandons l'application de la Loi sur les langues officielles à ses activités liées au transport aérien. C'est tout de même un élément très important de cette représentation face à ce projet de loi.
En ma qualité de porte-parole du Bloc québécois en matière de langues officielles, je voudrais préciser qu'il est très important pour le Bloc québécois, pour l'ensemble des Québécoises et des Québécois, pour l'ensemble des Canadiennes et des Canadiens qu'ils puissent s'exprimer dans la langue de leur choix sur une ligne aérienne d'Air Canada, le français étant évidemment l'une de ces langues. Il faut donc absolument pouvoir l'utiliser — c'est une condition sine qua non — sans problème, sans qu'on fasse de difficultés à la personne qui veut utiliser le français sur une ligne aérienne d'Air Canada.
Puisque ce projet de loi maintient et précise certaines de ces obligations, le Bloc québécois est donc favorable à son principe, comme je le soulignais plus tôt. Nous déplorons cependant quelques lacunes qui pourront être comblées lors de l'étude en comité. Le Comité permanent des langues officielles est tout à fait approprié pour débattre de ce projet de loi lorsqu'il aura été adopté en deuxième lecture.
Le projet de loi a pour effet de s'assurer que les obligations contenues dans la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada se maintiennent malgré le changement de structure du groupe Air Canada. Puisque nous étions favorables à ces obligations, nous ne pouvons nous opposer à en adapter et en préciser le sens.
L'ancien ministre des Transports, Jean Lapierre, député d'Outremont il n'y a pas si longtemps, disait à ce sujet:
Cependant, il faut absolument que les obligations importantes prévues par la Loi sur la participation publique au capital d’Air Canada continuent d’être respectées. Je me suis engagé envers Air Canada à ne pas alourdir ni alléger la réglementation à laquelle elle est assujettie.
De plus, il y a maintenant une certaine urgence à adapter la loi car dans son communiqué, le ministère a déclaré:
Cependant, aucune de ces lois ne s’applique aux activités confiées à des sociétés en commandite qui relèvent directement ou indirectement de ACE Aviation Holdings Incorporated et qui sont désormais des filiales d’Air Canada, comme Jazz Air Limited Partnership.
Par ailleurs, ACE Aviation Holdings Incorporated, la société mère dont relèvent directement ou indirectement toutes les entités de la nouvelle structure d’Air Canada, n’est pas assujettie aux obligations en matière de langues officielles ni aux exigences relatives à l’emplacement du siège social.
Voilà pourquoi il y a urgence à adopter ce projet de loi.
Même si nous ne partageons pas cette interprétation très catégorique, il ne fait nul doute qu'elle donnerait un argument de poids au groupe Air Canada pour justifier un manquement à ces obligations. On le comprendra très bien.
Monsieur le Président, je voudrais exprimer quelques craintes et émettre quelques réserves, à tout le moins, au sujet de ce projet de loi.
Selon nous, la portée de la protection législative au sujet de ces deux points très importants est discutable, à savoir le siège social et le centre de maintenance d'Air Canada.
En effet, avec l'avènement de la société en commandite Air Canada Technical Services, l'obligation faite à Air Canada de maintenir un centre de maintenance à Montréal ressemble à une coquille vide, et aucune obligation n'est imposée à ce sujet à Air Canada Technical Services.
De plus, toutes les dispositions concernant le maintien de sièges sociaux à Montréal peuvent être aisément contournées. En effet, aucun critère n'encadre la définition du siège social. De ce fait, rien n'empêche Gestion ACE Aviation Inc. et Air Canada de déplacer hors de Montréal leur centre décisionnel réel et de maintenir dans cette ville une sorte de succursale. Il serait donc souhaitable de trouver des façons de renforcer ces mesures pour s'assurer de leur efficacité.
Parlons maintenant des inquiétudes au sujet du Comité permanent des langues officielles. Voici ce que notait le comité dans son rapport, le 16 juin 2006, à propos du projet de loi :
Aéroplan n'aurait pas été assujettie aux mêmes dispositions que les anciennes divisions internes d'Air Canada, car l'entreprise ne relèverait pas de la compétence législative du Parlement;
En tant qu'entité distincte avant la restructuration, Vacances Air Canada n'aurait pas été assujettie à la Loi sur les langues officielles.
Selon la commissaire aux langues officielles [ Mme Adam], certains éléments de ce projet de loi laissaient place à une interprétation qui aurait possiblement amoindri les obligations linguistiques d'Air Canada, de Gestion ACE Aviation Inc. et de leurs filiales.
Voici donc les cinq recommandations mises en avant par le comité:
Que le ministère des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités réintroduise dans les plus brefs délais un nouveau projet de loi reprenant le contenu du défunt projet de loi C-47, en y ajoutant les amendements présentés par la commissaire aux langues officielles lors de son témoignage devant le Comité permanent des transports le 22 novembre 2005;
Que le nouveau projet de loi précise qu'Air Canada continue d'être assujettie à l'ensemble des parties de la Loi sur les langues officielles;
Que le nouveau projet de loi précise que les divisions d'Air Canada qui sont devenues des sociétés en commandite pendant ou après la restructuration, dont Services techniques Air Canada, AC Cargo, Services au sol Air Canada et Services en ligne Air Canada, sont soumises à toutes les parties de la Loi sur les langues officielles;
Que le nouveau projet de loi précise que les sociétés qui étaient des filiales d'Air Canada avant la restructuration, dont Jazz Air, Vacances Air Canada et Aéroplan, sont soumises à la Partie IV (langues de service) de la Loi sur les langues officielles;
Que l'examen législatif du nouveau projet de loi soit renvoyé au Comité permanent des langues officielles.
Il y a donc déjà là une structure bien établie, un abécédaire mis en avant justement pour s'assurer que l'actuel projet de loi , soit l'ancien projet de loi , chemine de sorte qu'on arrive à une résolution de problème.
Certains passages des propos précédents constituent les recommandations auxquelles le gouvernement n'a pas jugé bon de répondre. À l'époque, il s'agissait des recommandations faites par le Comité permanent des langues officielles, avec le consentement de la commissaire aux langues officielles, afin d'en arriver à un projet de loi le plus limpide possible, dans le respect des langues officielles.
À l'époque, le gouvernement n'avait pas jugé bon de prendre tous les éléments. Ici, le Bloc québécois les a ramenés à l'ordre du jour. Cela pourra servir de référence en temps et lieu.
Au risque de me répéter, certains passages des précédents propos sont des recommandations auxquelles le gouvernement n'a pas jugé bon de répondre. Pire, il semble narguer les francophones dans sa réponse lorsqu'il fait, dans un premier temps un bel énoncé de principe qui se lit comme suit:
Le gouvernement estime que les droits linguistiques qui ont été acquis par Air Canada devraient être sauvegardés. En tant que symbole du Canada dans le monde entier, le transporteur devrait encore être tenu de respecter les obligations linguistiques qu'il a convenu de respecter lorsqu'il a été privatisé vers la fin des années 1980 et qui ont été modifiées par la suite.
Toutefois, il avoue du même souffle:
Le projet de loi C-47 prévoyait diverses modifications à la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada qui auraient permis de rétablir bon nombre des obligations linguistiques imposées à certaines des entités qui sont des compagnies affiliées à Air Canada au même niveau qui existait avant la restructuration.
Or, le gouvernement s'est contenté de présenter un projet de loi identique à C-47. Le projet de loi comporte donc les mêmes lacunes reconnues par le gouvernement. C'est quand même intéressant. N'est-ce pas là une façon remarquable de se comporter comme des pignoufs face à la langue française? Je dis cela pour la simple et bonne raison que les faiblesses de l'un deviennent la faiblesse du nouveau lorsque le pouvoir est acquis. C'est quand même très déplorable. Le Bloc québécois verra, avec l'ensemble des députés qui auront à coeur de le faire, à s'assurer ce projet de loi respecte à la lettre la Loi sur les langues officielles pour ce qui est d'Air Canada.
Il y a toutefois une injustice envers Air Canada et il faut une meilleure protection des travailleurs et des usagers. À ce chapitre, c'est surtout la nécessité que soit offert un service de transport aérien bilingue ainsi que la possibilité, pour les travailleurs francophones, d'évoluer dans leur langue qui sont les meilleures arguments en faveur des obligations imposées à Air canada. Cependant, ces raisons n'expliquent pas pourquoi seule cette société devrait être assujettie à ces contraintes. Il serait donc pertinent d'évaluer l'opportunité d'imposer les mêmes règles du jeu à tous les acteurs de l'industrie, dont Air Canada Jazz, en nivelant leurs obligations vers le haut et non bien sûr vers le bas. Le projet de loi C-44 pourrait être le véhicule de cette reforme.
À ce sujet, l'actuel premier ministre a promis, lors de la campagne électorale de 2004 — il n'y pas si longtemps que ça —, que sous les conservateurs, qui est le parti qui est présentement au pouvoir, toutes les compagnies aériennes seraient tenues d'offrir des services dans les deux langues officielles. Cela répond à la question posée plus tôt par le qui, je présume, est en train d'écouter mon discours dans son bureau.
C'est aussi le point de vue d'Air Canada.
C'est une chance égale pour tout le monde, c'est-à-dire une règle égale pour tous dans un monde où il y a du transport aérien. Toutes les personnes qui vivent au Canada ou au Québec, peu importe le lieu de départ et d'arrivée à l'intérieur du territoire canadien, doivent avoir le même service.
À cela, je me permets de faire une petite analyse un peu plus corsée du projet de loi. Le projet de loi ne se compose que de sept articles. Cependant, un seul, soit l'article 5, est vraiment pertinent. Celui-ci prévoit les ajouts suivants à la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada. Lorsque je parlerai de la loi, j'y ferai référence en tant que telle.
Par l'ajout de l'article 10.2 à la Loi, le gouvernement soumet à l'application de la Loi sur les langues officielles les sociétés qui étaient jadis des parties intégrantes d'Air Canada soit notamment, selon notre interprétation et celle du Comité permanent des langues officielles, Services techniques Air Canada. Soit-dit en passant, monsieur le Président, je sais que serez abasourdi et que vous tomberez peut-être de votre fauteuil, mais le site web Services techniques Air Canada n'est même pas en français!
C'est tout à fait déplorable. Je continue. Services au sol Air Canada s'occupe notamment de l'enregistrement des passagers, de la manipulation des bagages et du ravitaillement des avions. Il y a également Services en ligne Air Canada et Air Canada Cargo. Le gouvernement peut, par règlement, nommer ces sociétés. Il s'agit de la seule différence entre C-47 et .
De plus, cet article prévoit que les parties IV, VIII, IX et X de la Loi sur les langues officielles, qui prévoient la prestation de services dans les deux langues officielles et la mise en vigueur de la loi, s'appliqueront à Air Canada Jazz. Notons que par le passé, cette filiale n'était pas techniquement couverte par la Loi sur les langues officielles. Cet aspect de ce projet de loi est donc positif. Ainsi, Air Canada Jazz n'est malheureusement pas assujetti aux parties V (langue de travail), VI (participation équitable des francophones et des anglophones) et VII (développement des communautés et dualité linguistique), conformément à une modification législative apportée en 2000. Enfin, les nouvelles sociétés du groupe qui offriront un service aérien y seront également soumises sauf si elles n'offrent que des services à l'étranger.
Je poursuis l'étude de ce projet de loi. Par l'ajout de l'article 10.3 à la loi, le gouvernement propose d'obliger la société de portefeuille Gestion ACE Aviation Inc. à fournir des services au public et de communiquer avec lui dans les deux langues officielles. Cependant, cette obligation ne se fait pas dans le cadre de la loi sur les langues officielles. De plus, cette société se voit contrainte de maintenir son siège social dans la région métropolitaine de Montréal.
Notons enfin que les exigences sur le maintien du siège social d'Air Canada à Montréal et de ses centres de maintenance à Montréal, Winnipeg et Mississauga, ainsi que le maintien de ses obligations en vertu de la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada et de la Loi sur les langues officielles, continuent de s'appliquer à Air Canada.
On voit bien que ce projet de loi a toute sa raison d'être. Il n'est peut-être pas parfait, mais on a un comité des langues officielles. Dans cette assemblée, il y a des gens de bonne foi qui, j'en suis convaincu — ou du moins je l'espère —, vont faire en sorte de remettre sur pied le Comité permanent des langues officielles, un comité permanent de la Chambre des communes qui répond à la Loi sur les langues officielles depuis son adoption. Ce comité existe pour le respect — et je répète le mot — pour le respect du fait français et du fait anglais au pays, au Canada. Il existe particulièrement pour le respect des personnes qui veulent parler, travailler, avoir du service et qui veulent être bien représentés par la Chambre des communes et par le Parlement canadien.
Dans cette perspective, il faut absolument que la Chambre des communes fasse tout en son pouvoir pour que le Comité permanent des langues officielles fonctionne et qu'il représente bien l'ensemble des citoyennes et des citoyens qui ont élu les 308 députés de cette Chambre. Ils nous ont élus pour s'assurer que des projets de loi comme celui-ci puissent être étudiés en comité, afin de faire progresser la situation des langues officielles dans ce Parlement, dans ce gouvernement et dans l'État canadien.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole au sujet du projet de loi .
Comme je le mentionnais lorsque j'ai posé ma question à mon collègue de , ce projet de loi a été lu en première lecture le 18 octobre 2006. Il est ironique de voir que le Comité permanent des langues officielles ne siège plus parce que le gouvernement a décidé de ne pas nommer un nouveau président, après que le président ait perdu la confiance des membres du comité.
Finalement, le projet de loi apparaît au Feuilleton pour l'étape de la deuxième lecture. Nous ne sommes certainement pas contre le fait qu'il y apparaisse. Personnellement, j'ai demandé à plusieurs reprises à quel moment le projet de loi reviendrait en Chambre afin qu'on puisse en débattre pour avoir une loi modifiée pour Gestion ACE Aviation Inc., qui représente la compagnie en chef d'Air Canada.
Le comité existe encore, mais les conservateurs nous boudent. Toutefois, ils vont s'apercevoir que le Comité permanent des langues officielles est une loi de notre pays. Si on croit en la démocratie, il faudra qu'elle soit respectée. Ils devront cesser de bouder, c'est de l'enfantillage pur et simple. Nous n'avions plus confiance en notre président. Les gens qui nous écoutent doivent se demander de quoi je suis en train de parler.
Je siège en cette Chambre depuis 1997 et j'en ai vu de toutes les couleurs. Ce président a décidé, dans notre système démocratique, d'aller à l'encontre de la majorité du comité. Que ce gouvernement soit minoritaire ou non ne lui donne pas ce droit, c'est antidémocratique de faire de telles choses. Non seulement avait-il annulé une réunion du mardi, parce qu'on voulait discuter du Programme de contestation judiciaire, mais il a décidé d'annuler toutes les réunions qui portaient sur ce sujet. Pour nous, il était important d'insister et d'affirmer qu'une personne seule ne pouvait pas dicter à tout le monde ce qu'il fallait faire. Il faut se fier à la majorité et le faire démocratiquement.
La députée de voulait savoir pourquoi les autres compagnies aériennes n'étaient pas bilingues et demandait si elles devraient l'être. Je considère qu'elles devraient être bilingues. Je pense que ce serait bien pour tout le Canada. Si une compagnie aérienne nationale va partout au pays, comme WestJet, je pense qu'il serait normal qu'elle offre ses services dans les deux langues officielles du pays, surtout que les deux langues officielles sont reconnues par le Parlement, par le gouvernement et par les lois de notre pays.
Qu'est-ce que ce cas-ci a de particulier? Pourquoi parle-t-on présentement d'Air Canada ou de Gestion ACE Aviation Inc.? C'est que dans ses premières années, Air Canada appartenait au gouvernement du Canada. La compagnie était assujettie à la Loi sur les langues officielles. À la fin des années 80, le gouvernement a décidé de se défaire de ses responsabilités concernant Air Canada et de la vendre au secteur privé. Depuis, la majorité des actionnaires est du secteur privé. Lorsque le gouvernement a décidé de vendre au privé, il a adopté un projet de loi en vertu duquel Air Canada devait respecter les langues officielles, puisqu'elle avait été une société d'État.
[Traduction]
Aujourd'hui, Air Canada nous dit qu'il est difficile d'affronter la concurrence de sociétés qui ne sont pas tenues de respecter la Loi sur les langues officielles. Nous avons dit et répété aux représentants d'Air Canada, dans le cadre du comité parlementaire, que l'acheteur de l'entreprise qui allait être privatisée savait dans quoi il s'embarquait et qu'il était tenu de respecter les deux langues officielles. Le gouvernement a affirmé bien clairement à l'époque, vers la fin des années 1980, que toute compagnie faisant l'achat d'Air Canada serait tenue de servir la population dans les deux langues. Je ne m'attends pas à ce qu'un anglophone de Montréal monte à bord d'un avion d'Air Canada sans être en mesure de recevoir un service dans sa langue, puisque notre pays a deux langues officielles, comme le veut la loi.
Lorsque Air Canada s'est mise sous la protection de la Loi sur la faillite, j'ai été attristé de constater qu'un juge avait décidé que personne ne devrait intervenir en matière de langues officielles. J'ai été attristé de voir un juge décider, en dépit des lois de notre pays, que les langues officielles pouvaient être mises de côté. J'ai jugé insultant d'entendre un tribunal déclarer que la Loi sur les langues officielles n'avait pas d'importance dans notre pays, même si elle avait force de loi. Voilà ce qui est vraiment arrivé lorsque Air Canada s'est mise sous la protection de la Loi sur la faillite.
[Français]
Lorsque la compagnie Air Canada a été placée sous la protection de la faillite et qu'elle s'est présentée en cour, le juge a dit très simplement que même le commissaire aux langues officielles ne pouvait plus lui poser de questions. On devait la laisser tranquille, puisqu'elle était en train de se réorganiser. On prend donc la loi et on la met de côté. Imaginez-vous qu'une cour est là pour interpréter la loi et non pour dire de mettre la loi de côté, parce que cette compagnie est dans le pétrin! Ce n'est pas le mandat de la cour. Cela a été insultant pour les communautés de langue officielle.
Pour ma part, je trouve que cela a été insultant. Je le dis ici, en cette Chambre, je le dirai également en dehors de cette Chambre et partout où les gens peuvent m'entendre: ça été insultant qu'une cour puisse décider que la Loi sur les langues officielles n'était pas importante.
Le gouvernement fédéral — les conservateurs — est aujourd'hui en train de nous dire que le Comité permanent des langues officielles n'est pas important puisqu'il ne fait pas confiance au président qui a décidé de ne pas respecter l'ordre du jour du comité, et qu'en raison de cela, il n'en nommera pas un autre. Cela démontre comment le gouvernement respecte les langues officielles de notre pays.
Les conservateurs peuvent se raconter les histoires qu'ils veulent. Ils peuvent raconter aux Canadiens les histoires qu'ils veulent. Ils peuvent raconter aux gens de chez nous, en Acadie, les histoires qu'ils veulent. Ils peuvent venir les raconter à Caraquet, à Shippagan, à Lamèque, à Pigeon-Hill, à Miscou, à Pointe-Verte, à Petit-Rocher ou à Beresford. Ils peuvent venir nous raconter de telles histoires, mais ce n'est pas acceptable. En effet, ce n'est pas acceptable que le gouvernement nous ait fait cela. Ce n'est pas à nous qu'il l'a fait; c'est aux Canadiens.
Selon mon interprétation, le Parlement fonctionne ainsi: en tant qu'élus, nous avons le droit en cette Chambre des communes de débattre d'un projet de loi, de le voter et de choisir s'il sera accepté ou non. Le citoyen ordinaire ne peut pas s'exprimer à la Chambre des communes pour dire que, à son avis, le projet de loi n'est pas acceptable, qu'il n'est pas bon et qu'il faudrait changer ceci et cela. Dans le cadre de la démocratie de notre pays, on a accepté qu'il y ait des comités parlementaires qui puissent organiser des réunions et y inviter les citoyens pour qu'ils s'y expriment.
Par la suite, nous, les parlementaires, pouvons étudier les projets de loi et étudier ce que les citoyens nous disent pour pouvoir ensuite formuler des amendements et avoir un meilleur projet de loi. Il s'agit là de la démocratie, soit la participation de tout le monde: les députés et les citoyens. On dit que cinq têtes valent mieux qu'une. Pour ma part, je suis certain que 33 millions de têtes valent mieux qu'une seule tête, surtout celle d'un gouvernement qui veut nous dicter qu'il n'y aura pas de réunion si on ne veut pas écouter une personne.
Revenons maintenant au nouveau projet de loi . Par exemple, en ce qui concerne les faits saillants, il y a l'assujettissement d'Air Canada Jazz à la partie IV (communication et service au public) de la Loi sur les langues officielles, mais non aux parties V (langue de travail), VI (participation équitable des francophones et des anglophones) et VII (développement des communautés et dualité linguistique) conformément à la modification législative adoptée en 2000.
Air Canada change donc son fusil d'épaule et, plutôt que d'acheter de nouveaux avions et d'offrir des services partout dans le pays, décide de faire une amalgamation avec une autre compagnie, comme on l'a fait avec Jazz, Air Nova, Air Alliance auparavant. Désormais, on ne respectera pas la partie V, ni les parties VI et VII.
Or, cela nous fait peur, parce que c'est une manière de faire par la porte arrière quelque chose qui ne peut être fait par la porte avant. Il faut donc protéger le fait que le service d'Air Canada soit donné dans les deux langues officielles, parce que lorsque ça été acheté par le secteur privé, ce dernier savait dès le début qu'il devait respecter les langues officielles de notre pays.
Ça ne change pas le fait que le gouvernement pourrait changer son fusil d'épaule et adopter un projet de loi de sorte que toutes les compagnies d'aviation nationales doivent desservir le pays — WestJet desservira l'Ouest jusque dans les provinces de l'Atlantique — et que le service soit offert partout au Canada, et ce, dans les deux langues officielles. Je ne m'objecterais pas à cela.
Je suis certain qu'Air Canada ne dira pas non à cela. Mais entre-temps, il faut qu'Air Canada admette que la loi et les règlements étaient clairs depuis le début.
Il ne s'agit pas d'acheter Air Canada et de dire après 10 ans que, maintenant qu'elle est achetée, on aimerait bien qu'on nous laisse tranquille; après 20 ans, qu'on nous laisse faire toutes nos petites affaires et on ne respectera pas la loi parce que ce n'est pas juste; on voudrait changer les règles.
On sait qu'Air Canada a violé la Loi sur les langues officielles. Combien de fois y-a-t-il eu des plaintes? Air Canada dira qu'il n'y en pas eu tant que ça, peut-être seulement 134 plaintes en un an. Je me rappelle avoir demandé à Air Canada si, des 134 plaintes, 50 p. 100 émanaient d'anglophones et 50 p. 100 de francophones. On m'a répondu que non, que les 134 plaintes venaient toutes de francophones. Les seules plaintes verbales qu'ils ont eues venaient du fait que, parfois, ils n'aimaient pas que les hôtesses de l'air ou les agents de bord parlent en français dans l'avion. C'est un problème car que je pense que c'est un manque d'éducation de la part d'Air Canada. Il faut montrer aux gens qu'on a deux langues officielles dans notre pays et qu'on les respecte.
Il ne faut pas avoir peur de nos deux langues officielles. Certains en ont peur. Ils trouvent qu'on leur en demande trop et que cela leur coûte cher. Dans certains pays, il y a quatre langues officielles. Il faut pouvoir donner le service dans les deux langues pour respecter les gens.
Antonine Maillet l'avait si bien dit. Je répète cela souvent. Antonine Maillet est une écrivaine du Nouveau-Brunswick et elle disait qu'on ne veut pas que tous les francophones parlent l'anglais et que tous les anglais parlent le français; on veut juste que les deux communautés aient des services dans les deux langues. Le bilinguisme et les langues officielles, c'est aussi donner des chances aux gens dans leur communauté pour qu'ils puissent s'exprimer et vivre dans leur langue, d'où qu'ils viennent.
Il y a deux ans, les Acadiens ont fêté leur 402e anniversaire. Au Québec, on le fêtera l'année prochaine. Cela montre que les Acadiens étaient ici avant les Québécois. On a fait une belle petite fête. Dans notre pays, la francophonie remonte à loin.
On dirait qu'on veut se battre entre communautés. Ce n'est pas correct. Je trouve que c'est regrettable sur le plan de la langue, parce qu'il y a des pays où l'on apprend jusqu'à six langues. Je dis à mes enfants que je veux qu'ils apprennent la langue anglaise, pas pour avoir plus de chances de trouver un emploi, pas à cause de cela, mais parce que c'est enrichissant d'apprendre des langues. C'est ce qu'on devrait dire à nos enfants.
On va partout au monde, et on parle deux, trois ou quatre langues. Il n'y a rien de plus beau que d'être capable d'apprendre à parler une autre langue.
Pour ma part, je dis à mes enfants — et cela n'a rien à voir avec le fait de trouver un emploi — d'apprendre l'anglais. Je veux qu'ils l'apprennent et qu'ils soient capables de parler les deux langues. Je veux qu'ils soient capables de parler avec les gens quand ils iront en Ontario, en Colombie-Britannique et en Saskatchewan. Je ne veux pas qu'ils aient besoin d'un interprète. C'est la manière dont je vois les choses. Est-ce ce que mes jeunes veulent faire? C'est une autre histoire, mais je peux dire qu'ils ont déjà appris à parler assez bien l'anglais, et j'en suis fier.
[Traduction]
Je suis très heureux que nous ayons pu maîtriser les deux langues dans ma famille. J'y suis pour quelque chose. Nous devrions en faire davantage en ce sens, être plus ouverts et faire preuve d'autant de détermination à cet égard que pour toute autre chose. Les gens fréquentent des écoles de métiers ou l'université. Pour devenir médecin, il faut neuf années d'études. Je suis convaincu qu'on pourrait apprendre une autre langue durant ces neuf ans. Ce n'est pas si difficile. Il s'agit tout simplement de vouloir le faire.
Je ne pense pas que nous devrions être craintifs à cet égard. Nous devons respecter les deux langues officielles de notre pays et en être fiers. Je suis très fier du Nouveau-Brunswick, mais j'aimerais être fier de l'ensemble du pays. Le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue, où les gens peuvent obtenir des services dans les deux langues.
À une époque, les gens se chamaillaient, mais aujourd'hui, je constate qu'ils s'entendent mieux et collaborent. À mon avis, si nous favorisons un tel climat, la qualité de vie dans notre pays n'en sera que meilleure.
[Français]
Je disais qu'au Comité permanent des langues officielles, on a eu des plaintes concernant Air Canada. Par exemple, je me rappelle bien de l'ancien député Benoît Sauvageau, qui est décédé. Il a travaillé fort pour être capable d'avoir même dans l'avion d'Air Canada ou de Jazz la petite carte de plaintes. Pourtant, les représentants d'Air Canada disaient que cela coûtait trop cher.
M. Sauvageau est même allé jusqu'au point de la faire faire lui-même. Tous ceux qui ont assisté au Comité permanent des langues officielles se rappelleront sûrement qu'il avait fait faire la carte de plainte lui-même. Il avait démontré que ce n'était pas du tout dispendieux. Elle était faite de façon professionnelle.
Récemment, lors de l'une de nos réunions du Comité permanent des langues officielles, le vice-président d'Air Canada a félicité l'initiative de M. Sauvageau. La carte de plaintes est maintenant dans les avions d'Air Canada pour donner aux gens qui ne sont pas satisfaits du service la possibilité de formuler une plainte.
Je veux donc remercier le regretté Benoît Sauvageau qui a travaillé fort pour les langues officielles et qui a aidé la cause des langues officielles.
Je me rappelle qu'une fois, au Comité permanent des langues officielles, on a posé des questions aux représentants d'Air Canada. Toutes les directives de sécurité quand on prenait l'avion et lors du décollage étaient dans les deux langues officielles. Par contre, les directives pour les cas d'urgence étaient toutes en anglais. Il y avait un enregistrement sur cassette lorsqu'on descendait. Imaginez-vous que lorsqu'on monte dans l'avion, les directives sont sur une cassette. Imaginez ce que la cassette va dire lorsque l'avion se prépare pour l'atterrissage. C'était rendu à un point tel qu'on vérifiait le nom de la personne assise près des portes d'urgence de l'avion pour s'assurer qu'elle pouvait parler l'anglais parce que les directives devaient être transmises en anglais seulement. On a fait du chemin depuis ce temps, mais il faudrait absolument qu'on en fasse encore davantage.
Il y a une partie du projet de projet de loi qui m'inquiète. Si on prend l'article 10.2(4) du projet de loi, on mentionne ce qui suit:
Seules les parties IV, VIII, IX et X de la Loi sur les langues officielles s'appliquent aux entreprises suivantes:
a) l'entreprise de services aériens qui appartient à la société en commandite Jazz Air, enregistrée le 13 septembre 2004 sous le régime de la loi du Québec et qui est exploitée par celle-ci,
b) les nouvelles entreprises qui offrent des services aériens.
L'article 10.2(5) de la partie III, au paragraphe 5, dit ceci:
Dans le cas d'une entreprise acquise après l'entrée en vigueur du présent article, les parties de la Loi sur les langues officielles mentionnées au paragraphe (4) ne s'appliquent qu'à l'expiration d'un an, ou du délai supérieur fixé par le ministre, après l'acquisition.
Cette partie de la loi m'inquiète parce que je ne peux pas croire que si Air Canada achète une autre compagnie, dans un an, une personne pourra apprendre une autre langue. Je ne peux pas le croire. Cela va donc forcer le ministre à donner à la compagnie deux, trois ou quatre ans, et on sera encore dans la même situation comme lorsqu'Air Canada a acheté la compagnie Canadien International. Ce sera encore la même situation.
Air Canada devrait savoir que, lorsqu'elle achète une compagnie, les gens devraient être bilingues parce que loi est claire, à savoir qu'Air Canada doit offrir le service dans les deux langues officielles.
En conclusion, il est également à souhaiter que le gouvernement pourrait au moins accepter quelques-unes de mes suggestions et qu'en comité, il n'y aurait pas de filibustering du gouvernement, que le Comité permanent des langues officielles pourrait reprendre ses travaux et qu'on pourrait faire les amendements qu'on devrait avoir puisque le ministre a dit ce soir qu'il croyait aux langues officielles. Le temps nous le dira.
:
Monsieur le Président, en tant que , je suis fière de vous présenter, avec mon collègue, ce projet de modification à la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada, qui permettra d'assurer le respect des droits linguistiques des Canadiens et des Canadiennes.
Il s'agit d'un autre exemple de l'engagement de notre gouvernement envers les langues officielles et la dualité linguistique. Notre gouvernement est fermement engagé à promouvoir nos deux langues officielles. Pour nous, la dualité linguistique est un fondement de notre identité. Elle est un atout économique, social et culturel et ce, tant pour la société canadienne que pour le Canada sur la scène internationale.
Notre nouveau gouvernement a signé avec les provinces et les territoires des accords sur les services et l'éducation évalués à 1,18 milliard de dollars sur quatre ans. Des dizaines d'autres ententes de financement avec des groupes et des organisations communautaires de langue officielle ont également été conclues.
De plus, dans le cadre du budget de 2007, le nouveau gouvernement du Canada a aussi augmenté le financement destiné aux communautés de langue officielle en situation minoritaire, en leur octroyant 30 millions de dollars supplémentaires sur une période de deux ans. Ces fonds permettront de financer des activités culturelles et parascolaires ainsi que des centres communautaires. Ces 30 millions de dollars s'ajoutent aux 642 millions de dollars sur cinq ans prévus par le Plan d'action pour les langues officielles, qui vise la promotion et le développement des langues officielles au Canada.
Nous avons fait la preuve, et nous continuons de le prouver par nos actions et nos gestes, que le respect de la Loi sur les langues officielles au sein de tous les ministères, y compris Transports Canada, est une priorité pour nous.
Qu'on me permette de présenter un peu l'historique d'Air Canada pour appuyer les modifications proposées à la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada.
La société Air Canada, telle que nous la connaissons aujourd'hui, a vu le jour en 1937 grâce à une loi créant les Lignes aériennes Trans-Canada. L'objectif était alors de créer de toute pièce une compagnie aérienne nationale pour le Canada.
[Traduction]
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Lignes aériennes Trans-Canada étaient chargées de transporter d'urgence, entre le Canada et les îles britanniques, des militaires, des fonctionnaires et des diplomates canadiens affectés en temps de guerre. Cette responsabilité qui incombait aux Lignes aériennes Trans-Canada, vu l'urgence en temps de guerre, est devenue un tremplin lui permettant de prendre de l'expansion sur le marché international du transport aérien commercial.
Les Lignes aériennes Trans-Canada ont été rebaptisées Air Canada le 1er janvier 1965 dans une loi adoptée par le Parlement. En même temps que ce changement de nom, la société a vu son mandat de transporteur aérien national de passagers, de frets et de courrier se transformer. Elle est devenue un transporteur aérien commercial canadien oeuvrant aussi sur la scène internationale. En outre, le nom Air Canada a été choisi parce qu'il représentait bien les deux langues officielles du Canada et parce que le bilinguisme était de rigueur au sein de ce transporteur.
[Français]
Tout au long de son histoire, Air Canada a démontré sa volonté de refléter adéquatement la dualité linguistique du Canada. Par exemple, dès 1963, Air Canada a mis sur pied un comité interne sur le bilinguisme pour étudier les politiques et les pratiques de la société et recommander des changements institutionnels.
En 1968, plus de 34 p. 100 des employés d'Air Canada dans tout son réseau, et 57 p. 100 au Québec, étaient classifiés comme bilingues. En 1969, avec l'adoption de la Loi sur les langues officielles, Air Canada a veillé à ce que ses politiques d'entreprise soient conformes aux obligations en matière de langues officielles, comme les autres institutions fédérales.
Comme vous vous en souviendrez, le gouvernement du Canada a imposé à deux occasions des obligations en matière de langues officielles à Air Canada par le biais de la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada, afin d'assurer la protection continue des droits linguistiques des Canadiens. De pleines obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles ont été imposées à Air Canada lorsqu'elle a été privatisée en 1988-1989, et encore une fois en 2000, lorsque Air Canada s'est porté acquéreur des lignes aériennes Canadien International.
En 2000, ces obligations ont été étendues afin d'imposer à Air Canada de veiller à ce que ses filiales, qui exploitent des services aériens, offrent un service au public dans les deux langues officielles.
En 2002, en réponse à un rapport du Comité mixte permanent des langues officielles, Air Canada déposait son Plan d'action linguistique 2001-2010 dans lequel elle réaffirmait l'engagement permanent d'Air Canada à l'égard des langues officielles et proposait un plan décennal exposant comment elle réaliserait cet objectif. Ce plan d'action a été mis à jour en août 2004.
En outre, le 25 novembre 2004, un cadre supérieur d'Air Canada a témoigné devant le Comité permanent des langues officielles. À cette occasion, il a affirmé que lors du processus de restructuration d'Air Canada dans lequel la compagnie devait faire 2 milliards de dollars d'économies, seulement trois budgets n'avaient subi aucune compression: la sûreté, la sécurité et les langues officielles.
Air Canada a démontré à plusieurs reprises sa volonté de s'acquitter de ses responsabilités en matière de langues officielles.
Par contre, le 1er octobre 2004, dans le cadre de son plan d'entreprise, Air Canada a apporté à sa structure d'entreprise des changements importants destinés à maximiser l'efficience et à accroître les investissements. Air Canada a alors créé des unités commerciales autonomes sous une nouvelle société mère, la société de portefeuille Gestion ACE Aviation Inc. De ce fait, la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada s'applique dorénavant à une partie seulement d'Air Canada.
Les anciennes divisions internes et filiales d'Air Canada, comme Jazz, sont maintenant des sociétés autonomes qui ne sont plus assujetties aux obligations en matière de langues officielles énoncées dans la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada.
[Traduction]
En réponse aux demandes des Canadiens, des employés d'Air Canada et du Comité permanent des langues officielles, le gouvernement du Canada s'est engagé à présenter un projet de loi prévenant tout effritement du bilinguisme prévu dans la loi au sein d'Air Canada ainsi que le respect des obligations concernant l'emplacement du siège social, compte tenu de la restructuration de la société.
[Français]
Depuis lors, Air Canada a démontré ses intentions de poursuivre ses démarches et ses initiatives afin de respecter et d'améliorer la qualité de ses services dans les deux langues officielles. En novembre dernier, devant le Comité permanent des langues officielles, un cadre supérieur a présenté la politique d'embauche d'Air Canada qui met l'accent sur l'embauche de candidats bilingues. De plus, la société a effectué un grand nombre de transferts d'agents de bord afin d'atteindre un plus haut taux de bilinguisme.
C'est dans ce contexte que je suis heureuse d'appuyer ce projet de loi devant la Chambre. Celle-ci se propose de préserver cet engagement et l'obligation qui existe en vertu de la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada de donner le droit aux employés d'Air Canada de travailler dans la langue de leur choix. Elle permettra également d'assurer le maintien des droits linguistiques des Canadiens quant aux services qui seront offerts par cette compagnie. Ce projet permettra à la société de continuer à contribuer au tissu social du Canada et de jouer son rôle d'ambassadeur des valeurs canadiennes à l'étranger durant les années à venir.