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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de me lever pour discuter du projet de loi . C'est un projet de loi très ambitieux qui vise à remplacer l'actuelle Loi sur les pêches, une loi qui a subi quelques modifications, mais qui date de plus de 136 ans. On peut dire que tout le monde y trouve des problèmes, et cette loi doit être modifiée. Cependant, il y a une certaine problématique à modifier une loi comme cela.
Dans l'industrie de la pêche, on va souvent dire qu'on n'aime pas la loi telle quelle, mais qu'on peut survivre quand même. On le fait, on existe, on a une industrie. Si l'on remplace cette loi, on se doit de le faire par un meilleur projet de loi, qui améliorera les conditions de pêche pour les familles, les pêcheurs et les communautés côtières.
Dans ce projet de loi, il y a plusieurs éléments allant en ce sens, mais il y a aussi certaines lacunes. Parmi les communautés de pêcheurs, dans mon comté et ailleurs, je retrouve une résistance, des craintes et des peurs. Aussi, on m'invite à voter contre ce projet de loi. Je trouve cela malheureux, car, moyennant quelques modifications, le projet de loi pourrait être excellent pour l'industrie de la pêche, et il pourrait assurer une stabilité.
Cependant, du côté du gouvernement, on refuse d'apporter ces modifications. On nous demande d'adopter le projet de loi en deuxième lecture pour présenter les amendements qui s'imposent. Or, nous savons que ces amendements ne seront pas recevables. Ils le seraient maintenant, mais ils ne le seront pas après la deuxième lecture, au comité. Je trouve cela malheureux.
Maintenant, c'est le ministre qui contrôle le texte du projet de loi. Je trouverais intéressant qu'il mène des consultations quant au texte du projet de loi dans les communautés côtières, dans les communautés de pêcheurs, avec les groupes concernés et qu'il apporte des amendements. Ce ne sont pas des amendements majeurs. On n'a pas à rejeter le projet de loi que présente le ministre. On n'a qu'à le modifier légèrement, et l'on aurait un excellent projet de loi.
Le ministre pourrait faire cela. Selon la motion présentée par le député libéral, porte-parole en matière de pêche, il pourrait apporter ces modifications qui ont été présentées. Donc, je l'y encourage.
[Traduction]
Toutefois, ce que nous avons devant nous et que nous allons débattre, c'est le projet de loi dans sa forme actuelle. Je le répète, je ne pense pas que ce soit un mauvais projet de loi; seulement, il présente des lacunes. J'ai participé, avec bien d'autres, à la révision de la politique sur les pêches de l’Atlantique, vaste exercice de consultation auprès de l'industrie, des collectivités et des provinces, et nous avons fini par approuver un document. Nous avons approuvé les propositions issues de cette révision, propositions que je retrouve presque toutes dans ce projet de loi.
Quant aux problèmes que je relève dans le projet de loi, je vais m'attarder à deux aspects en particulier. D'autres députés en aborderont d'autres. Je vais parler de deux aspects problématiques, et les problèmes en question ne sont pas faciles à résoudre. Maintenant que nous avons en main le texte de la loi, j'inviterais le ministre à mener, en se fondant sur le document que les collectivités lui ont présenté, des consultations sur des modifications qui amélioreraient la loi et à envisager de soumettre ces modifications aux parlementaires, puisque le comité ne sera pas en mesure de le faire à l'étape de la deuxième lecture.
L'un des problèmes se rapporte à la question du droit de propriété d'un permis de pêche. Il a été établi par les tribunaux, dans des décisions, qu'un permis n'est pas un bien. C'est un permis et pas un bien. Cela a été établi dans la jurisprudence. Or, à mesure que nos pêches ont évolué, le permis est devenu un actif. Il a donc de la valeur. Dans bien des cas, il constitue le fonds de pension de la famille. En effet, une famille qui cesse de pratiquer la pêche transfère le droit de se prévaloir de ce permis, moyennant une contrepartie financière, de l'argent, et cet argent sert de fonds de pension pour cette famille.
Le projet de loi précise cependant que le permis n'est pas transférable. Le ministre a déclaré aux médias, et il va probablement le répéter à la Chambre, qu'il n'a pas l'intention de chambarder l'usage établi et que les gens pourront continuer de transférer ou de vendre leur intérêt, de céder leur droit de présenter une demande de renouvellement annuel de permis. Je le crois sincère.
Ce qui m’inquiète, c’est ce qu’un juge dira, dans cinq, quinze ou vingt ans dans une cause où une partie s’opposera à la cession d’un permis. Il sera en présence d’une cause et d’une loi qui dispose expressément que le permis est incessible. Si une organisation, un requérant qui s’adresse à la cour souhaite qu’un permis disparaisse au moment de la retraite d’un pêcheur parce qu’elle ou il pense que ces jolis petits crabes doivent rester en paix sur les fonds de l’océan sans jamais être exploités, que dira le juge? Je crois qu’il y a un certain travail à faire.
Je voudrais également parler de la question des tribunaux. Actuellement, dans la loi, s’il y a une infraction à la loi ou des allégations d’infraction, le ministère porte des accusations contre le pêcheur ou l’entreprise et les traîne devant les tribunaux. Il s’agit d’une procédure longue, difficile et coûteuse qui encombre les tribunaux canadiens. La loi proposée prévoit une façon de faire qui s’appliquait autrefois et qui a été contestée fructueusement devant les tribunaux, c’est-à-dire l'imposition de sanctions administratives. La loi les rétablirait dans le cadre d’un office, de sorte que, au lieu de s’adresser aux tribunaux, le ministère pourrait imposer des sanctions avec l’accord du contrevenant ou après procès devant l’office.
Tout cela est bien. C’est excellent. Ce qui manque, c’est un dispositif d’appel. Dans les collectivités de pêcheurs, on craint que les membres de l’office ne soient nommés par le gouvernement en place et ne soient des amis du parti. Je n’ai pas de problème à ce que les nominations soient faites par le gouvernement en place. Lorsqu’il sera remplacé, ce sera le nouveau gouvernement qui les fera.
Je tiens cependant à ce que les personnes nommées aient la compétence et les valeurs éthiques voulues pour faire leur travail correctement, c’est-à-dire qu’ils puissent le faire et le faire comme il faut. La seule manière de nous en assurer, c’est de faire en sorte qu’on puisse en appeler de leurs décisions auprès d’une instance supérieure. Si les décisions ne peuvent être contestées, elles demeurent, bonnes ou mauvaises. Au lieu de s’acquitter comme il se doit de leurs responsabilités judiciaires ou quasi judiciaires, les membres restent au service de celui qui les a nommés, le ministre. Tant qu’ils donneront satisfaction au ministre et au sous-ministre, leur mandat sera renouvelé. J’estime qu’il doit y avoir un processus d’appel, car cela garantirait que leur travail se fait dans l’intégrité et la transparence.
J’en reviens à la question des permis pour donner un exemple de bon principe mal appliqué et de ses effets négatifs. Je vais donner un exemple d’ordonnance que le ministre a prise il y a quelques semaines au sujet des accords de fiducie.
Dans ma région, il y a des accords de fiducie dans deux secteurs: l’industrie du poisson de fond et celle du homard.
Le ministre a déclaré qu’il entendait reconnaître la légitimité du processus existant et permettre l’intégration verticale dans le secteur de l’exploitation du poisson de fond. Je l’en félicite. C’est l’orientation que je proposais, celle que nous suivions. Cela me semble excellent.
Dans le secteur du homard, il y a 1 000 permis dans les comtés de Digby, de Yarmouth et de Shelburne ainsi que dans une partie de la circonscription de mon collègue d’en face, South Shore, à St. Margaret's.
Il y a 20 ou 30 ans, l’entrée dans ce secteur coûtait entre 20 000 $ et 100 000 $. Un jeune qui voulait devenir pêcheur recourait au système d’appui traditionnel. Il allait voir un courtier ou un acheteur spécialisé dans le homard qui signait pour lui à la banque ou lui prêtait 15 000 $ ou 20 000 $. Il se débrouillait ensuite pour trouver 10 000 $ de plus, et le tour était joué. Par simple engagement d’honneur, il vendait son produit à l’acheteur en question. Celui-ci assurait ainsi la sécurité de son approvisionnement. De son côté, le jeune pêcheur débutant disposait d’une source raisonnable de capital. Cette industrie était très rentable à l’époque.
La décision Marshall a amené le gouvernement à acheter des permis de pêche au homard et d’autres permis, ce qui a rapidement fait grimper les prix. Tout à coup, par suite de la mise en œuvre de la décision Marshall et des avantages économiques de ce secteur, les permis sont passés à 200 000 $, 300 000 $, 400 000 $, 500 000 $, 600 000 $ et même 800 000 $. Ensuite il faut encore payer le bateau et l’équipement, qui coûtent 300 000 $ à 600 000 $ de plus.
L’engagement d’honneur ne suffisait plus. Un courtier ou un acheteur devant débourser ou garantir un montant de l’ordre d’un million de dollars avait besoin de certaines garanties. Il devait obtenir deux choses. Comme courtier, il devait assurer la sécurité de son approvisionnement. Il avait besoin de homard. Il n’allait pas dépenser des centaines de milliers ou des millions de dollars pour commercialiser du homard sans avoir un approvisionnement garanti. Il devait en outre être sûr d’être remboursé s’il avançait un million de dollars.
Les avocats ont travaillé dans les coulisses et ont fini par trouver des moyens de tourner la politique grâce aux accords de fiducie. La politique du MPO impose toujours que le permis soit détenu par une personne. Les avocats ont introduit la notion d’usage bénéficiaire avec les accords de fiducie et ont réussi ainsi à intervenir dans ce secteur. Au début, tout a bien marché, mais, après quelque temps, quelques sociétés possédaient le contrôle d’une part disproportionnée des permis. La communauté des pêcheurs a commencé à s’inquiéter de l’indépendance de l’industrie et de sa capacité de contribuer au maximum à l’économie et de créer de la richesse pour beaucoup de gens.
Il y a cependant un autre genre d’accord de fiducie. Sur le millier de permis délivrés, j’estime qu’environ 200 sont couverts par des accords de fiducie de sociétés et peut-être 300 autres par des accords de fiducie individuels et familiaux.
Beaucoup de pêcheurs de homard veulent laisser leurs biens à leur fils ou leur fille, mais il s’agit dans ce cas d’un million de dollars, qui représentent leur régime de retraite. Ils doivent donc se protéger pour le cas où les choses iraient mal. Ils établissent des fiducies et en cèdent des parts petit à petit à la génération suivante, garantissant ainsi leur pension. À mesure que les gens partent à la retraite, un père ou une mère peut aussi vouloir acheter un permis sur le marché pour ses enfants. Dans ce cas, les parents établissent une fiducie à cette fin. La communauté des pêcheurs ne considère pas que ces accords de fiducie présentent des risques ou menacent l’indépendance de l’industrie.
Le ministre, se fondant sur le principe — excellent en soi — qu’il est important de protéger l’indépendance des pêches, a décidé que seules les banques peuvent prendre une hypothèque et que tous les autres accords de fiducie doivent être éliminés dans une période de sept ans. Le principe est bon, mais sa mise en œuvre a fait que les 300 accords de fiducie, que je considère comme raisonnables, ont été pris au piège. Le pêcheur moyen qui se préparait à partir à la retraite a vu la valeur de son permis passer de 600 000 $ à 300 000 $ du jour au lendemain. Les familles de pêcheurs ont ainsi perdu quelque 600 millions de dollars de leur capital. Il s’agit de gens sur le point de prendre leur retraite dans l’ouest de la Nouvelle-Écosse.
J’ai écrit au ministre pour lui demander de reconsidérer sa décision. Je crois savoir qu’il est question d’étendre à 17 ans la période d’élimination de ces accords de fiducie.
Je demanderais au ministre d'aller plus loin. Je lui demanderais de se pencher sur les causes sous-jacentes qui ont mené à la création de ces fiducies. Comment peut-on modifier nos politiques de façon à promouvoir le développement économique raisonnable des pêches et à maintenir, autant que possible, l'indépendance de cette industrie? Je soulève continuellement quatre points.
Le premier est l'élimination de l'impôt sur les gains en capital. Je félicite le gouvernement d'avoir pris cette initiative. Dans le budget de cette année, il est allé plus loin que dans celui de l'année dernière, pour en arriver à ce qui figurait dans le programme libéral. C'était la mesure responsable à prendre et je remercie le gouvernement de l'avoir prise.
Le deuxième point est l'accès au capital. Pour qu'une industrie de la pêche indépendante puisse exister, chaque pêcheur doit être en mesure de soutenir la concurrence de n'importe quel autre intervenant désireux de participer à cette industrie.
Ce qui m'inquiète dans le système proposé, c'est que l'office aurait le loisir de décider qui pourrait être pêcheur et qui ne le pourrait pas. La formule est risquée. Le pêcheur doit être une personne capable d'obtenir un permis ou de se faire confier un permis et de prendre la mer. Voilà les critères à prendre en compte pour décider. La situation devrait évoluer naturellement et normalement comme elle l'a toujours fait. Le pêcheur doit avoir accès au capital. Il doit être en mesure de soutenir la concurrence pour l'obtenir.
Ensuite, il y a le secteur du courtage qui correspond aux acheteurs de homard que nous connaissons. Les acheteurs doivent compter sur la sécurité de l'approvisionnement; ils doivent savoir qu'ils pourront acheter du homard dans l'avenir. Ils doivent pouvoir soutenir de façon raisonnable la concurrence des autres intervenants. Cela maximise la valeur du homard et le revenu du pêcheur. De plus, cela maximise le rendement pour le pays et pour la collectivité.
Je suggère que les permis soient assimilés à un instrument financier. Comme les permis ne constituent pas un bien, il est difficile de les associer à une hypothèque; je préfère parler d'un instrument financier. Il faudrait laisser les banques émettre un instrument financier, ou un autre type de document, au nom du pêcheur. De cette façon, si ce dernier ne rembourse pas ce qu'il doit, la banque peut obtenir le permis, forcer sa vente et récupérer son dû. Les tribunaux ont trouvé cette formule acceptable, et la question a maintenant été portée en appel.
Je propose que nous allions plus loin en laissant les acheteurs de homard et l'industrie de la commercialisation participer à ce genre d'instruments. Il ne leur serait pas nécessaire alors de monter une fiducie et, de plus, il leur en coûterait beaucoup moins cher. Leur sécurité financière serait plus grande dans la mesure où la personne titulaire du permis pourrait se délier de l'obligation à des conditions raisonnables comme toute personne peut le faire dans le cas d'une hypothèque liée à tout autre type d'entreprise ou de biens réels. Cela aiderait beaucoup.
On devrait permettre aux familles ou aux pêcheurs de homard de créer des sociétés qui seraient détentrices de leurs permis. On devrait permettre les sociétés en nom collectif. Cependant, chaque société ne devrait pas pouvoir détenir plus qu'un permis de pêche au homard et chaque personne ou société ne devrait pas pouvoir posséder des actions ou des intérêts dans plus d'une société. Aucune société ou aucun pêcheur ne devrait être autorisé à détenir des permis dans plus d'une zone de pêche au homard. C'est ce que nous constatons à l'heure actuelle dans des zones où les résultats sont très bons. Les pêcheurs se servent du capital pour concurrencer des navires de plus grande taille dans d'autres pêches lorsque leur saison est terminée. Cela comporte de très grands risques.
Les fiducies existantes pourraient bénéficier de droits acquis. Elles ne devraient pas être visées par une date de péremption. Un pêcheur pourrait vendre ses éléments d'actif de la société de portefeuille détentrice des fiducies, mais il ne pourrait vendre ces fiducies du même coup. Le pêcheur ne pourrait vendre une société à une autre. Lorsque ces permis changeraient de titulaire, ils deviendraient assujettis aux nouvelles règles. Cela aurait pour effet de stabiliser le marché.
Les titulaires de 20 ou 30 permis en fiducie se trouveraient à avoir immobilisé 20 ou 30 millions de dollars sans pouvoir s'en servir comme garantie bancaire, à cause de leurs accords de fiducie et de la politique du ministère puisque, en signant un arrêté de gestion des pêches, le ministre pourrait invalider le permis et lui enlever toute valeur aux yeux de la banque. Donc, l'intéressé ne serait pas en mesure de s'appuyer sur cette valeur pour négocier le fonds de roulement de sa société. Cependant, si la personne vendait des permis aux capitaines et obtenait de ces nouveaux titulaires de permis un instrument financier, comportant une entente selon laquelle ces derniers lui vendraient leurs homards à la valeur du marché, alors ils pourraient racheter sa participation à tout moment, mais la personne bénéficierait d'une sécurité d'approvisionnement assez bonne. Elle pourrait donc approcher la banque en étant libérée de l'obligation de 20 ou de 30 millions de dollars et, dans la négociation de son fonds de roulement, faire valoir ses prévisions concernant la quantité de produits qu'elle commercialiserait au cours des cinq années suivantes. Tout à coup, le plan d'affaires tient la route.
Ce courtier peut commercialiser des produits canadiens dans les marchés japonais, orientaux et européens. L'indépendance du secteur des pêches est maintenue et une demande est créée pour ces produits, ce qui en augmente la valeur et est profitable aux pêcheurs.
Ces quatre éléments, et il peut y avoir des variantes, élimineraient les circonstances qui ont rendu ces accords de fiducie obligatoires. Ces fiducies ne faisaient pas partie d'un quelconque plan machiavélique visant à faire main basse sur la pêche au homard. Les bénéficiaires de ces accords de fiducie nous diraient qu'ils ne suffisent pas. Les capitaines nous diraient que ce n'est pas la meilleure façon de procéder. Le plus efficace serait que le capitaine soit propriétaire de son bateau. Il sait quoi faire. Il ira pêcher lorsque les conditions seront favorables, il prendra ses décisions en fonction de la sécurité de son équipage et il fera bonne pêche.
Les gens participent à ces accords de fiducie pour assurer l'approvisionnement. Les courtiers qui s'occupent du homard ont besoin d'une seule chose: du homard. Ils savent ce qu'ils ont à faire.
Quand j'étais jeune, à Comeauville, je pêchais au printemps et je me souviens de deux acheteurs qui venaient sur le quai de Comeauville. Ils achetaient les homards au plus bas prix possible pour les revendre à deux courtiers aux États-Unis. Les prix étaient établis au printemps et à l'automne. Les courtiers revendaient le homard sur le marché américain et faisaient 25 ¢ de profit la livre. Les courtiers empochaient les profits selon la valeur sur le marché américain et nos pêcheurs vivaient dans la pauvreté.
Il y a 20 ou 30 ans, il a commencé à y avoir de la concurrence du côté des courtiers. Tout à coup, les courtiers étaient prêts à payer 15 ¢ ou 20 ¢ de plus la livre. Il y avait d'importantes fluctuations pendant la saison. Les pêcheurs eux-mêmes se sont mis à faire du courtage et à construire des étangs de retenue. Ce fut très bon pour eux. Leur revenu familial est très bon. Leurs enfants reçoivent une bonne éducation. Ils contribuent énormément à l'économie. Il est important que nous protégions cela.
J'espère que le ministre tiendra compte de mes commentaires et protégera les immobilisations de retraite de ces familles ainsi que l'avenir de l'industrie des pêches et de l'économie de l'Ouest de la Nouvelle-Écosse.
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Monsieur le Président, je prends la parole au nom de l'aile fédérale de notre parti avec des sentiments mitigés. Il est toujours bon de parler de la politique canadienne en matière de pêches. Ce qui est malheureux, c'est que nous allons devoir procéder à un petit examen d'histoire avant d'aborder le contexte du projet de loi, son avenir et l'incidence que nous croyons qu'il aura sur les pêcheurs canadiens et leurs familles.
La première lecture du projet de loi à la Chambre des communes a eu lieu le 13 décembre 2006. On l'a présenté comme un projet de loi qui moderniserait les pêches. La Loi sur les pêches est vieille de 138 ans et il faut la moderniser. Je suis d'accord avec le ministère et avec le gouvernement pour dire qu'il convient de revoir et de moderniser toute loi qui existe depuis si longtemps.
Cependant, nous ne sommes pas pêcheurs. Nous sommes politiciens. Comme il s'agit d'un texte si important pour les pêcheurs du pays et leurs familles, nous nous serions attendus à ce qu'ils puissent donner leurs commentaires utiles avant la présentation du projet de loi.
À maintes reprises, le gouvernement a affirmé que le projet de loi avait été présenté à la Chambre des communes à la suite de vastes consultations. Mais c'est tout simplement faux.
Les consultations portaient sur certaines régions du pays et sur les politiques de ces régions, par exemple sur l'examen de la politique atlantique et sur le fleuve Fraser, sur la côte ouest. On a étudié de manière consultative diverses politiques relatives aux régions du pays où il y avait des problèmes précis. Ce sont ces politiques des quatre coins du pays qui ont été portées à l'attention des bureaucrates, lesquels ont conçu le projet de loi qui a été présenté le 13 décembre 2006.
J'aimerais rappeler à mes collègues du Parti libéral que ceci est semblable à un projet de loi qu'on a essayé de présenter au milieu des années 1990. Mais le Parti conservateur de l'époque — les réformistes — a exercé tellement de pressions que le projet de loi a été abandonné, il est mort au Feuilleton et il n'a vu le jour qu'en décembre dernier.
Me fiant aux propos du ministre au sujet des consultations, j'ai demandé la liste de toutes les personnes consultées par rapport au projet de loi avant sa présentation le 13 décembre 2006. J'attends encore.
J'ai donc appelé des pêcheurs, leurs organisations et les provinces et je leur ai posé une question simple: « Vous a-t-on consultés par rapport à la nouvelle loi sur les pêches avant la présentation du projet de loi le 13 décembre? » J'ai parlé à des groupes autochtones, aux provinces et à divers groupes de pêcheurs du pays.
Lors de la dernière convention de l'Union des pêcheurs maritimes, à Moncton, le a déclaré à toutes les personnes qui se trouvaient dans l'assistance que ce projet de loi avait fait l'objet de nombreuses consultations. J'ai pris la parole après le ministre. Pendant qu'il se trouvait dans l'assistance, j'ai demandé à toutes les personnes présentes qui avaient été consultées relativement à cette mesure législative avant qu'elle soit présentée de lever la main. Pas une seule personne n'a levé la main.
Si nous omettons de consulter les pêcheurs pour une chose qui a autant d'importance dans leur vie, nous sommes très mal partis.
Évidemment, le gouvernement a déclaré que nous devions attendre l'étape de la deuxième lecture, puis mener des consultations après les faits. Le danger qu'il y a à procéder ainsi et la raison pour laquelle nous appuyons l'amendement de renvoi des libéraux, c'est que, après la deuxième lecture, il est impossible de proposer certaines dispositions et certains amendements, car ils sont alors jugés irrecevables.
Le gouvernement parle du fait que la Loi sur les pêches maintient le caractère public du secteur de la pêche. Je rappelle tout de même au gouvernement la décision rendue par la Cour suprême en 1997 dans l'affaire opposant Comeau's Sea Foods Ltd. et le Canada. Dans une décision unanime, la Cour Suprême a déclaré que les ressources halieutiques étaient un bien commun depuis l'époque de la Magna Carta. Le poisson et les ressources appartiennent au peuple canadien, non au gouvernement. Dans le projet de loi, on ne trouve aucune mention de la décision de 1997 de la Cour suprême. En fait, la seule chose que le projet de loi dit, c'est que le Parlement entend préserver le caractère public de la gestion des pêches et de l’habitat du poisson. Ce sont là deux choses différentes. N'importe quel conseiller juridique d'entreprise vous le dira.
En fait, Chris Harvey, conseil de la reine de la Colombie-Britannique, a déclaré que ce projet de loi représentait le cas d'expropriation d'une ressource publique le plus important de l'histoire du Canada. Ce n'est pas moi qui l'ai dit. Ces paroles viennent d'un avocat très compétent qui comprend la dimension constitutionnelle de la législation canadienne sur les pêches.
Je rappelle aussi au Parti conservateur du Canada qu'il n'y a qu'un seul pêcheur commercial parmi les députés fédéraux, à savoir le député de . Évidemment, on suppose que cette personne s'y connaît en matière de pêche commerciale.
Cette personne, qui ne peut être nommée, est un député conservateur qui siège ici depuis 1993, qui faisait partie du Comité permanent des pêches et des océans depuis 1993, et qui a exprimé très clairement ses préoccupations au sujet de ce rapport. C'est en raison des objections formulées par le député que le Parti conservateur du Canada l'a exclu du comité.
Si les conservateurs sont si fiers de cette loi, tout en disant qu'ils sont conscients que celle-ci pose des problèmes qui peuvent être corrigés en comité, pourquoi ont-ils exclu le seul pêcheur commercial qui faisait partie du Comité permanent des pêches et des océans? Pourquoi ont-ils fait cela? C'est parce qu'ils n'aiment pas la dissidence dans leurs rangs.
La réalité, c'est que les objections formulées par le député de , avec lequel j'ai évidemment des divergences d'opinion étant donné qu'il est conservateur et que je suis néo-démocrate, au sujet du projet de loi sont fondées. Or, il a été exclu du comité en raison de ses objections.
J'ai voyagé partout au pays et j'ai rencontré un grand nombre de pêcheurs et de représentants de leurs organisations. Ceux-ci ont de très fortes objections face à la méthodologie du projet de loi. J'ai aussi discuté avec un grand nombre de groupes environnementaux et j'ai tenu des conférences de presse avec de tels groupes d'un bout à l'autre du pays. Ce projet de loi fait peu pour protéger l'intégrité du poisson et de son habitat. Nous pouvons voir dans quelle direction le gouvernement s'engage en matière de protection de l'habitat du poisson.
Prenons le cas de Trout Pond, dans le centre de la Nouvelle-Écosse, qui est un lac dans lequel on trouvait cinq espèces de poisson. Qu'est-ce que le gouvernement a autorisé la province à faire en vertu de l'annexe 2 de la Loi sur les mines? Il a permis que ce lac en très bon état devienne un bassin de résidus pour une société minière. Au lieu de dire à la compagnie de garder son bassin de résidus à l'écart du réseau hydrographique, le gouvernement a permis la destruction du lac, tout en ayant évidemment l'intention d'aménager quelque chose d'autre afin qu'il n'y ait pas de soit-disant perte nette de poisson et d'habitat de poisson. Les Canadiens attendent encore.
Si nous lisons attentivement le projet de loi, nous apprenons que le gouvernement doit tenir compte de certains aspects de la gestion de l'habitat. Toutefois, si nous tournons quelques pages, nous constatons que le gouverneur en conseil peut prendre des mesures complètement différentes.
Examinons le projet de loi. L'article 48, à la page 22, précise, et j'adore cette phrase, ce qui suit: « Il est interdit de tuer des poissons autrement que dans le cadre d’une activité de pêche. » Cela semble assez clair. Si on tourne la page, on peut lire que le gouverneur en conseil peut « autoriser quiconque à tuer du poisson autrement que dans le cadre d’une activité de pêche ».
Qu'est-ce que le gouvernement tente de nous dire? Il déclare: « Vous pouvez tuer des poissons seulement dans le cadre d'une activité de pêche, mais ne vous en faites pas, le gouverneur en conseil peut passer outre aux décisions du ministère, du ministre, du gouvernement, du Parlement et des comités et dire que vous pouvez tuer des poissons par d'autres moyens », ce qui signifie la pollution et la destruction de leur habitat. Quiconque dans ce pays affirme que Pêches et Océans Canada a bien conservé l'habitat des poissons est à côté de ses pompes.
Je rappelle au Parlement et à tous ceux qui sont à l'écoute que les conservateurs étaient au pouvoir en 1992 lorsque s'est produit le pire effondrement de ressources naturelles au large de la côte Est du pays. Je parle ici des stocks de morue. Plus de quatre milliards de dollars ont été dépensés pour rétablir la pêche sur la côte Est, et personne à Pêches et Océans Canada ou au gouvernement n'a jamais été tenu responsable. Même si le rapport de M. Hutchings et du défunt Ransom Myers a très clairement indiqué à la fin des années 1990 que leurs rapports scientifiques avaient fait l'objet de manipulations au sein du ministère, personne n'a jamais été tenu responsable de ces agissements.
Cela a coûté 4 milliards de dollars de deniers publics. De nombreuses personnes ont dû changer d'emploi, voire quitter la superbe province de Terre-Neuve-et-Labrador pour le Centre et l'Ouest du Canada. On pourrait penser que quelqu'un se serait levé pour déclarer que le gouvernement s'était fourvoyé, mais non. Maintenant, ce même ministère et ces mêmes conservateurs disent « Faites-nous confiance, nous savons ce que nous faisons. Faites simplement passer ce projet de loi à l'étape du comité après la deuxième lecture et nous résoudrons les problèmes qui auront été relevés ».
Je répète encore une fois que certains amendements et certains articles ne peuvent pas être adoptés après l'étape de la deuxième lecture. C'est pourquoi nous avons tendu une branche d'olivier au gouvernement avant Noël, puis une autre fois en janvier. Nous avons tendu la branche d'olivier une autre fois avec l'amendement de renvoi pour que le comité puisse étudier ce projet de loi avant le vote à l'étape de la deuxième lecture et pour que l'on puisse consulter les pêcheurs, les provinces et les groupes autochtones, de manière à ce qu'en fin de compte, la loi convienne à la majorité des pêcheurs et du reste de la population canadienne.
Je fais partie du Comité des pêches depuis 1997. Depuis le départ du député de , c'est moi qui, de tous les membres actuels du comité, en fait partie depuis le plus longtemps. Je suis très fier de participer aux travaux de ce comité en compagnie de députés d'autres partis. Nous avons déposé 27 rapports, je crois, et 23 d'entre eux faisaient l'unanimité.
Puisque les conservateurs, les libéraux, les bloquistes et les néo-démocrates sont capables de s'entendre à propos du contenu de plusieurs rapports sur les pêches au pays, on peut dire que le travail en comité fonctionne bel et bien. Les recommandations peuvent être examinées au sein du comité, avec l'éclairage et les analyses voulus, de telle sorte que nous puissions formuler des recommandations utiles pour le gouvernement.
Nous voulons aider le ministre à préparer une nouvelle loi, mais si le projet de loi est renvoyé au comité après la deuxième lecture, nous serons tout simplement incapables d'y arriver et nous n'aurons d'autre choix que de rejeter le projet de loi par tous les moyens. Avant d'en arriver là, nous serions enchantés de pouvoir collaborer avec le ministère et avec le gouvernement pour pouvoir insérer les amendements qui feraient un vrai bon projet de loi.
Nous soupçonnons le gouvernement de vouloir continuer sur la voie de la privatisation des ressources publiques, où l'on est engagé depuis déjà longtemps. Je rappelle à la Chambre que le sous-ministre des Pêches et des Océans, Larry Murray, a déclaré récemment à juste titre que, s'il y a un débat à tenir au pays, celui-ci doit porter sur l'avenir de la pêche. Autrement dit, nous devons soit gérer la ressource comme une ressource commune, soit adopter plutôt un système de QIT ou quotas individuels transférables.
Deux pays ont récemment adopté un tel système: la Nouvelle-Zélande et l'Islande. Ce sont deux petits pays qui ont des zones de pêche différentes des nôtres, mais ils ont transformé une ressource commune en une ressource davantage gérée par le privé. Les deux pays affirment que le système a connu le succès, même si beaucoup de gens ont dû se retirer du secteur. Certaines personnes se sont beaucoup enrichies et le système suscite encore des dissensions dans ces deux pays. Je ne crains pas un débat sur les QIT. Nous devons tenir un débat ouvert et honnête dans tout le pays et ne pas imposer un système en catimini, comme on l'a vu si souvent au fil des ans.
En 1997, la Cour suprême a déclaré que les pêches étaient une ressource commune appartenant à la population du Canada. Si c'est le cas, pourquoi le Jim Pattison Group contrôle-t-il la majeure partie des stocks de saumon sauvage de la côte Ouest? Pourquoi contrôle-t-il la majeure partie des stocks de hareng sur la côte Ouest? Comment se fait-il que Clearwater ait réussi à s'approprier pratiquement tous les stocks de pétoncle de la côte Est?
Comment se fait-il que tout juste l'autre jour, le ministère fédéral des Pêches et des Océans et le ministre des Pêches de la Nouvelle-Écosse ont attribué pendant 10 ans la pêche aux myes d'une plage particulière de la vallée d'Annapolis? Cette plage est maintenant restreinte. Seule cette entreprise pourra y pêcher des myes pendant 10 ans. Tous les autres sont exclus. Si nous parlons d'une ressource commune, comment le gouvernement peut-il si souvent céder des ressources halieutiques à des intérêts privés?
Cela se produit constamment et le projet de loi ne fera que sanctionner le système. Nous ne pourrons pas modifier les orientations du projet de loi après la deuxième lecture. Le gouvernement le sait et nous le savons. Nous avons obtenu un avis juridique de la Bibliothèque du Parlement qui dit clairement que certaines propositions d'amendement ne pourront pas être acceptées après la deuxième lecture. Ce n'est pas une manière de gouverner de façon ouverte et transparente et ce n'est pas un processus ouvert et transparent.
Nous avons demandé à maintes reprises que le projet de loi soit présenté aux pêcheurs et à leurs familles pour des consultations actives. Avec les amendements que nous pourrions présenter, le projet de loi pourrait être efficace. Comme l'a déclaré mon collègue de , le projet de loi a des qualités. Après l'avoir étudié très attentivement, je serais prêt à en accepter, je dirais, 40 p. 100 immédiatement.
D’autres aspects du projet de loi nous inspirent cependant des inquiétudes, soit la relation entre le ministre et le gouverneur en conseil, en ce qui concerne l’habitat du poisson, les ordonnances de gestion des pêches et les modalités de répartition.
Le gouvernement envisage maintenant des répartitions de 15 ans. Selon lui, un permis est un privilège et non un droit. Dans ce cas, comment peut-on faire valoir auprès d’une banque un privilège pour obtenir un prêt, alors qu’il peut s’agir d’une répartition que ne durera que 15 ans? Fort difficile.
Je me suis entretenu avec des membres de l’Association des banquiers canadiens, et ils se sont penchés sur la question. Ils disent que, en l’absence de garanties solides, de quelque chose de tangible, ils ne peuvent tout simplement pas prêter l’argent dont ces pêcheurs ont besoin. La question se présente différemment dans le cas des commissions des prêts aux pêcheurs, dans les provinces, et nous pourrons y revenir une autre fois.
Voilà donc certains des problèmes majeurs que le projet de loi présente. Nous ne pouvons pas dire, comme le ministre ou le gouvernement le prétendent, que le projet de loi présenté aux Communes repose sur des consultations larges et intenses, car ce n’est pas vrai. Cette affirmation est tout bonnement inacceptable.
Nous savons que le ministre est d’origine terre-neuvienne. Il a travaillé dans les régions de pêche pendant une grande partie de sa jeunesse, comme l’avait fait son prédécesseur au ministère des Pêches. Nous les respectons pour ce qu’ils ont fait en travaillant dans ces petites localités.
Le doit connaître mieux que quiconque la misère des pêcheurs de sa propre province. Plus de 50 000 personnes ont dû quitter les petits villages isolés de Terre-Neuve-et-Labrador pour trouver du travail ailleurs à cause de l’effondrement d’une richesse collective, la morue du Nord.
Nous constatons maintenant, dans le détroit de Northumberland qui sépare l’Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick et l’île du Cap-Breton, que bien des pêcheurs de homard ont dû mal à faire leurs prises cette année, même si, dans d’autres secteurs, les prises sont à la hausse.
Nous connaissons le problème des accords de fiducie. Je dois féliciter le gouvernement d’avoir proposé récemment des moyens de s’attaquer au problème autrement que par le projet de loi. Je dirai d’emblée au ministre que je suis disposé à travailler avec lui dans ce dossier particulier. Il a raison de dire que la dernière chose dont nous ayons besoin au Canada, ce sont des pantouflards.
Si le projet de loi était adopté dans sa forme actuelle, sans le solide contenu canadien que nous réclamons, concernant l’accès public et le droit du public aux pêches, rien n’empêcherait John Risely, du Clearwater Group, de vendre toute son entreprise à des intérêts étrangers. Nous finirions par avoir une ressource collective qui est contrôlée par des étrangers et leur appartient. Voilà ce qui donne la frousse aux pêcheurs et à leurs familles.
Les formidables habitants de Canso, en Nouvelle-Écosse, sont dans une situation lamentable. Mon collègue de connaît très bien la région. Depuis plus de 400 ans, les habitants de cette collectivité pratiquent la pêche et le poisson est transformé dans la ville même. Que s'est-il passé cette année? Rien. Qu'est-il arrivé aux habitants de ces régions? Ils sont tous partis ou ils comptent partir. Avec un peu de chance, ils trouveront autre chose. Avec un peu de chance, il leur restera un peu de dignité quand ils prendront leur retraite.
Voilà le sort des villages de pêche dans un pays qui a cédé son stock de poissons à des sociétés qui font désormais transformer le poisson en Chine ou ailleurs. Nous savons que le doré du lac Winnipeg est pêché le long de la côte de Gimli, au Manitoba. Les sociétés prennent ce poisson, le congèlent, l'envoient en Chine, où il est transformé, congelé une fois de plus, renvoyé ici et vendu dans des Safeway à Winnipeg. Apparemment, cela coûte moins cher que de transformer le poisson ici même, à Transcona. Sur l'emballage, on peut lire « Produit du Canada », « Fait en Chine ». Le poisson a été pêché dans le lac Winnipeg et vendu à Winnipeg. Nous exportons nos emplois, sans parler de l'aspect environnemental de la chose.
En conclusion, je tiens à dire au gouvernement qu'il a laissé filer une excellente occasion de collaborer avec l'opposition, de travailler avec le comité afin d'élaborer une loi sur les pêches flambant neuve, bien conçue et moderne qui répondrait aux besoins des pêcheurs dans l'ensemble du Canada et s'attaquerait aux problèmes des Premières nations.
C'est pourquoi nous demandons de nouveau au gouvernement de retarder l'étude du projet de loi et de renvoyer ce dernier au comité afin que nous puissions tenir les consultations que réclament les pêcheurs et leurs familles. Nous pourrons ainsi rédiger un projet de loi moderne, arriver à une entente à la Chambre et obtenir un produit final dont nous pourrons tous être très fiers.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur le projet de loi . Toutefois, en réalité, nous sommes en train de discuter de l'amendement de renvoi et j'éprouve moins de plaisir à parler de cet amendement proposé le 23 février par le député de . Je pense que cet amendement cause du tort aux pêcheurs et à ceux qui participent au débat.
Nous sommes en train de discuter d'un amendement de renvoi dont l'adoption entraînerait un résultat tout à fait contraire à ce que nous voulons faire. Je pense que nous voulons tous concrétiser l'objectif du projet de loi, c'est-à-dire renforcer les pêches et assurer leur viabilité. Je ne vois pas comment cet amendement nous permettra d'atteindre cet objectif. Nous savons tous que le rôle de l'opposition est de s'opposer, ne serait-ce que pour le principe de la chose, mais en l'occurrence il me semble que le député fait fausse route.
J'aimerais éclairer la lanterne de certains députés — car je pense qu'il règne une certaine confusion à ce sujet — ainsi que de ceux qui nous regardent. En effet, la motion du député peut paraître relativement bénigne aux yeux des profanes. Après tout, qu'y aurait-il de mal à retarder le processus d'encore six mois? Si la majorité des députés votent en faveur de l'amendement, cette décision pourrait nuire aux intervenants du secteur des pêches. Nous ne parlons pas d'un retard dans les délibérations. En fait, les députés tueraient le projet de loi , tout simplement. Ce sont les faits.
Pourquoi? Il est très important de comprendre les conséquences de l'adoption de cet amendement. Permettez-moi de citer le Compendium de la procédure parlementaire, document qui fait autorité. On peut le trouver sur le site web du Parlement:
Le renvoi est une motion d’amendement qui peut être proposée à la motion de deuxième ou de troisième lecture d’un projet de loi. Un préavis n’est pas nécessaire, et la motion peut être débattue, mais pas amendée. Un amendement de renvoi propose qu’un projet de loi ne soit pas lu « maintenant », mais que la deuxième lecture soit reportée à trois ou six mois.
L’amendement de renvoi doit remplir certaines conditions. Son objet doit être de neutraliser le mot « maintenant » dans la motion de lecture. Il doit donc modifier la motion de lecture en y supprimant tous les mots suivant le mot « Que » et en les remplaçant par: « le projet de loi (numéro et titre)...
En l'occurrence, il s'agit du projet de loi :
[...] ne soit pas lu pour la deuxième [...] fois maintenant, mais qu’il soit lu une deuxième [...] fois dans trois mois (ou six mois) à compter d’aujourd’hui .
Je remarque que le député a fait très attention pour libeller son amendement de façon à remplir ces conditions. Je félicite ses recherchistes d'avoir bien fait leur travail. Toutefois, ce que nous ne remarquons pas dans ses remarques, c'est ce qui suit, et je cite de nouveau le Compendium:
L’adoption d’un amendement de renvoi revient à rejeter un projet de loi en reportant son examen. Par conséquent, le projet de loi disparaît du Feuilleton et ne peut plus être déposé, même après que la période de renvoi est écoulée.
Certains diraient qu'amendement de « détournement » serait peut-être plus approprié qu'amendement de « renvoi ».
Il est très difficile de croire que des députés consciencieux voudraient en fait rejeter le projet de loi sans qu'il ait franchi les étapes du processus législatif normal, comme la deuxième lecture, l'étude en comité, l'étude article par article et ainsi de suite, en prétextant simplement qu'il n'y a pas eu assez de consultation.
Permettez-moi d'aborder cette question de la consultation, qui a déjà été soulevée quelques fois ce matin, et de faire la lumière sur la consultation qui a eu lieu ou qui n'a pas eu lieu au cours des derniers mois et même des dernières années.
Durant le débat du 23 février 2007, le député de , comme il l'a dit encore une fois ce matin, a parlé du mythe voulant qu'il y ait eu consultation.
D'entrée de jeu, je tiens à dire que, si certains députés insinuent que les intervenants n'ont pas été invités à commenter le texte et les dispositions précises du projet de loi avant sa présentation, ils ont évidemment raison. En fait, la tradition parlementaire veut qu'un projet de loi soit présenté au Parlement pour qu'il l'étudie, et c'est au Parlement de tenir des consultations sur la mesure proposée.
Cependant, si on demande si les intervenants ont été consultés sur les principes, les thèmes et les idées sensées que renferme le projet de loi , alors là la réponse est oui.
Les parties intéressées, allant des syndicats aux groupes autochtones, connaissaient-elles à l'avance les principes généraux de la mesure législative proposée? Savaient-elles qu'elle leur donnerait un rôle accru dans la prise de décisions? Savaient-elles qu'une Loi sur les pêches modernisée tiendrait davantage compte de la conservation et de la protection des ressources halieutiques et de leur habitat dans la prise de décisions sur la gestion des pêches? Savaient-elles qu'elle assurerait plus de stabilité, de transparence et de prévisibilité en ce qui concerne l'accès et la répartition en matière de pêche?
Bien sûr ils le savaient. Ce sont d'ailleurs eux qui ont proposé que ces questions soient soumises à la consultation et qui nous ont imploré de prendre les mesures qui s'imposaient.
Les députés qui sont ici depuis longtemps devraient savoir que lorsqu'une nouvelle loi est proposée, le travail sous-jacent a été entrepris depuis quelques années. En fait, la majeure partie des consultations préliminaires ont été effectuées sous la direction du gouvernement précédent. Nous félicitons le gouvernement précédent d'avoir fait ce travail et reconnaissons que le comité permanent a apporté une participation extrêmement utile au fil des ans.
Le projet de loi est le fruit de centaines de séances de consultation et d'information sur le renouvellement des pêches qui ont été tenues d'un bout à l'autre du pays dans le but d'ériger un système moderne de gestion des pêches répondant aux défis du XXIe siècle. Parmi ces efforts de consultation, notons, entre autres, la révision de la politique sur les pêches de l'Atlantique, le rapport sur la nouvelle orientation des pêches dans le Pacifique, le rapport Pearse-MacRae sur l'avenir du saumon du Pacifique, l'examen de la Stratégie relative aux pêches autochtones et le plan de modernisation du processus environnemental.
Il n'est donc pas exagéré de dire que le ministre pouvait s'appuyer sur une base très solide pour proposer des modifications à la loi. Le projet de loi tient compte de la plupart des plus importantes constatations et orientations stratégiques découlant de ces consultations et autres initiatives.
J'aimerais dire quelques mots sur deux de ces initiatives qui permettent de bien illustrer mon propos. Je commencerai d'abord par la révision de la politique sur les pêches de l'Atlantique. Ce fut un important exercice de consultation qui a duré plus de cinq ans et qui est à la base des dispositions qui se trouvent dans le projet de loi .
Cette révision a commencé en mai 1999 et elle visait à établir un cadre pour la gestion des pêches de la côte Est et un consensus sur une nouvelle vision en matière de pêche. Ce fut un processus de collaboration auquel un grand nombre de citoyens ont participé. Tout au cours des travaux, les pêcheurs, les usines de transformation du poisson et les représentants de l'industrie, de même que les gouvernements des provinces de l'Atlantique, du Québec et du Nunavut, les groupes autochtones, les représentants de la collectivité et les groupes environnementaux ainsi que des universitaires et d'autres intéressés ont été appelés à faire part de leurs commentaires et conseils. Ce n'est là qu'un bref survol d'un processus très complexe qui s'est poursuivi sur une longue période. Pour ne pas monopoliser davantage de temps, j'aimerais déposer un document présentant en détail les consultations qui ont été menées au cours de la révision de la politique sur les pêches de l'Atlantique.
En février 2001, le MPO a publié un document de travail très complet qui a servi de base aux discussions et débats publics. Le ministère a par la suite demandé aux participants de faire part de leurs commentaires et conseils aux cours de consultations publiques exhaustives qui se sont tenues dans 19 collectivités de la région. Cet exercice a donné naissance au Cadre stratégique sur la politique sur les pêches de l'Atlantique et il tient compte des nombreuses opinons entendues au cours des consultations.
En juin de la même année, le Groupe indépendant sur les critères d'accès était mis sur pied afin d'effectuer un examen et de formuler des recommandations sur les critères d'accès, en vue d'assurer un accès nouveau ou accru aux pêches commerciales de l'Atlantique en hausse. Le groupe a sollicité la participation de l'industrie, des provinces atlantiques, du Québec, du Nunavut et d'organismes autochtones, et il a publié son rapport en avril 2002.
Le ministre de l'époque a répondu au rapport du groupe en novembre 2002, et il a adopté le nouveau cadre d'accès pour toutes les décisions visant un accès nouveau ou accru aux pêches commerciales de l'Atlantique, qui ont connu des augmentations importantes au niveau de l'abondance de la ressource ou de la valeur au débarquement.
Le MPO a entrepris la mise en oeuvre de certaines des initiatives clés du cadre stratégique dont j'ai fait mention. Toutefois, ce n'est qu'avec une nouvelle loi sur les pêches, telle que le projet de loi , que nous pourrons fournir au MPO et à l'industrie les outils et les pouvoirs qui leur permettront de franchir des étapes importantes vers la concrétisation de la vision énoncée dans ces deux documents de politique. Voici comment cela peut se faire.
Les objectifs du Cadre stratégique de gestion des pêches sur la côte atlantique s'attaquent aux grands défis de la gestion des pêches, notamment: les menaces à la conservation, la participation excessive et les obstacles à la viabilité économique, l'inefficacité de la gestion descendante, l'incertitude au niveau de l'accès et de la répartition, et les processus décisionnels fermés.
Les propositions législatives renfermées dans le projet de loi traitent directement de ces défis en matière de gestion des pêches au moyen d'un certain nombre de mesures précises. Celles-ci incluent des dispositions sur la conservation et l'utilisation durable, l'autonomie et la collaboration, des mesures d'intendance commune, ainsi qu'une répartition et un accès stables et transparents.
Par ailleurs, des consultations ont aussi eu lieu avec des ONG qui oeuvrent dans le domaine de l'environnement et de la conservation. En fait, comme je l'ai mentionné, les intervenants qui ne représentaient pas le secteur des pêches ont aussi apporté leur contribution en ce qui a trait aux dispositions du projet de loi sur la protection de l'environnement et de l'habitat. Par conséquent, je pense qu'il serait utile de faire allusion à l'engagement des ONG dans ce qu'on appelle le Plan de modernisation du processus environnemental, ou PMPE. Il s'agit d'un engagement qui fait le lien avec le projet de loi .
Le MPO s'est fondé sur les résultats d'une initiative nationale antérieure sur l'habitat pour créer le PMPE, au début de 2004. Ce plan visait à faire en sorte que le programme de gestion de l'habitat soit plus efficace aux niveaux tant de la conservation et de la protection du poisson et de son habitat que de la prestation de ses services aux Canadiens, et aussi à faire en sorte qu'il reflète mieux les intérêts et les priorités des partenaires et des intervenants.
Peu de temps après la création du PMPE, 13 ONG nationales ou régionales oeuvrant dans le domaine de la conservation et de l'environnement ont été invitées à participer à une séance de consultation, qui s'est tenue le 15 juin 2004. Tous les participants approuvaient l'orientation que le MPO prenait relativement au PMPE, et ils ont formulé un certain nombre de suggestions quant à l'aide qu'ils pourraient fournir. En septembre 2004, huit ONG ont convenu de mettre sur pied un comité directeur afin de recenser les priorités et les points d'intérêt communs, aux fins de la gestion de l'habitat du poisson et de l'élaboration d'une entente.
Au cours de 2005 et 2006, le comité directeur a tenu de nombreuses réunions, rédigé des documents de discussion, et organisé et mené un atelier national. On visait par là à confirmer les domaines d'intérêt commun, à définir des priorités à court, moyen et long terme et à établir des objectifs visés par une entente devant être signée en 2007.
Le 12 octobre 2005, le ministère a tenu une session avec des ONG du secteur de l'environnement concernant le PMPE et le renouvellement de la Loi sur les pêches. La réunion a eu lieu à Ottawa et aussi dans le reste du pays par le truchement de la diffusion web.
En avril 2006, le MPO a communiqué par lettre avec le Réseau canadien de l'environnement et plusieurs des ONGE les plus importantes pour leur proposer la création d'un comité mixte qui serait chargé d'organiser un atelier national d'envergure portant sur cette question et des aspects connexes. Le comité mixte a été créé et il a tenu un atelier en octobre 2006. Y ont participé les représentants de 25 ONG des domaines de la conservation et de l'environnement provenant de l'ensemble du Canada et de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale, un observateur de l'Assemblée des Premières Nations, ainsi que des membres du personnel des bureaux régionaux et de l'administration centrale du MPO.
Entre autres sujets, l'atelier a notamment porté, je tiens à le souligner, sur le renouvellement de la Loi sur les pêches. Après l'atelier, une délégation d'ONGE a rencontré des membres du personnel du cabinet du ministre et des hauts fonctionnaires du MPO. L'atelier a permis de lancer un important dialogue en matière de gestion de l'habitat avec les ONGE et il a débouché sur la création d'un comité national de coordination de la gestion de l'habitat du poisson, chargé de donner suite à ses recommandations.
De plus, durant l'année 2006, le personnel des régions et de l'administration centrale du MPO a organisé des séances au sujet des plans de modernisation et du renouvellement de la Loi sur les pêches partout au Canada, avec des municipalités, des associations industrielles, des groupes autochtones, des ministères fédéraux, des organismes provinciaux, des experts-conseils, des associations professionnelles, des groupes communautaires, des groupes de bénévoles et des ONG.
Je sais que j'ai donné une description de ces activités assez détaillée pour que certains députés la jugent fastidieuse, mais je l'ai fait pour montrer à quel point le processus de consultation avait été important et complet. Il est tout aussi clair que des consultations à plus vaste échelle ont été menées de façon tout aussi rigoureuse.
Comme je l'ai répété lors du débat tenu le 23 février à la Chambre, entre août 2005 et décembre 2006, les fonctionnaires du MPO ont rencontré plus de 300 groupes intéressés canadiens pour discuter de l'initiative de modernisation. Ces groupes représentaient un échantillon très important de parties intéressées des Premières nations, des secteurs de la pêche récréative et commerciale et des transformateurs, des industries des ressources naturelles, des ONGE et du public.
À la suite de rencontres avec les ministres provinciaux et territoriaux responsables des pêches et de l'aquaculture en mars et en mai 2006, il est devenu clair que nos partenaires provinciaux et territoriaux souhaitaient ardemment que la Loi sur les pêches soit modifiée. Comme nous l'avons dit à de nombreuses reprises, cette loi a 138 ou 139 ans.
Puis, lors d'une réunion du Conseil canadien des ministres des Pêches et de l'Aquaculture, tenue à Yellowknife en octobre 2006, nous avons été invités à modifier la Loi sur les pêches de manière à assurer une plus grande collaboration entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux et à favoriser un environnement de prise de décision qui soit stable, transparent et prévisible. Il est donc bien évident que des consultations en profondeur ont eu lieu.
De plus, ce n'est pas comme si la consultation avait cessé au moment où le projet de loi a été présenté. En effet, le MPO a, à la suite de la présentation du projet de loi, envoyé des milliers de lettres aux intervenants et offert plus de 100 séances d'information à un grand nombre de groupes, pour mieux leur faire comprendre le processus parlementaire, les dispositions du projet de loi et la marche à suivre pour faire connaître leur opinion. Le ministère a en outre tenu des séances d'information technique à l'intention de presque toutes les provinces et tous les territoires.
Le siège social et les bureaux régionaux du MPO ont soit rencontré les quelque 125 intervenants principaux dans les 48 heures précédant la présentation du projet de loi, soit tenu une conférence téléphonique avec ceux-ci. Parmi ces intervenants, notons l'industrie de la pêche récréative, les ONGE, les industries du secteur primaire, les groupes autochtones, d'autres ministères fédéraux et des représentants des gouvernements provinciaux et territoriaux. Le ministère continue de tenir des séances d'information pour assurer un suivi.
Quant au ministre, il a envoyé, à la mi-décembre, plus d'un millier de lettres aux intervenants, dont près de la moitié à des groupes autochtones et des Premières nations, leur faisant savoir que le projet de loi avait été présenté et où on pouvait le trouver. Des Canadiens de partout au pays font maintenant connaître leur opinion en communiquant avec leurs députés, le ministre, votre dévoué, les médias, et cetera, et c'est précisément ainsi que doit fonctionner le processus démocratique.
Bref, nous déployons et avons déployé des efforts extraordinaires pour communiquer avec les intervenants et les inviter à apporter leur concours à l'orientation de la politique en ce qui concerne la nouvelle mesure législative.
Si le processus suit son cours, des consultations officielles sur le projet de loi seront menées dans le cadre du processus parlementaire. Il se pourrait que le comité invite des particuliers et des représentants d'organisations concernés par ce projet de loi à lui faire part de leurs commentaires soit par écrit soit en personne. La population aussi aura l'occasion de s'exprimer, lorsque le projet de loi sera soumis à un processus similaire au Sénat.
Lorsque le projet de loi sera devenu loi, les intervenants et quiconque s'intéresse à la question pourront exprimer leurs points de vue sur la façon d'appliquer les divers articles de la loi au moyen de règlements. Le processus utilisé à cette fin sera ouvert et transparent.
En vertu de la nouvelle Loi sur les pêches, le ministre et toutes les personnes contribuant à l'administration de la nouvelle loi tiendront compte du principe voulant que l'on encourage les Canadiens à participer à la prise de décisions touchant la gestion des pêches ainsi que la préservation et la protection du poisson et de son habitat.
Outre la participation des intervenants, ce principe se manifestera grâce au pouvoir général qu'aura le ministre de constituer des comités consultatifs à diverses fins. Cela est prévu dans le projet de loi.
Finalement, les intervenants ont maintenant eu plus de quatre mois pour assimiler l'information et peu d'entre eux ont indiqué être surpris par des éléments du projet de loi. Ils n'acceptent peut-être pas le libellé de certains articles, mais le projet de loi ne contient aucun changement de politique qui n'ait déjà été vu ou entendu. Nous croyons donc fermement qu'il revient maintenant au comité parlementaire de procéder aux consultations concernant le libellé du projet de loi après l'étape de la deuxième lecture.
Avons-nous la prétention de présenter un projet de loi parfait? Bien sûr que non. Nous croyons toutefois qu'il est aussi parfait que six années de consultations et de compromis le permettent.
Si cet amendement est accepté, mettant ainsi fin au projet de loi , ce sont alors des dizaines de milliers d'heures de consultations auprès des intervenants sous notre gouvernement et le gouvernement précédent qui auront été réalisées en pure perte. Je ne peux imaginer pire manque de respect non seulement envers les intervenants, mais aussi envers la procédure et le processus parlementaires ainsi que la démocratie.
Il est temps d'aller de l'avant. Les intervenants de l'industrie de la pêche ne peuvent se permettre d'attendre plus longtemps. La pêche a changé, l'industrie a changé, et les utilisateurs de ressources ont changé. La loi actuelle n'est plus pertinente, alors que le projet de loi le serait.
J'invite tous les députés à faire en sorte que cet amendement de renvoi ne devienne pas un amendement de sabotage. Six années d'intenses consultations ainsi que le temps et la confiance des intervenants sont en jeu.
Qu'est-ce qui est en jeu en fin de compte? Rien de moins que la vie et les moyens de subsistance de milliers de Canadiens, de même que les mesures essentielles de ce projet de loi qui aideraient à préserver et à protéger les précieuses ressources que sont nos rivières, cours d'eau et océans.
Si nous laissons le projet de loi mourir au Feuilleton, qui pourra prédire à quel moment une nouvelle version verra le jour? Il est temps d'aller de l'avant. Les intervenants de l'industrie de la pêche ne peuvent plus se permettre d'attendre et nous voulons faire le travail.
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Monsieur le Président, je veux parler un peu de ma circonscription et des problèmes que j'ai avec le projet de loi .
Ma circonscription est Sydney—Victoria, au Cap-Breton. C'est essentiellement une grande circonscription, et la pêche y est une importante industrie. Il y a une communauté portuaire à chacune des deux extrémités de ma circonscription, à savoir Pleasant Bay et New Waterford. Il y a approximativement 300 kilomètres de côtes entre ces deux collectivités, et il y a probablement 30 collectivités qui dépendent de l'industrie de la pêche. Si l'on ajoute ces 30 collectivités aux pêcheurs, cela représente un nombre élevé de personnes qui dépendent de la pêche. En effet, probablement près de 1 000 familles dépendent directement de cette industrie.
Dans ces collectivités, les travailleurs d'usine de traitement du poisson, les personnes qui vendent des fournitures aux pêcheurs, les camionneurs, les acheteurs et même l'industrie du tourisme dépend de l'industrie de la pêche de ma circonscription et du Cap-Breton. Beaucoup de gens viennent à l'île du Cap-Breton afin de voir les collectivités de pêcheurs. On vend approximativement 100 millions de dollars de produits au Cap-Breton. C'est pour cette raison que l'industrie de la pêche est importante et que nous devons faire preuve de prudence avec ce projet de loi.
Le Parti libéral ne s'oppose pas à ce que des modifications soient apportées à la Loi sur les pêches, qui est vieille de plus de 138 ans. Le précédent ministre des Pêches du Parti libéral a dit avoir amorcé des modifications de la loi. Il a dit très clairement en 2005 qu'il voulait que le comité évalue attentivement le secteur de la pêche. Il voulait également assurer une bonne consultation des pêcheurs et de tous les intervenants. Si des problèmes surgissent aujourd'hui, comme cela a été le cas ce printemps, c'est en raison d'un manque de consultation. Nous n'avons eu d'autre choix que de décider de reporter l'étude du projet de loi. Elle a été reportée, comme beaucoup le savent, le 23 février.
Chez nous, mon collègue de et moi avons reçu de nombreux appels, au cours de l'hiver, au sujet de la situation et des préoccupations des pêcheurs. Nous avons organisé une assemblée publique à Sydney River, qui se trouve au centre de nos circonscriptions respectives. Beaucoup de gens ont assisté à cette réunion qui a eu lieu en hiver. Le 12 avril, c'est encore l'hiver dans l'île du Cap-Breton. Nous avons accueilli plus d'une centaine de pêcheurs qui étaient très inquiets. Ils étaient également très mécontents. La grande majorité d'entre eux s'opposaient au projet de loi . Beaucoup de gens s'y opposaient.
Ils étaient très préoccupés par le projet de loi et ils voulaient qu'on le relègue aux oubliettes. Nos électeurs qui assistaient à cette réunion étaient très satisfaits parce que, en février, nous avions reporté l'étude du projet de loi. Les gens voulaient davantage de consultation.
On nous a dit que le ministère des Pêches et des Océans n'avait pas parlé des conséquences de cette nouvelle loi pour les pêcheurs. Une nouvelle loi sur les pêches accorderait trop de pouvoir aux fonctionnaires, et beaucoup de pêcheurs estimaient que la loi actuelle était déjà dysfonctionnelle. L'expérience leur avait appris que ce projet de loi ne leur plairait pas du tout.
Les pêcheurs ont souligné que le libellé des articles portant sur la cession de permis était trop vague. Les pêcheurs ont besoin d'obtenir l'assurance que la loi n'éliminera pas la valeur de leur permis. Parfois, la valeur de leur permis est la seule chose qu'il leur reste. Beaucoup de pêcheurs ne faisaient pas confiance au ministère des Pêches et Océans. C'est en grande partie parce que ce projet de loi est mal conçu.
Je ne veux pas trop m'éloigner du sujet, mais nous voyons fréquemment la façon dont le gouvernement conservateur présente des projets de loi à la Chambre. Lorsque de bons projets de loi sont présentés et que le comité fait son travail, le gouvernement les foule aux pieds. J'en ai été témoin dans le cas du projet de loi .
Je ne m'attarderai pas sur les problèmes que nous avions avec les projets de loi sous le précédent gouvernement. J'aimerais qu'on s'en tienne aux faits, surtout à propos de la réunion du 12 avril au Cap-Breton. Beaucoup de gens qui y ont participé pensaient aussi que des changements étaient nécessaires.
Josephine Burke-Kennedy est une porte-parole très éloquente pour beaucoup de pêcheurs, surtout les pêcheurs de crabe. Elle a affirmé, à la réunion, qu'elle se préoccupait des dispositions du projet de loi portant sur la cession de permis, comme je l'ai mentionné précédemment. Elle a dit qu'elle souhaitait que son fils puisse hériter du permis de son père s'il le souhaitait, et ce, sans ingérence. Elle a aussi soulevé le manque de clarté dans le projet de loi relativement aux accords de fiducie et au droit du ministère de refuser un permis s'il a des soupçons quant à la cession du permis.
Ses inquiétudes sont tout à fait justifiées. Elle parlait au nom de la plupart des gens à la réunion. Ces derniers voulaient veiller à ce que les pêcheurs aient le droit de pêcher. Ils devraient aussi avoir le droit de vendre leur permis à qui bon leur semble. Le ministre des Pêches n'a aucun droit de retirer le quota de qui que ce soit.
Le projet de loi a une incidence. Les pêcheurs s'inquiètent du risque que leur permis soit acheté par de grandes sociétés. Nous pourrions leur dire qu'ils n'ont rien à craindre, mais ça ne changera rien.
Ce n'est pas le moment de tenir des consultations. Comme le savent beaucoup de mes collègues du Canada atlantique, et même de la côte Ouest, ces mois-ci, beaucoup de pêcheurs se lèvent à 4 heures du matin et terminent leur journée avant 17 heures s'ils sont chanceux. Ils n'ont pas le temps de participer à des consultations. Ils sont stressés et c'est dangereux, mais ils doivent gagner leur argent en quelques mois. Ce n'est pas le bon moment. Le bon moment sera à l'automne.
Nous sommes d'accord sur le fait que la Loi sur les pêches doit être modifiée, parce qu'elle a plus de 100 ans.
Beaucoup de choses ont changé dans le secteur des pêches depuis 20 ans. Les stocks de poisson ont changé radicalement, particulièrement du côté de l'Atlantique, où il y avait auparavant beaucoup de poisson de fond. Les changements sont attribuables à la surpêche et à l'utilisation de chalutiers.
En raison de la diminution des stocks de morue, un prédateur des crustacés, il y a beaucoup plus de ces derniers dans notre région, ce qui est une bonne chose. Nous voulons administrer cela et réglementer la pêche efficacement parce qu'il y va de l'avenir de l'industrie. La saison est courte pour les pêcheurs de crustacés. Ils doivent probablement faire leur argent en deux mois.
Beaucoup de pêcheurs vont travailler dans les champs de pétrole de l'Ouest entre les saisons de pêche pour pouvoir joindre les deux bouts. La pêche n'est pas aussi lucrative que les gens l'imaginent. C'est une activité risquée où les prix fluctuent beaucoup. Une chose est sûre cependant, c'est que les pêcheurs ont un permis. Ils croient qu'ils devraient conserver ce permis sans qu'il perde de sa valeur.
Examinons un peu le projet de loi parce qu'il n'est pas entièrement mauvais. La nouvelle loi donnerait aux pêcheurs plus de poids dans la fixation des quotas et dans la conservation. La conservation est un élément capital pour les pêcheurs, qui participent au maintien et à la gestion des stocks de poisson. C'est un bon élément du projet de loi. Nous reconnaissons que tout n'est pas mauvais dans le projet de loi.
L'Office des pêches a été mentionné de nombreuses fois aujourd'hui et cet organisme rend les pêcheurs nerveux. Qui aura vraiment son mot à dire dans la gestion des stocks de poisson? Qui aura vraiment son mot à dire au sujet des permis de pêche? Vont-ils simplement nommer une personne quelconque? Les pêcheurs sont très inquiets à cet égard.
Comme si cela ne suffisait pas, les ministres provinciaux ont des réserves face au projet de loi et cela rend les collectivités de pêcheurs très nerveux. L'Office des pêches est probablement un des plus grands sujets de préoccupation parce que les pêcheurs n'en comprennent pas les répercussions. Il y a trop d'incertitude à cet égard.
Ce projet de loi a du bon, mais il pose également des problèmes majeurs. La Loi sur les pêches est plus que centenaire. Nous devons réfléchir à ce qu'il faut faire. Pourquoi ne pas attendre encore un an? Pourquoi le comité n'étudie-t-il pas ce dossier en priorité cet automne? Des intervenants de tous les milieux pourraient comparaître et le comité pourrait ainsi faire le tour de la question. Il pourrait consulter des pêcheurs pendant tout l'hiver. Nous pourrions donc préparer un excellent projet de loi pour le printemps prochain. Il n'y a rien de mal à cela. Personne ne s'y opposerait. Les pêcheurs pêcheraient quand même cette année. Leur qualité de vie n'en souffrirait pas. Les collectivités continueraient de prospérer quand la pêche est bonne. Donc, pourquoi ne pas attendre un an? Là est la question.
Nous sommes préoccupés par la rapidité avec laquelle les choses se bousculent. Nous sommes préoccupés par l'économie du Canada atlantique. Ces collectivités sont le moteur de notre économie. Qu'il s'agisse d'un vendeur de voitures ou des enseignants qui enseignent à nos enfants, tout le monde a un lien avec nos collectivités.
En fin de compte, je crois que les pêcheurs et leurs familles veulent avoir leur destin en main. Ils veulent avoir voix au chapitre. Ils veulent avoir leur mot à dire sur la composition de ces tribunaux et sur la façon dont les stocks seront gérés pour assurer leur subsistance à long terme.
Les pêcheurs veulent être propriétaires de leurs licences puisqu'elles ont une valeur énorme. Bien souvent, les pêcheurs qui prennent leur retraite doivent encore de l'argent sur leur bateau et leur équipement. Leurs licences valent beaucoup d'argent et ils veulent les transmettre à la génération suivante. C'est très important.
Comme les députés le savent, mon collègue de et moi avons fait nos devoirs. Nous avons tenu une réunion à Sydney River pour que les gens s'expriment. Les pêcheurs nous ont dit d'attendre que les consultations appropriées soient menées, qu'ils aient eu leur mot à dire et qu'ils soient satisfaits, car nous espérons que la nouvelle loi dure encore 100 ans et assure l'avenir de l'industrie des pêches.
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Monsieur le Président, c’est avec plaisir que je participe au débat d’aujourd’hui. Je pense que tout spectateur peut voir le thème qui s’en dégage et les inquiétudes que les partis de l’opposition expriment aujourd’hui. Nous ne sommes pas en désaccord sur la nécessité de moderniser la Loi sur les pêches, mais sur la façon dont le gouvernement a abordé la question. Il l’a mal fait et nous sommes là pour l’aider.
Je pense que les gens n’ont pas énormément confiance lorsque quelqu’un du gouvernement leur dit qu’il est là pour apporter son aide. C’est ce que nous voulons faire pour ce projet de loi.
Un certain nombre de députés ont parlé du travail accompli par le Comité permanent des pêches et des océans. Mon collègue et ami, le député de , est le membre de ce comité qui compte le plus d’ancienneté et je pense que j’arrive en deuxième place. J’ai fait partie de ce comité à plusieurs reprises au cours des sept dernières années.
Comme j’ai siégé à environ huit comités différents de la Chambre, je peux dire sans me tromper que le Comité permanent des pêches et des océans est le moins sectaire de tous. Tous ses membres travaillent assidûment. À chaque réunion et sur chaque dossier que nous étudions, nous travaillons pour défendre les intérêts du secteur de la pêche. Les membres de la côte Ouest s’intéressent tout autant et connaissent tout autant les problèmes de la région de l’Atlantique que leurs collègues de l’Atlantique connaissent les défis auxquels sont confrontés les pêcheurs de la côte Ouest.
Quelqu’un a déjà mentionné à la Chambre que mon collègue a participé à 26 études différentes du comité, qui ont fait l’objet de 22 rapports unanimes. Tous les membres du comité ont appuyé le dépôt de ces rapports.
Nous venons de terminer une étude assez exhaustive sur le problème de la chasse aux phoques. C’était un rapport unanime. Nous sommes allés à Terre-Neuve et nous nous sommes aventurés sur la glace dans le sud du golfe. Nous avons assisté ensemble, épaule contre épaule, à cette chasse. Maintenant, lorsque nous appuyons le ministre, cela renforce encore plus sa position. Le Canada et la Chambre parlent d’une même voix.
Je pense que nous avons la possibilité et le désir d’en faire autant pour cette loi. Ses principes ne sont pas mauvais, mais nos inquiétudes sont vives. Mon collègue de en a mentionné un certain nombre.
Je suis moi-même inquiet. Je sais qu’au cours de la dernière législature, le ministre des Pêches et des Océans avait demandé au comité permanent d’entreprendre une étude complète afin que, lorsque le projet de loi serait présenté, nous ayons suffisamment de renseignements pour pouvoir élaborer une nouvelle Loi sur les pêches.
Le comité directeur du Comité permanent des pêches et des Océans avait accepté de procéder à cette étude, mais le , qui était alors le porte-parole de l’opposition, a changé d’avis. Il n’a pas voulu d’une étude sur la nouvelle Loi sur les pêches et nous sommes donc passés à autre chose.
On a déjà mentionné au cours de ce débat que notre collègue, le député de , un pêcheur commercial, sans doute un des membres du comité qui connaît le mieux la pêche commerciale, ne fait plus partie du comité parce qu’il a émis des inquiétudes au sujet de certains aspects de la nouvelle Loi sur les pêches. Il a été exclu du comité. C’est vraiment dommage non seulement pour le gouvernement, mais également pour les gens de tout le secteur de la pêche.
Le a dit que nous étions contre pour le simple fait d'être contre. Ce n'est pas le cas. Nous approuvons bon nombre des propositions, et je vais vous expliquer pourquoi.
Nous approuvons en principe une bonne partie de ce qui est proposé. Plusieurs ministres du gouvernement précédent avaient tenté de favoriser la réforme de la Loi sur les pêches et s'étaient heurtés à une certaine opposition. Cependant, en principe, je pense que nous pouvons aboutir à une loi nettement meilleure si nous soumettons la question au comité avant la deuxième lecture.
Divers groupes nous ont approchés pour manifester leur opposition. Les opposants à la mesure législative du gouvernement ont été les premiers avisés. Comme l'a dit mon collègue de , nous avons tenu une série de rencontres dans la circonscription. Nous avons rencontré récemment, à Sydney River, un groupe dont les inquiétudes étaient diverses et profondes.
J'ai parlé avec un groupe de pêcheurs à Canso la semaine dernière. Il s'agissait de représentants de l'association des pêcheurs côtiers du comté de Guysborough. Ils appuyaient la mesure, mais tenaient à me faire connaître un certain nombre de réserves, qui sont loin d'être sans importance.
Je voudrais citer un extrait d'une lettre de la Fédération du saumon Atlantique, qui déploie de grands efforts depuis des décennies concernant la pêche au saumon. Je sais que le ministre aimerait être considéré comme un grand défenseur du saumon de l'Atlantique. Avec le lancement du Fonds de dotation pour le saumon de l'Atlantique, cela devenait possible. Lorsque nous étions au pouvoir, nous avons créé un fonds de 30 millions de dollars destiné à diverses initiatives communautaires de soutien du saumon de l'Atlantique.
Assez étrangement, au moment où on s'apprêtait à attribuer le fonds de dotation de 30 millions de dollars, l'actuel a voté contre ce budget. De fait, il n'a pas du tout appuyé le saumon de l'Atlantique. En se préparant à recevoir des demandes de financement et au moment de l'annonce, il ne s'est pas gêné pour se vanter d'avoir beaucoup fait pour le saumon de l'Atlantique. Nous savons que ce n'est pas le cas.
Je sais que la Fédération du saumon Atlantique a fait connaître ses inquiétudes au sujet de cette mesure législative. Permettez-moi de lire un extrait de la lettre de cette organisation: « La Fédération du saumon Atlantique demande que le projet de loi C-45 soit retiré et qu'un processus de consultation valable soit établi, de manière à permettre à la population d'avoir le temps voulu pour étudier les changements proposés à la Loi sur les pêches et pour formuler des propositions réfléchies à cet égard. »
Nous reconnaissons l'importance du saumon de l'Atlantique pour les pêches récréatives. Nous connaissons le prix du saumon sur le marché, mais dans le monde des pêches récréatives, il est au-delà de 300 $ la livre. Les pêcheurs à la ligne qui passent la nuit ou plus dans une collectivité représentent un élément important de l'industrie du tourisme. Pour que ceux-ci expriment leurs préoccupations, le ministre doit les écouter.
Nous avons reçu beaucoup de soumissions de la part de groupes environnementaux. Quelques députés néo-démocrates en ont cité plus tôt. Ces groupes nous demandent de retirer sur-le-champ le projet de loi . Ces groupes sont, entre autres, l'Alberta Wilderness Association, la British Columbia Federation of Fly Fishers, BC Nature, la Société pour la nature et les parcs du Canada, le Fisheries Recovery Action Committee et la Georgia Strait Alliance. Ces groupes représentent les pêches en eaux douces ainsi que les pêches sur les côtes Est et Ouest. Il y a aussi la Watershed Watch Salmon Society, la Yukon Conservation Society, la David Suzuki Foundation, le Sierra Club et le Ecology Action Centre. Selon ces groupes, la nouvelle loi n'est pas assez musclée pour protéger le poisson et son habitat.
L'Association minière du Canada, elle, appuie résolument le projet de loi. Si j'étais un pêcheur, je pense que je serais quelque peu préoccupé par le fait que seule l'Association minière du Canada appuie ce projet de loi.
Depuis le début, le gouvernement ne fait que nous dire: « Ne vous occupez pas de cela. Faites-nous confiance. On s'en occupera, ce n'est pas un problème. N'ayez pas peur. Tout va bien. On est décontracté parce qu'on s'en chargera. On défendra les intérêts des pêcheurs canadiens. »
Nous avons vu ce qui se passe quand on laisse tout entre les mains du gouvernement. Nous savons ce qu'il est advenu de sa promesse sur les fiducies de revenu. Nous savons que la promesse relative à l'Accord atlantique n'a pas été tenue, et on sait tous qu'une « promesse non tenue » est la pire des tromperies. Nous savons que cet accord a été déchiré et jeté à la poubelle. Demandons aux habitants de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse combien ils ont confiance en la parole du gouvernement.
Personnellement, je le vois également chez les gens de ma circonscription, des gens comme Joyce Carter. C'est une grande dame, une belle dame et la veuve d'un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, à qui le chef de l'opposition de l'époque, notre actuel, avait promis que le Programme pour l'autonomie des anciens combattants serait bonifié dès l'arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur. Nous savons aussi très bien où cette promesse a abouti: à la poubelle.
Les collectivités de pêcheurs ne croient aucunement que le gouvernement tiendra sa promesse de prendre soin des pêcheurs, que les pêcheurs pouvaient lui faire confiance. Le gouvernement n'inspire plus confiance. Je pense que nous en avons eu la preuve hier soir en voyant le résultat du scrutin à l'Île-du-Prince-Édouard.
J'aimerais juste dire une dernière chose à ce sujet, c'est-à-dire au sujet de la situation amusante qui est survenue la semaine dernière mettant en cause le . Les étudiants de ce pays, les jeunes, ont fait confiance au gouvernement et nous avons vu comment 80 p. 100 du financement accordé aux étudiants l'année dernière n'existe plus. Nous avons vu que le financement du programme d'emplois d'été pour étudiants a été amputé de plusieurs millions de dollars. Nous avons vu que des groupes communautaires qui, pendant des dizaines d'années, avaient offert des emplois d'été aux étudiants, ont été laissés pour compte et abandonnés à leur sort.
Toutefois, le ministre a pris la parole ici pour dire que tout allait bien, que tout était merveilleux et que nous n'avions qu'à regarder les groupes qui avaient bénéficié d'un financement. Il a dit que, dans ma circonscription, cinq groupes avaient reçu un financement. Si je lui avais posé sept autres questions, et qu'il m'avait répondu en me donnant le nom de cinq groupes, cela aurait couvert le nombre total des subventions accordées dans ma circonscription. Mais le ministre a dit que tout allait bien, que tout était merveilleux.
Il doit s'agir là de la stratégie de ce gouvernement.
Un candidat conservateur de ma circonscription a dit l’autre jour que cette nouvelle répartition de fonds destinée aux étudiants est caractéristique du financement de seconde phase. Il n’y a jamais eu de seconde phase de financement, mais si la vérité ne convient pas, on se permet de fabriquer une réponse. Cela semble être la façon normale de procéder de ce gouvernement, mais les gens ne s’y laisseront pas prendre.
Pour ce qui est du projet de loi, il suscite de grandes inquiétudes. Les pêcheurs nous ont beaucoup parlé ces derniers temps de la question des accords de fiducie. Sous un ministre précédent, le MPO a complètement refait le plan relatif au crabe au Cap-Breton et dans l’Eastern Shore. Par suite d’une décision prise, quelques titulaires de permis d’accès temporaire ont été forcés par le MPO et le gouvernement d’alors à signer des accords de fiducie. Pour être admissibles à un permis, ils devaient se regrouper et conclure un accord de fiducie. Cette disposition a été adoptée il y a près de deux ans.
Le gouvernement nous dit maintenant que les accords de fiducie doivent disparaître, qu’ils ne seront plus reconnus et que nous disposons d’une période de sept ans pour nous en débarrasser. Toutefois, les accords de fiducie ne sont pas tous mauvais. Il y a bien des pêcheurs qui n’auraient jamais pu entrer dans ce secteur sans de tels accords.
Le gouvernement devrait prévoir une formule de droits acquis. Aujourd’hui, une grande incertitude règne au sujet de tout ce qui entoure les accords de fiducie. Bien sûr, nous ne voulons pas que de grandes sociétés contrôlent le plus gros des prises autorisées. Ce n’est pas du tout ce que nous voulons. Nous tenons à ce que l’industrie reste indépendante.
Toutefois, les accords de fiducie ne sont pas tous mauvais. Ils devraient faire l’objet de consultations plus étendues. Nous devons déterminer ce qui est juste, ce qui marche et ce qu'il y a de mieux pour l’industrie. Nous ne pouvons le faire qu'en procédant à des consultations. Nous devons faire preuve d’un certain respect envers les pêcheurs. C’est eux que nous devons consulter.
Il en est de même pour l’accès au capital. Mon collègue de Nova-Ouest en a parlé. Cet aspect dépend aussi des accords de fiducie.
Quant aux titulaires de permis de pêche au homard de la classe B, nous ne savons pas où ils aboutiront après l’adoption de la nouvelle loi.
Au sujet de l’Office des pêches, mon collègue de Victoria a parlé de certaines préoccupations qui devront faire l’objet de discussions. Personnellement, je ne crois pas que la création de l’office soit une mauvaise chose.
On s’inquiète de l’absence d’un mécanisme d’appel des décisions de l’office. Je crois cependant que, si on lui donne le pouvoir de s’occuper des violations de la Loi sur les pêches, les choses devraient aller plus vite. Nous savons qu’il y a des gens qui abusent de leurs privilèges. Ils sont pris une, deux ou trois fois. Il y a des abus dans le domaine des pêches, mais ils sont mineurs.
J’ai l’impression que les pêcheurs qui abusent de leurs privilèges sont relativement peu nombreux, mais nous avons besoin d’une forme de recours. L’office sera certainement bien placé pour trancher assez rapidement, ce qui réduira les délais et l’encombrement des tribunaux. Je crois quand même qu’il faudrait prévoir une procédure quelconque d’appel. J’espère que nous pourrons régler cette question au comité.
Le ministre a parlé du transfert de responsabilités aux provinces. Il a énuméré les provinces qui appuient cette mesure en principe. Je me demande vraiment quelle est la position des provinces à cet égard, parce que je serais inquiet à leur place. Je sais que les députés de l'opposition dans ces provinces ont exprimé des inquiétudes.
Est-ce encore là un autre cas où le gouvernement fédéral se décharge de ses responsabilités en les refilant aux provinces, dont il accroît ainsi le fardeau? Si le gouvernement cherche à confier plus de responsabilités aux provinces en ce qui concerne la protection de l'habitat et l'application de la loi dans ces secteurs, nous ne voyons aucun transfert de fonds aux provinces à cette fin dans les prévisions budgétaires. Où les provinces trouveront-elles l'argent pour s'acquitter de ces responsabilités accrues? Je ne vois pas cela dans le projet de loi.
Je crois que les répercussions dont il a été question plus tôt seront évidentes notamment à l'Île-du-Prince-Édouard. Il y a une importante communauté de pêcheurs dans cette province, et je crois que les répercussions là-bas sont attribuables en partie au fait que le ministre des Pêches et le gouvernement fédéral essaient de faire avaler cette mesure aux pêcheurs de l'Île-du-Prince-Édouard et de l'ensemble du pays. Je m'inquiète de ce transfert de responsabilités aux provinces et de la capacité des provinces de s'acquitter de ces responsabilités.
Le coût de la cueillette des données scientifiques n'a pas encore été mentionné aujourd'hui. Je ne crois pas qu'on se soit penché sur cette question. À mon avis, le coût de la cueillette des données scientifiques et l'utilisation qu'on fait de ces données seront un facteur important en ce qui concerne l'avenir des pêches, à la suite du jugement Larocque. Ce que nous entendons de la part des pêcheurs, de ceux qui récoltent la ressource, c'est qu'ils en ont assez de tout cela. Ils ont accepté ce modèle. Ils savent que, pour être prospère et durable, leur industrie doit être fondée sur des données scientifiques.
Comme il ne me reste qu'une minute, je vais essayer de conclure mes remarques en disant ceci. Nous avons imposé un lourd fardeau aux pêcheurs. Nous attendons beaucoup d'eux. Ils ont accepté ce modèle selon lequel les répartitions serviraient à payer en partie pour la cueillette des données scientifiques, mais il semble que ce soit une pente dangereuse. Une partie de plus en plus grande des répartitions sert à la cueillette des données scientifiques. Nous savons, depuis le jugement Larocque, que cela ne tiendra plus. Où sont les fonds pour cela?
Je crois que nous devrions jouer un plus grand rôle et aider davantage nos pêcheurs en ce qui a trait à la cueillette de données scientifiques, mais cette question doit être examinée par le comité, qui doit tenir des audiences à ce sujet. Nous aimerions que le projet de loi soit renvoyé au comité avant la deuxième lecture afin que, lorsque nous poursuivrons l'étude de cette mesure, nous puissions en maintenir les principes, tout en nous dotant d'une Loi sur les pêches qui sert beaucoup mieux l'industrie.
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Monsieur le Président, il n'y a pas d'entreprise de pêche dans ma circonscription, mais elle se trouve en bordure du lac Ontario et la pêche sportive y est une activité fort répandue. J'ai écouté le débat ce matin et il est évident que les députés ne sont pas d'accord sur la méthode qui devrait être utilisée pour l'étude du projet de loi . Permettez-moi de souligner quelques-uns des points qui ont été soulevés au cours du débat et qui méritent qu'on s'y attarde.
Tout d'abord, plusieurs députés ont suggéré de soumettre le projet de loi à l'étude du comité avant la deuxième lecture puisque la loi n'a pas été modifiée depuis environ 36 ans et qu'il y a plusieurs intervenants en cause. Comme on l'a souligné, le secteur des pêches est un secteur très complexe qui réunit un grand nombre d'intervenants.
Certains ont affirmé que le projet de loi devrait faire l'objet d'une motion de renvoi et être confié au comité pour qu'il mène des consultations. On semble dire qu'il n'y a pas eu de consultations dans ce dossier, ce que les témoignages de divers groupes d'intervenants sembleraient appuyer, et qu'il aurait fallu en tenir. Je tiens à faire remarquer que même le résumé du projet de loi précise ce qui suit:
Le texte abroge et remplace la Loi sur les pêches. Il vise à assurer le développement durable des pêches au Canada et de l’habitat du poisson avec l’aide des pêcheurs, des provinces, des groupes autochtones et des autres Canadiens.
Je ne sais pas comment mes collègues interprètent l'expression « avec l'aide de », mais à mon avis, cela signifie, dans une certaine mesure et peut-être même dans une grande mesure, qu'il y a eu d'importantes consultations en ce qui a trait au texte provisoire ou à tout le moins aux principales questions visées.
Pour ce qui est de la deuxième lecture, une fois que la Chambre a adopté un projet de loi à cette étape, le Parlement a donné son approbation de principe. Le projet de loi est alors soumis au comité où des témoins sont appelés à comparaître. Il est possible de proposer des amendements à l'étape de l'étude en comité de temps à autres. Il arrive parfois qu'un très grand nombre d'amendements soient présentés et que bon nombre d'entre eux soient jugés irrecevables. La principale raison pour laquelle ils sont jugés irrecevables, c'est qu'ils vont à l'encontre de la décision du Parlement qui a donné son approbation de principe au projet de loi. En effet, les amendements proposés à l'étape de l'étude en comité ne doivent servir qu'à corriger certaines erreurs ou à apporter certaines modifications compatibles avec les principes fondamentaux du projet de loi.
Aujourd'hui, pendant le débat, les députés ont proposé un certain nombre d'exemples d'amendements qu'ils aimeraient voir apporter au projet de loi, tel qu'il est actuellement à l'étape de la deuxième lecture, mais qui, à leur avis et, je crois, à l'avis du greffier de comité, seraient irrecevables parce qu'ils vont au-delà de la portée du projet de loi ou en modifient le principe fondamental qui a été approuvé par le Parlement.
C'est un question très importante. Je tenais à formuler des commentaires à ce sujet, car le lui-même est intervenu à la Chambre et a rejeté l'idée de renvoyer le projet de loi au comité avant l'étape de la deuxième lecture. Sous réserve de vérification du compte rendu, si je peux me rappeler ses propos, il a essentiellement dit que le renvoi au comité avant l'étape de la deuxième lecture permettrait à tout un groupe de gens de se présenter devant le comité et de saboter le processus et que cela nous forcerait à écouter tous les commentaires des divers intervenants, qu'ils soient des environnementalistes, des pêcheurs, des organismes de réglementation ou des représentants des provinces.
J'ai deux points à soulever. Le premier est que c'est cela la consultation, c'est cela l'écoute. Cela tient un rôle important dans l'élaboration de bonnes lois et la prise de décisions judicieuses. Pour ce qui est de mon deuxième point, je ferais référence à ce que le député qui est maintenant le a dit à la Chambre, à savoir que les retards sont une partie essentielle du processus législatif. Cela fait partie de la démocratie de faire de l'obstruction, de débattre pleinement d'un sujet et de soulever le plus de questions possible. Pour certaines personnes, cela peut être perçu comme une chose qui perturbe le déroulement des activités, et apparemment le ministre est une de ces personnes.
Lorsque les députés ont des sentiments assez forts sur une question relative à un projet de loi, ils ont des outils qu'ils peuvent utiliser. Ils peuvent avoir recours au débat. Ils peuvent présenter des motions. Ils peuvent appeler des témoins à comparaître. En vertu de notre Règlement, ils disposent des outils nécessaires pour procéder à une étude très minutieuse et approfondie d'une mesure législative.
Le ministre a dit clairement qu'il ne voulait pas entendre tous les intervenants s'exprimer de façon détaillée. Le projet de loi a été déposé en décembre 2006 et on l'a laissé traîner. Je ne sais pas pourquoi nous n'en avons pas été saisis plus tôt, parce que c'est une mesure législative importante. Il y a un certain nombre de dossiers non réglés et il est très important qu'on s'en occupe. Il est clair que le ministre ne voulait pas entendre tous les intervenants, qui auraient formuler toutes sortes de questions, d'idées et de préoccupations. Pourtant, c'est là l'essence même du processus législatif.
J'ose dire qu'un grand nombre de députés ici n'auront pas eu l'occasion de lire intégralement le projet de loi . Celui-ci compte plus de 100 pages. Il remplace complètement la loi existante. Il abroge l'ancienne loi. Si nous voulons faire notre travail correctement, nous devons étudier le projet de loi article par article, afin de voir ce qui a changé et si on comprend bien pourquoi ces changements ont été effectués. C'est un exercice très difficile. Même si chaque député dispose de 20 minutes à l'étape de la deuxième lecture, cela ne lui donne pas le temps de discuter en profondeur et de façon détaillée du projet de loi.
Le premier intervenant a soulevé certains points très importants, notamment la question du transfert de permis au moment de la retraite. Il a aussi fait allusion au rôle des tribunaux. Un autre point que j'ai trouvé très intéressant est la délégation des responsabilités du ministre aux fonctionnaires du MPO. Il s'agit d'une toute nouvelle façon de faire. On a laissé entendre que, dans le passé, il y a parfois eu abus du pouvoir de délivrer ou non des permis.
À bien y penser, les parlementaires auraient beaucoup de travail à faire. Il y a une motion de renvoi, qui demande essentiellement au Parlement d'interrompre le processus à l'étape de la deuxième lecture et de renvoyer le projet de loi au comité, aux fins d'examen. Il est intéressant de noter que, lorsque le ministre a présenté ses arguments afin d'étayer son point de vue selon lequel nous ne devrions pas agir de cette façon parce qu'il ne veut pas entendre tous les intervenants, les divers groupes, les Autochtones, les pêcheurs commerciaux, les représentants des provinces et territoires, et ainsi de suite, il a oublié les mesures telles que le projet de loi .
Quand le projet de loi a été présenté à la Chambre, il constituait la solution de rechange du gouvernement au Protocole de Kyoto. C'était le plan environnemental. Il avait été divulgué aux groupes environnementaux pour leur donner l'occasion de dire ce qu'ils en pensaient. Une semaine avant même que le projet de loi ait été présenté à la Chambre, ils en avaient fait la critique complète et ils étaient unanimes pour dire que le projet de loi C-30 était un échec et qu'il ne produirait jamais de résultats concrets. Le projet de loi a été présenté à la Chambre, mais n'a jamais fait l'objet d'un débat à la Chambre. Il n'a jamais fait l'objet d'un débat parce que le gouvernement a décidé de l'envoyer au comité avant l'étape de la deuxième lecture.
Comme nous le savons, le projet de loi -- un très mauvais projet de loi, la Loi sur la qualité de l'air -- a été entièrement réécrit par les parlementaires qui ont consulté une pléthore de témoins pour s'assurer qu'il prévoie les mesures qui nous permettraient de respecter nos engagements à l'échelle internationale en matière d'émissions de gaz à effet de serre.
Le projet de loi a été entièrement réécrit par le comité, qui s'est fondé sur le témoignage d'experts et sur le travail soutenu de ses membres, qui ont été choisis par chacun des partis pour faire partie de ce comité législatif spécial.
S'il était justifié de renvoyer au comité le projet de loi sur la qualité de l'air avant l'étape de la deuxième lecture parce qu'il est compliqué, qu'il existe des opinions divergentes et que les députés ne comprenaient pas exactement pourquoi certaines mesures avaient été prises -- le comité est l'endroit désigné pour régler ces questions.
Le ministre présente l'argument selon lequel le projet de loi ne doit pas être renvoyé à un comité avant l'étape de la deuxième lecture parce que les conservateurs ne veulent pas consulter ces gens, pourtant le gouvernement a lui-même renvoyé un autre projet de loi à un comité avant l'étape de la deuxième lecture. En fait, il y en a eu plus d'un. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Soit on reconnaît les circonstances entourant un projet de loi, soit on risque de se trouver dans une impasse et d'être obligé de procéder d'une autre façon pour atteindre son objectif.
Nous ne pouvons, en toute honnêteté, nous passer de cette nouvelle Loi sur les pêches, car bien des changements se sont produits et la loi en vigueur est muette à bien des égards. J'ai pour ma part eu connaissance du problème des espèces envahissantes étrangères, un problème sur lequel j'ai beaucoup travaillé dans le cadre de la Commission mixte internationale. La partie 3 du projet de loi traite des espèces aquatiques envahissantes.
Les Canadiens connaissent peut-être les moules zébrées. Il s'agit d'une espèce envahissante étrangère ou ce qu'on appelle une espèce aquatique envahissante. Je crois comprendre qu'il en existe une trentaine d'espèces dans le système des Grands Lacs et qu'elles détruisent l'habitat du poisson. Actuellement, chaque fois qu'on réussit à se débarrasser d'une espèce envahissante étrangère, une autre apparaît. Comment cela se produit-il? Il existe bien des hypothèses, mais elles sont introduites par l'eau de ballast. Ce sont les navires en provenance de l'étranger qui les introduisent.
Je constate que transporter une espèce envahissante aquatique est une infraction. Je me demande ce qui arriverait à un navire qui transporterait, à son insu, une espèce aquatique envahissante inscrite à son arrivée au Canada. Il me tarde de voir la réglementation à cet égard. J'imagine qu'il pourrait y avoir une poursuite en justice pour déterminer si les propriétaires du navire savaient ou auraient dû savoir que, dans la gestion normale des eaux de ballast du navire, des espèces envahissantes seraient probablement introduites.
Cet aspect existe très certainement. La Commission mixte internationale est formée de représentants du Canada et des États-Unis et elle s'intéresse aux voies navigables communes. Elle effectue des études et fait des observations pour cerner les problèmes, recommander des solutions possibles et discuter de ces dernières.
Le problème cependant, c'est que la Commission mixte internationale n'a pas de pouvoir, car la moitié des membres représentent le gouvernement américain et l'autre moitié, le gouvernement canadien. Elle ne peut régler unilatéralement un problème; cela nécessite donc beaucoup de travail. J'ai hâte de voir comment les responsabilités et les pouvoirs du ministre s'harmoniseront avec les responsabilités de la Commission mixte internationale.
Dans la partie 3, le paragraphe 69.(1) dit: « Il est interdit d'exporter, d’importer ou de transporter tout organisme faisant partie d’une espèce aquatique envahissante désignée par règlement. »
Le ministre, peut, sous réserve des règlements...
Et un règlement sera pris à une date ultérieure.
...détruire ou autoriser quiconque à détruire conformément aux conditions qu’il impose un organisme qui fait partie:
a) d’une espèce aquatique envahissante désignée par règlement;
b) de toute autre espèce qui, de l’avis du ministre, est une espèce aquatique envahissante au sens des règlements.
À mon avis, cela risque de poser un problème, car le ministre aura désormais le pouvoir de désigner toute autre espèce comme étant une espèce aquatique envahissante, et comme nous élaborons probablement des lois qui sont assorties de règlements, je ne suis pas sûr que cela sera accepté par le Comité d'examen de la réglementation, mais nous verrons ce qui se passera à cet égard.
Quoi qu'il en soit, même si la partie 3, concernant les espèces aquatiques envahissantes, ne compte qu'environ quatre articles, j'aurais beaucoup de questions à poser au sujet de la CMI et des navires qui utilisent les voies navigables du Canada pour faire de l'exportation ou de l'importation.
Je voulais aussi commenter un autre aspect lié à une éventualité à l'étape de la deuxième lecture qu'un député a soulevé comme exemple. Ce député a parlé du projet de loi qui avait trait aux travailleurs de remplacement. Il devait être amendé au comité. Certains amendements ont effectivement été faits à cette étape, puis le projet de loi est revenu à la Chambre et le Président, qui avait consulté les greffiers, a déclaré que les amendements du comité allaient au-delà de la portée du projet de loi. Ces amendements avaient certainement un lien direct avec la mesure mais ils avaient une incidence sur un autre projet de loi dont il n'était pas question dans le projet de loi C-257.
Par conséquent, il se peut même que certains amendements valables ne soient pas intégrés à un projet de loi pour des raisons d'ordre technique. En voilà un très bon exemple. De fait, en ce moment même, un nouveau projet de loi sur cette même question des travailleurs de remplacement, le projet de loi , a été désigné par un sous-comité du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre comme ne pouvant pas faire l'objet d'un vote parce qu'il est identique ou semblable à un autre texte législatif.
Je puis comprendre l'argument selon lequel la plus grande partie du projet de loi est identique au projet de loi , qui a été rejeté par la Chambre. Par conséquent, nous pourrions soutenir que la plus grande partie de ce projet de loi a déjà été rejeté par la Chambre et que le fait de mettre aux voix les mêmes dispositions serait redondant. Par conséquent, selon le sous-comité, le projet de loi ne peut faire l'objet d'un vote.
La question a maintenant fait l'objet d'un appel et continue d'être étudiée. Cependant, même un élément aussi simple que le renvoi à une autre mesure législative peut suffire à compromettre l'acceptabilité de changements à l'étape du comité.
Après pratiquement 14 années d'expérience au Parlement, je dois dire qu'il est extrêmement difficile de faire accepter des changements d'importance au comité. Je crois que les députés le savent, tout comme le ministre, et que ce dernier sait également que, si nous tenons le genre de consultations que les députés souhaitent tenir, des changements seront nécessaires dans le cas qui nous occupe. Le ministre doit également savoir que la plus grande partie du projet de loi jouit d'un appui certain mais qu'il comporte certaines insuffisances que des députés ont soulignées.
J'estime que dans une situation de gouvernement minoritaire, nous avons là un bel exemple de la nécessité pour les partis de collaborer pour améliorer une mesure. Cela dit, je mets un terme à mon intervention.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de pouvoir m’exprimer au sujet du projet de loi . Je tiens à saluer l’excellent travail réalisé sur cette question par mon collègue, le député de . Je vais suivre son exemple et m’exprimer contre ce projet de loi.
Le projet de loi vise à modifier une loi qui a été proclamée en 1868. La plupart de ceux et de celles qui travaillent sur la Colline comprendront le sens de mes propos si je leur dis que je travaille dans l’édifice de l’Ouest, qui a quelques années de plus à peine que la loi, et qui se trouve dans un état lamentable après 139 ans d’existence. Nous convenons, bien sûr, qu’il y a lieu d’adopter une nouvelle loi sur les pêches, mais c’est au niveau du détail que le bât blesse.
Je suis également d’accord sur la prémisse de départ selon laquelle la Loi sur les pêches doit être modifiée et dépoussiérée pour qu’elle réponde à divers besoins, notamment pour ce qui est de la conservation, de l’amélioration de l’habitat, du contrôle par les collectivités et du respect des droits de traité des peuples autochtones du Canada. Or, ce projet de loi ne prévoit aucun changement dans ce sens et c’est pour cela que le NPD ne l’appuiera pas.
Mon collègue de Sackville—Eastern Shore a consulté des groupes de partout au Canada à ce sujet et une écrasante majorité de ses interlocuteurs lui ont dit qu’ils ne veulent pas de ce projet de loi. J’ai consulté des pêcheurs d’agrément et des pêcheurs autochtones en Colombie-Britannique et je me propose de vous transmettre certaines de leurs réactions.
La pêche récréative est la plus importante activité de pêche de la province, puisqu’elle concerne plus de 330 000 personnes qui achètent des permis de pêche en eau salée; 125 gîtes qui accueillent les pêcheurs à la ligne; 500 exploitants de bateaux nolisés et des centaines d’entreprises qui fournissent le secteur de la pêche sportive, comme St. Jean's Cannery & Smokehouse à Nanaimo qui, en se spécialisant dans la mise en conserve du saumon pris par les pêcheurs sportifs, exploite une niche.
Comme je viens de la circonscription de , qui est située le long de la côte et qui a une fière tradition dans le secteur des pêches, je comprends à quel point cela est important, pas uniquement pour l’industrie de la pêche elle-même, mais aussi pour toutes les industries secondaires qui appuient les pêcheurs. D’ailleurs, nous avons quantifié ce que tout cela représente: plus de 600 millions de dollars en activités économiques pour moins de 6 p. 100 des prises annuelles du saumon du Pacifique et moins de 12 p. 100 des prises annuelles du flétan du Pacifique.
Je ne crois pas qu’il y ait lieu de s’étonner qu’un secteur des pêches aussi important s’attende à ce qu’on lui accorde une certaine considération à l’heure où l’on envisage de réviser en profondeur la Loi sur les pêches. Malheureusement, force est de constater qu’on ne l’a pas fait.
Le projet de loi ne reconnaît pas que les pêches sont une ressource commune et il ne reconnaît pas non plus que le droit de pêcher accordé au grand public constitue une valeur importante. Le projet de loi précise plutôt que le Parlement entend préserver le caractère public de la gestion des pêches et de l’habitat du poisson, ce qui représente un concept radicalement différent.
La Cour suprême du Canada a confirmé que la pêche est un droit et non un privilège et que les pêcheries constituent une ressource commune. Tout réforme de la Loi sur les pêches doit tenir compte du fait que les ressources halieutiques appartiennent à tout le monde et que la pêche est un droit. Sinon, nous ouvririons la porte à une augmentation de la privatisation et à la concentration d'une ressource publique.
Voici comment la Sportfishing Defence Alliance explique la situation:
[...] nous constatons également que l'on tente d'usurper le « droit de pêche » dont jouissent depuis toujours tous les Canadiens en vertu du droit commun. Ce droit se manifeste pour la première fois sous l'empereur romain Justinien, et le roi d'Angleterre Jean sans Terre l'a reconnu et affirmé solennellement, en 1215, à Runnymeade, dans la Magna Carta. Depuis cette époque, de nombreux verdicts ont été rendus au Canada par divers tribunaux et diverses commissions, jusqu'à la Cour suprême [...] [Dans] la décision rendue majoritairement par la Cour suprême dans l'arrêt Nikal, le juge Cory a déclaré ce qui suit: « Il appartient au gouvernement fédéral de faire en sorte que tous les utilisateurs ayant droit à une part de la récolte de saumon aient la possibilité de l'obtenir, conformément à l'ordre de priorité établi dans l'arrêt Sparrow ». Dans l'arrêt Comeau's Seafoods, le juge Major a fait la déclaration suivante: « Les ressources halieutiques du Canada sont un bien commun qui appartient à tous les Canadiens. En vertu de la Loi sur les pêches, le ministre a l’obligation de gérer, conserver et développer les pêches au nom des Canadiens et dans l’intérêt public. »
En tant que porte-parole du NPD en matière d'affaires autochtones, j'ai déploré le peu de consultations menées par le gouvernement en général et auprès des groupes en particulier. Dans un communiqué publié en décembre 2006, le ministère des Pêches et des Océans prétend que le nouveau projet de loi est le produit de consultations et de discussions exhaustives partout au pays. C'est tout simplement faux. Aucune consultation ni discussion n'a eu lieu partout au pays sur les nouvelles idées et les changements proposés dans le projet de loi .
Le projet de loi est plutôt le résultat de plusieurs processus de participation du public à la gestion des pêches au cours des dernières années, y compris la nouvelle orientation pour le Pacifique, le rapport Pearse-McRae, la Stratégie relative aux pêches autochtones, et le groupe d’experts des Premières nations sur l’avenir de la pêche après la signature de traités.
Il est très important de préciser que les pêcheurs, les groupes de pêche commerciale, les peuples autochtones et les autres intervenants n'ont pas été consultés directement au sujet des modifications proposées dans le projet de loi. Il est également intéressant de souligner que, l'automne dernier, les ministres des Pêches des provinces et des territoires ont pressé le gouvernement fédéral de présenter une nouvelle loi reconnaissant le rôle important qu'ils jouent dans la gestion des pêches, mais qu'eux aussi n'ont pas été consultés sur le projet de loi avant sa présentation.
Tous les intervenants, y compris les peuples autochtones et les pêcheurs, auraient dû avoir l'occasion de participer à un vaste processus de consultation afin de recommander des changements à prévoir dans une nouvelle loi sur les pêches. Je sais que nous parlons souvent de consultation quand il est question des droits des autochtones, et j'ai en main quelques documents que je voudrais citer.
Dans une lettre du conseil tribal Nuu-chah-nulth datée du 12 février au , on signale que le conseil n'a pas été consulté de quelque façon que ce soit. La lettre dit:
Le conseil de la nation Nuu-chah-nulth se préoccupe aussi de l'échéancier que vous avez fixé pour cette initiative, compte tenu que vous n'avez pas communiqué avec la nation Nuu-chah-nulth pour discuter d'un processus de consultation approprié.
Plus loin dans la lettre, on lit:
Le simple fait de comparaître devant un comité parlementaire pour lui faire part de ses observations sur le projet de loi modifiant la Loi sur les pêches ne constitue pas une consultation en bonne et due forme.
Lorsqu'il nous a été parfois demandé ce qu'il fallait entendre par consultation, j'ai déjà dit à la Chambre qu'une discussion ne constituait pas une consultation. Simplement parler avec quelqu'un n'est pas une consultation. Je voudrais citer des experts en la matière qui ont décrit ce qu'est une consultation en bonne et due forme.
Dans un rapport récent sur les biens immobiliers matrimoniaux rédigé par Wendy Grant-John, celle-ci a souligné la nécessité d'une consultation en bonne et due forme sur toute modification aux biens immobiliers matrimoniaux parce que cela se répercuterait sur les droits des autochtones, tout comme une refonte de la Loi sur les pêches se répercutera sur les droits des autochtones.
D'une manière très réfléchie et analytique, Mme Grant-John et ceux qui ont travaillé avec elle sur ce rapport ont décrit ce à quoi devrait ressembler un processus de consultation. Je suis d'avis qu'un processus de consultation convenant au ministère des Affaires indiennes et du Nord conviendrait aussi aux pêches. Elle a écrit:
Le ministère devrait élaborer, le plus tôt possible, des politiques et procédures précises en matière de consultation afin que les activités futures de consultation puissent identifier toute obligation juridique de consulter, et s'en acquitter, tout en réalisant les objectifs de bonne gouvernance et de politique publique, c'est-à-dire:
premièrement, s'assurer que les Premières nations reçoivent toute l'information pertinente à la question en jeu, pour prendre une décision en temps opportun;
Lorsqu'il s'agit des Premières nations, je dirais que tous les intervenants concernés par les pêches devraient aussi recevoir l'information pertinente afin de pouvoir prendre des décisions en temps opportun.
Mme Grant-John poursuit ainsi:
deuxièmement, offrir aux Premières nations la possibilité d'exprimer leurs préoccupations et leurs points de vue sur les conséquences possibles d'une proposition législative et sur les questions liées à l'existence d'une obligation de consulter;
troisièmement, écouter, analyser et examiner sérieusement les commentaires et les préoccupations des Premières nations à propos des principes juridiques et politiques pertinents, y compris leur relation avec d'autres principes constitutionnels et liés aux droits de la personne;
quatrièmement, veiller à ce que le ministère de la Justice réalise des analyses approfondies sur les questions liées à l'article 35 touchant toute initiative législative proposée avant, pendant et après la tenue des consultations;
cinquièmement, accorder une attention particulière aux propositions visant à mitiger les conséquences négatives possibles sur les droits ancestraux et issus de traités ainsi que sur d'autres droits et intérêts des Premières nations, et prendre des mesures pour modifier la proposition du gouvernement;
sixièmement, établir, en consultation avec les Premières nations, un protocole pour l'élaboration des propositions législatives.
Comme les députés peuvent le constater à l'écoute de cette longue énumération très réfléchie, la consultation n'est pas un processus improvisé. C'est un processus complexe qui suppose un dialogue, la cueillette et l'analyse d'information et la participation des personnes qui sont touchées par le processus décisionnel.
La consultation doit aussi être bien planifiée et faire l'objet d'un plan efficacement communiqué. Comme l'a indiqué le Conseil Nuu-Chah-Nulth, beaucoup de gens ont été étonnés par le dépôt du projet de loi , qui propose de modifier la Loi sur les pêches, parce qu'ils s'attendaient à ce qu'il y ait des consultations auprès de certains des principaux intervenants.
Par ailleurs, le gouvernement ne peut pas considérer comme des consultations des réunions antérieures qui n'étaient pas expressément consacrées à une mesure législative proposée, surtout si les participants ignoraient que les réunions avaient en partie pour objectif de guider l'élaboration d'une mesure législative.
J'ai peine à admettre qu'il s'agissait d'une consultation si les gens qui assistaient à ces réunions ne savaient pas qu'ils prenaient part à une consultation. Les gens ignoraient qu'en participant à cette réunion, ils se retrouvaient en pleine consultation en vue de préparer le présent projet de loi.
Même si le texte que j'ai lu sur les biens immobiliers matrimoniaux était particulier aux Premières nations, on devrait tenir compte de ces considérations lorsqu'on entreprend une consultation de la population canadienne sur les ressources publiques. On devrait retenir particulièrement l'idée qu'on ne peut pas déclarer après coup avoir procédé à une consultation sans l'avoir dit au préalable.
L'Assemblée des Premières Nations a examiné attentivement le projet de loi et a formulé un certain nombre de recommandations. J'invite les autres députés à consulter le site web de l'assemblée, où ils trouveront un document intitulé « Établissement de la portée des incidences du renouvellement de la Loi sur les pêches (L.R. 1985) sur les Autochtones ». Je cite l'une des priorités énoncées dans la section de ce document qui porte sur la gouvernance parce que je crois que le projet de loi n'en tient absolument pas compte. Voici ce qui est écrit:
Veiller à ce que les droits ancestraux et issus de traités soient mentionnés et reliés à des traités modernes, l’autonomie gouvernementale et le droit de gérer les pêches
La nouvelle loi doit reconnaître la relation particulière entre le Canada et les Premières Nations. Le MPO suggère qu’un paragraphe soit ajouté pour reconnaître la protection des droits ancestraux et issus de traités [...] La « reconnaissance » des droits ancestraux et issus de traités dans d’autres lois semble avoir surtout pour but d’éviter la cassation plutôt que de traiter des droits ancestraux et issus de traités. Les obligations du MPO d’impliquer les Premières Nations dans la gestion des pêches ne ressortent pas d’une simple pratique de bonne gouvernance. La législation devrait donner des directives sur la façon dont les responsables de la réglementation et des politiques doivent reconnaître et accommoder les droits ancestraux et issus de traités et de s’occuper de la gestion.
L’autonomie gouvernementale est également une valeur fondamentale pour les Premières Nations et elle pourrait être soutenue par une réforme de la Loi sur les pêches. L’autonomie gouvernementale en matière de pêche pourrait comprendre la participation aux processus décisionnels sur la gestion des pêches sportives et commerciales et des Premières Nations, sur le partage du poisson dans un territoire traditionnel de Première Nation et sur la protection de l’habitat. Les citoyens des Premières Nations pourraient participer aux processus consultatifs, mais ils devraient jouer un rôle plus important dans la prise de décision comme nous en discutons plus loin dans le paragraphe sur la gestion conjointe.
Pour terminer, j'aimerais parler de la protection des habitats, qui est insuffisante dans le projet de loi.
Le projet de loi ne renforce pas les mesures de conservation et de protection des poissons et de leur habitat. Il contient beaucoup trop d'échappatoires constituant autant de risques pour les poissons et leur habitat.
Avec l’ancienne Loi sur les pêches, des projets de développement comme la mine Tulsequah Chief, en Colombie-Britannique, un grand projet minier qui aura des répercussions sur le bassin hydrographique de la rivière Taku, ont reçu le feu vert alors qu’ils auront un impact important sur le poisson et son habitat. Avec le projet de loi , ces projets recevraient toujours le feu vert. La nouvelle loi ne renforcerait tout simplement pas la possibilité de conserver et de protéger le poisson et son habitat, ce qui doit rester notre principale priorité.
Je crois utile de mentionner les contacts que j’ai eus récemment avec le ministère des Pêches et des Océans au sujet de la protection de l’habitat. Dans ma communauté, les sols contaminés qui sont déposés dans un site industriel près de la rivière Koksilah, à côté du ruisseau Kelvin, près de Duncan, suscitent certaines inquiétudes.
C’est une question vraiment importante pour la circonscription de , car la rivière Cowichan a été désignée rivière patrimoniale. Les anciens du peuple Cowichan racontaient qu’il y avait tellement de saumons dans cette rivière que les gens pouvaient la traverser en marchant sur le dos des poissons. Malheureusement, ce cours d’eau est aujourd’hui en difficulté. Les saumons y reviennent, mais pas aussi nombreux que jadis. La population lutte pour la protection de l’habitat.
Nous reconnaissons que la désignation de cette rivière comme rivière patrimoniale est une bonne chose, mais malheureusement cela ne va pas plus loin. Aucune ressource n’est disponible pour examiner certains des problèmes très graves auxquels cette rivière est confrontée. De nombreuses personnes utilisent la rivière Cowichan. Les premières nations y pêchent du poisson pour se nourrir et s’en servent à des fins cérémoniales. Des terres agricoles jouxtent la rivière. Elle est également largement utilisée à des fins récréatives. Malgré cela, nous n’avons pas un plan satisfaisant pour la protection de l’habitat et la conservation du poisson. Je dirais que si nous ne protégeons pas la rivière pour les pêcheurs, nous ne la protégeons pas non plus pour les autres usagers.
Je fais une petite digression, mais la Koksilah est également poissonneuse. Un site industriel borde le ruisseau Kelvin et la rivière Koksilah. Ce site autorise le dépôt de sols contaminés qui arrivent par camion pour être déposés là dans une carrière de gravier.
Tout le monde s’empressera de dire que c’est une utilisation parfaitement légitime. Elle est conforme au permis délivré par le ministère provincial. Il s’agit néanmoins de se demander si ce site est approprié étant donné que le lixiviat pourrait se retrouver dans la rivière Koksilah et le ruisseau Kelvin. C’est une question à laquelle personne n’a pu répondre.
En tant que députée qui représente cette circonscription, j’ai notamment la responsabilité de m’informer et de travailler avec les citoyens qui ont soulevé un certain nombre d’inquiétudes au sujet de ce site. Mais ce n’est qu’un exemple de la nécessité d’une meilleure protection de l’habitat du poisson. Je suis certaine que cette histoire se répète un peu partout dans le pays.
Lorsque nous avons commencé à demander qui allait assumer la responsabilité de cette rivière à saumons très importante, comme d’habitude, tout le monde a cherché à la faire retomber sur quelqu’un d’autre. C’était vraiment désespérant.
Lorsque nous sommes allés voir le ministère des Pêches et des Océans, le MPO, on nous a dit que nous devions fournir la preuve de la destruction de l’habitat du poisson. Le ministère estimait qu’à moins que des torts ne soient causés, il ne pouvait pas agir de façon proactive pour protéger cet habitat.
Il y a ce que nombre d'entre nous se plaisent à appeler le principe de précaution. Selon ce principe, avant de prendre des mesures susceptibles d'avoir une incidence sérieuse et à long terme, il faut planifier et prouver qu'il n'y aura aucun dommage.
Lorsque nous nous sommes penchés sur la question, le MPO ne pouvait rien faire tant qu'on n'aurait pas montré que l'habitat du poisson était détruit. Le MPO partage également la responsabilité avec Environnement Canada. Nous avons obtenu la réaction proverbiale classique; le ministère pourrait faire un tout petit bout de chemin, mais quelqu'un d'autre devrait faire autre chose à cet égard.
Cette nouvelle mesure législative vise à rationaliser des projets pouvant modifier l'habitat du poisson, en faisant une distinction entre les petits et les grands projets, mais le but de ces changements est de permettre au ministère de se concentrer sur les activités davantage susceptibles de causer des dommages. La rationalisation des projets dans une nouvelle mesure législative pourrait ouvrir la porte plus aisément aux industries pouvant poser un risque pour le poisson et son habitat.
Il faut veiller à ce que le MPO rationalise les projets dans le but de favoriser la ressource halieutique et son habitat, non de leur nuire.
Je reviens sur la situation à Koksilah River et à Kelvin Creek. La frustration y est en partie attribuable à la mise en cause de tellement de niveaux de gouvernement. Un organisme municipal régional, le CVRD, soit le Cowichan Valley Regional District, est responsable de l'utilisation du territoire. Le CVRD n'a pas mis en place de règlement sur le déversement de sols dans les cours d'eau.
Ensuite, le ministère provincial s'occupe d'accorder les permis de coupe. Or, des coupes de bois sont effectuées à proximité de la rivière, ce qui pourrait avoir une incidence sur l'habitat du poisson. Le gouvernement provincial est responsable du transport et du déversement des sols; selon ses dires, ces activités sont effectuées en conformité avec des normes industrielles parfaitement acceptables, pourtant, les gens ne peuvent vivre sur ces sols.
Vient ensuite le gouvernement fédéral, au sein duquel Environnement Canada est responsable de la qualité de l'eau et le ministère des Pêches et des Océans, de l'habitat du poisson.
Aucune intervention coordonnée pour la protection de l'habitat du poisson n'a émané de tous ces niveaux de gouvernement.
Le projet de loi dont la Chambre est saisie ne donne ni aux Canadiens, ni aux citoyens de Nanaimo—Cowichan l'assurance que l'habitat du poisson sera protégé. Par conséquent, j'exhorte les députés à voter contre cette mesure législative. Le gouvernement devrait revenir à la case zéro et mener des consultations sérieuses qui déboucheront sur une Loi sur les pêches assurant la protection de la ressource pour les générations à venir.
:
Monsieur le Président, c'est avec un peu d'appréhension que je prends la parole au sujet du projet de loi , la nouvelle Loi sur les pêches proposée par le .
J'aimerais souligner le courage du ministre. La Loi sur les pêches a 138 ans. Elle n'a fait l'objet d'aucune modification de fond depuis son adoption. Cependant, comme le disait mon père, il faut faire preuve de prudence quand on juge des actes. On agit parfois en fonction d'idées reçues, c'est pourquoi il faut se poser des questions quand à la sagesse de certaines décisions.
Honnêtement, ce projet de loi laisse beaucoup à désirer. Tous les intervenants et tous ceux qui ont eu la chance de lire le projet de loi sont arrivés à la conclusion qu'il est truffé de lacunes et qu'il mettrait en danger une économie qui génère 4,3 milliards de dollars par année au Canada, une économie qui fait vivre plus de 80 000 personnes et leurs familles dans des milliers de collectivités dans l'ensemble du Canada.
Un des principaux points qui aient été soulevés à la Chambre est la décision qu'a prise le gouvernement conservateur minoritaire de ne pas renvoyer le projet de loi au Comité permanent des pêches et des océans avant la deuxième lecture afin de permettre à ce dernier, composé de membres de tous les partis, de l'étudier, de tenir des audiences et d'entendre l'opinion des Canadiens dans l'ensemble du pays à propos de l'incidence du projet de loi. Le gouvernement a pris cette décision parce qu'il refuse catégoriquement de tenir compte des conseils qui pourraient donner lieu à des améliorations.
Bien que le ministre ait fait preuve de courage en présentant ce projet de loi, je regrette qu'il n'ait pas assorti son courage de sagesse. Le projet de loi est erroné de plusieurs façons. Mais je ne vais tout de même pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Le processus relatif aux sanctions et aux contraventions est très raisonnable. En fait, un tel processus aurait dû être adopté il y a longtemps. Le fait de permettre aux agents et au ministère des Pêches et des Océans de prendre des mesures à l'égard d'infractions relativement mineures à la Loi sur les pêches au lieu de passer par le tribunal, en imposant une contravention ou des sanctions, est un changement intéressant que tous les pêcheurs ont bien accueilli.
Cependant, il y a d'autres éléments qui doivent être envisagés du point de vue de la loi des conséquences imprévues. La décision du ministre de supprimer son pouvoir discrétionnaire absolu pourrait avoir des conséquences imprévues. Lorsque le ministre a présenté ce projet de loi, il a insisté sur le fait que le pouvoir discrétionnaire absolu prévu par la loi serait annulé.
Le ministre a présenté le projet de loi le 12 décembre, soit 24 heures avant que la Chambre ajourne pour la période des Fêtes et le mois de janvier. Le Parlement n'a donc pas eu l'occasion de l'examiner. Le ministre avait indiqué qu'il proposait des changements majeurs.
Du point de vue de mes électeurs, le ministre avait laissé entendre que le projet de loi donnerait aux pêcheurs et aux intervenants de l'industrie un plus grand poids dans les décisions relatives à la gestion, aux attributions et à la désignation des personnes autorisées à pêcher.
Quand on aborde le projet de loi sous un angle aussi large, toute personne raisonnable dirait: « Imaginez un peu si les pêcheurs pouvaient avoir leur mot à dire dans la gestion de leur propre industrie ». Qui s'opposerait à cela de prime abord? C'est exactement ce que le ministre et le ministère des Pêches et des Océans avaient conclu: les intervenants auraient un rôle obligatoire et garanti par la loi dans la prise de décisions liés aux pêches. Les pêcheurs géreraient leur propre industrie.
Je vais donner à la Chambre un exemple très précis de la loi des conséquences imprévues. Ce principe s'applique également aux pêcheurs industriels: des dentistes néo-écossais qui possèdent des permis de pêche à la crevette dans le Nord de la province; des dirigeants de sociétés qui n'ont jamais mis les pieds sur un bateau et qui portent le surnom de vieux loups de mer simplement parce qu'ils possèdent l'entreprise et le permis et empochent directement les profits sans que les pêcheurs et les collectivités ne puissent profiter des retombées.
La pêche à la crevette nordique est un exemple. En 1997, le ministre des Pêches et des Océans a décidé de permettre aux intérêts côtiers de pêcher la crevette nordique. C'était une première. De la fin des années 1970 jusqu'en 1997, les chalutiers-usines ont dominé l'industrie de la pêche hauturière de la crevette. Dix-sept permis ont été délivrés, tous à d'importantes sociétés ou à des intervenants qui n'avaient aucun lien avec les collectivités adjacentes, à l'exception de la Labrador Fishermen's Union Shrimp Company Limited.
C'est un exemple. Aux termes du projet de loi, le ministre et le ministère seraient maintenant tenus légalement d'écouter les intervenants. Jusqu'en 1997, ces intervenants étaient les 17 chalutiers-usines détenteurs de permis et ces derniers auraient pu empêcher tous les pêcheurs côtiers de Terre-Neuve-et-Labrador de participer à cette pêche. Pourquoi? Parce que c'est exactement ce que prévoit ce projet de loi. Comme le ministre l'a déclaré dans son communiqué, le ministre ainsi que toute personne chargée de l’application de la présente loi ou de ses règlements doivent tenir compte des intérêts des intervenants. Voilà un exemple de la loi des conséquences imprévues.
Un autre exemple de la loi des conséquences imprévues que le Comité permanent des pêches et des océans aurait dû étudier et au sujet duquel il aurait dû entendre les témoignages d'experts est l'exigence selon laquelle le ministre doit tenir compte des principes du développement durable et s’efforcer d’adopter une approche écosystémique dans la gestion des pêches et dans la préservation et la protection du poisson et de son habitat et qu'il doit — non qu'il peut — s’efforcer d’adopter une approche préventive si bien que, en cas de grande incertitude scientifique et de risque de dommages importants, aucune décision de gestion pouvant avoir une incidence ne sera prise.
Je souligne qu'il s'agit d'une obligation et non d'une possibilité. C'est là un revirement complet par rapport à la discrétion absolue dont bénéficiait le ministre aux termes de la loi précédente. C'est un exemple de la loi des conséquences imprévues.
Supposons qu'un groupe quelconque décide de contester la validité de la décision du ministre de maintenir le quota de chasse au phoque du Groenland dans le Canada atlantique et au Québec. Ce groupe pourrait présenter ce qu'il considère comme des preuves substantielles à un tribunal fédéral situé à Toronto. C'est donc dire qu'une ONG pourrait contester la décision du ministre de maintenir la chasse au phoque du Groenland et s'adresser à un tribunal fédéral pour faire interdire une pêche ou pour contester une décision du ministre concernant un quota ou tout autre élément lié à la gestion des pêches. Un tribunal très éloigné du lieu de pêche et des collectivités environnantes pourrait donc décider de la façon de gérer une pêche de la côte Est, de la côte Ouest, du centre du pays ou de l'Arctique.
Ce sont des conséquences inattendues que tous les députés doivent comprendre avant la tenue du vote en bonne et due forme. C'est pourquoi nous avons demandé que le Comité permanent des pêches et des océans examine le projet de loi et entende les témoignages d'experts.
Certains députés ont soutenu que le projet de loi a été présenté à l'issue de consultations approfondies. Tout d'abord, le Comité permanent des pêches et des océans avait demandé au ministre et au ministère de lui permettre de participer à l'élaboration du projet de loi avant son dépôt afin que nous puissions, en tant que députés, veiller à l'inclusion de certains éléments essentiels et faire connaître nos principales préoccupations. Cette demande a été refusée. On n'en a pas tenu compte.
Le 12 décembre 2006, 24 heures avant l'ajournement de la Chambre, un projet de loi a été déposé. Il n'y a eu aucun débat pendant les huit semaines qui ont suivi.
Nous avons demandé qui exactement avait été consulté et en quoi avaient consisté les consultations. Dans ma circonscription, j'ai découvert que presque personne n'avait été consulté. Les rares organismes qui l'ont été avaient simplement reçu une lettre d'un fonctionnaire du ministère les informant du dépôt prochain d'une nouvelle loi sur les pêches.
Cette lettre ne contenait aucun détail sur la loi et n'offrait aucune possibilité de formuler des commentaires. Elle n'avait rien à voir avec le projet de loi qui nous a été présenté. On nous avait dit que le projet de loi avait fait l'objet de vastes consultations. En fait, il n'y a eu aucune consultation, aucune consultation approfondie.
Un troisième aspect qui me préoccupe énormément, c'est le processus de cogestion des pêches. Les pêcheurs veulent savoir de quoi il retourne exactement. Ils veulent savoir si on risque de leur imposer des frais supplémentaires aux termes d'une entente de coopération ou d'une convention de fiducie conclue entre le ministère des Pêches et des Océans et un groupe d'intervenants qui affirme représenter les intérêts des pêcheurs.
La première partie serait le ministère des Pêches et des Océans, la deuxième partie serait les pêcheurs eux-mêmes et la troisième partie serait l'organisation en question. Les pêcheurs veulent savoir si cette tierce partie peut leur imposer des frais supplémentaires ou demander qu'on en impose. C'est un point très important et j'aurais aimé qu'un comité examine le projet de loi et se penche sur ces faits. C'est une préoccupation très importante.
Je comprends que le processus de sanction, le mécanisme de contravention concernant des infractions relativement mineures, est un meilleur processus. C'est une amélioration appréciable du régime actuel. Toutefois, n'oublions pas les conséquences et les possibilités imprévues. Si on n'avait pas peur des préoccupations que j'ai soulevées et que d'autres députés et des intervenants de l'industrie ont soulevées, il aurait fallu renvoyer le projet de loi à un comité pour que celui-ci l'examine avant la deuxième lecture. Il aurait fallu entendre des témoignages quant aux conséquences du projet de loi.
J'ai également de profondes réserves concernant le processus de gestion menant à des durées prolongées. Le ministre reconnaîtra qu'un accord vient d'être conclu avec Ocean Choice de Terre-Neuve-et-Labrador et High Liner Foods, accord qui prolonge la durée de leur permis d'exploitation de certaines ressources en fonction de certains critères. Ce n'est qu'un seul exemple.
Il y a d'autres cas qui pourraient être désavantageux pour les résidants du Canada atlantique et pour les pêcheurs et les collectivités de pêcheurs en général. Nous voulons savoir exactement ce qu'implique le processus. C'est une préoccupation importante soulevée par les électeurs de ma circonscription.
L'un des éléments clés, c'est ce que nous faisons du droit légal et contraignant des groupes d'intérêts, qui ont désormais un rôle officiel et contraignant dans la gestion de nos pêches.
Le ministre lui-même reconnaîtra que, sur la côte Nord-Est de Terre-Neuve, une décision a été prise concernant la morue du secteur 2J3KL afin de permettre à des pêcheurs de pratiquer la pêche commerciale réduite d'un stock qui, de l'avis général des scientifiques, avait diminué considérablement.
Aujourd'hui, comme c'était le cas lorsque le ministre a pris la décision, très peu de scientifiques ont changé d'avis. Ils estimaient que la ressource avait diminué au point où toute pêche commerciale pourrait entraîner un grave déclin du stock, en quantité et en qualité. La biomasse ne pourrait pas augmenter ni se reconstituer. La communauté scientifique n'appuyait pas cette décision ou, devrais-je dire, certains scientifiques ne l'appuyaient pas.
Si les dispositions du projet de loi avaient été en vigueur à l'époque, un groupe d'intérêt particulier aurait pu contester la décision du ministre devant un tribunal fédéral, car il y est indiqué explicitement que le ministre ne peut plus prendre de décision unilatéralement. Il ne jouit plus d'un pouvoir discrétionnaire absolu. Il doit maintenant adhérer à un ensemble de principes fondés sur la nécessité d'un développement durable et sur les données scientifiques de l'heure, je dis bien les données scientifiques et non celles qui proviennent des parties intéressées, c'est-à-dire les pêcheurs.
Le ministre avait vu juste. Sa décision était la bonne. Toutefois, je rappelle à chaque habitant de la côte Nord-Est de Terre-Neuve et du Sud du Labrador et de la péninsule Nord que je représente que, si ces dispositions législatives avaient été en vigueur au moment de la décision, un organisme de l'extérieur de la province ou même du pays aurait fort bien pu s'adresser à un tribunal pour faire cesser la pêche. Cette possibilité est bien réelle.
Si je suis dans l'erreur, si le ministre ne me croit pas et si le ministère ne me croit pas non plus, je puis dire tout au moins que nous aurions eu l'occasion de présenter la question devant un comité et d'entendre des témoins experts. C'était nécessaire. Les parties intéressées comptaient là-dessus. Les intervenants de l'industrie comptaient là-dessus eux aussi.
Je m'interroge au sujet de l'entente de co-gestion. Je m'inquiète de la possibilité de voir des droits additionnels imposés aux pêcheurs et à leurs collectivités à la suite d'accords de coopération ayant force obligatoire qui pourraient être établis entre le MPO et des groupes intéressés.
Je m'inquiète du fait que le ministre risque de perdre une partie du pouvoir discrétionnaire qui lui permettrait d'intervenir de façon opportune à l'avantage des pêcheurs. Je prends plus particulièrement le cas de la morue de la côte Nord-Est comme exemple d'une situation qui n'aurait vraisemblablement pas eu lieu. Je prends aussi le cas de la pêche au phoque et de tous ces groupes de défense et groupes d'intérêt qui n'attendent qu'une occasion pour faire cesser cette pêche.
Il se peut que cette loi leur donne justement la possibilité ou l'occasion d'agir en ce sens, devant la Cour fédérale, à un endroit très distant de cette pêche, en présentant des éléments de preuve ou des témoignages à un juge qui pourrait rendre une décision selon laquelle le ministre n'a pas agi en conformité de la loi qu'il aura présentée. Cela risque très nettement de se produire.
Mes préoccupations sont nombreuses, mais, parmi les plus importantes, il y en a une que je dois soumettre à la Chambre. Il s'agit du risque d'exclusion de pêcheurs légitimes de nouvelles pêches qui débutent ou qui prennent de l'ampleur.
Par exemple, pour ce qui est de l'entente de co-gestion conclue pour le golfe du Saint-Laurent au sujet du crabe dans la zone 12, les pêcheurs établis à plein temps de la zone 12 auraient-ils permis aux pêcheurs titulaires de permis pour petits bateaux de participer à leur pêche lorsque la ressource est devenue très abondante et que les prix ont augmenté? Auraient-ils été en mesure de boycotter ou d'imposer un veto par voie judiciaire à la décision du ministre de l'époque, dans les années 1990, il n'y a donc pas si longtemps, de permettre aux titulaires de permis pour petits bateaux de participer à cette pêche?
Les intérêts de la coalition du Nord, celle des grands chalutiers-usines extracôtiers, auraient-ils pu interdire l'accès à la pêche à la crevette du Nord aux pêcheurs côtiers? Après des décennies de domination de la part des chalutiers-usines, cela aurait-il été possible en vertu de cette loi? Il semble bien en effet que oui, selon les témoignages, les avis juridiques et les opinions des participants de l'industrie qui me sont soumis. C'est la raison pour laquelle cette loi, avant d'aller plus loin, aurait dû être présentée au comité avant l'étape de la deuxième lecture.