Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait: a) prendre les mesures nécessaires pour que le Canada atteigne son objectif de réduction des gaz à effet de serre tel qu'établi par le Protocole de Kyoto, en s'appuyant sur l'équité et dans le respect des compétences constitutionnelles et des responsabilités propres au Québec et aux provinces; b) rendre public d'ici le 15 octobre 2006 un plan efficace et équitable pour se conformer au Protocole de Kyoto comportant un système d'objectifs d'émissions pour les grands émetteurs assortis d'échange de droits d'émission accompagné d'une entente bilatérale avec le Québec et les provinces qui le désirent, et pouvant être fondée sur l'approche territoriale.
— Monsieur le Président, c'est avec une grande joie et un grand plaisir que je prends la parole aujourd'hui pour entamer cette journée de l'opposition allouée au Bloc québécois, et qui porte sur le thème du Protocole de Kyoto.
Je prendrai d'abord quelques minutes du temps de cette Chambre pour bien lire le libellé de la motion:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait: a) prendre les mesures nécessaires pour que le Canada atteigne son objectif de réduction des gaz à effet de serre tel qu'établi par le Protocole de Kyoto, en s'appuyant sur l'équité et dans le respect des compétences constitutionnelles et des responsabilités propres au Québec et aux provinces; b) rendre public d'ici le 15 octobre 2006 un plan efficace et équitable pour se conformer au Protocole de Kyoto comportant un système d'objectifs d'émissions pour les grands émetteurs assortis d'échange de droits d'émission accompagné d'une entente bilatérale avec le Québec et les provinces qui le désirent, et pouvant être fondée sur l'approche territoriale.
Il est important de rappeler que, dans la lutte contre les changements climatiques, il est plus que jamais temps d'agir. Je me souviens très bien, lorsque j'ai été élu en 1997, que j'écoutais certains parlementaires en cette Chambre, particulièrement ceux de l'opposition qui forment maintenant le gouvernement, s'interroger sur le phénomène des changements climatiques. En 1997-1998, certains d'entre nous en cette Chambre croyaient que ce n'était qu'un simple phénomène naturel, et que les aspects anthropiques étaient très peu ou pas du tout liés à la naissance de ce phénomène qui date en fait de plusieurs centaines d'années.
La réalité est tout autre. Depuis 1750, on a vu les émissions de gaz à effet de serre, particulièrement de CO2, augmenter de plus de 31 p. 100. On a également vu la couverture neigeuse et de glace réduire de 10 p. 100. Depuis 1950, la superficie de la glace des mers a été réduite de 10 p. 100 à 15 p. 100. Pendant le XXe siècle, le niveau moyen des mers a augmenté de 10 à 20 cm. Les événements extrêmes se sont multipliés, et les réchauffements de température se sont accélérés.
Dès 1988, des scientifiques se sont regroupés pour former le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat de l'Organisation des Nations Unies. Dès 1988, ces scientifiques nous ont lancé des signaux alarmants qui ont fait l'objet, en 2001, d'un rapport de l'ONU venu démontrer de plus en plus clairement que le phénomène des changements climatiques est très certainement lié à la façon dont nous, les êtres humaines, nous comportons. D'ailleurs, un rapport de ce groupe sera rendu public dans quelques semaines. Ce rapport démontrera que les changements climatiques ne sont liés à des phénomènes naturels qu'à raison de 5 p. 100 à peine. Par conséquent, la très grande part est liée à des phénomènes humains.
Les changements climatiques auront bien sûr des conséquences environnementales importantes. Cependant, ils auront aussi des conséquences économiques et sociales considérables.
Bien sûr, pour le Québec, ces conséquences seront véritables. On n'a qu'à penser au réchauffement de la température et aux conséquences que cela pourrait avoir ou a actuellement sur l'industrie forestière dans certaines régions du Canada. On voit le nombre d'incendies de forêt et de maladies en zone forestière se multiplier.
On n'a qu'à penser aux conséquences qu'auront les changements climatiques sur le niveau et le débit de notre Saint-Laurent. On prévoit une baisse de 10 à 20 p. 100 des niveaux et des débits. Cela aura des répercussions sur l'industrie maritime au Québec et au Canada.
La santé des populations en sera affectée.
Les retombées économiques seront donc considérables, tout comme les conséquences sociales.
C'est dans ce cadre que le Protocole de Kyoto a été signé en 1997. C'est une date importante. J'étais à Kyoto en 1997, lorsque les pays ont signé cet accord important. Il détermine que les pays s'engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre: pour le Canada, de 6 p. 100 par rapport à 1990, entre les années 2008 et 2012; pour l'Europe, de 8 p. 100 par rapport à 1988, pour ces mêmes années.
On a pu constater, dès l'entente de Kyoto en 1997, que le Canada était mal préparé à atteindre les objectifs qu'il s'était fixés. Alors que 15 pays souverains de l'Europe s'étaient d'abord entendus, comme partenaires, au sujet d'objectifs de réduction qui tiennent compte des principes d'équité et des principes de capacité de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le Canada s'est présenté à Kyoto sans s'être entendu avec ses partenaires. C'est alors que le Bloc québécois, dès 1998, a instauré une coalition, d'abord québécoise, ensuite canadienne, composée de partenaires de la société civile, particulièrement les jeunes — je songe à des organismes comme ENvironnement JEUnesse —, qui ont mis en place cette coalition, demandant au gouvernement fédéral de ratifier dans les plus brefs délais le Protocole de Kyoto.
C'est grâce entre autres aux actions du Bloc québécois que nous avons pu, dès décembre 2002, après un vote en cette Chambre, être fiers de dire que nous avions contribué à la ratification du Protocole de Kyoto. On a pu être fier du travail du Bloc avec d'autres partenaires de la société civile québécoise et canadienne.
Ce protocole est entré en vigueur le 16 février 2005, grâce à l'adhésion de la Russie. Aujourd'hui toutefois, lorsque nous jetons un regard sur l'histoire et tout ce travail qui a été effectué, nous avons l'impression que nous revenons à la case départ. Lorsque nous entendons les déclarations du premier ministre, de sa ministre de l'Environnement, de son ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration et de son ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités, nous avons l'impression que nous sommes retournés en 1997, au moment où il fallait forcer le gouvernement à ratifier le Protocole de Kyoto et à l'appliquer.
Aujourd'hui, comme dans les semaines qui ont suivi l'élection, le premier ministre a clairement indiqué à la population québécoise et canadienne qu'il souhaitait un nouveau protocole dans la lutte contre les changements climatiques. Ce nouveau protocole, alors qu'il en existe déjà un, c'est celui qui s'appelle le Protocole de Kyoto. Ce protocole, que nous souhaitons, de ce côté-ci de la Chambre, voir respecter. C'est le sens premier de cette proposition et de cette motion livrées aujourd'hui.
Nous attendons du gouvernement qu'il respecte la parole donnée, qu'il s'engage à respecter et à appliquer les objectifs de réduction prévus dans le Protocole de Kyoto.
Ce gouvernement doit le déclarer dans cette Chambre aujourd'hui. Il doit le déclarer dans les prochaines semaines sur la scène internationale. Cet engagement doit se refléter dans un plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre, que nous souhaitons voir déposer avant le 15 octobre 2006.
C'est ainsi que nous pourrons véritablement tenir nos engagements et faire en sorte que la communauté internationale puisse regarder le Canada en se disant que notre pays a l'intention de respecter les engagements. Cependant la réalité est tout autre. Le premier ministre et sa ministre de l'Environnement, jusqu'à maintenant, se sont engagés à présenter un nouveau plan de lutte contre les changements climatiques, mais celui-ci n'intégrerait pas nécessairement, voire nullement, les objectifs de réduction des gaz à effet de serre.
C'est un recul important sur la scène internationale, sur le plan interne et domestique. Nous devons faire en sorte de forcer ce gouvernement à respecter cet engagement.
Nous souhaitons et nous voulons que, d'ici le 15 octobre 2006, le gouvernement dépose un plan intégrant les objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Ce plan devra, de plus, intégrer des principes d'équité: équité envers ces secteurs industriels qui ont fait des efforts par le passé, qui ont réduit leurs émissions de gaz à effet de serre; équité envers les provinces qui ont osé, dès le début des années 1990, mettre en place des plans d'action pour lutter contre les changements climatiques; équité envers ceux et celles qui sont prêts à faire des efforts pour contribuer à l'effort international.
Nous souhaitons un plan équitable; nous souhaitons aussi un plan efficace. Depuis 1997, le gouvernement fédéral a investi plus de 3,7 milliards de dollars dans la lutte aux changements climatiques. Pourtant, depuis 1990, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 24 p. 100. Ceci fait en sorte que pour se conformer au Protocole de Kyoto, le Canada devra réduire de plus de 30 p. 100 ses émissions de gaz à effet de serre. D'un côté, nous avons eu un gouvernement qui a présenté un plan, mais qui, en même temps, s'éloignait de son objectif de réduction. Maintenant, nous avons un gouvernement qui refuse d'appliquer le Protocole de Kyoto et qui croit qu'en s'en éloignant, on sera en mesure de respecter nos objectifs internationaux. C'est un non-sens.
Ottawa dispose, dans ses champs de compétence, des moyens pour lutter efficacement contre les changements climatiques. Par exemple, Ottawa peut imposer des normes plus rigoureuses, plus sévères en matière de fabrication des véhicules automobiles hors route ou autres. C'est un des moyens à la disposition du gouvernement fédéral pour améliorer la situation et contribuer efficacement à la lutte aux changements climatiques.
Le gouvernement possède aussi des moyens et des outils fiscaux pour encourager les entreprises et les individus qui souhaitent contribuer à la lutte aux changements climatiques, que ce soit, par exemple, par l'élimination de la TPS pour les véhicules moins énergivores, ou par la suppression des avantages fiscaux consentis à l'industrie pétrolière au Canada. Quoi de plus honteux que de dire qu'on souhaite lutter contre les changements climatiques tout en accordant des avantages fiscaux à des entreprises qui ont vu une augmentation considérable de leurs émissions de gaz à effet de serre.
Donc, il faut des principes d'équité, d'efficacité et de respect des champs de compétence des provinces. Ottawa arrive avec ses gros sabots dans les provinces, comme au Québec, où notre performance est très acceptable, tant per capita qu'en valeur absolue.
Il faut un plan efficace et équitable. Il faut aussi un plan qui fasse en sorte que l'on applique le principe du pollueur payeur et non celui du pollueur payé. C'est, entre autres, également l'objet de cette motion déposée aujourd'hui qui force le gouvernement à mettre en place des objectifs rigoureux et clairs en ce qui concerne les grands émetteurs industriels.
D'ici 2010, les grands émetteurs industriels représenteront 50 p. 100 du total des émissions de gaz à effet de serre au Canada. Il faut nous attaquer à la racine du mal. Si nous voulons respecter nos engagements de réductions des gaz à effet de serre, il faut nous assurer de prendre des mesures efficaces, rigoureuses et strictes en ce qui concerne les grands émetteurs industriels.
La voie du gouvernement précédent a été celle du volontarisme, qui, nous devons l'admettre en cette Chambre, n'a pas porté fruits. Cette approche volontariste ne nous a pas permis d'améliorer le bilan des émissions des gaz à effet de serre.
Lorsque la ministre de l'Environnement se présentera, dans quelques jours, à la Conférence de Bonn, il faut nous assurer que ce que l'on estime être les grands émetteurs industriels, et j'insisterai pour dire les « vrais » grands émetteurs industriels, puissent obligatoirement contribuer à l'effort de réductions des émissions de gaz à effet de serre. Il faut le faire, et j'insiste sur le terme « vrais » grands émetteurs industriels. En effet, jusqu'à maintenant, l'approche fédérale a eu pour conséquence de pénaliser les secteurs industriels, particulièrement au Québec. Pensons à notre industrie manufacturière qui a réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 7 p. 100. Pensons à l'industrie de pâtes et papiers qui a réussi à réduire de 18 p. 100 ses émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2005.
Jusqu'à maintenant, Ottawa a appliqué un principe disant que les secteurs industriels, comme le secteur manufacturier, malgré ses réductions d'émissions de gaz à effet de serre, doivent être mis sur le même pied d'égalité que le secteur pétrolier et gazier.
Il faut comprendre qu'en imposant la même réduction, par exemple de 15 p. 100 au secteur industriel et au secteur pétrolier — et on l'exige au secteur manufacturier, qui est la base économique du Québec —, cela a pour conséquence que l'effort marginal à faire pour nos secteurs industriels au Québec est plus grand, ce qui se répercute dans nos coûts marginaux. Une réduction d'une tonne de plus pour le secteur manufacturier québécois est plus coûteuse et plus difficile à faire que dans le secteur pétrolier, qui a vu ses émissions augmenter de façon exponentielle.
Nous voulons voir ces principes d'équité se retrouver dans cette réglementation que nous souhaitons pour les grands émetteurs industriels, car entre 1970 et 1999, l'aide à l'industrie pétrolière a augmenté de 66 milliards de dollars en subventions et en aide directe, contre un maigre 329 millions de dollars pour l'industrie des énergies fossiles.
Nous avons adopté en cette Chambre, en 2003, le projet de loi C-48 qui donnait 55 millions de dollars d'avantages fiscaux à l'industrie pétrolière en 2003-2004, 100 millions de dollars d'avantages fiscaux en 2004-2005, et 260 millions de dollars en avantages fiscaux en 2007-2008.
Dans la dernière minute qui me reste, je tiens à dire que nous souhaitons que le Canada s'engage à respecter le Protocole de Kyoto, qu'il l'affirme ici, en cette Chambre, qu'il le réaffirme sur la scène internationale le 15 mai lors du début de la Conférence de Bonn. Il faut que le Canada s'engage à déposer un plan de lutte aux changements climatiques d'ici le 15 octobre, un plan équitable, efficace, qui respecte les champs de compétences du Québec et des provinces. Nous souhaitons, surtout, voir le gouvernement fédéral s'asseoir avec le gouvernement du Québec pour signer une entente bilatérale qui serait intégrée dans le plan que déposera le gouvernement avant le 15 octobre prochain.
Tel est le voeu de notre formation politique. Nous souhaitons aujourd'hui recevoir l'appui de l'ensemble des formations politiques, particulièrement celui du parti gouvernemental.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui pour faire mon premier discours à titre de ministériel. C'est formidable d'avoir l'honneur non seulement de représenter les gens de Saanich—Gulf Islands, mais aussi de faire partie du Cabinet, et je suis reconnaissant envers les gens qui m'en ont donné l'occasion.
Je suis content de pouvoir m'exprimer au sujet de la motion du Bloc et de l'importance de la question ainsi soulevée à la Chambre. J'aimerais parler de l'orientation que nous adoptons, de l'importance de l'environnement pour notre pays et de l'efficacité énergétique. Le gouvernement du Canada a bien l'intention de présenter des solutions aux problèmes environnementaux au cours des mois et des années à venir. C'est exactement pourquoi, sous la direction du premier ministre, 2 milliards de dollars ont été consacrés à ces problèmes dans le premier budget du gouvernement. Je voudrais m'assurer que tout le monde en est bien conscient. Nous voulons que les contribuables puissent bénéficier au maximum de cette somme de 2 milliards de dollars.
La motion présentée par mon ami du Bloc nous demande d'atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto. Toutefois, comme tout le monde s'en rend compte de plus en plus, ces objectifs sont impossibles à atteindre. Après 13 années d'effort de la part du gouvernement, nous devons être réalistes. Voilà ce que nous disons. Tous les députés veulent que nous inversions la courbe, ce qui nous permettrait d'avoir un bien meilleur bilan.
Cependant, et je crois que mon ami bloquiste, pour qui j'ai énormément de respect et que je connais depuis de nombreuses années, serait d'accord, la vérité c'est que les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté d'année en année sous l'administration libérale précédente. Personne ne va remettre cela en question. Les libéraux ont adhéré à un programme de lutte contre les changements climatiques et ont ciblé une diminution de 6 p. 100 des émissions. Toutefois, à l'heure actuelle, le niveau des émissions au Canada dépasse de 35 p. 100 la cible établie par les libéraux. Voilà le bilan libéral, ne vous y trompez pas.
Le gouvernement actuel veut prendre des mesures à cet égard. Il veut faire des progrès substantiels dans ce domaine. Cette question a-t-elle figuré parmi les priorités du gouvernement au cours des 100 premiers jours de son mandat? Certainement. Le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire et son homologue de l'Environnement se sont rencontrés pour trouver une façon efficace de s'attaquer au problème. La collaboration s'impose. Pour obtenir des résultats, il faut fonctionner comme des engrenages, ce qui est précisément l'approche que le gouvernement s'engage à adopter.
Compte tenu de l'approche improvisée du gouvernement précédent, il n'est pas étonnant que certains de ces programmes aient fait la manchette. On peut s'interroger sur le but des programmes mis en place par le gouvernement précédent. Quelles étaient ses intentions? N'ayons pas peur des mots. La vérité c'est que nombre de ces programmes étaient destinés à un battage médiatique. Soyons honnêtes.
Je reviens ce sur que le député a dit. Si certains de ces programmes avaient atteint les objectifs visés, les émissions de gaz à effet de serre dépasseraient-elles de 35 p. 100 les cibles établies? En serions-nous là aujourd'hui?
Au moment où les conservateurs sont arrivés au pouvoir, il y avait 115 ou 116 programmes au ministère de l'Environnement et, à l'heure actuelle, 97 de ceux-ci sont demeurés inchangés et fonctionnent. Oui, nous avons examiné certains programmes et nous avons estimé qu'ils ne servaient pas les intérêts des contribuables. Je donnerai plus de détails à ce sujet. Ces programmes atteignaient-ils leurs objectifs? Non.
Un ancien conseiller du Parti libéral, Tom Axworthy, a lui-même dit qu'un communiqué de presse ne constitue pas une politique. Or, je soumets respectueusement que c'est ce que les contribuables ont souvent vu sous le précédent gouvernement. Il est bien connu que les libéraux s'intéressaient davantage à la création de programmes qui coûtaient des milliards de dollars, notamment le registre des armes à feu ou le gâchis de DRHC. Voilà ce dont nous avons été témoins, encore et encore. Je soutiens que le gouvernement précédent n'a pas fait preuve de respect à l'égard de l'argent des contribuables. Ceux-ci ont réagi on ne peut plus clairement. Le gouvernement a l'obligation fiduciaire de veiller à ce que les fonds publics soient dépensés judicieusement et que les contribuables en aient pour leur argent. C'est précisément ce que le gouvernement entend faire.
Il y en a qui essaient de défendre certains de ces programmes et j'avoue qu'ils comportaient probablement leur part d'éléments positifs. Je reconnais tout à fait cela, mais il est un peu tard. Au cours de la dernière année de leur règne de 13 ans, les libéraux, sur leur lit de mort, ont dit: « C'est le temps de prendre des mesures sérieuses. Il s'agit peut-être d'une question qui intéresse le grand public. » Oui, l'environnement intéresse le grand public. Je m'y intéresse. Mes collègues s'y intéressent et nous allons prendre des mesures concrètes. Nous voulons des résultats.
L'ancien gouvernement a dépensé, au cours des quatre ou cinq dernières années, 4 milliards de dollars sur certains de ses soi-disant programmes. Je demande au député, où sont donc les résultats? Je ne serais pas fier de ce bilan. Ces chiffres sont incontestables. Nous n'entendrons par les députés d'en face nier que les gaz à effet de serre dépassent de 35 p. 100 les cibles fixées. Ces chiffres ont été établis par les professionnels de l'industrie, par les fonctionnaires des ministères, non par le Parti conservateur. C'est la dure réalité et nous devons absolument faire mieux.
L'autre élément qui me pose problème, et je sais que mon collègue en parlera plus tard, ce sont les milliards et les milliards de dollars dépensés pour acheter des crédits à l'étranger. Dans bien des cas, les pays qui veulent acheter ces crédits n'ont à prendre aucune mesure, car des endroits comme la Russie, où l'économie peut s'être effondrée, ont un excédent de crédits à vendre. Il importe de noter que tout cela n'améliore en rien l'environnement. Cela n'entraîne aucune réduction des gaz à effet de serre. Nous donnerions donc des milliards et des milliards de dollars à des pays étrangers. Les contribuables veulent-ils cela? Je ne crois pas.
Voilà pourquoi nous préconisons les biocarburants. Je sais que des discussions se tiennent au plus haut niveau, conformément à l'engagement du premier ministre qui a dit que nous pouvons faire une différence dans ce secteur. Nous voulons voir des résultats. Voilà pourquoi le ministre de l'Agriculture et la ministre de l'Environnement disent, « Assurons-nous que cela fonctionne. Assurons-nous de faire la bonne chose ».
Des rencontres sont prévues avec les industries, les intervenants et les représentants provinciaux. Nous voulons entendre le point de vue de tous et nous voulons passer à l'action. Nous voulons jeter de bonnes bases et nous voulons faire une différence.
Quelle est la vision pour l'avenir? Où allons-nous? Nous n'allons pas feindre d'ignorer le problème, mais nous n'allons pas non plus le récupérer à des fins politiques. Nous n'allons pas agir en fonction des grands titres. Nous n'allons pas faire de la politicaillerie avec les dépenses environnementales. Nous voulons consacrer l'argent des contribuables à des programmes qui vont améliorer l'efficacité énergétique.
Je sais que certaines personnes sont mécontentes à propos du programme ÉnerGuide, mais nous allons respecter nos engagements. Soyons honnêtes et soyons parfaitement clairs: ÉnerGuide était un programme où, pour chaque dollar investi, 50 ¢ servaient à payer les inspections, les frais d'administration et les frais indirects. Pas un seul de ces 50 ¢ ne servait à assainir l'environnement. Pour un programme vantant l'efficacité énergétique, je ne trouve pas cela très efficace.
Y a-t-il certains éléments de ce programme que nous pourrions utiliser? Je suis un constructeur. Je suis compagnon charpentier. Je viens de construire une nouvelle maison, où j'ai installé un système de chauffage éconergétique, un échangeur thermique, car cela est avantageux. Je sais que certaines personnes se sont servies de l'allocation du programme ÉnerGuide pour faire la même chose. C'est de ce côté que nous devons regarder, là où le jeu en vaut la chandelle. Cependant, comme je l'ai dit plus tôt, nous avons l'obligation fiduciale de veiller à ce que les contribuables en aient pour leur argent et de maximiser les avantages.
Le premier ministre prend cela très au sérieux. Il l'a bien expliqué à tous les membres du Cabinet. C'est pourquoi nous devons prendre ces décisions et c'est exactement ce que nous faisons.
J'ai déjà parlé de bilan. Parlons du bilan de 2005. Les députés sont-ils au courant du rang qu'occupait le Canada, dans le monde industrialisé, en matière d'intégrité environnementale? Le 28e rang sur 30. Voilà la réalité.
Le porte-parole libéral en matière d'environnement, qui était candidat pour un certain parti, est maintenant associé à un autre. J'ignore ses plans. En matière d'environnement, son bilan est le même. Il a été en faveur de Kyoto, puis ils 'y est opposé et a voté contre l'accord. Maintenant, il s'en fait le champion. Les Canadiens doivent examiner les chiffres et les faits. Ils ne peuvent être bernés. Le bilan est parfaitement clair.
Comment le gouvernement peut-il faire mieux? Comment pouvons-nous faire une différence? Parlons un peu du Partenariat Asie-Pacifique. Six pays en font partie, à savoir les États-Unis, le Japon, la Corée, l'Inde, la Chine et l'Australie. À eux seuls, ces six pays produisent la moitié des gaz à effets de serre à l'échelle mondiale. Où le Canada doit-il faire ses investissements les plus rentables? Doit-il verser des milliards de dollars à des pays tels que la Russie, où cela ne fera pas la moindre différence? Doit-il plutôt investir ces mêmes ressources dans la technologie? Le Canada devrait-il mettre au point une technologie du charbon épuré? L'industrie est à un doigt seulement de mettre au point des technologies permettant la production d'énergies propres et efficaces. Le Canada pourrait-il transférer cette technologie à des pays comme la Chine et l'Inde, ce qui aurait un impact de poids sur les gaz à effet de serre à l'échelle mondiale?
Je pense que, du point de vue purement monétaire, c'est un bien meilleur investissement. Nous avons l'occasion de devenir le chef de file en matière d'innovation et de technologie, ici même, au Canada. Voilà la voie que doit suivre le Canada.
Comme je le disais, le gouvernement accorde la plus haute importance aux carburants renouvelables, et les biocarburants seront parmi les premiers à être mis au point. Le gouvernement veut définir des objectifs. Ensuite, il prendra les mesures nécessaires pour s'assurer qu'ils soient atteints. Il collabore avec les représentants de l'industrie, pour qui il ne fait aucun doute que nous avons la possibilité d'atteindre nos objectifs. Le gouvernement collaborera avec l'industrie pour faire en sorte que cela se réalise. Nous livrerons la marchandise.
Le gouvernement a l'intention de promouvoir le volet technologique. Le Canada a la capacité nécessaire. En fait, nous sommes déjà en train de mettre au point des technologies permettant de capturer 100 p. 100 des émissions de CO2 produites par les grands émetteurs finaux et d'enfouir ces gaz dans la terre, d'où ils venaient à l'origine. Il existe même, à l'heure actuelle, un projet pilote qui récupère du CO2 transporté par camion des États-Unis jusqu'à un site d'essai, en Saskatchewan, où il est pompé jusque dans les profondeurs du sol. Le système fonctionne.
J'ai eu des discussions avec des représentants de l'industrie. Je leur ai dit que nous étions disposés à investir, mais qu'ils devaient aussi faire leur bout de chemin. Le gouvernement exerce d'énormes pressions sur l'industrie, mais cette dernière doit investir beaucoup plus dans la recherche et la technologie. Pour que le Canada puisse remporter la partie, il faudra que le fédéral, les provinces et l'industrie collaborent. Il faudra que la ministre de l'Environnement et que le ministre des Ressources naturelles s'assoient ensemble et se demandent: « Comment pouvons-nous travailler ensemble? Comment pouvons-nous faire bouger les choses? »
La question n'est pas de savoir ce qui est mieux pour nous, ni ce qui est mieux pour l'industrie. La question, c'est de savoir ce qui est mieux pour le Canada. Et qui plus est, si le Canada réussit, son succès profitera aussi à ses partenaires dans le reste du monde. Tout le monde y gagnera.
Le Canada veut assainir l'environnement. Il veut assainir l'air et l'eau. Le budget prévoit des investissements de 500 millions de dollars pour décontaminer le site de Chalk River. Cela aurait dû être fait il y a très longtemps. Le gouvernement précédent s'était-il engagé à faire cette dépense? Non. Cette mesure figure-t-elle dans le premier budget du nouveau gouvernement conservateur? Absolument. Pourquoi? Parce que c'est ce qu'il faut faire et qu'il est impératif d'agir.
Le gouvernement doit aussi modifier la mentalité des Canadiens. Je le crois fermement. Le gouvernement doit tenir des discussions continues afin de déterminer de quelle façon il devrait s'y prendre. Il ne fait aucun doute que les Canadiens se préoccupent de plus en plus de l'environnement. Les ventes de véhicules utilitaires sports sont en chute, tandis que les ventes de véhicules hybrides sont en forte croissance. Elles ont augmenté de 68 p. 100 depuis le mois passé. Quant aux ventes de véhicules utilitaires sports, elles ont chuté de manière spectaculaire au cours de la dernière année. Pourquoi? Parce que les Canadiens veulent faire leur part.
Doivent-ils-être financés à même leur propre argent? Je ne le crois pas. Voulons-nous collaborer avec eux? Voulons-nous les encourager à le faire? Bien sûr. Les Canadiens ne sont pas dupes. Ils veulent également s'assurer que nous réussirons.
Le crédit d'impôt annoncé dans le budget pour l'achat d'un laisser-passer pour le transport en commun constitue une mesure très importante à cet égard. Nous ne devrions pas en minimiser l'importance. Nous encourageons les gens à aller de l'avant, à laisser leur voiture à la maison dans certains des secteurs les plus pollués.
Que dire des réalisations du gouvernement précédent? Nous avons vu le nombre de jours de smog augmenter, surtout à Toronto, à Vancouver et dans certains autres bassins d'air pollué. Une très grande partie de cette pollution est attribuable aux automobiles. Pouvons-nous convaincre les gens de ne pas utiliser leur automobile? Prenons-nous des mesures dans ce sens? Tout à fait.
Nous voulons obtenir des résultats. Je serai heureux de travailler avec mon collègue et avec les députés de tous les partis. Je sais que mon collègue du Bloc est sincère. Il veut que nous allions de l'avant.
Le député qui a déposé cette motion ne devrait pas s'étonner de constater que les programmes qui ont été mis sur pied par les libéraux ne sont pas efficaces. Les libéraux savent bien qu'ils ont été les champions de la création de programmes qui ont coûté des milliards de dollars, qu'ils aient versé cet argent dans les coffres de leur parti, comme nous l'avons vu par le passé, ou qu'ils aient créé des programmes comme celui du registre des armes à feu. Nous avons été témoins de nombreux cas de ce genre. Nous avons également vu les rapports de la vérificatrice générale.
Monsieur le Président, vous étiez probablement déjà à la Chambre quand je suis venu au monde.
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Gary Lunn: J'exagère probablement un peu, monsieur le Président, et je le fais avec le plus grand des respects. Vous êtes le doyen de la Chambre, monsieur le Président, et il n'y a pas beaucoup de députés qui ont cet honneur. Vous êtes ici depuis longtemps.
Les députés doivent travailler en collaboration. Si nous voulons obtenir des résultats, nous devons mettre toute partisanerie de côté. Nous devons travailler ensemble. Nous devons trouver des solutions. Nous avons à coeur de le faire. Il y a bien sûr des inefficacités et des programmes qui ne fonctionnent pas bien, malgré ce qu'on en a dit, et nous n'aurons pas peur de prendre des décisions difficiles.
Je serai franc. Les fonctionnaires m'ont dit que ce programme était très populaire. Toutefois, à 50 ¢ par dollar, ce n'est pas bon pour l'environnement. Est-ce efficace? Je ne le crois pas.
J'ai donné quelques exemples. Nous promettons des résultats. Les Canadiens les verront dans les semaines et les mois à venir. Nous rencontrons des intervenants tous les jours. La ministre de l'Environnement et moi discutons tous les jours de l'importance de l'intégration. Des responsables du ministère de l'Environnement et du ministère des Ressources naturelles ont parcouru le pays pendant les trois premiers mois de notre mandat afin de s'entretenir avec les intervenants, de cerner les possibilités d'amélioration, de réfléchir sans limites, de lancer des idées et de sortir des sentiers battus. Comment créer et mettre en oeuvre des programmes qui feront réellement une différence?
L'intention de mon collègue qui a présenté la motion est plus que noble et authentique. Je demanderais toutefois au député de jeter un coup d'oeil au bilan du gouvernement libéral précédent à cet égard. C'est pitoyable, c'est le moins qu'on puisse dire. Nous avons hérité d'un véritable gâchis.
J'ai vu les libéraux hier à la Chambre tenter d'épater la galerie en parlant de la ministre de l'Environnement et des défis qui l'attendent. C'est probablement la ministre qui aura le plus à faire pour réparer le gâchis dont elle a hérité. Ce sont les faits. Les députés d'en face se moquent de moi.
Les émissions de gaz à effet de serre sont supérieures de 35 p. 100 aux objectifs que les libéraux avaient fixés. Elles ont augmenté chaque année après l'arrivée au pouvoir des libéraux. Ceux-ci n'ont pas commencé à y penser sérieusement avant la dernière année de leur mandat. Je dirais qu'ils n'y ont pas songé sérieusement à ce moment-là non plus, car ils savaient que c'était la fin pour eux et ils avaient mieux à faire.
C'est la vérité. Ce sont les faits et on ne peut pas les réfuter.
J'aimerais conclure en disant que nous allons emprunter un nouvelle voie efficace, transparente et réaliste. Ma collègue va prendre la parole plus tard. De ce côté-ci de la Chambre, nous espérons collaborer avec chaque député. La porte est ouverte. Nous voulons entendre les idées des députés. Nous voulons travailler avec eux. Si nous réussissons à ce chapitre, ce sera une réussite pour le Canada et nous pourrons aider le reste du monde à réussir.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de Yukon.
Il est remarquable que les cinq priorités du gouvernement ne comprennent pas l'environnement, qui est clairement une grande priorité pour les Canadiens. Le gouvernement est motivé par des idéologies. Il est motivé par une perspective idéologique néo-conservatrice, non seulement contre le Protocole de Kyoto, mais aussi contre les données scientifiques qui sous-tendent ce protocole.
Le premier ministre a dit ceci au sujet des émissions de gaz à effet de serre: « Cette hypothèse scientifique est controversée. Elle est peut-être fort amusante pour quelques élites scientifiques et écologistes d'Ottawa. » Le premier ministre ne croit même pas aux données scientifiques qui confirment la présence d'émissions de gaz à effet de serre. Il est très difficile pour un ministre de l'Environnement de faire partie d'un gouvernement dont le chef ne croit même pas aux données scientifiques portant sur ces émissions.
Il importe de noter que le gouvernement est à côté de la plaque en ce qui concerne plusieurs priorités.
Lorsque le Canada a besoin de centres d'éducation préscolaire et de garde d'enfants, le gouvernement veut construire des prisons. Lorsque la concurrence mondiale devient chaque jour de plus en plus féroce, les réductions d'impôt du gouvernement conservateur visent à acheter des votes et non à accroître la prospérité. Lorsque le réchauffement de la planète n'est pas qu'une menace, mais bien une réalité, le gouvernement conservateur est le seul au monde à réduire l'investissement dans la protection de l'environnement.
En tant que signataire du Protocole de Kyoto, le Canada s'est engagé à réduire les effets nocifs des émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement libéral a compris l'importance d'un environnement sain et d'une économie saine. C'est une priorité pour les Canadiens d'un océan à l'autre. C'est une priorité pour les Canadiens des collectivités côtières, dont je suis, car la masse terrestre et l'activité économique, sans parler de la vie, y sont vulnérables aux effets des changements climatiques. C'est une priorité pour les Canadiens du Nord, car leur gagne-pain est fonction des écosystèmes arctiques et ils subissent les effets désastreux des saisons des glaces de plus en plus courtes. C'est une priorité pour les Canadiens des Prairies, où des sécheresses et des inondations sans précédent ainsi que des températures instables ont eu des effets dévastateurs sur les rendements agricoles.
[Français]
Les Canadiens de tous les coins de notre beau pays sont devenus beaucoup trop familiers avec les avertissements de smog, résultat non seulement de la mauvaise qualité de l'air en milieu urbain, mais des conséquences des gaz à effet de serre qui retiennent la chaleur et les toxines dans l'atmosphère.
À Montréal comme dans plusieurs villes, lors des jours de smog, nos citoyens les plus vulnérables, les personnes âgées et les enfants en bas âge, sont privés de sortir de leur demeure.
[Traduction]
Devant ces réalités évidentes, le gouvernement a une approche aussi rationnelle que ceux qui croient encore que la Terre est plate. De partout des experts en environnement réclament des mesures urgentes pour contrer les changements climatiques planétaires. Le gouvernement fait la sourde oreille.
Le gouvernement libéral a implanté des programmes de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur industriel, dans le secteur résidentiel et dans celui des transports. Ces programmes importants ont fait appel à l'énergie, au talent et à la fougue des Canadiens du secteur privé, qui n'ont pas hésité à relever le défi. Le nouveau gouvernement supprime systématiquement ces programmes.
Voici ce que le Sierra Club pense des récentes décisions du gouvernement conservateur relativement aux changements climatiques:
Alors que le reste de la planète s'efforce de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d'aider les plus vulnérables à faire face aux prix élevés de l'énergie, ce gouvernement semble aller dans la direction opposée.
La Fondation David Suzuki a dit ceci:
Il est hypocrite de présider un processus dont on ne veut pas être partie [...] Nous demandons la démission de la ministre de l'Environnement, car les efforts internationaux sur les changements climatiques nécessitent -- et méritent -- un ou une présidente qui défendra le Protocole de Kyoto.
De toute évidence, l'environnement n'est pas l'une des cinq priorités du gouvernement conservateur. Il ne figure probablement même pas sur la liste des 100 premières priorités. Il n'en demeure pas moins que c'est une priorité pour les Canadiens, qui voient leur santé, leur économie et leur bien-être social menacés et qui nous ont confié la responsabilité de protéger et de faire valoir leurs intérêts.
[Français]
Ce gouvernement maintient qu'il est inutile de poursuivre, puisque le Canada n'atteindra pas ses objectifs de Kyoto. Il omet cependant de dire qu'au cours des 13 dernières années, nos exportations en énergie ont augmenté de 52 p. 100 et l'économie a grandi de 43 p. 100, largement dans le secteur de l'énergie, facteur déterminant dans l'augmentation de nos émissions.
Il est possible d'avoir une croissance économique et, en même temps, des politiques responsables sur les questions environnementales. Pour ce faire, on doit mettre en place des incitatifs pour les investissements et aussi pour les consommateurs.
[Traduction]
Partout dans le monde, des gouvernements font cela. Ils investissent dans l'environnement. Ils mettent en place des stimulants pour les consommateurs et les entreprises. C'est ce qu'a fait le gouvernement libéral. C'est pourquoi le Sierra Club a qualifié le budget de 2004 de l'un des plus verts de l'histoire du Canada.
Qu'est-ce que le gouvernement conservateur a fait? Il a éliminé le défi d'une tonne, un programme qui encourageait les Canadiens à changer leur mode de vie pour respecter l'environnement. Il a éliminé ÉnerGuide, un programme de réhabilitation thermique des résidences qui permettait aux Canadiens à faible revenu d'économiser sur les coûts de l'énergie tout en réduisant les émissions de GES, un programme que les fonctionnaires d'Environnement Canada ont déclaré 100 fois plus efficace que le programme de crédit d'impôt pour les laissez-passer de transport en commun.
C'est pourquoi les groupes écologistes internationaux demandent à la ministre de l'Environnement de démissionner de la présidence de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui aura lieu à Bonn. C'est la communauté écologiste internationale qui est maintenant prête à dire au revoir à la ministre.
John Bennett, président de Climate Action Network, a déclaré ceci au sujet du Parti conservateur: « Ce parti, qui est maintenant au pouvoir, a fait campagne en dénonçant la malhonnêteté des autres partis, mais sur la question de Kyoto, il ne pourrait pas être plus malhonnête qu'il l'est maintenant [...] Une ministre qui a le sens de l'honneur ne continue pas de participer à quelque chose qu'elle désapprouve. »
Pourquoi le gouvernement ne fait-il pas preuve de détermination en relevant le défi que posent les changements climatiques et en invitant les Canadiens à faire comme lui? La lutte contre les changements climatiques est un engagement à long terme qui ne finit pas avec la fin de la première période d'engagement du Protocole de Kyoto, en 2012. Ce n'est là que le commencement.
[Français]
On doit utiliser les politiques environnementales pour créer des conditions favorables et une croissance économique.
[Traduction]
Le développement des méthodes de production d'énergie verte au Canada améliore le rendement des sociétés canadiennes sur le plan de l'environnement, mais a aussi permis d'attirer des investissements dans des technologies plus vertes et plus économes en énergie, ce qui a accru la compétitivité des sociétés.
Les entreprises canadiennes font également preuve de leadership sur le marché mondial, en matière d'environnement, et c'est tout aussi important. Les entreprises canadiennes sont parvenues à équilibrer gérance de l'environnement et soutien de la concurrence grâce à l'exploitation des marchés d'exportation de technologies et méthodes vertes dans des pays comme la Chine, l'Inde et le Brésil. Il importe de reconnaître que nous obtenons des crédits en vertu du Protocole de Kyoto si nous aidons des pays comme la Chine, l'Inde et le Brésil à se doter des méthodes de production d'énergie verte dont ils ont besoin.
Je ne peux que déplorer la politique à courte vue du gouvernement, qui l'empêche de voir les extraordinaires possibilités des technologies canadiennes dans ces marchés en plein développement.
Le Projet vert annoncé en avril 2005 par le gouvernement libéral établissait une méthode énergique et réfléchie pour amorcer une réforme fiscale écologique, un changement considéré comme fondamental pour la réalisation de nos engagements établis par le Protocole de Kyoto. Ce plan prévoyait des mesures importantes qui se sont avérées fructueuses dans d'autres pays. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu'un plan sur une initiative à long terme comme la réduction des gaz à effet de serre donne des résultats du jour au lendemain. Il faut du temps. Mais le plan était là, il fonctionnait et il aurait fonctionné, mais les conservateurs l'annulent à cause de leur idéologie étroite et parce qu'ils ne croient pas aux principes scientifiques derrière les émissions de gaz à effet de serre.
Nous avons créé des incitatifs fiscaux pour amener les grands émetteurs finaux à réduire leurs émissions. Nous avons créé le Fonds d'investissements technologiques de lutte contre les changements climatiques, qui devait servir à financer la mise au point de nouvelles technologies pour les entreprises incapables d'attendre les objectifs négociés. Ce fonds a été établi pour permettre l'achat de crédits de GES auprès des entreprises dont les méthodes de gérance de l'environnement ont permis d'obtenir des crédits. Nous avons amené le secteur privé à participer activement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, car c'est un impératif à l'échelle mondiale. Notre gouvernement jugeait prioritaire de collaborer avec les Canadiens et d'inciter les consommateurs, le secteur privé et les autres gouvernements à participer aux efforts pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. C'était une priorité pour nous, parce que c'est une priorité pour les Canadiens.
Ce n'est pas une priorité pour le gouvernement conservateur. J'exhorte le gouvernement à annuler les compressions dans les dépenses de programme pour l'environnement, puisque nous avions des programmes qui fonctionnaient et qui auraient pu fonctionner, et qui auraient pu non seulement améliorer la vigueur de l'économie du XXIe mais nous permettre d'avoir une planète plus propre et plus verte.
:
Monsieur le Président, tout le monde sait et tous les scientifiques s'entendent pour dire que, sous le gouvernement libéral, le Canada a réduit de milliers de tonnes les émissions de gaz à effet de serre. Durant ces années, comme nous le savons, le Canada avait également, en fonction de nombreux paramètres, l'économie la plus performante du monde. Bien entendu, cela a rapporté beaucoup aux Canadiens. Nous avons pu consacrer beaucoup plus d'argent aux étudiants, aux aînés, aux soins de santé, à la péréquation, aux paiements de transfert, à l'aide à l'étranger, à la recherche et au développement et aux handicapés et nous avons pu ainsi présenter le budget environnemental le plus important de l'histoire du Canada.
J'ignore les chiffres exacts, mais lorsque la situation économique est si bonne, cela conduit également, bien entendu, à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre qui a été de 150 p. 100 à 200 p. 100 peut-être et qui est liée aussi à l'exploitation des sables bitumineux. Comme nous avions l'économie la plus performante et nous connaissions la plus forte croissance, ce qui a entraîné ces augmentations des émissions de gaz à effet de serre, nous avons été le pays du monde qui a dû relever les plus grands défis pour essayer d'atteindre nos objectifs de Kyoto. C'est pourquoi le gouvernement libéral a élaboré un plan très dynamique.
Pour les besoins du discours d'aujourd'hui, je vais diviser ce plan en une série de plans. Malgré cette augmentation des émissions de gaz à effet de serre de 150 p. 100 ou 200 p. 100, ou de je ne sais combien, attribuable à notre excellente situation économique, nous avons quand même réussi à limiter la proportion à 135 p. 100 environ jusqu'à maintenant, mais les grands programmes très complexes qui ont été si longs à mettre en place et à négocier sont sur le point de réduire les gaz à effet de serre de façon marquée pour nous permettre de nous rapprocher de nos objectifs.
Je vais vous décrire ces plans rapidement, afin de pouvoir tous les exposer dans mon discours. Fondamentalement, il y a deux volets. Tout d'abord, nous avons nettement réduit les émissions en limitant notre consommation d'énergie. Il y a un certain nombre de programmes à cet égard. Ensuite, nous appuyons les technologies renouvelables et les nouvelles technologies qui n'émettent pas de gaz à effet de serre ou pas autant du moins.
Le plan 1 était un fonds vert de 1 milliard de dollars dont l'objectif était de soutenir des projets écologiques visant à réduire les gaz à effet de serre. Il stimule également la mise au point de nouvelles technologies. Que proposent les conservateurs dans ce domaine? Rien. Ils n'ont aucun plan.
Le plan 2 prévoyait jusqu'à 2 milliards de dollars pour des partenariats. Cela permettrait d'obtenir encore plus que les 4 milliards de dollars au total, car toutes les provinces, tous les territoires et toutes les régions du pays feraient leur part. Nous devons trouver ce financement et obtenir l'appui de tous lorsque nous sommes confrontés à un défi aussi essentiel pour les Canadiens. Qu'ont donc annoncé les conservateurs dans ce domaine? Rien.
Le plan 3 prévoyait 200 millions de dollars pour quadrupler les mesures d'encouragement de l'énergie éolienne au Canada. Cela aurait permis de produire suffisamment d'énergie pour un million de foyers. Qu’ont annoncé les conservateurs dans ce domaine? Rien! Ils n'ont pas de plan.
Le plan 4 prévoyait de consacrer 97 millions de dollars à la production d'énergies renouvelables. On peut songer, par exemple, aux petits projets hydroélectriques, à la biomasse et aux gaz d'enfouissement. Qu'ont annoncé les conservateurs dans ce domaine? Ils n'ont pas de plan. Il y a rien.
Le plan 5 était destiné à stimuler le développement de la biomasse grâce à une série de mesures d'encouragement. Comme les députés le savent, nous avons financé la création d'un certain nombre d'usines d'éthanol. Celles-ci permettent non seulement de réduire le volume de gaz à effet de serre, mais elles donnent aussi un sérieux coup de pouce financier aux agriculteurs qui disposent ainsi d’un nouveau marché. Nous n'avons entendu parlé de rien à ce sujet non plus.
Le plan 6 visait à quadrupler le budget d'ÉnerGuide. Un montant supplémentaire de 225 millions de dollars était destiné à améliorer le rendement énergétique des maisons. Il devait permettre à tous les Canadiens de participer, puisque que le gouvernement ne peut pas, à lui seul, relever cet énorme défi. Pourquoi aurions-nous recommandé de quadrupler ce budget si le programme n'avait pas donné de résultats satisfaisants? Au Canada, 500 000 foyers avaient adhéré à ce programme. Certains parlementaires ont affirmé n'avoir jamais entendu parler de Canadiens réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre et pourtant 500 000 Canadiens le font. Je pense que le gouvernement conservateur a même amputé le programme d'une partie ou de la totalité des sommes qui lui étaient consacrées. Certes, des dépenses étaient rattachées à l'exécution de ce programme, notamment pour les inspecteurs domiciliaires, mais c'était là une des dimensions du programme.
Le plan 7 prévoyait que nous affecterions 200 millions de dollars à une stratégie relative à la science et la technologie dans le domaine des énergies renouvelables. Quand on réduit considérablement les sommes de la R et D consacrées à ce genre de choses, comme on l'a fait dans le dernier budget, on se trouve à hypothéquer très sérieusement l'avenir de nos enfants. Les nouvelles technologies de transport sont fondamentales pour réduire les gaz à effet de serre et c’est l'orientation que nous avions prise.
Le plan 8 est celui du Fonds municipal vert qui, comme tout le monde sait, a donné d'excellents résultats. Pendant plus de 10 ans, le chef du NPD a encensé ce programme. L'ancien premier ministre, le député de LaSalle—Émard, a été le grand maître d'oeuvre du financement de ce programme destiné aux municipalités. Dans les périodes difficiles, quand nous accusions d'importants déficits et que nous devions réduire nos dépenses, j’étais fasciné de voir que le ministre des Finances qu'il était alors augmentait ce poste budgétaire. C'est ainsi qu’au fil des ans nous avons investi plus d'un milliard de dollars dans les projets d'infrastructures vertes des municipalités, grâce à notre plan « fait au Canada » qui nous a permis de réduire des tonnes et des tonnes de gaz à effet de serre.
Le plan 9 concernait les friches industrielles, parce qu'il est très important que les municipalités les décontaminent.
Le plan 10 « fait au Canada » consistait à réduire les gaz à effet de serre grâce à une production d'énergie non polluante. Nous voulions y parvenir par le truchement de réductions d'impôts. Je suis certain que le gouvernement conservateur sera au moins d'accord avec le principe de la réduction d'impôt. Nous avons fait passer la déduction pour amortissement de 30 à 50 p. 100 quand il y a production d'énergie verte.
Le plan 11 portait sur le charbon épuré. Une fois débarrassé des oxydes d’azote et de soufre, le charbon devient l'un des combustibles les plus propres que l'on connaisse. Comme les députés le savent, le Canada est un leader mondial dans les nouvelles technologies utilisées à ces fins. C'est formidable.
Avec le plan 12, axé sur la biomasse, il est possible de réduire les émissions de gaz à effet de serre en gérant les forêts et les exploitations agricoles de façon à les rendre plus efficientes. Certains des meilleurs chercheurs du monde dans ce domaine sont au Canada, et ce serait une insulte pour la fonction publique canadienne de ne pas avoir de plan à cet égard. Des scientifiques éminents travaillent dans nos ministères, notamment à Ressources naturelles Canada et à Environnement Canada, et proposent des méthodes d'avant-garde axées sur la biomasse pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. J'ai assisté à leurs conférences et j'y ai pris la parole; j'ai également vu des documents scientifiques qu'ils ont préparés et le travail fantastique qu'ils accomplissent.
Le plan 13, conçu au Canada, porte sur le stockage du carbone. Encore une fois, c'est un secteur où le Canada fait figure de chef de file; il réduit une quantité impressionnante d'émissions de gaz à effet de serre. D'après certaines estimations, cette approche présente suffisamment de potentiel pour permettre de stocker l'ensemble des gaz à effet de serre produits au Canada.
En ce qui concerne le plan 14, le dernier intervenant a mentionné cette technologie; nous aidons la Chine sur le plan technologique. Je ne peux m'imaginer que les parlementaires croient que tous les gaz à effet de serre qui nous affectent sont produits au Canada.
Le plan 15, également conçu au Canada, porte sur l’utilisation des déchets de sites d’enfouissement, méthode que l'Alberta envisage d'utiliser pour certains grands projets.
Le plan 16 propose une grille est-ouest. De toute évidence, il est avantageux de pouvoir partager de l'électricité qui ne produit pas de gaz à effet de serre.
Le plan 17 porte sur le programme ÉnerGuide pour les ménages à faibles revenus. Le gouvernement du Canada pourrait-il prendre une initiative plus noble?
Évidemment, il y a tous ces plans, mais le gouvernement conservateur n'a rien annoncé de nouveau.
Le plan 18, d'origine canadienne, concerne les obligations faites aux grandes sociétés émettrices, qui sont nombre de 700 et qui pourraient réduire les émissions de gaz à effet de serre de trois mégatonnes, voire davantage. C'est dans la loi. Je pourrais en dire plus aux députés là-dessus, mais il ne me reste pas assez de temps.
Le plan 19, d'origine canadienne, concerne une fois de plus le fait que le Canada est un chef de file à l'échelle mondiale, cette fois avec un plan de réduction des émissions attribuables aux voitures, réduction qui pourrait s'élever à cinq mégatonnes. Bon nombre sont d'avis que grâce aux économies d'essence et aux trains mus par des sources d'énergie hybrides, nous pourrions afficher les réductions d'émissions attribuables aux voitures les meilleures dans le monde. C'est encore mieux parce que c'est volontaire, et non obligatoire, ce qui signifie que nous obtenons une participation et une efficacité beaucoup plus élevées.
Le plan 20 est le défi d'une tonne qui, comme chacun sait, nous a permis de réduire les émissions de milliers et de milliers de tonnes.
Le plan 21 concerne BIOCAP. Je n'ai pas entendu le gouvernement dire qu'il appuie ce programme.
Le plan 22, d'origine canadienne, a trait à l'énergie solaire.
Voilà donc les 22 plans canadiens qui nous ont permis de diminuer de milliers de tonnes les émissions de gaz à effet de serre au Canada. Qu'avons-nous entendu lorsque les conservateurs ont accédé au pouvoir? Nous avons entendu que quelque 15 programmes seraient supprimés. En fait, le gouvernement les a laissés prendre fin. Il n'a même pas eu à les supprimer.
Ce fut une grande occasion perdue pour le Canada. Nous disposions de ces technologies avec tous ces programmes. Nous aurions pu les vendre au reste du monde. Nous allons maintenant être forcés de les acheter d'autres pays. Le Canada va devoir payer d'autres pays pour avoir ces technologies que nous avons développées et qui sont maintenant supprimées.
Je voudrais que les députés pensent au scénario suivant. Imaginez que, durant une tempête de neige, tous les patients d'un hôpital de Calgary ont été jetés à la rue parce que quelqu'un'un a dit: « Nous allons faire mieux. Nous allons avoir un meilleur hôpital. Nous allons avoir un meilleur plan, mais maintenant nous n'avons pas de plan. Nous allons réduire le budget de moitié. Il y aura un meilleur plan, mais jusqu'à ce qu'il y en ait un, nous vous jetons à la rue. »
Nous ne devrions pas éliminer une série de plans plus ou moins efficaces, certains plus efficaces que d'autres, si nous n'avons rien pour les remplacer lorsque le Canada est aux prises avec une telle crise. Le gouvernement conservateur doit certainement rendre des comptes à cet égard.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de Victoria.
Quel étonnant retour des choses. Au moment des élections ou lorsqu'ils écoutent les délibérations de la Chambre, les Canadiens tentent souvent d'établir des distinctions entre les divers partis et leurs positions sur des enjeux critiques. Parfois les électeurs déplorent le fait que, par les temps qui courent, il existe très peu de différence, que les partis politiques ne font que chercher à attirer l'attention, qu'ils se situent tous au centre et qu'il n'y a pas moyen de les distinguer.
Nous avons aujourd'hui l'occasion de parler des changements climatiques et je suis très content que le député du Bloc ait pu présenter cette question. Je sais bien que le gouvernement actuel préférerait ne pas en parler, tout comme l'opposition officielle, avec le bilan qui est le sien. Le gouvernement a ses raisons, la principale étant qu'il n'a aucun plan.
Durant toute cette journée d'opposition, nous avons l'occasion d'aborder ce qui, d'après la plupart des observateurs dans l'industrie et les groupes environnementaux, constitue le plus grand défi et la plus grande menace pour nous, nos collectivités et notre économie. Il convient de parler surtout des engagements internationaux du Canada.
Le gouvernement a parlé de façon vague mais surtout pleine de sous-entendus de la nécessité de respecter les engagements des gouvernements précédents. Il est devenu évident qu'il ne tient plus le même langage au sujet de Kyoto, et maintenant au sujet de Kelowna, ce qui est attristant. Au cours de nombreuses décennies et parfois sans être à la hauteur, le Canada s'est mérité la réputation d'un pays qui intervient à l'échelle internationale de façon constructive. On peut penser ici au travail de l'ancien premier ministre Pearson à l'ONU ou à la participation du Canada à certains traités, comme le Protocole de Kyoto.
Le Parti libéral du Canada a pris certains engagements dès 1993. Il s'agissait, si vous voulez, de ses promesses de réduire les émissions de gaz à effet de serre mais, une fois au pouvoir, les libéraux n'ont pas tardé à effectuer un virage à 180 degrés. Ceux qui ne suivent pas de près le Parti libéral seront surpris d'apprendre qu'un parti peut affirmer année après année et durant plusieurs campagnes électorales qu'il a l'intention de réduire les émissions de gaz à effet de serre et ensuite agir dans le sens contraire. Ceux qui travaillent dans le secteur de la garde d'enfants savent bien que ce genre de comportement est typique d'un parti dont le seul but est le pouvoir. Ainsi, les émissions ont-elles augmenté de 25 à 30 p. 100.
Il est important de comprendre que l'investissement est la clé de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. C'est comme un travailleur de 60 ans qui commence à mettre de l'argent de côté pour sa retraite. Je sais que le Président est beaucoup plus sage que cela, et ce n'est pas une stratégie que je recommanderais à ses électeurs et à ses amis. C'est une façon extrêmement coûteuse de faire les investissements nécessaires pour s'assurer une retraite dorée.
Les gouvernements libéraux n'ont pas fait les investissements nécessaires pour améliorer la productivité et l'efficacité de l'économie canadienne et pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, comme ils avaient promis de le faire. C'est à la toute fin, quand ils ont commencé à baisser dans les intentions de vote, que les libéraux ont finalement présenté un plan.
Je me souviens que le ministre de l'Environnement de l'époque répétait jour après jour qu'ils avaient un plan, que ça s'en venait, que nous devions être patients. Ils ont eu depuis la signature du Protocole de Kyoto en 1997 jusqu'en 2005 pour agir, et qu'ont-ils fait? Ils nous ont présenté un document de travail sur les changements climatiques. Il n'y avait ni objectif, ni échéancier, ni stratégie. C'était un rapport flou et erratique sur la nécessité de peut-être un jour faire quelque chose. De plus, le fardeau de la réduction des émissions devait être porté par les consommateurs, au lieu des grands émetteurs finaux, qui sont les rois du lobbying. Le plan des libéraux proposait des choses, mais n'imposait rien.
Quand le gouvernement fédéral et celui de l'Ontario ont remis quelque 400 millions de dollars à General Motors, nous avons dit que cet investissement devrait s'accompagner de l'obligation pour le fabricant de construire des voitures plus efficaces sur le plan de la consommation de carburant. Le gouvernement avait la possibilité d'investir pour le bien commun. L'entente a été signée, mais cette obligation n'y figurait pas.
Le gouvernement libéral a eu une autre occasion de suivre l'exemple de la Californie, de l'État de New York et des autres États progressistes des États-Unis en exigeant que les voitures respectent des normes strictes en matière de consommation de carburant et de production d'émissions. Au lieu de cela, les libéraux nous ont donné une entente facultative et sans mordant. Toujours la même histoire.
Les conservateurs sont très intéressants. Il semble qu'ils aient enfin compris ce que la majeure partie des pays du monde savent depuis de nombreuses années, à savoir que des changements climatiques sont causés par les humains et qu'ils constituent une menace pour notre société et notre économie. Depuis plus d'un an, les conservateurs affirment dans cette enceinte qu'ils ont un plan et qu'il ne faut pas s'inquiéter. Les conservateurs affirment qu'ils n'ont pas voulu le rendre public, contrairement à ce que le NPD a fait pour qu'on puisse en discuter dans cette enceinte, comme nous étions censés le faire, parce qu'ils craignaient que les autres partis leur volent leurs bonnes idées. C'est vraiment noble de leur part.
Les conservateurs forment maintenant le gouvernement. Ils peuvent enfin agir et l'outil le plus efficace à la disposition de n'importe quel gouvernement réside dans le budget. C'est une indication de l'utilisation qu'on fait des deniers publics, des plus de 180 milliards de dollars qui sont perçus chaque année auprès des Canadiens, pour stimuler notre économie. C'est le moment où le gouvernement doit prendre les mesures qui s'imposent dans l'intérêt des Canadiens.
C'est une chance en or de mettre en oeuvre ce plan caché quelque part, dont on n'a jamais vu la couleur et dont on n'a jamais entendu parler, si ce n'est dans cette enceinte. Cependant, il n'y a rien. Il y a moins que rien. C'est un retour en arrière, comme si les changements climatiques n'étaient pas un problème croissant pour les Canadiens et un problème pressant pour le monde entier. Les Canadiens n'ont droit à rien.
Je tiens à dire ceci à ce gouvernement qui aime à parler de ses intérêts commerciaux. L'année dernière, lorsque le comité a étudié le Protocole de Kyoto et les répercussions des changements climatiques sur notre économie, toutes les associations d'entreprises qui ont témoigné devant le comité ont déclaré qu'en respectant les exigences en matière d'efficacité énergétique dans toute notre économie, on pourrait rendre l'économie du Canada plus productive et plus compétitive surtout par rapport à notre partenaire au sud de la frontière. Nous regardons le gouvernement américain et le président Bush, qui se préoccupe plus du Texas que des arbres, et nous constatons que nos voisins prennent peu de mesures au sujet des changements climatiques.
Parmi les groupes qui ont témoigné, il y avait l'Association minière du Canada qui représente des entreprises qui comptent parmi les grands émetteurs finaux auxquels le gouvernement précédent ne voulait pas toucher et le gouvernement actuel encore moins. Ces gens sont venus nous dire qu'ils pensaient que le Canada était sérieux lorsqu'il avait signé cet accord en 1997 et qu'ils avaient donc procédé à certaines des réductions qui, selon eux, seraient en fin de compte exigées dans la loi, mais que rien ne s'était produit. Cette industrie a pris toutes les mesures écologiques voulues et, imaginez, elle est devenue plus productive, plus efficiente et plus rentable.
Certes, investir dans l'économie afin de la rendre plus intelligente, efficace et verte, et créer les emplois dont le NPD parlait dans le plan qu'il a publié il y a plus d'un an aurait été une option environnementale et économique sensée. Or, voilà que certains députés laissent entendre que les décisions environnementales menacent notre économie et lui nuisent.
Qu'avons-nous? Nous avons un Parti conservateur qui trouve qu'il est toujours mauvais d'affecter des fonds sans plan de dépenses. Dans le budget, la réaction du gouvernement aux changements climatiques et aux besoins grandissants et pressants des Canadiens est d'allouer 2 milliards de dollars sans avoir de plan. C'est de la piètre gestion financière. L'industrie et les Canadiens ne savent pas dans quoi investir.
Il n'y a pas de meilleur exemple jusqu'à présent. Nous savons que d'autres compressions sont à prévoir; le gouvernement devra en faire pour compenser toutes ses petites mesures fiscales populistes. Il a sabré dans le programme ÉnerGuide. Il y a des provinces et des propriétaires de maison qui se demandent quels seront les plans. Que devraient faire les propriétaires à propos des améliorations éconergétiques qu'ils voulaient apporter pour réduire le coût et le fardeau que représente la hausse spectaculaire du prix de l'énergie? Que devraient-ils faire? Devraient-ils aller de l'avant? Les propriétaires de maison disent qu'ils ne peuvent pas se le permettre. Il y a des personnes âgées à revenu fixe qui ne peuvent pas se le permettre. Le gouvernement jouait un petit rôle. Le NDP suggérait qu'il joue un rôle plus important. Au lieu de cela, le gouvernement a jeté le programme aux orties et il laisse les gens en plan.
Le NPD prie le gouvernement — et dans le contexte de ce débat, nous espérons rallier tous les députés de la Chambre — de mettre en place cette petite mesure incitative visant à encourager l'énergie éolienne au pays, mesure qui a été saluée chaudement par l'Ontario, le Québec et d'autres endroits. Le budget n'a pas fait mention de l'énergie éolienne et il le devrait.
Le NPD a minutieusement établi le coût de son plan. Nous avons passé au crible tous les coûts, les faits et les chiffres. Le parti a fait appel à des économistes et il a dépensé de l'argent et du temps pour être certain de l'exactitude de l'ensemble. Le gouvernement n'a pas voulu en faire autant. Nous souhaitions des investissements sains assurant un bon rendement des deniers publics.
J'ai beaucoup de sympathie et d'empathie pour l'actuelle ministre de l'Environnement. En effet, il lui faut maintenant se rendre à Bonn, en Allemagne, rencontrer nos partenaires internationaux et défendre le seul gouvernement au monde qui fait des compressions de son budget de l'environnement.
Elle doit défendre ces compressions tout en, paradoxalement, présidant une conférence visant à accélérer et à encourager l'action. Nous savons que Kyoto et les plans relatifs aux changements climatiques ne suffisent pas en ce moment. Au Canada, nous avons un gouvernement au pouvoir, bien que ce soit temporaire, qui, sur le fond, ne croit pas qu'il convient de faire ces investissements. Il nous l'a dit en ne soumettant pas un plan qu'il promettait depuis plus d'un an, en induisant les Canadiens en erreur et en présentant un budget qui, de l'avis de toutes les composantes du milieu de l'environnement, représente une catastrophe absolue.
Le NPD continuera de promouvoir une utilisation progressiste et intelligente des deniers publics et de notre cadre financier afin de rendre notre économie plus écologique et plus durable comme le demandent tant de Canadiens.
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Monsieur le Président, mes collègues du NPD et moi appuyons fortement la motion du Bloc québécois qui demande au gouvernement d'agir pour atteindre nos objectifs de réduction des gaz à effet de serre comme ils ont été établis par le Protocole de Kyoto.
Personnellement, je trouve que l'action devrait être plus immédiate et plus profonde que cette motion ne le suggère.
Dès le départ, tout le monde savait que le Protocole de Kyoto n'était qu'un premier pas, assez timide d'ailleurs, et qu'il faudrait mettre les bouchées doubles pour ralentir les changements climatiques et ses effets néfastes.
Dans ma province, la Colombie-Britannique, les effets se font déjà sentir. Les températures de la côte ont augmenté d'un degré. L'air plus chaud et plus sec dans la vallée du Fraser accroît les maladies respiratoires et les problèmes d'air pollué déjà graves dans cette région.
Les scientifiques prévoient également de plus grands risques d'inondations, de sécheresses, de feux de forêt, de tempêtes et de tous les effets dévastateurs que l'on connaît. Les coûts liés aux ravages du dendroctone du pin dépassent les 2 milliards de dollars par année.
On estime que la moitié des glaciers seront disparus d'ici à la fin du siècle. Cela signifie moins d'eau pour l'agriculture, la génération d'énergie et les communautés.
Il n'est pas raisonnable de la part du gouvernement d'annuler notre seul plan qui offre une petite lueur d'espoir pour l'avenir, sans proposer un plan de rechange. C'est comme rouler en voiture avec une crevaison sans pneu de rechange. Ce ne sont pas les idées concrètes et innovatrices qui manquent, ni les plans chiffrés pour agir. C'est plutôt le manque de leadership de ce gouvernement et du gouvernement précédent qui nous a valu ce retard.
J'ai trouvé dérangeants, inquiétants et choquants les propos tenus par la ministre de l'Environnement hier en Chambre. Elle nous offrait des échos de la Maison-Blanche, me semble-t-il. Après nous avoir expliqué que les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 35 p. 100 au Canada, elle a dit, et je cite:
[Traduction]
Pour placer ce résultat dans son contexte, cela veut dire qu'il faudrait, aujourd'hui, arrêter la circulation de tous les trains, avions et automobiles du pays.
Elle a également dit: « Cela représente une réduction qui équivaut à quatre fois la quantité de gaz à effet de serre produite par chaque ménage au Canada. » Je me pose de sérieuses questions sur le sens de la perspective de la ministre.
Pour ce qui est de nos alliés dans le dossier des changements climatiques, nous voyons que le Royaume-uni, par exemple, a déjà dépassé les objectifs de réduction de 12,5 p. 100 qu'il s'était fixés à Kyoto, et qu'il est en voie de réduire ses émissions de 23 à 25 p. 100 d'ici 2010, tout en maintenant un taux de croissance du PIB de 1,7 p. 100 en 2005. L'Allemagne a réduit ses émissions de 18,5 p. 100. Je n'ai pas été en Europe récemment, mais je suis persuadée que les résidences sont toujours fonctionnelles et que les gens continuent de voyager en voiture et en train. L'aéroport d'Heathrow, en Grande-Bretagne, n'a pas fermé ses portes et les Allemands n'ont pas troqué leurs automobiles contre des voitures tirées par de chevaux. Je crois donc que la ministre a beaucoup exagéré.
La ministre soulève le spectre des pays en développement comme l'Inde et la Chine. Il est en effet troublant de voir combien leurs émissions ont augmenté. Toutefois, même lorsqu'on pointe le doigt vers quelqu'un d'autre, il nous reste toujours trois doigts pointés vers nous-mêmes. Un Canadien produit toujours autant de gaz à effet de serre que 10 Indiens et l'excédent que l'on connaît actuellement est dû aux émissions excessives produites ici au cours du dernier siècle et non pas en Inde ou en Chine.
Au lieu de se servir de l'Inde ou de la Chine pour justifier notre inaction, la ministre devrait plutôt songer à investir afin de faire du Canada un leader international dans le domaine de l'énergie verte, tant pour le marché interne que pour l'exportation.
[Français]
Cependant, je suis d'accord avec la ministre pour dire que les libéraux ont beaucoup parlé du Protocole de Kyoto, mais n'ont pas beaucoup agi. Pendant la campagne électorale, un des candidats m'a même fourni l'excuse que les augmentations étaient attribuables au roulement de l'économie. Cela équivaut à dire que pour être productif, on ne peut pas être efficace, ou il faut être inefficace, selon les libéraux.
Mais voilà que les conservateurs disent à peu près la même chose. Ils abandonnent la lutte avant même d'avoir essayé.
[Traduction]
La ministre de l'Environnement semble être davantage la ministre du pétrole et du gaz naturel. Pourquoi son gouvernement continue-t-il de subventionner l'industrie pétrolière et gazière qui n'a jamais engrangé autant de profits? La ministre laisse entendre que le ciel nous tombera sur la tête et que les Canadiens devront vivre dans des huttes. Le gouvernement est convaincu que la conservation est l'antithèse de la croissance économique. Voilà le problème.
La ministre a dit qu'il faudrait arrêter la circulation de tous les trains, avions et automobiles du pays, mais alors pourquoi le gouvernement ne cesse-t-il pas de gaspiller les fonds publics dans l'industrie pétrolière et gazière et ne commence-t-il pas à assujettir les grands pollueurs à des règlements? Au lieu d'accorder des subventions, pourquoi ne finance-t-il pas des mesures de conservation, des investissements écologiques et des stratégies de transition pour les collectivités et les travailleurs? Pourquoi le gouvernement ne donne-t-il pas suite aux recommandations de ses propres experts? Ils ont dit, l'année dernière, dans un rapport sur les changements climatiques: « Des mesures doivent être prises maintenant pour limiter le changement atmosphérique [...] Toute action est donc essentielle et nullement prématurée. De fait, ce genre d'action accuse peut-être déjà un retard. »
[Français]
La ministre n'y voit que des obstacles alors qu'il faudrait voir au-delà des obstacles. Ceci n'est évidemment pas une crise que l'on peut résoudre en six mois. On ne peut pas tout faire à la fois, mais il faut au moins une vision, une stratégie à long terme pour effectuer une transition vers une économie durable. Le Canada a tout ce qu'il faut sur le plan de la technologie et des ressources pour être un chef de file mondial et maintenir sa compétitivité.
[Traduction]
Permettez-moi de revenir au ministère de l'Environnement, qui dit ceci:
On pourrait aussi parvenir à réduire considérablement les émissions de dioxyde de carbone grâce à deux mesures simultanées: l'amélioration de l'efficience énergétique et la mise au point de produits de remplacement des combustibles fossiles.
Il n'est pas nécessaire de réinventer la roue. Nombre de groupes crédibles ont formulé des recommandations, sans parler du plan du NPD, dont les coûts ont été soigneusement évalués, qui propose une stratégie d'efficacité énergétique nationale dont la première phase consiste en des programmes de rénovation et d'amélioration du rendement énergétique des résidences et des immeubles, la création d'une industrie de construction de véhicules écologiques canadiens et des investissements dans l'énergie verte et une infrastructure municipale durable.
Le gouvernement ne saurait se traîner les pieds, il doit agir plus rapidement qu'il ne le fait. Nous pouvons atteindre nos objectifs, mais il faudra une volonté politique. Cette volonté ne semble pas au rendez-vous à l'heure actuelle.
Au nom de nos enfants, je recommande vivement que le gouvernement revoie ses plans d'action et qu'il ne tarde plus à agir, car le temps presse. Aucun autre problème n'aura une incidence plus grande sur nos enfants, sur la prochaine génération, que les changements climatiques.
:
Monsieur le Président, je dois indiquer que je partagerai mon temps de parole avec le député de Berthier—Maskinongé, mon voisin de comté.
Avant de commencer mon intervention, je voudrais féliciter le député de Rosemont—Petite-Patrie, car non seulement son discours de ce matin était empreint d'une foule d'informations et de connaissances, mais aussi d'émotions au regard d'un problème planétaire au sujet duquel on ne peut se fermer les yeux, comme le fait le gouvernement conservateur.
Je voulais également féliciter mon collègue pour tout le travail qu'il a fait ces dernières années, à titre de porte-parole du Bloc québécois en matière d'environnement. C'est en grande partie lui qui, en décembre 2002, a été à l'origine de l'adoption en cette Chambre du Protocole de Kyoto par le Canada.
Pour conclure cet aspect, je voulais aussi le féliciter pour avoir déposé cette motion qui, je le constate, reçoit l'appui des autres partis d'opposition et démontrera au gouvernement conservateur qu'il est isolé au regard de cette question non seulement en cette Chambre, mais face à l'opinion publique canadienne et québécoise.
Je me permets de relire la motion parce qu'elle est en elle-même extrêmement complète et claire. Par la suite, j'aurai l'occasion d'en développer les différents aspects.
Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait: a) prendre les mesures nécessaires pour que le Canada atteigne son objectif de réduction des gaz à effet de serre tel qu’établi par le Protocole de Kyoto, en s’appuyant sur l’équité et dans le respect des compétences constitutionnelles et des responsabilités propres au Québec et aux provinces; b) rendre public d’ici le 15 octobre 2006 un plan efficace et équitable pour se conformer au Protocole de Kyoto comportant un système d’objectifs d’émissions pour les grands émetteurs assortis d’échange de droits d’émission accompagné d’une entente bilatérale avec le Québec et les provinces qui le désirent, et pouvant être fondée sur l’approche territoriale.
Comme je le mentionnais dès le départ, cette motion dont on débat aujourd'hui, comporte un enjeu majeur: la question des gaz à effet de serre et le réchauffement de la planète. Plusieurs autres députés l'ont souligné dans leur discours. C'est maintenant une évidence scientifiquement prouvée. Si l'on ne s'y attaque pas, les conséquences sur les plans écologique et environnemental, et même sur l'avenir de l'espèce humaine, non seulement seront extrêmement importantes, mais risquent d'être catastrophiques.
En ce sens, on ne peut pas se fermer les yeux, comme le fait le gouvernement, et s'en remettre à une approche reconnaissant qu'il y a effectivement des gaz à effet de serre et que l'on tentera d'en réduire au maximum l'augmentation à venir. Non, il faut véritablement stopper la croissance de ces gaz à effet de serre. Pour ce faire, un tournant majeur est nécessaire. Et on ne le retrouve pas, au moment où l'on se parle, dans les livres du gouvernement du Parti conservateur et de la ministre de l'Environnement et encore moins dans ceux du ministre des Ressources naturelles, d'après son discours que j'ai entendu plus tôt.
C'est malheureux à dire, mais chaque minute pendant laquelle on ne prend pas une décision ferme et convaincue concernant l'application du Protocole de Kyoto rend le problème encore plus difficile à surmonter. Cela me rappelle ce parallèle que je tiens à faire.
Dans le conflit du bois d'oeuvre, au fur et à mesure que nos entreprises payaient illégalement des droits aux autorités américaines, le problème issu du conflit lui-même devenait de plus en plus important, car les 5 milliards de dollars qui étaient en jeu devenaient, pour les compagnies américaines, un objectif à récupérer.
C'est un peu la même chose pour les gaz à effet de serre. Tant que l'on n'intervient pas, que l'on ne met pas en place un plan, ceux qui sont contre le Protocole de Kyoto argumenteront en disant que la bouchée est trop grosse et l'on ne peut pas respecter nos engagements vis-à-vis de Kyoto.
Les libéraux, par exemple, s'en sont tenus à une approche volontaire. Ils ont effectivement abdiqué leur responsabilités. Cela a fait en sorte que les gaz à effet de serre ont augmenté de 23 p. 100 au lieu d'être réduits de 6 p. 100 par rapport aux émissions de 1990, comme le prévoyait et le prévoit toujours le Protocole de Kyoto. Évidemment, ceux qui sont contre ce Protocole de Kyoto nous diront que les objectifs à atteindre sont encore plus importants, car il ne s'agit pas seulement de 6 p. 100 par rapport à 1990, il s'agit maintenant de 6 p. 100, plus les 23 p. 100, donc cela fait au total 29 p. 100 de réduction à atteindre.
Plus on se traînera les pieds, plus on nous dira que les objectifs du Protocole de Kyoto sont inatteignables et irréalistes. En ce sens, je crois qu'il faut alerter l'opinion publique. Il est urgent de mettre immédiatement en place un plan efficace et équitable, comme le demande la motion.
Sinon, non seulement les opposants au Protocole de Kyoto essaieront de trouver des arguments dans leur propre turpitude, mais l'atteinte des objectifs du Protocole de Kyoto fera aussi beaucoup plus mal à l'économie canadienne et québécoise.
Nous avons déjà pris trop de retard. Le gouvernement doit, sans attendre, mettre en place un plan d'action pour atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto. Dans la motion, nous avons fixé au 15 octobre la date limite pour le dépôt de ce plan d'action. La ministre nous dit depuis plusieurs semaines qu'elle a un plan, qu'on travaille à un plan, que c'est déjà dans la mijoteuse. Je pense qu'elle n'aura donc aucune difficulté à se conformer à la motion lorsqu'elle sera adoptée. Ainsi, le 15 octobre, nous commencerons à travailler avec des objectifs, des moyens d'action et un échéancier pour respecter le Protocole de Kyoto.
Il faut rappeler que ledit protocole est le fruit d'une concertation planétaire, de la communauté internationale. Le Canada l'a ratifié en décembre 2002 par un vote en cette Chambre. Dans ce contexte, le gouvernement conservateur ne peut pas se délester de ses responsabilités. Il doit respecter la signature du Canada d'un traité qui a mené au Protocole de Kyoto. Sinon, c'est la crédibilité du Canada qui sera en cause, tout comme celle de ce gouvernement. Disons qu'elle est déjà passablement faible, si l'on se fie aux journaux. Nous serons alors dans une situation où il ne sera pas très facile d'expliquer cette position à nos collègues parlementaires des autres pays signataires du protocole.
Cette motion envoie un message clair, à la veille de la Conférence de Bonn sur les changements climatiques. Le Canada doit prendre l'engagement de respecter sa signature. Il faut l'affirmer haut et clair. Quand la motion sera adoptée, il sera évident que les parlementaires canadiens et québécois jugent incontournable le respect de la signature du Canada. Autrement, si le gouvernement ne veut pas prendre ses responsabilités, il aura à en payer le prix lors de la prochaine campagne électorale, laquelle ne devrait pas tarder, comme on le sait.
Comme je l'ai mentionné dès le départ, non seulement le Protocole de Kyoto est le fruit du travail de la communauté internationale, mais, de plus, il jouit de l'appui d'une vaste majorité de la population canadienne. Au Québec, 90 p. 100 de la population pense que nous devons nous conformer aux objectifs du Protocole de Kyoto. Je rappelle que ces objectifs ne constituent qu'une première phase vers la résolution véritable du problème des gaz à effet de serre.
Les principes que propose cette motion sont assez simples, notamment le respect des engagements internationaux — j'en ai déjà parlé — et l'équité. En effet, les efforts fournis par les provinces n'ont pas été les mêmes. Le Québec, parce qu'il a choisi au début des années 1970 une filière énergétique renouvelable et propre — l'hydroélectricité — a contribué à éviter que l'augmentation des gaz à effet de serre au Canada ne soit encore plus importante qu'elle ne l'a malheureusement été. Comme je le mentionnais tout à l'heure, l'augmentation depuis 1990 a été de 23 p. 100.
Il faut tenir compte des choix énergétiques. Je rappelle — et j'espère avoir le temps d'y revenir — que le gouvernement fédéral a choisi la filière pétrolière. Si ma mémoire est bonne, plus de 66 milliards de dollars ont été, d'une façon ou d'une autre, donnés en subventions directes ou indirectes à l'industrie pétrolière au cours des 30 dernières années. Par contre, ce ne sont que quelques centaines de millions de dollars qui ont été investis dans les énergies renouvelables et propres. C'est un choix que nous devons maintenant renier, non seulement de façon ferme, mais en y mettant les moyens, par exemple en nous dirigeant vers des énergies propres.
Je termine en disant que la mise en place d'un plan efficace et équitable pour atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto devrait inclure des normes sévères de fabrication de véhicules, en vue d'en améliorer l'efficacité énergétique. Nous devons également instaurer des mesures fiscales et des rabais pour en favoriser l'achat. Par exemple, nous avons proposé d'abolir carrément la TPS sur ces véhicules écologiques.
De plus, il faudrait offrir un soutien financier au développement des énergies renouvelables, par exemple l'énergie éolienne. On sait qu'Hydro-Québec a l'intention de faire une avancée importante dans cette voie. À notre avis, le gouvernement fédéral a une responsabilité, étant donné que, jusqu'à présent, seuls les Québécois et les Québécoises ont payé pour leur choix énergétique dont ont pourtant bénéficié l'ensemble des Canadiens et des Canadiennes.
J'aurais aimé parler de l'abolition du régime fiscal avantageux à l'égard des pétrolières.
Je termine en rappelant qu'il faut maintenir les subventions aux organismes qui nous aident à contribuer à atteindre les objectifs de Kyoto et ne pas faire comme ce gouvernement, soit de se désengager face à cette bataille planétaire incontournable.
:
Monsieur le Président, c'est évidemment avec un très grand plaisir que je prends la parole aujourd'hui au sujet de ce dossier très important pour l'avenir de notre société, soit celui du Protocole de Kyoto.
Permettez-moi de féliciter très sincèrement mes collègues du Bloc québécois qui sont intervenus aujourd'hui dans ce débat, soit le député de Joliette et plus particulièrement celui de Rosemont—La Petite-Patrie, pour l'ensemble de son travail sur les questions touchant l'environnement.
Nous avons à nouveau la preuve que le Bloc québécois est le parti qui défend le mieux les intérêts des Québécois et des Québécoises.
La motion que nous avons déposée aujourd'hui exige du gouvernement conservateur qu'il prenne les mesures nécessaires pour que le Canada atteigne son objectif de réduction des gaz à effet de serre tel qu'établi par le Protocole de Kyoto, et qu'il rende public, d'ici au 15 octobre 2006, un plan efficace, équitable, accompagné d'une entente bilatérale avec le Québec et les provinces qui le désirent, et pouvant se fonder sur l'approche territoriale.
Comme plusieurs de mes collègues l'ont déjà souligné, cette motion est en fait une mise en garde à l'endroit du gouvernement minoritaire conservateur sur ses intentions à l'endroit du Protocole de Kyoto.
En effet, il y a lieu de s'inquiéter des véritables intentions de ce gouvernement à l'endroit du Protocole de Kyoto. En effet, comme plusieurs groupes liés au monde de l'environnement, nous avons tous remarqué que la démarche de ce gouvernement est incompatible avec les engagements pris par le Canada en ce qui a trait au Protocole de Kyoto.
Nos inquiétudes se confirment également par de nouvelles informations. Celles-ci nous révèlent des compressions importantes dans différents programmes qui visaient justement à réduire les gaz à effet de serre, et montrent qu'aucune option alternative n'est proposée et même aucune négociation ne semble se dérouler avec le Québec pour en venir à une entente.
D'ailleurs, dans la circonscription que j'ai l'honneur de représenter, une municipalité a présenté, en collaboration avec la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie, un projet de récupération de biogaz pour le chauffage de serres. En plus de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce projet pourrait créer une centaine d'emplois dans cette région. Le Conseil du Trésor a accepté de financer le projet et Environnement Canada l'a approuvé. Il ne manque plus que l'accord de la ministre de l'Environnement, qui est maintenant plus difficile à obtenir vu sa prise de position relativement au Protocole de Kyoto.
Cet exemple démontre que non seulement le gouvernement ne respecte pas les engagements du protocole, mais encore qu'il ne respecte pas certains programmes établis par l'ancien gouvernement. Ce gouvernement nous dit qu'il va s'occuper du problème des gaz à effet de serre, mais il ne nous présente rien de concret, alors que le problème s'aggrave et que des décisions énergiques et appropriées deviennent maintenant urgentes.
Il est important de rappeler à cette Chambre que le Protocole de Kyoto est une entente de réduction des gaz à effet de serre acceptée par les pays, dont le Canada, réunis à Kyoto, au Japon, en 1997. Cette entente engage les pays signataires à atteindre un taux d'émission des gaz à effet de serre pour la période 2008-2012 de 6 p. 100 inférieur à celui de 1990. Or le Canada émet 24 p. 100 plus de gaz à effet de serre qu'en 1990 et leur progression continue.
Pour atteindre la cible de réduction par rapport à 1990, le Canada devra donc maintenant réduire de 32 p. 100 ses émissions annuelles. D'où l'importance de cette motion débattue aujourd'hui, afin de s'assurer que le fédéral confirme son intention de respecter le protocole, c'est-à-dire la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 6 p. 100 par rapport au niveau de 1990, et qu'il dépose les mesures nécessaires et équitables qu'il entend prendre pour que le Canada atteigne son objectif de réduction des gaz à effet de serre, conformément aux engagements qu'il a pris en ratifiant le Protocole de Kyoto.
Ce protocole, qui est en vigueur depuis plus d'un an, reçoit l'appui de 163 États responsables de 62 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre.
Quand je dis « équitable », je veux dire équitable à l'égard notamment du Québec, qui a déjà réduit les gaz à effet de serre produits sur son territoire. Le Québec, avec tous ses efforts consentis depuis 1990, contribue peu à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre. En effet, ces dernières ont augmenté de 8,6 p. 100, comparativement à 34 p. 100 en Alberta et à 45 p. 100 en Saskatchewan pour la même période. Ainsi, en 2003 le Québec présentait le meilleur bilan d'émission de gaz à effet de serre au Canada, avec ses 12 tonnes per capita.
Cela est nettement en-deçà de la moyenne canadienne, qui est de 23 tonnes par habitant. Sans le Québec, la moyenne annuelle au Canada s'élèverait à 27 tonnes par habitant.
Cette performance du Québec ne s'explique pas uniquement par le choix de l'hydroélectricité. De 1990 à 2003, l'industrie des pâtes et papiers et les scieries, par exemple, ont réussi à réduire leurs émissions de 33 p. 100, alors que l'industrie de l'aluminium, principalement établie au Québec, a diminué les siennes de 15 p. 100.
Pour la même période, les émissions du secteur de l'industrie thermique ont augmenté de 41 p. 100 et celles des industries pétrolière et gazière ont grimpé de près de 50 p. 100.
Seulement pour l'année 2003, 35 p. 100 des émissions totales étaient attribuables uniquement aux industries pétrolière et gazière et au secteur thermique.
Ce sont les choix collectifs des Québécois, de leurs industries et de l'Assemblée nationale qui ont permis au Québec d'obtenir des résultats aussi encourageants.
Étant donné que le Québec et, plus particulièrement, les industries québécoises sont parvenus à réduire leurs émissions, le prochain plan fédéral ne doit pas les pénaliser. Pour être équitable, le plan fédéral doit tenir compte des efforts des industries québécoises et doit aussi demander aux grands émetteurs de gaz — surtout les pétrolières — de contribuer en proportion de leurs émissions.
Voilà pourquoi le Bloc demande que le plan fédéral comprenne un système d'objectifs d'émissions pour les grands émetteurs. Ce plan devrait être assorti d'échanges de droits d'émissions, puisque ces industries — notamment les pétrolières — seront responsables de près de 50 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2010.
Le Bloc fait une autre suggestion concernant les riches pétrolières: pour être plus équitable envers tous les contribuables, le nouveau gouvernement conservateur ne doit plus agir comme les libéraux, et il doit mettre fin aux subventions et aux cadeaux fiscaux au profit des pétrolières qui nagent dans des profits que l'on peut qualifier d'abusifs.
Il est important d'ajouter que, non seulement nous demandons au gouvernement de s'engager à respecter l'engagement du Canada relatif au Protocole de Kyoto et de rendre public, d'ici le 15 octobre 2006, un plan efficace et équitable, mais nous privilégions aussi l'approche territoriale, dans le cadre d'une entente bilatérale avec le Québec, comme le demande d'ailleurs le gouvernement du Québec. Nous croyons que cette approche est la plus équitable envers le Québec et est aussi plus efficace, car elle permettra à l'État québécois de se doter de meilleurs outils pour atteindre plus rapidement les objectifs fixés par le Protocole de Kyoto.
En terminant, je dirai qu'à l'approche de la Conférence de Bonn sur les changements climatiques, il est important que le gouvernement fédéral réaffirme son engagement envers les objectifs du Protocole de Kyoto. La lutte contre les changements climatiques est un enjeu beaucoup trop important pour l'avenir de notre planète. Les conséquences seront catastrophiques si nous n'adoptons pas des mesures immédiates et énergiques. Le manque de volonté politique et l'attitude de ce gouvernement, qui remet en question ses obligations sur le plan international et remet en question le Protocole de Kyoto, est inacceptable.
Hier, un représentant de Greenpeace déclarait qu'en affirmant qu'il ne respectera pas les objectifs du Protocole de Kyoto, le gouvernement conservateur adoptait une approche identique celle de l'administration Bush. Quand la ministre de l'Environnement affirme que les objectifs établis par le Protocole de Kyoto sont irréalistes et inaccessibles, il y a lieu de s'inquiéter. C'est pourquoi nous avons présenté cette motion, importante pour le Québec, le Canada, tous les enfants et les citoyens du monde entier.
:
Monsieur le Président, je vais partager le temps qui m'est accordé avec mon collègue le ministre des Transports, de l'Infrastructure et des Collectivités.
Je suis fière de prendre la parole aujourd'hui devant la Chambre pour parler d'un sujet aussi important que l'environnement au Canada. Je suis fière de faire partie d'un gouvernement qui n'hésite pas à s'attaquer directement aux problèmes environnementaux en appliquant des solutions qui produisent des résultats tangibles et qui font passer les Canadiens en premier.
Le gouvernement a soumis aujourd'hui aux Nations Unies deux séries de documents relativement à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. La première série fait le bilan de la production de gaz à effet de serre au Canada en 2004. La deuxième série comprend deux propositions faisant partie de la nouvelle contribution du Canada au dialogue mondial sur la coopération internationale à venir concernant les changements climatiques.
[Français]
Que dit l'Inventaire canadien des gaz à effet de serre par habitant pour l'année 2004? D'après l'inventaire, les émissions canadiennes étaient près de 35 p. 100 supérieures à l'objectif de Kyoto, tel que négocié par les libéraux. Cela équivaut à toutes les émissions de nos véhicules de transport, c'est-à-dire toutes les émissions de l'ensemble des autos, camions, avions et trains au Canada.
[Traduction]
Que dit le bilan de nos émissions de gaz à effet de serre en 2004? On y constate que les émissions au Canada avaient augmenté de presque 35 p. 100 par rapport à l'objectif fixé dans le Protocole de Kyoto qui avait été négocié par les libéraux.
Les chiffres sont éloquents. Nous avons hérité d'une situation qui met hors d'atteinte les objectifs du Protocole de Kyoto négociés par les libéraux. Pourquoi sont-ils hors d'atteinte? Permettez-moi de l'expliquer.
En 2004, nos émissions dépassaient de 195 mégatonnes l'objectif du Protocole de Kyoto fixé par les libéraux. À combien équivalent 195 mégatonnes? C'est une quantité qui dépasse toutes nos émissions issues du transport, c'est-à-dire de l'ensemble des automobiles, des camions, des avions et des trains au Canada.
Pour atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto négociés par les libéraux au nom du Canada, il nous faudrait cesser complètement d'utiliser tous ces modes de transport. Nous pourrions aussi éteindre toutes les lumières au Canada demain, mais cela ne suffirait même pas. Pour atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto négociés par les libéraux, il nous faudrait non seulement éteindre toutes les lumières demain, mais également cesser toute activité agricole. Ou encore, nous pourrions mettre la clé dans la porte de toutes les habitations au Canada, et multiplier cette mesure non pas par un, par deux ou par trois, mais bien par quatre, pour finir par atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto négociés par les libéraux au nom du Canada.
Ou nous pourrions faire ce que les libéraux pensaient être la solution lorsqu’ils se sont rendu compte que, pour atteindre les objectifs qu’ils avaient négociés, il faudrait paralyser l’économie du Canada. Nous pourrions dépenser des milliards à l’étranger pour acheter des crédits internationaux. Les libéraux avaient réservé à cela 600 $ par ménage afin de pouvoir atteindre l’objectif qu’ils avaient négocié pour le Canada.
Soyons clairs. De nombreux Canadiens avaient prédit, à l’époque, que les objectifs négociés par les libéraux manquaient de réalisme et s’étaient inquiétés de l’absence d’un plan de mise en oeuvre satisfaisant. Néanmoins, la politique l’a emporté sur la bonne gouvernance et les libéraux ont négocié un objectif sans avoir de plan pour l’atteindre.
Nous ne pouvons donc pas atteindre les objectifs que les libéraux ont négociés, mais cela ne veut pas dire que nous abandonnons la lutte. Nous sommes déterminés à réaliser de véritables progrès pour assainir l’environnement du Canada et réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Nous sommes également déterminés à relever le défi ouvertement et d’établir des objectifs réalistes et réalisables pour réduire la pollution et les gaz à effet de serre.
Nous tournons une nouvelle page du dossier de l’environnement en promettant aux Canadiens que tout l’argent qui sera consacré à l’environnement sera dépensé au Canada. Nous n’enverrons pas l’argent des contribuables à l’étranger pour acheter des crédits. Ce sont des milliards de dollars qui peuvent être investis au Canada pour réduire la pollution chez nous, pour construire une infrastructure plus verte, pour développer les nouvelles technologies et pour rendre le Canada plus efficace et plus concurrentiel.
Nous partons du principe que les Canadiens doivent toujours passer en premier. Notre gouvernement s’intéresse donc à des solutions canadiennes axées sur les résultats. Nous tiendrons compte des besoins particuliers et de la situation de chaque province et territoire du pays, mais nous insisterons toujours pour que les Canadiens et l’environnement du Canada bénéficient directement de nos initiatives. Nous voulons voir des résultats tangibles là où cela compte le plus pour nous, c’est-à-dire dans les collectivités canadiennes.
Nous donnons la priorité aux mesures qui permettront aux Canadiens de bénéficier d’un air propre, d’une eau propre, de terres propres, d’une énergie propre et sûre ainsi que de collectivités saines.
Nous avons déjà commencé en investissant dans des solutions canadiennes qui apportent aux citoyens des avantages réels sur le plan de l’environnement et de la santé, en investissant dans de nouveaux moyens de transport plus verts et plus propres et des incitatifs qui amèneront les gens à utiliser le transport en commun plutôt que leur automobile. C’est important, car le transport est une des principales sources de pollution et de gaz à effet de serre. En fait, au Québec, le transport est la source la plus importante de gaz à effet de serre.
Nous allons très prochainement consulter les provinces et les territoires en vue du lancement d’une stratégie nationale de carburant renouvelable qui sera réellement bénéfique pour l’environnement et qui apportera des avantages économiques tangibles au secteur agricole.
Nous allons entreprendre la révision qui s’imposait de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, la principale loi du pays en matière d’environnement. Les libéraux ont retardé cet examen, mais dans notre discours du Trône nous nous sommes engagés à soumettre cette loi à l’examen approfondi qui s’impose dans l’intérêt de l’environnement.
Nous avons commencé un examen de l’Accord Canada--États-Unis sur la qualité de l’eau des Grands Lacs qui n’avait pas été réexaminé sérieusement depuis 1987.
Bientôt, le ministre de la Santé et moi-même allons définir la vision et l’orientation du gouvernement sur la question importante de la pollution atmosphérique transfrontalière. Nous collaborerons avec les agents de santé de tout le Canada et avec toutes les provinces pour mettre au point une loi canadienne sur la lutte contre la pollution atmosphérique. Aujourd'hui, le Canada accuse un retard par rapport aux États-Unis dans tous les secteurs industriels en matière de lutte contre la pollution. Nous ne voulons pas seulement nous rattraper, nous voulons être concurrentiels et même devenir des chefs de file.
Les répercussions de la pollution sur la santé sont bien connus. Elles sont mortelles, et représentent des milliards de dollars pour notre système de soins de santé. L’an dernier, on a compté 53 alertes au smog en Ontario, et 34 au Québec. Pour la première fois dans l’histoire du Canada, nous avons eu dix jours de suite d’alerte au smog en hiver. Ces jours-là, les enfants qui font de l’asthme et les personnes âgées ayant des problèmes respiratoires ne peuvent pas sortir de la maison. Notre gouvernement est conscient que c’est inacceptable.
Cependant, il ne suffit pas de blâmer les États-Unis et d’autres pays pour la pollution transfrontalière. Nous devons donner l’exemple et commencer par faire le ménage dans notre propre cour.
Nous amorçons des discussions avec les provinces sur une stratégie nationale de l’eau pour partager l’information sur la qualité de l’eau et la quantité d’eau disponible, assurer que les Canadiens aient accès à de l’eau potable sûre et saine et déterminer quels sont les enjeux relatifs aux ressources et aux quantités, aujourd'hui, dans les différentes régions du Canada.
Nous allons mettre au point un système s’appliquant aux grands émetteurs afin de régler la question des gaz à effet de serre et nous assurer que nous faisons ce qu’il faut pour améliorer la capacité du Canada à contribuer à ce qui, je crois, est notre point fort dans cet enjeu international, par la mise au point et l’application de technologies vertes.
Ce sont là seulement quelques points sur lesquels nous travaillons. Dans tous les cas, nous créons des solutions typiquement canadiennes qui auront des avantages réels et donneront des résultats tangibles pour le bien des Canadiens et des conditions environnementales au Canada.
Nous veillerons à ce que notre politique intérieure soit cohérente avec notre politique internationale. Ainsi, le Canada continuera à exercer un rôle de leader dans les travaux de consultation et de coopération internationales en faisant progresser les options internationales réalistes et inclusives au sein des Nations Unies. Nous explorerons aussi d’autres mécanismes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’une manière qui réponde bien à nos besoins et qui protège efficacement les intérêts de notre pays.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion, aujourd'hui, de traiter d'un sujet extrêmement important, à savoir le changement climatique. C'est avec plaisir que je traiterai de la motion de l'honorable député de Rosemont—La Petite-Patrie.
Quand on parle du changement climatique, un des éléments que nous devons considérer est le secteur des transports et la contribution du transport en commun à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le secteur des transports présente un grand potentiel pour améliorer la qualité de l'air et réduire les effets du changement climatique au Canada.
Cependant, le transport en commun n'est pas la seule solution. Nous devons aider les Canadiens qui n'ont pas accès au transport en commun, ou ceux qui ne peuvent toujours pas l'utiliser, à réduire leur dépendance à l'égard des combustibles fossiles traditionnels. Nous devons aussi examiner comment le secteur du transport des marchandises peut contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
[Traduction]
L'actuel gouvernement se rend compte que les changements climatiques constituent un enjeu important pour le Canada.
Pas plus tard que l'année dernière, comme le ministre l'a indiqué plus tôt, et j'estime qu'il vaut la peine de le répéter, on a enregistré 53 journées de smog en Ontario, 24 au Québec et 3 au Canada atlantique. En outre, pour la toute première fois, pendant l'hiver, on a émis 10 alertes au smog au Québec et 5 en Ontario. Cette situation est tout simplement inacceptable.
Je peux assurer les députés que l'actuel gouvernement est déterminé à faire en sorte que le transport en commun soit une option intéressante pour les Canadiens. De bons systèmes de transport en commun contribuent positivement à la planification urbaine et au bon fonctionnement des collectivités. Par surcroît, ils permettent aux gens de se rendre plus facilement au travail et d'aller pratiquer des activités essentielles à leur qualité de vie.
Je tiens ce discours non seulement à titre de ministre des Transports, de l’Infrastructure et des Collectivités, mais aussi à titre d'ancien président de la Société de transport de l'Outaouais. J'ai eu la chance de présider la section québécoise de l'Association canadienne du transport urbain. De ce fait, je possède une expérience pratique en matière de transport urbain. Je reconnais la nécessité d'investir massivement dans le transport en commun et d'offrir des solutions de rechange qui incitent à laisser la voiture à la maison. Le gouvernement doit prendre des mesures et c'est effectivement ce qu'il fait.
Dans le budget de 2006, le gouvernement offre un crédit d'impôt pour les laissez-passer de transport en commun et prévoit un investissement de 1,3 milliard de dollars dans une fiducie pour l'infrastructure du transport en commun. En outre, le budget maintient l'engagement du gouvernement à rembourser la taxe fédérale sur l'essence, engagement pris dans le cadre du nouveau pacte pour les villes et les collectivités. Au cours de l'exercice 2009-2010, cette initiative fournira aux municipalités jusqu'à 5 ¢ de taxe d'accise sur chaque litre d'essence, ce qui représente 2 milliards de dollars. Je souligne que certaines des plus grandes villes canadienne, notamment Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver, ont déjà indiqué qu'elles utiliseraient la totalité de ces fonds pour soutenir le transport en commun.
Ces mesures sont substantielles, mais elles ne sont pas les seules que prend le gouvernement. Permettez-moi de donner plus de détails sur l'engagement du gouvernement en matière de transport en commun.
Je suis fier de dire aux députés que le budget qui vient d'être adopté prévoit un crédit d'impôt de 15,5 p. 100 pour les usagers du transport en commun. Cette mesure prendra effet dans un peu plus d'un mois. Voilà une mesure immédiate et concrète.
[Français]
Cela signifie qu'une personne qui achète chaque mois un laissez-passer de 80 $ économisera 150 $ par année. Voilà de l'argent dans les poches des Canadiens et des Canadiennes qui font leur part en laissant leur véhicule automobile à la maison. Cela est important maintenant et l'est encore plus pour l'avenir. Nous devons créer une culture du transport en commun au Canada.
Et on ne s'arrêtera pas là, comme gouvernement. Un des plus gros obstacles à l'augmentation de la clientèle du transport en commun c'est son coût relatif et son caractère pratique. Il faut donc améliorer et accroître l'infrastructure du transport en commun.
Le gouvernement est bien déterminé à fournir un financement stable et fiable aux provinces, aux territoires, aux villes et aux collectivités pour leur permettre de répondre à leurs besoins en infrastructure. L'investissement dans l'infrastructure du transport en commun permettra en effet de réduire la congestion routière et les émissions nocives connexes.
[Traduction]
Le budget 2006 prévoit le versement de 900 millions de dollars dans un fonds en fiducie pour les transports en commun. Cette fiducie aidera les provinces à financer les investissements dans les infrastructures des transports en commun, notamment dans les transports rapides, les autobus urbains, les systèmes de transport intelligents, les voies réservées aux véhicules à occupation multiple et aux bicyclettes, et j'en passe.
De plus, un montant supplémentaire de 400 millions de dollars pour les transports en commun a été fourni à la suite d'ententes avec les provinces et les territoires. Neuf de ces ententes ont été conclues et les provinces et territoires visés ont déjà reçu l'argent.
Le budget renouvelle le Fonds canadien sur l'infrastructure stratégique en lui ajoutant 2 milliards de dollars. Cet argent sert déjà à financer des initiatives de transports en commun, comme la Commission de transport de Toronto, la Canada Line de Vancouver et le réseau de train léger d'Ottawa. Ces mesures constituent de véritables investissements tangibles dans les transports en commun.
[Français]
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement en a fait plus que tout autre gouvernement pour encourager l'utilisation du transport en commun.
Mais ce ne sont pas tous les Canadiens qui ont accès au transport en commun. Qui plus est, certaines personnes doivent utiliser un véhicule pour aller au travail. Nous devons donc nous pencher sur la question des combustibles que nous utilisons pour nos voitures, camions et autres véhicules motorisés.
Les sources d'énergies renouvelables offrent un important potentiel d'innovation, de création d'emplois et de diversification régionale. Nous nous fixons comme objectif d'atteindre un contenu renouvelable de 5 p. 100 dans les combustibles moteurs au Canada, d'ici 2010. Nous entendons aller de l'avant avec cet engagement en collaborant pleinement avec les provinces et les territoires. Voici pourquoi.
L'accroissement du contenu en énergies renouvelables dans les combustibles peut contribuer à l'atteinte de multiples objectifs. Du point de vue de la conservation de l'environnement, un contenu renouvelable de 5 p. 100 dans les combustibles moteurs permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre. De plus, le biodiesel peut contribuer aussi à améliorer la qualité de l'air.
[Traduction]
Le développement économique est important à tous les égards, et toutes les mesures prises sur ce plan sont très avantageuses. Cela ouvre de nouvelles possibilités commerciales pour les secteurs de l'agriculture et des forêts et renforce l'assise économique de nos collectivités rurales. Si nous agissons de manière intelligente, nous pouvons favoriser le développement des technologies de la prochaine génération et jeter les bases de la construction de bioraffineries et de l'élaboration de produits industriels et de produits consommation renouvelables connexes.
Le 5 mai, j'ai annoncé que plus d'un demi-million de dollars seront investis dans des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du transport de marchandises. Ce financement provient du Programme de démonstration de transport durable des marchandises de Transports Canada.
[Français]
En français, il s'agit du PDTU.
[Traduction]
Transports Canada appuie également la commercialisation et l'utilisation de véhicules sans danger pour l'environnement par l'entremise de son Programme de véhicules à technologies de pointe.
Le gouvernement est pleinement conscient du rôle clé du secteur des transports dans notre économie ouverte et axée sur le commerce. Ce secteur doit faire l'objet d'une attention particulière et doit faire des progrès sur les plans économique et environnemental.
Nous avons posé des gestes et nous continuerons de le faire.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je viens exposer devant mes collègues, les honorables députés de la Chambre des communes, quelques-unes des raisons pour lesquelles j'appuie la motion déposée par mon collègue du Bloc québécois, l'honorable député de Rosemont—La Petite-Patrie, demandant le respect des objectifs de réduction des gaz à effet de serre tel qu'établi par le Protocole de Kyoto.
Permettez-moi tout d'abord de dire que mon état de santé personnel conditionne tout particulièrement l'extrême importance que j'accorde à cette question. En effet, tout comme des milliers de nos compatriotes et des millions d'autres personnes à travers le monde, je suis asthmatique.
On m'aura d'ailleurs déjà entendu tousser ici-même en cette Chambre et, quoique ces bruits intempestifs soient indépendants de ma volonté, je veux m'en excuser auprès de cette aimable assemblée.
Je ne veux pas axer ma présentation uniquement sur une situation personnelle, somme toute sans intérêt quand on la compare à d'autres problèmes de santé auxquels font face d'autres concitoyens et concitoyennes.
J'ouvre une petite parenthèse pour mentionner que j'ai oublié de dire que je partagerai mon temps avec l'honorable député de Brome—Missisquoi.
Cependant, il me semble, et on en conviendra sans doute, que dans le débat actuel, on ne tient pas suffisamment compte de l'importance des gaz à effet de serre sur notre santé et de l'urgence d'agir que cela implique.
Il m'arrive d'ailleurs de me demander quel air respirent celles et ceux qui mettent tant d'énergie à polluer l'atmosphère, à me demander dans quel monde les producteurs de pétrole et autres grands générateurs de gaz à effet de serre vivent. Ne voient-ils pas les effets de toute cette pollution sur leurs enfants, sur eux-mêmes et sur la planète tout entière? Veulent-ils un lendemain pour les générations futures?
Nous devrions, depuis bien longtemps déjà, être toutes et tous en train de mettre en application des solutions durables à un problème que nous avons créé de toutes pièces en tant qu'êtres humains.
Sur le plan international, nous devrions être en train de suivre l'exemple de l'Union européenne, qui a réduit l'émission de gaz à effet de serre sur son territoire de moins 1,4 p. 100 en 2003, alors que le Canada l'augmentait de 24,2 p. 100.
Nous devrions même être en train de nous inspirer du Québec qui a présenté le meilleur bilan d'émissions de gaz à effet de serre par habitant au Canada en 2003 avec ses 12 tonnes par habitant. C'est nettement en deçà de la moyenne canadienne qui se situe à 23 tonnes par habitant.
Au lieu de s'inspirer de tous ces modèles positifs, basés sur des principes fondamentaux tels que ceux présentés par le Bloc québécois, soit le respect des engagements internationaux, l'équité et le respect des compétences du Québec, la ministre de l'Environnement envisage plutôt d'adhérer au Partenariat Asie-Pacifique, comme l'ont fait les États-Unis.
En effet, le 25 avril dernier, après une rencontre avec ses homologues américains, la ministre de l'Environnement annonçait que son gouvernement allait fortement s'inspirer des succès américains dans le domaine de l'environnement et de la dépollution de l'air.
Or, contrairement à ce que les conservateurs prétendent ces jours-ci, l'approche américaine ne constitue pas un modèle à suivre en matière de lutte aux changements climatiques. En effet, si les émissions de gaz à effet de serre ont été de 23,4 tonnes par habitant au Canada en 2003, elles s'élevaient à 23,7 tonnes par habitant aux États-Unis.
Que veulent faire les conservateurs en réalité? Baisser les émissions de gaz à effet de serre ou les élever? La question se pose.
Le gouvernement conservateur a laissé savoir qu'il n'a pas l'intention de chercher à atteindre l'objectif de réduction de 6 p. 100 par rapport à 1990, qui constitue, selon lui, un objectif irréaliste et inatteignable. Le drame est que le gouvernement conservateur n'a démontré aucune intention de respecter la cible de Kyoto.
Or, ne pas respecter la cible de Kyoto, c'est renoncer à Kyoto.
Les conservateurs doivent se rendre compte que leur prise de position est lourde de conséquences quant à la crédibilité du Canada sur la scène internationale.
Ils doivent se rendre compte que leur prise de position risque carrément de remettre en question la viabilité et la pertinence des négociations et des signatures d'ententes multilatérales.
Les conservateurs doivent se rendre compte qu'ils ne doivent pas se contenter de dépenser l'argent des contribuables dans la construction de prisons, mais qu'ils doivent l'investir dans des mesures propres à assurer notre sécurité, notre santé et notre prospérité pour les années à venir.
Les conditions climatiques et les événements météorologiques extrêmes, s'ils sont une fatalité, découlent largement de l'action des êtres humains. Nous devons réagir immédiatement et cesser de mettre en péril la vie des générations futures.
Quant à moi, pour revenir aux questions de santé, j'en appelle à la conscience des conservateurs afin qu'ils s'inspirent de l'Union européenne, pour qui:
[L]a qualité de l’air est l’une des préoccupations environnementales primordiales des citoyens européens, et par là même du législateur européen, dans la mesure où cette notion touche non seulement à l’environnement, mais aussi à la santé publique. Les recherches les plus récentes ont démontré que la qualité de l’air est l’une des causes principales de la multiplication des pathologies respiratoires.
Pour cette raison et toutes les autres évoquées ici aujourd'hui, les conservateurs ont le devoir de respecter les objectifs du Protocole de Kyoto, ainsi que l'exige le Bloc québécois au nom de 90 p. 100 des Québécoises et des Québécois qui y ont donné leur appui.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet de la motion du Bloc québécois qui, je dois dire, est l'une des plus alambiquées et des plus compliquées que j'aie vu passer à la Chambre. En lisant entre les lignes, on voit bien qu'elle confirme la nécessité de parvenir aux objectifs de Kyoto, mais qu'il ne faut pas compter sur le Québec pour cela.
Je suis plutôt d'accord avec l'idée de reconnaître la contribution des premiers adoptants. Il y en a certains au Québec, mais il faudra le faire pour tous les autres au Canada. S'agissant des gaz à effet de serre, nous devons assumer une certaine responsabilité collective. Mon collègue de Yukon a fait remarquer, comme nous l'avions tous constaté, que le Parti conservateur a répété, durant des années, que les données scientifiques n'étaient pas probantes. Il y a donc lieu d’espérer aujourd'hui que tout le monde est bien conscient du problème que représentent les changements climatiques et les gaz à effet de serre.
Hier, nous nous sommes un peu passés la balle quand la ministre de l'Environnement a laissé entendre que, pour parvenir aux objectifs de Kyoto, il nous faudrait retirer tous les trains, tous les avions et toutes les automobiles de la circulation. C'est intéressant.
Nous savons bien que le secteur des transports contribue beaucoup aux émissions de gaz à effet de serre. Ce qui manque dans tout ce raisonnement, ce sont les gros émetteurs. En a-t-elle parlé? Les gros émetteurs sont les producteurs d'hydrocarbures et les grandes usines de fabrication. C'est pour cela qu'en Ontario, par exemple, nous devons assumer notre part de responsabilités pour les gaz à effet de serre que rejette le secteur manufacturier. Nous devrons évidemment le faire partout au Canada, mais pouvons-nous nous permettre d'oublier les producteurs d'hydrocarbures?
Nous devons commencer par assumer une certaine responsabilité collective pour les gaz à effet de serre. Le gouvernement du Canada a signé le Protocole de Kyoto en 1997. Pour l'opposition, il s'agissait d'une opération de relations publiques. Quelle honte que d'affirmer une telle chose. Nous savons que le premier ministre de l'époque avait fait l'objet de pressions fondées par des groupes environnementalistes qui se préoccupaient beaucoup de la question des gaz à effet de serre et de leur incidence sur les changements climatiques.
Le premier ministre savait que l'accord de Kyoto était en danger si le Canada ne le signait pas. C'est ainsi qu’il a décidé d’apposer sa signature au bas de l'accord de Kyoto. Quels sont les avantages d'un tel accord? Eh bien, il établit certains paramètres. Il fixe des objectifs approximatifs et il présente les conséquences que pourrait avoir le non-respect de ces objectifs. Le premier ministre a sauvé l'accord de Kyoto en le signant.
Nous aurions toujours pu dire, comme certains d'entre nous l’ont fait à l'époque, qu'il allait être très difficile d'atteindre les objectifs fixés et qu'il fallait nous doter d'un plan bien concret. Personnellement, je crois que le gouvernement de l'époque a eu raison de signer le Protocole de Kyoto. Il n'y a pas si longtemps, en fait pas plus tard que l’année dernière, l'ancien ministre de l'Environnement du gouvernement précédent a déposé le Projet vert assorti d’un plan qui visait à nous faire progresser dans notre lutte contre les changements climatiques et dans la réalisation de nos objectifs de Kyoto.
Sera-t-il difficile d'atteindre les objectifs de Kyoto? C'est sûr. Et si nous continuons à débattre de la sorte entre nous, en nous renvoyant la balle les uns aux autres, puis en la passant à la prochaine génération, nous n’aurons pas correctement assumé notre responsabilité de députés. Le gouvernement aura échoué s’il ne s’attaque pas au problème. Nous devons agir.
Monsieur le Président, je vous signale que je vais partager mon temps de parole avec le député de Halifax-Ouest.
Nous avons beaucoup entendu parler de cette solution purement canadienne, mais nous ne savons toujours pas ce que c'est. Franchement, le gouvernement est au pouvoir depuis peu, mais il insinue que la couche d'ozone sait où se trouvent les frontières des pays. Au Parti libéral, nous savons tous que, si le Canada veut réduire les émissions de gaz à effet de serre, tous les citoyens ont un rôle à jouer. C'est pourquoi le gouvernement précédent a créé des programmes comme le Défi d'une tonne et le programme ÉnerGuide pour les maisons, dans lesquels le gouvernement est en train de sabrer.
Ce matin, pendant la réunion du comité, des représentants du ministère nous ont appris que ce dont le ministre des Ressources naturelles parlait, les 50 ¢ qui allaient aux gens qui ont pris des mesures éconergétiques — 50 ¢ pour le ministère et 50 ¢ pour le citoyen — n'est pas tout à fait exact. En fait, il y a environ 12 ¢ de frais administratifs que le ministère doit assumer, mais l'autre partie sert à financer les vérifications préalables et postérieures.
Le ministre des Ressources naturelles dit-il que nous ne devrions pas vérifier les améliorations éconergétiques qui avaient été prévues? Les spécialistes devraient-ils arriver et dire « oui, il y a cette mesure éconergétique qui est requise et elle sera sûrement prise », sans vérifier? Bien sûr que non. La question qu'on se pose est la suivante: en avions-nous pour notre argent? Toutefois, l'argument des 50 ¢ ne tient pas la route et nous allons en reparler.
Il y a de nombreux cas où le gouvernement conservateur veut profiter des fruits faciles à cueillir. Des possibilités s'offrent certainement à nous dans le secteur du transport. Il y a le transport en commun. Notre gouvernement avait décidé d'investir dans l'infrastructure du transport en commun, ce que les experts nous conseillent d'ailleurs de faire.
Comme tous les députés le savent, le programme que le gouvernement actuel propose, c'est-à-dire un crédit d'impôt pour les usagers du transport en commun, nous permettra seulement d'augmenter au maximum de 10 à 20 p. 100 le nombre d'usagers du transport en commun. Le programme a donc pour effet de récompenser les usagers actuels. C'est bien. C'est bien de penser à récompenser les usagers actuels, mais est-ce la meilleure façon de dépenser l'argent des contribuables? Il faut augmenter le nombre d'usagers du transport en commun.
Il y a un certain nombre d'autres possibilités dans le domaine, en ce qui a trait aux biocarburants, mais au Canada, nous sommes malheureusement aux prises avec un enchevêtrement de réglementations et d'objectifs provinciaux concernant l'éthanol. Nous parlons constamment de maïs, mais nous savons qu'aux États-Unis, on parle d'herbe et de tiges de maïs. Nous devons commencer à faire appel davantage à notre créativité.
J'aimerais parler des sables bitumineux, parce que je sais que c'est une question épineuse sur le plan politique. De ce côté-ci, nous savons que le programme énergétique national était un mauvais choix. S'il y a quelqu'un de ce côté-ci qui ne comprend pas encore cela à l'heure actuelle, nous avons un examen de conscience à faire.
Je n'appuierai certainement pas une mesure visant à nous éloigner des prix mondiaux du pétrole et du gaz. Mais, sans vouloir faire de jeu de mots, s'il fallait que nous nous mettions la tête dans le sable pour faire semblant que nous ne voyons pas les conséquences de l'exploitation des sables bitumineux sur nos émissions de gaz à effet de serre, nous passerions à côté de la question. Nous savons que c'est la folie furieuse dans des endroits comme Fort McMurray, où l'on vit actuellement une croissance débridée. Nous savons que la production de pétrole à partir des sables bitumineux doublera d'ici 2012 et triplera d'ici 2020. Pour extraire une certaine quantité d'énergie des sables bitumineux, il faut dépenser 40 p. cent de cette énergie. Les conséquences de cette exploitation sur les ressources hydriques sont énormes. Pour produire un baril de pétrole à partir des sables bitumineux, on a besoin de 2 à 4,5 barils d'eau. Le bassin de la rivière Athabasca subit un stress énorme.
Nous devons nous occuper rapidement de ces problèmes. L'idée du charbon épuré n'est-elle qu'un oxymore? Je ne pense pas. Certains diraient que si, mais c'est une question qui mérite notre attention. Et il y a aussi beaucoup d'autres questions qui méritent d'être examinées de manière constructive et positive. J'espère que c'est ce que le gouvernement fera.